Le Desir Sexuel Sbastien Landry
Le Desir Sexuel Sbastien Landry
Le Desir Sexuel Sbastien Landry
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L'auteur
Introduction
Le sentiment amoureux
Le désir sexuel
La puberté
La vie adulte
Le plaisir et la sexualité
Le vieillissement
La dimension psychologique
Éducation et sexualité
Le travail
Les écrans
Le stress
Le sport
La grossesse
Le post-partum
Les enfants
Les causes psychologiques
Une dépression
Un stress chronique
La fatigue
La pornographie
Et l'alimentation ?
Exemples d'exercices
La masturbation
La place du toucher
Le tantrisme
L'hypnose thérapeutique
La sexothérapie
Privilégier la régularité
Est-ce un trouble ?
Le trouble de l'hypersexualité
L'asexualité
Conclusion
Il est trop souvent mis en avant une indépendance des troubles sexuels par
rapport à la relation de couple. Comme s’il suffisait de dormir dans un
même lit pour se désirer ! L’affectif est très important. En effet, l’amour,
les sentiments, la relation à l’autre sont les fondements du couple : la
libido est un excellent indicateur de la santé du couple. Le lien entre les
divergences de désir sexuel et l’insatisfaction dans un couple a été prouvé
par de nombreuses études scientifiques1.
La libido n’est pas figée, elle varie au cours de la vie. Elle subit
l’influence de nombreux facteurs. La différence de désir sexuel dans un
couple n’est donc pas un problème en soi. C’est dans la façon de vivre
cette différence et dans la qualité des échanges du couple que tout se joue.
Si le couple est en souffrance, si l’incompréhension prend le dessus, alors
l’inhibition du désir sexuel peut devenir un véritable problème.
Que ce livre vous aide à booster votre libido et, par là même, à améliorer
votre sexualité : le désir change, évolue, et donc s’apprend ! Rappelez-
vous que vous n’êtes pas la ou le seul(e) dans ce cas et que des millions de
personnes sont dans votre situation.
Partie 1
Le désir sexuel
Le désir sexuel, qu’est-ce que c’est ?
Le sentiment amoureux
Le sentiment amoureux est une émotion que l’on ressent pour une autre
personne, peu importe son identité sexuelle. Il peut nous surprendre de
façon relativement violente, ce que l’on appelle couramment le “coup de
foudre”, mais il peut également s’installer progressivement avec le temps,
au fur et à mesure que la relation évolue. Ce sentiment amoureux
constitue le noyau central de l’intimité et de la complicité entre les
membres du couple. Le maintien de ce sentiment ne sera possible que si
les deux partenaires parviennent à s’adapter à la vie quotidienne avec ses
hauts et ses bas. De plus, il apparaît important, pour que le couple dure
dans le temps, que les partenaires s’accommodent des petits défauts de
l’autre : au début, ils amusent, mais avec le temps ils peuvent devenir
irritants. L’admiration pour son ou sa partenaire est un élément essentiel à
la poursuite d’une relation amoureuse saine et enrichissante. En effet, pour
que le sentiment amoureux perdure dans le temps, il doit être nourri par
l’admiration que l’on porte à l’autre comme le parent qu’elle ou il est,
pour sa détermination professionnelle, son engagement dans des projets,
des associations, etc.
Le désir sexuel
Le désir sexuel est, quant à lui, l’envie d’avoir un contact intime et sexuel
pour répondre à un besoin et en retirer du plaisir sexuel. Celui-ci peut se
manifester avec ou sans la présence du sentiment amoureux. Pour
certaines personnes, ce désir sexuel n’est présent que si le sentiment
amoureux préexiste, mais pour d’autres, il en est totalement indépendant.
Ce désir sexuel est entretenu par notre inconscient, source de nos pulsions
sexuelles. Ces pulsions nourrissent notre imaginaire érotique et, par là
même, les fantasmes indispensables dans le désir sexuel.
Stéphane est célibataire depuis plus de deux ans. Pour lui, c’est compliqué de trouver
quelqu’un : « Ce n’est pas simple à mon âge de retrouver quelqu’un. Je ne cherche
pas du sexe, je cherche un partenaire, un homme avec qui je pourrai partager quelque
chose » ; « Je n’aime pas le sexe pour le sexe, ça m’est déjà arrivé par le passé mais
franchement je n’aime pas ça » ; « J’ai besoin d’aimer pour envisager un rapport
sexuel ».
Angélique ne veut pas se mettre en couple de façon sérieuse : « Je suis jeune, je n’ai
pas envie de me caser » ; « J’aime le sexe, les plans sans lendemain » ; « Je me sens
libre et l’idée de le faire avec une personne quasiment inconnue m’excite ».
Alexandre est marié depuis dix ans et père de deux enfants. Cela fait trois ans que sa
femme et lui n’ont pas eu de rapports sexuels car Alexandre n’a plus de libido. « Ça fait
quelques années que ça ne va plus du tout dans notre couple, on reste ensemble pour
les enfants » ; « Je ne peux pas faire l’amour avec elle alors que je ne l’aime plus » ;
« J’ai toujours eu des rapports sexuels avec des femmes que j’aimais, je ne peux pas
faire semblant, c’est impossible pour moi ».
Les différents stades
de la vie et leur impact sur la libido
La puberté
La vie adulte
La sexualité change chez l’adulte. Les témoignages réalisés chez des
cohortes d’adultes sexuellement actifs mettent en avant que les personnes
de 30-40 ans n’échangeraient pas leurs sexualités actuelles contre celle
de leurs 20 ans. Souvent les adultes s’acceptent mieux physiquement qu’à
20 ans, surtout chez les femmes. De plus, ils se connaissent plus, savent ce
qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas. Pour les hommes, l’expérience et
la maturité changent souvent la vision des choses. Être bien dans sa tête et
dans son corps permet un accès au plaisir sexuel plus facile. Souvent chez
l’homme, on voit une disparition de l’angoisse de performance pour
orienter sa sexualité vers le plaisir et non la performance.
« Lorsque j’étais jeune, il fallait que je me prouve que j’étais un bon coup. Qu’avec moi,
les filles, avaient plus de plaisir qu’avec les autres mecs » ; « Avec le temps et l’âge,
les femmes m’ont montré que cette façon de voir les choses était fausse » ; « Ma
sexualité a complètement changé et maintenant ce qui compte le plus pour moi, c’est
le plaisir mutuel ».
S’il est vrai que notre sexualité dépend de notre vie psychoaffective, son
évolution est tributaire des expériences que l’on vit et de la façon dont on
évolue. C’est souvent plus flagrant chez les femmes, qui ont tendance à
s’autoriser plus de liberté sexuelle en avançant en âge, se dégageant de la
pression sociale qui a pu leur peser étant plus jeunes.
« Chez moi, le plaisir sexuel était une affaire d’hommes. J’ai mis beaucoup de temps à
avoir une vraie sexualité hors de la soumission et de la honte du corps. C’est avec le
temps et grâce à certains hommes que j’ai pu enfin me libérer et m’autoriser à jouir » ;
« Mais je ne me sens vraiment femme que depuis environ trois ans ».
Le plaisir et la sexualité
Chez l’homme, c’est souvent le plaisir qui motive la sexualité alors qu’il y
a de très nombreuses femmes qui ne connaissent pas un début de vie
sexuelle associée à du plaisir sexuel. Il est fréquent que, chez la femme, il
n’y ait que le temps qui permette le lâcher-prise et l’abandon nécessaires
au plaisir sexuel. Mais l’évolution des mentalités laisse à penser que les
jeunes femmes des générations à venir seront moins soumises aux diktats
dont ont souffert leurs aînées. La sexualité change avec le temps. Entre
18 et 25 ans, les hommes peuvent difficilement être mûrs. Tout
simplement parce que leur désir sexuel est trop élevé et qu’il leur faut du
temps pour apprendre à le maîtriser. De plus, l’homme est souvent centré
sur son sexe lorsqu’il est jeune et a souvent pour cible celui de la femme.
