Marketing Sociétal PFE PDF
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Larondelle, Anaïs
Abstract
Tout d’abord, nous avons identifié une problématique intéressante dans
l’environnement économique actuel. La gouvernance d’entreprise des sociétés
cotées tient-elle compte de la responsabilité sociétale des entreprises et de
ses impacts ? Ensuite, nous avons pris connaissance des différents thèmes
principaux de ce mémoire. Il s’agit de la gouvernance, de la responsabilité
sociétale des entreprises et de la charnière entre les 2 : la norme ISO 26000 qui
est un guide de bonnes pratiques d’intégration de la RSE au sein de la gestion des
sociétés et donc de la gouvernance d’entreprise. En outre, pour répondre à notre
problématique, nous avons posé deux questions de recherche. L’une relative à
la façon dont les sociétés intègrent la RSE dans leurs processus décisionnels et
l’autre en relation avec la transparence que les sociétés accordent à la divulgation
des informations relatives à la RSE. Afin d’étudier cette implémentation de la
RSE...
Référence bibliographique
Larondelle, Anaïs. Les implications de la responsabilité sociétale des entreprises en matière de
gouvernance d'entreprise. Louvain School of Management, Université catholique de Louvain,
2017. Prom. : D'Hondt, Catherine ; Truyens, Vincent.
Available at:
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:10886
[Downloaded 2019/02/13 at 19:48:07 ]
Louvain School of Management (LSM)
Promoteurs
Catherine D’HONDT & Vincent TRUYENS
Lecteur
Rudy DE WINNE
Tout d’abord, nous avons identifié une problématique intéressante dans l’environ-
nement économique actuel. La gouvernance d’entreprise des sociétés cotées tient-elle
compte de la responsabilité sociétale des entreprises et de ses impacts ?
Ensuite, nous avons pris connaissance des différents thèmes principaux de ce mé-
moire. Il s’agit de la gouvernance, de la responsabilité sociétale des entreprises et de
la charnière entre les 2 : la norme Organisation internationale de normalisation (ISO)
26000 qui est un guide de bonnes pratiques d’intégration de la RSE au sein de la gestion
des sociétés et donc de la gouvernance d’entreprise.
En outre, pour répondre à notre problématique, nous avons posé deux questions de
recherche. L’une relative à la façon dont les sociétés intègrent la RSE dans leurs pro-
cessus décisionnels et l’autre en relation avec la transparence que les sociétés accordent
à la divulgation des informations relatives à la RSE.
Afin d’étudier cette implémentation de la RSE au sein des modes de gouvernance
d’entreprise, nous avons analysé les rapports de gestion, la déclaration de gouvernance
d’entreprise, la charte de gouvernance d’entreprise et le rapport de développement
durable, lorsqu’il existe, de deux catégories de sociétés cotées belges. Au-delà de ces
publications, nous nous sommes évidemment intéressés à leur contenu en collectant, via
une approche originale (analyse lexicographique), différents indicateurs afin de répondre
à notre problématique.
Au terme de cette étude, nous constatons que notre échantillon intègre la RSE de
façon très différente en termes d’intensité et que le chemin pour une implémentation
volontaire et complète est encore long. Cependant, certaines sociétés analysées vont
au-delà des dispositions légales et publient un rapport de développement durable, ce
qui nous donne l’espoir que les sociétés s’intéressent davantage à la RSE et l’intègrent
dans leurs modes de gestion et processus décisionnels.
Avant-propos
Ensuite, je voudrais remercier Marc et David Green pour leur soutien mo-
ral, leurs encouragements et leur aide.
Introduction 1
I Revue de la littérature 5
Introduction 7
1 La gouvernance d’entreprise 9
i
ii.
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.4 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.6 Greenwashing . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.3.1 La redevabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.3.2 La transparence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
II Étude empirique 49
Introduction 51
4.2 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.4 Hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4.5 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
Bibliographie 111
Annexes III
CA . . . . . . . . . . . . conseil d’administration
vii
viii.
Liste des tableaux
ix
x.
Liste des figures
5.4 Volet gouvernance : utilisation des termes à aspect légal dans le rapport
de gestion et la déclaration de gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . 77
5.6 Volet gouvernance : utilisation des termes à aspect légal dans la charte
de gouvernance d’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
xi
xii.
5.12 Test de moyennes sur les termes « parties prenantes » et « parties inté-
ressées » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
5.13 Analyse pour le volet environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.14 Test de moyennes sur le terme « environnement » . . . . . . . . . . . . 100
Liste des annexes
Annexe A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III
Annexe B . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V
Annexe C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII
xiii
xiv.
Introduction
Dès lors, afin que les sociétés puissent se revendiquer responsables socialement, elles
doivent intégrer cette dimension dans leurs modes de gestion et de prises de décision
de la société. C’est le conseil d’administration, organe décisionnel, via la gouvernance
d’entreprise, qui peut intégrer cette nouvelle dimension dans la gestion des sociétés.
En plus d’intégrer la RSE dans les modes de gestion, il est important que les sociétés
revendiquent cet intérêt afin que tout un chacun sache qu’elle est investie en matière
de RSE.
1
sociétés qui accordent de l’importance en matière de RSE en intègrent cette dimension
dans leurs processus décisionnels et divulguent cet intérêt dans leurs publications.
Pour ce faire, nous avons d’abord pris connaissance des principaux thèmes consti-
tuant notre problématique. Il s’agit de la gouvernance d’entreprise, étant donné que
c’est par ce mode de gestion que la RSE pourrait être implémentée dans une société.
C’est un concept parfois difficile à identifier car ses interprétations sont variables. L’on
pourrait brièvement l’expliquer comme étant un cadre de référence décidé au sein de
la société, contenant une série de règlements internes permettant à toute personne en
relation avec elle de savoir quels sont ses droits et obligations envers elle. Ensuite, nous
avons étudié la RSE en profondeur ainsi que les différents éléments qui la constituent.
Enfin, nous avons étudié la norme ISO 26000 qui est une sorte de guide d’implémen-
tation de la RSE dans les sociétés. Elle est non contraignante et peut s’employer tel
un guide d’utilisation permettant aux organisations désireuses d’intégrer la RSE dans
leurs modes de gestion, de le faire et ce à tous les niveaux stratégiques.
Suite à cette revue de littérature, nous avons posé deux questions de recherche
relatives à l’implémentation de la RSE dans les modes de gestion des sociétés et à la
manière dont elles rendent publiques et transparentes cette implémentation.
Nous avons basé notre analyse sur certaines sociétés cotées belges. Afin de déter-
miner si elles intègrent la RSE dans leurs modes de gestion, nous avons analysé les
documents qu’elles publient. Elles ont, par exemple, l’obligation de publier au terme
de chaque exercice un rapport annuel contenant le rapport de gestion et la déclaration
de gouvernance d’entreprise, tous deux rédigés par le conseil d’administration. Il s’agit
des deux parties du rapport annuel que nous avons analysées. Sur leur site internet,
elles doivent également publier leur charte de gouvernance que nous avons également
étudiée. De plus, certaines sociétés publient un rapport de développement durable,
parfois appelé, rapport RSE. Lorsqu’elles en publient un, nous nous le somme procu-
3.
rés et l’avons analysé. Ces différents documents ont été étudiés en profondeur afin de
répondre à nos questions de recherche. Nous avons orienté notre analyse sur base des
informations que nous avons acquises lors de la revue de littérature et particulièrement
sur base de ce qui est développé dans la norme ISO 26000.
Nous avons réalisé notre analyse principalement sur base de tests lexicographiques
dans les différents documents. Nous nous sommes inspirés de la norme ISO 26000 pour
établir notre liste d’indicateurs lexicographiques. Il s’agit d’une technique d’analyse
originale qui consiste en un comptage de locutions. Elle laisse peu de place à une inter-
prétation entre les lignes de ce dont il est fait mention dans les différents documents.
Nous ne pouvons dès lors que tirer des conclusions sur base des informations collec-
tées et de la manière dont elles l’ont été. Cependant, malgré la technique d’analyse,
différentes tendances sont apparues, nous permettant de valider ou non les différentes
hypothèses que nous avions posées et qui nous permettent de répondre à nos deux
questions de recherche.
4.
Première partie
Revue de la littérature
5
Introduction
Dans cette première partie, nous aborderons l’origine et les premières utilisations
de terme « gouvernance » afin d’aboutir à une définition du concept la plus complète.
Suivra une définition de la gouvernance d’entreprise et de ses différentes théories sous-
jacentes ainsi que les législations imposant la gouvernance en Belgique. Concernant
la responsabilité sociétale des entreprises, seront définis les concepts suivants : les 3
conceptions de la RSE qui définissent les 3 âges de la RSE, le développement durable
et le greenwashing. Les 2 concepts principaux se relient au travers de la norme « ISO
26000 » qui sera développée au terme de cette revue de littérature.
7
8.
Chapitre 1
La gouvernance d’entreprise
9
10.
1. Une grande entreprise américaine présente dans le secteur de l’énergie qui fit faillite en 2001
suite à des opérations spéculatives manquées faisant apparaître d’énormes malversations, fraudes et
délits d’initié et entrainant son cabinet d’audit Arthur Andersen dans sa chute. Enron était aussi
considérée par de nombreux acteurs comme un modèle en matière de gouvernance.
2. Nous apportons ici une distinction entre deux notions proches. Dans ce travail, Société signifie
l’ensemble de la population tel « un ensemble d’êtres humains vivant en groupe organisé » tandis que
société est utilisée dans le sens de l’organisation ou de l’entreprise
11.
nous pouvons dire que la gouvernance d’entreprise est un cadre de référence dans
lequel les différentes parties prenantes de l’entreprise peuvent exercer leur pouvoir.
Ce cadre de référence comprend les obligations légales, les incitants, les règlements
internes à l’entreprise ainsi que les codes éthiques permettant aux parties prenantes
de prendre des décisions dans l’intérêt de l’entreprise afin de créer de la valeur pour
lesdites parties, qu’elles soient internes ou externes. Celles-ci ont des intérêts propres
qui doivent se concilier afin de gérer au mieux l’entreprise. Il s’agit, en quelque sorte,
d’introduire un fonctionnement dans une entité économique.
Cette asymétrie d’informations dans la relation d’agence entraine, pour les deux
parties, des coûts d’agence. Ceux-ci reprennent des coûts de surveillance, d’opportunité
et d’obligation ou d’engagement dans le but de réduire au maximum les probabilités
que l’agent (les dirigeants) agisse mal et sont supportées par les actionnaires. Dès lors, il
est important d’instaurer une relation de confiance entre ces parties afin de les limiter.
L’origine des pertes de la valeur des actions est multiple. Cela peut provenir d’in-
vestissements dont la rentabilité pourrait être influencée par le dirigeant. Son rempla-
cement ou éviction pourrait être coûteux en termes financiers pour les actionnaires, par
contre, un enracinement du dirigeant peut être perçu comme une volonté de celui-ci
de s’investir entièrement pour le bien de son entreprise. Cela pourrait également être
le cas en cas de mésentente entre les actionnaires et les dirigeants ou encore en cas de
dépenses somptuaires qu’elles aient pour objectif de montrer toute l’étendue du pou-
voir du dirigeant ou non. Ces dispositions se traduisent d’abord en coûts d’agence en
augmentation avant de se traduire en perte de valeur financière pour les actionnaires.
Afin de limiter les risques d’outrepasser leurs missions de dirigeants et de réduire
les coûts, des mécanismes de gouvernance d’entreprise sont mis en place. Pour ce faire,
les managers peuvent faire appel à un certain nombre d’administrateurs indépendants.
