Maîtriser L Examen Clinique en Ostéopathie 2018

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Chez le même éditeur

Du même auteur :
Fiches pratiques d’anatomie palpatoire en ostéopathie, P. Gadet, M. Carpentieri, 2015, 360 p.

Dans la collection Ostéopathie :


Nouvelle approche manipulative. Colonne cervicale, J.-P. Barral, A. Croibier, 2017, 264 p.
De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire. Thorax et rachis cervical, S. Cambier,
P. Bihouix, 2017, 296 p.
Manipulations des dysfonctions pelviennes féminines, O. Bazin, M. Naudin, 2016, 320 p.
Guide d’imagerie médicale pour l’ostéopathe, T. Matthew, 2015, 224 p.
L’ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans, N. Sergueef, 2015, 496 p.
Nouvelle approche manipulative. Membre inférieur, J.-P. Barral, A. Croibier, 2013, 384 p.
Nouvelle approche manipulative. Membre supérieur, J.-P. Barral, A. Croibier, 2011, 288 p.
Ostéopathie du nouveau-né et du jeune-enfant, E. Soyez-Papiernik, 2014, 128 p.
Manipulations des nerfs périphériques, 2e édition, J.-P. Barral, A. Croibier, 2014, 344 p.
Diagnostic ostéopathique général, A. Croibier, 2010, 328 p.

Autres ouvrages :
Atlas de techniques articulaires ostéopathiques. T. 1  : Les membres, 3e édition, S. Tixa,
B. Ebennegger, 2016, 272 p.
Atlas de techniques articulaires ostéopathiques. T. 2. Le bassin et la charnière lombo-sacrée,
2e édition, S. Tixa, B. Ebennegger, 2016, 208 p.
Atlas de techniques articulaires ostéopathiques. Tome 3 : rachis cervical, thoracique, lombal et
côtes, 2e édition, S. Tixa, B. Ebennegger, 2016, 152 p.
Dictionnaire de médecine ostéopathique, S. Beaume, 2014, 464 p.
Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique, F. Le Corre, E. Rageot, 2010, 368 p.

À paraître :
Le B.A.-BA de l’ostéopathie crânienne. Principes et applications, N. Sergueef, 2018.
Manipulations des disques intervertébraux, J.-P. Barral, A. Croibier, X. Delannoy, 2018.
Manipulations viscérales avancées, J.-P. Barral, 2018.
Ostéopathie

Maîtriser l’examen clinique


en ostéopathie
L’examen pas à pas

Philippe Gadet
Ostéopathe D.O.
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie. L’examen pas à pas, de Philippe Gadet.
© 2018, Elsevier Masson SAS.
ISBN : 978-2-294-45636-8
e-ISBN : 978-2-294-75821-8
Tous droits réservés

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Illustrations : Cyrille Martinet
Photographies : Charlène Bonnithon

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français d’exploitation du droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.
Avant-propos

Cet ouvrage a pour but d’offrir à l’étudiant L’ostéopathie –  ou l’art1 ostéopathique  –


en fin de cursus d’études d’ostéopathie et aux repose avant tout sur une pratique globale holis-
ostéopathes en début d’exercice des repères pour tique, chaque prise en charge étant unique. Le
mieux construire les différentes étapes de l’exa- bilan ostéopathique vise à déterminer les causes
men clinique ostéopathique, ainsi qu’un raison- d’un dysfonctionnement, souvent multiples.
nement menant vers le diagnostic ostéopathique. Dans le cas de douleurs lombaires par exemple,
Un sondage de 2014 rapporte que les ostéo- la posture n’est pas seule en cause  ; il faut
pathes, en tant que praticiens de soins, sont considérer l’individu dans son ensemble, son his-
consultés en première intention par près de 80 % toire, pour prendre la mesure de ses troubles ou
de leurs patients [257]. Le rôle de l’ostéopathe déséquilibres corporels [143]. En ce sens, il est
est donc primordial pour, dans un premier temps, délicat de lister de manière exhaustive les liens
prévenir un éventuel retard dans la détection structurels, anatomiques, neurologiques ou vas-
d’une pathologie médicale grave nécessitant une culaires pouvant entrer en jeu dans le processus
réorientation. d’un schéma dysfonctionnel ostéopathique. Ce
Suivant l’arrêté du 12 décembre 2014 relatif à sont donc des liens pertinents qui sont proposés
la formation en ostéopathie [172], le diagnostic dans ce livre, argumentés autour d’études ou
ostéopathique se décompose en : d’ouvrages de référence, en prenant soin de ne
• un diagnostic d’opportunité –  «  démarche pas extrapoler de manière inadaptée des résultats
de l’ostéopathe qui consiste à identifier les médicaux au profit de l’ostéopathie, comme le
symptômes et signes d’alerte justifiant un avis suggèrent B. Falissard et B. Ludes [2, 150]. Si les
médical préalable à une prise en charge ostéopa- théories et hypothèses présentées concernant le
thique » ; diagnostic et la pratique de l’ostéopathie tiennent
• et un diagnostic fonctionnel –  «  démarche de compte des observations et constatations empi-
l’ostéopathe qui consiste à identifier et hiérar- riques de la médecine ancienne, l’objectif est aussi
chiser les dysfonctions ostéopathiques ainsi que de tenter de les corréler à des progrès scientifiques
leurs interactions afin de décider du traitement récents. En effet, comme l’indique J.  Jouquan  :
ostéopathique le mieux adapté à l’amélioration «  Le mouvement de l’evidence-based medicine et
de l’état de santé de la personne ». celui de la médecine centrée sur le patient, qui
L’analyse précise de la symptomatologie du se sont développés initialement séparément en
patient dans le cadre de l’examen clinique ostéo- réaction à ce qui était perçu comme un excès de
pathique est donc un élément clé d’une prise en pouvoir octroyé aux médecins, sont […] devenus
charge optimale. Après avoir exclu une pathologie aujourd’hui très complémentaires » [123].
qui ne serait pas de son ressort, l’ostéopathe Le lecteur trouvera ainsi dans cet ouvrage un
pourra mettre en œuvre des examens physiques support d’analyse et de réflexion pour construire
(ou tests médicaux) en lien avec les différentes
situations cliniques pour aboutir à un diagnostic
1. Art  : «  Ensemble des procédés, des connaissances
ostéopathique et, enfin, à la mise en œuvre du et des règles intéressant l’exercice d’une activité. Toute
traitement convenant le mieux à chaque patient activité, toute conduite considérée comme un ensemble de
pris en charge. règles, de méthodes à observer » (Le Petit Larousse).
X Avant-propos

sa démarche diagnostique dans un contexte


où l’ostéopathie évolue sur le modèle de l’evi-
dence-based medicine (médecine fondée sur les
preuves scientifiques ou médecine factuelle).
P.-M.  Dugailly précise à ce titre que «  les outils
thérapeutiques de l’ostéopathie offrent une évi-
dence thérapeutique équivalente voire supérieure
à certaines méthodes médicales plus convention-
nelles » [66].
Dans la première partie sont présentés les
principes généraux de l’examen clinique ostéo-
pathique, en insistant plus particulièrement sur
l’investigation du motif de consultation, l’analyse
de la douleur et la prévention.
La deuxième partie est consacrée aux tests
médicaux –  qui correspondent aux «  examens
physiques » dans le décret du 12 décembre 2014 Figure I.1. Définition de l’ostéopathie selon l’OMS.
relatif à la formation en ostéopathie –pouvant être (Source : P. Gadet, d’après [21].)

réalisés au cours de l’examen clinique ostéopa-


thique. La présentation générale de ces tests est patient est en capacité de saisir le sens de son état
suivie d’une description par région anatomique. de santé et de raisonner sur la problématique de
Ces tests ont pour but d’aider l’ostéopathe dans sa sa santé  » [281]. La définition de l’ostéopathie
prise en charge et non de le cloisonner dans une donnée par l’Organisation mondiale de la santé
vision médicale de l’ostéopathie. Pour chaque test (OMS) montre bien cette visée ultime de faire
spécifique, les objectifs cliniques et les intérêts participer la personne à sa guérison, dans une
ostéopathiques sont précisés. Si un test médical démarche d’éducation thérapeutique du patient :
met en évidence une anomalie, cela ne signifie pas l’ostéopathie est «  un contact manuel pour le
pour autant qu’un traitement ostéopathique ne diagnostic et le traitement. Elle respecte la relation
peut pas être réalisé, le choix du traitement et des entre le corps, la pensée et l’esprit […]. Elle met
techniques ostéopathiques étant laissé à l’initiative l’accent sur l’intégrité structurelle et fonctionnelle
du praticien, en tenant compte de la symptoma- du corps et sur la tendance intrinsèque du corps à
tologie du patient et en conformité avec les textes l’auto-guérison » [21] (figure I-1).
de lois de la profession. Tout traitement ostéopa- Si, lors de l’examen clinique, l’échange avec
thique doit être réalisé au bénéfice du patient le patient est verbal, il est aussi non verbal, le
et de l’amélioration de son état clinique, sur le toucher étant ici un important outil à la fois de
principe médical : primum non nocere (« d’abord communication et d’entrée en relation. La qualité
ne pas nuire ») [256], principe au fondement de du toucher se développe tout au long du parcours
la philosophie développée dans cet ouvrage. professionnel, mais il s’agit d’abord d’acquérir
La visée de cet ouvrage est également préven- une « main-diagnostic » avant d’envisager d’utili-
tive. Le praticien, tout au long de la démarche ser une « main-thérapie » [16].
clinique et du bilan ostéopathique, vise à guider le Pour Kelly et  al., il serait plus approprié de
patient vers une meilleure compréhension de son parler de l’examen clinique « avec le patient » plu-
corps et de ses problèmes de santé. Il s’agit de le tôt que de l’examen clinique « du patient » [127],
conduire à vouloir prendre soin de sa santé de « avec » suggérant l’importance du rôle du patient
façon active et consciente, grâce à l’échange verbal dans la démarche, le thérapeute devant éviter une
autour de l’histoire du patient et de l’analyse des posture de « toute-puissance ». L’instauration de
dysfonctions ostéopathiques du corps. Comme la confiance entre les deux partenaires de la rela-
l’écrit C. Vanhue : « À partir de ce vécu de soi, le tion favorisera l’efficacité de l’examen clinique.
Remerciements

Je remercie Marine, mon épouse exceptionnelle, • Michael Gauffre, D.O., pour ses recommanda-
pour sa patience et son amour, Moana, Enzo, tions bibliographiques ;
Niels et Lily, pour leur compréhension tout au • Juliette Derro, D.O., et  Alexandre Bouliteau,
long des mois de travail passés à construire cet D.O., pour s’être prêtés aux photographies des
ouvrage au détriment du temps que j’aurais pu tests médicaux ;
leur consacrer. • Peggy Lemaire et Armelle Amouroux pour leur
Cet ouvrage n’aurait pas pu voir le jour sans le confiance dans ce projet et leurs précieux conseils ;
travail photographique de Charlène Bonnithon. • Brigitte Sandrin et Françoise Annizo pour avoir
Dans le cadre technique de la réalisation de cet enrichi ma pratique ostéopathique grâce à leur
ouvrage, mes remerciements s’adressent particu- vision de l’éducation thérapeutique.
lièrement à : J’adresse aussi mes remerciements pour leur
• Françoise Gadet pour ses traductions, notam- participation à la relecture, et par ordre alphabé-
ment des articles en allemand ; tique, à  : Jean-Baptiste Assier, Tristan Berthier,
• Mathieu Aude, D.O., pour sa vision ostéopa- D.O., Moksha Calmels, D.O., Rémi Desman,
thique efficace et critique ; D.O., Antoine Dixneuf, D.O., Jean-Charles Filip-
• Florence Gommy, D.M., pour la précision du pini, D.O., Jordan Fleurus, D.O., Vincent Goletti,
discours et les arguments pédagogiques d’une D.O., Claire Lodeho, D.O., Anthony Mougel,
grande valeur ; D.O., Isabelle Ougier, D.O. et Anne Studer, D.O.
• Alexandre Picavet, D.O., pour ses encourage- Merci également à Marine-Océane Gadet et
ments et sa relecture assidue ; Lucas Crosnier pour leurs talents créatifs ainsi que
• Jean-Christophe Raffin, D.O., pour sa rigueur, Laure Thiesset, masseur-kinésithérapeute, pour
sa précision ; son « point sur les points ».
Chapitre 1
Investiguer le motif
de consultation
« Chaque fois qu’un patient entre dans votre cabinet, et de prendre la décision d’un traitement adapté.
trois problèmes se présentent en même temps : Le  contexte d’analyse du raisonnement clinique
les croyances et les idées qu’a le patient
en ostéopathie est dépendant des deux êtres
sur sa difficulté, ce que le praticien considère
comme étant le problème du patient, et finalement, humains en relation dans le cadre de la consulta-
ce que l’ensemble anatomophysiologique du corps tion : le patient et le praticien.
du patient sait être le problème. » [19] Les composantes de ce processus de raison-
nement sont pondérées différemment selon les
acquis et l’expérience du praticien. Ces compo-
santes englobent entre autres les facultés cog-
De l’anamnèse nitives, l’expérience de vie et la maturité du
au raisonnement clinique praticien.
Il existe deux approches fondamentales du rai-
Rufus, médecin d’Éphèse, décrit en 110 après sonnement clinique [192] :
J.-C. les éléments qu’il est nécessaire d’obtenir de • raisonnement non analytique  : il s’agit d’une
la part du patient : approche intuitive de la reconnaissance du
tableau symptomatique ;
« […] nourriture, habitudes, saison de l’année où • raisonnement analytique par une approche
la maladie a commencé, habitudes de sommeil, hypothético-déductive  : il consiste à recueillir
contenu des rêves, les médicaments et les régimes
des données, formuler des hypothèses, tester les
auxquels le patient a été soumis, une caractérisation
complète de l’emplacement et de la nature des résultats pour étayer ou réfuter ces hypothèses.
douleurs, les types d’aliments consommés et d’où Ce livre vise à fournir une trame de base
vient l’eau consommée par le patient […]. Il importe pour le recueil des éléments permettant d’étayer
tellement au médecin de connaître les causes, et il
un raisonnement clinique ostéopathique dans un
lui est si impossible de les connaître sans interroger,
qu’il doit faire des questions même au sujet des concept hypothético-déductif.
symptômes […] » [287]. C’est grâce à la répétition d’actions de base et
de séquences de raisonnement tout au long du
L’anamnèse est une étape capitale de collecte cursus de formation en ostéopathie qu’il est pos-
d’informations concernant le patient. Après les sible d’acquérir les gestes fondamentaux pour une
avoir synthétisées, le praticien va pouvoir envi- pratique optimale et rigoureuse [192]. Le proces-
sager le type de traitement à mettre en place, ou sus décisionnel qui mène à l’établissement du trai-
bien décider une réorientation du patient vers un tement ostéopathique ne peut pas dépendre d’une
médecin, le cas échéant. Mais, au-delà, l’anam- simple «  intuition  », et des éléments essentiels à
nèse constitue aussi le point de départ du raison- recueillir lors de l’échange avec le patient vont
nement clinique, qui représente la phase d’analyse donc être décrits ci-après.
et de traitement des données rassemblées. Pour A.J. Scheen, l’anamnèse constitue une
Le raisonnement clinique est, en ostéopathie, « étape capitale à très grande rentabilité diagnos-
l’aptitude d’établir un diagnostic ostéopathique tique  » [243]. Dans le domaine médical, une

Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie


© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
4 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

anamnèse optimale amènerait à un diagnostic final La maîtrise des différentes


fiable à 75 %, contre un peu plus de 10 % si seuls phases de l’anamnèse
un examen physique et des examens de labora-
toire sont réalisés [200]. C’est en ce sens que sont
Pour maîtriser l’anamnèse, le praticien doit passer
fournis ici des conseils, une méthodologie et des
en revue une check-list d’items pour rendre son
moyens mnémotechniques concernant la phase
examen clinique efficace et mettre en place une
essentielle de l’interrogatoire du patient.
relation optimale avec le patient.
Dans un but pédagogique, l’anamnèse est
divisée ici en deux séquences –  l’interrogatoire
Signes fonctionnels, général et l’interrogatoire systémique  –, même
physiques et généraux si le praticien expérimenté jongle de l’une à
l’autre en fonction des informations recueillies
Dans l’apprentissage de la sémiologie, les signes tout au long des échanges avec son patient. Qu’il
sont décrits pour orienter le praticien vers un syn- soit général ou systémique, l’interrogatoire en
drome et/ou une maladie. Dans l’apprentissage ostéopathie vise à recueillir les éléments condui-
des pathologies, les maladies sont décrites selon sant au diagnostic ostéopathique, à l’élabora-
les signes qu’elles présentent. Afin d’uniformiser tion d’un diagnostic fonctionnel pour mettre en
le discours et nos propos au sein de cet ouvrage, place un traitement adapté, voire à un éventuel
il est nécessaire de distinguer signes fonctionnels diagnostic d’opportunité (voir l’avant-propos à
(ou symptômes), signes physiques et signes géné- ce sujet).
raux (figure 1.1) : L’anamnèse marque la première étape de ren-
• signes fonctionnels (ou symptômes)  : ils sont contre du patient avec son thérapeute. La qualité
souvent considérés comme synonymes. Res- des échanges et la juste formulation des questions
sentis et décrits par le patient, ils possèdent de du praticien permettront la collecte d’informations
ce fait un caractère de subjectivité ; pertinentes. Ce temps est nécessaire pour établir
• signes physiques  : ils sont constatés objective- une relation de confiance entre patient et prati-
ment par le médecin au cours de l’examen ; cien, critère primordial pour envisager un recueil
• signes généraux : ils traduisent le retentissement d’informations pertinentes. L’anamnèse se doit
de la maladie sur l’organisme. d’être empathique, attentionnée et professionnelle.
Il peut être intéressant de se donner une limite
de temps dans la réalisation de l’anamnèse. Afin
que celle-ci soit structurée, concise et efficace, le
praticien se doit de poser les bonnes questions,
d’adapter les mots et le discours au patient pris
en charge et, pour cela, d’acquérir à la fois un
savoir-faire et les qualités humaines de savoir-
être. Le praticien doit être en mesure d’adapter

1. De nombreux patients définissent, par exemple, la


constipation comme le fait de ne pas aller à la selle quo-
tidiennement, alors que la définition médicale est «  une
difficulté ou impossibilité d’évacuer les matières fécales ».
Le discours du thérapeute doit donc être adapté à la
culture et aux connaissances du patient sur le milieu de la
Figure 1.1. Les signes lors de l’examen clinique. santé et du soin afin de véhiculer des messages appropriés.
Chapitre 1. Investiguer le motif de consultation 5

son vocabulaire comme son discours au patient Interrogatoire général


à qui il s’adresse, car certaines croyances sur des
concepts sont erronées ou perçues incorrectement La figure 1.2 propose une synthèse de l’interroga-
par les patients1. Il peut ainsi permettre au patient toire général selon trois domaines principaux :
d’acquérir des compétences de santé et d’auto- • investigation de la douleur lorsqu’elle est pré-
soin [213] pour l’optimisation de sa gestion de sente et justifiée dans un motif de consultation ;
vie, pour améliorer sa qualité de vie, que cela • rechercher des antécédents du patient, person-
soit dans le contexte d’une pathologie ou d’un nels et familiaux ;
simple accompagnement de la santé par le soin. • recueil des informations relatives aux habitudes
La notion d’éducation thérapeutique sera abordée et habitus (terme explicité plus loin) du patient.
plus en détail dans le chapitre 3.

Figure 1.2. Fiche de synthèse de l’interrogatoire général.


AEG : altération de l’état général ; IRM : imagerie par résonance magnétique.
6 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Tableau 1.1. Les questions à poser par le praticien lors d’une investigation de la douleur – acronyme SMITH-InCASE.
S Siège Où avez-vous mal ?
M Mode évolutif Depuis quand/comment est-ce arrivé ? Est-ce la première fois ? Pourquoi ?
I Irradiations La douleur est-elle ressentie ailleurs en même temps ?
T Type Comment définiriez-vous la douleur (électrique, fourmillement, de l’eau qui coule, broiement, étirement,
déchirement, angoissante, etc.) ?
H Horaire Est-ce que vous ressentez la douleur de manière continue, le matin au réveil, le soir au coucher ?
Vous réveille-t-elle la nuit ?
In Intensité Si 0 est la valeur pour laquelle vous ne ressentez rien et 10 la valeur à laquelle la douleur est insupportable,
à quel niveau situeriez-vous votre douleur ? À définir sur une échelle analogique de la douleur (N.B. : il peut
être intéressant dans certains cas de redemander l’évaluation de cette douleur en fin de séance)
C Facteurs Calmants Qu’est-ce qui calme votre douleur (position du corps, de la partie douloureuse, mouvements, repos,
médicaments, etc.) ?
A Facteur Qu’est-ce qui aggrave votre douleur (position du corps, de la partie douloureuse, mouvements, repos,
Aggravants médicaments, etc.) ?
S Signes associés Vous sentez-vous fiévreux/avez-vous eu de la fièvre ? Avez-vous maigri ces derniers temps ? Vous
sentez-vous fatigué ? Avez-vous perdu l’appétit ? Etc.
E Examens Avez-vous consulté un médecin pour la raison qui vous amène aujourd’hui ? Avez-vous réalisé
médicaux des examens médicaux ?

Investiguer la douleur Le tableau 1.1 indique les questions à poser en


ou le motif de consultation – fonction des descriptions des patients.
SMITH-InCASE
De nombreux auteurs proposent un schéma d’inves- Rechercher les antécédents
tigation fondé sur une structure mnémotechnique. personnels et familiaux
Nous proposons l’acronyme SMITH-InCASE qui – MHo-TATA
correspond aux descriptions suivantes réalisées par
Les antécédents du patient2 sont d’un intérêt
les patients :
capital pour parvenir à établir un lien entre des
• J’ai mal à… • Siège pathologies anciennes ou des conséquences de
• depuis… • Mode évolutif : depuis traitements et le motif de consultation. Les anté-
quand, comment ? cédents relevés au cours de l’anamnèse permet-
• La douleur descend/s’étend/… • Irradiations tent à l’ostéopathe d’établir une possible relation
• C’est comme de l’électricité/ • Type entre les dysfonctions qu’il relève et les épisodes
comme si on serre/comme de vie du patient.
si on me plante un pique/…
Au début du XXe  siècle, G.D.  Hulett décrit
• plutôt le matin/soir/nuit/… • Horaire
dans son ouvrage Manuel de principes de l’ostéo-
• Cela m’empêche de travailler/de • Intensité
faire du sport/de dormir/… pathie [114] que les causes des dysfonctions3
• Lorsque j’ai trop mal, • facteurs Calmants ostéopathiques peuvent être externes (ou envi-
je m’allonge/je bouge/je prends ronnementales) et internes. Les causes externes,
un médicament/… d’après cet auteur, sont par exemple une « expo-
• Elle augmente lorsque je me • facteurs Aggravants sition soudaine à une température froide  ».
penche/lorsque je marche/…
• Depuis quelque temps j’ai • Signes associés
de la fièvre/des rougeurs/difficultés
à digérer/… 2. Parfois nommés « arbre de vie » en ostéopathie.
• J’ai déjà consulté un médecin/j’ai • Examens médicaux 3. Le terme «  dysfonction  » remplace ici le terme
fait des examens/… « lésion » employé par l’auteur dans son ouvrage.
Chapitre 1. Investiguer le motif de consultation 7

Les causes internes sont par exemple des troubles


de la posture chez le sujet jeune ou le travailleur
ayant des positions particulières, des désordres
nutritionnels à l’origine d’une «  irritation d’un
viscère » avec la transmission d’une dysfonction
«  par rayonnement des impulsions  », etc. Les
concepts de Hulett illustrent l’esprit de glo-
balité qui définit l’anamnèse de l’ostéopathe.
Ces considérations anciennes, bien qu’elles ne
soient pas étayées scientifiquement, font partie
des « fondements essentiels dans l’apprentissage
et la pratique de l’ostéopathie, au service du
patient ».
Les silhouettes de la figure  1.2 permettent
de numéroter les événements, ou antécédents,
relevés lors de l’interrogatoire général, qui
seront replacés selon une ligne chronologique
(un exemple d’utilisation est donné dans la
figure  1.3). Selon certains courants de pensée
ostéopathiques, ce déroulement chronologique
devrait donner le sens des priorités au traitement Figure 1.3. Exemple de prise de notes relatives
ostéopathique. Au-delà de cette idée, il est très aux antécédents du patient.
(Source : P. Gadet.)
utile de répertorier les antécédents du patient de
manière visuelle.
de son poste de travail, les horaires d’embauche,
le type de moyen de transport utilisé, la pratique
Recueillir les informations d’un sport et le nombre d’heures, le type d’ali-
relatives aux habitudes ments consommés, le nombre de cigarettes
et habitus – PASSAT fumées, etc.
Les habitus sont des éléments subjectifs d’infor-
Cette enquête concerne les points essentiels en mation. Par exemple, un patient peut décrire
termes d’habitudes et d’habitus4 du patient pou- un rythme de travail soutenu qui provoque une
vant être en lien avec son motif de consultation. lassitude chez lui  ; une lombalgie accompagnée
Le moyen mnémotechnique PASSAT est proposé d’un « j’en ai plein le dos » ; un régime alimen-
ici (voir le développement de cet acronyme dans taire commenté d’un «  si on me prive de ce
la figure 1.2). Chaque question posée au patient que j’aime, je ne peux pas vivre  »  ; un sommeil
doit rester fondée sur l’investigation du motif de troublé par des angoisses, etc. Recueillir les infor-
consultation et argumentée le cas échéant. mations du patient relatives aux habitus est au
Les habitudes du patient sont plutôt des éléments fondement même de l’éducation thérapeutique,
objectifs et concernent par exemple l’ergonomie un concept adapté à l’ostéopathie et développé
dans le chapitre 3.
Par ailleurs, les liens que recherche l’ostéo-
4. Habitus  : «  Apparence extérieure générale d’une pathe au cours de l’interrogatoire général ne sont
personne. Ce terme, surtout utilisé en psychiatrie et en pas toujours d’emblée évidents pour le patient.
psychophysiologie, recouvre l’expression du visage, la pos- Des questions posées en vue de rechercher une
ture au repos, les gestes, la démarche. L’habitus apporte
des renseignements utiles au diagnostic et au pronostic pathologie ou un lien ostéopathique à distance
d’une maladie. Il traduit un état de bien-être ou de souf- du motif de consultation, bien que justifiées par
france » (Le Petit Larousse). le contexte, peuvent donc surprendre ce dernier.
8 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Nous reviendrons aussi sur la forme de ces − boursouflures,


questions, qui doit être adaptée à chaque patient, − couleur ;
au chapitre 3. – les cheveux et les ongles (texture, apparence) ;
– les grains de beauté, en suivant l’outil ABCDE
[26] :
Interrogatoire systémique − A – Asymétrie des bords en comparant avec
d’autres,
L’interrogatoire général est suivi de l’interroga- − B – Bords irréguliers, aspect déchiqueté,
toire concernant les différents systèmes. Les fiches estompés,
de synthèse des symptomatologies proposées dans − C – Changement de couleurs (bleu, noir,
la partie  2 de cet ouvrage orientent ensuite vers avec taches blanches de cicatrisation,
une investigation locale, régionale et générale rouges d’inflammation, etc.),
du patient. Le praticien s’attache de la sorte à − D – Diamètre (> 6 mm ou différence par
« scanner » le corps du patient par toute une série rapport à d’autres),
de questions adaptées à la pratique ostéopathique − E – Évolution (changement de la taille, de
pour orienter la séance et les techniques, moti- l’aspect, de la symptomatologie associée) ;
ver un bilan médical en parallèle voire réorien- • A – Altération de l’état général – les « 3A » :
ter d’emblée un patient vers un médecin. Ces – amaigrissement,
questions sont proposées ci-après sous forme de – anorexie,
check-lists, chaque système étant investigué. Le – asthénie (faiblesse, lipothymie, syncope) ;
praticien prendra soin d’adapter l’ordre des appa- • F – Fièvre (Frissons, sueurs) ;
reils au contexte, en commençant idéalement par • E – Endocrinologie :
la région faisant l’objet du motif de consultation – faim et soif excessives,
et en poursuivant avec les autres régions plus – examens sanguins (diabète, cholestérol, thy-
éloignées. roïde).
La fiche de synthèse proposée à la figure  1.4
permet de visualiser l’investigation système par
système avec également des moyens mnémotech- Investigation de l’appareil
niques. neurologique – SMCF
Celle-ci n’est pas d’emblée du ressort de l’ostéo-
Investigation de l’état pathe dans le cadre d’une consultation-bilan. En
général – PAFE revanche, cette investigation peut intervenir en
présence de signes fonctionnels laissant soupçon-
• P – Peau et phanères. L’observation de la peau ner un problème neurologique ou dans le cadre
est une phase importante de recueil d’informa- du suivi en ostéopathie d’un patient déjà pris en
tions pour l’ostéopathe. Le suivi des grains de charge pour une maladie neurologique. Il s’agit
beauté est le rôle du dermatologue ; néanmoins, bien de recueillir des informations à ce stade et
l’ostéopathe alertera le patient sur un grain de non de pratiquer un examen neurologique.
beauté qui présenterait une quelconque anoma- • S – Sensibilité (fourmillements, engourdis-
lie selon l’outil mnémotechnique ABCDE (voir sements, perte de sensibilité) ;
ci-dessous). Plus particulièrement, le praticien • M – Motricité (tremblements, mouvements
examine : involontaires, faiblesse musculaire, démarche
– la peau (Ci-Mé-Tro-Bou-Cou) : mal assurée) ;
− cicatrice(s), • C – Crises convulsives ;
− méplats, • F – Fonctions supérieures (comportement,
− trophicité (éruptions cutanées, sécheresse, humeur, nervosité, stress, dépression, troubles
angiomes stellaires, érythrose, etc.), du langage, désorientation, etc.).
Chapitre 1. Investiguer le motif de consultation 9

Investigation de l’appareil • Y – Yeux (examen visuel récent, perception de


locomoteur – DLD taches ou d’éclairs, larmoiement, douleurs)
• O – Otorhinolaryngologie (ORL) – ETAI :
L’investigation de l’appareil locomoteur passe en – E – Écoulements (saignements)
premier lieu par la posture adoptée par le patient – T – Troubles de la déglutition
et sa façon de se mouvoir dans l’espace. Elle est – A – Allergies
complétée par des tests médicaux le cas échéant. – I – Infections (fréquence, types)
Il est important de noter que la notion de pos- • D – Dentition (appareil, gouttières, implants,
turologie n’est pas limitée au simple appareil extractions, couronnes, soins en cours, bruxisme)
locomoteur. Un ensemble de modèles sont à • A – Audition – VAP :
prendre en compte dans une analyse posturale. – V – Vertiges
Ces modèles sont cités plus loin dans ce chapitre – A – Acouphènes
mais ne sont pas développés compte tenu de la – P – Perte d’audition (appareil)
complexité des notions qui leur sont associées. • C – Céphalées
L’ostéopathe restera vigilant face à un patient
qui se présente en première intention après un
choc ou une chute (traumatisme). La fracture, Investigation des appareils
selon les cas de figure, n’est pas forcément inva- cardiaque et pulmonaire
lidante et sa recherche est primordiale par le
thérapeute. Le diapason est un outil utile à condi- La présence ou le cumul de certains signes fonc-
tion qu’il soit utilisé de pair avec le stéthoscope tionnels au niveau de ces appareils peut motiver
(encadré 1.1). une réorientation en urgence du patient.
• D – Douleurs articulaires (repos, mouvement, L’appareil cardiaque est investigué grâce à
crampes, etc.) l’acronyme PO-DE-TE pour le système arté-
• L – Limitations du mouvement (faiblesse, para- riel et JEC-Cy-Peau pour le système veineux.
lysie) L’acronyme Tou-Dou-Dy est réservé à l’appareil
• D – Déformations pulmonaire.
• Investigation du système artériel – PO-DE-
TE :
Investigation de la tête – P – Palpitation
et du cou – YODAC – O – Œdèmes
– D – Douleur ou gêne dans la poitrine
Outre les signes fonctionnels des troubles ORL, – E – Essoufflement (à l’effort, en décubitus,
la date des derniers bilans médicaux réalisés est dyspnée paroxystique nocturne, réduction du
recherchée. Un schéma dysfonctionnel ostéopa- périmètre de marche)
thique passe par une mise en relation potentielle – T – Tension artérielle (hypertension, etc.)
des sphères visuelle et auditive (par exemple, une – E – Examens récents (ECG, tests à l’effort,
perte auditive peut être une des raisons de dys- etc.)
fonctions au niveau du rachis cervical). La qualité • Investigation du système veineux – JEC-Cy-
de l’occlusion dentaire est également une donnée Peau :
prise en compte dans de nombreux concepts – J – Jambes (douleurs, lourdeurs, œdèmes,
de posturologie. La date du dernier examen, le varices, antécédents de thrombophlébite)
port d’un appareil actuellement ou auparavant, – E – Évolution du périmètre de marche (clau-
le port de gouttière, la présence d’implants, les dication intermittente)
soins dentaires en cours et les ablations sont des – C – Crampes
questions qui intéressent l’ostéopathe dans la – Cy – Cyanose (froideur des extrémités, syn-
démarche du diagnostic ostéopathique (voir le drome de Raynaud)
chapitre 8). – Peau – Peau ulcérée
10 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Figure 1.4. Fiche de synthèse de l’interrogatoire systémique ostéopathique.


(Source P. Gadet)
Chapitre 1. Investiguer le motif de consultation 11

Figure 1.4 (suite)


12 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Encadré 1.1 • Investigation du système pulmonaire : Tou-


Dou-Dy
Les fractures « au diapason »
– Tou – Toux sans/avec crachats (quantité,
Le diapason 128  Hertz est un outil parfois
aspect)
recommandé lors de la recherche de frac-
ture (figure  1.5). L’utilisation du diapason – Dou – Douleur (sensation d’oppression)
est décrite dans l’investigation neurologique – Dy – Dyspnée (sifflements, apnée du som-
sensorielle [217] et des fractures en première meil)
intention [174]. Face à une suspicion de frac-
ture, l’utilisation du diapason par l’ostéopathe
dans la démarche du diagnostic d’opportu-
nité peut être utile. Il n’existe pas d’étude
Investigation de l’appareil
valide sur la fiabilité diagnostique du diapa- digestif – DIR-FESS
son. Récemment, M.  Allers a montré que
la réponse négative au seul test du diapason Le praticien veille à corréler les informations
sur une fracture ne suffit pas pour éviter un recueillies autour de la sphère digestive avec
examen radiologique [4]. L’auteur préconise celles sur les habitudes alimentaires des questions
que des études soient menées pour évaluer concernant les habitudes et habitus (voir plus haut
la combinaison du test au diapason avec les le paragraphe sur l’interrogatoire général), dans
critères d’Ottawa1. La plupart des études un contexte de prise en charge globale de l’indi-
publiées sur le sujet montrent que le test au vidu (par exemple : absence d’alimentation équili-
diapason sur une suspicion de fracture n’a de brée et prise de repas rapide dans un contexte
valeur que s’il est réalisé avec un stéthoscope
professionnel ne permettant pas d’accorder du
pour vérifier que la capacité de transmission
de la vibration n’est pas interrompue par un temps à un déjeuner adapté).
trait de fracture (solution de continuité). • Digestion – DIR :
– D – Douleurs abdominales (brûlures d’esto-
mac, ballonnements, flatulences)
– I – Intolérance alimentaire (gluten, etc.)
– R – Régurgitations (nausées, vomissements)
• Défécation – FESS :
– F – Fréquence (diarrhées, constipations)
– E – Épreintes, ténesmes
– S – Selles (couleur, consistance)
– S – Saignement anal (douleurs)

Investigation de l’appareil
urogénital – Mi-Co-Ré
Figure 1.5. Test « au diapason ».
Patient en position de confort, zone à tester Évoquer la miction avec un homme de plus de
facilement accessible pour le praticien. Stéthoscope
en écoute à une extrémité de l’os à tester. Frapper
50  ans est primordial dans le cadre du dépis-
le diapason sur un plan dur pour déclencher la tage des troubles de la prostate. Les questions
vibration, puis appliquer l’extrémité du manche urologiques concernent essentiellement la mic-
perpendiculairement au plan superficiel de l’autre tion (VICE). Le changement des urines (odeur,
extrémité de l’os à tester. Exemple ici dans le cas
d’une suspicion de fracture de la fibula.
couleur) est un critère qui peut intéresser l’ostéo-
(Source : C. Bonnithon.) pathe dans un contexte de douleurs pelviennes
ou lombaires. Les troubles rénaux sont évoqués
1 Les critères d’Ottawa sont développés au cha-
également.
pitre 11. L’autopalpation des seins est préconisée et
enseignée par la plupart des gynécologues, surtout
Chapitre 1. Investiguer le motif de consultation 13

chez une femme de plus de 50 ans dans le cadre de réagir sans retard pour réorienter un patient
de la prévention du cancer du sein. nécessitant une prise en charge médicale.
L’ostéopathe peut encourager une patiente à se En fonction des éléments recueillis à l’anam-
faire suivre par un gynécologue quelle que soit sa nèse, l’ostéopathe doit ainsi conseiller au patient
situation de vie (cancer, douleurs, etc.). de consulter un médecin, et ce plus particulière-
Lésions, écoulements, démangeaisons, œdèmes ment selon la nature de la douleur.
sont communs aux deux sexes et sont des signes Le décret n° 2016-994 du 20 juillet 2016 fixe
motivant une réorientation du patient vers un les modalités relatives aux « conditions d’échange
médecin. et de partage d’informations entre professionnels
• Investiguer l’appareil urinaire – VICE- de santé et autres professionnels des champs social
COR : et médico-social et à l’accès aux informations de
– V – miction Volontaire (impériosité, inconti- santé à caractère personnel  ». Deux conditions
nence, énurésies) sont rappelées par la note du Syndicat français des
– I – miction Indolore (douleurs, brûlures) ostéopathes de France (SFDO) sur les conditions
– C – miction Complète (sensation de réten- d’échanges des informations :
tion) • cet échange ne peut avoir lieu que dans la limite
– E – miction Efficace (fréquence, force, calibre des seules informations strictement nécessaires
du jet) à la coordination ou à la continuité des soins, à
la prévention, ou au suivi médico-social et social
– C – Couleur des urines (foncées, claires,
de ladite personne, ainsi que dans le périmètre
rouges)
des missions des soignants ;
– O – Odeur des urines
• le patient doit être informé préalablement de
– R – Reins (calculs, troubles rénaux)
la nature des informations échangées et de la
• Investiguer l’appareil génital :
personne destinataire.
– féminin :
Dans le cadre d’un dialogue favorable au
− menstruations (date des dernières règles,
patient et en envisageant une prise en charge
douleurs, contraceptif)
pluridisciplinaire au profit de la santé du patient,
− gestité/parité (interruption volontaire/ un courrier type de réorientation du patient vers
involontaire de grossesse) un médecin est proposé dans la figure  1.6. Ce
− dyspareunie courrier sera évidemment adapté à la situation,
− seins (autopalpation, grosseurs, écoule- au type de communication mis en place avec le
ments, douleurs) médecin, ainsi qu’à l’expérience du praticien.
– masculin :
− douleurs (pénis, testicules)
− prostate (suivi médical, antécédents) Concepts de posturologie :
observer le patient
La réorientation Investiguer le motif de consultation passe par
vers un médecin l’interrogatoire du patient, mais également par
l’observation. L’observation globale du patient
Au cours des premières consultations, le praticien est une première phase de l’examen clinique
analyse chaque signe décrit par le patient. Le ostéopathique. De la salle d’attente jusqu’à
manque de discernement lié au manque d’expé- l’entrée dans le cabinet de consultation, en pas-
rience peut inciter à la réorientation du patient sant par les positions adoptées par le patient lors
vers le médecin au moindre doute. Même si, avec de l’interrogatoire, pour aboutir à l’examen sur
la maîtrise de l’examen clinique, le praticien gagne la table de pratique, l’observation du praticien
en confiance, il importe de rester pleinement reste un acte essentiel. Tant sur le plan des
conscient de son champ de compétences. Il s’agit mouvements que le patient réalise que sur celui
14 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Figure 1.6. Exemple de lettre de réorientation vers le médecin.


(Source : P. Gadet.)
Chapitre 1. Investiguer le motif de consultation 15

Figure 1.7. Un schéma simple de rétrocontrôle postural.


(D’après Chiba [45].)

des postures qu’il adopte, le praticien recueille qu’un schéma postural correspond à un individu
des informations qu’il exploite tout au long de dans un contexte donné et à une période don-
la consultation. Pour Marin et  al., l’observation née. Si l’on prend en compte les modèles cités
posturale statistique présente une validité de 60 ci-dessus, seule une analyse ostéopathique de
à 85 % dans l’examen clinique ostéopathique. Les la globalité du patient peut permettre d’établir
auteurs précisent toutefois que «  l’observation un profil postural et des liens dysfonctionnels
est indissociable des autres étapes de l’examen ostéopathiques.
clinique ostéopathique […]. L’ensemble s’inscrit
dans une logique globale d’évaluation et de prise
en charge du patient » [160]. L’examen clinique
Le terme «  posturologie  » est de plus en en ostéopathie : un bilan
plus utilisé en médecine non conventionnelle homéostasique
lorsqu’on évoque les relations entre la posture du
corps et les troubles fonctionnels. La posturologie L’ostéopathie permet d’intervenir dans le cadre
permet de décrypter la relation anatomique et du soulagement des douleurs, mais elle est aussi
fonctionnelle entre certaines attitudes posturales plébiscitée pour ses aspects préventifs. La consul-
et des pathologies [40]. tation-bilan est recommandée selon une fré-
La figure 1.7 propose une version très simplifiée quence annuelle par la plupart des praticiens. Elle
d’un rétrocontrôle postural. Cependant, la pos- vise à rétablir un équilibre dans les fonctionnalités
turologie repose sur des modèles complexes tels du corps, gage d’« un état de complet bien-être
que [45] : physique, mental et social  », pour reprendre les
• le modèle neurophysiologique, fondé sur termes de la définition de la santé par l’Organisa-
l’étude de l’équilibre postural ; tion mondiale de la santé (OMS), dans le préam-
• le modèle biomécanique, qui tient compte de bule de sa constitution en 1946. Cette définition
la relation entre les attitudes corporelles et la précise aussi que la santé « ne consiste pas seule-
gravité terrestre autour des mécanismes ves- ment en une absence de maladie ou d’infirmité ».
tibulaires et des réflexes spinaux ; Il existe ainsi des états intermédiaires entre bonne
• le modèle psychosomatique, qui tient compte santé et pathologie. Ces étapes sont caractérisées
des facteurs psychosociaux de l’individu ; par la présence de dysfonctions que le corps lui-
• le modèle psychodémographique, issus des fac- même arrive à réguler. L’ostéopathie permet une
teurs liés à l’évolution de l’espèce (passage à la intervention sur ces dysfonctions pour favoriser
bipédie). un retour vers l’homéostasie5.
Du fait de la grande complexité des modèles
élaborés en posturologie, et étant donné les
5. Homéostasie  : «  processus de régulation par lequel
paramètres innombrables à prendre en compte, l’organisme maintient les constantes du milieu intérieur
proposer une synthèse dépasse l’objectif de ce (ensemble des liquides de l’organisme) entre les limites des
livre. Cependant, il convient de garder à l’esprit valeurs normales » (Le Petit Larousse).
16 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Comme nous l’avons vu dans l’avant-propos, Encadré 1.2


le diagnostic fonctionnel ostéopathique est ainsi
De la dysfonction à la pathologie
défini  : «  démarche qui consiste à identifier et
La dysfonction ostéopathique est définie
hiérarchiser les dysfonctions somatiques ainsi que
comme une altération de la mobilité tissulaire.
leurs interactions afin de décider du traitement Le diagnostic ostéopathique fonctionnel éta-
ostéopathique le mieux adapté à l’amélioration blit « un lien entre l’anatomie de la structure à
de l’état de santé de la personne » [172]. Ce sont mobilité perturbée, la physiopathologie de la
l’accumulation de dysfonctions et leur caractère fonction perturbée et l’expression du trouble
durable qui peuvent engendrer un état patholo- fonctionnel » [150]. L’altération de la mobi-
gique, les mécanismes de régulation de l’homéos- lité est une condition nocive lorsque sa per-
tasie ne suffisant plus à maintenir l’équilibre. Un sistance (chronicité) influe défavorablement
déséquilibre s’installe alors et une bascule pro- sur les tissus et perturbe leur adaptabilité à
la contrainte. On peut donc établir que la
gressive vers un état pathologique peut s’opérer.
conséquence à terme est une perturbation de
Idéalement, l’intervention de l’ostéopathe, au l’homéostasie. Lorsque l’homéostasie est per-
travers de l’examen clinique, vise ici à prévenir turbée de manière durable ou par des condi-
une évolution qui, dans certains cas, peut entraî- tions nocives comme une infection ou des
ner un processus douloureux. Une fois l’état de lésions tissulaires, les mécanismes de contrôle
douleur atteint, cognition et émotion sont des homéostasiques deviennent insuffisants pour
variables qui interviennent sur la modulation de subvenir à rétablir un équilibre [190]. Il se
cette douleur. Ces variables agissent également crée alors une inflammation chronique qui
sur l’homéostasie (figure 1.8 et encadré 1.2). mène à une détérioration tissulaire ; les méca-
nismes de l’inflammation dominent alors par
rapport à ceux de l’homéostasie, amenant
ainsi à la pathologie. Il existe donc une phase
pendant laquelle l’homéostasie est régulée,
bien que les dysfonctions soient présentes.
C’est dans cette phase de prévention que se
place tout naturellement l’ostéopathie.

