Maîtriser L Examen Clinique en Ostéopathie 2018
Maîtriser L Examen Clinique en Ostéopathie 2018
Maîtriser L Examen Clinique en Ostéopathie 2018
Du même auteur :
Fiches pratiques d’anatomie palpatoire en ostéopathie, P. Gadet, M. Carpentieri, 2015, 360 p.
Autres ouvrages :
Atlas de techniques articulaires ostéopathiques. T. 1 : Les membres, 3e édition, S. Tixa,
B. Ebennegger, 2016, 272 p.
Atlas de techniques articulaires ostéopathiques. T. 2. Le bassin et la charnière lombo-sacrée,
2e édition, S. Tixa, B. Ebennegger, 2016, 208 p.
Atlas de techniques articulaires ostéopathiques. Tome 3 : rachis cervical, thoracique, lombal et
côtes, 2e édition, S. Tixa, B. Ebennegger, 2016, 152 p.
Dictionnaire de médecine ostéopathique, S. Beaume, 2014, 464 p.
Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique, F. Le Corre, E. Rageot, 2010, 368 p.
À paraître :
Le B.A.-BA de l’ostéopathie crânienne. Principes et applications, N. Sergueef, 2018.
Manipulations des disques intervertébraux, J.-P. Barral, A. Croibier, X. Delannoy, 2018.
Manipulations viscérales avancées, J.-P. Barral, 2018.
Ostéopathie
Philippe Gadet
Ostéopathe D.O.
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie. L’examen pas à pas, de Philippe Gadet.
© 2018, Elsevier Masson SAS.
ISBN : 978-2-294-45636-8
e-ISBN : 978-2-294-75821-8
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Illustrations : Cyrille Martinet
Photographies : Charlène Bonnithon
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Avant-propos
Je remercie Marine, mon épouse exceptionnelle, • Michael Gauffre, D.O., pour ses recommanda-
pour sa patience et son amour, Moana, Enzo, tions bibliographiques ;
Niels et Lily, pour leur compréhension tout au • Juliette Derro, D.O., et Alexandre Bouliteau,
long des mois de travail passés à construire cet D.O., pour s’être prêtés aux photographies des
ouvrage au détriment du temps que j’aurais pu tests médicaux ;
leur consacrer. • Peggy Lemaire et Armelle Amouroux pour leur
Cet ouvrage n’aurait pas pu voir le jour sans le confiance dans ce projet et leurs précieux conseils ;
travail photographique de Charlène Bonnithon. • Brigitte Sandrin et Françoise Annizo pour avoir
Dans le cadre technique de la réalisation de cet enrichi ma pratique ostéopathique grâce à leur
ouvrage, mes remerciements s’adressent particu- vision de l’éducation thérapeutique.
lièrement à : J’adresse aussi mes remerciements pour leur
• Françoise Gadet pour ses traductions, notam- participation à la relecture, et par ordre alphabé-
ment des articles en allemand ; tique, à : Jean-Baptiste Assier, Tristan Berthier,
• Mathieu Aude, D.O., pour sa vision ostéopa- D.O., Moksha Calmels, D.O., Rémi Desman,
thique efficace et critique ; D.O., Antoine Dixneuf, D.O., Jean-Charles Filip-
• Florence Gommy, D.M., pour la précision du pini, D.O., Jordan Fleurus, D.O., Vincent Goletti,
discours et les arguments pédagogiques d’une D.O., Claire Lodeho, D.O., Anthony Mougel,
grande valeur ; D.O., Isabelle Ougier, D.O. et Anne Studer, D.O.
• Alexandre Picavet, D.O., pour ses encourage- Merci également à Marine-Océane Gadet et
ments et sa relecture assidue ; Lucas Crosnier pour leurs talents créatifs ainsi que
• Jean-Christophe Raffin, D.O., pour sa rigueur, Laure Thiesset, masseur-kinésithérapeute, pour
sa précision ; son « point sur les points ».
Chapitre 1
Investiguer le motif
de consultation
« Chaque fois qu’un patient entre dans votre cabinet, et de prendre la décision d’un traitement adapté.
trois problèmes se présentent en même temps : Le contexte d’analyse du raisonnement clinique
les croyances et les idées qu’a le patient
en ostéopathie est dépendant des deux êtres
sur sa difficulté, ce que le praticien considère
comme étant le problème du patient, et finalement, humains en relation dans le cadre de la consulta-
ce que l’ensemble anatomophysiologique du corps tion : le patient et le praticien.
du patient sait être le problème. » [19] Les composantes de ce processus de raison-
nement sont pondérées différemment selon les
acquis et l’expérience du praticien. Ces compo-
santes englobent entre autres les facultés cog-
De l’anamnèse nitives, l’expérience de vie et la maturité du
au raisonnement clinique praticien.
Il existe deux approches fondamentales du rai-
Rufus, médecin d’Éphèse, décrit en 110 après sonnement clinique [192] :
J.-C. les éléments qu’il est nécessaire d’obtenir de • raisonnement non analytique : il s’agit d’une
la part du patient : approche intuitive de la reconnaissance du
tableau symptomatique ;
« […] nourriture, habitudes, saison de l’année où • raisonnement analytique par une approche
la maladie a commencé, habitudes de sommeil, hypothético-déductive : il consiste à recueillir
contenu des rêves, les médicaments et les régimes
des données, formuler des hypothèses, tester les
auxquels le patient a été soumis, une caractérisation
complète de l’emplacement et de la nature des résultats pour étayer ou réfuter ces hypothèses.
douleurs, les types d’aliments consommés et d’où Ce livre vise à fournir une trame de base
vient l’eau consommée par le patient […]. Il importe pour le recueil des éléments permettant d’étayer
tellement au médecin de connaître les causes, et il
un raisonnement clinique ostéopathique dans un
lui est si impossible de les connaître sans interroger,
qu’il doit faire des questions même au sujet des concept hypothético-déductif.
symptômes […] » [287]. C’est grâce à la répétition d’actions de base et
de séquences de raisonnement tout au long du
L’anamnèse est une étape capitale de collecte cursus de formation en ostéopathie qu’il est pos-
d’informations concernant le patient. Après les sible d’acquérir les gestes fondamentaux pour une
avoir synthétisées, le praticien va pouvoir envi- pratique optimale et rigoureuse [192]. Le proces-
sager le type de traitement à mettre en place, ou sus décisionnel qui mène à l’établissement du trai-
bien décider une réorientation du patient vers un tement ostéopathique ne peut pas dépendre d’une
médecin, le cas échéant. Mais, au-delà, l’anam- simple « intuition », et des éléments essentiels à
nèse constitue aussi le point de départ du raison- recueillir lors de l’échange avec le patient vont
nement clinique, qui représente la phase d’analyse donc être décrits ci-après.
et de traitement des données rassemblées. Pour A.J. Scheen, l’anamnèse constitue une
Le raisonnement clinique est, en ostéopathie, « étape capitale à très grande rentabilité diagnos-
l’aptitude d’établir un diagnostic ostéopathique tique » [243]. Dans le domaine médical, une
Tableau 1.1. Les questions à poser par le praticien lors d’une investigation de la douleur – acronyme SMITH-InCASE.
S Siège Où avez-vous mal ?
M Mode évolutif Depuis quand/comment est-ce arrivé ? Est-ce la première fois ? Pourquoi ?
I Irradiations La douleur est-elle ressentie ailleurs en même temps ?
T Type Comment définiriez-vous la douleur (électrique, fourmillement, de l’eau qui coule, broiement, étirement,
déchirement, angoissante, etc.) ?
H Horaire Est-ce que vous ressentez la douleur de manière continue, le matin au réveil, le soir au coucher ?
Vous réveille-t-elle la nuit ?
In Intensité Si 0 est la valeur pour laquelle vous ne ressentez rien et 10 la valeur à laquelle la douleur est insupportable,
à quel niveau situeriez-vous votre douleur ? À définir sur une échelle analogique de la douleur (N.B. : il peut
être intéressant dans certains cas de redemander l’évaluation de cette douleur en fin de séance)
C Facteurs Calmants Qu’est-ce qui calme votre douleur (position du corps, de la partie douloureuse, mouvements, repos,
médicaments, etc.) ?
A Facteur Qu’est-ce qui aggrave votre douleur (position du corps, de la partie douloureuse, mouvements, repos,
Aggravants médicaments, etc.) ?
S Signes associés Vous sentez-vous fiévreux/avez-vous eu de la fièvre ? Avez-vous maigri ces derniers temps ? Vous
sentez-vous fatigué ? Avez-vous perdu l’appétit ? Etc.
E Examens Avez-vous consulté un médecin pour la raison qui vous amène aujourd’hui ? Avez-vous réalisé
médicaux des examens médicaux ?
Investigation de l’appareil
urogénital – Mi-Co-Ré
Figure 1.5. Test « au diapason ».
Patient en position de confort, zone à tester Évoquer la miction avec un homme de plus de
facilement accessible pour le praticien. Stéthoscope
en écoute à une extrémité de l’os à tester. Frapper
50 ans est primordial dans le cadre du dépis-
le diapason sur un plan dur pour déclencher la tage des troubles de la prostate. Les questions
vibration, puis appliquer l’extrémité du manche urologiques concernent essentiellement la mic-
perpendiculairement au plan superficiel de l’autre tion (VICE). Le changement des urines (odeur,
extrémité de l’os à tester. Exemple ici dans le cas
d’une suspicion de fracture de la fibula.
couleur) est un critère qui peut intéresser l’ostéo-
(Source : C. Bonnithon.) pathe dans un contexte de douleurs pelviennes
ou lombaires. Les troubles rénaux sont évoqués
1 Les critères d’Ottawa sont développés au cha-
également.
pitre 11. L’autopalpation des seins est préconisée et
enseignée par la plupart des gynécologues, surtout
Chapitre 1. Investiguer le motif de consultation 13
chez une femme de plus de 50 ans dans le cadre de réagir sans retard pour réorienter un patient
de la prévention du cancer du sein. nécessitant une prise en charge médicale.
L’ostéopathe peut encourager une patiente à se En fonction des éléments recueillis à l’anam-
faire suivre par un gynécologue quelle que soit sa nèse, l’ostéopathe doit ainsi conseiller au patient
situation de vie (cancer, douleurs, etc.). de consulter un médecin, et ce plus particulière-
Lésions, écoulements, démangeaisons, œdèmes ment selon la nature de la douleur.
sont communs aux deux sexes et sont des signes Le décret n° 2016-994 du 20 juillet 2016 fixe
motivant une réorientation du patient vers un les modalités relatives aux « conditions d’échange
médecin. et de partage d’informations entre professionnels
• Investiguer l’appareil urinaire – VICE- de santé et autres professionnels des champs social
COR : et médico-social et à l’accès aux informations de
– V – miction Volontaire (impériosité, inconti- santé à caractère personnel ». Deux conditions
nence, énurésies) sont rappelées par la note du Syndicat français des
– I – miction Indolore (douleurs, brûlures) ostéopathes de France (SFDO) sur les conditions
– C – miction Complète (sensation de réten- d’échanges des informations :
tion) • cet échange ne peut avoir lieu que dans la limite
– E – miction Efficace (fréquence, force, calibre des seules informations strictement nécessaires
du jet) à la coordination ou à la continuité des soins, à
la prévention, ou au suivi médico-social et social
– C – Couleur des urines (foncées, claires,
de ladite personne, ainsi que dans le périmètre
rouges)
des missions des soignants ;
– O – Odeur des urines
• le patient doit être informé préalablement de
– R – Reins (calculs, troubles rénaux)
la nature des informations échangées et de la
• Investiguer l’appareil génital :
personne destinataire.
– féminin :
Dans le cadre d’un dialogue favorable au
− menstruations (date des dernières règles,
patient et en envisageant une prise en charge
douleurs, contraceptif)
pluridisciplinaire au profit de la santé du patient,
− gestité/parité (interruption volontaire/ un courrier type de réorientation du patient vers
involontaire de grossesse) un médecin est proposé dans la figure 1.6. Ce
− dyspareunie courrier sera évidemment adapté à la situation,
− seins (autopalpation, grosseurs, écoule- au type de communication mis en place avec le
ments, douleurs) médecin, ainsi qu’à l’expérience du praticien.
– masculin :
− douleurs (pénis, testicules)
− prostate (suivi médical, antécédents) Concepts de posturologie :
observer le patient
La réorientation Investiguer le motif de consultation passe par
vers un médecin l’interrogatoire du patient, mais également par
l’observation. L’observation globale du patient
Au cours des premières consultations, le praticien est une première phase de l’examen clinique
analyse chaque signe décrit par le patient. Le ostéopathique. De la salle d’attente jusqu’à
manque de discernement lié au manque d’expé- l’entrée dans le cabinet de consultation, en pas-
rience peut inciter à la réorientation du patient sant par les positions adoptées par le patient lors
vers le médecin au moindre doute. Même si, avec de l’interrogatoire, pour aboutir à l’examen sur
la maîtrise de l’examen clinique, le praticien gagne la table de pratique, l’observation du praticien
en confiance, il importe de rester pleinement reste un acte essentiel. Tant sur le plan des
conscient de son champ de compétences. Il s’agit mouvements que le patient réalise que sur celui
14 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie
des postures qu’il adopte, le praticien recueille qu’un schéma postural correspond à un individu
des informations qu’il exploite tout au long de dans un contexte donné et à une période don-
la consultation. Pour Marin et al., l’observation née. Si l’on prend en compte les modèles cités
posturale statistique présente une validité de 60 ci-dessus, seule une analyse ostéopathique de
à 85 % dans l’examen clinique ostéopathique. Les la globalité du patient peut permettre d’établir
auteurs précisent toutefois que « l’observation un profil postural et des liens dysfonctionnels
est indissociable des autres étapes de l’examen ostéopathiques.
clinique ostéopathique […]. L’ensemble s’inscrit
dans une logique globale d’évaluation et de prise
en charge du patient » [160]. L’examen clinique
Le terme « posturologie » est de plus en en ostéopathie : un bilan
plus utilisé en médecine non conventionnelle homéostasique
lorsqu’on évoque les relations entre la posture du
corps et les troubles fonctionnels. La posturologie L’ostéopathie permet d’intervenir dans le cadre
permet de décrypter la relation anatomique et du soulagement des douleurs, mais elle est aussi
fonctionnelle entre certaines attitudes posturales plébiscitée pour ses aspects préventifs. La consul-
et des pathologies [40]. tation-bilan est recommandée selon une fré-
La figure 1.7 propose une version très simplifiée quence annuelle par la plupart des praticiens. Elle
d’un rétrocontrôle postural. Cependant, la pos- vise à rétablir un équilibre dans les fonctionnalités
turologie repose sur des modèles complexes tels du corps, gage d’« un état de complet bien-être
que [45] : physique, mental et social », pour reprendre les
• le modèle neurophysiologique, fondé sur termes de la définition de la santé par l’Organisa-
l’étude de l’équilibre postural ; tion mondiale de la santé (OMS), dans le préam-
• le modèle biomécanique, qui tient compte de bule de sa constitution en 1946. Cette définition
la relation entre les attitudes corporelles et la précise aussi que la santé « ne consiste pas seule-
gravité terrestre autour des mécanismes ves- ment en une absence de maladie ou d’infirmité ».
tibulaires et des réflexes spinaux ; Il existe ainsi des états intermédiaires entre bonne
• le modèle psychosomatique, qui tient compte santé et pathologie. Ces étapes sont caractérisées
des facteurs psychosociaux de l’individu ; par la présence de dysfonctions que le corps lui-
• le modèle psychodémographique, issus des fac- même arrive à réguler. L’ostéopathie permet une
teurs liés à l’évolution de l’espèce (passage à la intervention sur ces dysfonctions pour favoriser
bipédie). un retour vers l’homéostasie5.
Du fait de la grande complexité des modèles
élaborés en posturologie, et étant donné les
5. Homéostasie : « processus de régulation par lequel
paramètres innombrables à prendre en compte, l’organisme maintient les constantes du milieu intérieur
proposer une synthèse dépasse l’objectif de ce (ensemble des liquides de l’organisme) entre les limites des
livre. Cependant, il convient de garder à l’esprit valeurs normales » (Le Petit Larousse).
16 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie
Génétique
Devant un patient qui se présente en première
• Composition génétique intention avec une douleur associée à une ou
de l’individu
plusieurs des caractéristiques suivantes, la réorien-
Information Perception
sensorielle
Cognitivo-émotionnel
subjective tation médicale est vivement recommandée :
• Histoire de ses
apprentissages préalables • pas de position antalgique ;
• État psychologique actuel • douleur intense et incessante, sans notion de
• Influences socioculturelles
traumatisme ;
Figure 2.1. Le filtre de la douleur, de l’information • douleur résistante aux médicaments ;
sensorielle à la perception subjective.
(Source : P. Gadet.)
• recrudescence nocturne ;
• fièvre prolongée ;
formalisé de janvier 20092, la Haute autorité de • douleur associée à des troubles psychiques ;
santé (HAS) définit la douleur chronique comme • incapacité d’uriner ou de se retenir d’uriner ;
« un syndrome multidimensionnel, lorsque la • spasme intense.
douleur exprimée, quelles que soient sa topogra-
phie et son intensité, persiste ou est récurrente Types de douleur
au-delà de ce qui est habituel pour la cause
initiale présumée ». On y lit également que la L’anamnèse (voir chapitre 1) est évidemment
douleur chronique « répond insuffisamment au primordiale dans la première étape d’analyse de
traitement, ou entraîne une détérioration signifi- la douleur. Le type de douleur présenté par le
cative et progressive des capacités fonctionnelles patient doit être analysé avec soin par le praticien.
et relationnelles du patient ». Autour de cette L’encadré 2.1 répertorie les principales carac-
notion de « syndrome multidimensionnel », téristiques des cinq différents types de douleur
l’analyse par l’ostéopathe des modes d’installa- pouvant être rencontrés en cabinet d’ostéopathie.
tion d’une douleur chronique revêt un caractère En parallèle du type de douleur, les termes
prépondérant dans le concept de prise en charge qu’utilise le patient pour décrire sa douleur peu-
globale du patient. vent aider le praticien à déterminer son origine
(tableau 2.1).
Par ailleurs, il est important de faire préciser
Les drapeaux rouges au patient la nature des éventuelles irradiations
de la douleur pour l’ostéopathe qui accompagnent la douleur. Une irradiation
« électrique » ressentie sur la face postérieure de
Les « drapeaux rouges » sont les caractéristiques la cuisse et qui accompagne une douleur lom-
alarmantes de la douleur. Ils peuvent permettre à baire basse présente un caractère neuropathique.
l’ostéopathe de réorienter sans retard un patient La hernie discale, par la compression radiculaire
nécessitant une prise en charge médicale en urgence. qu’elle peut engendrer, déclenche alors ce type
Toutefois, ils sont à pondérer par le contexte et la d’irradiation « électrique » typique décrite dans
situation propre à chaque patient. Ainsi, si une la « sciatique ». On introduit alors la notion de
fièvre est le signe d’une infection nécessitant l’inter- douleur projetée et non pas de douleur référée
vention d’un médecin, une douleur résistante aux (voir plus loin dans ce chapitre).
médicaments est à nuancer s’il s’agit d’une auto Cette nuance entre douleur projetée et douleur
médication inadéquate par le patient. Ainsi, l’ana- référée peut s’avérer utile pour établir le diagnos-
lyse et la synthèse des informations sont de rigueur tic ostéopathique.
dans tout processus décisionnel ostéopathique.
Encadré 2.1 Tableau 2.1. Termes utilisés par le patient pour décrire
un type de douleur et correspondance avec son origine
Les différents types de douleur structurelle*.
et leurs caractéristiques Termes descriptifs Structure corporelle
Douleur mécanique concernée
douleur sur son territoire d’innervation (der- décorrélée anatomiquement de la zone patholo-
matome S1 majoritairement). Le syndrome de gique du phénomène originel [212]. Le « bom-
compression du nerf ulnaire ou le syndrome du bardement intensif » de la zone médullaire par
canal carpien sont d’autres exemples de douleur des informations nociceptives serait à l’origine
projetée pathologique. de l’abaissement du seuil minimal de transmis-
Lorsqu’une douleur projetée s’installe, un sion de la douleur. La perception de la douleur
syndrome neurotrophique d’accompagnement intervient dès qu’un faible stimulus est appliqué.
peut survenir. Celui-ci consiste en une altéra- I.M. Korr reprend cette théorie qu’il appelle
tion tissulaire (dysfonction) au niveau des zones « phénomène de facilitation » [136]. La zone
de sensibilité cutanées (dermatomes), muscu- médullaire au niveau de laquelle convergent ces
laires (myotomes) ou ténopériostées (sclérotomes) informations nociceptives issues des organes vis-
pouvant être responsable de la persistance des céraux en souffrance serait le lieu d’échange des
douleurs [154]. informations à l’origine de la douleur référée.