Avec la maturité, il va porter son intérêt sexuel sur l’ensemble du corps de
la femme en le morcelant le moins possible : c’est la découverte de
l’intimité sexuelle.
« La masturbation a longtemps été pour moi très tabou » ; « Quand je le faisais plus
jeune, je culpabilisais après » ; « Maintenant, c’est devenu un vrai plaisir » ; « Avec la
fatigue du travail ou des enfants, on se masturbent même mutuellement avec mon
mari, ou chacun de son côté, c’est moins fatigant, plus rapide qu’un rapport sexuel et
on y prend beaucoup de plaisir ».
Le vieillissement
Les études qui s’intéressent à la vie intime et sexuelle des personnes âgées
mettent en avant des difficultés sexuelles dues à l’âge mais attirent notre
attention sur l’épanouissement sexuel de nos anciens1. Le désir sexuel
peut diminuer avec le temps, mais il n’a pas d’âge ! En vieillissant, le
taux de testostérone diminue chez les hommes. Par conséquent, le désir
sexuel devient moins pressant, moins important. Pour les femmes, la
ménopause peut, chez certaines, entraîner une diminution du désir sexuel,
alors qu’il augmente chez d’autres car la testostérone (également présente
chez la femme), se révèle plus active. Le désir sexuel peut diminuer à
cause de diverses pathologies et des traitements associés que les personnes
âgées peuvent rencontrer.
Quand les personnes âgées sont en bonne santé, l’activité sexuelle, qui
diminue quand même avec l’âge, reste aussi présente chez l’homme que
chez la femme jusqu’à 80-90 ans.
Bien entendu, une moins bonne santé est associée à une diminution plus
importante de la sexualité et à une prévalence plus élevée de troubles
sexuels, en particulier chez les hommes. L’étude met en avant qu’au-delà
de 50 ans, les femmes rapportent plus fréquemment des difficultés, telles
que la baisse de libido dans 32 % des cas et la difficulté à atteindre
l’orgasme présente chez 27 % des femmes de l’étude. Quant aux hommes
la difficulté majeure est la dysfonction érectile présente chez 39 % des
sujets de l’étude.
Le stade oral
Le stade anal
Le stade oral laisse place au stade anal entre 2 et 4 ans. L’enfant apprend à
marcher, à parler et à contrôler ses sphincters. Il n’est plus dans une
dépendance totale vis-à-vis des adultes. L’apprentissage de la propreté met
au premier plan les sensations éprouvées dans la région anale. Le plaisir
libidinal réside dans la rétention ou le relâchement des excréments.
L’objet expulsé, perdu à jamais, peut l’être quand l’enfant prend plaisir à
faire ce “cadeau” à ses parents. Ceux-ci, aux débuts, s’extasient d’ailleurs
devant les selles déposées dans le pot de bébé. L’enfant fait ainsi
l’apprentissage du don de soi. Pour certains enfants, être brutalement
dépossédés du contenu de leur corps provoque une angoisse majeure.
D’autres peuvent se retenir plusieurs jours, prenant plaisir à maîtriser leur
corps, à se déclarer indépendants vis-à-vis de ses parents.
Le stade phallique
La période de latence
L’adolescence
Cette période de la vie constitue le stade génital par excellence puisqu’elle
commence par la puberté. La sexualité passe d’autoérotique à un érotisme
tourné vers l’autre. Les pulsions partielles s’organisent sous le primat du
génital. La logique œdipienne se réveille de façon intensive. Les
modifications corporelles induisent un remaniement des relations avec
l’entourage et souvent une crise sur plusieurs niveaux. Tout d’abord,
apparaît un investissement d’autres modèles parentaux. Puis, il y a une
modification de l’estime de soi et des questions narcissiques et
identificatoires. L’adolescent se focalise sur des détails, tels que la forme
de la bouche, le nez, etc. L’adolescent en difficulté trouve différentes
échappatoires comme les études, la transgression, etc. C’est une façon de
faire appel à un tiers extérieur, représentant de la censure quand le Surmoi
ne suffit pas et que les interdits parentaux n’ont pas été suffisamment
intériorisés. Cela peut également engendrer un certain repli sur soi.
Existe-t-il une véritable différence entre
la femme et l’homme ?
On entend souvent dire que les hommes ont plus souvent envie de faire
l’amour que les femmes. Les hommes présenteraient, selon les
croyances collectives, une libido bien plus élevée que celle des femmes.
Mais qu’en est-il réellement ?
Les Français sont convaincus qu’il existe une différence dans les besoins
sexuels des femmes et des hommes. D’après l’étude Contexte de la
sexualité en France1 il en ressort que 73 % des femmes et 59 % des
hommes adhèrent à l’idée selon laquelle, par nature, les hommes ont un
plus grand appétit sexuel que les femmes. Cette croyance l’emporte chez
toutes les générations, y compris chez les plus jeunes, dans la tranche des
18-24 ans et surtout chez les femmes. Les femmes qui pensent qu’elles ont
moins de besoins, d’envies sexuelles, vont habituellement avoir moins de
relations extraconjugales. Selon certains psychologues, les femmes se
contentent d’accepter la « protection du mâle », tandis que les hommes
vont chercher à répandre au maximum leurs gênes avec le plus grand
nombre de partenaires. C’est du moins ce qui nourrit l’inconscient
collectif. Ces croyances, encore présentes dans nos sociétés actuelles,
proviennent de la culture, de l’éducation et de l’histoire personnelle des
individus. Dans le même ordre d’idées reçues, on dit souvent que les
hommes ne pensent qu’au sexe et les femmes à l’amour. Ce sont là encore
des représentations autour de la sexualité que tout le monde n’a pas. Pour
certains hommes, les sentiments, l’amour sont plus importants que le sexe
et pour certaines femmes, le plaisir sexuel dirige leur vie intime et
sexuelle.
Les objectifs mis en avant par l’Éducation nationale sont simples. Tout
d’abord, permettre aux élèves d’opérer des choix libres et responsables
sur la sexualité au sens large du terme. Pour cela, le travail avec l’élève
est une démarche fondée sur la confiance dans leurs capacités, visant à
développer l’estime de soi et l’aptitude à faire des choix personnels. En
aucun cas il ne s’agit de se substituer à la responsabilité des parents et des
familles sur l’éducation. Mais la sexualité est souvent un sujet encore
tabou et il est fréquent de voir que les parents sont démunis face à ce côté
de l’éducation. Il n’est pas rare de constater qu’aucune éducation face
à la sexualité n’a été donnée dans les familles. C’est pour cela que
l’éducation à la vie affective et sexuelle est légitime au sein même de
l’école.
La société actuelle présente un manque cruel de repères autour de la
sexualité. De plus en plus de paraphilies, de pratiques sexuelles extrêmes,
se sont invitées dans la sexualité avec la facilité de l’accès à la
pornographie. Les vidéos pornographiques se substituent à l’éducation
à la sexualité et construisent les bases de la sexualité des plus jeunes. Il
est parfois difficile pour certains jeunes de distinguer ce qui est de l’ordre
de la fiction et de la réalité. Ils se perdent dans les vidéos et certains sont
persuadés que ce qu’ils regardent est la vraie sexualité. Fortement
influencés par un accès libre à la pornographie ou par des publicités
hyperérotisantes, les plus jeunes n’ont pas facilement accès à une
information fiable alors même qu’ils passent par une période de leur
évolution où ils sont encore dépourvus d’un regard critique. Ce manque
d’informations met en danger les plus jeunes qui construisent leurs
normes sexuelles sur les bases de la pornographie où performance et
pratiques extrêmes sont mises en avant. Ils confondent la fiction de la
sexualité réelle qui, elle, a pour valeurs le plaisir sexuel et
l’épanouissement.
Johanna me consulte pour une libido très faible selon son petit ami. Ils sont ensemble
depuis un peu plus d’un an.
Au niveau de leur sexualité, Johanna n’en éprouve pas le besoin, elle le fait pour son
ami qui lui est demandeur : « Honnêtement, s’il ne venait pas vers moi je n’irai pas et
ça m’ennuie vraiment car je l’aime mais je n’ai pas souvent envie de faire l’amour,
même si c’est agréable ».
