Hydro Logie

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21 COLLECTION GÉRER L'ENVIRONNEMENT

,
ANDRE MUSY
CHRISTOPHE HIGY


ro 0
Les auteurs et l'édite ur reme rcient l' Eco le po lytec hnique fédérale
de Lausan ne pour le so utien apporté à la pub licati on de cet o uvrage.

Ulustrations de couverture:
Glacier du Rhône , Va lais, photo de André Mu sy, ao ût 2003.
Th e Yanayacll River, bassin de l'Amazo ne, Péro u, photo de Séverine
Vu i Ileum ier, colla boratrice HYDRAM , févrie r 2003.

Les Presses po lytech niques et un iversitaires romandes sont une fo ndatio n


scientifiquc dont le but est pri ncipale ment la diffusio n des travaux
de l'Ecole polytech nique fédérale de Lausan ne, ainsi que d'autres uni versi tés
ct écoles d'ingé nieurs fran cophones.
Le cata logue dc leurs publ ications peut être obtenu par courri er aux
Presses polytechniques et universitaires romandes,
EPFL - Centre Mid i, CI-I-IO 15 Lausa nne. par e-mail à ppur @epn.ch.
par téléphone au (0)2 1 69341 40, ou par fa x a u (0)21 693 4027 .

www.ppur.org

Première édi tio n


IS BN 2-88074-546-2
© 2004, Presses po lytech niques ct un iversi tai res ro mandes,
CI-I - JO 15 Lau sa nne
Tous droits réservés.
Reproduction. même part ielle, sous quelque forme
ou sur quelque support que cc so it, interdi te sa ns raccord écrit de l'éditeur.
Impri mé en Italie
,
TABLE DES MATIERES

PRÉFACE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V

A V ANI-PROPOS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XI

CHAPITRE 1 INTRO DI JCTION GÉNÉRAI.E .. .. .... . . . . . . . . . . . . . . . 1


• • • • •

1.2 L 'eau moderne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10


1.3 Oroanismes liés à l'h drolocie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
lA Aspects juridiques, le cas de la Suisse . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.5 Objectifs et organisation de l'ouvrage . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

CHAPITRE 2 CYCLE DE L ' EA U ET BILAN HYDROLOGIQUE. . . . . . . . . 21


2 .1 Introduction. . .. . . . . .. .. . . .. .. . . . . . .. . . . .. . . . . . . . 21
2.2 L'eau élément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3 Anal yse détaillée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
• • • • •

2.5 Cycles associés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58


2.6 Conclusion .............................. . . . .. . .. 68

CHAPITRE 3 I.E BASSIN VERSANl' E l' SON COMPI EXE ' 0 " " " •• 69
1 C
o,- " n '~ ..
UIlIIJ OIl . . . , . . , . . . . . . , . . , . . . . . . , . . . . . . . . . . , . . . , 69
3.2 Comporteme nt hydrologique . ...................... . 72
3.3 Caractéri stiques physiographiqucs . . ............ . ... . 77
3 .-1- Caractéristigues agro-pédo-géologiques . .. ...... .. ... . 100
3 .5 11lfonnation digitale c t modèles numériques . ..... .. ... . 105
3.6 Conclusion ..................................... . 110

CHAPITRE 4 I .ES PRÉCIPITATIONS . . . . . .. .. . .. ... . . .. . . . . . III


4 .1 Dé(J nili ons liminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III
4 .2 Classification des nuages. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
4 .3 Nlécani smes de I"ormati on des préc ipitations . . . . . . . . . . . . 114
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CHAPITRE 1

, ,
INTRODUCTION GENERALE

PRËS avoir donné une brève in troduction aux sciences hydro logi ques, ce cha-
A pitre rappelle J'évolution de cette sc ience depuis le refu s de j'explication des
phén omènes par les mythes dans la Grèce antique jusq u'à l 'avènement de
l' hydro log ie en tant que disc ip line sc ien ti fique à part entière. Ce chapitre nOlis permet
auss i de prése nter les d ifférentes facettes de cette di scipl ine ainsi que, fina lement,
j'ensemb le de la problématique à laquelle se doit de répo ndre l' hydrol og ie
aujourd'hui. Celte première partie, en tant que pro légomènes à ce qui suit, présen te
auss i les principaux organismes ac tifs da ns le domaine de l'hydro logie, que ce so it à
J'éc helle m o nd iale, européenn e ou plus localement d ans le contexte helvétique où le
fédéra lisme influence forteme nt l'organisation de ses institutions. Pour terminer, un
plan de l'ouv rage est présenté.
Les sc iences hydro logiques, si tuées a u carrefour de plu sieurs di sci plines, on t pou r
miss io n de comprendre les mécanismes régi ssa nt la d istri bu tion de l'eau à la surface
de la terre ain si que les propriétés bio-géo-chimiques de l'eau. L' hydrologie étudie
donc d'une part les flux d'eau et, d ' autre part, les réserves hydriques, qu'elles soient
de s urface , soute rraines o u atmosphé ri que. A cec i s'ajoute encore l'ensemble des pro-
cessus permetta nt les échanges entre les réservo irs. Ainsi, de manière si milaire à la
défi nit ion de l' Organ isatio n des Nat io ns Unies, l'hydrol ogie est la sc ience de l'eau et
de so n cycle su r la terre.

1.1 APPROCHE HISTORIQ UE

Durant long temps, l'histoire de l' hydrologie a été assimi lée à celle de l'hydrauli-
que et plu s spécifiquemen t des ouvrages hydrauliques. L'objecti f de cet ouvrage é tant
essen tiellemen t d e décrire et d'expl ique r les processus intervenant dans le cycle de
l'eau, il nou s apparait pert inen t de p réc iser quelque peu l'origine des premières exp li -
cations ra tion nelles du cycle hydrol og ique. Pour le reste, la littérature est abo ndan te
(Bonn in, 1984; Mali ssard, 2002; No rdo n, 199 1a; Nordon, 199 1b; Vio ll el, 2000). En
tou te généralité, o n se do it de souligner qu'il est difficile de fixer une date de début à
cette sc ience qu'est l'hydrologie. On peu t do nc p lu s si mplement partir du co nstat que
depuis l'A ntiquité, les popula tions se so nt installées le long des rives des fl e uves
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INTRODucrION GËNËRALE 5

cette massue et par-là même la da te de l'apparition de l'irri gation, il semble


aujourd'hui admis qu'elle soit apparue en Egypte à la fin de l'Ancien Empire, soit
vers 2200 av. J.-c. (Vercoulter, 1992). Co rrélativement avec la naissance de l'irriga-
tion, il fau t mentionner que celle-ci est étroi temen t associée au Nil et plus spécifiq ue-
ment à sa crue car c'est bien la crue et non le fleuve lui-même qui est à l'origine de la
prospé ri té de l'Egypte. Si l'on re late souvent le caractère bénéfique de la c rue du Ni l
par son appo rt d'eau e t de limons, il ne fau t pas oublier que l'avènemen t de l'i rr iga-
tion a aussi pou r origi ne la nécess ité de se protéger des dégâts qu'e lle occas ionne. Ce
caractère an tinomique de l'eau était donc déjà perçu par les Egyptiens et a perm is des
développemen ts techniq ues impo rtants sans pour autant que ceux-ci proposent une
véritable descrip tion rationnelle des phénomènes liés au cycle de l'eau.

«Ainsi tou t en Egypte se règle sur le Nil, le sol, ses productions, l'espèce des ani-
maux qui l'habitent et des oiseaux qu 'il nourrit. Les Egyptiens le sentaient mieux
que personne et ils s'en montraient reconnaissants: ils tellaient leur fleuve pour
lm Dieu qu'ils appelaient Hapi et ils ne se lassaient pas de célébrer la
bienfaisance. »
(G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient)

F ig. 1.1 Détail de la massue du Roi Scorpion mon trant le roi en train d'ouvrir une brèche dans une digue
(Ashmolcan M useum. Oxford).

En Egypte donc, le point fo rt conce rn ant l'eau es t indiscutablemen t celui qui a


trait a u Nil. Ceci se traduit au point de vue histori que d'une part par la déco uverte de
la massue que nous venons de présenter mais auss i par une période particu lière dans
l' hi s toire de l'Egyp te, à savo ir le règ ne d'Amenemhat III (1853- 1809 av. J.-c.) .
Durant celte pé ri ode, la sit uat ion po li tique du pays était calme. Ceci a pe rm is au nou -
veau pharaon de se donner d'autres priori tés que celles m ilitaires telles que l'exp loi-
tation des m ines du Sinaï et le contrô le du niveau du Nil à Semma et Koumma, villes
situées a u Sud d'Assouan. Sous le règne d'Amenemhat III , on trouve 18 re levés de la
hauteu r d'eau du N il , ce qui conduit Vandersleyen ( 1995) à affinner que le choix et la
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INTRODucrION GËNËRALE 9

pluviomètres é la boré s en rosea u. Ceux-c i éta ient placés le long des versants des
montages e t ont a ussi certainement été utili sés pour procéder à des mesures de pré-
c ipi tat ions neigeuses.

1.1.4 L'eau au Moyen Age


L'abondance de l'eau a u Moye n Age évite toute pro bl émat ique de ges ti on et de
qua lité. A cette époq ue, l'eau est un é lément nature l.
On assiste a in si d'u ne part à sa domesti cation et, d'au tre part, à sa mys ti ficat ion,
ce qui crée une ambiva lence en tre la compréhension des phénomènes et la maîtrise de
l' hydra uli que. Cependant, l'eau du Moyen Age travaille car c'est véritab lement à
celte époque que se déve loppent les grandes vo ies de navigati on fluv ia les et mari-
times.
D'u n point de vue tec hni que et économique, l'eau joue un rô le essenti el car au
cœur de l'économie médiévale se trouve le mouli n à eau dével oppé depuis le 12 e siè-
c le. Mais l'ea u va aussi jouer un rôle essent iel dans le développement de la pensée
poét ique de l' époque en lui donnant so n rythme. Il n'est en effet pas innocent que
Sain t Jacques soi t le saint qui présen te le plus de pouvoir. Saint Jacques est cel ui qu i
domine la mer et dompte les fleuves . C'est aussi celui qui donne a ux eaux de source
le ur pouvoir de guérison. L'ea u du Moyen Age es t e ncore autre cho se. C'es t l'eau du
baptême, de la rédemption.
Les encyclopédies médiévales vont aborde r cette thémat ique et l'on ne compte pas
moins de sept domaines spécifi ques dans lesq uels l'ea u est a bordée. Il s'agit de la cos-
mologie, de la chim ie, de la géograph ie, de la techn ologie, des matières médicales, de
la zoo logie, de la météo rologie el de la géologie. Dans l'encycl opéd ie d'un moine
franciscain, Barthélémy l'Anglais, l'eau fai t toutefois l'objet d'un chapitre entier.
L'auteur essaie de décrire les différentes proprié tés de l'eau pui s ses relations avec les
autres élémen ts. Enfin, il détaille plus ieurs catégories d 'eau en di st in gua nt les eaux de
pluie, de neige et de sou rce. Dans cette même encyc lopéd ie, et Barthélémy n'est
d'ailleu rs pas le seul à le faire , il co nstate l'utilité de l'eau à la vie des hommes et
relate en tre au tres les crues du Nil. Le fleuve , au-de là de la fasc ination de l'eau qu' il
véh icule, est aussi compri s comme moyen de transport des march andi ses a insi que
d'élimination des déchets ou encore comme so urce d'énergie lorsq ue le courant per-
met a ux mouli ns de fonc tionner. Outre les mouvements de surface, le Moyen Age
prend aussi véritab lemen t conscience de la présence et de l'i mp ortance des eaux sou -
terraines, en s' insp irant encore for temen t des ouvrages de Plato n et d'Aristote. Mal-
gré cela, la circulation de l' eau durant cette période est essentiellement perçue comme
terrestre et il faudra attendre le 17 e siècle pou r vo ir apparaître un concep t scientifique
de circulation atmosphérique.
En terme de compréhension des processu s et de dével oppements techniques, les
premières ap proches quantitatives seront dues à Léonard de Vinci pu is à Pierre Per-
ra ul t (1510-1589) qui montre notamment que le débit d' un cours d'eau ne repré-
se nte qu 'u ne partie de la précip itat ion incidente (Chow et al., 1988). Durant cette
même période, les Holla nda is feront d 'i mp ortan ts efforts pou r se protéger des c rues.
Les premiers po lders so nt construits ve rs 1435, suite à des crues catastroph iques
da tan t des 13' et 15' siècles (Labeyri e. 1993). Dan s la nui t du 18 au 19 octobre
142 1,65 vil lages seron t noyés et 100000 person nes sero nt vic times d ' une crue sur-
venue sur un terri toire ent re la Meuse et J'Escau t (G ill e, 1964). Ces a mén agements
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INTRODucrION GËNËRALE 13

1.3 ORGANISMES LIÉS À L' HYDROLOGIE

Afin de co nclu re cette première partie introductive, nou s présentons c i-après les
pri ncipaux orga nismes li és aux act ivités hydro log iques d'une part à l'éche ll e mo n-
dia le d'autre part en Europe et plus part ic ul ièrement en Su isse. S'i l ex iste une mul ti-
tude d'organ ismes ayant des activités à l'éche lon mondial, nous avons choisi de pré-
senter dans un premier temps celles qui sont rattac hées au système des Nat io ns Unies
(ONU). Nous menti o nn ons ensuite quelques o rgani smes de recherches. Enfin, nous
no us in téresserons aussi bri èvement a u rô le des organisatio ns non gouvernementales
(ONG).

1.3,1 Dans le monde

L'Organisation météorologique mondiale


Adopté en 1947 et entrée en vigueu r en 1950, [a Conven ti o n météo ro logique mo n-
dia le est l'ac te constitut if de l'Orga ni sation météo rologique mondi a le (OMM 4 ). Celte
o rgan isatio n, dont le siège est à Genève, es t le porte-paro le scien tifique des Nations
Un ies pou r to ut ce qu i a trait à l'atmosp hère et au cl imat de notre planète. L' OMM
compte actue[lement 185 membres (179 Eta ts et 6 territoires) qui ont tous un service
hydrologique. L'OMM comprend le cong rès qu i en est l'organe sup rême a insi que des
associations régiona les, des commiss ions techniques, un consei [ exéc utif, un secréta-
riat général e t divers gro upes de trava il. Les Eta ts membres de l'OMM son t regroupés
en six assoc iations régionales 5. Chaq ue assoc iation coo rdon ne les ac tiv ités liés à [a
météoro log ie et l' hydrologie pour sa région.
Les commissio ns techniques de l'OMM , au nombre de huit, traite nt des domaines
suivan ts: mé téoro log ie aéro nautique, météoro log ie agricole, sciences de l' annos-
phère, sys tème de base, clima tologie, hydrologie, instruments et méthodes d'observa -
tion et météorol ogie ma ritime.
Conformémen t à sa conven ti o n, les bu ts de l'OMM sont entre au tres:
• Faciliter la coopé ration mond ia le en vue de l'établissement de résea ux de
mes ures et d'obse rvat ions hydrologiq ues et météorologiq ues.
• Dé velopper les échanges de do nn ées.
• Promo uvoir la no rmalisation des observations météorologiques e t connexes,
assurer la publ ication de données et stat istiques.
• Encou rager les act ivités dan s les domaines de la météorologie et de l'hydrol o-
gie, l'enseignement et le développement des services hydrol og iques.

Les princi paux prog rammes de l'OMM sont respectivement la ve ille mé téoro logi-
que mondiale, le programme climato log ique mondia l, le programme consacré à la
recherche atmosphé ri que et à l'env ironnement, le programme des applications météo-
ro logiques, le prog ramme d' hydro logie et de mi se en va leur des ressou rces en eau
(P H RE), le programme d'enseignement et de format ion professionnell e ai nsi que le
programme de coopé ra ti on techniq ue.

Le site Internet de l'organ isation se trouve à l' adresse sui vante: http://www.wmo.ch.
, Les régions sont respectivement l'Afrique, l' Asie, l' Amérique du Sud, l'Amérique du Nord, l' Améri-
que central e, le Pacifique Sud-Ouest et l' Europe.
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INTRODucrION GËNËRALE 17

• Analyse el prév;s;oll. L'uni té d' ana lyse et de pré visio n réalise des études s ur
les c hangemen ts des rég imes des co urs d'eau, tra ite les do nn ées rel atives à la
qu a lité de l'eau e t dé ve loppe de no uveaux o utils in fo rm atiques (s ystème
d' info rmati o n géog raphique). Ell e gè re les résea ux natio naux de mes ure et
d'o bservat ion des propri étés physico-chim iques des eaux ainsi que les bass ins
de rec herc he hydrologiq ue de Su isse .

Le service météo rologique natio nal MétéoSuisse effec tu e des o bservatio ns météo-
ro log iqu es ain si qu e des pré visio ns. MétéoSuisse es t rattac hé a u Départemen t fédéra l
de l' inté ri eu r.
Ce service en tretien t et publie des do nnées iss ues de deu x réseaux de mesures
pr incipaux. D ' une part, le résea u AN ETZ qui est fo rm é par une septa ntaine de sta -
tio ns auto matiques faisant l'acqu isi tio n de do nnées hyd ro mé téorologiques toutes les
dix minutes . D 'autre part, le réseau KLLMA qui e st un réseau convention nel de
25 statio ns en vi ron qu i effectue de s relevés tro is fois pa r jo ur. En plus de ces ré seaux,
MétéoSuisse gè re environ 400 statio ns de me sures pluvio métri ques avec un relevé
qu o tidien et pub li e a ussi so us la fo rme de cartes divers paramètres hydrom étéo ro log i-
q ues a in si q ue des images radar de la pluviométr ie en Sui sse (c hap . 8).

1.3.4 Rôle des organisations non go uvernementales


Trop nombreu ses po ur être toutes ci tées, les o rga nisat io ns no n go uvernementa les
(ONG ) jo uen t un rô le de plus en p lus esse ntie l dans le domain e de la gestio n des ea ux
et p lu s pa rticulièrement po ur la pro tectio n de cette resso urce . En un certain sen s, les
o rgan isati o ns no n go uvernem e nta les o nt la chance de po uvoir réussir le ur mi ssio n là
o ù les insti tu io ns go uve rn ementa les ne réuss issent pas suite à des mécanismes de blo-
cage po li tique par exemple. Ces o rganisatio ns jo uent un rô le e ssent ie l dans le fait
qu'elles sont so uven t très impl iquées da ns des si tu atio ns spéc ifiques et qu ' elles per-
mettent l' acq uisitio n de donn ées locales re la tives à la gestio n des eaux.
L' UNESCO met à jour rég uli èremen t une liste d ' institut io ns o u o rgan is me s actifs
dans le domai ne de la gestio n de l'ea u. Cette liste comp re nd 550 organisatio ns q ui
sont réparties comme l' illustre le ta blea u J .2 . On note a insi que s ur J' ensemble des
o rganismes rece nsés, q uasime nt une o rga nisat ion sur tro is est no n go uvernementa le.

Tableau 1.2 Typologie des o rgan ismes actifs dans le do mai ne de la gestion des eaux.

Ge nre Nombre recensé Fractio n [% J

Recherche et éd ucatio n 67 12,2

O rga ni satio ns gouve rneme ntales 153 27,8

O rga ni sations inte rgouverne menta les 34 6,2

O rga nisatio ns no n gouverne me ntales 173 3 1,5

Autres 65 1 1,8

Systè me et agences des Nati ons Uni es 58 10,5

Tota l 550 100


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CHAPITRE 2

CYCLE DE L'EAU
ET BILAN HYDROLOGIQUE

a question de la di sponibilité et de l'accès à l'ea u est sans auc un doute l' un des
L problèmes majeurs auquel devra fa ire face J' humanité durant les années à ve nir
co mme nou s l'avons précédemment so uli g né. L' étude du cycle de l'eau permet
de comprendre et d' analyser les échanges d'cau (les flux d'eau ) entre ses différents
réservo irs océanique s, atmo sp hérique s et co ntinentaux. Ce chapitre présente donc
après avo ir rappelé les prop riétés essentie ll es de J'ca u une descriptio n qualitati ve et
quantitative du cycle de l'eau et de ses principa les composantes. On présente ensuite
quelque s fo rmulati o ns emp iriques du bilan hydrique ains i que J'analy se de la réparti-
ti o n des eaux à différente s échelles spatiales. Enfin , une brève introductio n aux cycles
associés (carbone , azote, phosp hore) est proposée.

2. 1 INTROD UCTIO N

Elémen t essen ti el à la vie et au fo nctionnement g lobal de la planète Terre, l' eau


reste cependant empreinte de my stère. Bien que l' o n co nnaisse assez bien la structure
de la mo lécule d'eau isolée et que so n rô le vital a il été so uligné depui s l' Antiquit é, il
n'en reste pas moins qu ' après plus de deux cen ts ans d ' analyses physiques et chimi-
ques, l'ea u reste mécon nue par beauco up de ses aspects. Un nombre important de ses
prop riétés ne so nt toujo urs pas comprises a ujourd ' hui.
Il apparaît donc essentiel de faire le point sur les prop ri étés princ ipales de l'élément
«ea u» avant d'aborder de manière déta i lIée les échanges (o u les flux d' eau ) au travers des
réservoirs atmosphériques, océaniques et con tinenta ux qu i constituent le cycle de l'eau .
L'ét ude du cyc le de l'eau prend enco re p lu s de sens si l'o n tient comp te du fait que
l' ea u est rarement pure. Le cyc le de l'eau con tri bue do nc, d'une part, à d'impo rtant
flux de particules et, d'autre part, est associé à d' autres cycles impo rtants, comme par
exemple ceux de l'azote, du carb o ne o u encore du phosp ho re , sa ns ou blier le lien
étroit qui ex iste entre le cyc le de l'eau et le cyc le de l'é nergie à l' échelle planétaire.
Ce c hapitre aborde donc no n seuleme nt les prop riétés fondamenta les de l'eau, so n
cyc le et les bilans quantitatifs en tre ses différents réservoirs à des échelles spatiale (à
l'éc helle de la Terre, d ' un co ntinent ou encore d ' un pays) et temporelle variées, mai s
auss i les cyc les qui lui so nt associés.
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CYCLE DE L'EAU ET BILAN HYDROLOGIQUE 25

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Fig. 2.4 Structure moléculaire de l' eau et illustration de la liaison hydrogène (en pointi llé) (d ' après CNRS,
2000).

