Diagnostic Initial. Évaluation Simplifiée Des Risques: Dominique DARMENDRAIL

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Diagnostic initial.

Évaluation simplifiée des risques

par Dominique DARMENDRAIL


Chef du service Environnement et Procédés du Bureau de recherches géologiques
et minières (BRGM)

1. Présentation générale............................................................................. G 2 590 - 2


2. Un des outils de la politique nationale .............................................. — 2
3. Principes de base ..................................................................................... — 2
4. Informations nécessaires à la mise en œuvre de l’ESR ................ — 5
5. Cas des sites industriels en activité........................................... — 6
6. Concertation et suivi de la classification ......................................... — 6
Références bibliographiques ......................................................................... — 6

L ’ambition de cet article est de présenter deux des outils méthodologiques et


techniques développés dans le cadre de la mise en place de la politique fran-
çaise en matière de gestion et réhabilitation des sites et sols pollués, à savoir la
méthode nationale d’évaluation simplifiée des risques (ESR), qui s’appuie sur
une étape d’investigation, appelée diagnostic initial.
Ces outils ont été développés afin de permettre de répondre à des questions
fréquemment rencontrées dans la gestion des sites et sols pollués, en particulier
celles relatives à l’identification des sites présentant les plus forts risques en vue
de les étudier et, si nécessaire, de les réhabiliter.
La mise en œuvre de ces deux outils, diagnostic initial et évaluation simplifiée
des risques, requiert le plus souvent le recours à des experts (internes et/ou
externes aux entreprises responsables de sites pollués) dont le savoir-faire et
l’expérience permettent d’optimiser le rapport qualité – coût et de satisfaire aux
exigences des donneurs d’ordre.
Plusieurs guides méthodologiques, permettant de faciliter la gestion des sites
et sols, ont été développés ces dernières années au sein de groupes de travail
nationaux pilotés par le ministère chargé de l’Environnement.
L’article s’attache à présenter l’approche méthodologique développée ayant
conduit à la publication de la version 2 de ces guides, en juillet 2000, tout en la
restituant dans le contexte de son élaboration. En effet, bien que pouvant être
mise en œuvre dans le cadre d’une démarche volontaire (notamment lors de
cessions / acquisitions de sites), ces études sont le plus souvent entreprises dans
un contexte réglementaire lié à la gestion des sites d’installations classées (en
particulier ceux visés par la circulaire ministérielle du 3 avril 1996).

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Environnement G 2 590 − 1
DIAGNOSTIC INITIAL. ÉVALUATION SIMPLIFIÉE DES RISQUES ___________________________________________________________________________________

