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"Les implications de la responsabilité sociétale des

entreprises en matière de gouvernance d'entreprise"

Larondelle, Anaïs

Abstract
Tout d’abord, nous avons identifié une problématique intéressante dans
l’environnement économique actuel. La gouvernance d’entreprise des sociétés
cotées tient-elle compte de la responsabilité sociétale des entreprises et de
ses impacts ? Ensuite, nous avons pris connaissance des différents thèmes
principaux de ce mémoire. Il s’agit de la gouvernance, de la responsabilité
sociétale des entreprises et de la charnière entre les 2 : la norme ISO 26000 qui
est un guide de bonnes pratiques d’intégration de la RSE au sein de la gestion des
sociétés et donc de la gouvernance d’entreprise. En outre, pour répondre à notre
problématique, nous avons posé deux questions de recherche. L’une relative à
la façon dont les sociétés intègrent la RSE dans leurs processus décisionnels et
l’autre en relation avec la transparence que les sociétés accordent à la divulgation
des informations relatives à la RSE. Afin d’étudier cette implémentation de la
RSE...

Document type : Mémoire (Thesis)

Référence bibliographique
Larondelle, Anaïs. Les implications de la responsabilité sociétale des entreprises en matière de
gouvernance d'entreprise.  Louvain School of Management, Université catholique de Louvain,
2017. Prom. : D'Hondt, Catherine ; Truyens, Vincent.

Available at:
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:10886
[Downloaded 2019/02/13 at 19:48:07 ]
Louvain School of Management (LSM)

Les implications de la responsabilité sociétale des


entreprises en matière de gouvernance d’entreprise
Mémoire réalisé par
Anaïs LARONDELLE

Promoteurs
Catherine D’HONDT & Vincent TRUYENS

Lecteur
Rudy DE WINNE

Année académique 2016-2017


Master en Sciences de gestion

Chaussée de Binche, 151 - 7000 Mons, Belgique www.uclouvain.be/lsm


Résumé

Tout d’abord, nous avons identifié une problématique intéressante dans l’environ-
nement économique actuel. La gouvernance d’entreprise des sociétés cotées tient-elle
compte de la responsabilité sociétale des entreprises et de ses impacts ?
Ensuite, nous avons pris connaissance des différents thèmes principaux de ce mé-
moire. Il s’agit de la gouvernance, de la responsabilité sociétale des entreprises et de
la charnière entre les 2 : la norme Organisation internationale de normalisation (ISO)
26000 qui est un guide de bonnes pratiques d’intégration de la RSE au sein de la gestion
des sociétés et donc de la gouvernance d’entreprise.
En outre, pour répondre à notre problématique, nous avons posé deux questions de
recherche. L’une relative à la façon dont les sociétés intègrent la RSE dans leurs pro-
cessus décisionnels et l’autre en relation avec la transparence que les sociétés accordent
à la divulgation des informations relatives à la RSE.
Afin d’étudier cette implémentation de la RSE au sein des modes de gouvernance
d’entreprise, nous avons analysé les rapports de gestion, la déclaration de gouvernance
d’entreprise, la charte de gouvernance d’entreprise et le rapport de développement
durable, lorsqu’il existe, de deux catégories de sociétés cotées belges. Au-delà de ces
publications, nous nous sommes évidemment intéressés à leur contenu en collectant, via
une approche originale (analyse lexicographique), différents indicateurs afin de répondre
à notre problématique.
Au terme de cette étude, nous constatons que notre échantillon intègre la RSE de
façon très différente en termes d’intensité et que le chemin pour une implémentation
volontaire et complète est encore long. Cependant, certaines sociétés analysées vont
au-delà des dispositions légales et publient un rapport de développement durable, ce
qui nous donne l’espoir que les sociétés s’intéressent davantage à la RSE et l’intègrent
dans leurs modes de gestion et processus décisionnels.
Avant-propos

Avant toute chose, je tiens à remercier ma promotrice et mon co-promoteur,


les professeurs Catherine D’hondt et Vincent Truyens pour leurs conseils
avisés, leur disponibilité, leur encadrement et leurs recommandations sans
qui ce mémoire n’aurait pas pu voir le jour.

Ensuite, je voudrais remercier Marc et David Green pour leur soutien mo-
ral, leurs encouragements et leur aide.

Je remercie, en outre, Antoine Soetewey pour ses conseils et sa précieuse


aide en matière de statistiques.

De plus, je souhaite remercier tous les professeurs que j’ai eu la chance de


connaître durant mon cursus pour toutes les connaissances qu’ils m’ont per-
mis d’apprendre et dont nombreuses ont été mobilisées lors de la rédaction
de ce mémoire.

J’adresse encore un remerciement à monsieur Julien Stein de Cap Conseil


pour sa disponibilité et l’accès aux informations dont j’ai bénéficié.

Enfin, j’adresse mes remerciements les plus sincères envers ma famille et


mes amis pour leurs encouragements et leur soutien moral tout au long de
mes études et plus particulièrement lors de cette dernière ligne droite.
Table des matières

Table des matières i

Liste des abréviations v

Liste des tableaux vii

Liste des figures ix

Liste des annexes xii

Introduction 1

I Revue de la littérature 5

Introduction 7

1 La gouvernance d’entreprise 9

1.1 Notion de gouvernance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

1.2 La gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

1.2.1 Objectifs de la gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . . . . . 11

1.2.2 Les théories de la gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . . . . 12

1.3 Le conseil d’administration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

i
ii.

1.3.1 Définition du conseil d’administration . . . . . . . . . . . . . . . 16

1.3.2 Utilité du conseil d’administration . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

1.4 Cadre de référence et champ d’application de la gouvernance d’entreprise


selon l’Union européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

1.4.1 Définition de la gouvernance d’entreprise en Belgique . . . . . . 18

1.4.2 Champ d’application du code de gouvernance d’entreprise en Bel-


gique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

1.4.3 Les principes du code Daems de 2009 . . . . . . . . . . . . . . . 20

1.4.4 Transparence de la gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . . . 21

1.4.5 La RSE au sein de la gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . . 21

2 La responsabilité sociétale des entreprises 23

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

2.2 Les 3 âges de la RSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

2.2.1 La conception éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

2.2.2 La conception utilitariste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

2.2.3 La conception de soutenabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

2.3 Responsabilité sociétale des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

2.4 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

2.5 Le développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

2.6 Greenwashing . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

3 Liens entre gouvernance et responsabilité sociétale d’entreprise 31

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

3.1 Présentation de l’ Organisation internationale de Normalisation . . . . 31

3.2 La norme ISO 26000 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32


iii.

3.2.1 Champ d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

3.2.2 Introduction de la norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

3.3 Principes de RSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

3.3.1 La redevabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

3.3.2 La transparence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

3.3.3 Le comportement éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

3.3.4 La reconnaissance des intérêts et des parties prenantes . . . . . 36

3.3.5 Le respect du principe de légalité . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

3.3.6 La prise en compte des normes internationales de comportement 37

3.3.7 Le respect des droits de l’Homme . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

3.4 Pratiques RSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

3.4.1 Intégration de la RSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

3.5 Identification de sa RSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

3.5.1 Identification de sa RSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

3.5.2 Incorporation de la RSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

3.6 Identification des parties prenantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

3.7 Intégration de la RSE au sein de l’organisation par le biais de la gouver-


nance d’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

3.7.1 La gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

Synthèse de la revue de littérature 47

II Étude empirique 49

Introduction 51

4 Éléments de recherche et méthodologie 53


iv.

4.1 Définition de l’échantillon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

4.2 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

4.3 Questions de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

4.4 Hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

4.4.1 Volet gouvernance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

4.4.2 Volet social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

4.4.3 Volet environnemental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

4.4.4 Résultante des trois volets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

4.5 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

5 Analyse des résultats 65

5.1 Analyse de l’échantillon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

5.2 Test lexicographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

5.2.1 Volet gouvernance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

5.2.2 Volet social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

5.2.3 Volet Environnemental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

5.2.4 Résultats de la résultante des trois volets . . . . . . . . . . . . . 101

5.3 Conclusion de l’analyse des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

Recul critique 103

III Conclusion 107

Bibliographie 111

Annexes III

A Article 96 du Code des sociétés III


v.

B Article 522 du Code des sociétés V

C Article 526 du Code des sociétés VII


vi.
Liste des abréviations

CA . . . . . . . . . . . . conseil d’administration

CIDD . . . . . . . . . Commission interdépartementale du développement durable

CSR . . . . . . . . . . Corporate Social Responsibility

ESG . . . . . . . . . . environnemental, social, gouvernance

FEB . . . . . . . . . . Fédération des entreprises belges

FSMA . . . . . . . . Autorité des services et marchés financiers (Financial Services &


Markets Authority)

IFRS. . . . . . . . . . International Financial Reporting Standards

ISO . . . . . . . . . . . Organisation internationale de normalisation

OCDE . . . . . . . . Organisation de coopération et de développement économique

RSE . . . . . . . . . . Responsabilité sociétale des entreprises

RSO . . . . . . . . . . Responsabilité sociétale des organisations

SOX . . . . . . . . . . Sarbanes-Oxley Act

UICN . . . . . . . . . Union internationale pour la conservation de la nature

vii
viii.
Liste des tableaux

4.1 Les sociétés formant l’échantillon (source : https ://www.bourse.be/cours/actions-


bruxelles) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

5.1 Pourcentage de réponses affirmatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67


5.2 Sociétés ayant un rapport DD/RSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5.3 Pourcentage de rapports DD/RSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

ix
x.
Liste des figures

3.1 Les relations de l’organisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

5.1 Apparition des locutions « RSE »,« responsabilité sociétale/sociale » dans


le rapport de gestion et dans la déclaration de gouvernance . . . . . . . 72

5.2 Test de moyennes sur les termes « responsabilité sociétale » . . . . . . . 73

5.3 Apparition des locutions « RSE » et « responsabilité sociétale/sociale »


dans la charte de gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . 74

5.4 Volet gouvernance : utilisation des termes à aspect légal dans le rapport
de gestion et la déclaration de gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . 77

5.5 Test de moyennes sur le terme « légalité » . . . . . . . . . . . . . . . . 79

5.6 Volet gouvernance : utilisation des termes à aspect légal dans la charte
de gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

5.7 Apparition des locutions « transparence » et « transparent » dans le rap-


port de gestion, la déclaration de gouvernance et la charte de gouvernance 83

5.8 Test de moyennes sur le terme « transparence » . . . . . . . . . . . . . 85

5.9 Volet social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

5.10 Identification des parties prenantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

5.11 Interaction avec les parties prenantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

xi
xii.

5.12 Test de moyennes sur les termes « parties prenantes » et « parties inté-
ressées » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
5.13 Analyse pour le volet environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.14 Test de moyennes sur le terme « environnement » . . . . . . . . . . . . 100
Liste des annexes

Annexe A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III
Annexe B . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V
Annexe C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII

xiii
xiv.
Introduction

La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est devenue, de nos jours, un


enjeu économique nécessaire. La norme ISO 26000 la définit comme telle :

« responsabilité d’une organisation [. . .] vis-à-vis des impacts [. . .] de


ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement [. . .], se
traduisant par un comportement éthique [. . .] et transparent qui
— contribue au développement durable [. . .], y compris à la santé et au
bien-être de la société ;
— prend en compte les attentes des parties prenantes [. . .] ;
— respecte les lois en vigueur tout en étant en cohérence avec les normes
internationales de comportement [. . .] ;
— est intégré dans l’ensemble de l’organisation [. . .] et mis en œuvre
dans ses relations.
» (ISO, 2010b, p. 4)

Dès lors, afin que les sociétés puissent se revendiquer responsables socialement, elles
doivent intégrer cette dimension dans leurs modes de gestion et de prises de décision
de la société. C’est le conseil d’administration, organe décisionnel, via la gouvernance
d’entreprise, qui peut intégrer cette nouvelle dimension dans la gestion des sociétés.

En plus d’intégrer la RSE dans les modes de gestion, il est important que les sociétés
revendiquent cet intérêt afin que tout un chacun sache qu’elle est investie en matière
de RSE.

L’objectif de ce mémoire est de déterminer si la RSE, et tous ses aspects, sont


intégrés dans les méthodes de gestion des sociétés et si cela est rendu public. Dès lors, les

1
sociétés qui accordent de l’importance en matière de RSE en intègrent cette dimension
dans leurs processus décisionnels et divulguent cet intérêt dans leurs publications.

Pour ce faire, nous avons d’abord pris connaissance des principaux thèmes consti-
tuant notre problématique. Il s’agit de la gouvernance d’entreprise, étant donné que
c’est par ce mode de gestion que la RSE pourrait être implémentée dans une société.
C’est un concept parfois difficile à identifier car ses interprétations sont variables. L’on
pourrait brièvement l’expliquer comme étant un cadre de référence décidé au sein de
la société, contenant une série de règlements internes permettant à toute personne en
relation avec elle de savoir quels sont ses droits et obligations envers elle. Ensuite, nous
avons étudié la RSE en profondeur ainsi que les différents éléments qui la constituent.
Enfin, nous avons étudié la norme ISO 26000 qui est une sorte de guide d’implémen-
tation de la RSE dans les sociétés. Elle est non contraignante et peut s’employer tel
un guide d’utilisation permettant aux organisations désireuses d’intégrer la RSE dans
leurs modes de gestion, de le faire et ce à tous les niveaux stratégiques.

Suite à cette revue de littérature, nous avons posé deux questions de recherche
relatives à l’implémentation de la RSE dans les modes de gestion des sociétés et à la
manière dont elles rendent publiques et transparentes cette implémentation.

Nous avons basé notre analyse sur certaines sociétés cotées belges. Afin de déter-
miner si elles intègrent la RSE dans leurs modes de gestion, nous avons analysé les
documents qu’elles publient. Elles ont, par exemple, l’obligation de publier au terme
de chaque exercice un rapport annuel contenant le rapport de gestion et la déclaration
de gouvernance d’entreprise, tous deux rédigés par le conseil d’administration. Il s’agit
des deux parties du rapport annuel que nous avons analysées. Sur leur site internet,
elles doivent également publier leur charte de gouvernance que nous avons également
étudiée. De plus, certaines sociétés publient un rapport de développement durable,
parfois appelé, rapport RSE. Lorsqu’elles en publient un, nous nous le somme procu-
3.

rés et l’avons analysé. Ces différents documents ont été étudiés en profondeur afin de
répondre à nos questions de recherche. Nous avons orienté notre analyse sur base des
informations que nous avons acquises lors de la revue de littérature et particulièrement
sur base de ce qui est développé dans la norme ISO 26000.
Nous avons réalisé notre analyse principalement sur base de tests lexicographiques
dans les différents documents. Nous nous sommes inspirés de la norme ISO 26000 pour
établir notre liste d’indicateurs lexicographiques. Il s’agit d’une technique d’analyse
originale qui consiste en un comptage de locutions. Elle laisse peu de place à une inter-
prétation entre les lignes de ce dont il est fait mention dans les différents documents.
Nous ne pouvons dès lors que tirer des conclusions sur base des informations collec-
tées et de la manière dont elles l’ont été. Cependant, malgré la technique d’analyse,
différentes tendances sont apparues, nous permettant de valider ou non les différentes
hypothèses que nous avions posées et qui nous permettent de répondre à nos deux
questions de recherche.
4.
Première partie

Revue de la littérature

5
Introduction

Dans cette première partie, nous aborderons l’origine et les premières utilisations
de terme « gouvernance » afin d’aboutir à une définition du concept la plus complète.
Suivra une définition de la gouvernance d’entreprise et de ses différentes théories sous-
jacentes ainsi que les législations imposant la gouvernance en Belgique. Concernant
la responsabilité sociétale des entreprises, seront définis les concepts suivants : les 3
conceptions de la RSE qui définissent les 3 âges de la RSE, le développement durable
et le greenwashing. Les 2 concepts principaux se relient au travers de la norme « ISO
26000 » qui sera développée au terme de cette revue de littérature.

7
8.
Chapitre 1

La gouvernance d’entreprise

1.1 Notion de gouvernance

La première partie de ce mémoire reprend l’un des 2 concepts principaux : la gouver-


nance d’entreprise. Suivront les théories et concepts sous-jacents y relatifs. Les concepts
sous-jacents sont développés car ils vont de pair avec la définition de la gouvernance
d’entreprise. Cependant, ils ne sont pas utilisés dans l’étude empirique.
Le terme « gouvernance d’entreprise » est la traduction française de « corporate go-
vernance » qui avait lui-même été traduit originellement du français en anglais. « Gou-
vernement » a été traduit en anglais en « governance » avec le dernier terme qui serait
d’origine française. Selon Huynh-Quan-Suu (s.d.), le terme « gouvernance » provient
du verbe grec « kubernân » qui signifie « piloter un navire ou un char ». Il était peu
utilisé en France au 12e et 13e siècle et signifiait une manière de gouverner. Au 14e
siècle, il est traduit en anglais en tant que « governance » et désigne une action ou une
manière de gouverner. Ensuite, ce terme est tombé dans l’oubli, car désuet et rappe-
lant l’ancien régime. Il est à nouveau réemployé au siècle des Lumières. Dans les pays
anglophones, le terme « governance » est réapparu à la fin du millénaire précédent et
s’est ainsi transposé dans les pays francophones.

La gouvernance s’est développée dans différents secteurs. On entend notamment


parler de « gouvernance publique », « gouvernance environnementale », « gouvernance
territoriale », « gouvernance d’un système » ou « gouvernance d’entreprise » qui est
celle qui retiendra plus particulièrement notre attention.

9
10.

1.2 La gouvernance d’entreprise


La gouvernance d’entreprise n’a, réellement, commencé à prendre de l’importance
qu’outre-Manche et outre-Atlantique au 14e siècle. Reprise dans le courant du 20e
siècle, après une longue période d’abandon du terme, des économistes l’emploient à
nouveau pour désigner des méthodes de coordination utilisées par les entreprises pour
être plus efficaces sur les marchés financiers. Suite à cela, les termes anglais et français
se rapprochent dans leur définition pour exprimer le regain d’intérêts des actionnaires
dans la gestion et la direction des entreprises. Il s’agit actuellement d’un terme très en
vogue et dont le concept s’est fortement développé durant le 20e siècle, notamment sous
l’ère de Margareth Thatcher au Royaume-Uni. L’affaire Enron 1 , entre autres, a révélé
l’importance de bien encadrer la gouvernance d’entreprise afin d’éviter un maximum
de failles dans les modes de gestion. Il a donc fallu mettre un cadre contraignant
autour des modes de gouvernement d’entreprise afin de les réduire les risques. La loi
Sarbanes-Oxley Act (SOX) fut le cadre législatif fédéral mis en place aux États-Unis
en 2002 en réponse aux scandales Enron et Worldcom. Cette loi insiste sur le rôle des
auditeurs externes dans l’étude des informations fournies par les entreprises. De plus,
au vu de l’évolution des modes de gestion, de la mondialisation, du nombre grandissant
de sociétés 2 faisant appel public à l’épargne et de l’accessibilité des titres auprès de
petits porteurs, il semblait nécessaire de figer un cadre légal pour protéger l’ensemble
des parties prenantes.
La gouvernance d’entreprise est un concept subjectif laissant place à des interpré-
tations diverses et variées. Dès lors, il n’existe pas une définition unique et qui fasse
l’unanimité. Selon Charreaux, la gouvernance d’entreprise se définit comme l’ensemble
des « mécanismes organisationnels qui ont pour effet de délimiter les pouvoirs et d’in-
fluencer les décisions des dirigeants, autrement dit, qui gouvernent leur conduite et
définissent leur espace discrétionnaire » (Charreaux, 1996, p. 3).
La raison d’être de la gouvernance d’entreprise provient des intérêts antagonistes
entre les propriétaires de l’entreprise et les managers de l’entreprise. Pour conclure,

1. Une grande entreprise américaine présente dans le secteur de l’énergie qui fit faillite en 2001
suite à des opérations spéculatives manquées faisant apparaître d’énormes malversations, fraudes et
délits d’initié et entrainant son cabinet d’audit Arthur Andersen dans sa chute. Enron était aussi
considérée par de nombreux acteurs comme un modèle en matière de gouvernance.
2. Nous apportons ici une distinction entre deux notions proches. Dans ce travail, Société signifie
l’ensemble de la population tel « un ensemble d’êtres humains vivant en groupe organisé » tandis que
société est utilisée dans le sens de l’organisation ou de l’entreprise
11.

nous pouvons dire que la gouvernance d’entreprise est un cadre de référence dans
lequel les différentes parties prenantes de l’entreprise peuvent exercer leur pouvoir.
Ce cadre de référence comprend les obligations légales, les incitants, les règlements
internes à l’entreprise ainsi que les codes éthiques permettant aux parties prenantes
de prendre des décisions dans l’intérêt de l’entreprise afin de créer de la valeur pour
lesdites parties, qu’elles soient internes ou externes. Celles-ci ont des intérêts propres
qui doivent se concilier afin de gérer au mieux l’entreprise. Il s’agit, en quelque sorte,
d’introduire un fonctionnement dans une entité économique.

1.2.1 Objectifs de la gouvernance d’entreprise

La gouvernance permet à l’entreprise de répondre aux attentes divergentes entre


toutes les parties prenantes en évitant tout conflit d’intérêts qu’ils soient entre les par-
ties elles-mêmes ou avec l’entreprise et en remplissant sa mission et son objet social. Les
objectifs principaux au sein des organisations sont de diminuer les écarts qui favorisent
l’apparition de conflits d’intérêts et de donner confiance aux investisseurs permettant
ainsi de créer de la valeur pour l’entreprise. Selon l’Organisation de coopération et de
développement économique (OCDE), « Un gouvernement d’entreprise de qualité doit
inciter le conseil d’administration et la direction à poursuivre des objectifs conformes
aux intérêts de la société et de ses actionnaires et faciliter une surveillance effective
des résultats obtenus. » (OCDE, 2004, p. 11). La « bonne » gouvernance d’entreprise
est une notion très subjective mais est celle qui réduit au maximum les pertes de va-
leurs pour les parties prenantes. Suite aux études réalisées au sein de l’OCDE, de pays
membres et non membres de l’organisation, certains principes permettent de tendre
vers une « bonne gouvernance d’entreprise ».
La mise en place d’une gouvernance d’entreprise est également le résultat d’une
volonté de la part des institutions étatiques de limiter la prise de risque des investisseurs,
de favoriser une croissance saine et de permettre à un système financier sain d’exister
afin d’éradiquer toutes sortes de pratiques économiques nuisibles.
La façon dont la gouvernance se met en place (la séparation de la propriété de la
gestion) est en même temps un problème, car cela a induit une perte d’informations
entrainant une diminution de la performance de l’entreprise. Cela s’explique au travers
des différentes théories expliquées ci-après.
12.