Dans ce cas, les f orces attractives opèrent un rapprochement des m olécules d' eau
et l 'on en déduit ains i que plu s l'eau comporte de liaisons hydrogène et plus sa den si té
doit être fai ble. Lorsque l 'eau ne comporte plu s que des liaisons hydrogène,
c'est-à-dire lorsque l 'on se trouve en présence de g lace, il est fac ile de comprendre
que sa densité soit m o indre que ce lle de l 'cau liquide, La figure 2.4 présente une
vision m oléculaire de l' eau comprenan t des m olécu les liées par une liai son hydrogène
(r eprésentée par une ligne en pointillé) ains i que des mo lécules libres d'eau, Les
lignes p leines représen tent les liaisons cova lentes.
On notera donc la complexité des comportements de l 'eau et la situation para -
doxale qu'elle occupe dans le m onde physique, de par sa structure particulière et les
propriétés qui en découlent. En effet, outre l 'état liquide et solide que nou s venons
d'évoquer, l 'eau peut aussi se tro uver dans un éta t gazeux. On sou l ignera alors que
l ' eau est le seul et unique élémen t qui existe so us les troi s états so lide, liquide et
gazeux dans les co nditions que l 'on rencontre à la surface de la Terre.
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CYCLE DE L'EAU ET BILAN HYDROLOGIQUE 29

2.2.3 Changements d'états


Nous avo ns déjà so uligné aux parag raphes précédents les principales prop ri étés
physiques de l'eau. Il res te tou tefois pertinent de représen ter l' état d'un corps selon la
pression et la température par le biais d'un diag ramme de phases ou des états
(fig. 2.6).
Cette rep résentation perm et de définir des domaines dans lesquels l'eau se trouve
à l'état liquide, so lide o u gaze ux ainsi que les limites de tra nsition de phases qui récla-
ment des échanges d'é nergie. Par exemp le, le passage du domaine liquide au domaine
gazeux nécessi te un apport d'éne rgie nommée chaleur latente de vaporisation À\I qu i
dépend de la tem pérature du liquide. De même, le passage entre les phases so lide et
liquide peut se fai re si l'on apporte une quantité suffi sante de chaleur a u sol ide nom -
mée chaleur latente de fusion À.f Enfin, la transition directe d'une stru cture sol ide à
une structure gazeuse réclame une quantité de chaleur qu e l'on appelle chaleur
latente de sublimation M. On peut encore noter que les changements de phases se
font à température co nstante. Lorsq ue la glace fond, la température reste à a oC. Enfin,
au-delà d ' un point, nommé poi nt critique, la distin ction ent re phase gazeuse et phase
liquide n'est plus poss ible, ce qui ex plique l'interruption de la cou rbe de vaporisat ion.

pression [kPal

courbe de fu~i o n
22091,4 point critique

LIQUIDE
!.f-\-

101.32472 t- - - - -
SOLIDE 1
1
_ _ _ _ _ _ _ _1
0.6 101
!. s, . 0""
'":J.\.\ ' poi nt tri ple
<;,ù'O\'~'(" Il
1
0,4 c
- :f\jc ô. .. .... .. ~ 1
coUf.... 1 1 température rC ]
..... 1 1

- 50
, o 0,01 100

Fig. 2.6 Diagramme de phase de l'cau (tiré de Musy el Soutter. 199 1).

Les changemen ts d 'états co ndui sent ainsi à l'étude de la glace, c'est-à-dire la


forme solide de l' eau. No us avons vu précédemment pourqu oi la masse vol umi que de
la glace était plus faible que celle de l'eau. II nou s res te à étudier plu s en détail la
stru cture cristalline de ce so lide. La représen tati on élémentaire que l'on propose
géné ralement du cri stal de glace est un tétraèdre régulier dont le centre et les sommets
so nt occ upés par les atomes d' oxygène de la moléc ule d'eau (fi g. 2.7). La répétition
de ce motif fondamental permet d'obten ir la stru cture de la glace qui présente au final
un motif hexagonal (fig. 2.8). On rend ra toutefo is le lecteur attentif au fait qu'il existe
plusieurs phases cri stallines d iffé ren tes en fon cti on des conditions de tempé rature et
de pressio n. Ces phases - nommées phases allotropiques - son t a u nombre de six et
co uvrent un domai ne assez large de condi ti ons de pression et de température puisque
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CYCLE DE L'EAU ET BILAN HYDROLOGIQUE 33

nous permet pas, par défi ni tjon, de déterminer son commencement ni sa fin, Ain si,
l 'étude et la compréhension du cycle de l 'eau permettent d'expliquer les modalités
des échanges d 'eau et conduisent donc à une description qual itative des différents
processus intervenan t dans le cycle de J' eau. A cette description s'ajoute naturelle-
ment la recherche des causes de ce cycle d'échanges, à savoir les ca uses des mouve -
ments induits pour l 'essen tiel par un gradient d'énergie ou mieux, par une différence
de potentiel .

« Tel est le rôle de l'eau. Mais avant d'étudier celle dernière au repos, voyons-la
d'abord en mouvement; examinons le cycle qu'elle parcourt soit sur notre pla-
nète, soit dans l'atmosphère. Tour à tour nous allons la retrouver cl l 'état liquide,
gazeux Oll solide, nOliS la verrons toujours en mouvement et ne quiller une de ces
formes que pour ell reprendre lin des autres. »
(Emile Fleury, Malluel d'hydrologie, 1896)

Cependant, l'exp lication et la compréhens ion du cyc le de l' eau ne peuvent s' arrê-
ter là. Il res te en effet à co nsidérer les aspects quantitatifs, à savoir quel s sont les volu-
mes échangés et à quelle vitesse, quelles sont les capaci tés des réservo irs et leur taux
de renouvellement, etc. Autant de question s qui rendent l'étude du cyc le hydrologique
non seulement comp liquée m ais aussi complexe. C 'est ceUe étude du cycle de l 'eau
qui va donc so us-tendre l'ensemble des chapitres qui von t suivre, en étant au cœur de
la délica te prob lématique de la gestion des eaux et surtout de la sauvegarde d'une
quantité suffi sante néce ssaire au maintien de la v ie sur Terre pour les générations
futures.
Aprè s examen du f onc tionnement général du cycle de l'eau, de l' importance et de
l'intensité des échanges ainsi que du volume des d ifférents réservoirs, il s'agira
encore de se demander quels sont les méthodes et ins trum en ts à disposi tion afin de
quantifier les élémen ts du cycle hydrologique.

2.3.2 Un système dynamique complexe

Avant d 'aborder la descripti on du cycle hydrolog ique, il convient de s'arrêter


quelque peu sur les notions de système et de complexi té. Se lon Bertalanfy ( 1968):
« Un système peut-être défini comme un comp lexe d ' éléments en in teraction. Par
interaction, nous entendons des éléments p liés par des rel ations R, en sorte que le
comportemen t d'un élément P dans R diffère de so n comporteme nt dans une autre
relati on R',» Cette définition s'applique bien au cyc le de l'eau pui squ'il fait interveni r
plusieurs éléments o u réservo irs qui in teragissen t par des échanges de matières. De
plus, le comportement de l 'eau au sein de chaque réservoir est spéc ifique à celui-ci
ainsi qu'à d 'au tres co nditions particulières,
On peut ains i attribuer à chaque élément Pi du système une mesure d' un flux Qi et
définir alors de manière générale la dynamique du cycle de l'eau par un sys tème
d' équations différentielles, c'est-à-dire par des rel ati ons faisan t inter venir la dérivée
de f onctions mathématiques:
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CYCLE DE L'EAU ET BILAN HYDROLOGIQUE 37

puis une surface d'ea u tel s les lacs, les mers ou les océans avan t de participer à nou -
veau au process us d 'évap orati on. L' eau du so l va pour sa part con tribuer di rectement
à l'évaporation par remontées capillaires ou être explo itée par la végétation puis
transpirée dans l'air ambiant.
La figure 2.10 représe nte schémat iquement le cycle global de l'eau . On remar-
quera immédi atement que le cycle hydrologique peut être décomposé en deux parties
essentielles, à savo ir sous la fo rm e d ' un cycle « terrestre» et d'un cyc le «océanique ».
En effet, ce dernier n' inclut l'écou lement qu 'en terme de grandeur d'entrée dans le
cyc le et non comme véritab le process us au niveau des océans. De même, la surface
des océans n'est sujette qu 'à l'évaporation et ne subit pas de transpiration2 ni d 'inter-
cepti on d'ailleurs. Avant d'introduire, en préambu le a ux chapitres 4, 5, 6 et 10, les
divers éléments du cyc le hydrologique, le paragraphe 2.3.4 définit plu s ri go ureu se-
ment les principes d ' une description quan titative avant de détailler les flux et réser-
vo irs du cycle de l'eau.

2.3.4 Principes généraux d'une description quantitative

Comme nous venons de le cons tater, le cyc le de l'eau peut être di visé en troi s
phases essentielles qui so nt respecti vement la phase évaporatoire, celle des précipita-
tions et enfin la phase des éco ulements de surrace el so uterrain. Ces troi s phases
co mprennent des phénomènes de transport, de stockage temporaire et parfo is de
changement de phase. Ceci implique que le cycle de l' ea u peut être modélisé par des
équations différentielles représentant la conservation de la masse, de l' énergie ou
encore de la quantité de mouveme nt. Après avoi r donné une forme gé nérale des
équations différentielles à la relation (2.1 ), une formula tion plus pratique et opéra-
ti onnelle peut être introduite en vue de la quant ification des éléments intervenant
dans le cycle hydro log ique.
Rappelons cependant que la représentation d ' un cyc le par le biais d'un jeu d'équ a-
tions mathématiques simples ne doit pas nous faire oublier que ce type de représenta-
ti on reste superficielle et n'in cl ut pas l'ensemb le des process us mis en jeu, Il s'ag it
donc d'une représentation moyenne d' où il pe ut se dégage r une fa usse impress ion de
certitude. Enfin, beaucoup de prob lèmes ne peuvent pas être réso lu s par une approche
auss i globale car il s requièrent parfoi s une connaissance détaillée de certains faits ou
de certaines données. Par exemple, l'étude de l'évaporation de l'eau à la surface d' un
végé tal nécessite une connaissance précise des grandeurs météorologiques qu i
l'influencent telles que les champs hori zo ntal et vertica l des vi tesses du vent, la pres-
sio n atmosphér ique et la géométrie du milieu. Une description de ce process us, forte-
ment non linéaire, ne saurait donc se contenter d'un système d 'équati ons de conserva-
tion. La question de l'évaporation fait de plu s apparaître un cycle in terne co mp ortant
une boucle de rétroaction. Tou tefo is, à une échel le régi onale, co ntinenta le ou mon-
diale, une descr iption du cycle de l' eau par le biais d'une équation de co nse rvat ion
reste un moyen assez pertinent pour procéder à des comparaisons et évaluer l'évolu -
ti on des rése rves en eau.

, On ne consi dère pas ici la transpi ration par exemple du plancton.


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CYCLE DE L'EAU ET BILAN HYDROLOGIQUE 41

Formule de Tu rc
Sur la base d ' une étude portant sur 254 bassi ns versants réparti s sur l'e nsemble de
la Terre, Turc a proposé une rel at ion entre le déficit hydri que, la pluie ann ue lle
moyenne et la tem pé rature an nuelle moyenne:

P
D= (2. 11 )
p'
0,9 + _ _
300+ 25· T +0,05· T '

où P (mm] représente la précip itatio n moyenne annu e lle, D [mm] le déficit hydri que et
T [OC] la température moyenne annuelle. La figure 2. 11 rep résente des domai nes d'i so-
valeurs du déficit d'éco ulement calcu lé po ur différents co uples de grandeurs P et T.

Form ule de Cou fagn e


Co utagne a proposé une a utre méth ode de calc ul du déficit hydrique à l'éc he lle
annue lle avec la relati on sui vante:

, 1
D = P - }. . P- avec }. = - - - = (2. 12)
0,8+0, 14 · T

où D [ml est le défic it d'éco ul ement, P [ml la pluie moyenne ann uelle et T [oC] la
température moye nne a nnu e lle, Noto ns que cette re latio n s'appl ique uniq uement si la
rel atio n sui van te est sati sfa ite :

1 1
PE , (2. 13)
8 · }. 2 }.

Dans le cas où P < 1/(8· À), le déficit d'écoulement est égal a ux précipitations
moyennes annuelles est le te nne d 'écou lement Q est nu l.

- 400

500 1000 1500 2000 2500


pluie moyen ne an nuelle [mm J

Fig.2.11 Isova leurs du déficit d'écoulement en fon ctio n de la plui e moyenne annuelle et de la température
moyenne an nue lle calculé avec la rormule de Turc.
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CYCLE DE L'EAU ET BILAN HYDROLOGIQUE 45

Eaux des cours d'eau, lacs et océans


A elles seules, les eaux des ri vières, des lacs, des marais et des océans, so it les sur-
faces di tes d'eau libre, représenten t qu as iment 97% des ré serves to ta les d'eau. Le
réservoir océanique est le plus grand rése rvoir d'eau de la Terre e t joue un rôle pré-
pondérant dan s le foncti o nnement de cette dernière, De par leu r capaci té de stoc kage
de q uan tité de chaleur, les océans permettent d'atténuer les variatio ns thermiques tout
en étan t un élément moteur des mécani smes c limatiques mondiaux via leur implica-
ti o n dan s les processus de redistrib ut ion de l' énergie,
D'un aut re côté, les lacs, dont le vol um e et la surface so nt nettement plu s faible s
que ce lles des mers et des océans, constituent la réserve principa le d'eau dou ce
liquide avec un vo lume total de 9 1000 km ]. A lui se ul , le lac Baïkal renferme q ue l-
que 23000 km ] d ' eau do uce so it 25 % des réserves mondi a les. A titre compa ratif, le
vo lume du Léman (lac partagé entre la Sui sse et la Fran ce) n'e st que de 90 km ]. Aux
lacs naturels, o n peut aujourd'hui ajouter les lacs formés par les retenues art ificiel-
les qui ont un rôle prépondéran t da ns les problèmes d'aménagement , de protection
contre les cru es et de produc ti on d 'é ne rgie. Si la majeure partie des retenues a rtifi-
c ielles n'a pas la capacité de s lacs nature ls, il n' en reste pas moin s que certaines
d 'entre e lles possèden t des réser ves no n négligeables. Le vo lume maximal de la
retenue à l'amo nt du barrage d ' Asso uan (Egypte ) est par exemple de 168,9 km 3 tan-
di s que la capac ité ma ximale du lac d u barrage de s c hutes d ' Owen en Ougenda e st
de 2700 km ' I
Enfin , les cours d ' ea u, de par leur aspect dynamique, constituent le principal vec-
teur de tran sport de l'eau liquide de la Terre vers les océans. Au-del à de cet aspec t, il
ne faut pas oub li er que ces derniers permettent a ussi de stocker de l' eau de ma nière
temporajre, les vo lumes tota ux concernés é tant de l'ordre de 2120 km].

-
2.4 REPARTITION DES EAUX

A cause notamment des variat ions climatiques, les resso urces en eau so nt inégale-
ment réparties à la surface de la Terre. L'é tabl issement d ' un bilan hydrique est donc
un exercice déli cat da ns la mesure où il est théoriquement impossible de réellement
mesurer les apports, les pertes ct l'évo lutio n des stocks du système, no tamme nt à
l' échelle de la Terre dan s sa g lobalité. Même lo rsq ue le système est supposé connu , le
calc ul d'un tel bilan reste un exercice d iffi cile voire parfois purement académi que
(Margat et Tiercelin, 1998).

« L'estimatioll des ressources en eau consiste à déterminer les sources, L'éten-


due, la fiabilité et la qualité de ces ressources, sur lesquelles est fondée l'évalua-
tion des possibilités d'utilisation et de maÎtrise de celles-ci. »
(OMM, /991)

A l'échelle mo ndiale, plusieurs essais ont été tentés. Un tel travail doi t être mis en
rega rd des beso ins hum a ins et de la di sponibilité des re sso urces hydrologi ques.
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CYCLE DE L'EAU ET BILAN HYDROLOGIQUE 49

Tableau 2.7 Temps de renouvellement de l'eau dans les principaux réservoirs (tiré de Gleick, 1993;
Jacques, 1996) .

Réservoir Temps de renouvell eme nt Temps de renouvel lement


(Jacques, 1996) (G leick, 1993)
Océans 2500 ans 3100 ans
Calottes glaciai res 1000- 10 000 an s 16000 ans
Eaux souterraines8 1500 ans 300 an s
Eaux du sol 1 an 280 jours
Lacs 10-20 ans 1-100 ans
(eaux douces)
10-1000 ans
(eaux salées)
Cours d ' eau 10-20 jours 12-20jours
Eau atmosphérique 8 jours 9 jours
Biosphère Quelques heures

Les tableaux précédents permettent au lecteu r de relativise r l' importa nce des res-
sou rces en eau au vu d'une part, de la fracti on d'eau salée, et d'autre part, de la faible
quantité d ' eau douce sous form e liquide. A ceci s'aj ou te enco re la différence esse n-
tiell e énoncée au chapitre précédent, à savo ir que les stocks d'eau ne définis sent pas
une réserve en eau exploitable mais une rése rve potentielle, La ressou rce en eau
exploitable pour les activités humaines doit donc être définie non pas en fonc tion des
stocks qu i co nstituent bien souvent des réserves souterra ines fossiles mais selon les

eaux océaniques: 96,54 %

eaux douces access ibles: 0,0076%


lacs, cours d'eau,
marais
eaux atmosphériques: 0,0009 %

caux du sol ct
souterrai nes: 1,69 %
glaciers et couverture
neigeuse permanente: 1.74 %

Fig. 2.12 Disponibilité mondial e d' eau .

• Le temps de renouvellement varie évidemment selon que J'on se trouve en présence d'une nappe peu
proronde ou proronde. Dans ce dernier cas, les estimati ons de temps de renouvell ement peuvent se
sit uer au voisi nage de 8000 ans.
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CYCLE DE L'EAU ET B[LAN HYDROLOG[QUE 53

Tableau 2.9 B i[ an hydrolog iq ue à [' échel[e continentale (tiré de Gleick, 1993).

Continent Précipitations Evaporation Ruissellement


mm km' mm km' mm km 3
Europe 790 8290 507 5320 283 2970
Afrique 740 22300 587 17700 153 4600
Asie 740 32200 416 18 100 324 14 100
Amérique du Nord 756 18300 418 10 [00 339 8180
Amériq ue du S ud 1600 28400 9 10 16200 685 [2200
Austral ie et Océanie 791 7080 51 1 4570 280 2510
Antarctique 165 2310 0 0 165 2310
M oye/Ill e 800 1/9000 485 72000 3/5 47000

Le pourcentage des précipitations qui rui sse lle est plus important dans l'h émi s-
phère S ud (-40%) que dans l'hémisphère Nord. Notons qu'à lui seu l, le co nt inent
sud-américai n totalise 31 % du ruissellement mondial.

2.4.4 A l'échelle des pays


Les ressources e n eau de chaque pays dépendent bien évidemment de leur superfi-
cie mais aussi de leur situati on climatique, géographique et physiq ue (présence de
montagnes, de zones désertiques) ainsi que de leur situ at ion géolog ique. En généra l, les
ressources en eau co nsidérées par pays so nt les ressources en eau douce renouvelables
car c'est cette ressource qui intéresse directement le gestio nnaire de l'cau. La plage des
va leu rs est alors extrêmement variable, passant de 100 milli ons de mètres cubes par an
à plus de 5000 milli ard s de mètres cubes par an, ce q ui représente un facteur de 50 000,
Selon Margat ( 1998), neu f pays se partagent environ 60% des ressou rces en eau
dites renouve labl es. Gleick (2000) considè re que 12 pays se partage nt 65% des réser-
ves d'eau douces de la planète. Ces d ifféren ces proviennent du fait que les do nnées de
réserves en eau par pays proviennent de sources très diverses et que, d'autre part, cel-
les-ci son t estimées par des méthodes différentes ai nsi que pour des a nnées différentes
par ces différents auteurs. De plus, ce rtain s pays ne mesurent pas directement cette
quantité m a is la déduisent d 'a utres g randeurs. Les tableaux 2,10 et 2.1 1 présentent les
c lassements des pays qui offrent la plus grande réserve en eau douce ren o uvel ab le
selon Margat ( 1998) et Gleick (2000). Ces chiffres so nt donc indicatifs et à co nsidérer
avec toutes les limites q ui s' imposent.
En te rm e absolu, s i l'o n co nstate que 12 pays se partagent 65% des réserves tota-
les d'eau douce , on se doit aussi de soul ig ner que les 54 pays les plus pau vres en eau
ne représentent que 1% des réserves tota les. Dans cet ordre d'idée, les dix pays les
plu s pau vres en eau sont donnés par le tablea u 2.12.
Au-delà des valeurs abso lues o u des ord res de g randeurs que l'on peut proposer
lorsque l'on che rc he à quantifier les ressources en eau de la planète, les quantités les
plus pertinentes so nt sa ns doute d'une part le volume d'eau douce re no uvelable par
année et par hab itant (fig. 2.16) et. d'autre part, le stress hydri que (fig. 2.17 et 2.18).
Si la prem iè re de ces g ra ndeurs n'appelle pas de commentaire s particuliers quant à sa
définition, o n sc doit d'insister fo rtem ent sur le fa it que l'indicateur de stress hydrique
n'est pas cel ui que l'on définit dans les domaines de l'agric ulture et de l' irri gat ion en
partic ul ier. Dans le co ntex te qui no us intéresse ici, le stress hydrique est défini
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CYCLE DE L'EAU ET B[LAN HYDROLOG[QUE 57

LJ Moins de [OOIn De [O%à 20%


De 20% à 40% • Plus de40%

Fig. 2.18 Stress hydrique dans [e monde en 2025 .