Dans le cadre d’une consultation de suivi


(ou consultation-bilan), sans motif de douleur,
l’investigation de la douleur (outil mnémotech-
nique SMITH-InCASE) n’a pas d’intérêt a priori,
et l’interrogatoire peut débuter soit par les ques-
tions concernant les habitudes et habitus, soit
par la recherche des antécédents (MHo-TATA)
(voir plus haut le paragraphe «  Interrogatoire
général »). Au cours de cette consultation-bilan,
le recueil des informations peut être approfondi.
Une écoute attentive de la part du praticien
permet alors de proposer des adaptations du
Figure 1.8. Dysfonction ostéopathique et homéostasie. contexte de vie favorables à la bonne santé du
La dysfonction n’engendre pas la douleur mais perturbe patient. Le praticien veillera avant tout à détermi-
l’homéostasie localement et influe sur la mobilité tissulaire.
Une perturbation durable de la mobilité tissulaire ner si le patient éprouve des difficultés, ainsi que
et de cette homéostasie locale peut engendrer ses priorités et ses objectifs de vie. Ces éléments
dans certains cas une douleur et potentiellement sont développés dans le chapitre  3, consacré à
une pathologie. Cette douleur est modulée par la sphère l’élaboration d’outils d’éducation thérapeutique,
cognitivo-émotionnelle, elle-même génératrice d’une
perturbation de l’homéostasie. dans le cadre de la construction d’un échange
(Source : P. Gadet.) patient-praticien de qualité.
Chapitre 2
Analyse de la douleur
en ostéopathie
« Il y aurait deux modes d’entrée dans la douleur, un par (IRM), la douleur est maintenant reconnue
le corps, l’autre par la personne. » [18] comme étant un processus multifactoriel et objec-
tivé dans de nombreuses études scientifiques [33].
Sorte de filtre multicouche propre à chaque indi-
Introduction vidu, le ressenti de la douleur varie en fonction
de considérations génétiques, cognitivo-émotion-
La première étape de l’examen clinique de nelles (en lien avec l’expérience de vie), de l’état
l’ostéopathe, lorsque le motif de la consultation psychologique et des influences socioculturelles
est une douleur, est d’analyser celle-ci pour en (figure 2.1).
déterminer les causes probables. Si une douleur L’International Association for the Study of
n’accompagne pas forcément une dysfonction Pain (IASP) définit la douleur comme une « expé-
ostéopathique1, l’inverse est toutefois possible rience sensorielle et émotionnelle désagréable,
selon l’hypothèse de R.L. Van Buskirk [277]  : liée à une lésion tissulaire existante ou potentielle,
une douleur peut être à l’origine de dysfonctions ou décrite en termes évoquant une telle lésion ».
ostéopathiques, en raison de son influence sur Cette caractéristique sensorielle et émotionnelle
les systèmes musculaire, circulatoire et immuno- de la douleur lui confère une notion de subjec-
logique [61]. Déterminer le processus de mise tivité propre à chaque patient  ; c’est un codage
en place de la douleur peut, de ce fait, faciliter la que le praticien ostéopathe, selon le concept de
démarche de l’ostéopathe qui cherche à envisager globalité, tente ambitieusement d’analyser en vue
un schéma dysfonctionnel dans son ensemble. de déterminer l’origine de la souffrance.
Grâce au bilan ostéopathique et au concept de La douleur physiologique est définie comme
prise en charge globale, l’ostéopathe vise dans ce normale lorsque la réponse à des stimuli est propor-
cas à favoriser le retour à l’équilibre. tionnelle à une amplitude en corrélation avec leur
intensité. Ces stimuli proviennent d’origines diffé-
rentes et peuvent parfois se combiner (par exemple
Le processus de la douleur douleur neuropathique +  douleur inflammatoire).
La réponse est donc nuancée par les « expériences
Jusqu’aux années 1960, la douleur a été considé-
passées et le contexte immédiat » [142].
rée comme une réponse inévitable aux dommages
L’installation à long terme (plus de 3 mois) de
tissulaires. Depuis les théories du gate-control de
la douleur engendre des modifications structu-
R.  Melzack jusqu’aux plus récentes expérimen-
relles du système nerveux central (c’est la notion
tations en imagerie par résonance magnétique
de plasticité neuronale). La douleur peut alors
conditionner la vie de l’individu et entraîner
1. La dysfonction ostéopathique est définie comme suit
des troubles de l’appétit, une perte du sommeil,
dans l’arrêté du 12 décembre 2014 relatif à la formation en
ostéopathie : « altération de la mobilité, de la viscoélasticité envahir son univers affectif, retentir sur le vécu
ou de la texture des composantes du système somatique. Elle quotidien avec des répercussions sociales, pro-
s’accompagne ou non d’une sensibilité douloureuse » [172]. fessionnelles et familiales. Dans son consensus

Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie


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18 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Génétique
Devant un patient qui se présente en première
• Composition génétique intention avec une douleur associée à une ou
de l’individu
plusieurs des caractéristiques suivantes, la réorien-
Information Perception
sensorielle
Cognitivo-émotionnel
subjective tation médicale est vivement recommandée :
• Histoire de ses
apprentissages préalables • pas de position antalgique ;
• État psychologique actuel • douleur intense et incessante, sans notion de
• Influences socioculturelles
traumatisme ;
Figure 2.1. Le filtre de la douleur, de l’information • douleur résistante aux médicaments ;
sensorielle à la perception subjective.
(Source : P. Gadet.)
• recrudescence nocturne ;
• fièvre prolongée ;
formalisé de janvier 20092, la Haute autorité de • douleur associée à des troubles psychiques ;
santé (HAS) définit la douleur chronique comme • incapacité d’uriner ou de se retenir d’uriner ;
«  un syndrome multidimensionnel, lorsque la • spasme intense.
douleur exprimée, quelles que soient sa topogra-
phie et son intensité, persiste ou est récurrente Types de douleur
au-delà de ce qui est habituel pour la cause
initiale présumée  ». On y lit également que la L’anamnèse (voir chapitre  1) est évidemment
douleur chronique «  répond insuffisamment au primordiale dans la première étape d’analyse de
traitement, ou entraîne une détérioration signifi- la douleur. Le type de douleur présenté par le
cative et progressive des capacités fonctionnelles patient doit être analysé avec soin par le praticien.
et relationnelles du patient  ». Autour de cette L’encadré  2.1 répertorie les principales carac-
notion de «  syndrome multidimensionnel  », téristiques des cinq différents types de douleur
l’analyse par l’ostéopathe des modes d’installa- pouvant être rencontrés en cabinet d’ostéopathie.
tion d’une douleur chronique revêt un caractère En parallèle du type de douleur, les termes
prépondérant dans le concept de prise en charge qu’utilise le patient pour décrire sa douleur peu-
globale du patient. vent aider le praticien à déterminer son origine
(tableau 2.1).
Par ailleurs, il est important de faire préciser
Les drapeaux rouges au patient la nature des éventuelles irradiations
de la douleur pour l’ostéopathe qui accompagnent la douleur. Une irradiation
« électrique » ressentie sur la face postérieure de
Les «  drapeaux rouges  » sont les caractéristiques la cuisse et qui accompagne une douleur lom-
alarmantes de la douleur. Ils peuvent permettre à baire basse présente un caractère neuropathique.
l’ostéopathe de réorienter sans retard un patient La hernie discale, par la compression radiculaire
nécessitant une prise en charge médicale en urgence. qu’elle peut engendrer, déclenche alors ce type
Toutefois, ils sont à pondérer par le contexte et la d’irradiation «  électrique  » typique décrite dans
situation propre à chaque patient. Ainsi, si une la «  sciatique  ». On introduit alors la notion de
fièvre est le signe d’une infection nécessitant l’inter- douleur projetée et non pas de douleur référée
vention d’un médecin, une douleur résistante aux (voir plus loin dans ce chapitre).
médicaments est à nuancer s’il s’agit d’une auto­ Cette nuance entre douleur projetée et douleur
médication inadéquate par le patient. Ainsi, l’ana- référée peut s’avérer utile pour établir le diagnos-
lyse et la synthèse des informations sont de rigueur tic ostéopathique.
dans tout processus décisionnel ostéopathique.

2. «  Douleur chronique  : Reconnaître le syndrome Douleur projetée


douloureux chronique, l’évaluer et orienter le patient  »,
disponible à l’adresse https://www.has-sante.fr/portail/
upload/docs/application/pdf/2009-01/douleur_chro- Un stimulus appliqué au niveau du bras sur la voie
nique_recommandations.pdf. nerveuse en provenance de la main est transmis
Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 19

Encadré 2.1 Tableau 2.1. Termes utilisés par le patient pour décrire
un type de douleur et correspondance avec son origine
Les différents types de douleur structurelle*.
et leurs caractéristiques Termes descriptifs Structure corporelle
Douleur mécanique concernée

• Articulaire, musculaire Crampe, étirement, déchirure, distension, Muscle


arrachement, pesanteur, contraction,
• Dérouillage matinal bref (< 15 minutes) compression
• Douleur d’effort, de mise en charge
Pénétrante, étirement, déchirure, Ligament, capsule
• Apparition en fin de journée, rare le matin distension, arrachement articulaire
• Calmée par le repos
Rayonnante, irradiante, décharges Racine nerveuse
• Difficultés d’endormissement électriques, coup de poignard,
• Pas de recrudescence nocturne élancements, fourmillements, picotements
• Pas d’altération de l’état général Décharges électriques, en éclairs, Nerf
• Pas de fièvre fourmillements, picotements,
démangeaisons, coup de poignard
Douleur inflammatoire
Brûlure, piqûre, coupure, pénétrante, Nerf sympathique
• Articulaire, ligamentaire, tendineux, osseux transperçante, coup de poignard
• Dérouillage matinal (> 30 minutes) Profonde, lancinante Os
• Dure plusieurs heures
Aiguë, intense, intolérable Fracture
• Améliorée par une activité physique non
Battements, pulsations, coups de marteau, Vasculaire
excessive
élancements, engourdissements
• Réveil en deuxième partie de nuit
Nauséeuse, inquiétante, oppressante, Viscérale
• Recrudescence nocturne angoissante, en étau, broiement,
• Altération de l’état général lourdeur, sourde, fatigante
• État fébrile possible * D’après Magee DJ. Orthopedic physical assessment. 6th ed. Elsevier
• Éruptions cutanées Saunders ; 2014.
• Arthralgies migratrices
• Épisode infectieux récent
vers la zone corticale sensorielle en correspon-
Douleur dysfonctionnelle dance. En retour, la réponse à l’information reçue
• Fibromyalgie est une représentation d’une sensation doulou-
• Troubles fonctionnels intestinaux reuse provenant du territoire d’innervation asso-
• (Dysfonction possible des systèmes modu- cié (dermatome) à la voie nerveuse ayant servi
lateurs de la douleur) pour la transmission. Par exemple, un type de
Douleur neuropathique douleur projetée fréquent existe lorsqu’on se
• Atteinte du système nerveux central et cogne le coude sur un coin de table : on percute
périphérique le coude au niveau du passage du nerf ulnaire
• Par exemple : lésion de la moelle épinière, dans sa gouttière médiale. On ressent alors une
du nerf sciatique, etc. « décharge électrique » au niveau de la main : la
projection de l’information du stimulus sur la voie
Douleur mixte
du nerf ulnaire vers le cortex sensitif engendre
• Inflammatoire et neuropathique
une perception de la douleur au niveau du bord
• Par exemple  : lombosciatique, cancer,
hypersensibilité à la douleur postchirurgicale
médial (ulnaire) de la main (figure 2.2). Le syn-
(Source : P. Gadet, adapté de D. Bouhassira, dossier drome du piriforme est, pour sa part, un exemple
«  Douleur  », https://www.inserm.fr/thematiques/ de douleur projetée pathologique et un motif
neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychia- fréquent de consultation en ostéopathie (voir
trie/dossiers-d-information/douleur.) chapitre  10, paragraphe «  Syndrome du muscle
piriforme  »). Le nerf sciatique est comprimé au
niveau du passage du muscle, entraînant une
20 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Figure 2.3. Concept de douleur référée.


Figure 2.2. Concept de douleur projetée.

douleur sur son territoire d’innervation (der- décorrélée anatomiquement de la zone patholo-
matome S1 majoritairement). Le syndrome de gique du phénomène originel [212]. Le « bom-
compression du nerf ulnaire ou le syndrome du bardement intensif  » de la zone médullaire par
canal carpien sont d’autres exemples de douleur des informations nociceptives serait à l’origine
projetée pathologique. de l’abaissement du seuil minimal de transmis-
Lorsqu’une douleur projetée s’installe, un sion de la douleur. La perception de la douleur
syndrome neurotrophique d’accompagnement intervient dès qu’un faible stimulus est appliqué.
peut survenir. Celui-ci consiste en une altéra- I.M.  Korr reprend cette théorie qu’il appelle
tion tissulaire (dysfonction) au niveau des zones «  phénomène de facilitation  » [136]. La zone
de  sensibilité cutanées (dermatomes), muscu- médullaire au niveau de laquelle convergent ces
laires (myotomes) ou ténopériostées (sclérotomes) informations nociceptives issues des organes vis-
pouvant être responsable de la persistance des céraux en souffrance serait le lieu d’échange des
douleurs [154]. informations à l’origine de la douleur référée.
C’est un lieu où les fibres nerveuses hyper-
sollicitées sont proches et nombreuses. Cette
Douleur référée hypersollicitation serait à l’origine de contractions
musculaires (perceptibles grâce à la palpation), de
La douleur référée est un processus physiopatho- vasoconstriction, de phénomènes sympathiques
logique dans lequel un grand nombre de compo- et parasympathiques.
santes interagissent. Son évaluation attentive est La douleur cardiaque (angor, infarctus du myo-
nécessaire pour permettre au praticien d’opti- carde) est un exemple de douleur référée qui suit
miser les tests et le traitement ostéopathique, le schéma suivant (figure 2.3) :
ainsi que d’établir un diagnostic d’opportu- 1. des informations sensitives proviennent des
nité voire d’envisager la réorientation médicale fibres afférentes des structures cardiaques ;
du patient. 2. les fibres nerveuses issues des voies viscéro- et
Des informations nociceptives en prove- extéroceptives convergent au niveau de la corne
nance des organes viscéraux influent sur les postérieure de la moelle épinière et peuvent se
connexions  neuronales environnantes. Ce phé- focaliser sur les régions des dermatomes C8-T1
nomène engendre une «  erreur psychique de (l’innervation sympathique du cœur est dis-
jugement » créant une zone référée de la douleur tribuée entre les niveaux C4-C8 et T1-T4) ;
Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 21

La douleur atteint un niveau élevé puis dure


Territoire en environ 6  heures. La zone reste ensuite sensible
relation avec le
segment spinal
pendant 24  heures. Cette expérience montre de
manière explicite les conséquences musculaires
Zone de la douleur viscérale [151] et la potentialité que
dermatome
correspondante
Territoire contigu des dysfonctions ostéopathiques s’installent dans
(mais pas ou à distance de
la zone de douleur
cette région de douleur référée. Autre exemple :
forcément sur son
intégralité) Douleur originelle dans le cas de la colique néphrétique, la douleur
référée liée à la présence d’un calcul urétéral entraîne une
sensibilité et une hyperalgésie au niveau cutanéo-
musculaire. Cette douleur peut être présente bien
Site de après que le phénomène pathologique à l’origine
Douleur
ressentie en
perception de la
douleur du même
de la douleur a disparu ; les conséquences peuvent
profondeur côté que l’organe donc être durables.
pathologique
Dans le cadre d’un examen clinique et en fonc-
tion des antécédents du patient, le bilan ostéopa-
Figure 2.4. Les caractéristiques de la douleur référée thique permet donc à l’ostéopathe d’observer des
d’après Woessner [290].
(Source : P. Gadet.)
dysfonctions à distance de la région locorégionale
du motif de consultation. Cela met une fois de
plus en valeur l’intérêt du concept de globalité
3. la transmission de l’information nociceptive en de la prise en charge d’un patient et la néces-
provenance du péricarde se traduit alors par une sité de prendre en compte un grand nombre
douleur de la face médiale du bras gauche. d’informations pour tenter d’établir un schéma
Aujourd’hui, ces mécanismes de douleur réfé- dysfonctionnel.
rée ne sont pas expliqués avec certitude. Plusieurs Deux autres types de douleur sont envisagés
hypothèses sont évoquées à propos de l’origine de ci-après.
la douleur référée [151] (figure 2.4) :
• interprétation erronée par le cerveau de la
provenance des influx nociceptifs ; Douleur issue d’une structure
• incapacité de traitement de l’information face somatique profonde
à la sommation d’un grand nombre de stimuli
nociceptifs ; Une douleur peut être d’origine somatique, pro-
• perturbation au niveau des interneurones par venant de structures profondes tendineuses, liga-
des fibres nerveuses afférentes. mentaires et périostées. Ces structures présentent
Si l’on considère qu’une dysfonction ostéopa- une réponse algique régionale selon des territoires
thique puisse être une conséquence de la douleur qui présentent une relative similarité avec les
comme vu précédemment, alors l’étape suivante dermatomes ou les myotomes.
est d’envisager que des dysfonctions ostéopa- Des expériences réalisées au XIXe  siècle mon-
thiques interviennent au niveau des localisations trent que le territoire d’irradiation de la douleur
des douleurs référées. À titre d’exemple, des en lien avec l’atteinte d’une structure profonde ne
expérimentations sur l’être humain montrent correspond pas à un territoire neurologique strict
qu’une stimulation de l’uretère (par sa distension) mais à une combinaison de territoires – des myo-
engendre des contractions musculaires homola- tomes essentiellement. On observe des critères de
térales des muscles abdominaux en correspon- reproductibilité de ces territoires de douleur : le
dance avec le niveau médullaire d’innervation. Le siège primaire est associé à un territoire régional
déclenchement d’une douleur au niveau de ces d’irradiations douloureuses (voir figure 2.7). Ces
zones musculaires intervient environ une demi- résultats anciens montrent également que la souf-
heure après la stimulation initiale de l’uretère. france d’une structure profonde peut engendrer
22 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

L3 L4 L5 S1
Figure 2.5. Douleur référée somatique selon Kellgren, issue de la sollicitation nociceptive des ligaments interépineux
des niveaux segmentaires indiqués (injection de solution hypertonique).
(D’après Bogduk [31].)

locorégionalement [126] : une hypersensibilité de viscérale [88,  250]. Le système digestif présente
la peau (hyperalgésie), ou des contractions mus- une relative autonomie de fonctionnement dans
culaires (hyperalgésie cutanéomusculaire). sa capacité de conversion des nutriments en éner-
À partir de ces constatations, des cartogra- gie, de synthèse des vitamines et d’équilibre du
phies de régions des douleurs référées issues système immunitaire. On observe également des
de structures profondes ont pu être réalisées voies d’échanges d’informations avec le cerveau
(figure  2.5). Il est important de noter que ces (par exemple la transmission de la sensation de
cartes n’ont rien à voir avec des représentations faim). Le système digestif, par son dialogue chi-
de territoires d’innervation. Ces cartographies mique et neurologique avec le cerveau, intervient
sont établies selon des régions douloureuses obte- dans les processus de régulation des fonctions
nues par stimulation nociceptive des ligaments du corps. La complexité des communications
interépineux des vertèbres (injection de solution entre le cerveau et le système digestif fait que
hypertonique au niveau de ces ligaments) et non l’étude de la douleur viscérale est rendue difficile.
par la sollicitation des racines spinales. Ce mécanisme –  qui a fait l’objet d’un grand
Par ailleurs, plusieurs résultats d’expérimenta- nombre d’études récentes  – a aussi été intégré
tions des années 1940-1960 montrent que la dans l’hypothèse explicative d’une dysfonction
douleur varie en localisation et en intensité selon ostéopathique, notamment par Korr [136].
la profondeur des structures. L’ensemble de ces tra- La douleur viscérale évolue selon deux phases
vaux sur la douleur issue des structures profondes décrites par Giamberardino et  al. [88], qu’il
et sur ses conséquences physiologiques tissulaires semble intéressant d’évoquer dans le cadre de
sont la base des travaux de Travell et Simons sur l’examen clinique ostéopathique.
les trigger points dans les années 1980 [252, 273].

Phase primaire de la douleur


Douleur viscérale référée viscérale : la douleur viscérale vraie
Il existe un certain nombre d’hypothèses sur L’apparition de la douleur viscérale est d’abord
les mécanismes pathogéniques de la douleur médiane (selon une ligne axiale centrale entre
Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 23

la partie inférieure du sternum et la région sus- Phase secondaire


pubienne ; voir figure 2.8). Elle est accompagnée de la douleur viscérale :
la plupart du temps de signes neurovégétatifs la douleur viscérale référée
(nausées, vomissements, hypersudation, etc.). Les
douleurs œsophagiennes lors d’une inflammation La phase secondaire de la douleur viscérale est
de la muqueuse sont un exemple de douleur vis- décrite comme une phase de migration de la
cérale vraie. Le passage du bol alimentaire est douleur vers l’hémicorps du côté de l’organe
douloureux et la douleur est alors ressentie en atteint, accompagnée accessoirement d’une
arrière du sternum. Dans le cas de l’appendicite, hyperalgésie cutanéomusculaire (réflexe vis-
les signes typiques qui précèdent la crise en cérocutané) (figure  2.6). La palpation permet
elle-même sont des nausées, des vomissements de mettre en valeur simplement l’hyperalgésie
et des douleurs abdominales diffuses au niveau cutanéomusculaire [88]. Par exemple, dans le
péri-ombilical. cas de l’appendicite, la douleur est typiquement

Phase secondaire
Douleur viscérale référée
• Localisation plus précise
• Hyperalgésie de la peau
ou des muscles

Phase primaire
Douleur viscérale vraie
• Localisation médiane, vague,
vague, diffuse
• Accompagnée de réactions
neurovégétatives (nausées,
vomissement,...) ex. appendicite

FACE DOS
ex. vésicule biliaire

FACE DOS
ex. calcul rénal (urétéral)

Figure 2.6. La phase primaire et la phase secondaire de la douleur viscérale.


(D’après M.A. Giamberardino [88].)
24 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

épigastrique dans sa phase primaire, accompagnée • la douleur projetée ;


de nausées et/ou vomissements (douleur vis- • la douleur issue d’une structure profonde et
cérale vraie). Dans sa deuxième phase, la douleur selon un territoire décorrélé d’un territoire
migre vers le point de McBurney et devient alors d’innervation ;
une douleur viscérale référée. Elle est mise en • la douleur référée issue d’un organe à distance
exergue par le signe de McBurney : une douleur (douleur viscérale).
au relâchement soudain de la pression de la Grâce au bilan, le praticien peut mettre en
fosse iliaque droite. Lorsque l’inflammation se évidence que la douleur décrite par le patient
propage aux organes contigus jusqu’au péritoine, selon un siège puis un territoire d’irradiation
on observe une contraction musculaire des mus- n’est pas forcément d’origine neurologique. De
cles abdominaux  : le retentissement de l’hyper- plus, la description d’une région plus ou moins
excitabilité de l’organe pathologique se traduit vaste n’indique pas nécessairement une irritation
par une hyperactivité musculaire des structures en ou une compression d’un nerf périphérique ou
correspondance médullaire, appelée contracture d’une racine nerveuse  : les viscères comme les
abdominale ou « ventre de bois ». structures profondes peuvent être en cause. Par
En parallèle, Korr décrit le «  signe de la exemple, la douleur d’origine sacro-iliaque est
sonnette  », qui est une réponse douloureuse décrite la plupart du temps comme une lom-
provoquée à la pression de l’épineuse en corres- balgie basse avec des irradiations en face pos-
pondance avec le segment spinal d’un organe térieure de la cuisse (voir chapitre 10, paragraphe
viscéral pathologique [136]. Cette réponse est « Lombalgies »).
reproduite également par une pression sur les De nombreuses représentations de ces terri-
épineuses adjacentes3. Le « signe de la sonnette » toires de douleur référée existent dans la lit-
a été découvert par I.M. Korr en se fondant sur les térature. Certaines sont issues des travaux de
travaux de J.  Mackenzie de la fin du xixe  siècle. Kellgren4 et d’autres des travaux de Travell et
Ce dernier a décrit qu’une pression sur l’épi- Simons sur les trigger points.
neuse de certaines vertèbres en rapport avec Quelques-uns des outils d’analyse de la douleur
le segment d’innervation d’un organe viscéral sont décrits ci-après.
pathologique provoque une douleur exquise au
niveau de ladite vertèbre. Les résultats des travaux
de J. Mackenzie décrivant les correspondances des Les « zones de Head » :
niveaux vertébraux et des viscères sont à la base un outil d’investigation
de la conception des « zones de Head », décrites de la douleur viscérale
ci-après.
La publication majeure du concept de zones
de douleurs viscérales référées, ou «  zones de
Les outils d’analyse Head  », est issue d’observations cliniques de
H. Head et J. Mackenzie, à propos du « signe de
de la douleur dans la sonnette  » (voir plus haut). La représentation
le cadre de l’examen schématique de ces zones fournie à la figure 2.7
clinique ostéopathique est un outil qui peut s’avérer utile dans le cadre
du diagnostic ostéopathique. Une douleur peut
L’analyse de la douleur par l’ostéopathe lors engendrer à terme des dysfonctions tissulaires,
de l’examen clinique est essentielle. Le praticien et des restrictions de mobilité tissulaire sur une
cherche à établir une distinction entre : zone pourraient être la conséquence d’épisodes

3. On différencie le signe de la sonnette tel que I.M. Korr 4. On trouve certaines de ces représentations sur les
le décrit et le test de la sonnette ou spring test (pression sur moteurs de recherche sur Internet en utilisant les mots clés
les muscles paravertébraux ; voir chapitre 10). « sclérotome », « pain », ou « chart ».

Trajet des nerfs intercostaux
en correspondance
avec la vertèbre

T1
Diaphragme C4 T2
T3
T4
T5
Cœur T3-T4
T6
T7
T8
Estomac T8
T9
T10
T11

Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 25


Foie T9
T12
L1

Duodénum T10

Côlon T11

Vessie T12

Rein, uretères L1

Figure 2.7. La diffusion des nerfs intercostaux et leur correspondance avec les organes internes (« zones de Head »).
Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes,
les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(D’après Kleinschmidt, issue des travaux de Head et Mackenzie.)
26 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

de douleurs viscérales. Il est ainsi possible de réflé- été déterminés à partir de plusieurs publications
chir à l’origine d’un schéma dysfonctionnel d’un dont les résultats sont relativement similaires
individu grâce à cet outil. [77, 107, 128].

Dermatomes, myotomes, Myotomes


sclérotomes, viscérotomes Une racine spinale se distribue vers plusieurs
muscles. Ce groupe de muscles constitue un myo-
Les racines nerveuses spinales sont réparties de
tome. Plusieurs racines spinales peuvent innerver
manière segmentaire et définissent ainsi une
un seul muscle, et un muscle est donc constitué
topographie de territoires d’innervation. Ces
par plusieurs myotomes. Sur la figure  2.9, on
territoires d’innervation diffèrent en fonction
observe que le muscle D est innervé par les racines
de leur profondeur et des structures innervées.
spinales 1 et 2 (par exemple, le muscle biceps est
Ils sont dénommés dermatomes, myotomes,
innervé par C5 et C6). Le muscle E est innervé
sclérotomes et viscérotomes. La représentation
par les racines spinales 1, 2 et 3.
des correspondances des niveaux médullaires
Il existe une variabilité interindividuelle dans
d’innervation entre structures et organes du
la distribution des racines et des muscles. Par
corps humain est un outil diagnostique essentiel
exemple, le muscle tibial antérieur est innervé par
en ostéopathie.
L4 seule, parfois L5 seule, parfois L4 et L5 [78].
Les figures  2.8 à  2.14 proposent des repré-
La topographie des myotomes présente ainsi une
sentations des dermatomes, myotomes et sclé-
grande variabilité interindividuelle.
rotomes établies grâce à une importante revue
On distingue trois types de représentation de
de littérature. Dans un souci de synthèse, seuls
l’innervation musculaire, chacune caractérisée par
les références et les commentaires essentiels sont
un syndrome en cas de lésion :
indiqués. Ces références bibliographiques sont
• innervation radiculaire (celle qui définit le
parfois anciennes car issues des publications d’ori-
concept des myotomes)  : une racine spinale
gine. Les progrès scientifiques et les technologies
innerve plusieurs muscles et définit un myo-
actuelles permettent d’apporter des hypothèses
tome. Une altération/compression de la racine
quant aux résultats de ces travaux anciens sur
spinale engendre une atteinte du myotome,
les territoires d’innervation. Mais de plus amples
donc d’un groupe de muscle. Les muscles
recherches sont nécessaires pour préciser ces
innervés par un petit nombre de racines spi-
concepts.
nales sont en ce sens ceux qui seront les plus
rapidement altérés. Une compression de la
Dermatomes racine spinale L5 par une hernie discale peut
Des reproductions maladroites des illustrations engendrer une perte de force musculaire des
originales et des interprétations erronées de ces groupes musculaires qu’elle innerve, notam-
représentations des dermatomes au cours des der- ment les fibulaires. On observe par exemple un
nières décennies ont conduit à la perte des résultats « steppage » à la marche engendré par un déficit
des expérimentations menées et donné lieu à des de flexion dorsale de la cheville ;
illustrations inexactes au sein d’ouvrages ou de • innervation plexuelle  : plusieurs racines se
publications [64, 109]. regroupent sous la forme d’un plexus (par
La représentation fournie à la figure  2.8 est, exemple le plexus brachial). Le syndrome
pour sa part, une cartographie de synthèse issue plexuel est rare et lié essentiellement à un trau-
de la publication de Lee et  al. concernant les matisme (comme en cas d’accident de moto)
dermatomes [144]. Cette représentation est ou une compression de type tumoral. Une
fondée sur les cinq expérimentations les plus atteinte au niveau du plexus brachial peut se
probantes depuis les premiers travaux sur le sujet. traduire par une paralysie et une anesthésie du
Les dermatomes du crâne, quant à eux, ont membre supérieur dans son intégralité ;

Correspondance des organes

C3-C6 Cœur
C7-T5
C4
C7-T5 Poumons

sous-diaphragmatiques
Organes viscéraux
C5 Foie
C6
T5-T9 Estomac
Rate
Pancréas

C7 C7
T1 T1 Reins, surrénales,
T10-L1
uretères
C6
Côlon ascendant
C8 C8 L1-L2 1/3 côlon transverse
Intestin

Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 27


2/3 côlon transverse
L3-L4 Côlon descendant
Sigmoïde
Rectum

L5-S1 Vessie
Prostate

L4

S1

Figure 2.8. Dermatomes et correspondance des niveaux médullaires.


Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes,
les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(D’après Head et Campbell [107].)
28 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Muscle A • innervation tronculaire  : les racines se regrou-


pent en troncs après le plexus. L’innervation
Racine spinale 1 Muscle B Myotome 1 tronculaire est la plus communément repro-
duite sur les manuels d’anatomie. Le syndrome
Muscle C
du canal carpien est un exemple de syndrome
Muscle D tronculaire. On observe à plus ou moins long
terme une atteinte motrice des muscles de
Racine spinale 2 Muscle E Myotome 2 l’opposition pouce-index (prise en pince) avec
Muscle F
parfois une amyotrophie de l’éminence thénar.
Dans le domaine de la recherche sur les myo-
Muscle G tomes, la grande majorité des travaux ont été
Racine spinale 2 Muscle H Myotome 3 réalisés il y a plus de 50 ans, et il est difficile de
trouver une représentation des myotomes dans
Muscle I la littérature récente. Ces illustrations sont en
outre très peu utilisées alors qu’elles présen-
Figure 2.9. Une racine spinale innerve plusieurs tent un réel intérêt en ostéopathie lorsque l’on
muscles.
L’ensemble de ces muscles constitue un myotome.
recherche la structure en cause dans le processus
Un muscle peut être englobé dans plusieurs myotomes. douloureux. Les illustrations découlent en partie
(Source : P. Gadet.) de travaux de recherche traitant indifféremment

Figure 2.10. Myotomes des membres supérieurs.


Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre
les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes, les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux
segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(D’après Déjérine [59].)
Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 29

Figure 2.11. Myotomes des membres inférieurs.


Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre
les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes, les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux
segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(D’après Déjérine [59].)
30 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Figure 2.12. Sclérotomes des membres supérieurs.


Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre
les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes, les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux
segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(D’après Déjérine [59].)

de myotomes ou de sclérotomes [59,  115]. Des La sollicitation nociceptive des structures en


travaux récents réalisés sur le singe et extrapolés profondeur puis la description des territoires de
à l’humain permettent de corroborer certaines douleur ressentie ont permis d’établir ces carto-
données anciennes [68] et ainsi de donner aux graphies. Les sclérotomes sont considérés comme
représentations des myotomes une valeur cli- les territoires de douleur référée des structures
nique relativement appréciable dans la démarche profondes ligamentaires et tendineuses, en corres-
ostéopathique. pondance avec les racines spinales d’un niveau
Les figures 2.10 et 2.11 présentent les myotomes médullaire spécifique. En profondeur des tissus,
du membre supérieur et du membre inférieur. les territoires d’innervation des structures pré-
sentent une topographie non corrélée aux plans
Sclérotomes superficiels.
L’innervation segmentaire des sclérotomes n’a Les figures  2.12 à  2.14 fournissent des outils
pas fait l’objet de recherches scientifiques spéci- pratiques dans la recherche de la douleur issue des
fiques récentes [116]. Hormis les résultats issus structures profondes.
d’extrapolations d’expérimentations réalisées sur
Viscérotomes
l’animal, les recherches sur les sclérotomes sont
majoritairement des constatations obtenues par La plupart des représentations de l’innervation des
stimulation nociceptive des structures profondes. viscères convergent vers des résultats similaires au
Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 31

avec les racines spinales d’après F.H. Netter. Une


correspondance de couleur est représentée entre
les organes viscéraux et les niveaux des racines
spinales.
Très largement décrites dans la littérature
scientifique et médicale, les innervations sym-
pathique et parasympathique des viscères sont
segmentées selon les étages des racines spinales.
L’innervation sensitive est répartie sur un réseau
de fibres afférentes concomitant aux faisceaux
sympathiques et parasympathiques. Environ 80 %
de l’innervation sensitive des viscères est issue du
système parasympathique pour seulement 20  %
du système sympathique [131]. La répartition de
l’innervation sensitive viscérale est majoritaire-
ment concomitante aux fibres parasympathiques,
ce qui serait à l’origine du caractère diffus
(vague) de la douleur d’origine viscérale. Le
nerf phrénique a une spécificité quant aux fibres
sensitives qui en sont issues. Cette spécificité est
souvent relatée et considérée dans la prise en
charge ostéopathique. Elle est développée dans
l’encadré 2.2.
La figure  2.16 met en correspondance les
territoires d’innervation des viscères, ou viscéro-
tomes, qui seraient une des voies de transmis-
sion des dysfonctions, et les zones de douleurs
référées (ou «  zones de Head  »), qui seraient
le lieu de mise en place de dysfonctions. Elle
présente sur sa partie gauche la répartition
segmentaire de l’innervation des viscères confor-
mément à la plupart des ouvrages anatomiques
[124, 180]. Sur la partie droite, sont présentées
les observations cliniques de la douleur référée
selon les territoires cutanés issues des travaux de
Head et Mackenzie. Bien que ces observations
ne bénéficient pas de preuves anatomiques et
scientifiques à ce jour, elles restent cliniquement
Figure 2.13. Sclérotomes thoraciques.
Le code couleur adopté est le même pour les
incontestées.
figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une
correspondance entre les « zones de Head », les derma-
tomes, les myotomes, les sclérotomes et les viscérotomes
en fonction de leurs niveaux segmentaires vertébraux, Les points diagnostiques
ainsi qu’avec la figure 2.16.
(D’après Déjérine [59].) Il existe diverses théories sur les points de dou-
leurs. Certaines bénéficient d’une exploration
sein de la plupart des grands ouvrages d’anatomie scientifique et sont des outils utiles à l’ostéopathe
traitant le sujet. La figure  2.15 présente l’inner- dans le cadre de l’examen clinique. Un grand nom-
vation viscérale sympathique et la correspondance bre de thérapies alternatives (thérapies réflexes,
32 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Figure 2.14. Sclérotomes des membres inférieurs.


Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre
les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes, les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux
segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(D’après Déjérine [59].)

kinésiologie, etc.) sont fondées sur ces points en massage de certains points du corps  ». Ces
tant qu’outil diagnostique et thérapeutique. points ne bénéficient d’aucune étude scien-
• Points de Knap. Ce sont des points parfois tifique valide à ce jour et ne sont donc pas
évoqués en ostéopathie. Gëorgia Knap a mis retenus dans cet ouvrage.
en évidence des points qui sont plus ou moins • Points de Chapman. Dans les années 1930,
douloureux en fonction de l’état pathologique Franck Chapman, D.O., a décrit une corres-
d’un individu. Ces points seraient liés à l’accu- pondance entre des points réflexes neurolym-
mulation de « déchets » empêchant une bonne phatiques et des fonctions organiques. Il a
circulation des fluides. Il a établi sa théorie sur établi une liste de points douloureux en lien,
la possibilité de «  nettoyer l’organisme par le entre autres, avec des troubles viscéraux. À la

Correspondance des organes

C3-C6
Cœur
C7-TS

C7-TS Poumons
sous-diaphragmatiques
Organes viscéraux

Foie

T5-T9 Estomac
Rate

Pancréas

Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 33


Reins, surrénales,
T10-L1
uretères
Côlon ascendant
L1-L2 1/3 côlon transverse
Intestin
2/3 côlon transverse
L3-L4 Côlon descendant
Sigmoïde
Rectum

L5-S1 Vessie
Prostate

Figure 2.15. Viscérotomes.


Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes,
les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(D’après Netter [180].)
34 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Encadré 2.2

Spécificité de l’innervation sensitive du nerf phrénique


Les fibres afférentes (sensitives) du nerf phrénique Cette notion comporte un intérêt en ostéopa-
sont particulières. Ce nerf recueille la sensibilité de thie dans la recherche d’une douleur ou d’une
trois séreuses : plèvre, péricarde et portion supra- gêne au niveau de la ceinture scapulaire (voir
mésocolique du péritoine. En parallèle, il innerve chapitre 9, paragraphe « Douleur d’épaule »).
la capsule de Glisson, l’enveloppe séreuse entou- Une des hypothèses de cette douleur référée est
rant le foie [187]. Celle-ci donne des expansions fondée sur le fait qu’il existe une convergence
vers les canaux biliaires sans englober la vésicule entre les fibres afférentes du nerf phrénique
biliaire elle-même. Des calculs biliaires peuvent et celles issues des structures somatiques tho-
donc être présents dans la vésicule sans a priori raciques du même niveau médullaire de la
occasionner de gêne. Ils deviennent douloureux moelle épinière. La proximité des neurones
lors de leur passage dans les canaux biliaires en engendrerait des échanges inappropriés d’infor-
aval. Cette douleur siégeant au niveau de l’hypo- mations neurobiologiques, sollicitant ainsi la
condre droit a une composante référée. Celle-ci conduction de fibres nerveuses adjacentes mais
est décrite au niveau de l’épaule, transfixiante vers à destination de régions distinctes, à l’origine
la pointe inférieure de la scapula. de zones de douleur référées [137].

même période, une équipe d’ostéopathes amé- sur ces points majore la douleur et que ceux-ci
ricains a travaillé autour de résultats cliniques sont à l’origine d’une limitation d’amplitude
et de dissections dans le but d’observer le lien par la douleur provoquée au mouvement. Bien
entre ces points et des organes en profondeur. que la cause organique reste inconnue, ces
Il existe plusieurs cas d’observation des points points restent un outil utilisé dans le domaine
de Chapman dans la littérature [42], mais ils médical [276]. Les points de Valleix sont réper-
ne permettent pas de justifier leur utilisation toriés pour diverses névralgies (névralgie cer-
comme outil diagnostique au sein de cet vicobrachiale, névralgie crurale, etc.). Ils sont
ouvrage. cités dans certains articles comme des outils de
• Tender points. L’ostéopathe américain Law- diagnostic médical, mais sans bénéficier d’étude
rence H. Jones a différencié les trigger points valide.
des tender points. Les tender points, objet des • Trigger points. À la différence des autres
techniques de L.H.  Jones, sont des points points diagnostiques, les trigger points béné-
douloureux à la pression que cet auteur associe ficient d’une véritable exploration scientifique
pour quelques-uns à des troubles organiques. depuis les travaux de Janet Travell dans les
Les points de Jones sont associés aux tech- années 1980 [252, 273]. Une pression sur le
niques du même nom. trigger point reproduit la douleur à distance
• Tender spots. Ils sont décrits dans certains outils de celui-ci. Les régions de douleur référée
d’aide au diagnostic de la fibromyalgie. Ils des trigger points présentent des similarités
sont répertoriés en tant que points spécifiques avec les myotomes et les sclérotomes. Une
douloureux par une légère pression [7]. Les première étape de diagnostic, lorsqu’on utilise
tender spots étant spécifiques à une pathologie, les trigger points, est de localiser la douleur
ceux-ci ne s’intègrent a priori pas dans l’examen par rapport à la représentation des myo-
clinique ostéopathique. tomes et des sclérotomes fournies dans cet
• Points de Valleix. Ces points sont issus des ouvrage (voir plus haut). Une deuxième étape
travaux de François Valleix sur les névralgies à la consiste à apprendre la localisation précise
fin du xixe siècle. Valleix décrit qu’une pression des différents trigger points et les territoires

Innervation orthosympathique des organes Territoires des douleurs référées des organes
Émergences
selon Netter selon Head et Mackenzie
spinales et
dermatomes
Ganglions Organes Organes
C1
C2 Ganglion cervical
C3 supérieur
C4 Diaphragme Diaphragme
C5 Ganglion cervical
C6 inférieur
C7
Cœur
C8
D1 Ganglions
thoraciques Poumons
D2 Cœur
D3 Poumons
D4
D5 Estomac
D6 Foie
Nerf grand splanchnique Foie,
D7 Ganglion cœliaque Vésicule biliaire
thoracique Estomac vésicule

Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 35


D8 Conduits biliaires
Diaphragme biliaire
D9 Pancréas
D10 Nerf petit splanchnique Ganglion aortico- Testicules/Ovaires
Reins Intestin
D11 thoracique rénal Prostate
Côlon
D12 Nerf splanchnique thoracique imus Surrénales
Reins Utérus
Ganglion Intestin Appendice
L1 mésentérique Côlon ascendant
Nerfs splanchniques supérieur Vessie
Côlon transverse
lombaux Ganglion
L2 mésentérique
Côlon descendant
inférieur
L3 Sigmoïde
Plexus hypogastrique Rectum
L4
L5 supérieur Vessie
Plexus
S1 Nerfs splanchniques hypogastrique
S2 sacraux inférieur Vessie Prostate Utérus
Glandes génitales externes
S3 Rectum

S4
S5

Figure 2.16. Comparaison des niveaux d’innervation sympathique selon Netter et des niveaux de douleur référée.
Le code couleur adopté est le même pour les figures 2.7, 2.8 et 2.10 à 2.15. Il permet d’établir une correspondance entre les « zones de Head », les dermatomes, les myotomes,
les sclérotomes et les viscérotomes en fonction de leurs niveaux segmentaires vertébraux, ainsi qu’avec la figure 2.16.
(Source : d’après Netter [180], et Head H. On disturbances of sensation with especial reference to the pain of visceral disease. Brain 1896 ; 19(2-3) : 153-276.)
36 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

TP du deltoïde
antérieur
TP du subscapulaire
TP du brachial
TP du biceps
TP du brachioradial
TP du fléchisseur TP des adducteurs
ulnaire du carpe de hanche
TP du fléchisseur
radial du carpe TP du droit fémoral
TP du long palmaire
TP de I’opposant
du pouce

TP de I’adducteur TP du vaste intermédiaire


du pouce
TP du vaste médial
TP du vaste latéral

TP du tibial antérieur
TP du long extenseur
des orteils

TP du 3e espace
interosseux
a

TP du deltoïde
postérieur TP de I’élévateur
de la scapula
TP du petit rond TP du supra-épineux
TP du grand rond
TP de I’infra-épineux
TP du triceps
TP du groupe
des extenseurs
TP du moyen fessier
TP de I’extenseur
de I’index TP du petit fessier
TP de l’abducteur TP du piriforme
du 5e doigt

TP du 1er espace TP du grand fessier


interosseux
TP du biceps

TP du long fibulaire
TP du gastrocnémien
médial
TP du court fibulaire

TP du soléaire

b
Figure 2.17. Représentation des trigger points (TP) en faces antérieure (a) et postérieure (b) du corps.
(D’après Travell et Simons [252, 273].)

de douleur référée associés, objet des pub- trigger points en faces antérieure et postérieure
lications de J.  Travell et D.  Simons. La du corps. Si la connaissance de ces points
figure  2.17 propose une représentation des apporte une aide dans la recherche d’un muscle
Chapitre 2. Analyse de la douleur en ostéopathie 37

spasmé, la connaissance des régions de douleur tent d’établir une correspondance visuelle des
référées engendrées par la pression sur ces structures somatiques et viscérales par l’inter-
points présente également un intérêt. médiaire de leur niveau médullaire d’innerva-
tion et permet ainsi une visualisation globale.
Cette carte est disponible au format PDF, elle
Compléments en ligne est ac­compagnée des pdf de chaque figure la
composant.
La carte Dermatomes, myotomes, sclérotomes, vis- Pour accéder à ces fichiers, connectez-vous sur
cérotomes reprend les figures 2.8, 2.10 à 2.15 http://www.em-consulte.com/e-complement/475636
ainsi que le tableau 2.16 du chapitre 2. Les et suivez les instructions pour activer votre accès.
codes couleurs utilisés pour ces figures permet-
Chapitre 3
Ostéopathie et prévention
L’apport de l’application Elle se veut alors un moyen pédagogique pour que
de l’éducation thérapeutique le patient puisse acquérir des compétences d’auto-
soin dans le cas d’une pathologie chronique.
en ostéopathie La conception de l’ETP selon Brigitte Sandrin,
médecin de santé publique, correspond à ce qui
En fin de consultation, des conseils sont souvent devrait être entrepris dans le cadre de l’approche
prodigués au patient afin que les bénéfices de la ostéopathique, notamment parce qu’elle insiste
séance d’ostéopathie puissent s’installer durable- sur la rencontre soignant-soigné et sur l’intégra-
ment. Mais ces conseils sont souvent transmis au tion d’une démarche éducative des soins. Cette
patient sans s’intéresser à son contexte de vie et démarche exige d’abord ce qu’elle appelle un
sans que le praticien se soit d’abord inquiété des « bilan éducatif partagé » [240] :
vraies problématiques en se demandant notam-
ment : « Ce patient est-il en mesure de mettre ces « Aider un patient à prendre soin de lui-même ne
repose pas que sur des objectifs pédagogiques et
conseils en application ? » « Que puis-je apporter
des activités d’apprentissage. […] Le terme de bilan
pour que mes conseils puissent être intégrés à son éducatif partagé correspond mieux au travail que les
mode de vie ? ». Au-delà du simple fait de « don- soignants ont à entreprendre avec les patients dans
ner un conseil  », il est beaucoup plus profitable le cadre d’une démarche d’éducation thérapeutique :
il s’agit, à chaque rencontre, d’évaluer avec le patient
de veiller à ce que le patient comprenne l’intérêt de
où il en est, puis de convenir de ce qui pourrait
modifier un élément du quotidien pour améliorer éventuellement l’aider à mieux prendre soin de lui. »
sa qualité de vie à court, moyen ou long terme.
Quesnay et Gagnayre observent que les ostéo- L’écoute et l’échange que requiert l’ETP sont
pathes ne bénéficient actuellement d’aucune particulièrement adaptés pour potentialiser le trai-
formation visant à prodiguer efficacement les tement ostéopathique dans un quotidien de vie
conseils à leur patient [213]. En outre, les résul- propre à chacun.
tats de leur enquête montrent que les praticiens Utiliser l’éducation thérapeutique en parallèle
estiment que, si leurs conseils ne sont pas écoutés d’une pratique ostéopathique, c’est se donner les
et suivis, cela ne dépend que des patients. C’est au moyens de poser les bonnes questions au patient et
contraire le rôle du praticien que de s’intéresser d’éviter certaines situations contradictoires rencon-
au contexte de vie du patient et à ses capacités de trées au cours de séances. Voici quelques exemples de
prendre conscience de sa situation pour que des situations maladroites qui peuvent être évitées grâce
changements même minimes puissent être opérés. à une écoute attentive du contexte de vie du patient :
L’éducation thérapeutique du patient (ETP) • expliquer à un patient qu’il faut adopter une
s’inscrit pleinement dans une démarche de prise en alimentation équilibrée sans se soucier de ses
charge globale. Celle-ci est définie par l’Organisation préoccupations quotidiennes, du temps dont
mondiale de la santé (OMS) comme visant « à aider il dispose pour manger et des conditions dans
les patients à acquérir ou à maintenir les compé- lesquelles il prend ses repas ;
tences dont ils ont besoin pour gérer leur vie avec • insister pour qu’une patiente se repose en ren-
une maladie chronique » [82]. Elle a initialement été trant de la séance d’ostéopathie alors qu’elle va
conçue dans le cadre hospitalier de l’accompagne- devoir s’occuper seule de ses deux enfants et
ment des patients atteints de maladies chroniques. réaliser les tâches quotidiennes de la maison ;
Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie
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40 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

• encourager un patient sédentaire, en surcharge Un exemple de mise


pondérale et qui n’a jamais pratiqué une activité en application de l’éducation
physique de sa vie, à se mettre à la natation alors
qu’en plus il ne supporte pas l’idée de se mettre
thérapeutique en ostéopathie
en maillot de bain devant du monde.
B. Sandrin [240] précise que, pour aider un Il est possible d’entendre un patient lors de
patient à prendre soin de lui-même, il est néces- l’interrogatoire et de noter ensuite les éléments
saire de favoriser son implication dans les déci- recueillis comme suit  : «  Monsieur M., homme,
sions et les actions relatives à sa santé. L’ETP 70 ans, lombalgie chronique résistante aux antal-
consiste ainsi à élaborer, au travers des questions giques de niveau 1, examen radiologique révélant
que se pose le patient, des réponses qui soient les une usure des corps vertébraux (arthrose) clas-
siennes. C’est le patient qui sait où il veut aller, et sique vu l’âge, patient sédentaire (IMC 35), pas
l’ostéopathe doit l’aider dans sa démarche. d’activité sportive pratiquée, alimentation riche
La démarche de l’ETP a également pour en graisse et non équilibrée ».
but d’enrichir l’anamnèse et l’interrogatoire en Mais il est également possible de réellement
recueillant les éléments favorables à la compré- écouter le patient et de chercher à le comprendre.
hension de la situation globale du patient. De ce Les notes seraient alors les suivantes : « Monsieur
point de vue, il importe de favoriser : M., 70  ans, lombalgie chronique que le Doli-
• l’expression du patient en le questionnant sur le prane® prescrit par son médecin n’arrive pas à
retentissement des douleurs sur le quotidien  : soulager. Cet homme souffre surtout de ne plus
« Qu’est-ce qui vous est le plus difficile à gérer être en mesure de porter ses petits enfants ni de
quand vous avez mal ? » ; faire son potager. “Prisonnier” (selon ses termes)
• l’analyse du patient sur sa situation, sa réflexion : d’un embonpoint depuis plusieurs décennies, il
«  Pouvez-vous me décrire comment vous réa- ne peut pas envisager de suivre un quelconque
gissez ? » ; régime, les repas étant pour lui des moments de
• la construction de solutions autour des élé- plaisir. Cet homme a consacré sa vie à son travail
ments recueillis, en permettant au patient de et n’a jamais fait de sport. Les examens médicaux
s’engager dans un changement  : «  Qu’est-ce ne révèlent aucune atteinte pathologique réelle
que vous faites de tout ça ? » hormis la présence d’une arthrose au niveau
Il s’agit d’abord pour le praticien de déterminer vertébral, témoin d’une vie de labeur. »
quels sont les objectifs et les priorités du patient, Un exemple d’objectifs non croisés consisterait,
puis de les croiser avec les siens, en vérifiant que tous d’une part, à conseiller à ce patient des séances
deux œuvrent dans la même direction (figure 3.1). de piscine alors que celui-ci n’a jamais fait de
sport de sa vie et que ce n’est pas son objectif  ;
d’autre part, à lui suggérer de réduire la quantité
de nourriture consommée, ou de changer le type de
nourriture sans apporter aucune compensation – ce
serait certainement voué à l’échec dans le cas de
Monsieur M.
En appliquant l’outil d’éducation thérapeutique
proposé à la figure  3.1, les éléments suivants
peuvent être recueillis et échangés avec le patient,
grâce à une attitude et des questions adaptées :
• difficultés, contraintes, préoccupations du
patient :
Figure 3.1. Appliquer l’éducation thérapeutique – ne plus être en mesure de porter ses petits
lors de l’anamnèse en ostéopathie en valorisant l’action
du patient. enfants ;
(Source : P. Gadet d’après Sandrin [240].) – ne plus pouvoir faire son jardin ;
Chapitre 3. Ostéopathie et prévention 41

– être pénalisé aujourd’hui dans ses mouve- l’amélioration de l’état clinique obtenu au cours
ments en raison de son surpoids. de la séance. L’éducation thérapeutique appliquée
• ressources, atouts et motivations du patient : à l’ostéopathie permet donc de consolider dans le
– le bien-être apporté par les activités avec ses temps les bienfaits d’une séance.
petits enfants ; Un patient ne suivra pas un conseil s’il n’a pas
– le besoin d’être dehors pour jardiner. compris pourquoi il doit le suivre et, surtout, si
• ce dont patient et praticien conviennent, en le conseil qui lui a été donné n’est pas adapté à
termes de priorités, de démarches et d’actions : ses priorités : nous ne faisons le plus souvent les
– s’asseoir pour prendre ses petits enfants dans choses que parce qu’elles ont du sens pour nous.
ses bras en évitant ainsi de se baisser pour le Il ne s’agit pour le praticien de chercher à obtenir
faire pourrait être une piste ; un acquiescement coûte que coûte de la part du
– un petit tabouret léger, pliant pour ses acti- patient, mais bien plutôt de s’évertuer à une prise
vités de jardinage pourrait lui permettre de de conscience progressive de la situation qui peut
se reposer régulièrement, voire de réaliser l’amener à modifier son comportement.
certaines plantations ; L’ostéopathe non seulement traite des res-
– la reprise de ces activités pourrait être un trictions tissulaires, mais de plus s’interroge sur
moyen de trouver une motivation pour envi- leur origine. Dans le cadre d’une éducation thé-
sager la diminution de certains apports ali- rapeutique, il est bon d’expliquer succinctement
mentaires et réduire l’apport calorique, voire au patient les origines supposées des dysfonctions
de consulter une diététicienne. ostéopathiques constatées  : cela peut aider à
Dans l’exemple de cet homme de 70  ans, le mettre en lumière ce que les changements de
rôle de l’ostéopathe peut être de redonner une comportement ou de mode de vie pourraient
mobilité au patient, en lui apportant la preuve apporter.
qu’il peut retrouver des amplitudes de mouve- Comprendre la démarche de soin, prendre
ment jusque-là disparues. Cette démarche permet conscience de son corps et de soi-même au travers
au patient de prendre conscience de son propre d’une séance d’ostéopathie renforce les bienfaits
corps, de changer la représentation qu’il a de d’une séance. Le praticien doit faire en sorte que
ses capacités de mouvement et ainsi de lui incul- le patient s’implique activement dans sa santé.
quer un optimisme qui sera le moteur vers une L’ostéopathe a donc un rôle majeur à jouer
évolution favorable. L’ostéopathe bénéficie de dans le domaine de l’ETP, mais cela requiert de
cette façon d’un outil puissant afin de justifier les la pratique, notamment sur le plan du toucher
adaptations du quotidien requises pour maintenir relationnel (encadré 3.1).