En Belgique, l’obligation de créer différents comités spécialisés (audit, nomination et
14.
Cette théorie est issue du modèle contractuel partenarial, laissant un plus grand
nombre de parties prenantes (que l’on peut classer en famille d’agents économiques :
les travailleurs, les sous-traitants, les clients, les fournisseurs, les organismes de fi-
nancement, l’État. . .) exprimer leurs intérêts divergents pour une société. L’entreprise
constitue un réel « nœud de contrats ». Cette théorie démontre la multitude d’inté-
rêts différents auxquels l’entreprise doit répondre. Dans cette théorie, si l’agent est,
comme dans la théorie de l’agence, les dirigeants, le principal lui devient en fait « les
principaux » car il regroupe les différentes parties prenantes énoncées ci-dessus.
Cela entraine l’apparition de nouveaux modes de gestion au sein des entreprises afin
de répondre à la multiplication des attentes. La difficulté principale réside dans le fait
qu’il apparait impossible de satisfaire entièrement chacune des parties prenantes. Dès
lors, nous devons identifier quelles sont les parties prenantes prédominantes induisant
des coûts contractuels en lieu et place des coûts d’agence. Il s’agit du même principe
que dans la théorie de l’agence vue précédemment, mais reportée sur un plus grand
nombre de parties prenantes. La gouvernance n’intervient et n’apporte de la valeur à
l’entreprise que lorsque les parties prenantes parviennent à se partager la valeur créée
par l’entreprise.
Par rapport à la théorie de l’agence, celle-ci suggère de privilégier un maximum
15.
les intérêts des différentes parties prenantes. Si tel n’était pas le cas, les actionnaires
s’en verraient satisfaits à court terme, mais cela aurait pour conséquence de détruire
de la valeur à long terme pour l’entreprise et donc pour les actionnaires et également
les parties prenantes avec les conséquences les plus dramatiques qui puissent arriver
(CES Université de Liège, 2010).
Suite aux théories étudiées ci-devant, nous souhaitons développer quelque peu la
théorie de l’enracinement des dirigeants. Cette dernière semble être antinomique à la
théorie des parties prenantes, car elle démontre que les dirigeants disposent de certains
leviers pour gérer la société, de la façon qu’ils souhaitent, qui peut être contradictoire
aux intérêts des parties prenantes.
Cette théorie présente différents intérêts qu’ont les dirigeants afin de limiter les
risques qu’ils supportent. Pour ce faire, ils n’hésitent pas à utiliser différentes stratégies
pour conserver leur place au sommet de la hiérarchie. Il s’agit d’un cercle vicieux, car
en procédant de la sorte, ils se rendent indispensables dans la société et il devient
difficile de les remplacer, car les coûts de leur éviction et de la formation de nouveaux
dirigeants sont importants. Ainsi, ils disposent d’un plus grand pouvoir.
En effet, ils disposent de l’information en première ligne, car il s’agit en quelque
sorte des personnes qui écrivent cette information. Ils peuvent contrôler sa diffusion
ce qui accroît leur espace discrétionnaire. De plus, les dirigeants n’ont pas intérêt à
communiquer toute l’information s’ils souhaitent s’enraciner.
S’ajoute à l’asymétrie d’information, les pouvoirs des administrateurs, sorte de
contrôleurs des dirigeants et de leur motivation. Plus ils seront motivés, capables d’ac-
quérir et de traiter l’information, plus les dirigeants devront la leur communiquer.
Cependant, comme expliqué précédemment, ils ne disposeront jamais de toute l’infor-
mation qu’ils souhaitent. De plus, si les administrateurs n’obtiennent pas aisément les
informations, cela risque de paralyser le processus de contrôle.
Cette théorie démontre que les dirigeants disposent de différents leviers pour gérer
la société. Par contre, il existe certains mécanismes qui permettent aux administrateurs
de réduire l’espace entre eux.
Tout d’abord, une concentration du capital élevée entre quelques actionnaires (fi-
nanciers ou institutionnels) permet de réduire cet espace. En effet, ces quelques ac-
tionnaires ont tout intérêt à investir dans le contrôle par le biais des administrateurs
16.
du code des sociétés (voir annexe B en page V). Il a également l’obligation d’agir dans
l’intérêt social. L’intérêt social est une notion vaste. Nous estimons qu’à l’heure actuelle,
il peut comprendre les intentions relatives aux aspects sociaux, environnementaux et
économiques. Selon Guberna encore, « le conseil d’administration joue un double
rôle : soutenir l’esprit d’entreprise (et déterminer sa politique générale) et assurer un
suivi et un contrôle effectifs. » (Guberna, 2012)
La gouvernance se doit d’être respectée et appliquée par toutes les parties prenantes
tout en étant en accord avec les valeurs, missions et visions de l’entreprise.
gouvernance d’entreprise.
Notons cependant que ces 2 codes n’ont pas de valeur légale. Il s’agit de « soft
law ». Depuis le 6 avril 2010, les sociétés cotées doivent, dans leur rapport de gestion,
inclure une déclaration de gouvernement d’entreprise ainsi que mentionner le code qui
leur sert de base.
Selon la loi du 6 avril 2010, les sociétés cotées doivent, en matière de gouvernance,
faire mention du code de gouvernance qu’elles appliquent et doivent disposer d’un exem-
plaire consultable publiquement. Elles doivent, en outre, indiquer les parties du code
auxquelles elles dérogent, si tel est le cas. Il s’agit du principe « comply or explain ».
Enfin, la déclaration de gouvernance d’entreprise doit faire mention des caractéristiques
principales de contrôle interne et de gestion des risques mis en place dans l’organisation.
Si une entreprise souhaite déroger au respect des principes, elle doit motiver sa
décision par une explication complète.
21.
Introduction
Dans ce chapitre portant sur la responsabilité sociétale nous allons voir sa définition
tant au niveau belge que selon l’ISO, son évolution et des concepts sous-jacents tels
que développement durable et greenwashing.
2.1 Définition
Il apparaît difficile de ne donner qu’une seule définition de la RSE qu’elle soit sociale
ou sociétale, car chaque acteur du monde a une vision différente en fonction de son
rôle dans la Société. Cependant, selon Michel Capron, la RSE établit « les modalités
de réponse de l’entreprise aux interpellations sociétales en produisant des stratégies,
des dispositifs de management, de conduite de changement et des méthodes de pi-
lotage, de contrôle, d’évaluation et de reddition incorporant (du moins en principe)
de nouvelles conceptions de performances »(Capron & Petit, 2011, p. 16). Cette
définition est en quelque sorte une réponse à l’émergence du concept de développe-
ment durable auquel les sociétés ont commencé à accorder de l’importance. Selon l’ISO
26000, « l’objectif de la RSE est de contribuer au développement durable ». (ISO,
2010a, p. 2) Il s’avère donc important que les organisations prennent en considération
l’importance du développement durable. Elles doivent en faire des objectifs en matière
de société et d’environnement. Le développement durable sera défini au point 2.5 en
23
24.
page 27. Ici, il convient de comprendre que la RSE est axée sur la responsabilité de
l’organisation.Dans l’article 2.18 du chapitre Termes et conditions dans ISO 26000, la
responsabilité sociétale est définie comme la :
« responsabilité d’une organisation [. . .] vis-à-vis des impacts [. . .] de
ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement [. . .], se
traduisant par un comportement éthique [. . .] et transparent qui
— contribue au développement durable [. . .], y compris à la santé et au
bien-être de la société ;
— prend en compte les attentes des parties prenantes [. . .] ;
— respecte les lois en vigueur tout en étant en cohérence avec les normes
internationales de comportement [. . .] ;
— est intégré dans l’ensemble de l’organisation [. . .] et mis en œuvre
dans ses relations.
Note 1 à l’article : Les activités comprennent des produits, des services et
des processus.
Note 2 à l’article : Les relations correspondent aux activités de l’organisation
au sein de sa sphère d’influence [. . .]. » (ISO, 2010b, p. 4)
L’inclusion de la RSE au sein d’une organisation prouve que cette dernière souhaite
insérer ses responsabilités environnementales et sociales dans ses prises de décision et
donc dans sa gouvernance d’entreprise afin de répondre de ses actes et d’assumer les
impacts de ses activités et de ses décisions sur les plans environnementaux, sociaux et
économiques. Pour ce faire, l’organisation doit adopter une conduite responsable, donc
transparente, éthique et généralisée dans l’ensemble de l’organisation.
La responsabilité sociétale s’applique à tous les types d’organisations qui ont un rôle
à jouer dans le développement durable, qu’elles appartiennent au monde des affaires
ou non. Les composantes de la RSE sont la résultante des attentes de la société qui
changent ce qui implique que les composantes de la RSE évoluent au fil du temps.
De plus, la Société émet des attentes, en termes de RSE, de plus en plus grandes et
fondées.
Notons encore que dans le monde tout change et évolue. Il y a quelques années
seulement peu de personnes ne se préoccupaient de la RSE. Les attentes des individus
et des organisations changent également et continuent de croître envers les organisations
en termes de performances.
L’émergence des moyens de communication a permis à tout un chacun d’avoir accès
aux activités et décisions d’organisations proches ou éloignées, mais aussi aux dites
25.
organisations de disposer d’une diffusion beaucoup plus grande pour les informations
les concernant.
2.4 Définition
En Belgique, la CIDD définit la RSE pour le cadre de références nationales en 2006
de la manière suivante : « La responsabilité sociétale des entreprises est un processus
permanent d’amélioration dans le cadre duquel les entreprises intègrent de manière
volontaire, systématique et cohérente des considérations d’ordre social, environnemen-
tal et économique dans la gestion globale de l’entreprise ; à cet égard, la concertation
avec les parties prenantes de l’entreprise fait partie intégrante du processus ». (SPF
Économie, 2013b)
2.6 Greenwashing
image d’une entreprise et à sa bonne réputation. Il existe différents mécanismes qui ont
une incidence sur la perception que la Société a d’une organisation donnée. La popu-
lation accorde de l’importance à la gouvernance, à la citoyenneté dont l’organisation
fait preuve, à la qualité de vie au travail et aux mécanismes mis en place afin de la
faire croître. Ces points d’attention sont à nuancer avec le fait que plus une population
connait une entreprise et plus celle-ci est une actrice incontournable du marché pour
cette population, plus la population va avoir tendance à considérer que la réputation
de l’entreprise est bonne. Cela s’explique par le fait que plus les gens ont des infor-
mations sur l’entreprise, notamment via la publicité, (le nom, les produits ou services,
connaissances y travaillant. . .), plus ils ont l’impression qu’elle est transparente envers
eux et meilleure est sa réputation auprès des consommateurs.
30.
Chapitre 3
Introduction
Nous allons maintenant présenter les principes fondamentaux de la norme ISO
26000. Cette norme est un lien entre la gouvernance d’entreprise et la responsabilité
sociétale des entreprises, car elle incite toutes les sociétés (et toutes les organisations
au sens le plus large possible du terme) à intégrer des modes de gestion responsable au
niveau sociétal notamment via ses lignes directrices.
31
32.
membres, mais en plus elle donne les outils pour en évaluer la conformité.
— la redevabilité ;
— la transparence ;
— le comportement éthique ;
3.3.1 La redevabilité
Premier principe énoncé dans la norme ISO 26000 (ISO, 2010b, p. 12), la rede-
vabilité propose que l’organisation soit en mesure « de répondre de ses impacts sur
la société, l’économie et l’environnement. » Pour ce faire, il convient que l’entreprise
comprenne qu’elle a deux obligations : répondre aux intérêts des parties prenantes et
respecter les législations et règlementations qui lui sont applicables. Cette redevabilité
doit s’effectuer selon la nature de l’impact exercé et les circonstances de cet impact.