En résumé, on retiendra la difficulté d'établir des indicateurs permettant d'évaluer


les ressources en eau. Quelle que so it la méth ode utilisée, il apparaît aujourd ' hui
qu'un certain nombre de pays se trouvent dan s une si tuation critique et que celle-ci ne
devrait pas s'améliorer sans de sévères efforts tant du point de vue sc ientifique que
politique et éco nomique,

2.4.5 Exemples de bilan à l'échelle d'un pays


Rappel ons que dan s le cas du bilan à l'échelle d'un pays, il reste déli cat de quan-
tifi er tous les flux ainsi que le volume des réservoi rs d 'eau. Cec i es t imputable au fait
que les limites d'éco ulement des eaux de surface mais surtout so uterraines coïncident
rarement avec les limites politiques. De p lus, les grandeurs mesurées so nt en règle
générale entac hées d'erreurs qui se rep ortent directement sur les résu ltats d' une esti-
mati on du bi lan hydrique.
A titre d ' exemple, le tableau 2. 14 présente les deux est imat ions de s bilans hydri-
ques pour la Suisse et pour le Maroc (Mutin, 2000). On notera que le bilan hydrique
de la Sui sse es t négatif tandis que celui du Maroc est positif. Cependant, au delà de
cette différen ce, ce sont les grandeurs des principaux flux qu i so nt à remarquer pui s-
que la Suisse reçoi t un apport pluviométrique sept fois su périeur à celui du Maroc.

Tableau 2.J4 Bi la n hydri que de [a Suisse (données du Service hydrologique nat ional, 1985) et du Maroc
(M utin, 2000).

Hauteur d ' cau Hauteur d ' cau


mm/an mm /an
(S ui sse) (Maroc)
Précipi tati on 1456 211
Rui ssellement 978 32
Stockage -Q 6
Evaporation 484 173
Apports extérieurs 318
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CYCLE DE L'EAU ET BILAN HYDROLOGIQUE 61

7
-
~
0
6,5
6
5,5
-"
S
0
0
5
4,5
4
~

"u0 3,5
3
0
2,5
"< 2
0
1,5
'" 1
0,5
0
1850 1875 1900 1925 1950 1975 2000
année

Fig. 2.21 Evolution du flux de CO, dan s l'atmosphère en tonnes de carbone par hab itant depu is 1850.

360
355
350 '

-
>
E
c.
345 '
340

-
c.
0
N
335
330
U
325
320 '
315
3 10 '
305 '
300
1955 1963 197 1 1979 1987 1995
Fig. 2.22 Evo lution mensuelle de la concentration de COl dans l'atmosphère mesurée depu is 1959 à 1989
à l'observatoire de Mau na- Loa (Hawaii).

produit intéri eu r brut pou r les a nnées 1995, 1996 et 1997 montre que les corrélat ions
entre ces deux grandeurs so nt de l'ord re de 0,86 pou r les tro is a nnées, ce qui , au sens
stati stique, est significatif (fig. 2.23).
Malgré les incert itudes liées aux projections dan s le futur des co nséquences de
l'accroi ssement de la teneur en gaz à effet de serre da ns l'atmosphère, les experts
s' accordent a ujourd'hu i sur un réc hauffemen t global de 1,8 oC avec un e ince rtitude de
0,8 oC d'ici 2030 voire même avant (vers 20 10). Il fa ut cependant bien compre ndre ici
qu 'i l ne s'agi t qu e d'une vale ur moyenne et que l'accroissement peut fortement varie r
en fonction de la position géograph ique ainsi qu 'en fo nction de la saiso n. Par exemple,
les pays du Sud de l'Europe pourraient voir un accroissemen t de leur température
moyenne supérieur à 2 oC durant la saison estivale. Certains scénarii montren t par
con tre un acc ro issement p lu s élevé des tempéra tures hivernales par rapport aux valeurs
estivales. Ceci est notamment le cas pour les pays d'Europe cen tra le et du Nord (Bader
et Kunz, 1998; Dess us, 1999). Au-delà de l'accroissemen t de la températ ure de surface
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CYCLE DE L' EAU ET BILA N HYDROLOGIQUE 65

Tableau 2.15 Principaux co nsti tuants de l' air.

Constituant Rapport volumique r%l Rapport volu mique


rppmvl
Azote N 2 78,08
O xygène 0 2 20,94
Gaz carbonique CO, 0,033
Argon Ar 0,934
Neon Ne 18, 18
Helium He 5,24
Kripto n Kr Ll 4
Xenon Xe 0,087
Hydrogène 1-1 2 0,5
Métha ne CI-I 4 2
Dioxyde d'azote Np 0,5

,
- -

-ITg

réservoir te rrestre (_10 5 Tg)


flux flet = t4 Tg
écoulemellt ell ri lliè re (-34 Tg)
réservoir océa n igue (- 10 7 Tg)
fllLr lIet = +69 Tg ~
'------------------
~·édimentarioll <_ 14 ITg) :1

8
crOllte terrestre (- 10 Tg)
flux neT = +8 Tg

Fig. 2.24 Principaux réservoi rs et flu x du cycle de l'azote (d ' après Butc her, 1992). L' unité de masse util i-
sée est le Téragramm e (Tg) soit 10 12 gram mes, l' unité de flu x est le Téragramme par an.

Les différents cycles de l'azote


To ut comme le carbone, le cycle de l' azote se distingue de par l'existence de
cycles lo ngs, cou rts voi re même très co urts.
On di stingue de plus la pro duct ion dite naturelle q ui co nduit à ut ili ser de l' azote
minéra l d 'origine extérieure a u milieu , de la production di te de régénératio n q ui n' est
autre qu ' un recyclage de j' azote au sein du milieu.
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CHAPITRE 3

LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE

n tant que s ubstrat et référen tie l essentiel à to ute étude de la réponse hydrol ogi-
E q ue, le bassin versant mérite que l'on s'y attarde quelque peu. A u-de là des dif-
ficu ltés de délim itation de ses frontiè res a ins i que de ses principales ca ractéris-
ti ques, ce chap itre met en évidence les p ri ncipaux facteurs (form e, phys iographie d u
bass in, caracté ri stiq ues agro-pédologiques) don t dépend la réponse hydrologi que du
bass in. Se si tuant à l'amont de ['étude des fac teurs intervenant dan s le bilan hydrique,
ce chapitre permet auss i d'en délimiter plu s clairement les limites. Enfin, une atten-
lion particulière est d onnée à l'organisation topo log ique du réseau hydrographique
sans tou tefois ou blier de présenter certa ines méth odes modernes d'extraction automa-
tique d'attributs par le biais de l'exp lo itation de données satellitales o u de photog ra-
phies aériennes.

3.1 DÉFINITION

Le bassin versant rep résente l'unité spatiale de référence pour l'hydrologie. IJ est
défin i co mme l'étend ue dra inée par un co urs d' eau et ses affluents et limi tée par une
ligne de partage des eaux.
La not ion de bass in versant est nettement plu s complexe qu'i l n'y paraît a u pre-
mier abord. Comp lexe, car le bassin versan t en tant qu ' unité géog raphique de réfé-
rence pour l'a nalyse du cyc le hydrologique, requiert une définition sans équivoque.
Complexe encore, car le bass in versant, au -delà de sa défin ition sel/su stdcto,
peut-être comp ri s de diverses manières.

3.1.1 Bassin versant topographique, bassin versant réel


Le bassin versant est une unité géograp hi que définie à partir d'une sect ion dro ite
d' un cours d ' ea u et qui comprend tou te la surface en amo nt de cette sec tion de telle
so rte que toute j' ea u qu i arrive su r cette su rface tra nsite, du moi ns en th éorie, par cette
section droite. Cette dernière est appelée émissaire ou eXlltoire du bassi n versan t. Le
bass in versant es t a ins i ca ractéri sé par so n exuto ire, à partir duquel nous pouvons tra-
cer le poin t de dépa rt et d'arrivée de la ligne de partage des ea ux qui le délim ite.
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LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE 73

du bassin versant, el notamment celles issues de l'observation des hyétog rammes et des
hydrogrammes résultants (sect. 10.8). Une donnée particulière qui sera étudi ée par la
suite est le temps de co ncentration.

• ....
·•••
• • ~.-.
;---­
• • • •••

Q
Q

" ......~~- -Qmoy


1 ---
,
Fig. 3.4 Pri ncipes d ' analyse du comportcment hydrolog iquc du bassi n versant.

temps [hl


----.

••
••

:

••

. •
temps rh)

Fig. 3.5 Hydrogra mme de c rue résultant d ' une plui e do nnée.
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76 L'HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

Notons enco re que la valeur de ce coeffic ient est bornée, en th éorie du moin s, par
les valeurs nulle et un. Cependant, il n'est pas impossible, lors d'une détermÎnation
pratique du coefficient de rui ssellement, d'ob tenir une va leur supérieure à un. Cec i
peut-être dû d'une part à une erreu r su r les mesures effectuées et, d 'autres part, à une
mauvaise dé limitation du bass in versant c'est-à-di re lorsq ue les lim ites du bassin ver-
sant réel ne coïnc iden t pas avec les limites du bassin ve rsant topographique.

Calcul du débit à l'aide des isochrones


La m éthode des isochro nes, q ui peut être cons idérée comme un e extension de la
méthode ra tion nelle, est si mple. Elle co nsiste à es timer les débits après avoir préala-
blemen t subdiv isé le bassin versant en un certa in nombre de secte urs limités par des
isochrones.
Avan t d'é value r l' hydrogramme de crue dû à une précipitati on su r le bass in ver-
san t, q ui n'es t pas nécessairemen t cons tante dans le temp s mai s uniforme dan s
l'espace, o n peut tout d'abord déterm in er l'effet d'une précipitation de durée 6.1 qu i
tombe sur le secte ur AI Le temps m is par l'ea u pour parve nir à l'exu toi re varie entre
Ci -I)·!J.I et i·!J.1. Si le pas de temps est suffisamment pe tit, o n admet que le temp s de
parcours de l'ea u est égal à Ci-I) ·!J.1.
Ainsi, une intensi té de o réc ioitat ion ( tombant su r le secteu r Ai entre f et f + 6.1 va
provoquer un débit Q; = Cr, . i· Aj entre les temp s 1 + Ci -1)·6.1 et / + i· Ô/. Il en
déco ul e que le débit à l'exu toi re peut être déterm iné comme la somme des débits
résultan ts de la précipitation:
• su r le secteur AI entre 1 e l t + 6.1 ,
• sur le secteur A 2 entre f - 6.f et 1,
• sur le secteur A) entre 1 - 2· D.I et 1- Ô / ,

• sur le secteur Aj en tre 1- Ci - 1)· 6.t et 1- Ci - 2) · Ô/,
• •••
• sur le secteur A'l entre 1 - (11-1)·6./ et t - ( 11 - 2) · Ôt .

En procédant à la sommatio n de ces d ifférents débit s partiel s, on obtie nt :

"
Q(t ) = :L C, I, [' -(i-I ) .M] A, (3.3)
1=1

où 1; [t-(i-I ) ·6.f] désigne l'in tens ité de la précipitatio n sur le sec teur A, au temps
[/ - (i - 1)· !J.t ] . Si l'on adme t que la préc ipitat ion es t spatia lement homogène et que le
coefficient de ruissellemen t est le même pour tous les sec teurs, cette dernière équat ion
s'éc rit :

"
Q(T ) = C, ·:L l , [' -(i-I)"" ] A, (3.4)
1=1

A titre d'illustrat ion, la figure 3.8 do nne un cas de bassin versan t subdivisé en
7 secteurs, un hyétogramme et la réponse hydrologique o btenue après applicati o n de
la méthode des isoc hrones.
LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE 77

A, 1[4 J
II~
A. 1[3J
1[2] 116]
I[ Il 1[7J

.,-----:6.
3· .:-,-4-'.-,--5J.
. l!.t ,
(a)

(b)

--"" DA 2
,

, 1-- , 3 3 , , , , 10 11 12 13

(c) pas de temps [h]

Fig. 3.8 Isochro nes (a), hyétogramme (b) ct hydrogramme (c) obtenu après ['application de la méthode des
isochro nes dan s le cas d ' un bassin versant divisé en sept secteu rs.

3.3 CARACTÉRISTIQUES PHYSIOGRAPHIQUES

Les caracté ri stiq ues physiographiques d'un bass in versant influencent fortement
sa réponse hydro log ique, et notamment le régime des écoulements en période de crue
ou d'étiage. Ces facteurs, d'ordre purement géométrique ou ph ys ique, s'es timen t
aisément à partir de cartes adéquates ou en recou rant à des tec hniques di gitales et à
des modèles numériques.
Les pri ncipaux facteurs qui influencent la réponse hydrologique des bassins ve r-
sants so nt d ' un e part les caractérist iqu es morphomé triqu es telles que la taille du bas-
si n (sa surface), sa forme, son élévation, sa pente et son orientation et, d'autre part, les
caractéristiques liées au réseau hydrographique. Enfin, à ces facteurs s'ajou tent
encore le type de sol du bassi n et la nature de la couverture du so l.
La tentati ve d'expliquer le comportement hydro logique d'un bassin versant par le
biais de mesures quantitatives de sa morphométrie co nst itue un aspect essentiel des
progrès de la géomo rphologie. Les bases de la morphométrie reposent sur les travaux
anciens de Gravelius (vers 19 14). Bien qu'ils datent des a nnées 1920, les premiers
travaux de Horton on t permis des progrès significatifs par le biais d'analyses stati st i-
ques visant à déterminer quels étaient les facteurs physiograp hiques les p lu s corrélés
avec la réponse hydrologi que. Enfin, ce sont touj ou rs les travaux de Horton qui mar-
queront, en 1945, la naissance véritable d'une théorie de la morphologie par le biai s
de l'étude du réseau hydrographique.
78 L'HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

3.3.1 Caractéristiques géométriques


L'étude des propriétés géométriques du relief appelée a us si orométrie vise à don-
ner une expression quantitative ou numérique du relief. Si l' orométrie se bornait par
le passé à la description des altitudes maximales et moyennes a insi qu 'à j'établisse-
ment de co urbes représentant la répartition de la surface d'un bassin en fonction de
l'altitude, celle-ci cl plu s largement la morphométrie, bénéfic ient aujourd'hui de Ioule
une sé rie d'indices plus ou moin s pertinents.

Surface
Le bassin versant étant J'aire de réception des précipitations et d'alimentation des
cours d'eau, les débits vont être en partie reli és à sa surface.
La su rface du bassin versant peut être mesurée par superposition d'une grille des-
sinée su r papier transparent, par l'utilisation d'un planimètre ou, mieux, par des tech-
niques de digitalisation.

Forme
Elément essentiel d ' un bassin versant, la forme influence l'allure de l'hydro-
gramme à l'ex utoire de cel ui-ci. Par exemple, une forme allongée favo ri se, pour une
même pluie, les faibles débits de pointe en raison des temps d'acheminement de l'eau
à J'exutoire plus importants. A l'in verse, les bassins en forme d'éventail présentant un
temps de concentration plus court, auront des débits de pointe plu s importa nt s, toute
chose étant égale par ailleurs (fig. 3.9).

QIA

""""" "--_ _ _ _-----.::::"",_1


QIA

~_ _~,
Fig.3.9 InHuence de ta forme du bassin versant sur t'hydrogramme de crue.

Il existe différents indices morphologiques permettant de caractériser les écoule-


ments, mais a ussi de comparer les bassins versants entre eux. Citons à titre d'exemple
J'indice de compac ité de Gravelius KG' défini co mme le rapport du périmètre du bas-
sin au périmètre du cercl e ayanlla même surface, soit:
LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE 79

p
K - P FA (3.5)
G - 2,j". A ::. 0.282

où Keest l'indice de com pac ité de Gravelius,A la surface du bassin versant (km 2 ] et P
le périmètre du bassin [km].
Cet indice se détermine à partir d' une carte topographique en mesurant le périmè-
tre du bass in versant et sa surface. Il es t proche de 1 pour un bassin versant de forme
quasiment circ ulaire et supérie ur à 1 lo rsq ue le bassin est de forme allongée (fig. 3.1 0) .

KG = 1,6 KG = 1,3 KG= 1.2 KG = 1, 1

Fig. 3.10 Différentes formes de bassin versant et indices de compacité de Gravelius correspondants.

Mentionnons à titre d'exemple e L sa ns les développer d'autres types d'indices:


• L'indice de compacité de Horton (1932), défini comme le rapport entre la sur-
face du bass in versa nt et la longueur du cou rs d'eau principal.
• L'indice de compacité de Mill er ( 1953), défini comme le rappo rt entre la sur-
face du bassin et celle d'un cercle de périmètre égal à celu i du bassi n versant.
• L'élancement de Schumm (1956) qui représente le rapport entre le diamètre
d'un cerc le dont la supe rfi c ie est la même que celle du bassin versant et la lon -
gueur max imale du bassin versant.

Relief
L'influence du re lief sur l'écoulement se conçoi t aisément car de nombreux para-
mètres hydromé téoro log iques varient avec l'a ltitude (p réc ipitations, températures,
etc.) et la morp ho logie du bassi n. En o utre, la pente influe sur la vitesse d'écoulement.
Le relief se détermine lui aussi au moyen d'indices ou de co urbes caractéri stiques
tell e que la co urbe hypsométrique.

Courbe hypsométrique
La courbe hypsométrique fournit une vue syn th étique de la pente du bassin, donc
du relief. Cette co urbe représente la répartition de la surface du bassin ve rsant en
fonc ti on de so n altitude. Elle porte en abscisse la su rface (o u le pourcentage de sur-
face) du bassin qui se trou ve au-dessus (ou en-dessous) de l'altitude représentée en
ordon née. La co urbe hyp sométriq ue du bassin donne ainsi le pourcen tage de la super-
ficie S du bassin versant sit ué au-dessus d'une a ltitude donnée H.
80 L' H YDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

1000
950

~
900 ,
850
_ 800 "'
• • • •
• • .. . , •

~ 750 •
•,
"
]
-:; 650
.-
700

600 Mentue
550 • • • _ Haute-Menlue
500
il Carbassière ~
450
0% 20% 40% 60% 80% 100%
surface cumulée L% J

F ig. 3. 11 Courbes hypsométriques du bassi n versant de la Haute-Mentue et de ses deux sous- bassins
(Haule-Mcnille et Corbassière).

La fi g ure 3. 11 m o ntre la comparai so n entre les co urbes hypsométriques de tro is


bass ins versants. Ce tte rep résen tation ne permet pas de faire véri ta blemen t de compa-
rai so n sur J'allure des p ro fi ls puisque les bass in s so nt de ta ill es très différente s. Une
manière de s'aff ranchir partiellement de ce prob lème d ' éc helle est de norm alise r
J' alt itude de s bass ins. On ut ilise a lo rs en o rdo nnée l' interva ll e entre J' a ltitude ma x i-
male el m inimal e de chaque bass in versant da ns la représenta tion de la co urbe hypso-
métri que. Les profi ls ob ten us permettent ainsi de comparer le re lief des différents bas -
sins (fig . 3. 12).

100%
90% h l + 1 1 1 1 1 1

"'" 70%
80%
1'"-"" r:

"-
-
.> 60% • .-r." - ::::'- 1
-" • ...
""
50%
40% 1 1 t î ·· , .. 1 1
""
.-- -f

-"
11
30% 1 Mentue
0
20% • •• - Haute-Mentue
10%
0%
Corbassière
~
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100 %
fractio n de la surface au-dessus de l'altitude relati ve l%J
F ig. 3. 12 Courbes hypso métriques relatives du bassi n versan t de la Haute- Mentue et de ses deux sous-bas-
si ns (Haute- Menlue el Corbassière).