Encadré 3.1

Le toucher relationnel en ostéopathie : un outil de prévention


L’efficacité du toucher est multifactorielle et va effet prévenir l’installation d’un état durable de
au-delà du simple bénéfice du «  peau-à-peau  » déséquilibre de l’homéostasie. Les résultats d’un
[73]. Le toucher peut en effet apporter au patient grand nombre d’études récentes montrent que
un repère, un référentiel et lui permettre une la relation patient-praticien est un élément clé
prise de conscience de son propre corps dans un influant sur l’efficacité du processus de l’analgésie
temps donné et selon une situation donnée. Le (figure  3.2) [22] et favorisant donc un retour à
fulcrum1, point d’appui et de référence apporté l’équilibre de l’homéostasie. Ce retour à l’équi-
par l’ostéopathe au corps du patient, vise à favo- libre homéostasique est un des motifs qui jus-
riser le retour vers l’équilibre. En intervenant sur tifient la consultation-bilan, laquelle est la plupart
les dysfonctions tissulaires, l’ostéopathe peut en du temps recommandée à un rythme annuel.
1Selon William Garner Sutherland, le fulcrum est un point de repos autour duquel bouge tout le système
membranaire.
42 Les principes de l’examen clinique en ostéopathie

Figure 3.2. La relation patient-praticien intervient dans le processus d’analgésie de la douleur.


(Source : P. Gadet d’après Benedetti [22].)
Chapitre 4
Présentation
Cette deuxième partie décrit l’examen clinique L’objectif est de fournir au lecteur des pistes
ostéopathique en fonction des motifs de consul- de réflexion concernant les liens ostéopathiques
tations les plus fréquemment retrouvés en cabinet en tenant compte des connaissances actuelles en
d’ostéopathie. Après une présentation générale anatomie, des résultats d’expérimentations scienti-
des tests médicaux et des tests neurologiques, les fiques et médicales ainsi que de certaines données
motifs de consultation sont décrits suivant une cliniques. L’expérience de cabinet et l’analyse de
approche anatomique régionale. l’ostéopathe restent les clés de voûte du diagnostic
Les quatre principales régions et les douleurs fonctionnel.
envisagées sont les suivantes : La mise en valeur de ces liens ostéopathiques
• région cervicocéphalique : repose sur l’idée selon laquelle une dysfonction
– céphalée ; est liée à un déséquilibre homéostasique. Plu-
– cervicalgie et névralgie cervicobrachiale. sieurs déséquilibres homéostasiques au niveau tis-
• région appendiculaire supérieure : sulaire peuvent exister et donc être à l’origine de
– douleur d’épaule ; plusieurs dysfonctions ostéopathiques. Ces dys-
– douleur du coude et du poignet. fonctions peuvent être liées ou non, et différentes
• région lombo-abdomino-pelvienne : théories de « propagation » sont proposées par de
– lombalgie. nombreux auteurs.
• région appendiculaire inférieure : Les liens ostéopathiques retenus dans cet
– douleur de hanche ; ouvrage suivant un concept de propagation linéaire
– douleur de genou ; [61]. Suivant ce modèle linéaire (figure 4.2), une
– douleur de la cheville et du pied. dysfonction se répercute sur les structures voisines
Au début de chaque section, le lecteur trou- par lien de proximité.
vera une fiche de synthèse concernant l’examen Dans ce modèle, la première phase, dys-
clinique ostéopathique à réaliser. La figure  4.1 fonctionnelle, peut être suivie d’une phase de
présente l’utilisation de ces fiches de synthèse. compensation par des systèmes voisins en raison
d’un lien tissulaire de proximité (voir exemple 1),
ou bien par le système nerveux central (SNC)
Proposer des liens (voir exemple 2).
ostéopathiques • Exemple 1 : une bascule antérieure de l’iliaque
engendre une tension des ischiojambiers en
Les liens ostéopathiques proposés dans les fiches correspondance, avec un retentissement sur les
de synthèse de l’examen clinique en ostéopa- gastrocnémiens jusqu’au tendon d’Achille et à
thie sont fondés sur des publications médicales, l’aponévrose plantaire.
scientifiques ou ostéopathiques. Ces liens ne sont • Exemple 2  : une dysfonction hépatique peut
bien sûr pas exhaustifs et peuvent être complétés retentir au niveau médullaire en correspon-
en fonction de l’expérience du praticien, des dif- dance avec l’innervation sensitive des fibres
férents schémas posturaux observés au quotidien, du diaphragme. À partir de ce même niveau
et du recueil précis des informations au cours de médullaire d’innervation, on peut envisager
l’anamnèse de chaque patient. une propagation de dysfonction en corrélation

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46 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 4.1. Utilisation des fiches de synthèse de l’examen clinique en ostéopathie.


(Source : P. Gadet.)

avec d’autres territoires d’innervation (voir cha- enseignement. Consulté de plus en plus en pre-
pitre 2, paragraphe « Dermatomes, myotomes, mière intention, l’ostéopathe est susceptible de
sclérotomes, viscérotomes »). devoir réorienter son patient vers un médecin
devant un tableau clinique hors de son champ
de compétences. Parallèlement, dans le cadre
Des symptômes d’une prise en charge pluridisciplinaire (médecin,
à la pathologie : le rôle kinésithérapeute, infirmière, psychologue, etc.),
de l’ostéopathe l’ostéopathe doit être attentif quant à l’évolution
d’une pathologie. À ce titre, cette deuxième
L’apprentissage des pathologies et de la sémiolo- partie propose une liste non exhaustive de signes
gie est un domaine majeur dans l’enseignement et de symptômes en lien avec des syndromes ou
de l’ostéopathie. Les disciplines médicales sont des pathologies qui présentent un intérêt pour
des parties intégrantes et nécessaires pour cet l’ostéopathe.
Chapitre 4. Présentation 47

Figure 4.1. (suite)

Figure 4.2. Modèle linéaire de propagation de la dysfonction ostéopathique.


Dans cet exemple, une dysfonction ostéopathique s’installe au niveau du pied (1), puis se répercute « en chaîne »
sur les structures adjacentes : genou (2), sacro-iliaque gauche (3), T12 (4).
(D’après Dixneuf [61].)
Chapitre 5
Les tests médicaux
pour l’ostéopathe

Comme indiqué dans l’avant-propos, le décret diagnostic médical. L’ostéopathe réalise quant à
du 12 décembre 2014 relatif à la formation en lui le diagnostic ostéopathique et s’assure, par le
ostéopathie [172] a remplacé le terme de « test diagnostic d’opportunité (voir l’avant-propos),
médical » par celui d’« examen physique ». Pour que la prise en charge du patient relève de son
simplifier le discours pédagogique et favoriser champ de compétences1.
une meilleure compréhension, la dénomina- L’intérêt des tests médicaux pour l’ostéopathe
tion de «  test médical  » est adoptée dans cet relève des éléments suivants :
ouvrage. • ils permettent d’aborder l’aspect médical (pour
La réalisation de certains des tests médicaux parvenir au diagnostic d’opportunité) ;
exposés plus loin dans cette partie a subi au cours • la palpation mise en œuvre lors des tests du fait
du temps des modifications. D’autres tests ont du contact physique permet une évaluation de
été altérés par des interprétations erronées de la qualité des tissus superficiels et musculaires ;
leurs résultats. Dans la mesure du possible, le test • la réalisation de certains de ces tests avant puis
médical est présenté en se référant à sa version après une séance est un outil d’évaluation de
originale. Dans le cas où une version modifiée l’efficacité du traitement ostéopathique.
apporte davantage de fiabilité, c’est celle-ci qui Un test médical publié, référencé, standardisé,
est alors présentée, en indiquant les études ayant lorsqu’il est extrapolé à l’examen clinique de
permis sa validation. l’ostéopathe, offre la possibilité d’une reproduc-
tibilité des scores obtenus interpraticiens et une
comparaison interpatients. En effet, la standar-
Intérêt des tests médicaux disation des méthodologies et la reproductibilité
du geste permettent une relative fiabilité d’ana-
Les tests médicaux ont été établis initialement lyse interpraticiens et un comparatif interpatient
autour de constatations empiriques. La techno- autour de «  normes  » qui sont de plus en plus
logie scientifique actuelle a permis d’appuyer la attendues, essentiellement dans le cadre de la
fiabilité de certains tests médicaux et de vérifier recherche en ostéopathie. De plus, cette standar-
leur apport quant au diagnostic de certaines disation des «  normes  » que peuvent apporter
pathologies. Les examens complémentaires les tests médicaux favorise la possibilité d’une
restent dans la plupart des cas utiles, néces- communication entre praticiens.
saires, voire indispensables pour objectiver une
pathologie.
Une partie des signes cliniques est recueillie
lors de l’examen clinique grâce à ces tests médi- 1. Articles 1 et 2 du décret n˚  2007-435 du 25 mars
caux. Le médecin utilise les signes cliniques et 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de
les résultats des tests médicaux pour établir un l’ostéopathie.

Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie


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50 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Complémentarité Certains tests médicaux présentent à eux seuls


des tests médicaux une haute fiabilité (par exemple le test du réflexe
cutané plantaire pour le syndrome lésionnel de
et des tests ostéopathiques la voie pyramidale). Mais la plupart du temps,
il s’avère nécessaire de réaliser non pas un seul
L’objectif de cet ouvrage est de proposer une test, mais un ensemble de tests pour objecti-
corrélation entre les informations recueillies lors ver la présence d’une lésion ou d’une patho-
des tests médicaux et les tests ostéopathiques. logie (figure  5.1). Une revue de littérature de
Chaque test médical possède son ou ses objectifs la Cochrane Library [278] rapporte que c’est la
médicaux, tout en pouvant présenter un intérêt combinaison de plusieurs tests médicaux qui per-
ostéopathique. Cela n’élude en rien la nécessité met au médecin d’établir un diagnostic et non
pour l’ostéopathe de réaliser ses propres tests le résultat positif d’un seul test. Par exemple, la
ostéopathiques. Ceux-ci visent à intervenir en combinaison des tests de Spurling    +    traction
profondeur des structures et à obtenir un ressenti dans l’axe  +  manœuvre de Valsalva met en valeur
palpatoire plus subjectif concernant les barrières une névralgie cervicobrachiale avec davantage de
myofasciales, ligamentaires, articulaires, etc. Le fiabilité si le test de l’étirement du membre supé-
ressenti palpatoire –  la main de l’ostéopathe  – se rieur ne reproduit pas la symptomatologie (dans
développe avec l’expérience. Cette «  main  » est le cas contraire, on peut soupçonner un syndrome
nécessaire pour recueillir les informations palpa- du défilé thoracobrachial).
toires en vue d’établir le diagnostic ostéopathique. La liste des tests sélectionnés dans les chapitres
Au sein de cet ouvrage, les tests médicaux sont qui suivent n’est pas exhaustive, mais le choix de
classés comme suit : ces tests repose sur leur pertinence à ce jour et
• tests médicaux généraux (voir chapitre  6)  : ils sur le fait qu’ils semblent présenter les meilleurs
interviennent indifféremment selon les motifs résultats pour établir un diagnostic d’opportunité.
de consultation et les régions concernées car ils
sont initiés autour de symptômes généraux ;
• tests neurologiques (voir chapitre  7)  : ceux-ci Sensibilité et spécificité
sont motivés par la présence de symptômes des tests
spécifiques ou d’antécédents nécessitant une
évaluation de la situation ; Résultat positif d’un test
• tests de l’appareil locomoteur (voir chapitres 8 médical : la notion de sensibilité
à 11) : ceux-ci figurent en fin de chaque section
ou chapitre consacré à une région spécifique Un test médical est positif lorsque son résultat
(région cervicocéphalique, région appendicu- présente une anomalie par rapport à la réponse
laire supérieure, etc.) normale. Cette anomalie renforce l’idée de la

Figure 5.1. Utilisation des tests médicaux au profit de l’ostéopathe.


* Plusieurs tests sont souvent nécessaires pour objectiver la présence d’une pathologie. A contrario, un seul test au résultat
positif ne signifie pas forcément la présence d’une pathologie.
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 5. Les tests médicaux pour l’ostéopathe 51

Figure 5.2. Sensibilité versus spécificité d’un test médical.


(Source : P. Gadet.)

présence d’une pathologie et est considérée de ce cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas de
fait comme la sensibilité du test. lésion méniscale. On dit alors que la spécificité du
La réponse positive de certains tests a une test est faible.
grande valeur diagnostique. Par exemple :
• le test de Thessaly, lorsqu’il est positif, indique
une forte probabilité de lésion méniscale. On Sensibilité versus spécificité
dit alors que la sensibilité du test de Thessaly
La sensibilité d’un test indique le niveau de pro-
est élevée ;
babilité qu’une pathologie soit présente lorsque
• pour le test de Lasègue, la reproduction d’une
le test est positif  : plus la sensibilité est élevée,
douleur lombaire avec irradiations en face pos-
plus la précision du diagnostic est fiable pour la
térieure du membre inférieur jusqu’au niveau
pathologie pour laquelle le test est conçu.
du talon est une réponse positive  : on peut
La spécificité d’un test indique le niveau de
soupçonner une radiculopathie lombaire.
probabilité qu’il n’y ait pas de pathologie lorsque
Toutefois, les études montrent que le test de
le test est négatif  : plus la spécificité est élevée,
Lasègue ne suffit pas à lui seul pour objectiver la
moins il y a de risque d’être en présence d’une
présence d’une hernie discale. Il ne présente pas
pathologie pour laquelle le test est conçu en cas
à lui seul une bonne sensibilité. Pour argumen-
de réponse négative (figure 5.2).
ter en faveur d’une hernie discale, il faut ajouter
Lorsqu’elles existent dans les publications don-
au test de Lasègue les tests de sensibilité, de
nées en référence, sensibilité et spécificité sont
motricité et de réflexe ostéotendineux2.
précisées pour les tests médicaux décrits plus loin
dans cet ouvrage.
Résultat négatif d’un test
médical : la notion de spécificité
Apprentissage
Un test médical est négatif lorsque son résultat des tests médicaux :
est normal, donc qu’il ne présente pas d’anomalie. acquérir la gestuelle
Lorsque la réponse normale au test a plus de
valeur que la présence d’une anomalie, on parle Pour une réalisation optimale des tests, l’appren-
de spécificité du test. tissage du geste en lui-même est une étape pri-
Dans l’exemple du test de Thessaly, nous avons mordiale. Une fois le geste maîtrisé, la subtilité de
vu ci-dessus que si la réponse est positive (le test l’analyse des réponses vient comme une seconde
reproduit la douleur), la probabilité est élevée étape. Celle-ci s’acquiert à condition d’une pra-
d’être en présence d’une lésion méniscale. En tique régulière et d’une connaissance précise de
revanche, s’il est négatif (absence de douleur), l’anatomie. Ces tests doivent être réalisés avec
méthode, rigueur et progressivité, en accompa-
2. Par cette combinaison, si tous les tests sont positifs, la gnant les mouvements pour guider le patient,
présence d’une radiculopathie lombaire est positive à 95 % et ce afin de garantir sa sécurité et d’éviter toute
(voir chapitre 10). lésion potentielle.
52 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Un point sur les tests ostéopathiques ne figurent pas dans cet ouvrage et
de mobilité et les sont laissés à la diligence du praticien, en fonction
de son cursus et de son expérience.
tests de biomécanique Les tests ostéopathiques sont une pratique fon-
damentale de l’art ostéopathique. Ils sont essen-
Les tests de mobilité, ou tests des « grands mouve- tiellement dépendants d’une expérience palpatoire
ments », sont décrits dans de nombreux ouvrages développée au cours de la pratique. Au cours de
de physiologie articulaire. Les degrés d’amplitude l’examen clinique, la palpation est prépondérante
et les plans de mouvements sont clairement théo- et un haut niveau de compétence est requis
risés par la littérature ad hoc. Ceux-ci sont une [149]. L’ostéopathe articule son exercice autour
première étape de l’examen clinique. de la palpation des muscles, des tissus mous et du
Les tests ostéopathiques sont, eux, fondés sur corps en globalité comme un gastro-entérologue
des lois biomécaniques (Fryette, Martindale, pratique la palpation de l’abdomen lors de l’exa-
Lovett, McConnel, etc.). Les méthodologies men clinique. « Abandonner la palpation au profit
dépendent des aspects de la pratique et des d’une analyse plus sophistiquée serait une erreur
techniques privilégiées par un praticien. Les tests mémorable » pour K. Lewit [149].
Chapitre 6
Tests médicaux généraux
Constantes vitales
Prise des pouls
Quel que soit le motif de consultation du patient
(douleur ou consultation-bilan), la prise de pouls
est indispensable dans le cadre d’une prise en
charge globale. La « loi de l’artère » d’A.T. Still
est le dogme qui doit motiver chaque praticien
en ce sens.
Une analyse simple peut être faite par l’ostéo-
pathe qui notera la présence du ou des pouls, le Figure 6.2. Pouls carotidien.
nombre de pulsation par minute, le rythme, la
régularité, la force et la symétrie du pouls entre
les membres. Ce sont là les premiers critères
d’analyse avant la deuxième phase qui consiste à
prendre la tension artérielle (voir plus loin).
Les localisations et la méthodologie de prise
des pouls sont données dans les figures  6.1
à 6.8.

Figure 6.3. Pouls huméral.

Figure 6.1. Pouls radial.


Comprimer l’artère radiale avec l’index et le majeur.
Préférer un comptage sur 1 minute. Figure 6.4. Pouls ulnaire.

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54 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 6.5. Pouls inguinal. Figure 6.8. Pouls à la face médiale du pied.

Prise de la tension artérielle


En parallèle de la prise de pouls, la prise de
tension artérielle offre au praticien une référence
quant à l’état du patient lors de chaque consulta-
tion. La méthode décrite ci-après est une version
simplifiée de la méthode médicale de prise de
tension artérielle standard. Elle est enseignée au
cours du cursus d’études ostéopathiques par des
professionnels habilités (figure 6.9).

Figure 6.6. Pouls poplité.

Figure 6.9. Prise de la tension artérielle.


Pas de tabac ni de boisson caféinée dans les 30 minutes
précédentes de préférence. Patient assis depuis au moins
5 minutes. Pas de curage ganglionnaire sur le bras choisi
pour la mesure. Positionner le pli du coude au niveau
du cœur, le bras détendu, la main repose sur la cuisse.
Positionner le pavillon du stéthoscope (côté auscultation
des bruits du cœur) au-dessus de l’artère brachiale. Gon-
fler le brassard jusqu’à la valeur de disparition du pouls à
Figure 6.7. Pouls pédieux. laquelle on ajoute 30 mmHg.
Chapitre 6. Tests médicaux généraux 55

La prise de tension artérielle est dépendante de


plusieurs facteurs, entre autres :
• l’observateur/praticien ;
• la méthode de mesure ;
• l’état d’anxiété du patient.
L’hypertension artérielle (HTA) est définie
lorsque les valeurs diastole/systole dépassent
140/90  mmHg (hypertension de stade  1). Le
syndrome de la «  blouse blanche  » est donné
comme responsable d’environ 15 à 20  % des
HTA de stade 1 en cabinet médical [26]. Il faut
donc être prudent avant de conclure à une HTA. Figure 6.10. Palpation des ganglions du cou.
On note que l’inverse existe également, c’est-à- La palpation des ganglions de la tête et du cou est
dire qu’un patient peut présenter une pression la plupart du temps réalisée implicitement lors de la
palpation des tissus mous de la zone. En revanche, les
artérielle normale en cabinet mais présenter une ganglions axillaires nécessitent une palpation spécifique
maladie cardiovasculaire grave1. que le praticien réalisera devant des signes d’infection,
notamment au niveau de la ceinture scapulaire et du
membre supérieur.

Palpation des aires


ganglionnaires
Un ganglion axillaire gonflé voire douloureux
L’inspection/observation précède toute palpa- peut être consécutif à un vaccin récent ou à des
tion. tests cutanés effectués sur le membre supérieur.
La palpation des ganglions lymphatiques est Les ganglions du membre supérieur seront vérifiés.
progressive et prudente. Elle intervient par exem- De la même manière, la palpation des ganglions
ple lorsqu’il y a suspicion d’état infectieux associé des membres inférieurs intervient implicitement
au motif de consultation. lors de la palpation des tissus mous par l’ostéo-
À l’examen physique, seuls les ganglions lym- pathe.
phatiques superficiels et augmentés de volume L’examen de la poitrine féminine n’est pas du
sont accessibles. À la palpation, un ganglion ressort de l’ostéopathe. L’autopalpation est nor-
lymphatique gonflé, douloureux et relativement malement conseillée voire enseignée à la patiente
souple et mobile oriente vers une inflammation. par le gynécologue, comme le rappelle la Haute
En revanche, un ganglion volumineux, ferme autorité de santé dans le cadre de la prévention
ou dur, adhérent à une structure (peau, muscle) du cancer du sein. Au cours de la consultation
suggère un processus néoplasique [26]. Un gan- ostéopathique, une patiente qui rapporterait la
glion dans la fosse sus-claviculaire est le plus découverte d’un nodule palpable au niveau de
probable dans le cas d’un cancer abdominal ou la poitrine sera réorientée en premier lieu vers
thoracique. le médecin généraliste. Si la patiente décrit un
Une dizaine de ganglions sont répartis du nodule palpable au niveau des aisselles, du ou
pourtour de l’oreille jusqu’à la fosse sus-clavicu- des seins, celui-ci doit être suspect, notamment
laire, entre les faisceaux sternocléidomastoïdien s’il est :
et scalène, ainsi qu’au niveau du plancher buccal • constamment présent et ne rétrécit pas ou ne
(figure 6.10). disparaît pas au cours du cycle menstruel ;
• fixé à la peau ou à la paroi thoracique et qu’il est
impossible de le déplacer ;
1. C’est dans ce cas la prise de tension en ambulatoire • dur et de consistance irrégulière, sensible à la
ordonnée par le médecin qui révélera l’anomalie. palpation.
56 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

En parallèle, la consultation d’un médecin est


fortement conseillée si la patiente décrit les élé- Cette explication est confirmée par de récentes
études qui rapportent que plus de 90  % des
ments suivants :
patients occidentaux ont recours à des méde-
• modification de la taille, de la forme, de la cines complémentaires en parallèle de leur
couleur des seins ; traitement anticancer. L’accompagnement
• modification de la peau (rougeurs, enfonce- ostéopathique d’un patient parallèlement au
ment) au niveau de la poitrine (enfoncement du traitement contre un cancer nécessite une
mamelon) ; excellente maîtrise des données médicales
• saignement par le mamelon ; de la maladie, que ce soit pour l’analyse
• douleurs ou tensions différentes de celles des clinique des demandes du patient ou pour
menstruations. l’échange avec les personnels de santé dans le
cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire.
Les risques inhérents à la palpation sont décrits
Plus concrètement, l’ostéopathe aura grand
dans l’encadré 6.1. soin de mener l’interrogatoire autour des
examens médicaux du patient et de connaître
Encadré 6.1 le développement de la maladie. Les manipu-
lations et mobilisations des techniques ostéo-
Les risques d’une palpation – le
pathiques, si elles sont bénéfiques pour la
cas des tumeurs malignes qualité de vie du patient [211, 229], doivent
Que ce soit en raison des douleurs intenses en être réalisées avec beaucoup de discernement
phase terminale ou des douleurs engendrées et de prudence.
par les effets secondaires des traitements Des expérimentations réalisées au cours de
de chimio- ou radiothérapie, les médecines la première moitié du XXe  siècle montrent
complémentaires ou alternatives telles que que le massage de tumeurs favorise la proli-
l’ostéopathie accompagnent un nombre fération de cellules tumorales par la voie lym-
croissant de patients atteints du cancer phatique et sanguine [133]. Toutefois, il est
[211]. Une étude évoque cette augmentation clairement établi aujourd’hui que les métas-
d’intérêt des patients entre autres pour les tases d’un cancer n’envahissent pas les tissus
raisons suivantes : à distance de la tumeur primaire de manière
• attente d’une meilleure compréhension de aléatoire [247]. Certains organes comportent
leur maladie ; davantage de risques d’être le lieu d’une
• inquiétude face aux réactions de leur corps ; localisation secondaire. En attente d’études
• attente de dialogue et d’échange autour de plus spécifiques, l’ostéopathe observera une
leurs propres symptômes pour faciliter la prise grande prudence dans la prise en charge d’un
de décision face aux choix thérapeutiques. patient atteint d’un cancer.
Chapitre 7
Tests neurologiques
Présentation neurologique décrit de manière très générale doit
dans ce cas être adapté au contexte et au motif de
La meilleure façon d’appréhender les thérapies consultation.
alternatives ou complémentaires dans le traite- L’objectif de cette synthèse est de répondre à la
ment ou l’accompagnement de maladies neuro- partie « diagnostic d’opportunité » du diagnostic
logiques est de «  faire preuve d’une ouverture ostéopathique et d’éviter tout retard de diagnos-
d’esprit et d’études rigoureuses  » conclut Ernst tic en réorientant son patient vers le médecin.
dans un article de 2002 [72]. Le coût des soins L’entraînement régulier à la réalisation des tests
médicaux des patients atteints de maladies neu- neurologiques permet d’acquérir le rythme et
rologiques est élevé et la recherche d’une amé- l’aisance nécessaires à une séquence coordonnée.
lioration de l’état de santé à plus ou moins long Une réponse anormale interrompt cette séquence
terme de ces patients peut permettre d’envisager «  normale  » par des résultats inhabituels. L’exa-
une réduction des frais médicaux dans un cadre men neurologique doit toujours être symétrique
pluridisciplinaire [43]. et doit commencer par le côté sain.
C’est dans ce contexte que ce chapitre présente
les tests neurologiques adaptés à l’ostéopathie,
avec deux objectifs majeurs : Description des tests
• il s’agit de permettre de suivre l’évolution
d’une pathologie neurologique d’un patient Les tests neurologiques décrits ci-après respectent
qui consulterait l’ostéopathe régulièrement, l’ordre d’un examen neurologique minimal mais
pour alerter le médecin s’il devait y avoir adapté à une pratique ostéopathique.
une évolution défavorable et une inefficacité La séquence des tests présentée est scindée en
des traitements ostéopathiques. Pour cela, la deux parties dans un but strictement pédago-
prise en charge doit être pluridisciplinaire et gique. La première partie décrit les tests de la
le suivi médical est indispensable. En termes marche, de l’équilibre, de la force et du tonus
d’éducation thérapeutique, la première étape de musculaires ainsi que le test du réflexe cutané
l’ostéopathe est de guider le patient dans cette plantaire selon le moyen mnémotechnique « Mar-
démarche ; cher debout renforce et tonifie Babinski » :
• une pathologie d’installation lente et progres- • marcher : test de la marche ;
sive, dont les signes évidents sont jusque-là • debout : test de la station debout ;
inexistants, peut amener le patient à consulter • renforce : test de force musculaire ;
un ostéopathe pour diminuer des douleurs • tonifie : test du tonus musculaire ;
associées. Le rôle de l’ostéopathe dans cet • Babinski : test du réflexe cutané plantaire.
accompagnement est avant tout d’éviter tout La seconde partie décrit les tests des réflexes
retard de diagnostic en réorientant son patient ostéotendineux, de coordination, de sensibilité,
vers le médecin. des paires crâniennes, et fournit également des
L’examen neurologique est un exercice dif- éléments pour prendre en compte les troubles
ficile et réservé à la médecine quand il s’agit des fonctions supérieures et les troubles sphinc-
d’établir un diagnostic de syndrome. L’examen tériens. Le moyen mnémotechnique pour cette

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58 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

seconde partie est «  Les réflexes du cordonnier essentiellement dans le test de Fukuda [196]. Si
sensibilisent le nez en fonction de son souper » : le genre ne semble pas avoir d’influence sur les
• réflexes : réflexes ostéotendineux ; résultats des tests, l’âge occasionnerait certaines
• cordonnier : coordination ; variabilités. Les conclusions de l’étude de Paquet
• sensibilisent : test de la sensibilité ; et  al. prêchent en faveur du test de Babinski-
• le nez : test des nerfs crâniens ; Weil1, qui présente moins de faux positifs et
• en fonction  : notion de prise en compte des moins de variabilité interindividuelle. Toutefois,
troubles des fonctions supérieures ; il nécessite davantage d’espace pour être réalisé.
• souper  : les troubles sphinctériens évoqués à Les tests de Fukuda et de la marche en étoile sont
l’interrogatoire. décrits ci-après, car nombreux sont les praticiens
à les utiliser indifféremment.
Objectif clinique :
Partie 1 – « Marcher debout • recherche d’une atteinte vestibulaire.
renforce et tonifie Babinski » Intérêt ostéopathique :
• observer la posture statique et dynamique.
Test de la marche
La marche permet d’évaluer l’équilibre et la coor- Test de Fukuda (ou test d’Unterberger)
dination des gestes d’un individu. Sa perturbation Connu sous le nom de Fukuda’s test aux États-
est donc très évocatrice de l’installation d’un Unis et de test d’Unterberger en Europe, le
trouble neurologique. L’examen de la marche test de la «  marche sur place  » est réalisé chez
débute lorsque le patient se lève et marche de la les patients qui consultent un médecin avec des
salle d’attente jusqu’en salle de consultation. On signes de vertiges, d’instabilités ou de nystagmus.
distinguera les troubles neurologiques de toute Décrit par Tadashi Fukuda en 1958, le test
anomalie de l’appareil locomoteur ou de toute dou­ consiste à faire marcher le patient sur place, les
leur perturbant les mouvements du patient. Les yeux fermés, bras tendu devant lui (figure  7.1).
démarches neurologiques sont nombreuses. Tou- Le patient effectue entre 50 et 100  pas à un
tefois, l’ostéopathe s’attache à déterminer tout rythme de marche normale. Le test est positif si le
schéma anormal au vu d’une perturbation d’équi- patient tourne sur place au fur et à mesure des pas
libre ou de la motricité. réalisés. La répartition du poids est majorée du
Objectifs cliniques : côté de la lésion vestibulaire, ce qui engendre une
• étude de la marche, balancement des bras syn- rotation à la marche du côté lésé. Fukuda décrit
chrones, appuis au sol, demi-tour harmonieux ; dans sa version originale que sont observés un
• évaluation de la musculature globale, de l’équi- balancement du corps, de la tête et du cou, ainsi
libre à la marche ; que tout décalage intempestif des bras du patient.
• la marche sur la pointe de pied puis sur les Une variation de l’angle initial de départ de 30 à
talons permet d’évaluer la force musculaire res- 45° peut être observée chez un sujet normal. Ces
pectivement des loges latérales (L5) puis des valeurs ne semblent pas varier avec l’âge. Néan-
loges postérieures (S1). moins, les déplacements longitudinaux et latéraux
Intérêt ostéopathique : augmentent avec l’âge du sujet [196]. On retien-
• observer la posture statique et dynamique. dra qu’une rotation de plus de 45-50° mérite
une réorientation médicale par l’ostéopathe. On
note que les études citées rapportent qu’aucun
Debout : tests de l’équilibre
déplacement du sujet vers l’arrière n’est observé
Ces tests permettent de déterminer s’il existe
une atteinte vestibulaire, latéralisée du côté de
1. Ne pas confondre le test de Babinski-Weil pour la
la rotation du patient pendant le test. Paquet coordination avec le signe de Babinski qui est le signe
et  al. rapportent la possibilité de faux positifs et d’une perturbation du réflexe cutané plantaire (détaillé
d’une rotation du côté de la latéralité du patient, plus loin).
Chapitre 7. Tests neurologiques 59

Figure 7.1. Test de Fukuda (ou test d’Unterberger). Figure 7.2. Test de Babinski-Weil (ou de la marche
Le patient est debout, bras tendus devant lui, les yeux en étoile).
fermés. Il marche sur place, en effectuant entre 50 et Le patient est placé au milieu de la pièce, les yeux fermés.
100 pas à un rythme de 1 à 2 pas par seconde. On note Entre 5 et 10 pas doivent être faits pour que ce test ait
le nombre de degrés de rotation réalisés à l’issue du test, de la valeur. Pour permettre sa réalisation optimale,
ainsi que le sens de rotation. ce test nécessite une pièce de grande dimension,
sans objet ou mobilier pouvant risquer de perturber
ou d’entraver les mouvements du patient.
en conditions normales. Une évaluation simple
consiste à prendre une ligne au sol, point de
référence de la rotation constatée à l’issue du test. ostéopathique peut être mise en exergue par la
Les études montrent qu’une variation de pres- réalisation de ce test avant et après le traitement
sion du conduit auditif peut être à l’origine de ostéopathique.
cette rotation durant le test. En l’absence d’autre Objectifs cliniques :
signe d’urgence médicale et dans le cadre d’une • déterminer une anomalie de l’équilibre ;
simple investigation pour confirmer la possibi- • une dérive de plus de 45-50° de l’axe de départ
lité d’une prise en charge ostéopathique, l’inter- motive une réorientation vers un médecin.
rogatoire peut porter sur des épisodes anciens Intérêt ostéopathique :
de pathologies ORL (otites, sinusites, etc.) et de • observer la posture statique et dynamique.
troubles de la trompe auditive (trompe d’Eus-
tache), ainsi que sur de récentes activités ayant Test de Babinski-Weil (ou test de la « marche
pu entraîner des variations de pression atmosphé- en étoile »)
rique (plongée sous-marine, aéronautique, etc.). Le test de Babinski-Weil consiste à faire marcher
Chez un patient traité pour des vertiges posi- (figure 7.2). Il ne faut pas confondre ce test avec
tionnels, si l’intervention de l’ostéopathe est envi- le signe de Babinski recherché lors du test du
sagée (voir chapitre  8), l’efficacité du traitement réflexe cutané plantaire.
60 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Objectif médical : Objectif clinique :


• déterminer une anomalie de l’équilibre lors de • déterminer la potentialité d’un trouble de
la marche. l’équilibre selon le diagramme d’analyse pré-
Intérêt ostéopathique : senté en figure 7.4.
• observer la posture statique et dynamique. Intérêt ostéopathique :
• observer la posture statique.
Test de la station debout : le signe de Romberg
Si un adulte jeune peut maintenir la position Force musculaire
debout les yeux fermés pendant plusieurs
L’atteinte d’une racine spinale engendre un déficit
dizaines de secondes, l’âge influence de manière
sensitif dans la plupart des cas. L’atteinte motrice
défavorable cette possibilité [132]. Le praticien
reste moins fréquente. On associe aux tests sen-
devra tenir compte de cette donnée. Le test
sitifs ceux de la motricité, les tests des réflexes
sera expliqué au patient, le praticien assurant
ostéotendineux (voir plus loin) et, surtout, le test
sa sécurité pendant le maintien en position les
cutané plantaire.
yeux fermés (figure  7.3). Ce test est parfois
Les tests de motricité décrits dans cette partie
dénommé « test de Romberg ». Toutefois, cette
permettent à l’ostéopathe de déterminer le risque
dénomination est restrictive puisqu’il permet de
de troubles neurologiques périphériques (muscles
constater d’autres signes et pas uniquement celui
et/ou groupes musculaires, lésions tronculaires
de Romberg (voir figure 7.4).
et/ou radiculaires), ainsi qu’une atteinte de la
voie pyramidale. Les tests visent à évaluer la force
et le tonus musculaire. Des signes banals tels
que des sensations de contracture, d’ankylose,
de maladresse peuvent justifier un test de la
motricité. Des signes tels que la claudication
intermittente2 (nécessité de s’arrêter lors de la
marche pour calmer la douleur et permettre
de repartir ensuite), des troubles de la phonation, de
la déglutition ou de la miction, s’ils justifient des
tests neurologiques dans le cas d’un accompagne-
ment d’un patient dont la pathologie est prise en
charge médicalement, restent les signes alarmants
d’un épisode initial et motivent une réorientation
médicale en urgence.
Grâce au testing de force musculaire, on évalue
le muscle ou le groupe musculaire soupçonné
d’être lésé ou atteint par le trouble neurologique
(figure 7.5). L’hypertonie ou l’hypotonie peuvent
être les signes positifs d’une atteinte de la motricité :
• hypertonie : augmentation de l’excitabilité ner-
veuse ou de la tonicité musculaire. L’installation
de manière insidieuse d’une maladie neurolo-
gique peut amener un patient à consulter un
Figure 7.3. Test de la station debout. ostéopathe en première intention (par exemple
Le patient a les pieds joints, les yeux ouverts, bras tendus troubles moteurs, douleurs, etc.). L’association
vers l’avant. Le praticien reste proche du patient pour
assurer sa sécurité. Équilibre : évaluer la stabilité du du test du tonus musculaire à celui des réflexes
patient. Observer des oscillations du corps pouvant aller
jusqu’à une chute latéralisée ou non. Réitérer le test 2. La claudication intermittente est un signe de l’artérite
en demandant au patient de fermer les yeux. oblitérante des membres inférieurs.
Chapitre 7. Tests neurologiques 61

Figure 7.4. L’analyse du test de la station debout.


(Source : P. Gadet d’après [56, 132].)

ostéotendineux est complémentaire et néces-


saire (par exemple l’hypertonie extrapyramidale
de la maladie de Parkinson) ;
• hypotonie : diminution de l’excitabilité nerveuse
ou de la tonicité musculaire. La perte de force
musculaire peut être le signe d’un grand nombre
de syndromes. La présence ou non d’une amyo-
trophie musculaire associée est à évaluer.
Les tableaux de correspondance des myotomes
(figures  7.6 et  7.7) illustrent la correspondance
des groupes musculaires et des racines spinales. La
Figure 7.5. Test de la force musculaire – exemple relation des structures peut être visualisée grâce
du muscle biceps brachial. aux correspondances des codes couleur avec les
Le patient est assis ou en décubitus dorsal. Il effectue
le mouvement du muscle/groupe musculaire concerné.
figures du chapitre 2.
Le praticien réalise une contre-résistance. La position est Il existe également une possibilité d’une atteinte
maintenue 20 à 30 secondes en comparant les deux côtés. nerveuse tronculaire qui, dans ce cas, touche un
62 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 7.7. Correspondance entre l’innervation radicu-


laire et les groupes musculaires pour le membre inférieur.
Les codes douleurs correspondent à ceux utilisés dans les
représentations des dermatomes, myotomes, sclérotomes
et viscérotomes du chapitre 2 et permettent de visualiser les
liens possibles entre structures somatiques (dermatomes,
myotomes, sclérotomes) et organes viscéraux (viscéro-
tomes, zones de Head).
Figure 7.6. Correspondance entre l’innervation radiculaire (Source : P. Gadet.)
et les groupes musculaires pour le membre supérieur.
Les codes couleurs correspondent à ceux utilisés dans les du membre supérieur (voir chapitre 2, paragraphe
représentations des dermatomes, myotomes, sclérotomes
« Myotomes »).
et viscérotomes du chapitre 2 et permettent de visualiser
les liens possibles entre structures somatiques (derma- Objectif clinique :
tomes, myotomes, sclérotomes) et organes viscéraux • évaluation de la force musculaire.
(viscérotomes, zones de Head). Intérêt ostéopathique :
(Source : P. Gadet.)
• test du mouvement articulaire physiologique.
muscle spécifique. L’atteinte du plexus est plus
Tonus musculaire
rare  ; elle impacte l’intégralité des racines qui le
composent. Une atteinte du plexus brachial peut Le test est réalisé à la suite du test de force
se traduire par un déficit de toutes les fonctions musculaire décrit précédemment. La position du
Chapitre 7. Tests neurologiques 63

patient et celle du praticien sont les mêmes que


dans le test de force musculaire et dépendent du
muscle/groupe musculaire testé (voir figure 7.5).
Le praticien mobilise le membre à tester. Le
patient se décontracte dans la mesure du pos-
sible. On observe essentiellement une réponse
par à-coup qui peut exister au niveau des mem-
bres du patient aux sollicitations passives par le
praticien (mouvements «  cran par cran  » ou en
«  roue dentée  » dans la maladie de Parkinson).
Cela peut être évocateur d’une lésion de la voie
pyramidale ou extrapyramidale. On note que ce Figure 7.8. Réflexe cutané plantaire.
test peut rentrer dans le cadre du test passif des Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien informe
amplitudes articulaires que le praticien réalise lors le patient qu’il va « gratter » la face plantaire du pied et lui
demande de rester détendu (cela prévient les réactions
de l’examen clinique ostéopathique. parasites d’un patient « chatouilleux »). Avec une pointe
Objectif clinique : émoussée, il gratte la face plantaire du pied du patient
• évaluer le tonus musculaire. du talon vers la base du 5e métatarsien et poursuit vers
Intérêt ostéopathique : la base du 1er métatarsien. Sur un patient à la sensibilité
exacerbée (patient chatouilleux), l’examinateur privilégiera
• test du mouvement articulaire physiologique. le bord latéral du pied plutôt que la face plantaire.

Atteinte de la voie pyramidale :


le réflexe cutané plantaire
• l’extension de l’hallux peut être «  lente et
Ce test évalue une potentielle lésion de la voie majestueuse » mais rapide également ;
pyramidale et ne doit pas être confondu avec le • l’observation du membre testé importe plus que
test de la marche de Babinski-Weil décrit plus haut. la précision du geste du test en lui-même. La
Dans les conditions normales, on obtient une réponse positive au test est liée à la stimulation
flexion des orteils (figure 7.8) lors de la réalisation de la plante du pied avant d’être dépendante de
de ce test. En conditions perturbées, au test du la qualité de la stimulation elle-même.
réflexe cutané plantaire (signe de Babinski), on Un certain nombre de réflexes cutanés intéres-
obtient : sent le neurologue ou le médecin dans son diag-
• une extension du gros orteil créée par la contrac- nostic médical. En qualité d’ostéopathe, le test du
tion unique du muscle long extenseur de l’hallux réflexe cutané plantaire est à retenir. Sa réponse
(LEH), observable par la protrusion du tendon positive d’extension du gros orteil est connue en
du muscle sur la face dorsale du pied ; tant que «  signe de Babinski  ». Signature d’une
• une contraction du LEH associée à une contrac- lésion de la voie pyramidale, il peut intéresser
tion réflexe simultanée des muscles fléchisseurs certains motifs de consultation autour de troubles
du membre inférieur testé (mouvement de la de la motricité qui motiveraient une consultation
jambe et tension des tendons visuelle et/ou chez l’ostéopathe. Il est le signe de réorientation
palpable). en urgence d’un patient vers son médecin. Il
Quelques considérations sont à prendre en est généralement associé à des réflexes ostéo-
compte lors de la réalisation du test [279] : tendineux exacerbés, c’est-à-dire vifs et parfois
• le stimulus ne doit pas être douloureux ; polycinétiques. (Voir aussi l’encadré 7.1.)
• la protrusion des tendons visibles et/ou pal- Objectif clinique :
pables liés à la contraction des muscles est d’une • évaluer avec une haute fiabilité une lésion de la
valeur supérieure à l’extension réelle de l’hallux ; voie pyramidale.
• le mouvement de la jambe dans son ensemble Intérêt ostéopathique :
peut précéder l’extension de l’hallux ; • non applicable.
64 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Encadré 7.1

Le réflexe cutané plantaire


Le réflexe de triple flexion est décrit en neu- test, sur le mouvement des membres inférieurs
rologie. Un stimulus douloureux au niveau de dans leur globalité.
la plante de pied provoque le retrait du pied
réflexe par flexion de la cuisse, du genou, de la Quand tester le réflexe cutané plantaire ?
cheville, associé chez l’adulte à une flexion de Devant toute atteinte motrice ou sensitive, il est
l’hallux. L’interruption de la voie pyramidale a nécessaire de réaliser le test du réflexe cutané
pour effet une modification de la réponse à ce plantaire (RCP). Le RCP est le moyen clinique
test en créant une extension « longue et majes- pour déterminer si la lésion est au niveau
tueuse de l’hallux ». La méthode de réalisation périphérique (RCP en flexion) ou au niveau
ou de localisation de la zone de stimulation sur de la moelle épinière (RCP en extension). En
le pied n’a que peu d’effet sur la réponse au test cas d’atteinte de la moelle, on parle de syn-
au niveau du gros orteil. Il est en revanche très drome de compression médullaire et de syn-
utile d’analyser la réaction de l’intégralité du drome sous-lésionnel puisque les conséquences
membre inférieur du côté testé. de la lésion seront objectivées inférieurement
Le muscle responsable du signe de cette au niveau de la racine testée. Le test du RCP
«  extension longue et majestueuse  » est loca- est un test imparable de la réorientation en
lisé dans la jambe (muscle long extenseur de urgence d’un patient qui consulte en première
l’hallux). Toutefois, l’extension de ce muscle en intention avec des troubles moteurs. Dans le
réponse au réflexe cutané intervient rarement cas de l’accompagnement ostéopathique d’un
sans une activité réflexe simultanée des muscles patient suivi médicalement dans le cadre d’une
fléchisseurs du membre inférieur testé. L’atten- pathologie neurologique, il est un pivot majeur
tion de l’examinateur sera portée, pendant le dans l’examen de l’évolution de la maladie.