1.2.2 Les théories de la gouvernance d’entreprise


Nous estimons intéressant de présenter plusieurs théories relatives à la gouvernance.
En effet, il est intéressant de comprendre dans quelles mesures et jusqu’où les dirigeants
de nos entreprises influencent notre économie. Selon Charreaux (2011) deux grands
courants animent la gouvernance. Le premier considère l’entreprise comme un « nœud
de contrats » et affiche une vision contractuelle. Ce courant compte l’approche finan-
cière reprenant le modèle financier — actionnarial — (théorie de l’agence) et l’approche
partenariale reprenant le modèle contractuel partenarial. Un deuxième courant qui tient
compte des méthodes de création de valeur par l’apprentissage, les compétences et l’in-
novation est le modèle cognitif. La différence entre ces 2 courants est que le second
distingue l’information de la connaissance. L’information est une donnée figée, objec-
tive et résultant d’événements. La connaissance, au contraire, est subjective, ouverte
et libre d’interprétation. Ces 2 courants ne tiennent cependant pas encore compte des
comportements qui affectent les dirigeants et qui influencent, parfois à tort, leur ca-
pacité à prendre les meilleures décisions.Nous allons présenter les théories de l’agence,
des parties prenantes et de l’enracinement du dirigeant.

1.2.2.1 La théorie de l’agence

Cette théorie repose sur le modèle financier et actionnarial. La théorie de l’agence


est un des piliers sur lequel repose la gouvernance d’entreprise. En effet, elle est la
résultante de la gouvernance d’entreprise par le fait de la séparation de la propriété
et de la gestion au sein d’une même entreprise. Cette séparation entraîne des intérêts
différents au sein de chacune des parties avec le risque de vouloir imposer les siens à
l’autre.
Selon Michael Jensen et William Meckling : « Nous définissons une relation d’agence
comme un contrat par lequel une (ou plusieurs) personne (le principal) engage une autre
personne (l’agent) pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une
délégation d’un certain pouvoir de décision à l’agent. » (cité dans Badreddine, 2004,
p. 9)
La théorie de l’agence consiste à étudier les relations d’interdépendances de chacune
des parties prenantes avec l’entreprise. Il est important qu’elles ne privilégient pas leurs
propres intérêts mais qu’elles suscitent des projets dans l’intérêt de toutes. Le fait que
plusieurs types de parties prenantes exercent des fonctions différentes entraine des coûts
13.

d’agence, une asymétrie d’informations et des divergences d’opinions.


Au sein d’une société, la théorie de l’agence se visualise via la séparation du contrôle
et de gestion. L’actionnaire est le principal, l’agent est représenté par les dirigeants qui
prennent des décisions dans l’intérêt de la société et non dans celui des actionnaires. Le
danger pour les actionnaires serait de penser qu’ils disposent du contrôle sur l’entreprise
alors qu’en réalité, seuls les dirigeants en disposent véritablement.
Une des conséquences de cet écart entre la gestion et la propriété est l’asymé-
trie d’informations. En effet, les actionnaires (le principal) engagent des personnes qui
vont gérer l’entreprise. Au départ, il y a symétrie d’informations, car les actionnaires
propriétaires transmettent des informations aux dirigeants. Par la suite, ces derniers
s’approprient l’entreprise et disposent de plus d’informations que les propriétaires, car
ils la gèrent quotidiennement et ne rendent que des rapports périodiques et synthétisés
de la situation de l’entreprise aux propriétaires. Les risques que les dirigeants privi-
légient leurs propres intérêts (salaire élevé, notoriété. . . ) aux dépens des intérêts des
propriétaires sont importants, non négligeables et plus ou moins réels.

Cette asymétrie d’informations dans la relation d’agence entraine, pour les deux
parties, des coûts d’agence. Ceux-ci reprennent des coûts de surveillance, d’opportunité
et d’obligation ou d’engagement dans le but de réduire au maximum les probabilités
que l’agent (les dirigeants) agisse mal et sont supportées par les actionnaires. Dès lors, il
est important d’instaurer une relation de confiance entre ces parties afin de les limiter.
L’origine des pertes de la valeur des actions est multiple. Cela peut provenir d’in-
vestissements dont la rentabilité pourrait être influencée par le dirigeant. Son rempla-
cement ou éviction pourrait être coûteux en termes financiers pour les actionnaires, par
contre, un enracinement du dirigeant peut être perçu comme une volonté de celui-ci
de s’investir entièrement pour le bien de son entreprise. Cela pourrait également être
le cas en cas de mésentente entre les actionnaires et les dirigeants ou encore en cas de
dépenses somptuaires qu’elles aient pour objectif de montrer toute l’étendue du pou-
voir du dirigeant ou non. Ces dispositions se traduisent d’abord en coûts d’agence en
augmentation avant de se traduire en perte de valeur financière pour les actionnaires.
Afin de limiter les risques d’outrepasser leurs missions de dirigeants et de réduire
les coûts, des mécanismes de gouvernance d’entreprise sont mis en place. Pour ce faire,
les managers peuvent faire appel à un certain nombre d’administrateurs indépendants.
En Belgique, l’obligation de créer différents comités spécialisés (audit, nomination et
14.

rémunération) et la distinction des postes de directeur et de président permettent


encore de réduire cet espace. En interne, le conseil d’administration (représentant des
actionnaires) dispose de 2 appuis afin d’inciter les dirigeants à agir de la manière la plus
correcte possible : associer la rémunération des dirigeants sur la performance des actions
et la possibilité de révoquer les dirigeants. Selon Charreaux (2002) pour satisfaire
les parties prenantes externes (public, investisseurs potentiels, État), l’entreprise se
doit d’être transparente et de publier cette transparence, notamment via le rapport de
gestion. Ces différents mécanismes visant à contrer les pertes de valeur sont efficaces
dans la mesure où les coûts de leur mise en place ne dépassent pas les coûts d’agence.
Chaque entreprise a pour objectif de dégager de la valeur à répartir aux parties
prenantes. Cependant, à cause de la séparation de la gestion de la propriété, des coûts
sont à enregistrer. Il convient dès lors, dans un premier temps, d’analyser s’il faut
engager ceux-ci, car il est possible qu’ils ne permettent pas à l’entreprise de tirer des
bénéfices.

1.2.2.2 La théorie des parties prenantes

Cette théorie est issue du modèle contractuel partenarial, laissant un plus grand
nombre de parties prenantes (que l’on peut classer en famille d’agents économiques :
les travailleurs, les sous-traitants, les clients, les fournisseurs, les organismes de fi-
nancement, l’État. . .) exprimer leurs intérêts divergents pour une société. L’entreprise
constitue un réel « nœud de contrats ». Cette théorie démontre la multitude d’inté-
rêts différents auxquels l’entreprise doit répondre. Dans cette théorie, si l’agent est,
comme dans la théorie de l’agence, les dirigeants, le principal lui devient en fait « les
principaux » car il regroupe les différentes parties prenantes énoncées ci-dessus.
Cela entraine l’apparition de nouveaux modes de gestion au sein des entreprises afin
de répondre à la multiplication des attentes. La difficulté principale réside dans le fait
qu’il apparait impossible de satisfaire entièrement chacune des parties prenantes. Dès
lors, nous devons identifier quelles sont les parties prenantes prédominantes induisant
des coûts contractuels en lieu et place des coûts d’agence. Il s’agit du même principe
que dans la théorie de l’agence vue précédemment, mais reportée sur un plus grand
nombre de parties prenantes. La gouvernance n’intervient et n’apporte de la valeur à
l’entreprise que lorsque les parties prenantes parviennent à se partager la valeur créée
par l’entreprise.
Par rapport à la théorie de l’agence, celle-ci suggère de privilégier un maximum
15.

les intérêts des différentes parties prenantes. Si tel n’était pas le cas, les actionnaires
s’en verraient satisfaits à court terme, mais cela aurait pour conséquence de détruire
de la valeur à long terme pour l’entreprise et donc pour les actionnaires et également
les parties prenantes avec les conséquences les plus dramatiques qui puissent arriver
(CES Université de Liège, 2010).

1.2.2.3 La théorie de l’enracinement du dirigeant

Suite aux théories étudiées ci-devant, nous souhaitons développer quelque peu la
théorie de l’enracinement des dirigeants. Cette dernière semble être antinomique à la
théorie des parties prenantes, car elle démontre que les dirigeants disposent de certains
leviers pour gérer la société, de la façon qu’ils souhaitent, qui peut être contradictoire
aux intérêts des parties prenantes.
Cette théorie présente différents intérêts qu’ont les dirigeants afin de limiter les
risques qu’ils supportent. Pour ce faire, ils n’hésitent pas à utiliser différentes stratégies
pour conserver leur place au sommet de la hiérarchie. Il s’agit d’un cercle vicieux, car
en procédant de la sorte, ils se rendent indispensables dans la société et il devient
difficile de les remplacer, car les coûts de leur éviction et de la formation de nouveaux
dirigeants sont importants. Ainsi, ils disposent d’un plus grand pouvoir.
En effet, ils disposent de l’information en première ligne, car il s’agit en quelque
sorte des personnes qui écrivent cette information. Ils peuvent contrôler sa diffusion
ce qui accroît leur espace discrétionnaire. De plus, les dirigeants n’ont pas intérêt à
communiquer toute l’information s’ils souhaitent s’enraciner.
S’ajoute à l’asymétrie d’information, les pouvoirs des administrateurs, sorte de
contrôleurs des dirigeants et de leur motivation. Plus ils seront motivés, capables d’ac-
quérir et de traiter l’information, plus les dirigeants devront la leur communiquer.
Cependant, comme expliqué précédemment, ils ne disposeront jamais de toute l’infor-
mation qu’ils souhaitent. De plus, si les administrateurs n’obtiennent pas aisément les
informations, cela risque de paralyser le processus de contrôle.
Cette théorie démontre que les dirigeants disposent de différents leviers pour gérer
la société. Par contre, il existe certains mécanismes qui permettent aux administrateurs
de réduire l’espace entre eux.
Tout d’abord, une concentration du capital élevée entre quelques actionnaires (fi-
nanciers ou institutionnels) permet de réduire cet espace. En effet, ces quelques ac-
tionnaires ont tout intérêt à investir dans le contrôle par le biais des administrateurs
16.

et maintenir la rentabilité de leurs investissements. En plaçant des administrateurs au


CA, les actionnaires s’assurent de contrôler la gestion de la société. Lors des assemblées
générales, ils disposent également d’un pourcentage de voix important. Cependant, si
ces actionnaires n’ont pas un portefeuille de titres diversifié, l’on pourrait penser qu’ils
ont plus à perdre en cas de changement de dirigeants, ce qui les rend également en
quelque sorte dépendants des dirigeants.
Ensuite, lorsque les dirigeants sont également actionnaires, les coûts de contrôle
sont moindres. Les dirigeants privilégieront la maximisation de la valeur de la société.
Notons encore que ce cas particulier n’est pas parfait si les dirigeants ne possèdent pas
la totalité du capital.
Enfin, nous remarquons que la composition du CA influence le contrôle. En effet, la
présence d’administrateurs indépendants renforce leur pouvoir en matière de contrôle
par rapport aux administrateurs internes. Il en va de même pour les administrateurs
financiers ou institutionnels disposant de plus de capacités à évaluer les performances
des dirigeants et donc de les contrôler.
Il existe encore d’autres théories telles que la théorie cognitive ou la théorie compor-
tementale qui donnent d’autres approches à la gouvernance d’entreprise mais par souci
de concision, nous ne les développons pas car elles ne constituent pas le fondement de
notre travail.

1.3 Le conseil d’administration


Nous souhaitons à présent définir cet organe, étudier son utilité et son pouvoir
au sein des sociétés, car il s’agit de l’organe au cœur du processus de gouvernance
d’entreprise. Il est un outil de la gouvernance d’entreprise.

1.3.1 Définition du conseil d’administration


Le conseil d’administration (CA) est un collège de personnes (administrateurs) dis-
posant de certains pouvoirs dans la gestion d’une société et prenant des décisions en
son nom et non en celui des administrateurs. Il s’agit également d’une assemblée délibé-
rante, ce qui signifie que les administrateurs décident conjointement sur des sujets qui
ont préalablement fait l’objet d’un ordre du jour et d’une convocation des membres du
conseil d’administration. Selon Guberna, le conseil d’administration est « un organe
17.

de gestion d’une entreprise »(Guberna, 2012).


Les membres du conseil d’administration sont élus par l’assemblée générale. Ces
membres vont alors élire le président du CA et le CA ainsi constitué peut désigner une
personne pour remplir le rôle de directeur général.
Il est possible que le président du CA fasse partie des directeurs du comité de
direction.
Au sein du CA peuvent être créés différents comités spécialisés. Il s’agit des comités
de nomination, de rémunération et d’audit. La constitution de ces comités spécialisés a
pour but de déléguer des responsabilités du CA à des sous-commissions indépendantes
et d’assurer l’équilibre entre les différentes parties prenantes.

1.3.2 Utilité du conseil d’administration


Différentes théories permettent d’expliquer l’importance de l’institution d’un conseil
d’administration au sein d’une entreprise. Ce sont les processus de gouvernance qui
ont contraint les entreprises à séparer la propriété de la gestion de l’entreprise ce qui
a amené la création du conseil d’administration. Il s’agit d’un organe de pouvoir, per-
mettant à l’entreprise de créer de la valeur financière pour sa croissance plutôt que
d’enrichir uniquement ses propriétaires.
Selon la théorie de l’agence, le conseil d’administration a pour but d’identifier les
intérêts des parties prenantes et de les satisfaire. Il a pour objectif de promouvoir
le travail en équipe au sein de la société et de permettre un partage équitable de la
rente économique. La présence de dirigeants d’autres sociétés peut être analysée comme
étant utile au niveau du capital humain et non seulement dans un but de protection. Il
convient que chaque partie prenante soit représentée au sein du CA afin de développer
l’apprentissage organisationnel. Selon l’Union européenne, le conseil d’administration
dispose d’une certaine force dans la mesure où il s’agit du seul organe de l’entreprise
apte à contredire et à révoquer les décisions des dirigeants.
Dans la réalité, le CA marque son accord ou désaccord pour des décisions im-
portantes telles que des investissements, des acquisitions importantes, les orientations
stratégiques et détermine la rémunération des dirigeants. C’est également au CA qu’in-
combe la responsabilité de licencier le directeur général.
En Belgique, le conseil d’administration dispose du pouvoir résiduaire, c’est-à-dire
qu’il dispose de tous les pouvoirs qui n’ont pas été expressément attribués à l’assemblée
générale par la loi ou par les statuts de la société tel que mentionné dans l’article 522
18.

du code des sociétés (voir annexe B en page V). Il a également l’obligation d’agir dans
l’intérêt social. L’intérêt social est une notion vaste. Nous estimons qu’à l’heure actuelle,
il peut comprendre les intentions relatives aux aspects sociaux, environnementaux et
économiques. Selon Guberna encore, « le conseil d’administration joue un double
rôle : soutenir l’esprit d’entreprise (et déterminer sa politique générale) et assurer un
suivi et un contrôle effectifs. » (Guberna, 2012)

1.4 Cadre de référence et champ d’application de


la gouvernance d’entreprise selon l’Union euro-
péenne
Introduction
L’Union européenne dispose de mesures législatives contraignantes et non contrai-
gnantes (souvent référencées sous le terme soft law) en matière de gouvernance d’en-
treprise. Parmi ces dispositions, font partie les codes de gouvernance ainsi qu’une série
de directives du Parlement européen et des recommandations de la Commission euro-
péenne. Selon la directive 2006/46/CE, les sociétés cotées sont encouragées à suivre
un code de gouvernance et le à mentionner dans leur déclaration sur le gouvernement
d’entreprise.

1.4.1 Définition de la gouvernance d’entreprise en Belgique


Selon le Service public fédéral de l’Économie, la gouvernance d’entreprise ou gou-
vernement d’entreprise est définie comme étant
« La gouvernance d’entreprise recouvre un ensemble de règles et de com-
portements qui déterminent comment les sociétés sont gérées et contrôlées.
Une bonne gouvernance d’entreprise atteindra son objectif en établissant
un équilibre adéquat entre le leadership, l’esprit d’entreprise et la perfor-
mance, d’une part, et le contrôle ainsi que la conformité à ces règles, d’autre
part. La bonne gouvernance doit être intégrée dans les valeurs de l’entre-
prise. Elle fournit des mécanismes destinés à assurer le leadership, l’intégrité
et la transparence dans le processus de prise de décisions. Elle doit aider
à fixer les objectifs de la société, les moyens de les atteindre et la façon
d’évaluer les performances. Ces objectifs doivent être conformes aux inté-
rêts de la société, de ses actionnaires ainsi que des autres parties prenantes.
19.

La gouvernance d’entreprise exige également un contrôle, à savoir l’évalua-


tion effective des performances, la gestion attentive des risques potentiels
et une supervision appropriée de la conformité aux procédures et processus
agréés. Il s’agit surtout de vérifier le fonctionnement effectif des systèmes
de contrôle, la gestion des conflits d’intérêts potentiels et la mise en œuvre
de contrôles suffisants destinés à éviter tout abus de pouvoir »(SPF Éco-
nomie, 2013a).

La gouvernance se doit d’être respectée et appliquée par toutes les parties prenantes
tout en étant en accord avec les valeurs, missions et visions de l’entreprise.

1.4.2 Champ d’application du code de gouvernance d’entre-


prise en Belgique
C’est en 2004 qu’est née la Commission Corporate Governance grâce à l’associa-
tion de l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA), de la Fédération des
entreprises belges (FEB) et d’Euronext Bruxelles. Depuis la création, différentes insti-
tutions et représentants des sociétés cotées s’y sont joints. Cette commission a pour but
d’actualiser le code de gouvernance en fonction de l’évolution des législations interna-
tionales telles que les International Financial Reporting Standards (IFRS). Le premier
code belge est paru en 2004, plus connu sous la dénomination « Code Lippens » en
référence à celui qui a obligé les instances à réagir aux fraudes. Ce premier code de
gouvernance présentait des failles et devait être revu. En 2009, la Commission Cor-
porate Governance a publié un nouveau code qui se substitue à celui de 2004 et est
devenu le seul code applicable selon l’Arrêté royal du 06/06/2010. Le code des sociétés
prévoit via l’article 96 §2 (voir annexe A en page III) que les sociétés cotées en bourse
doivent prévoir une section spécifique de la gouvernance d’entreprise dans leur rapport
de gestion dans laquelle elles exposeront leur déclaration de gouvernance d’entreprise.
Le code prévoit en outre de mentionner quel code la société utilise comme référence.
Le code de gouvernance d’entreprise ne se substitue pas au droit belge, il lui est
complémentaire. Ce code de 2009, aussi appelé « Code Daems » ne s’applique cependant
qu’aux sociétés de droit belge dont les actions sont négociées sur un marché règlementé
(sociétés cotées belges). Cependant, au vu de sa flexibilité, il peut être appliqué aux
autres types de sociétés.
Il existe également un code, dénommé « Code Buysse » qui permet aux entreprises
belges non cotées de disposer de recommandations non contraignantes en matière de
20.

gouvernance d’entreprise.
Notons cependant que ces 2 codes n’ont pas de valeur légale. Il s’agit de « soft
law ». Depuis le 6 avril 2010, les sociétés cotées doivent, dans leur rapport de gestion,
inclure une déclaration de gouvernement d’entreprise ainsi que mentionner le code qui
leur sert de base.
Selon la loi du 6 avril 2010, les sociétés cotées doivent, en matière de gouvernance,
faire mention du code de gouvernance qu’elles appliquent et doivent disposer d’un exem-
plaire consultable publiquement. Elles doivent, en outre, indiquer les parties du code
auxquelles elles dérogent, si tel est le cas. Il s’agit du principe « comply or explain ».
Enfin, la déclaration de gouvernance d’entreprise doit faire mention des caractéristiques
principales de contrôle interne et de gestion des risques mis en place dans l’organisation.

1.4.3 Les principes du code Daems de 2009


Le code Daems repose sur 9 principes, sorte de supports au bon fonctionnement de
la gouvernance d’entreprise (« Le Code belge de gouvernance d’entreprise 2009 - Code
2009 - cg_code_belgium_12mar2009_fr.pdf », p.d.).

1. La société adopte une structure claire de gouvernance d’entreprise.


2. La société se dote d’un conseil d’administration effectif et efficace qui prend des
décisions dans l’intérêt social.
3. Tous les administrateurs font preuve d’intégrité et d’engagement.
4. La société instaure une procédure rigoureuse et transparente pour la nomination
et l’évaluation du conseil d’administration et de ses membres.
5. Le conseil d’administration constitue des comités spécialisés.
6. La société définit une structure claire de management exécutif.
7. La société rémunère les administrateurs et les managers exécutifs de manière
équitable et responsable.
8. La société engage avec les actionnaires existants et potentiels un dialogue basé
sur la compréhension mutuelle des objectifs et des attentes.
9. La société assure une publication adéquate de sa gouvernance d’entreprise

Si une entreprise souhaite déroger au respect des principes, elle doit motiver sa
décision par une explication complète.
21.

1.4.4 Transparence de la gouvernance d’entreprise


Afin de respecter le principe de transparence par rapport au code de gouvernance
d’entreprise, les sociétés doivent publier sur leur site internet leur charte de gouver-
nance d’entreprise et intégrer une section « déclaration de gouvernance d’entreprise »
au sein de leur rapport de gestion annuel comme énoncé précédemment. Dans le but
de respecter le code des sociétés, différents intervenants jouent un rôle :
— le conseil d’administration composé de membres exécutifs, non exécutifs et indé-
pendants ;
— les actionnaires et notamment les actionnaires institutionnels ;
— le commissaire qui évalue le respect de l’image fidèle des comptes et fait part de
ses interrogations au Comité d’audit ;
— la FSMA qui effectue un contrôle de forme.
Dans la section « déclaration de gouvernance d’entreprise » du rapport de gestion,
le conseil d’administration doit mentionner quel code de gouvernance est suivi au sein
de la société, si les principes dudit code sont respectés et si certains ne le sont pas, les
raisons de cette transgression.

1.4.5 La RSE au sein de la gouvernance d’entreprise


Comme nous l’avons vu précédemment, l’attention est de plus en plus portée sur le
reporting et la transparence en matière de gouvernance d’entreprise. La gouvernance
est une façon de motiver les administrateurs et dirigeants à adopter des comportements
responsables au sein des sociétés. Il apparaît dès lors indispensable d’évoquer la res-
ponsabilité sociétale des entreprises. En effet, ce mode de pensée et d’action prend de
plus en plus d’ampleur dans les modes de gestion actuels. Il est probable que dans les
années à venir, la RSE fasse l’objet de plus de transparence au niveau des reportings
financiers. C’est pourquoi, il s’agit de la deuxième partie de cette revue de littérature.
22.
Chapitre 2

La responsabilité sociétale des


entreprises

Introduction
Dans ce chapitre portant sur la responsabilité sociétale nous allons voir sa définition
tant au niveau belge que selon l’ISO, son évolution et des concepts sous-jacents tels
que développement durable et greenwashing.