Le discours de Johanna s’est rapidement orienté vers ses parents et surtout sa mère :
« Nous ne parlions jamais de sexualité » ; « Je me rappelle que ma mère nous disait, à
ma sœur et à moi, que le sexe, c’est surtout pour faire des enfants, que les hommes
en demandaient beaucoup car eux, ils aimaient vraiment ça ».
Pour que le Surmoi ne soit pas trop rigide et puisse autoriser une sexualité
épanouie chez l’adulte, tout se joue lors de l’enfance et dépend de la façon
dont les parents vont réagir à la mise en place de la sexualité ! Si les
parents autorisent le désir sexuel de leur enfant, si leur réaction n’est
pas l’interdit, le Surmoi du futur adulte ne sera pas culpabilisant face
à la sexualité.
Dans une famille où le désir sexuel a le droit d’exister et où les parents
sont capables de le voir et de le nommer, ceux-ci pourront remettre les
choses à leur place, ce qui est extrêmement rassurant pour l’enfant. Par
exemple, à la petite fille de 5 ans qui se masturbe en regardant la
télévision devant son père, celui-ci peut dire : « Tu as le droit de te
masturber, mais si tu en as envie, tu le fais dans ta chambre, c’est ton
intimité ». À l’opposé dans une famille où les choses ne sont pas dites, les
parents sont embarrassés. Ils font alors semblant de ne pas voir et la petite
fille prend conscience que ses désirs et son acte sexuel ont fait un effet sur
ses parents, donc ça marche. Pour finir, il y a les parents qui l’interdisent
de façon plus ou moins violente. La petite fille comprend là aussi que cela
a fait de l’effet à ses parents puisqu’ils se sont mis en colère. Le parent
peut parfois répondre à la séduction sur un mode inadapté, comme un père
qui dit : « Tu veux que je t’aide pendant que tu y es ». Là c’est un lapsus, le
père répond avec son désir. Face à cela, soit l’enfant comprend et s’arrête,
non pas à cause de l’interdit sous-jacent, mais parce qu’elle comprend que
le danger vient de la mauvaise gestion du désir du parent ; soit, l’enfant
répond « oui » dans un jeu pervers de séduction et de prise de pouvoir face
au désir du parent. Quoi que réponde le père à cela, il a « perdu ».
Camille est jeune maman d’une petite fille de 4 ans et se pose beaucoup de questions
sur la manière de se comporter avec sa fille face à la masturbation. En effet, Camille a
surpris sa fille en train de se caresser dans le bain et cette situation lui a tout de suite
rappelé sa propre enfance : « Ma mère m’a surprise une fois, vers 13 ans, à me
masturber, je me suis fait engueuler comme jamais » ; « Je me suis sentie sale,
honteuse » ; « Je n’ai jamais recommencé et aujourd’hui encore ça me travaille ».
Camille a tellement souffert de la réaction de sa mère qu’elle ne souhaite pas
reproduire cela avec sa fille mais elle ne sait pas comment réagir.
L’image de la société
sur la sexualité féminine
Axelle vient d’avoir un rapport sexuel avec un garçon qu’elle a rencontré sur internet.
Elle sort d’une relation de couple de deux ans. Tout se passait bien, sexuellement
parlant, avec son ancien petit ami. Suite à la rupture, elle ne voulait pas retrouver
quelque chose de sérieux. Elle a rencontré un garçon qui lui aussi ne voulait pas
s’engager. Ils ont eu un rapport sexuel qui selon lui : « était trop basique ». Il lui a
clairement dit : « moi je cherche des filles chaudes, j’ai dû tout faire, même pas tu m’as
sucé, c’est bien la première fois que je rencontre une fille qui ne suce pas » ;
« franchement tu as des progrès à faire ». Elle a eu énormément honte et ne comprend
pas qu’il ait pu lui dire ça. Elle me confie : « Moi je trouve que la fellation, c’est quelque
chose que je peux faire quand je suis bien avec un garçon, ce n’est pas quelque chose
que je veux faire de façon systématique surtout avec un coup d’un soir » ; « ça va être
compliqué pour moi si maintenant je dois faire des trucs de façon systématique ».
Janine et son mari sont ensemble depuis qu’elle a 17 ans : « J’ai toujours aimé mon
mari, on a eu une belle vie ensemble mais concernant la sexualité, je ne peux pas dire
que j’aimais ça » ; « ce n’était pas désagréable mais je n’ai jamais été demandeuse » ;
« je le faisais pour faire plaisir à mon mari » ; « c’est le rôle de la femme d’assouvir les
besoins de son mari » ; « mais pour tout vous dire qu’est-ce que j’ai été soulagée
quand mon mari a perdu ses érections, le sexe ne me manque pas du tout ».
L’image de la société
sur la sexualité masculine
Pour Julia, la sexualité est importante et elle aime prendre du plaisir. Mais pour cela, il
est hors de question qu’elle soit passive et laisse faire son partenaire : « Certains
hommes sont surpris par ma façon de faire l’amour, de bouger, par mon vocabulaire
souvent cru et par la façon que j’ai de crier. Ils n’ont pas l’habitude qu’une femme
prenne les devants. Certains sont tellement intimidés qu’ils en perdent leur érection. »
Thomas est depuis quelques mois avec Marie qui est selon lui une femme très
entreprenante. Thomas n’a jamais eu de trouble de l’érection et il n’en a toujours pas
lorsqu’il se masturbe.
Ses dysfonctions érectiles sont uniquement présentes lors des rapports sexuels avec
Marie : « C’est compliqué pour moi, elle dirige tout ! Elle parle pendant qu’on fait
l’amour, j’ai l’impression d’être à ses ordres » ; « Quand elle n’aime pas un truc, elle
me le dit direct et quand elle n’a pas d’orgasme elle me le montre bien également ! » ;
« Franchement, j’ai peur de lui faire l’amour, j’ai l’impression d’être mauvais » ; « Plus
ça va, moins j’ai d’érections lors des rapports ».
Le manque d’éducation
à la vie affective et sexuelle
Lucas revient, lors d’une consultation, sur son premier rapport sexuel : « La fille avait
15 ans, c’était un après-midi, nous étions chez elle, ses parents n’étaient pas là. Je ne
sais plus exactement comment c’est arrivé mais à bien y réfléchir, je n’étais pas prêt
et je ne pense pas qu’elle aussi ». « Nous n’avions pas de préservatif, franchement je
ne pensais pas du tout qu’on le ferait, nous étions jeunes ». « On a eu peur car plus
d’un mois après elle m’a dit qu’elle n’avait toujours pas ses règles » ; « C’était juste un
retard mais sur le moment on a eu très peur ! ».
En France, les indicateurs de santé sexuelle qui sont mesurés à travers les
notions d’autonomie, de sécurité et de satisfaction sont relativement
bons en comparaison à d’autres pays. Ainsi, si nous prenons l’exemple de
l’année 2016, parmi les femmes concernées par la contraception, 82 %
d’entre elles utilisent une méthode pour éviter une grossesse. Depuis les
années 2000, plus de 80 % des jeunes utilisent un préservatif lors de leur
premier rapport sexuel et plus de 80 % des hommes et des femmes se
déclarent satisfaits de leur vie sexuelle. Cependant, d’autres indicateurs
liés à la santé sexuelle sont peu satisfaisants. Malgré un niveau de
contraception élevé, un tiers des grossesses sont non prévues. De plus, une
jeune femme sur cinq déclare avoir eu son premier rapport sexuel
alors qu’elle n’en avait pas vraiment envie. Pour finir, il ressort qu’une
femme sur sept et un homme sur vingt-cinq déclarent avoir subi au moins
une forme de violence sexuelle au cours de leur vie (souvent lors de
l’enfance).