C’est un lieu où les fibres nerveuses hyper-
sollicitées sont proches et nombreuses. Cette
Douleur référée hypersollicitation serait à l’origine de contractions
musculaires (perceptibles grâce à la palpation), de
La douleur référée est un processus physiopatho- vasoconstriction, de phénomènes sympathiques
logique dans lequel un grand nombre de compo- et parasympathiques.
santes interagissent. Son évaluation attentive est La douleur cardiaque (angor, infarctus du myo-
nécessaire pour permettre au praticien d’opti- carde) est un exemple de douleur référée qui suit
miser les tests et le traitement ostéopathique, le schéma suivant (figure 2.3) :
ainsi que d’établir un diagnostic d’opportu- 1. des informations sensitives proviennent des
nité voire d’envisager la réorientation médicale fibres afférentes des structures cardiaques ;
du patient. 2. les fibres nerveuses issues des voies viscéro- et
Des informations nociceptives en prove- extéroceptives convergent au niveau de la corne
nance des organes viscéraux influent sur les postérieure de la moelle épinière et peuvent se
connexions neuronales environnantes. Ce phé- focaliser sur les régions des dermatomes C8-T1
nomène engendre une « erreur psychique de (l’innervation sympathique du cœur est dis-
jugement » créant une zone référée de la douleur tribuée entre les niveaux C4-C8 et T1-T4) ;
Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 21
L3 L4 L5 S1
Figure 2.5. Douleur référée somatique selon Kellgren, issue de la sollicitation nociceptive des ligaments interépineux
des niveaux segmentaires indiqués (injection de solution hypertonique).
(D’après Bogduk [31].)
locorégionalement [126] : une hypersensibilité de viscérale [88, 250]. Le système digestif présente
la peau (hyperalgésie), ou des contractions mus- une relative autonomie de fonctionnement dans
culaires (hyperalgésie cutanéomusculaire). sa capacité de conversion des nutriments en éner-
À partir de ces constatations, des cartogra- gie, de synthèse des vitamines et d’équilibre du
phies de régions des douleurs référées issues système immunitaire. On observe également des
de structures profondes ont pu être réalisées voies d’échanges d’informations avec le cerveau
(figure 2.5). Il est important de noter que ces (par exemple la transmission de la sensation de
cartes n’ont rien à voir avec des représentations faim). Le système digestif, par son dialogue chi-
de territoires d’innervation. Ces cartographies mique et neurologique avec le cerveau, intervient
sont établies selon des régions douloureuses obte- dans les processus de régulation des fonctions
nues par stimulation nociceptive des ligaments du corps. La complexité des communications
interépineux des vertèbres (injection de solution entre le cerveau et le système digestif fait que
hypertonique au niveau de ces ligaments) et non l’étude de la douleur viscérale est rendue difficile.
par la sollicitation des racines spinales. Ce mécanisme – qui a fait l’objet d’un grand
Par ailleurs, plusieurs résultats d’expérimenta- nombre d’études récentes – a aussi été intégré
tions des années 1940-1960 montrent que la dans l’hypothèse explicative d’une dysfonction
douleur varie en localisation et en intensité selon ostéopathique, notamment par Korr [136].
la profondeur des structures. L’ensemble de ces tra- La douleur viscérale évolue selon deux phases
vaux sur la douleur issue des structures profondes décrites par Giamberardino et al. [88], qu’il
et sur ses conséquences physiologiques tissulaires semble intéressant d’évoquer dans le cadre de
sont la base des travaux de Travell et Simons sur l’examen clinique ostéopathique.
les trigger points dans les années 1980 [252, 273].
Phase secondaire
Douleur viscérale référée
• Localisation plus précise
• Hyperalgésie de la peau
ou des muscles
Phase primaire
Douleur viscérale vraie
• Localisation médiane, vague,
vague, diffuse
• Accompagnée de réactions
neurovégétatives (nausées,
vomissement,...) ex. appendicite
FACE DOS
ex. vésicule biliaire
FACE DOS
ex. calcul rénal (urétéral)
3. On différencie le signe de la sonnette tel que I.M. Korr 4. On trouve certaines de ces représentations sur les
le décrit et le test de la sonnette ou spring test (pression sur moteurs de recherche sur Internet en utilisant les mots clés
les muscles paravertébraux ; voir chapitre 10). « sclérotome », « pain », ou « chart ».
Trajet des nerfs intercostaux
en correspondance
avec la vertèbre
T1
Diaphragme C4 T2
T3
T4
T5
Cœur T3-T4
T6
T7
T8
Estomac T8
T9
T10
T11
Duodénum T10
Côlon T11
Vessie T12
Rein, uretères L1
Figure 2.7. La diffusion des nerfs intercostaux et leur correspondance avec les organes internes (« zones de Head »).
Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes,
les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(D’après Kleinschmidt, issue des travaux de Head et Mackenzie.)
26 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie
de douleurs viscérales. Il est ainsi possible de réflé- été déterminés à partir de plusieurs publications
chir à l’origine d’un schéma dysfonctionnel d’un dont les résultats sont relativement similaires
individu grâce à cet outil. [77, 107, 128].
C3-C6 Cœur
C7-T5
C4
C7-T5 Poumons
sous-diaphragmatiques
Organes viscéraux
C5 Foie
C6
T5-T9 Estomac
Rate
Pancréas
C7 C7
T1 T1 Reins, surrénales,
T10-L1
uretères
C6
Côlon ascendant
C8 C8 L1-L2 1/3 côlon transverse
Intestin
L5-S1 Vessie
Prostate
L4
S1
kinésiologie, etc.) sont fondées sur ces points en massage de certains points du corps ». Ces
tant qu’outil diagnostique et thérapeutique. points ne bénéficient d’aucune étude scien-
• Points de Knap. Ce sont des points parfois tifique valide à ce jour et ne sont donc pas
évoqués en ostéopathie. Gëorgia Knap a mis retenus dans cet ouvrage.
en évidence des points qui sont plus ou moins • Points de Chapman. Dans les années 1930,
douloureux en fonction de l’état pathologique Franck Chapman, D.O., a décrit une corres-
d’un individu. Ces points seraient liés à l’accu- pondance entre des points réflexes neurolym-
mulation de « déchets » empêchant une bonne phatiques et des fonctions organiques. Il a
circulation des fluides. Il a établi sa théorie sur établi une liste de points douloureux en lien,
la possibilité de « nettoyer l’organisme par le entre autres, avec des troubles viscéraux. À la
Correspondance des organes
C3-C6
Cœur
C7-TS
C7-TS Poumons
sous-diaphragmatiques
Organes viscéraux
Foie
T5-T9 Estomac
Rate
Pancréas
L5-S1 Vessie
Prostate
Encadré 2.2
même période, une équipe d’ostéopathes amé- sur ces points majore la douleur et que ceux-ci
ricains a travaillé autour de résultats cliniques sont à l’origine d’une limitation d’amplitude
et de dissections dans le but d’observer le lien par la douleur provoquée au mouvement. Bien
entre ces points et des organes en profondeur. que la cause organique reste inconnue, ces
Il existe plusieurs cas d’observation des points points restent un outil utilisé dans le domaine
de Chapman dans la littérature [42], mais ils médical [276]. Les points de Valleix sont réper-
ne permettent pas de justifier leur utilisation toriés pour diverses névralgies (névralgie cer-
comme outil diagnostique au sein de cet vicobrachiale, névralgie crurale, etc.). Ils sont
ouvrage. cités dans certains articles comme des outils de
• Tender points. L’ostéopathe américain Law- diagnostic médical, mais sans bénéficier d’étude
rence H. Jones a différencié les trigger points valide.
des tender points. Les tender points, objet des • Trigger points. À la différence des autres
techniques de L.H. Jones, sont des points points diagnostiques, les trigger points béné-
douloureux à la pression que cet auteur associe ficient d’une véritable exploration scientifique
pour quelques-uns à des troubles organiques. depuis les travaux de Janet Travell dans les
Les points de Jones sont associés aux tech- années 1980 [252, 273]. Une pression sur le
niques du même nom. trigger point reproduit la douleur à distance
• Tender spots. Ils sont décrits dans certains outils de celui-ci. Les régions de douleur référée
d’aide au diagnostic de la fibromyalgie. Ils des trigger points présentent des similarités
sont répertoriés en tant que points spécifiques avec les myotomes et les sclérotomes. Une
douloureux par une légère pression [7]. Les première étape de diagnostic, lorsqu’on utilise
tender spots étant spécifiques à une pathologie, les trigger points, est de localiser la douleur
ceux-ci ne s’intègrent a priori pas dans l’examen par rapport à la représentation des myo-
clinique ostéopathique. tomes et des sclérotomes fournies dans cet
• Points de Valleix. Ces points sont issus des ouvrage (voir plus haut). Une deuxième étape
travaux de François Valleix sur les névralgies à la consiste à apprendre la localisation précise
fin du xixe siècle. Valleix décrit qu’une pression des différents trigger points et les territoires
Innervation orthosympathique des organes Territoires des douleurs référées des organes
Émergences
selon Netter selon Head et Mackenzie
spinales et
dermatomes
Ganglions Organes Organes
C1
C2 Ganglion cervical
C3 supérieur
C4 Diaphragme Diaphragme
C5 Ganglion cervical
C6 inférieur
C7
Cœur
C8
D1 Ganglions
thoraciques Poumons
D2 Cœur
D3 Poumons
D4
D5 Estomac
D6 Foie
Nerf grand splanchnique Foie,
D7 Ganglion cœliaque Vésicule biliaire
thoracique Estomac vésicule
S4
S5
Figure 2.16. Comparaison des niveaux d’innervation sympathique selon Netter et des niveaux de douleur référée.
Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes,
les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(Source : d’après Netter [180], et Head H. On disturbances of sensation with especial reference to the pain of visceral disease. Brain 1896 ; 19(2-3) : 153-276.)
36 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie
TP du deltoïde
antérieur
TP du subscapulaire
TP du brachial
TP du biceps
TP du brachioradial
TP du fléchisseur TP des adducteurs
ulnaire du carpe de hanche
TP du fléchisseur
radial du carpe TP du droit fémoral
TP du long palmaire
TP de I’opposant
du pouce
TP du tibial antérieur
TP du long extenseur
des orteils
TP du 3e espace
interosseux
a
TP du deltoïde
postérieur TP de I’élévateur
de la scapula
TP du petit rond TP du supra-épineux
TP du grand rond
TP de I’infra-épineux
TP du triceps
TP du groupe
des extenseurs
TP du moyen fessier
TP de I’extenseur
de I’index TP du petit fessier
TP de l’abducteur TP du piriforme
du 5e doigt
TP du long fibulaire
TP du gastrocnémien
médial
TP du court fibulaire
TP du soléaire
b
Figure 2.17. Représentation des trigger points (TP) en faces antérieure (a) et postérieure (b) du corps.
(D’après Travell et Simons [252, 273].)
de douleur référée associés, objet des pub- trigger points en faces antérieure et postérieure
lications de J. Travell et D. Simons. La du corps. Si la connaissance de ces points
figure 2.17 propose une représentation des apporte une aide dans la recherche d’un muscle
Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 37
spasmé, la connaissance des régions de douleur tent d’établir une correspondance visuelle des
référées engendrées par la pression sur ces structures somatiques et viscérales par l’inter-
points présente également un intérêt. médiaire de leur niveau médullaire d’innerva-
tion et permet ainsi une visualisation globale.
Cette carte est disponible au format PDF, elle
Compléments en ligne est accompagnée des pdf de chaque figure la
composant.
La carte Dermatomes, myotomes, sclérotomes, vis- Pour accéder à ces fichiers, connectez-vous sur
cérotomes reprend les figures 2.8, 2.10 à 2.15 http://www.em-consulte.com/e-complement/475636
ainsi que le tableau 2.16 du chapitre 2. Les et suivez les instructions pour activer votre accès.
codes couleurs utilisés pour ces figures permet-
Chapitre 3
Ostéopathie et prévention
L’apport de l’application Elle se veut alors un moyen pédagogique pour que
de l’éducation thérapeutique le patient puisse acquérir des compétences d’auto-
soin dans le cas d’une pathologie chronique.
en ostéopathie La conception de l’ETP selon Brigitte Sandrin,
médecin de santé publique, correspond à ce qui
En fin de consultation, des conseils sont souvent devrait être entrepris dans le cadre de l’approche
prodigués au patient afin que les bénéfices de la ostéopathique, notamment parce qu’elle insiste
séance d’ostéopathie puissent s’installer durable- sur la rencontre soignant-soigné et sur l’intégra-
ment. Mais ces conseils sont souvent transmis au tion d’une démarche éducative des soins. Cette
patient sans s’intéresser à son contexte de vie et démarche exige d’abord ce qu’elle appelle un
sans que le praticien se soit d’abord inquiété des « bilan éducatif partagé » [240] :
vraies problématiques en se demandant notam-
ment : « Ce patient est-il en mesure de mettre ces « Aider un patient à prendre soin de lui-même ne
repose pas que sur des objectifs pédagogiques et
conseils en application ? » « Que puis-je apporter
des activités d’apprentissage. […] Le terme de bilan
pour que mes conseils puissent être intégrés à son éducatif partagé correspond mieux au travail que les
mode de vie ? ». Au-delà du simple fait de « don- soignants ont à entreprendre avec les patients dans
ner un conseil », il est beaucoup plus profitable le cadre d’une démarche d’éducation thérapeutique :
il s’agit, à chaque rencontre, d’évaluer avec le patient
de veiller à ce que le patient comprenne l’intérêt de
où il en est, puis de convenir de ce qui pourrait
modifier un élément du quotidien pour améliorer éventuellement l’aider à mieux prendre soin de lui. »
sa qualité de vie à court, moyen ou long terme.
Quesnay et Gagnayre observent que les ostéo- L’écoute et l’échange que requiert l’ETP sont
pathes ne bénéficient actuellement d’aucune particulièrement adaptés pour potentialiser le trai-
formation visant à prodiguer efficacement les tement ostéopathique dans un quotidien de vie
conseils à leur patient [213]. En outre, les résul- propre à chacun.
tats de leur enquête montrent que les praticiens Utiliser l’éducation thérapeutique en parallèle
estiment que, si leurs conseils ne sont pas écoutés d’une pratique ostéopathique, c’est se donner les
et suivis, cela ne dépend que des patients. C’est au moyens de poser les bonnes questions au patient et
contraire le rôle du praticien que de s’intéresser d’éviter certaines situations contradictoires rencon-
au contexte de vie du patient et à ses capacités de trées au cours de séances. Voici quelques exemples de
prendre conscience de sa situation pour que des situations maladroites qui peuvent être évitées grâce
changements même minimes puissent être opérés. à une écoute attentive du contexte de vie du patient :
L’éducation thérapeutique du patient (ETP) • expliquer à un patient qu’il faut adopter une
s’inscrit pleinement dans une démarche de prise en alimentation équilibrée sans se soucier de ses
charge globale. Celle-ci est définie par l’Organisation préoccupations quotidiennes, du temps dont
mondiale de la santé (OMS) comme visant « à aider il dispose pour manger et des conditions dans
les patients à acquérir ou à maintenir les compé- lesquelles il prend ses repas ;
tences dont ils ont besoin pour gérer leur vie avec • insister pour qu’une patiente se repose en ren-
une maladie chronique » [82]. Elle a initialement été trant de la séance d’ostéopathie alors qu’elle va
conçue dans le cadre hospitalier de l’accompagne- devoir s’occuper seule de ses deux enfants et
ment des patients atteints de maladies chroniques. réaliser les tâches quotidiennes de la maison ;
Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie
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40 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie
– être pénalisé aujourd’hui dans ses mouve- l’amélioration de l’état clinique obtenu au cours
ments en raison de son surpoids. de la séance. L’éducation thérapeutique appliquée
• ressources, atouts et motivations du patient : à l’ostéopathie permet donc de consolider dans le
– le bien-être apporté par les activités avec ses temps les bienfaits d’une séance.
petits enfants ; Un patient ne suivra pas un conseil s’il n’a pas
– le besoin d’être dehors pour jardiner. compris pourquoi il doit le suivre et, surtout, si
• ce dont patient et praticien conviennent, en le conseil qui lui a été donné n’est pas adapté à
termes de priorités, de démarches et d’actions : ses priorités : nous ne faisons le plus souvent les
– s’asseoir pour prendre ses petits enfants dans choses que parce qu’elles ont du sens pour nous.
ses bras en évitant ainsi de se baisser pour le Il ne s’agit pour le praticien de chercher à obtenir
faire pourrait être une piste ; un acquiescement coûte que coûte de la part du
– un petit tabouret léger, pliant pour ses acti- patient, mais bien plutôt de s’évertuer à une prise
vités de jardinage pourrait lui permettre de de conscience progressive de la situation qui peut
se reposer régulièrement, voire de réaliser l’amener à modifier son comportement.
certaines plantations ; L’ostéopathe non seulement traite des res-
– la reprise de ces activités pourrait être un trictions tissulaires, mais de plus s’interroge sur
moyen de trouver une motivation pour envi- leur origine. Dans le cadre d’une éducation thé-
sager la diminution de certains apports ali- rapeutique, il est bon d’expliquer succinctement
mentaires et réduire l’apport calorique, voire au patient les origines supposées des dysfonctions
de consulter une diététicienne. ostéopathiques constatées : cela peut aider à
Dans l’exemple de cet homme de 70 ans, le mettre en lumière ce que les changements de
rôle de l’ostéopathe peut être de redonner une comportement ou de mode de vie pourraient
mobilité au patient, en lui apportant la preuve apporter.
qu’il peut retrouver des amplitudes de mouve- Comprendre la démarche de soin, prendre
ment jusque-là disparues. Cette démarche permet conscience de son corps et de soi-même au travers
au patient de prendre conscience de son propre d’une séance d’ostéopathie renforce les bienfaits
corps, de changer la représentation qu’il a de d’une séance. Le praticien doit faire en sorte que
ses capacités de mouvement et ainsi de lui incul- le patient s’implique activement dans sa santé.
quer un optimisme qui sera le moteur vers une L’ostéopathe a donc un rôle majeur à jouer
évolution favorable. L’ostéopathe bénéficie de dans le domaine de l’ETP, mais cela requiert de
cette façon d’un outil puissant afin de justifier les la pratique, notamment sur le plan du toucher
adaptations du quotidien requises pour maintenir relationnel (encadré 3.1).
Encadré 3.1
avec d’autres territoires d’innervation (voir cha- enseignement. Consulté de plus en plus en pre-
pitre 2, paragraphe « Dermatomes, myotomes, mière intention, l’ostéopathe est susceptible de
sclérotomes, viscérotomes »). devoir réorienter son patient vers un médecin
devant un tableau clinique hors de son champ
de compétences. Parallèlement, dans le cadre
Des symptômes d’une prise en charge pluridisciplinaire (médecin,
à la pathologie : le rôle kinésithérapeute, infirmière, psychologue, etc.),
de l’ostéopathe l’ostéopathe doit être attentif quant à l’évolution
d’une pathologie. À ce titre, cette deuxième
L’apprentissage des pathologies et de la sémiolo- partie propose une liste non exhaustive de signes
gie est un domaine majeur dans l’enseignement et de symptômes en lien avec des syndromes ou
de l’ostéopathie. Les disciplines médicales sont des pathologies qui présentent un intérêt pour
des parties intégrantes et nécessaires pour cet l’ostéopathe.
Chapitre 4. Présentation 47
Comme indiqué dans l’avant-propos, le décret diagnostic médical. L’ostéopathe réalise quant à
du 12 décembre 2014 relatif à la formation en lui le diagnostic ostéopathique et s’assure, par le
ostéopathie [172] a remplacé le terme de « test diagnostic d’opportunité (voir l’avant-propos),
médical » par celui d’« examen physique ». Pour que la prise en charge du patient relève de son
simplifier le discours pédagogique et favoriser champ de compétences1.
une meilleure compréhension, la dénomina- L’intérêt des tests médicaux pour l’ostéopathe
tion de « test médical » est adoptée dans cet relève des éléments suivants :
ouvrage. • ils permettent d’aborder l’aspect médical (pour
La réalisation de certains des tests médicaux parvenir au diagnostic d’opportunité) ;
exposés plus loin dans cette partie a subi au cours • la palpation mise en œuvre lors des tests du fait
du temps des modifications. D’autres tests ont du contact physique permet une évaluation de
été altérés par des interprétations erronées de la qualité des tissus superficiels et musculaires ;
leurs résultats. Dans la mesure du possible, le test • la réalisation de certains de ces tests avant puis
médical est présenté en se référant à sa version après une séance est un outil d’évaluation de
originale. Dans le cas où une version modifiée l’efficacité du traitement ostéopathique.
apporte davantage de fiabilité, c’est celle-ci qui Un test médical publié, référencé, standardisé,
est alors présentée, en indiquant les études ayant lorsqu’il est extrapolé à l’examen clinique de
permis sa validation. l’ostéopathe, offre la possibilité d’une reproduc-
tibilité des scores obtenus interpraticiens et une
comparaison interpatients. En effet, la standar-
Intérêt des tests médicaux disation des méthodologies et la reproductibilité
du geste permettent une relative fiabilité d’ana-
Les tests médicaux ont été établis initialement lyse interpraticiens et un comparatif interpatient
autour de constatations empiriques. La techno- autour de « normes » qui sont de plus en plus
logie scientifique actuelle a permis d’appuyer la attendues, essentiellement dans le cadre de la
fiabilité de certains tests médicaux et de vérifier recherche en ostéopathie. De plus, cette standar-
leur apport quant au diagnostic de certaines disation des « normes » que peuvent apporter
pathologies. Les examens complémentaires les tests médicaux favorise la possibilité d’une
restent dans la plupart des cas utiles, néces- communication entre praticiens.
saires, voire indispensables pour objectiver une
pathologie.