Partie 2 – « Les réflexes • exacerbé : lésion potentielle du système nerveux


du cordonnier sensibilisent central.
le nez en fonction de son souper » Objectif clinique :
• évaluer l’état des réflexes ostéotendineux dans
Réflexes ostéotendineux l’examen neurologique.
Intérêt ostéopathique :
Une revue de littérature de la Cochrane Library
• non applicable.
précise que les tests des réflexes présentent des
variations interindividuelles selon plusieurs cri- Membres supérieurs
tères [278]. Notamment, il apparaît qu’entre 61
Les figures 7.9 à 7.12 montrent différents tests des
et 70 ans, le réflexe achilléen est aboli chez environ
réflexes ostéotendineux aux membres supérieurs.
30 % des patients, pourcentage qui augmente avec
l’âge. L’étude précise également que le réflexe Membres inférieurs
aboli de manière symétrique n’est pas de grande
Les figures  7.13 et  7.14 montrent les tests des
valeur, au contraire de l’abolition asymétrique
réflexes ostéotendineux au niveau des membres
(bien que peu d’études aient été publiées sur le
inférieurs.
sujet). La pratique régulière au cours du cursus
d’études est donc de rigueur afin d’être confiant
dans ses gestes et dans les résultats obtenus. Coordination
On note que l’abolition d’un réflexe ostéoten- Objectif clinique :
dineux est à distinguer d’un déficit de motricité. • évaluer la coordination du mouvement.
Le réflexe ostéotendineux peut être : Intérêt ostéopathique :
• aboli  : lésion potentielle du système nerveux • observer la posture dynamique/les mouve-
périphérique ; ments du patient.
Chapitre 7. Tests neurologiques 65

Figure 7.9. Réflexe ostéotendineux – C5-C6 bicipital. Figure 7.12. Réflexe ostéotendineux – C8 cubito-
pronateur.

Figure 7.10. Réflexe ostéotendineux – C6 : styloradial.


C’est une racine assez souvent atteinte avec abolition
des réflexes bicipital et styloradial.

Figure 7.13. Réflexe ostéotendineux – L3-L4 rotulien.

Membres supérieurs : test doigt-nez


Le test doigt-nez évalue la coordination du mou-
vement de l’extrémité supérieure (figure 7.15). Le
patient touche la pointe de son nez avec son index.
Il existe une variante du test qui peut être appropriée
pour des enfants : l’examinateur tient son doigt, à
distance. Le patient est invité à toucher le doigt de
l’examinateur, puis son propre nez. Après plusieurs
Figure 7.11. Réflexe ostéotendineux – C7 : tricipital.
On note que c’est la racine la plus fréquemment atteinte
essais réussis, on demande ensuite au patient de
et cela donne lieu à une abolition du réflexe ostéotendi- répéter l’action plus rapidement. Déplacer le doigt
neux associé. cible peut augmenter la difficulté de la tâche.
66 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 7.16. Test talon-genou.


Le patient est en décubitus dorsal. Il amène le talon
doucement contre la face antérieure du genou controla-
téral, « tout comme un marteau tapote un clou » [287]. Le
talon suit un arc relativement homogène jusqu’au contact
du genou. Test positif : anomalies de force et de rythme.
Tester un côté puis l’autre.

Figure 7.14. Réflexe ostéotendineux – S1 achilléen.

Figure 7.17. Test talon-tibia.


Le patient est en décubitus dorsal. Il amène le talon au
Figure 7.15. Test doigt-nez. niveau du genou. Le talon progresse ensuite inférieure-
Le patient est assis ou debout. Il amène son doigt (index) ment en suivant précisément la crête tibiale jusqu’à la
sur le bout de son nez, de manière régulière et progres- cheville. Le genou est la position de départ optimale.
sive, alternativement à droite puis à gauche. L’action peut Test positif : en cas d’anormalité, on observe un trem-
être ensuite répétée plus rapidement. blement grossier à mesure que le talon descend le long du
tibia. Chez certains patients, l’anomalie est plus marquée
lorsque le talon est au niveau du genou et disparaît à
Membres inférieurs : test mesure que le talon descend le long du tibia. N.B. :
talon-genou et test talon-tibia En cas d’anomalie, celle-ci est marquée davantage
si le talon suit précisément la crête tibiale lors du test.
Ces tests sont communément admis comme des
tests de la coordination du mouvement pour le
membre inférieur et son décrits dans de nom-
la motricité est un critère de réorientation vers un
breux ouvrages (figures 7.16 et 7.17).
médecin si aucune investigation médicale n’a été
réalisée préalablement. Le diagnostic neurologique
Tests de la sensibilité
est du ressort du médecin voire du neurologue.
Chez un patient qui consulte l’ostéopathe en La question est souvent posée de savoir si le test
première intention, l’atteinte de la sensibilité ou de de sensibilité est à réaliser avant le test de motricité.
Chapitre 7. Tests neurologiques 67

Sur une compression radiculaire, selon le niveau Tests des nerfs crâniens
d’atteinte de la racine, l’altération de la motricité Il existe un grand nombre d’ouvrages qui
est possible sans atteinte initiale de la sensibilité. décrivent en détail l’examen clinique des voies
Quel que soit le processus de compression de la visuelles et des paires crâniennes. Les tests des
racine (hernie, protrusion, etc.), les signes sensitifs nerfs crâniens peuvent sembler complexes et hors
peuvent ou non précéder les signes moteurs. Par de propos pour l’ostéopathe. Pourtant, ils sont
conséquent, il ne semble pas y avoir un ordre une partie importante de l’examen neurologique
privilégié pour la réalisation des tests de sensibilité/ minimal à réaliser dans certains motifs de cépha-
motricité. Toutefois, les deux doivent être testées. lées ou de cervicalgies par exemple.
Objectif clinique : La synthèse proposée dans ce chapitre
• évaluer la sensibilité. apporte un outil adapté à l’examen clinique
Intérêt ostéopathique : ostéopathique :
• non applicable. • pour suivre l’évolution d’une pathologie neu-
rologique d’un patient qui consulterait l’ostéo-
Test de la sensibilité superficielle
pathe régulièrement, et pour alerter le médecin
Le test communément dénommé « pique-touche » s’il devait y avoir une évolution défavorable
est le plus souvent décrit comme le test de la de certains signes. La prise en charge doit être
sensibilité. Il présente cependant des objectifs à pluridisciplinaire et le suivi médical est indis-
distinguer : le test « touche » évalue la sensibilité pensable. En termes d’éducation thérapeutique,
tactile alors que le test « pique » évalue les voies la première étape pour l’ostéopathe consiste à
de la sensibilité thermoalgésique. guider le patient dans cette démarche de suivi
Le test «  touche  » est réalisé avec la pointe et à lui expliquer l’objet de la réorientation, le
ronde du manche du marteau réflexe. Ce test per- cas échéant (voir chapitre 3) ;
met d’évaluer les territoires d’innervation cutanés • pour alerter le praticien sur une pathologie
(dermatomes) (voir figure 2.8). d’installation lente et progressive, dont les
Le test «  pique  » est réalisé avec la pointe du signes évidents sont jusque-là inexistants, et
manche du marteau réflexe. Les territoires sur qui amène le patient à consulter un ostéo-
lesquels fonder l’investigation seront a priori iden- pathe pour diminuer des douleurs associées.
tiques à ceux des dermatomes de la figure 2.8. Le rôle de l’ostéopathe dans cet accompa-
Rappel : le côté sain est testé en premier, puis gnement est avant tout d’éviter tout retard
le côté lésé. de diagnostic en réorientant son patient vers
le médecin.
Test de la sensibilité profonde En parallèle de cette démarche vers le diag-
La sensibilité profonde fait référence à la pro- nostic d’opportunité, ces tests peuvent précé-
prioception, c’est-à-dire au ressenti lié à la posi- der des séances orientées autour de techniques
tion des articulations, des membres, du corps. élaborées sur le travail du crâne et des nerfs
Différents tests sont à la disposition du praticien. crâniens [15]. Dans ce contexte, la synthèse
Le praticien place l’hallux du patient dans une proposée peut permettre d’évaluer l’avant- et
position (flexion ou extension) et lui demande de l’après-séance.
décrire la position dans laquelle il se trouve. Cette version des tests des nerfs crâniens est
Le test doigt-nez pour le membre supérieur et simplifiée par rapport au test médical complet.
talon-genou pour le membre inférieur décrit pour La fiche de synthèse proposée à la figure  7.19
l’évaluation de la coordination des mouvements récapitule les tests des nerfs crâniens décrits et
peuvent être utilisés dans l’objectif d’évaluer la développés dans ce chapitre.
sensibilité profonde (voir figures 7.16 et 7.17). Objectif médical :
La figure 7.18 établit une synthèse concernant • évaluation de l’atteinte des paires crâniennes.
les atteintes des voies de la sensibilité et de la Intérêt ostéopathique :
motricité. • selon l’approche du praticien.
68 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 7.18. Synthèse des atteintes des voies de la sensibilité et de la motricité et des tests médicaux d’évaluation
utiles pour l’ostéopathe.
* Plusieurs tractus et systèmes de rétrocontrôle composent la voie extrapyramidale.
** La sensibilité du Ve nerf crânien est évaluée dans le groupe de tests des nerfs crâniens.
*** Le réflexe ostéotendineux du Ve nerf crânien est évalué dans le groupe de tests des nerfs crâniens.
JNM : jonction neuromusculaire ; SNC : système nerveux central ; SNP : système nerveux périphérique.
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 7. Tests neurologiques 69

Figure 7.19. Synthèse des tests des nerfs crâniens adaptés à l’ostéopathie.
(Source : P. Gadet.)

Nerf I oculomoteurs composés de deux types de fibres :


Ce nerf est responsable de l’olfaction. De simples fibres rapides (voie oculocéphalogyre) et fibres
huiles essentielles peuvent permettre d’évaluer la lentes (voie extralemniscale). Les fibres lentes
composante sensorielle, en sus des troubles qui de la voie extralemniscale sont décrites comme
peuvent être décrits par le patient au cours de ayant un rôle privilégié dans la posture [220]. La
l’interrogatoire. posture est une des clés de voûte de la pratique
ostéopathique3.
Nerfs II et III
Il existe un intérêt pour l’ostéopathe d’évaluer
le champ visuel et celui de l’oculomotricité. Les 3. La posturologie à part entière n’est pas évoquée préci-
muscles oculomoteurs disposent de récepteurs sément ici car elle nécessite à elle seule un ouvrage complet.
70 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Le test du IIe  nerf crânien est réalisé en fond d’abord le mouvement de l’objet tenu par le
d’œil par le spécialiste. Au niveau de l’ostéopathe, praticien puis reviennent rapidement en position
des tests d’observation et de mouvement sont lar- de départ5.
gement suffisants pour envisager une quelconque
perturbation des paires crâniennes II et III : Nerfs V et VII
• paupières ouvertes/fermées : La sensibilité de la Ve paire crânienne est divisée
– asymétrie ; selon les trois zones de la face décrites ci-dessous
– ptosis partiel/complet (origine congénitale, et illustrée par la figure  2.8 consacrée aux
paralysie du IIIe nerf crânien, faiblesse mus- dermatomes :
culaire liée à l’âge, dysthyroïdie entraînant • V1 ophtalmique : au-delà de l’implantation des
une exophtalmie, syndrome Claude Bernard- cheveux, jusqu’au vertex ;
Horner entraînant une enophtalmie. • V2 maxillaire : région maxillaire au niveau des
• pupilles : pommettes et remonte en pointe latéralement
– alignement des pupilles (lésion du tronc céré- jusqu’aux tempes (partie inféro-antérieure du
bral, séquelles d’accident vasculaire cérébral muscle temporal) ;
[AVC], démyélinisation, etc.) ; • V3 mandibulaire : jusqu’au niveau de l’écaille du
– asymétrie. temporal, sauf l’angle inféro-postéro-latéral de la
• acuité visuelle par l’interrogatoire4  : le patient mandibule qui est innervé par la racine C2.
peut exprimer des difficultés croissantes à la Il est primordial de distinguer un déficit de
vision de près/de loin. sensibilité des racines cervicales C2 et C3 de celles
• champ visuel : chaque œil est testé séparément, des branches trigéminales. Outre l’impact sur le
de préférence avec un objet très visuel et de diagnostic d’opportunité, le diagnostic fonction-
couleur vive. nel ostéopathique serait erroné.
La névralgie, apanage des pathologies du V, est
Nerfs III, IV et VI décrite dans le chapitre 8, paragraphe « Céphalées ».
Ces trois nerfs sont responsables de l’oculomotri- Certaines considérations peuvent être précisées
cité. Toute paralysie peut objectiver une lésion d’un dans le cadre de l’exploration du nerf V [80] :
ou de plusieurs de ces nerfs et/ou une pathologie • devant une perte de sensibilité de l’un ou de
sous-jacente (par exemple sclérose en plaques, plusieurs de ces territoires, des antécédents
diabète, athérosclérose, tumeur, anévrisme, etc.). de zona ou une névralgie trigéminale seront
Le test de l’oculomotricité peut mettre en recherchés (la lésion du ganglion trigéminal
évidence la présence d’un nystagmus. Le nys- est envisagée). L’effleurement des territoires
tagmus est une oscillation (secousse rapide) des de sensibilité du V peut déclencher la névral-
yeux. Comme évoqué précédemment, le nys- gie (notion de «  points gâchettes  » dévelop-
tagmus peut être d’étiologie congénitale, corres- pée dans les ouvrages de Travell et Simons
pondre aux séquelles d’un AVC ou aux prémices [252, 273]) ;
d’une sclérose en plaques. Il est associé à une • une perte de sensibilité d’un seul des territoires
symptomatologie vertigineuse avec composante est plus spécifique des branches en fonction de
rotatoire lorsqu’il est d’origine périphérique (par leur région de passage :
exemple vestibulaire). Il est soutenu lorsqu’il est – le sinus caverneux ou la fente orbitaire sont
d’origine centrale. Les yeux du patient suivent associés à la branche V1,

4. L’évaluation de l’acuité visuelle est évidemment du


ressort de l’ophtalmologiste. L’ostéopathe ne s’intéressera
qu’à la naissance d’une déficience rapportée par son patient 5. Le sens du nystagmus est donné par le sens de ce
et motivera dans ce cas un examen médical. retour rapide.
Chapitre 7. Tests neurologiques 71

– les traumatismes touchent davantage la La déglutition sera évaluée simplement en


branche V2, demandant au patient d’avaler sa salive, de préfé-
– les tumeurs sont l’apanage des branches V2 rence avec le praticien en palpation par une prise
et V3. légère au niveau de la face antérieure du cou.
La composante motrice du nerf  XI est facile-
Nerf VIII ment objectivable par l’évaluation du mouvement
Les tests de la marche évoqués plus haut dans ce d’élévation normale de l’épaule contre résistance
chapitre sont les tests de base de la partie ves- (absence ou faiblesse du côté lésé) et par la
tibulaire de la VIIIe  paire crânienne. Les tests rotation de la tête contre résistance (absence ou
d’audition s’intéressent à la partie cochléaire de faiblesse du côté sain).
ce nerf. L’ostéopathe s’intéresse avant tout aux Le diagnostic neurologique n’est bien sûr pas
signes banals décrits par le patient mais pouvant l’objectif de ces tests simplifiés. Ceux-ci peuvent
faire penser à une perte auditive : avant tout permettre à l’ostéopathe d’évaluer le
• le volume de la télévision doit être augmenté fonctionnement normal des fonctions décrites ici
par rapport à quelques mois auparavant ; et éventuellement de procéder à une réorientation
• les gens autour se plaignent de devoir répéter ; médicale.
• le simple frottement des doigts près de chaque
oreille non perçu par le patient peut être un Fonctions supérieures
indice grossier mais évocateur d’une perte
L’anamnèse est le moment d’échange pendant
auditive flagrante. La réorientation médicale
lequel le praticien va recueillir les signes ou les
est vivement conseillée en cas de troubles de
troubles psychologiques, comportementaux ou
l’audition d’apparition brutale et/ou associés à
cognitifs de son patient, soit directement par les
des vertiges et/ou acouphènes.
questions posées, soit par l’attitude que présente
le patient au cours de l’examen. Les tests spéci-
Nerfs IX, X, XI et XII
fiques des fonctions supérieures sont bien sûr du
Les trois nerfs crâniens IX, X et XI sont moteurs ressort du praticien de santé spécialisé. Devant
de la déglutition et de la phonation. Ils ont un un tableau d’altération des fonctions supérieures
noyau commun, ce qui engendre assez fréquem- soupçonnée au moment de l’examen clinique, le
ment leur atteinte simultanée6. Lorsque la bouche patient sera réorienté d’emblée.
est évaluée, ce sont alors les nerfs IX et X qui sont
à considérer. Troubles sphinctériens
La motricité du nerf  XII7 est observée par les
mouvements de la langue qui seront demandés Il est du ressort de l’ostéopathe de s’interroger
au patient. Il est difficile d’avoir conscience des sur l’état de santé général du patient qu’il reçoit.
mouvements de sa propre langue ; permettre au Les questions posées lors de l’interrogatoire rela-
patient de se voir dans un miroir pour le faire peut tives aux troubles de l’incontinence ou à toute
faciliter les échanges d’explications. Demander au altération des fonctions urinaires ou génitales
patient de coller la langue au palais, de toucher peuvent permettre à l’ostéopathe de relever des
avec le bout de sa langue son nez, son menton et signes alarmants (dysurie, polyurie, pollakiurie,
les commissures de la bouche. nycturie, énurésie, urgenturie, etc.).
Le praticien est conduit à différencier les
troubles urinaires d’apparition brutale et ceux
d’apparition progressive [76]. Certaines tech-
6. Selon le Collège des enseignants de neurologie
niques thérapeutiques ostéopathiques visent au
(www.cen-neurologie.fr).
7. Le nerf  XII n’est que moteur de la langue et n’a rééquilibre des fonctions urinaires. De ce fait,
pas de composante de sensibilité, à la différence des trois une analyse précise de la nature des troubles
précédents. présentés par le patient est nécessaire, mais celui-ci
72 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

devra avoir été préalablement pris en charge Conclusion


médicalement.
L’infection urinaire apparaît au premier plan De l’expertise est nécessaire pour parvenir à analy-
des troubles urinaires. Les troubles de la pros- ser les réponses aux tests neurologiques. L’humi-
tate sont des points à rechercher chez l’homme lité est donc de mise pour l’ostéopathe formé à
de plus de 50 ans, avec un grand nombre de cas établir un diagnostic d’opportunité. Toutefois,
autour de 70 ans. dans le cadre de la prise en charge d’un patient
Selon l’Institut national du cancer, les signes atteint d’une maladie neurologique évolutive ou
qui doivent encourager le praticien à réorienter d’un patient se présentant en première intention
son patient sont : avec des troubles évocateurs d’une incidence neu-
• une difficulté ou une incapacité à uriner ; rologique, ces tests peuvent permettre de faire
• des douleurs ou brûlures pendant la miction ; comprendre au jeune ostéopathe que ce patient
• des éjaculations douloureuses ou des troubles est hors de son domaine de compétences.
de l’éjaculation.
Chapitre 8
Région cervicocéphalique 
1. Céphalées efficacité, l’objectif est de proposer au lecteur
un maximum d’informations pour une prise en
charge clinique ostéopathique optimale, en adé-
quation avec la prise en charge médicale si elle
Présentation existe. Éviter le retard de diagnostic reste la
priorité. En parallèle, une bonne connaissance
Si les céphalées sont souvent mentionnées au des spécificités et de la classification des céphalées
cours de l’interrogatoire, elles sont également des permet d’accompagner au mieux le patient dans
motifs de consultation à part entière en ostéopa- une démarche de soins et de conseils dans un
thie1 [2,  257]. Il n’est donc pas exceptionnel concept d’éducation thérapeutique.
de voir un patient franchir la porte d’un cabinet La fiche de synthèse fournie en figure 8.1 réca-
d’ostéopathie à la recherche du soulagement de pitule l’ensemble des éléments qui sont dévelop-
ses « maux de tête ». Des souffrances personnelles pés dans ce chapitre.
importantes et une altération de la qualité de vie
sont des conséquences des céphalées qui peu-
vent motiver une consultation ostéopathique à la Drapeaux rouges
recherche d’un soulagement. de la céphalée
Près d’un individu sur deux souffre de cépha-
lées dans la population mondiale. De nombreuses Tout épisode de céphalée qui revêt les caractéris-
études ont été menées pour déterminer l’impact tiques mentionnées dans la figure 8.2 doit retenir
sociétal des céphalées et les coûts financiers liés l’attention de l’ostéopathe et nécessite une prise
aux traitements médicaux ainsi que ceux liés au en charge médicale prioritaire.
déficit de productivité professionnelle consécutif Le moyen mnémotechnique MAASS (figure 8.2)
à un arrêt ou une incapacité de travail. L’Organi- permet d’inventorier les critères alarmants de la
sation mondiale de la santé (OMS) souligne que céphalée.
« […] seule une minorité des personnes atteintes
de céphalées bénéficie d’un diagnostic adapté
[…]. L’ampleur des céphalées a été sous-estimée Mécanisme des céphalées
et ces troubles sont insuffisamment reconnus et
soignés […]2 ». Bien que la prise en charge de la Dans le cadre de céphalées, l’élaboration du
céphalée soit médicale, envisager une approche diagnostic ostéopathique dans un premier temps
pluridisciplinaire du soin du patient atteint et la mise en place d’un protocole de techniques
de céphalées revêt un intérêt pour des types de dans un deuxième temps nécessitent une certaine
céphalées spécifiques [44, 76]. compréhension des mécanismes supposés être à
Plutôt que de débattre de la perspective du l’origine du phénomène.
traitement ostéopathique à envisager et de son De nombreux travaux ont permis d’avancer
l’hypothèse d’une étiologie majoritairement
1. Selon un sondage de 2014 [257], 3,4 % des motifs de vasculaire des céphalées [86]. Comme tous les
consultation seraient liés aux céphalées. vaisseaux du corps, les vaisseaux intracrâniens pos-
2. www.who.int/mediacentre/factsheets/fs277/fr/. sèdent leur propre innervation sensitive et motrice.
Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie
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74 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 8.1. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique de la céphalée.


AEG : altération de l’état général.
(Source : P. Gadet.)
Le  processus de relais de l’information d’une libération de neuropeptides au niveau de la dure-
région vasculaire ou d’un vaisseau en souffrance mère et du muscle temporal [86]. Des expériences
s’effectuerait par l’intermédiaire des fibres ner- réalisées sur l’animal ont montré que la stimulation
veuses qui projettent alors la douleur (douleur des fibres nerveuses à différents niveaux pourrait
projetée ; voir chapitre 2). On observe, du fait de expliquer à la fois le processus de mise en place
la distribution homolatérale des fibres nerveuses et la localisation des douleurs migraineuses3. Il
à partir de leur ganglion respectif, les douleurs existerait une sensibilisation périphérique dans un
hémicrâniennes caractéristiques des migraines.
L’étiologie vasculaire des céphalées est donc
3. L’activité neuronale peut être à l’origine de migraines.
étroitement liée à des facteurs neurogènes. Plus En effet, cette activité neuronale appelle localement un
spécifiquement, l’inflammation neurogène serait apport d’oxygène par voie vasculaire, augmentant ainsi le
le facteur primaire des causes de migraine, par la débit cérébral dans une zone spécifique.
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  75

Figure 8.1.  (suite)

premier temps, puis une progressive installation des classification des céphalées [108]. La figure  8.3
messages nociceptifs au niveau central, entraînant à propose une synthèse de cette classification selon
terme une chronicité de la pathologie [267]. que les céphalées sont primaires ou secondaires.
Connaître cette classification permet au pra-
ticien, d’une part, de mieux établir le diagnos-
Types de céphalées tic ostéopathique et, d’autre part, de pouvoir
et diagnostic ostéopathique dialoguer avec le médecin dans le cas d’une
réorientation.
La classification des céphalées est complexe et cer- Pour ce qui est des céphalées primaires, on
taines céphalées sont délicates à différencier tant retrouve :
les signes sont similaires. L’International Hea- • la migraine ;
dache Society a publié en 2013 une version de la • la céphalée de tension ;
76 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 8.2. Les drapeaux rouges de la céphalée – moyen mnémotechnique MAASS.


(Source : P. Gadet.)

• l’algie vasculaire de la face ; qui concerne la région douloureuse et le mode


• la céphalée avec facteur déclenchant. d’apparition.
Le diagnostic médical est, dans ce cas, fondé Un grand nombre de liens ostéopathiques
essentiellement sur l’interrogatoire, les examens peuvent être élaborés dans un cadre de céphalée
complémentaires permettant d’écarter une cause mais ceux-ci ne sont pas explicitement décrits
secondaire. Les céphalées primaires sont les plus au sein de cet ouvrage. Néanmoins, les méca-
fréquentes et les plus handicapantes sur le plan de nismes pouvant intéresser l’ostéopathe dans un
la vie quotidienne. but de diagnostic d’opportunité et de diagnostic
Les céphalées secondaires sont beaucoup moins ostéopathique sont indiqués dans les paragraphes
fréquentes que les céphalées primaires. Il s’agit suivants. À ce titre, la figure  8.4 offre une des-
de céphalées associées à un trouble organique ou cription comparative et synthétique des signes
fonctionnel qui peut être grave. Il est difficile de fonctionnels et des caractéristiques des névralgies,
différencier une céphalée primaire d’une céphalée de l’algie vasculaire de la face, de la migraine, de
secondaire  ; les critères sont essentiellement cli- la céphalée de tension et de la céphalée cervicogé-
niques et le diagnostic est médical. nique. Ces caractéristiques sont développées dans
Une céphalée doit rassembler au moins deux les paragraphes ci-dessous.
des critères suivants en lien avec un trouble orga- Distinguer une céphalée primaire d’une cépha-
nique ou fonctionnel pour être considérée comme lée secondaire est la première étape du diagnostic
secondaire [191] : ostéopathique. L’anamnèse portera essentielle-
• survenir dans la période du trouble organique ment sur les éléments suivants :
ou fonctionnel ; • le sommeil  : quantité, qualité, troubles du
• survenir ou augmenter dans le même temps rythme, apnée du sommeil ;
qu’une majoration du trouble organique ou • la consommation d’alcool : quantité, rythme ;
fonctionnel ; • la consommation de tabac  : nombre de ciga-
• diminuer dans le même temps qu’une améliora- rettes/paquet(s) par jour ;
tion du trouble organique ou fonctionnel ; • la vue :
• la céphalée doit avoir les caractéristiques – date et résultat du dernier contrôle réalisé,
typiques du trouble organique ou fonctionnel port de lentilles, lunettes ;
à laquelle elle est associée, notamment en ce – pupilles dilatées, bilatérales ou unilatérales ;
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  77

Figure 8.3. Classification des céphalées.


ATM : articulation temporomandibulaire ; LCS : liquide cérébrospinal ; SADAM : syndrome algodysfonctionnel de l’appareil
manducateur.
(Source : P. Gadet d’après International Headache Society [108].)
78
Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux
Figure 8.4. Comparaison des signes fonctionnels et des caractéristiques des différents types de céphalées suivant l’acronyme SMITH-InCASE (voir tableau 1.1 tableau 1.1).
AVF : algie vasculaire de la face ; CBH : Claude Bernard-Horner.
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  79

– larmoiement ; Migraine avec aura


– rougeur d’un œil ; • Phase 1 : aura
– gonflement d’une paupière. – installation progressive de manifestations
• l’audition : date et résultat du dernier contrôle neurologiques ;
réalisé, appareil(s), acouphènes ; – aura ophtalmique  : scotome scintillant,
• les troubles ORL  : sensation de nez bouché, hémianopsie, hallucinations visuelles ;
écoulement nasal uni- ou bilatéral ; – aura sensitive : paresthésies ;
• les troubles de l’équilibre  : vertiges, perte – aura avec troubles transitoires du langage ;
d’équilibre, instabilité ; – aura atypique.
• la dentition  : gouttières, appareils, implants, • Phase 2  : céphalée migraineuse. Les signes
SADAM (syndrome algodysfonctionnel de associés sont les suivants :
l’appareil manducateur). – digestifs (vomissements) ;
D’autres signes associés peuvent être décrits – sensoriels (photo-/phonophobie).
par le patient et entrer en ligne de compte dans la • Phase 3 : résolution – sommeil lourd et répara-
démarche diagnostique : teur, sans séquelles.
• facteurs psychosociaux  : dépression, stress,
anxiété ; Migraine sans aura
• troubles psychologiques : difficultés de concen-
tration, comportement ; La migraine sans aura, ou migraine commune (80
• trouble de la mémoire ; à 90  % des migraines), est d’occurrence plutôt
• irritabilité, humeur, insomnie. matinale, et sa durée est de 4 à 72 heures.
Les signes associés sont :
• digestifs (vomissements) ;
• sensoriels (photo-/phonophobie).
Céphalées primaires La classification internationale ne différencie
plus la «  migraine menstruelle  » (ou «  cata-
Migraine méniale  ») spécifiquement. Si 20 à 60  % des
De récentes études envisagent une dualité des méca- femmes migraineuses rapportent une association
nismes dans la douleur migraineuse : vasodilatation avec leurs menstruations, les migraines doivent
des vaisseaux méningés et inflammation neurogène. être présentes entre J–2 et J+3 tous les deux
Un rôle majeur est attribué au nerf trijumeau et à à trois cycles pour que le lien soit clairement
sa branche ophtalmique dans le processus algique établi [86].
[267]. Certains groupes de recherche attribuent un Par ailleurs, des céphalées peuvent être pré-
déclenchement périphérique initial (cuir chevelu, sentes dans la semaine qui suit l’accouchement. Si
vaisseaux méningés) progressant ensuite vers le les signes cliniques sont corrélés à ceux des « dra-
cortex et sa vascularisation4. D’un intérêt particu- peaux rouges  » de la céphalée (voir figure  8.2),
lier pour l’ostéopathe, on observe sur des patients la patiente sera d’emblée réorientée vers un
migraineux des trigger points principalement au médecin.
niveau de la région temporale et secondairement
au niveau des aires suboccipitales et cervicales [30]. Céphalée de tension
La migraine existe avec ou sans aura. La migraine La classification internationale différencie la
avec aura est d’une durée en général inférieure à céphalée de tension (céphalée primaire) et la
1 heure et est décrite selon trois phases. céphalée cervicogénique (céphalée secondaire).
Une hypothèse du processus pathogénique de la
céphalée de tension évoque le système limbique
4. Le cerveau est insensible à la douleur. Les céphalées
ou les migraines ne concernent pas le tissu nerveux comme étant à l’origine, plutôt que la consé-
proprement dit, mais sa vascularisation et les enveloppes quence, de tensions musculaires épicrâniennes ou
méningées. cervicales [206].
80 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Les autres critères prépondérants de cette dif- Céphalées secondaires


férenciation entre céphalée de tension et céphalée
cervicogénique sont : Certaines céphalées secondaires seront suspectées
• céphalée de tension : plus fréquemment lors du diagnostic d’opportu-
– siège bilatéral ; nité. Une céphalée secondaire peut être le premier
– améliorée par l’activité physique. signe d’une pathologie grave : anévrisme congé-
• céphalée cervicogénique : nital, malformation artérioveineuse, insuffisance
– localisation unilatérale ; vertébrobasilaire, etc.
– déclenchement mécanique. Le concept d’une prise en charge globale du
Cette nuance entre céphalée de tension et patient par la thérapie ostéopathique vise à une
céphalée cervicogénique est à prendre en compte rééquilibration des structures organiques et fonc-
par l’ostéopathe dans la mise en place des tech- tionnelles. Cette rééquilibration ouvre la voie vers
niques. Lantéri-Minet [86] précise qu’un grand l’homéostasie [21], pouvant étayer l’hypothèse
nombre de patients souffrant de céphalées de ten- d’un bénéfice de l’ostéopathie sur les céphalées
sion ne consultent pas de médecin et pratiquent secondaires.
l’automédication. Beaucoup d’entre eux peuvent
donc aussi être à la recherche d’un soulagement Céphalée cervicogénique
auprès d’un ostéopathe compétent. La céphalée cervicogénique (CCG) renvoie à une
origine mécanique de la douleur [86]. Elle repré-
sente 14 à 18 % des différents types de céphalées
Algie vasculaire de la face
et présente une plus grande prévalence chez
L’algie vasculaire de la face ou céphalée tri- les femmes. Elle coexiste souvent avec d’autres
gémino-autonomique est la plus douloureuse types de céphalées [189] et est une fois sur deux
des céphalées primaires. Le rythme circadien (à consécutive à un traumatisme (whiplash). Il peut
heure fixe) est inquiétant et peut laisser présager exister un processus pathologique/lésionnel du
d’une atteinte centrale (tumeur hypophysaire). rachis cervical ou des tissus mous mis en valeur
La tranche d’âge concernée est entre 20 et lors d’un examen d’imagerie.
40  ans et les hommes sont plus touchés. Elle La CCG est classée en tant que céphalée
est souvent associée à un syndrome de Claude secondaire car elle est la conséquence d’un dys-
Bernard-Horner, un zona ophtalmique, une fonctionnement tissulaire local ou régional. Elle
paralysie faciale a frigore. Elle survient pendant est décrite comme une douleur référée au niveau
le sommeil et irradie volontiers vers le cou et les des tissus musculosquelettiques du crâne, en lien
épaules, avec ou sans douleur rétro-orbitaire. avec le dermatome et/ou le myotome des racines
Les étiologies objectivent dans de nombreux cas nerveuses cervicales. Le mécanisme de la CCG
une association avec une intoxication éthylique est décrit spécifiquement comme étant issu du
chronique. niveau cervical C1-C2. Le test de flexion-rotation
cervicale permet d’objectiver ce niveau, par sa
haute sensibilité/spécificité [103,  189] –  ce test
Céphalée avec facteur déclenchant est décrit plus loin.
La catégorie de « céphalées avec facteurs déclen- Le patient souffrant d’une CCG décrit une
chants » est à considérer pour les signes caractéris- douleur unilatérale qui débute dans la région cer-
tiques de certaines céphalées auxquels elle renvoie vicale et irradie ensuite vers le crâne. Le processus
plutôt que comme un type de céphalée à part de déclenchement de la CCG est mécanique : des
entière [86]  : céphalée primaire induite par la désordres fonctionnels au niveau des muscles, des
toux (ou par la manœuvre de Valsalva par exem- ligaments, ou des articulations du rachis cervical
ple), céphalée primaire d’effort probable, en coup en seraient à l’origine [86].
de tonnerre, en coup de poignard, induite par le Si l’origine de la CCG serait donc purement
froid, par une pression externe, etc. mécanique, au contraire, la céphalée de tension
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  81

aurait un déclenchement purement neurologique. Si les études valides manquent pour évaluer l’effi-
La caractéristique de la céphalée de tension est cacité des manipulations cervicales sur les CCG,
entre autres d’être bilatérale. La connaissance de d’autres objectivent leur intérêt [85,  182]. Dans
ces mécanismes différents est d’un réel intérêt la prise en charge clinique multidisciplinaire d’un
pour l’ostéopathe qui avisera en ce sens sur les patient atteint de céphalées – et en accord avec les
techniques à mettre en place. décrets ministériels sur la pratique de l’ostéopa-
La connaissance de l’anatomie de la tête et thie –, un traitement ostéopathique adapté aux dys-
du cou est aussi primordiale pour analyser les fonctions du patient peut ainsi être envisagé comme
territoires de douleur référée propres à la CCG. traitement de support efficace [30, 85, 227]. Les
Visualiser les dermatomes et myotomes de la zone études dans le domaine évoquent dans certains cas
présente un réel intérêt (voir chapitre 2). la nécessité d’un grand nombre de séances pour
Certains symptômes rendent délicate la diffé- parvenir à une potentielle efficacité [102].
renciation de la CCG :
• comme pour la céphalée de tension, la CCG
peut être déclenchée par un mécanisme à dis-
Quelques syndromes
tance ;
de céphalées
• comme la migraine, la CCG peut être accompa- Syndrome de Barré-Liéou
gnée de photophobie ou de nausées.
Par ailleurs, l’apparition ou la majoration de la Le syndrome de Barré-Liéou est décrit parfois
céphalée peut être provoquée par un mouvement comme migraine cervicale, céphalée cervicogé-
du cou ou en appliquant une pression manuelle nique, syndrome sympathique cervical postérieur,
sur la nuque. S’il existe une lésion cervicale ou encore vertige de l’arthrose cervicale. Les
récente ou passée, un lien peut être établi entre symptômes associés sont nombreux  : céphalées
l’amélioration ou l’aggravation de la lésion cer- occipitales, nystagmus consécutifs à des mouve-
vicale et l’intensité ou la fréquence des céphalées. ments de tête, hyperesthésie de la cornée, spasmes
Pour ce qui est de l’origine du déclenchement musculaires, vision floue, vertiges ou encore acou-
de la CCG, la littérature propose plusieurs hypo- phènes pulsatiles. Devant cette constellation de
thèses, certaines d’entre elles pouvant constituer symptômes, le syndrome de Barré-Liéou n’est
des pistes d’investigation dans la démarche d’éta- plus aujourd’hui cantonné autour d’un problème
blissement d’un diagnostic ostéopathique : d’origine uniquement cervicale. Ce syndrome est
• perturbations ostéoligamentaires ; parfois décrit consécutivement à un traumatisme
• dysfonctions intervertébrales ; ou dans les cas d’arthrite cervicale au niveau des
• facteurs musculaires et aponévrotiques favori- disques C3 et C4, à l’origine de perturbations
sant les douleurs projetées (notion de trigger neurologiques et vasculaires au niveau des noyaux
points – voir ci-dessous) ; des Ve et VIIIe  paires crâniennes. Toutefois, on
• influences de la deuxième racine cervicale, du retrouve dans ce panel de symptômes la vraisem-
nerf grand occipital ou « nerf d’Arnold » et du blance d’une insuffisance vertébrobasilaire qui
nerf vertébral. reste de toute évidence à prendre en considération
Au titre des douleurs projetées d’origine mus- dans l’examen clinique ostéopathique [60].
culaire, les muscles présentant le plus souvent des
Syndrome méningé
trigger points pouvant favoriser une CCG sont les
suivants : On observe une raideur nucale, diffuse sur tout le
• trapèzes ++ ; rachis, liée à une infection des méninges. Il existe
• sternocléidomastoïdiens ++ ; une possibilité de vomissements en jets, sans nau-
• muscles cervicaux postérieurs ++ ; sées. Selon l’état de santé du patient, les tests de
• muscles ptérygoïdiens latéraux ++ ; Kernig et Brudzinsky (voir plus loin) peuvent être
• muscles temporaux + ; réalisés devant ce tableau de syndrome méningé.
• muscles de la région épicrânienne frontale +. Une réorientation en urgence est requise.
82 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Syndrome d’hypertension Une fois le vertige méthodiquement investigué


intracrânienne lors de l’interrogatoire et en fonction des signes
Un syndrome d’hypertension intracrânienne relevés, le praticien peut envisager de réaliser entre
donne en général des céphalées avec aggravation et autres les tests neurologiques (voir chapitre 7) et
prédominance matinale/fin de nuit, vomissements le test de l’artère vertébrale (décrit plus loin), ce
en jets sans nausée (comme le syndrome méningé) dernier test nécessitant cependant une analyse
lors des mouvements de tête. On observe une fine des symptômes et signes (figure 8.5).
majoration des signes cliniques avec la toux, la
Vertige positionnel paroxystique bénin
défécation, les bâillements, et la présence d’un
œdème papillaire. On observe également la pré- Le vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB)
sence de signes neurologiques (confusion, troubles représente la majorité des cas des vertiges [20].
psychiques, troubles moteurs, etc.). Il est parfois Le diagnostic médical du VPPB est réalisé par la
décrit une installation insidieuse de l’hypertension manœuvre de Dix-Hallpicke. Celle-ci consiste à
intracrânienne. L’ostéopathe peut tout à fait être basculer la tête du patient de la position érigée à la
consulté en première intention et, dans ce cas, être position allongée, la tête étant tournée de 45° du
déclencheur de la prise en charge médicale. côté de l’oreille atteinte. Après quelques secondes,
un vertige intense survient. La manœuvre de
Dix-Hallpike est à différencier de la manœuvre
Symptômes associés de Semont qui est utilisée comme traitement du
aux céphalées VPPB.
Le traitement manuel est réservé au kinési-
Vertiges thérapeute ou au médecin. Le pronostic de récu-
pération est favorable.
Vertige : vrai ou faux ?
Des céphalées peuvent coexister avec le VPPB.
Le vrai vertige est à distinguer du faux vertige Bien que celles-ci n’en soient pas le signe typique,
(encadré 8.1). elles peuvent être présentes ou précéder les épi-
sodes  ; céphalée de tension, migraine, céphalée
Encadré 8.1 cervicogénique ont été rapportées au cours de
crises de VPPB [206].
Faux vertige et vertige vrai
Après une investigation minutieuse et un diag-
Faux vertige nostic d’opportunité clairement établi, l’approche
• Sensation de malaise (hypotension orthosta- ostéopathique sera étudiée dans la prise en charge
tique) pluridisciplinaire du patient souffrant de VPPB
• Sensation de perte de connaissance immi- associé ou non à des céphalées. Si l’origine du
nente VPPB est liée au dépôt de débris au sein du canal
• Sensation de vague instabilité (lipothymie) semi-circulaire (canalolithiase), les conséquences
Vertige vrai des vertiges positionnels peuvent se traduire à
• Sensation d’instabilité (impression que la distance. En effet, des myalgies de tension secon-
pièce tourne ou de tourner soi-même) daires aux vertiges peuvent être décrites par le
• Trouble de l’équilibre patient. Si la relation n’est pas traduite d’emblée
• Signes cliniques (isolés ou multiples) : par le patient, l’ostéopathe recherchera devant
– surdité (urgence médicale) toute céphalée des antécédents de vertiges et de
– acouphènes cervicalgie.
– instabilité majorée par les mouvements de
tête lors de la manœuvre de Dix-Hallpicke
Acouphènes
– nystagmus vertical ou horizontal, bilatéral
– nausées, vomissements S’il est consulté d’emblée pour des acouphènes,
l’ostéopathe recherchera tout signe associé
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  83

Figure 8.5. Test de l’artère vertébrale : les signes et symptômes d’alerte pour l’ostéopathe et ceux motivant l’exécu-
tion du test.
(Source : P. Gadet, d’après Wrisley et al. [291].)

(vertiges, surdité) pouvant lui conférer un carac- Tests médicaux


tère d’urgence médicale (figure  8.6). Objectiver
des acouphènes représente ainsi un réel intérêt
Le praticien peut être amené dans certains cas et
pour l’ostéopathe.
selon le motif de consultation à préciser son exa-
L’étiologie principale des acouphènes est trau-
men clinique par des tests médicaux adaptés pour
matique (maladie professionnelle, environnement
confirmer que le patient relève bien du champ de
bruyant, etc.). La dégénérescence des mécanismes
compétence de l’ostéopathie :
de l’oreille liée à l’âge vient en seconde position,
• prise des pouls ;
favorisée par la vie en zones urbaines. Les atteintes
neurologiques, les intoxications (tabac, alcool, • prise de tension artérielle ;
etc.), les troubles endocriniens (diabète, hyper- • palpation des régions ganglionnaires lympha-
thyroïdie, etc.) et de nombreuses autres problé- tiques ;
matiques peuvent être à l’origine des acouphènes. • test de l’artère vertébrale ;
D’autres étiologies existent avec des possibili- • tests neurologiques ;
tés de prise en charge ostéopathique. Des études • tests du rachis cervical ;
de cas évoquent la possibilité d’une efficacité des Outre les tests spécifiques relatifs aux antécé-
techniques ostéopathiques sur les acouphènes dents du patient et à son motif de consultation,
par le traitement des troubles de l’articulation le test de l’artère vertébrale (décrit plus loin)
temporomandibulaire [9,  36], la normalisation est un test à réaliser a priori devant tout tableau
de dysfonctions vertébrales [238], ou encore de céphalée (voir cependant aussi la figure  8.5
une prise en charge ostéopathique autour de la concernant ce test). Le test présentant à la fois
posturologie [6]. Toutefois, ces études compor- une haute spécificité et une haute sensibilité pour
tent un grand nombre de biais et nécessitent, le diagnostic de céphalée cervicogénique est le
de ce fait, d’être appuyées par des travaux plus test de flexion-rotation du rachis cervical (décrit
poussés. plus loin) [103, 189, 234].
84 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 8.6. Acouphènes – objectifs ou subjectifs ?


ATM : articulation temporomandibulaire.
(Source : P. Gadet.)