2.1 Définition
Il apparaît difficile de ne donner qu’une seule définition de la RSE qu’elle soit sociale
ou sociétale, car chaque acteur du monde a une vision différente en fonction de son
rôle dans la Société. Cependant, selon Michel Capron, la RSE établit « les modalités
de réponse de l’entreprise aux interpellations sociétales en produisant des stratégies,
des dispositifs de management, de conduite de changement et des méthodes de pi-
lotage, de contrôle, d’évaluation et de reddition incorporant (du moins en principe)
de nouvelles conceptions de performances »(Capron & Petit, 2011, p. 16). Cette
définition est en quelque sorte une réponse à l’émergence du concept de développe-
ment durable auquel les sociétés ont commencé à accorder de l’importance. Selon l’ISO
26000, « l’objectif de la RSE est de contribuer au développement durable ». (ISO,
2010a, p. 2) Il s’avère donc important que les organisations prennent en considération
l’importance du développement durable. Elles doivent en faire des objectifs en matière
de société et d’environnement. Le développement durable sera défini au point 2.5 en

23
24.

page 27. Ici, il convient de comprendre que la RSE est axée sur la responsabilité de
l’organisation.Dans l’article 2.18 du chapitre Termes et conditions dans ISO 26000, la
responsabilité sociétale est définie comme la :
« responsabilité d’une organisation [. . .] vis-à-vis des impacts [. . .] de
ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement [. . .], se
traduisant par un comportement éthique [. . .] et transparent qui
— contribue au développement durable [. . .], y compris à la santé et au
bien-être de la société ;
— prend en compte les attentes des parties prenantes [. . .] ;
— respecte les lois en vigueur tout en étant en cohérence avec les normes
internationales de comportement [. . .] ;
— est intégré dans l’ensemble de l’organisation [. . .] et mis en œuvre
dans ses relations.
Note 1 à l’article : Les activités comprennent des produits, des services et
des processus.
Note 2 à l’article : Les relations correspondent aux activités de l’organisation
au sein de sa sphère d’influence [. . .]. » (ISO, 2010b, p. 4)
L’inclusion de la RSE au sein d’une organisation prouve que cette dernière souhaite
insérer ses responsabilités environnementales et sociales dans ses prises de décision et
donc dans sa gouvernance d’entreprise afin de répondre de ses actes et d’assumer les
impacts de ses activités et de ses décisions sur les plans environnementaux, sociaux et
économiques. Pour ce faire, l’organisation doit adopter une conduite responsable, donc
transparente, éthique et généralisée dans l’ensemble de l’organisation.
La responsabilité sociétale s’applique à tous les types d’organisations qui ont un rôle
à jouer dans le développement durable, qu’elles appartiennent au monde des affaires
ou non. Les composantes de la RSE sont la résultante des attentes de la société qui
changent ce qui implique que les composantes de la RSE évoluent au fil du temps.
De plus, la Société émet des attentes, en termes de RSE, de plus en plus grandes et
fondées.
Notons encore que dans le monde tout change et évolue. Il y a quelques années
seulement peu de personnes ne se préoccupaient de la RSE. Les attentes des individus
et des organisations changent également et continuent de croître envers les organisations
en termes de performances.
L’émergence des moyens de communication a permis à tout un chacun d’avoir accès
aux activités et décisions d’organisations proches ou éloignées, mais aussi aux dites
25.

organisations de disposer d’une diffusion beaucoup plus grande pour les informations
les concernant.

2.2 Les 3 âges de la RSE


Capron et Petit (2011) nous expliquent l’évolution de la RSE depuis la fin de
la Deuxième Guerre mondiale selon 3 âges. Ils se succèdent et se chevauchent quelque
peu. Tout d’abord a émergé la conception éthique, ensuite celle utilitariste et enfin la
dernière basée sur la soutenabilité.

2.2.1 La conception éthique


Née aux États-Unis après la crise de 1929 cette conception s’est surtout dévelop-
pée après la 2e guerre mondiale. Cette doctrine est typique aux modes de pensées des
États-Unis. En effet, certains mouvements sont apparus voulant contrer les grandes en-
treprises peu scrupuleuses en termes de droits de l’Homme et d’environnement. Il s’agit
de courants du type antiapartheid, écologiques ou encore civiques. De plus, l’Église pro-
testante voulait se doter d’une certaine doctrine afin de pouvoir rivaliser avec celle mise
en place par l’Église catholique.
Cette conception se construit autour du dirigeant qui est censé, en développant la
charité, faire le « bien » autour de lui pour venir en aide aux personnes dans le besoin,
être honnête et agir de manière responsable envers autrui. Cette sorte de philanthropie
permet de régler certains problèmes économiques et sociaux, permettant à tout un
chacun de vivre dans un havre de paix.

2.2.2 La conception utilitariste


Également originaire des États-Unis et datant des années 1970, elle a pris son essor
dans les années 1980-1990 lorsque le modèle d’Henry Ford et ses gains de productivité
ont commencé à perdre de leur souffle.
La morale et l’éthique, fortement présentes dans la première conception sont relé-
guées au second plan pour laisser place à un nouveau mode de pensées. L’investisse-
ment social au sens large du terme doit se combiner avec la performance économique.
Il s’agit pour les sociétés de réaliser des investissements qui seront performants éco-
nomiquement, mais également socialement parlant afin de démontrer que l’entreprise
26.

agit de manière socialement responsable.


L’intérêt pour les parties prenantes a également pris de l’importance suite à l’émer-
gence de ce concept. En effet, pour qu’un investissement soit reconnu comme étant
socialement responsable, il se doit d’être en accord avec les attentes des parties pre-
nantes. Ces dernières ne sont plus seulement les actionnaires, mais également les salariés
ainsi que toutes celles susceptibles d’interagir avec l’entreprise. Il s’agit d’un réel enjeu
quotidien auquel, même, l’Union européenne accorde toute son importance. Cette idée
utilitariste a même préparé la troisième conception qu’est la soutenabilité.

2.2.3 La conception de soutenabilité


Elle est la dernière en date, émergée dans l’Europe occidentale depuis les années
1990 et est encore loin d’être arrivée à son terme. La conférence de Rio en 1992 est le
premier des deux éléments déclencheurs de ce mode de pensées, car il a mis en avant le
développement durable et l’importance de lui accorder toute notre attention. Le second
est l’uniformisation en Europe de la définition de la RSE.
Cette conception veut faire prendre conscience aux entreprises qu’elles ne subsiste-
ront pas si elles ne tiennent pas compte des enjeux environnementaux pour la planète
et des enjeux sociaux pour les travailleurs et l’humanité. L’entreprise ne doit son exis-
tence qu’à la Société et à la Terre et se doit d’agir de manière responsable afin de faire
prospérer le plus longtemps possible cette humanité et la Terre. Par exemple, elle ne
doit pas se contenter de gérer des déchets après les avoir engendrés. Elle doit investir
dans des machines ou des modes de consommation conçus par des personnes ayant au
préalable étudié les utilisations et les moyens de recyclage de déchets. Il s’agit d’antici-
per, et d’intégrer les finalités sociales et environnementales aux objectifs économiques
de l’entreprise.
Cependant, cette conception n’accorde plus, comme la conception utilitariste, tout
son crédit aux différentes parties prenantes de l’organisation. Il convient d’agir pour la
Société avant tout.

2.3 Responsabilité sociétale des entreprises


En Belgique, la Commission interdépartementale du développement durable (CIDD)
a choisi la dénomination « Responsabilité sociétale des entreprises ». Il s’agit en fait de
27.

la traduction en français de « Corporate Social Responsibility (CSR) ».


C’est parce que le terme « responsabilité sociétale des entreprises » est plus parlant
pour bon nombre de personnes qu’il est utilisé ainsi. Cependant, beaucoup d’organi-
sations sont conscientes qu’elles ont un rôle à jouer dans le développement durable.
Dès lors, la RSE s’applique tant aux entreprises qu’aux organisations au sens large
du terme. C’est pour cela que l’on entend de plus en plus parler de « Responsabilité
sociétale des organisations (RSO) ».

2.4 Définition
En Belgique, la CIDD définit la RSE pour le cadre de références nationales en 2006
de la manière suivante : « La responsabilité sociétale des entreprises est un processus
permanent d’amélioration dans le cadre duquel les entreprises intègrent de manière
volontaire, systématique et cohérente des considérations d’ordre social, environnemen-
tal et économique dans la gestion globale de l’entreprise ; à cet égard, la concertation
avec les parties prenantes de l’entreprise fait partie intégrante du processus ». (SPF
Économie, 2013b)

2.5 Le développement durable


Lorsque nous définissons les concepts principaux de la RSE, nous ne pouvons pas ne
pas aborder le développement durable. Pour de nombreux auteurs, le développement
durable semble être la raison d’être de la création de la RSE.
Le développement durable est la traduction de « sustainable development ». Cette
traduction est apparue pour la première fois en 1980 dans la stratégie mondiale de
la conservation publiée par Union internationale pour la conservation de la nature
(UICN).
Selon la norme ISO 26000 : « le développement durable traite de la satisfaction
des besoins de la société tout en vivant en respectant les limites écologiques de la
planète, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs
besoins. »(ISO, 2010b, p. 11)
L’objectif du développement durable est de pérenniser les ressources de la Société
et de la planète en développant des modes de consommations et d’utilisations durables
des ressources. Cela ne concerne toutefois pas la durabilité de l’organisation.
28.

2.6 Greenwashing

C’est dans un contexte d’émergence de RSE ou RSO et d’importance accordée au


développement durable qu’a émergé un nouveau type de « marketing » relatif à la
RSO. Comme nous étudierons ci-après la norme ISO 26000 et que nous analyserons
des rapports annuels, il convient de s’attarder dès à présent à cette notion.
Traduit en français, le « Greenwashing » signifie « écoblanchiment ». Comme signalé
sur Greenwashing (2012), il s’agit d’une pratique régulièrement appliquée dans le
domaine du marketing et souvent trompeuse dans laquelle une organisation, dans le
but de redorer son image, de vanter les mérites ou incitants environnementaux met
en avant outre mesure des qualités de ses produits alors que l’impact environnemental
n’est souvent que minime et non significatif. Dans ses campagnes de communication,
elle adopte un positionnement écologique ou pseudo-écologique.
Cette pratique, par sa généralisation et son utilisation par des organisations, à
des fins de communication positive et de marketing, nuit à celles qui sont réellement
actives et engagées en la matière. En effet, d’après Fournier (2016), bon nombre de
dirigeants ont compris l’intérêt de miser sur la RSE afin d’augmenter la performance
de leur entreprise.
Par contre, d’autres dirigeants ne parviennent pas à voir la RSE comme un vecteur
de performance, soit parce qu’ils voient de la part de certaines parties prenantes un
manque d’engagement ou ne perçoivent pas non plus l’engouement de leurs salariés.
Bien qu’ils aient compris l’utilité de la RSE et malgré qu’ils aient du mal à la mettre en
place, ils incluent dans leurs campagnes de communication une RSE qu’ils n’appliquent
pas nécessairement en leur sein et font, dès lors, du greenwashing.
Le greenwashing peut se traduire de différentes manières. Il peut s’agir d’un produit
ou service dit « écologique » alors qu’il ne l’est que très peu, car il est fabriqué à base
de produits qui ne sont pas écologiques, ou est commercialisé sous des campagnes
publicitaires trompeuses. Il peut également s’agir d’une entreprise qui veut se donner
une image écologique alors qu’elle agit dans un domaine polluant et où l’on sait que
l’écologie n’est reléguée qu’au dernier rang. Dès lors, le consommateur doit faire preuve
d’esprit critique, car même quand il pense consommer vert ou malin, il pourrait être
dupé par des commerciaux ou des experts en marketing peu scrupuleux.
Le greenwashing est à mettre en parallèle avec la réputation RSE qu’une entre-
prise parvient à se faire auprès de la population, car il s’agit d’un incitant à la bonne
29.

image d’une entreprise et à sa bonne réputation. Il existe différents mécanismes qui ont
une incidence sur la perception que la Société a d’une organisation donnée. La popu-
lation accorde de l’importance à la gouvernance, à la citoyenneté dont l’organisation
fait preuve, à la qualité de vie au travail et aux mécanismes mis en place afin de la
faire croître. Ces points d’attention sont à nuancer avec le fait que plus une population
connait une entreprise et plus celle-ci est une actrice incontournable du marché pour
cette population, plus la population va avoir tendance à considérer que la réputation
de l’entreprise est bonne. Cela s’explique par le fait que plus les gens ont des infor-
mations sur l’entreprise, notamment via la publicité, (le nom, les produits ou services,
connaissances y travaillant. . .), plus ils ont l’impression qu’elle est transparente envers
eux et meilleure est sa réputation auprès des consommateurs.
30.
Chapitre 3

Liens entre gouvernance et


responsabilité sociétale d’entreprise

Introduction
Nous allons maintenant présenter les principes fondamentaux de la norme ISO
26000. Cette norme est un lien entre la gouvernance d’entreprise et la responsabilité
sociétale des entreprises, car elle incite toutes les sociétés (et toutes les organisations
au sens le plus large possible du terme) à intégrer des modes de gestion responsable au
niveau sociétal notamment via ses lignes directrices.

3.1 Présentation de l’ Organisation internationale


de Normalisation
Nous souhaitons présenter brièvement cet organe de normalisation et son fonction-
nement afin de comprendre d’où émanent les normes.
L’ISO est une structure non gouvernementale. Elle est uniquement composée d’or-
ganisations nationales de normalisation de 163 pays différents. Ils bénéficient de la
collaboration de diverses organisations internationales, régionales et nationales. Oc-
casionnellement, elle fait appel à des organisations gouvernementales et non gouver-
nementales, des experts et spécialistes dans les sujets abordés, des groupements de
consommateurs, des universités et des laboratoires.
L’ISO a pour rôle d’écrire des normes standards acceptées ensuite par tous les

31
32.

membres, mais en plus elle donne les outils pour en évaluer la conformité.

3.2 La norme ISO 26000


Pour rédiger cette norme, des experts de plus de 99 pays membres ISO ainsi que de
plus de 40 organisations issues des secteurs publics et privés se sont associés durant plu-
sieurs années. Il s’agissait de consommateurs, de personnes issues de gouvernements, du
secteur de l’industrie, des services et du conseil, du monde du travail et d’organisations
non gouvernementales. Elle a été publiée le 1er novembre 2010. Son élaboration ne fut
pas simple à cause des différences en matière de pensées et d’avancées de la RSE, du
déséquilibre des pays participants à la rédaction, de la langue de travail. . . La norme
« [. . .] fournit des lignes directrices sur les principes sous-jacents de la responsabilité
sociétale [. . .] sur l’identification de celle-ci et sur le dialogue avec les parties prenantes,
sur les questions centrales et les domaines d’action relatifs à la responsabilité sociétale
ainsi que sur les moyens d’intégrer un comportement responsable dans l’organisation
[. . .] . » (ISO, 2010b, p. VIII)
Nous n’avons pas, ici, une norme de certification ou de conformité car elle ne contient
pas d’exigences mais reprend uniquement un ensemble de propositions.
Et, si même aucune obligation légale n’oblige les organisations à se soumettre à cette
norme, elle ne peut être utilisée aux dépens de la législation en place dans le pays. Elle
doit être appliquée de concert avec les obligations du pays où l’organisation souhaite
l’instituer. Si tel n’est pas le cas, ce serait contraire à ce qu’elle souhaite véhiculer. De
plus, les organisations peuvent décider d’aller plus loin, d’approfondir encore plus les
propositions que fait la norme, d’aller au-delà des lois tant que cela n’entrave pas les
différents règlements du pays. Cela se fait généralement sur base de valeurs éthiques
largement partagées.

3.2.1 Champ d’application


Cette norme s’adresse à tous les types d’organisations que l’on puisse imaginer, il
ne s’agit pas uniquement des entreprises, mais également des ONG, des syndicats, des
intercommunales et de tous les types d’organisation que l’on puisse imaginer. Notons
tout de même que chaque pays dispose de ses propres normes en matière de culture.
Dès lors, il convient que les pays se réfèrent à différents standards de comportement
33.

telle que la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

3.2.2 Introduction de la norme

Lorsqu’une organisation souhaite implémenter la RSE dans ses modes de gestion,


cela signifie qu’elle a deux volontés. Premièrement, elle souhaite prendre en compte
des considérations sociales, environnementales et des attentes de la Société dans les
décisions qu’elle prend. Deuxièmement, elle veut être capable de mesurer et de répondre
au sein de son organisation des impacts des décisions qui sont prises ou des actions qui
sont menées et qui ont un impact social ou environnemental. Ces volontés impactent
favorablement le développement durable.
De plus, tout ce qu’une organisation souhaite entreprendre en matière de RSE doit
se faire dans le respect des attentes des parties prenantes. Généralement, les parties pre-
nantes participent au processus de mise en place d’une RSE au sein d’une organisation
et cela coule de source.

3.3 Principes de RSE


Cette partie explique les différents principes RSE que propose la norme ISO. Parmi
ceux-ci, les organisations doivent en identifier un certain nombre qu’elles considèrent
comme pertinents et vont sélectionner ceux dans lesquels elles seront le plus à même de
s’investir dans leur cas en termes de RSE. Les principes de RSE énoncés dans l’article
4 de la norme ISO sont :

— la redevabilité ;

— la transparence ;

— le comportement éthique ;

— la reconnaissance des intérêts et des parties prenantes ;

— le respect du principe de légalité ;

— la prise en compte des normes internationales de comportement ;

— le respect des droits de l’Homme.


34.

3.3.1 La redevabilité
Premier principe énoncé dans la norme ISO 26000 (ISO, 2010b, p. 12), la rede-
vabilité propose que l’organisation soit en mesure « de répondre de ses impacts sur
la société, l’économie et l’environnement. » Pour ce faire, il convient que l’entreprise
comprenne qu’elle a deux obligations : répondre aux intérêts des parties prenantes et
respecter les législations et règlementations qui lui sont applicables. Cette redevabilité
doit s’effectuer selon la nature de l’impact exercé et les circonstances de cet impact.
Ensuite, il faut s’assurer que l’organisation réponde de ses actes. Est-ce que l’organi-
sation assume ses décisions et activités sur la Société, sur l’environnement et l’économie
et des conséquences négatives importantes ?
Enfin, l’organisation répond-elle par des actions qu’elle entreprend pour prévenir
les réitérations des impacts négatifs involontaires et imprévus ?

3.3.2 La transparence
Ce principe insiste sur le fait qu’une organisation garantisse la transparence de ses
décisions et activités lorsqu’elles ont une incidence sur la société et l’environnement.
La norme ISO 26000 recommande que l’organisation « diffuse de manière claire,
juste et exhaustive et à un degré raisonnable et suffisant, les politiques, décisions et
activités dont elle est responsable, de même que leurs efforts connus et probables sur la
société et l’environnement. » (ISO, 2010b, p. 13) Les informations doivent être dispo-
nibles pour toutes personnes intéressées et doivent donc être publiques. Le lecteur est
une personne qui, de quelque manière que ce soit, est ou peut être liée à l’organisation.
Il faut encore s’assurer que ces publications soient objectives, claires, basées sur des
faits et non sur des suppositions ou des projections afin que les lecteurs puissent se
forger un avis critique sur l’impact des décisions et des activités de l’organisation.
La norme ISO 26000 propose divers points sur lesquels les organisations pourraient
appliquer la transparence :
«
— l’objet, la nature et l’emplacement de ses activités ;
— l’identité de toute participation de contrôle à l’activité de l’organisa-
tion ;
— la manière dont les décisions sont prises, appliquées et revues, y com-
pris pour la définition des rôles, responsabilités, redevabilité et pou-
voirs déclinés sur les différentes fonctions au sein de l’organisation ;
35.

— les normes et critères par rapport auxquels elle évalue ses propres
performances en matière de responsabilité sociétale ;
— ses performances dans des domaines d’actions de responsabilité socié-
tale importants et significatifs ;
— les sources, montants et emplois de ses fonds ;
— les effets connus ou probables de ses décisions et activités sur les parties
prenantes, la société, l’économie et l’environnement ; et,
— ses parties prenantes, ainsi que les critères et procédures utilisés pour
les identifier, les choisir et dialoguer avec elles.
» (ISO, 2010b, p. 13)

3.3.3 Le comportement éthique


La norme veut inciter les organisations à se comporter de manière éthique. Cela
induit que les valeurs telles que l’honnêteté, l’équité et l’intégrité soient monnaie cou-
rante au sein de l’organisation et notamment qu’elle se préoccupe des impacts de ses
propres décisions et de ses activités sur ses parties prenantes.
Selon la norme, une organisation favorisera l’adoption d’un tel comportement éthique :
«
— en identifiant et en déclarant ses principes et valeurs essentielles ;
— en élaborant et en utilisant des structures de gouvernance qui contri-
buent à promouvoir un comportement éthique au sein de l’organisa-
tion, dans ses prises de décision et dans le cadre de ses interactions
avec les autres ;
— en encourageant et en assurant la promotion du respect de ses stan-
dards de comportement éthique ;
— en définissant et en communiquant les standards du comportement
éthique attendu de sa structure de gouvernance, de son personnel, de
ses fournisseurs, sous-traitants et, le cas échéant, de ses propriétaires
et managers, et, notamment, de ceux qui ont la possibilité, tout en pré-
servant l’identité culturelle locale, d’exercer une influence significative
sur les valeurs, la culture, l’intégrité, la stratégie et le fonctionnement
de l’organisation, ainsi que des personnes agissant en son nom ;
— en prévenant ou en résolvant les conflits d’intérêts au sein de l’organi-
sation qui, s’ils ne l’étaient pas, pourraient entraîner un comportement
non éthique ;
— en établissant et en entretenant des mécanismes visant à faciliter l’alerte
par rapport à un comportement non éthique sans crainte de repré-
sailles ;
36.

— en reconnaissant et en traitant les situations dans lesquelles la règle-


mentation locale n’existe pas ou s’oppose à un comportement éthique ;
— en adoptant et en appliquant les standards de comportement éthique
reconnus à l’échelle internationale dans le cadre des travaux de re-
cherche impliquant des sujets humains [. . .] ; et
— en respectant le bien-être des animaux lorsque cela a un impact sur leur
vie, en prévoyant notamment des conditions décentes de gardiennage,
d’élevage de production, de transport et d’utilisation des animaux [. . .].
» (ISO, 2010b, p. 14)

3.3.4 La reconnaissance des intérêts et des parties prenantes


Les étapes qui seront expliquées ci-dessous sont : l’identification des parties pre-
nantes, la prise en compte de ce qu’elles revendiquent et la réponse à celles-ci.
Parmi les parties prenantes, nous comptons les propriétaires, les membres, clients
ou mandataires sociaux ainsi que tous les autres individus ou groupes qui ont des droits
ou des intérêts spécifiques.
Afin de pouvoir répondre à un maximum de demandes il faut que l’organisation :
«
— identifie ses parties prenantes ;
— identifie et tienne pleinement compte des intérêts et des droits de ses
parties prenantes accordés par la législation et réponde aux préoccu-
pations que celles-ci expriment ;
— reconnaisse que certaines parties prenantes peuvent avoir une influence
significative sur les activités de l’organisation ;
— évalue et prenne en considération la capacité relative des parties pre-
nantes à prendre contact avec l’organisation, à dialoguer avec elle et à
l’influencer ;
— tienne compte du rapport entre les intérêts de ses parties prenantes
et les attentes plus larges de la société et le développement durable,
ainsi que la nature du rapport existant entre les parties prenantes et
l’organisation [. . .] ; et qu’elle
— prenne en considération le point de vue des parties prenantes dont les
intérêts sont susceptibles d’être affectés par une décision ou activité,
même si celles-ci ne jouent aucun rôle formel dans la gouvernance de
l’organisation ou si elles n’ont pas conscience de ces intérêts.
» (ISO, 2010b, pp. 14-15)
37.

