Oriol 1985
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APPARTENANCE LINGUISTIQUE,
DESTIN COLLECTIF,
DÉCISION BNDIMDUELLE
par Michel Oriol
RÉSUMÉ
SUMMARY
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336 Michel Oriol
L'identité est une notion confuse. Elle est même, selon nous,
irréductiblement telle : si les appartenances des sujets modernes
relèvent des pratiques politiques et existentielles, c'est qu'elles ne
comportent jamais de critères théoriques irrévocables.
Aussi parlons-nous d' identité-appartenance pour désigner
abstraitement le produit des pratiques qui tendent à conférer
comme une évidence naturelle aux identités, objets de croyance
sociale. Selon nous, il est donc possible d'entreprendre une théorie
scientifique et critique dont l'objet (« l'identité-appartenance »)
rend compte des conditions de production de Vopinion collective
(« les nations existent réellement »).
L'un des fils conducteurs de notre propos est de considérer que
les appartenances nationales et culturelles sont le produit de dyna-
miques qui tendent à circonscrire les groupes, c'est-à-dire d'actes
de totalisation. Ceux-ci assignent, en effet, un dedans et un dehors,
des lieux d'inclusion et des espaces d'exclusion.
Nous parlons de totalisation institutionnelle quand cette défi-
nition est accomplie par un Etat, ou un appareil politique ou une
Eglise, et de totalisation existentielle quand elle est effectuée par les
actes cognitifs et la praxis des sujets individuels.
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Destin collectif et communauté linguistique 337
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2. De façon plus générale, la relation entre les deux nations est remarqua-
blement définie dans une boutade que le journal Le Monde attribue à Felipe
Gonzales : « Deux frères siamois unis par le dos » (La double mésentente, Le
Monde, 1er décembre 1983, p. 1). On ne saurait mieux dire que l'oppositoin
symbolique est bien affaire d'appartenance distincte, et non de ressemblance
objective.
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Destin collectif et communauté linguistique 339
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en critiquant par là
sous nos catégories : une activité d'unification systématique des
phénomènes par l'usage réglé d'un concept qui permette de les
relier et de les ordonner. Il a également bien vu que le scheme peut
servir à totaliser les données de l'expérience au-delà des limites de
celle-ci. C'est très exactement le domaine de construction symbo-
lique de la nation, dont toutes les dimensions échappent forcément
aux strictes règles d'une vérification objective. La langue comme
scheme, en tant qu'elle sert à construire de façon incontestée
l'unité du groupe national, ne se ramène ni aux discours observa-
bles, dans leur hétérogénéité, ni au système construit par le lin-
guiste, qui n'a d'existence qu'abstraite et approximative.
Mais quel est le sujet de cette activité schématique ? Nous
retrouvons ici les deux pôles de nos analyses antérieures : l'insti-
tution et le sujet.
1) Reprenons en effet l'exemple de la langue. Presque toutes
les nations modernes se construisent et se reproduisent à partir
d'une proclamation par l'Etat de l'unité linguistique de la commu-
nauté. Même si ses représentants affirment communément le
contraire, cela ne signifie pas que l'Etat ait trouvé dès sa naissance
la langue déjà constituée. On sait bien qu'il lui faut combattre les
spécificités dialectales, les langues rivales, instaurer des normes
officielles du bon usage, en particulier pour la syntaxe et le lexique
et pousser, aussi loin que possible, la standardisation, à travers les
appareils d'éducation et les académies. La langue ne peut jouer
comme scheme de totalisation institutionnelle qu'à la condition
d'être elle-même produite dans des conditions normatives qui
puissent non seulement lui donner l'apparence d'un système clos,
mais encore lui conférer valeur instrumentale, capacité de modifier
efficacement des usages divers.
On voit par là que l'action schématique du pouvoir d'Etat
n'est pas inconditionnée. Elle doit s'exercer sur des matériaux
déjà constitués. Ceux-ci se prêtent plus ou moins à ce projet d'uni-
fication, à la mesure même des traces qu'ils comportent de l'action
de schemes politiques antérieurs. Aussi l'unité observable de la
communauté linguistique ne peut-elle jamais être conçue indépen-
damment de quelque trace d'institutionnalisation antérieure, qui
se soit trouvée progressivement intériorisée.
2) C'est précisément cette nécessité où ils sont d'être en fin de
compte assumés par des sujets individuels qui représente la seconde
limite du pouvoir des schemes de totalisation portés par les insti-
tutions étatiques. De fait, le sujet moderne a, la plupart du temps,
fini par croire que les langues existent comme des objets naturel-
lement distincts, et il en vient même à être convaincu que le statut,
voire l'existence du discours oral sont seconds par rapport à l'écrit.
Mais rien n'empêche qu'en dernière analyse, une langue n'existe
que par les pratiques concrètes des locuteurs, qui doivent être
suffisamment motivés pour préserver et défendre l'outil institué
de la communication, lors même qu'il est menacé, comme en
situation d'émigration. On retrouve ici les paradoxes du renvoi
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Destin collectif et communauté linguistique 341
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Destin collectif et communauté linguistique 343
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Destin collectif et communauté linguistique 345
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Destin collectif et communauté linguistique 347
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