Les céphalées d’un point de certains traitements médicamenteux [44]. Les


céphalées cervicogéniques sont celles qui sem-
de vue ostéopathique
blent présenter un bénéfice direct d’un traitement
ostéopathique [101]. Une approche multidis-
L’ostéopathie en tant que thérapie manuelle ciplinaire est également justifiée dans quelques
présente un intérêt relatif dans le traitement cas de céphalées d’origine neuropathique (par
des céphalées. Quelques études évoquent l’effi- exemple névralgies) [84].
cacité des traitements ostéopathiques au bénéfice La superficialité des nerfs et artères au niveau
de la réduction des coûts des soins médicaux de la peau et des muscles du scalp laisse entrevoir
[242, 284]. Les techniques craniosacrées sont évo- la possibilité d’utiliser des techniques myofas-
quées, bien que celles-ci ne figurent pas directe­ ciales et musculaires épicrâniennes et cervicales
ment dans l’enseignement ostéopathique des pour réaliser une décompression vasculonerveuse
décrets de 2014  ; elles sont vivement remises [129]. L’objectif de l’approche ostéopathique
en cause dans des publications récentes [97]. est d’évaluer au niveau palpatoire les tensions et
Toutefois, l’étude d’Arnadottir, en 2013, fait état les compressions potentielles des grandes voies
de résultats favorables par des techniques cranio- vasculaires et nerveuses vers le crâne et en prove-
sacrées d’Upledger sur une vingtaine de patients nance de celui-ci [291], ainsi que les dysfonctions
migraineux évalués par le questionnaire HIT-6 ostéopathiques pouvant en être à l’origine.
[10]. D’autres études montrent les bienfaits des
traitements ostéopathiques, sans toutefois en Céphalée et articulation
préciser les raisons précises ou les techniques temporomandibulaire
employées [227]. Si l’ostéopathie n’est pas claire­
ment citée, la revue systématique de Chaibi justifie En ostéopathie, le lien est souvent évoqué entre
la place des thérapies complémentaires aux côtés l’articulation temporomandibulaire (ATM), les
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  85

céphalées et les cervicalgies [221]. Les hypothèses l’éducation thérapeutique, le rôle de l’ostéopathe
font référence à des chaînes musculo-aponé- peut être de conseiller les patients en fonction des
vrotiques en lien avec l’ATM spécifiquement. éléments recueillis lors de l’anamnèse5 sur la prise
Récemment, Myers a décrit –  et illustré par des alimentaire ou le type d’alimentation/d’aliments,
photographies de dissection très explicites  – des voire d’orienter vers un praticien dédié (diététi-
liens posturaux par des chaînes musculaires incluant cien, nutritionniste, naturopathe, etc.).
indirectement l’ATM autour de réseaux myofas- «  J’ai un mal de crâne épouvantable, j’ai dû
ciaux [177]. Toutefois, l’impact de l’ATM dans la surcharger mon foie » est une expression courante
posture reste encore controversé et mérite de plus des lendemains de fête. Toutefois, l’origine hépa-
amples recherches [224]. Des liens ostéopathiques tique de la céphalée n’apparaît pas dans l’actuelle
de l’ATM avec la sphère crânienne existent aussi ; classification des céphalées. Les céphalées d’ori-
leurs spécificités ne sont pas développées car elles gine métabolique ou homéostasique existent,
dépassent l’objectif de cet ouvrage. mais sans lien strict attribué au foie. Une revue de
littérature médicale ne relève pas d’études valides
Céphalées d’origine viscérale sur la possible origine hépatique de la céphalée
[226]. Il reste nécessaire de préciser les liens
Un grand nombre des fibres afférentes sensi- ostéopathiques en la matière.
tives viscérales transitent par les voies parasympa-
thiques. Les informations de la douleur viscérale
convergent donc vers un ou plusieurs segments
Conclusion
d’innervation médullaire (voir chapitre  2, para-
graphe «  Douleur viscérale référée  »). Notam- Dans le cadre de la prise en charge de patients
ment, il existerait un retentissement de cette souffrant de céphalées, l’ostéopathie peut être
convergence d’informations des voies parasympa- envisagée comme complément thérapeutique non
thiques au niveau des régions du sacrum et médicamenteux. Outre la prise en charge pluridis-
du crâne [104]. L’étude précitée rapporte que ciplinaire au sein de laquelle elle prendrait place,
des antécédents de pathologies viscérales, des l’ostéopathie offre au patient la possibilité d’une
épisodes de vomissements répétés et des douleurs analyse fine des liens corporels sous-jacents, ali-
abdominales répétées dans l’enfance pourraient mentant la pathologie douloureuse.
engendrer chez l’adulte un terrain « migraineux ».
Selon ces considérations liées à l’influence de la
voie parasympathique issue des organes viscéraux 2. Cervicalgie, névralgie
sur les noyaux trigéminaux, des liens viscéraux
sont à envisager dans l’analyse de la céphalée en cervicobrachiale
ostéopathie. Une attention sera portée à cette
analyse face à un tableau de céphalée d’origine
et syndrome du défilé
métabolique qui, bien que traitée médicalement, thoracobrachial
pourrait altérer la qualité de vie du patient. Le
bilan ostéopathique servira de base d’analyse des
dysfonctions ostéopathiques pouvant potentialiser
une participation au mécanisme de survenue.
Présentation
Une revue de littérature assez récente [225]
conclut que certaines migraines peuvent être Cervicalgie, névralgie cervicobrachiale et syn-
déclenchées par l’alimentation (il ne s’agit pas drome du défilé thoracobrachial sont inclus dans
de réactions allergiques). Si les résultats de cette cette même section. L’une pouvant découler de
étude restent discutables, ils suggèrent toutefois l’autre, ces trois symptomatologies sont décrites
qu’une attention particulière soit prêtée au lien
possible entre le déclenchement des migraines et le 5. Les dysfonctions ostéopathiques viscérales peuvent
mode alimentaire du patient. Du point de vue de être révélatrices d’un schéma alimentaire inadapté.
86 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

ici selon une investigation similaire. La fiche de cervicales sont diagnostiqués tardivement. Le
synthèse de l’examen clinique ostéopathique pour rôle de l’ostéopathe consulté en première inten-
les trois atteintes (figure 8.7) résume les éléments tion est donc essentiel pour éviter tout retard
développés dans cette section. Certains signes de diagnostic. À ce titre, le C-Spine Rule [168]
fonctionnels communs orientent vers les mêmes propose une première «  barrière d’arrêt  » au
tests médicaux. service de l’ostéopathe consulté en première
Un grand nombre d’éléments permettent au intention pour des douleurs cervicales post-trau-
praticien, lors de l’examen clinique ostéopa- matiques sur un patient «  conscient et  alerte  »
thique, de distinguer la douleur mécanique de (figure 8.8).
la «  simple  » cervicalgie  ; les irradiations de la Dans un second temps, au cours d’un inter-
névralgie cervicobrachiale6 –  qui correspond à rogatoire plus avancé et face à une cervicalgie
une compression de fibres nerveuses des racines persistante avec présence des signes indiqués dans
cervicales au niveau des foramens interverté- le tableau  8.1, la réorientation médicale est à
braux – ; et le syndrome du défilé thoracobrachial envisager si les lésions potentielles apparaissent
–  qui correspond à une compression des racines comme probables.
cervicales dans leur partie distale (au niveau du
membre supérieur). Manipulations cervicales
et risques vasculaires
Cervicalgie Généralités
La cervicalgie est une douleur de nuque sans La question des manipulations vertébrales est
irradiations vers les membres supérieurs. Il s’agit essentiellement liée aux risques inhérents d’une
d’un motif de consultation fréquent, les étiologies dissection artérielle vertébrale ou carotidienne.
étant très variées : Certaines réponses positives au test de l’artère
• dégénérescence discovertébrale ; vertébrale (décrit plus loin) peuvent présenter
• traumatismes (whiplash, etc.) ; une mise en danger du patient : paresthésies, syn-
• tabagisme (recherche d’athérome) ; cope, nystagmus, troubles visuels et drop-attack7.
• port axial de charges (sur la tête) ; De ce fait, devant des signes cliniques laissant
• professions (dentistes, conducteurs profession- présager d’un risque d’insuffisance vertébroba-
nels, etc.) ; silaire, la manipulation vertébrale cervicale est
• antécédents de radiculopathie lombaire. contre-indiquée.
D’autres origines moins fréquentes peuvent
être citées : Risques d’insuffisance vertébrobasilaire
• métabolique ; Certaines pathologies peuvent potentialiser une
• exposition aux vibrations ; insuffisance vertébrobasilaire [129] :
• facteurs nutritionnels ; • traumatisme direct  : blessures à la tête, whi-
• facteurs génétiques et auto-immuns ; plash, etc. ;
• facteurs dépendant de l’origine ethnique, du • hypertension ;
sexe, de la présence d’athérosclérose. • dyslipidémie ;
• athérosclérose ;
Drapeaux rouges • arthrose ;
• polyarthrite rhumatoïde ;
Davis et  al. [57] estiment que 3 à 25  % des • inflammation des tissus endothéliaux (par
patients ayant subi un traumatisme avec lésions exemple artérite temporale) ;

6. Cette symptomatologie est aussi appelée « radiculo- 7. Drop-attack  : chute brutale sans perte de connais-
pathie cervicale » ou « neuropathie cervicale ». sance.
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  87

• diabète ; en rapport avec des troubles de l’oreille interne à


• trouble de la coagulation ; l’origine de vertiges peuvent être similaires [5].
• infections bactériennes ou virales ; En présence d’un patient vertigineux qui consulte
• tabac ; en première intention, la réorientation médicale
• obésité ; peut être nécessaire au préalable de tout traitement
• causes iatrogènes (radiothérapie). ostéopathique ; en effet, les insuffisances de l’artère
vertébrale sont à l’origine de signes fonctionnels
Test de l’artère vertébrale banals tels que vertiges et nausées.
Le test de l’artère vertébrale (décrit plus loin) Le test de l’artère vertébrale comporte un
recherche une potentielle anomalie de l’artère intérêt double en ostéopathie :
vertébrale ou insuffisance vertébrobasilaire au • diagnostic d’opportunité et réorientation médi-
niveau de ses multiples coudures sur son trajet le cale –  devant un patient vertigineux, éliminer
long du rachis cervical. l’étiologie artérielle ;
Des expérimentations montrent que, chez un • thérapeutique ostéopathique  : déterminer la
grand nombre de sujets, la rotation du rachis possibilité de réaliser des techniques ostéopa-
cervical à elle seule influe sur la réduction du flux thiques sur le rachis cervical en conformité avec
sanguin de l’artère vertébrale [129]. Cette rota- la législation en vigueur et en toute sécurité
tion du rachis cervical engendre une compression pour le patient.
controlatérale majoritairement à deux niveaux : Lors d’une consultation en ostéopathie, le test
• C0-C1 : compression d’origine osseuse ; de l’artère vertébrale peut être envisagé devant
• C1-C2  : compression d’origine osseuse ou toute céphalée ou cervicalgie. Face à un patient qui
musculaire. présente des vertiges associés ou non au motif de
Anatomiquement, l’artère vertébrale présente consultation en ostéopathie, la question de l’insuf-
cinq coudes physiologiques le long du rachis fisance vertébrobasilaire doit se poser (tableau 8.2).
cervical. Des variations de diamètre et de forme Que les patients présentent ou pas des signes
sont à l’origine de phénomènes vasculaires au d’insuffisance vertébrobasilaire, il est observé une
niveau du crâne et du rachis cervical. Également, diminution du flux sanguin lors de la réalisation
des tensions musculaires peuvent être à l’origine du test de l’artère vertébrale [11]. Il existe donc
de certaines anomalies de flux sanguin et de dys- un risque de faux positifs et surtout de déclenche-
fonction neurovasculaire [5]. ment de symptômes dangereux pour le patient.
Certains phénomènes sont décrits comme Avant d’entreprendre toute manipulation ver-
pouvant être à l’origine d’une insuffisance verté- tébrale en conformité avec les textes publiés8,
brobasilaire acquise : quelques recommandations issues de nombreuses
• mouvements de rotation répétés  : tourner la publications sur le sujet sont données ci-après :
tête pour manœuvrer une voiture ou un engin, • prendre des précautions en cas d’antécédents de
position répétée de tête en arrière avec une traumatisme ;
fragilité vasculaire ; • maîtriser l’anatomie de la vascularisation de pas-
• traumatisme sur des mouvements extrêmes ou sage au niveau cervical (vertébrale, carotidienne)
répétés du cou, violences conjugales, sport, pour comprendre le mécanisme du test ;
intervention chirurgicale, intubation, etc. • maîtriser la physiologie articulaire cervicale et
En cas de signes positifs au test de l’artère verté- ses conséquences sur les réseaux vasculaires ;
brale, l’artère mise en cause est l’artère controla- • inclure dans l’examen clinique une prise de
térale au sens de rotation de la tête. La position tension artérielle et le test des nerfs crâniens en
requise pour ce test est similaire à la position finale cas de suspicion d’insuffisance vertébrobasilaire.
de la manœuvre de Dix-Hallpike utilisée pour le
diagnostic et le traitement des vertiges positionnels
paroxystiques bénins. Ainsi, la symptomatologie 8. Décret n˚ 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux
liée à une insuffisance de l’artère vertébrale et celle actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie.
88 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 8.7. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique de la cervicalgie, névralgie cervicobrachiale (NCB)
et syndrome du défilé thoracobrachial (SDTB).
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  89

Figure 8.7. (suite)


90 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 8.8. D’après le C-Spine Rule, un organigramme décisionnel pouvant aider l’ostéopathe en première intention
face à un patient présentant une cervicalgie en situation post-traumatique.
(D’après Stiell IG, Wells GA, Vandemheen KL. The Canadian C-spine rule for radiography in alert and stable trauma patients. JAMA 2001 ; 286(15) ;
1841-8.)

Quelques étiologies du rachis cervical liés à la violence de l’accélé-


spécifiques de cervicalgie ration. Il a fallu attendre les années 1980 pour
voir se développer les appuis-tête sur les véhicules
Whiplash en France. La violence du traumatisme généré
Le whiplash, ou « coup du lapin », est un mouve- par un choc avec une répercussion sur le rachis
ment brutal de flexion du rachis cervical à la suite cervical peut s’apparenter à celle observée dans les
d’un choc violent à distance, entraînant la tête et autos-tamponneuses, dans certains mouvements
le rachis. Cela se produit le plus souvent lors d’un de danse moderne ou comme dans le fait de se
accident de voiture. Le risque est l’écrasement du laisser tomber dans un siège trop bas [218]. Des
corps vertébral et le cisaillement médullaire. constatations récentes montrent qu’en présence
Il semble que ce terme soit apparu au moment de cervicalgie consécutive à un whiplash, il n’y a
de la Seconde Guerre mondiale, date à laquelle un que peu de corrélation entre les résultats d’exa-
appui-tête fut ajouté sur les sièges des pilotes de men par imagerie et le mécanisme de la douleur
chasse catapultés des porte-avions. Cette amélio- [51]. Revel et  al., dans leur revue de littérature
ration a permis d’éviter les traumatismes fréquents de plus de 1600 articles sur le « coup du lapin »,
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  91

Tableau 8.1. Signes d’alerte pour l’ostéopathe lorsqu’ils sont associés à une cervicalgie (d’après Cohen [51]).
Signes ou symptômes Lésions potentielles Drapeaux rouges
Signes neurologiques Perte de connaissance Fracture vertébrale, lésions (vasculaires, Traumatisme (chute,
Désorientation traumatiques, etc.) de la moelle épinière, AVP, whiplash, etc.)
Déficits cognitifs lésion ligamentaire
Céphalées
Autres symptômes neurologiques
Fatigue excessive Subluxation atloïdo-axoïdienne Polyarthrite rhumatoïde,
Démarche anormale, restriction de mobilité spondylarthropathies
cervicale, torticolis (spondylarthrites)
Déficits sensoriels et/ou moteurs
Atteinte pyramidale
Hyperréflexie Compression de moelle, maladie Lésion de la voie
Signe de Babinski démyélinisante pyramidale
Troubles sphinctériens et sexuels
Signes généraux Perte de poids Métastases, processus infectieux, Altération de l’état
Fièvre inexpliquée maladie rhumatologique auto-immune général
Anorexie
Antécédents familiaux/personnels de cancer
Douleur diffuse des articulations Dissection d’artères carotidienne ou Âge > 50 ans
Céphalée, baisse de l’acuité visuelle, autres vertébrale, myélomes multiples, hémopa-
signes neurologiques thie, tumeur maligne primitive, etc.
Fièvre Abcès épidural, spondylodiscite, Syndrome infectieux
Raideur nucale méningite
Photophobie
Taches de naissance, marques sur la peau Anomalie congénitale (maladie de Âge < 20 ans
Baisse des résultats scolaires, dépression, Scheuermann, spina bifida, etc.)
troubles psychiques Abus médicamenteux, drogue
Signes cardiaques Douleur irradiante dans le bras/mâchoire, Myocardite, infarctus, angor Douleur thoracique,
nausée hypersudation, dys-
pnée, pâleur
AVP : accident de la voie publique.

Tableau 8.2. Similitude des signes fonctionnels entre vertige positionnel paroxystique bénin et insuffisance verté-
brobasilaire (d’après Alshahrani et al. [5]).
Vertige positionnel paroxystique bénin Insuffisance vertébrobasilaire
Nystagmus (de manière constante) Nystagmus (de manière inconstante)
Vertige (intense) Vertige (apparaissant après un maintien prolongé des cervicales en extension-
rotation)

indiquent une absence de lésions anatomiques à du whiplash peuvent avoir un impact négatif sur
l’examen d’imagerie médicale, et l’étude montre la qualité de vie du patient jusqu’à 5 ans après le
une variabilité du caractère subjectif de la plainte, traumatisme [271].
selon les pays et selon le système de protection Dans le cas d’un whiplash médicalement inves-
sociale [218]. tigué qui ne présente aucune lésion mais dont
Des troubles proprioceptifs cervicaux et des les douleurs persistent, l’anticipation du choc
troubles de la relaxation des muscles spinaux peut être recherchée si elle a eu lieu. En effet, la
sont évoqués comme pouvant être à l’origine de contraction musculaire anticipatrice dans les chocs
troubles posturaux et d’une sensation de dés- prévisibles peut expliquer certaines douleurs cer-
équilibre. Enfin, une étude observe que les effets vicales persistantes [218].
92 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Entorse cervicale et le corps de la mandibule – peuvent induire un


Dans l’entorse cervicale, la cervicalgie est quasi SADAM dans 5 % des cas [23].
constante. Elle apparaît généralement dans L’origine de ce syndrome est décrite comme
les heures qui suivent le traumatisme ou peut la résultante de syndromes myofasciaux
parfois être retardée dans le temps. Elle peut environnants :
débuter après 48  heures, mais il semble peu • masséters ;
probable qu’elle puisse témoigner d’une lésion • temporaux ;
des cervicales. Elle irradie souvent derrière le • sternocléidomastoïdiens ;
dos, les épaules et l’occiput. La mobilité pas- • scalènes ;
sive est limitée dans près de 50  % des cas. • trapèze.
Une grande raideur multidirectionnelle doit Les signes prépondérants sont :
cependant attirer l’attention vers une lésion • les cervicalgies ;
ostéoarticulaire possiblement grave. Des cépha- • les céphalées temporales/occipitales.
lées apparaissent souvent après la cervicalgie. Certains signes associés peuvent être présents :
Les douleurs sont perçues dans la région occipi- • des acouphènes (déclenchés par une simple
tale, simulant une névralgie d’Arnold, dans tout ouverture de la bouche) ;
l’hémicrâne, simulant une migraine, ou dans • des otalgies ;
la région fronto-orbitaire, rétromandibulaire, • une douleur de la gorge ou de la face.
péri-auriculaire. Par ailleurs, dans une étude récente, l’influence
de l’ATM sur les chaînes posturales est associée
Cervicalgie et articulation au lien avec le port de semelles orthopédiques.
temporomandiculaire Cette étude réalisée sans groupe contrôle et avec
seulement quatre cas montre l’impact des semelles
Les dysfonctionnements de l’appareil mandu- orthopédiques sur la position dans le plan frontal
cateur (DAM) ne semblent pas consécutifs à des repères des os du crâne et de l’atlas [231].
un traumatisme articulaire direct la plupart du Le rôle des semelles orthopédiques dans la pos-
temps. En revanche, le traumatisme a engen- ture et l’équilibre du corps est mis en exergue
dré un trouble de la posture rachidienne qui dans une revue systématique récente, les auteurs
lui-même a engendré un trouble de la pos- précisant que, si l’influence est observable, il
ture mandibulaire [218]  : l’association d’une n’existe pas d’étude qui compare les modèles de
dysfonction de l’ATM avec l’entorse cervicale semelles entre eux pour permettre d’envisager un
prend sens ici [92]. Au titre du lien entre ATM référentiel de test et de conception d’un modèle
et cervicales, une étude sur 40  sujets féminins spécifique [47].
objective la tension du muscle sternocléidomas-
toïdien en association avec le muscle masséter
lors d’une occlusion de la mâchoire [221]. Dans Douleurs projetées des processus
la plupart des cas, ces DAM sont majorés par des articulaires douloureux
troubles de l’occlusion dentaire et par le stress. Dans leurs travaux de recherche sur les cervi-
Plusieurs auteurs évoquent un lien possible selon calgies, Dwyers et  al. ont représenté des zones
un concept de chaînes musculaires avec l’ATM, des douleurs projetées des processus articulaires
notamment une chaîne postérieure incluant le postérieurs correspondant à des territoires dou-
rachis cervical [48, 177, 220]. loureux décrits par les patients [67]. Ces terri-
Un syndrome occlusif est particulièrement inté- toires n’ont pas de lien topographique avec les
ressant à étudier pour l’ostéopathe : le syndrome territoires d’innervation cutanée tels qu’illustrés
algodysfonctionnel de l’ATM (SADAM). Les par les dermatomes. Ces douleurs seraient liées
tensions excessives de la capsule de l’ATM ou des à une inflammation de la capsule articulaire des
muscles ptérygoïdiens – qui tractent le ménisque processus (voir chapitre 2).
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  93

Cervicalgie et sphère crânienne Pour un praticien qui reçoit en première inten-


Il existe un grand nombre de liens ostéopathiques tion un patient présentant des douleurs du cou
élaborés autour de la sphère crânienne. Ceux-ci et en l’absence de contre-indication, au moins
font l’objet de multiples ouvrages au travers de quatre des cinq conditions suivantes doivent être
concepts crâniens issus des écrits des fondateurs présentes pour une intervention :
de l’ostéopathie. Toutefois, ces idées subissent • pas de symptômes distaux dans l’épaule ;
aujourd’hui de vives critiques et le propos n’est • pas de peur créant un comportement d’évite-
pas ici de débattre sur le sujet. L’initiative est ment ;
laissée au lecteur de considérer le bien-fondé de • le patient confirme que regarder vers le haut
ces concepts dans sa pratique personnelle. n’aggrave pas les symptômes ;
• amplitude d’extension < 30° ;
• diminution de la cyphose thoracique supé-
Prise en charge ostéopathique rieure.
des cervicalgies Bien que les résultats des études précitées
évoquent une amélioration de la symptoma-
Les techniques de manipulations thoraciques tologie du patient à plus de 6  mois, la seule
sont un des axes de traitement locorégional des manipulation vertébrale thoracique pour sou-
cervicalgies en ostéopathie. Une étude en chiro- lager des douleurs cervicales peut ne pas être
practie sur 250  patients montre, par ce type de efficace. La prise en compte du schéma global de
traitement, un regain de mobilité et une amélio- l’individu est essentielle, selon le principe même
ration de l’état clinique du patient évalués par une de l’ostéopa­thie.
mesure des amplitudes de mobilité, par le ques- Par ailleurs, l’exercice physique est bénéfique
tionnaire de qualité de vie SF-36 et une échelle pour les patients souffrant de douleurs de nuque
analogique d’évaluation de la douleur [139]. Une [171]. Le dialogue avec un kinésithérapeute est
revue de littérature conclut que les manipulations donc au bénéfice du patient dans le cas d’une prise
thoraciques peuvent soulager certaines douleurs en charge pour cervicalgie.
cervicales [96]. Les manipulations des étages En cas de cervicalgie, une attention parti-
cervicaux montrent, en revanche, peu de résultats culière sera portée à la réalisation d’un bilan
positifs sur les douleurs. ostéopathique complet et global. Un grand
Le relâchement musculaire par des techniques nombre de liens ostéopathiques peuvent être
manipulatives est potentiellement efficace inclus dans un schéma dysfonctionnel à l’origine
contre la cervicalgie [54]. Une part impor- de cervicalgies.
tante est donnée aux techniques manipulatives
«  neurodynamiques  » qui, dans le cadre d’un
rééquilibre musculosquelettique, visent à libérer Névralgie cervicobrachiale
le système nerveux par la libération des passages
des fibres nerveuses [249]. On peut envisager, Généralités
de ce fait, que l’ostéopathie soit profitable
au patient dans le cadre du soulagement des La névralgie cervicobrachiale semble présenter
tensions musculaires et dans la prévention de une prévalence chez les sujets entre 40 et 50 ans
ces tensions par la correction des dysfonctions [117], avec une prédominance chez les sujets
tissulaires. blancs, tabagiques et ayant des antécédents de
Il est intéressant de noter que les patients radiculopathie lombaire. Les traumatismes ne
présentant une douleur du cou depuis moins de semblent pas être une étiologie majoritaire,
30 jours ont une probabilité rapide d’amélioration au contraire de la dégénérescence articulaire
grâce à des mobilisations du rachis thoracique du rachis cervical liée à l’âge, beaucoup plus
supérieur [49, 96, 139]. fréquente.
94 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Les tests pour la névralgie Depuis les premières études des compressions
cervicobrachiale : du défilé thoracobrachial d’origine vasculaire
la combinaison gagnante élaborées par Adson au début du xxe  siècle,
la compression d’origine neurologique est
Devant le grand nombre de signes communs aujourd’hui majoritairement évoquée [239].
entre le syndrome du défilé thoracobrachial et la Il existe une asymétrie anatomique entre les
névralgie cervicobrachiale, une synthèse des tests deux côtés chez un même sujet. Jochum et  al.
(tous décrits dans la section suivante) permet- rapportent que la description anatomique d’un
tant d’orienter vers une suspicion de radiculopa- passage du plexus brachial entre les faisceaux
thie cervicale [105,  232] est proposée dans le des scalènes n’est retrouvée que dans 60  % des
tableau 8.3, les résultats étant spécifiés. cas sur 102  dissections [122]. En revanche, il
Les précautions suivantes sont à prendre : existe une majorité de variations anatomiques
• une suspicion de lésion du rachis cervical d’ori- où l’on observe une pénétration du faisceau du
gine traumatique, une douleur en augmenta- muscle scalène antérieur par les branches C5 et/
tion progressive au niveau du rachis cervical, ou C6. Un élément anatomique qui peut revêtir
des troubles neurologiques pouvant être en un intérêt ostéopathique est la description par les
lien avec une problématique d’origine cervicale auteurs du passage anatomique des racines C8,
doivent être investigués médicalement ; T1 à proximité de l’artère subclavière et du dôme
• un réflexe cutané plantaire en extension (signe pleural selon un plan plus profond que les racines
de Babinski) et des réflexes ostéotendineux C5, C6, C7. Les auteurs différencient également
exacerbés orientent vers une lésion de la moelle un plan antérieur composé des nerfs musculocu-
épinière. tané, médian et ulnaire, avec un plan postérieur
composé des nerfs axillaire et radial.

Syndrome du défilé Points de compressions


thoracobrachial anatomiques
Généralités M. Merle reprend les six points de compression
possibles des défilés traversés par le plexus bra-
Le syndrome du défilé thoracobrachial (SDTB) chial, les vaisseaux subclaviers et axillaires dévelop-
–  ou cervico-axillaire, ou thoraco-axillaire, ou pés par Poitevin [167]. Ces points de compression
encore syndrome de la traversée cervico-tho- sont les suivants :
raco-brachiale (STCTB)  – est défini comme une 1. défilé de l’appareil suspenseur de la plèvre ;
compression du plexus brachial et des vaisseaux 2. défilé interscalénique (près de 50 % des cas) ;
subclaviers par des productions osseuses congéni- 3. défilé costoclaviculaire (moins de 20 % des cas) ;
tales ou acquises, l’étroitesse des défilés compri- 4. défilé clavipectoral ;
mant le paquet vasculonerveux lors de l’abduction 5. défilé rétro-petit pectoral ;
du bras. 6. défilé antérieur de la tête humérale.

Tableau 8.3. Combinaison des tests orientant vers une névralgie cervicobrachiale (d’après [105, 232]).
Test Résultat
Test de Spurling Positif
Test de décompression dans l’axe Positif
Manœuvre de Valsalva Positif
Test d’étirement du membre supérieur* Négatif
* Le test d’étirement du membre supérieur, s’il est positif, est en faveur d’un syndrome du défilé thoracobrachial (voir texte).
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  95

Étiologies et mécanismes Le tableau  8.4 répertorie les mécanismes de


de compressions compression à l’origine du SDTB, qu’ils soient de
type statique ou dynamique.
Le SDTB concerne plus particulièrement les
femmes après 35  ans. Des résultats d’études
Diagnostic d’opportunité
convergent vers une fréquence des douleurs cervi-
cales et la potentialité d’un SDTB chez le person- Il existe la potentialité de survenue d’un conflit
nel hospitalier et les employés de bureau en station vasculonerveux engendré par la présence d’une ano-
prolongée devant un écran d’ordinateur [232]. malie anatomique, soit une boucle de l’artère verté-
Les étiologies les plus communes rapportées brale au niveau de C6-C7, qui comprime les racines
par différentes études et publications [140] sont : nerveuses éponymes. Cette anomalie a été rapportée
• congénitales : par Paksoy et al. en 2003, suite à la réalisation d’une
– transversomégalie de C7 ; artériographie, chez 13 patients sur 173 présentant
– côte surnuméraire (ou côte cervicale) ; une névralgie cervicobrachiale sans corrélation avec
– osseuse ; une anomalie discovertébrale [194].
– prolongement fibreux ; Des schémas rares et atypiques de l’infarctus du
– anomalie d’insertion des faisceaux antérieur myocarde avec des douleurs isolées du bras peuvent
et moyen des muscles scalènes sur la 1re côte ; orienter insidieusement vers un syndrome neuro-
– hypertrophie de l’apophyse coracoïde ; pathique. Un interrogatoire adéquat et des tests
– sujet longiligne ; cliniques optimaux permettront de réorienter le
– horizontalisation des clavicules. patient pour une exploration médicale en urgence.
• acquises :
– traumatismes : whiplash, fractures (cals osseux
claviculaires) ; Spécificité de l’examen
– port d’un sac à dos, port de charges lourdes ; clinique du syndrome
– dégénérescence discovertébrale à l’origine du défilé thoracobrachial
d’une névralgie cervicobrachiale (plus fré-
quent au niveau C5-C6 et C6-C7) ; Évaluation visuelle ostéopathique
– hernie discale cervicale à l’origine d’une Hooper et  al. [113] décrivent des éléments spé-
névralgie cervicobrachiale ; cifiques à rechercher sur un patient présentant un
– arthrose ; SDTB dans les trois plans ci-dessous :
– lésions tumorales. • plan sagittal  : port de tête antérieur pouvant
Seulement 5  % des SDTB se traduiraient par être lié à une contracture musculaire bilatérale ;
des signes de cervicobrachialgie ou de névralgie • plan frontal  : translation/inclinaison de tête
cervicobrachiale, celles issues des racines C5-C6 pouvant être liée à une contracture musculaire
étant établies comme les plus fréquentes [167], des muscles sternocléidomastoïdien et élévateur
avec potentialité de cervicarthrose ou d’hernie de la scapula homolatéraux, ainsi que des mus-
discale. On note toutefois que les cervicobra- cles sous-occipitaux controlatéraux. On recher-
chialgies de C7-C8 apparaissent dans de nom- chera une position des épaules plutôt affaissée
breuses études comme présentant également une et un thorax en « entonnoir » [167] ;
fréquence élevée. • plan horizontal : rotation de tête au niveau des
La compression neurologique peut avoir une cervicales par la tension des muscles trapèze,
conséquence vasculaire en raison du phénomène scalène, sternocléidomastoïdien et élévateur de
d’ischémie qu’elle peut engendrer à terme. La la scapula homolatéraux.
compression vasculaire, dans ce cas, est secondaire On note dans la littérature qu’une lordose cervi-
à la compression neurologique, avec un retard de cale anormale est une probable cause de cervicalgies.
diagnostic. Toutefois, certains symptômes restent Si cette hypothèse est discutée, il existe en revanche
proches, qu’il s’agisse d’une compression d’origine une corrélation vraisemblable entre la cyphose cer-
neurologique (la plus fréquente) ou vasculaire. vicale avérée et des douleurs de nuque [163].
96 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Tableau 8.4. Mécanismes de compression de type statique ou dynamique à l’origine d’un syndrome du défilé
thoracobrachial.
Structure comprimée Fréquence des cas
Mécanismes de compression de type statique
Variation de l’insertion du muscle scalène sur la 1re côte, Compression du plexus brachial et de l’artère 49 % des cas
entraînant un rétrécissement du défilé scalénique subclavière dans un passage délimité par les
muscles scalènes
Présence d’une côte surnuméraire ou transversomégalie Compression du plexus brachial et de l’artère < 1 % des cas et
de la 7e cervicale subclavière asymptomatique à 90 %
Anomalie de la 1re côte Compression du plexus brachial Fréquente chez les sujets
longilignes portant des
charges lourdes
Mécanismes de compression de type dynamique
Traction axiale de l’épaule par le bras On observe une « chute » du moignon de l’épaule NA
Abduction à 90° + rétropulsion de l’épaule Compression de l’artère axillaire et des branches NA
du plexus brachial
Compression du nerf médian par la présence
inconstante du muscle axillaire (de Langer)
Bord postérieur de la clavicule en hyperabduction Compression de l’artère axillaire et des branches 18 % des cas
du bras à 180° (pince costoclaviculaire) du plexus brachial
Tendon du petit pectoral Compression de l’artère subclavière par le petit Peu fréquent
pectoral contre l’apophyse coracoïde de la scapula
(syndrome du petit pectoral de Wright)
NA : non applicable.
(D’après Poitevin LA. Étude anatomique des défilés thoraco-cervico-brachiaux. 1988 ; 7(1) : 9.)

Tests médicaux pour l’ostéopathe régénération des fibres nerveuses consécutives à


Au-delà de l’analyse clinique et d’une recherche de une compression ne sont pas soutenues par une
diagnostic d’opportunité, les tests médicaux met- explication neurophysiologique claire à l’heure
tent en valeur une problématique neurologique ou actuelle. Toutefois, le syndrome du double crush
vasculaire a priori à type de compression. À partir illustre l’intérêt pour l’ostéopathe de considérer
des résultats de ces tests, le praticien peut envisager la prise en charge de l’intégralité du membre
l’élaboration d’un protocole thérapeutique ostéo- supérieur dans un SDTB, une NCB, un syndrome
pathique. L’information issue de la palpation des du nerf ulnaire ou du canal carpien. Pour Merle, il
structures environnantes en parallèle des tests de est essentiel de rechercher des signes de compres-
biomécanique adaptés permettra la mise en place sion du nerf médian au niveau du canal carpien,
de techniques adaptées. Les tests décrits dans la sec- ou du nerf ulnaire au niveau du coude devant un
tion suivante seront utilisés devant toute suspicion tableau de NCB ou de SDTB [167].
de SDTB ou de névralgie cervicobrachiale (NCB).

Les conséquences d’une NCB ou d’un Intérêt de l’intervention


SDTB : le syndrome du double crush ostéopathique
Le syndrome du double crush concerne des Des études sur un grand nombre de patients
patients atteints de syndrome du canal carpien rapportent qu’une association de thérapies
présentant la plupart du temps une radiculopa- manuelles, d’exercices de rééducation fonction-
thie cervicale associée [244]. La compression nelle, de traitements par la chaleur, par électro-
d’une voie nerveuse engendrerait à distance un thérapie ou ultrasons peut améliorer un grand
syndrome déficitaire sur la même voie. Les hypo- nombre de cas de SDTB avant d’envisager une
thèses physiologiques de dégénérescence puis de intervention chirurgicale [117].
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  97

Conclusion et l’hyperexcitabilité des fibres nerveuses seraient


les modalités du processus physiopathologique
La distinction entre une cervicalgie, une névralgie mis en jeu. Ce test est décrit dans certains pro-
cervicobrachiale et un syndrome du défilé thora- tocoles cliniques post-traumatiques. Bien que
cobrachial apparaît primordiale pour l’ostéopathe. présentant une spécificité élevée, la pratique du
Outre l’établissement d’un diagnostic d’opportu- test du réflexe cutané plantaire est préférée dans
nité, différencier les trois symptomatologies per- cet ouvrage (voir chapitre 7). Elle bénéficie d’un
met au praticien d’adapter un traitement optimal plus grand nombre d’études et d’une fiabilité
sur des structures anatomiques judicieusement supérieure dans une recherche de lésion de la voie
choisies. pyramidale.

Test de la pince
3. Région costoclaviculaire – ou test
cervicocéphalique – du « garde-à-vous »
ou military brace position
tests médicaux
Proposé par Falconer et Weddell en 1943
Conformément à la législation définie par le et réévalué plus récemment par Rayan et  al.
décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux [216], ce test est décrit pour sa visée neu-
actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopa- rologique mais permet, comme bon nombre
thie, certains principes sont à respecter dans le des tests décrits dans ce chapitre, d’objectiver
cadre de la mise en place d’une thérapie autour une compression vasculaire par l’évaluation du
des manipulations cervicales. pouls radial du patient. Au bilan, il s’agit par
ce test d’évaluer une potentielle compression
vasculonerveuse au niveau de la pince cos-
toclaviculaire (figure 8.9).
Palpation
La palpation des structures ligamentaires ratta-
chées à l’épineuse et des structures musculaires
autour de son articulation interapophysaire
permet d’objectiver les tensions de la zone et,
de ce fait, d’obtenir une première approche
de l’état de tension des segments vertébraux.
Cette palpation fait l’objet d’un enseignement
spécifique du cursus ostéopathique. Les tests de
mobilité du rachis sont réalisés en parallèle de
cette palpation.

Signe de Lhermitte Figure 8.9. Test de la pince costoclaviculaire.


Le praticien prend le pouls radial du patient, côté membre
à tester. Le patient maintient les bras en abduction légère
Décrit initialement par Marie et Chatelin, la à 15°, abaisse et rétracte les épaules en arrière, élève le
réponse à type de « choc électrique » au test de menton et maintient la position pendant 1 minute environ.
Test positif : si des paresthésies apparaissent avant
flexion cervicale fut nommée signe de Lhermitte, 1 minute ou si une diminution/abolition du pouls radial est
d’après Jean Lhermitte qui avait réalisé des tra- observée. N.B. : Une comparaison bilatérale des pouls est
vaux sur la sclérose en plaques. La démyélinisation à considérer.
98 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Objectif clinique : d’ostéophytes peuvent engendrer des signes de


• évaluation de la potentialité de compression du radiculopathie au niveau du dermatome de la
paquet vasculonerveux (dont plexus brachial) racine nerveuse concernée ainsi qu’une douleur
au niveau de la pince costoclaviculaire. au niveau de l’étage cervical concerné.
Intérêts ostéopathiques : Quelques précautions sont à prendre lors de la
• évaluation pré-/post-traitement ostéopathique ; réalisation de la manœuvre de Valsalva :
• prise du pouls ; • l’hyperpression veineuse induite peut parfois
• aide à la détermination des structures mus- entraîner chez le patient une sensation de
culaires et fasciales incriminées ; malaise voire une lipothymie. Il est donc néces-
• tensions musculaires (muscles scalène, sterno- saire de se maintenir proche du patient lors
cléidomastoïdien, trapèze, élévateur de la sca- de la réalisation de ce test et d’être prêt à le
pula, etc.) ; soutenir le cas échéant ;
• tensions myofasciales : • si la douleur et les irradiations sont reproduites
– fascia clavipectoral, par cette manœuvre, l’exclusion semble quasi
– aponévroses cervicales moyennes superficielles, systématique pour un bilan médical et des
– loge viscérale du cou ; examens complémentaires.
• mobilité des côtes supérieures ; En réponse à la manœuvre de Valsalva, il est
• dysfonctions cervicales et thoraciques. normal de constater parfois une augmentation de
la fréquence cardiaque [80].
Objectif clinique :
Manœuvre de Valsalva • évaluation de la potentialité de compression du
canal rachidien par tout phénomène expansif.
Intérêt ostéopathique :
La manœuvre de Valsalva consiste à réaliser un
• évaluation de l’équilibre des systèmes para- et
effort bloqué d’expiration forcée, effectué nez
orthosympathiques par analyse de la variation
et bouche fermés après une inspiration profonde
de la fréquence cardiaque.
[232] (figure  8.10). La pression intrathoracique
est augmentée, ainsi que les pressions artérielles
et veineuses périphériques, entraînant un rétrécis- Spurling test –
sement du canal rachidien par compression des ou test de compression
artères et veines environnantes.
Tout obstacle ou « phénomène expansif » intra-
du rachis cervical
rachidien (hernie, tumeur, etc.), voire la présence
Le spurling test (figure  8.11) est un des tests
de la sélection proposée dans cette section qui
a fait l’objet du plus grand nombre d’études
[248, 285] ; il présente aussi le plus grand nombre
de variations dans sa réalisation. Néanmoins, parmi
les tests de recherche d’un diagnostic d’un SDTB,
le test de Spurling est celui qui présente la plus
haute valeur spécifique (supérieure à 90 %) [117].
Ce test, par les mouvements qu’il implique,
avec notamment la compression du rachis cer-
vical, doit être réalisé avec méthode, rigueur et
progressivité afin d’éviter toute lésion par un
mouvement inopportun.
Figure 8.10. Manœuvre de Valsalva.
La version originale de ce test est décrite par
Le patient se bouche le nez et souffle en maintenant son Spurling et Scoville en 1944, avec une inclinaison
effort de poussée bouche fermée. cervicale homolatérale au côté examiné et une
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  99

sous IRM [264] montrent que l’application d’une


force de 7 kg sur un rachis cervical en inclinaison-
rotation-extension obture de 30  % les foramens
intervertébraux homolatéraux9. L’obturation des
foramens est essentiellement observée au niveau
des cervicales moyennes C4-C5 et C5-C6, c’est-à-
dire au niveau des racines nerveuses C5 et C6. Il est
noté dans cette même étude qu’avec une force de
compression identique, aucune variation de la taille
des foramens n’est observée au niveau de C8-T1,
c’est-à-dire au niveau de la racine nerveuse C8.
N.B. : Le test de Jackson est décrit de manière
similaire au test de Spurling dans de nombreuses
études, mais ne semble bénéficier d’aucune étude
valide [51].
Objectif clinique :
• évaluation de la potentialité de compression
radiculaire au niveau des foramens interverté-
braux et des signes de radiculopathie cervicale.
Intérêt ostéopathique :
• peut être envisagé comme une évaluation pré-/
post-traitement ostéopathique du rachis cer­vical.

Figure 8.11. Spurling test. Test de l’appui


Le praticien est debout derrière le patient. Le patient
est assis, le dos en appui sur le thorax du praticien. Le
de la fosse supraclaviculaire
praticien place ses deux mains, doigts croisés, au niveau – ou test de Morley
du vertex du crâne du patient. Il réalise une inclinaison,
une rotation, une légère extension. N.B. : Ces paramètres
Décrit en 1913 par J.  Morley, ce test présente
seront adaptés à la morphologie du patient. Le praticien
applique une compression bimanuelle crâniocaudale. une certaine fiabilité quant à sa reproduction de la
Test positif : si les symptômes de radiculopathie sont symptomatologie neurologique [167]. Toutefois,
reproduits. ce test ne bénéficie que de très peu d’études et, de
ce fait, est très peu usité. Dans le cas d’un SDTB, la
compression crâniocaudale. On note que l’appui sensibilité au niveau de la fosse supraclaviculaire est
purement dans l’axe sans inclinaison ni rotation exacerbée par un appui en compression antéropos-
cervicale a pour effet une simple compression des térieure en projection du processus transverse de
disques intervertébraux, ce qui n’est pas l’objectif C7 par une compression du plexus brachial à
recherché. ce niveau, avec reproduction des irradiations et/
Une légère extension (environ 10°) est ajou- ou paresthésies si le test est positif (figure  8.12).
tée à ces paramètres de rotation et d’inclinaison. La douleur, si elle existe, n’est pas un signe de
Cette extension du rachis cervical présente l’intérêt
de focaliser l’axe de pression sur les foramens
intervertébraux homolatéraux à l’inclinaison, en 9. Un exercice intéressant consiste à faire asseoir un
favorisant leur obturation partielle [264]. C’est ce sujet sain sur une balance, jambes pendantes. Un praticien
réalise la compression telle que décrite dans le test de
phénomène qui est évalué dans sa potentialité à Spurling et évalue ainsi la force qu’il faut pour atteindre
reproduire la symptomatologie d’une radiculopa- 7 kg de pression. Évidemment, cette évaluation est gros-
thie. Les travaux de Takasaki en 2009 réalisés sière et doit quoi qu’il en soit être réalisée avec prudence.
100 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Test de Tinel
À l’origine dénommé signe de Tinel et Hoff-
mann, le signe devint celui de Jules Tinel (1879-
1952) grâce aux travaux de Phalen. C’est en 1966
que ce dernier publia la triade du diagnostic du
canal carpien :
• signe de Tinel positif ;
• signe de Phalen positif ;
• paresthésies dans le territoire du nerf médian.
Le signe de Tinel (encadré  8.2) est obtenu
Figure 8.12. Test de Morley. par la percussion bidigitale prudente de la fosse
Le praticien est face au patient. Il réalise un appui
antéropostérieur avec la pulpe des pouces en
supraclaviculaire (présence du plexus brachial)
projection du processus transverse de C7, au niveau à la recherche de paresthésie le long des racines
du faisceau médial du muscle scalène pendant au C7-C8-T1 (figure 8.13). Le signe de Tinel peut
moins 30 secondes. Test positif : reproduction de la
symptomatologie dans l’extrémité du membre concerné.
Ce test est préférablement réalisé des deux côtés en Encadré 8.2
même temps. L’asymétrie du résultat est un élément de
positivité du test. Selon le positionnement des doigts qui
Signe de Tinel
réalisent la compression antéropostérieure, l’action peut Le signe de Tinel, issu du test éponyme, est
être davantage sur le processus transverse de C6 que sur plus connu dans son application au diagnos-
celui de C7 en projection de la fosse supraclaviculaire. tic du syndrome du canal carpien, mais reste
applicable dans bon nombre de syndromes
neurologiques. Il peut, par exemple, être uti-
lisé le long du trajet du nerf concerné dans
positivité. On note la proximité de l’insertion certains cas de suspicion de névralgies fémo-
du muscle scalène antérieur et la possibilité de rocutanées, pudendales, ou pour des cicatrices
présentant une hypersensibilité après lésion
fourmillements/paresthésies du fait de la compres-
d’un nerf (atteinte iatrogène postchirurgicale).
sion de l’artère subclavière. L’hypersensibilité au
Voici quelques autres de ses applications
niveau de la fosse supraclaviculaire révélée par le décrites par Sansone et al. [241] :
test de Morley est un critère diagnostique intéres- • syndrome du canal carpien ;
sant lorsqu’elle est asymétrique d’une part, et • syndrome du nerf ulnaire ;
lorsqu’elle reproduit la douleur projetée d’autre • syndrome du canal tarsien ;
part [140]. Toutefois, si ce test présente une bonne
• compression du nerf médian au niveau du
sensibilité, il est de faible spécificité. Il est néces- muscle rond pronateur ;
saire d’utiliser ce test en association avec d’autres • syndrome du défilé thoracobrachial ;
tests décrits dans cette section pour préciser le • radiculopathies cervicales.
diagnostic. Ces applications ont été décrites par Tinel vers
Objectif clinique : 1946, initialement dans le cadre de l’étude
• évaluation de la potentialité de compression clinique de la régénération des nerfs péri-
radiculaire au niveau des processus transverses phériques consécutivement à une lésion post-
de C7. traumatique. Cette régénération des nerfs,
Intérêts ostéopathiques : mécanisme encore méconnu aujourd’hui,
• évaluation pré-/post-traitement ostéopathique engendrerait un changement au niveau sensitif
des structures musculaires et ligamentaires tho- du nerf et modifierait sa réaction à un stimulus
mécanique de pression ou de percussion. Dans
raciques supérieures ;
le cas de la recherche d’une compression d’un
• densité musculaire ; nerf, cette caractéristique est extrapolée dans
• palpation de la fosse supraclaviculaire ; le but d’établir un diagnostic de neuropathie.
• mobilité de la 1re côte.
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  101

entre le faisceau antérieur et le faisceau moyen du


muscle scalène est à l’origine de cette symptoma-
tologie [1] : un mouvement de tête en extension
(élévation du menton) ou une rotation avec une
inspiration profonde simultanée peut provoquer
l’abolition du pouls radial du côté atteint. À
l’époque, les auteurs décrivent le résultat positif
de ce test comme le signe « pathognomonique »
d’une compression au niveau du faisceau du
muscle scalène antérieur ou au niveau d’une côte
cervicale (ou surnuméraire). Le terme «  patho-
Figure 8.13. Test de Tinel. gnomonique  » évoqué par Adson en 1927 est à
Le praticien réalise une percussion bidigitale prudente relativiser face aux progrès réalisés notamment en
de la zone de passage nerveuse à investiguer (ici la imagerie médicale.
fosse supraclaviculaire). Le test de Tinel peut être utilisé
à différents endroits du corps où le passage de nerfs
Le test d’Adson présente la potentialité d’objec-
en superficie encourage une évaluation (par exemple la tiver la présence d’un syndrome compressif vas-
gouttière médiale du coude au passage du nerf ulnaire). culaire et/ou neurologique (figure 8.14). Ce test
montre de très bonnes sensibilité et spécificité
dans les études répertoriées, en bonne corrélation
être obtenu également par la percussion bidigitale avec le diagnostic médical final [89], particuliè-
prudente de la fosse infraclaviculaire. rement lorsqu’il est combiné avec la manœuvre
Objectif clinique : dynamique de Roos décrite ci-après.
• évaluation de la potentialité de compression radi- Objectif clinique :
culaire au niveau des processus transverses de C7. • objectiver une compression du paquet vas-
Intérêt ostéopathique : culonerveux par évaluation de la variation du
• évaluation pré-/post-traitement ostéopathique pouls radial.
des structures musculaires et ligamentaires tho- Intérêts ostéopathiques :
raciques supérieures. • évaluation des pouls ;
• palpation des tensions musculaires des muscles
sternocléidomastoïdien, trapèze, élévateur de la
scapula.
Test d’Adson
Pour comprendre la position adoptée lors de ce Manœuvre de Roos
test, il faut revenir à l’origine de la démarche
d’Adson. À la fin des années 1920, le Dr Alfred Complémentaire au test d’Adson, la manœuvre
W. Adson reçoit un grand nombre de chauffeurs de Roos vient confirmer une problématique vas-
de locomotive (à vapeur) en consultation. Ceux-ci culaire au test précédent (figure 8.15). Toutefois,
éprouvent des engourdissements et des signes de ce test réalisé bras en l’air pendant un temps
cyanose au niveau des bras, une perte de force et relativement long peut présenter des faux positifs
montrent une atrophie musculaire des muscles du chez certains patients.
bras et/ou de l’avant-bras. Appuyés à la fenêtre Objectif clinique :
de la machine, coude à l’extérieur, creux axillaire • évaluation de la potentialité de compression du
apposé sur le rebord de la fenêtre, les chauffeurs paquet vasculonerveux au niveau des faisceaux
tournent la tête pour regarder vers l’arrière du antérieur et moyen des muscles scalènes et/ou
train, entraînant ainsi une tension du muscle d’une « côte cervicale » (surnuméraire).
scalène antérieur. A.W.  Adson et J.R.  Coffey Intérêts ostéopathiques :
expliquent dans leur article de 1927 que le pas- • évaluation pré-/post-traitement ostéopathique ;
sage de l’artère subclavière et du plexus brachial • mobilité de l’épaule et du membre supérieur.
102 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 8.15. Manœuvre de Roos.