3.3.5 Le respect du principe de légalité


Le cinquième principe conçoit que l’organisation se soumette au principe de légalité.
Cela signifie que le droit prime sur tout. Personne, aucun individu ni même les pouvoirs
publics ne se situent au-dessus des lois. Par ce principe la norme sous-entend que chaque
organisation doit prendre toutes les mesures nécessaires pour respecter la législation
en vigueur. Pour ce faire, il faut que l’organisation :

«
— se conforme aux obligations légales dans toutes les juridictions où elle
opère, même si ces lois et règlementations ne sont pas appliquées de
manière adéquate ;
— fasse en sorte que ses relations et activités soient en accord avec le
cadre juridique applicable et prévu ;
— se tienne informée de toutes les obligations légales ; et
— examine périodiquement sa conformité aux lois et règlementations en
vigueur.
» (ISO, 2010b, p. 15)

3.3.6 La prise en compte des normes internationales de com-


portement
L’avant-dernier principe traite du fait qu’il est opportun pour les organisations de
tenir compte des normes internationales de comportement dans les situations où il y a
un vide juridique ou dans les pays où la législation contredit les normes, l’organisation
doit faire preuve d’esprit critique et prendre en compte toutes les mesures nécessaires.
La norme ISO 26000 donne ici aussi des indications.

«
— Il convient que l’organisation considère les voies et moyens légitimes
pour parvenir à influencer les organisations et les autorités pertinentes
en vue de remédier à ce type d’écart.
— Il convient qu’une organisation évite d’être complice des activités d’une
autre organisation qui ne seraient pas en cohérence avec les normes
internationales de comportement.
» (ISO, 2010b, p. 16)
38.

3.3.7 Le respect des droits de l’Homme


Selon la norme ISO 26000,dans ce dernier principe, il est important qu’une organi-
sation respecte la Déclaration internationale des droits de l’Homme, son importance et
son universalité.
Selon la norme, il convient que l’organisation :
«
— respecte et, chaque fois que possible, promeuve les droits énoncés dans
la Déclaration internationale des droits de l’Homme ;
— accepte l’universalité de ces droits, c’est-à-dire le fait qu’ils soient ap-
plicables de manière indivisible dans tous les pays, toutes les cultures
et situations ;
— prenne des mesures pour respecter les droits de l’Homme, et dans les
cas où ceux-ci ne sont pas protégés, évite de tirer avantage de ces
situations ; et
— accepte le principe de prendre en compte les normes internationales
de comportement [. . .] dans les cas où la législation ou sa mise en ap-
plication n’assure aucune protection adéquate des droits de l’Homme.
» (ISO, 2010b, p. 16)

3.4 Pratiques RSE


La norme ISO énonce quelques pratiques utiles pour que les organisations aient
plus faciles d’intégrer la RSE dans leur mode de gouvernance d’entreprise. De plus, elle
propose deux grandes pratiques qui sont expliquées plus en détail ci-après.

3.4.1 Intégration de la RSE


La première des deux consiste à intégrer la RSE dans l’ensemble de ses décisions et
activités en utilisant les lignes directrices de l’article 7 :
— intégration de la RSE dans ses politiques ;
— intégration dans sa culture d’organisation ;
— intégration dans ses stratégies et activités ;
— développement des compétences internes en matière de RSE ;
— réalisation d’actions de communication interne et externe axées sur la RSE ;
39.

— revue régulière de ces actions et pratiques liées à la RSE.


De plus, la norme ISO considère comme pratiques fondamentales pour l’organisation
de la RSE : l’identification de sa propre RSE et de ses parties prenantes. En effet, ces
pratiques sont abordées au travers des questions centrales de la norme.
Pour qu’une organisation puisse identifier quelle est sa RSE, elle devra, au préalable,
identifier ses domaines d’action dans lesquels elle se sent à même de s’améliorer et
qu’elle mesure les impacts de ses décisions et de ses activités sur elle-même, mais
également sur le développement durable.
La deuxième pratique est une résultante de la première, car l’on ne pourrait imaginer
qu’une organisation identifie sa RSE sans identifier ses parties prenantes étant donné
qu’il s’agit d’un des principes fondamentaux tels que présentés dans la norme ISO
26000. Il convient dès lors de s’attarder quelque peu sur ces pratiques.

3.5 Identification de sa RSE


3.5.1 Identification de sa RSE
La première étape est d’apprendre à se connaître elle-même par rapport à sa RSE.
Cela se fait par l’identification des relations en son sein, avec ses parties prenantes et
avec la Société. Dès lors, il existe trois relations dont deux sont représentées sur la
figure 3.1 en page 40.
La première concerne la relation entre l’organisation et la Société. L’organisation
analyse comment ses faits et actes impactent la Société. De plus, l’organisation doit
chercher à connaître comment la Société appréhende les espoirs et les conséquences de
ces actes en matière de comportement responsable.
La deuxième concerne le lien entre elle-même et ses propres parties prenantes. De la
sorte, l’organisation découvre la variété de ses parties prenantes ainsi que leurs intérêts
dans la RSE de l’organisation.
À ces deux relations, on pourrait ajouter celle entre les parties prenantes et la
Société. En effet, les parties prenantes articulent des souhaits envers l’organisation
et envers la collectivité. Toutefois, les formulations des intérêts des parties prenantes
envers l’organisation ne sont pas nécessairement les mêmes que celles émises envers la
société.
40.

Figure 3.1 – Les relations de l’organisation


Source : ISO 26000
41.

La norme ISO suggère donc que l’organisation identifie sa RSE au travers de diffé-
rents domaines d’actions. Elle les identifie comme étant : « la gouvernance de l’orga-
nisation, les droits de l’Homme, les relations et conditions de travail, l’environnement,
la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs ainsi que l’implica-
tion auprès des communautés et la contribution au développement local [. . .]. » (ISO,
2010b, p. 18) Dans ces domaines, la norme formule des propositions, des exemples de
comportement que l’organisation pourrait adopter. Elles seront expliquées ci-après.
Au travers de ces différents thèmes, des questions importantes relatives aux do-
maines économique, social et environnemental sont notamment posées. Selon le type
d’organisation, sa motivation, toutes les questions ne seront pas approfondies de la
même manière.
Dans l’identification de la RSE, il convient que l’organisation détermine les do-
maines d’actions les plus importants en fonction de ses activités et décisions. Selon la
pertinence de ceux-ci, elle déterminera les actions qu’elle compte entreprendre et les
attentes auxquelles elle souhaite répondre.
Suite à cette phase d’identification, la norme suggère d’établir un suivi et, notam-
ment, qu’elle évalue l’incidence des actions entreprises par l’organisation. En effet,
l’étendue de ces impacts ne relève pas toujours de l’organisation en son sein, mais il
peut arriver que la conduite d’autres organisations, avec lesquelles elle a des interac-
tions, soit influencée. Ce dernier point est à prendre avec beaucoup de précautions,
car ce n’est pas parce qu’une organisation dispose de la faculté d’influencer une autre
qu’elle le fait, mais, à l’opposé, elle ne peut nullement être tenue pour responsable des
effets des autres organisations sur lesquelles elle est supposée exercer une influence.

3.5.2 Incorporation de la RSE


La deuxième étape est de faire de la RSE un objectif stratégique capital. En effet,
si elle n’est pas intégrée dans la stratégie de l’organisation, il y a peu de chances qu’elle
puisse aboutir un jour. Cette intégration doit se faire à tous les niveaux décisionnels,
il est donc important qu’une personne, qu’un service en porte la responsabilité si on
veut qu’elle soit effective. Pour une optimalisation de la RSE il est nécessaire d’avoir
une intégration complète entre les processus RSE et les processus décisionnels.
C’est dans la même logique que des grandes entreprises ou organisations pourraient
décider dans leurs démarches de RSE ou RSO d’aider et de soutenir des petites et
moyennes entreprises ou organisations. De la sorte, de petites structures qui ne dis-
42.

posent pas de processus de RSE pourraient se voir impliquées dans ceux de grandes
organisations qui les incluent.

3.6 Identification des parties prenantes


Lorsqu’une organisation décide de mettre en place des processus de RSE, quel
que soit le niveau de pouvoir qui décide de le mettre en place, il faut commencer
par identifier toutes les parties prenantes. Pour ce faire, il convient de répondre aux
questions suivantes : qui a un intérêt dans les décisions prises et les activités menées ?
Qui sera impacté par les actes posés ? Et donc pour répondre à ces questions, il convient
de savoir qui peut être partie prenante. La norme ISO 26000 les définit comme suit :
« [. . .] des organisations ou individus qui ont un ou plusieurs intérêts dans une décision
ou activité quelconque d’une organisation. » (ISO, 2010b, p. 20) Il arrive encore que
l’organisation ignore avoir une influence sur certaines classes de parties prenantes et
omette de les identifier. Mais cela va également dans l’autre sens, car certaines parties
prenantes ignorent qu’une organisation ou un type d’organisation du même type influe
sur elles. Pour toutes les parties prenantes identifiées, il convient d’engager le dialogue.
L’objectif est d’entretenir des relations en toute indépendance avec tous ces groupes
d’acteurs.
En effet, les parties prenantes constituent un pilier dans le dialogue et dans la
détermination des objectifs de RSE. Leur implication dans la détermination de la RSE
permet à l’organisation de connaître quelles sont leurs revendications, leurs intérêts
dans toutes les décisions qui sont prises et dans toutes les activités qui sont menées et
également de comprendre les impacts qu’elle a envers ces parties prenantes afin de les
gérer.
Lorsque l’organisation a déterminé qui sont les parties prenantes, elle doit les classer
en ordre d’importance par rapport à son activité, à sa gestion. Cela même si certaines
ont, parfois, des intérêts contradictoires. Il est à noter que certaines parties prenantes
ont besoin d’être représentées par des personnes ou organismes désireux de les protéger,
nous pensons par exemple à la faune ou la flore.
L’organisation va dialoguer avec ces intervenants, selon différents canaux de com-
munication, afin de connaître ce qui les motive dans ladite organisation. Pour ce faire,
elle tâchera de poser les questions suivantes :
«
43.

— Envers qui l’organisation a-t-elle des obligations légales ?


— Qui pourrait être affecté positivement ou négativement par les déci-
sions ou activités de l’organisation ?
— Qui est susceptible de s’inquiéter des décisions et activités de l’orga-
nisation ?
— Qui s’est trouvé impliqué, dans le passé, quand il a fallu aborder des
préoccupations semblables ?
— Qui peut aider l’organisation à traiter des impacts spécifiques ?
— Qui peut influer sur la capacité de l’organisation à s’acquitter de ses
responsabilités ?
— Qui serait désavantagé s’il était exclu du dialogue ?
— Qui, dans la chaîne de valeur, est touché ?
» (ISO, 2010b, p. 21)
Lorsque l’organisation aura déterminé quels sont ses enjeux RSE, qu’elle les aura
évalués, qu’elle aura déterminé quelles sont les parties prenantes les plus importantes à
ses yeux (notamment au travers des enjeux RSE) et lorsqu’elle aura collecté sous forme
de réunions, questionnaires, entretiens individuels, conférences, ateliers, tables rondes
ou par tout autre moyen et recueillis ce qui lui importe que l’organisation fasse en
RSE, elle sera en mesure d’établir une matrice de matérialité. Cette matrice s’articule
sur 2 axes. En ordonnée : l’importance pour les différentes parties prenantes et en
abscisse, l’importance pour l’organisation. Il s’agit d’une matrice qui a pour objectif
de connaître ce qui est important aux yeux des parties prenantes et de constater si elle
accorde la même importance à ces divers aspects. Si tel n’est pas le cas, il conviendra
d’étudier la situation et d’envisager peut-être d’y accorder une plus grande importance.
Évidemment, ceci peut s’appliquer à certains aspects qui ne sont pas relevés par les
parties prenantes. Rien ne l’oblige de suivre exclusivement les attentes de ses parties
prenantes, elle reste maître à bord en matière de RSE.
Le dialogue avec les parties prenantes est important et résulte de différents motifs.
La norme ISO 26000 en relève certains.
Premièrement, il s’agit, pour l’organisation, de comprendre les résultats et les consé-
quences de ses prises de décisions et de ses actes sur les parties prenantes et ensuite
d’établir une nouvelle manière d’améliorer les impacts positifs.
Deuxièmement, l’organisation doit connaître si ce qu’elle communique en matière
de RSE est bien perçu et compris. Dans le cas contraire, il s’agit de lui permettre de
revoir les points litigieux afin de les améliorer. L’écoute des parties prenantes lui permet
44.

non seulement de comprendre quels sont les sujets pour lesquels ces dernières ont des
attentes différentes, mais aussi d’établir le lien entre ces attentes et les responsabilités
que l’organisation a vis-à-vis de la Société. Ces collectes d’informations se doivent
d’être régulières afin qu’elle dispose d’une connaissance actualisée et continue. Par ces
collectes d’informations, il s’agit également pour l’organisation de se plier aux exigences
juridiques et d’améliorer sa transparence en la matière. Il s’agit en outre de bénéficier
d’idées et de visions dont elle n’aurait peut-être pas pensés et également de gérer les
divergences d’intérêts entre toutes les parties prenantes. Ce dialogue peut, enfin, être
l’occasion de s’unir avec des personnes ou organisations afin de créer des synergies pour
réaliser des objectifs.

3.7 Intégration de la RSE au sein de l’organisation


par le biais de la gouvernance d’entreprise
Le chapitre ayant trait à la gouvernance de l’organisation est, selon l’ISO, au cœur de
la stratégie RSE des organisations. Cela s’explique par le fait que ce soit la gouvernance
qui permette aux autres domaines d’actions d’exister. De plus, étant donné qu’il s’agit
du domaine d’action qui nous intéresse particulièrement dans le cadre de ce travail,
seul celui-ci sera développé ci-après.

3.7.1 La gouvernance d’entreprise


Rappelons que, selon la norme ISO, « La gouvernance de l’organisation est le sys-
tème par lequel une organisation prend des décisions et les applique en vue d’atteindre
ses objectifs. » (ISO, 2010b, p. 25) Il s’agit d’une fonction indispensable, car il s’agit
de l’organe qui prend les décisions. La gouvernance est issue de pratiques formelles et
informelles qui tiennent leur origine selon les valeurs, missions, visions et culture de
l’organisation. Elles proviennent dès lors du gouvernement d’entreprise. Les pratiques
de prises de décisions peuvent également être formalisées selon une règlementation au
sein de l’organisation ou être plus vagues.
Les facteurs influençant la gouvernance peuvent être internes ou externes. La norme
mentionne notamment la taille et le type d’organisation comme étant des facteurs in-
ternes et propres à l’organisation. Les facteurs externes relèvent notamment de l’acro-
nyme PESTEL : politique, économique, social, technologique, environnemental et légal.
45.

Rajoutons à cela les facteurs culturels. Là où la gouvernance d’entreprise et la RSE


se rejoignent, c’est dans le fait que c’est la gouvernance d’entreprise qui a le pouvoir
de permettre « d’assumer la responsabilité des impacts de ces décisions et activités, et
d’intégrer la responsabilité sociétale en son sein et dans ses relations. » (ISO, 2010b,
p. 26)
Selon la norme ISO, la gouvernance a un double rôle. D’une part, elle fait elle-même
l’objet d’une question centrale engendrant des actions. D’autre part, il s’agit de l’organe
qui permet de mettre en place la RSE et les autres questions centrales et d’inciter ses
parties prenantes à adopter un comportement toujours plus responsable.
La norme encourage très fortement les organisations voulant mettre en place la RSE
à disposer d’un système de gouvernance.
Pour que cette gouvernance soit efficace, il est primordial que les principes de RSE
soient intégrés dans les processus de mises en œuvre et de prises de décision du gou-
vernement de l’organisation.
De la sorte, la norme recommande que le gouvernement d’entreprise autorise :
«
— de développer des stratégies, des objectifs et des cibles reflétant son
engagement dans la responsabilité sociétale ;
— de démontrer l’engagement et la redevabilité de la direction ;
— de créer et d’alimenter un environnement et une culture dans lesquels
sont mis en œuvre les principes de responsabilité sociétale ;
— d’utiliser efficacement les ressources financières, les ressources natu-
relles et le capital humain ;
— d’accorder de bonnes chances aux groupes sous-représentés (y compris
les femmes, les groupes raciaux et les groupes ethniques) d’occuper
des postes de responsabilité dans l’organisation ;
— d’arbitrer de manière équilibrée entre les besoins de l’organisation et
ceux des parties prenantes, y compris entre les besoins immédiats et
ceux des générations futures ;
— d’instaurer des processus de communication bilatéraux avec les par-
ties prenantes, d’identifier les terrains d’accord et de désaccord et de
négocier pour résoudre les conflits éventuels ;
— d’encourager la participation effective des employés à tous les niveaux,
aux activités de l’organisation en rapport avec la responsabilité socié-
tale ;
— d’équilibrer le niveau de pouvoir, de responsabilité et de compétences
des personnes qui prennent les décisions au nom de l’organisation ;
46.

— de conserver une trace de la mise en œuvre des décisions afin de garan-


tir qu’elles sont appliquées de manière responsable et de déterminer la
redevabilité pour les résultats découlant des décisions et activités de
l’organisation, qu’ils soient positifs ou négatifs ; et
— d’effectuer une revue périodique des processus de gouvernance de l’or-
ganisation et de les évaluer. Ajuster les processus en fonction du ré-
sultat des revues et communiquer les changements à l’ensemble de
l’organisation.
» (ISO, 2010b, p. 27)
Synthèse de la revue de littérature

Nous arrivons au terme de cette revue de littérature relative à la gouvernance


d’entreprise, à la responsabilité sociétale des entreprises et à la norme ISO 26000, sorte
de charnière de ces concepts.
Suite à cette prise de connaissance, nous pouvons dire que l’intérêt pour toutes les
matières relatives à la RSE et pour la prise en compte des intérêts des parties prenantes
est grandissant. Dès lors, si même la norme ISO 26000 n’est pas contraignante, elle
semble être la meilleure référence afin de permettre aux organisations de comprendre
les attentes de la Société et des personnes intéressées.
Bien qu’un intérêt se manifeste au sein des sociétés, l’implémentation de ces modes
de fonctionnement passe via la gouvernance d’entreprise et les personnes la représen-
tant.
Cette revue de littérature des sujets principaux de notre mémoire nous permet
d’avoir une plus grande connaissance sur le sujet, indispensable pour la réalisation de
l’étude empirique que vous retrouverez en seconde partie.

47
48.
Deuxième partie

Étude empirique

49
Introduction

Dans la première partie de ce travail, nous avons étudié trois thèmes : la gouver-
nance d’entreprise, la responsabilité sociétale et la norme ISO 26000. Nous allons à
présent analyser si les implications de responsabilité sociétale en matière de gouver-
nance d’entreprise existent. La norme ISO 26000 est l’outil pratique et stratégique qui
nous va nous permettre de réaliser notre étude empirique. En effet, nous allons nous
baser sur les différents thèmes abordés et la façon dont ils s’articulent par rapport à la
gouvernance d’entreprise afin de répondre à notre problématique.

51
52.
Chapitre 4

Éléments de recherche et
méthodologie

4.1 Définition de l’échantillon


Étant donné la problématique de ce mémoire, l’échantillon se base sur des entre-
prises cotées belges. Afin d’obtenir des informations, nous nous sommes volontairement
orientés vers les sociétés cotées, car elles sont soumises, en matière de publications, à
plus d’obligations légales. Il est à noter que cet échantillon n’est pas constitué totale-
ment par hasard. Il a été orienté en fonction des sociétés pour lesquelles les informations
sont disponibles. En effet, ce sont les questions de recherche posées (en 4.3 en page 57)
et la méthodologie (en 4.5 en page 62) qui expliquent que le choix de l’échantillon soit
biaisé par la force des choses et qui nous obligent en quelque sorte à nous diriger vers
les sociétés cotées.
Nous avons décidé de réaliser notre test sur les 20 sociétés du Bel 20 ainsi que 20
sociétés dites « small caps ». Cependant, nous n’avons pu obtenir les rapports annuels et
de développement durable ainsi que la charte de gouvernance d’entreprise de la société
ENGIE issue du BEL 20. La société TELENET, également issue du BEL 20, publie
ses documents uniquement en néerlandais. Cependant, par manque de connaissance
dans la langue, il a été convenu de ne pas analyser les rapports de cette entité. Les
sociétés du BEL 20 n’ont pas été choisies aléatoirement. Elles sont issues d’une section
dans laquelle nous avions décidé de les analyser toutes. Dès lors nous avons analysé 18
sociétés de cette catégorie.
Les « small caps » ont été choisies aléatoirement. Le choix des entités de cet échan-

53
54.

tillon ne requiert pas de conditions spécifiques à l’exception d’être cotées en bourse et


de ne pas faire partie du BEL 20.
A priori, nous pensons que ces deux catégories peuvent mettre en avant certaines
différences. La taille des sociétés, celle de leurs rapports et l’intérêt pour la RSE pour-
ront être différents. Ainsi donc, nous nous attendons à ce que les résultats des analyses
montrent des différences significatives entre les deux sous-groupes analysés. En effet, ces
différences attendues sont notamment la conséquence d’une législation plus importante
pour les sociétés du BEL 20, les obligeant à publier plus d’informations contrairement
aux small caps qui n’ont pas autant d’obligations à respecter.
Le tableau 4.1 (page 54 à 56) reprend les sociétés étudiées ainsi que le secteur dans
lequel elles opèrent.

Nom Activié(s) Catégorie


AB INBEV Producteur de bières BEL 20
ACKERMANS Dragage & travaux maritimes, services finan- BEL 20
& VAN HAA- ciers, services immobiliers et énergie & res-
REN sources
AGEAS SA Groupe d’assurances international BEL 20
APERAM Sidérurgie BEL 20
BANIMMO Réhabilitation d’immeubles Small caps
BEKAERT Transformation de métaux & matériaux et BEL 20
revêtements avancés
BPOST Collecte, tri, acheminement et livraison de BEL 20
lettres et paquets
COFINIMMO Immobilier de location BEL 20
COLRUYT Grande distribution BEL 20
EMAKINA Conception et développement de sites inter- Small caps
GROUP net
FOUNTAIN Production et commercialisation de poudres Small caps
solubles aux machines distributrices de bois-
sons chaudes et froides
GALAPAGOS Recherche et développement de médicaments BEL 20
GBL Société de portefeuille BEL 20
(Suite à la page suivante)
55.