Adeline revient, au cours d’une consultation, sur son premier rapport sexuel : « J’avais
17 ans et au lycée, dans mon groupe, j’étais la seule à ne pas encore l’avoir fait » ;
« Toutes mes copines me disaient : bah alors, pourquoi tu ne couches pas avec un
mec, on l’a toutes fait » ; « Je pense que je me sentais anormale » ; « Je l’ai donc fait
avec le premier mec qui voulait, ça n’a vraiment pas été terrible, j’avais plus peur
qu’autre chose, je n’étais pas du tout excitée, je ne pensais qu’à une seule chose : au
moins, ça sera fait ».
Les risques de la pornographie
Il faut garder à l’esprit que les films pornographiques ne montrent pas une
“vraie sexualité”. Les acteurs exercent un métier qui a des avantages
comme des défauts : on est loin du glamour. Même si les scènes, les
vidéos sur internet, le laissent penser, la réalité des tournages est tout autre
et implique des conditions que l’on n’envisage pas forcément. Tout
d’abord, il est important de casser le mythe des pénis de taille hors norme
provoquant un plaisir intense chez les actrices. En réalité, la situation est
souvent douloureuse. Pour la majorité des actrices, cela fait plus de mal
que de bien et pour éviter de détruire ce mythe, les producteurs coupent les
scènes où la douleur se voit sur le visage des actrices. De plus, les films
ont tendance à vouloir mettre en avant une endurance sexuelle sans limite.
Les acteurs doivent pouvoir enchaîner toutes les scènes dans la même
journée, mais ils restent avant tout des humains et non pas des machines.
Les réalisateurs de films expliquent que 95 % des acteurs masculins ont
recours à des médicaments pour pouvoir assurer les tournages.
Les impacts négatifs que l’on peut rencontrer chez
des consommateurs réguliers de pornographie
Samy me consulte car son couple est en danger, ils ne font presque plus l’amour.
Samy a pris l’habitude de se masturber tous les jours, voire deux ou trois fois par jour,
devant des vidéos pornographiques et cette habitude commence à avoir des
répercussions négatives sur son couple.
Il met en avant « une forte libido. Du moins c’est ce que je pensais car au début de
notre relation, je me masturbais souvent mais nous faisions beaucoup l’amour. Mais
depuis un peu plus de six mois, j’ai l’impression que je me masturbe plus par habitude
et moins par vraie envie mais je ne peux m’empêcher de le faire » ; « Le problème
c’est qu’après je n’ai plus envie de faire l’amour à ma copine, c’est comme si je
préférais les vidéos, c’est bizarre de dire ça, c’est même affreux quand j’y pense, mais
hélas c’est vrai ».
Une étude étasunienne réalisée en 2015 suggère qu’il s’agit plus d’une
façon de parler que d’une véritable addiction car si nous parlons d’une
vraie addiction à la pornographie, cela met en avant une détresse
psychologique. Néanmoins quand on regarde du porno, en particulier en
cas d’excès, il se produit une forte activation de certains éléments clés du
circuit du plaisir (au niveau cérébral). Le cerveau aime ça et il en
redemande. La pornographie est un stimulant de ce circuit de
récompense, en raison de la possibilité de trouver instantanément et de
façon permanente des images sexuellement toujours plus excitantes. Plus
on en visionne, plus on a envie d’en voir.
Juliette est ménopausée et depuis que la ménopause est installée, elle présente des
douleurs lors des rapports sexuels.
Elle témoigne : « J’ai rarement eu aussi mal et surtout je n’avais jamais ressenti de
douleurs pendant les rapports sexuels. » ; « Ça a été de pire en pire, plus on faisait
l’amour, plus j’avais mal » ; « J’avoue que j’avais de moins en moins envie de faire
l’amour, à y réfléchir c’est normal, je n’avais sûrement plus envie d’avoir mal ! » ;
« Actuellement je n’ai plus envie de faire l’amour du tout ».
Salima a 57 ans, elle a terminé ses traitements pour un cancer du sein. Elle a subi une
ablation complète du sein droit.
Elle est actuellement célibataire et se pose beaucoup de questions sur une possible
rencontre et un retour de sa sexualité : « Je ne vois pas comment un homme pourrait
me désirer ! Avec un seul sein, je ne ressemble à rien » ; « Mon corps est mutilé » ;
« En même temps, je ne vois pas pourquoi je pense à ça, je n’ai même plus envie de
sexe, je n’y pense jamais ».
Le travail
Au regard du monde du travail actuel, les effets négatifs sur la libido d’un
couple ne sont pas réellement étonnants. L’insécurité rencontrée dans le
cadre professionnel, le stress, la pression, les difficultés
professionnelles, les relations avec les collègues et la hiérarchie,
préoccupent de plus en plus les salariés, les employés, les cadres, etc. Ces
situations anxiogènes vécues sur le lieu professionnel ne disparaissent pas
une fois chez soi. Elles ne favorisent en rien les penchants des couples
pour la sexualité. Les rythmes différents entre les membres du couple, le
travail de nuit, le travail entrecoupé, les embouteillages ou les longs
trajets qui font se lever très tôt le matin, les horaires décalés qui font
qu’on rentre tard, etc., sont autant de problématiques qui nuisent à
l’épanouissement d’une sexualité.
Alexis est un jeune cadre qui commence sa carrière, il est en couple depuis quatre ans
et vient en consultation suite aux plaintes de sa copine : « Elle n’a pas tort,
honnêtement, si nous faisons l’amour une fois par mois, c’est le maximum » ; « Mon
boulot prend beaucoup de mon temps et de mon énergie » ; « Je ne me masturbe
même plus, alors qu’avant c’était plusieurs fois par semaine ».
Dans le cas où le travail est vécu comme épanouissant, il est possible que
celui-ci soit quand même un frein à la sexualité. Certaines personnes sont
tellement passionnées par leur travail qu’elles sont comblées par celui-ci
et en oublie un peu le reste… En effet, il y a des “drogué·e·s” du travail.
Cette passion peut avoir une incidence négative sur la vie sexuelle d’un
couple. Avec un travail si passionnant, les individus profitent des
décharges d’adrénaline, de dopamine, d’endorphines, etc. que l’on
retrouve dans la sexualité. Mais plus globalement, si le travail est le pilier
fondamental d’une personne alors les autres piliers de la vie comme la
sexualité sont mis de côté ou apparaissent comme secondaires. Donc plus
le travail prend de la place, moins il y en aura pour la sexualité !
Carole est artiste, son métier est sa passion et elle peut se passer de sexe mais cela
devient problématique pour son couple : « Moi le sexe… Franchement, c’est bien mais
ça n’a rien à voir avec le plaisir que j’ai quand je travaille » ; « J’ai un peu honte de dire
ça mais des fois quand on a un rapport sexuel, je pense au travail… » ; « On en a parlé
une fois et on s’est pris la tête, lui ne comprend pas que ma vie puisse tourner autour
de ma carrière ».
Les écrans
Clément a pris l’habitude de regarder, sur sa tablette, des séries, il a d’ailleurs souscrit
un abonnement à un site de streaming qui lui propose un nombre considérable de films
et de séries : « C’est vrai que le soir, j’ai pris l’habitude de regarder des séries. Je suis
pris dedans et après il est tard donc je suis fatigué et j’ai envie de dormir » ; « Notre
sexualité a beaucoup diminué mais bon je me dis que c’est normal, ça fait six ans que
l’on est ensemble ».
QUELQUES CONSEILS
C’est tout simple, si vous souhaitez retrouver une vie intime plus excitante, il va
falloir laisser votre smartphone, tablette ou tout autre écran dans le salon. La
chambre doit (re)devenir le lieu de votre vie intime de couple et de votre
sexualité.
Justin, 36 ans et Anaïs, 34 ans : « On s’est retrouvé ! »
Le couple témoigne en fin de sexothérapie (ils sont venus consulter pour des troubles
de la libido) : « Maintenant on a banni les téléphones et les tablettes de la chambre » ;
« C’est la meilleure chose que l’on ait faite » ; « Enfin on a un temps pour nous, on ne
fait pas l’amour tous les soirs mais on partage des moments d’intimité » ; « Ça faisait
vraiment longtemps que nous n’étions plus sur la même longueur d’onde ».