Le patient place les bras en abduction à 90°, en
rotation externe, les coudes fléchis à 90°. Il réalise des
mouvements de fermeture/ouverture des mains pendant
3 minutes au maximum. Test positif : si des signes de
paresthésies ou de fourmillements apparaissent rapide-
ment avant la fin du temps de test.

fiabilité dans le diagnostic de compression d’ori-


gine neurologique au niveau du plexus brachial
[232,  239]. Décrit à l’origine avec un patient
en décubitus dorsal, la version modifiée par
Sanders [239] est présentée dans ce paragraphe
Figure 8.14. Test d’Adson. (figure 8.16). Cet auteur décrit une mise en place
Le praticien palpe le pouls radial du côté du membre à réalisée en actif par le patient de manière symé-
examiner. Phase 1 : le patient est assis, membre à tester trique. Cette version offre la possibilité de tester
en abduction à 15° et réalise une extension maximale du
les deux membres simultanément et de comparer
cou et une rotation de la tête au côté lésé et/ou examiné.
Le patient inspire profondément et bloque sa respiration. ainsi le membre sain avec le membre lésé.
On note des signes de paresthésies essentiellement Cleland et  al. [49] précisent que ce test est
au niveau des 4e et 5e rayons du côté du membre lésé négatif dans la combinaison des quatre tests de la
(syndrome de compression neurologique). Phase 2 : le
névralgie cervicobrachiale (voir tableau 8.3).
patient reprend une respiration normale en maintenant la
position pendant environ 2 minutes. On note l’abolition du Dans une étude de 1997 [38], la réalisation
pouls radial et/ou la reproduction de la symptomatologie du test d’Elvey sur une population de sujets
avec paresthésie au bout de 1 à 2 minutes (syndrome de féminins utilisatrices de claviers d’ordinateurs
compression vasculaire). Puis ce test est réalisé selon les
mettait en évidence des compressions neurolo-
mêmes phases mais avec la tête du patient en rotation
opposée. giques alors que les sujets choisis étaient pour
la plupart asymptomatiques. Cette étude rele-
vait à l’époque la problématique des troubles
musculosquelettiques des maladies profession-
Test d’étirement nelles liées à la station prolongée devant un
du membre supérieur – ordinateur.
ou test d’Elvey modifié Objectif clinique :
• évaluation de la potentialité de compression du
Présenté pour la première fois en 1979 par Elvey paquet vasculonerveux au niveau du membre
et publié en 1983 dans sa version actuelle (upper supérieur, de sa partie distale vers sa partie
limb tension test [ULTT]), le test d’étirement proximale sans véritable différenciation de
du membre supérieur présente une très bonne point de compression précis.
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  103

mais avec une évaluation selon deux positions


d’angulation seulement  : à 90° d’abduction du
bras puis à 180° (hyperabduction et rétropulsion)
(figure 8.17).
Wright décrit ce test en précisant que l’hyper-
abduction du bras et, par conséquent, la détente
des scalènes inhibent la potentialité de compres-
sion du plexus brachial.
Ce test objective la possibilité des sites de
compression suivants :
• en postérieur du muscle petit pectoral derrière
le processus coracoïde ;
• entre la clavicule et la 1re côte, au niveau de la
pince costoclaviculaire.
Wright corrèle les signes rapportés par ses
patients avec un bras en position d’hyperabduc-
tion prolongée soit en raison de leur activité
professionnelle, soit par le positionnement de

Figure 8.16. Test d’Elvey modifié.


Chaque manœuvre étire progressivement le plexus bra-
chial. Le patient place ses bras en abduction à 90°, coude
en extension (a), effectue une extension des poignets
(b), et incline la tête sur le côté controlatéral à examiner
afin de mettre en tension les fibres nerveuses du plexus
brachial (c).

Intérêts ostéopathiques :
• évaluation pré-/post-traitement ostéopathique ;
• aide à la détermination des structures mus-
culaires et fasciales incriminées au niveau du
membre supérieur, du fascia clavipectoral, des
fascias du bras et des avant-bras.

Test de Wright
Le test de Wright est parfois dénommé « test du
chandelier  », bien qu’il existe une nuance entre
les deux [89]. Dans le test du « chandelier », le
patient amène d’emblée son bras en hyperabduc-
tion (180° d’abduction et légère rétropulsion). Le
test de Wright aboutit à la même position finale, Figure 8.17. Test de Wright.
Le praticien mesure le pouls radial du membre supérieur
mais envisage une évaluation du pouls radial à dif-
incriminé. Le patient élève le membre supérieur en hyper-
férentes angulations (30, 60, 90 et 180°). Ce test abduction, le praticien maintenant sa prise de pouls. Il
est décrit selon la description originale de Wright, note l’abolition/diminution du pouls.
104 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

la main ou du bras en guise d’oreiller pendant


la nuit. Au bilan, c’est donc l’hyperabduction
du bras pendant un temps prolongé qui semble
être à l’origine des symptômes, du fait de la
compression de l’artère subclavière et du plexus
brachial. Les cas de dissection que Wright relate
font référence pour beaucoup à la présence
d’une bande tendineuse ou cartilagineuse définie
comme «  côte cervicale  » et agissant comme le
corps osseux que pourrait présenter une côte
surnuméraire. Cette anomalie anatomique peut
présenter dans certaines configurations les signes Figure 8.18. Test de décompression dans l’axe – ou
fonctionnels trompeurs d’un « syndrome du sca- neck distraction test ou axial manual traction test.
lène antérieur ». Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien place
une main sous le menton du patient, l’autre main saisit
Objectif clinique : l’occiput. Progressivement, on réalise une traction crâniale
• évaluation de la potentialité de compression du de la tête du patient. Test positif : si la douleur diminue
paquet vasculonerveux au niveau de la pince voire disparaît, ou si des symptômes de radiculopathies
costoclaviculaire. On note la détente complète disparaissent lors de la traction de la tête. Cela indique
qu’un relâchement de la pression sur une ou plusieurs
des faisceaux du muscle scalène par cette racines nerveuses est ainsi réalisé.
manœuvre.
Intérêts ostéopathiques :
• évaluation pré-/post-traitement ostéopathique ; Objectif clinique :
• aide à la détermination des structures mus- • évaluation de la potentialité de compression
culaires et fasciales incriminées. radiculaire au niveau des foramens interverté-
braux et des signes de radiculopathie cervicale.
Test de décompression Intérêt ostéopathique :
dans l’axe – ou neck • peut être envisagé comme une évaluation pré-/
post-traitement ostéopathique du rachis cervi-
distraction test ou axial cal.
manual traction test
Les travaux de Takasaki en 2009 réalisés sous Test de flexion-rotation
IRM [264] montrent que l’application d’un du rachis cervical
effort de traction de 12 kg sur le rachis ouvre les
foramens de 20 % au niveau C4-C6. Ces travaux Le test de flexion-rotation du rachis cervical
précisent qu’aucune modification n’est observée (cervical flexion-rotation test) est adapté à une
sur les cervicales en deçà de C6. Il semblerait recherche de céphalée de type cervicogénique
que la délordose cervicale mise en place par la (figure  8.19). Il présente de hautes spécificité et
traction du rachis soit davantage à l’origine de sensibilité. Il est, de ce fait, un outil diagnostique
l’ouverture des foramens que la traction du rachis parfaitement adapté [103, 189, 234].
en elle-même. Objectif clinique :
L’origine du neck distraction test semble impré- • recherche d’une résistance du rachis cervical en
cise [158] (figure  8.18). Néanmoins, sa des- rotation rencontrée d’un côté ou de l’autre.
cription est similaire chez la plupart des auteurs. Intérêt ostéopathique :
Viikari-Juntura rapporte une excellente spécificité • la mise en place de la flexion complète du
de ce test pour la radiculopathie. Une discopathie rachis cervical installe un levier des cervicales
cervicale peut être objectivée favorablement par inférieures qui permet d’évaluer la mobilité des
de ce test [283]. cervicales supérieures.
Chapitre 8. Région cervicocéphalique  105

Figure 8.19. Test de flexion-rotation du rachis cervical.


Le praticien, de manière progressive et avec une grande
prudence, amène le patient en flexion cervicale complète
dans le but de bloquer autant que possible les mouve-
ments de rotation des vertèbres supérieurement à C1 et
inférieurement à C2. Il amène progressivement la tête du
patient en rotation droite puis gauche. Test positif : une
résistance en rotation rencontrée d’un côté ou de l’autre
présume d’un mouvement de rotation limité de l’atlas sur
l’axis (C1 sur C2). Une douleur provoquée pendant le test
est également un signe positif.

Test de l’artère Figure 8.20. Test de l’artère vertébrale modifié.


vertébrale modifié Le patient est assis. Le praticien est debout derrière le
patient. Il amène la tête en rotation et inclinaison contro-
latérale, rachis cervical en légère extension. Test positif :
À ce jour, il n’existe pas, au niveau de l’exa­
nystagmus, vertiges, nausées, sensation de malaise.
men  clinique, d’alternative au test de l’artère
vertébrale. S’il existe une potentialité d’insuf-
fisance vertébrobasilaire (IVB), le test peut
être réalisé. Afin de minimiser les risques de
faux positifs liés à une symptomatologie de sur les techniques ostéopathiques de positionne-
vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB), ment du rachis cervical en extension, patient en
le patient est assis pour le test de l’artère verté- décubitus dorsal.
brale modifié (figure  8.20). En minimisant les Objectif clinique :
risques de nystagmus, on différencie l’IVB du • évaluer le risque d’insuffisance vertébrobasilaire
VPPB. La réponse positive d’une IVB se traduit devant un patient présentant des signes fonc-
par : tionnels tels que céphalées, cervicalgies, etc.
• des vertiges ; Intérêts ostéopathiques :
• des nausées ; • diagnostic d’opportunité et réorientation médi-
• un nystagmus horizontal (inconstant). cale –  devant un patient vertigineux, éliminer
L’attention du praticien sera portée sur les l’étiologie artérielle ;
positions de tête du patient. En effet, l’hyper- • thérapeutique ostéopathique  : déterminer la
extension du rachis cervical avec rotation, patient possibilité de réaliser des techniques ostéopa-
en décubitus dorsal, est rapportée comme un thiques sur le rachis cervical en conformité avec
facteur qui augmente le risque de potentialiser la législation en vigueur et en toute sécurité
une IVB si elle existe [5]. L’attention sera portée pour le patient.
Chapitre 9
Région appendiculaire
supérieure
La répétitivité ou le maintien prolongé en Les tendinites au niveau du membre supérieur
position peuvent être considérés comme des sont fréquentes en raison des possibilités d’hyper-
traumatismes à vitesse zéro. Observés dans de sollicitations décrites précédemment. Des efforts ou
nombreuses professions sédentaires, les troubles des gestes répétés engendrent des déformations vis-
musculosquelettiques (TMS) traduisent certaines coélastiques et des microruptures. Celles-ci entraî-
des pathologies engendrées par ces positions nent un épaississement des fibres de collagènes
statiques maintenues de longues heures. Environ et une calcification du tendon. La douleur peut
deux tiers des maladies professionnelles sont des évoluer de quelques semaines à plusieurs mois en
troubles musculosquelettiques du membre supé- se chronicisant. Ces modifications des tissus entraî-
rieur (TMS-MS). nent des tendinites au niveau du coude et du poi-
L’Institut national de recherche et de sécurité gnet, des enraidissements de l’épaule et des doigts.
pour la prévention des accidents du travail et Plus globalement, l’INRS précise que le stress
des maladies professionnelles (INRS) décrit trois et les sécrétions endocriniennes et hormonales
situations à risque de TMS-MS [8] : inhérentes sont des catalyseurs favorisant la sur-
• écran placé trop haut ou trop bas par rapport venue des TMS.
aux yeux : douleur de nuque ; La prise en charge en ostéopathie en tant que
• appui en continu de l’avant-bras ou repose- maillon d’une chaîne de santé pluridisciplinaire
paume pendant la frappe entraînant : présente un réel intérêt. L’ostéopathie peut d’une
– des inclinaisons radiales/ulnaires impor- part participer activement à la prise en charge d’un
tantes : tendinite homolatérale ; patient souffrant de TMS, et d’autre part prévenir
– une extension du poignet et une augmenta- l’apparition de ces troubles par la rééquilibration
tion de la pression intracanalaire  : risque de des dysfonctions tissulaires. La prise en charge des
syndrome du canal carpien (plus du tiers des douleurs du membre supérieur en ostéopathie est
TMS du membre supérieur). décrite ici dans le contexte d’une prise en charge
• utilisation prolongée d’une souris éloignée du globale du patient [262].
clavier qui entraîne une flexion prononcée de
l’épaule, une extension accrue du coude et du
poignet.
Le travail avec les bras au-dessus des épaules, en
1. Épaule
élévation ou en abduction, et le port de charges
lourdes (même peu fréquemment) sont également
très bien décrits en tant que potentialisation des Présentation
risques de TMS. L’INRS décrit dans son Guide
pour le préventeur que les positions statiques Environ une personne sur quatre présente des
maintenues peuvent être à l’origine de myalgies et douleurs d’épaule une ou plusieurs fois dans sa
de lésions musculaires isolées (couturière, travail vie. Chez la moitié d’entre elles, ces douleurs sont
de précision, etc.). présentes depuis plus de 6 mois.

Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie


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108 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Quelques éléments clés sur la douleur d’épaule • autres localisations :


peuvent être récapitulés comme suit1 : – radiculopathie d’origine cervicale ;
• la douleur d’épaule apparaît à 55  ans, en – polyarthrite rhyzomélique ;
moyenne ; – polyarthrite rhumatoïde.
• 2,5  % des personnes qui consultent pour un • douleur référée :
problème ostéoarticulaire présentent une – d’origine pulmonaire ;
épaule douloureuse, la plupart du temps d’ori- – d’origine gastro-intestinale ;
gine professionnelle ; – troubles cardiaques ;
• les professions les plus exposées sont celles qui – irritation du diaphragme.
imposent des gestes répétés avec élévation du Deux tiers des cas de douleur d’épaule en consul-
bras les mains au-dessus de l’épaule, l’utilisation tation concernent des pathologies de la coiffe des
de la force et les postures prolongées ; rotateurs, suivis de manière moins fréquente du
• un aménagement ou un changement du poste syndrome de l’« épaule gelée » (capsulite rétractile
de travail est souvent nécessaire. ou périarthrite scapulohumérale). Le rachis cervical
La figure 9.1 récapitule les liens ostéopathiques et le rachis thoracique supérieur sont impliqués fré-
et les pathologies développées ci-après concernant quemment dans les douleurs d’épaule [176, 195].
la douleur d’épaule. Les traumatismes seraient pour moitié à l’ori-
gine de lésions des tendons de la coiffe des rota-
teurs. Pour l’autre moitié des cas, on ne rapporte
Principaux syndromes pas de choc ou d’événements majeurs associés.
et douleurs On observe une prévalence des problèmes
d’épaule chez les sujets féminins âgés, présentant
En fonction de leur localisation, les douleurs des antécédents traumatiques, chirurgicaux ou
d’épaule peuvent avoir différentes origines : d’accident cérébrovasculaire, un diabète, ainsi que
• douleur antérieure : des pathologies thyroïdiennes, cardiovasculaires
– atteinte de la coiffe des rotateurs ; ou respiratoires [176]. Des métiers aussi divers
– capsulite rétractile ; qu’ouvrier dans le bâtiment, coiffeur ou boucher
– ostéoarthrite glénohumérale ; (découpe de viande les bras en l’air) favorisent les
– arthrite acromioclaviculaire ; problématiques de l’épaule.
– disjonction acromioclaviculaire ; Les structures anatomiques majoritairement à
– tendinite bicipitale ; l’origine des douleurs d’épaule sont :
– rupture du tendon du long biceps ; • l’articulation glénohumérale (capsulite rétrac-
– fracture proximale de l’humérus ; tile, ostéoarthrite) ;
– déchirure du labrum ; • l’articulation acromioclaviculaire (douleur lors
– subluxation. de l’adduction du bras à l’horizontal devant le
• douleur postérieure : thorax) ;
– subluxation ; • les tissus mous régionaux (œdèmes) ;
– compression du nerf subscapulaire (peu fré- • le rachis cervical (avec paresthésie possible).
quent) ;
– atteinte de la coiffe des rotateurs ; Examen clinique de l’épaule
– déchirure du labrum ;
– ostéoarthrite glénohumérale ;
Dans la prise en charge clinique ostéopathique
– fracture proximale de l’humérus.
d’un patient qui consulte pour une douleur
d’épaule, le praticien inclut de manière non
1. D’après https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/ exhaustive les structures suivantes lors des tests
epaule-douloureuse/definition-causes-facteurs-favorisants. orthopédiques et ostéopathiques :
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 109

• structures osseuses : Principaux syndromes


– locales : de l’épaule
– tête humérale ;
– acromion ;
– scapula. Tendinites, tendinopathies
– régionales : et ostéopathie
– rachis cervical ;
La tendinite est une inflammation du tendon
– côtes (thorax).
liée à des microtraumatismes, dont l’origine peut
• structures articulaires :
être un effort violent ou le fait de soulever une
– glénohumérale ;
charge trop importante. La triade à rechercher
– acromioclaviculaire ;
dans le cas d’une tendinite est la suivante – moyen
– sternoclaviculaire ;
mnémotechnique PEC :
– scapulothoracique.
• P – douleur à la Palpation ;
• structures musculaires, avec la coiffe des rotateurs :
– supra-épineux (abduction) ; • E – douleur à l’Étirement ;
– infra-épineux (rotation latérale). N.B.  : les • C – douleur à la Contraction contrariée.
tendons des muscles supra- et infra-épineux La tendinopathie est sensiblement différente
passent dans l’espace sous-acromial sur leur puisqu’elle caractérise la lésion d’un tendon quelle
trajet vers leur insertion terminale sur le qu’en soit l’origine.
tubercule majeur ; Il est difficile, compte tenu du manque
– petit rond (rotation latérale, adduction) ; d’études publiées dans le domaine, de quan-
– subscapulaire (adduction, rotation médiale). tifier l’apport de l’ostéopathie dans la prise en
La SLAP2 lésion est la lésion de l’insertion du charge de la tendinite. Toutefois, ce n’est pas
chef long du muscle long biceps au niveau du parce qu’une thérapie manque d’études valides
labrum (souvent inclus dans les pathologies de la qu’elle est inefficace. On trouve quelques
coiffe des rotateurs). études de cas relatives aux bénéfices de l’ostéo-
Le scratch test d’Apley, décrit plus loin, permet pathie sur les tendinites. Que la tendinite ait
d’évaluer la mobilité globale de l’épaule par sa pour origine un traumatisme ou un déséqui-
méthodologie de réalisation. Il est d’une bonne libre homéostasique local ayant évolué vers une
utilité pour l’ostéopathe dans une comparaison pathologie, l’objectif d’un traitement ostéopa-
avant et après traitement ou dans le cadre d’un thique, quel qu’il soit, est de redonner de la
suivi thérapeutique. mobilité tissulaire pour ramener vers l’équilibre
Dans son examen clinique, le praticien homéostasique. C’est grâce à une palpation
recherche aussi : des tissus au cours de l’examen clinique que
• des pathologies de l’épaule ; l’ostéopathe détermine les structures à traiter
• une pathologie de la coiffe des rotateurs ; et les techniques à mettre en place. En effet, les
• des tendinopathies. travaux récents de Guimberteau illustrent le fait
Diverses classifications existent pour définir qu’au-delà du travail direct sur les structures,
les stades de la tendinopathie. Celle décrite au les techniques fasciales peuvent avoir un intérêt
tableau  9.1 vise à aider à l’établissement du sur les «  tissus fibrillaires et multimicrovacuo-
diagnostic d’opportunité et à favoriser la standar- laires  » [98]. En outre, une investigation de
disation du dialogue entre praticiens de santé et la qualité tissulaire des différents territoires
praticiens de soins tels que les ostéopathes. d’innervation en lien avec le muscle concerné
(voir chapitre  2) et la recherche de potentiels
2. SLAP lesion (superior labrum from anterior to poste- trigger points comportent un réel intérêt dans
rior) : lésion localisée sur le bourrelet glénoïdien supérieur la prise en charge ostéopathique des tendinites
emportant l’insertion de la longue portion du biceps. ou tendinopathies.
110 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 9.1. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique pour la douleur d’épaule.
AEG : altération de l’état général ; ATM : articulation temporomandibulaire ; IDM : infarctus du myocarde ; SCM : sterno-
cléidomastoïdien.
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 111

Figure 9.1. (suite)


112 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Tableau 9.1. Stades de classification de la tendinite du supra-épineux, du tendon de l’infra-épineux, de


selon Blazina.
la bourse sous-acromiale, du tendon du long biceps.
Expression de la douleur Le risque de conflit sous-acromial est majoré
Stade 1 Douleur après l’effort chez les personnes réalisant des gestes répétés
Survenant au repos les bras en hauteur (au-dessus du niveau de la
Sans répercussion sur l’activité sportive scapula). La mobilité comme la stabilité de la
Stade 2 Douleur apparaissant pendant l’effort scapula sont à prendre en compte dans l’évolution
Disparaissant après l’échauffement
des pathologies de l’épaule [95]. Paradoxalement,
Réapparaissant avec la fatigue
on rapporte des douleurs du côté de l’épaule non
Stade 3a Douleur permanente lors du sport
Limitée à l’entraînement
dominante, chez des sujets n’ayant pas d’activité
manuelle particulière [173].
Stade 3b Douleur permanente lors du sport
Pouvant entraîner l’arrêt Dans le cas de la prise en charge clinique
Gêne dans la vie quotidienne de l’épaule douloureuse non instable, la Haute
Stade 4 Rupture du tendon autorité de santé a publié entre autres les recom-
mandations suivantes :
• à l’inspection, une amyotrophie des fosses sus-
Tendinopathies ou tendinites et/ou sous-épineuses est évocatrice d’une rup-
et problèmes dentaires : ture des tendons supra- et/ou infra-épineux ;
des résultats controversés • étude des amplitudes passives :
– patient en décubitus dorsal (élimine les
Aux xixe et xxe siècles, des théories furent élabo- compensations) ;
rées sur la possibilité d’infections dentaires à l’ori- – mobilité passive (par le praticien) de l’articu-
gine de pathologies systémiques telles qu’arthrite, lation glénohumérale et absence de rétraction
ulcères peptiques, appendicites et tendinopathies. capsulaire.
Un grand nombre de dents ont été extraites sans • étude des amplitudes actives :
preuve d’infection caractérisée et par conséquent – patient assis ;
sans amélioration des symptômes  ; la théorie – mobilité active (par le patient) de l’articula-
est alors tombée en désuétude, parfois relayée tion glénohumérale ;
sans véritables fondements. Des études récentes – mobilité passive complète  +  mobilité active
ont montré que la cavité buccale et plus spéci- déficitaire = rupture de la coiffe des rotateurs.
fiquement les infections dentaires peuvent être
le siège de dissémination de micro-organismes à
l’origine d’affections sur des patients au système Périarthrite scapulohumérale,
immunitaire fragilisé, sans pour autant établir un
capsulite rétractile
lien avec la tendinite ou la tendinopathie [147].
Assez récemment, dans une étude sur la poly-
ou « épaule gelée »
arthrite rhumatoïde, la présence de la bactérie La capsulite rétractile, ou «  épaule gelée  », est
Porphyromonas gingivalis dans le liquide synovial une diminution de la capacité articulaire active
des articulations dans des cas de parodontite a été et passive de l’épaule. Cette pathologie concerne
rapportée sans pour autant qu’un lien direct clair généralement les individus entre 40 et 60  ans,
avec la tendinopathie ait été établi [198]. mais peut affecter des sujets plus jeunes et dia-
bétiques [74]. La capsulite rétractile est observée
Conflit sous-acromial également en post-traumatique et lorsqu’il y a eu
une immobilisation prolongée de l’épaule. Elle
Dans les différentes pathologies de la coiffe des peut durer plusieurs années parfois sans jamais
rotateurs, on distingue le conflit sous-acromial. se résorber complètement, avec une potentialité
Celui-ci regroupe la bursite sous-acromiale, la d’atteinte bilatérale. Ses causes sont multiples et la
compression ou l’écrasement (impact) du tendon prise en charge médicale initiale est indispensable.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 113

L’aggravation clinique est fréquente. Toutefois, Lors de l’examen clinique, on s’attachera à dis-
aucune efficacité d’un traitement médical par tinguer la perte de force liée à la restriction de
rapport à un autre ne semble aujourd’hui éma- mouvement et à la douleur, de la réelle perte de
ner de la littérature [162]. L’ostéopathe peut force liée à l’atrophie musculaire.
apporter un bénéfice dans le cadre d’une prise
en charge pluridisciplinaire. Certaines techniques
sur le rachis cervical semblent avoir montré une Articulation acromioclaviculaire
relative efficacité en chiropractie. Le diagnostic de
La douleur acromioclaviculaire n’est pas rare,
la capsulite rétractile est essentiellement clinique,
d’où l’intérêt pour l’ostéopathe de maîtriser les mais la localisation peu précise par le patient ne
tests médicaux de l’épaule. permet pas au praticien d’en déterminer d’emblée
Le diagnostic différentiel médical inclut les l’origine. Elle peut s’étendre de la partie moyenne
pathologies suivantes : de la clavicule jusqu’au deltoïde et présenter des
• arthropathie acromioclaviculaire ; irradiations sur la face latérale de l’avant-bras
• maladie auto-immune (lupus érythémateux, jusqu’au pouce [280]. Elle est la plupart du
polyarthrite rhumatoïde, etc.) ; temps associée à un conflit sous-acromial ou un
• tendinopathie bicipitale ; syndrome de la coiffe des rotateurs. Au cours de
• syndrome néoplasique ; l’examen clinique, la prise en compte de la phy-
• tendinopathie ou déchirure de la coiffe des siologie articulaire de l’articulation acromioclavi-
rotateurs (avec ou sans conflit sous-acromial) ; culaire associée à l’approche plus spécifique de la
• bursite subdeltoïdienne ou sous-acromiale. biomécanique articulaire en ostéopathie présente
Lors de l’examen clinique de la capsulite rétrac- un réel intérêt dans le soulagement de la douleur
tile, on observe typiquement, en fonction du d’épaule. Dans la section consacrée aux tests
stade de la pathologie [74] : médicaux de l’épaule, un test relativement récent
• une diminution de mouvement de l’articulation et d’une spécificité élevée pour l’évaluation de
glénohumérale de l’épaule atteinte accompa- l’articulation acromioclaviculaire [280] est précisé.
gnée de douleur ;
• une diminution du balancement du bras à la
marche ; Algoneurodystrophie
• une atrophie musculaire du côté atteint ;
• le fait que, pendant l’examen, le patient repose L’algoneurodystrophie ou algodystrophie sympa-
ou secoue son épaule ; thique est un ensemble de syndromes douloureux
• rarement, une sensibilité ponctuelle à la palpa- vasomoteurs et trophiques d’origine sympa-
tion. thique. On distingue une première phase pendant
Compte tenu du schéma adopté au sein de cet laquelle les signes inflammatoires sont présents3.
ouvrage, la douleur de capsulite rétractile de La phase secondaire marque la diminution des
l’épaule peut être décrite ainsi : symptômes inflammatoires.
• siège  : localisée en partie antérieure ou pos- Au niveau du membre supérieur, les symptômes
térieure de la capsule ; suivants peuvent être présents :
• irradiation : vers le biceps ; • enraidissements actifs/passifs ;
• type : profonde, diffuse ; • syndrome épaule-main ;
• horaire : recrudescence nocturne ; • douleurs isolées de l’épaule ;
• intensité : élevée ; • douleurs isolées de la main ;
• signes associés  : crépitements lors des mouve- • ostéoporose algique post-traumatique ;
ments ; • extrémités rouges et douloureuses.
• neuropathie distale (radiculopathie cervicale).
À noter qu’il n’y a pas de fièvre ni d’altération 3. Une raréfaction osseuse a priori d’origine vasculaire
de l’état général. par voie réflexe est observée par imagerie dans cette phase.
114 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Après une exploration médicale de la patho- l’armé du bras). On observe fréquemment un


logie, la prise en charge ostéopathique peut signe positif lors des tests d’instabilité (voir plus
présenter un intérêt autour de l’environnement loin). Un intérêt tout particulier sera porté aux
vasculaire et articulaire. personnes âgées qui présentent de tels signes,
puisque la SLAP lésion existe sous forme de dégé-
nérescence. Il existe des tests médicaux décrits
Pseudo-polyarthritre rhizomélique spécifiquement pour la SLAP lésion. Toutefois,
La pseudo-polyarthrite rhizomélique (polymyal- l’examen clinique à lui seul ne permet pas de
gia rheumatica) est une pathologie rhumatismale différencier cette pathologie de l’épaule des autres
relativement fréquente affectant presque exclu- altérations possibles des tendons de la coiffe des
sivement des personnes de plus de 50  ans. Elle rotateurs. L’IRM est un examen approprié, mal-
se manifeste principalement par des douleurs des gré de réelles difficultés relevées pour obtenir une
ceintures scapulaire et pelvienne (bilatérales) d’une fiabilité diagnostique en l’absence d’injection de
durée d’au moins 2  semaines, accompagnées produit de contraste.
d’une raideur matinale d’au moins 30  minutes
[37]. On observe parfois des signes d’arthrite Rôle de l’ostéopathe
périphériques, un syndrome canalaire (canal car- dans la SLAP lésion
pien) et/ou des signes associés d’ordre systémique La SLAP lésion est une pathologie décrite récem-
(anorexie, etc.). Il est difficile de distinguer la ment [207]  ; elle ne bénéficie de ce fait que de
pseudo-polyarthrite rhizomélique de la polyar- peu de retour d’expérience et d’études sur le
thrite rhumatoïde. Devant un tableau clinique de sujet. La plupart du temps, un traitement en
ce type et en consultation de première intention, la kinésithérapie est adopté avant d’envisager une
réorientation vers un médecin est nécessaire pour quelconque intervention chirurgicale. En termes
une investigation médicale avant tout. de physiopathologie, la diminution des mouve-
ments de rotation de l’articulation glénohumérale
Lésion du bourrelet est une des raisons évoquées comme à l’origine de
glénoïdien ou SLAP lésion la SLAP lésion. À ce titre, l’ostéopathie, dans un
objectif visant à redonner une meilleure mobilité
La SLAP lésion est observée essentiellement aux structures et dans le cadre d’une prise en
chez des sujets sportifs entre 20 et 30 ans et 40 charge pluridisciplinaire, est une thérapeutique
et 50  ans qui pratiquent des sports de lancer qui comporte un vif intérêt dans l’amélioration
(javelot, disque, etc.). La lésion intervient essen- de l’état clinique d’un patient présentant une
tiellement en fin de mouvement dans la phase SLAP lésion ainsi que dans la prévention de son
d’accélération ou de décélération. On observe apparition.
des SLAP lésions chez les travailleurs réalisant
des mouvements les bras au-dessus de la tête
(garagiste, peintre, etc.). La lésion peut être Autres origines
consécutive à une compression du long biceps de la douleur d’épaule
par la tête humérale lors d’une chute sur la main
avec le bras tendu.
Lien postural
Signes cliniques La posture du haut du corps chez les adoles-
Le patient décrit une sensation de claquement, de cents est souvent mise en cause dans les douleurs
ressauts ou de dérangement interne mal défini. d’épaule ou du rachis cervical que l’exercice
Les « lanceurs » se plaignent d’une perte de force physique permet de soulager [235]. Le gain de
réelle et d’une perte de performances (perte de mobilité favorisé par un traitement ostéopathique
vitesse chez les lanceurs dans le mouvement de en parallèle d’une prise en charge kinésithérapique
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 115

peut être favorable à l’amélioration de l’état cli- propension des techniques à améliorer la mobilité
nique du patient [35]. articulaire.

Liens structurels Douleur d’épaule référée


Tension du muscle petit pectoral En observant les territoires d’innervation définis
par les dermatomes, myotomes ou sclérotomes
Parmi les origines possibles des douleurs d’épaule,
au niveau de la ceinture scapulaire, on note
certaines hypothèses évoquent la tension du mus-
cle petit pectoral. Un port de tête antérieur, le des topographies différentes pour la même
racine spinale. De fait, une douleur d’épaule
dos ou les épaules voûtées et en rotation médiale
correspondant approximativement à l’un de ces
peuvent être le signe d’une tension de ce muscle
territoires peut être analysée selon une corres-
[146]. Le test de Wright permet d’objectiver une
pondance avec un niveau vertébral. Toutefois,
potentielle tension ou un raccourcissement de ce
Murphy et  al. [175] observent dans une étude
muscle, par l’évaluation d’une diminution voire
sur 169 patients qu’une douleur d’origine radi-
d’une abolition du pouls radial du bras testé. La
culaire ne suit un dermatome que dans les deux
palpation exercée de l’ostéopathe permet d’éva-
tiers des cas. Les résultats sur l’analyse des
luer les tensions musculaires au niveau de la zone
douleurs des structures profondes montrent que
du petit pectoral, dans le plan musculaire profond
les zones de douleur référée de ces structures
de la zone pectorale.
profondes sont distinctes des territoires neuro-
logiques (voir chapitre 2). À ce titre, une étude
Fascia endothoracique
sur un petit nombre de sujets montre qu’une
Au niveau ostéopathique, le fascia endothoracique douleur de l’articulation sternocostoclaviculaire
est parfois cité comme pouvant être à l’origine de est référée selon des territoires à distance de son
la douleur d’épaule [32]. Sa relative continuité origine  : une correspondance avec les scléro-
avec le fascia pariétal abdominal laisse envisager tomes C3-C4 et C5-C6 est envisageable dans ce
qu’une irritation de l’estomac en tant qu’organe cas [106]. La considération d’une douleur issue
creux sous-diaphragmatique puisse engendrer une des structures articulaires et/ou myofasciales est
dysfonction ostéopathique à l’origine de la dou- à comparer à la possibilité d’une radiculopathie
leur d’épaule [254]. cervicale. La douleur d’épaule est définie selon le
lien anatomique avec des structures proches du
diaphragme et sollicitant de fait son innervation
Douleur d’épaule sensitive. Ce concept d’une douleur d’épaule
et troubles endocriniens référée par irritation du diaphragme par des
structures proches est cité dans les douleurs
On observe fréquemment une calcification des référées d’origine biliaire.
tendons de l’épaule lorsque des troubles endo-
criniens sont présents [93]. Cette calcification est
Douleur référée d’origine viscérale
à l’origine de douleurs et d’une diminution de
la mobilité. Un traitement médical des troubles Une douleur référée d’origine viscérale peut sur-
endocriniens sera donc nécessaire pour envisager venir dans la région de l’épaule (voir chapitre 2).
une amélioration de la symptomatologie. Pour L’innervation par les racines spinales C3-C5 des
certains, une thérapeutique manuelle, quelle plèvres médiastinale, pleurale (pariétale) et cen-
qu’elle soit, mise en place avant la prise en trale diaphragmatique serait, en cas d’irritation
charge médicale des troubles endocriniens ne desdites structures, à l’origine de douleurs réfé-
pourrait apporter que des bénéfices temporaires rées vers l’épaule. Ces douleurs sont effective-
palliatifs [93]. Néanmoins, l’accompagnement ment connues médicalement et sont souvent
ostéopathique revêt un intérêt en considérant la constatées dans les 24 à 48  heures qui suivent
116 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

une laparoscopie4. Par extrapolation, on peut tête humérale et la cavité glénoïde, et permet le
envisager qu’une irritation de la partie inférieure maintien du rapport tension/longueur optimale
du diaphragme même minime et sans symptômes pour les muscles glénohuméraux (subscapulaire,
apparents, voire une dysfonction ostéopathique supra- et infra-épineux, petit rond, tendon du
au niveau des organes adjacents pourrait être long biceps, deltoïde). Une bonne mobilité de la
à l’origine de douleurs d’épaule. Les douleurs surface scapulothoracique sera recherchée.
d’épaule en relation avec la distension des organes Une perte de force musculaire dans les mouve-
creux (estomac, œsophage) sont en lien avec ments d’épaule peut être révélatrice de certaines
la partie inférieure du diaphragme. La douleur symptomatologies [49] :
d’épaule d’origine biliaire est plus communément • diminution de la force en abduction et/ou
observée. rotation médiale  : syndrome de la coiffe des
rotateurs ;
Douleur d’épaule d’origine biliaire • diminution de la force en rotation médiale  :
lésion du muscle subscapulaire.
L’irritation de la vésicule et des voies biliaires à
Une série de tests fréquemment utilisés pour
proximité de la partie inférieure de la coupole
objectiver les pathologies de l’épaule et bénéficiant
diaphragmatique est à l’origine de la douleur
de nombreuses études précisant leurs sensibilité et
référée dans les dermatomes/myotomes C3-C4.
spécificité sont décrits plus loin. Outre l’objectif
Les fibres du nerf phrénique qui innervent la
de diagnostic d’opportunité, ces tests médicaux
capsule fibreuse du foie et du canal cholédocien
présentent l’intérêt ostéopathique d’une évalua-
transmettent l’information nociceptive.
tion avant et après séance et, dans le cadre d’un
Par ailleurs, la proximité, au niveau de la corne
suivi thérapeutique, entre deux séances.
postérieure de la moelle épinière, des fibres
afférentes orthosympathiques du nerf splanch-
nique (en provenance de la vésicule et des
voies biliaires) et des fibres en provenance des
Conclusion
régions somatiques de la zone des dermatomes
du niveau scapulaire est une des hypothèses de la Un grand nombre de problématiques de l’épaule
douleur référée d’origine biliaire. Cette douleur sont liées à la répétition de mouvements, au
transfixiante scapulaire ou interscapulaire serait manque d’exercice ou à un manque de force mus-
une traduction erronée de localisation par le culaire. Dans le cadre de motifs de consultation
cortex. essentiellement orientés autour des contraintes
professionnelles, l’ergonomie du poste de travail
est un axe d’analyse à prendre en compte [112].
Tests médicaux Une prise en charge ostéopathique des dou-
leurs d’épaule permet de redonner une mobilité
de l’épaule. Une étude sur une vingtaine de
Les mouvements d’épaule en deux temps intro-
patients argumente sur le fait que des techniques
duisent la notion de rythme scapulohuméral5. La
manipulatives des étages vertébraux thoraciques
physiologie articulaire du mouvement de la sca-
et des côtes sont démontrées comme pouvant
pula permet d’augmenter les amplitudes totales
aider à soulager rapidement une douleur d’épaule
de l’épaule, d’offrir un contact optimal entre la
[261]. Quoi qu’il en soit, l’exercice du mem-
bre supérieur et l’exercice physique général sous
4. Le gaz injecté pendant l’intervention et la distension contrôle du kinésithérapeute restent bénéfiques
des structures en contact direct avec la base du diaphragme pour l’amélioration de la symptomatologie. Un
seraient à l’origine de la douleur référée transmise par
l’intermédiaire du nerf phrénique.
grand nombre d’études observent que les dou-
5. Abduction glénohumérale puis abduction scapulo- leurs d’épaule, de toute origine, peuvent perdurer
thoracique. Il existe un troisième temps « rachidien » dans plusieurs mois, quels que soient les traitements
la description de l’abduction du bras à 180˚. mis en place.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 117

2. Coude et poignet Pathologies du coude


Les pathologies du coude les plus fréquentes et
La pronosupination est un mouvement primordial pouvant a priori être rencontrées en première inten-
pour la capacité de préhension de la main. Radius tion en cabinet d’ostéopathie sont les suivantes :
et ulna dépendent des articulations du coude et • épicondylite latérale (tennis elbow) :
du poignet ; il est donc judicieux de les considérer – douleur à la palpation, en isométrie ;
dans une seule et même analyse. – irradiation le long du muscle extenseur radial
Le motif de consultation est distinct selon du carpe ;
qu’il concerne l’articulation du coude ou du – évolution favorable avec mobilisation active
poignet. Toutefois, ces deux structures sont et exercices. Il est intéressant de noter que
intimement liées anatomiquement et fonction- l’épicondylite du coude gauche peut être
nellement. La prise en charge ostéopathique observée chez le patient droitier.
d’une douleur du coude ou bien du poignet • épicondylite médiale (golfer’s elbow) ;
doit, de toute évidence, considérer le bilan des • arthrose du « vieux sportif » :
deux articulations. – fréquente chez les anciens judokas,
En considérant le modèle linéaire de mise en – douleur latérale (pronosupination), épanche-
place des dysfonctions abordé dans le chapitre 4, il ment articulaire ;
apparaît clairement qu’au niveau du membre supé- • syndrome du valgus en extension forcée (impac-
rieur, coude et poignet doivent être traités dans tion de l’olécrâne contre l’humérus) ;
une seule et même section. La figure 9.2 synthétise • inflammation ;
les éléments de l’examen clinique ostéopathique • chondromalacie ;
en cas de douleurs du coude et/ou du poignet. • ostéophyte ;
• fracture de fatigue (fracture de l’olécrâne) ;
• syndrome des muscles pronateurs –  compres-
Coude sion du nerf médian au niveau du rond prona-
teur (pseudosyndrome du canal carpien) ;
Le coude rassemble à lui seul un grand nombre • syndrome des loges (compression fasciale et/ou
de problématiques directes ou à distance. Arti- musculaire) :
culation intermédiaire du bras, le coude joue un – hypertrophie d’un groupe musculaire qui
rôle majeur lors de la préhension avec une grande vient se comprimer contre le fascia,
mobilité pour l’allongement-raccourcissement du – douleur à l’effort, après l’effort ;
membre supérieur et la stabilité lors des transmis- • syndromes neurologiques – le syndrome cana-
sions de pression. laire du nerf ulnaire est le plus fréquent ;
En parallèle des systèmes articulaires eux- • traumatisme direct ;
mêmes (articulations huméroradiale et huméro- • traction/friction ;
ulnaire), on note le rôle prépondérant de la • compression ;
capsule articulaire dans la stabilisation du coude • syndrome canalaire du nerf radial (peu fréquent) :
décrit par la physiologie articulaire. – site de compression au niveau de l’arcade du
Tous les nerfs majeurs du plexus brachial muscle supinateur,
participent à l’innervation de l’articulation du – douleur avec recrudescence nocturne, carac-
coude. Une prise en charge ostéopathique consi- tère rebelle ;
dérant l’aspect vasculaire et neurologique de • syndrome de compression du nerf médian :
l’intégralité du membre supérieur est nécessaire. – différent du syndrome du canal carpien mais
Une compression vasculonerveuse proximale signes similaires,
doit être prise en compte dans l’analyse (névral- – essentiellement lié à un traumatisme (fracture),
gie cervicobrachiale et syndrome du défilé tho- – hypertrophie musculaire (syndrome des
racobrachial). loges) ;
118 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 9.2. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique des douleurs du coude et/ou du poignet.
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 119

Figure 9.2. (suite)


120 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 9.3. Les signes fonctionnels les plus couramment associés à une douleur au coude.
(Source : P. Gadet.)