1. Présentation générale 2. Un des outils


de la politique nationale
L’ensemble des guides constitue une « boîte à outils » dans
laquelle il faut puiser selon les questions posées. La figure 1 synthé- La politique nationale dans le domaine des sites et sols pollués
tise les modalités d’approche pour la plupart des situations rencon- s’appuie sur un nombre limité de principes permettant d’aborder ce
trées dans cette problématique. Ces guides doivent être utilisés, en problème de manière claire et raisonnée, à savoir :
tout ou partie, lorsqu’ils sont susceptibles d’apporter une réponse — une démarche de prévention des pollutions futures ;
pertinente aux problèmes posés par un site. — une connaissance des risques potentiels aussi complète que
possible et accessible au plus grand nombre ;
Cette seconde version a été développée suite aux tests sur quel- — un traitement adapté à l’impact effectif du site sur l’environne-
que 200 sources de pollution (en 1996 et 1997) et au retour d’expé- ment et à l’usage auquel il est destiné, basé sur une démarche
riences entrepris à l’issue de la parution de la version 1 en juillet d’évaluation des risques.
1997. Les différences entre la version 1 et la version 2 sont données Les présents guides permettent de replacer un site par rapport à
dans l’encadré 1. son histoire et à son environnement. Ils permettent de définir la vul-
nérabilité d’un site par rapport aux problèmes de pollution des sols.
Ils sont basés sur un diagnostic initial comportant une première
étape de collecte de toutes les informations disponibles sur un site
Encadré 1 – Différences entre version 1 (juillet 1997) et son environnement, et une seconde étape consistant à réaliser les
et version 2 (septembre 2000) quelques prélèvements et analyses, voire des recherches documen-
taires supplémentaires, venant compléter et/ou valider les informa-
La version 2 intègre les modifications jugées nécessaires à tions recueillies.
l’issue du retour d’expériences mené après deux années de Les résultats issus de ce diagnostic initial sont utilisés pour
mise en œuvre par les différents intervenants (administrations, mener, si besoin est, l’évaluation simplifiée des risques. Cette der-
industriels, bureaux d’études...). nière a pour objet, à partir d’une quarantaine de paramètres simples
et de renseignements faciles, d’apprécier les risques présentés par
● Sur le plan technique les principales modifications appor-
les sites étudiés. À ce niveau, on ne cherche pas une appréciation
tées depuis la version 1 publiée en juillet 1997 sont : détaillée : l’objectif est de déterminer la nécessité (ou non) de pour-
— la création d’un chapitre relatif à l’élaboration du schéma suivre les investigations. L’évaluation simplifiée des risques a pour
conceptuel et du tableau récapitulatif des sources dangereuses objet de ranger les sites en trois catégories :
(nouvelle partie IV) ; — classe 3 : les sites dits « banalisables », ne nécessitant pas
— la suppression des fiches de cotation « Air » et « Incendie- d’autre action qu’une surveillance de l’évolution de l’usage du site
Explosion » de l’évaluation simplifiée des risques ; et de son environnement ;
— une modification du système d’agrégation des notes de la — classe 2 : les sites à suivre, pour lesquels il sera nécessaire de
fiche « Sol » permettant une meilleure discrimination des sites ; définir et mettre en place un dispositif de surveillance adapté (piézo-
mètres, campagnes régulières d’analyses...) et, éventuellement, des
— la publication des premières valeurs-guides françaises dispositions de maîtrise d’urbanisme ;
pour une douzaine de substances dangereuses (arsenic, — classe 1 : les sites nécessitant des investigations approfon-
chrome, mercure, zinc, benzène, chlorure de vinyle, cis dies.
1,2-dichloroéthylène, tétrachloroéthylène, trichloroéthylène,
benzo(a)pyrène, fluoranthène, naphtalène, arochlor 1016, Le classement n’est bien entendu ni définitif, ni absolu, car il est le
arochlor 1254) pour deux types d’usages des sols (sensibles tels reflet, au moment de la réalisation de l’évaluation simplifiée des ris-
que résidentiel avec potager et non sensibles tels qu’industriel ques, du contexte environnemental du site, de son usage, des infor-
ou commercial). mations disponibles et de l’état des connaissances scientifiques et
techniques. Toute modification de l’un de ces éléments peut donc
● Sur le plan méthodologique une inflexion est apportée en mener à une nouvelle évaluation simplifiée des risques pouvant
indiquant que l’outil « ESR » est à utiliser pour définir les actions aboutir à un changement de classement initial.
à mener sur un site et non dans le but d’une hiérarchisation des
sites. L’usage à considérer est précisé : à l’instar de la circulaire
du 10 décembre 1999, c’est l’usage envisagé qui doit être pris en
compte, c’est-à-dire celui auquel le destine le détenteur. La
partie 1 (politique nationale) traduit cette nouvelle orientation de 3. Principes de base
la politique nationale.
● Sur le plan formel le contenu a été entièrement repris dans À partir des éléments d’information recueillis au cours du dia-
le souci d’une meilleure lisibilité, en supprimant les redondan- gnostic initial, formulés dans le schéma conceptuel (figure 2) et le
ces ou incohérences entre les différentes parties que les ver- tableau récapitulatif des sources (tableau 1), on procède à l’évalua-
sions successives avait pu générer. tion simplifiée des risques. Son objectif est de fournir des éléments
permettant de différencier, en faisant appel à des options volontaire-
ment simplificatrices, les sites ne présentant pas de menaces pour
la santé humaine et l’environnement de ceux susceptibles de géné-
Les principes généraux, les objectifs du diagnostic initial et de rer des nuisances notables et pérennes.
l’évaluation simplifiée des risques, et les outils techniques appro- L’évaluation simplifiée des risques est une méthode de scores.
priés sont décrits dans un classeur « Gestion des sites (potentielle- Elle s’appuie sur le principe que l’existence d’un risque implique la
ment) pollués », version 2, publié par les éditions du BRGM [1]. présence concomitante d’une source dangereuse (D), d’un mode de
transfert vers et dans des milieux de transfert (T) et d’une cible (C).
Pour plus d’information, on pourra se reporter également à la Dès lors qu’un de ces facteurs n’existe pas (exemple : absence d’une
référence [2] et aux articles concernant la pollution des sols dans le nappe), le risque n’est pas à prendre en compte et l’évaluation des
présent traité Environnement. risques potentiels, pour le milieu et l’usage donnés, est sans objet.