Nom Activié(s) Catégorie


IBA Conception, fabrication et commercialisation Small caps
d’équipements de diagnostic et de traitement
du cancer
IMMO MOURY Société Immobilière Réglementée publique Small caps
(SIR) spécialisée dans la détention et la ges-
tion d’actifs immobiliers d’entreprise
ING Services financiers BEL 20
KBC Groupe Services financiers BEL 20
KINEPOLIS Exploitation de salles de cinéma Small caps
GROUP
MDxHealth Développement et commercialisation de tests Small caps
épigénétiques destinés à améliorer le dépis-
tage des cancers et le traitement des patients
cancéreux
MELEXIS Conception et commercialisation de semi- Small caps
conducteurs destinés principalement aux
équipementiers automobiles
MITHRA Développement, fabrication et commerciali- Small caps
sation de produits de santé féminine
MOURY Rénovation et construction de bâtiments ré- Small caps
CONSTRUCT sidentiels et non résidentiels
NYRSTAR Société minière et métallurgique Small caps
ONTEX Groupe Fabrication et commercialisation de produits BEL 20
d’hygiène jetables pour enfants et adultes
PCB Distribution en gros de produits pharmaceu- Small caps
tiques
PICANOL Conception, fabrication et commercialisation Small caps
de machines de tissages
PROXIMUS Opérateur de télécommunications BEL 20
RECTICEL Fabrication et commercialisation de produits Small caps
à base de mousse de polyuréthane
(Suite à la page suivante)
56.

Nom Activié(s) Catégorie


RESILUX Fabrication et commercialisation de pré- Small caps
formes (destinées à la fabrication de bou-
teilles) et de bouteilles en polyéthylène té-
réphtalate (PET)
ROSIER Production et commercialisation de fertili- Small caps
sants minéraux (fertilisants granulés et de
spécialités)
ROULARTA Édition et impression de magazines d’infor- Small caps
mation et de niche, de journaux et de revues
gratuites du paysage des médias audiovisuels
et de l’édition électronique
RTL GROUP Exploitation de chaînes TV et de stations ra- Small caps
dio et de production et distribution de pro-
grammes télévisés
SOFINA Société de portefeuille BEL 20
SOLVAY Groupe chimique BEL 20
SPADEL Production et commercialisation de boissons Small caps
sans alcool
UCB PHARMA Société pharmaceutique BEL 20
UMICORE Groupe mondial spécialisé dans la technolo- BEL 20
gie des matériaux et dans le recyclage
WAREHOUSES Société Immobilière Réglementée publique Small caps
ESTATE BEL- (SIR) spécialisée dans la détention et la ges-
GIUM tion d’actifs immobiliers d’entreprise

Table 4.1 – Les sociétés formant l’échantillon (source :


https ://www.bourse.be/cours/actions-bruxelles)

4.2 Problématique
La problématique de ce mémoire est la suivante : « La responsabilité sociétale a-t-
elle un impact sur les méthodes de gouvernance d’entreprise ? »
57.

Dans l’environnement actuel et dans un monde où la concurrence est de plus en


plus accrue, la responsabilité sociétale des entreprises est-elle prise en compte par les
gestionnaires dans leurs modes de gestion ? Est-ce que la gouvernance d’entreprise des
sociétés cotées tient compte de la RSE et de ses impacts dans leur rapport de gestion ?
Dans les faits, comment les sociétés intègrent-elles la RSE dans les bonnes conduites
de gouvernance d’entreprises ?

4.3 Questions de recherche


Afin de répondre à notre problématique, nous avons posé deux questions de re-
cherche.

1. Comment la gouvernance d’une organisation intègre-t-elle les principes de la RSE


(la redevabilité, la transparence, un comportement éthique, la reconnaissance des
intérêts des parties prenantes et le respect du principe de légalité, la prise en
compte des normes internationales de comportement et le respect des droits de
l’Homme) dans ses processus de décision et de mise en œuvre ?

En effet, nous voulons tout d’abord chercher à savoir comment une organisation,
via sa gouvernance d’entreprise, est à même d’intégrer la RSE en son sein et plus
particulièrement dans ses processus de décision et de mise en œuvre.

2. Les sociétés sont-elles transparentes en termes de RSE dans leur gouvernance


d’entreprise ?

Suite à notre première question de recherche, nous souhaitons savoir si les sociétés
qui appliquent la RSE l’affichent clairement. Comment rendent-elles la RSE publique ?
Comment, dans les documents publiés, les organisations peuvent-elles démontrer l’in-
tégration de la RSE dans la gouvernance d’entreprise ?
Concernant la transparence, nous souhaitons apporter un apport critique suite à
une discussion que nous avons entretenue avec Monsieur Julien Stein de la société Cap
Consult et qui nous a amené à avoir un avis plus nuancé.
En effet, il se pourrait que les organisations ne souhaitent pas, ou ne trouvent pas
d’intérêts à publier tout ce qu’elles font en matière de RSE et même tout ce qu’elles font
de mieux. Si même cela peut paraître étrange, une organisation pourrait avoir intérêt
à être discrète à ce sujet que ce soit pour des aspects concurrentiel ou, simplement, par
pure modestie.
58.

Certaines organisations ne publient pas ou n’exposent pas ce qu’elles font en ma-


tière de RSE. Ceci peut-être parce qu’elles agissent un domaine restreint, avec peu
de concurrence, soit où les marges de manœuvre sont limitées ou encore, tellement
concurrentiel qu’il faut se démarquer sur le plan de la RSE pour rester compétitifs,
soit simplement parce que les clients sont très attentifs aux aspects environnementaux,
sociaux... Dès lors, si une organisation venait à dévoiler sa nouvelle stratégie RSE pour
attirer de nouveaux clients elle pourrait craindre que les concurrents cherchent à s’en
emparer immédiatement pour en tirer un avantage concurrentiel en termes de RSE.

À contrario, il se pourrait qu’une organisation pose certains actes ayant des réper-
cussions sur sa RSE sans qu’elle ne les ait identifiés comme tels. Dès lors, cela pose un
problème pour elle, car elle n’est plus capable de mesurer l’impact et les répercussions
sur l’ensemble de l’organisation et sur ses parties prenantes ni même de les identifier
toutes. À titre d’illustration, il se pourrait en effet que l’organisation n’ait pas identifié
un certain type de pollution qu’elle émet et qui affecterait un nouveau type de parties
prenantes. Il conviendrait, dès, lors de tenir compte des avis de cette nouvelle catégorie
de parties prenantes, de mesurer l’impact de la nouvelle pollution sur eux et de prendre
des mesures afin de réduire les effets négatifs sur eux.

Tout comme une organisation peut ne pas avoir connaissance des impacts en termes
de RSE de tous les actes qu’elle accomplit, elle peut ne pas toujours identifier toutes ses
parties prenantes. Elle sait identifier celles qui exercent une influence sur elle ou celles
sur lesquelles elle exerce une influence directe. Par contre, il peut arriver que les activités
d’une organisation impactent des parties prenantes dont elle n’a pas connaissance ou
pour lesquelles elle n’accorde aucune attention. L’on pourrait illustrer cela par les ours
polaires qui ne manifestent pas leurs intérêts et pour lesquels, certaines organisations
ignorent l’impact qu’elles ont sur eux.

Il est également possible qu’une organisation dévoile dans ses rapports plus que
ce qu’elle n’effectue réellement dans le but d’embellir son image auprès de ses par-
ties prenantes attentives à ces aspects, comme notamment les clients. Le problème de
l’exactitude se pose également pour les lecteurs externes. Il leur est, dès lors, très dif-
ficile de savoir s’ils peuvent se fier, ou pas, à ces rapports. Cette dernière constatation
fait référence à la notion de greenwashing, vue précédemment (en point 2.6 page 28).
59.

4.4 Hypothèses
Nous établissons nos hypothèses sous 3 volets : le volet gouvernance, le volet social
et le volet environnemental. Pour ce faire, nous pouvons regrouper ces 3 volets sous
l’acronyme environnemental, social, gouvernance (ESG)(« Environmental, Social and
Governance (ESG) Criteria », p.d.). Par contre, sur base de nos connaissances du sujet,
la gouvernance semble être l’élément central et permettant de lier les autres, nous
avons décidé de ne pas respecter l’ordre de cet acronyme et de placer la gouvernance
en première position. Les aspects sociaux et environnementaux disposent, selon nous,
de la même importance.

4.4.1 Volet gouvernance


4.4.1.1 Les sociétés mettent en place une stratégie RSE

Dans cette première hypothèse, nous cherchons à savoir si les sociétés intègrent la
RSE dans leurs processus de décision et dans leurs processus de mise en œuvre de leur
stratégie.
Les termes « RSE » et « Responsabilité sociétale/sociale » seront inventoriés dans
le rapport de gestion, dans la déclaration de gouvernance d’entreprise et dans la charte
de gouvernance d’entreprise, car ils permettent de déceler l’importance qu’accordent
les sociétés à la RSE. De plus, la publication d’un rapport de développement durable
ou RSE est également un signal de stratégie RSE au sein d’une société. L’occurrence
de ces termes démontre un certain intérêt pour la RSE.

4.4.1.2 Les sociétés respectent les lois et les règlementations qui s’ap-
pliquent à elles

Deuxièmement, et toujours sur base de nos connaissances du sujet, être un acteur


socialement responsable implique de respecter toutes les législations qui s’appliquent à
l’entité et à son secteur d’activités.
Les termes « droit », « loi », « règlement/règlementation », « légal » et « obliga-
tions » seront inventoriés dans le rapport de gestion, dans la déclaration de gouver-
nance d’entreprise et dans la charte de gouvernance d’entreprise. La présence de ces
différentes locutions permet de nous laisser penser que l’organisation porte un intérêt
pour le respect des législations. Par contre, avec les techniques d’analyse utilisées, nous
60.

ne pouvons pas avancer que les sociétés respectent effectivement toutes les législations
qui s’appliquent à elles.

4.4.1.3 Les sociétés accordent de l’importance à la transparence de leurs


décisions et de leurs actes

Troisièmement, les sociétés divulguent dans leurs rapports financiers, et non finan-
ciers, différentes informations. Il s’agit pour elles d’être transparentes et notamment
en termes de « RSE ».
Les termes « transparent » et « transparence » seront inventoriés dans le rapport
de gestion, dans la déclaration de gouvernance d’entreprise et dans la charte de gou-
vernance afin de recenser l’occurrence de ces termes. Évidemment, les sociétés peuvent
être transparentes dans des domaines autres que celui de la « RSE ».
Notons dès à présent que l’occurrence des termes analysés ne nous permet pas de
conclure que les sociétés sont transparentes en matière de « RSE ». Mais nous pouvons
considérer la fréquence de ces termes comme étant une mesure indirecte de l’intérêt
que portent les sociétés pour la transparence en général.

4.4.2 Volet social


4.4.2.1 Les sociétés prennent en compte les besoins de leurs parties pre-
nantes

Comme nous l’avons vu précédemment, il est important pour les organisations


d’identifier un maximum de parties prenantes avec lesquelles elles interagissent et sur
lesquelles elles exercent une influence.
À cette fin, nous consulterons le rapport de gestion, la déclaration de gouvernance
d’entreprise, la charte de gouvernance d’entreprise et le rapport de développement
durable, lorsqu’il existe, afin d’analyser si les organisations ont identifié qui sont leurs
parties prenantes, comment elles les consultent, ce qu’elles mettent en place afin de
répondre à leurs besoins et ce qu’elles divulguent dans leurs documents publiés.

4.4.2.2 Les sociétés mettent en place des formations pour leur personnel

Il est dans l’intérêt des sociétés qu’elles forment leurs personnels, notamment à
leurs valeurs, à leurs modes de fonctionnement, aux consignes de sécurité, à l’utilisation
adéquate des outils à disposition. . .
61.

Pour ce faire, nous analysons dans les rapports de développement durable ou de


RSE si les sociétés communiquent leurs investissements dans leur capital humain.

4.4.2.3 Les sociétés prennent des mesures pour éviter les accidents sur le
lieu de travail

Les sociétés se doivent de veiller à prendre toutes les précautions nécessaires afin
de prévenir les accidents au travail. Elles doivent, en outre, former leur personnel à la
vigilance et aux mesures de sécurité.
Nous analyserons les rapports de développement durable/RSE afin de savoir ce que
les sociétés communiquent à ce sujet.

4.4.3 Volet environnemental


4.4.3.1 Les sociétés sont conscientes de leurs émissions de gaz à effet de
serre et les mesurent

Mesurer les émissions de déchets et de gaz à effet de serre et les diminuer est
une manière de contribuer la responsabilité sociétale. Nous chercherons à savoir si
les sociétés savent mesurer leur impact environnemental, prendre des mesures pour le
réduire et communiquer dans leurs publications leurs implications en la matière.
Pour ce faire, nous allons analyser les différents rapports ou chartes disponibles
afin de savoir si les sociétés se préoccupent du sujet. Nous allons notamment tester
les termes suivants : « environnement », « déchets », « pollution », « développement
durable ».
L’occurrence de ces termes nous laisse penser que ces sociétés ont un intérêt pour
l’environnement mais ne nous permet pas de conclure à un respect de celui-ci.

4.4.4 Résultante des trois volets


L’analyse des résultats pour les hypothèses émises ci-devant devrait nous permettre
de répondre à nos 2 questions de recherche. En effet, si de telles informations sont
disponibles dans des documents accessibles à tout un chacun, cela signifie qu’elles
auront fait l’objet d’un aval par le conseil d’administration, et que la « RSE » est
intégrée dans les processus de décision. De plus, si nous obtenons les informations
désirées dans les rapports, c’est parce que les sociétés les divulguent et font bien, ainsi,
62.

preuve de transparence, ce qui nous permet de répondre de manière positive à notre


seconde question de recherche.

4.5 Méthodologie
Tout d’abord, nous nous sommes inspirés de la norme ISO 26000 afin d’élaborer
nos questions de recherche. Nous nous sommes également interrogés afin de déterminer
dans quels documents réaliser la collecte d’indicateurs.
Ensuite, suite à l’élaboration de nos questions de recherche et avec les connaissances
acquises après la revue de littérature, nous avons établi des hypothèses qui nous per-
mettent de tester, dans différents documents, différents indicateurs afin de répondre
aux questions de recherche. Nous avons également déterminé quels indicateurs peuvent
permettre de récolter des données qui pourraient être utilisées pour confirmer, ou in-
firmer, les hypothèses relatives aux questions de recherche.
Pour ce faire, nous avons déterminé plusieurs indicateurs pour répondre à notre
première question de recherche relative à l’intégration des principes « RSE » dans
les processus de décision et de mise en œuvre. Nous avons décidé de collecter ces
informations dans le rapport de gestion et également dans la section dudit rapport
relative à la gouvernance d’entreprise auquel cas, cette section ne serait pas reprise
dans le rapport de gestion.
Concernant notre seconde question de recherche, relative à la transparence des
entreprises en matière de RSE, nous avons décidé de collecter nos indicateurs dans
différents documents, le but étant de valider la transparence dans 3 documents : le
rapport annuel, comprenant le rapport de gestion et la déclaration de gouvernance
d’entreprise, la charte de gouvernance d’entreprise ainsi que le rapport de développe-
ment durable/RSE lorsque les sociétés en émettent un.
Premièrement, nous avons investigué le rapport de gestion et plus précisément la
section relative à la gouvernance d’entreprise. En effet, nous avions vu précédemment
que la responsabilité d’intégrer la RSE au sein d’une société incombait au CA et donc
à la gouvernance d’entreprise, raison pour laquelle nous entamons nos investigations
par cette section. Nous avons ensuite étendu nos recherches au niveau du rapport de
gestion en entier (faisant partie du rapport annuel), car nous avions constaté, lors
d’un prétest, que la déclaration de gouvernance d’entreprise est un document très
formalisé, ce qui laisse peu de place à l’intégration de la RSE dans cette déclaration.
63.

Par contre, le rapport de gestion n’est pas formalisé. Le conseil d’administration est
libre d’y indiquer ce que bon lui semble, ce qui nous donne plus d’espoir d’obtenir des
informations relatives à la RSE, pour autant qu’elle soit intégrée dans les processus de
gestion et dans les décisions prises par l’organe de gestion.
Deuxièmement, nous avons décidé d’approfondir les recherches et la collecte d’indi-
cateurs dans la charte de gouvernance d’entreprise, sorte de « mode d’emploi » fixant
toutes les modalités de la gouvernance d’entreprise. Cette charte ne fait pas l’objet
d’une publication dans la banque de données de la Banque Nationale de Belgique,
mais est généralement disponible sur les sites internet des sociétés concernées.
Étant donné que la charte de gouvernance d’entreprise est un document rédigé
par le conseil d’administration, nous avions estimé opportun d’y recueillir certains
indicateurs. Il s’agit d’une obligation légale et sa visibilité publique sur les sites internet
des sociétés en est une également. Nous avons cependant fait face à quelques difficultés
pour nous en fournir trois. Nous n’avons pas réussi à obtenir celle d’Aperam, d’ING et
de Sofina malgré les tentatives de contact prises assez tôt, ce qui réduit notre échantillon
à 35 observations dans le cas des analyses sur base de ce document.
Troisièmement, nous avons encore investigué afin de savoir si les sociétés de notre
échantillon réalisent un rapport de développement durable. De plus, nous nous inté-
ressons particulièrement à la section « gouvernance d’entreprise » de ce rapport de
développement durable quand elle existe. Il ne s’agit pas d’une obligation légale en
Belgique et donc, il est probable que toutes n’en disposent pas. Néanmoins, nous avons
décidé d’analyser les rapports des sociétés qui en émettent un afin d’analyser leur
contenu et de relever ce à quoi elles accordent de l’importance via une série d’indica-
teurs établis préalablement. Nous remarquons que toutes n’émettent pas de rapport ou
qu’elles n’émettent pas un rapport chaque année.
De plus, nous avons d’abord réalisé un prétest sur deux entités, l’une issue du BEL
20, l’autre étant une small caps, afin de vérifier que les indicateurs soient récoltables.
Suite à ce prétest, nous avons collecté toutes les informations pour les 36 entités
restantes.
Nous avons établi une batterie de questions et de tests lexicographique. Les ques-
tions sont de type fermées et les tests lexicographiques donnent un résultat numéraire
exploitable. Toutes les questions auxquelles l’on peut répondre par l’affirmative per-
mettent de tendre vers une intégration RSE dans les modes de gouvernance et tendent
vers une transparence en la matière. Certains indicateurs de type lexicographique sont
64.

identiques, mais ils sont recensés dans des documents différents, ce qui rend leurs ré-
sultats différents.
À l’aube de notre analyse, nous avons une attente en termes de résultats. Étant
donné que nous testons deux catégories de sociétés cotées, nous supposons que les so-
ciétés du BEL 20 fournissent ou divulguent plus d’informations. Nous nous attendons
à analyser des rapports annuels plus longs. Nous espérons dès lors obtenir plus d’infor-
mations concernant les sujets qui nous intéressent. Cette constatation sera à vérifier à
la fin de notre analyse.
Cependant, il ne nous est pas possible d’utiliser un modèle statistique, même li-
néaire, pour analyser ces données. En effet, nous ne disposons que de variables in-
dépendantes et pas de variables dépendantes. Par conséquent, nous avons, dans un
premier temps, analysé nos données sur base de statistiques simples. Elles font tout
de même ressortir des tendances qui nous permettent de confirmer ou infirmer nos
hypothèses.
Dans un second temps, nous avons analysé nos données sur base de tests non pa-
ramétriques. En effet, comme nous supposons que deux groupes se distinguent dans
notre analyse, nous avons décidé d’effectuer des tests de comparaison de moyennes de
ces deux groupes. Cependant, compte tenu de ces deux groupes constitués respecti-
vement de 18 et de 20 sociétés pour les sociétés du BEL 20 et les small caps, nous
nous sommes orientés vers des tests non paramétriques, plus adaptés. En effet, au vu
du nombre trop faible d’observations à analyser (moins de 30), il ne nous était pas
possible d’utiliser un test paramétrique.
Nous avons utilisé un type de test non paramétrique de comparaison de moyennes
pour cinq hypothèses. Il s’agit du test de Wilcoxon-Mann-Whitney.
Il s’agit d’un type de test non paramétrique de comparaison de moyennes, testant
l’hypothèse que la distribution de données est la même dans deux groupes qui peuvent
également être de taille différente. Ce test calcule une p-valeur, cette dernière étant
une probabilité (entre 0 et 1) qui est comparée à un taux de significativité, choisi au
préalable, dans notre cas il équivaut à 5 %. Nous l’avons réalisé à l’aide du logiciel
« R ».
Chapitre 5

Analyse des résultats

Dans notre analyse de résultats, nous présentons d’abord quelques statistiques des-
criptives qui ressortent suite à la collecte des données.
Ensuite, nous entamerons l’analyse des données en relation avec les hypothèses po-
sées. Cinq hypothèses seront d’abord analysées sur base de statistiques descriptives
illustrées avec un graphique et ensuite avec un test de Wilcoxon-Mann-Whitney. Les
trois hypothèses restantes seront uniquement analysées avec des statistiques descrip-
tives.

5.1 Analyse de l’échantillon


Premièrement, nous avons analysé les indicateurs pour lesquels la réponse attendue
est soit « oui » soit « non » afin de dresser un classement des sociétés pour lesquelles
l’analyse permet de répondre aux questions par « oui ».
Le tableau 5.1 (pages 66 et 67) reprend en pourcentage le nombre de réponses
affirmatives aux indicateurs. Notons cependant que certains indicateurs sont de type
binaire (1 : oui ; 0 : non) et d’autres sont de type lexicographique. Lorsque l’on compte
une occurrence lexicographique pour un terme pour une société, un indicateur binaire
s’inscrit automatiquement, car la société répond par oui à la présence de cette locution.

65
66.

Société Nombre de
« oui » en %
SOLVAY 68,18
UMICORE 67,42
COFINIMMO 66,67
UCB Pharma 65,91
NYRSTAR 62,12
BEKAERT 55,30
ONTEX Groupe 54,20
AGEAS SA 51,91
AB INBEV 51,15
RECTICEL 50,76
APERAM 50,67
KBC Groupe 49,62
IBA 49,24
PICANOL 44,70
PROXIMUS 43,94
COLRUYT 42,75
ACKERMANS & VAN HAAREN 42,42
MELEXIS 42,42
ROULARTA 42,42
RESILUX 41,67
RTL GROUP 40,91
SPADEL 40,15
GBL 39,39
KINEPOLIS GROUP 38,64
BANIMMO 37,12
BPOST 36,36
EMAKINA GROUP 36,36
MDxHealth 36,36
MOURY CONSTRUCT 36,36
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM 36,36
(Suite à la page suivante)
67.

Société Nombre de
« oui » en %
GALAPAGOS 35,61
IMMO MOURY 34,85
MITHRA 34,85
SOFINA 33,33
ING 32,05
PCB 31,06
ROSIER 29,55
FOUNTAIN 29,55

Table 5.1 – Pourcentage de réponses affirmatives

Ce tableau reprend, par société, le nombre de réponses positives exprimé en pour-


centage.
Il nous permet de constater que 11 sociétés répondent par « oui » à plus de la moitié
des indicateurs. Nous constatons également que parmi les 11 sociétés, 9 sont issues de la
catégorie BEL 20. Par contre, le bas du tableau est composé d’une majorité de sociétés
dites « small caps ». En tête du classement, la société Solvay répond par « oui » à 91
reprises contre 39 pour la société Fountain qui ferme la marche. Remarquons tout de
même que lorsqu’une société n’établit pas de rapport de développement durable, elle
répond par la négative à 22 indicateurs, ce qui représente 16,5 % de réponses au total.