Le stress
QUELQUES CONSEILS
Le sport
Jules s’entraîne cinq fois par semaine en salle de musculation : « Quand je sors de la
salle, je suis vraiment mort » ; « C’est vrai que je n’ai pas souvent envie de faire
l’amour » ; « Quand j’ai des pulsions qui surgissent, je me masturbe vite fait et c’est
réglé » ; « Mais je suis tellement fatigué que je préfère me coucher tôt et dormir plutôt
que de faire l’amour avec ma copine » ; « Après, on n’est pas sur les mêmes rythmes
donc ça n’aide pas non plus ».
QUELQUES CONSEILS
Passer de deux à trois, quatre, etc., n’est pas si simple pour le couple. La
vie intime et sexuelle peut être mise à rude épreuve. Le désir semble très
fluctuant durant la grossesse, d’un trimestre à l’autre et d’une femme à
l’autre.
La grossesse
QUELQUES CONSEILS
Aurélie témoigne après son accouchement : « Je n’avais plus du tout envie de sexe
pendant le dernier trimestre, du moins plus envie de pénétration » ; « Quand mon
copain m’a proposé qu’on se masturbe ensemble, ça a vraiment été top ! Un vrai
plaisir » ; « J’étais même demandeuse ».
Le post-partum
Dans les jours et semaines qui suivent la naissance d’un bébé, l’attention
de la maman est focalisée sur celui-ci. Bien entendu, le ou la partenaire
conserve une place importante pour la femme mais souvent plus au titre de
parent que d’amant·e. La femme devient maman : ce rôle demande un
investissement tant physique que psychologique. On retrouve également
ce phénomène chez l’homme qui peut se fondre dans son rôle de père. Il
n’y a pas de règle pour la reprise d’une sexualité et tout dépend de ce
que l’on met derrière le mot sexualité. Si on parle uniquement de coït
alors, il faut effectivement prendre son temps. L’accouchement est une
épreuve physique et psychologique qui demande un certain temps de
récupération pour la jeune maman. De plus, vous n’êtes plus qu’un simple
couple, le bébé est bien présent, il va falloir que chacun trouve sa place,
son rôle et qu’un équilibre s’installe entre les nouveaux rôles qui
apparaissent dans le couple. Néanmoins, même si le rapport sexuel avec
pénétration n’est pas envisageable tout de suite, la sexualité reste possible.
L’accouchement n’empêche pas la tendresse, les câlins, les attentions,
la masturbation, etc. La sexualité est un domaine si large qu’il est
toujours possible pour un couple d’en avoir une. Mais une frustration
sexuelle peut émerger et celle-ci est plus ou moins facilement acceptée
selon les personnes. Si la tension sexuelle est trop forte, elle peut parfois
être source de discorde dans le couple.
Quand Evan est devenu père, il a attendu les trois mois de son fils pour retrouver une
sexualité avec sa compagne : « La journée on n’avait jamais le temps et comme notre
fils dormait dans notre chambre, ça bloquait ma copine » ; « Au début, je me suis dit ça
va être dur et en fait je me suis juste plus masturbé qu’avant et ça l’a fait ! » ; « C’est
sûr que c’est mieux de faire l’amour mais la masturbation est un substitutif intéressant
je trouve, ça soulage ! »
• une fois sur deux les rapports sexuels reprennent uniquement à la demande
de l’homme ;
• 20 % des couples ont repris une activité sexuelle avec pénétration un mois
après la naissance ;
• la sexualité avec pénétration reprend pour la majorité des couples sept
semaines après l’accouchement.
Les enfants
Tout le monde s’en doute avant d’avoir des enfants, tout comme le temps
qui passe et la routine sexuelle, la présence des enfants dans la vie d’un
couple peut nuire à la vie sexuelle et surtout à la libido.
Camille est maman d’une petite fille de 4 ans : « C’est sûr que la vie sexuelle change
quand on a un enfant mais bon on y arrive » ; « C’est vrai qu’avant on aimait bien faire
l’amour sur le canapé en journée et bien maintenant il faut attendre que notre fille soit
au lit ! »
QUELQUES CONSEILS
Les abus sexuels chez l’enfant ne sont, hélas, pas des évènements isolés.
Ils engendrent des répercussions négatives sur tous les aspects de la vie de
l’individu touché et la sexualité n’y échappe pas. Le traumatisme, en
s’ancrant dans le corps, peut donner naissance à un ou des symptômes, ces
derniers pouvant prendre de nombreuses formes. Le symptôme peut ainsi
devenir la seule expression de la sexualité une fois la victime devenue
adulte. Il est possible qu’une petite fille abusée devienne une femme
vaginique (incapacité à être pénétrée) ou encore dyspareunique
(douloureuse à la pénétration), etc. Chez un homme, qui a été abusé étant
enfant, le traumatisme peut s’exprimer une fois adulte par des troubles
érectiles, une image négative de sa sexualité, des angoisses, etc. Les
symptômes sont là pour marquer l’impossible accès à son propre corps
ou au corps de l’autre. Le symptôme peut prendre différentes formes en
fonction de la nature de l’abus, de sa gravité apparente ou de l’ancienneté
des faits. C’est ainsi que certaines femmes et hommes victimes de viols
accéderont quelquefois à un fonctionnement sexuel satisfaisant, alors que
d’autres, victimes d’attouchements sans pénétration, pourront être
porteurs de blocages sexuels graves. Retenons simplement qu’en la
matière, il n’existe pas de traumatisme minime et que la gravité des
séquelles est fonction de l’impact émotionnel ressenti, de la durée de
l’exposition à l’abus et de l’âge de la victime au moment de l’agression.
Une dépression
QUELQUES CONSEILS
Un stress chronique
Jonathan est ingénieur. Très investi dans son travail, il a tendance à se laisser envahir
par celui-ci : « J’ai beaucoup de pression, je dois gérer de gros projets et j’avoue que
c’est très stressant » ; « Je suis trop fatigué la semaine et le week-end, j’ai un peu de
mal à décrocher du travail, du coup c’est vrai que je ne pense pas beaucoup au
sexe ».
Pour retrouver une sexualité épanouie, il faut absolument diminuer cet état
de stress chronique. Pour cela, trouvez des activités ludiques, qui vous
plaisent, comme la pratique d’une activité physique par exemple où il faut
mobiliser tout le corps. Prendre du plaisir, se sentir bien dans son corps et
dans sa tête, cela vous permettra de remobiliser votre libido. Certaines
personnes pensent que l’on peut évacuer le stress en ayant un rapport
sexuel. Oui, c’est bien sûr possible mais pour cela il faut être détendu,
sinon cela peut devenir une source de stress supplémentaire. Si le rapport
sexuel prend une dimension presque obligatoire, on ajoute du stress
dans la sexualité et cela crée un cercle vicieux. La sexualité est une bonne
manière d’échapper au stress mais uniquement si le désir sexuel est là. Se
forcer ne résoudra absolument rien !
QUELQUES CONSEILS
Écoutez-vous ! Quand vous sentez que votre désir sexuel décline, posez-vous
les bonnes questions. Si la sexualité est importante pour vous, le désir l’est tout
autant, voire plus. Prenez du temps pour vous et accordez-vous des moments
de plaisir dans la journée. Instaurez de l’innovation et, pourquoi pas, de l’humour
dans vos rapports sexuels. Cela permet de relâcher un certain nombre de
tensions du corps et de découvrir d’autres plaisirs. Plus le plaisir sexuel est
présent, plus on a envie de s’en donner.
Une faible estime de soi
Les gens pensent que lorsque l’on est en couple, la situation change. Ce
n’est pas toujours le cas. Cette logique s’applique aussi dans les relations
longues et la confiance en soi n’est jamais acquise. Quand on se sent
confiant, que notre couple apparaît comme acquis, notre manière d’être
met en avant cette lacune. Du coup, on retrouve en consultation des
personnes qui ont des relations sexuelles non pas pour répondre à un désir
sexuel, mais plutôt parce qu’elles cherchent à se rassurer sur le fait
qu’elles sont désirables. C’est un cercle vicieux d’indésirabilité qui amène
à un trouble du désir sexuel, avec une libido qui diminue fortement avec le
temps.