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Existence avérée
ou potentielle
d'une source de
pollution sur un site

Objectif : - la sécurité des personnes


Mise en
est-elle mise en péril ? Oui œuvre des
- y a-t-il un impact avéré
mesures
immédiat ?
Réseau d'alerte d'urgence
Outil : visite préliminaire
de la cible

Non

Mise en œuvre
de mesures
d'urgences
Incertitudes
Objectif : recherche des cibles Surveillance
Outils : DI /Autres renforcée
de la
source

Dans l'attente
Oui
Objet : recherche
l Impact avéré
Objectif : y a-t-il un impact des sources
ou présumé Construction du
avéré immédiat ? Outils : IHR / BASLAS
une cible schéma conceptuel
Outil : informations Non BASOL
l Choix d'un usage S/T/C
sur les cibles ICPE
pour un site
Autres
Classe 3 Site
Environnement vulnérable ? banalisable
Outil : ESR
Classes 1, 2 ou 3

Classe 2

Figure 1 – Synthèse des modalités d’approche pour la plupart des situations rencontrées
Surveillance
Objectif : y a-t-il un impact prévisible renforcée

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de la source vers la cible ? de la
Outil : diagnostic approfondi source

Oui

Choix
d'un
Objectif : le risque est-il acceptable ? traitement

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Non ou
Outils : EDR-Cible modification
Circulaire 10/12/1999 de
l'ouvrage
Oui

S/T/C source/transfert/cible
EDR évaluations détaillées des risques [G2591] Définition des surveillances
DI déchets industriels complémentaires à exercer
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G 2 590 − 3
DIAGNOSTIC INITIAL. ÉVALUATION SIMPLIFIÉE DES RISQUES ___________________________________________________________________________________

— l’ESR et la classification du site qui en découle sont réalisées

R = f ( D , T, C ) pour les conditions existantes au moment de l’étude, prenant en


considération le niveau des connaissances scientifiques et techni-
ques du moment, et l’usage envisagé du site et de son
environnement ; en cas de modification de l’une de ces deux derniè-
res conditions, l’ESR doit être révisée ;
— l’ESR ne prend pas en compte les risques immédiats
(exemple : éboulements, effondrements, incendie, explosion, etc.)
pour lesquels des mesures sécuritaires ou d’urgence doivent être
Danger prises dès leur découverte (au cours de la visite initiale ou au cours
du diagnostic initial). L’ESR, à mettre en œuvre après la prise des
mesures d’urgence, ne prendra en compte que les risques
résiduels ;
Transfert — l’ESR ne prend en compte que les sources primaires, c’est-à-
dire celles à l’origine de la contamination et encore présentes sur le
site ;
— l’ESR doit être réalisée pour chaque source de pollution identi-
Cible
fiée sur le site. La classification de la source est celle se rapportant à
la note de synthèse la plus élevée obtenue pour l’un ou l’autre des
Figure 2 – Principes de l’évaluation des risques couples milieux / usages. La classification du site correspondra à
celle de la source de pollution conduisant au classement le plus
élevé (cas des sites complexes présentant plusieurs sources).
Pour chaque type de facteurs (D, T, C) sont définis des critères et Les notes attribuées aux paramètres et rubriques de la grille
paramètres techniques permettant de les caractériser. Chacun de d’évaluation sont reprises et combinées pour obtenir le jeu de notes
ces derniers fait l’objet de modalités de notation, fonctions des globales du site et permettre ainsi sa classification (cf. § 2). Pour
valeurs qu’ils peuvent prendre. Chacun d’entre eux est évalué sur la simplifier la démarche de notation globale, il a été retenu le principe
base des informations obtenues au cours du diagnostic initial, puis d’une approche de notation par milieu vecteur de transfert des subs-
noté. Les notes élémentaires attribuées sont ensuite combinées afin tances polluantes de la source vers la cible.
de fournir des notes de synthèse, correspondant aux différentes Ainsi, sept grilles de notation sont utilisées dans le cadre de la
voies d’exposition identifiées, en vue d’une classification du site. version 2 de la méthode d’évaluation simplifiée des risques :
Les options simplificatrices retenues sont : — trois grilles pour les eaux souterraines ;
— l’ESR est effectuée en considérant l’homme comme cible prin- — trois grilles pour les eaux superficielles ;
cipale exposée, et ce de façon directe (contact avec les sols) ou indi- — une grille pour le sol / contact direct (système d’agrégation des
recte (utilisation des ressources en eau) ; notes de cette fiche sol modifié entre la version 1 et la version 2).
(0)