Une partie des signes cliniques est recueillie
lors de l’examen clinique grâce à ces tests médi- 1. Articles 1 et 2 du décret n˚ 2007-435 du 25 mars
caux. Le médecin utilise les signes cliniques et 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de
les résultats des tests médicaux pour établir un l’ostéopathie.
présence d’une pathologie et est considérée de ce cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas de
fait comme la sensibilité du test. lésion méniscale. On dit alors que la spécificité du
La réponse positive de certains tests a une test est faible.
grande valeur diagnostique. Par exemple :
• le test de Thessaly, lorsqu’il est positif, indique
une forte probabilité de lésion méniscale. On Sensibilité versus spécificité
dit alors que la sensibilité du test de Thessaly
La sensibilité d’un test indique le niveau de pro-
est élevée ;
babilité qu’une pathologie soit présente lorsque
• pour le test de Lasègue, la reproduction d’une
le test est positif : plus la sensibilité est élevée,
douleur lombaire avec irradiations en face pos-
plus la précision du diagnostic est fiable pour la
térieure du membre inférieur jusqu’au niveau
pathologie pour laquelle le test est conçu.
du talon est une réponse positive : on peut
La spécificité d’un test indique le niveau de
soupçonner une radiculopathie lombaire.
probabilité qu’il n’y ait pas de pathologie lorsque
Toutefois, les études montrent que le test de
le test est négatif : plus la spécificité est élevée,
Lasègue ne suffit pas à lui seul pour objectiver la
moins il y a de risque d’être en présence d’une
présence d’une hernie discale. Il ne présente pas
pathologie pour laquelle le test est conçu en cas
à lui seul une bonne sensibilité. Pour argumen-
de réponse négative (figure 5.2).
ter en faveur d’une hernie discale, il faut ajouter
Lorsqu’elles existent dans les publications don-
au test de Lasègue les tests de sensibilité, de
nées en référence, sensibilité et spécificité sont
motricité et de réflexe ostéotendineux2.
précisées pour les tests médicaux décrits plus loin
dans cet ouvrage.
Résultat négatif d’un test
médical : la notion de spécificité
Apprentissage
Un test médical est négatif lorsque son résultat des tests médicaux :
est normal, donc qu’il ne présente pas d’anomalie. acquérir la gestuelle
Lorsque la réponse normale au test a plus de
valeur que la présence d’une anomalie, on parle Pour une réalisation optimale des tests, l’appren-
de spécificité du test. tissage du geste en lui-même est une étape pri-
Dans l’exemple du test de Thessaly, nous avons mordiale. Une fois le geste maîtrisé, la subtilité de
vu ci-dessus que si la réponse est positive (le test l’analyse des réponses vient comme une seconde
reproduit la douleur), la probabilité est élevée étape. Celle-ci s’acquiert à condition d’une pra-
d’être en présence d’une lésion méniscale. En tique régulière et d’une connaissance précise de
revanche, s’il est négatif (absence de douleur), l’anatomie. Ces tests doivent être réalisés avec
méthode, rigueur et progressivité, en accompa-
2. Par cette combinaison, si tous les tests sont positifs, la gnant les mouvements pour guider le patient,
présence d’une radiculopathie lombaire est positive à 95 % et ce afin de garantir sa sécurité et d’éviter toute
(voir chapitre 10). lésion potentielle.
52 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Un point sur les tests ostéopathiques ne figurent pas dans cet ouvrage et
de mobilité et les sont laissés à la diligence du praticien, en fonction
de son cursus et de son expérience.
tests de biomécanique Les tests ostéopathiques sont une pratique fon-
damentale de l’art ostéopathique. Ils sont essen-
Les tests de mobilité, ou tests des « grands mouve- tiellement dépendants d’une expérience palpatoire
ments », sont décrits dans de nombreux ouvrages développée au cours de la pratique. Au cours de
de physiologie articulaire. Les degrés d’amplitude l’examen clinique, la palpation est prépondérante
et les plans de mouvements sont clairement théo- et un haut niveau de compétence est requis
risés par la littérature ad hoc. Ceux-ci sont une [149]. L’ostéopathe articule son exercice autour
première étape de l’examen clinique. de la palpation des muscles, des tissus mous et du
Les tests ostéopathiques sont, eux, fondés sur corps en globalité comme un gastro-entérologue
des lois biomécaniques (Fryette, Martindale, pratique la palpation de l’abdomen lors de l’exa-
Lovett, McConnel, etc.). Les méthodologies men clinique. « Abandonner la palpation au profit
dépendent des aspects de la pratique et des d’une analyse plus sophistiquée serait une erreur
techniques privilégiées par un praticien. Les tests mémorable » pour K. Lewit [149].
Chapitre 6
Tests médicaux généraux
Constantes vitales
Prise des pouls
Quel que soit le motif de consultation du patient
(douleur ou consultation-bilan), la prise de pouls
est indispensable dans le cadre d’une prise en
charge globale. La « loi de l’artère » d’A.T. Still
est le dogme qui doit motiver chaque praticien
en ce sens.
Une analyse simple peut être faite par l’ostéo-
pathe qui notera la présence du ou des pouls, le Figure 6.2. Pouls carotidien.
nombre de pulsation par minute, le rythme, la
régularité, la force et la symétrie du pouls entre
les membres. Ce sont là les premiers critères
d’analyse avant la deuxième phase qui consiste à
prendre la tension artérielle (voir plus loin).
Les localisations et la méthodologie de prise
des pouls sont données dans les figures 6.1
à 6.8.
Figure 6.5. Pouls inguinal. Figure 6.8. Pouls à la face médiale du pied.
seconde partie est « Les réflexes du cordonnier essentiellement dans le test de Fukuda [196]. Si
sensibilisent le nez en fonction de son souper » : le genre ne semble pas avoir d’influence sur les
• réflexes : réflexes ostéotendineux ; résultats des tests, l’âge occasionnerait certaines
• cordonnier : coordination ; variabilités. Les conclusions de l’étude de Paquet
• sensibilisent : test de la sensibilité ; et al. prêchent en faveur du test de Babinski-
• le nez : test des nerfs crâniens ; Weil1, qui présente moins de faux positifs et
• en fonction : notion de prise en compte des moins de variabilité interindividuelle. Toutefois,
troubles des fonctions supérieures ; il nécessite davantage d’espace pour être réalisé.
• souper : les troubles sphinctériens évoqués à Les tests de Fukuda et de la marche en étoile sont
l’interrogatoire. décrits ci-après, car nombreux sont les praticiens
à les utiliser indifféremment.
Objectif clinique :
Partie 1 – « Marcher debout • recherche d’une atteinte vestibulaire.
renforce et tonifie Babinski » Intérêt ostéopathique :
• observer la posture statique et dynamique.
Test de la marche
La marche permet d’évaluer l’équilibre et la coor- Test de Fukuda (ou test d’Unterberger)
dination des gestes d’un individu. Sa perturbation Connu sous le nom de Fukuda’s test aux États-
est donc très évocatrice de l’installation d’un Unis et de test d’Unterberger en Europe, le
trouble neurologique. L’examen de la marche test de la « marche sur place » est réalisé chez
débute lorsque le patient se lève et marche de la les patients qui consultent un médecin avec des
salle d’attente jusqu’en salle de consultation. On signes de vertiges, d’instabilités ou de nystagmus.
distinguera les troubles neurologiques de toute Décrit par Tadashi Fukuda en 1958, le test
anomalie de l’appareil locomoteur ou de toute dou consiste à faire marcher le patient sur place, les
leur perturbant les mouvements du patient. Les yeux fermés, bras tendu devant lui (figure 7.1).
démarches neurologiques sont nombreuses. Tou- Le patient effectue entre 50 et 100 pas à un
tefois, l’ostéopathe s’attache à déterminer tout rythme de marche normale. Le test est positif si le
schéma anormal au vu d’une perturbation d’équi- patient tourne sur place au fur et à mesure des pas
libre ou de la motricité. réalisés. La répartition du poids est majorée du
Objectifs cliniques : côté de la lésion vestibulaire, ce qui engendre une
• étude de la marche, balancement des bras syn- rotation à la marche du côté lésé. Fukuda décrit
chrones, appuis au sol, demi-tour harmonieux ; dans sa version originale que sont observés un
• évaluation de la musculature globale, de l’équi- balancement du corps, de la tête et du cou, ainsi
libre à la marche ; que tout décalage intempestif des bras du patient.
• la marche sur la pointe de pied puis sur les Une variation de l’angle initial de départ de 30 à
talons permet d’évaluer la force musculaire res- 45° peut être observée chez un sujet normal. Ces
pectivement des loges latérales (L5) puis des valeurs ne semblent pas varier avec l’âge. Néan-
loges postérieures (S1). moins, les déplacements longitudinaux et latéraux
Intérêt ostéopathique : augmentent avec l’âge du sujet [196]. On retien-
• observer la posture statique et dynamique. dra qu’une rotation de plus de 45-50° mérite
une réorientation médicale par l’ostéopathe. On
note que les études citées rapportent qu’aucun
Debout : tests de l’équilibre
déplacement du sujet vers l’arrière n’est observé
Ces tests permettent de déterminer s’il existe
une atteinte vestibulaire, latéralisée du côté de
1. Ne pas confondre le test de Babinski-Weil pour la
la rotation du patient pendant le test. Paquet coordination avec le signe de Babinski qui est le signe
et al. rapportent la possibilité de faux positifs et d’une perturbation du réflexe cutané plantaire (détaillé
d’une rotation du côté de la latéralité du patient, plus loin).
Chapitre 7. Tests neurologiques 59
Figure 7.1. Test de Fukuda (ou test d’Unterberger). Figure 7.2. Test de Babinski-Weil (ou de la marche
Le patient est debout, bras tendus devant lui, les yeux en étoile).
fermés. Il marche sur place, en effectuant entre 50 et Le patient est placé au milieu de la pièce, les yeux fermés.
100 pas à un rythme de 1 à 2 pas par seconde. On note Entre 5 et 10 pas doivent être faits pour que ce test ait
le nombre de degrés de rotation réalisés à l’issue du test, de la valeur. Pour permettre sa réalisation optimale,
ainsi que le sens de rotation. ce test nécessite une pièce de grande dimension,
sans objet ou mobilier pouvant risquer de perturber
ou d’entraver les mouvements du patient.
en conditions normales. Une évaluation simple
consiste à prendre une ligne au sol, point de
référence de la rotation constatée à l’issue du test. ostéopathique peut être mise en exergue par la
Les études montrent qu’une variation de pres- réalisation de ce test avant et après le traitement
sion du conduit auditif peut être à l’origine de ostéopathique.
cette rotation durant le test. En l’absence d’autre Objectifs cliniques :
signe d’urgence médicale et dans le cadre d’une • déterminer une anomalie de l’équilibre ;
simple investigation pour confirmer la possibi- • une dérive de plus de 45-50° de l’axe de départ
lité d’une prise en charge ostéopathique, l’inter- motive une réorientation vers un médecin.
rogatoire peut porter sur des épisodes anciens Intérêt ostéopathique :
de pathologies ORL (otites, sinusites, etc.) et de • observer la posture statique et dynamique.
troubles de la trompe auditive (trompe d’Eus-
tache), ainsi que sur de récentes activités ayant Test de Babinski-Weil (ou test de la « marche
pu entraîner des variations de pression atmosphé- en étoile »)
rique (plongée sous-marine, aéronautique, etc.). Le test de Babinski-Weil consiste à faire marcher
Chez un patient traité pour des vertiges posi- (figure 7.2). Il ne faut pas confondre ce test avec
tionnels, si l’intervention de l’ostéopathe est envi- le signe de Babinski recherché lors du test du
sagée (voir chapitre 8), l’efficacité du traitement réflexe cutané plantaire.
60 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Encadré 7.1
Figure 7.9. Réflexe ostéotendineux – C5-C6 bicipital. Figure 7.12. Réflexe ostéotendineux – C8 cubito-
pronateur.
Sur une compression radiculaire, selon le niveau Tests des nerfs crâniens
d’atteinte de la racine, l’altération de la motricité Il existe un grand nombre d’ouvrages qui
est possible sans atteinte initiale de la sensibilité. décrivent en détail l’examen clinique des voies
Quel que soit le processus de compression de la visuelles et des paires crâniennes. Les tests des
racine (hernie, protrusion, etc.), les signes sensitifs nerfs crâniens peuvent sembler complexes et hors
peuvent ou non précéder les signes moteurs. Par de propos pour l’ostéopathe. Pourtant, ils sont
conséquent, il ne semble pas y avoir un ordre une partie importante de l’examen neurologique
privilégié pour la réalisation des tests de sensibilité/ minimal à réaliser dans certains motifs de cépha-
motricité. Toutefois, les deux doivent être testées. lées ou de cervicalgies par exemple.
Objectif clinique : La synthèse proposée dans ce chapitre
• évaluer la sensibilité. apporte un outil adapté à l’examen clinique
Intérêt ostéopathique : ostéopathique :
• non applicable. • pour suivre l’évolution d’une pathologie neu-
rologique d’un patient qui consulterait l’ostéo-
Test de la sensibilité superficielle
pathe régulièrement, et pour alerter le médecin
Le test communément dénommé « pique-touche » s’il devait y avoir une évolution défavorable
est le plus souvent décrit comme le test de la de certains signes. La prise en charge doit être
sensibilité. Il présente cependant des objectifs à pluridisciplinaire et le suivi médical est indis-
distinguer : le test « touche » évalue la sensibilité pensable. En termes d’éducation thérapeutique,
tactile alors que le test « pique » évalue les voies la première étape pour l’ostéopathe consiste à
de la sensibilité thermoalgésique. guider le patient dans cette démarche de suivi
Le test « touche » est réalisé avec la pointe et à lui expliquer l’objet de la réorientation, le
ronde du manche du marteau réflexe. Ce test per- cas échéant (voir chapitre 3) ;
met d’évaluer les territoires d’innervation cutanés • pour alerter le praticien sur une pathologie
(dermatomes) (voir figure 2.8). d’installation lente et progressive, dont les
Le test « pique » est réalisé avec la pointe du signes évidents sont jusque-là inexistants, et
manche du marteau réflexe. Les territoires sur qui amène le patient à consulter un ostéo-
lesquels fonder l’investigation seront a priori iden- pathe pour diminuer des douleurs associées.
tiques à ceux des dermatomes de la figure 2.8. Le rôle de l’ostéopathe dans cet accompa-
Rappel : le côté sain est testé en premier, puis gnement est avant tout d’éviter tout retard
le côté lésé. de diagnostic en réorientant son patient vers
le médecin.
Test de la sensibilité profonde En parallèle de cette démarche vers le diag-
La sensibilité profonde fait référence à la pro- nostic d’opportunité, ces tests peuvent précé-
prioception, c’est-à-dire au ressenti lié à la posi- der des séances orientées autour de techniques
tion des articulations, des membres, du corps. élaborées sur le travail du crâne et des nerfs
Différents tests sont à la disposition du praticien. crâniens [15]. Dans ce contexte, la synthèse
Le praticien place l’hallux du patient dans une proposée peut permettre d’évaluer l’avant- et
position (flexion ou extension) et lui demande de l’après-séance.
décrire la position dans laquelle il se trouve. Cette version des tests des nerfs crâniens est
Le test doigt-nez pour le membre supérieur et simplifiée par rapport au test médical complet.
talon-genou pour le membre inférieur décrit pour La fiche de synthèse proposée à la figure 7.19
l’évaluation de la coordination des mouvements récapitule les tests des nerfs crâniens décrits et
peuvent être utilisés dans l’objectif d’évaluer la développés dans ce chapitre.
sensibilité profonde (voir figures 7.16 et 7.17). Objectif médical :
La figure 7.18 établit une synthèse concernant • évaluation de l’atteinte des paires crâniennes.
les atteintes des voies de la sensibilité et de la Intérêt ostéopathique :
motricité. • selon l’approche du praticien.
68 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Figure 7.18. Synthèse des atteintes des voies de la sensibilité et de la motricité et des tests médicaux d’évaluation
utiles pour l’ostéopathe.
* Plusieurs tractus et systèmes de rétrocontrôle composent la voie extrapyramidale.
** La sensibilité du Ve nerf crânien est évaluée dans le groupe de tests des nerfs crâniens.
*** Le réflexe ostéotendineux du Ve nerf crânien est évalué dans le groupe de tests des nerfs crâniens.
JNM : jonction neuromusculaire ; SNC : système nerveux central ; SNP : système nerveux périphérique.
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 7. Tests neurologiques 69
Figure 7.19. Synthèse des tests des nerfs crâniens adaptés à l’ostéopathie.
(Source : P. Gadet.)
Le test du IIe nerf crânien est réalisé en fond d’abord le mouvement de l’objet tenu par le
d’œil par le spécialiste. Au niveau de l’ostéopathe, praticien puis reviennent rapidement en position
des tests d’observation et de mouvement sont lar- de départ5.
gement suffisants pour envisager une quelconque
perturbation des paires crâniennes II et III : Nerfs V et VII
• paupières ouvertes/fermées : La sensibilité de la Ve paire crânienne est divisée
– asymétrie ; selon les trois zones de la face décrites ci-dessous
– ptosis partiel/complet (origine congénitale, et illustrée par la figure 2.8 consacrée aux
paralysie du IIIe nerf crânien, faiblesse mus- dermatomes :
culaire liée à l’âge, dysthyroïdie entraînant • V1 ophtalmique : au-delà de l’implantation des
une exophtalmie, syndrome Claude Bernard- cheveux, jusqu’au vertex ;
Horner entraînant une enophtalmie. • V2 maxillaire : région maxillaire au niveau des
• pupilles : pommettes et remonte en pointe latéralement
– alignement des pupilles (lésion du tronc céré- jusqu’aux tempes (partie inféro-antérieure du
bral, séquelles d’accident vasculaire cérébral muscle temporal) ;
[AVC], démyélinisation, etc.) ; • V3 mandibulaire : jusqu’au niveau de l’écaille du
– asymétrie. temporal, sauf l’angle inféro-postéro-latéral de la
• acuité visuelle par l’interrogatoire4 : le patient mandibule qui est innervé par la racine C2.
peut exprimer des difficultés croissantes à la Il est primordial de distinguer un déficit de
vision de près/de loin. sensibilité des racines cervicales C2 et C3 de celles
• champ visuel : chaque œil est testé séparément, des branches trigéminales. Outre l’impact sur le
de préférence avec un objet très visuel et de diagnostic d’opportunité, le diagnostic fonction-
couleur vive. nel ostéopathique serait erroné.
La névralgie, apanage des pathologies du V, est
Nerfs III, IV et VI décrite dans le chapitre 8, paragraphe « Céphalées ».
Ces trois nerfs sont responsables de l’oculomotri- Certaines considérations peuvent être précisées
cité. Toute paralysie peut objectiver une lésion d’un dans le cadre de l’exploration du nerf V [80] :
ou de plusieurs de ces nerfs et/ou une pathologie • devant une perte de sensibilité de l’un ou de
sous-jacente (par exemple sclérose en plaques, plusieurs de ces territoires, des antécédents
diabète, athérosclérose, tumeur, anévrisme, etc.). de zona ou une névralgie trigéminale seront
Le test de l’oculomotricité peut mettre en recherchés (la lésion du ganglion trigéminal
évidence la présence d’un nystagmus. Le nys- est envisagée). L’effleurement des territoires
tagmus est une oscillation (secousse rapide) des de sensibilité du V peut déclencher la névral-
yeux. Comme évoqué précédemment, le nys- gie (notion de « points gâchettes » dévelop-
tagmus peut être d’étiologie congénitale, corres- pée dans les ouvrages de Travell et Simons
pondre aux séquelles d’un AVC ou aux prémices [252, 273]) ;
d’une sclérose en plaques. Il est associé à une • une perte de sensibilité d’un seul des territoires
symptomatologie vertigineuse avec composante est plus spécifique des branches en fonction de
rotatoire lorsqu’il est d’origine périphérique (par leur région de passage :
exemple vestibulaire). Il est soutenu lorsqu’il est – le sinus caverneux ou la fente orbitaire sont
d’origine centrale. Les yeux du patient suivent associés à la branche V1,
premier temps, puis une progressive installation des classification des céphalées [108]. La figure 8.3
messages nociceptifs au niveau central, entraînant à propose une synthèse de cette classification selon
terme une chronicité de la pathologie [267]. que les céphalées sont primaires ou secondaires.