Le tableau 5.2 en page 68 reprend la liste des 13 sociétés qui établissent un rapport
de développement durable ou RSE.
68.

Société
AB INBEV
APERAM
COFINIMMO
IBA
ING
NYRSTAR
ONTEX Groupe
PROXIMUS
ROULARTA
RTL GROUP
SPADEL
UCB Pharma
UMICORE

Table 5.2 – Sociétés ayant un rapport DD/RSE

Ce tableau reprend, par ordre alphabétique, l’ensemble des sociétés qui réalisent un
rapport de développement durable distinct du rapport annuel.
Nous constatons cependant que parmi les 13 sociétés qui établissent ce type de
rapport, seules 6 (en gris) font également partie des sociétés qui répondent à plus de
la moitié des critères (voir tableau 5.1 en pages 66 et 67). En effet, l’explication réside
dans le fait que seulement 22 indicateurs binaires sont testés pour ce document ce
qui représente 16,5 % des indicateurs. Donc ce n’est pas parce qu’une société n’émet
pas de rapport de développement durable qu’elle ne répond pas à de nombreux autres
indicateurs qui lui permettent de faire partie des sociétés qui répondent par « oui » à
la majorité des indicateurs, comme nous l’expliquions précédemment.

5.2 Test lexicographique


Nous avons également testé lexicographiquement un certain nombre de termes dif-
férents dans le rapport annuel (plus précisément, le rapport de gestion, la déclaration
de gouvernance d’entreprise) et dans la charte de gouvernance d’entreprise.
69.

Le tableau 5.3 (en pages 69 et 70) reprend le total des termes a été compté pour
toutes les sociétés réunies dans le rapport de gestion et dans la charte de gouvernance
d’entreprise ainsi que le nombre de sociétés qui mentionnent ces termes.

Test de comptage Somme Somme


des mots des
sociétés
des mots « contrôle » ou « contrôler » 1951 38
des mots « gouvernance d’entreprise » 1180 38
du mot « loi » ou « lois » 961 38
des mots « respect », « respecter », « respectueux » 837 37
du mot « droit » 783 37
du mot « droit » y compris droit de l’Homme 774 36
des mots « règlementation », « règlement », « rè- 734 35
glementer », « règlementaire »
du mot « stratégie » 653 38
du mot « environnement » 651 35
des mots « légalité » ou « légal » 647 37
du mot « obligations » 569 37
du mot « norme » 375 37
du mot « santé » 372 31
du mot « social » 359 36
des mots « conflits d’intérêts » 291 35
du mot « intégrité » 211 31
du mot « énergie » 210 22
des mots « parties prenantes » ou « parties inté- 192 22
ressées »
du mot « éthique » 189 33
du mot « transparence » 185 34
des mots « développement durable » 163 17
du mot « partenariat » 122 26
du mot « déchets » 106 16
des mots « rejet » ou « rejeter » 80 11
(Suite à la page suivante)
70.

Test de comptage Somme Somme


des mots des
sociétés
des mots « gaz à effet de serre » 72 11
du mot « corruption » 63 13
du mot « bien-être » 57 13
du mot « éducation » 56 20
du mot « fraude » 52 23
du mot « équité » 47 14
des mots « délits d’initié » 46 18
des mots « RSE » et « RSO » 45 7
des mots « responsabilité sociétale » 44 17
des mots « droits de l’Homme » 41 9
des mots « gouvernance d’organisation » 39 5
des mots « comportement éthique » 26 9
du mot « syndicat » 24 12
des mots « risques environnementaux » 24 7
des mots « honnêteté » ou « honnête » 11 10
du mot « pollution » 20 7
des mots « égalité des chances » 18 8
des mots « chaine de valeur » 18 5
du mot « honnêteté » 10 4
du mot « redevabilité » 8 6
du mot « pauvreté » 3 3
des mots « comportement responsable » 2 1
des mots « risques sociaux » 1 1
des mots « justice sociale » 1 1
des mots « sphère d’influence » 1 1
des mots « reconnaissance des intérêts » 0 0
des mots « principes de légalité » 0 3

Table 5.3 – Pourcentage de rapports DD/RSE


71.

Ce tableau illustre le nombre total de mots que nous avons compté pour chaque locution
ainsi que le nombre de sociétés différentes qui les utilisent à au moins une reprise dans
l’un de leurs documents.
Nous constatons que, pour les 38 entités, certains termes reviennent assez régu-
lièrement. Par exemple, « contrôle » ou « contrôler » apparaissent très régulièrement.
Cependant, la récurrence de ce terme est à nuancer, car la locution « contrôle interne »
est régulièrement sortie lors du test. En effet, quasi toutes les sociétés font référence à
leurs systèmes de contrôle interne.
En outre, le terme « droit » reprend tous les droits auxquels les sociétés peuvent
prétendre ou qu’elles accordent. Nous avons décidé d’exclure les termes « droits de
vote », qui, dans le cadre de notre analyse, ne permettent pas déterminer les impli-
cations RSE en matière de gouvernance. L’analyse de ce terme permet, pour le reste,
de découvrir tout ce à quoi la société se soumet ou tous les droits auxquels elle prête
attention tels que les « droits de l’Homme ».

Après ces quelques chiffres de présentation, nous allons à présent tenter de répondre
à nos hypothèses sur base des informations collectées. Pour ce faire, nous allons adopter
la même structure de présentation que nos hypothèses c’est à dire : les volets gouver-
nance, social et environnemental.

5.2.1 Volet gouvernance


5.2.1.1 Les sociétés mettent en place une stratégie RSE

Afin de tenter de vérifier l’intégration d’une stratégie RSE dans les processus déci-
sionnels des organisations, nous avons testé différentes locutions. Il convient à présent
de les découvrir ainsi que les résultats que cela nous apporte.

(2.1.1) Test lexicographique RSE dans le rapport de gestion


Étant donné que nous cherchons à savoir si la RSE est prévue dans les modes de gestion
et dans les processus de décision, il apparait indispensable de savoir si les locutions
« responsabilité sociétale » ou « responsabilité sociale » ainsi que l’abréviation « RSE »
reviennent dans le rapport de gestion émis par le conseil d’administration (organe en
charge de la gouvernance). Nous avions donc décidé d’intégrer ces locutions dans nos
indicateurs.
72.

Le graphique 5.1 en page 72 reprend le nombre de fois que les locutions « RSE » et
« responsabilité sociétale » apparaissent par société dans le rapport de gestion et dans
la déclaration de gouvernance d’entreprise.

UCB Pharma
GBL
SOLVAY
ACKERMANS & VAN HAAREN
KBC Groupe
COFINIMMO
COLRUYT
IBA
PROXIMUS
MELEXIS
0 5 10 15 20 25 30 35
Nombre de mots

Figure 5.1 – Apparition des locutions « RSE »,« responsabilité sociétale/sociale » dans
le rapport de gestion et dans la déclaration de gouvernance

Ce graphique reprend toutes les sociétés qui font mention des termes évoqués dans
leur rapport de gestion. Seules 10 s’y intéressent et ce avec une intensité différente. UCB
Pharma y fait mention 32 fois et la GBL à 15 reprises. Solvay, avec ses 11 mentions
ferme la marche du podium. Nous constatons encore que parmi ces 10 sociétés, seules
2 ne sont pas issues de la catégorie BEL 20 (IBA et MELEXIS).
Sur base de cette analyse lexicographique, nous pouvons tirer 2 enseignements. Tout
d’abord, parmi un échantillon de 38 sociétés, 10 communiquent qu’elles y accordent
une certaine importance. Étant donné la faible occurrence de ces termes pour certaines
entités (entre 0 et 5), nous ne pouvons pas conclure qu’elles mettent toutes en place
une stratégie RSE. Ensuite, cette analyse sera à croiser avec les sociétés qui publient
un rapport développement durable ou RSE. En effet, il serait intéressant d’étudier si
les sociétés qui écrivent un tel rapport sont les mêmes que celles qui ressortent dans
cette analyse. Nous nous y attarderons plus loin dans cette analyse.
73.

Nous allons à présent réaliser notre premier test de comparaison de moyennes selon
un test non paramétrique. Nous avons décidé de comparer pour nos 2 échantillons si
les moyennes des termes « responsabilité sociétale » sont différentes.
Nous posons les hypothèses suivantes :
— H0 : µ BEL 20 = µ Small caps ;
— H1 : µ BEL 20 6= µ Small caps.
Nous utilisons un taux de significativité de 5 %.
Les résultats du test sont repris dans la figure 5.2 en page 73.

Figure 5.2 – Test de moyennes sur les termes « responsabilité sociétale »

La p-valeur est de 0,01026, ce qui signifie qu’il y a 1 % de chance d’avoir les mêmes
résultats pour les sociétés du BEL 20 et les small caps si on suppose que H0 est vraie
(et que les moyennes sont exactes). Celle-ci se situe sous 0,05 (seuil de 5 % générale-
ment adopté), ce qui ne nous permet pas d’accepter l’hypothèse H0 selon laquelle les
moyennes des deux groupes sont égales entre elles.
Ce premier test nous permet de déceler une première différence significative entre
nos deux groupes de sociétés cotées.
74.

Test lexicographique des mots « responsabilité sociétale/sociale » ou « RSE »


dans la charte de gouvernance d’entreprise

Nous avons testé les mêmes termes ainsi que l’abréviation « RSE » dans la charte
de gouvernance. Le graphique 5.3 reprend le nombre de fois où les termes « RSE » et
« responsabilité sociétale » y paraissent.

SOLVAY
AGEAS SA
BEKAERT
COFINIMMO
KINEPOLIS GROUP
MDxHealth
NYRSTAR
RECTICEL
0 0.5 1 1.5 2
Nombre de mots

Figure 5.3 – Apparition des locutions « RSE » et « responsabilité sociétale/sociale »


dans la charte de gouvernance d’entreprise

Ce graphique reprend le nombre de fois que les locutions « RSE » ou « responsabilité


sociétale/sociale » apparaissent par société dans la charte de gouvernance d’entreprise.
Huit sociétés font mention de la responsabilité sociétale dans leur charte de gou-
vernance et Solvay y fait référence à 2 reprises. Ce faible taux de présence de la RSE
dans les chartes nous permet de conclure qu’elle n’est pas vraiment présente dans ce
type de document. L’explication réside peut-être dans le fait que d’autres informations
y sont communiquées et qu’il ne s’agit sans doute pas du document le plus approprié
pour y faire en état.

(2.1.2) Sociétés qui publient un rapport de développement durable/RSE


Treize sociétés de notre échantillon (soit 34 %) réalisent un rapport de développement
durable. Il s’agit d’AB Inbev, d’Aperam, de Cofinimmo, d’ING, d’Ontex Groupe, de
Proximus, d’UCB Pharma, d’Umicore, d’IBA, de Nyrstar, de Roularta, de RTL Group
75.

et de Spadel. Notons encore que Solvay ne réalise pas de rapport de développement


durable ou RSE mais intègre directement toutes les données relatives à la RSE dans
son rapport annuel qui se dénomme désormais « rapport annuel intégré ».
Parmi ces 14 observations, nous constatons que seules quatre sociétés pour lesquelles
l’on avait recensé les locutions « RSE » ou « responsabilité sociétale/sociale » dans le
rapport de gestion, rédigent et publient un rapport de développement durable ou RSE.
Il s’agit de Proximus, UCB Pharma, IBA et Solvay. Nous avons également recensé
les sociétés qui tiennent compte de la RSE dans leur charte de gouvernance. Si nous
croisons les données des sociétés qui parlent de la RSE dans leur charte avec les sociétés
qui émettent un rapport RSE, nous recensons 3 sociétés qui remplissent les 3 conditions.
Il s’agit de Cofinimmo, Nyrstar et encore une fois Solvay. Comme nous l’avions vu
précédemment il s’agissait uniquement d’une brève mention de la RSE.
Solvay est la seule société à intégrer la RSE dans son rapport de gestion, dans
sa charte de gouvernance d’entreprise et dans son rapport RSE qui est repris dans le
rapport annuel.

(2.1.3) Conclusions
Sur base des différents éléments de réponses récoltés ci-dessus, nous pensons que la
majorité des sociétés analysées n’intègre pas la RSE (les chiffres le démontrent) dans
leurs publications ou ne disposent pas encore d’une stratégie RSE. Seules UCB Pharma
et Solvay (soit 2 sur 38) semblent disposer d’une stratégie RSE et la publient.
Pour conclure, à l’hypothèse « les sociétés mettent en place une stratégie RSE »,
nous répondons par la négative, car la grande majorité ne semble pas instaurer de
stratégie RSE au sein de ses processus décisionnels.
Nous avions fait le postulat que si nous identifions une stratégie RSE, ce serait
grâce à la publication par les sociétés de leur stratégie RSE. Étant donné que nous
identifions un très faible pourcentage de sociétés en disposant, nous ne pouvons pas
affirmer que les sociétés font preuve de transparence en matière de stratégie RSE.
76.

5.2.1.2 Les sociétés respectent les lois et règlementations qui s’appliquent


à elles

(2.1.1) Analyse lexicographique pour les termes « droit », « loi », « obli-


gations », « légal » et « règlement/règlementation »
Afin de confirmer, ou pas, notre deuxième question de recherche, nous décidons d’ana-
lyser différents termes qui font référence à la gouvernance d’entreprise dans le rapport
de gestion et sa déclaration de gouvernance d’entreprise. Il s’agit des mots suivants :
« droit », « loi », « obligations », « légal » et « règlement/règlementation ». En effet,
comme vu précédemment, ces termes ne nous permettront pas de valider le respect ou
non des législations mais de mesurer de manière indirecte l’intérêt des sociétés pour les
aspects légaux. Certains termes sont très récurrents donc nous nous attendons à des
résultats élevés. Ils sont présents au minimum pour 34 sociétés et au maximum pour
la totalité de l’échantillon.

Le graphique 5.4 en page 77 reprend, par société, le nombre de fois que les locutions
testées ont été comptées dans le rapport de gestion et la déclaration de gouvernance
d’entreprise du rapport annuel.
77.

KBC Groupe
UCB Pharma
RESILUX
NYRSTAR
GBL
ONTEX Groupe
COLRUYT
BPOST
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
RTL GROUP
COFINIMMO
SOLVAY
APERAM
IMMO MOURY
AB INBEV
ACKERMANS & VAN HAAREN
BEKAERT
PICANOL
AGEAS SA
KINEPOLIS GROUP
EMAKINA GROUP
IBA
RECTICEL
MELEXIS
PCB
SPADEL
PROXIMUS
MDxHealth
GALAPAGOS
SOFINA
UMICORE
MOURY CONSTRUCT
BANIMMO
ROULARTA
ROSIER
MITHRA
FOUNTAIN
ING
0 50 100 150 200 250 300
Nombre de mots

Figure 5.4 – Volet gouvernance : utilisation des termes à aspect légal dans le rapport
de gestion et la déclaration de gouvernance d’entreprise
78.

Ce graphique reprend par société le nombre de fois que les locutions suivantes
« droit », « loi », « obligations », « légal » et « règlement/règlementation » ont été
comptées dans le rapport de gestion et la déclaration de gouvernance d’entreprise du
rapport annuel.
Comme nous pouvons le constater, les sociétés utilisent beaucoup ce vocabulaire
dans leurs rapports. Seules cinq les utilisent moins de 50 fois dans leur rapport de
gestion. Les sociétés semblent énoncer régulièrement (en moyenne 92 fois) différentes
lois et règlementations, ce qui nous laisse penser que l’organe de gestion recense les
différents règlements applicables et comment ils sont appliqués. De plus, selon les sec-
teurs d’activité, différentes législations s’appliquent. Les sociétés ont l’air de porter un
intérêt aux législations qui s’appliquent à elles.
KBC Groupe et UCB Pharma sont particulièrement sensibles à ces locutions et en
font mention à plus de 200 reprises.
Nous estimons intéressant d’aller quelque peu plus loin dans cette analyse et de com-
parer les moyennes de nos deux groupes tel qu’expliqué dans la définition de l’échan-
tillon afin de savoir s’il y a une différence importante entre ces deux types de sociétés
cotées concernant la fréquence du terme « légalité » dans les documents analysés. Nous
calculons les moyennes sur base des informations issues du rapport de gestion et de la
déclaration de gouvernance d’entreprise issue du rapport annuel.
Nous posons les hypothèses suivantes :
— H0 : µ BEL 20 = µ Small caps ;
— H1 : µ BEL 20 6= µ Small caps.
Nous utilisons un taux de significativité de 5 %.
79.

Voici les résultats du test :

Figure 5.5 – Test de moyennes sur le terme « légalité »

La p-valeur est égale à 0,2992 ce qui est supérieur à 0,05. Dès lors, nous ne pouvoons
pas rejeter H0 selon laquelle les moyennes des deux groupes sont égales.
Ce résultat nous amène à conclure qu’en termes de légalité, les deux groupes de
sociétés sont tout autant attentifs et nous ne pouvons pas conclure qu’un des deux
groupes utilise moins la locution « légalité » que l’autre dans les rapports de gestion.

Nous passons à présent à l’analyse sous forme de statistique descriptive des données
lexicographiques récoltées dans la charte de gouvernance d’entreprise.
Le graphique 5.6 en page 80 reprend par société le nombre de fois que les locutions
suivantes « droit », « loi », « obligations », « légal » et « règlement/règlementation »
ont été comptées dans la charte de gouvernance d’entreprise.
80.

SOLVAY
RESILUX
AGEAS SA
MITHRA
AB INBEV
MDxHealth
PICANOL
COFINIMMO
KINEPOLIS GROUP
RECTICEL
KBC Groupe
MOURY CONSTRUCT
UCB Pharma
GBL
BEKAERT
IBA
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
IMMO MOURY
BPOST
UMICORE
ROULARTA
ACKERMANS & VAN HAAREN
BANIMMO
SPADEL
EMAKINA GROUP
ONTEX Groupe
NYRSTAR
GALAPAGOS
PCB
RTL GROUP
MELEXIS
PROXIMUS
ROSIER
FOUNTAIN
COLRUYT
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240
Nombre de mots

Figure 5.6 – Volet gouvernance : utilisation des termes à aspect légal dans la charte
de gouvernance d’entreprise
81.

Ce graphique reprend par société le nombre de fois que les locutions suivantes
« droit », « loi », « obligations », « légal » et « règlement/règlementation » ont été
comptées dans la charte de gouvernance d’entreprise.

Les résultats sont quelque peu moins élevés et moins homogénéisés. En effet, l’écart-
type (61,17) est plus élevé que dans l’analyse du rapport de gestion (57,21). Cela peut
s’expliquer par le fait que certaines entreprises rédigent des chartes très courtes (7
pages) par rapport à d’autres qui donnent beaucoup plus de détails. Malgré la moins
grande homogénéité, nous constatons tout de même que ces termes sont à nouveau et,
sans grande surprise, très récurrents (en moyenne 100 fois par société).

(2.1.2) Conclusions

Pour conclure, nous pensons que les sociétés sont sensibles au respect des lois et
règlementations car elles risquent des poursuites judiciaires en cas de non-respect. De
plus, elles semblent divulguer sans trop de confidentialité les dispositions légales qui
s’appliquent à leurs activités et parfois, les raisons pour lesquelles elles s’en écartent.

À l’hypothèse, « Les sociétés respectent les lois et règlementations qui s’appliquent


à elles. », nous pensons pouvoir répondre par l’affirmative au vu du nombre de sociétés
répondant aux critères et du nombre de fois où les termes en relation avec cette hypo-
thèse ont été récoltés. Cependant, nous attirons l’attention sur le fait que l’occurrence
des mots testés de ne nous permet pas de conclure à un respect des lois et règlemen-
tations, mais plutôt à une tendance ou à un intérêt que les sociétés portent au respect
des lois. Notre analyse ne nous permet pas de vérifier que les organisations respectent
dans les faits toutes les législations qui s’imposent à elles.

Par contre, ces analyses nous permettent de penser que les sociétés font preuve
d’une certaine transparence vis-à-vis des législations qui s’imposent à elles. En effet,
elles font référence aux différentes lois, s’y conforment ou s’en écartent et justifient les
raisons de ces écarts. L’occurrence des termes relatifs au respect des législations nous
laisse à penser que les sociétés sont sensibles à être transparentes pour divulguer les
lois applicables, si elles les respectent et dans les cas de non-respect, les raisons de ces
non-respects.
82.

5.2.1.3 Les sociétés accordent de l’importance à la transparence de leurs


décisions et de leurs actes

Afin de vérifier notre troisième hypothèse et donc de savoir si les sociétés font
preuve de transparence notamment en matière de RSE, nous avons décidé de tester les
mots « transparence » et « transparent » dans le rapport de gestion, la déclaration de
gouvernance et la charte.
En revanche, nous sommes prudents quant à la notion de transparence, car elle
s’applique dans de nombreux domaines. Une société peut faire mention à de très nom-
breuses reprises des termes évoqués ci-devant sans pour autant être transparente dans
le secteur de la RSE. En effet, lors de notre analyse, nous avions constaté que la locution
« transparence » était utilisée à plusieurs reprises, notamment, dans « la déclaration
de transparence », qui n’a aucun lien avec la RSE. Les locutions testées ne sont jamais
que des approximations de l’intérêt que les sociétés portent à la transparence, tous
domaines confondus.
Le graphique 5.7 en 83 est le décompte, par société, du nombre de fois où les mots
« transparence » et « transparent » ont été recensés dans le rapport de gestion, la
déclaration et la charte de gouvernance.
83.

SOLVAY
ONTEX Groupe
UCB Pharma
KBC Groupe
COLRUYT
KINEPOLIS GROUP
IBA
NYRSTAR
RTL GROUP
COFINIMMO
EMAKINA GROUP
ACKERMANS & VAN HAAREN
AGEAS SA
BEKAERT
BPOST
IMMO MOURY
PCB
PROXIMUS
RESILUX
UMICORE
AB INBEV
GBL
MDxHealth
MITHRA
FOUNTAIN
GALAPAGOS
MOURY CONSTRUCT
RECTICEL
SPADEL
BANIMMO
MELEXIS
PICANOL
SOFINA
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
0 5 10 15 20 25
Nombre de mots

Figure 5.7 – Apparition des locutions « transparence » et « transparent » dans le


rapport de gestion, la déclaration de gouvernance et la charte de gouvernance
84.