Tableau 1 – Identification des sources de pollution, d’après [1]


Autres
Notes de potentiel caractéris- Note de potentiel
Identification Nature des dangers des substances
danger des tiques des danger de la source
de la source de la source (1)
substances pour : (2) substances Concen- pour : (2) (3)
(2) tration
des

Incendie/explosion

Incendie/explosion
Toxique pour l’homme substan-
ces dans

Solubilité
Identifi-

Volatilité
la

Rivière

Rivière
Nature

Nappe

Nappe
cation Explosion/

Sol

Sol
Air

Air
substances/ par par par can- source
de la Incendie
produits inha- con- inges- céro-
source
lation tact tion gène*

* Cancérogène/mutagène/toxique pour la reproduction.


(1) Reporter les phases de risques à partir de l’annexe 16 [1].
(2) Indiquer la note établie à partir des annexes 15 et 16.
(3) À compléter si la source est un mélange de substances (déchets, sols pollués...) selon annexe 14 (point 1.1).

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(0)

Tableau 2 – Paramètres retenus pour l’ESR, d’après [1]


Facteur Paramètre Commentaires
1. Potentiel danger de la source • Potentiel danger des substances • Nature des substances ou déchets
• Quantité constituant la(es) source(s) de pollution
• Mobilité des substances (volatilité, solubilité, à coter.
pulvérulence) • Cf. annexes 14, 15, 16 et/ou 5 (cas des sour-
• État physique de la source ces constituées de sols pollués – VDSS) [1]
2.1 Potentiel de mobilisation de la source • Précipitations annuelles
vers le milieu • Potentiel d’inondation
• Conditionnement des polluants
• Confinement de la source • Informations à collecter au cours
• Potentiel de ruissellement du diagnostic initial
• Modes de notation fournis dans l’annexe 14
2.2 Potentiel de transfert milieu-cible • Proximité nappe
• Perméabilité ZNS
• Perméabilité aquifère
3. Cible • Accès au site/source
• Environnement du site
• Présence population sur site
• Type de population • Informations à collecter au cours
• Proximité captage AEP-eaux souterraines du diagnostic initial
• Distance site-cours d’eau • Modes de notation fournis dans l’annexe 15
• Population concernée par AEP
• Autres usages-proximité et type d’usage
d’eau
4. Impact constaté • Sur milieu air • Notations à établir par comparaison
• Sur eaux souterraines des mesures dans les milieux avec les valeurs
• Sur eaux superficielles de constat d’impact (cf. annexe 5)
• Sur sols • Modes de notation fournis dans l’annexe 14
AEP : alimentation en eau potable.
VDSS : valeur de définition de sources sol.
ZNS : zone non saturée.