• ostochondromatose secondaire (pathologie liée • sports de lancer  : pathologies mixtes tendino-


à une hypersollicitation) ; musculaires et capsuloligamentaires du compar-
• ostéochondrite disséquante du capitellum  : timent médial (fragilisent les structures en fin
nécrose localisée de l’os sous-chondral, chez la de mouvement de lancer, surtout si la mus-
jeune fille essentiellement (10-20 ans) ; culature est insuffisante).
• ostéochondrose du capitellum  : enfant de
4-10 ans, pas d’association avec traumatisme ni Signes fonctionnels associés
gestes répétés ; à la douleur du coude
• ganglions hypertrophiés (panaris, etc.) ;
• hygroma (tuméfaction ronde en postérieur du Ces signes sont indiqués à la figure 9.3.
coude)  ; cité dans les TMS du membre supé-
rieur, et intervient parfois à la suite d’un appui
prolongé sur l’olécrâne.
Épicondylite latérale ou tennis
elbow : une pathologie fréquente
Pathologies privilégiées du sportif L’augmentation de la fréquence de l’épicondylite
(ou épicondylalgie) latérale en tant que TMS est
Outre les pathologies dégénératives, nombreuses observée dans les pays industrialisés6. La catégorie
au niveau du coude, Mansat et  al. répertorient professionnelle est le facteur de risque principal de
les pratiques sportives favorisant les troubles du l’épicondylite : celle-ci est provoquée la plupart du
coude [159] : temps par une activité manuelle répétée7 ou par
• gymnastique : pathologie intra-articulaire ; une activité manuelle pour laquelle le pratiquant
• tennis : n’était pas entraîné (bricolage du dimanche).
– pathologie mixte du compartiment latéral, Selon l’Observatoire de la médecine générale
– lésion des muscles épicondyliens latéraux
(tendinite latérale très fréquente),
6. Les données sont disponibles sur le site de la Société
– lésion des muscles épicondyliens médiaux, française de médecine générale : www.sfmg.org.
– risque majoré chez les sujets entre 35 et 7. Aussi dénommée tennis elbow, l’épicondylite latérale
50 ans ; n’est présente que chez 5 à 10 % des personnes pratiquant
• golf : tendinite médiale ; le tennis.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 121

(OMG), le diagnostic médical de l’épicondylite • syndrome du défilé thoracobrachial (territoire


est clinique la plupart du temps et les résultats d’innervation radiculaire) ;
des examens complémentaires sont normaux (sauf • névralgie cervicobrachiale (territoire d’innerva-
dans le cas d’une phase aiguë avec rupture poten- tion radiculaire) ;
tielle d’un tendon). La maîtrise des tests du coude • compression nerveuse au niveau du membre
et des signes fonctionnels par l’ostéopathe revêt supérieur (territoire d’innervation tronculaire).
de ce fait un réel intérêt dans le cadre d’une prise Les territoires d’innervation radiculaire des
en charge thérapeutique multidisciplinaire. membres supérieurs sont présentés dans les
L’épicondylite répond à la triade des signes figures  2.10 et  2.12. De nombreux ouvrages
suivants : médicaux présentent les territoires tronculaires
• douleur à la mise en tension  : douleur de la des différents nerfs du membre supérieur, ceux-ci
région épicondylienne déclenchée par la mise étant associé aux muscles qu’ils innervent.
en tension ;
• douleur lors de la contre-résistance  : douleur Syndrome de compression
majorée par la pronosupination contrariée du du nerf ulnaire
coude et du poignet (test de la force de serrage
Le syndrome de compression du nerf ulnaire, ou
= haute sensibilité) ;
syndrome canalaire du nerf ulnaire, est le deu­
• douleur à la pression  : douleur exacerbée à la
xième plus fréquent syndrome neuropathique du
pression de l’épicondyle.
membre supérieur [188]. Ochi et al. précisent que, si
La lésion du tendon du muscle court extenseur
l’abduction provoque un étirement du nerf ulnaire,
radial du carpe prédomine [159]. Elle est parfois
la rotation médiale de l’épaule majore cet étirement.
associée à une hyperpression du nerf radial. La
Le test de flexion du coude ainsi que le test
douleur est de type mécanique, siégeant à la partie
modifié de flexion du coude sont les tests permet-
latérale, avec parfois des irradiations sur le bord
tant de mettre en exergue les signes de compres-
latéral de l’avant-bras.
sion du nerf ulnaire (voir plus loin).
Dans un abord global ostéopathique des dou-
leurs du membre supérieur, il est primordial de
rechercher une origine cervicale (C5-C6) d’une Syndromes de compression du nerf
douleur de l’épicondyle latéral. médian et du nerf interosseux antérieur
Dans le cadre de la prise en charge des TMS, La compression du nerf médian est moins fré-
pour une douleur de coude, la mise au repos et quente que celle du canal carpien. Dictée par
l’adaptation du poste de travail sont les critères les études médicales autour des compressions
thérapeutiques recommandés par l’OMG. La neurologiques du membre supérieur, la palpation
guérison peut être spontanée, mais, comme pour des tensions musculaires du bras et de l’avant-
la plupart des tendinopathies, le trouble peut bras, ainsi que de la structure articulaire du coude
perdurer pendant 9 à 24 mois. Le renforcement présente un grand intérêt dans l’élaboration du
excentrique kinésithérapique est contre-indiqué diagnostic fonctionnel [274].
en phase aiguë débutante. Par conséquent, les Il est délicat de différencier strictement les
techniques musculaires ostéopathiques sont vive- signes d’un syndrome de compression du nerf
ment déconseillées dans cette phase. médian par le muscle rond pronateur des signes
d’un syndrome du canal carpien, d’un syndrome
Syndromes de compression du défilé thoracobrachial ou d’une névralgie cer-
des nerfs au niveau du coude vicobrachiale lorsque les racines C6-C7 sont incri-
minées. Les signes de compression par le muscle
Face à un tableau d’atteinte selon des territoires rond pronateur sont déclenchés ou majorés lors de
neurologiques du membre supérieur, plusieurs mouvements répétés en pronation/supination et
symptomatologies de type douleur projetée (voir s’estompent après l’arrêt de l’activité. Au contraire
chapitre 2) peuvent être évoquées : des signes du syndrome du canal carpien, ils n’ont
122 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

pas de recrudescence nocturne. La fatigue mus- compte des myotomes des groupes musculaires
culaire et les irradiations dans l’avant-bras sont des de la zone incriminée est à considérer dans un
signes de compression du nerf médian au niveau concept de dysfonction ostéopathique.
du muscle rond pronateur. Il peut exister, chez les
patients présentant ces signes, des antécédents de
chirurgie du canal carpien. Raideur du coude
Alors que les tests sur le canal carpien peuvent
L’Institut français de chirurgie de la main met en
rester négatifs (test de Tinel essentiellement), la
valeur trois paramètres pouvant être à l’origine
pression digitale profonde du nerf médian au tiers
proximal de l’avant-bras, au niveau de la gouttière d’une raideur du coude9 :
• une incongruence des surfaces articulaires ;
bicipitale médiale, peut reproduire la symptoma-
• des anomalies osseuses (ossifications hétéroto-
tologie selon Tsionos et al. [274].
piques) péri-articulaires ;
Ces mêmes auteurs décrivent la compression
• une contracture des tissus péri-articulaires.
du nerf interosseux antérieur8 (IOA) comme pré-
Si l’incongruence des surfaces articulaires et les
sentant une grande similarité avec la compression
anomalies osseuses péri-articulaires ne répondent
du nerf médian par le muscle rond pronateur.
pas au champ de compétence de l’ostéopathie,
Une atteinte du nerf IOA sera évoquée face à
la contracture des tissus péri-articulaires peut
des antécédents de traumatisme de l’épaule plus
bénéficier d’une prise en charge de la part de l’ostéo-
spécifiquement (fracture de clavicule, luxation de
pathe. Comme dans tout bilan ostéopathique, le
l’épaule, etc.). À l’origine de ces compressions, les
membre supérieur sera considéré dans son inté-
auteurs notent :
gralité, sans oublier le concept de globalité qui
• la contraction musculaire inhabituelle ;
peut amener vers d’autres liens ostéopathiques.
• le port des charges lourdes ;
Lors de l’examen clinique ostéopathique pour
• des antécédents de contusions et d’hématomes
un motif de raideur du coude, les éléments
dans l’avant-bras ;
suivants seront recherchés :
• une plaie directe sur le nerf médian ;
• mode de survenue de la raideur : progressive ou
• une lésion iatrogène lors d’une ostéosynthèse
brutale ;
du radius ;
• si cette raideur est consécutive à des traitements
• un sommeil profond avec compression prolon-
pratiqués, l’ostéopathe s’intéressera au type de
gée du bras.
lésion à l’origine et au type de chirurgie réalisé
Le patient se plaint d’une faiblesse musculaire
(les comptes rendus opératoires précédents
gênante, d’une maladresse voire d’une perte de
peuvent être examinés) ;
dextérité lors de l’écriture. La différence majeure
• la durée et le type de la rééducation.
entre la compression du nerf IOA et celle du nerf
médian par le muscle rond pronateur est que le
patient ne décrit pas de douleur dans le membre
supérieur, est souvent indolore et ne présente Poignet
pas de signes sensitifs dans le territoire du nerf
médian. Après avoir procédé à une investigation du poi-
Au bilan, la palpation des muscles des loges gnet au niveau local, le membre supérieur dans
du bras et celle de l’avant-bras sont des étapes son intégralité sera évalué au niveau régional. Les
majeures dans le diagnostic ostéopathique liens ostéopathiques sont envisagés en suivant
complété par les tests médicaux. La prise en les structures selon le concept de dysfonction
linéaire adopté dans cet ouvrage (voir chapitre 4).
Comme évoqué plus haut, les tests du syndrome
8. Le nerf interosseux antérieur naît du nerf médian en
aval de l’épicondyle latéral, entre les deux chefs du rond
pronateur. 9. Source : www.institut-main.fr.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 123

du défilé thoracobrachial sont d’un réel intérêt en Fracture du scaphoïde


présence de troubles sensitifs au niveau du poi- Les fractures du scaphoïde sont les fractures du
gnet, d’hypo-/hyperesthésie et/ou de douleur. carpe les plus fréquentes. Elles affectent plus
Il existe bien évidemment des syndromes spéci- particulièrement l’homme jeune. Elles sont plus
fiques, décrits dans de nombreux ouvrages médi- rares chez les enfants (moins de 1 % des fractures
caux. Dans les paragraphes suivants, les nuances du scaphoïde) ou chez les personnes âgées qui
pouvant intéresser l’ostéopathe sont exposées. présenteront plus probablement une fracture du
radius – un os plus fragile dans ces tranches d’âge
[28]. Une fracture du scaphoïde peut passer ina-
Quelques pathologies du poignet perçue sur une radiographie réalisée dans les 15
premiers jours qui suivent le traumatisme. Pour
Si le kyste arthrosynovial, la fracture et le syn- l’ostéopathe consulté en première intention, il est
drome du canal carpien sont les pathologies du important de noter que le risque d’une évolution
poignet les plus connues, il existe un certain défavorable d’une fracture du scaphoïde passée
nombre de pathologies du poignet et des doigts inaperçue augmente considérablement après la
à bien connaître – les pathologies des doigts sont troisième semaine d’évolution.
spécifiques et ne sont évoquées dans ce chapitre Il existe peu d’études concernant le test de
que dans le cadre d’une considération ostéopa- compression du scaphoïde (décrit plus loin), réa-
thique du membre supérieur : lisé dans le cadre de l’exploration clinique de la
• fracture du scaphoïde ; fracture du scaphoïde. Celles-ci convergent vers
• arthrose post-traumatique ; une sensibilité médiocre de ce test pour parvenir
• cal vicieux du poignet ; à un diagnostic clinique. Le test de compres-
• pseudoarthrose du scaphoïde ; sion du scaphoïde ne doit en aucun cas être une
• polyarthrite rhumatoïde ; alternative à un examen d’imagerie médicale.
• maladies de Madelung, de Preiser, de Kienbock,
de Dupuytren ;
Tendinite du « textoteur » ou nouvelle
• chondrocalcinose ;
« maladie des lavandières »
• ostéochondromatose synoviale du poignet et
des segments digitaux ; La tendinite du long adducteur et du court exten-
• algodystrophie ; seur du pouce a été décrite à la fin du xixe siècle
• rhizarthrose ; par de Quervain, cette pathologie étant alors
• syndrome du cubitus long ; nommée «  maladie des lavandières  ». Elle est
• panaris ; fréquente chez les secrétaires, les couturières,
• troubles musculosquelettiques (TMS) du poi- les blanchisseuses et dans la pratique de certains
gnet (et de l’avant-bras). sports ou de certaines activités manuelles comme
Un certain nombre de pathologies caractéris- le sécateur ou le jardinage. L’âge de survenue se
tiques des TMS liés au domaine professionnel ont situe entre 40 et 50 ans, avec une prédominance
été répertoriées : féminine relatée dans plusieurs études [94]. La
• syndrome du canal carpien ; douleur décrite par le patient est localisée au
• ténosynovite ; niveau du bord latéral de la main, au niveau des
• tendinite (de De Quervain) ; tendons du pouce et de la «  tabatière anato-
• syndrome de la loge de Guyon (avant-bras) ; mique  », présentant parfois des irradiations vers
• vibration ou compression localisée (travaux du l’avant-bras. Le test mettant en évidence cette
bâtiment, maçonnerie, etc.) ; pathologie est la manœuvre d’Eichhoff (décrite
• doigt à ressaut ou « en gâchette » ; plus loin).
• manutention d’objet à bord anguleux ou prise Cette tendinite émerge à nouveau aujourd’hui
de force en prise pollicidigitale (prise en pince parmi la population jeune. En effet, des études
pouce-index). relatives aux conséquences de l’utilisation du
124 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

pouce lors de l’écriture de SMS ou autres mes- syndrome du canal carpien, les tests de Phalen
sages sur le téléphone portable montrent que son et Tinel présentent une haute fiabilité [266].
hypersollicitation engendre cette pathologie10. Dans le cas d’une suspicion d’un syndrome du
Gustafsson et  al. ont rapporté que des consé- nerf ulnaire, les tests de Tinel et de flexion du
quences de cette hypersollicitation du pouce sont coude sont utiles. Il existe également le signe
objectivées sur le membre supérieur dans son de Flick, un signe fonctionnel souvent décrit
ensemble, ainsi qu’au niveau du rachis cervical dans les cas de syndrome du canal carpien, mais
[100]. qui présente peu de fiabilité dans les études
Outre le diagnostic fonctionnel ostéopathique relevées : le patient se plaint de devoir secouer la
dans le cadre de la prise en charge pluridis- main pour faire passer la douleur lors de réveils
ciplinaire de la tendinite de De Quervain, le rôle nocturnes.
du praticien en termes d’éducation thérapeutique
vis-à-vis de l’adolescent «  hyperconnecté  » est
prépondérant afin de l’avertir des dangers d’une
telle pratique. Épaule, coude, poignet :
un examen clinique
indissociable
Syndrome du canal carpien
Le syndrome du canal carpien est une pathologie L’examen clinique du coude et du poignet passe
commune listée dans les TMS du membre supé- en premier lieu par l’évaluation du degré de
rieur, liée aux gestes répétés (meulage, polissage, mobilité dans tous les axes –  flexion, extension,
assemblage, serrage, manipulation d’outils, etc.), rotation de l’avant-bras (pronosupination)  –, et
ou à l’utilisation du talon de la main comme outil précise la stabilité de l’articulation. Il évalue la
de percussion. qualité de la peau, des muscles et l’état neuro-
Normand et al. rapportent qu’il existe d’autres logique, le cas échéant. La prise en compte du
pathologies du coude et de l’avant-bras pouvant poignet est nécessaire dans l’analyse des douleurs
engendrer des symptômes similaires à ceux d’un du poignet, comme décrit plus haut. Le membre
syndrome du canal carpien [184]. La connais- supérieur est bien sûr considéré dans sa totalité,
sance du trajet de passage du nerf médian permet en parallèle du bilan ostéopathique.
d’identifier plusieurs zones pouvant intéresser Les TMS du membre supérieur sont des motifs
l’ostéopathe dans son diagnostic fonctionnel. Le fréquents de consultation en cabinet d’ostéopa-
test d’étirement du membre supérieur permet thie. Le patient qui consulte pour ce genre de
de mettre en évidence la compression du nerf problématique n’est pas en mesure d’arrêter de
médian au niveau de la tête humérale. Mais tout travailler, sauf en cas de maladie professionnelle
au long du trajet du nerf médian, il est envisa- avérée et décrite comme telle par le médecin.
geable de rencontrer des points de compression L’atout de l’ostéopathe est de rechercher dans
(voir plus haut le paragraphe «  Syndromes de son bilan global toutes les dysfonctions à distance
compression du nerf médian et du nerf inter- pouvant favoriser la mise en place des TMS. La
osseux antérieur »). considération du membre supérieur dans son
Il existe des tests qui présentent une haute intégralité est donc indispensable, la représenta-
fiabilité dans l’investigation des douleurs du tion des dermatomes, myotomes et sclérotomes
poignet en fonction des signes que présente le (voir les figures  2.10 à  2.16) étant, dans cette
patient [275]. Dans le cas d’une suspicion du démarche, d’un réel intérêt. À ce titre, le syn-
drome du double crush (voir chapitre 8) est en lien
avec une compression neurologique proximale
10. L’étude est réalisée sur des adolescents écrivant plus pouvant avoir une incidence distale (par exemple
de 100 messages par jour, les premières douleurs apparais- compression du plexus brachial et syndrome du
sant au bout de 30 par jour. canal carpien).
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 125

3. Région appendiculaire
supérieure – tests
médicaux

Épaule
Le praticien évalue la mobilité fonctionnelle de
l’épaule en fonction de structures spécifiques.
Il est assez commun d’observer une moindre Figure 9.4. Scratch test d’Apley – 1.
mobilité du côté de l’épaule dominante, évaluée Le patient saisit la partie antérieure du moignon de
lors des tests de grands mouvements. L’évaluation l’épaule controlatérale alternativement avec une main puis
ostéopathique des micromouvements reste, quant l’autre. L’articulation glénohumérale est en adduction, en
rotation médiale et en flexion horizontale (ou antéflexion) ;
à elle, sensible à une quantité de mouvements on note la limitation du mouvement de traction de la
équilibrée autour d’un point neutre. scapula. On observe l’asymétrie de mouvement entre les
Les tests présentés sont les plus fréquemment deux côtés et/ou si le patient ne peut pas atteindre le
cités lorsqu’il s’agit d’évaluer une lésion au niveau moignon de l’épaule opposée avec sa main.
de l’épaule [173]. Outre l’objectif du diagnostic
d’opportunité, ils sont le moyen pour l’ostéo-
pathe de rechercher avec précision la structure
douloureuse de ce système articulaire, ligamen-
taire et musculaire complexe.
Les tests présentés ci-après permettent au pra-
ticien ostéopathe d’évaluer la mobilité passive
des membres dans un protocole d’évaluation de
l’épaule. Certains tests peuvent être réalisés avant
et après la séance, dans le but d’évaluer le bénéfice
de la thérapeutique. Le praticien garde à l’esprit
que, devant tout test positif, une réorientation
vers un médecin peut être nécessaire pour établir
un diagnostic médical. Figure 9.5. Scratch test d’Apley – 2.
Le patient amène son bras dans le dos par-dessus
l’épaule pour toucher la nuque avec son pouce (comme
Évaluation globale de l’épaule : s’il voulait se gratter). L’articulation glénohumérale est
en abduction, rotation latérale et la scapula en sonnette
le scratch test d’Apley externe. On note l’asymétrie « importante » de mouvement
entre les deux côtés. N.B. : On observe toujours une
La position de la main du patient et, plus spéci- asymétrie entre les deux côtés, par le simple fait de la
fiquement, la position du pouce par rapport au latéralité du patient. Toutefois, le terme « important »
niveau vertébral servent de référentiel comparatif permet de porter à l’attention du lecteur que l’asymétrie
normale est à distinguer de l’asymétrie anormale. Les
entre le côté droit et le côté gauche d’une part, normes standard sont celles décrites par la physiologie
et avant et après une séance d’ostéopathie d’autre articulaire et les amplitudes de mouvement.
part (figures 9.4 à 9.6). La symétrie des scapulas
sera observée également au cours des mouve-
ments [118, 246]. Intérêt ostéopathique :
Objectif clinique : • grâce au repérage des épineuses, ce test est
• évaluer la mobilité de la scapula combinée avec un excellent test-retest pour évaluer l’efficacité
la glénohumérale. d’une séance.
126 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 9.6. Scratch test d’Apley – 3. Figure 9.7. Test de Hawkins-Kennedy.


Le patient place sa main en bas du dos, pouce vers le Le patient est assis, bras relâchés. Le praticien saisit le
haut et remonte le pouce au maximum. L’articulation bras à tester du sujet ; la main latérale saisit le coude,
glénohumérale est alors en adduction/rotation médiale et la main médiale saisit le poignet. Action : antéflexion de
la scapula en rétraction et sonnette interne. l’épaule puis rotation interne de l’épaule du sujet. Objec-
tifs : essentiellement la compression du tendon du muscle
supra-épineux dans l’espace sous-acromial. Test positif :
douleur et appréhension du sujet dans le mouvement.

Syndrome de la coiffe
des rotateurs
Jain et  al., en 2013 [118], ont proposé un pro- décrits pour objectiver un conflit sous-acromial
tocole clinique d’évaluation des pathologies de du fait du passage des tendons de ces muscles. Par
la coiffe des rotateurs ; seuls quelques-uns de ces exemple, le test de Jobe décrit pour une recherche
tests orthopédiques sont décrits ci-après. de lésion du tendon du muscle supra-épineux
Cleland et al. [49] décrivent qu’au moins deux est parfois cité pour la recherche de conflit sous-
des trois tests suivants permettent de confirmer acromial [251].
avec fiabilité une suspicion de syndrome de la
coiffe des rotateurs ou un conflit sous-acromial : Test de Hawkins-Kennedy
• test de Hawkins-Kennedy ; Le test de Hawkins-Kennedy présente une haute
• signe de l’arc douloureux ; spécificité pour objectiver un conflit sous-acromial
• test du muscle infra-épineux. par sa positivité (figure  9.7). Le test de Neer,
Pour information, on note les tests spécifiés lorsqu’il est positif, indique que d’autres struc-
pour objectiver une rupture totale au niveau de la tures que l’espace sous-acromial peuvent être
coiffe des rotateurs : en cause [222]. Le test de l’arc douloureux, s’il
• signe du drop arm ; est positif, apporte un crédit supplémentaire à la
• test de l’arc douloureux ; recherche de lésion.
• test du tendon du muscle infra-épineux (un de Objectif clinique :
ceux décrits ci-après). • objectiver un conflit sous-acromial.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.
Tests du conflit sous-acromial
Test de l’arc douloureux
Les tests de Hawkins-Kennedy et Neer ont une
sensibilité essentiellement dans la recherche d’un Ce test n’est ni sensible ni spécifique (figure 9.8).
conflit sous-acromial [246]. Les tests d’inves- Sa réponse positive suffit à confirmer une atteinte
tigation des lésions des tendons des muscles de la coiffe des rotateurs [173], sans pour autant
supra-épineux ou subscapulaire sont également apporter une notion de localisation spécifique.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 127

Objectif clinique :
• objectiver un conflit sous-acromial.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.

Test de Jobe
Décrit par F.W. Jobe en 1983 [121], ce test est
également dénommé «  test de la canette  » du
fait du mouvement de rotation médiale du bras
comme pour « vider une canette » (figure 9.10).
Les expérimentations de ce test avec observation
Figure 9.8. Test de l’arc douloureux. par imagerie montrent avant tout une réduction
Le patient est debout. Le praticien amène le bras du
patient en abduction à 170°. Le patient abaisse le de l’espace sous-acromial (huméro-acromial), une
bras lentement. Test positif : douleur entre 70 et 120° ascension de la scapula sur son plan de glis-
d’abduction. sement thoracique, une rotation latérale (sonnette
latérale) et une traction antérieure de la clavicule
lorsque ce test est réalisé activement par le patient
Objectif clinique : [269]. Les réponses positives sont la perte de
• objectiver un conflit sous-acromial. force musculaire et la douleur potentiellement
Intérêt ostéopathique : engendrées par l’ensemble des modifications
• évaluer la mobilité de l’épaule. mécaniques précitées.
Objectif clinique :
Test de Yocum • objectiver un conflit sous-acromial.
Depuis sa version originale de 1983 [293], il Intérêt ostéopathique :
ne semble exister aucune version modifiée de ce • évaluer la composante de rotation médiale
test (figure  9.9). Il présente une bonne sensibi- d’une épaule par rapport à l’autre dans les tests
lité pour objectiver un conflit sous-acromial. En des mouvements.
revanche, la spécificité est faible [251] ; sa réponse
négative n’a donc pas de valeur.

Figure 9.10. Test de Jobe.


Le patient est assis ou debout. Le bras à tester est en
Figure 9.9. Test de Yocum. abduction à 90°, en adduction horizontale à 30°, l’avant-
Le patient est assis. Le praticien positionne la main du bras en rotation médiale pouce vers le bas. Le patient
patient du côté de l’épaule à tester sur l’épaule opposée. poursuit l’abduction au-dessus de 90° (lève le bras). Le
Le patient amène le coude vers le haut en maintenant la praticien réalise une contre-résistance au mouvement
main sur l’épaule opposée. Le praticien réalise une contre- du patient à partir de 90°. Test positif : différence de
résistance du coude du patient. N.B. : le coude fléchi résistance musculaire entre les deux épaules dans la
forme le « Y » de Yocum. réalisation du test et douleur.
128 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Test du tendon du muscle Test des muscles rotateurs


supra-épineux (test de Neer) latéraux : petit rond et infra-épineux
Le signe de Neer est présent chez des patients Le muscle infra-épineux est rotateur latéral aux
atteints d’une lésion partielle ou complète du côtés du muscle petit rond. L’évaluation et la
tendon du muscle supra-épineux, ainsi que comparaison bilatérale de la force en rotation laté-
d’une bursite sous-acromiale (figure  9.11). Le rale du bras du patient semblent être davantage
signe positif est une douleur déclenchée lors révélatrices d’une atteinte spécifique du muscle
de l’élévation passive du bras entre 70 et 120°. infra-épineux que du petit rond [53]. Le signe de
Neer précise qu’il peut être associé à une dou- lag en rotation latérale puis le test de Patte présen-
leur au niveau de l’insertion du tendon sur tent la plus grande sensibilité pour objectiver une
la tête humérale et de «  crépitement  » lors atteinte du tendon du muscle petit rond [118] :
du mouvement [179]. Le tendon du muscle • signe de lag en rotation latérale à 90° + test de
supra-épineux passe sous l’angle antérieur de Patte + test « du clairon » : muscle petit rond ;
l’acromion au niveau de l’articulation acromio- • test de force en rotation latérale : muscle infra-
claviculaire lorsque le bras est élevé. Le signe ou épineux.
test de Neer présente une haute sensibilité et
peu de spécificité [246]. Lateral lag sign ou signe du décalage
La positivité du signe de Neer peut correspon- en rotation latérale à 90°
dre à une lésion du tendon du muscle supra-épi- Le lag test est un test passif, le praticien évaluant la
neux, une bursite sous-acromiale, une atteinte capacité de maintien de la posture par le patient.
des autres tendons de la coiffe des rotateurs ou Publié en 1996 par Hertel [111], ce test est plus
du chef long du muscle long biceps, à un syn- spécifique que le test de Jobe dans l’évaluation
drome d’« épaule gelée » débutant, une arthrite, des tendons des muscles infra- et supra-épineux.
un dépôt calcique, une lésion osseuse, etc. Le lag sign est réalisé en rotation latérale pour
Objectif clinique : les muscles infra- et supra-épineux (figure 9.12) ;
• objectiver une lésion du tendon du muscle
supra-épineux.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.

Figure 9.12. Lag sign en rotation latérale.


Le patient est assis. Coude à 90°, 20° en abduction dans
Figure 9.11. Test de Neer. le plan de la scapula. a) Le praticien amène le bras du
Le patient est assis. Le praticien est debout derrière. patient en rotation latérale, à quelques degrés de la rotation
Une main saisit la scapula pour bloquer la rotation. Une maximale. b) Le praticien relâche le bras du patient pendant
main saisit le bras du sujet au niveau du coude. Élever qu’il lui demande de maintenir la position. Test positif :
antérieurement le bras du sujet. Test positif : déclenche- le patient ne peut tenir la position avec une marge de 10°
ment de la douleur. environ. Recrudescence ou reproduction de la douleur.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 129

Figure 9.14. Test de Patte – 2.


Le patient effectue une rotation latérale. Le praticien réa-
Figure 9.12. (suite) lise une contre-résistance. Test positif : inégalité de force
droite/gauche ; impossibilité de réaliser le mouvement.
en rotation médiale pour le muscle subscapulaire.
Un décalage (lag en anglais) est observé après que Objectif clinique :
le praticien a positionné le bras du patient, celui-ci • objectiver une lésion du tendon du muscle
ne pouvant pas le maintenir en position initiale. infra-épineux.
Objectif clinique : Intérêt ostéopathique :
• objectiver une lésion du muscle infra- voire • évaluer la mobilité de l’épaule.
supra-épineux.
Intérêt ostéopathique : Test de force en rotation latérale
• évaluer la mobilité de l’épaule. Le test de force en rotation latérale (figure 9.15)
permet, d’une part, d’objectiver une asymétrie
Test de Patte
Le test de Patte (figures  9.13 et  9.14) permet
l’évaluation de la lésion du tendon du muscle
infra-épineux. Ce test est toutefois d’une moin-
dre fiabilité par rapport au lag sign en rotation
médiale [53].

Figure 9.15. Test de la force en rotation latérale.


Le patient est face au praticien, coudes fléchis, bras le
long du corps. Le praticien est debout face au praticien.
Le patient exerce une rotation latérale en écartant les
mains sans décoller les coudes. Le praticien exerce une
Figure 9.13. Test de Patte – 1. contre-résistance. La différence de force entre les deux
Le patient est assis. Le praticien amène le bras du patient côtés est notée et investiguée le cas échéant. La douleur
en abduction à 90°, dans le plan de la scapula, coude ressentie au niveau des tendons de la coiffe est l’infor-
fléchi à 90°. Le bras du patient repose à plat sur celui du mation positive du test laissant présager d’une lésion des
praticien pour éviter toute composante de rotation. tendons des muscles infra- et supra-épineux.
130 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

de force entre les deux épaules et, d’autre part, Objectif clinique :
de révéler une douleur lors de la réalisation du • objectiver une lésion du tendon du muscle petit
mouvement. La perte de force est à corréler aux rond.
tests neurologiques développés dans le chapitre 7. Intérêt ostéopathique :
La douleur est un signe à investiguer précisément • évaluer la mobilité de l’épaule.
grâce aux nombreux autres tests disponibles dans
l’investigation des lésions de l’épaule. Tests du tendon du muscle
Objectifs cliniques : subscapulaire
• objectiver une lésion des tendons des muscles
infra- et supra-épineux ; Les tests suivants sont ceux pouvant permettre
• testing de force musculaire (voir chapitre 7). d’évaluer au mieux la déchirure totale ou partielle
Intérêt ostéopathique : du tendon du muscle subscapulaire [294] :
• évaluer la mobilité de l’épaule. • belly-press test;
• lift off test (Gerber) ;
Test « du clairon » (hornblower) • signe de lag en rotation médiale.
Ce test présente une sensibilité et une spécificité
Belly-press test ou signe de Napoléon
élevées, lui octroyant une haute fiabilité pour
rechercher une lésion du tendon du muscle petit Le belly-press test permet d’objectiver une lésion
rond [286] (figure 9.16). du muscle subscapulaire par la rotation médiale
créée par le positionnement du membre supérieur
lors du test [118] (figure 9.17).
Objectif clinique :
• objectiver une lésion du tendon du muscle sub-
scapulaire.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.

Figure 9.16. Test du clairon (hornblower).


a) Le patient porte sa main à sa bouche. b) Test positif :
le coude s’élève pour pouvoir réaliser le mouvement.
(Source : C. Bonnithon.)

Figure 9.17. Belly-press test.


Le patient est assis, la main du côté de l’épaule à tester
en appui sur le ventre, coude en avant. Test positif : le
patient fléchit le poignet et recule le coude pour maintenir
Figure 9.16. (suite) la position.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 131

Lift off test ou test de Gerber précise que la palpation douloureuse du tendon
L’objectif est d’évaluer l’intégrité du tendon du du long biceps au niveau de sa gouttière reste le
muscle subscapulaire en plaçant le bras en rota- critère diagnostique prépondérant. La palpation
tion interne et rétroflexion [87] (figure 9.18). du tendon du biceps dans sa gouttière au niveau
Objectif clinique : de la partie proximale de l’humérus peut suffire
• objectiver une lésion du tendon du muscle sub- à objectiver une tendinite [49]. La palpation est
scapulaire. favorisée par une rotation latérale du bras vers 30°.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.

Lag sign en rotation médiale


(alternative au lift off test)
Le lag sign en rotation médiale est réalisé selon
le même concept que son homologue en rotation
latérale [111] (figure 9.19) ;
Objectif clinique :
• objectiver une lésion du tendon du muscle sub-
scapulaire.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule. Figure 9.19. Lag sign en rotation médiale.
Le patient place la face postérieure (dorsale) de la main de
l’épaule à tester dans son dos, au contact des épineuses
lombaires – majoration de la rotation interne de l’épaule.
Palpation et tests Le praticien décolle la face dorsale de la main du patient
du muscle long biceps en contact avec le dos ; il relâche le bras du sujet et lui
demande de maintenir la position. Test positif : le patient
Les tests de Yergason (figure  9.20) et Speed n’arrive pas à maintenir la position (signe de lag positif).
(figure  9.21) ont une spécificité modérée dans
la recherche d’une lésion du tendon du muscle
long biceps. Publié par Speed en 1952, le Speed
test a été validé en 1966 par Crenshaw, qui

Figure 9.20. Test de Yergason.


a) Le patient a le coude fléchi à 90°, stabilisé contre son
thorax, l’avant-bras en pronation. La main antérieure du
praticien saisit l’avant-bras du sujet ; la main postérieure
Figure 9.18. Lift off test ou test de Gerber. saisit la partie proximale de l’humérus, proche de la
Le patient place la face postérieure (dorsale) de la main de gouttière du tendon bicipital. b) Le patient effectue une
l’épaule à tester dans son dos, au contact des épineuses supination et une rotation latérale de l’humérus ; le pra-
lombaires. Il décolle la face dorsale de sa main en contact ticien réalise une contre-résistance. Test positif : douleur
avec le dos. Test positif : le patient n’arrive pas à décoller au niveau de la gouttière du tendon bicipital (tendinite du
la main. chef long du biceps).
132 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Test de Speed
Voir figure 9.21.
Objectif clinique :
• objectiver une lésion du tendon du long biceps.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.

Tests d’évaluation
de la SLAP lésion
Figure 9.20. (suite) Les tests d’O’Brien (test de la partie postérieure
du labrum) et de l’appréhension antérieure de
l’épaule (test de la partie antérieure du labrum)
sont décrits par Cleland et al. [49] comme ayant
une bonne sensibilité pour mettre en évidence
une déchirure du labrum (SLAP lésion).
Objectif clinique :
• objectiver une SLAP lésion.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité de l’épaule.

Test d’O’Brien
La lésion postérieure du labrum est rare mais
Figure 9.21. Test de Speed. peut engendrer un déséquilibre dans la répartition
Le patient est assis ou debout. L’épaule à tester est en des forces au niveau des tendons de la coiffe
flexion à 90° : bras tendu devant, avant-bras en supina-
tion, coude en extension. La main antérieure du praticien
des rotateurs et une perte de force musculaire
saisit la face supérieure de l’avant-bras ; la main pos- consécutive. Décrit pour préciser le diagnostic
térieure saisit la partie proximale de l’humérus, au niveau d’une lésion potentielle de la partie postérieure du
de la gouttière bicipitale. Le patient effectue une élévation labrum, le test d’O’Brien présente un intérêt lors
du bras. Le praticien réalise une contre-résistance pour
éviter la flexion du coude et de l’épaule. Test positif :
de l’investigation clinique de la douleur d’épaule
douleur au niveau de la gouttière bicipitale (tendinite). (figure 9.22 et encadré 9.1).
La partie antérieure du labrum est détendue
dans cette position alors que la partie postérieure
Toutefois, une bursite sous-acromiale ou une est mise en tension. Par sa contraction, le faisceau
rupture de la coiffe des rotateurs peut donner deltoïdien amène la tête humérale en postérieur
des douleurs à cette même palpation (ce sont des [193]. Les fibres postérieures du labrum sont
faux positifs). La douleur du long biceps irradie alors mises en tension et deviennent douloureuses
volontiers vers le coude et la main [145]. Une en présence d’une lésion.
irradiation moins connue se situe vers le muscle
élévateur de la scapula. Test de l’appréhension
antérieure de l’épaule
Test de Yergason
Décrite en 1981 par C.R. Rowe, l’instabilité
Objectif clinique : antérieure de l’épaule est une affection fréquente
• objectiver une lésion du tendon du long biceps. chez le sujet jeune actif et sportif, majoritaire-
Intérêt ostéopathique : ment du côté de la latéralité. Le critère de laxité
• évaluer la mobilité de l’épaule. ligamentaire semble être prépondérant chez un
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 133

une très haute spécificité [119] (figure  9.23). À


l’inverse d’un grand nombre de tests, le test de
l’appréhension antérieure de l’épaule présente
une haute spécificité : si le test est négatif, il y a
de bonnes chances de penser qu’il n’existe pas de
lésion du ou des ligaments glénohuméraux. Le
résultat positif (présence d’une appréhension de la
part du patient) n’est pas une preuve évidente de
la présence d’une lésion, car on observe un grand
nombre de faux positifs pour ce test [49].

Figure 9.22. Test d’O’Brien.


Le patient a l’épaule fléchie à 90°, le coude en extension
(bras en avant à l’horizontale). Il réalise une adduction
du bras de 10 à 15° dans le plan horizontal, ainsi qu’une
pronation de l’avant-bras, pouce vers le bas. Le praticien
exerce une force sur le bras du patient, amenant celui-ci
très légèrement vers le bas. Test positif : le patient ne peut
pas maintenir la position du bras en abduction à 90°.

Encadré 9.1

Test « BvR » : test de l’articulation


acromioclaviculaire
Figure 9.23. Test de l’appréhension antérieure de
Récemment, le test « BvR » (comme dans la l’épaule.
figure 9.22) publié par van Riet et Bell [280], Le patient est en décubitus dorsal, l’épaule à tester en
réalisé sur un groupe d’une soixantaine de abduction à 90°. Le praticien amène l’épaule du patient
patients, a été décrit comme ayant une bonne en rotation latérale. Test positif : le patient appréhende la
sensibilité pour objectiver une lésion de l’arti- mise en place de l’épaule en position. N.B. : L’appréhen-
culation acromioclaviculaire. La réalisation de sion est davantage un signe positif que la douleur dans
ce test est similaire à celle du test d’O’Brien. ce test. Par ailleurs, c’est bien l’instabilité potentielle de
l’épaule et non la subluxation qui est objectivée par ce
Cependant, le paramètre d’adduction est
test.
majoré pour éviter un faux positif lié à une
lésion du labrum. Le praticien peut stabiliser
l’épaule controlatérale pour éviter la rotation
du buste du patient. Le test est positif si le
patient ne peut pas maintenir la position
Coude et poignet
du membre testé. Les auteurs ajoutent éga-
lement une phase de test avec l’épaule en Les tests médicaux peuvent apporter un appui
rotation latérale selon les mêmes considéra- intéressant dans la réflexion autour de la prise
tions. Avant de réaliser le test, Konin et  al. en charge ostéopathique. Les tests du coude ont
précisent qu’il faut réaliser une palpation de presque tous une réponse positive se traduisant
l’articulation acromioclaviculaire : la réponse par une recrudescence de la douleur. La douleur
douloureuse à la compression antérieure-pos- associée à une impossibilité d’extension complète
térieure signe une lésion [134].
oriente favorablement vers un traumatisme osseux
et/ou articulaire.
grand nombre de sujets féminins essentiellement. Les tests les plus fiables pour objectiver le syn-
L’utilisation régulière des membres supérieurs est drome du tennis elbow sont les suivants (décrits
également un critère prédisposant, avec trauma- ci-après) [203] :
tisme par luxation antérieure. Le test de l’appré- • palpation douloureuse de l’épicondyle latéral ;
hension de l’épaule, dans ce contexte, présente • test de Cozen.
134 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Objectif clinique :
• objectiver une épicondylite latérale.
Intérêt ostéopathique :
• palpation des structures du coude.

Palpation douloureuse
de l’épicondyle latéral
Les muscles court et long extenseurs radiaux du
carpe sont très souvent douloureux à la palpation
en cas d’épicondylite latérale, du fait notam-
Figure 9.25. Test de Cozen.
ment de l’insertion de leur tendon au niveau Le patient est assis, coude fléchi au repos, avant-bras
de l’épicondyle. Un très bon exercice consiste à au contact de la table. Le praticien saisit le poignet du
différencier par la palpation les muscles court et patient, poing fermé. Le patient effectue une extension des
long extenseurs radiaux du carpe (figure 9.24). IIe et IIIe rayons. Le praticien réalise une contre-résistance.
Test positif : douleur au niveau de l’épicondyle latéral.

Test du tennis elbow


avec contre-résistance
ou test de Cozen
Ce test ne bénéficie pas d’études valides mais
est utilisé de manière régulière dans un certain
nombre d’études médicales (figure 9.25) [52].
Une alternative au test de Cozen permet
d’orienter plus précisément le test sur les muscles
long et court extenseurs radiaux du carpe, comme
évoqué pour la palpation de l’épicondyle latéral
(figure 9.26).

Figure 9.26. Alternative au test de Cozen.


Le praticien saisit les IIe et IIIe rayons. Le patient effectue une
extension de ceux-ci. Le praticien réalise une contre-résis-
tance. Test positif : douleur au niveau de l’épicondyle latéral.

Syndrome de compression
du nerf ulnaire
La première étape des tests consiste à réaliser une
palpation du nerf ulnaire, à la recherche notam-
ment d’un épaississement du nerf. Le praticien
recherche le nerf ulnaire le long de son trajet au
Figure 9.24. Palpation de l’épicondyle latéral. niveau du coude. Il objective un épaississement
Le patient est assis ou debout. Le praticien empaume
du nerf par comparaison avec le côté opposé.
l’avant-bras du patient. Il repère la convexité de l’épicon-
dyle dans la partie latérale de l’épiphyse. Test positif : Objectif clinique :
douleur à la pression de l’épicondyle latéral. • objectiver une compression nerveuse.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 135

Intérêt ostéopathique : Une étude récente propose une position de


• palpation des structures du coude (recherche l’épaule en rotation médiale maximale, majorant
du nerf ulnaire). ainsi la réponse du test [188]. Si l’objectif du
test médical est d’objectiver une compression du
Test de Tinel du nerf ulnaire nerf ulnaire au niveau de son passage au sein du
Ce test présente une bonne fiabilité dans l’inves- canal latéral du coude (IVe et Ve rayons), certains
tigation d’un syndrome de compression du nerf ouvrages ostéopathiques décrivent également des
ulnaire [275] (figure 9.27). techniques d’étirement dudit nerf selon un posi-
tionnement similaire.
Test de flexion du coude
Ce test est décrit pour objectiver un syndrome de Test de contrainte
compression du nerf ulnaire [185] (figure 9.28). en mouvement du valgus (test
du ligament collatéral médial)
La littérature médicale rapporte une bonne sen-
sibilité du test de contrainte en valgus du coude
[186] (figure  9.29). Il ne semble pas exister
d’étude valide d’un test en varus.
Objectif clinique :
• objectiver une lésion des structures ligamen-
taires médiales.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la mobilité articulaire en inclinaison de
l’articulation huméro-ulnaire.

Figure 9.27. Test de Tinel du nerf ulnaire.


Le praticien percute délicatement le trajet du nerf ulnaire
autour du canal ulnaire au niveau de l’épicondyle médial.
Test positif : fourmillements ou sensations électriques
irradiant vers les IVe et Ve rayons.

Figure 9.29. Test de contrainte en mouvement du


valgus.
Le patient est assis, l’épaule en abduction à 90°, rotation
Figure 9.28. Test de flexion du coude. latérale maximale. Le praticien amène le coude du
Le patient est assis. Le praticien place l’épaule en abduc- patient en flexion maximale tout en majorant le valgus.
tion, coude fléchi au maximum, avant-bras en supination Il applique et maintient un couple de force modéré
et poignet en extension maximale. Maintenir la position pour majorer le valgus, tout en amenant le coude du
de quelques secondes à 1 à 3 minutes. Test positif : patient en extension rapide jusqu’à 30° d’extension. Test
apparition de paresthésies ou majoration des symptômes positif : douleur médiale au passage entre 70 et 120°
au niveau de la distribution du nerf ulnaire. d’extension.
136 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Poignet Manœuvre de relâchement


du canal carpien
Il existe un grand nombre de pathologies du Il existe des compressions nerveuses au niveau
poignet. Celles pour lesquelles les tests médicaux du coude (voir plus haut le paragraphe «  Syn-
relevés apparaissent les plus fiables sont les tests dromes de compression au niveau du coude  »)
du syndrome du canal carpien et de la tendinite qui donnent des symptômes similaires à ceux d’un
de De Quervain. syndrome du canal carpien. La manœuvre de relâ-
chement du canal carpien est un outil présentant
Syndrome du canal carpien un certain intérêt pour différencier un syndrome
de compression au niveau du coude avec un syn-
La triade du diagnostic du canal carpien est la drome du canal carpien (figure 9.32).
suivante :
• test de Phalen positif ;
Test d’Eichhoff-Finkelstein –
• signe de Tinel positif ;
• paresthésies dans le territoire du nerf médian.
tendinite de De Quervain
Ces paresthésies, si elles sont constantes, seront La tendinite de De Quervain a été mise en évi-
minimisées par l’application de la manœuvre de dence en 1927 en allemand par le test d’Eichhoff.
relâchement du canal carpien (voir figure 9.32). Celui-ci a été repris en anglais par Finkelstein en
Objectif clinique : 1930 comme étant le signe «  le plus pathogno-
• objectiver un syndrome du canal carpien. monique », mais la description du test est parfois
Intérêt ostéopathique : relatée de manière erronée [70] ; la traduction de
• seule la manœuvre de relâchement du canal car- Finkelstein laisse penser que c’est le praticien qui
pien présente a priori un intérêt ostéopathique exerce une compression du pouce puis amène le
pour évaluer la densité tissulaire de la main. poignet en inclinaison ulnaire. Il s’agit bien d’une
mise en place active du pouce par le patient suivie
Test de Phalen d’une inclinaison ulnaire du poignet réalisée par
Le test de Phalen est montré à la figure 9.30. le praticien (figure 9.33). Si la douleur n’est pas
reproduite, une inclinaison radiale avec contre-
Signe de Tinel résistance du praticien peut être réalisée.
Ce test peut être réalisé par la percussion digitale
ou avec le marteau réflexe pour plus de précision
et de standardisation du geste (figure 9.31).

Figure 9.31. Signe de Tinel.


Le patient a le poignet relâché, déverrouillé vers 20°. Le pra-
ticien réalise une percussion le long du trajet du nerf médian
au niveau du canal carpien. Test positif : paresthésie dans
Figure 9.30. Test de Phalen. les territoires du nerf médian ou sensation de choc élec-
Le patient a les poignets fléchis, les coudes en flexion trique dans la main ou l’avant-bras. N.B. : La percussion est
complète, l’avant-bras en pronation. Maintien de la posi- réalisée avec le marteau réflexe plutôt qu’avec les doigts,
tion 1 minute. Test positif : reproduction des symptômes. dans un souci de reproductibilité du geste interpraticiens.
Chapitre 9. Région appendiculaire supérieure 137

Figure 9.32. Manœuvre de relâchement du canal Figure 9.34. Test de compression du scaphoïde.
carpien. Le patient est assis de préférence. Le praticien maintient
La main atteinte est maintenue paume vers le haut. la main du côté du scaphoïde à tester. Il saisit l’axe du
Resserrer progressivement la tête des métacarpiens 1er rayon au niveau du métacarpe avec l’autre main et
pour créer une légère adduction des doigts. Test positif : applique une pression longitudinale dans l’axe pour
diminution des symptômes. comprimer le scaphoïde. La douleur au niveau du sca-
phoïde signe une fracture potentielle.

se substituer à un examen d’imagerie médicale,


particulièrement dans les 15  jours qui suivent le
déclenchement du traumatisme.
Objectif clinique :
• recherche d’une fracture du scaphoïde.
Intérêt ostéopathique :
• test de mobilité de l’axe du 1er rayon.

Figure 9.33. Test d’Eichhoff-Finkelstein.


Le patient est assis. Il ferme le poing avec le pouce à
l’intérieur. Le praticien amène le poignet du sujet en
inclinaison ulnaire. N.B. : En cas d’absence de douleur, le
praticien demande au patient d’effectuer une inclinaison et
le praticien réalise une inclinaison ulnaire.

Objectif clinique :
• objectiver une tendinite de De Quervain.
Intérêt ostéopathique :
• évaluer la souplesse de l’articulation complexe
du pouce dans un test de «  grands mouve-
ments » ostéopathique.