Ensuite, il faut s’assurer que l’organisation réponde de ses actes. Est-ce que l’organi-
sation assume ses décisions et activités sur la Société, sur l’environnement et l’économie
et des conséquences négatives importantes ?
Enfin, l’organisation répond-elle par des actions qu’elle entreprend pour prévenir
les réitérations des impacts négatifs involontaires et imprévus ?
3.3.2 La transparence
Ce principe insiste sur le fait qu’une organisation garantisse la transparence de ses
décisions et activités lorsqu’elles ont une incidence sur la société et l’environnement.
La norme ISO 26000 recommande que l’organisation « diffuse de manière claire,
juste et exhaustive et à un degré raisonnable et suffisant, les politiques, décisions et
activités dont elle est responsable, de même que leurs efforts connus et probables sur la
société et l’environnement. » (ISO, 2010b, p. 13) Les informations doivent être dispo-
nibles pour toutes personnes intéressées et doivent donc être publiques. Le lecteur est
une personne qui, de quelque manière que ce soit, est ou peut être liée à l’organisation.
Il faut encore s’assurer que ces publications soient objectives, claires, basées sur des
faits et non sur des suppositions ou des projections afin que les lecteurs puissent se
forger un avis critique sur l’impact des décisions et des activités de l’organisation.
La norme ISO 26000 propose divers points sur lesquels les organisations pourraient
appliquer la transparence :
«
— l’objet, la nature et l’emplacement de ses activités ;
— l’identité de toute participation de contrôle à l’activité de l’organisa-
tion ;
— la manière dont les décisions sont prises, appliquées et revues, y com-
pris pour la définition des rôles, responsabilités, redevabilité et pou-
voirs déclinés sur les différentes fonctions au sein de l’organisation ;
35.
— les normes et critères par rapport auxquels elle évalue ses propres
performances en matière de responsabilité sociétale ;
— ses performances dans des domaines d’actions de responsabilité socié-
tale importants et significatifs ;
— les sources, montants et emplois de ses fonds ;
— les effets connus ou probables de ses décisions et activités sur les parties
prenantes, la société, l’économie et l’environnement ; et,
— ses parties prenantes, ainsi que les critères et procédures utilisés pour
les identifier, les choisir et dialoguer avec elles.
» (ISO, 2010b, p. 13)
«
— se conforme aux obligations légales dans toutes les juridictions où elle
opère, même si ces lois et règlementations ne sont pas appliquées de
manière adéquate ;
— fasse en sorte que ses relations et activités soient en accord avec le
cadre juridique applicable et prévu ;
— se tienne informée de toutes les obligations légales ; et
— examine périodiquement sa conformité aux lois et règlementations en
vigueur.
» (ISO, 2010b, p. 15)
«
— Il convient que l’organisation considère les voies et moyens légitimes
pour parvenir à influencer les organisations et les autorités pertinentes
en vue de remédier à ce type d’écart.
— Il convient qu’une organisation évite d’être complice des activités d’une
autre organisation qui ne seraient pas en cohérence avec les normes
internationales de comportement.
» (ISO, 2010b, p. 16)
38.
La norme ISO suggère donc que l’organisation identifie sa RSE au travers de diffé-
rents domaines d’actions. Elle les identifie comme étant : « la gouvernance de l’orga-
nisation, les droits de l’Homme, les relations et conditions de travail, l’environnement,
la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs ainsi que l’implica-
tion auprès des communautés et la contribution au développement local [. . .]. » (ISO,
2010b, p. 18) Dans ces domaines, la norme formule des propositions, des exemples de
comportement que l’organisation pourrait adopter. Elles seront expliquées ci-après.
Au travers de ces différents thèmes, des questions importantes relatives aux do-
maines économique, social et environnemental sont notamment posées. Selon le type
d’organisation, sa motivation, toutes les questions ne seront pas approfondies de la
même manière.
Dans l’identification de la RSE, il convient que l’organisation détermine les do-
maines d’actions les plus importants en fonction de ses activités et décisions. Selon la
pertinence de ceux-ci, elle déterminera les actions qu’elle compte entreprendre et les
attentes auxquelles elle souhaite répondre.
Suite à cette phase d’identification, la norme suggère d’établir un suivi et, notam-
ment, qu’elle évalue l’incidence des actions entreprises par l’organisation. En effet,
l’étendue de ces impacts ne relève pas toujours de l’organisation en son sein, mais il
peut arriver que la conduite d’autres organisations, avec lesquelles elle a des interac-
tions, soit influencée. Ce dernier point est à prendre avec beaucoup de précautions,
car ce n’est pas parce qu’une organisation dispose de la faculté d’influencer une autre
qu’elle le fait, mais, à l’opposé, elle ne peut nullement être tenue pour responsable des
effets des autres organisations sur lesquelles elle est supposée exercer une influence.
posent pas de processus de RSE pourraient se voir impliquées dans ceux de grandes
organisations qui les incluent.
non seulement de comprendre quels sont les sujets pour lesquels ces dernières ont des
attentes différentes, mais aussi d’établir le lien entre ces attentes et les responsabilités
que l’organisation a vis-à-vis de la Société. Ces collectes d’informations se doivent
d’être régulières afin qu’elle dispose d’une connaissance actualisée et continue. Par ces
collectes d’informations, il s’agit également pour l’organisation de se plier aux exigences
juridiques et d’améliorer sa transparence en la matière. Il s’agit en outre de bénéficier
d’idées et de visions dont elle n’aurait peut-être pas pensés et également de gérer les
divergences d’intérêts entre toutes les parties prenantes. Ce dialogue peut, enfin, être
l’occasion de s’unir avec des personnes ou organisations afin de créer des synergies pour
réaliser des objectifs.
47
48.
Deuxième partie
Étude empirique
49
Introduction
Dans la première partie de ce travail, nous avons étudié trois thèmes : la gouver-
nance d’entreprise, la responsabilité sociétale et la norme ISO 26000. Nous allons à
présent analyser si les implications de responsabilité sociétale en matière de gouver-
nance d’entreprise existent. La norme ISO 26000 est l’outil pratique et stratégique qui
nous va nous permettre de réaliser notre étude empirique. En effet, nous allons nous
baser sur les différents thèmes abordés et la façon dont ils s’articulent par rapport à la
gouvernance d’entreprise afin de répondre à notre problématique.
51
52.
Chapitre 4
Éléments de recherche et
méthodologie
53
54.
4.2 Problématique
La problématique de ce mémoire est la suivante : « La responsabilité sociétale a-t-
elle un impact sur les méthodes de gouvernance d’entreprise ? »
57.
En effet, nous voulons tout d’abord chercher à savoir comment une organisation,
via sa gouvernance d’entreprise, est à même d’intégrer la RSE en son sein et plus
particulièrement dans ses processus de décision et de mise en œuvre.
Suite à notre première question de recherche, nous souhaitons savoir si les sociétés
qui appliquent la RSE l’affichent clairement. Comment rendent-elles la RSE publique ?
Comment, dans les documents publiés, les organisations peuvent-elles démontrer l’in-
tégration de la RSE dans la gouvernance d’entreprise ?
Concernant la transparence, nous souhaitons apporter un apport critique suite à
une discussion que nous avons entretenue avec Monsieur Julien Stein de la société Cap
Consult et qui nous a amené à avoir un avis plus nuancé.
En effet, il se pourrait que les organisations ne souhaitent pas, ou ne trouvent pas
d’intérêts à publier tout ce qu’elles font en matière de RSE et même tout ce qu’elles font
de mieux. Si même cela peut paraître étrange, une organisation pourrait avoir intérêt
à être discrète à ce sujet que ce soit pour des aspects concurrentiel ou, simplement, par
pure modestie.
58.
À contrario, il se pourrait qu’une organisation pose certains actes ayant des réper-
cussions sur sa RSE sans qu’elle ne les ait identifiés comme tels. Dès lors, cela pose un
problème pour elle, car elle n’est plus capable de mesurer l’impact et les répercussions
sur l’ensemble de l’organisation et sur ses parties prenantes ni même de les identifier
toutes. À titre d’illustration, il se pourrait en effet que l’organisation n’ait pas identifié
un certain type de pollution qu’elle émet et qui affecterait un nouveau type de parties
prenantes. Il conviendrait, dès, lors de tenir compte des avis de cette nouvelle catégorie
de parties prenantes, de mesurer l’impact de la nouvelle pollution sur eux et de prendre
des mesures afin de réduire les effets négatifs sur eux.
Tout comme une organisation peut ne pas avoir connaissance des impacts en termes
de RSE de tous les actes qu’elle accomplit, elle peut ne pas toujours identifier toutes ses
parties prenantes. Elle sait identifier celles qui exercent une influence sur elle ou celles
sur lesquelles elle exerce une influence directe. Par contre, il peut arriver que les activités
d’une organisation impactent des parties prenantes dont elle n’a pas connaissance ou
pour lesquelles elle n’accorde aucune attention. L’on pourrait illustrer cela par les ours
polaires qui ne manifestent pas leurs intérêts et pour lesquels, certaines organisations
ignorent l’impact qu’elles ont sur eux.
Il est également possible qu’une organisation dévoile dans ses rapports plus que
ce qu’elle n’effectue réellement dans le but d’embellir son image auprès de ses par-
ties prenantes attentives à ces aspects, comme notamment les clients. Le problème de
l’exactitude se pose également pour les lecteurs externes. Il leur est, dès lors, très dif-
ficile de savoir s’ils peuvent se fier, ou pas, à ces rapports. Cette dernière constatation
fait référence à la notion de greenwashing, vue précédemment (en point 2.6 page 28).
59.
4.4 Hypothèses
Nous établissons nos hypothèses sous 3 volets : le volet gouvernance, le volet social
et le volet environnemental. Pour ce faire, nous pouvons regrouper ces 3 volets sous
l’acronyme environnemental, social, gouvernance (ESG)(« Environmental, Social and
Governance (ESG) Criteria », p.d.). Par contre, sur base de nos connaissances du sujet,
la gouvernance semble être l’élément central et permettant de lier les autres, nous
avons décidé de ne pas respecter l’ordre de cet acronyme et de placer la gouvernance
en première position. Les aspects sociaux et environnementaux disposent, selon nous,
de la même importance.
Dans cette première hypothèse, nous cherchons à savoir si les sociétés intègrent la
RSE dans leurs processus de décision et dans leurs processus de mise en œuvre de leur
stratégie.
Les termes « RSE » et « Responsabilité sociétale/sociale » seront inventoriés dans
le rapport de gestion, dans la déclaration de gouvernance d’entreprise et dans la charte
de gouvernance d’entreprise, car ils permettent de déceler l’importance qu’accordent
les sociétés à la RSE. De plus, la publication d’un rapport de développement durable
ou RSE est également un signal de stratégie RSE au sein d’une société. L’occurrence
de ces termes démontre un certain intérêt pour la RSE.
4.4.1.2 Les sociétés respectent les lois et les règlementations qui s’ap-
pliquent à elles
ne pouvons pas avancer que les sociétés respectent effectivement toutes les législations
qui s’appliquent à elles.
Troisièmement, les sociétés divulguent dans leurs rapports financiers, et non finan-
ciers, différentes informations. Il s’agit pour elles d’être transparentes et notamment
en termes de « RSE ».