Pour les milieux eaux souterraines et superficielles, trois situa-


tions sont distinguées, d’où les trois grilles par milieu :
4. Informations nécessaires
— le milieu est utilisé pour l’alimentation en eau potable ;
à la mise en œuvre de l’ESR
— le milieu n’est pas utilisé pour l’alimentation en eau potable, Les informations nécessaires à la mise en œuvre de l’ESR sont
mais pour d’autres usages (industriel, agriculture...) et il n’est pas recueillies pendant la phase du diagnostic initial (tableau 2). Ainsi,
considéré (au sens des schémas d’aménagement et de gestion des une trentaine de paramètres, correspondants à 43 notes au maxi-
eaux) comme une ressource à préserver pour l’alimentation en eau mum, ont été retenus dans la version 2 de la méthode d’évaluation
potable pour le futur ; simplifiée des risques pour décrire la ou les sources de pollution
présentes sur site et leur impact potentiel sur l’environnement.
— le milieu n’est pas utilisé pour l’alimentation en eau potable, Ces paramètres sont répartis en quatre groupes :
mais il est considéré comme une ressource à préserver pour le futur — potentiel danger de la source ;
pour l’alimentation en eau potable. — potentiel de mobilisation et de transfert des substances pol-
luantes comprenant deux parties :
Les fiches de cotation « Air » et « Incendie-explosion » existantes • potentiel de mobilisation de la source vers le milieu,
dans la version 1 ont été supprimées ; en effet, ces fiches n’étaient • potentiel de transfert dans le milieu vers la cible ;
que très rarement utilisées à propos. De plus, d’importantes con- — cible ;
traintes techniques (exemple pour la mesure des impacts sur le — impact constaté.
milieu air) ne permettaient pas d’assurer une application selon les Il convient de préciser que l’impact constaté pris en compte à ce
hypothèses de base de l’approche nationale. stade doit être attribuable au site étudié. Pour cela, deux principes
ont été retenus pour apprécier le niveau de l’impact :
Ne doivent être pris en compte que les couples milieux / usages — les différences entre l’amont et l’aval mesurées doivent être
jugés pertinents au vu des résultats du diagnostic initial et repris significatives (différence au moins supérieure à 50 %, du moins
pour les substances ubiquistes) ; en deçà, il sera possible toutefois
dans le schéma conceptuel du site. Ainsi, plusieurs situations peu-
de prendre en compte un impact suspecté (note 1 accompagnée
vent se présenter où certains milieux ne seront pas à coter, comme d’un ?) ;
l’absence : — l’impact pourra être important si les mesures effectuées à
l’aval hydraulique ou au droit des cibles identifiées sont supérieures
— de nappes d’eau souterraines sous le site ou dans sa zone aux valeurs de constat d’impact (VCI).
d’influence possible ; Ces VCI sont définies, pour chaque milieu d’exposition, en fonc-
— d’eaux superficielles à moins de 5 000 m du site ; tion de l’usage pris en compte dans l’évaluation simplifiée des ris-
ques, selon les modalités définies dans l’annexe 5 du classeur
— d’utilisation du milieu considéré (utilisation actuelle ou future). « Gestion des sites (potentiellement) pollués » (encadré 2).

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Encadré 2 – Valeurs de constat d’impact 5. Cas des sites industriels