Connaître cette classification permet au pra-
ticien, d’une part, de mieux établir le diagnos-
Types de céphalées tic ostéopathique et, d’autre part, de pouvoir
et diagnostic ostéopathique dialoguer avec le médecin dans le cas d’une
réorientation.
La classification des céphalées est complexe et cer- Pour ce qui est des céphalées primaires, on
taines céphalées sont délicates à différencier tant retrouve :
les signes sont similaires. L’International Hea- • la migraine ;
dache Society a publié en 2013 une version de la • la céphalée de tension ;
76 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
aurait un déclenchement purement neurologique. Si les études valides manquent pour évaluer l’effi-
La caractéristique de la céphalée de tension est cacité des manipulations cervicales sur les CCG,
entre autres d’être bilatérale. La connaissance de d’autres objectivent leur intérêt [85, 182]. Dans
ces mécanismes différents est d’un réel intérêt la prise en charge clinique multidisciplinaire d’un
pour l’ostéopathe qui avisera en ce sens sur les patient atteint de céphalées – et en accord avec les
techniques à mettre en place. décrets ministériels sur la pratique de l’ostéopa-
La connaissance de l’anatomie de la tête et thie –, un traitement ostéopathique adapté aux dys-
du cou est aussi primordiale pour analyser les fonctions du patient peut ainsi être envisagé comme
territoires de douleur référée propres à la CCG. traitement de support efficace [30, 85, 227]. Les
Visualiser les dermatomes et myotomes de la zone études dans le domaine évoquent dans certains cas
présente un réel intérêt (voir chapitre 2). la nécessité d’un grand nombre de séances pour
Certains symptômes rendent délicate la diffé- parvenir à une potentielle efficacité [102].
renciation de la CCG :
• comme pour la céphalée de tension, la CCG
peut être déclenchée par un mécanisme à dis-
Quelques syndromes
tance ;
de céphalées
• comme la migraine, la CCG peut être accompa- Syndrome de Barré-Liéou
gnée de photophobie ou de nausées.
Par ailleurs, l’apparition ou la majoration de la Le syndrome de Barré-Liéou est décrit parfois
céphalée peut être provoquée par un mouvement comme migraine cervicale, céphalée cervicogé-
du cou ou en appliquant une pression manuelle nique, syndrome sympathique cervical postérieur,
sur la nuque. S’il existe une lésion cervicale ou encore vertige de l’arthrose cervicale. Les
récente ou passée, un lien peut être établi entre symptômes associés sont nombreux : céphalées
l’amélioration ou l’aggravation de la lésion cer- occipitales, nystagmus consécutifs à des mouve-
vicale et l’intensité ou la fréquence des céphalées. ments de tête, hyperesthésie de la cornée, spasmes
Pour ce qui est de l’origine du déclenchement musculaires, vision floue, vertiges ou encore acou-
de la CCG, la littérature propose plusieurs hypo- phènes pulsatiles. Devant cette constellation de
thèses, certaines d’entre elles pouvant constituer symptômes, le syndrome de Barré-Liéou n’est
des pistes d’investigation dans la démarche d’éta- plus aujourd’hui cantonné autour d’un problème
blissement d’un diagnostic ostéopathique : d’origine uniquement cervicale. Ce syndrome est
• perturbations ostéoligamentaires ; parfois décrit consécutivement à un traumatisme
• dysfonctions intervertébrales ; ou dans les cas d’arthrite cervicale au niveau des
• facteurs musculaires et aponévrotiques favori- disques C3 et C4, à l’origine de perturbations
sant les douleurs projetées (notion de trigger neurologiques et vasculaires au niveau des noyaux
points – voir ci-dessous) ; des Ve et VIIIe paires crâniennes. Toutefois, on
• influences de la deuxième racine cervicale, du retrouve dans ce panel de symptômes la vraisem-
nerf grand occipital ou « nerf d’Arnold » et du blance d’une insuffisance vertébrobasilaire qui
nerf vertébral. reste de toute évidence à prendre en considération
Au titre des douleurs projetées d’origine mus- dans l’examen clinique ostéopathique [60].
culaire, les muscles présentant le plus souvent des
Syndrome méningé
trigger points pouvant favoriser une CCG sont les
suivants : On observe une raideur nucale, diffuse sur tout le
• trapèzes ++ ; rachis, liée à une infection des méninges. Il existe
• sternocléidomastoïdiens ++ ; une possibilité de vomissements en jets, sans nau-
• muscles cervicaux postérieurs ++ ; sées. Selon l’état de santé du patient, les tests de
• muscles ptérygoïdiens latéraux ++ ; Kernig et Brudzinsky (voir plus loin) peuvent être
• muscles temporaux + ; réalisés devant ce tableau de syndrome méningé.
• muscles de la région épicrânienne frontale +. Une réorientation en urgence est requise.
82 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Figure 8.5. Test de l’artère vertébrale : les signes et symptômes d’alerte pour l’ostéopathe et ceux motivant l’exécu-
tion du test.
(Source : P. Gadet, d’après Wrisley et al. [291].)
céphalées et les cervicalgies [221]. Les hypothèses l’éducation thérapeutique, le rôle de l’ostéopathe
font référence à des chaînes musculo-aponé- peut être de conseiller les patients en fonction des
vrotiques en lien avec l’ATM spécifiquement. éléments recueillis lors de l’anamnèse5 sur la prise
Récemment, Myers a décrit – et illustré par des alimentaire ou le type d’alimentation/d’aliments,
photographies de dissection très explicites – des voire d’orienter vers un praticien dédié (diététi-
liens posturaux par des chaînes musculaires incluant cien, nutritionniste, naturopathe, etc.).
indirectement l’ATM autour de réseaux myofas- « J’ai un mal de crâne épouvantable, j’ai dû
ciaux [177]. Toutefois, l’impact de l’ATM dans la surcharger mon foie » est une expression courante
posture reste encore controversé et mérite de plus des lendemains de fête. Toutefois, l’origine hépa-
amples recherches [224]. Des liens ostéopathiques tique de la céphalée n’apparaît pas dans l’actuelle
de l’ATM avec la sphère crânienne existent aussi ; classification des céphalées. Les céphalées d’ori-
leurs spécificités ne sont pas développées car elles gine métabolique ou homéostasique existent,
dépassent l’objectif de cet ouvrage. mais sans lien strict attribué au foie. Une revue de
littérature médicale ne relève pas d’études valides
Céphalées d’origine viscérale sur la possible origine hépatique de la céphalée
[226]. Il reste nécessaire de préciser les liens
Un grand nombre des fibres afférentes sensi- ostéopathiques en la matière.
tives viscérales transitent par les voies parasympa-
thiques. Les informations de la douleur viscérale
convergent donc vers un ou plusieurs segments
Conclusion
d’innervation médullaire (voir chapitre 2, para-
graphe « Douleur viscérale référée »). Notam- Dans le cadre de la prise en charge de patients
ment, il existerait un retentissement de cette souffrant de céphalées, l’ostéopathie peut être
convergence d’informations des voies parasympa- envisagée comme complément thérapeutique non
thiques au niveau des régions du sacrum et médicamenteux. Outre la prise en charge pluridis-
du crâne [104]. L’étude précitée rapporte que ciplinaire au sein de laquelle elle prendrait place,
des antécédents de pathologies viscérales, des l’ostéopathie offre au patient la possibilité d’une
épisodes de vomissements répétés et des douleurs analyse fine des liens corporels sous-jacents, ali-
abdominales répétées dans l’enfance pourraient mentant la pathologie douloureuse.
engendrer chez l’adulte un terrain « migraineux ».
Selon ces considérations liées à l’influence de la
voie parasympathique issue des organes viscéraux 2. Cervicalgie, névralgie
sur les noyaux trigéminaux, des liens viscéraux
sont à envisager dans l’analyse de la céphalée en cervicobrachiale
ostéopathie. Une attention sera portée à cette
analyse face à un tableau de céphalée d’origine
et syndrome du défilé
métabolique qui, bien que traitée médicalement, thoracobrachial
pourrait altérer la qualité de vie du patient. Le
bilan ostéopathique servira de base d’analyse des
dysfonctions ostéopathiques pouvant potentialiser
une participation au mécanisme de survenue.
Présentation
Une revue de littérature assez récente [225]
conclut que certaines migraines peuvent être Cervicalgie, névralgie cervicobrachiale et syn-
déclenchées par l’alimentation (il ne s’agit pas drome du défilé thoracobrachial sont inclus dans
de réactions allergiques). Si les résultats de cette cette même section. L’une pouvant découler de
étude restent discutables, ils suggèrent toutefois l’autre, ces trois symptomatologies sont décrites
qu’une attention particulière soit prêtée au lien
possible entre le déclenchement des migraines et le 5. Les dysfonctions ostéopathiques viscérales peuvent
mode alimentaire du patient. Du point de vue de être révélatrices d’un schéma alimentaire inadapté.
86 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
ici selon une investigation similaire. La fiche de cervicales sont diagnostiqués tardivement. Le
synthèse de l’examen clinique ostéopathique pour rôle de l’ostéopathe consulté en première inten-
les trois atteintes (figure 8.7) résume les éléments tion est donc essentiel pour éviter tout retard
développés dans cette section. Certains signes de diagnostic. À ce titre, le C-Spine Rule [168]
fonctionnels communs orientent vers les mêmes propose une première « barrière d’arrêt » au
tests médicaux. service de l’ostéopathe consulté en première
Un grand nombre d’éléments permettent au intention pour des douleurs cervicales post-trau-
praticien, lors de l’examen clinique ostéopa- matiques sur un patient « conscient et alerte »
thique, de distinguer la douleur mécanique de (figure 8.8).
la « simple » cervicalgie ; les irradiations de la Dans un second temps, au cours d’un inter-
névralgie cervicobrachiale6 – qui correspond à rogatoire plus avancé et face à une cervicalgie
une compression de fibres nerveuses des racines persistante avec présence des signes indiqués dans
cervicales au niveau des foramens interverté- le tableau 8.1, la réorientation médicale est à
braux – ; et le syndrome du défilé thoracobrachial envisager si les lésions potentielles apparaissent
– qui correspond à une compression des racines comme probables.
cervicales dans leur partie distale (au niveau du
membre supérieur). Manipulations cervicales
et risques vasculaires
Cervicalgie Généralités
La cervicalgie est une douleur de nuque sans La question des manipulations vertébrales est
irradiations vers les membres supérieurs. Il s’agit essentiellement liée aux risques inhérents d’une
d’un motif de consultation fréquent, les étiologies dissection artérielle vertébrale ou carotidienne.
étant très variées : Certaines réponses positives au test de l’artère
• dégénérescence discovertébrale ; vertébrale (décrit plus loin) peuvent présenter
• traumatismes (whiplash, etc.) ; une mise en danger du patient : paresthésies, syn-
• tabagisme (recherche d’athérome) ; cope, nystagmus, troubles visuels et drop-attack7.
• port axial de charges (sur la tête) ; De ce fait, devant des signes cliniques laissant
• professions (dentistes, conducteurs profession- présager d’un risque d’insuffisance vertébroba-
nels, etc.) ; silaire, la manipulation vertébrale cervicale est
• antécédents de radiculopathie lombaire. contre-indiquée.
D’autres origines moins fréquentes peuvent
être citées : Risques d’insuffisance vertébrobasilaire
• métabolique ; Certaines pathologies peuvent potentialiser une
• exposition aux vibrations ; insuffisance vertébrobasilaire [129] :
• facteurs nutritionnels ; • traumatisme direct : blessures à la tête, whi-
• facteurs génétiques et auto-immuns ; plash, etc. ;
• facteurs dépendant de l’origine ethnique, du • hypertension ;
sexe, de la présence d’athérosclérose. • dyslipidémie ;
• athérosclérose ;
Drapeaux rouges • arthrose ;
• polyarthrite rhumatoïde ;
Davis et al. [57] estiment que 3 à 25 % des • inflammation des tissus endothéliaux (par
patients ayant subi un traumatisme avec lésions exemple artérite temporale) ;
6. Cette symptomatologie est aussi appelée « radiculo- 7. Drop-attack : chute brutale sans perte de connais-
pathie cervicale » ou « neuropathie cervicale ». sance.
Chapitre 8. Région cervicocéphalique 87
Figure 8.7. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique de la cervicalgie, névralgie cervicobrachiale (NCB)
et syndrome du défilé thoracobrachial (SDTB).
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 8. Région cervicocéphalique 89
Figure 8.8. D’après le C-Spine Rule, un organigramme décisionnel pouvant aider l’ostéopathe en première intention
face à un patient présentant une cervicalgie en situation post-traumatique.
(D’après Stiell IG, Wells GA, Vandemheen KL. The Canadian C-spine rule for radiography in alert and stable trauma patients. JAMA 2001 ; 286(15) ;
1841-8.)
Tableau 8.1. Signes d’alerte pour l’ostéopathe lorsqu’ils sont associés à une cervicalgie (d’après Cohen [51]).
Signes ou symptômes Lésions potentielles Drapeaux rouges
Signes neurologiques Perte de connaissance Fracture vertébrale, lésions (vasculaires, Traumatisme (chute,
Désorientation traumatiques, etc.) de la moelle épinière, AVP, whiplash, etc.)
Déficits cognitifs lésion ligamentaire
Céphalées
Autres symptômes neurologiques
Fatigue excessive Subluxation atloïdo-axoïdienne Polyarthrite rhumatoïde,
Démarche anormale, restriction de mobilité spondylarthropathies
cervicale, torticolis (spondylarthrites)
Déficits sensoriels et/ou moteurs
Atteinte pyramidale
Hyperréflexie Compression de moelle, maladie Lésion de la voie
Signe de Babinski démyélinisante pyramidale
Troubles sphinctériens et sexuels
Signes généraux Perte de poids Métastases, processus infectieux, Altération de l’état
Fièvre inexpliquée maladie rhumatologique auto-immune général
Anorexie
Antécédents familiaux/personnels de cancer
Douleur diffuse des articulations Dissection d’artères carotidienne ou Âge > 50 ans
Céphalée, baisse de l’acuité visuelle, autres vertébrale, myélomes multiples, hémopa-
signes neurologiques thie, tumeur maligne primitive, etc.
Fièvre Abcès épidural, spondylodiscite, Syndrome infectieux
Raideur nucale méningite
Photophobie
Taches de naissance, marques sur la peau Anomalie congénitale (maladie de Âge < 20 ans
Baisse des résultats scolaires, dépression, Scheuermann, spina bifida, etc.)
troubles psychiques Abus médicamenteux, drogue
Signes cardiaques Douleur irradiante dans le bras/mâchoire, Myocardite, infarctus, angor Douleur thoracique,
nausée hypersudation, dys-
pnée, pâleur
AVP : accident de la voie publique.
Tableau 8.2. Similitude des signes fonctionnels entre vertige positionnel paroxystique bénin et insuffisance verté-
brobasilaire (d’après Alshahrani et al. [5]).
Vertige positionnel paroxystique bénin Insuffisance vertébrobasilaire
Nystagmus (de manière constante) Nystagmus (de manière inconstante)
Vertige (intense) Vertige (apparaissant après un maintien prolongé des cervicales en extension-
rotation)
indiquent une absence de lésions anatomiques à du whiplash peuvent avoir un impact négatif sur
l’examen d’imagerie médicale, et l’étude montre la qualité de vie du patient jusqu’à 5 ans après le
une variabilité du caractère subjectif de la plainte, traumatisme [271].
selon les pays et selon le système de protection Dans le cas d’un whiplash médicalement inves-
sociale [218]. tigué qui ne présente aucune lésion mais dont
Des troubles proprioceptifs cervicaux et des les douleurs persistent, l’anticipation du choc
troubles de la relaxation des muscles spinaux peut être recherchée si elle a eu lieu. En effet, la
sont évoqués comme pouvant être à l’origine de contraction musculaire anticipatrice dans les chocs
troubles posturaux et d’une sensation de dés- prévisibles peut expliquer certaines douleurs cer-
équilibre. Enfin, une étude observe que les effets vicales persistantes [218].
92 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Les tests pour la névralgie Depuis les premières études des compressions
cervicobrachiale : du défilé thoracobrachial d’origine vasculaire
la combinaison gagnante élaborées par Adson au début du xxe siècle,
la compression d’origine neurologique est
Devant le grand nombre de signes communs aujourd’hui majoritairement évoquée [239].
entre le syndrome du défilé thoracobrachial et la Il existe une asymétrie anatomique entre les
névralgie cervicobrachiale, une synthèse des tests deux côtés chez un même sujet. Jochum et al.
(tous décrits dans la section suivante) permet- rapportent que la description anatomique d’un
tant d’orienter vers une suspicion de radiculopa- passage du plexus brachial entre les faisceaux
thie cervicale [105, 232] est proposée dans le des scalènes n’est retrouvée que dans 60 % des
tableau 8.3, les résultats étant spécifiés. cas sur 102 dissections [122]. En revanche, il
Les précautions suivantes sont à prendre : existe une majorité de variations anatomiques
• une suspicion de lésion du rachis cervical d’ori- où l’on observe une pénétration du faisceau du
gine traumatique, une douleur en augmenta- muscle scalène antérieur par les branches C5 et/
tion progressive au niveau du rachis cervical, ou C6. Un élément anatomique qui peut revêtir
des troubles neurologiques pouvant être en un intérêt ostéopathique est la description par les
lien avec une problématique d’origine cervicale auteurs du passage anatomique des racines C8,
doivent être investigués médicalement ; T1 à proximité de l’artère subclavière et du dôme
• un réflexe cutané plantaire en extension (signe pleural selon un plan plus profond que les racines
de Babinski) et des réflexes ostéotendineux C5, C6, C7. Les auteurs différencient également
exacerbés orientent vers une lésion de la moelle un plan antérieur composé des nerfs musculocu-
épinière. tané, médian et ulnaire, avec un plan postérieur
composé des nerfs axillaire et radial.
Tableau 8.3. Combinaison des tests orientant vers une névralgie cervicobrachiale (d’après [105, 232]).
Test Résultat
Test de Spurling Positif
Test de décompression dans l’axe Positif
Manœuvre de Valsalva Positif
Test d’étirement du membre supérieur* Négatif
* Le test d’étirement du membre supérieur, s’il est positif, est en faveur d’un syndrome du défilé thoracobrachial (voir texte).
Chapitre 8. Région cervicocéphalique 95
Tableau 8.4. Mécanismes de compression de type statique ou dynamique à l’origine d’un syndrome du défilé
thoracobrachial.
Structure comprimée Fréquence des cas
Mécanismes de compression de type statique
Variation de l’insertion du muscle scalène sur la 1re côte, Compression du plexus brachial et de l’artère 49 % des cas
entraînant un rétrécissement du défilé scalénique subclavière dans un passage délimité par les
muscles scalènes
Présence d’une côte surnuméraire ou transversomégalie Compression du plexus brachial et de l’artère < 1 % des cas et
de la 7e cervicale subclavière asymptomatique à 90 %
Anomalie de la 1re côte Compression du plexus brachial Fréquente chez les sujets
longilignes portant des
charges lourdes
Mécanismes de compression de type dynamique
Traction axiale de l’épaule par le bras On observe une « chute » du moignon de l’épaule NA
Abduction à 90° + rétropulsion de l’épaule Compression de l’artère axillaire et des branches NA
du plexus brachial
Compression du nerf médian par la présence
inconstante du muscle axillaire (de Langer)
Bord postérieur de la clavicule en hyperabduction Compression de l’artère axillaire et des branches 18 % des cas
du bras à 180° (pince costoclaviculaire) du plexus brachial
Tendon du petit pectoral Compression de l’artère subclavière par le petit Peu fréquent
pectoral contre l’apophyse coracoïde de la scapula
(syndrome du petit pectoral de Wright)
NA : non applicable.
(D’après Poitevin LA. Étude anatomique des défilés thoraco-cervico-brachiaux. 1988 ; 7(1) : 9.)
Test de la pince
3. Région costoclaviculaire – ou test
cervicocéphalique – du « garde-à-vous »
ou military brace position
tests médicaux
Proposé par Falconer et Weddell en 1943
Conformément à la législation définie par le et réévalué plus récemment par Rayan et al.
décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux [216], ce test est décrit pour sa visée neu-
actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopa- rologique mais permet, comme bon nombre
thie, certains principes sont à respecter dans le des tests décrits dans ce chapitre, d’objectiver
cadre de la mise en place d’une thérapie autour une compression vasculaire par l’évaluation du
des manipulations cervicales. pouls radial du patient. Au bilan, il s’agit par
ce test d’évaluer une potentielle compression
vasculonerveuse au niveau de la pince cos-
toclaviculaire (figure 8.9).