Les termes « transparent » et « transparence » seront inventoriés dans le rapport
de gestion, dans la déclaration de gouvernance d’entreprise et dans la charte de gou-
vernance afin de recenser l’occurrence de ces termes. Évidemment, les sociétés peuvent
être transparentes dans des domaines autres que celui de la « RSE ».
Notons dès à présent que l’occurrence des termes analysés ne nous permet pas de
conclure que les sociétés sont transparentes en matière de « RSE ». Mais nous pouvons
considérer la fréquence de ces termes comme étant une mesure indirecte de l’intérêt
que portent les sociétés pour la transparence en général.
4.4.2.2 Les sociétés mettent en place des formations pour leur personnel
Il est dans l’intérêt des sociétés qu’elles forment leurs personnels, notamment à
leurs valeurs, à leurs modes de fonctionnement, aux consignes de sécurité, à l’utilisation
adéquate des outils à disposition. . .
61.
4.4.2.3 Les sociétés prennent des mesures pour éviter les accidents sur le
lieu de travail
Les sociétés se doivent de veiller à prendre toutes les précautions nécessaires afin
de prévenir les accidents au travail. Elles doivent, en outre, former leur personnel à la
vigilance et aux mesures de sécurité.
Nous analyserons les rapports de développement durable/RSE afin de savoir ce que
les sociétés communiquent à ce sujet.
Mesurer les émissions de déchets et de gaz à effet de serre et les diminuer est
une manière de contribuer la responsabilité sociétale. Nous chercherons à savoir si
les sociétés savent mesurer leur impact environnemental, prendre des mesures pour le
réduire et communiquer dans leurs publications leurs implications en la matière.
Pour ce faire, nous allons analyser les différents rapports ou chartes disponibles
afin de savoir si les sociétés se préoccupent du sujet. Nous allons notamment tester
les termes suivants : « environnement », « déchets », « pollution », « développement
durable ».
L’occurrence de ces termes nous laisse penser que ces sociétés ont un intérêt pour
l’environnement mais ne nous permet pas de conclure à un respect de celui-ci.
4.5 Méthodologie
Tout d’abord, nous nous sommes inspirés de la norme ISO 26000 afin d’élaborer
nos questions de recherche. Nous nous sommes également interrogés afin de déterminer
dans quels documents réaliser la collecte d’indicateurs.
Ensuite, suite à l’élaboration de nos questions de recherche et avec les connaissances
acquises après la revue de littérature, nous avons établi des hypothèses qui nous per-
mettent de tester, dans différents documents, différents indicateurs afin de répondre
aux questions de recherche. Nous avons également déterminé quels indicateurs peuvent
permettre de récolter des données qui pourraient être utilisées pour confirmer, ou in-
firmer, les hypothèses relatives aux questions de recherche.
Pour ce faire, nous avons déterminé plusieurs indicateurs pour répondre à notre
première question de recherche relative à l’intégration des principes « RSE » dans
les processus de décision et de mise en œuvre. Nous avons décidé de collecter ces
informations dans le rapport de gestion et également dans la section dudit rapport
relative à la gouvernance d’entreprise auquel cas, cette section ne serait pas reprise
dans le rapport de gestion.
Concernant notre seconde question de recherche, relative à la transparence des
entreprises en matière de RSE, nous avons décidé de collecter nos indicateurs dans
différents documents, le but étant de valider la transparence dans 3 documents : le
rapport annuel, comprenant le rapport de gestion et la déclaration de gouvernance
d’entreprise, la charte de gouvernance d’entreprise ainsi que le rapport de développe-
ment durable/RSE lorsque les sociétés en émettent un.
Premièrement, nous avons investigué le rapport de gestion et plus précisément la
section relative à la gouvernance d’entreprise. En effet, nous avions vu précédemment
que la responsabilité d’intégrer la RSE au sein d’une société incombait au CA et donc
à la gouvernance d’entreprise, raison pour laquelle nous entamons nos investigations
par cette section. Nous avons ensuite étendu nos recherches au niveau du rapport de
gestion en entier (faisant partie du rapport annuel), car nous avions constaté, lors
d’un prétest, que la déclaration de gouvernance d’entreprise est un document très
formalisé, ce qui laisse peu de place à l’intégration de la RSE dans cette déclaration.
63.
Par contre, le rapport de gestion n’est pas formalisé. Le conseil d’administration est
libre d’y indiquer ce que bon lui semble, ce qui nous donne plus d’espoir d’obtenir des
informations relatives à la RSE, pour autant qu’elle soit intégrée dans les processus de
gestion et dans les décisions prises par l’organe de gestion.
Deuxièmement, nous avons décidé d’approfondir les recherches et la collecte d’indi-
cateurs dans la charte de gouvernance d’entreprise, sorte de « mode d’emploi » fixant
toutes les modalités de la gouvernance d’entreprise. Cette charte ne fait pas l’objet
d’une publication dans la banque de données de la Banque Nationale de Belgique,
mais est généralement disponible sur les sites internet des sociétés concernées.
Étant donné que la charte de gouvernance d’entreprise est un document rédigé
par le conseil d’administration, nous avions estimé opportun d’y recueillir certains
indicateurs. Il s’agit d’une obligation légale et sa visibilité publique sur les sites internet
des sociétés en est une également. Nous avons cependant fait face à quelques difficultés
pour nous en fournir trois. Nous n’avons pas réussi à obtenir celle d’Aperam, d’ING et
de Sofina malgré les tentatives de contact prises assez tôt, ce qui réduit notre échantillon
à 35 observations dans le cas des analyses sur base de ce document.
Troisièmement, nous avons encore investigué afin de savoir si les sociétés de notre
échantillon réalisent un rapport de développement durable. De plus, nous nous inté-
ressons particulièrement à la section « gouvernance d’entreprise » de ce rapport de
développement durable quand elle existe. Il ne s’agit pas d’une obligation légale en
Belgique et donc, il est probable que toutes n’en disposent pas. Néanmoins, nous avons
décidé d’analyser les rapports des sociétés qui en émettent un afin d’analyser leur
contenu et de relever ce à quoi elles accordent de l’importance via une série d’indica-
teurs établis préalablement. Nous remarquons que toutes n’émettent pas de rapport ou
qu’elles n’émettent pas un rapport chaque année.
De plus, nous avons d’abord réalisé un prétest sur deux entités, l’une issue du BEL
20, l’autre étant une small caps, afin de vérifier que les indicateurs soient récoltables.
Suite à ce prétest, nous avons collecté toutes les informations pour les 36 entités
restantes.
Nous avons établi une batterie de questions et de tests lexicographique. Les ques-
tions sont de type fermées et les tests lexicographiques donnent un résultat numéraire
exploitable. Toutes les questions auxquelles l’on peut répondre par l’affirmative per-
mettent de tendre vers une intégration RSE dans les modes de gouvernance et tendent
vers une transparence en la matière. Certains indicateurs de type lexicographique sont
64.
identiques, mais ils sont recensés dans des documents différents, ce qui rend leurs ré-
sultats différents.
À l’aube de notre analyse, nous avons une attente en termes de résultats. Étant
donné que nous testons deux catégories de sociétés cotées, nous supposons que les so-
ciétés du BEL 20 fournissent ou divulguent plus d’informations. Nous nous attendons
à analyser des rapports annuels plus longs. Nous espérons dès lors obtenir plus d’infor-
mations concernant les sujets qui nous intéressent. Cette constatation sera à vérifier à
la fin de notre analyse.
Cependant, il ne nous est pas possible d’utiliser un modèle statistique, même li-
néaire, pour analyser ces données. En effet, nous ne disposons que de variables in-
dépendantes et pas de variables dépendantes. Par conséquent, nous avons, dans un
premier temps, analysé nos données sur base de statistiques simples. Elles font tout
de même ressortir des tendances qui nous permettent de confirmer ou infirmer nos
hypothèses.
Dans un second temps, nous avons analysé nos données sur base de tests non pa-
ramétriques. En effet, comme nous supposons que deux groupes se distinguent dans
notre analyse, nous avons décidé d’effectuer des tests de comparaison de moyennes de
ces deux groupes. Cependant, compte tenu de ces deux groupes constitués respecti-
vement de 18 et de 20 sociétés pour les sociétés du BEL 20 et les small caps, nous
nous sommes orientés vers des tests non paramétriques, plus adaptés. En effet, au vu
du nombre trop faible d’observations à analyser (moins de 30), il ne nous était pas
possible d’utiliser un test paramétrique.
Nous avons utilisé un type de test non paramétrique de comparaison de moyennes
pour cinq hypothèses. Il s’agit du test de Wilcoxon-Mann-Whitney.
Il s’agit d’un type de test non paramétrique de comparaison de moyennes, testant
l’hypothèse que la distribution de données est la même dans deux groupes qui peuvent
également être de taille différente. Ce test calcule une p-valeur, cette dernière étant
une probabilité (entre 0 et 1) qui est comparée à un taux de significativité, choisi au
préalable, dans notre cas il équivaut à 5 %. Nous l’avons réalisé à l’aide du logiciel
« R ».
Chapitre 5
Dans notre analyse de résultats, nous présentons d’abord quelques statistiques des-
criptives qui ressortent suite à la collecte des données.
Ensuite, nous entamerons l’analyse des données en relation avec les hypothèses po-
sées. Cinq hypothèses seront d’abord analysées sur base de statistiques descriptives
illustrées avec un graphique et ensuite avec un test de Wilcoxon-Mann-Whitney. Les
trois hypothèses restantes seront uniquement analysées avec des statistiques descrip-
tives.
65
66.
Société Nombre de
« oui » en %
SOLVAY 68,18
UMICORE 67,42
COFINIMMO 66,67
UCB Pharma 65,91
NYRSTAR 62,12
BEKAERT 55,30
ONTEX Groupe 54,20
AGEAS SA 51,91
AB INBEV 51,15
RECTICEL 50,76
APERAM 50,67
KBC Groupe 49,62
IBA 49,24
PICANOL 44,70
PROXIMUS 43,94
COLRUYT 42,75
ACKERMANS & VAN HAAREN 42,42
MELEXIS 42,42
ROULARTA 42,42
RESILUX 41,67
RTL GROUP 40,91
SPADEL 40,15
GBL 39,39
KINEPOLIS GROUP 38,64
BANIMMO 37,12
BPOST 36,36
EMAKINA GROUP 36,36
MDxHealth 36,36
MOURY CONSTRUCT 36,36
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM 36,36
(Suite à la page suivante)
67.
Société Nombre de
« oui » en %
GALAPAGOS 35,61
IMMO MOURY 34,85
MITHRA 34,85
SOFINA 33,33
ING 32,05
PCB 31,06
ROSIER 29,55
FOUNTAIN 29,55
Le tableau 5.2 en page 68 reprend la liste des 13 sociétés qui établissent un rapport
de développement durable ou RSE.
68.
Société
AB INBEV
APERAM
COFINIMMO
IBA
ING
NYRSTAR
ONTEX Groupe
PROXIMUS
ROULARTA
RTL GROUP
SPADEL
UCB Pharma
UMICORE
Ce tableau reprend, par ordre alphabétique, l’ensemble des sociétés qui réalisent un
rapport de développement durable distinct du rapport annuel.
Nous constatons cependant que parmi les 13 sociétés qui établissent ce type de
rapport, seules 6 (en gris) font également partie des sociétés qui répondent à plus de
la moitié des critères (voir tableau 5.1 en pages 66 et 67). En effet, l’explication réside
dans le fait que seulement 22 indicateurs binaires sont testés pour ce document ce
qui représente 16,5 % des indicateurs. Donc ce n’est pas parce qu’une société n’émet
pas de rapport de développement durable qu’elle ne répond pas à de nombreux autres
indicateurs qui lui permettent de faire partie des sociétés qui répondent par « oui » à
la majorité des indicateurs, comme nous l’expliquions précédemment.