Dans le cadre de la mise au point de la version 2, des valeurs
en activité
de constat d’impact françaises ont été développées pour une
douzaine de substances dangereuses (arsenic, chrome, mercu- Les points à prendre en considération dans le cas particulier des
re, zinc, benzène, chlorure de vinyle, cis 1,2-dichloroéthylène, té- sites sur lesquels sont exercées actuellement des activités indus-
trachloroéthylène, trichloroéthylène, benzo(a)pyrène, fluo- trielles sont :
ranthène, naphtalène, arochlor 1016, arochlor 1254) pour deux — les activités ne faisant pas ou n’ayant pas fait l’objet de pres-
types d’usages des sols (sensibles, tels que résidentiel avec po- criptions d’exploitation dans le cadre de la réglementation sur les
tager, et non sensibles, tels qu’industriel ou commercial). installations classées pour la protection de l’environnement ;
Les valeurs de constat d’impact françaises ont été — les pratiques de gestion environnementale n’ayant pas fait
développées dans le cadre de l’approche nationale sur la ges- l’objet de prescriptions particulières, ou visiblement non conformes
tion et la réhabilitation des sites et sols pollués par le groupe de aux pratiques actuelles, notamment en termes de protection de la
travail « santé publique ». Elles reposent sur la méthodologie ressource en eau (eaux souterraines, eaux superficielles).
d’évaluation des risques pour la santé humaine dans le cadre Il s’agit essentiellement des cas de pollutions historiques.
d’études génériques. Ces valeurs prennent en compte les ris-
ques chroniques pour la santé des populations liés à l’usage Ainsi, cette approche ne s’applique pas aux installations exploi-
actuel des sites. Elles intègrent différentes voies d’exposition tées conformément à la réglementation et faisant l’objet de mesures
des populations (ingestion de fruits et légumes, ingestion de sol de prévention et de surveillance appropriées, telles que :
ou de poussières, absorption cutanée de sol ou de poussières) — stockages de matières premières, de produits finis ;
et sont définies pour deux types d’usage, l’un sensible et l’autre — installations de traitement et d’élimination de déchets ;
non sensible. Ils sont déclinés selon deux scénarios d’exposi- — réseaux d’eaux usées et stations d’épuration associée ;
tion. Les valeurs étrangères seront utilisées par défaut pour les — rejets atmosphériques des ateliers de fabrication, etc.
autres substances en attendant la publication de valeurs pour
ces dernières.
D’autres valeurs guides seront développées dans les mois à
venir pour d’autres substances (autres HAP [hydrocarbures aro-
6. Concertation et suivi
matiques polycycliques], solvants...). de la classification
L’ensemble de la démarche et des actions entreprises (élaboration
Ainsi, en l’absence de mesure justifiant le constat d’impact, ou
du schéma conceptuel et du tableau récapitulatif des sources de pol-
si le lieu de mesure du constat d’impact est inapproprié, la
lution, identification du nombre de sources de pollution à évaluer,
note 3 devra être attribuée.
choix des voies d’exposition, attribution des notes élémentaires par
paramètre, estimation de la fiabilité des informations, classification
Il est attaché une grande importante à la qualité du diagnostic ini- de la source/du site) doit être réalisé, en vue de sa validation finale,
tial et aux hypothèses formulées et retranscrites dans les outils de dans une cellule de concertation comprenant au moins le responsa-
synthèses développés (schéma conceptuel et tableau récapitulatif ble du site, l’inspecteur des installations classées et l’expert (interne
des sources de pollution). En effet, la méthode nationale d’évalua- ou externe) ayant réalisé le diagnostic initial servant de base à l’ESR.
tion simplifiée des risques prend en considération la fiabilité des Chacune des classes finales correspond à des actions à entrepren-
données ainsi recueillies. dre sur les sites.
■ Classe 1 : sites nécessitant des investigations approfondies et
une évaluation détaillée des risques
Chaque paramètre et chaque rubrique élémentaire sont notés
dans un intervalle allant de 0 à 3, la note 3 correspondant à la Pour ces sites, il conviendra de se rapporter à l’article [G 2 591]
situation la plus défavorable ou au risque maximal. En fonction Diagnostic approfondi. Évaluations détaillées des risques.
de l’état de connaissance du site, la fiabilité des informations, et ■ Classe 2 : sites à surveiller
donc de la notation, peut être variable d’un paramètre ou d’une Les sites ainsi classés présentent un impact ou un risque limité,
rubrique à l’autre. Celle-ci est prise en compte au niveau de la mais persistant. Ils nécessiteront la définition et la mise en place
notation élémentaire des différents paramètres (en reportant un d’un dispositif de surveillance adapté à la problématique rencon-
« ? » dans la case de droite de chaque notation de paramètre trée, et éventuellement des dispositions de maîtrise d’urbanisme. La
chaque fois que la fiabilité de l’information considérée est dou- nature du dispositif à mettre en place dépend directement des situa-
teuse). tions rencontrées et devra être adaptée aux éventuelles évolutions
Le nombre de ces « ? » est pris en compte lors de la combinai- envisagées.
son des notes attribuées à chaque paramètre et à chaque rubri- ■ Classe 3 : sites dits « banalisables »
que pour la détermination de la note finale de la source et/ou du
Les éléments de décision tirés de l’évaluation simplifiée des ris-
site, note finale permettant d’arrêter sa classification. Si plus de
ques conduisent, sur la base des données disponibles pour un site
30 % de la note globale obtenue pour un couple milieu / usage
et de l’état des connaissances scientifiques et techniques au
est affectée d’un doute, on estimera que les informations
moment de la réalisation de cette ESR, à considérer que le site peut
recueillies sont insuffisantes pour attribuer une note de
être rendu à un usage donné, sans investigations complémentaires,
synthèse globale fiable. Il conviendra donc de rechercher des
ni travaux particuliers ; dans certains cas cependant, des mesures
données complémentaires.
de maîtrise d’urbanisme pourront s’avérer nécessaires.

Références bibliographiques
[1] Ministère de l’Aménagement du Territoire et juillet 2000, éditions du BRGM (ISBN 2-7159- de l’Environnement. – Mode d’emploi des
de l’Environnement. – Classeur « Gestion des 0899-7). outils méthodologiques applicables aux sites
sites (potentiellement) pollués ». Version 2, [2] Ministère de l’Aménagement du Territoire et et sols pollués, 2000.

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