La fatigue
L’objectif n’est pas de se forcer à avoir un rapport sexuel alors que l’on est
épuisé. Mais dans les moments où la fatigue est présente, il est
recommandé de s’ouvrir à nouveau à la sexualité en modifiant sa façon de
penser et de faire. Le meilleur moyen de retrouver ses envies sexuelles est
de faire appel à son imaginaire érotique. Lorsque le corps ne se sent pas
prêt, la tête peut donner un coup de pouce à la libido grâce aux fantasmes,
ou grâce à des lectures ou films érotiques. Ils mettent d’humeur plus
légère et sont une source d’idées à infuser dans votre sexualité : le cerveau
fait le reste. Mais cela nécessite de se conditionner positivement vers
l’activité sexuelle.
La pornographie
John avoue qu’il regardait « du porno tous les jours. Plus je regardais des pornos, plus
j’éjaculais vite lors des rapports sexuels. On voit des scènes de sexe qui durent près
de quarante minutes, alors que moi, si je dépassais les dix minutes, c’était un exploit.
Plus j’y pensais, plus les difficultés s’intensifiaient. Je cogitais en permanence, j’avais
l’impression d’être impuissant, d’être nul. Du coup, je me suis renfermé sur moi et
j’avais de moins en moins envie de faire l’amour avec ma femme. »
Pas forcément ! Tout est une question de dosage. En effet, une étude
réalisée par des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord montre
que les hommes qui s’entraînent intensément à la salle de sport présentent
une diminution de leur libido contrairement à ceux qui s’entraînent
modérément ou pas du tout.
L’activité physique est recommandée car elle fait partie d’une pratique
qui influe positivement sur la santé générale et sur la santé sexuelle en
particulier. La pratique d’une activité physique régulière est encouragée
par le monde médical à tout âge. Il est également recommandé d’avoir une
bonne hygiène de vie pour avoir une sexualité épanouie. D’un point de vue
hormonal, les études mettent en avant que la pratique d’une activité
physique libère des endorphines (hormones du plaisir) qui favorisent la
sensation de bien-être. De plus, l’activité musculaire améliore les
capacités sexuelles. Le corps, lors de la pratique, dégage de la chaleur qui
est un bon stimulant pour la libido et qui participe en même temps à la
diminution du stress. L’activité physique favorise le lâcher-prise si
important dans l’activité sexuelle.
Et l’alimentation ?
QUELQUES CONSEILS
Tout d’abord la pratique régulière d’une activité physique boostera votre libido,
mais attention aux excès qui ne sont pas bons comme nous avons pu le voir. Il
est également recommandé d’éviter les consommations de drogues, de tabac
ou d’alcool qui ont tendance à diminuer le désir sexuel. Pour finir, ne négligez
pas votre alimentation qui a, elle aussi, un impact sur votre libido : privilégiez une
alimentation équilibrée, sans excès.
Le travail de l’imaginaire érotique :
le rôle fondamental des fantasmes
Exemples d’exercices
Cet exercice est intéressant pour booster votre libido. C’est de cette
manière que vous pouvez expérimenter votre désir et que vous pouvez le
stimuler par la visualisation de fantasmes en pleine conscience.
Camille me consulte pour une inhibition du désir sexuel, elle témoigne : « ça fait
environ trois ans que je me suis désintéressée du sexe. Je ne saurai pas dire pourquoi
ni comment c’est apparu, mais aujourd’hui j’avoue ne jamais y penser ». Entre les
consultations, le travail principal qu’elle a eu à faire était de réinvestir ses anciens
fantasmes dans un premier temps, et si elle le souhaitait, d’en créer de nouveaux. « Au
début ce n’est pas simple, je me suis allongé sur mon lit, je me sentais bête mais j’ai
essayé », « Eh bien c’est fou l’effet que ça procure », « ça émoustille », « C’est très
plaisant et à force de le faire je me suis rendu compte que ça m’arrivait d’avoir des
fantasmes qui apparaissaient en dehors des moments où je faisais l’effort de
fantasmer », « J’ai repris la masturbation que je n’avais pas pratiquée depuis des
années ».
QUELQUES CONSEILS
Un conseil qui fonctionne pratiquement avec tout le monde est d’avoir recours à
la lecture de livres érotiques. Ces lectures activent l’imaginaire érotique et donc
la libido. C’est comme si votre désir sexuel recevait une dose de carburant pour
redémarrer. La lecture vous donne un support pour imaginer, sans passer à
l’acte. C’est ce qui est magique dans la lecture, on voit des images en lisant des
mots, et nos autres sens s’activent également. Votre excitation sexuelle peut
démarrer par une simple lecture de livre érotique qui vous correspond.
Antonin est très heureux de sa lecture : « C’est un truc de fou ! Je ne pensais pas
qu’un livre pouvait avoir cet effet », « J’ai eu des érections en lisant ! », « Ma copine est
ravie, j’ai de plus en plus envie de faire l’amour »
Exercices à faire à deux
Brigitte et Michel me consultent pour une vie intime très pauvre et une souffrance liée à
la disparition de leur vie sexuelle. Ils sont ensemble depuis trente-cinq ans : « C’est
peut-être la routine qui nous a amenés à ne plus faire l’amour », avance Brigitte. Ce
couple ne présente aucune conjugopathie, pas de problème fonctionnel, etc. Le
sensate focus apparaît comme une évidence avec ce couple. En fin de sexothérapie,
Michel met en avant : « Vraiment intéressant cet exercice, les massages ça ravive la
flamme, on se retrouve, on ne se touchait plus vraiment ». Ce à quoi Brigitte ajoute :
« Exactement, ça m’a rappelé nos débuts, et quand on a fait l’amour, je me suis revue
comme une jeune femme désirée, c’était magique ».
La masturbation
Anne est en couple depuis cinq ans, sa vie intime et sexuelle a toujours été
compliquée. Ses parents ont reçu et transmis à leurs enfants une éducation catholique
très stricte où la sexualité et le plaisir n’avaient pas leurs places. Elle n’aime pas
vraiment les rapports sexuels ; elle le fait pour son partenaire car elle ne veut pas le
perdre. Au détour d’une consultation où nous abordons le plaisir sexuel et l’orgasme,
elle me dit : « Je ne sais pas si j’ai déjà joui ». Je lui recommande dans un premier
temps un travail sur les fantasmes puis d’y associer la masturbation ce à quoi elle me
dit : « Mais je ne me suis jamais masturbée de ma vie ! » À la consultation suivante,
elle me dit rapidement : « J’ai eu un orgasme, j’en suis sûre ! Je n’avais jamais
ressenti ça de ma vie » ; « ça me donne vraiment envie de recommencer ».
Aurélie et Mathias sont deux jeunes cadres qui sont en couple depuis sept ans. Le
rythme du travail, la fatigue et la routine sexuelle sont devenus des freins à leur libido.
Ils témoignent : « Nous sommes rentrés dans une sorte de routine où on faisait l’amour
le dimanche soir dans notre lit, c’est devenu un rituel et plus réellement un plaisir » ;
« L’idée du vibromasseur a amené de la fantaisie dans nos rapports et un autre type de
plaisir sexuel », souligne Aurélie et « ça nous a donné envie de recommencer et l’autre
jour, on l’a fait sur le canapé, ça faisait des années que ce n’était pas arrivé… on a
rajeuni ! », ajoute Mathias.
Pour qu’un couple puisse durer dans le temps, je vous conseille de créer
des rituels, si petits soient-ils, pour favoriser le développement de la
complicité mais aussi de procurer un sentiment de sécurité dans le
quotidien d’un couple. Un exemple de rituel peut être de s’embrasser en
partant ou rentrant à la maison, se blottir dans ses bras devant un film, etc.
Même si vous avez peu de temps à vous, une étreinte ne prend que
quelques secondes et peut procurer énormément de bienfaits au couple.