Le tableau 5.3 (en pages 69 et 70) reprend le total des termes a été compté pour
toutes les sociétés réunies dans le rapport de gestion et dans la charte de gouvernance
d’entreprise ainsi que le nombre de sociétés qui mentionnent ces termes.
Ce tableau illustre le nombre total de mots que nous avons compté pour chaque locution
ainsi que le nombre de sociétés différentes qui les utilisent à au moins une reprise dans
l’un de leurs documents.
Nous constatons que, pour les 38 entités, certains termes reviennent assez régu-
lièrement. Par exemple, « contrôle » ou « contrôler » apparaissent très régulièrement.
Cependant, la récurrence de ce terme est à nuancer, car la locution « contrôle interne »
est régulièrement sortie lors du test. En effet, quasi toutes les sociétés font référence à
leurs systèmes de contrôle interne.
En outre, le terme « droit » reprend tous les droits auxquels les sociétés peuvent
prétendre ou qu’elles accordent. Nous avons décidé d’exclure les termes « droits de
vote », qui, dans le cadre de notre analyse, ne permettent pas déterminer les impli-
cations RSE en matière de gouvernance. L’analyse de ce terme permet, pour le reste,
de découvrir tout ce à quoi la société se soumet ou tous les droits auxquels elle prête
attention tels que les « droits de l’Homme ».
Après ces quelques chiffres de présentation, nous allons à présent tenter de répondre
à nos hypothèses sur base des informations collectées. Pour ce faire, nous allons adopter
la même structure de présentation que nos hypothèses c’est à dire : les volets gouver-
nance, social et environnemental.
Afin de tenter de vérifier l’intégration d’une stratégie RSE dans les processus déci-
sionnels des organisations, nous avons testé différentes locutions. Il convient à présent
de les découvrir ainsi que les résultats que cela nous apporte.
Le graphique 5.1 en page 72 reprend le nombre de fois que les locutions « RSE » et
« responsabilité sociétale » apparaissent par société dans le rapport de gestion et dans
la déclaration de gouvernance d’entreprise.
UCB Pharma
GBL
SOLVAY
ACKERMANS & VAN HAAREN
KBC Groupe
COFINIMMO
COLRUYT
IBA
PROXIMUS
MELEXIS
0 5 10 15 20 25 30 35
Nombre de mots
Figure 5.1 – Apparition des locutions « RSE »,« responsabilité sociétale/sociale » dans
le rapport de gestion et dans la déclaration de gouvernance
Ce graphique reprend toutes les sociétés qui font mention des termes évoqués dans
leur rapport de gestion. Seules 10 s’y intéressent et ce avec une intensité différente. UCB
Pharma y fait mention 32 fois et la GBL à 15 reprises. Solvay, avec ses 11 mentions
ferme la marche du podium. Nous constatons encore que parmi ces 10 sociétés, seules
2 ne sont pas issues de la catégorie BEL 20 (IBA et MELEXIS).
Sur base de cette analyse lexicographique, nous pouvons tirer 2 enseignements. Tout
d’abord, parmi un échantillon de 38 sociétés, 10 communiquent qu’elles y accordent
une certaine importance. Étant donné la faible occurrence de ces termes pour certaines
entités (entre 0 et 5), nous ne pouvons pas conclure qu’elles mettent toutes en place
une stratégie RSE. Ensuite, cette analyse sera à croiser avec les sociétés qui publient
un rapport développement durable ou RSE. En effet, il serait intéressant d’étudier si
les sociétés qui écrivent un tel rapport sont les mêmes que celles qui ressortent dans
cette analyse. Nous nous y attarderons plus loin dans cette analyse.
73.
Nous allons à présent réaliser notre premier test de comparaison de moyennes selon
un test non paramétrique. Nous avons décidé de comparer pour nos 2 échantillons si
les moyennes des termes « responsabilité sociétale » sont différentes.
Nous posons les hypothèses suivantes :
— H0 : µ BEL 20 = µ Small caps ;
— H1 : µ BEL 20 6= µ Small caps.
Nous utilisons un taux de significativité de 5 %.
Les résultats du test sont repris dans la figure 5.2 en page 73.
La p-valeur est de 0,01026, ce qui signifie qu’il y a 1 % de chance d’avoir les mêmes
résultats pour les sociétés du BEL 20 et les small caps si on suppose que H0 est vraie
(et que les moyennes sont exactes). Celle-ci se situe sous 0,05 (seuil de 5 % générale-
ment adopté), ce qui ne nous permet pas d’accepter l’hypothèse H0 selon laquelle les
moyennes des deux groupes sont égales entre elles.
Ce premier test nous permet de déceler une première différence significative entre
nos deux groupes de sociétés cotées.
74.
Nous avons testé les mêmes termes ainsi que l’abréviation « RSE » dans la charte
de gouvernance. Le graphique 5.3 reprend le nombre de fois où les termes « RSE » et
« responsabilité sociétale » y paraissent.
SOLVAY
AGEAS SA
BEKAERT
COFINIMMO
KINEPOLIS GROUP
MDxHealth
NYRSTAR
RECTICEL
0 0.5 1 1.5 2
Nombre de mots
(2.1.3) Conclusions
Sur base des différents éléments de réponses récoltés ci-dessus, nous pensons que la
majorité des sociétés analysées n’intègre pas la RSE (les chiffres le démontrent) dans
leurs publications ou ne disposent pas encore d’une stratégie RSE. Seules UCB Pharma
et Solvay (soit 2 sur 38) semblent disposer d’une stratégie RSE et la publient.
Pour conclure, à l’hypothèse « les sociétés mettent en place une stratégie RSE »,
nous répondons par la négative, car la grande majorité ne semble pas instaurer de
stratégie RSE au sein de ses processus décisionnels.
Nous avions fait le postulat que si nous identifions une stratégie RSE, ce serait
grâce à la publication par les sociétés de leur stratégie RSE. Étant donné que nous
identifions un très faible pourcentage de sociétés en disposant, nous ne pouvons pas
affirmer que les sociétés font preuve de transparence en matière de stratégie RSE.
76.
Le graphique 5.4 en page 77 reprend, par société, le nombre de fois que les locutions
testées ont été comptées dans le rapport de gestion et la déclaration de gouvernance
d’entreprise du rapport annuel.
77.
KBC Groupe
UCB Pharma
RESILUX
NYRSTAR
GBL
ONTEX Groupe
COLRUYT
BPOST
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
RTL GROUP
COFINIMMO
SOLVAY
APERAM
IMMO MOURY
AB INBEV
ACKERMANS & VAN HAAREN
BEKAERT
PICANOL
AGEAS SA
KINEPOLIS GROUP
EMAKINA GROUP
IBA
RECTICEL
MELEXIS
PCB
SPADEL
PROXIMUS
MDxHealth
GALAPAGOS
SOFINA
UMICORE
MOURY CONSTRUCT
BANIMMO
ROULARTA
ROSIER
MITHRA
FOUNTAIN
ING
0 50 100 150 200 250 300
Nombre de mots
Figure 5.4 – Volet gouvernance : utilisation des termes à aspect légal dans le rapport
de gestion et la déclaration de gouvernance d’entreprise
78.
Ce graphique reprend par société le nombre de fois que les locutions suivantes
« droit », « loi », « obligations », « légal » et « règlement/règlementation » ont été
comptées dans le rapport de gestion et la déclaration de gouvernance d’entreprise du
rapport annuel.
Comme nous pouvons le constater, les sociétés utilisent beaucoup ce vocabulaire
dans leurs rapports. Seules cinq les utilisent moins de 50 fois dans leur rapport de
gestion. Les sociétés semblent énoncer régulièrement (en moyenne 92 fois) différentes
lois et règlementations, ce qui nous laisse penser que l’organe de gestion recense les
différents règlements applicables et comment ils sont appliqués. De plus, selon les sec-
teurs d’activité, différentes législations s’appliquent. Les sociétés ont l’air de porter un
intérêt aux législations qui s’appliquent à elles.
KBC Groupe et UCB Pharma sont particulièrement sensibles à ces locutions et en
font mention à plus de 200 reprises.
Nous estimons intéressant d’aller quelque peu plus loin dans cette analyse et de com-
parer les moyennes de nos deux groupes tel qu’expliqué dans la définition de l’échan-
tillon afin de savoir s’il y a une différence importante entre ces deux types de sociétés
cotées concernant la fréquence du terme « légalité » dans les documents analysés. Nous
calculons les moyennes sur base des informations issues du rapport de gestion et de la
déclaration de gouvernance d’entreprise issue du rapport annuel.
Nous posons les hypothèses suivantes :
— H0 : µ BEL 20 = µ Small caps ;
— H1 : µ BEL 20 6= µ Small caps.
Nous utilisons un taux de significativité de 5 %.
79.
La p-valeur est égale à 0,2992 ce qui est supérieur à 0,05. Dès lors, nous ne pouvoons
pas rejeter H0 selon laquelle les moyennes des deux groupes sont égales.
Ce résultat nous amène à conclure qu’en termes de légalité, les deux groupes de
sociétés sont tout autant attentifs et nous ne pouvons pas conclure qu’un des deux
groupes utilise moins la locution « légalité » que l’autre dans les rapports de gestion.
Nous passons à présent à l’analyse sous forme de statistique descriptive des données
lexicographiques récoltées dans la charte de gouvernance d’entreprise.
Le graphique 5.6 en page 80 reprend par société le nombre de fois que les locutions
suivantes « droit », « loi », « obligations », « légal » et « règlement/règlementation »
ont été comptées dans la charte de gouvernance d’entreprise.
80.
SOLVAY
RESILUX
AGEAS SA
MITHRA
AB INBEV
MDxHealth
PICANOL
COFINIMMO
KINEPOLIS GROUP
RECTICEL
KBC Groupe
MOURY CONSTRUCT
UCB Pharma
GBL
BEKAERT
IBA
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
IMMO MOURY
BPOST
UMICORE
ROULARTA
ACKERMANS & VAN HAAREN
BANIMMO
SPADEL
EMAKINA GROUP
ONTEX Groupe
NYRSTAR
GALAPAGOS
PCB
RTL GROUP
MELEXIS
PROXIMUS
ROSIER
FOUNTAIN
COLRUYT
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240
Nombre de mots
Figure 5.6 – Volet gouvernance : utilisation des termes à aspect légal dans la charte
de gouvernance d’entreprise
81.
Ce graphique reprend par société le nombre de fois que les locutions suivantes
« droit », « loi », « obligations », « légal » et « règlement/règlementation » ont été
comptées dans la charte de gouvernance d’entreprise.
Les résultats sont quelque peu moins élevés et moins homogénéisés. En effet, l’écart-
type (61,17) est plus élevé que dans l’analyse du rapport de gestion (57,21). Cela peut
s’expliquer par le fait que certaines entreprises rédigent des chartes très courtes (7
pages) par rapport à d’autres qui donnent beaucoup plus de détails. Malgré la moins
grande homogénéité, nous constatons tout de même que ces termes sont à nouveau et,
sans grande surprise, très récurrents (en moyenne 100 fois par société).