Ajouton s que lorsqu e l' on désire carac téri ser des bass ins versants de haute monta-
gne, on a l' ha bi tude de tracer des co urbes hypsométriques glac iaires, en pl animétrant
les surfaces recouvertes de glace.
Les co ur bes hypso métri ques demeurent un outil pratique pour co mp arer plu sie urs
bass ins entre eux ou les di verses sec tions d ' un se ul bass in. Elles peuve nt en outre
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LE BASSI N VERSANT ET SON COMPLEXE 83

une bo nne indicatio n s ur le temps de pa rcou rs du ru issellemen t direct - donc su r le


temp s de concentratio n te - e t influence directement le déb it de po inte lors d'une
averse.
Plus ieu rs méthodes o nt été développées po ur estime r la pente moyenne d'un bas -
si n. To utes se basent sur la lecture d 'u ne carte topographique réelle o u app roxi mative.
La méth ode proposée par Carlier et Leclerc dan s les a nnées 1960 co nsiste à calcule r
la moye nne pondérée des pentes de toutes les surfaces é lémentai res comp ri ses entre
deux a ltitudes données. Une valeur ap prochée de la pe nte moyenne est a lo rs do nnée
par la re lation suiva nte :

DL
(3. 12)
A

o ù i lll est la pente moyen ne [m/km o u %], L la lo ng ueur totale des co urbes de nivea u
[km] à ne pas co nfo ndre avec la lo ngueur d u rectangle équ ivale nt, D leur équidista nce
lm] et A la surface du bass in versant [km 2].
Une autre façon de procéder à la déte m1ina tion de la pente moyen ne est de recou -
rir a u rectangle équ ivale nt Da ns ce cas:

(3. 13)

où t1H est la différence d'altitude maxi ma le sur le bassin [ml et L la longue ur du rec-
tangle éq ui va lent [ml
Comme le note Roc he (1963), le calcul de la pente moyenn e à partir de l' hypso-
métrie du bass in o u du rectangle éq ui vale nt ne son t que deu x moyens po ur déte n11iner
une longueur de ré fé re nce s ur laq uel le on appl iq ue la différence d'altitude afin de cal-
culer un e pente moyenne. Cependant, les calc ul s ne pren nent pas en compte la forme
de la cou rbe hypsométrique. C'est pourquoi l'auteur (Roche, 1963) a proposé le dé ve-
lop peme nt d'un indice de pente iF"
Enfin , noto ns encore que le calcu l de la pen te moyenne tout comme celui de leur
exposition (ori entation des pentes) peuvent être assez faci lement au tomat isés en se basant
sur des don nées numériq ues représentant la topog raphie des bassins versants (MNA et
MNT) (§ 3.5.1 ). Le recours à ces données et ces méthodes est vivement encouragé.

Indice de pente
Les méthodes de calcul précédentes do nnen t de bo ns rés ultats dans le cas d' un
rel ief modéré et po ur des cou rbes de niveau simples et un ifo nnément espacées. Il est
toutefois diffic ile, a u vu du caractère gén éralement sinueux des co urbes de niveau , de
déterminer la va leur de la lo ngueur totale L. Afin de palier cet in co nvénient ainsi que
les incertitu des qui ré sultent du li ssage des co urbes de niveau, Roche ( 1963) propose
de déterminer un indice de pent e à parti r du recta ng le équivalent e t de la courbe hyp -
sométriqu e d u bassin.
L'idée est d'appliquer la notion de rectangle équiva lent à chaq ue co urbe de niveau
d u bassin, ceci afin de trans form er géométriq uement les cou rbes de nivea u e n droites
parallèles sur le rectan gle éq ui vale nt. L'indice de pen te ip s'e xprime al o rs en pource n-
tage comme su il :
S4 L' HY DROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

(3. 14)
L

OÙ ii; est la fraction de la s urface to tal e A compri se entre les deux cou rbes de ni vea u
s uccess ives d ' altitude a H e t al ' L représente ici la longueur du rectan gl e équiva lent.

Indice global de pente


Un autre indice, toujo urs basé sur la fo nct ion de répartit ion des a ltitudes du bass in
ve rsant ( i.e. courbe hypsométrique), est J' indi ce g lo bal de pente défini par:

lm / km] (3. 15)

OÙ H S% et H 95% représe ntent respecti vement les frac tiles 5 % et 95 % de la co urbe


hyp sométrique du bass in versant et L la lo ngueur du rectangle équivalent. Plu s expli-
citemen t, J' altitude H 5% signifie que 5 % de la surface du bassin versant pré sente une
alti tude supérieure à cette derni ère.
Cel indice reste en géné ra l assez voisin de la pente m oye nn e du bass in versa nt. A
titre d'illu stration, le tablea u 3. 1 ré sume les princ ipales carac téri stiques géométriques
pour trois bass ins versants s ui sses (bass ins versants d e la Mentue, de la Haute-Mentue
et de la Corbass ière).

Tableau 3. 1 Paramètres géométriqucs des bassins versant de la Mentlle, Hallte-Mentlle et Corbassière.

Caractéristique Mentue Haute-Mentue Carbassière


Surface du bass in [km 2 1 105.0 12,5 2,0
Périmètrc du bassin [km ] 64.7 19,5 8.2
Longueur du bassin [km ] 21.3 6,7 2,6
Largeur moye nne du bassin [km] 4 ,9 1,9 0,7
Indice de GravelillS [-1 1,8 1,6 1,7
Altitude mini mal e lm] 445 694 848
Altitude maximale lm] 927 927 927
Altitude moyenne lm] 679 831 885
Longueur du recta ngle équivalent L [km] 28,7 8,2 3,5
Largeur du rectangle équi va lent e [km] 3,7 1,5 0,6
Longueur du cours d ' eau principal [km] 25,7 7.3 2,8

Indice de similarité de comportement hydrologique


On sa it que la topographie jOlie un rôle déterminant dan s l'o rgani sati o n des états
hydriques du so l e l par- là m ême da ns la générat ion de l'éco ulement. Suivant ce prin-
c ipe, on peut procéder à un raisonnemen t si mple: si l'o n considère une tranche de so l
en un po int i du bassi n ve rsa nt, il est faci le de co nstater que plus la surface drainée par
ce point est imp o rtante, plus le volume d'ea u qui trans itera par cette s urface sera
important. On peut encore rem arqu er que plus la pente au po int i est fa ibl e, plus la
LE BASSI N VERSANT ET SON COMPLEXE "5

force motrice de l'éco ulement - essentiellement gravi taire - sera faible. De suite, le
sol a ura une plu s forte tendance à se saturer si sa pente locale est fa ible. Ce constat de
l'influence de la topographie par le biais de la s urface drainée et la pente locale peut
être pri s en compte au trave rs d ' un indice nommé indice topographique et défini
comme le logarithm e du rappo rt en tre la surface drainée par unité de lo ngueur de
courbe de nivea u en un point a; par la tangente de la pente loca le en ce point (Beven et
Kirkby, 1979):

Q,
(3. 16)
tan (Il,)

Une façon de représenter cet indice est de recourir au complémentai re de la distri-


bution de l' indice topographique. Cette fonc tion peut s' interp ré ter comme la relati on
entre la fract ion de satura tio n du bassi n versa nt et l'indice topographique. D'un po in t
de vue f0n11el , o n peut déterminer la den sité de probabilité de l'indice topographique
ainsi que sa di stribution. On a a lors les relations suivantes:

;,

Fx(it )= P{X < it} = J flT(x),dx (3. 17)

il"
--
P(il, < ;12)= f f;,(x)·dx = F/T (iI2 )- F1T (iI, ) (3. 18)
il ]

Ainsi, au temps 1, il est possible de déterminer une valeur de l'indice to pog raphi-
que lim ite de te ll e sorte que tou s les points do nt l'indice topographique est supé ri eur
à cette va leur son t saturés. Si l'on note cette valeur limite de l' in d ice topographique,
• •
o n a amsl:

(3. 19)

De suite, celte dernière équation li e la probabilité de sa turati o n d'un point cn un


moment donné avec la di stribut ion c umulée de l' indice topog raphique dont le com-
plément à un est la co urbe cumu lat ive des fraction s de surfaces saturées.

3,3,2 Réseau hydrographique


Le réseau hydrographique se définit comme l' en semble de s cours d'eau naturel s
o u artifi c iel s, pen11anents ou tem poraires, qui partici pent à l'écoulement. Il est sans
doute une des caractéri stiqu es les plus impo rtan tes du bassin. Le réseau hydrographi -
que est donc un o rga ni sme structuré et hi érarchisé. Il se différencie d ' un a utre ré seau
de par l'agencement de ses éléments selo n les con trai ntes im posées par quatre fac-
.. , .
leurs pnn cqJaux, a savoi r :
• La géologie : par sa plus o u moins grande sensibil ité à l' érosion, la nature du
s ub stratum influence la forme d u réseau hydrographique. Le résea u de drai-
nage n'est habitue llement pas le même dans une régio n o ù prédominent les
86 L·HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

roches sédimen ta ires, par comparaison à des roches ignées (i.e, des «roches de
feu », dénommées ainsi car e ll es proviennen t du refroidissement du magm a) .
La stru c ture de la roc he, sa forme, les failles, les plissements, force nl le cou -
rant à changer de directi on.
• Le climat: le réseau hydrographique est dense dans les rég ions montagneuses
très humides et tend à disparaître da ns les rég io ns dése rtiq ues.
• La pente du terrain qui détermine si les cours d'eau sont e n phase érosive o u
séd imen ta ire. Dans les zo nes plu s é levées, les cours d 'eau participent souvent
à l'érosion de la roche sur laq uelle il s s'éco ulent. Au cont rai re, en plaine, les
cours d'eau s'éco ul en t su r un lit où la sédime ntat ion prédomi ne.
• la présence humaine: le dra inage des terre s ag ri co les, la construction de barra-
ges, l'endiguemen t, la protection des berges et la correction des cours d'eau
modifient con tinue ll ement le tracé originel du réseau hyd rograp hique.

Afin de carac tériser le réseau hydrog raphique, il est souve nt utile de reporter so n
tracé en plan sur une carte à une échelle adéq uate. L' ut ilisati on de photographies ana-
logiques ou numériques est uti le pour cette identification . Enfin, aux fac teurs princi-
paux énumé rés ci-dessus s'ajo uten t les distinct ions selon :
• le type d'écoulement~
• le type de drain age ;
• la topologie du résea u.

Quoi q u' il en soi t, l'étude d u réseau hydrographique est un élémen t centra l de


l' hydro logie et requiert la co nn a issance de plusieurs di sciplines.

Typologie des écoulements


Les eaux couran tes font l' objet de l' hydro logie fluviale (o u potamologie) qui vise
à m ieux comprendre no n seu lement leu r mode d'écoulemen t mais auss i leur distribu-
tion dan s l'espace et dans le temps ains i que leur act ion érosive. En fonc tion de l'éten-
due des éco ulements (les éco ulements peuvent se concentrer o u s'éta ler en su rface) et
de leu r durée d'activité (pé rennes ou intermittentes), il est possib le de di stinguer :
• Les fleuves et les rivières. Ce so nt des écoulemen ts pére nnes dont l'étendue
spatiale es t lim itée par un lit. On d istingue en généra l les fleu ves des rivières
par leur tai ll e et la complexité de leu r régime hydro logique. Le lit des fleuves
o u des rivières comprend le lit mineur q ui est la partie où se concen tre nt [es
basses ea ux (fai bles débits). Au-delà , o n trouve le lit majeur qui est la partie
réguliè rement submergée ou inondée dès lors que le débit franchit un certa in
seuil. Enfin, on d istingue encore un lit majeu r épisodique qui est inondé lo rs
d'événements ra ri ss imes (c rue ce ntenn a le par exemple, c'est-à-dire la crue qu i
arrive statist iq uement en moyenne tous les cent ans). Ce tte zo ne du lit est sou-
ve nt co lonisée et/ou cultivée et il n'est pas toujours faci le de la repérer visuel-
lemen t.
• Les torrents et les oueds. Ce type d'écoulement se distingue d u précédent par
le fait qu 'il es t épisodique. En effet, l'activité des torrents e l des oueds se limite
pou r l'essen ti el aux périodes de cru es. L' o ued est un écou lement épisodique en
zone aride. Il peut être tempo raire o u saiso nnier, géné raleme nt concentré dans
un lit. L'oued ne possède pas de lit mineur d u fa it qu'il apparaît uniquement en
période de crue. Le torrent est quant à lu i un co urs d'cau épisodique que l'o n
LE BASSI N VERSANT ET SON COMPLEXE .7

trouve dan s les régio ns de montagne. Le torrent se carac térise essenti ellement
selon un profil en long. Au bassin de réception succède un canal d'écoulement
bien marqué puis un cô ne de déjection.
• Les écoulements diffus. Ce dernier type d'éco ulement se di stingue des deux
autres par le fait qu ' il n'y plu s de phénomè ne de co ncentration dan s un lit mai s
que l'écoulement peut se produire, en surface, en de multiples rui sselets (riLi
wash) o u en nappes d ' eau de faible profondeur (sheet wash ). On peut encore
distinguer un type d'écoulement diffu s fai sant suite à de très importantes crues
co nstituées d'eau bo ueu se en régime turbulent (sheetfiood).

Typologie du drainage
Une caracté ri stique importante du réseau hydrographique est le type de drainage
qui s'y produit. On di stin gue dan s le monde tro is pri nc ipaux types de drainage, à
.
savOir :
• Le drainage exoréique. Ce type de drainage co rrespo nd a u fait que to ut écou -
lement abo utit à l'océan.
• L'aréisme. Dans des situations extrêmes o ù l'éco ulement es t occasionnel et
dan s des régions ar ides et hyperarides, l'a bsence de drai nage a u-delà d'une
dizaine de mètres carac té ri se le phénomène d'aréi sme. L' aréi sme est syno-
nyme d'a bsence de drainage, c'est-à-di re d 'absence d 'éco ul ement organi sé.
• Le drainage endoréique. Dans les régi ons semi-arides et arides, le drai nage
peut s'effec tuer à J' intérieur de bassi ns fermés, ce qui signifie que les ea ux
d'écoulement n'atteig nent jamais la mer. C'est le cas du Chari qui disparaît
dan s le lac Tchad. Ce phénomène d'endoréisme est notamment à l'o rigine de
la form ation des grands lacs sal és . Ces lacs se forment en présence d'un équi-
libre entre les appo rt s so us form e d'eau des rivières e t des précipitations e t les
pertes, essen tiellement dues à l'évaporation . Il subs iste cependant parfois
quelques co urs d'eau à l'exutoire de tels lacs. Les cas class iques d'endoréisme
sont la mer Morte, la mer Caspienne ou ce lle d'Ara l en Asie. L' endoréisme
peut toutefo is exi ster da ns des zo nes hum ides et l' on peut montrer que ce pro-
cess us est indépenda nt des co nditi ons géo logiques (Coq ue, 1997). Ce phéno-
mène co ncerne aussi bien le Sahara a lgérien et égyptien, les déserts d'Au stra -
lie, d'Amérique et d'Asie que les steppes de l'Afrique du Nord ou les déserts
andins. L'endoréi sme prend de plu s des formes variées du fait de so n extens ion
a llant de q uelqu es kil omè tres carrés à plusieurs mil liers ainsi que de l'al titude
des dépressions qui so nt parfoi s au-desso us du niveau de la mer.

Mis à part les lypes d 'écou lement que nous venons d'étudier et qui co nce rn ent les
é léments du réseau hydrograp hiqu e, il est important de di stin guer les caractéristiques
glo ba les du réseau hydro logiq ue.

Topologie du réseau hydrographique


Selon Péter ( 1957): « la topo logie est une géométrie sa ns mè tre». En effet, cette
branche des mathématiques ne s' attache pas à mesurer ou qu a ntifier des objets géo-
métriques mais s' intéresse à leurs pro priétés géométriques qui so nt indépendant es des
compress ions o u de s étirements qu'il s peuvent subir. La topo logie igno re donc les
notions géométriqu es d 'égalité et de similitude. Elle se révèle cependan t utile dans la
description du réseau hydrographique, notamment en pro posan t une classificat ion
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90 L'HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

• La longueur du cours d'eau principal L: distance cu rvili gne depuis J'exutoire


jusqu'à la ligne de partage des eaux, en su ivant toujours le segment d'ordre le
plus élevé lorsqu' il ya un embranchement, et par extension du dernier jusqu'à
la limite topographique du bassin versant. Si les deux segments à ['embranche-
ment sont de même o rdre, on suit alors celui qui draine la p lu s grande su rface.
• L'extension longitudinale du bassin LI/ '
• Une largueur carac téristique du bassin Ll. '

De manière interchangeable, on nomme souvent L" et Ll Je diamètre e t la largeur


du bassin ve rsan t.

Profi/longitudinal du cours d'eou


On a J' habitude de représenter graphiquement la variatio n altimétrique du fond du
co urs d'eau en fonction de la distance à l'émissaire. Cette représentati on devient inté-
ressante lorsque l 'on reporte les co urs d'eau secondaires d'un bassin versant qu'il est
alors facile de comparer entre eux et au cours d'eau principal. Notons qu'il est
d'usage d'utiliser un gr aph isme différent lorsque les affluents sont en rive gauche ou
droite de la rivière dont ils sont tributaires (fig. 3.15). Le profil en long d' un cou rs
d'eau permet de définir sa pente moyenne.

rive droite rive gauche


li , ,

,""-
"-
!J'
,
~( <::0,'
,, "
/"-1855 m
v 0,
"ti'O,
( 0::' [:? ,
.Jt
I.~' t('~l::!,'
,
(JI .;:,
, 1:;"""<:: ,"
1/
~,
,;f, : ,
, l ' 0f O)
-.. ;, 1 \J-\
1
59.7 km _ _ _ _ _ --+.' 440 m
Fig, 3,15 Profil en long de la Broye avec représentation de ses affluents (d'après Parriaux, 1981 ).

Pen le moyenne d'un cours d'eau


Le calcul des pentes moyennes et partielles de co urs d'eau s'effec tu e à partir du
profil long itudinal du cours d ' eau principal et de ses affluen ts. La méthode la plus fré-
quemment utilisée pour calc uler la pente longitudinale du cours d'eau consiste,
comme on l 'a déjà vu, à divi ser la différence d'altitude entre les points extrêmes du
profi 1par la longueur totale du cours d'eau:

P = tlHI!J{u (3. 22)


/110)' L

où Pmu)' est la pente moyenne du cours d'eau [m/km] , tlH,1U1X [m] la dénivellation
maximale de la ri vière (différence d'altitude entre le point le plus éloigné et l 'émi s-
saire) et L la longueu r du cours d'eau principal [km].
LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE 91

On préfèrera parfo is ut ili ser d 'a utres méthodes plu s représenta tives: par exem ple
celle qui consiste à ass imiler la pente moyenne à la pente de la droite tracée en tre les
po ints situ és à 15 % et 90% de di sta nce à part ir de l'ex uto ire, suiva nl le cou rs d'eau
principa l (Benson, 1959); o u e nc o re, comme le préco ni se Linsley ( 1982), on prend ra
la pente de la li g ne, tracée dep ui s l'exutoi re, d ont la surface dé li mi tée est iden tique à
la surface so us le profil e n lo ng (fig. 3. 16).

:', " ,,- · 1 surface dé1 imitée pa r le prolil


1L.~_·~·cJ. e n long du cours d ' eau
o
.-o
-~
~ surface dé limitée par la pente de
~ la droite tracée depuis l ' exutoire
-
'0
'0

S2'~

di stance à l'embouchu re

F ig.3. 16 Calcul de la penle moyenne du cours d'eau (d 'après Linsley, 1982) .

Développement du réseau hydrographique


Une mani ère simple d'estimer le deg ré de dé ve loppement du réseau hydrographi-
que es t de calc ul er la dens ité de dra inage et la den sité hyd rographique.

Densité de drainage
La de nsil é de dra inage, in troduite par Horto n, est la longueur totale du réseau
hydrographique par unité de s urface du bass in versant:

D, (3 .23)

OÙ Dd e st la den sité de dra inage [km/km:!], Li la lo ngu eur de co urs d ' eau [km] et A la
s urface d u bassin versant [km 2 ].
La den sité de drainage dépend de la géo log ie (stru cture e t géo log ie), des caracté-
ri stiques topographiques d u bass in versant et, dans un e certaine mesure , des co ndi-
tio ns c limato log iqu es e t anthropiques. En pratiq ue, les va leu rs de den si té de drai nage
varient de 3 à 4 po ur de s rég ions o ù l'écoulement n' a atteint q u'u n développement
très limité et se tro uve ce nt ral i sé~ e ll es dépassent 1000 pou r certa ines zones où
l'écou lement est très ram ifié avec peu d ' infilt ratio n. Selon Schumm , la va leu r inverse
de la den sité de drainage, C = II Dd' s'appell e constante de stabilité du cours d 'eau .
Phys iquement, e ll e rep résente la surfac e du bassi n nécessai re pour ma inteni r des
conditi ons hydro log iq ue s stab les dans un secteur du réseau.
92 L' HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

Densité hydrographique
La densité hydrographique rep résente le nombre de cana ux d ' écoulemen t pa r
uni té de su rface:

F ~
L. N, (3.24)
A

où F est la dens ité hyd rographique [km- 2 ], Ni le nombre de cours d'eau [-] et A la
superficie du bassin [ km 2] .
Il ex i ste une re lation assez stable en tre la den s ité de dra inage Dd et la densi té
hydrographique F, de la forme:

,
F ~ a·D: (3.2 5)

où a est un coefficient d 'ajustement.


En somme, les rég ions à hau te densi té de drainage et à haute densi té hydrog raphi-
q ue (de ux fac leurs allant souvent de pair) présente nt en général une roche mère
imperméable, un couvert végétal restreint et un relief mo ntagneux. L'opp osé,
c'est-à-dire faib le densité de drainage et faible densi té hydrograp h ique, se rencontre
en régio n à subst ra tum très perméable, à couvert végéta l important et à re lief peu
accen tué .