Laissez libre cours à votre imagination pour utiliser ce langage avec l’être
aimé.
Béatrice est mariée depuis vingt-huit ans, elle aime son mari mais elle n’a plus envie
de faire l’amour : « J’ai l’impression qu’il ne m’aime plus, il ne me touche plus de
tout » ; « Après il se plaint que nous ne faisons plus l’amour, mais moi j’ai besoin de le
sentir contre moi, qu’il me prenne dans ses bras, qu’il me regarde », « J’ai l’impression
que je ne compte plus pour lui, j’ai besoin de me sentir désirée pour pouvoir et surtout
pour avoir envie de faire l’amour ».
Le toucher peut vraiment être utile pour érotiser son corps, pour travailler
ses sensations et ses émotions. Il permet également un travail sur la
libération des blocages et des tensions psychologiques. Il améliore
également la compréhension et la connaissance de soi ; il rétablit l’estime
et favorise l’accueil des désirs et des envies. Le toucher rétablit la
communication dans le couple.
Stéphanie consulte car elle est en couple depuis dix ans et elle ne veut jamais avoir de
rapports sexuels : « Je n’ai jamais aimé ça, je le fais pour faire plaisir à mon ami ». Elle
ne s’est jamais masturbée ou du moins elle n’en a pas le souvenir. Je lui propose tout
d’abord un travail sur l’automassage pour dériver vers les caresses et pour finir vers la
masturbation. Au bout de plusieurs semaines de travail, elle met en avant le plaisir
sexuel ressenti : « Je ne pensais pas que j’en retirerai du plaisir mais le fait de se
caresser c’est très très agréable. Et la masturbation m’a appris à jouir » ; « J’ai de plus
en plus envie d’avoir des rapports sexuels, ce n’est pas non plus la folie mais mon
compagnon est satisfait et moi aussi ».
Le tantrisme
C’est une technique que l’on nomme également tantra. Il s’agit d’un
courant spirituel en grande partie basé sur la méditation. Cette technique a
été adaptée pour la sexualité : le tantrisme est une expérience physique où
la prépondérance est donnée à la concentration, à l’écoute et au
développement des sens. Au cours de l’expérience, l’objectif pour le
couple est de ne faire qu’un pour atteindre l’orgasme ressenti dans
chaque partie de leur corps.
Le sexe tantrique relève d’un acte intime entre deux personnes qui doit
être réalisé dans une atmosphère calme et apaisante. Tout commence par
des échanges de profonds regards sur le corps de l’autre, il faut que le
couple reste habillé. L’objectif de cet échange doit être de faire surgir une
nouvelle forme de sentiments, plus profonds. Une fois cette étape réussie,
il faut faire intervenir le toucher en réalisant des contacts physiques
simples, comme prendre la main de l’autre ou lui caresser la joue. Il est
important de focaliser son attention sur ces sensations et d’en apprécier les
sentiments provoqués. L’odorat peut ensuite entrer en ligne de compte,
toujours avec la même délicatesse et avec le même objectif. Une fois ce
niveau d’éveil atteint, les corps peuvent se dénuder, l’un face à l’autre,
puis se toucher plus profondément, se pénétrer et entrer ensemble en
mouvement. L’importance du sexe tantrique est de procéder, à chaque
étape du rapport sexuel, toujours avec la même bienveillance et en
observant les sentiments induits par les sens. Cette forme d’écoute et de
partage des corps permet d’atteindre un orgasme plus fort et plus long. Le
sexe tantrique aboutit souvent à un orgasme exceptionnel et dont la durée
est contrôlable, mais il requiert, comme toute technique de méditation,
d’être pratiqué régulièrement afin de pouvoir en ressentir véritablement
les bienfaits.
Tout d’abord, il faut que vous ayez confiance en vous. Dans un couple, sur le
plan du plaisir et de la relation sexuelle, il est important qu’existe un égoïsme
partagé. Il faut que chacun cesse de s’inquiéter de ne pas être à la hauteur pour
satisfaire l’autre, et se recentre sur lui-même, sur son propre désir, son propre
plaisir. Bien entendu, il faut prendre l’autre en compte dans la relation car
l’essentiel est de comprendre comment on peut jouir ensemble. C’est réellement
l’objectif d’un rapport sexuel : oubliez la performance qui ne mène pas à grand-
chose, si ce n’est aux troubles sexuels. Si vous êtes focalisé sur cet accès au
plaisir, à celui de votre partenaire et au vôtre, votre sexualité n’en sera que plus
épanouie.
La communication au sein du couple
Si nous restons sur les résultats de cette même étude, les chercheurs
mettent en avant, comme origine de l’amélioration de la vie sexuelle, une
plus grande communication dans ce domaine du couple. Le fait que ces
femmes aient beaucoup pensé à leur sexualité durant les huit mois et
qu’elles aient partagé avec leur partenaire met en avant des améliorations
quantifiables. Cela suggère que ce sont souvent et seulement des
malentendus qui empêchent les couples de s’exprimer librement et de
profiter de leur sexualité.
Lorsque, au sein d’un couple, l’un ou les deux partenaires ressentent une
baisse importante de leur désir sexuel, je recommande qu’ils en discutent
afin de trouver, ensemble, des moyens de raviver la flamme. Une routine
s’est peut-être installée, il faut envisager de “pimenter” la vie sexuelle via
des jeux érotiques ou en favorisant un contexte romantique, etc. Il est
possible d’avoir recours à des aphrodisiaques ou des sextoys pour mettre
du piquant dans la sexualité et ainsi retrouver une libido comme aux
débuts de la relation.
L’hypnose thérapeutique
Que le désir sexuel soit trop élevé ou au contraire trop faible, il subit de
nombreuses influences et, dans certains cas, l’hypnose pourra aider à
revenir à une libido stable et qui correspond à soi et à ses envies.
L’hypnose met le patient dans un état de conscience modifiée, proche du
sommeil, afin d’avoir accès à son inconscient et de pouvoir ainsi l’aider à
lâcher prise et à lutter contre les troubles qui lui gâchent la vie.
Pour conclure, si la libido est trop faible, et une fois les causes médicales
écartées, un travail en hypnose sera tout indiqué pour retrouver un désir
sexuel satisfaisant et, par là même, d’éradiquer les symptômes physiques.
La sexothérapie
Bien souvent, cela fait plusieurs années que votre libido a diminué et cette
situation ne peut pas s’inverser d’un claquement de doigts. Il vous faudra
du temps pour réinvestir la fonction érotique de votre corps, travailler
votre imaginaire érotique et votre fantasmatique. C’est un apprentissage et
comme tout apprentissage cela demande du travail et du temps. Il n’y a
rien de bon dans la précipitation. Réalisez les exercices conseillés dans ce
livre et laissez le temps faire son œuvre. Nous avons vu que la libido peut
être affectée par différents facteurs comme la fatigue, la relation de
couple, etc. Le quotidien peut stopper ou créer un retour en arrière. Cela
est tout à fait normal, le travail sur le désir sexuel demande du temps et les
progrès sont à évaluer sur plusieurs mois et non pas de jour en jour.
Privilégier la régularité
Si vous avez l’impression que les progrès ne sont pas directement visibles,
le travail est malgré tout enclenché. La régularité du travail est l’une
des clés de la réussite. La libido demande un entretien régulier pour
s’exprimer dans la sexualité. C’est comme une cheminée : si vous voulez
de belles flammes, il faut entretenir les braises !
QUELQUES CONSEILS
Le travail régulier est important, testez différents exercices afin de trouver ceux
qui vous conviennent le mieux. Considérez le temps comme un allié et non pas
comme un ennemi. Ne vous découragez pas, la communication au sein du
couple est également une des clés fondamentales dans ce travail. Votre conjoint
peut également être un allié si vous l’invitez dans ce travail. Ne le mettez pas de
côté.