(2.1.2) Conclusions
Pour conclure, nous pensons que les sociétés sont sensibles au respect des lois et
règlementations car elles risquent des poursuites judiciaires en cas de non-respect. De
plus, elles semblent divulguer sans trop de confidentialité les dispositions légales qui
s’appliquent à leurs activités et parfois, les raisons pour lesquelles elles s’en écartent.
Par contre, ces analyses nous permettent de penser que les sociétés font preuve
d’une certaine transparence vis-à-vis des législations qui s’imposent à elles. En effet,
elles font référence aux différentes lois, s’y conforment ou s’en écartent et justifient les
raisons de ces écarts. L’occurrence des termes relatifs au respect des législations nous
laisse à penser que les sociétés sont sensibles à être transparentes pour divulguer les
lois applicables, si elles les respectent et dans les cas de non-respect, les raisons de ces
non-respects.
82.
Afin de vérifier notre troisième hypothèse et donc de savoir si les sociétés font
preuve de transparence notamment en matière de RSE, nous avons décidé de tester les
mots « transparence » et « transparent » dans le rapport de gestion, la déclaration de
gouvernance et la charte.
En revanche, nous sommes prudents quant à la notion de transparence, car elle
s’applique dans de nombreux domaines. Une société peut faire mention à de très nom-
breuses reprises des termes évoqués ci-devant sans pour autant être transparente dans
le secteur de la RSE. En effet, lors de notre analyse, nous avions constaté que la locution
« transparence » était utilisée à plusieurs reprises, notamment, dans « la déclaration
de transparence », qui n’a aucun lien avec la RSE. Les locutions testées ne sont jamais
que des approximations de l’intérêt que les sociétés portent à la transparence, tous
domaines confondus.
Le graphique 5.7 en 83 est le décompte, par société, du nombre de fois où les mots
« transparence » et « transparent » ont été recensés dans le rapport de gestion, la
déclaration et la charte de gouvernance.
83.
SOLVAY
ONTEX Groupe
UCB Pharma
KBC Groupe
COLRUYT
KINEPOLIS GROUP
IBA
NYRSTAR
RTL GROUP
COFINIMMO
EMAKINA GROUP
ACKERMANS & VAN HAAREN
AGEAS SA
BEKAERT
BPOST
IMMO MOURY
PCB
PROXIMUS
RESILUX
UMICORE
AB INBEV
GBL
MDxHealth
MITHRA
FOUNTAIN
GALAPAGOS
MOURY CONSTRUCT
RECTICEL
SPADEL
BANIMMO
MELEXIS
PICANOL
SOFINA
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
0 5 10 15 20 25
Nombre de mots
Tout d’abord, nous constatons que sur notre échantillon de 38 entités, 4 ne font
nullement mention de transparence dans aucun document. Il s’agit d’Aperam, ING,
Rosier et Roularta. Aperam et ING ne produisent pas de charte de gouvernance, seul
le rapport de gestion et la déclaration de gouvernance ont été pris en compte dans ces
cas.
Ensuite, il faut analyser avec précaution les résultats obtenus pour la société Sofina
pour laquelle nous n’avons pas obtenu la charte de gouvernance. En effet, ses résultats
sont plus faibles suite au manque d’analyse de ce document.
De plus, nous sommes prudents quant à l’analyse de cette locution. La collecte de
ces termes ne concerne pas uniquement la transparence en matière RSE ce qui rend
cet indicateur peu pertinent. Certaines sociétés faisaient mention d’une déclaration de
transparence, qui n’a pas de rapport avec la RSE. L’analyse des termes « transparence »
ou « transparent » ne permet pas en soi de déterminer si une société est transparente en
termes de RSE en tant que tel, car les sociétés peuvent être transparentes en général et
dans des domaines très divers. Comme vu précédemment, la transparence RSE s’étudie
tout au long du processus RSE et tout au long de l’analyse de différents facteurs
contribuant à la RSE. D’autres indicateurs repris dans les volets gouvernance, social et
environnemental nous permettront sans doute d’obtenir plus d’information en matière
de transparence RSE.
Afin de vérifier si un groupe de société (large caps vs small caps) intègre plus que
l’autre les locutions « transparence » et « transparent », nous avons réalisé un test de
Wilcoxon-Mann-Whitney.
Nous posons les hypothèses suivantes :
— H0 : µ BEL 20 = µ Small caps ;
— H1 : µ BEL 20 6= µ Small caps.
Nous utilisons un taux de significativité de 5 %.
85.
La p-valeur à l’issue de ce test équivaut à 0,1282 ce qui est supérieur à 0,05 et nous
conduit à ne pas rejeter H0 selon laquelle les moyennes des deux groupes sont égales.
Dès lors, sur base de ce test, nous ne pouvons pas constater qu’une catégorie de
sociétés cotées plus que l’autre fasse plus mention de la transparence. Toutes les sociétés
semblent accorder un intérêt à la transparence, toutes catégories confondues.
(2.1.1) Conclusions
Tous secteurs d’activités confondus, les sociétés mentionnent régulièrement les lo-
cutions analysées.qu’elles sont transparentes en matière de RSE.
Pour rappel, nous avons regroupé la majorité de nos indicateurs sous 3 volets. Le
volet social accorde une importance aux conditions de travail, au bien-être, aux droits
de l’Homme, aux relations avec les parties prenantes et avec, notamment, les syndicats.
Nous entamons l’analyse de données en relation avec les activités sociales des sociétés
afin de vérifier ou non plusieurs hypothèses. Dans un premier temps, nous analysons
86.
tous les indicateurs récoltés en relation avec ce volet. Ensuite, nous affinerons l’analyse
dans le détail concernant certains aspects.
Afin d’évaluer l’importance qu’accordent les sociétés aux différents aspects relatifs
au social, nous avons testé différentes locutions dans les rapports de gestion et dans
la charte de gouvernance. Les termes analysés sont « droits de l’Homme », « social »,
« risques sociaux », « santé », « éducation », « bien-être », « pauvreté », « parties pre-
nantes » et « syndicats »
Le tableau 5.9 en page 87 nous montre l’importance d’apparition de ces termes.
87.
COFINIMMO
UCB Pharma
SOLVAY
KBC Groupe
NYRSTAR
ONTEX Groupe
UMICORE
AB INBEV
COLRUYT
AGEAS SA
MELEXIS
BEKAERT
ACKERMANS & VAN HAAREN
IBA
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
RTL GROUP
SPADEL
RECTICEL
PICANOL
GALAPAGOS
BPOST
MDxHealth
PCB
ROULARTA
EMAKINA GROUP
MITHRA
APERAM
GBL
IMMO MOURY
RESILUX
SOFINA
MOURY CONSTRUCT
PROXIMUS
KINEPOLIS GROUP
ROSIER
ING
BANIMMO Total rapport de gestion
FOUNTAIN Total charte
(2.2.1) Conclusions
En conclusion, les sociétés semblent accorder une importance relative aux aspects
sociaux. Selon les secteurs d’activités, l’intérêt peut être grandissant. Il nous aurrait
peut-être fallu un autre type d’analyse par secteur d’activités pour y répondre.
89.
Nous passons à présent à l’analyse des données en relation avec le volet social afin
de vérifier la première hypothèse.
(2.2.1) Les sociétés prennent en compte les besoins de leurs parties pre-
nantes
Afin d’intégrer au mieux la RSE dans une organisation, il est important d’identi-
fier toutes les parties liées de près ou de loin aux activités de l’organisation. Pour ce
faire, nous avons relevé les termes « parties prenantes » ou « parties liées » dans les
rapports de gestion et dans les chartes de gouvernance afin de déceler les sociétés qui
en faisaient mention et à combien de reprises. Plus le nombre est élevé, plus l’intérêt
pour les parties prenantes est grand.
UCB Pharma
KBC Groupe
SOLVAY
NYRSTAR
AGEAS SA
UMICORE
BEKAERT
ONTEX Groupe
IBA
MELEXIS
ROULARTA
RECTICEL
ACKERMANS & VAN HAAREN
PICANOL
MITHRA
RTL GROUP
PROXIMUS
KINEPOLIS GROUP
GALAPAGOS
COFINIMMO
SPADEL
COLRUYT
Total rapport de gestion
BPOST
Total charte de gouvernance
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Nombre de mots
23 sociétés ont identifié leurs parties prenantes. Une fois encore, quelques sociétés
se démarquent plus fortement. UCB Pharma, KBC Groupe, Solvay et Nyrstar ont plus
qu’identifié leurs parties prenantes, elles semblent les avoir intégrées dans leur gestion
au vu de la récurrence de termes testés. Parmi les parties prenantes, il peut s’agir du
personnel, des clients ou des fournisseurs qui entrent en lien direct avec l’activité et la
prospérité de l’organisation. Certaines sociétés ont, en outre, identifié et adapté leur
gestion selon les attentes et les besoins de certains groupes de parties prenantes.
Pour les sociétés qui publient un rapport en relation avec le développement durable
ou la RSE, nous nous sommes également intéressés à savoir si une section de ce rap-
port est consacrée aux parties prenantes, si elles sont identifiées par la gouvernance
d’entreprise, si la société est en mesure d’identifier l’impact de ses activités sur elles, et
si l’organisation est également en mesure de les influencer, notamment pour l’adoption
de nouveaux modes de vie plus respectueux. Nous nous sommes également intéressés à
une catégorie de parties prenantes en particulier : les syndicats afin de savoir si les or-
ganisations en tiennent compte. Nous avons utilisé cinq indicateurs afin de déterminer
dans quelles mesures les sociétés sont attentives à leurs parties prenantes.
Le graphique 5.11 en page 92 montre le nombre de retours positifs à ces cinq indi-
cateurs.
92.
APERAM
ROULARTA
COFINIMMO
IBA
NYRSTAR
ONTEX Groupe
PROXIMUS
SPADEL
BEKAERT
ING
SOLVAY
UCB Pharma
UMICORE
AB INBEV
0 1 2 3 4 5
Nombre de réponses positives sur les 5 questions
(2.2.2) Conclusions
De manière générale, la plupart des sociétés font mention de leurs parties prenantes
et y accordent un intérêt.
Seuls 23 rapports de gestion font état d’une relation entre l’organisation étudiée et
ses parties prenantes. Nous avions appris, selon la norme ISO 26000, qu’il s’agissait
d’un vecteur important de développement et d’intégration de la RSE dans les modes
de gestion. En soi, 60 % de notre échantillon les énonce au moins une fois dans leurs
93.
rapports, certaines sociétés se contentent d’y faire mention à quelques reprises unique-
ment contre d’autres qui y font mention, expliquent les relations, comment elles les
accueillent et comment elles tiennent compte de leurs besoins.
Sur base du graphique précédent, 5.11 en page 92, nous constatons que ces 14
sociétés intègrent les parties prenantes dans leur gestion, car elles les consultent, s’y
intéressent, cherchent à connaître leurs besoins et ce à quoi elles souhaitent que l’orga-
nisation soit attentive.
Si l’on recoupe les informations avec celles du graphe précédent, afin de comparer
les informations dans les différents documents, nous nous apercevons que parmi les 14
sociétés de ce graphique, six mentionnent à plus de cinq reprises leur intérêt pour leurs
parties prenantes. KBC Groupe, Bekaert et Ageas ne publient pas de rapport sur les
parties prenantes, mais y font référence à plus de cinq reprises dans leur rapport de
gestion.
En conclusion, seules 14 sociétés sur les 38 analysés (soit 36 % de l’échantillon)
intègrent leurs parties prenantes à part entière dans leur gestion. Nous estimons ce
résultat comme étant faible étant donné l’importance qu’ont, selon la norme ISO 26000,
les parties prenantes pour une organisation.