Lois de composition des r éseaux hydrographiques


Sur la base de leurs théories su r l'ordonnancemen t des cou rs d'ea u, Ho rton et
Strah ler o nt proposé des lois concernant la re lat ion entre des cours d'ea u, d' une part,
et le nombre et la lo ngueu r moyenne des cou rs d'eau , d'autre part.
So it Il,,, le nomb re de cours d'eau d 'o rdre (J) d'un bass in versant, fw la longueu r
moyenne des cours d'ea u d'ord re (J) e t Q(}J la su rface m oyenne trib utaire des co urs
d'eau d'ordre (J). Horto n a proposé troi s relations qui s'obse rven t en généra l indépen-
dammen t de l'o rdre (J) :

Lo i des nombres: R8 = Ilw


(3.26)

Lo i des lo ngueu rs: RL = (3. 27)

Lo i des aires: (3. 28)

RB se nomme com munément le rappo rt de confluence. La figure 3.17 donne une illu s-
trat ion de ce rapport a ins i que de son influence sur le débit mes uré à l'exu toi re du bas-
sin versant.
So it Q ['ord re du bass in versant, défini comme étan t l'o rdre de so n cours d'eau
p ri ncipa l, on peu t alors remarquer q ue c hac une des lo is de Horton est une sui te géo-
métr ique respec tivement de ra iso n 1/ R8 pour la loi des nombres, RL po ur la lo i des
longueurs et RA pour la lo i des a ires. A parti r des p ropriétés des su ites géométr iq ues et
LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE 93

bass in A
•·
--- .... ,•
•• •

••• •• bass in B


••

••

•• •• -------.-. .... • ••

•• ,
•, ·
,,
••
~,
••

•,
1\

••
,
•,
,, ,,,
,•
••• ,,, , ,•


• ,•

•• ,,
•• • •
,• ,•
•• ,,
•' .. • • ,,•


••
• ,,
,
~. --
-2.25
,,,
• RB =
••
• ,
• ,, Q /A
•• • B
• •
••• •
••
• •
•• ••
• •
•• ••
• ,•
,
• A

•• ,•

• •
• • ••

,
R ~ /7

Fig. 3.17 Bassi ns versant s hypothétiques de dirrérents rapports de con fl uence RB et schémati satio n des
hydrogrammes corresponda nts (d ' après Chow, 1988).

dans le cas de la lo i des longueurs, la longueur du co urs d 'eau princ ipal peut être en
exp ri mée en fonction de la longueur moyenne des co urs d ' eau d ' ord re (J), pou r a utant
que ru < Q , par la relat ion suivante:

(3 .29)

Il s'e nsuit que:

Cm - (3.30)

En app li qu a nt la lo i des nombre s, o n sait que l'o n a fi w cou rs d 'ea u d 'o rdre OJ
exprimés par la re latio n:

(3.3 1)
94 L'HYDROLOGIE, UNE SCIENCE DE LA NATURE

Par définit ion, I1n = l , A insi la long ueur tOlale des cou rs d'eau d'ordre üJ
s'exprime par :
0 -.

(3 .32)

Il est alors aisé d 'évaluer la longueur totale du réseau hydrographiqu e Lw comme


étant la somme des longueurs des cours d' eau d'ordre 1 à Q:

0-. 0-.
~ RB
L[aI = L.,; en' R (3.33)
41=1 L

Ce tte pernière somme représente à nouveau une séri e géométrique de rai son
1 t 1
( RH RL ,de premier terme ( RB RL )0-1 et de n-ième terme égal à un, L a somme de
cette série vaut donc:

(3.34)

Notons que si RBI RL < 1 et que Q tend vers l 'infini, la série co nverge et la lon-
gueur tola le du ré seau tend vers:

01
-
RB '
R,
(3.35)
1-
RB - 1
R,
Cependant, dans la plupart des cas, cette série diverge et ai nsi, la somme cherchée
tend vers l' infini lorsque Q tend vers l ' infini , On a simplement :

n-I
L[ot ~ (3 .36)

On sai t encore que la longueur moyenne des co urs d'eau d'ordre 1 va ut:

(3.37)

A partir de ces deux dernières rel ati ons et aprè s quelques man ipu lations, on
obtient final ement la relation suivante:

,-:::
'"'",R,!.!,
L _ f! ln( Rt l
(3.38)
tot 1
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LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE 97

1
In - ·D = lnN (3.42)
r

d' où :

-D (3.43)
N=r

Cette dern ière rel ati o n définit une loi d 'échelle uniforme a u sens o u no us l'avons
précédemme nt définie. En cons idérant ma in tenant la lo ng ueu r tota le L de la co ur be
étudiée (i l peut s'ag ir du cours d ' ea u principa l par exemple), le rapport r d ' hom ot hé-
e
tie s'écri t, s i est un étal o n de long ueur:

- -
r -
e (3 .44)
L

Par co nséquent, le rappo rt r peu t a uss i être interpré té co mm e l'uni té de mesu re de


la lo ngue ur de la courbe. Dans le cas d ' une co urbe présenta nt une trè s forte si nu osi té,
cette lo ng ueur dépe nd de l'étalon de mesure et l' on a :

Lw, = limL( r )= limN · r (3.45)


rrtO rrt O

Ce qu i do nn e, a u vu de (3.35):

L10' = 1·1111 ( r - D ·r) = 1·lI11r '- D (3.46)


r rtO rf-+O

Enfin, cett e de rn iè re équ at ion pe ul aussi se formuler de la mani ère suivante:

· ln N (r )
D = 1lm (3.47)
,>->0 In (11 r )

En com parant l'équation (3.38) avec la re lation (3 .30), il s' ensuit que la dimen s io n
fracta le du résea u hydrographi q ue peut ê tre évaluée à l'aide des grandeurs RBe t RL et
vaut :

(3 .48)

Sans entrer da ns plus de détail , on re ndra attentif le lecteur quant au fa it que les
co urs d 'ea u d 'o rdre un dont on uti li se cependant la lo ngue ur m oyenne présen tent
auss i un aspect frac ta l. Certains aute urs on t ain s i proposé de corri ger cette dernière
éq ua tio n a fin de teni r co mpte de ce phé nomène. En posant DI la dimen sio n fracta le
des co urs d 'eau d 'o rdre l , o n obtient (Spos ito, 1998) :

D = D, . In RB (3.49)
ln RL
98 L' H YDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

A titre d' exempl e, le ta blea u 3.2 et la figure 3.20 prése ntent les rés ultats d' un e
ana lyse topo log ique d' un bassi n versan t. On rem arquera que les va leu rs des rapport s
RB et RL ne so nt pas co nstantes, sans do ute du fa it des incertitudes qui ento urent la
détermination des va leurs du nombre de cours d ' eau, leur longueur et leur surface tri-
buta ire. Au vu d e cette variab ilité, les lo is RBet RL so nt d ans ce cas déte rminées g râce
à la pente de la régress ion linéai re entre le logarithme (base JO) de Il w et (t) et J'ord re
des co urs d'ea u (fig . 3. 17). Po ur le bass in étudié, o n o btient a lo rs les va leurs sui vantes
pour les lois de Horton : RB = 2, 53, Re = 2, 48 et RA = 3.

Tableau 3.2 Exe mples de para mè tres topologiq ues pour un bassi n versa nt.
-
Ordre n. e. ". R, Re R,
1 50 1,5 4 3,85 2,67 3,00
2 13 4 12 1,63 2,25 3,00
3 8 9 36 2,67 2,56 3,00
4 3 23 108 3,00 2,57 3,00
5 1 59 324

7
s o nombre
-" 5
0
6 Il lo ngueur moyenne

t. surface moyenne
.4

,.J
.- •
.. .k ·

~
s 4
------ 4 '.
.. •
• •••
.. •• •• ••

.. --
0
3
"E
0 & ,--
-- "

• • •

-
~
2
'
,
- _ ·IIJ .

• " ----- -
~
0

'"
0
0
1

, • •
, , _0- ' -
-- 0
-------
1 2 3 4 5
ordre des cours d'eau

Fig. 3.20 Loi des nombres, des longueurs et des surfaces pour les données du tabl eau 3.1.

L e ta bleau 3.3 donne encore quelques va leurs du rapport de H orto n ainsi que la
dimension frac tale D déterm i née par le bi ais de la rel ati on ( 3.40). L es données son t
issues de Tarboto n el al. ( 1988) et Rosso el al. ( 199 1).

Tableau 3.3 Exemples de paramè tres topo log iques pour un bassi n versa nt.

Bassi n versa nt R, Re Di mensio n fractale D


Souhega n (USA) 3,5 2,0 1,8
Hubbard (USA) 4. 1 2. 1 1,9
Daddys Creek (USA) 4, t 2,2 1,8
R io Gallina (Ita lie) 3,04 2.03 l ,57
IIlice (Italie) 2,7 2.0 1,43
Mariggia (Italie) 3,51 2,02 1,79
Petrace (Italie) 4, 1 2, 1 1,90
Arno (Italie) 4,7 2,5 1,69
LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE 99

Ce dern ier tab leau m o ntre a ins i que les réseaux hyd rograph iq ues étud iés présen-
tent un ta u x d e co uverture d u bass in versant im po rtant. Un réseau hyd rograp hique
occ upan t la lOta li té du bass in devra it prése nt er une dimens ion fractale de 2.

Loi de Hack
Parm i les lo is d'éche ll e, celle de Hack occ upe un e posit ion bien particu lière au vu
de l'i ntérêt qu'elle a susc ité depui s sa fonn ulatio n (Hack, 1957). A partir de do nn ées
s ur de nombre ux bass ins ve rsan ts au U.S.A., Hac k a étab li un e re lation en tre la sur-
face d'u n bassi n versant A [km 2] et la long ueu r de so n co urs d'eau prin c ipa l L [km] ;

(3.50)

D 'u ne man ière p lu s géné rale, la loi de Hack se fo rm ul e comme suit :

(3.5 1)

La loi de Hac k a fait l'objet d'un grand nombre d 'étu des car e ll e imp li q ue p lu -
sieurs rés ultats pertinent s relatifs à la m o rp ho logie des bass ins: d ' un e part, p lu s ie urs
travaux con d uisent à so uli g ne r la relat io n entre les valeurs de l'exposant Il de la loi de
Hac k et le caractère fractal des cou rs d' ea u d ' un bass in versa nt ; d'a utre part, la lo i de
Hac k pemle t d'é tabl ir une lia iso n entre la sinuos ité d' un bass in versant et les g ra n-
deu rs LI! et LJ. respectivem ent défi n ies comme étant le d iamètre et la la rgeur d u bas-
si n versant.
La fi gure 3.2 1 ill ustre la lo i de Hack à parti r de do n nées fo urni es par le G loba l
R uno ff Data Center d u Federal In stitu te of Hydro logy de Ko ble nz en A ll em agne.
Ces do nnées co nce rn en t 397 bass ins ve rsants po ur lesq ue ls o n d ispose d' une m es ure
de la surface en km 2 ajnsi q ue d'u ne mes ure de la longueur d u co urs d'ea u prin c ipa l
en kil omètre. Un aj ustem e nt de la re la ti on (3 .43) perm et d'obteni r l'éq uatio n
s u ivante :

L = 1,95 · A°.5107 (3 .52)

10000,--------------------------------,

- 1000
E
-'""
"
.,""c
100
-0

10 +-------,------,,------,--------j
1000 10000 100000 1000000 10000000
surface [k m2]

Fig. 3.21 Représentat ion de la relation entre la surface d ' un bassi n versant et la longueur de so n cours
d ' eau princ ipal pour 397 bass ins (don nées du Federall nst itute of Hydrology de Koblenz Alle magne).
100 L' HY DROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

Enfin, notons que j' on peut aussi définir la co urbe aire-di stan ce, qui met en rela-
ti on la longueur moyenne des co urs d'eau d'ordre ro donné et J'aire trib utai re
m oyenne des co urs d 'eau du même ordre ro, et cec i ordre par ordre . Cette cou rbe per-
met de visuali ser la répartiti on des superficies du bass in par rapport à J' exuto ire ou par
rapport au point de mesure du débit. Cette répartition affec te en effet la concentration
du rui ssellement et donc influence la réponse hydrolog ique du bass in versant.

3.4 CARACTÉRISTIQUES AGRO-PÉDO-GÉOLOGIQUES

3.4.1 Couverture du sol


Couverture végétale
L'activi té végétative et le type de so l so nt intimement liés et leurs actions combi-
née s influencent singulièrement J'éco ul ement en surface. Le co uvert végé ta l retient ,
selo n sa densité, sa nature et l'i mportanc e de la précipitati on, une proporti o n vari a ble
de l'eau atmosphé riqu e. Cette eau d ' interceptio n est en partie so ustraite à l'écoule-
ment.
La fo rêt , par exemple, intercepte une partie de l'averse par sa frondaison. E ll e
exerce une ac ti o n limitatrice imp ortante sur le ruissellemen t s uperficiel. La fo rê t rég u-
larise le débit des co urs d'eau e t am orti t les c rues de fai bles e t moyennes amplitudes.
Par co ntre, so n actio n sur les débits ex trêmes causés par des crues catas trophiques est
réduite.
A l' inverse, le sol nu , de faible capacité de rétenti o n, favori se un rui sse ll ement très
rapide. L'éros ion de la terre va généralement de pair avec l'a bsence de couverture
végétale.
Etant don né l'importance du rô le joué par la forêt, on tradui t parfois sa présence
par un in d ice de couve rture forestière K:

Surface des fo rêts


K = - - - - - - - 100 (3.53)
Surface totale du bass in

Surfaces urbanisées
Les surfaces imperméables jouen t un très gra nd rôle e n hydrol og ie urbain e. E ll es
augmen tent le vo lume éco ulé el dim inu en t le temp s de co nce ntration. On calcule sou -
ve nt un taux d'imperméabilité qui est le rapport entre les surfaces imperméa bles et la
s urface to ta le.

Surfaces d'eau libre


Parmi les éléments de la co uverture du so l qui influencen t le comportement hydro-
logiq ue d'un bassin versant, o n do it prendre en compte la présence de surfaces d 'cau
li bre tel s que les lacs qui jouent un rôle importan t du fai t de leur capac ité de stockage
temporaire d'un certai n volume d'eau . Ce stoc kage temporaire a ai nsi po ur effet de
lamine r les crues, c'es t-à-dire de réduire le dé bit de pointe de la cru e. Cet effet de lam i-
nage est illustré pour le Rhô ne (entre so n entrée dan s le Lém an au nivea u de la Po rte
du Scex el sa so rtie à Genè ve) dans la figure 3.22. Dans ces graphiques, o n a représenté
les va leu rs du coeffi c ient men suel de débit qui n'est a utre que le rapport ent re le débit
mensuel et la moyenne annuelle des déb its su r une longue période de mesure.
LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE 101

On so uli g nera e nc ore que la surface du cou rs d 'eau co nstitue aussi un p lan d'eau
et que le cana l d ' une rivière permet au ssi de laminer une cru e. La fi g ure 3.23 illustre
l'effet de laminage po ur le Rhône à l'amont du lac Léman (entre Brig ue et la Porte du
Scex).

2.5
-- Rhô ne, Genève
.•• - 2,0
~
~
Rhône, Porte du Seex

"" r
"- 0
0
"• 1.5 .
~
/
" , ,,
"E ,,
-
0
1/ /
/
/

••
"<=" 1.0
~

"0
.

f.- ------ " '\:" - - -


" 0.5
jan v. févr. mars avr. juil. août sepl. oct. nov. déc.

F ig. 3.22 Il lustration de l' effet d e la minage par un plan d ' cau. Coefficients mensuels de débits à l' amont ct
à l'aval d u lac Léman .

3,0 T-==RhÔn~;g;;;--T---=------1
Rhô ne , Brig ue
.~
~
2,5 -- Rhô ne, S io n
::g - - Rhô ne, Po rte d u Scex
.g 2,0
-
"~ 1,5
"E
<:: l ,0
""
••

~ 0.5 +- - -- :-,...--_....,
8 0,0 l=-=-
~-=-::-:-+-- _-+_-+--+_-+--+_--!
Ja nv. fév r. mars avr. ma i j uin juil. août sept. oct. nov. déc.

Fig. 3.23 Illustratio n de feffe t de laminage par un cours d·eau. Coefficients mensuels d e d ébits pour le
Rhô ne à Brigue, S ion et à la Porte du Scex.

Couverture neigeuse et glace


Certai ns bass in s d'altitude peuvent être partiell emen t ou totalement co uvert s de
ne ige ou de glace. Ce type de couverture do it être pri s en compte dans l'étude des fac-
teurs de géné ratio n de l'écou lement de l'eau. En effet, le réchauffement printanier de
la températu re peu t entraîner une fo nte rapide de la neige, provoqua nt du même co up
un importa nt éco ulement d'ea u venant s'ajo uter à celui de l'eau des précipitat io ns. De
la même man ière, la prése nce de g lac iers ou le gel des co urs d'eau durant l' hi ver peut,
lors des processus de fonte, générer de s crues de débâcle de g lace se tradu isa nt pa r un
tran sport de blocs de g lace. Ceux -c i peu ve nt localement bloquer l' éco ulemen t de
l' eau (embâc le) ju squ 'à la rupture de ces barrages naturel s. Il s'ensui t a lors des crues
rapides et intenses po uvant avoir des conséq uences catastrophiques.
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104 L' HY DROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

La fonn e la pl us classi que de cet indice rep ose sur le principe de décroissa nce
logarithm ique avec le temps du taux d' humidité du so l, au cours des périodes sans
préc ipitat io ns:

IPA, = IPA, . K ' (3 .55)

où l' [PA o est va leu r ini tiale de J' ind ice des précip itatio ns antécédentes [mm], l' IPA / la
va leur de cet indice t j ou rs plus tard [mm] , K un facteur de récess ion, K < 1 (vari able
d ' un bassi n à l'a utre, a in si q ue d'une saiso n à l'autre po ur un même bass in ) et 1 le
temps Uou r].
L' Institut d'Aménagement des Terres et des Eaux de l'EPFL (IAT E/ HYDRAM ),
après d iffé rents travaux de recherc he sur des parcelles expéri mentales, a adop té un
ind ice de la forme sui vante:

(3 .56)

o ù l' [PA ; es t J' indice de précipi tatio ns antérieures au jour i (mm ], l' IPA i _ 1 l'indice de
pl uies an técédentes a u jour i - 1 [m m], P ;-l les p réc ipitat ions tombées a u jour i - 1
[mm ] e t K un coeffic ient inférieur à l , en gé néral compri s e ntre 0,8 et 0,9.
La fig ure 3.24 sui vante illu stre le calcul de l' IPA au co urs d'une année à la station
C ha let du Villars (bass in de la Haute-Mentu e) (VD ). La re lation employée po ur déter-
miner l'{PA est celle de l' IATEI HYDRAM avec K = 0,9.

1 00~----------------------------------------------,

80
~

E 60
-~
E

40

20

O+-~~--~--~--~--~~--~--~~
3 1 déc. 19 févr. 10 avr. 30 mai 19 juil. 7 sep L 270CL 16 déc.

Fig. 3.24 Varial ion de l'i ndice IPA en fo nclion du lemps à la slal ion Cha lel du Villars ( VD) en 1991
(K = 0,9) .

Ainsi, lo rs d ' une p lui e provoq uant un rui ssellement, celui-ci sera ét ro itement cor-
rélé avec l'état d'humidité du so l, en to ut cas au début de la préc ipitation.

3.4.3 Géologie du substratum


La connaissance de la géologie d'un bass in versant s'avère im po rtante po ur cer-
ne r l'i nfluen ce d es caractérist iques phys iog rap hique s. La géologie du su bstratum
infl ue no n se ul emen t s ur l'éco ulement de l'ea u so uterrai ne mais éga lemen t su r le
rui sse llement de surface . Dans ce dernier cas, les carac tè res géo logiques p rin c ip aux
à considére r so nt la li thologie (natu re de la roche mère) e l la structure tecto nique du
s u bs tratum . L'é tude géologiqu e d'un bassin versant dan s le cad re d'un projet
LE BASSI N VERSANT ET SON COMPLEXE 105

hydrologique a surtout pour objet de déterminer la perméa bilité du substratum.


Celle-ci intervient sur la vi tesse de mon tée des crues, sur leur vo lume et sur le so u-
tien apporté aux débi ts d'étiage par les nappes so uterraines. Un bass in à substratum
imperméable présente une crue plus rapide et plus violente qu'un bassin à substra-
tum perméable, so umi s à une même averse. Ce dernier re ti ent l'eau plus ai sément,
et en période de sécheresse, un débit de base sera ainsi assuré plu s longtemps.
Néanmoins, le substrat um peut absorber une certaine qu antité d'eau dans les fissu-
re s et di aclases des roches naturellement imperm éables ou dan s les forma ti o ns
roc heu ses altérées (fi g. 3.25) .
Pour ces dernières, la di sso lution de certains éléments et leur migration, menant à
la f0n11ation de canaux, peuvent créer une circul ati on so uterraine importante. Ce phé-
nomène se retrouve sans excepti on dans les régi ons karstiques. Dans ce cas, l'étude
géo log ique devra être beaucoup plu s détaillée de manière à locali ser les nappes
d'eaux so uterraines, leur zone d'alimentation et leurs résurgences. Cette étude devra
être réal isée pa r un hydrogéologue.

quaternaire
tassement ou glissement avec niche
d'arrachement

o marais et bas-fonds marécageux

.S; ~ moraine, couverture morai nique générale


-
" t~"/), j moraine argileuse

tertiaire
.-
- a
~ D grès massif. lité ou entrecroisé
"'"

grès el marnes

relief rocheux burdigal ien sous


fa ible couverture morainique

Fig. 3.25 Carte géologique du bassin versanl de la I-Iaute-Mentue (d'après Joeri n, 2000).

3.5 INFORMATION DIGITALE ET MODÈLES NUMÉR IQ UES

La demande de données spatiaJcs s'est accrue ces derni ères années car l'on saü
déso nn ais qu'il es t essentiel de connaître la distribution spatiale de la réponse hydrologi-
que pour bien comprendre les processus so us-jacents de la génération de l'éco ulement.
106 L' HY DROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

De plus, la représentation et la connajssance du terra in so nt essentielles pour compren-


dre les processus d'érosion, de sédimentati on, de salini sati on et de po llution via des car-
tes de ri sque. Auj o urd ' hui , le développement de techniques modernes d'acq ui si tio n e l de
m ise à di spositio n d ' infonllations digi tales a rendu possible la représentation de la topo-
graphie du milieu par te biais de modè les num ériques d 'altitu de (MNA) et de terrain
(MNT), mais aussi la représentation de l'occupation du so l par le biais de photograp hies
aériennes o u de do nnées satellitaires. Ces infonnations servent de plu s en plus à la des-
crip ti o n des caractéri stiques phys iques des bassi ns versants et à la cartog raphie numéri-
que de leur co uverture (fig. 3.26).