Tout d’abord, nous constatons que sur notre échantillon de 38 entités, 4 ne font
nullement mention de transparence dans aucun document. Il s’agit d’Aperam, ING,
Rosier et Roularta. Aperam et ING ne produisent pas de charte de gouvernance, seul
le rapport de gestion et la déclaration de gouvernance ont été pris en compte dans ces
cas.
Ensuite, il faut analyser avec précaution les résultats obtenus pour la société Sofina
pour laquelle nous n’avons pas obtenu la charte de gouvernance. En effet, ses résultats
sont plus faibles suite au manque d’analyse de ce document.
De plus, nous sommes prudents quant à l’analyse de cette locution. La collecte de
ces termes ne concerne pas uniquement la transparence en matière RSE ce qui rend
cet indicateur peu pertinent. Certaines sociétés faisaient mention d’une déclaration de
transparence, qui n’a pas de rapport avec la RSE. L’analyse des termes « transparence »
ou « transparent » ne permet pas en soi de déterminer si une société est transparente en
termes de RSE en tant que tel, car les sociétés peuvent être transparentes en général et
dans des domaines très divers. Comme vu précédemment, la transparence RSE s’étudie
tout au long du processus RSE et tout au long de l’analyse de différents facteurs
contribuant à la RSE. D’autres indicateurs repris dans les volets gouvernance, social et
environnemental nous permettront sans doute d’obtenir plus d’information en matière
de transparence RSE.
Afin de vérifier si un groupe de société (large caps vs small caps) intègre plus que
l’autre les locutions « transparence » et « transparent », nous avons réalisé un test de
Wilcoxon-Mann-Whitney.
Nous posons les hypothèses suivantes :
— H0 : µ BEL 20 = µ Small caps ;
— H1 : µ BEL 20 6= µ Small caps.
Nous utilisons un taux de significativité de 5 %.
85.

Voici les résultats du test :

Figure 5.8 – Test de moyennes sur le terme « transparence »

La p-valeur à l’issue de ce test équivaut à 0,1282 ce qui est supérieur à 0,05 et nous
conduit à ne pas rejeter H0 selon laquelle les moyennes des deux groupes sont égales.
Dès lors, sur base de ce test, nous ne pouvons pas constater qu’une catégorie de
sociétés cotées plus que l’autre fasse plus mention de la transparence. Toutes les sociétés
semblent accorder un intérêt à la transparence, toutes catégories confondues.

(2.1.1) Conclusions
Tous secteurs d’activités confondus, les sociétés mentionnent régulièrement les lo-
cutions analysées.qu’elles sont transparentes en matière de RSE.

5.2.2 Volet social


5.2.2.1 Analyse lexicographique de 9 termes

Pour rappel, nous avons regroupé la majorité de nos indicateurs sous 3 volets. Le
volet social accorde une importance aux conditions de travail, au bien-être, aux droits
de l’Homme, aux relations avec les parties prenantes et avec, notamment, les syndicats.
Nous entamons l’analyse de données en relation avec les activités sociales des sociétés
afin de vérifier ou non plusieurs hypothèses. Dans un premier temps, nous analysons
86.

tous les indicateurs récoltés en relation avec ce volet. Ensuite, nous affinerons l’analyse
dans le détail concernant certains aspects.
Afin d’évaluer l’importance qu’accordent les sociétés aux différents aspects relatifs
au social, nous avons testé différentes locutions dans les rapports de gestion et dans
la charte de gouvernance. Les termes analysés sont « droits de l’Homme », « social »,
« risques sociaux », « santé », « éducation », « bien-être », « pauvreté », « parties pre-
nantes » et « syndicats »
Le tableau 5.9 en page 87 nous montre l’importance d’apparition de ces termes.
87.

COFINIMMO
UCB Pharma
SOLVAY
KBC Groupe
NYRSTAR
ONTEX Groupe
UMICORE
AB INBEV
COLRUYT
AGEAS SA
MELEXIS
BEKAERT
ACKERMANS & VAN HAAREN
IBA
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
RTL GROUP
SPADEL
RECTICEL
PICANOL
GALAPAGOS
BPOST
MDxHealth
PCB
ROULARTA
EMAKINA GROUP
MITHRA
APERAM
GBL
IMMO MOURY
RESILUX
SOFINA
MOURY CONSTRUCT
PROXIMUS
KINEPOLIS GROUP
ROSIER
ING
BANIMMO Total rapport de gestion
FOUNTAIN Total charte

0 20 40 60 80 100 120 140 160


Nombre de mots

Figure 5.9 – Volet social


88.

Cette illustration fait ressortir plusieurs sociétés accordant de l’importance aux


locutions testées en relation avec le volet social. La société Cofinimmo est une actrice
dans l’immobilier de location et principalement dans les maisons de repos et de soins.
L’activité permet peut-être d’expliquer pourquoi elle accorde autant d’importance au
volet social. Le bien-être de ses travailleurs et de ses locataires semble primordial au
vu de l’analyse du document.
En deuxième lieu, nous retrouvons UCB Pharma. Il s’agit d’une société qui se dote
de personnel qualifié auquel elle prête attention. UCB Pharma accorde une grande
importance à toutes ses parties prenantes.
Ensuite, Solvay développe également un grand sens social, notamment car son ac-
tivité demande beaucoup de précautions et engendre de grands risques pour ses tra-
vailleurs. Les accidents sont rares, mais existent, entrainant parfois la mort de certains
travailleurs. Solvay semble consciente du potentiel et de l’importance de son person-
nel et de leur formation, raison pour laquelle elle y accorde une telle importance. En
quatrième et cinquième position, nous trouvons KBC Groupe et Nyrstar qui semblent
accorder beaucoup d’importance aux différents aspects sociaux et sociétaux de leurs
collaborateurs bien que leurs activités soient complètement différentes. Nyrstar est ac-
tive dans le secteur minier entrainant des risques importants pour son personnel, d’où
la recrudescence de l’intérêt social. Enfin, Ontex se situe dans le secteur parapharma-
ceutique, ce qui nous laisse à penser que la justification d’un tel engouement pour le
volet social proviendrait des mêmes raisons qu’UCB Pharma.
De plus, nous constatons encore que les sociétés qui répondent moins souvent aux
termes analysés (en dessous de 40) disposent de statistiques plus homogènes entre le
rapport de gestion et la charte de gouvernance. Les termes sont utilisés autant dans
les deux types de documents contrairement aux sociétés du haut du classement qui
s’affairent à divulguer sur le plan social principalement dans leur rapport de gestion
plutôt que dans la charte de gouvernance, sans doute dû au fait que la charte ne se
prète pas à ce type d’informations.

(2.2.1) Conclusions
En conclusion, les sociétés semblent accorder une importance relative aux aspects
sociaux. Selon les secteurs d’activités, l’intérêt peut être grandissant. Il nous aurrait
peut-être fallu un autre type d’analyse par secteur d’activités pour y répondre.
89.

5.2.2.2 Analyse des parties prenantes

Nous passons à présent à l’analyse des données en relation avec le volet social afin
de vérifier la première hypothèse.

(2.2.1) Les sociétés prennent en compte les besoins de leurs parties pre-
nantes
Afin d’intégrer au mieux la RSE dans une organisation, il est important d’identi-
fier toutes les parties liées de près ou de loin aux activités de l’organisation. Pour ce
faire, nous avons relevé les termes « parties prenantes » ou « parties liées » dans les
rapports de gestion et dans les chartes de gouvernance afin de déceler les sociétés qui
en faisaient mention et à combien de reprises. Plus le nombre est élevé, plus l’intérêt
pour les parties prenantes est grand.

Le graphique 5.10 en page 90 représente cet intérêt.


90.

UCB Pharma
KBC Groupe
SOLVAY
NYRSTAR
AGEAS SA
UMICORE
BEKAERT
ONTEX Groupe
IBA
MELEXIS
ROULARTA
RECTICEL
ACKERMANS & VAN HAAREN
PICANOL
MITHRA
RTL GROUP
PROXIMUS
KINEPOLIS GROUP
GALAPAGOS
COFINIMMO
SPADEL
COLRUYT
Total rapport de gestion
BPOST
Total charte de gouvernance

0 5 10 15 20 25 30 35 40
Nombre de mots

Figure 5.10 – Identification des parties prenantes


91.

23 sociétés ont identifié leurs parties prenantes. Une fois encore, quelques sociétés
se démarquent plus fortement. UCB Pharma, KBC Groupe, Solvay et Nyrstar ont plus
qu’identifié leurs parties prenantes, elles semblent les avoir intégrées dans leur gestion
au vu de la récurrence de termes testés. Parmi les parties prenantes, il peut s’agir du
personnel, des clients ou des fournisseurs qui entrent en lien direct avec l’activité et la
prospérité de l’organisation. Certaines sociétés ont, en outre, identifié et adapté leur
gestion selon les attentes et les besoins de certains groupes de parties prenantes.
Pour les sociétés qui publient un rapport en relation avec le développement durable
ou la RSE, nous nous sommes également intéressés à savoir si une section de ce rap-
port est consacrée aux parties prenantes, si elles sont identifiées par la gouvernance
d’entreprise, si la société est en mesure d’identifier l’impact de ses activités sur elles, et
si l’organisation est également en mesure de les influencer, notamment pour l’adoption
de nouveaux modes de vie plus respectueux. Nous nous sommes également intéressés à
une catégorie de parties prenantes en particulier : les syndicats afin de savoir si les or-
ganisations en tiennent compte. Nous avons utilisé cinq indicateurs afin de déterminer
dans quelles mesures les sociétés sont attentives à leurs parties prenantes.

Le graphique 5.11 en page 92 montre le nombre de retours positifs à ces cinq indi-
cateurs.
92.

APERAM
ROULARTA
COFINIMMO
IBA
NYRSTAR
ONTEX Groupe
PROXIMUS
SPADEL
BEKAERT
ING
SOLVAY
UCB Pharma
UMICORE
AB INBEV
0 1 2 3 4 5
Nombre de réponses positives sur les 5 questions

Figure 5.11 – Interaction avec les parties prenantes

Dans ce graphique, il s’agit d’une analyse d’indicateurs binaires. Nous constatons


que deux sociétés répondent par l’affirmative à l’ensemble des cinq indicateurs testés.
Il s’agit des deux sociétés qui font mention de leur communication avec les syndicats.
Toutes les autres n’en font pas mention. À l’exception d’AB Inbev et de Umicore
qui répondent à moins de la moitié des cinq indicateurs, toutes semblent accorder de
l’importance aux parties prenantes, les consultent, les intègrent dans leur gestion et
leurs activités et parfois sont en mesure de leur présenter des plans d’amélioration de
leur communication. Ces parties prenantes sont, selon les sociétés, consultées via des
tables rondes, des questionnaires ou des études.

(2.2.2) Conclusions
De manière générale, la plupart des sociétés font mention de leurs parties prenantes
et y accordent un intérêt.
Seuls 23 rapports de gestion font état d’une relation entre l’organisation étudiée et
ses parties prenantes. Nous avions appris, selon la norme ISO 26000, qu’il s’agissait
d’un vecteur important de développement et d’intégration de la RSE dans les modes
de gestion. En soi, 60 % de notre échantillon les énonce au moins une fois dans leurs
93.

rapports, certaines sociétés se contentent d’y faire mention à quelques reprises unique-
ment contre d’autres qui y font mention, expliquent les relations, comment elles les
accueillent et comment elles tiennent compte de leurs besoins.
Sur base du graphique précédent, 5.11 en page 92, nous constatons que ces 14
sociétés intègrent les parties prenantes dans leur gestion, car elles les consultent, s’y
intéressent, cherchent à connaître leurs besoins et ce à quoi elles souhaitent que l’orga-
nisation soit attentive.
Si l’on recoupe les informations avec celles du graphe précédent, afin de comparer
les informations dans les différents documents, nous nous apercevons que parmi les 14
sociétés de ce graphique, six mentionnent à plus de cinq reprises leur intérêt pour leurs
parties prenantes. KBC Groupe, Bekaert et Ageas ne publient pas de rapport sur les
parties prenantes, mais y font référence à plus de cinq reprises dans leur rapport de
gestion.
En conclusion, seules 14 sociétés sur les 38 analysés (soit 36 % de l’échantillon)
intègrent leurs parties prenantes à part entière dans leur gestion. Nous estimons ce
résultat comme étant faible étant donné l’importance qu’ont, selon la norme ISO 26000,
les parties prenantes pour une organisation.
Cependant, pour ces 14 sociétés qui répondent aux critères, nous concluons sur
base de l’importance qu’elles accordent qu’elles ont intégré les parties prenantes à
part entière dans leur gestion et donc indéniablement dans la mise en place de leurs
processus de gestion et de décision. De plus, si nous avons pu obtenir cette information,
c’est parce que ces sociétés divulguent et rendent publiques leurs relations avec leurs
parties prenantes.
Afin de détecter si un groupe de sociétés plus qu’un autre intègre les considérations
de ses parties prenantes, nous avons décidé d’appliquer un test de comparaison des
moyennes des occurrences des termes « parties prenantes » et « parties intéressées »,
tel que collecté dans le rapport de gestion, la déclaration de gouvernance d’entreprise
et la charte de gouvernance.
Nous posons les hypothèses suivantes :
— H0 : µ BEL 20 = µ Small caps ;
— H1 : µ BEL 20 6= µ Small caps.
Nous utilisons un taux de significativité de 5 %.
Voici les résultats du test :
94.

Figure 5.12 – Test de moyennes sur les termes « parties prenantes » et « parties
intéressées »

La p-valeur équivaut à 0,1091, ce qui est supérieur à 0,05. Dès lors, nous ne pouvons
pas rejeter H0 telle que les moyennes des deux groupes sont égales.
Ce test ne nous permet pas de conclure qu’il y a un groupe de sociétés qui prête plus
attention aux désidératas de leurs parties prenantes que l’autre et que, visiblement, les
sociétés des deux groupes considèrent leurs parties prenantes.

5.2.2.3 Analyse des formations du personnel

Nous allons à présent tenter de savoir si nous obtenons des résultats nous permettant
de répondre à notre hypothèse relative aux formations du personnel. L’hypothèse est
la suivante :
Les sociétés mettent en place des formations pour leur personnel
Il nous a semblé important d’étudier si les sociétés forment leur personnel et si elles
investissent dans leur capital humain. Pour rappel, la norme ISO 26000 considère le
personnel comme étant une partie prenante directement impliquée dans la société. Il
convient donc d’analyser quels processus de gestion les sociétés mettent en place afin
de permettre à leur personnel d’évoluer et si les investissements dans le capital humain
sont divulgués dans un quelconque rapport.
Pour ce faire, nous avons collecté un indicateur dans le rapport de développement
durable/RSE afin de savoir si les sociétés dévoilent une information à ce sujet. Nous
n’avons pas estimé opportun de tester cette information dans le rapport de gestion, car il
s’agit d’une information plus pointue concernant le personnel et qui n’est généralement
95.

pas annoncée dans le rapport de gestion. Dans ce cas-ci, notre population s’élève à 14
sociétés.
Nous avons collecté les informations concernant les formations du personnel auprès
de 10 entités. Il s’agit des suivantes : Aperam, Bekaert, Cofinimmo, ING, Nyrstar,
Ontex Groupe, Roularta, RTL Group, UCB Pharma et Umicore. Nous avons constaté
que les informations relatives aux formations du personnel concernaient généralement
les heures totales de formation du personnel et du budget annuel qui y est alloué
annuellement.

(2.2.1) Conclusions
Pour conclure, étant donné que notre population est réduite sur base des sociétés
qui publient un rapport RSE, nous constatons que 71 % des sociétés analysées forment
leur personnel et investissent dans le capital humain qui s’offre à elles et publient ces
différentes informations. Le doute que les sociétés disposent de ces statistiques, mais
qu’elles ne les incluent pas dans un document subsiste et subsistera tant qu’aucune
législation n’obligera ce genre de publication. Nous ne pouvons, dès lors, nous prononcer
uniquement sur la transparence de ces 10 sociétés.

5.2.2.4 Analyse des accidents du travail

Le volet social étant assez vaste et concernant un nombre de parties prenantes que
nous avons identifié préalablement, il nous est plus facile d’obtenir des informations
concernant celles qui sont directement impliquées dans l’activité de la société : les
travailleurs. Il s’agit de personnes qui mettent tous les jours leurs services au profit
d’une organisation. Il est préférable que ces personnes soient prévenues contre les risques
qu’elles encourent en exerçant leur métier et des mesures de protection y relatives. Nous
avons donc décidé de collecter des indicateurs afin d’affirmer ou non, l’hypothèse posée :
Les sociétés prennent des mesures pour éviter les accidents sur le lieu de travail.
Toujours dans le volet relatif aux aspects sociaux, nous nous intéressons au per-
sonnel des sociétés. Selon les types d’activité, parfois dangereuses, certains accidents
au travail et certains décès sont parfois à recenser. Il s’agit évidemment d’informations
sensibles et délicates à publier pour ces sociétés. Les causes des accidents ou décès le
sont tout autant. Nous nous sommes dès lors penchés sur la question afin de savoir
si les entreprises révèlent ce genre d’informations dans leur rapport de développement
durable/RSE.
96.

Six sociétés sur les 14 établissent ce type de rapport (soit 42 %) publient des in-
formations en relation avec les accidents de travail, les temps d’arrêt de maladie et les
décès. Il s’agit d’Aperam, de Bekaert, d’Ontex Groupe, de Nyrstar, d’UCB Pharma et
d’Umicore.
Nous voudrions apporter une certaine limite par rapport à cet indicateur. En effet,
nous avons constaté que les six sociétés qui publiaient de telles informations avaient dû
faire face durant l’exercice étudié à de tels accidents ou décès. Nous pensons dès lors
que d’autres sociétés sont sans doute en mesure de publier de telles informations, mais
ne l’ont pas fait, car elles n’ont pas eu de cas d’accidents ou de décès à recenser durant
l’exercice étudié. Ce n’est donc pas uniquement, parce que nous obtenons l’information
pour six sociétés que les huit autres qui réalisent un rapport RSE ne seraient pas en
mesure de fournir de telles données.
La seconde limite que nous voudrions apporter à cet indicateur est en relation
avec l’activité des six sociétés. En effet, la moitié des sociétés est issue du secteur
industriel (mines ou transformations de métaux). Nous savons que le personnel exerce
des fonctions à risque, manutentionne des matériaux et machines dangereux. Les risques
pour le personnel dans ce type de secteur est nettement plus élevé que dans le secteur
des services par exemple. Dès lors, il n’est pas très étonnant que les sociétés où les
risques sont plus élevés se retrouvent dans les résultats de ce test.

(2.2.1) Conclusions
Nous obtenons les informations de certaines sociétés et, comme déjà expliqué, cela
réside peut-être dans le fait que toutes n’ont pas ce type de données à communiquer.

5.2.3 Volet Environnemental


5.2.3.1 Analyse lexicographique de 8 termes dans le rapport de gestion

Nous allons à présent passer au troisième et dernier volet d’analyse. Nous avons
émis une hypothèse relative à ce volet. Il s’agit d’un domaine en matière de RSE très
large et pour lequel une série d’indicateurs différents auraient pu être collectés selon
les activités de chaque société analysée. Nous avons cependant constaté que toutes
les sociétés émettent des déchets. Il nous a semblé dès lors intéressant d’analyser les
émissions de gaz à effet de serre des sociétés afin de pouvoir les comparer.
Pour ce faire, nous avons émis l’hypothèse suivante à laquelle nous tentons de
97.

répondre :
Les sociétés sont conscientes de leurs émissions de gaz à effet de serre et les me-
surent.
Dans ce volet relatif à l’environnement, nous avions choisi, comme indicateurs, dif-
férentes locutions : « environnement », « risques environnementaux », « gaz à effet de
serre », « rejet/rejeter », « énergie », « déchets », « pollution » et « développement du-
rable ». La présence de ces différents termes doit nous permettre de conclure que les
sociétés sont sensibles aux problèmes environnementaux ou non. Plus ces termes sont
présents dans les documents analysés, plus les sociétés sont attentives et tendent à res-
pecter l’environnement en engageant différentes actions de différents types, à différents
niveaux et parfois même avec différentes classes de parties prenantes.
Le graphique 5.13 en page 98 montre les occurrences aux termes donnés ci-dessus.
98.

SOLVAY
NYRSTAR
UCB Pharma
UMICORE
COFINIMMO
COLRUYT
KBC Groupe
APERAM
MELEXIS
ACKERMANS & VAN HAAREN
ONTEX Groupe
RTL GROUP
IBA
BANIMMO
RESILUX
IMMO MOURY
PICANOL
RECTICEL
GBL
ROSIER
SPADEL
AB INBEV
KINEPOLIS GROUP
ROULARTA
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
BEKAERT
SOFINA
MOURY CONSTRUCT
BPOST
PROXIMUS
EMAKINA GROUP
ING
PCB
AGEAS SA
MITHRA
GALAPAGOS
MDxHealth
FOUNTAIN
0 50 100 150 200 250
Nombre de mots

Figure 5.13 – Analyse pour le volet environnement


99.

Afin d’analyser la section environnementale, différentes locutions ont été comptées


dans les documents habituels. Ce graphique reprend pour l’ensemble des termes testés
leur occurrence dans le rapport de gestion et la charte de gouvernance d’entreprise.
Solvay arrive en tête avec 272 observations sous ce volet. L’activité chimique du
groupe n’est sans doute pas anodine. Nyrstar, société active dans le domaine minier
et métallurgique compte 119 observations et UCB Pharma, société pharmaceutique en
compte 117. Umicore se place en 4e position avec 107 observations. Cofinimmo et Col-
ruyt suivent avec un intérêt important pour tous les aspects environnementaux. Nous
avions déjà constaté lors d’analyses précédentes leur intérêt pour la RSE en général.
Nous recensons moins de termes en relation avec l’environnement dans les sociétés small
caps. Seules Fountain, MDxHealth et Galapagos ne font jamais référence à des termes
en relation avec l’environnement. Peut-être n’y accordent-elles pas d’importance ou ne
publient-elles rien concernant ce volet-là ?
De plus, nous constatons également que cette analyse porte sur 8 termes, les valeurs
sont parfois très éloignées les unes des autres. La moyenne équivaut à 35 occurrences
avec un écart-type de 52 unités.
Enfin, nous remarquons que les sociétés qui développent un grand volet environ-
nemental sont celles qui ont une activité de type industriel tel que métallurgique,
chimique ou médical/pharmaceutique. Nous avions déjà constaté cette tendance lors
de l’analyse des accidents au travail dans le volet social. Nous avons décidé de croi-
ser ces données avec celles récoltées dans les rapports de développement durable/RSE
des sociétés pour lesquelles nous en disposons. Dix sociétés expliquent leurs démarches
environnementales dans ces documents. Il s’agit de 71 % de l’échantillon étudié dans
ce cas de figure là. Les sociétés sont : AB Inbev, Aperam, Ontex Groupe, Proximus,
Solvay, UCB Pharma, Umicore, Nyrstar, Roularta et Spadel. Les quatre sociétés qui se
situent en tête du classement précédent figurent parmi celles qui dévoilent leur stratégie
de développement durable dans leurs documents.
Afin de vérifier si certaines sociétés utilisent plus le terme « environnement » que
d’autres sociétés, nous avons scindé les sociétés analysées selon leur catégorie boursière
et leur avons appliqué un test non paramétrique de comparaison de moyenne.
100.

Nous posons les hypothèses suivantes :


— H0 : µ BEL 20 = µ Small caps ;
— H1 : µ BEL 20 6= µ Small caps.
Nous utilisons un taux de significativité de 5 %.
Les résultats du test sont repris dans la figure 5.14 en page 100.