Cependant, pour ces 14 sociétés qui répondent aux critères, nous concluons sur
base de l’importance qu’elles accordent qu’elles ont intégré les parties prenantes à
part entière dans leur gestion et donc indéniablement dans la mise en place de leurs
processus de gestion et de décision. De plus, si nous avons pu obtenir cette information,
c’est parce que ces sociétés divulguent et rendent publiques leurs relations avec leurs
parties prenantes.
Afin de détecter si un groupe de sociétés plus qu’un autre intègre les considérations
de ses parties prenantes, nous avons décidé d’appliquer un test de comparaison des
moyennes des occurrences des termes « parties prenantes » et « parties intéressées »,
tel que collecté dans le rapport de gestion, la déclaration de gouvernance d’entreprise
et la charte de gouvernance.
Nous posons les hypothèses suivantes :
— H0 : µ BEL 20 = µ Small caps ;
— H1 : µ BEL 20 6= µ Small caps.
Nous utilisons un taux de significativité de 5 %.
Voici les résultats du test :
94.
Figure 5.12 – Test de moyennes sur les termes « parties prenantes » et « parties
intéressées »
La p-valeur équivaut à 0,1091, ce qui est supérieur à 0,05. Dès lors, nous ne pouvons
pas rejeter H0 telle que les moyennes des deux groupes sont égales.
Ce test ne nous permet pas de conclure qu’il y a un groupe de sociétés qui prête plus
attention aux désidératas de leurs parties prenantes que l’autre et que, visiblement, les
sociétés des deux groupes considèrent leurs parties prenantes.
Nous allons à présent tenter de savoir si nous obtenons des résultats nous permettant
de répondre à notre hypothèse relative aux formations du personnel. L’hypothèse est
la suivante :
Les sociétés mettent en place des formations pour leur personnel
Il nous a semblé important d’étudier si les sociétés forment leur personnel et si elles
investissent dans leur capital humain. Pour rappel, la norme ISO 26000 considère le
personnel comme étant une partie prenante directement impliquée dans la société. Il
convient donc d’analyser quels processus de gestion les sociétés mettent en place afin
de permettre à leur personnel d’évoluer et si les investissements dans le capital humain
sont divulgués dans un quelconque rapport.
Pour ce faire, nous avons collecté un indicateur dans le rapport de développement
durable/RSE afin de savoir si les sociétés dévoilent une information à ce sujet. Nous
n’avons pas estimé opportun de tester cette information dans le rapport de gestion, car il
s’agit d’une information plus pointue concernant le personnel et qui n’est généralement
95.
pas annoncée dans le rapport de gestion. Dans ce cas-ci, notre population s’élève à 14
sociétés.
Nous avons collecté les informations concernant les formations du personnel auprès
de 10 entités. Il s’agit des suivantes : Aperam, Bekaert, Cofinimmo, ING, Nyrstar,
Ontex Groupe, Roularta, RTL Group, UCB Pharma et Umicore. Nous avons constaté
que les informations relatives aux formations du personnel concernaient généralement
les heures totales de formation du personnel et du budget annuel qui y est alloué
annuellement.
(2.2.1) Conclusions
Pour conclure, étant donné que notre population est réduite sur base des sociétés
qui publient un rapport RSE, nous constatons que 71 % des sociétés analysées forment
leur personnel et investissent dans le capital humain qui s’offre à elles et publient ces
différentes informations. Le doute que les sociétés disposent de ces statistiques, mais
qu’elles ne les incluent pas dans un document subsiste et subsistera tant qu’aucune
législation n’obligera ce genre de publication. Nous ne pouvons, dès lors, nous prononcer
uniquement sur la transparence de ces 10 sociétés.
Le volet social étant assez vaste et concernant un nombre de parties prenantes que
nous avons identifié préalablement, il nous est plus facile d’obtenir des informations
concernant celles qui sont directement impliquées dans l’activité de la société : les
travailleurs. Il s’agit de personnes qui mettent tous les jours leurs services au profit
d’une organisation. Il est préférable que ces personnes soient prévenues contre les risques
qu’elles encourent en exerçant leur métier et des mesures de protection y relatives. Nous
avons donc décidé de collecter des indicateurs afin d’affirmer ou non, l’hypothèse posée :
Les sociétés prennent des mesures pour éviter les accidents sur le lieu de travail.
Toujours dans le volet relatif aux aspects sociaux, nous nous intéressons au per-
sonnel des sociétés. Selon les types d’activité, parfois dangereuses, certains accidents
au travail et certains décès sont parfois à recenser. Il s’agit évidemment d’informations
sensibles et délicates à publier pour ces sociétés. Les causes des accidents ou décès le
sont tout autant. Nous nous sommes dès lors penchés sur la question afin de savoir
si les entreprises révèlent ce genre d’informations dans leur rapport de développement
durable/RSE.
96.
Six sociétés sur les 14 établissent ce type de rapport (soit 42 %) publient des in-
formations en relation avec les accidents de travail, les temps d’arrêt de maladie et les
décès. Il s’agit d’Aperam, de Bekaert, d’Ontex Groupe, de Nyrstar, d’UCB Pharma et
d’Umicore.
Nous voudrions apporter une certaine limite par rapport à cet indicateur. En effet,
nous avons constaté que les six sociétés qui publiaient de telles informations avaient dû
faire face durant l’exercice étudié à de tels accidents ou décès. Nous pensons dès lors
que d’autres sociétés sont sans doute en mesure de publier de telles informations, mais
ne l’ont pas fait, car elles n’ont pas eu de cas d’accidents ou de décès à recenser durant
l’exercice étudié. Ce n’est donc pas uniquement, parce que nous obtenons l’information
pour six sociétés que les huit autres qui réalisent un rapport RSE ne seraient pas en
mesure de fournir de telles données.
La seconde limite que nous voudrions apporter à cet indicateur est en relation
avec l’activité des six sociétés. En effet, la moitié des sociétés est issue du secteur
industriel (mines ou transformations de métaux). Nous savons que le personnel exerce
des fonctions à risque, manutentionne des matériaux et machines dangereux. Les risques
pour le personnel dans ce type de secteur est nettement plus élevé que dans le secteur
des services par exemple. Dès lors, il n’est pas très étonnant que les sociétés où les
risques sont plus élevés se retrouvent dans les résultats de ce test.
(2.2.1) Conclusions
Nous obtenons les informations de certaines sociétés et, comme déjà expliqué, cela
réside peut-être dans le fait que toutes n’ont pas ce type de données à communiquer.
Nous allons à présent passer au troisième et dernier volet d’analyse. Nous avons
émis une hypothèse relative à ce volet. Il s’agit d’un domaine en matière de RSE très
large et pour lequel une série d’indicateurs différents auraient pu être collectés selon
les activités de chaque société analysée. Nous avons cependant constaté que toutes
les sociétés émettent des déchets. Il nous a semblé dès lors intéressant d’analyser les
émissions de gaz à effet de serre des sociétés afin de pouvoir les comparer.
Pour ce faire, nous avons émis l’hypothèse suivante à laquelle nous tentons de
97.
répondre :
Les sociétés sont conscientes de leurs émissions de gaz à effet de serre et les me-
surent.
Dans ce volet relatif à l’environnement, nous avions choisi, comme indicateurs, dif-
férentes locutions : « environnement », « risques environnementaux », « gaz à effet de
serre », « rejet/rejeter », « énergie », « déchets », « pollution » et « développement du-
rable ». La présence de ces différents termes doit nous permettre de conclure que les
sociétés sont sensibles aux problèmes environnementaux ou non. Plus ces termes sont
présents dans les documents analysés, plus les sociétés sont attentives et tendent à res-
pecter l’environnement en engageant différentes actions de différents types, à différents
niveaux et parfois même avec différentes classes de parties prenantes.
Le graphique 5.13 en page 98 montre les occurrences aux termes donnés ci-dessus.
98.
SOLVAY
NYRSTAR
UCB Pharma
UMICORE
COFINIMMO
COLRUYT
KBC Groupe
APERAM
MELEXIS
ACKERMANS & VAN HAAREN
ONTEX Groupe
RTL GROUP
IBA
BANIMMO
RESILUX
IMMO MOURY
PICANOL
RECTICEL
GBL
ROSIER
SPADEL
AB INBEV
KINEPOLIS GROUP
ROULARTA
WAREHOUSES ESTATE BELGIUM
BEKAERT
SOFINA
MOURY CONSTRUCT
BPOST
PROXIMUS
EMAKINA GROUP
ING
PCB
AGEAS SA
MITHRA
GALAPAGOS
MDxHealth
FOUNTAIN
0 50 100 150 200 250
Nombre de mots
La p-valeur de ce test est égale à 0,0485 ce qui est, à peine, inférieur à 0,05. Dès
lors, nous ne pouvons pas accepter H0 selon laquelle les moyennes des deux groupes
de sociétés analysées sont égales entre elles. Cependant il est utile de noter que la p-
valeur se rapproche fortement de 0,05 et qu’il faut donc considérer ce rejet avec plus
de précautions que le premier relatif à l’hypothèse 1.1 (en page 73).
5.2.3.2 Conclusions
D’une manière générale, presque toutes les sociétés accordent une importance rela-
tive à l’environnement et à l’impact qu’elles ont sur l’environnement. Nous concluons
sur le fait que presque toutes les sociétés analysées (92 %) identifient leurs impacts sur
l’environnement et y accordent une importance relative dans leur gestion et leurs pro-
cessus décisionnels. De plus, si nous pouvons tirer cette conclusion, c’est évidemment
parce qu’elles font preuve d’intérêts et veulent publier ce type d’informations.
101.
Ce test non paramétrique nous permet de constater que les deux groupes boursiers
de sociétés n’ont pas des moyennes égales. Cependant l’importance de rejet de ce test
est faible (0,0485 pour un seuil de significativité de 0,05).
sociaux soit en corrélation avec le secteur d’activités dans lequel opèrent les sociétés.
Il nous aurait fallu utiliser une autre analyse pour le démontrer.
Par rapport aux parties prenantes, les sociétés accordent une importance variable.
Celles qui les mentionnent dans leur rapport de gestion tentent d’aller plus loin dans
le processus en les identifiant, les consultant et en leur trouvant des solutions d’amé-
liorations.
Au niveau de la formation du personnel et des accidents de travail, nous ne pouvons
pas tirer une conclusion sur base des 38 sociétés étant donné que nous ne nous sommes
intéressés qu’à celles qui publient un rapport DD/RSE. Parmi les 14 sociétés, 10 di-
vulguent des informations concernant la formation du personnel et 6 sur les accidents
et décès au travail. Nous pensons que toutes les sociétés doivent, à un moment ou à un
autre, former leur personnel et qu’elles pourraient toutes le mentionner. Cela pourrait
intéresser le futur profil.
Enfin, concernant le volet environnemental, la plupart des sociétés n’utilisent pas
beaucoup le vocabulaire analysé. Par contre, selon le secteur d’activités, certaines socié-
tés l’utilisent beaucoup. Nous constatons que certaines sociétés du BEL 20 par exemple
issues du secteur financier (qui est un secteur qui n’émet pas beaucoup de rejet et de
déchet) utilisent beaucoup moins souvent les termes analysés que certaines sociétés
ayant des activités plus polluantes (catégories boursières confondues).
Sur base de notre analyse selon Wilcoxon-Mann-Whitney, nous constatons a poste-
riori que notre supposition de départ ne se confirme pas exactement. Sur les cinq tests
de comparaison de moyennes, seuls deux nous indiquent que les moyennes des deux
groupes sont différentes et avec un faible rejet pour le dernier.