Fig. 3.26 Exemple de MNT. Région de la Haute-Men tue.

3.5.1 Généralités sur les MNA et les MNT


A parti r de la den s ité loca le de courbes de niveau o u de traitement stéréo sco pique
d ' images satellitai res, il est poss ible de produire une spatiali sation du milieu (MNA)
qui, in fine, abo utit à l'é laboration de m odè les numériques de terrain (MNT). Ce
MNT est une express io n numérique de la topographie, sous forme matricielle o u vec-
torielle. Outre les altitudes (MNA ), les fic hi ers qui le co nstituent so nt les pentes,
l'orientat ion et l'éc lairage si mulé.
Schématiquement, o n d istingue troi s types essentiel s de découpage spat ia l du
milieu utili sés pour la générat ion d ' un MNA. Il s'ag it respectivement de:
• déco upage régulier e t arbi traire (géné ra lement g rille rectan gula ire),
• découpage à base d'é lémen ts irrégulie rs (TIN) épousant les discont in uités du
milieu,
• déco upage topograp hique basé s ur une approche hydrologique qui s'ap puie
s ur la délimitation de s li g nes d ' écoulement et des co urbes de niveau.
LE BASSIN VERSANT ET SON COMPLEXE 107

A part ir de ces troi s approches, il est possible de détenlline r plu sieurs att ribut s du
modè le numérique d ' altitude tel s que des attributs topog raphiques (éléva tion , orienta-
tion, pente, su rface, co urbure) qu i influencent dive rses grandeurs intervenant d irecte-
ment dans les process us d 'éco ulement. Mi s à part les attrib ut s «directs» déterminés à
partir du MNA, on peut e ncore évaluer de s attri buts dits «dérivés» dont le plus co nnu
est sans co nteste l' indice topog raphique. L' ind ice topog raphique est un indice
d'humid ité qui permet d ' es ti mer la tendance d'u n élément ou d'u ne maille du bass in
versant à se saturer.

3.5.2 En Suisse
En Sui sse, le nouvea u modè le numé ri que de terrain MNT25, éta bli par l' Office
Fédéral de Topographie, est di sponible pour toute la su perfi c ie du pa ys depui s fin
1996. Ce modèle est établi à partir de la digita li sation des courbes de niveaux des
feuilles topograph iques à l'éc helle 1:25 000. Dans une seconde étape, le modèle
matri c iel du MNT25 est interpolé avec une maille de 25 m (fig. 3.27). Ce jeu de don-
nées est uniqu emen t des tin é à l'emp lo i num érique. II répond aux exigences deman-
dées pour des appl icat ions d ' une très grande précision. La précision alt imétrique du
MNT25 es t d'env iron 1,5 m sur le Plateau, e ntre 5 et 8 m dan s les Alpes,
A partir de l'éc hantillon des po ints de la grill e couv rant le territoire, il est encore
nécessaire de procéder à une seconde interpolati on afin de pouvoir gé nérer la surface
digita le du territoire (MNT) ou d' un bassin versant. Da ns le cadre de l'o btention de la
su rface d'un bassin versant, on peut raison nablement proposer la démarche suivante:
• Importation d' un fi ch ier au format ASC II com prena nt les coo rdonnées des
points a insi que leu rs alt itudes provenant de l'Office Fédéra l de Topograp hi e.

A
altitude
z ~~~----~---,
ze

•c
,
1
1
1
1 1 1
1
1
,
1
"c
-- + --~-~-
,, ,, , 1 1 1 -t----1---1-- -8o
J. __ J. __ -l._ -I---:J.---J-------------I---- -- )'4 i3
, ,, , 1 - - 1 - - 1
,
- - 1
c
o
,
----'- ----- Y3 :;;
------- Je
--------)'2 ''::
g
....• J. __
----------- )'1 -"
· ,

.
-+..L--J.--i
~
z ~
, 1
, 1
l
1
,1
1 .-c
_ .....• .1 __ .1_ ....• ..1_
, 1 l '1 y
--"
.- , 1 1

ZÎ 1-- ---:

x, x,
intcrpolalio n sel on les lignes

Fig. 3.27 Schéma de la mé thode d ' interpol ation de type cubique utili sé pour la géné ratio n du MNA2S.
108 L' HY DROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

• Importation d'un fond de p lan dans un logiciel de gest ion de l'informati on


spatiale tel que MAPINFO® pen11ettant la délimitation m anuelle des limites du
bass in versant. Ce fo nd de plan doit avoir des référen ces spa ti a les pou r effec -
tuer la superposi tion du bass in avec la grille du MNA.
• Création d'un fichier con tena nt la gri ll e du MNA après triangulati o n. Ce
fi chier porte l'extension. tri e t représen te la surface du MNA so us forme d' un
réseau de tri angles irréguliers de type é léments fini s. Ce genre de fich ier per-
met ensuite de générer les MNT voul us.
• Générat ion du MNT à partir de la surface triangulée. II est a lors possible de
cho isir la taille de la maille de la grille du MNT que l'o n va interpo ler.

im porlation du
fichie r ASCII de
,' Office Fédéral de
Topograph ie

- im portation du
fond de plan

digitalisal ion des


limites du versant
1'-'
génération du
!
- MNT

intersectio n du
--
MNT avec les
limites du bassin
versant

Fig. 3.28 Démarche appliquée pour générer le MNT d 'un bassin versant à partir de son MNA (d'après
Higy, 2000).
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CHAPITRE 4

,
LES PRECIPITATIONS

près avoi r présen té d ' une m anière très générale le cyc le de j' eau ainsi que son
A référen ti el spatia l, ce ch api tre s' intéresse à la prem ière composante d u cyc le, à
savoir les précipita ti o ns. On décri t a insi s uccessivement la fo rm at io n des pré -
c ip itat ions liqu ide et solide pu is " on s 'attache à présen ter les ré sea ux de mesures
ainsi que la rel ation essentielle pour l ' hydrologue entre la durée, [' i ntensité et la f ré-
q uen ce de s préc ip itat ions. Pour term ine r, ce chapitre ab o rde enc ore la pro blématique
très actu e ll e de l'es tim atio n rég io na le des champ s de préc ip itatio ns.

4 . 1 DÉFIN ITIO NS LIM INA IRES

Sont dé nommées précip it at ions to utes les eaux mét éoriques qui to mbent s ur la
s urface de la terre, tant so us fo rme li q ui de (bruine, plu ie, averse) gue so us forme
solide (neige, grés il , grê le) et les précipitations dép osées o u occ ultes (ro sée, ge lée
blanc he, givre ... ). Ell es so nt provoquées pa r un chan gemen t de tem pérature o u de

pressIOn.

« Illl'y a poillt de meilleure eau que celle de la pluie, parce qu 'elle est composée
des parties les plus légè res et les plus subtiles qui ont été extraites de toutes les
autres eaux, et que l'air a longtemps purifiées par son ag itation, j usqu 'à ce que
dalls les orages elles se liquéfi ent pour tomber sur la terre. »
( Vitruve, De Architectura, li vre VIIf)

4.1.1 Nuages
Par to ut tem ps, on considère que 60% de la surface terrestre est reco uverte par des
nuages, so us q ue lque fo rme q ue ce so it. D'une manière générale , la co mpréhen sio n
des mécanismes de fo rma tio n des nuages passe par un e ana lyse des aé roso ls co ntenus
dan s l' atm osphère ca r la f0 n11 a tio n spontanée des gou ttele ttes d ' eau ne peut se faire
qu 'e n m ilieu sursaturé à savo ir lo rsqu e l' hum id ité re la tive est su périeure à 100%.
112 L'HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

4.1.2 Aérosols
Les aéroso ls occupen t la partie la plus fine en terme de granul ométrie des compo-
sés non gazeux conten us dans l' a tm osphère terrestre. Leur diamètre peut a tteindre
0,000 1 ~1l1 so it 10- 10 mètre. En gé néral, les noyaux qui pemlcttent la condensation de
la vapeur d'eau en gouttelette d'eau présentent un diamètre de 0, 1 ~m. Il s so nt géné-
ralement classés de la manière su ivante: si leur diamètre est inférieur à 0,2 J..lm, on les
nomme noyaux ct' Aitken, de 0,2 à 2 jJJ11, il s'agi t de grand aéroso l. Enfin, si leur dia-
mèt re dépasse 2 ,"un, on parle d'aéroso l géant.
La concentration ainsi que la taille des aéroso ls peuven t varier fortement en fonc-
lion de l'espace et du temps. Toutefois, plus la concentration en aérosol augmen te,
plus leur ta ille diminue (l'ord re de grandeur pour la concentration des aéroso ls est de
10 12 noyaux par km 3). Il est encore inté ressant de sou li gner que la diversité de la ta ille
des noyaux permet de comprendre la formation des nuages dits «chauds»,
c'est-à-dire des nuages dont la température interne dépasse 0 oC par opposition a ux
nuages «fro ids » dont la température n'excède pas 0 oC. Une grande variab ilité de
taille encou rage la prod uction de précipitations. Sans entre r dans les détails des méca-
nismes phys iques, on peut encore noter qu'il y a toujou rs des mouvements internes
aux nuages, ce qui explique que ceux-ci ne chuten t pas sous l'effet de la gravi tati on.
Concernant maintenant les so urces des aérosols, ceux-c i so nt essentiellement
d'origine naturelle ou anthropique. Les sou rces anthropiques son t majoritairement
celles des ac tivi tés indu strielles tandis que pou r la partie naturell e, le plus gros four-
nisseur d'aérosols est le milieu océanique que l'o n nomme spray océanique. A ceci
s' aj oute cependant une production non négligeable de dimethylsufide par le plancton.
Le tableau 4.1 donne une estimatio n de la productio n d'aérosol selon leu r source.

Tableau 4.1 Production mondiate d'aérosols (d 'après Wallace ct Hobbs, 1971, cité dans Sum mer. 1988).

Production naturelle Quantité li 0 9 kg/anJ


Sel marin 1000
Conversion gaz-particule 570
Erosion éolienne 500
Feux de forêts 35
Débris météoriques 20
Activi té volcanique 25
Total > 2150

Production anthropique Quantité [1 0 9 kg /an]


Co nversion gaz-particule 275
Rejets industri els 56
Processus de combustion 44
Transports 2,5
Autres rejets solides 2.5
Rejets di vers 28
Total 4 10
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LES PRÉCIPITATIONS Ils

o ù coex istent des cristaux de g lace et des gouttelettes d'eau su rfondue, la vapeu r
d'eau est saturante par rapport à la g lace, tandi s qu'elle ne l'es t par contre pas par rap-
port à l'eau liquide surfondue. Il y a a lors évapo ration des goutte lettes; la vapeu r ten-
dant à devenir «s ursaturante » par rapport à la glace, il se prod uit un phénomène de
co nden sati on so li de sur les crista ux qui gross issent aux dépen s des gouttelettes. Lors-
que ceux-ci so nt suffisamment gro s, ils tombent et fondent s'ils renco ntrent de s tem-
pératures positi ves. Le nuage donne ainsi de la pluie. On peut auss i observer des chu-
tes de neige si la temp érature es t constamment négati ve ou bien si l' iso therme du zéro
degré est très bas.

4.3.3 Types de précipitations


Il exi ste différent s types de précipitat ions: les précipitations convec ti ves, les pré-
c ipi tat ions orograp hiques et les précip itat ions fronta les (fig . 4 . 1).
• Les précipitations convectives rés ultent d'une ascens ion rapide des masses
d'air dan s l'atmosp hère. Elles son t associées aux cumulu s el c umulo-nimbu s,
à dével oppement vertica l important, et son t donc gé nérées par le process us de
Bergeron.
• Les précipitations orographiques so nt liées à la présence d' une barrière topo -
graphique particulière et ne so nt par conséque nt spa tialement pas mo biles. Les
caracté ristiques des précipitations orog raphiques dépenden t de l'altitude, de la
pente et de son orie ntation, mais a ussi de la di sta nce séparant l'o rigine de la
masse d'air cha ud du lieu de so ul èvement. En général, e lles présentent une
intensité e t une fréquence assez régulières.
• Les précipitations frontales , appelées également précip itat ions cyc loniques,
so nt associées aux surfaces de contact en tre les masses d'ai r de température,
de grad ient thermique vertica l, d'humidité et de vitesse de dép lacement diffé-
rents, que J'on nomme fronts.

convecti ve

chaud et sec
(f oehn) "

"
fro id ....

" /
orographique frontale

Fig.4.1 Principaux types de précipi tations: co nvectives, o rogra phiques et frontales.


116 L'HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

4.4 RÉGIME DES PRÉCIPITATIONS

En util isant la seule do nn ée de précipitation dans une nomenclature cli matique, on


parvient à définir une répartit ion mondiale des d ifféren ts régimes pluviométriques.
Pour identifier e t classer les diverses rég ions pluviométriques du globe, o n reco urt
habituellement aux précipitations m oyennes mensuelles o u annuelles évaluées su r
une lo ng ue période et leurs varia ti ons. La précipitation moyenne a nnu elle - la nor-
male - est la hau teur m oyenne des précipitati ons annuelles tombant à un endroit
donné et établie sur un grand nombre d'années. Une class ification plu viom étrique
géné rale basée sur les données annue ll es es t fournie par le tab leau 4.3.

Tableau 4.3 Régimes pl uviométriques du monde (tiré de Champoux, TOUlant, 1988).

Nom Caractéristiques
Régime équatorial hum ide plus de 200 cm de précipitat io ns annuelles moyennes
à J' intérieur des continents et sur les côtes
région typique de cc régime: bassin de l' Amazone
Régime subtropical humide e ntre 100 ct 150 cm de précipi tation annuelle moyenne
en Amérique à l'intérieur des co nt inents el sur les côtes
région typi que de ce régime: poi nte Sud-Est de J'Amérique du
Nord
Régime subtropical sec moins de 25 cm de précipi tation annuelle moyenne
à l' intérieur des co ntinents el sur les côtes ouest
région typique de ce régime: le Sud du Maghreb
Régime intertropical sous l' in fl uence plus de 150 cm de précipi tation annuelle moyen ne
des alizés sur des zones côtières étro ites; humidité
région typique de cc régime: côte Est de l'Amérique centra le
Régime continental te mpéré entre 10 et 50 cm de précipitation annuelle moyenne
à l'intérieur des continents; il en résulte des déscrts ou des steppes
région typique de ce régime: plaines de l' Ouest du cont inent
nord-américai n
Régime océanique tempéré plus de 100 cm de précipitatio n annuelle moyenne
sur les côtes Ouest des continents
région typique de ce régime: la Colombie bri tannique, l' Europe
Régime polaire et arct ique moins de 30 cm de précipi tation annuelle moyenne
se s itue au nord du 60" parallèle ; fo rmati on de grands déserts
froids
région typique de ce régime: le Grand Nord canad ien

4.5 MESURES DES PRECIPITATIONS -


Les précip itations varient selon différent s fac teurs (dép lacemen t de la pe rturbation,
lieu de l'averse, topographie, etc.), ce qui rend leu r mesure re lat ivement compliquée.
Quelle que soi t la forme de la précipitation, liq uide o u solide, on mes ure la q uan-
ti té d'eau tombée durant un certa in laps de temps. On l'ex prime généra lemen t en hau-
teur de précipitatio n ou lame d'eau précipitée par unité de surface horizonta le [mm]
a insi qu'en in tens ité [mm/hl définie co mme la hauteur d'eau préc ipitée par unité de
temp s. La préci sion de la mesure est au mieux de l'o rdre de 0, 1 mm. En Sui sse, to ute
précipitation supérieure à 0,5 mm est considérée comme pluie effective. Les diffé-
rents instru ments permettant la me sure des précipi tatio ns so nt décri ts dans le c hapitre
consacré à la mesure hydrologique (chap. 8) .
LES PRÉCIPITATIONS 117

4.6 RÉSEAU D'OBSERVATION ET PUBLICATION DES DONNÉES

4.6.1 Réseau d'observation

Pour un bassin ve rsa nt don né ou une région donnée, les stalions pluviométriques
forment un réseau d'obse rvati on. Elles fournissent des mesures ponctuelles.
Les données re lat ives aux sta ti ons so nt d'une haute importance po ur les stati sti -
ques cl imatiques, la planifica tion, la gestio n et les projets de construc ti on; la nature et
la den sité des réseaux do ivent donc tenir compte du phénomè ne observé, du but des
observations, de la préc ision dés irée, de la topograph ie, de facte urs économiq ues ou
d'au tres enco re.
La représentat ivi té des précipitations par les mesures es t fonc tion du réseau
d'obse rvat ion. Plu s cel ui-ci est dense, me illeure est j'informati on e t plu s l'ensemb le
des mesures est représentat if de la lame d'ea u tombée sur une surface donnée. Cepen-
dant, le réseau est le rés ultat d ' un comp rom is en tre la précis ion dési rée et les possi bi-
lités ou charges d'exp loita ti on. Le réseau devra donc ê tre planifi é. Il existe plus ieu rs
th éories su r la planification optimale d ' un réseau, ma is e lles donnent des rés ultats
approximat ifs, qu i doivent toujo urs êt re adaptés aux contraintes locales et fi nancières.
L'h yd ro logue devra faire appe l à l'expérience pour pla nifier un réseau. Il ti endra
comp te du relief et du type de précipitations (fro ntales, orograp hiques, convectives).
Il s'ass urera également des fac ilités d'accès, de co ntrôle et de transmission des infor-
mat ions (par l' homme ou par télétransmission: téléphone, élect ri ci té, satellite).

4.6.2 Publication des données pluviométriques


La publicati on des données plu viométriques es t du ressort des serv ices publics (en
Suisse et à l'échelle nat ionale, l' Institut Su isse de Météo rologie) qui le fo nt générale-
ment sous forme d'annuai res (§ 1.3). En Su isse, la publication de référence s' in ti tul e
Ergebnisse der ttiglichell Niederschlagell (résu ltats des mesu res de précipitat ions
journa lière s publiés par l' Institu t suisse de météoro logie) . Les annua ires p lu viométri-
ques regroupent, pou r chac une des stations de mesure, les résul tats suivants:
• la hau teur pluviométrique jou rnali ère,
• la hau teur pluviométrique mens uelle,
• la hau teur pluviométrique a nn uelle,
• le mod ul e pl uviomé tri que annue l moyen (moye nne arithmétique des hauteurs
de précipitat ions an nu elles),
• la fraction plu viomé tri que mens uelle (rapport en tre le module annue l et le
mod ul e mensuel co nsidéré),
• les moyennes, le nombre moyen de jou rs de plu ie, la variab ilité des précipita-
tions et des jou rs de pluie,
• les cartes de la pluviométrie mensuelle et annuelle.

Un certain nombre de ces grandeurs es t accessib le en tem ps réel par le biais du


si te Internet de l' Instit ut Sui sse de Météo rologie 2 . Il est alo rs poss ible de consu lter
l'évo lu tion et la répartit ion spatiale de plusieurs paramètres hydroclim atiques.

, URL : http://wwW.ffictcosuissc.ch/fr 1.
11 8 L'HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

Certa ines de ces valeurs peu vent être régio na li sées et prése ntées so us forme de
ca rtes d'isohyètes (cartes d'i sovaleurs de précipitations). Il existe d' a utres ouvrages de
sy nth èse qui so nl davantage d iri gés ve rs une analyse glo bale des préc ipitat io ns (Atlas
hydrologique de la Suisse, 2002).