Figure 5.14 – Test de moyennes sur le terme « environnement »

La p-valeur de ce test est égale à 0,0485 ce qui est, à peine, inférieur à 0,05. Dès
lors, nous ne pouvons pas accepter H0 selon laquelle les moyennes des deux groupes
de sociétés analysées sont égales entre elles. Cependant il est utile de noter que la p-
valeur se rapproche fortement de 0,05 et qu’il faut donc considérer ce rejet avec plus
de précautions que le premier relatif à l’hypothèse 1.1 (en page 73).

5.2.3.2 Conclusions

D’une manière générale, presque toutes les sociétés accordent une importance rela-
tive à l’environnement et à l’impact qu’elles ont sur l’environnement. Nous concluons
sur le fait que presque toutes les sociétés analysées (92 %) identifient leurs impacts sur
l’environnement et y accordent une importance relative dans leur gestion et leurs pro-
cessus décisionnels. De plus, si nous pouvons tirer cette conclusion, c’est évidemment
parce qu’elles font preuve d’intérêts et veulent publier ce type d’informations.
101.

Ce test non paramétrique nous permet de constater que les deux groupes boursiers
de sociétés n’ont pas des moyennes égales. Cependant l’importance de rejet de ce test
est faible (0,0485 pour un seuil de significativité de 0,05).

5.2.4 Résultats de la résultante des trois volets


Pour conclure cette analyse par rapport à la transparence des informations, nous
avions constaté qu’analyser les locutions « transparence » et « transparent » ne nous
permettait pas de dégager de réponses pour l’hypothèse 1.3. Par contre, nous constatons
que nous obtenons pour toutes nos autres hypothèses des réponses via les indicateurs
collectés. L’absence d’information est également considérée comme une réponse aux
hypothèses. Évidemment, il faut mettre nos réponses en vis-à-vis avec le fait que les
sociétés ne publient sans doute pas toute leur démarche RSE. Nous constatons donc
une certaine transparence, d’autant plus pour les sociétés publiant un rapport de dé-
veloppement durable ou RSE. Pour les sociétés qui n’en publient pas, nous ne pouvons
pas dire qu’elles sont moins transparentes au niveau du rapport de gestion et de la
charte de gouvernance d’entreprise. Elles le sont tout autant sur base des documents
analysés. Il nous est uniquement plus difficile d’obtenir des informations au niveau
RSE.

5.3 Conclusion de l’analyse des données


Pour conclure l’analyse des données, nous constatons pour le volet gouvernance que
la majorité des sociétés n’a pas publié de stratégie RSE. La plupart ne semble pas en
disposer.
Concernant le respect des lois et règlementations, les sociétés y sont sensibles et
mentionnent avec une grande occurrence les termes analysés. Cependant les techniques
d’analyse utilisées ne nous permettent pas de conclure au respect des lois et règlemen-
tations par les sociétés. Il faudrait se situer en interne pour avoir les informations.
En matière de transparence, les sociétés analysées en font beaucoup mention dans
leurs documents. Cependant, la transparence peut concerner des domaines autres que
la RSE. Les résultats de cette analyse sont à prendre avec précautions.
Concernant le volet social, toutes les sociétés semblent y accorder une importance.
Comme mentionné dans la partie y relative, il semblerait que l’importance des aspects
102.

sociaux soit en corrélation avec le secteur d’activités dans lequel opèrent les sociétés.
Il nous aurait fallu utiliser une autre analyse pour le démontrer.
Par rapport aux parties prenantes, les sociétés accordent une importance variable.
Celles qui les mentionnent dans leur rapport de gestion tentent d’aller plus loin dans
le processus en les identifiant, les consultant et en leur trouvant des solutions d’amé-
liorations.
Au niveau de la formation du personnel et des accidents de travail, nous ne pouvons
pas tirer une conclusion sur base des 38 sociétés étant donné que nous ne nous sommes
intéressés qu’à celles qui publient un rapport DD/RSE. Parmi les 14 sociétés, 10 di-
vulguent des informations concernant la formation du personnel et 6 sur les accidents
et décès au travail. Nous pensons que toutes les sociétés doivent, à un moment ou à un
autre, former leur personnel et qu’elles pourraient toutes le mentionner. Cela pourrait
intéresser le futur profil.
Enfin, concernant le volet environnemental, la plupart des sociétés n’utilisent pas
beaucoup le vocabulaire analysé. Par contre, selon le secteur d’activités, certaines socié-
tés l’utilisent beaucoup. Nous constatons que certaines sociétés du BEL 20 par exemple
issues du secteur financier (qui est un secteur qui n’émet pas beaucoup de rejet et de
déchet) utilisent beaucoup moins souvent les termes analysés que certaines sociétés
ayant des activités plus polluantes (catégories boursières confondues).
Sur base de notre analyse selon Wilcoxon-Mann-Whitney, nous constatons a poste-
riori que notre supposition de départ ne se confirme pas exactement. Sur les cinq tests
de comparaison de moyennes, seuls deux nous indiquent que les moyennes des deux
groupes sont différentes et avec un faible rejet pour le dernier.
Pour les trois autres tests réalisés nous ne pouvons pas rejeter H0 selon laquelle les
moyennes sont égales entre elles car les p-valeur sont nettement supérieurs à notre seuil
de significativité. Dès lors nous ne pouvons pas dire que les moyennes des catégories
boursières sont différentes.
Recul critique

Au terme d’un travail d’une telle ampleur et demandant un tel investissement, nous
pensons opportun de prendre un peu de recul par rapport au travail en lui-même, à sa
réalisation, aux pistes qui ont été abordées, à la méthodologie utilisée, à l’échantillon,
à l’analyse de données réalisées et aux tendances de gouvernance actuelles.
Tout d’abord, concernant la définition de notre échantillon, celui-ci n’a pas été établi
par hasard. En effet, afin d’obtenir de l’information et dans une certaine abondance,
nous nous sommes immédiatement orientés vers un échantillon de sociétés cotées. Nous
savions, dès le départ, que nous disposerions d’informations au vu des obligations légales
de publications qui incombent à ce type de sociétés. Les plus petites sociétés n’ont pas
d’obligations pour les rendres publiques, mais peuvent le faire sur base volontaire.
Concernant cet apport critique, nous concluons que notre échantillon est biaisé dès de
départ par la force des choses. Nous n’aurions pas pu sélectionner de petites sociétés car
nous n’aurions pas pu collecter d’informations à l’exception du fait qu’elles ne disposent
pas d’informations à publier.
Toujours, concernant l’échantillon, nous aurions pu investiguer des sociétés d’une
autre forme juridique telles que les sociétés coopératives actives dans des secteurs
comme l’agro-alimentaire (selon nous ce type de structure laisse plus de liberté à l’in-
teraction avec les parties prenantes). Cependant nous aurions eu énormément de dif-
ficultés à nous procurer les rapports annuels. Nous avions également supposé qu’elles
ne réalisent pas, ou peu, de rapports DD/RSE.
Notons encore que nous n’avons pas su obtenir des documents des mêmes années
pour toutes les sociétés. Nous avons obtenu pour certaines sociétés un rapport annuel
de l’exercice 2014 et pour d’autres celui de 2015. Il est également arrivé que le rapport
DD/RSE ne soit pas nécessairement de la même année que le rapport annuel, pour une
même société. En effet, certaines sociétés ne réalisent pas un rapport DD/RSE chaque
année. Cependant, cela n’altère pas la qualité des informations à disposition mais il est

103
104.

important d’informer le lecteur sur ce point.


Selon notre technique de collecte des données, qui se base principalement sur une
analyse lexicographique, la fréquence des locutions ne nous permet pas de démontrer un
respect des termes testés par la société car nous utilisons une méthodologie indirecte.
Prenons l’exemple du terme « environnement », sa récurrence dans les documents ne
nous permet pas de conclure à un respect de l’environnement de la part des organisa-
tions analysées. L’occurrence nous permet uniquement de penser que l’organisation a
un intérêt pour cet aspect-là. Seule une analyse en profondeur des documents analysés
nous permettrait de déterminer si une société respecte l’environnement ou non.
À cela s’ajoute le fait qu’un terme tel qu’« environnement » s’utilise dans différents
contextes. Certaines sociétés faisaient mention de leur « environnement financier », ce
qui n’est nullement en relation avec l’idée sous-entendue que nous voulions obtenir.
Dès lors, nous ne pouvions pas considérer la présence de ce terme dans notre analyse
lexicographique.
Notons encore que nous avons principalement analysé des indicateurs lexicogra-
phiques. Pourtant, nous avions également collecté des indicateurs descriptifs mais nous
ne les avons pas utilisés car, pour la plupart d’entre eux, ils résultaient d’obligations
légales en matière de publications. Prenons l’exemple de l’indicateur suivant que nous
avons collecté : « la société constitue-t-elle un comité de nomination ? » Il s’agit d’une
obligation légale d’en constituer un et de le mentionner dans la déclaration de gouver-
nance. Dès lors, ce type d’informations devenait sans importance car toutes les sociétés
se soumettent à ces obligations de constitution de comités spécialisés et de publication
de telles informations.
Ensuite, nous souhaitons quelque peu remettre en question notre analyse de don-
nées. Nous avons, dans un premier temps, analysé les données sur base de statistiques
descriptives afin de découvrir certaines tendances telles qu’expliquées précédemment.
Nous avons trouvé certains résultats très intéressants. Cependant, nous ne pouvions
pas nous contenter de statistiques descriptives. C’est la raison pour laquelle nous avons
décidé de regrouper les sociétés analysées selon leur catégorie boursière respective,
c’est-à-dire, la catégorie des large caps ou sociétés du BEL 20 ainsi que les small caps.
Nos échantillons étant dès lors trop petits pour réaliser un test en relation avec la
loi Normale, nous nous sommes tournés vers les tests non paramétriques et plus pré-
cisément de comparaison de moyennes afin de faire ressortir certains résultats plus
parlants. Nous regrettons que nos deux catégories soient inférieures à 30 afin d’utiliser
105.

la loi Normale dans notre analyse.


Concernant ce test non paramétrique, nous constatons que notre supposition préa-
lable ne se vérifie pas vraiment.
Nous pensons a posteriori qu’appliquer ce test en fonction de deux groupes formés
selon les secteurs d’activités dans lesquelles opèrent les sociétés auraient peut-être
donné des résultats plus marquants.
106.
Troisième partie

Conclusion

107
109.

Au terme de ce travail et suite à la démarche utilisée, nous estimons important de


rappeler nos questions de recherche ainsi que les résultats que nous avons obtenus.
Tout d’abord, nous avons cherché à savoir si la gouvernance d’entreprise intègre
les principes de la RSE tels quel repris dans la norme ISO 26000. Ensuite, notre se-
conde question de recherche, relative à la transparence de la RSE dans la gouvernance
d’entreprise, permet de confirmer la première. En effet, nous pouvons détecter cette
transparence dans les modes de gouvernance via les différents documents étudiés.
Ensuite, notre analyse nous permet de conclure que la grande majorité des sociétés
ne dispose pas d’une stratégie RSE, selon nos critères utilisés reposant sur la norme
ISO 26000. Elles sont attentives à différents aspects constituant la RSE et appliquent
certaines mesures afin de tendre vers une application partielle de la RSE mais une
stratégie intégrale et appliquée à tous les niveaux semble être difficile à intégrer dans
une société dans son ensemble.
En outre, en termes de transparence RSE, nous avons obtenu certaines informations,
ce qui signifie, selon nous, que les sociétés sont transparentes pour ces informations.
Nous constatons cependant que toutes les sociétés de la catégorie boursière BEL 20 ne
publient pas un rapport de développement durable ou RSE bien que nous supposons
qu’elles disposent de ce type d’informations. Nous regrettons qu’elles ne prennent pas
la peine de les synthétiser et de les publier dans un document spécifique, sorte de
vitrine de leur intérêt responsable qui pourrait éventuellement se traduire en avantage
concurrentiel.
De plus, nous avons réalisé notre analyse sur base de la norme ISO 26000 publiée en
2010. Ce référentiel a donné une certaine direction à notre recherche, qui n’aurait sans
doute pas été la même si nous avions utilisé un autre référentiel disposant d’une autre
approche. Nous constatons au terme de cette étude, que cette norme qui est récente,
constitue un avantage pour les sociétés. En effet, elle correspond aux modes de gestion
et tendances actuels dans toutes les matières. Elle semble proposer un large éventail
de résultat que les sociétés peuvent atteindre si elles prennent des mesures adéquates.
Enfin, elle a été publiée en 2010, ce qui n’empêche pas les sociétés étudiées de se l’être
appropriée avant la publication des documents analysés dans notre étude.
Cependant, nous relevons certaines difficultés à l’utilisation de cet outil. Tout
d’abord, son accès est payant, ce qui constitue un frein important et d’autant plus
pour les sociétés telles que les PME car elles ne savent pas mettre en œuvre toutes les
propositions de recommandations car leur organisation est trop petite et ne dispose
110.

pas toujours des ressources nécessaires pour implémenter la RSE. Ensuite, elle propose
différents résultats où la RSE a été intégrée mais il manque, selon nous, d’explications
quant à la concrétisation des différents processus au sein de l’organisation des sociétés
pour tendre aux résultats proposés par la norme.
Par conséquent, ceci nous amène à penser que les résultats de notre étude n’au-
raient peut-être pas été identiques si notre analyse avait été menée sur base d’un autre
référentiel. Par la même, si un nouveau référentiel traitant du même sujet devait voir le
jour, nous pensons qu’il serait intéressant de mener une étude similaire afin de constater
les nouveaux résultats et de comparer les deux référentiels.
Par ailleur, comme expliqué dans ce travail, dans certains secteurs d’activités, la
concurrence s’intensifie et les sociétés semblent au bout de leur capacités d’innovation
pour surprendre et attirer la clientèle exigeante. Dès lors, nous faisions l’hypothèse
qu’introduire la RSE dans les modes de gestion et de décisions serait un nouvel atout
pour les sociétés afin de se démarquer d’une concurrence tenace. Évidemment, nous
souhaitons que cela ne se fasse pas au détriment de la Société, que les informations
divulguées soient correctes et le reflet de réelles actions entreprises au sein de l’orga-
nisation. Dans le cas contraire, ce serait la RSE dans son ensemble, et pour toutes les
sociétés sincères, qui serait menacée dans son intégrité et dans son essence même.
Toutefois, ceci nous amène à penser également aux différentes actualités en matière
de gouvernance qui ont bouleversé le paysage politique en Belgique lors de l’année
écoulée. Cela semblerait dû au vide juridique existant pour ce type de structure. Nous
espérons que des valeurs telles que la sincérité et l’honnêteté reviendront rapidement
dans les rangs des personnages politiques. Il semblerait que ces personnes aient une
influence importante en termes d’image et doivent montrer l’exemple pour les sociétés.
Il est important qu’elles appliquent des principes de RSE pour elles-mêmes et les or-
ganisations dans lesquelles elles exercent une influence importante. Nous espérons que
ce vide juridique sera comblé et que la population pourra reprendre confiance en les
décideurs politiques. Cependant, étant donné que la problématique et l’échantillon de
ce mémoire ont été défini avant l’explosion de ces actualités, nous n’avons pas étendu
notre étude à ce type de structures. Par contre, nous pensons, qu’à l’avenir, cette ac-
tualité pourrait faire l’objet d’une étude similaire à celle que nous exposons dans ce
mémoire.
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//economie.fgov.be/fr/entreprises/vie_ entreprise/responsabilite_ societale_
des_entreprises/#.WFPHCmfNJ0x
Annexes

I
Annexe A

Article 96 du Code des sociétés

Art. 96.[1 §1er.] Le rapport annuel visé à l’article 95 comporte : §2. Pour les sociétés dont
les actions sont admises aux négociations sur un marché visé à l’article 4, le rapport
de gestion comprend également une déclaration de gouvernement d’entreprise, qui en
constitue une section spécifique et contient au moins les informations suivantes :
1o la désignation du code de gouvernement d’entreprise que la société applique, ainsi
qu’une indication de l’endroit où ledit code peut être consulté publiquement ainsi que,
le cas échéant, les informations pertinentes relatives aux pratiques de gouvernement
d’entreprise appliquées allant au-delà du code retenu et des exigences légales, avec
indication de l’endroit où cette information est disponible ;
2o pour autant qu’une société n’applique pas intégralement le code de gouvernement
d’entreprise visé au 1o , une indication des parties du code de gouvernement d’entreprise
auxquelles elle déroge et les raisons fondées de cette dérogation ;
3o une description des principales caractéristiques des systèmes de contrôle interne et
de gestion des risques de la société dans le cadre du processus d’établissement de
l’information financière ;
4o les informations visées à l’article 14, alinéa 4, de la loi du 2 mai 2007 relative à
la publicité des participations importantes dans des émetteurs dont les actions sont
admises à la négociation sur un marché réglementé et portant des dispositions diverses
et à l’article 34, 3o , 5o, 7o et 8o, de l’arrêté royal du 14 novembre 2007 relatif aux
obligations des émetteurs d’instruments financiers admis à la négociation sur un marché
réglementé ;
5o la composition et le mode de fonctionnement des organes d’administration et de
leurs comités ;

III
IV.

[6o un aperçu des efforts consentis afin qu’au moins un tiers des membres du conseil
d’administration soient de sexe différent de celui des autres membres.]
Les 1o , 2o et 5o du premier alinéa ne s’appliquent pas aux sociétés qui n’ont émis que
des titres autres que des actions admis à la négociation sur un marché réglementé, à
moins que ces sociétés n’aient émis des actions négociées sur un système multilatéral
de négociation tel que visé à l’article 2, 4o , de la loi du 2 août 2002 relative à la
surveillance du secteur financier et aux services financiers.
Le 3o de l’alinéa 1er s’applique également aux sociétés dont des titres autres que des
actions sont admis à la négociation sur un marché visé à l’article 4.
Le Roi peut, par un arrêté délibéré en Conseil des Ministres, désigner un code de
gouvernement d’entreprise qui s’appliquera obligatoirement, de la manière prévue à
l’alinéa 1er, 1o .
Annexe B

Article 522 du Code des sociétés

Art. 522. §1er. Le conseil d’administration a le pouvoir d’accomplir tous les actes
nécessaires ou utiles à la réalisation de l’objet social de la société, à l’exception de ceux
que la loi réserve à l’assemblée générale. Les statuts peuvent apporter des restrictions
aux pouvoirs du conseil d’administration. Ces restrictions, de même que la répartition
éventuelle des tâches dont les administrateurs seraient convenus, ne sont pas opposables
aux tiers, même si elles sont publiées. [Le conseil d’administration peut créer en son sein
et sous sa responsabilité un ou plusieurs comités consultatifs. Il définit leur composition
et leur mission.] <L 2002-08-02/41, art. 30, 007 ; En vigueur : 01-09-2002>
§2. Le conseil d’administration représente la société à l’égard des tiers et en justice,
soit en demandant, soit en défendant. Toutefois, les statuts peuvent donner qualité à un
ou plusieurs administrateurs pour représenter la société, soit seuls, soit conjointement.
Cette clause est opposable aux tiers. Les statuts peuvent apporter des restrictions à ce
pouvoir, mais ces restrictions, de même que la répartition éventuelle des tâches dont
les administrateurs auraient convenus, ne sont pas opposables aux tiers, même si elles
sont publiées.

V
VI.
Annexe C

Article 526 du Code des sociétés

Art. 526ter.<inséré par L 2008-12-17/36, art. 16 ; En vigueur : 08-01-2009> L’adminis-


trateur indépendant au sens de l’article 526bis, §2, doit au moins répondre aux critères
suivants :
1o durant une période de cinq années précédant sa nomination, ne pas avoir exercé
un mandat de membre exécutif de l’organe de gestion, ou une fonction de membre du
comité de direction ou de délégué à la gestion journalière, ni auprès de la société, ni
auprès d’une société ou personne liée à celle-ci au sens de l’article 11 ;
2o ne pas avoir siégé au conseil d’administration en tant qu’administrateur non exécutif
pendant plus de trois mandats successifs, sans que cette période ne puisse excéder douze
ans ;
3o durant une période de trois années précédant sa nomination, ne pas avoir fait partie
du personnel de direction, au sens de l’article 19, 2o , de la loi du 20 septembre 1948
portant organisation de l’économie, de la société ou d’une société ou personne liée à
celle-ci au sens de l’article 11 ;
4o ne pas recevoir, ni avoir reçu, de rémunération ou un autre avantage significatif de
nature patrimoniale de la société ou d’une société ou personne liée à celle-ci au sens
de l’article 11, en dehors des tantièmes et honoraires éventuellement perçus comme
membre non exécutif de l’organe de gestion ou membre de l’organe de surveillance ;
5o

a) ne détenir aucun droit social représentant un dixième ou plus du capital, du fonds


social ou d’une catégorie d’actions de la société ;

b) s’il détient des droits sociaux qui représentent une quotité inférieure à 10 % :

VII
VIII.

— par l’addition des droits sociaux avec ceux détenus dans la même société
par des sociétés dont l’administrateur indépendant a le contrôle, ces droits
sociaux ne peuvent atteindre un dixième du capital, du fonds social ou d’une
catégorie d’actions de la société ;
ou
— les actes de disposition relatifs à ces actions ou l’exercice des droits y af-
férents ne peuvent être soumis à des stipulations conventionnelles ou à des
engagements unilatéraux auxquels le membre indépendant de l’organe de
gestion a souscrit ;
c) ne représenter en aucune manière un actionnaire rentrant dans les conditions du
présent point
6o ne pas entretenir, ni avoir entretenu au cours du dernier exercice social, une relation
d’affaires significative avec la société ou une société ou personne liée à celle-ci au sens de
l’article 11, ni directement ni en qualité d’associé, d’actionnaire, de membre de l’organe
de gestion ou de membre du personnel de direction, au sens de l’article 19, 2o , de la loi
du 20 septembre 1948 portant organisation de l’économie, d’une société ou personne
entretenant une telle relation ;
7o ne pas avoir été au cours des trois dernières années, associé ou salarié de l’[commissaire]1,
actuel ou précédent, de la société ou d’une société ou personne liée à celle-ci au sens
de l’article 11 ;
8o ne pas être membre exécutif de l’organe de gestion d’une autre société dans laquelle
un administrateur exécutif de la société siège en tant que membre non exécutif de
l’organe de gestion ou membre de l’organe de surveillance, ni entretenir d’autres liens
importants avec les administrateurs exécutifs de la société du fait de fonctions occupées
dans d’autres sociétés ou organes ;
9o n’avoir, ni au sein de la société, ni au sein d’une société ou d’une personne liée
à celle-ci au sens de l’article 11, ni conjoint ni cohabitant légal, ni parents ni alliés
jusqu’au deuxième degré exerçant un mandat de membre de l’organe de gestion, de
membre du comité de direction, de délégué à la gestion journalière ou de membre du
personnel de direction, au sens de l’article 19, 2o , de la loi du 20 septembre 1948
portant organisation de l’économie, ou se trouvant dans un des autres cas définis aux
points 1o à 8o.
La décision de nomination fait mention des motifs sur la base desquels est octroyée la
qualité d’administrateur indépendant.
Le Roi, de même que les statuts, peuvent prévoir des critères additionnels ou plus
sévères.
(1)<L 2009-02-09/32, art. 3, 044 ; En vigueur : 08-01-2009>

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