Palpation
La palpation des structures ligamentaires ratta-
chées à l’épineuse et des structures musculaires
autour de son articulation interapophysaire
permet d’objectiver les tensions de la zone et,
de ce fait, d’obtenir une première approche
de l’état de tension des segments vertébraux.
Cette palpation fait l’objet d’un enseignement
spécifique du cursus ostéopathique. Les tests de
mobilité du rachis sont réalisés en parallèle de
cette palpation.
Test de Tinel
À l’origine dénommé signe de Tinel et Hoff-
mann, le signe devint celui de Jules Tinel (1879-
1952) grâce aux travaux de Phalen. C’est en 1966
que ce dernier publia la triade du diagnostic du
canal carpien :
• signe de Tinel positif ;
• signe de Phalen positif ;
• paresthésies dans le territoire du nerf médian.
Le signe de Tinel (encadré 8.2) est obtenu
Figure 8.12. Test de Morley. par la percussion bidigitale prudente de la fosse
Le praticien est face au patient. Il réalise un appui
antéropostérieur avec la pulpe des pouces en
supraclaviculaire (présence du plexus brachial)
projection du processus transverse de C7, au niveau à la recherche de paresthésie le long des racines
du faisceau médial du muscle scalène pendant au C7-C8-T1 (figure 8.13). Le signe de Tinel peut
moins 30 secondes. Test positif : reproduction de la
symptomatologie dans l’extrémité du membre concerné.
Ce test est préférablement réalisé des deux côtés en Encadré 8.2
même temps. L’asymétrie du résultat est un élément de
positivité du test. Selon le positionnement des doigts qui
Signe de Tinel
réalisent la compression antéropostérieure, l’action peut Le signe de Tinel, issu du test éponyme, est
être davantage sur le processus transverse de C6 que sur plus connu dans son application au diagnos-
celui de C7 en projection de la fosse supraclaviculaire. tic du syndrome du canal carpien, mais reste
applicable dans bon nombre de syndromes
neurologiques. Il peut, par exemple, être uti-
lisé le long du trajet du nerf concerné dans
positivité. On note la proximité de l’insertion certains cas de suspicion de névralgies fémo-
du muscle scalène antérieur et la possibilité de rocutanées, pudendales, ou pour des cicatrices
présentant une hypersensibilité après lésion
fourmillements/paresthésies du fait de la compres-
d’un nerf (atteinte iatrogène postchirurgicale).
sion de l’artère subclavière. L’hypersensibilité au
Voici quelques autres de ses applications
niveau de la fosse supraclaviculaire révélée par le décrites par Sansone et al. [241] :
test de Morley est un critère diagnostique intéres- • syndrome du canal carpien ;
sant lorsqu’elle est asymétrique d’une part, et • syndrome du nerf ulnaire ;
lorsqu’elle reproduit la douleur projetée d’autre • syndrome du canal tarsien ;
part [140]. Toutefois, si ce test présente une bonne
• compression du nerf médian au niveau du
sensibilité, il est de faible spécificité. Il est néces- muscle rond pronateur ;
saire d’utiliser ce test en association avec d’autres • syndrome du défilé thoracobrachial ;
tests décrits dans cette section pour préciser le • radiculopathies cervicales.
diagnostic. Ces applications ont été décrites par Tinel vers
Objectif clinique : 1946, initialement dans le cadre de l’étude
• évaluation de la potentialité de compression clinique de la régénération des nerfs péri-
radiculaire au niveau des processus transverses phériques consécutivement à une lésion post-
de C7. traumatique. Cette régénération des nerfs,
Intérêts ostéopathiques : mécanisme encore méconnu aujourd’hui,
• évaluation pré-/post-traitement ostéopathique engendrerait un changement au niveau sensitif
des structures musculaires et ligamentaires tho- du nerf et modifierait sa réaction à un stimulus
mécanique de pression ou de percussion. Dans
raciques supérieures ;
le cas de la recherche d’une compression d’un
• densité musculaire ; nerf, cette caractéristique est extrapolée dans
• palpation de la fosse supraclaviculaire ; le but d’établir un diagnostic de neuropathie.
• mobilité de la 1re côte.
Chapitre 8. Région cervicocéphalique 101
Intérêts ostéopathiques :
• évaluation pré-/post-traitement ostéopathique ;
• aide à la détermination des structures mus-
culaires et fasciales incriminées au niveau du
membre supérieur, du fascia clavipectoral, des
fascias du bras et des avant-bras.
Test de Wright
Le test de Wright est parfois dénommé « test du
chandelier », bien qu’il existe une nuance entre
les deux [89]. Dans le test du « chandelier », le
patient amène d’emblée son bras en hyperabduc-
tion (180° d’abduction et légère rétropulsion). Le
test de Wright aboutit à la même position finale, Figure 8.17. Test de Wright.
Le praticien mesure le pouls radial du membre supérieur
mais envisage une évaluation du pouls radial à dif-
incriminé. Le patient élève le membre supérieur en hyper-
férentes angulations (30, 60, 90 et 180°). Ce test abduction, le praticien maintenant sa prise de pouls. Il
est décrit selon la description originale de Wright, note l’abolition/diminution du pouls.
104 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Figure 9.1. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique pour la douleur d’épaule.
AEG : altération de l’état général ; ATM : articulation temporomandibulaire ; IDM : infarctus du myocarde ; SCM : sterno-
cléidomastoïdien.
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 111
L’aggravation clinique est fréquente. Toutefois, Lors de l’examen clinique, on s’attachera à dis-
aucune efficacité d’un traitement médical par tinguer la perte de force liée à la restriction de
rapport à un autre ne semble aujourd’hui éma- mouvement et à la douleur, de la réelle perte de
ner de la littérature [162]. L’ostéopathe peut force liée à l’atrophie musculaire.
apporter un bénéfice dans le cadre d’une prise
en charge pluridisciplinaire. Certaines techniques
sur le rachis cervical semblent avoir montré une Articulation acromioclaviculaire
relative efficacité en chiropractie. Le diagnostic de
La douleur acromioclaviculaire n’est pas rare,
la capsulite rétractile est essentiellement clinique,
d’où l’intérêt pour l’ostéopathe de maîtriser les mais la localisation peu précise par le patient ne
tests médicaux de l’épaule. permet pas au praticien d’en déterminer d’emblée
Le diagnostic différentiel médical inclut les l’origine. Elle peut s’étendre de la partie moyenne
pathologies suivantes : de la clavicule jusqu’au deltoïde et présenter des
• arthropathie acromioclaviculaire ; irradiations sur la face latérale de l’avant-bras
• maladie auto-immune (lupus érythémateux, jusqu’au pouce [280]. Elle est la plupart du
polyarthrite rhumatoïde, etc.) ; temps associée à un conflit sous-acromial ou un
• tendinopathie bicipitale ; syndrome de la coiffe des rotateurs. Au cours de
• syndrome néoplasique ; l’examen clinique, la prise en compte de la phy-
• tendinopathie ou déchirure de la coiffe des siologie articulaire de l’articulation acromioclavi-
rotateurs (avec ou sans conflit sous-acromial) ; culaire associée à l’approche plus spécifique de la
• bursite subdeltoïdienne ou sous-acromiale. biomécanique articulaire en ostéopathie présente
Lors de l’examen clinique de la capsulite rétrac- un réel intérêt dans le soulagement de la douleur
tile, on observe typiquement, en fonction du d’épaule. Dans la section consacrée aux tests
stade de la pathologie [74] : médicaux de l’épaule, un test relativement récent
• une diminution de mouvement de l’articulation et d’une spécificité élevée pour l’évaluation de
glénohumérale de l’épaule atteinte accompa- l’articulation acromioclaviculaire [280] est précisé.
gnée de douleur ;
• une diminution du balancement du bras à la
marche ; Algoneurodystrophie
• une atrophie musculaire du côté atteint ;
• le fait que, pendant l’examen, le patient repose L’algoneurodystrophie ou algodystrophie sympa-
ou secoue son épaule ; thique est un ensemble de syndromes douloureux
• rarement, une sensibilité ponctuelle à la palpa- vasomoteurs et trophiques d’origine sympa-
tion. thique. On distingue une première phase pendant
Compte tenu du schéma adopté au sein de cet laquelle les signes inflammatoires sont présents3.
ouvrage, la douleur de capsulite rétractile de La phase secondaire marque la diminution des
l’épaule peut être décrite ainsi : symptômes inflammatoires.
• siège : localisée en partie antérieure ou pos- Au niveau du membre supérieur, les symptômes
térieure de la capsule ; suivants peuvent être présents :
• irradiation : vers le biceps ; • enraidissements actifs/passifs ;
• type : profonde, diffuse ; • syndrome épaule-main ;
• horaire : recrudescence nocturne ; • douleurs isolées de l’épaule ;
• intensité : élevée ; • douleurs isolées de la main ;
• signes associés : crépitements lors des mouve- • ostéoporose algique post-traumatique ;
ments ; • extrémités rouges et douloureuses.
• neuropathie distale (radiculopathie cervicale).
À noter qu’il n’y a pas de fièvre ni d’altération 3. Une raréfaction osseuse a priori d’origine vasculaire
de l’état général. par voie réflexe est observée par imagerie dans cette phase.
114 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
peut être favorable à l’amélioration de l’état cli- propension des techniques à améliorer la mobilité
nique du patient [35]. articulaire.
une laparoscopie4. Par extrapolation, on peut tête humérale et la cavité glénoïde, et permet le
envisager qu’une irritation de la partie inférieure maintien du rapport tension/longueur optimale
du diaphragme même minime et sans symptômes pour les muscles glénohuméraux (subscapulaire,
apparents, voire une dysfonction ostéopathique supra- et infra-épineux, petit rond, tendon du
au niveau des organes adjacents pourrait être long biceps, deltoïde). Une bonne mobilité de la
à l’origine de douleurs d’épaule. Les douleurs surface scapulothoracique sera recherchée.
d’épaule en relation avec la distension des organes Une perte de force musculaire dans les mouve-
creux (estomac, œsophage) sont en lien avec ments d’épaule peut être révélatrice de certaines
la partie inférieure du diaphragme. La douleur symptomatologies [49] :
d’épaule d’origine biliaire est plus communément • diminution de la force en abduction et/ou
observée. rotation médiale : syndrome de la coiffe des
rotateurs ;
Douleur d’épaule d’origine biliaire • diminution de la force en rotation médiale :
lésion du muscle subscapulaire.
L’irritation de la vésicule et des voies biliaires à
Une série de tests fréquemment utilisés pour
proximité de la partie inférieure de la coupole
objectiver les pathologies de l’épaule et bénéficiant
diaphragmatique est à l’origine de la douleur
de nombreuses études précisant leurs sensibilité et
référée dans les dermatomes/myotomes C3-C4.
spécificité sont décrits plus loin. Outre l’objectif
Les fibres du nerf phrénique qui innervent la
de diagnostic d’opportunité, ces tests médicaux
capsule fibreuse du foie et du canal cholédocien
présentent l’intérêt ostéopathique d’une évalua-
transmettent l’information nociceptive.
tion avant et après séance et, dans le cadre d’un
Par ailleurs, la proximité, au niveau de la corne
suivi thérapeutique, entre deux séances.
postérieure de la moelle épinière, des fibres
afférentes orthosympathiques du nerf splanch-
nique (en provenance de la vésicule et des
voies biliaires) et des fibres en provenance des
Conclusion
régions somatiques de la zone des dermatomes
du niveau scapulaire est une des hypothèses de la Un grand nombre de problématiques de l’épaule
douleur référée d’origine biliaire. Cette douleur sont liées à la répétition de mouvements, au
transfixiante scapulaire ou interscapulaire serait manque d’exercice ou à un manque de force mus-
une traduction erronée de localisation par le culaire. Dans le cadre de motifs de consultation
cortex. essentiellement orientés autour des contraintes
professionnelles, l’ergonomie du poste de travail
est un axe d’analyse à prendre en compte [112].
Tests médicaux Une prise en charge ostéopathique des dou-
leurs d’épaule permet de redonner une mobilité
de l’épaule. Une étude sur une vingtaine de
Les mouvements d’épaule en deux temps intro-
patients argumente sur le fait que des techniques
duisent la notion de rythme scapulohuméral5. La
manipulatives des étages vertébraux thoraciques
physiologie articulaire du mouvement de la sca-
et des côtes sont démontrées comme pouvant
pula permet d’augmenter les amplitudes totales
aider à soulager rapidement une douleur d’épaule
de l’épaule, d’offrir un contact optimal entre la
[261]. Quoi qu’il en soit, l’exercice du mem-
bre supérieur et l’exercice physique général sous
4. Le gaz injecté pendant l’intervention et la distension contrôle du kinésithérapeute restent bénéfiques
des structures en contact direct avec la base du diaphragme pour l’amélioration de la symptomatologie. Un
seraient à l’origine de la douleur référée transmise par
l’intermédiaire du nerf phrénique.
grand nombre d’études observent que les dou-
5. Abduction glénohumérale puis abduction scapulo- leurs d’épaule, de toute origine, peuvent perdurer
thoracique. Il existe un troisième temps « rachidien » dans plusieurs mois, quels que soient les traitements
la description de l’abduction du bras à 180˚. mis en place.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 117
Figure 9.2. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique des douleurs du coude et/ou du poignet.
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 119
Figure 9.3. Les signes fonctionnels les plus couramment associés à une douleur au coude.
(Source : P. Gadet.)
pas de recrudescence nocturne. La fatigue mus- compte des myotomes des groupes musculaires
culaire et les irradiations dans l’avant-bras sont des de la zone incriminée est à considérer dans un
signes de compression du nerf médian au niveau concept de dysfonction ostéopathique.
du muscle rond pronateur. Il peut exister, chez les
patients présentant ces signes, des antécédents de
chirurgie du canal carpien. Raideur du coude
Alors que les tests sur le canal carpien peuvent
L’Institut français de chirurgie de la main met en
rester négatifs (test de Tinel essentiellement), la
valeur trois paramètres pouvant être à l’origine
pression digitale profonde du nerf médian au tiers
proximal de l’avant-bras, au niveau de la gouttière d’une raideur du coude9 :
• une incongruence des surfaces articulaires ;
bicipitale médiale, peut reproduire la symptoma-
• des anomalies osseuses (ossifications hétéroto-
tologie selon Tsionos et al. [274].
piques) péri-articulaires ;
Ces mêmes auteurs décrivent la compression
• une contracture des tissus péri-articulaires.
du nerf interosseux antérieur8 (IOA) comme pré-
Si l’incongruence des surfaces articulaires et les
sentant une grande similarité avec la compression
anomalies osseuses péri-articulaires ne répondent
du nerf médian par le muscle rond pronateur.
pas au champ de compétence de l’ostéopathie,
Une atteinte du nerf IOA sera évoquée face à
la contracture des tissus péri-articulaires peut
des antécédents de traumatisme de l’épaule plus
bénéficier d’une prise en charge de la part de l’ostéo-
spécifiquement (fracture de clavicule, luxation de
pathe. Comme dans tout bilan ostéopathique, le
l’épaule, etc.). À l’origine de ces compressions, les
membre supérieur sera considéré dans son inté-
auteurs notent :
gralité, sans oublier le concept de globalité qui
• la contraction musculaire inhabituelle ;
peut amener vers d’autres liens ostéopathiques.
• le port des charges lourdes ;
Lors de l’examen clinique ostéopathique pour
• des antécédents de contusions et d’hématomes
un motif de raideur du coude, les éléments
dans l’avant-bras ;
suivants seront recherchés :
• une plaie directe sur le nerf médian ;
• mode de survenue de la raideur : progressive ou
• une lésion iatrogène lors d’une ostéosynthèse
brutale ;
du radius ;
• si cette raideur est consécutive à des traitements
• un sommeil profond avec compression prolon-
pratiqués, l’ostéopathe s’intéressera au type de
gée du bras.
lésion à l’origine et au type de chirurgie réalisé
Le patient se plaint d’une faiblesse musculaire
(les comptes rendus opératoires précédents
gênante, d’une maladresse voire d’une perte de
peuvent être examinés) ;
dextérité lors de l’écriture. La différence majeure
• la durée et le type de la rééducation.
entre la compression du nerf IOA et celle du nerf
médian par le muscle rond pronateur est que le
patient ne décrit pas de douleur dans le membre
supérieur, est souvent indolore et ne présente Poignet
pas de signes sensitifs dans le territoire du nerf
médian. Après avoir procédé à une investigation du poi-
Au bilan, la palpation des muscles des loges gnet au niveau local, le membre supérieur dans
du bras et celle de l’avant-bras sont des étapes son intégralité sera évalué au niveau régional. Les
majeures dans le diagnostic ostéopathique liens ostéopathiques sont envisagés en suivant
complété par les tests médicaux. La prise en les structures selon le concept de dysfonction
linéaire adopté dans cet ouvrage (voir chapitre 4).
Comme évoqué plus haut, les tests du syndrome
8. Le nerf interosseux antérieur naît du nerf médian en
aval de l’épicondyle latéral, entre les deux chefs du rond
pronateur. 9. Source : www.institut-main.fr.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 123
pouce lors de l’écriture de SMS ou autres mes- syndrome du canal carpien, les tests de Phalen
sages sur le téléphone portable montrent que son et Tinel présentent une haute fiabilité [266].
hypersollicitation engendre cette pathologie10. Dans le cas d’une suspicion d’un syndrome du
Gustafsson et al. ont rapporté que des consé- nerf ulnaire, les tests de Tinel et de flexion du
quences de cette hypersollicitation du pouce sont coude sont utiles. Il existe également le signe
objectivées sur le membre supérieur dans son de Flick, un signe fonctionnel souvent décrit
ensemble, ainsi qu’au niveau du rachis cervical dans les cas de syndrome du canal carpien, mais
[100]. qui présente peu de fiabilité dans les études
Outre le diagnostic fonctionnel ostéopathique relevées : le patient se plaint de devoir secouer la
dans le cadre de la prise en charge pluridis- main pour faire passer la douleur lors de réveils
ciplinaire de la tendinite de De Quervain, le rôle nocturnes.
du praticien en termes d’éducation thérapeutique
vis-à-vis de l’adolescent « hyperconnecté » est
prépondérant afin de l’avertir des dangers d’une
telle pratique. Épaule, coude, poignet :
un examen clinique
indissociable
Syndrome du canal carpien
Le syndrome du canal carpien est une pathologie L’examen clinique du coude et du poignet passe
commune listée dans les TMS du membre supé- en premier lieu par l’évaluation du degré de
rieur, liée aux gestes répétés (meulage, polissage, mobilité dans tous les axes – flexion, extension,
assemblage, serrage, manipulation d’outils, etc.), rotation de l’avant-bras (pronosupination) –, et
ou à l’utilisation du talon de la main comme outil précise la stabilité de l’articulation. Il évalue la
de percussion. qualité de la peau, des muscles et l’état neuro-
Normand et al. rapportent qu’il existe d’autres logique, le cas échéant. La prise en compte du
pathologies du coude et de l’avant-bras pouvant poignet est nécessaire dans l’analyse des douleurs
engendrer des symptômes similaires à ceux d’un du poignet, comme décrit plus haut. Le membre
syndrome du canal carpien [184]. La connais- supérieur est bien sûr considéré dans sa totalité,
sance du trajet de passage du nerf médian permet en parallèle du bilan ostéopathique.
d’identifier plusieurs zones pouvant intéresser Les TMS du membre supérieur sont des motifs
l’ostéopathe dans son diagnostic fonctionnel. Le fréquents de consultation en cabinet d’ostéopa-
test d’étirement du membre supérieur permet thie. Le patient qui consulte pour ce genre de
de mettre en évidence la compression du nerf problématique n’est pas en mesure d’arrêter de
médian au niveau de la tête humérale. Mais tout travailler, sauf en cas de maladie professionnelle
au long du trajet du nerf médian, il est envisa- avérée et décrite comme telle par le médecin.
geable de rencontrer des points de compression L’atout de l’ostéopathe est de rechercher dans
(voir plus haut le paragraphe « Syndromes de son bilan global toutes les dysfonctions à distance
compression du nerf médian et du nerf inter- pouvant favoriser la mise en place des TMS. La
osseux antérieur »). considération du membre supérieur dans son
Il existe des tests qui présentent une haute intégralité est donc indispensable, la représenta-
fiabilité dans l’investigation des douleurs du tion des dermatomes, myotomes et sclérotomes
poignet en fonction des signes que présente le (voir les figures 2.10 à 2.16) étant, dans cette
patient [275]. Dans le cas d’une suspicion du démarche, d’un réel intérêt. À ce titre, le syn-
drome du double crush (voir chapitre 8) est en lien
avec une compression neurologique proximale
10. L’étude est réalisée sur des adolescents écrivant plus pouvant avoir une incidence distale (par exemple
de 100 messages par jour, les premières douleurs apparais- compression du plexus brachial et syndrome du
sant au bout de 30 par jour. canal carpien).