Partie 5
Les autres “troubles”
du désir sexuel
Un petit mot sur l’hypersexualité
Nous allons aborder ce qui apparaît être comme l’inverse du désir sexuel
hypoactif, l’hypersexualité. Certaines personnes peuvent être en
recherche continue de plaisir sexuel, que ce soit dans les rapports sexuels
ou par la masturbation. Leur libido semble être très élevée voire, peut-être,
trop élevée. L’hypersexualité peut se définir comme une activité
sexuelle soutenue, source de plaisir et d’épanouissement, nécessaire à
l’équilibre psychique de la personne. Bien entendu, il n’y a pas de norme
lorsque l’on parle de sexualité. Certains couples sont très heureux en
faisant l’amour plusieurs fois par jour, d’autres se contentent d’une fois
par mois. Il n’y a de problème que s’il y a souffrance ou si les besoins sont
très différents au sein du couple, par exemple si l’un des deux a une
demande que l’autre ne peut pas satisfaire. Mais souvent, le sexe n’est que
le symptôme d’une autre nécessité comme celle de combler un vide
affectif ou un besoin de fusion qui n’a souvent rien à voir, au départ, avec
le sexe.
Martin est un jeune homme hypersexuel. Le sexe est pour lui très important et quand il
est en couple, il a du mal à rester fidèle car bien souvent ses partenaires ne suivent
pas le rythme. « Pour moi, ce désir sexuel très développé qui m’anime et m’habite
n’est pas un souci, parce que je ne m’impose aucune limite et m’offre le droit de vivre
ma sexualité comme je l’entends. Je ne ressens aucune culpabilité. Je profite à fond.
J’ai besoin de sexe et c’est comme ça. Et puisque j’aime le sexe, puisque ça me fait
un bien fou, je ne vois pas pourquoi contenir ou faire taire ma libido. Même si c’est
compliqué pour rester en couple ».
Jonas est un jeune étudiant de 25 ans, il n’est pas addict au sexe mais il présente un
trouble d’hypersexualité. Comme il le dit : « Si je suis chez moi, il m’arrive de me
masturber cinq à sept fois par jour » ; « Quand je suis en couple, je suis très
demandeur au niveau des rapports sexuels ». Mais nous ne pouvons pas parler
d’addiction car la sexualité de Jonas ne l’empêche pas d’avoir une vie étudiante et
sociale développée : « Ah non ma sexualité ne m’empêche pas de sortir ou d’aller en
cours » ; « Des fois, il m’arrive même de faire des pauses de quatre-cinq jours sans
sexe ni masturbation ».
Comprendre ce trouble
de l’hypersexualité
Souvent l’urgence de la situation fait que l’on utilise une thérapie sexo-
cognitivo-comportementale, qui est une thérapie brève et qui permettra
d’aider rapidement la personne. Pendant plusieurs mois, il apprendra à
améliorer son estime de soi, à repérer ses pensées excessives en lien avec
la sexualité et à les maîtriser. Avec certaines personnes, un recours à un
traitement par antidépresseurs est également recommandé. Une seconde
étape thérapeutique intéressante est une thérapie de type analytique. Cette
thérapie sera forcément plus longue mais permettra de remonter aux
origines de l’hypersexualité. En effet, cela correspond presque toujours à
une histoire particulière, à une construction de la personnalité sexuelle
présentant des traumatismes.
Tom est asexuel et il témoigne : « Adolescent, j’ai beaucoup cogité. Pourquoi n’étais-je
pas obsédé comme tous mes potes ? Au lycée, j’ai assumé mais mes années collège
ont été très dures. On se moquait de moi, on disait que je n’étais pas normal, etc. »
Quand Tom parle de son pénis : « Je me passerais volontiers de ce truc. J’en ai besoin
pour uriner mais le reste du temps, il me gêne plus qu’autre chose » ; « Mais je sais
que je ne suis ni malade ni coincé du cul, encore moins abstinent puisqu’on ne se prive
pas de ce dont on n’a pas envie ».
Axel est en couple depuis deux ans, il est asexuel : « Les bisous et les petits câlins ne
me dérangent pas, je peux même dire que j’apprécie ces échanges avec ma copine » ;
« J’aime me masturber pour me détendre, alors que je n’éprouve aucune excitation » ;
« Quand ma copine est très demandeuse, je lui fais l’amour mais franchement ce n’est
pas un moment des plus agréable pour moi, après j’aime lui faire plaisir donc je le
fais ».
L’asexualité étant peu connue, ceux qui avouent leur asexualité se voient
souvent répondre qu’ils ne sont pas tombés sur la bonne personne, qu’ils
ne font pas d’efforts, qu’ils ne sont pas amoureux voire qu’ils ne sont pas
normaux. Derrière le mot asexualité, nous retrouvons une immense palette
de comportements. Comme nous avons pu le voir, certaines personnes
auront des relations sexuelles car elles connaîtront un peu de désir,
d’autres préféreront soulager leurs envies sexuelles par la masturbation,
d’autres encore imagineront les relations sexuelles, alors que certaines pas
du tout. Finalement, comme tout rapport au sexe, nous sommes tous
différents. Il n’est donc pas simple pour les personnes asexuelles de
trouver leur place dans une vie de couple ou en restant célibataire.
Souvent les sexologues reçoivent des personnes pour des troubles du désir
sexuel. Lors de l’anamnèse, les thérapeutes se rendent rapidement compte
que la personne ne souffre pas d’un désir sexuel hypoactif mais plutôt que
le couple n’est pas en équilibre sur les “besoins” sexuels. Et oui, dans de
nombreux cas, l’un des deux partenaires dit ressentir bien plus de désir
sexuel et être frustré ou bien, l’autre affirme se sentir envahi par les
demandes sexuelles de sa ou son partenaire. Mais ce problème est
observable chez tous les couples. Dans aucun couple ensemble depuis
quelques années, vous n’aurez de besoins parfaitement alignés. À chaque :
« J’ai envie de faire l’amour » de l’un des partenaires, l’autre ne répondra
pas systématiquement : « C’est formidable, moi aussi ! »
Il y a des couples qui savent bien gérer cette différence et d’autres qui n’y
parviennent pas, d’où l’apparition de problèmes. Les personnes demandent
alors de l’aide aux sexologues. En tout premier lieu, il est nécessaire
d’accepter que l’autre est différent de soi. Ne pas chercher à le
convaincre ou à la convaincre à tout prix qu’il devrait avoir plus envie ou
moins envie de faire l’amour. Chacun est comme il est ! De plus, il ne faut
pas réduire la sexualité à la pénétration. Un rapport sexuel sans
pénétration, avec des caresses, des baisers, etc., fait aussi partie de la
sexualité. Il est plus sain d’avoir une vie intime riche et diversifiée.
La communication est primordiale pour trouver un équilibre. Là où
l’un veut une pénétration, l’autre peut vouloir de la tendresse, de
l’affection. La sexualité est vaste, n’hésitez pas à échanger sur le sujet
avec votre partenaire afin de trouver un équilibre sexuel pour votre couple.
QUELQUES CONSEILS
Ne négligez surtout pas la masturbation qui peut se révéler utile pour accéder au
plaisir sexuel et éviter les tensions dans le couple. Si votre partenaire veut
moins de rapports sexuels par rapport à vous, l’alternance entre rapport sexuel
et masturbation peut être un bon compromis. Et en fonction de votre
positionnement, ajustez votre imaginaire érotique. Si vous avez plus de désir
que votre partenaire, évitez de stimuler vos fantasmes. Si au contraire, vous
avez envie d’avoir plus envie de sexualité, et bien, développez votre imaginaire
érotique.
Partie 6
Les points essentiels
Cette partie est une sorte de synthèse qui permet à la fois aux personnes
concernées mais aussi aux professionnels de se rappeler succinctement les
points importants lorsque quelqu’un présente un trouble du désir sexuel.
Il est important de garder à l’esprit que chez tout le monde la libido n’est
pas figée, celle-ci est différente chez l’adolescent, l’adulte et chez la
personne vieillissante (partie 1, ici).
Le travail, le stress, la vie de famille, les écrans, etc. ce quotidien qui est
parfois trop chargé ne laisse pas de place au désir sexuel (partie 3, ici).
Le trouble de l’hypersexualité
L’asexualité