Pour les trois autres tests réalisés nous ne pouvons pas rejeter H0 selon laquelle les
moyennes sont égales entre elles car les p-valeur sont nettement supérieurs à notre seuil
de significativité. Dès lors nous ne pouvons pas dire que les moyennes des catégories
boursières sont différentes.
Recul critique
Au terme d’un travail d’une telle ampleur et demandant un tel investissement, nous
pensons opportun de prendre un peu de recul par rapport au travail en lui-même, à sa
réalisation, aux pistes qui ont été abordées, à la méthodologie utilisée, à l’échantillon,
à l’analyse de données réalisées et aux tendances de gouvernance actuelles.
Tout d’abord, concernant la définition de notre échantillon, celui-ci n’a pas été établi
par hasard. En effet, afin d’obtenir de l’information et dans une certaine abondance,
nous nous sommes immédiatement orientés vers un échantillon de sociétés cotées. Nous
savions, dès le départ, que nous disposerions d’informations au vu des obligations légales
de publications qui incombent à ce type de sociétés. Les plus petites sociétés n’ont pas
d’obligations pour les rendres publiques, mais peuvent le faire sur base volontaire.
Concernant cet apport critique, nous concluons que notre échantillon est biaisé dès de
départ par la force des choses. Nous n’aurions pas pu sélectionner de petites sociétés car
nous n’aurions pas pu collecter d’informations à l’exception du fait qu’elles ne disposent
pas d’informations à publier.
Toujours, concernant l’échantillon, nous aurions pu investiguer des sociétés d’une
autre forme juridique telles que les sociétés coopératives actives dans des secteurs
comme l’agro-alimentaire (selon nous ce type de structure laisse plus de liberté à l’in-
teraction avec les parties prenantes). Cependant nous aurions eu énormément de dif-
ficultés à nous procurer les rapports annuels. Nous avions également supposé qu’elles
ne réalisent pas, ou peu, de rapports DD/RSE.
Notons encore que nous n’avons pas su obtenir des documents des mêmes années
pour toutes les sociétés. Nous avons obtenu pour certaines sociétés un rapport annuel
de l’exercice 2014 et pour d’autres celui de 2015. Il est également arrivé que le rapport
DD/RSE ne soit pas nécessairement de la même année que le rapport annuel, pour une
même société. En effet, certaines sociétés ne réalisent pas un rapport DD/RSE chaque
année. Cependant, cela n’altère pas la qualité des informations à disposition mais il est
103
104.
Conclusion
107
109.
pas toujours des ressources nécessaires pour implémenter la RSE. Ensuite, elle propose
différents résultats où la RSE a été intégrée mais il manque, selon nous, d’explications
quant à la concrétisation des différents processus au sein de l’organisation des sociétés
pour tendre aux résultats proposés par la norme.
Par conséquent, ceci nous amène à penser que les résultats de notre étude n’au-
raient peut-être pas été identiques si notre analyse avait été menée sur base d’un autre
référentiel. Par la même, si un nouveau référentiel traitant du même sujet devait voir le
jour, nous pensons qu’il serait intéressant de mener une étude similaire afin de constater
les nouveaux résultats et de comparer les deux référentiels.
Par ailleur, comme expliqué dans ce travail, dans certains secteurs d’activités, la
concurrence s’intensifie et les sociétés semblent au bout de leur capacités d’innovation
pour surprendre et attirer la clientèle exigeante. Dès lors, nous faisions l’hypothèse
qu’introduire la RSE dans les modes de gestion et de décisions serait un nouvel atout
pour les sociétés afin de se démarquer d’une concurrence tenace. Évidemment, nous
souhaitons que cela ne se fasse pas au détriment de la Société, que les informations
divulguées soient correctes et le reflet de réelles actions entreprises au sein de l’orga-
nisation. Dans le cas contraire, ce serait la RSE dans son ensemble, et pour toutes les
sociétés sincères, qui serait menacée dans son intégrité et dans son essence même.
Toutefois, ceci nous amène à penser également aux différentes actualités en matière
de gouvernance qui ont bouleversé le paysage politique en Belgique lors de l’année
écoulée. Cela semblerait dû au vide juridique existant pour ce type de structure. Nous
espérons que des valeurs telles que la sincérité et l’honnêteté reviendront rapidement
dans les rangs des personnages politiques. Il semblerait que ces personnes aient une
influence importante en termes d’image et doivent montrer l’exemple pour les sociétés.
Il est important qu’elles appliquent des principes de RSE pour elles-mêmes et les or-
ganisations dans lesquelles elles exercent une influence importante. Nous espérons que
ce vide juridique sera comblé et que la population pourra reprendre confiance en les
décideurs politiques. Cependant, étant donné que la problématique et l’échantillon de
ce mémoire ont été défini avant l’explosion de ces actualités, nous n’avons pas étendu
notre étude à ce type de structures. Par contre, nous pensons, qu’à l’avenir, cette ac-
tualité pourrait faire l’objet d’une étude similaire à celle que nous exposons dans ce
mémoire.
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//economie.fgov.be/fr/entreprises/vie_ entreprise/responsabilite_ societale_
des_entreprises/#.WFPHCmfNJ0x
Annexes
I
Annexe A
Art. 96.[1 §1er.] Le rapport annuel visé à l’article 95 comporte : §2. Pour les sociétés dont
les actions sont admises aux négociations sur un marché visé à l’article 4, le rapport
de gestion comprend également une déclaration de gouvernement d’entreprise, qui en
constitue une section spécifique et contient au moins les informations suivantes :
1o la désignation du code de gouvernement d’entreprise que la société applique, ainsi
qu’une indication de l’endroit où ledit code peut être consulté publiquement ainsi que,
le cas échéant, les informations pertinentes relatives aux pratiques de gouvernement
d’entreprise appliquées allant au-delà du code retenu et des exigences légales, avec
indication de l’endroit où cette information est disponible ;
2o pour autant qu’une société n’applique pas intégralement le code de gouvernement
d’entreprise visé au 1o , une indication des parties du code de gouvernement d’entreprise
auxquelles elle déroge et les raisons fondées de cette dérogation ;
3o une description des principales caractéristiques des systèmes de contrôle interne et
de gestion des risques de la société dans le cadre du processus d’établissement de
l’information financière ;
4o les informations visées à l’article 14, alinéa 4, de la loi du 2 mai 2007 relative à
la publicité des participations importantes dans des émetteurs dont les actions sont
admises à la négociation sur un marché réglementé et portant des dispositions diverses
et à l’article 34, 3o , 5o, 7o et 8o, de l’arrêté royal du 14 novembre 2007 relatif aux
obligations des émetteurs d’instruments financiers admis à la négociation sur un marché
réglementé ;
5o la composition et le mode de fonctionnement des organes d’administration et de
leurs comités ;
III
IV.
[6o un aperçu des efforts consentis afin qu’au moins un tiers des membres du conseil
d’administration soient de sexe différent de celui des autres membres.]
Les 1o , 2o et 5o du premier alinéa ne s’appliquent pas aux sociétés qui n’ont émis que
des titres autres que des actions admis à la négociation sur un marché réglementé, à
moins que ces sociétés n’aient émis des actions négociées sur un système multilatéral
de négociation tel que visé à l’article 2, 4o , de la loi du 2 août 2002 relative à la
surveillance du secteur financier et aux services financiers.
Le 3o de l’alinéa 1er s’applique également aux sociétés dont des titres autres que des
actions sont admis à la négociation sur un marché visé à l’article 4.
Le Roi peut, par un arrêté délibéré en Conseil des Ministres, désigner un code de
gouvernement d’entreprise qui s’appliquera obligatoirement, de la manière prévue à
l’alinéa 1er, 1o .
Annexe B
Art. 522. §1er. Le conseil d’administration a le pouvoir d’accomplir tous les actes
nécessaires ou utiles à la réalisation de l’objet social de la société, à l’exception de ceux
que la loi réserve à l’assemblée générale. Les statuts peuvent apporter des restrictions
aux pouvoirs du conseil d’administration. Ces restrictions, de même que la répartition
éventuelle des tâches dont les administrateurs seraient convenus, ne sont pas opposables
aux tiers, même si elles sont publiées. [Le conseil d’administration peut créer en son sein
et sous sa responsabilité un ou plusieurs comités consultatifs. Il définit leur composition
et leur mission.] <L 2002-08-02/41, art. 30, 007 ; En vigueur : 01-09-2002>
§2. Le conseil d’administration représente la société à l’égard des tiers et en justice,
soit en demandant, soit en défendant. Toutefois, les statuts peuvent donner qualité à un
ou plusieurs administrateurs pour représenter la société, soit seuls, soit conjointement.
Cette clause est opposable aux tiers. Les statuts peuvent apporter des restrictions à ce
pouvoir, mais ces restrictions, de même que la répartition éventuelle des tâches dont
les administrateurs auraient convenus, ne sont pas opposables aux tiers, même si elles
sont publiées.
V
VI.
Annexe C
b) s’il détient des droits sociaux qui représentent une quotité inférieure à 10 % :
VII
VIII.
— par l’addition des droits sociaux avec ceux détenus dans la même société
par des sociétés dont l’administrateur indépendant a le contrôle, ces droits
sociaux ne peuvent atteindre un dixième du capital, du fonds social ou d’une
catégorie d’actions de la société ;
ou
— les actes de disposition relatifs à ces actions ou l’exercice des droits y af-
férents ne peuvent être soumis à des stipulations conventionnelles ou à des
engagements unilatéraux auxquels le membre indépendant de l’organe de
gestion a souscrit ;
c) ne représenter en aucune manière un actionnaire rentrant dans les conditions du
présent point
6o ne pas entretenir, ni avoir entretenu au cours du dernier exercice social, une relation
d’affaires significative avec la société ou une société ou personne liée à celle-ci au sens de
l’article 11, ni directement ni en qualité d’associé, d’actionnaire, de membre de l’organe
de gestion ou de membre du personnel de direction, au sens de l’article 19, 2o , de la loi
du 20 septembre 1948 portant organisation de l’économie, d’une société ou personne
entretenant une telle relation ;
7o ne pas avoir été au cours des trois dernières années, associé ou salarié de l’[commissaire]1,
actuel ou précédent, de la société ou d’une société ou personne liée à celle-ci au sens
de l’article 11 ;
8o ne pas être membre exécutif de l’organe de gestion d’une autre société dans laquelle
un administrateur exécutif de la société siège en tant que membre non exécutif de
l’organe de gestion ou membre de l’organe de surveillance, ni entretenir d’autres liens
importants avec les administrateurs exécutifs de la société du fait de fonctions occupées
dans d’autres sociétés ou organes ;
9o n’avoir, ni au sein de la société, ni au sein d’une société ou d’une personne liée
à celle-ci au sens de l’article 11, ni conjoint ni cohabitant légal, ni parents ni alliés
jusqu’au deuxième degré exerçant un mandat de membre de l’organe de gestion, de
membre du comité de direction, de délégué à la gestion journalière ou de membre du
personnel de direction, au sens de l’article 19, 2o , de la loi du 20 septembre 1948
portant organisation de l’économie, ou se trouvant dans un des autres cas définis aux
points 1o à 8o.
La décision de nomination fait mention des motifs sur la base desquels est octroyée la
qualité d’administrateur indépendant.
Le Roi, de même que les statuts, peuvent prévoir des critères additionnels ou plus
sévères.
(1)<L 2009-02-09/32, art. 3, 044 ; En vigueur : 08-01-2009>