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 125
3. Région appendiculaire
supérieure – tests
médicaux
Épaule
Le praticien évalue la mobilité fonctionnelle de
l’épaule en fonction de structures spécifiques.
Il est assez commun d’observer une moindre Figure 9.4. Scratch test d’Apley – 1.
mobilité du côté de l’épaule dominante, évaluée Le patient saisit la partie antérieure du moignon de
lors des tests de grands mouvements. L’évaluation l’épaule controlatérale alternativement avec une main puis
ostéopathique des micromouvements reste, quant l’autre. L’articulation glénohumérale est en adduction, en
rotation médiale et en flexion horizontale (ou antéflexion) ;
à elle, sensible à une quantité de mouvements on note la limitation du mouvement de traction de la
équilibrée autour d’un point neutre. scapula. On observe l’asymétrie de mouvement entre les
Les tests présentés sont les plus fréquemment deux côtés et/ou si le patient ne peut pas atteindre le
cités lorsqu’il s’agit d’évaluer une lésion au niveau moignon de l’épaule opposée avec sa main.
de l’épaule [173]. Outre l’objectif du diagnostic
d’opportunité, ils sont le moyen pour l’ostéo-
pathe de rechercher avec précision la structure
douloureuse de ce système articulaire, ligamen-
taire et musculaire complexe.
Les tests présentés ci-après permettent au pra-
ticien ostéopathe d’évaluer la mobilité passive
des membres dans un protocole d’évaluation de
l’épaule. Certains tests peuvent être réalisés avant
et après la séance, dans le but d’évaluer le bénéfice
de la thérapeutique. Le praticien garde à l’esprit
que, devant tout test positif, une réorientation
vers un médecin peut être nécessaire pour établir
un diagnostic médical. Figure 9.5. Scratch test d’Apley – 2.
Le patient amène son bras dans le dos par-dessus
l’épaule pour toucher la nuque avec son pouce (comme
Évaluation globale de l’épaule : s’il voulait se gratter). L’articulation glénohumérale est
en abduction, rotation latérale et la scapula en sonnette
le scratch test d’Apley externe. On note l’asymétrie « importante » de mouvement
entre les deux côtés. N.B. : On observe toujours une
La position de la main du patient et, plus spéci- asymétrie entre les deux côtés, par le simple fait de la
fiquement, la position du pouce par rapport au latéralité du patient. Toutefois, le terme « important »
niveau vertébral servent de référentiel comparatif permet de porter à l’attention du lecteur que l’asymétrie
normale est à distinguer de l’asymétrie anormale. Les
entre le côté droit et le côté gauche d’une part, normes standard sont celles décrites par la physiologie
et avant et après une séance d’ostéopathie d’autre articulaire et les amplitudes de mouvement.
part (figures 9.4 à 9.6). La symétrie des scapulas
sera observée également au cours des mouve-
ments [118, 246]. Intérêt ostéopathique :
Objectif clinique : • grâce au repérage des épineuses, ce test est
• évaluer la mobilité de la scapula combinée avec un excellent test-retest pour évaluer l’efficacité
la glénohumérale. d’une séance.
126 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Syndrome de la coiffe
des rotateurs
Jain et al., en 2013 [118], ont proposé un pro- décrits pour objectiver un conflit sous-acromial
tocole clinique d’évaluation des pathologies de du fait du passage des tendons de ces muscles. Par
la coiffe des rotateurs ; seuls quelques-uns de ces exemple, le test de Jobe décrit pour une recherche
tests orthopédiques sont décrits ci-après. de lésion du tendon du muscle supra-épineux
Cleland et al. [49] décrivent qu’au moins deux est parfois cité pour la recherche de conflit sous-
des trois tests suivants permettent de confirmer acromial [251].
avec fiabilité une suspicion de syndrome de la
coiffe des rotateurs ou un conflit sous-acromial : Test de Hawkins-Kennedy
• test de Hawkins-Kennedy ; Le test de Hawkins-Kennedy présente une haute
• signe de l’arc douloureux ; spécificité pour objectiver un conflit sous-acromial
• test du muscle infra-épineux. par sa positivité (figure 9.7). Le test de Neer,
Pour information, on note les tests spécifiés lorsqu’il est positif, indique que d’autres struc-
pour objectiver une rupture totale au niveau de la tures que l’espace sous-acromial peuvent être
coiffe des rotateurs : en cause [222]. Le test de l’arc douloureux, s’il
• signe du drop arm ; est positif, apporte un crédit supplémentaire à la
• test de l’arc douloureux ; recherche de lésion.
• test du tendon du muscle infra-épineux (un de Objectif clinique :
ceux décrits ci-après). • objectiver un conflit sous-acromial.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.
Tests du conflit sous-acromial
Test de l’arc douloureux
Les tests de Hawkins-Kennedy et Neer ont une
sensibilité essentiellement dans la recherche d’un Ce test n’est ni sensible ni spécifique (figure 9.8).
conflit sous-acromial [246]. Les tests d’inves- Sa réponse positive suffit à confirmer une atteinte
tigation des lésions des tendons des muscles de la coiffe des rotateurs [173], sans pour autant
supra-épineux ou subscapulaire sont également apporter une notion de localisation spécifique.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 127
Objectif clinique :
• objectiver un conflit sous-acromial.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.
Test de Jobe
Décrit par F.W. Jobe en 1983 [121], ce test est
également dénommé « test de la canette » du
fait du mouvement de rotation médiale du bras
comme pour « vider une canette » (figure 9.10).
Les expérimentations de ce test avec observation
Figure 9.8. Test de l’arc douloureux. par imagerie montrent avant tout une réduction
Le patient est debout. Le praticien amène le bras du
patient en abduction à 170°. Le patient abaisse le de l’espace sous-acromial (huméro-acromial), une
bras lentement. Test positif : douleur entre 70 et 120° ascension de la scapula sur son plan de glis-
d’abduction. sement thoracique, une rotation latérale (sonnette
latérale) et une traction antérieure de la clavicule
lorsque ce test est réalisé activement par le patient
Objectif clinique : [269]. Les réponses positives sont la perte de
• objectiver un conflit sous-acromial. force musculaire et la douleur potentiellement
Intérêt ostéopathique : engendrées par l’ensemble des modifications
• évaluer la mobilité de l’épaule. mécaniques précitées.
Objectif clinique :
Test de Yocum • objectiver un conflit sous-acromial.
Depuis sa version originale de 1983 [293], il Intérêt ostéopathique :
ne semble exister aucune version modifiée de ce • évaluer la composante de rotation médiale
test (figure 9.9). Il présente une bonne sensibi- d’une épaule par rapport à l’autre dans les tests
lité pour objectiver un conflit sous-acromial. En des mouvements.
revanche, la spécificité est faible [251] ; sa réponse
négative n’a donc pas de valeur.
de force entre les deux épaules et, d’autre part, Objectif clinique :
de révéler une douleur lors de la réalisation du • objectiver une lésion du tendon du muscle petit
mouvement. La perte de force est à corréler aux rond.
tests neurologiques développés dans le chapitre 7. Intérêt ostéopathique :
La douleur est un signe à investiguer précisément • évaluer la mobilité de l’épaule.
grâce aux nombreux autres tests disponibles dans
l’investigation des lésions de l’épaule. Tests du tendon du muscle
Objectifs cliniques : subscapulaire
• objectiver une lésion des tendons des muscles
infra- et supra-épineux ; Les tests suivants sont ceux pouvant permettre
• testing de force musculaire (voir chapitre 7). d’évaluer au mieux la déchirure totale ou partielle
Intérêt ostéopathique : du tendon du muscle subscapulaire [294] :
• évaluer la mobilité de l’épaule. • belly-press test;
• lift off test (Gerber) ;
Test « du clairon » (hornblower) • signe de lag en rotation médiale.
Ce test présente une sensibilité et une spécificité
Belly-press test ou signe de Napoléon
élevées, lui octroyant une haute fiabilité pour
rechercher une lésion du tendon du muscle petit Le belly-press test permet d’objectiver une lésion
rond [286] (figure 9.16). du muscle subscapulaire par la rotation médiale
créée par le positionnement du membre supérieur
lors du test [118] (figure 9.17).
Objectif clinique :
• objectiver une lésion du tendon du muscle sub-
scapulaire.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.
Lift off test ou test de Gerber précise que la palpation douloureuse du tendon
L’objectif est d’évaluer l’intégrité du tendon du du long biceps au niveau de sa gouttière reste le
muscle subscapulaire en plaçant le bras en rota- critère diagnostique prépondérant. La palpation
tion interne et rétroflexion [87] (figure 9.18). du tendon du biceps dans sa gouttière au niveau
Objectif clinique : de la partie proximale de l’humérus peut suffire
• objectiver une lésion du tendon du muscle sub- à objectiver une tendinite [49]. La palpation est
scapulaire. favorisée par une rotation latérale du bras vers 30°.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.
Test de Speed
Voir figure 9.21.
Objectif clinique :
• objectiver une lésion du tendon du long biceps.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.
Tests d’évaluation
de la SLAP lésion
Figure 9.20. (suite) Les tests d’O’Brien (test de la partie postérieure
du labrum) et de l’appréhension antérieure de
l’épaule (test de la partie antérieure du labrum)
sont décrits par Cleland et al. [49] comme ayant
une bonne sensibilité pour mettre en évidence
une déchirure du labrum (SLAP lésion).
Objectif clinique :
• objectiver une SLAP lésion.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.
Test d’O’Brien
La lésion postérieure du labrum est rare mais
Figure 9.21. Test de Speed. peut engendrer un déséquilibre dans la répartition
Le patient est assis ou debout. L’épaule à tester est en des forces au niveau des tendons de la coiffe
flexion à 90° : bras tendu devant, avant-bras en supina-
tion, coude en extension. La main antérieure du praticien
des rotateurs et une perte de force musculaire
saisit la face supérieure de l’avant-bras ; la main pos- consécutive. Décrit pour préciser le diagnostic
térieure saisit la partie proximale de l’humérus, au niveau d’une lésion potentielle de la partie postérieure du
de la gouttière bicipitale. Le patient effectue une élévation labrum, le test d’O’Brien présente un intérêt lors
du bras. Le praticien réalise une contre-résistance pour
éviter la flexion du coude et de l’épaule. Test positif :
de l’investigation clinique de la douleur d’épaule
douleur au niveau de la gouttière bicipitale (tendinite). (figure 9.22 et encadré 9.1).
La partie antérieure du labrum est détendue
dans cette position alors que la partie postérieure
Toutefois, une bursite sous-acromiale ou une est mise en tension. Par sa contraction, le faisceau
rupture de la coiffe des rotateurs peut donner deltoïdien amène la tête humérale en postérieur
des douleurs à cette même palpation (ce sont des [193]. Les fibres postérieures du labrum sont
faux positifs). La douleur du long biceps irradie alors mises en tension et deviennent douloureuses
volontiers vers le coude et la main [145]. Une en présence d’une lésion.
irradiation moins connue se situe vers le muscle
élévateur de la scapula. Test de l’appréhension
antérieure de l’épaule
Test de Yergason
Décrite en 1981 par C.R. Rowe, l’instabilité
Objectif clinique : antérieure de l’épaule est une affection fréquente
• objectiver une lésion du tendon du long biceps. chez le sujet jeune actif et sportif, majoritaire-
Intérêt ostéopathique : ment du côté de la latéralité. Le critère de laxité
• évaluer la mobilité de l’épaule. ligamentaire semble être prépondérant chez un
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 133
Encadré 9.1
Objectif clinique :
• objectiver une épicondylite latérale.
Intérêt ostéopathique :
• palpation des structures du coude.
Palpation douloureuse
de l’épicondyle latéral
Les muscles court et long extenseurs radiaux du
carpe sont très souvent douloureux à la palpation
en cas d’épicondylite latérale, du fait notam-
Figure 9.25. Test de Cozen.
ment de l’insertion de leur tendon au niveau Le patient est assis, coude fléchi au repos, avant-bras
de l’épicondyle. Un très bon exercice consiste à au contact de la table. Le praticien saisit le poignet du
différencier par la palpation les muscles court et patient, poing fermé. Le patient effectue une extension des
long extenseurs radiaux du carpe (figure 9.24). IIe et IIIe rayons. Le praticien réalise une contre-résistance.
Test positif : douleur au niveau de l’épicondyle latéral.
Syndrome de compression
du nerf ulnaire
La première étape des tests consiste à réaliser une
palpation du nerf ulnaire, à la recherche notam-
ment d’un épaississement du nerf. Le praticien
recherche le nerf ulnaire le long de son trajet au
Figure 9.24. Palpation de l’épicondyle latéral. niveau du coude. Il objective un épaississement
Le patient est assis ou debout. Le praticien empaume
du nerf par comparaison avec le côté opposé.
l’avant-bras du patient. Il repère la convexité de l’épicon-
dyle dans la partie latérale de l’épiphyse. Test positif : Objectif clinique :
douleur à la pression de l’épicondyle latéral. • objectiver une compression nerveuse.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 135
Figure 9.32. Manœuvre de relâchement du canal Figure 9.34. Test de compression du scaphoïde.
carpien. Le patient est assis de préférence. Le praticien maintient
La main atteinte est maintenue paume vers le haut. la main du côté du scaphoïde à tester. Il saisit l’axe du
Resserrer progressivement la tête des métacarpiens 1er rayon au niveau du métacarpe avec l’autre main et
pour créer une légère adduction des doigts. Test positif : applique une pression longitudinale dans l’axe pour
diminution des symptômes. comprimer le scaphoïde. La douleur au niveau du sca-
phoïde signe une fracture potentielle.
Objectif clinique :
• objectiver une tendinite de De Quervain.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la souplesse de l’articulation complexe
du pouce dans un test de « grands mouve-
ments » ostéopathique.
Test de compression
du scaphoïde
Le test de compression du scaphoïde est donné à
titre indicatif (figure 9.34). Il ne doit en aucun cas
Chapitre 10
Région lombo-
abdomino-pelvienne
1. Lombalgies de 60 ans conclut que la scoliose et les troubles de
la jonction sacro-iliaque sont prépondérants dans
la lombalgie, alors que la différence de longueur
de jambe semble représenter davantage une cause
Présentation de douleur sacro-iliaque identifiée à tort en tant
que lombalgie [288]. L’origine musculaire de la
Les arrêts de travail et le handicap consécutifs aux douleur et son diagnostic par la palpation présen-
lombalgies génèrent des coûts économiques et tent un indice de confiance élevé interpraticiens.
sociaux. Dans une population en âge de travailler, Le recours à l’imagerie médicale n’est pas sys-
deux salariés sur trois souffrent ou souffriront tématique. L’anamnèse et l’examen clinique sont
de douleurs lombaires. L’environnement profes- d’une haute valeur diagnostique [233]. Pour
sionnel et les conditions de travail ainsi que la l’ostéopathe qui serait consulté en première inten-
configuration de la vie quotidienne sont des ques- tion, c’est un moyen d’appréhender la réorienta-
tions à privilégier lors de l’interrogatoire. tion vers un médecin. Dans un second temps, ils
Les thérapies manuelles, dont l’ostéopathie, permettent de constater l’évolution des douleurs
bénéficient d’un grand nombre d’études dont et l’atteinte radiculaire le cas échéant, grâce aux
les résultats montrent les bienfaits en termes de tests médicaux combinés avec les tests ostéopa-
soulagement des douleurs lombaires. thiques.
La lombalgie doit faire l’objet d’une réorien-
tation médicale en urgence du patient lorsqu’il
La lombalgie : pas seulement existe une présomption élevée de radiculopa-
une douleur lombaire thie lombaire avec une suspicion d’atteinte neu-
rologique. Des tests objectivant un déficit de
La lombalgie est définie comme une douleur ou
sensibilité, de motricité (présence d’une faiblesse
une gêne fonctionnelle située entre la 12e côte
musculaire), une abolition du ou des réflexes
et le pli fessier, associée ou non à des irradiations
ostéotendineux en correspondance associée ou
dans les membres inférieurs [110]. Bien qu’elles
non à un test de Lasègue positif sont hautement
puissent avoir une étiologie différente, les dou-
spécifiques d’une radiculopathie [49]. Lorsque
leurs sacro-iliaques sont incluses dans ce chapitre.
les quatre tests de motricité, de sensibilité, des
Une exploration clinique semblable est proposée
réflexes ostéotendineux et de Lasègue objectivent
dans un souci de synthèse, compte tenu du fait
des troubles lors d’une consultation de l’ostéo-
qu’elles sont décrites la plupart du temps comme
pathe en première intention, la réorientation
des « douleurs du bas du dos ». Le syndrome
médicale du patient est obligatoire.
T12/L1 est décrit par la médecine ostéopa-
thique comme une dysfonction lombaire ayant un Quatre tests positifs : perte de sensibilité en
retentissement au niveau sacro-iliaque [155]. Une S1 + perte de motricité des muscles correspon-
étude sur une centaine de personnes âgées de plus dant au myotome S1 + réflexes ostéotendineux
achilléen aboli + test de Lasègue positif Ensuite, il est utile de rappeler deux notions
= radiculopathie de type sciatique dans plus de dans la diffusion de la douleur (voir aussi cha-
95 % des cas. pitre 2) :
• l’innervation des structures profondes du rachis
La fiche de synthèse de l’examen clinique ostéo-
(disques intervertébraux, ligaments, périostes
pathique pour la lombalgie (figure 10.1) récapi-
et dure-mère) engendre une douleur diffuse,
tule les notions développées dans ce chapitre.
en barre, profonde, mal systématisée. Elle est
décrite par la transmission de la douleur selon la
Les drapeaux rouges chaîne sympathique, avec une diffusion vers les
de la lombalgie structures somatiques au niveau de L2 [215] ;
• les nerfs spinaux, qui se distribuent vers les struc-
Devant un tableau de lombalgie, un ou plusieurs tures somatiques, sont à l’origine d’une douleur
des critères indiqués ci-après doivent motiver une souvent irradiante selon des territoires d’inner-
réorientation médicale (d’après [233]) : vation spécifiques (dermatomes, myotomes).
• traumatisme violent (accident de la route, En parallèle de la palpation et des tests ostéopa-
sports extrêmes, sports de combat, etc.) ; thiques, l’analyse du siège de la douleur et des ter-
• déformation structurelle de la zone doulou- ritoires d’irradiation permet une relative précision
reuse ; dans la prise en compte de la douleur et de la mise
• antécédents de cancer ; en place d’un traitement adapté.
• VIH, toxicomanie, immunosuppression ; Différents syndromes caractérisent la lombalgie
• traitement sous stéroïdes (corticoïde, cortisone) et sont associés la plupart du temps à des signes
depuis plusieurs mois (risque majoré d’ostéopo- fonctionnels typiques. Ils sont décrits ci-après.
rose dans les six premiers mois) ;
• abus médicamenteux ;
• diminution importante de la flexion lombaire
(perte de performance sportive, réduction de
capacité de réaliser certains mouvements, etc.) ; Syndrome des articulaires
• douleur non mécanique, constante, progres- postérieurs
sive (apparue souvent sans événement majeur
associé) ; Le syndrome des articulaires postérieurs est une
• douleur thoracique associée ; cause fréquente des lombalgies. Les patients se
• altération de l’état général, fièvre, perte de plaignent en général d’une douleur lombaire basse
poids inexpliquée ; localisée, avec irradiation douloureuse dans la fesse
• symptômes neurologiques diffus (syndrome de et la cuisse (au-dessus du genou), apparue le plus
la queue de cheval). souvent en flexion de buste après un « faux mouve-
ment ». Les tests orthopédiques de mise en tension
radiculaire sont négatifs la plupart du temps (par
Les principaux syndromes exemple Lasègue). Aucun test médical ne semble
de la lombalgie orienter le diagnostic d’une atteinte facettaire. En
revanche, les critères de Cochin peuvent orienter
On peut envisager les problématiques lombaires le diagnostic vers un syndrome facettaire [219] :
selon trois catégories [233] : • douleur réellement soulagée en décubitus dorsal ;
• douleur d’origine rachidienne : spondylarthrite • douleur non majorée en se relevant d’une
ankylosante, tassement vertébral, etc. ; flexion antérieure du rachis (relevé de buste) ;
• douleur d’origine nerveuse ou radiculaire : her- • douleur non majorée par la toux, l’éternuement ;
nie discale, tumeur vertébrale, etc. ; • douleur non majorée par l’extension-rotation
• douleur lombaire d’origine non rachidienne : du buste ;
pathologie rénale, digestive, etc. • douleur non majorée par l’hyperextension.