4.7 AN ALY SE DE LA MESURE PONCTUELLE

4,7,1 Variabilité temporelle des champs de précipitations


Ava nt d'abo rder plus en détail les princ ipaux é léments liés à l'ana lyse de la
mesure ponctuelle des précipitatio ns, il est essentiel de so uli gne r q uelques é léments
essentiels au sujet de la varia bilité tempo relle de ces dernière s.
L'analyse des précipitati ons en fonct ion de leur varia bilité tempore ll e a co nduit à
j'établissement de rel ation s en tre l' intensité et leur durée q ui offrent la possibilité d'étu-
dier l' organi sation et le caractère des précipitati ons. L'analyse de ces deux éléments peut
prendre en fait une grande variété de fo nnes. Les précipitatio ns présentent en effet une
forte vari abilité tempo relle au travers de plusieurs échelles temporelles allant d u siècle à
l'heu re, vo ire la minute. Lors de cette analyse, il convient donc de fi xer clairement
l'échelle de variab ilité puisque les processus météoro log iques et cl imatolog iqu es ne so nt
pas les mêmes selo n que l' on étudie les variations inter- ou intra-annuell es o u ho raires.
En général , o n distingue lo rs de l' an a lyse de la vari abilité temp o relle de s précip i-
tati o ns les a nalyses cl im ato log iques qui visent à mettre en év idence un phénomène
c limat iqu e sur le régime de précipitat io ns. Ces analyses permettent de so uli gner des
variation s men su elles du c limat en dégagea nt certaines typ olog ies au travers des
moyenne s men s uelles. Les résultats de ces analyses so nt so uvent mi s en relation avec
l'évo lutio n de la température moyenne q ui joue aussi un rôle déterminant sur les pro-
cessus c lim atiques mi s en jeu. Dans ce contexte, la fi g ure 4.2 représen te quelques
exemples de si tuation climatique tandi s q ue la fi g ure 4.3 illu stre la variabi lité
intra-annuell e des précipitations po ur quelques villes du monde.
Une au tre manière de représenter la saiso nnalité des préc ipitatio ns est de reco urir
à une expressio n a nalytiqu e de celle-c i. Wa lsh et Law ler o nt ain si proposé en 198 1 un
indice relatif de saiso nna lité basé sur les différences entre les quan tités de précipita-
ti o ns me nsuelles et une sit ua tion de réfé re nce o ù les précipita tions so nt réparties de
façon unifo rme duran t l'année. Cette relation s'écrit a ins i :

1 12 P
Is=p
a
LP'''- I; /- 1
(4. 1)

où ' :; représente l' indice de saisonna lité, Pa la préc ip itati o n annuell e et Pmla précipitation
mensuelle. Si l'on dispose d ' une longue période, il est aussi possible de détenniner un
indice de saison na lité en remp laçant les va leurs to tales annue lles par leur valeurs
moyennes sur ta période considérée. Un rapide calcu l mo ntre que cet indi ce est bo rné
par les va leurs 0 (la précip itat io n est unifo rnl ément répartie sur les 12 mo is de l' ann ée)
et 1,83 (toute la précipitation a nnuelle a lieu en un seul mois) . Pou r des raisons prati-
ques, on nonne so uvent cet indi ce de te ll e so rte qu'il so it com pris entre 0 et 1. Soit alo rs:

1 = 6 ~p _ P" (4.2)
s Il . Pa ~
/ .. 1
II! 12
LES PRÉCIPITATIONS 119

90 25 160 18
--
U
-E 80 20 -"• -EE
Ü
140 16 0


.•
-E"
,
70
60
15
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0
•E
" ".,• 100
120 14
12 •"0
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E

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0 50 10 •
0 •"0 10 •
0
80 0

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5 30
E
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60
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-
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4 -1<.,
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~ 10
Kiev
- 5 1<.
-

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~ 20
0
B.... 2
0
E
-•
0 - 10
(,) J F M A M J J A S 0 N D (b) J F M A M J J A S 0 N D

350 6 80 25
--
".,•
Ü
-E 300 4
-•
0
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" 250
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2
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0
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0 200 • ••
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0 • 0
-2 0 40 0
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-5 100 • g

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0 - 10 -• 0
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0 "
(0) J F M A M J J A S 0 N D (dl J F M A M J J A S 0 N D

600 28
-- 3500 25
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500

400
27

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3000

2500
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0 •
•E ,• 15

E
•= • "0 2000 •
•E 300 25
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0
0
•S •0 1500 •S
"00
- ,, -- 1000 10 E

,1<.-
E 0
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3
24 0

." 100
·0
~
Abidjlll
;;
23 1<.
E
-il"
~ 500
C' IlIfIOUji
5
E

0 22 " 0 0 "
(e) J C- M A M J J A S 0 N D (D J F M A M J J A S 0 N D

légende: _ précipitations température

Fig. 4. 2 Moye nnes mensuelles des précipi tations ct des températures pour (a) Ki ev, cl imat continental de
steppe, (b) Brest, cl imat océani que. (c) Santis, cl imat tem péré de montagne. (d) Casablanca, cl imat médi -
terranéen, (e) Ab idj an, cli mat équatoria l. (f) Cherrapunji, cl imat de mousso n.

L'appl ication de cette derni ère relation aux précipi tati ons mensuell es moyennes
des villes de la figu re 4 .3 donne les rés ultats présen tés au tableau 4.4 .
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122 L' HY DROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

par rappo rt au temps, de la cou rbe des précipitat ions c umulées. Les é léments impor-
tants d' un hyétogramme sont Je pas de temps 6t et la f orme . Communément, on choi -
sit le plu s pe ti t pas de temp s possi ble selon la capacité des instrum e nts de mesure
(pluviographe). Quan t à la forme du hyé togramme. e lle est e n gé néral caractéri stique
du type de l 'aver se et varie donc d'un événement à un autre.
Le critère de co ntinuité d' un épi sode plu vi eux varie selon le bassin versan t. Géné-
ralement, deux averses so nt cons idérées comme di stinctes si la précip itat ion tombant
dura nt j'intervalle de temp s qui les sépare e st inférieure à un certain se uil et si cet
interva lle est lu i-même supérieur à une certaine valeur définie co mpte tenu du type de
problème étudié. En représentant les averses sous forme de hyétogrammes, la problé-
matique de la séparation des averses se résume comme suit (fi g . 4.5).

i [mmlh ]

dH
I[h 1

Fig. 4.5 Conditions pour la d istinction de deux averses consécutives : (a) 6.H durant 6.T < seuil (par exem-
ple 1 mm); (b) 6. T > durée choisie en fonction du problème (par exemple 1 heure).

Cetle notio n d'averse est très impo rtante en milieu urbain et de petits bassins ver-
san ts ca r e ll e s'avère détermina nte pour l'es timation des débits de c rue. De plu s,
l'application de la méth ode ra ti o nnelle pour le dimen sion nement des ouv rages
d'assainissement nécess ite leur connaissance en gé néral et cell e des relati ons li ant
l'intensité max imale d ' une pluie à sa durée en particulier.

4.7.3 Analyse statistique des séries chronologiques


L'ensemble des do nnées d'une sta ti o n const itue une infonn ati o n considérable
qu' il est so uhaita ble de condenser à l'aide de caractéristiques bien cho isies. On appli-
que ainsi les loi s et d'autres techniques de la stati stique aux re levés plu viométriques
po ur en tirer des informati o ns utiles aux études et travaux env isagés. On détermine de
la sorte les élémen ts su ivant s:
• va leurs moyennes, tendan ces cent ra les ou dom ina ntes (moyenne, médiane,
mode ... ),
• di spersio n o u fluclUat io n au tou r de la valeu r centrale (écart-type, vari a nce,
quanti les, moments centrés),
• caractéri stiques de forme (coeffi cients de Yu Il e, Fi sher, Pearso n, Kelley),
• lois de di stributi o n stati stiques (loi normale, lois log- no nn a le ... ).
LES PRÉCIPITATIONS 123

L'ensemble de ces valeurs ponctuelles, co ndensées sous forme sta ti stique, est uti -
lisé pour déterminer la fréq uen ce et les caractéristiques d'un événement pluvieux
isolé ou e ncore pou r étu d ier la variab il ité de la pluviométri e dans l'espace.

4.7.4 Notion de temps de retour


Lorsque l'o n é tudie des grandeurs comme les débits de crue o u les précipitat ions
d' un point de vue stati stique, on c herche en règle générale à déterminer par exemple
la probab il ité pour qu'un déb it Q, ou une précipitation P, ne soit pas dépassé (i.e. so it
inférieur ou égal à une va leur x Q respectivement x p ). Cette probabi li té est donnée, si X
représente une variable aléato ire, par la rela tion suivante :

(4.4)

On nomme cette probabilité fréquence de non-dépassement ou probabilité de


non -dépassement. Son complément à l'uni té es t appelé probabilité de dépassement,
fréq uence de dépassement ou encore fréquence d 'apparition. On définit alors le temps
de retour T d ' un événemen t com me étant l'in verse de la fréq uen ce d' appari tion au
non-dépassement de l'événement. Soit :

1
T =--- (4.5)
I-Fx( xx)

Ainsi, un déb it de temps de retour Te st un débit qui sera dépassé en moyenne tou -
tes les T années (c'es t-à-dire k . T fo is sur k . T années). En d'autres termes, si l'ana-
lyse fréquenti e lle d' une série de débits max imaux permet de déterminer le temps de
retour d' une valeu r particuli ère il n'est a priori pas poss ible de répond re à d'autres
quest ions pertinentes qui peuvent se poser à l'i ngénieur. Par exemple, la notio n de
temps de retour ne permet pas de répondre a ux questions suivantes:
• Quelle est la proba bilité qu'une précip itat ion (o u autre événement) de temps
de retour T surv ienne a u mo ins deux fois durant les dix prochaines années?
• Quel est le temps de retour d ' une préc ipitation qui a une chance sur trois d'être
dépassée durant les c inquante prochaines années?

Pour répondre à ces ques tions impo rtan tes, il convient de reco urir à l' emploi de
lois de probabilité telles que la loi de Bernoulli et la loi binomiale.
On appelle variable de B ernoulli la variab le X s'i l exis te une va le ur p telle que la
loi de probabilité de la variable X s'ex prime co mme suit:

prO) = 1- P (4.6)
p (l) = P

Cec i sig nifie que la var iable aléatoi re X peut prendre deux va leurs d isti nc tes, à
savoi r 0 si la variable n'est pas dépassée durant un ce rtain laps de temps (l'année) ou 1
si ce tte variable est atteinte ou dépassée durant ce même laps de temp s. En répétan t ce
rai sonnement sur une période couvrant plusieu rs intervalles temporels indépendants
124 L' HY DROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

entre eux (plusieurs années) et en co nsidérant que X co mptabili se le nombre de succès


sur la péri ode, à savo ir le nombre de fo is qu ' une certaine valeur est atteinte ou dépas -
sée, X devient une variable aléatoi re binomia le de paramètres fl et p. La lo i de probabi -
lité co rrespondante s'écrit:

pU) = n. ' p 1 . (l -p) I I - { = Il!. . p i ' ( I -p ) "~' =1,2, ... , n (4 .7)


1 (n - I)!I!

En gu ise d'illu strati o n, on peut cons idérer la si tu at ion sui vante: la du rée de vic
d'un o uvrage d 'assai nissement (collecteur) est de 60 ans. On cherche al ors à savoir
quelle est la probabi li té de voi r un évé nement pluvieux cri tique surveni r durant la vic
de J'o uv rage al ors que sa probab ilité d'occ urrence est de une c hance sur dix par a nnée
(cene probabilité est le cr itère de dimen sionnement du co llecteur). L'appli cation
imméd iate de la lo i binomiale (4.7) cond uit à:

P{X > I} = I -Px(O)= I - ( 60!) .0, I O (I _0, 1 )"~o = I,2, ... ,n (4.8)
60-0 '0'

et l' on note qu ' il y a 99,8% de chance pour qu'un tel événement survienne au moins
une fo i s durant la vie de l 'o uvrage. D an s le cas où l 'on co nsidère que cette valeur est
trop élevée, il est po ssible de m od ifier le cri tère de dimensionnement du co llecteur en
augmen tant par exemple son diamètre afin que la probabi l ité qu'un tel événemen t sur-
vienne au cou rs de la vie de l'ouvrage so it de 50% au lieu des 99,8%. Dan s une telle
si tu ati on, on peut déterminer le critère de dimensionnement de l'ouvrage co mme su it:

Px (0) = 1- p{ X > I} = 1- 0,50 = 0,50 (4 .9)

Px(O)= (I - Pl" => p= 1- Px (O) Y., = 1-0,5 '"'' =0,0 11 (4. 10)

Celte probabi lité pennet donc de déterm iner le temps de retour de l 'événement
crit ique à prendre en considérati on po ur le dimensionnement de l 'ouvrage, soi t dans
=
notre situation, T = 1/ P 87 ans (au lieu de 10 ans comme c'était le cas précédem-
ment). En appl iquan t toujours la loi binom iale, on retiendra en core le résultat suivant:

Un ouvrage dimensionné pour un événement critique de temps de retour T-allnées a en


moyenne 2 chances sur 3 (63 %) de subir une défaillance durant les T-années cl venir.

4.7.5 Courbes lOF (lntensité-durée-fréquence)


L'analyse des pluies a permi s de définir deux lois générales de pluvi osi té qui peu-
ve nt s'exprimer de la manière suivante:

Pour une même fréquence d'apparition - donc un même temps de retour -l'intensité
d'une pluie est d 'autant plus forte que sa durée est courte.

ou encore, en coro llaire:

A durée de pluie égale, une précipitation sera d 'a utant plus intense que sa fréquence
d 'apparition sera petite (donc que SOfl temps de retour sera grand).
LES PRÉCI PITATIONS 125

temps de retour

\
, "- "-
" '-
'... '
............ _
........
-1 _ _ T
4
--_ -- --__ T3
--- --- ----- - - - --- T
- - - - - . T1 2

durée
Fig. 4.6 Représentati on schématique des courbes lOF (T4 > TJ > T1 > T. ).

Ces lois pe rmettant d 'é tab lir les re lat io ns en tre le s intensités, la d urée e t la fré-
q uence d' appa ri ti o n des p luies peuvent être représe ntées selon de s co urbes caractéris-
tiques, les co urbes [DF (inte nsi té-durée-fréq uence) (fig . 4 .6).

4.7.6 Utilisation des courbes IDF


Les co urbes IDF ne sont pa s un e fin en soi , ma is so nt construites da ns un bu t bien
précis. Elles perme ttent d ' une part de synthé tiser l' informat io n pluviométrique au
dro it d'u ne stat io n do nnée et, d' a utre part, de calc ul er succ incteme nt des dé bits de
projet et d 'e stimer des débi ts de crue a insi qu e de déterm iner de s pluies de projet
(<< pl uie d'entrée )) utili sées en modéli sa tio n hydrol ogique.
Le calc ul du débit par une méthode simp lifiée, par exemp le la mé thode ra ti o n-
ne ll e , nécess ite la co nna issan ce d'u ne pluie correspo ndant à une fréquence (un temps
de reto ur) et à un e d urée préala blement données. La fréqu e nce est fo nctio n du type
d'o uvrage à protéger et des risques enco u ru s ~ la du rée t e st fo nc tio n du type de pro-
blème étud ié (po ur un calc ul de co llecte des eaux de rui sse ll eme nt, la du rée t est gé né-
ralement cho isie égale au temps de co nce ntratio n ce qui co ndu it dans ce cas à la déter-
mi nat io n d u déb it ma xima l). La co urbe lOF perm et a lors d'estimer l' inten sité
co rrespo ndante po ur f e t T choisis, en d' autres te rmes de défi nir une pluie de projet de
type uni fo rme, caracté ri sée a insi par un e inte nsité co nstante po ur to ute sa d urée.

4.7.7 Construction de courbes IDF


Les co ur bes lO F so nt é tab li es sur la base de l'analyse d ' averses e nregistrées à une
sta ti o n au cours d' une longue période. Les co urbes o btenues peuve nt do nc êt re ana ly-
sées de manière analytiq ue o u statistique.

Représentation analytique
Différentes fo rm ul es so nt proposées po ur représe nter l'in tensité cn llq ue d'une
pluie e n fo nctio n de sa durée, po ur une fréque nce de dépassement do nnée.
126 L' HY DROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

La forme la plus généra le cslla suivante:

k . T il a
i= o u encore, pour T fixé, i = (formule de M ontana) (4.1 1)
(T+C)' Tb

o ù i représente j'intens ité en mm/h, mm/min o u fls. ha , T la péri ode de ret ou r en


années, t la durée de référence en h o u min et k, a, b, c: paramètres d'aj ustement.
La fannule de MOnlan a a été établie pour la S ui sse et a abouti à la formul a ti o n sui -
van te (Bürki et Ziegle r, 1878):

. a
1 = --.= (4.12)
.Jï
où a est une constante de lieu.
Les courbes iDF, calculées po ur les d iffé rentes régio ns de la Suisse, figurent dan s
les nOnlleS s ui sses pour la co nstructi on rou tière (No rme Sui sse SNV 640-350 p. 5).
Elles se présentent de la manière suivante (fig. 4.7).

600 , - - - - - , - - ==C:I--;:::r:============:::;l
fréque nce - .. -
T = [0 V (Valais)

500 ===t=~ _. _. G (Griso ns)


-"
<E
W (B assin lémanique et Pl ateau)

~ C (Ce ntre)
~ 400 +--~
~ ~ ... --- L (Léve ntina)

-
.S! , ...... ------_. S (Sotto-Sopra Ceneri)
.~ 300
u
.~"~ ,
M (Me ndri siotlo)
~
,Co
~ 200 -j::=-:.t:~.... ----''--t=- -F

'i-
---t-----41----
.
-.. ----
~
. 100

+--+-- ~'~'+"",,;f.:::::~ .
• JI .' T •.

-t- .. -t-'-. _ .. :::j ..


.

• • •

• • • •

o - i - - - i - - ---+---+---+---+--+--+--+--+--+---1
o 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60

durée de précipi tation s [min]

Fig. 4.7 Courbes lOF pour les différentes régions de la Sui sse, déterm inées par l' EAWAG (norm e SNV
640-350).

Elles s'expriment par:

K
r = (4 . 13)
B+T

où rest l' intensité moyenne d ' une pluie d ' une durée de 1 minute s atteinte ou dépassée
en moyenne une fois toutes les Tann ées [fIs/ ha] , K un coefficient fonction du lieu et
du temps de retour et B une cons tante de lieu [minutes].
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LES PRÉCIPITATIONS 129

100
12
90
1 ft

-
10

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~
80
70 =tz(
'"
E
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~
.0;; 6 .g•
-"
40

-"
0

0 E 30
4
a 20
10
2
o
o 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
o
INO 18,00 0,00 6,00 12,00 cumu l du temps [%]

(a) (b)

Fig.4.9 Exemple de hyétogramme (a) c t de structure correspondan te (b) pour une précipitation e nregistrée
au nord de Lausanne du 13 novembre 199 1 à 12h00 au 14 novembre à 12h00.

100
7
..--
•0
90
80
1
/
V
.-0
-- 70
0
."-
-
'iJ 60
11
~

"
"-
• 50 ---J 2If
'0" 40 JL
-"
~ "
"
E
30
u"
0
20
.-u0
-0
10

'" 0 -
o 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

fractio n cu mul ée du te mps (% J

Fig. 4.10 Deux exemples de structures de pluies différentes pour u n même volume c t une même durée.

l'événement. Dans le second cas, la fract ion de la préc ipitation présen tant une inten-
si té élevée arrive après qu'une partie de la pluie es t déjà tombée sur le sol et a pu satu-
rer - du moins en partie - le sol. Le second événement présente donc - potentielle-
ment - un ri sque bien plu s élevé d' impliquer un débit de cru e plus importan t que dans
le cas de la prem ière situation du fait qu'au m oment où l'intensi té est maximale, la
capac ité de réte ntion du sol est déjà d im inuée par les précipitations antérieures.
Une pl uie peut être carac térisée par plu si eurs paramètres qui peu vent avoir, au
sein de la même pluie, des temp s de retour très différen ts. Citons no tammen t:
• la hau teur totale de pluie,
• la durée,
130 L·HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

• l'i ntensité moyenn e,


• les intensités max ima les sur des inte rva ll es de temps q uelco nq ues,
• la d istrib ulÎ on d' intens ité instantanée i(t).

Il appartj ent do nc à l' in géni e ur de dé termi ner, e n fo ncti o n du type de projet q u'i l
effect ue, les types de paramètres q u' il co nvient de considérer.

4. 8 ÉVA L UATION RÉG IONALE DES PR ÉC IPITA TIONS

L'ana lyse spati a le des préc ipitatio ns co nsiste à tenir compte de leu r vari ab ili té dans
l'espace. Cette étude es t très importante car la pluie est un des process us hydrolog j-
q ues les plu s vari ab les non se ulement da ns le tem ps mais auss i dans l'espace en fonc-
ti on de paramètres régionaux et/ou locaux com me la vitesse d u ve nt ou la topograp hi e.
D 'embl ée, o n sou lig nera qu e la problé matique de la représentativi té d' un e mes ure
po nctuelle des précipitatio ns n'est pas c hose simple et q u'il co nvient d'être extrême-
ment prudent face à l' intégrat io n spati a le de mesures effectuées localement. Quo i
q u' il e n so it, il ex iste d iffé ren tes méth odes permettan t de déte rm iner des va le urs
moyennes de préc ip itat io ns de mani ère satisfaisante si certai nes co nditio ns métrologi-
q ues so nt respectées (c hap. 8).
D'u n po in t de vue pratiq ue, la représentation spat ia le des préc ip itatio ns est impo r-
tante pour les projets d'aménagements des terres et des eaux tels qu e le dra in age,
l'est imat io n des ressources hyd ri quc d'un bassin ou encore le d imensio nn emc nt de
co ll ec te urs po ur des projets de dra inage urbai n.
Pour l'évalu at ion régio na le des précipitatio ns, on procèdc d'o rd inaire à une inter-
polat ion des do nnées plu vio métriq ues co ll ectées loca lemen t. Cette interpo lat io n per-
met d'a tte indre plusie urs obj ect ifs, notamment:
• le calcul des lames d'eau moyennes cl [ 'échelle du bassin,
• la cartographie des précipita tions.

Ava nt de procéder au calc ul de la précip itat ion moyenn e d u bass in ve rsant, il


importe de co ntrô le r la q uali té des do nnées pl uviomé tri q ues, le ur homogé néité e t leu r
rep résentativi té (c hap. 9).

4.8.1 Calcul de la pluie moyenne sur le bassin versant


La p lui e moyenne sur un bassi n versant peut être éval uée à partir des do nn ées
po nct ue lles obtenues e n plusieurs statio ns plu viométriques sur le bass in ou à prox i-
mité. On calcule une moye nn e arithmétiq ue o u une moyenne po ndéréc, suivan t les
cas. La méth ode de Th iessen permet de réa lise r cette po ndérati o n en affec tant à cha -
q ue pluvio mètre un e zone d' influ ence do nt l'a ire représe nte le fac teur de po ndérat ion
des vale urs mes urées. Les différen tes zo nes d' infl uence so nt déterm inées par déco u-
page géomé triq ue d u bassin su r une carte topographique. II es t également possible
d'attrib uer un poids a ux plu viomètres de la zo ne d'étude e n fo nctio n de la cou rbe hyp-
sométri q ue de celle-ci et en tenant compte du gradien t pl uviomét ri q ue altimétrique.
D 'autres méth odes peuven t être auss i ut ili sées pour calc ul er une pluie moyenne
su r un bassi n don né. Pann i cell es-ci, ci to ns:
• La méthode des isova leurs ou isohyètes (lig nes de même pluviosité) q ui a uto-
ri se un calc ul direc t de la p luie moyenne à la simp le lecture de ces cou rbes, si
dispo nibles.
LES PRÉCIPITATIONS 131

• Les méthodes d' in terpo lation, celle du krigeage en parti culier, qui pemlettent
la pondération des mesures d isponibles en minimisan t la vari ance d'esti mation
résu ltante. Le krigeage est basé sur une fonction de corrélatio n spatiale qui
s'apparente au corrélogramm e, ou enc ore à so n in verse, au variog ramm e.