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 141
La colique néphrétique est une crise spas- Il s’agit d’une urgence médicale. Elle est typique-
modique lombo-abdominale brutale et fré- ment accompagnée d’une forte fièvre, de frissons,
quemment d’apparition nocturne. Le niveau de d’une vive douleur lombaire unilatérale, parfois
douleur oriente une consultation vers un service de tachycardie, de diarrhées et de vomissements.
d’urgences médicales et non vers un cabinet Elle peut être consécutive à une infection urinaire
d’ostéopathie a priori. Le critère paroxystique mal traitée1.
(évolution vers une douleur intense) est une des Des troubles rénaux peuvent engendrer dans le
caractéristiques distinctives par rapport au lum- temps une hypertension artérielle. Inversement,
bago aigu. Le passage d’un calcul rénal au niveau une hypertension artérielle peut être à l’origine de
de l’uretère provoque une douleur lombaire vio- troubles rénaux sous-jacents. La prise de tension
lente avec parfois une irradiation douloureuse artérielle, geste médical avant tout, est d’un inté-
vers les parties génitales. La présence d’un calcul rêt primordial dans le diagnostic d’opportunité
urétéral entraîne une sensibilité et une hyper- réalisé par l’ostéopathe.
algésie cutanéomusculaires dans les dermatomes/ Toute pathologie rénale étant exclue, la dys-
myotomes du niveau médullaire correspondant fonction rénale est recherchée d’un point de vue
L1/L2 (voir chapitre 2) ; celles-ci persistent bien ostéopathique. Un des enseignements de la dys-
après que le phénomène pathologique à l’origine fonction rénale ostéopathique est fondé sur les
de la douleur a disparu [282]. Des expérimenta- considérations cliniques médicales de F. Glénard
tions sur l’humain montrent qu’une stimulation à la fin du XIXe siècle. Celui-ci décrit ce qu’il
de l’uretère ou une distension localisée engen- qualifie à l’époque de « néphroptose » [90].
dre des contractions musculaires homolatérales Selon quatre degrés, il met en évidence la ptose
des muscles abdominaux. Le côté stimulé reste de rein et la palpation de l’organe lui-même. La
sensible pendant 24 heures. Cette expérience perception de la mobilité du rein à l’époque était
illustre les conséquences sur les structures mus- une preuve de sa pathologie. Ces considérations
culaires de la présence d’un calcul rénal dans cliniques sont anciennes, mais des méthodes diag-
l’uretère [212]. Au cours de l’examen ostéopa- nostiques et thérapeutiques ostéopathiques sont
thique, une recherche des tensions musculaires au décrites dans une littérature plus récente [16].
niveau abdominal et lombaire présente un intérêt Aujourd’hui, la perception du rein (droit) par
particulier dans les suites des pathologies rénales la palpation d’un praticien exercé est clairement
traitées médicalement. H. Head et J. MacKenzie décrite dans la littérature médicale.
décrivent l’un et l’autre une douleur ressentie à la Un syndrome spécifique est décrit dans l’enca-
pression de la zone anatomique située au niveau dré 10.1.
de l’extrémité de la 12e côte lors de troubles
rénaux. Cette constatation clinique est à corréler
avec le réflexe réno-rénal de Guyon. Initialement Les tensions musculaires
décrit par Jean Casimir Félix Guyon à la fin du à l’origine des douleurs lombaires
XIXe siècle, celui-ci fut démontré dans les années
Des tensions musculaires peuvent être à l’origine
1980. Il définit le processus selon lequel l’atteinte
de douleurs lombaires. Les muscles principaux à
d’un rein crée une douleur lombaire controlaté-
investiguer sont décrits dans la fiche de synthèse
rale au rein pathologique [135].
(voir figure 10.1) et développés ci-après. On note,
Selon le principe de mise en place de la dys-
entre autres, le spasme des muscles paravertébraux
fonction de Korr, on peut rechercher le retentis-
(par exemple en réaction à la présence d’une her-
sement de ce trouble viscéral au niveau vertébral
nie discale) et des structures musculaires autour
avec une correspondance du niveau médullaire
de la jonction sacro-iliaque.
d’innervation du rein avec les dermatomes, myo-
tomes et sclérotomes (voir chapitre 2).
La douleur lombaire aiguë accompagnée de 1. On note davantage de risques de pyélonéphrites chez
fièvre est caractéristique de la pyélonéphrite. les femmes présentant des infections urinaires.
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 145
(perturbation du flux sanguin) qui serait généra- l’annulus ou une dégénérescence des processus
trice de douleurs lombaires matinales à la mise articulaires peuvent survenir chez des patients
en mouvement. On peut confronter un tel lien qui ne présentent pas de douleurs lombaires.
ostéopathique à une récente publication sur le Ces conclusions renforcent l’idée qu’il est néces-
mésentère [50]. Le mésentère présente un intérêt saire de s’intéresser à la globalité du patient
ostéopathique majeur par le passage vasculaire dans l’investigation des douleurs lombaires et pas
artériel et veineux dont il est le support. Du fait seulement à la région anatomique en question.
de ses insertions postérieures, le mésentère a S’il est important de rechercher le déclenche-
rôle majeur en tant que suspenseur de l’intestin. ment d’une lombalgie, les facteurs de passage à
Il est formé par le prolongement antérieur du la douleur chronique sont des éléments à prendre
péritoine pariétal de la paroi abdominale pos- en compte. Jarvik et al. observent que le contexte
térieure. Une dysfonction du tissu mésentérique psychosocial est un facteur qui doit intéresser le
peut ainsi engendrer un retentissement au niveau praticien dans sa prise en charge de la lombalgie
lombaire par l’intermédiaire du péritoine pariétal [120]. Les patients qui souffrent de lombalgie
postérieur. Il est également considéré comme chronique sont souvent accablés par la récurrence
un organe à proprement parler, quant à son rôle des douleurs lombaires voire par l’appréhension
dans certaines pathologies viscérales. Le mésen- de l’image mentale d’une lésion potentielle ou
tère supporte les artères, les veines et les vaisseaux par les antécédents d’une ancienne intervention
lymphatiques ainsi que les fibres nerveuses vers et chirurgicale.
en provenance des viscères. Les facteurs de risque pouvant favoriser la
chronicité sont les suivants [181] :
• antécédents de lombalgie, sévérité de la dou-
Membre inférieur leur, incapacité de travail, chirurgie ;
• inadaptation physique et insatisfaction profes-
Les dysfonctions d’un membre inférieur ou
sionnelle ;
des deux peuvent s’inscrire dans un concept de
• psychologiques (mauvais état de santé ressenti,
schéma dysfonctionnel. Il apparaît de manière
terrain dépressif ou sensation d’« être toujours
évidente que les douleurs lombaires peuvent être
malade ») ;
liées à des problématiques du membre inférieur,
• personnels ;
notamment une différence de longueur de jambe
• socio-économiques : bas niveau d’éducation et
supérieure à 6 mm [166, 214]. Une investigation
de ressources ;
médicale et ostéopathique des membres inférieurs
• médico-légaux : prise en charge au titre d’acci-
est réalisée selon les signes fonctionnels et les
dent du travail ou autre litige.
antécédents traumatiques, chirurgicaux et médi-
Dans le cas d’une lombalgie chronique, l’édu-
caux du patient.
cation thérapeutique du patient est essentielle
(voir chapitre 3). Les messages clés de C. Dufrene
[65] (encadré 10.2) montrent tout l’intérêt pour
Lombalgie chronique – le praticien de déterminer comment le patient se
une prise en charge représente ses douleurs lombaires, notamment en
globale avant tout matière de répercussions dans sa vie quotidienne,
simplement supprimer la douleur pouvant ne pas
La présence d’anomalies au niveau du rachis, être le seul objectif de la démarche d’éducation
visualisées par une imagerie, peut ne pas être la thérapeutique. Dans ce contexte, le praticien doit
seule cause des douleurs lombaires. Selon une ainsi chercher à croiser ses objectifs avec ceux du
étude de Jarvik et al. [120] menée sur près patient, qui peuvent par exemple être de pou-
de 150 patients, il n’est pas possible de relier voir reprendre une activité même si une douleur
une lombalgie à ces seules anomalies ; en effet, persiste dans une moindre mesure. L’ostéopathe
une dégénérescence discale, une déchirure de devrait alors s’efforcer de redonner une mobilité
150 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Encadré 10.2
Lombalgie et éducation
thérapeutique : les bons conseils
• Bouger : l’activation du système musculos-
quelettique est le socle de la démarche.
• La douleur est une réalité : que la douleur
résulte d’une dysfonction plutôt que d’une
lésion anatomique ne signifie pas qu’elle est
niée, minimisée ou purement psychologique.
• Le dos est solide : la douleur n’est pas
un signal de faiblesse ou de quelque chose
d’abîmé. Le mouvement ne risque donc pas Figure 10.2. Test de Brudzinski.
d’endommager le dos. Le praticien accompagne la flexion de nuque du patient
• Plaisir : il est possible d’éprouver du plaisir en relevant progressivement la tête. Test positif : reproduit
en dépit de la douleur. la symptomatologie avec ou sans irradiations. N.B. :
• Une journée, c’est 24 heures : il est impor- On décrit également la positivité du test par la flexion
involontaire de la hanche et du genou.
tant autant pour le patient que pour le
thérapeute de considérer tous les aspects de
la vie et pas seulement le contexte initial dans
lequel la lombalgie s’est déclenchée. qui se séparent vers les foramens intervertébraux
• Pas de baguette magique : il n’existe pas un [26, 134] (figure 10.2). Il est souvent cité dans la
traitement unique pour tout résoudre. Il est recherche du diagnostic d’une pathologie ménin-
nécessaire d’en associer plusieurs. La recette gée, sachant qu’une fois la maladie déclarée,
est personnelle et passe par l’expérimentation. l’hospitalisation est motivée par les douleurs et les
• Reprendre le contrôle : il faut se réappro- vomissements en jets. De ce fait, il ne présente pas
prier la gestion de sa vie et ne plus laisser la un grand intérêt pour l’ostéopathe car il apparaît
douleur être seul maître à bord. moyennement fiable dans le premier stade de la
• Motivation : connaître ses motivations, maladie.
c’est savoir où aller puiser l’énergie indispen-
Le test de Kernig a le même objectif que celui
sable à la persévérance nécessaire à la réussite
du traitement.
de Brudzinski. La position patient-praticien est
(D’après C. Dufrene [65].) similaire au test de Lasègue (voir ci-après). Le
test est positif lorsque le patient fléchit involon-
tairement le genou alors que le praticien relève
tissulaire et de favoriser le mouvement, ce qui la jambe. Kernig décrit dans ses travaux origi-
peut apporter un réel bénéfice au patient. naux que ce test peut s’accompagner de douleurs
nucales et dorsales à type de crampes ; il convient
donc de faire attention aux faux positifs chez un
2. Région lombo- patient souffrant de douleurs cervicales et dorsales
hautes.
abdomino-pelvienne – Objectif clinique :
tests médicaux • l’augmentation de la douleur avec d’éventuelles
irradiations dans les membres inférieurs peut
objectiver une inflammation méningée, une
compression radiculaire, une irritation dure-
Tests de Brudzinski mérienne.
et de Kernig Intérêts ostéopathiques :
• évaluation de tensions des structures myofas-
Ce test est décrit comme l’étirement de la moelle ciales :
épinière au niveau des multiples fibres nerveuses – dure-mère ;
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 151
– chaînes musculaires postérieures (muscles côté opposé au membre testé est notée comme
sous-occipitaux, muscles paravertébraux) ; réponse positive controlatérale au test.
– fascias postérieurs et aponévroses (cervicales). Tel qu’évoqué en plus haut, la positivité du
test doit être confrontée aux tests de sensibilité
et de motricité des réflexes ostéotendineux pour
Test de Lasègue ou préciser la potentialité de la présence d’une hernie
unilateral straight discale. La douleur créée par la dorsiflexion de la
leg raising test cheville et/ou la flexion des cervicales témoigne
d’une implication dure-mérienne. Si la douleur
existe en flexion de hanche mais n’est pas majorée
Le test de Lasègue ou unilateral straight leg
par la dorsiflexion de la cheville et/ou la flexion
raising test est l’un des tests les plus connus dans
cervicale, alors une tension des structures myofas-
l’investigation neurologique de la radiculopathie
ciales au niveau lombaire, des troubles vertébraux
lombosacrée (figure 10.3). Une étude de 2010 lui
lombaires ou de la jonction sacro-iliaque peuvent
attribue une spécificité élevée quant au diagnostic
être envisagés. La douleur provoquée avec une
de hernie discale (58 à 98 %) [278] – en cas de
flexion de hanche supérieure à 70° est en faveur
réponse négative au test, il y a donc peu de chance
de troubles vertébraux lombaires ou de la jonc-
d’être en présence d’une hernie discale. Falconner
tion sacro-iliaque. Dans ce cas, il faut envisager le
et al. décrivent que le nerf coulisse normalement
test en flexion de hanche bilatérale (voir ci-après).
de 2 à 6 mm lors du test de Lasègue, alors qu’il
Le bilateral straight leg raising test est publié
serait bloqué en présence d’une hernie, ce qui
dans certains ouvrages. Ce test avec flexion
crée la douleur [75].
bilatérale passive des membres inférieurs vient
Le test de Lasègue est réalisé du côté lésé ou du
en complément du test décrit ci-avant. Du fait
côté présentant des irradiations. On lui associe le
qu’il existe un risque d’aggravation de patho-
test de Lasègue controlatéral ou cross straight leg
logies discales sous-jacente par sa réalisation, il
raising test sur le côté du membre controlatéral
ne figure pas parmi les tests présentés dans ce
à la douleur et aux irradiations. La douleur du
chapitre.
Objectif clinique :
• évaluation de l’origine radiculaire de la douleur
de type sciatique.
Intérêts ostéopathiques :
• recherche des tensions des nerfs périphériques
(sciatique essentiellement) ;
• évaluer les structures myofasciales au niveau
lombaire ;
• évaluer les tensions des loges musculaires glu-
téales et postérieures de la cuisse, des struc-
tures articulaires et ligamentaires sacro-iliaques,
coxales.
crée par la flexion cervicale. Le test de Lasègue Il convient d’observer tout changement symp-
offre plutôt un étirement des racines nerveuses. tomatique intervenant dans chacune des phases
Par ailleurs, le test de Lasègue engendre parfois montrées dans la figure 10.4.
des faux positifs par les tensions musculaires des Objectif clinique :
ischiojambiers et/ou des gastrocnémiens [156]. • réalise une série de manœuvres pour amener le
Variante du test de Lasègue, le slump test est nerf sciatique en tension croissante.
réalisé en position assise, ce qui peut faciliter Intérêt ostéopathique :
l’investigation médicale/ostéopathique sur des • évaluer les tensions globales selon un concept
patients algiques. de chaînes postérieures.
Figure 10.12. Test de cisaillement des iliaques (test de Figure 10.13. Test en compression verticale.
Gaenslen). Le praticien fixe le sacrum du patient avec la main. Il
Le patient amène son genou en flexion maximale du côté applique une poussée directe antéropostérieure dans l’axe
de la sacro-iliaque à tester et le maintient avec les mains. du fémur vers la table. Test positif : reproduit la douleur au
Le praticien saisit la partie distale du tibia et pose son niveau sacro-iliaque. N.B. : Éviter la composante d’adduc-
avant-bras sur le genou et la partie proximale du tibia du tion qui est souvent douloureuse pour le patient [223].
patient. Cet appui de l’avant-bras permet au praticien
d’appliquer une force supéropostérieure sur le genou en
flexion en prenant soin de ne pas écraser les mains du Intérêt ostéopathique :
patient. Le praticien réalise une poussée postérieure sur
le genou controlatéral. Test positif : reproduit la douleur au • test de mobilité du sacrum en préambule aux
niveau sacro-iliaque. tests d’inflexion.
Objectif clinique :
• reproduire la symptomatologie dans une
recherche de spasme du muscle piriforme.
Intérêt ostéopathique :
• montrer au patient un exercice d’étirement
musculaire du muscle piriforme.
Manœuvre de contraction
résistée de Beatty
Lors de la parution de son test en 1994, Beatty a
Figure 10.17. Manœuvre talon-genou controlatéral.
Le patient passe lui-même le talon de son pied sur son
rapporté que c’est la contraction active du muscle
membre inférieur douloureux au-dessus du genou contro- piriforme spasmé qui signe le syndrome du piri-
latéral. La hanche du côté atteint est en rotation latérale forme et non la douleur reproduite à l’étirement
extrême et flexion. Le genou est en flexion. Le praticien passif du membre. Par ailleurs, l’auteur précise
fléchit la hanche controlatérale du patient au maximum.
Test positif : reproduit la symptomatologie.
que la douleur est reproduite essentiellement au
niveau du grand trochanter et non au niveau de la
région fessière (figure 10.19).
Intérêt ostéopathique :
• montrer au patient un exercice d’étirement
musculaire du muscle piriforme. Autre test à envisager face
à une douleur lombaire
Manœuvre active : FAIR (flexion,
adduction and internal rotation) Percussion des fosses
lombaires (test de Giordano)
Cette manœuvre préfigure la mise en place de
certains tests et de techniques ostéopathiques sur Comme décrit dans le paragraphe « Origine uro-
le muscle piriforme (figure 10.18). logique de la douleur lombaire », l’atteinte d’un
démarche d’un diagnostic ostéopathique offre Dans ce cas notamment, une altération de l’état
à l’ostéopathe des outils supplémentaires dans général associée à une douleur persistante de la
l’exploration de la hanche. Les tests et points hanche sont des facteurs de réorientation vers
spécifiques relevés au cours de l’examen clinique un médecin.
et proposés dans cette section permettent d’inves-
tiguer les différentes structures [161] :
• articulaires (osseuses) ; Douleur de hanche
• capsuloligamentaires ;
• musculotendineuses ; Les éléments suivants peuvent aggraver une dou-
• neurovasculaires. leur dont l’origine serait la hanche [39] :
Les tests adaptés à un examen clinique local et • torsion de la hanche (tourner sur place, changer
régional sont développés plus loin ; ils complètent de direction brutalement) ;
l’approche ostéopathique qui reste avant tout • position assise inconfortable, notamment en
globale. voiture avec assise basse (flexion de hanche
La figure 11.1 présente la fiche de synthèse de > 110°) ;
l’examen clinique ostéopathique de la douleur • monter/descendre de voiture ;
de hanche. • se mettre debout en partant de la position assise ;
• difficulté pour monter/descendre les escaliers ;
• difficultés pour se pencher et mettre ses chaus-
Pathologies de la hanche sures/chaussettes ;
• dyspareunie.
Devant un patient qui consulte l’ostéopathe en Le geste réalisé par un patient qui décrit une
première intention pour une douleur de hanche, douleur de hanche est souvent la main qui englobe
quelques-unes des pathologies suivantes sont à sa hanche douloureuse avec la 1re commissure.
considérer : Ce signe typique de la main qui forme un « C »
• les traumatismes à l’origine de douleurs de enveloppant la hanche est dénommé C-sign
hanche. Une fracture de la hanche (col du (figure 11.2) [63]. Ce signe est souvent celui
fémur) entraîne une douleur importante, utilisé par un patient qui décrit une douleur de
l’impossibilité de se relever et de s’appuyer sur hanche ayant pour origine un conflit fémoro-
la jambe. L’ostéopathe reste prudent devant acétabulaire.
une personne âgée ou une femme ménopausée Les pathologies de la hanche d’origine intra-
qui consulte en première intention pour une articulaire provoquent typiquement une douleur
douleur de hanche (suspicion d’ostéoporose ou au niveau du pubis avec une possibilité d’irra-
de fracture de fatigue) ; diation vers les genoux. Par conséquent, devant
• l’arthrite septique de la hanche : toute gonalgie, l’évaluation de la hanche revêt un
– douleur de type inflammatoire, intérêt majeur.
– si les prodromes ne permettent pas un diag-
nostic médical évident, l’ostéopathe reste La hanche qui « claque »
vigilant si son traitement ne semble pas effi-
cace à court terme ; La hanche qui « claque » (snapping) n’apparaît
• coxarthrose : la douleur au pli de l’aine avec des pas d’emblée comme un signe attestant la pré-
irradiations possibles mais sans hypoesthésie et sence d’une réelle problématique [39]. Parfois
déficit moteur sont des signes typiques de la associé à une douleur localisée, le claquement est
coxarthrose ; causé par le passage d’un tendon ou d’un liga-
• syndrome du piriforme (voir chapitre 10) ; ment sur un petit massif osseux [202] : le tractus
• pathologies des régions urogénitale ou gastro- iliotibial, le tendon du droit fémoral ou celui de
intestinale : ces pathologies peuvent mimer une l’iliopsoas sont souvent cités comme les « tendons
douleur ou une gêne au niveau de la hanche. qui claquent ». La cause serait essentiellement liée
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 165
Origine dorsolombaire
de la douleur de hanche
D’un point de vue neurologique, il est important
de noter que les territoires d’innervation des
vertèbres thoraciques inférieures (T12) et des ver-
tèbres lombaires supérieures (L1, L2) sont situés
au-dessous du niveau de leur racine spinale. Ils
sont localisés au niveau des régions glutéales (voir
chapitre 2). Une dysfonction du segment verté-
bral qui s’étend de la charnière thoracolombaire à
la jonction lombosacrée peut engendrer une dou-
leur à distance de son origine. Mise en avant par
R. Maigne, la dysfonction de la 12e vertèbre peut
ainsi mimer une douleur de type sacro-iliaque
ou une douleur de hanche (« fausse douleur de
hanche ») [153, 155].
Tests médicaux
de la hanche
Compte tenu des éléments rapportés dans les
Figure 11.2. Le C sign de la douleur de hanche. paragraphes précédents, un grand nombre des
tests de la région lombo-abdomino-pelvienne
peuvent amener à considérer la hanche comme
origine d’une problématique. Inversement, cer-
à une tension desdits muscles, pouvant entraîner tains tests de la hanche peuvent amener à penser
dans certains cas une bursite (essentiellement au que les troubles peuvent avoir une origine lombo-
niveau du grand trochanter) ou une tendinopa- abdomino-pelvienne. De nombreux liens propo-
thie. Cette approche argumente une fois de plus sés dans le cadre de l’investigation de la lombalgie
en faveur du bénéfice de la palpation et des tests peuvent être considérés dans l’examen clinique
ostéopathiques des structures musculaires envi- de la douleur de hanche. Notamment, les tests de
ronnantes pour établir un diagnostic fonctionnel sacro-iliaque présentent un intérêt dans l’examen
ostéopathique. de la hanche.
La palpation par l’ostéopathe est propre à diagnostiquées, peuvent bénéficier d’une prise en
l’analyse des tissus et de leurs dysfonctions. On charge ostéopathique dans un contexte de bilan
la corrèle de manière optimale à une recherche global des déséquilibres et dysfonctions tissulaires.
des zones sensibles dans la palpation de l’examen
médical. Certaines zones sensibles sont décrites
spécifiquement lors de l’examen médical dans le Syndrome fémoropatellaire
but d’un diagnostic d’opportunité. Les critères
Le syndrome fémoropatellaire est une cause pro-
d’Ottawa de Stiell sont un outil présentant un réel
bable des douleurs de genou antérieures, affectant
intérêt pour l’ostéopathe en vue de la réorienta-
deux fois plus les femmes que les hommes [199].
tion du patient vers un médecin.
Ce syndrome, lorsqu’il est présent, apparaît sans
modification posturale statique ni lésion cartila-
Les critères d’Ottawa : gineuse a priori. Quelques-uns des éléments et
signes de réorientation des structures qui peuvent intervenir dans le syn-
drome fémoropatellaire sont :
en première intention
• le muscle quadriceps (déséquilibre des faisceaux
Les critères d’Ottawa pour le genou [25] sont vastes médial et latéral) ;
essentiels face à un genou douloureux pour lequel • les muscles abducteurs de hanche ;
un patient consulte l’ostéopathe en première • la faiblesse des muscles rotateurs de hanche ;
intention (figure 11.4). Ils sont une première bar- • la rotation interne du tibia due à une éversion
rière de réorientation vers le médecin. Il est de l’arrière-pied ;
probable qu’un patient se rende d’emblée chez • la tension du tractus iliotibial ;
l’ostéopathe pour une douleur de genou consécu- • le déséquilibre des tensions des ischiojambiers ;
tive à un traumatisme. Également, les ostéopathes • le syndrome genou-colonne (le lien entre la
présents lors de manifestations sportives peuvent position du sacrum et le syndrome fémoropa-
avoir recours aux critères d’Ottawa dans le cadre tellaire est le syndrome genou-colonne [199]).
d’un schéma décisionnel optimisé. Rétablir la force musculaire est naturelle-
ment le rôle du kinésithérapeute. L’ostéopathe
recherchera à rétablir l’équilibre de force et à
Pathologies et douleurs déterminer l’origine de ce déséquilibre, notam-
du genou ment selon les influences fasciales.
sur le membre inférieur lors des appuis au sol. naux et la physiologie tissulaire du ligament croisé
L’étude de Lambert en 1971, réalisée grâce à des antérieur du genou à l’origine d’une instabilité et
jauges de contrainte, illustre une distribution de de douleurs consécutives [41, 245, 289]. C’est le
1/6e du poids du corps sur chaque fibula [138]. ligament privilégié dans les schémas d’instabilité ;
Quelques années après, Takebe décrit que, lors de l’hypothèse qu’il puisse contribuer à l’apparition
la transmission d’effort par le fémur et le tibia, on de douleurs de genoux consécutives est à étudier
observe une réaction biomécanique de la fibula dans une prise en charge ostéopathique. En outre,
sans toutefois pouvoir en préciser le sens du vec- si le lien est à envisager au moment de la puberté,
teur ni son amplitude [265]. La tête de la fibula le même lien entre douleur de genou et modifica-
apparaît comme le point majeur de transmission tions hormonales peut être envisagé au moment
des forces entre fémur et tibia. de la ménopause.
La part de responsabilité de la fibula dans
l’entorse de la cheville est étudiée dans plusieurs
études citées par Eren [71]. Cet auteur rapporte la Tendinite du fascia lata
prédisposition aux entorses de cheville d’une fibula ou syndrome de l’essuie-glace
anatomiquement trop postérieure. Ces résultats
suggèrent que la fibula doit être évaluée au niveau Plus de 10 % des coureurs à pied sont sujets au
ostéopathique face à une douleur de genou. Les fameux syndrome de l’essuie-glace (ou iliotibial
études convergent vers le rôle prépondérant des band syndrome) et à la douleur latérale du genou
muscles fibulaires pour éviter les entorses de qu’il engendre. Une étude récente rapporte que
cheville. L’équilibre des tensions musculaires des certains éléments biomécaniques ressortent chez
muscles fibulaires ainsi que les articulations proxi- ces patients [183]. Notamment, les auteurs sug-
male et distale de la fibula seront pris en compte gèrent des angles d’adduction du genou (varus) et
dans l’exploration ostéopathique de la douleur de rotation interne de hanche plus prononcés, avec
du genou. On note également la compression une force moindre des muscles rotateurs externes
du nerf fibulaire au niveau de la tête de la fibula de hanche. L’investigation ostéopathique réside
observée chez les professions « à genoux » (par entre autres dans la recherche de liens structurels
exemple carreleur). Toutefois, la douleur n’est musculaires entre le bassin et la hanche, ainsi que
pas le signe premier, mais la paralysie, qui survient dans les niveaux d’innervation correspondants.
après une compression prolongée.
dans le soulagement que dans la prévention des du rachis, de la ceinture scapulaire, des membres
douleurs du genou prend toute sa valeur. supérieurs, du rachis cervical et du système visuel
et vestibulaire. Dans cette section, une synthèse
Ostéoarthrite de hanche des douleurs de la cheville et du pied est propo-
sée. Comme toute symptomatologie explorée par
Les études médicales et la pratique rapportent
l’ostéopathe, la douleur de pied passe d’abord
des douleurs de genou associées dans près de la
par la considération globale du membre inférieur,
moitié des cas3 à une ostéoarthrite de hanche
puis du corps du patient. Une exploration locale,
[130]. Dans ce type de pathologie, la douleur de
régionale et générale sera réalisée.
genou, lorsqu’elle s’étend inférieurement, est soup-
La figure 11.5 présente la fiche de synthèse de
çonnée d’être d’origine lombosacrée plutôt que
l’examen clinique ostéopathique de la douleur
liée à la dégénérescence de l’articulation coxofé-
de la cheville et du pied.
morale elle-même, dont les signes radiographiques
Il est important de tester la cheville et le pied
de détérioration ne correspondent pas à la distribu-
en charge ou en décharge, c’est-à-dire avec et
tion de la douleur. L’irradiation de cette douleur
sans appui du poids du corps. La position statique
serait liée à l’atteinte du nerf saphène issu du nerf
verticale puis l’attaque du pied au sol et le déroulé
fémoral et suivrait son trajet. Khan et al. rappor-
du pas seront observés en préliminaire à toute
tent dans une étude sur 60 patients en attente
autre investigation.
d’une pose de prothèse de hanche que la majorité
Le pied comporte 26 os, sans compter le
des irradiations de la douleur de l’ostéoarthrite
tibia, la fibula et les os sésamoïdes, autour de
de hanche sont observées sur la face antérieure de
33 articulations et d’une centaine de ligaments.
la cuisse, pouvant, de manière erronée, laisser sug-
Selon l’activité d’un individu, celui-ci réalise en
gérer une atteinte vertébrale en première estima-
moyenne 1 000 000 de pas par an. Le pied sup-
tion [130]. Les auteurs précisent également que,
porte 3 à 4 fois le poids du corps lors de la course.
comparativement à une problématique rachidienne
Il doit bénéficier, de ce fait, d’un grand intérêt de
(hernie, canal lombaire étroit, etc.), un plus grand
la part de l’ostéopathe.
nombre d’irradiations de la douleur vers la région
pubienne, glutéale, postérieure de la cuisse et anté-
rieure du genou sont rapportées dans les probléma-
tiques d’origine coxofémorale [130]. La recherche
Fracture de la cheville
des dysfonctions au niveau de la hanche et du bassin ou du pied
lors des tests ostéopathiques est à considérer face
à un patient qui consulte pour une gonalgie sans Fracture de la cheville
qu’aucune pathologie soit objectivée médicalement
au genou ; d’autant plus si des irradiations sont La prise en charge de la fracture de cheville reste
décrites par le patient vers la région pubienne [130]. évidemment du domaine médical. Toutefois, il
n’est pas exclu que l’ostéopathe puisse voir un
patient en première intention franchir la porte de
son cabinet avec une douleur de cheville consé-
3. Cheville et pied cutive à un traumatisme. Quelques outils d’aide
à la décision permettent de réorienter un patient
Présentation en cas de suspicion de fracture. À ce titre, la
grille des critères d’Ottawa développée par Stiell
La locomotion est bien sûr assurée par les mem- et al. en 1992 est un outil puissant : la fiabilité
bres inférieurs, mais il existe aussi une participation du diagnostic médical selon ces critères serait
de plus de 95 % [204] (figure 11.6). On note
3. Les douleurs engendrées par l’ostéoarthrite de toutefois que les critères d’Ottawa ne permettent
hanche sont à plus de 80 % au niveau du pubis et de la pas d’établir s’il existe une lésion ligamentaire
région glutéale [130]. associée au traumatisme. En y ajoutant le test
174 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Figure 11.6. Critères d’Ottawa motivant une radiographie Figure 11.7. Critères d’Ottawa motivant une radiographie
de la cheville. du pied.
Un patient qui rapporte une douleur persistante au niveau Une radiographie du pied est recommandée seulement
des malléoles ainsi qu’une ou plusieurs des conditions si le patient rapporte une douleur au niveau du milieu
suivantes sera réorienté pour un examen radiographique : du pied ainsi qu’une douleur à la palpation des
– patient de plus de 55 ans ; – appui bipodal et marche structures suivantes : cuboïde ; base du 5e métatarsien ;
impossible (4 pas au moins) ; – palpation osseuse os naviculaire.
douloureuse (angle postérieur ou extrémité des malléoles). (D’après Stiell et al. [259].)
(D’après Stiell et al. [259].)
La thrombophlébite : une douleur ostéopathiques, avec des tensions des tissus sous-
du mollet et de la cheville occipitaux transmises par les chaînes postérieures
La douleur lancinante et profonde de la throm- jusqu’à l’aponévrose plantaire qui pourraient jus-
bophlébite est ressentie jusqu’à la cheville la tifier alors certaines techniques ostéopathiques
plupart du temps. L’ostéopathe s’intéressera à distance de la zone locale des troubles. Les
aux antécédents vasculaires et circulatoires du troubles du membre inférieur doivent ainsi béné-
patient au cours de l’anamnèse. La claudication ficier d’une investigation complète du corps. Le
intermittente, la réduction significative du péri- bilan ostéopathique favorise la prise en charge
mètre de marche, l’apparition de crampes dans d’un patient dans la globalité.
les mollets, des douleurs nocturnes soulagées
par les jambes pendantes ou la marche avec
quelques pas sont des signes caractéristiques. Le
signe de Homans signant la positivité du test 4. Région appendiculaire
de dorsiflexion du pied devant un tableau de
thrombophlébite est décrit plus loin. Cet auteur inférieure – tests
a rapporté la potentialité d’apparition d’une médicaux
thrombophlébite chez la femme en post-partum.
Néanmoins, les symptômes restent peu spéci- Tests de la hanche
fiques et l’interrogatoire permettra de mettre en
exergue des antécédents familiaux ou personnels Test de Thomas et version
de troubles veineux (thrombose veineuse ou modifiée
thrombophlébite, etc.). Devant toute douleur
lourde et lancinante au niveau de la partie Test de Thomas
postérieure du genou, du mollet voire de la Ce test permet, dans le cadre de l’examen ostéo-
cheville et/ou du pied associée ou non à un pathique, d’évaluer la tension du muscle psoas
terrain de troubles veineux associé à un signe de (figure 11.8).
Homans positif pouvant laisser prétendre à une
thrombophlébite, la réorientation du patient Test de thomas ou test
sera réalisée en urgence. de Thomas modifié ?
Le test de H.O. Thomas, publié en 1878, est
conçu pour évaluer la contracture des fléchisseurs
Conclusion de hanche4 qui engendre un « déficit d’exten-
sion » [268]. Dans cette version originale du
Les membres inférieurs portent le poids du corps. test, le patient est en décubitus dorsal, jambes
À ce titre, les conseils donnés dans le cadre de allongées sur la table. Dans la version modifiée,
la prévention ou du soulagement des douleurs le patient est allongé en bout de table avec les
arthrosiques peuvent s’appliquer à de multiples jambes en dehors (figure 11.9). Cette version
thérapeutiques d’accompagnement : permet d’évaluer non seulement la contracture
• minorer le surpoids ; des fléchisseurs de hanche, mais également le
• éviter le port de charges lourdes ; déficit d’extension qui peut altérer la performance
• canne du côté opposé à la pathologie ; du sportif. Dans ce cas, l’évaluation de la bas-
• rééducation douce. cule du bassin influence le résultat du test.
Myers décrit une chaîne musculaire postérieure
des muscles sous-occipitaux jusqu’à l’aponévrose
plantaire [177]. Dissections à l’appui, ce concept 4. Le test de Thomas est parfois nommé de manière très
est indéniablement l’exemple type de liens restrictive « test du psoas ».
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 179
Par exemple, un déficit de flexion de hanche peut Test de Patrick ou test FABER
engendrer une bascule postérieure du bassin en
guise de compensation. Cette dysfonction est à Le test de Patrick est également connu selon
considérer dans le résultat du test. l’acronyme FABER en anglais (figure 11.10) :
Konin et al. rapportent des indices d’éva- • F (flexion) : hanche en flexion ;
luation des résultats du test particulièrement • AB (abduction) : hanche en abduction ;
intéressants dans une pratique ostéopathique • ER (external rotation) : membre inférieur en
et dans une recherche précise de la restriction rotation latérale.
180 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Test d’Ober
Ce test permet d’objectiver un syndrome du
tractus iliotibial (syndrome de « l’essuie-glace »).
Il est décrit ci-après dans la section « Tests du
genou ».
Évaluation de l’articulation
fémoropatellaire
L’observation du patient est une phase impor-
tante du recueil d’informations. Au niveau ostéo-
pathique, elle est le premier pas vers une analyse
du schéma dysfonctionnel du patient. Exercice à
part entière, elle est soumise à l’expérience et la
pratique autour de concepts biomécaniques et
posturaux qui ne sont pas directement l’objet de
cet ouvrage.
La mobilité de la patella est un outil d’éva-
luation intéressant. La douleur à la pression
peut signer une chondromalacie, une tendinopa-
thie du tendon patellaire, une lésion méniscale
antérieure, une synovite, une ostéochondrite dis-
séquante, etc. [228]. Le praticien prend soin de
déverrouiller le genou du patient (flexion entre
10 et 30 degrés) pour créer l’engagement de
la patella dans la trochlée. Le praticien saisit la
patella en prise pollicidigitale. Il amène progres-
sivement la patella en latéral/médial. Il déter-
mine les tendances à la luxation/subluxation en
latéralité. Il note la perception de craquement et
de douleurs. Figure 11.11. Test de Thessaly.
Objectif clinique : Le patient est debout, face au praticien. Le praticien saisit
• évaluer un syndrome fémoropattellaire. les bras tendus du patient pour l’aider à se tenir
Intérêts ostéopathiques : en position lors du test. Le patient se met sur un pied
et décolle l’autre du sol. Il se met en flexion à 20° sur le
• évaluer la qualité de la mobilité de la patella et genou en appui. Il effectue une rotation médiale puis
des tissus péri-articulaires. latérale du haut du corps et du genou en maintenant
la flexion. Réaliser ce test d’abord du côté sain pour
montrer la manœuvre au patient. Test positif : douleur
et/ou appréhension en médial ou latéral de l’interligne
Évaluation d’une lésion méniscale articulaire. Sensation de blocage ou d’instabilité.
Test de Thessaly
Le test de Thessaly reproduit la mise en charge
de l’articulation du genou (figure 10.11). Ce
Test de McMurray modifié
test orthopédique a fait preuve d’investigations
assez récentes [125]. Il présente une haute sensi- Le test de McMurray présente une meilleure
bilité dans le diagnostic précoce d’une lésion du fiabilité lorsqu’il est combiné avec le test de
ménisque médial essentiellement. Le test présente sensibilité par palpation des interlignes articulaires
une haute spécificité : s’il est négatif, on peut (voir ci-après) [99]. Une version modifiée du test
présumer du fait qu’il n’existe aucune lésion de McMurray est présentée ici (figure 11.12).
méniscale. Décrit en 1928, ce test a été réévalué par des
Objectif clinique : études plus récentes [55, 99]. La version modi-
• évaluer une lésion méniscale. fiée présente une meilleure fiabilité diagnostique.
Intérêts ostéopathiques : Elle ajoute un paramètre d’adduction/abduction
• pas d’intérêt direct a priori. qui intéresse l’ostéopathe dans l’investigation de
182 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Figure 11.12. Test de McMurray modifié. Figure 11.13. Test de sensibilité des interlignes
Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien, avec sa articulaires.
main supérieure, soutient le fémur dans sa partie distale. Les rotations suivantes favorisent la palpation des
Il saisit le talon et amène le genou en flexion maximale. Il ménisques : rotation médiale du tibia → ménisque médial ;
amène la jambe en rotation latérale (RL) et en abduction rotation latérale du tibia → ménisque latéral.
(ABD). En maintenant la RL+ABD, il amène le genou
en extension. Test positif : bruit d’un « clic » au niveau
de l’articulation lors de l’extension du genou. N.B. : La
douleur lors de l’abduction est une réponse positive
au test de McMurray modifié.
Figure 11.15. Test des tiroirs antérieur et postérieur. Figure 11.16. Test pivot shift.
Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien est assis Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien, avec
sur le pied du patient. Il empaume la partie proximale sa main inférieure, saisit le membre inférieur du sujet
postérieure du tibia, pouces au niveau du plateau tibial. au niveau de la cheville ; la main supérieure empaume
Déprimer progressivement les tissus sous les doigts afin postérieurement le genou au niveau de la tête de la fibula.
de rechercher le contact osseux. Palper les tendons des Le praticien amène le genou en extension puis la jambe
ischiojambiers avec la pulpe des doigts pour s’assurer en latéral pour créer un léger valgus du genou. Ajouter
de leur complète décontraction. Amener le tibia une rotation médiale. Augmenter l’appui médial de la main
en glissement antérieur/postérieur par rapport au fémur. supérieure pour majorer le valgus, puis amener le genou
Une amplitude exagérée d’un côté par rapport à l’autre progressivement en flexion. Test positif : ressaut rotatoire
laisse suspecter une lésion du ligament croisé antérieur/ à environ 20° à 30° de flexion indiquant une réduction
postérieur suivant le sens du test. postérieure du compartiment latéral du tibia.
Test de la pince pollicidigitale Figure 11.23. Test de la pince pollicidigitale (de Mulder).
ou test de Mulder Le patient est assis ou en décubitus dorsal. Le praticien
pratique une prise pollicidigitale, pouce en face plantaire
Un « clic » audible peut être perçu lors du test et index en face dorsale. Il exerce une pression inter-
(« clic de Mulder ») et/ou une masse ferme peut phalangienne au niveau du rayon à tester. Test positif :
reproduit la symptomatologie douloureuse.
être sentie par le praticien (figure 11.23).
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