4.8.2 Passage des pluies ponctuelles aux pluies moyennes sur une surface
La hauteur des précipitatio ns tombant sur une surface diminue lorsqu 'o n s'éloigne
du centre de l'averse. Il est possible de tracer les cou rbes do nnan t la hauteur de préci-
pitati on e n fonc tion de la surface co nsi dérée dans l' emprise d' une averse et ajnsi de
préciser le taux de décroi ssance, au trement dit le rapport de la hauteur de la lame
d' eau moyenne à la hauteur de lame d'eau maxi male. On peu t égaleme nt tracer des
co urbes don nant la va leur de ce rappo rt , appelé coefficient d 'abattement, en fonctio n
de la surrace considérée et de la durée ou de la ha uteur de précipitati on (fig. 4 .11).

1
e
1 1 --
160000
1p URE DE
1
t' -,
150000 L L
<
~--••
140000
1
1
1
1 .-,
~

-E
- 130000
--••
~

--
x

1 1 1 --•
-•
-
<
<
••
•u•
120000

110000
L
1
L
L L
1
L
L
-

,•
-•••
••
100000
.-•
~

90000 •
80000
~

--••
E

-•

Coordonnies y IlIll

Fig. 4.11 Sché ma d 'abatteme nt spat ial de l' événement pluviométriq ue d u 21-23 septembre 1993 dan s la
vallée supérieure du Rh ô ne (Schéma B in n-Si mplo n) (Greb ner. 1993).

4.9 CONCLUS IO N

Sans se su bstituer à un cou rs de météorologie, ce chapitre nous a permi s d'i ntro -


duire le lecteur a ux principaux processus de formation des précipi tations d ' une part,
ainsi que, d'autre part, aux mé thodes essenti elles d'analyse des préci pita tions au tra-
ve rs de deux notions fondamentales de l'hydrologie q ue son t le temps de retour et [es
co urbes intensité-durée-fréquence. Enfin , nous avo ns somm airemen t a bordé l'étude
de la structure des pluies ains i que leu r évaluation rég iona le. Ces élémen ts faisant
appel à des méthodes d'ingénierie appliquée, ils seron t repri s en détai l dans un pro-
chai n vo lume consac ré à l' hydro log ie de l'i ngénieur.
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INTERCEPTION ET ËVAPORATION 135

5.1.2 Evaporation et transpiration


Dans la troposphè re, c'est-à-dire, la couche de l'atm osphè re a u vo isinage du so l
(son épaisseur est de 2 à 3 kilomètres e nviron), l' air ambiant n'est jamais sec ma is
contient un e part plu s ou moins importante d'eau sous rorme gazeuse (vapeur d 'eau)
qui es t fournie par :
• L'évaporation physique a u-dess us des surfaces d'cau libre (océans, mers, lacs
et co urs d'eau) des sols dépourvus de végétati on et des surfaces couve rtes pa r
de la neige ou de la glace.
• La transp iration des végéta ux qui permet à la vape ur d'eau de s'échapper des
plantes vers l'atmosphè re.
• L'évapotransp iration du so l lorsque celui-c i est recouvert par de la végé tation.
Le terme évapotranspi ration regro upe en fai t la transp iration et l'évaporation
de l'eau lorsque l'on est en présence d' un végétal. Le regrou pement de ces
deux processus so us un terme spéc ifique est dO au fait qu'il est so uvent diffi-
cile de les différencier.

L'évaporati on et la transpirati on se tradui se nt par la transformat ion de l'eau


liquide en eau gazeuse et req ui èrent donc de l'énergie. Il n'est don c pas inutile de rap-
peler que ces process us se traduisent par un refro idissemen t tandis que la transfom1a-
lion inverse, à savoir la co nden sati on, libère de l'énergie calorifique et s'accompagne
d'une au gmentation de la tempé rature.
L'évaporat ion et plus partic uli èrement l'évapotranspiration jouent un rô le essen-
lie l dans l'étude du cycle de l' eau. Comme l'i llu stre la fi gure 5. J, ces mécanismes
sonl importants en regard des qu ant ités de précipitat ions inc identes aussi bien à
l'éc helle de la planète qu 'à celle du bass in versant.

Importance de l'évapolr.llnspiration

... à l'échelle de la planète: P = 11 6000 km3 , ET = 72000 km 3/an (62 %)

... à l'échelle d'une zone climatique: P =49000 km 3, ET= 27800 km 3/an (57 %)

... à l'échelle de la Sui sse: P = 60 km 3. ET = 19,5 km3Jan (33 %)

... à J'échelle d ' un bassin versa nt: P = 2,2 mio m3, ET= 1.2 mio m3/an (55%)

Fig. 5. 1 Importance rel ati ve de l'évapotran spirat ion (En par rapport à la précipi tation incidente (P) pour
différentes échelles spatiales.

La figure 5.2 ré sume sc hématiquement les différents éléments intervena nt dans les
processus d' interception (tennes e n ital ique) et d'évaporation et d'évapotranspiration,
qui fon t l'o bjet de ce chapitre, à savo ir: la précipitation incidente à la surface du cou -
ve rt végétal, la transp irat ion du végé tal, l'évaporati on de l'eau interceptée, le dra inage
de l'eau rés iduelle au travers de la canopée, l'écoulement de l' eau le long du végétal
et des troncs et, enfin , l'évaporatio n de l'eau du sol ai nsi que les prélèvements par les
, , . . . . .
vegetau x qUI so nt en partie conve rti s en transpiratIOn.
136 L'HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

Préc ipitations

Transpi ration

Evaporation
de la canopéc

Evaporation
Evaporatio n le long
du sol Drain age de la ca nopée
des branches et tronc

a 0

V Absorption par les racines


Fig. 5.2 Principaux éléments intervenant dan s les concepts d' interceptio n el d ' évapolra nspiral io n.

5.2 ÉVAPORATIO N

5.2.1 Description et formulation du processus physique


C'est par le mouvement des mo lécu les d'eau que débute l 'évaporation. A l 'inté-
rieur d'une masse d' eau liquide, les molécules vib ren t et circ ul ent de mani ère désor-
donnée et ce m ouvement est lié à la température: plus elle est élevée, plu s le mouve-
ment est amplifi é et p lu s l'é nergie assoc iée est suffi sante pour penneltre à certaines
molécu les de s'éc happer et d 'entrer dans l' atmosp hère. Dalton ( 1802) a éta bli , sUÎte à
des travaux sur le sujet, une loi qu i exp rim e le taux d'évaporation d'u n plan d'eau en
fonc ti on du défici t de saturati on de l'air (q uantité d'eau e eu que l'air peu t stocker
j
-

exp ri mée en Pasca l (Pa] , en milliba rs (m b] ou m ill imètres de merc ure [mm Hg]) et de
la vitesse du vent u. Cette lo i est formulée selon la relation suivante :

(5.2)

o ù E est le taux d'é vaporation (o u flux d'évaporati on ou vi tesse d'évaporatio n), e{/ la
pressio n effective o u actuelle de vapeur d'eau da ns l'air, e la pression de vapeu r d'ea u
j

à saturatio n à la température de la su rface évaporante et f(u) la co nsta nte de propor-


tionnalité (avec vitesse du vent u).
Cette relat ion exprime aussi qu'en théo ri e et dans des conditions de pression e l de
température données, le processus d'é vaporation est possi ble ju squ' à ce que la pres-
sio n de vapeur effecti ve atte igne un e lim ite supéri eure q ui n'est autre que la press ion
INTERCEPTION ET ËVAPORATION 137

de vapeur sa turan te (J 'évaporation cesse dès que es = e). Ainsi, pour qu'il y ail évapo-
ration, il faut que le gradient de pression dû à la vapeu r d'eau so it positif.
On soul igne ra encore que la pression de vapeur sa turante augmente avec la tempé-
rature. Elle peut s'exprimer comme sui t, avec la température en degrés Celsiu s:

17,27·/
[Pa = N/m'] (5.3)
237,3+/

La figure 5.3 illustre cette relation entre pression et température.

1000
900
800
~

"-
~
" 700
~
600
0
.-,,0 500 /
~ 400
0-
300
200
1
100
0
o 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
température rCJ

Fig. 5.3 Evol ut ion de la pression de vapeur saturante en fonctio n de la température.

5.2.2 Facteurs météorologiques intervenant dans le processus d'évaporation


Comme nous l'avons vu, l' évaporati on dépend d'une part de la capacité de l' a ir à
stocker de l'eau el, d'autre part, de la q uan ti té de chaleur à disposition.

Quantité de chaleur disponible


La quantité d'eau pouvant être évaporée à partir d'une surface dépend de la q uan-
li té de chaleur provenant du soleil. Cette q uan ti té de chaleu r varie, d'une part, selon
les conditions géograp hiques (gradient de lat itude), et d'autre part, selon l'élé vat ion
de la surface liquide par rapport au niveau de la mer (grad ient a ltimétrique). Le gra-
dient altimétrique de l' évapo ration es t, en réalité, une image du g radient thermique. Il
vaut env iron 0,65 oC par 100 mètres d'élévation.
Les échan ges de chaleur entre l' atmosphère, la surface du sol et la surface des lacs
et des océans, qu i sont les age nts de l'évaporation, s'effectuent par convection et
conduction . Cette énerg ie éc han gée est, en tout point, compensée par un transfert
d'eau q ui s'évapore à un endroit, pour se condense r à un autre et reto mber sous forme
de précipi tations. Ces échanges de chaleur entretiennent le cycle de l'eau.
Les mouvements horizontaux et verticaux qui brassent l'atmosphère mettent en
jeu des échanges et des transformations d ' énergie. L' une des causes fondamentales de
cette agitation réside dans la distribution des températures à la surface terrestre ainsi
qu 'a u sein de l'atm osphère e lle-même. L'évaporation est donc fonction des rapports
éne rgét iques entre l' atmosphère et le plan d'eau.
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INTERCEPTION ET ËVAPORATION 145

ce sens que les g rad ien ts verti ca ux e t les vitesses ho rizontales so nt nettement supé -
rieurs a ux g radients ho ri zon taux et aux vi tesses verti cales. Cette co uc he lim ite co nsti-
tu e la région de l'atm osphère pour laquelle les co nditi o ns de s urface affec tent de
façon notable les phénomènes de tran spo rt à so n vo isinage . C'est auss i dan s cette par-
ti e de l'atmosp hère qu'apparai ssent des phénomènes de tur bu len ce.
En généra l, on défi ni t la vitesse moyenne u [m is] o u le gradient de vitesse
moyenne du I dz dan s un écoulement en fonc ti o n de la co ntra inte de cisaillemen t, de
la masse volumique du fluide et de la di stance à la paro i z. On peut ai nsi écrire la re la -
tion s ui vante:

Il ,
-----;----'--,- = /( (5. 12)
z (dil / dz)

o ù Ir [-] est la co nstante ad imensio nnelle de Von Karma n valant approx imati vement
0,41 . La vitesse li . [m is] peut être co nsidérée comme une vitesse de fri ctio n trad ui-
san t le frotte ment dû aux turbule nces de la circulatio n de l'ai r au-dessus de la surface
du so l.
En intégrant l' équati o n (5. 12) e ntre Zo et Z, o n obtien t respecti vement:

_ li . Z
li = - · ln (5 .1 3)
/( Zo

avec Zo' une cons tante d'intégrati o n dont la dimen sion est celle d ' une lo ngueur.
On peut défi nir cette va leur co mme l'i nte rsection de la d roi te représen tant l'évolu-
tion de la vi tesse du ve nt e n fo ncti o n de l'élévation dan s un système de coo rdo nn ées
semi-Iogarithmiques. Elle dépend en princi pe uniquement de la géomé tri e du mi lieu
et se no mme communément ha uteur de ru gosi té ou hauteur de fro ttemen t. To utefo is,
po ur des surfaces qui présente nt un co uvert végé ta l, il es t difficile de préc iser un e
va leur co rrecte de cette grandeur et l'on est co ntraint d'admett re q ue Zo se si tue que l-
que part en tre le nivea u d u sol et la hauteur de l' o bstacle (par exemple la végétation) .
u. est la vitesse de frottement dé fini e co mme la raci ne carrée du rapport entre la
co ntrainte de cisailleme nt T [Pa] et la masse vol um iqu e du flu ide p [kg/ ml], so it
Il, = ,fT / p .
Les élémen ts précédemme nt exposés ont co nduit les scientifi ques à proposer une
fonll ulati o n légèrement différente de la re latio n (5. 13):

Il,
-,-------,--"-'--::::-c--:- = /( (5. 14)
( Z- d ) (du/dz)

soi t:

_ u. z- d (5.15)
li = - · In
/( Zo

La grandeur d représen te la hauteur de dépl acement du plan de flux nu l. E lle


constitue en fait un terme correc ti f car la vi tesse null e du vent n' e st pas o btenue direc-
tement à l'altitude du so l mai s à une altitude co rrespo ndant à d + ZOo Les relati o ns
146 L'HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

ci-dessus perm ettent de déterminer la v itesse du vent à une altitude quelconque à par-
tir de la con naissance de la vi tesse du vent m esurée à une autre altitude, par exempl e
celle de la slal io n m é1éorolog iq ue (fi g. 5. 7):

Z, - d
ln
Zo
lt
2
= U
I
' (5.16)
Z2 -d
ln
Zo

où d Cl Zo représentent respectivem ent la hauteur de déplacem ent du pl an de Hu x nu l et


la co nstante d'intég rat ion de la relation (5 . J 3), Z1 et 22 représentent les ha uteurs co r-
respo ndant aux vitesses LI]. et Li l 2 ,

1
1

1
1
1 profil lhéorique sous
- '-','- , / couvert forestier
/
/

- -. x
Fig. 5.7 Profi l vertica l des vitesses du vent SOLIS couvert forestier.

5.2.3 Facteurs physiques intervenant dans le processus d' évaporation


Les fac teurs physi ques qu i a ffecte nt j'évaporatio n d ' une surface dépendent non
seulem ent de la capac ité à em m agasiner de la vapeur d 'eau, m ais aussi des proprié tés
de cette surface; ils sont donc variab les selon qu ' il s'ag it de l 'évaporation à part ir
d'u ne sur face d'eau li bre, d'un sol nu ou d' une su rface recouver te de neige.

E vaporation à partir des surfaces d'eau libre


L'évaporat ion d' une surface d'eau libre dépend non seulement de propri étés phy -
si ques et géom étriq ues de cette surface (profondeu r, étendue) mais auss i des proprié -
tés ph ysiques de l 'eau (outre la température déj à évoquée ci-dessus, on peut citer la
salin i té).

O n re ndra ic i attenti r le lecteur qua nt au rai t quïl ex iste encore d'autres rormulatio ns des profil s de
vent et que ce lles-ci sont encore largeme nt discutées dans la littérature scientifique actuelle. A titre
ind icatif, o n consulte ra Jetten, Y.G., 1996 . Interception of 1ropical min f orest: performan ce of a
canop)' \Voter balall ce mode/. Hydrological Proccsses. 10: 671 -685. ainsi que FAO, 1998. Crop
evapotran spiration. FAD Irrigation a nd drai nage paper, 56. FAO, 300 p.
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148 L·HYDROLOGIE. UNE SCIENCE DE LA NATURE

Tableau 5.2 Ordre de grandeur de l'évaporal io n moyenne annuel le des grandes nappes d'eau libres sous
différents climats. Tiré de Réméniéras ( 1976).

Régions Evaporation moyenne ann uelle LmmJ


Régions tropicales 15003 à 3000
Lac Tchad (profondeur 4 à 5 m) 2260
France. sauf bassins méditerra néens 660" 700
Sud de la France et Espagne 1000 à 1500
Italie (réservoirs de moyenne altitude) 1200
Nord-ouest de J'Allemag ne et Po logne 450 à 700
Lacs de la Suède méridionale (moyenne d ' après Wallen) 600
Lac d'Ercé 835
Lacs Michigan ct Huron 643
Lac Léman 650
Mer morte 2400
Lacs de montagne des Alpes (vers 2000 m d 'altitude) 200 (?)
Lacs de Russie d ' Europe (prof. moy. 5 m. longueur moy. suivant 400 mm pour 64" de latitude.
la di rection du vent dominant : 10 km) 950 mm pour 48" de latitude
Lacs de l'Asie moyen ne (Stali nabad) 1500à1600

Evaporation à partir d'un sol nu


L'évaporation d'un so l nu est cond iti o nnée par les mêmes facteurs météo rologi-
ques que ceux inte rvenant dans l'évapo rati on d'une surface d 'eau li bre. Tou tefo is, s i
la q uan tité d'eau à dispositi o n n'était pas un facteur li mitant dan s le cas de l'évapora-
ti o n à partir d'une su rface d'eau libre, elle le dev ient da ns la s ituatio n d'un sol nu .
L'évaporati on d'un so l nu est donc influencée d ' une part par la demande évaporative
majs auss i par la capac ité du sol à répo ndre à cette demande et sa capacité à tran smet-
tre de l'eau ve rs la surface, fo nct ion de diverses carac téristiques.

Teneur en eau du sol


La teneur en eau du sol co nditi o nne les pro cessus d'évaporation. Plus le so l est sec
et p lu s les flux évaporés seront faibles. A l' inverse, un sol saturé peut même évapo re r
de l'eau à un ta ux supérieur à ce lui d'une surface d 'eau lib re vu que le microre lie f du
sol peut constit uer une surface évaporante plus importante que ce ll e d'un lac ou d'un
, .
reservOl r.

Capillarité
Dans le cas où le sol est rel ativement peu humide et dans la situation d'un so l nu
en l'absence de nappe, le rég im e d'évaporat ion est fixé par la plu s petite des co ntrai n-
tes en tre les cond it ions météo ro log iques c t la capac ité du so l à tran smettre de l'eau
vers sa surface. Dans ce cas, les remontées capillaires pe rme ttent d 'amener de l'eau
jusq u'au front d'évapo ration. On retiend ra to utefois que l'évaporat ion fajsant su ite à
des remontées capillaires est généra lement peu importa nte.

Régions tropicales humides.


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COLLECTION GÉRER L'ENVIRONNEMENT 21
Cet ouvrage de référence en hydrologie générale présente les notions fonda-
mentales de cette discipline récente. Le cycle de l'eau et le bilan hydrologique
sont tout d 'abord décrits en détail , ainsi que le bassin versant, entité naturelle
dans laquelle les processus se déploient. Les éléments spécifiques qui compo-
sent le cycle de l'eau sont ensuite traités et analysés: mécanismes des précipi-
tations et propriétés, processus d' interception, d'évaporation et de transpira-
tion, infiltration et écoulements de surface et souterrains, stockage de l'eau.
L'ouvrage présente également les différents appareils de mesure à disposition
de l' hydrologue ainsi que les méthodes essentielles d 'acquisition et de traite-
ment des données hydrométéorologiques. Il se termine par la description des
régimes, processus et réponses hydrologiques de systèmes hydriques. Actuel et
sans précédent en langue française, ce manuel illustre à la fois l'importance et
la complexité de cette science ainsi que la fragilité de la ressource naturelle que
constitue l'eau.

Origina ire de Dompierre (FR), André Musy obtient cn 1970 son di plôme d" ingénieur EPFL cn génie rural
et géomètre, suivi d"une maîtrise en hydrologie, cn statistique et d' un doctorat de r EPFL dans le domaine
de la physique du soL Il continue sa formation dans diverses universités américaines, à Davis notamment,
ava nt de revenir à ' "EPFL où il est chargé de cours cn hydrologie el chef de travaux à 1"Institut de génie rural.
II est a ussi chargé de cours dans plusieurs universités étrangères. Dc 1978 à 1983 , il dirige des projets cn
hydrologie et aménagements de l' O rganisation météoro logique mondiale et du Programme des Nations
Unies pour le Développement, en A frique subsaharienne pri ncipa lement Dès 1983, il est professeur à
l' EPFL, titulaire de la chaire de génie rural. Actuellement, il dirige 1"1 nstitut des Sciences et Technologies de
l'Environnement et le laboratoire Hydrologi e el Aménagements. Il est expert auprès de nombreuses organi -
sations internationales.

Né à Vevey en 1970, Christophe Higy fa it ses études universitaires à l' Ecole polytechnique fédérale
Lausanne o ù il obtient en 19% son diplôme d'ingénieur du génie rural et géomètre. En 1997, il obtient sa
maîtrise en hydrologie puis en 2000, son doctorat ès sciences techniques dans le domaine de la modélisation
hydrologique. Après un séjou r de deux ans au Service des chemins de fer féd éraux où il dirige un projct de
modern isation des installations de sécurité ferro\'iai re en partenariat avec r industrie, Christophe Higy est
nommé à la direction du Service interco mmunal de gestion du district de Vevey. Ses activ ités portent sur la
gestion durable des ressources en eau et des produits de r acti\,ité humaine. Il est éga lement chargé de cours
à rEPFL pour renseignement püStgrade des bases de la modélisation hydrologique et responsable des rele-
vés topographiques d"un site archéologique en Egyptc.

ISBN 2- 88074-546- 2

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PRESSES POLYTECHNIQUES ET UNIVERSITAIRES ROiVlAl'-TDES

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