Test de compression
du scaphoïde
Le test de compression du scaphoïde est donné à
titre indicatif (figure 9.34). Il ne doit en aucun cas
Chapitre 10
Région lombo-
abdomino-pelvienne
1. Lombalgies de 60 ans conclut que la scoliose et les troubles de
la jonction sacro-iliaque sont prépondérants dans
la lombalgie, alors que la différence de longueur
de jambe semble représenter davantage une cause
Présentation de douleur sacro-iliaque identifiée à tort en tant
que lombalgie [288]. L’origine musculaire de la
Les arrêts de travail et le handicap consécutifs aux douleur et son diagnostic par la palpation présen-
lombalgies génèrent des coûts économiques et tent un indice de confiance élevé interpraticiens.
sociaux. Dans une population en âge de travailler, Le recours à l’imagerie médicale n’est pas sys-
deux salariés sur trois souffrent ou souffriront tématique. L’anamnèse et l’examen clinique sont
de douleurs lombaires. L’environnement profes- d’une haute valeur diagnostique [233]. Pour
sionnel et les conditions de travail ainsi que la l’ostéopathe qui serait consulté en première inten-
configuration de la vie quotidienne sont des ques- tion, c’est un moyen d’appréhender la réorienta-
tions à privilégier lors de l’interrogatoire. tion vers un médecin. Dans un second temps, ils
Les thérapies manuelles, dont l’ostéopathie, permettent de constater l’évolution des douleurs
bénéficient d’un grand nombre d’études dont et l’atteinte radiculaire le cas échéant, grâce aux
les résultats montrent les bienfaits en termes de tests médicaux combinés avec les tests ostéopa-
soulagement des douleurs lombaires. thiques.
La lombalgie doit faire l’objet d’une réorien-
tation médicale en urgence du patient lorsqu’il
La lombalgie : pas seulement existe une présomption élevée de radiculopa-
une douleur lombaire thie lombaire avec une suspicion d’atteinte neu-
rologique. Des tests objectivant un déficit de
La lombalgie est définie comme une douleur ou
sensibilité, de motricité (présence d’une faiblesse
une gêne fonctionnelle située entre la 12e  côte
musculaire), une abolition du ou des réflexes
et le pli fessier, associée ou non à des irradiations
ostéotendineux en correspondance associée ou
dans les membres inférieurs [110]. Bien qu’elles
non à un test de Lasègue positif sont hautement
puissent avoir une étiologie différente, les dou-
spécifiques d’une radiculopathie [49]. Lorsque
leurs sacro-iliaques sont incluses dans ce chapitre.
les quatre tests de motricité, de sensibilité, des
Une exploration clinique semblable est proposée
réflexes ostéotendineux et de Lasègue objectivent
dans un souci de synthèse, compte tenu du fait
des troubles lors d’une consultation de l’ostéo-
qu’elles sont décrites la plupart du temps comme
pathe en première intention, la réorientation
des «  douleurs du bas du dos  ». Le syndrome
médicale du patient est obligatoire.
T12/L1 est décrit par la médecine ostéopa-
thique comme une dysfonction lombaire ayant un Quatre tests  positifs  : perte de sensibilité en
retentissement au niveau sacro-iliaque [155]. Une S1  +  perte de motricité des muscles correspon-
étude sur une centaine de personnes âgées de plus dant au myotome S1  +  réflexes ostéoten­dineux

Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie


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140 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

achilléen aboli    +    test de Lasègue positif Ensuite, il est utile de rappeler deux notions
= radiculopathie de type sciatique dans plus de dans la diffusion de la douleur (voir aussi cha-
95 % des cas. pitre 2) :
• l’innervation des structures profondes du rachis
La fiche de synthèse de l’examen clinique ostéo-
(disques intervertébraux, ligaments, périostes
pathique pour la lombalgie (figure  10.1) récapi-
et dure-mère) engendre une douleur diffuse,
tule les notions développées dans ce chapitre.
en barre, profonde, mal systématisée. Elle est
décrite par la transmission de la douleur selon la
Les drapeaux rouges chaîne sympathique, avec une diffusion vers les
de la lombalgie structures somatiques au niveau de L2 [215] ;
• les nerfs spinaux, qui se distribuent vers les struc-
Devant un tableau de lombalgie, un ou plusieurs tures somatiques, sont à l’origine d’une douleur
des critères indiqués ci-après doivent motiver une souvent irradiante selon des territoires d’inner-
réorientation médicale (d’après [233]) : vation spécifiques (dermatomes, myotomes).
• traumatisme violent (accident de la route, En parallèle de la palpation et des tests ostéopa-
sports extrêmes, sports de combat, etc.) ; thiques, l’analyse du siège de la douleur et des ter-
• déformation structurelle de la zone doulou- ritoires d’irradiation permet une relative précision
reuse ; dans la prise en compte de la douleur et de la mise
• antécédents de cancer ; en place d’un traitement adapté.
• VIH, toxicomanie, immunosuppression ; Différents syndromes caractérisent la lombalgie
• traitement sous stéroïdes (corticoïde, cortisone) et sont associés la plupart du temps à des signes
depuis plusieurs mois (risque majoré d’ostéopo- fonctionnels typiques. Ils sont décrits ci-après.
rose dans les six premiers mois) ;
• abus médicamenteux ;
• diminution importante de la flexion lombaire
(perte de performance sportive, réduction de
capacité de réaliser certains mouvements, etc.) ; Syndrome des articulaires
• douleur non mécanique, constante, progres- postérieurs
sive (apparue souvent sans événement majeur
associé) ; Le syndrome des articulaires postérieurs est une
• douleur thoracique associée ; cause fréquente des lombalgies. Les patients se
• altération de l’état général, fièvre, perte de plaignent en général d’une douleur lombaire basse
poids inexpliquée ; localisée, avec irradiation douloureuse dans la fesse
• symptômes neurologiques diffus (syndrome de et la cuisse (au-dessus du genou), apparue le plus
la queue de cheval). souvent en flexion de buste après un « faux mouve-
ment ». Les tests orthopédiques de mise en tension
radiculaire sont négatifs la plupart du temps (par
Les principaux syndromes exemple Lasègue). Aucun test médical ne semble
de la lombalgie orienter le diagnostic d’une atteinte facettaire. En
revanche, les critères de Cochin peuvent orienter
On peut envisager les problématiques lombaires le diagnostic vers un syndrome facettaire [219] :
selon trois catégories [233] : • douleur réellement soulagée en décubitus dorsal ;
• douleur d’origine rachidienne : spondylarthrite • douleur non majorée en se relevant d’une
ankylosante, tassement vertébral, etc. ; flexion antérieure du rachis (relevé de buste) ;
• douleur d’origine nerveuse ou radiculaire : her- • douleur non majorée par la toux, l’éternuement ;
nie discale, tumeur vertébrale, etc. ; • douleur non majorée par l’extension-rotation
• douleur lombaire d’origine non rachidienne  : du buste ;
pathologie rénale, digestive, etc. • douleur non majorée par l’hyperextension.
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 141

Syndrome discal vers un praticien de santé du patient consultant en


première intention est vivement conseillée.
La douleur est souvent d’apparition brutale (lum-
bago aigu). Elle est majorée par la toux, par
l’éternuement, la défécation et le mouvement. Autres syndromes
Elle apparaît parfois en deuxième partie de nuit et origines
et/ou le matin. La contraction des muscles para-
vertébraux du niveau vertébral correspondant est D’autres syndromes peuvent être à l’origine de
observée en présence d’une hernie discale. la douleur lombaire. S’ils ne sont pas d’emblée
du ressort de l’ostéopathe, ils sont décrits en vue
d’abord d’établir un diagnostic d’opportunité,
Syndrome radiculaire
puis d’envisager un accompagnement ostéopa-
La douleur est isolée mais les irradiations sont thique. Un ensemble de signes physiques en lien
présentes et majorées par l’étirement de la racine. avec des douleurs lombaires liées à des troubles
Les déficits neurologiques sensitifs et moteurs ne fonctionnels organiques sont présentés ci-après.
sont pas systématiques. La douleur avec irradiations est un signe majeur
devant toute suspicion d’atteinte de la moelle épi-
nière (hernie, tumeur, métastases, etc.). Les pares-
Syndrome rachidien thésies, les fourmillements ou engourdissements,
les faiblesses musculaires sont quelques-uns des
La douleur est localisée (médiane), provoquée
signes en faveur d’une atteinte neurologique.
à la percussion des épineuses et à la palpation
des paravertébraux, avec des irradiations vers
les membres inférieurs. Ces irradiations n’ont Troubles sphinctériens
pas forcément un caractère électrique synonyme d’origine compressive
d’une atteinte radiculaire. Elles peuvent émaner
des structures profondes ligamentaires et/ou ten- La compression de la moelle épinière au-delà
dineuses (voir chapitre 2). On observe une limite de L2 peut engendrer certaines complications
d’amplitude des mouvements dans le syndrome fonctionnelles, notamment au niveau vésicos-
rachidien. phinctérien (syndrome de la queue de cheval). Ce
type de syndrome est objectivé dès l’anamnèse,
le patient se plaignant de troubles sphinctériens :
Syndrome du canal incontinence, fuite urinaire, etc. À condition que
lombaire étroit l’investigation médicale des troubles ait été réa-
lisée préalablement, la prise en charge ostéopa-
Le principal signe fonctionnel est la claudication
thique peut envisager une origine lombaire et un
intermittente ou la réduction du périmètre de
traitement ad hoc.
marche décrit par le patient qui a besoin de s’arrê-
ter et de s’asseoir de plus en plus fréquemment
lors de la marche (en promenade par exemple). Origine urologique de la douleur
Il est décrit également une radiculalgie «  à bas- lombaire
cule  », aggravée par l’hyperextension et calmée
par l’antéflexion du tronc. Le syndrome du canal Deux principales pathologies urologiques sont
lombaire étroit est à distinguer de l’artérite obli- synonymes de douleur lombaire : colique néphré-
térante des membres inférieurs qui ne nécessite tique et pyélonéphrite. Le test de Giordano,
pas l’assise mais l’arrêt simple pour se reposer s’il est praticable compte tenu du tableau
(« maladie des vitrines »). La prise des pouls des douloureux, est le test médical à privilégier
membres inférieurs peut permettre un diagnostic devant des signes fonctionnels évoquant une
d’opportunité. Quoi qu’il en soit, la réorientation atteinte rénale.
142 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 10.1. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique de la lombalgie.


AEG : altération de l’état général.
* Pour le signe de McBurney, voir chapitre 2, paragraphe « Phase secondaire de la douleur viscérale : la douleur viscérale référée ».
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 143

Figure 10.1. (suite)


144 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

La colique néphrétique est une crise spas- Il s’agit d’une urgence médicale. Elle est typique-
modique lombo-abdominale brutale et fré- ment accompagnée d’une forte fièvre, de frissons,
quemment d’apparition nocturne. Le niveau de d’une vive douleur lombaire unilatérale, parfois
douleur oriente une consultation vers un service de tachycardie, de diarrhées et de vomissements.
d’urgences médicales et non vers un cabinet Elle peut être consécutive à une infection urinaire
d’ostéopathie a priori. Le critère paroxystique mal traitée1.
(évolution vers une douleur intense) est une des Des troubles rénaux peuvent engendrer dans le
caractéristiques distinctives par rapport au lum- temps une hypertension artérielle. Inversement,
bago aigu. Le passage d’un calcul rénal au niveau une hypertension artérielle peut être à l’origine de
de l’uretère provoque une douleur lombaire vio- troubles rénaux sous-jacents. La prise de tension
lente avec parfois une irradiation douloureuse artérielle, geste médical avant tout, est d’un inté-
vers les parties génitales. La présence d’un calcul rêt primordial dans le diagnostic d’opportunité
urétéral entraîne une sensibilité et une hyper- réalisé par l’ostéopathe.
algésie cutanéomusculaires dans les dermatomes/ Toute pathologie rénale étant exclue, la dys-
myotomes du niveau médullaire correspondant fonction rénale est recherchée d’un point de vue
L1/L2 (voir chapitre 2) ; celles-ci persistent bien ostéopathique. Un des enseignements de la dys-
après que le phénomène pathologique à l’origine fonction rénale ostéopathique est fondé sur les
de la douleur a disparu [282]. Des expérimenta- considérations cliniques médicales de F.  Glénard
tions sur l’humain montrent qu’une stimulation à la fin du XIXe  siècle. Celui-ci décrit ce qu’il
de l’uretère ou une distension localisée engen- qualifie à l’époque de «  néphroptose  » [90].
dre des contractions musculaires homolatérales Selon quatre degrés, il met en évidence la ptose
des muscles abdominaux. Le côté stimulé reste de rein et la palpation de l’organe lui-même. La
sensible pendant 24  heures. Cette expérience perception de la mobilité du rein à l’époque était
illustre les conséquences sur les structures mus- une preuve de sa pathologie. Ces considérations
culaires de la présence d’un calcul rénal dans cliniques sont anciennes, mais des méthodes diag-
l’uretère [212]. Au cours de l’examen ostéopa- nostiques et thérapeutiques ostéopathiques sont
thique, une recherche des tensions musculaires au décrites dans une littérature plus récente [16].
niveau abdominal et lombaire présente un intérêt Aujourd’hui, la perception du rein (droit) par
particulier dans les suites des pathologies rénales la palpation d’un praticien exercé est clairement
traitées médicalement. H. Head et J. MacKenzie décrite dans la littérature médicale.
décrivent l’un et l’autre une douleur ressentie à la Un syndrome spécifique est décrit dans l’enca-
pression de la zone anatomique située au niveau dré 10.1.
de l’extrémité de la 12e  côte lors de troubles
rénaux. Cette constatation clinique est à corréler
avec le réflexe réno-rénal de Guyon. Initialement Les tensions musculaires
décrit par Jean Casimir Félix Guyon à la fin du à l’origine des douleurs lombaires
XIXe siècle, celui-ci fut démontré dans les années
Des tensions musculaires peuvent être à l’origine
1980. Il définit le processus selon lequel l’atteinte
de douleurs lombaires. Les muscles principaux à
d’un rein crée une douleur lombaire controlaté-
investiguer sont décrits dans la fiche de synthèse
rale au rein pathologique [135].
(voir figure 10.1) et développés ci-après. On note,
Selon le principe de mise en place de la dys-
entre autres, le spasme des muscles paravertébraux
fonction de Korr, on peut rechercher le retentis-
(par exemple en réaction à la présence d’une her-
sement de ce trouble viscéral au niveau vertébral
nie discale) et des structures musculaires autour
avec une correspondance du niveau médullaire
de la jonction sacro-iliaque.
d’innervation du rein avec les dermatomes, myo-
tomes et sclérotomes (voir chapitre 2).
La douleur lombaire aiguë accompagnée de 1. On note davantage de risques de pyélonéphrites chez
fièvre est caractéristique de la pyélonéphrite. les femmes présentant des infections urinaires.
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 145

Encadré 10.1 étude en kinésiologie2 observe que les mus-


Syndrome « rein-oreille » cles fléchisseurs de hanche et plus spécifique-
Un lien embryologique a été évoqué par ment l’iliopsoas sont générateurs de douleurs
certains auteurs entre l’oreille et le rein [93]. lombaires lorsqu’ils sont spasmés/contractés
Des néphropathies héréditaires peuvent avoir [12]. La contraction de l’iliopsoas peut être
un impact sur les structures de l’oreille. Cette une conséquence d’une atteinte vertébrale et/
atteinte simultanée du rein et de l’oreille ou de la jonction sacro-iliaque, en raison des
suggère des similitudes structurelles ou fonc- insertions et du trajet de ses faisceaux mus-
tionnelles entre ces deux organes. La simili- culaires [26]. Réflexe protecteur en présence de
tude de forme s’expliquerait notamment par la douleur, ce spasme musculaire de l’iliopsoas
l’expression d’un gène commun au moment
est objectivé entre autres par le test de Thomas.
de la 3e  semaine embryonnaire. On observe
la formation du cordon néphrogène, système Paradoxalement, il est également observé une
rénal primitif, qui s’étire sur tout le grand diminution du corps musculaire des muscles para-
axe de l’embryon. Ce système dégénère au vertébraux et iliopsoas homolatéraux en présence
cours de l’évolution embryonnaire [237]. d’une douleur lombaire chronique [205].
Certaines pathologies métaboliques seraient Ces résultats étayent les arguments en faveur
également à l’origine d’une association d’une activité physique a minima préconisée dans
d’anomalies communes entre reins et oreilles la lombalgie chronique ainsi que de la prise en
[27]. C’est par ce lien qu’une réflexion peut charge ostéopathique globale en vue d’un travail
être envisagée sur des chaînes dysfonction-
sur l’équilibre articulaire et musculaire.
nelles ostéopathiques entre oreille et reins,
voire une extrapolation plus ambitieuse entre
os temporal et iliaque. Syndrome du muscle piriforme
Le syndrome du muscle piriforme (SMP) peut
porter le praticien vers un diagnostic erroné de
Muscle iliopsoas (ou psoas) trouble de la jonction sacro-iliaque. Des tests
cliniques spécifiques sont publiés pour objectiver
La contraction (spasme) du muscle iliopsoas peut le SMP. Michel et al. rappellent que le diagnostic
être à l’origine de la douleur lombaire [12]. Les du SMP au niveau médical est essentiellement
liens ci-après sont cités comme pouvant être à clinique, l’imagerie permettant surtout d’élimi-
l’origine de la contraction du muscle iliopsoas : ner un diagnostic différentiel [169]. Les auteurs
• lien de proximité  : le muscle iliopsoas est précisent notamment que l’observation du mem-
anatomiquement proche de certains organes bre inférieur en rotation latérale majorée sur un
viscéraux abdominaux : reins, uretères, cæcum, patient en décubitus dorsal peut mettre en évi-
appendice, côlon sigmoïde, pancréas, etc. La dence une tension du muscle piriforme (rotateur
configuration du compartiment du muscle latéral en extension de hanche).
iliopsoas facilite la propagation de l’inflam- Le spasme du muscle piriforme est à l’origine
mation à partir d’organes viscéraux alentours de douleurs de type sciatique tronquée, avec des
[270]. Selon le principe du mode linéaire de douleurs fluctuantes essentiellement au niveau de
la dysfonction ostéopathique, la dysfonction la région glutéale [169].
viscérale peut donc être transmise par lien de Une étude précise d’autres symptômes cli-
proximité vers les structures adjacentes ; niques pouvant être la conséquence d’un spasme
• lien neurologique  : la pathologie d’un ou de du muscle piriforme [34] :
plusieurs des organes viscéraux peut engendrer • douleur assis, debout ou allongé plus de 15 à
des spasmes des muscles en correspondance 20 minutes ;
avec le niveau médullaire [88] ;
• lien mécanique  : le muscle iliopsoas a été 2. Les auteurs précisent que leur étude comporte un
identifié comme générateur de compression grand nombre de biais. Des études ultérieures sont néces-
vertébrale lorsqu’il est contracté [13]. Une saires pour confirmer ces résultats.
146 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

• douleur et/ou paresthésies du sacrum vers la • douleur de la région pubienne : 8 %.


région glutéale et inféropostérieure vers la cuisse, Le sacrum revêt implicitement une importance
s’arrêtant en règle générale au-dessus du genou ; majeure dans la jonction sacro-iliaque, une dou-
• douleur majorée au repos et diminuée par le leur du sacrum pouvant être confondue avec une
mouvement ; douleur de sacro-iliaque.
• douleur majorée au passage de la position assis Devant toute douleur du sacrum, sans antécé-
à debout, en exercice de squats ; dent traumatique, sans épisode de sursollicitation,
• douleur non améliorée par les changements de avec un test de compression du sacrum néga-
position ; tif, une origine systémique sera recherchée (par
• douleur sacro-iliaque controlatérale ; exemple arthrite associée à un syndrome du côlon
• difficulté à la marche ; irritable, etc.).
• fourmillement dans le pied ; En outre, la pseudosciatique tronquée d’origine
• faiblesse dans le membre inférieur homolatéral ; sacro-iliaque décrite par certains auteurs et pré-
• douleur abdominale, pelvienne et inguinale ; sentant des douleurs irradiantes peut s’expliquer
• dyspareunie chez la femme ; selon plusieurs hypothèses :
• douleur à la défécation. • le schéma d’innervation de l’articulation sacro-
La palpation d’un muscle piriforme spasmé est iliaque ;
douloureuse. La littérature décrit différents tests • la douleur référée des structures profondes
cliniques pour diagnostiquer un SMP. Aucun définie par les sclérotomes (voir chapitre 2) ;
d’entre eux n’a cependant bénéficié d’une publi- • l’irritation, l’inflammation de structures adja-
cation validant sa fiabilité. Néanmoins, une triade centes ;
de tests caractéristiques du SMP est proposée par • les localisations variables de lésions de la jonc-
Michel et al. [169]. Ces manœuvres doivent être tion sacro-iliaque.
maintenues 10 à 15 secondes :
• FAIR test (flexion adduction and internal rota-
tion) ; Origine sacro-iliaque de la douleur
• test d’étirement talon-genou controlatéral lombaire
(TG-CL) ; Les troubles de la jonction sacro-iliaque peuvent
• test d’étirement de Freiberg. se traduire par des douleurs lombaires plus sou-
Le test de Lasègue, réalisé la plupart du temps vent unilatérales [24]. L’étude de la mobilité de la
devant un tableau d’irradiation de douleur dans jonction sacro-iliaque passe par des tests médicaux
la fesse, présente un fort potentiel de positivité spécifiques permettant un diagnostic relativement
devant un tableau de SMP. On note que l’examen fiable. La combinaison des tests suivants présente
paraclinique que peut prescrire le médecin permet un atout majeur pour le diagnostic d’une lombal-
entre autres de préciser un diagnostic différentiel gie d’origine sacro-iliaque [49] :
de hernie discale. • test d’écartement des iliaques ;
• test de cisaillement vertical et horizontal ;
• test de la poussée de la cuisse ;
Spécificité de la jonction • test en compression de l’iliaque ;
sacro-iliaque • test de l’enfoncement du sacrum ;
• test de Patrick : flexion-abduction-rotation laté-
La douleur lombaire basse peut provenir de la rale (externe) ou test FABER.
jonction sacro-iliaque ou du sacrum. La locali- Un certain nombre de pathologies non méca-
sation de la douleur d’origine sacro-iliaque est niques peuvent être à l’origine de douleurs au
rapportée selon des zones à distance de la jonc- niveau sacro-iliaque, comme un syndrome du canal
tion elle-même [255] : d’Alcock (voir plus loin). Bien qu’aujourd’hui
• douleur de la région glutéale : 52 % ; aucune étude ne semble décrire concrètement
• douleur de la région lombaire : 40 % ; l’influence directe de la mobilité de la jonction
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 147

sacro-iliaque, l’ostéopathe distinguera une hyper- anatomiques de soutien (ligamentaires et fas-


mobilité d’une hypomobilité de la jonction ciales), structures neurologiques et vasculaires.
sacro-iliaque. En tout état de cause, un schéma Le fascia pelvien revêt, dans ce contexte, un
asymétrique de mobilité peut se traduire par intérêt tout particulier.
une compensation musculaire et/ou articulaire
de la jonction opposée. En parallèle, l’étude par Fascia pelvien à l’origine de la douleur lombaire
des tests ostéopathiques et une palpation affinée Si l’on considère les moyens de suspension des
des structures musculosquelettiques apportent au viscères abdominaux et leur influence au niveau
praticien une idée du schéma dysfonctionnel. lombaire, des lombalgies ayant pour origine une
ptose des organes viscéraux par une faiblesse du
Origine dorsolombaire de la douleur fascia pelvien3 peuvent être envisagées. Support
sacro-iliaque de la sphère abdominale, le fascia pelvien fournit
un support aux viscères pelviens. Il est composé
La localisation des dermatomes et myotomes de plusieurs structures accolées. Sa description
correspondant aux racines spinales de T12 à S1 est variable selon les anatomistes. La définition
est décalée caudalement par rapport à leur niveau de l’Association française d’urologie du  fascia
médullaire. Une dysfonction dans l’intervalle de pelvien est la suivante : « lame de tissu conjonctif
ce segment vertébral peut engendrer une douleur qui recouvre latéralement les muscles pariétaux,
projetée caudalement (à distance de son origine) élévateurs de l’anus et obturateur interne, et
et selon un dermatome/myotome. L’exemple le se poursuit médialement avec la gaine fibreuse
plus fréquent est la dysfonction de la charnière des viscères pelviens4  ». Ce fascia pelvien est
dorsolombaire T12/L1 qui mime une douleur de physiologiquement moins bien organisé que le
hanche ou de sacro-iliaque [155]. tissu conjonctif des tendons et des ligaments du
système squelettique quant à la qualité des fibres5.
Origine pelvienne de la douleur Toutefois, ses caractéristiques lui confèrent un
lombaire rôle important dans le support des fibres ner-
Les douleurs pelviennes sont souvent associées à veuses et la vascularisation des organes du petit
des douleurs lombaires, ainsi qu’à des douleurs bassin. Compte tenu de l’ensemble des struc-
abdominales ou des sensations de gêne, d’incon- tures sur lesquelles s’insère ce fascia pelvien, la
fort. Devant toute douleur lombopelvienne, on recherche de dysfonctions ostéopathiques des os
recherche à l’anamnèse la présence d’écoulements iliaques, du sacrum ou encore du coccyx présente
au niveau génital. Une douleur pelvienne aggravée un intérêt particulier.
par l’exercice physique et qui débute 5  minutes
Syndrome du canal d’Alcock ou névralgie
ou plus après le début d’exercice oriente vers une
du nerf pudendal
origine vasculaire.
Devant des douleurs pelviennes aiguës ou Le syndrome du canal d’Alcock ou névralgie
récurrentes, une vigilance sera portée à l’anam- du nerf pudendal est à l’origine de douleurs
nèse concernant des antécédents récents ou passés lombaires basses ou de douleurs pelviennes. Le
de violence sexuelle. diagnostic de ce syndrome répond aux critères de
À l’origine de douleurs lombopelviennes, on Nantes, avec notamment [297] :
peut citer également l’abcès du muscle iliopsoas
3. Le fascia pelvien est également dénommé aponé-
ou du muscle obturateur, voire les prodromes vrose pelvienne ou encore lames sacro-recto-génito-vésico-
atypiques d’une appendicite/péritonite. pubienne.
L’ostéopathie accorde un rôle majeur aux tests 4. Source : www.urofrance.org.
et techniques du plancher pelvien dans le traite-
5. Les fibres musculaires qui composent en grande
ment des douleurs locales et régionales du petit partie les muscles du plancher pelvien (élévateur de l’anus)
bassin, mettant en lien la sphère urogénitale dans sont des fibres de type  I, physiologiquement proches de
son contexte anatomique ou fonctionnel : structures celles qui composent les muscles posturaux.
148 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

• siège de la douleur correspondant au territoire Lombalgie et grossesse


du nerf pudendal ; Tel qu’évoqué dans le paragraphe sur la lombalgie
• apparition en position assise ; d’origine sacro-iliaque, l’hypermobilité liée à une
• pas de douleur nocturne ; hyperlaxité ligamentaire lors de la grossesse est à
• pas de déficit neurologique. prendre en compte.
Toutefois, on note les signes fonctionnels sui- La lombalgie est fréquente dans la période
vants d’exclusion du syndrome : du troisième trimestre de grossesse. Une étude
• douleurs fessières exclusivement ; récente réalisée sur 65  femmes enceintes mon-
• pubalgies ; tre qu’aucune observation médicale ne permet
• coccygodynies ; d’objectiver réellement un lien de cause à effet
• prurit ; entre une modification de posture et l’apparition
• douleurs exclusivement paroxystiques. de la lombalgie [91]. Il est envisagé que les
causes de la lombalgie de la femme enceinte
Spécificité de la sphère génitale féminine
soient multiples  : mécaniques, hormonales, vas-
Les conséquences d’une grossesse sont majori- culaires et psychosociales. Dans son concept de
tairement à l’origine des prolapsus féminins. Des prise en charge globale, l’ostéopathie peut donc
études récentes montrent que le prolapsus pourrait apporter un réel bénéfice tout en prenant en
être lié également à une modification génétique compte les risques d’un accouchement prématuré
des fibres musculaires des structures composant [141, 148, 236].
le plancher pelvien. En parallèle de l’utilisation
d’instruments et de gestes chirurgicaux pendant Spécificité de la sphère génitale masculine
l’accouchement, une modification physiologique
du tissu musculaire pourrait être en cause. Une Une investigation médicale de la lombalgie liée
investigation ostéopathique des structures fas- à la sphère génitale masculine est nécessaire dans
ciales et implicitement du périmètre vasculaire de les cas d’antécédents de cancer de la prostate et de
la région du petit bassin revêt de ce fait un intérêt ses risques de métastases secondaires. L’investiga-
particulier6. Des antécédents de chirurgie (césa- tion ostéopathique recherche des tensions liées
rienne, chirurgie de l’utérus et/ou de l’ovaire ou à des troubles prostatiques ou hypertrophiques.
de toute autre structure environnante) peuvent L’anamnèse apportera une partie des renseigne-
également être à l’origine d’adhérences qu’il est ments qui précéderont les tests des tensions des
nécessaire d’investiguer. Afin d’appréhender de systèmes de soutien du plancher pelvien chez le
manière optimale les liens ostéopathiques dans sujet masculin. Devant le tableau d’une patho-
la sphère génitale, les éléments gynécologiques logie urogénitale en lien avec le motif de consul-
et obstétriques seront recherchés à l’interroga- tation et découverte en première intention par
toire. L’influence du stérilet sur de potentielles l’ostéopathe, la réorientation médicale est réalisée
douleurs lombaires est mentionnée par certains avant d’envisager un quelconque cheminement
ostéopathes, mais n’est toutefois pas clairement ostéopathique.
explicitée dans la littérature scientifique et médi-
cale. Néanmoins, des troubles musculosquelet- Origine digestive de la douleur lombaire
tiques et des tissus conjonctifs sont notifiés dans Les origines viscérales de la douleur lombaires
les effets indésirables des dispositifs intra-utérins sont multiples. La littérature ostéopathique consi-
(DIU)7, avec plus spécifiquement des « douleurs dère des liens selon les structures anatomiques,
lombaires et des douleurs aux extrémités ». vasculaires ou neurologiques. Une liste non
exhaustive de liens anatomiques est proposée à
6. Conformément à la législation en vigueur, les décrets la figure 10.1.
sur l’ostéopathie interdisent toute « technique interne ». L’origine viscérale vasculaire de la douleur lom-
7. La liste des effets indésirables des DIU est disponible baire est parfois décrite selon l’hypothèse d’une
sur le site www.eurekasante.vidal.fr. stase veineuse liée à des dysfonctions intestinales
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 149

(perturbation du flux sanguin) qui serait généra- l’annulus ou une dégénérescence des processus
trice de douleurs lombaires matinales à la mise articulaires peuvent survenir chez des patients
en mouvement. On peut confronter un tel lien qui ne présentent pas de douleurs lombaires.
ostéopathique à une récente publication sur le Ces conclusions renforcent l’idée qu’il est néces-
mésentère [50]. Le mésentère présente un intérêt saire de s’intéresser à la globalité du patient
ostéopathique majeur par le passage vasculaire dans l’investigation des douleurs lombaires et pas
artériel et veineux dont il est le support. Du fait seulement à la région anatomique en question.
de ses insertions postérieures, le mésentère a S’il est important de rechercher le déclenche-
rôle majeur en tant que suspenseur de l’intestin. ment d’une lombalgie, les facteurs de passage à
Il est formé par le prolongement antérieur du la douleur chronique sont des éléments à prendre
péritoine pariétal de la paroi abdominale pos- en compte. Jarvik et al. observent que le contexte
térieure. Une dysfonction du tissu mésentérique psychosocial est un facteur qui doit intéresser le
peut ainsi engendrer un retentissement au niveau praticien dans sa prise en charge de la lombalgie
lombaire par l’intermédiaire du péritoine pariétal [120]. Les patients qui souffrent de lombalgie
postérieur. Il est également considéré comme chronique sont souvent accablés par la récurrence
un organe à proprement parler, quant à son rôle des douleurs lombaires voire par l’appréhension
dans certaines pathologies viscérales. Le mésen- de l’image mentale d’une lésion potentielle ou
tère supporte les artères, les veines et les vaisseaux par les antécédents d’une ancienne intervention
lymphatiques ainsi que les fibres nerveuses vers et chirurgicale.
en provenance des viscères. Les facteurs de risque pouvant favoriser la
chronicité sont les suivants [181] :
• antécédents de lombalgie, sévérité de la dou-
Membre inférieur leur, incapacité de travail, chirurgie ;
• inadaptation physique et insatisfaction profes-
Les dysfonctions d’un membre inférieur ou
sionnelle ;
des deux peuvent s’inscrire dans un concept de
• psychologiques (mauvais état de santé ressenti,
schéma dysfonctionnel. Il apparaît de manière
terrain dépressif ou sensation d’« être toujours
évidente que les douleurs lombaires peuvent être
malade ») ;
liées à des problématiques du membre inférieur,
• personnels ;
notamment une différence de longueur de jambe
• socio-économiques : bas niveau d’éducation et
supérieure à 6 mm [166, 214]. Une investigation
de ressources ;
médicale et ostéopathique des membres inférieurs
• médico-légaux : prise en charge au titre d’acci-
est réalisée selon les signes fonctionnels et les
dent du travail ou autre litige.
antécédents traumatiques, chirurgicaux et médi-
Dans le cas d’une lombalgie chronique, l’édu-
caux du patient.
cation thérapeutique du patient est essentielle
(voir chapitre 3). Les messages clés de C. Dufrene
[65] (encadré 10.2) montrent tout l’intérêt pour
Lombalgie chronique – le praticien de déterminer comment le patient se
une prise en charge représente ses douleurs lombaires, notamment en
globale avant tout matière de répercussions dans sa vie quotidienne,
simplement supprimer la douleur pouvant ne pas
La présence d’anomalies au niveau du rachis, être le seul objectif de la démarche d’éducation
visualisées par une imagerie, peut ne pas être la thérapeutique. Dans ce contexte, le praticien doit
seule cause des douleurs lombaires. Selon une ainsi chercher à croiser ses objectifs avec ceux du
étude de Jarvik et  al. [120] menée sur près patient, qui peuvent par exemple être de pou-
de 150  patients, il n’est pas possible de relier voir reprendre une activité même si une douleur
une lombalgie à ces seules anomalies  ; en effet, persiste dans une moindre mesure. L’ostéopathe
une dégénérescence discale, une déchirure de devrait alors s’efforcer de redonner une mobilité
150 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Encadré 10.2

Lombalgie et éducation
thérapeutique : les bons conseils
• Bouger : l’activation du système musculos-
quelettique est le socle de la démarche.
• La douleur est une réalité : que la douleur
résulte d’une dysfonction plutôt que d’une
lésion anatomique ne signifie pas qu’elle est
niée, minimisée ou purement psychologique.
• Le dos est solide  : la douleur n’est pas
un signal de faiblesse ou de quelque chose
d’abîmé. Le mouvement ne risque donc pas Figure 10.2. Test de Brudzinski.
d’endommager le dos. Le praticien accompagne la flexion de nuque du patient
• Plaisir : il est possible d’éprouver du plaisir en relevant progressivement la tête. Test positif : reproduit
en dépit de la douleur. la symptomatologie avec ou sans irradiations. N.B. :
• Une journée, c’est 24 heures : il est impor- On décrit également la positivité du test par la flexion
involontaire de la hanche et du genou.
tant autant pour le patient que pour le
thérapeute de considérer tous les aspects de
la vie et pas seulement le contexte initial dans
lequel la lombalgie s’est déclenchée. qui se séparent vers les foramens intervertébraux
• Pas de baguette magique : il n’existe pas un [26, 134] (figure 10.2). Il est souvent cité dans la
traitement unique pour tout résoudre. Il est recherche du diagnostic d’une pathologie ménin-
nécessaire d’en associer plusieurs. La recette gée, sachant qu’une fois la maladie déclarée,
est personnelle et passe par l’expérimentation. l’hospitalisation est motivée par les douleurs et les
• Reprendre le contrôle : il faut se réappro- vomissements en jets. De ce fait, il ne présente pas
prier la gestion de sa vie et ne plus laisser la un grand intérêt pour l’ostéopathe car il apparaît
douleur être seul maître à bord. moyennement fiable dans le premier stade de la
• Motivation  : connaître ses motivations, maladie.
c’est savoir où aller puiser l’énergie indispen-
Le test de Kernig a le même objectif que celui
sable à la persévérance nécessaire à la réussite
du traitement.
de Brudzinski. La position patient-praticien est
(D’après C. Dufrene [65].) similaire au test de Lasègue (voir ci-après). Le
test est positif lorsque le patient fléchit involon-
tairement le genou alors que le praticien relève
tissulaire et de favoriser le mouvement, ce qui la jambe. Kernig décrit dans ses travaux origi-
peut apporter un réel bénéfice au patient. naux que ce test peut s’accompagner de douleurs
nucales et dorsales à type de crampes ; il convient
donc de faire attention aux faux positifs chez un
2. Région lombo- patient souffrant de douleurs cervicales et dorsales
hautes.
abdomino-pelvienne – Objectif clinique :
tests médicaux • l’augmentation de la douleur avec d’éventuelles
irradiations dans les membres inférieurs peut
objectiver une inflammation méningée, une
compression radiculaire, une irritation dure-
Tests de Brudzinski mérienne.
et de Kernig Intérêts ostéopathiques :
• évaluation de tensions des structures myofas-
Ce test est décrit comme l’étirement de la moelle ciales :
épinière au niveau des multiples fibres nerveuses – dure-mère ;
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 151

– chaînes musculaires postérieures (muscles côté opposé au membre testé est notée comme
sous-occipitaux, muscles paravertébraux) ; réponse positive controlatérale au test.
– fascias postérieurs et aponévroses (cervicales). Tel qu’évoqué en plus haut, la positivité du
test doit être confrontée aux tests de sensibilité
et de motricité des réflexes ostéotendineux pour
Test de Lasègue ou préciser la potentialité de la présence d’une hernie
unilateral straight discale. La douleur créée par la dorsiflexion de la
leg raising test cheville et/ou la flexion des cervicales témoigne
d’une implication dure-mérienne. Si la douleur
existe en flexion de hanche mais n’est pas majorée
Le test de Lasègue ou unilateral straight leg
par la dorsiflexion de la cheville et/ou la flexion
raising test est l’un des tests les plus connus dans
cervicale, alors une tension des structures myofas-
l’investigation neurologique de la radiculopathie
ciales au niveau lombaire, des troubles vertébraux
lombosacrée (figure 10.3). Une étude de 2010 lui
lombaires ou de la jonction sacro-iliaque peuvent
attribue une spécificité élevée quant au diagnostic
être envisagés. La douleur provoquée avec une
de hernie discale (58 à 98 %) [278] – en cas de
flexion de hanche supérieure à 70° est en faveur
réponse négative au test, il y a donc peu de chance
de troubles vertébraux lombaires ou de la jonc-
d’être en présence d’une hernie discale. Falconner
tion sacro-iliaque. Dans ce cas, il faut envisager le
et al. décrivent que le nerf coulisse normalement
test en flexion de hanche bilatérale (voir ci-après).
de 2 à 6 mm lors du test de Lasègue, alors qu’il
Le bilateral straight leg raising test est publié
serait bloqué en présence d’une hernie, ce qui
dans certains ouvrages. Ce test avec flexion
crée la douleur [75].
bilatérale passive des membres inférieurs vient
Le test de Lasègue est réalisé du côté lésé ou du
en complément du test décrit ci-avant. Du fait
côté présentant des irradiations. On lui associe le
qu’il existe un risque d’aggravation de patho-
test de Lasègue controlatéral ou cross straight leg
logies discales sous-jacente par sa réalisation, il
raising test sur le côté du membre controlatéral
ne figure pas parmi les tests présentés dans ce
à la douleur et aux irradiations. La douleur du
chapitre.
Objectif clinique :
• évaluation de l’origine radiculaire de la douleur
de type sciatique.
Intérêts ostéopathiques :
• recherche des tensions des nerfs périphériques
(sciatique essentiellement) ;
• évaluer les structures myofasciales au niveau
lombaire ;
• évaluer les tensions des loges musculaires glu-
téales et postérieures de la cuisse, des struc-
tures articulaires et ligamentaires sacro-iliaques,
coxales.

Figure 10.3. Test de Lasègue. Slump test


Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien soulève le
talon du sujet par une prise postérieure tout en maintenant
le genou en extension par un appui antérieur. Il réalise une Le test de Lasègue peut s’avérer négatif dans
dorsiflexion de la cheville du patient. Le patient réalise certains cas de hernie discale. Le slump test sem-
une flexion cervicale simultanée. Test positif : douleur
ble plus spécifique pour objectiver une origine
au niveau de la cuisse, de la jambe et/ou des lombaires.
Le test est réalisé ensuite du côté opposé à la lésion sciatique [156]. Ce test est plus sensible en raison
supposée. de l’étirement de la moelle épinière que l’on
152 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

crée par la flexion cervicale. Le test de Lasègue Il convient d’observer tout changement symp-
offre plutôt un étirement des racines nerveuses. tomatique intervenant dans chacune des phases
Par ailleurs, le test de Lasègue engendre parfois montrées dans la figure 10.4.
des faux positifs par les tensions musculaires des Objectif clinique :
ischiojambiers et/ou des gastrocnémiens [156]. • réalise une série de manœuvres pour amener le
Variante du test de Lasègue, le slump test est nerf sciatique en tension croissante.
réalisé en position assise, ce qui peut faciliter Intérêt ostéopathique :
l’investigation médicale/ostéopathique sur des • évaluer les tensions globales selon un concept
patients algiques. de chaînes postérieures.

Figure 10.4. Slump test.


a) Phase 1. Le patient est assis. Le praticien maintient la tête du patient droite par une prise occipitomentonnière.
b) Phase 2. Le praticien réalise une flexion cervicale en amenant la tête du patient antérieurement. c) Phase 3. Le praticien,
tout en maintenant les cervicales en flexion, amène le genou homolatéral du patient en extension. d) Phase 4. Le patient
maintient la flexion cervicale. Le praticien réalise une dorsiflexion de la cheville homolatérale, genou en extension.
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 153

Spring test que processus de facilitation par Korr. Mackenzie


décrit le spasme musculaire engendré localement
Le spring test [69] ou « test de la sonnette » (à ne par cette boucle réflexe. Ce concept est développé
pas confondre avec le test de la sonnette de Korr par Maigne dans la théorie de la «  dysfonction
décrit plus bas) met en valeur une douleur exquise intervertébrale mineure » et le ressenti palpatoire
à la pression de part et d’autre de l’épineuse de la des structures musculaires associées au niveau
vertèbre considérée, au niveau des muscles para- vertébral.
vertébraux à l’émergence de la racine nerveuse Objectif clinique :
(figure 10.5). Ce test est relativement fiable pour • l’appui de part et d’autre immédiate du proces-
mettre en évidence une origine herniaire de la sus épineux de la vertèbre, au niveau des masses
douleur. Ce test couplé au slump test et au test de paravertébrales et de l’émergence de la racine
Lasègue procure une bonne spécificité à l’examen. nerveuse, met en évidence une radiculalgie dans
On note à ce titre qu’une étude portant sur le territoire sensitif en correspondance.
18 sujets féminins montre qu’une pression anté- Intérêts ostéopathiques :
ropostérieure de près de 10 kg sur une épineuse • évaluation pré-/post-traitement ostéopathique ;
lombaire (L3 dans l’expérimentation) n’a pas • palpation des structures musculaires et fasciales
d’effet sur sa mobilité antéropostérieure [201]. autour du niveau vertébral ;
Ce résultat montre que ce n’est pas la mobilité • au-delà de l’application orthopédique, ce test
de la vertèbre qui est évaluée dans le spring test peut être envisagé dans l’investigation de la
mais la réponse à la compression au niveau de douleur référée d’origine viscérale ;
l’émergence de la racine nerveuse spinale. Si la • mobilité des segments vertébraux lombaires.
vertèbre elle-même ne bouge pas, il existe en
revanche un mouvement du segment vertébral
sous-jacent à la vertèbre sur laquelle est exercée Test de l’étirement
la pression [69]. du nerf fémoral
En parallèle, on note la description du « test de
la sonnette » de Korr. Cette description est fondée Si le test de Lasègue permet d’évaluer L5-S1,
sur les résultats cliniques de Makenzie au début le test de mise en tension du nerf fémoral per-
du XXe siècle. La relation qui existe entre la lésion met de tester des radiculopathies hautes (L2-
viscérale et le niveau vertébral correspondant L4) (figure  10.6). Le test d’étirement du nerf
déclenche une « boucle réflexe » théorisée en tant fémoral ou «  test de Léri  » est présenté dans
sa version modifiée [46,  178,  263]. Ce test est
décrit comme ayant une haute sensibilité pour les
niveaux L2-L3 et L3-L4. Les résultats des études
précitées renforcent le concept qu’une combinai-
son de tests est nécessaire pour orienter le niveau
de lésion et donc le diagnostic de radiculopathie,
en précisant la haute fiabilité des signes suivants
ou de leur combinaison :
• L2 : hypersensibilité ou perte de sensibilité de la
face antérieure de la cuisse ;
• L3 : test d’étirement du nerf fémoral8 positif ;

Figure 10.5. Spring test.


Le patient est décubitus ventral. Le praticien réalise un
appui avec la pulpe des pouces de part et d’autre de
l’épineuse de l’étage vertébral considéré. 8. Manœuvre de Léri.
154 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

du côté du membre opposé. Le résultat positif


à l’un des deux tests suffira, en plus des signes
spécifiés plus haut, pour soupçonner une lésion
des lombaires hautes.
Objectif clinique :
• reproduire la symptomatologie douloureuse et
les irradiations et objectiver une atteinte des
racines lombaires spinales hautes.
Intérêts ostéopathiques :
• palpation distale des insertions et test des corps
musculaires des muscles ischiojambiers ;
Figure 10.6. Test de l’étirement du nerf fémoral. • évaluation de la tension du muscle droit fémoral.
Le praticien positionne la main supérieure au niveau du
creux poplité du membre à tester. Il amène le genou en
flexion maximale tolérée. Test positif : douleur à type
d’irradiation au niveau de la face antérieure de la cuisse
Signe de Trendelenburg
du membre testé.
Les contributions de F. Trendelenburg à la méde-
cine sont multiples. Il ne faut pas confondre :
• L4 : • la position de Trendelenburg  : adoptée dans
– abolition du réflexe rotulien et test d’étire- certaines chirurgies du pelvis, sur une table en
ment du nerf fémoral positif, déclive ;
– hyperesthésie en face médiale de la cheville ; • le test de Trendelenburg  : un test vasculaire
• test croisé d’étirement du nerf fémoral positif. pour évaluer l’état des valvules veineuses du
Dans la plupart des cas, l’irradiation d’une lom- membre inférieur ;
balgie haute L2 ou L3 est localisée respectivement • le signe (ou démarche) de Trendelenburg, qui
vers la région pubienne ou vers la face antérieure a été décrit initialement par Trendelenburg en
de la cuisse (douleur projetée). Par ailleurs, plu- 1895 pour évaluer les patients avec suspicion
sieurs études précisent que les hernies discales de « subluxation » congénitale de hanche. Il est
supérieures au niveau L4 sont peu fréquentes. également observé lors de la paralysie du moyen
C’est S. Wassermann qui décrit ce test de et/ou du petit fessier.
l’étirement du nerf fémoral en 1918, tel qu’il Le signe de Trendelenburg permet d’objectiver
le réalisait sur les soldats présentant des irra- la composante d’abduction du moyen fessier par
diations sur la face antérieure de la cuisse en un test positionnel (figures 10.7 à 10.9). L’objec-
l’absence d’un test de Lasègue positif. Le test tif du test original est de mesurer précisément
d’étirement du nerf fémoral positif est décrit par l’angle de bascule du bassin devant une faiblesse
A.N.  Christodoulides en 1989 comme le signe musculaire du groupe des adducteurs et plus spé-
«  pathognomonique  » de la protrusion L4/L5 cifiquement du muscle moyen fessier. La hanche
[46,  178,  263], que l’on nuancera aujourd’hui est fléchie et le genou est haut dans la version
du fait des résultats d’études plus récentes. Ainsi, modifiée du test original par Kenji et  al. [79].
de nombreuses études rapportent le test tantôt Le fait que le patient soit en mesure de tenir la
réalisé sur le membre inférieur concerné par la position est le critère majeur de cette version du
douleur/irradiation (femoral stretch test), tantôt signe de Trendelenburg.
sur le membre inférieur opposé (crossed-femoral Objectif clinique :
stretch test). Aucune véritable étude ne publie des • évaluation de la faiblesse musculaire du groupe
résultats de sensibilité ou spécificité. Ce ne sont des muscles adducteurs et plus spécifiquement
que des études de cas qui motivent la description du muscle moyen fessier.
de ce test selon ses deux versions, l’étirement Intérêt ostéopathique :
d’abord du côté du membre douloureux, puis • évaluation des déficits posturaux potentiels.
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 155

Figure 10.7. Signe de Trendelenburg. Figure 10.9. Signe de Trendelenburg positif.


Le patient est debout, pieds serrés. Le praticien immo-
bilise le patient du côté du grand trochanter testé pour
éviter que celui-ci ne bouge, sans toutefois le repousser
en médial. Le patient fléchit la hanche du côté sain, en
levant haut le genou. Test positif : le patient ne peut pas
Tests spécifiques
tenir la position. de la jonction sacro-iliaque
Six tests sont proposés dans ce paragraphe pour
l’évaluation de la jonction sacro-iliaque. La combi-
naison de trois ou plus d’entre eux a une fiabilité
élevée pour objectiver l’origine sacro-iliaque de la
douleur [24]. La douleur, si elle est reproduite,
est le signe positif de chacun de ces tests :
• test en écartement des ailes iliaques (test
d’Ericksen ou de Verneuil) ;
• test de compression de l’iliaque controlatérale ;
• test de cisaillement des iliaques (test de Gaenslen) ;
• test en compression verticale ;
• test en appui sur le sacrum (ou test d’enfonce-
ment du sacrum) ;
• drop test (test actif).
On peut observer la grande similarité de position-
nement et de mouvement avec certains tests ostéo-
pathiques. Les points importants pour la réalisation
de ces tests dans un contexte médical sont [24] :
• appliquer assez de forces pour mettre en ten-
sion les jonctions sacro-iliaques et leurs puis-
Figure 10.8. Signe de Trendelenburg.
sants ligaments ;
Parfois, on observe une compensation pour tenir • un poids minimal de 25  kg serait nécessaire,
l’équilibre. notamment pour le test de Gaenslen ;
156 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

• l’appui doit être maintenu au moins 20 secondes, Test de compression


sauf en cas d’apparition de la douleur ; de l’iliaque controlatérale
• la douleur décrite par le patient lors du test doit
être similaire à celle de la symptomatologie. Ce test (compression test), représenté à la
Le test de Patrick (ou test de «  FABER  ») figure  10.11, peut être utile pour l’ostéopathe
est décrit dans le chapitre  11. Test privilégié de dans l’évaluation par la palpation des structures
l’articulation coxofémorale (par exemple dans les ligamentaires, avec une main au niveau de la
cas supposés d’arthrose), sa réalisation permet jonction sacro-iliaque. Ce test évalue l’ouverture
de mettre en tension les ligaments sacro-iliaques et la mobilité de l’articulation sacro-iliaque [223].
antérieurs et « ouvre » antérieurement la jonction Objectifs cliniques :
sacro-iliaque. • compression de la partie antérieure de la sacro-
iliaque. Objective l’ouverture, la mobilité de
l’articulation sacro-iliaque ;
• étirement des ligaments sacro-iliaques pos-
Test en écartement des iliaques térieurs.
Intérêts ostéopathiques :
Ce test (distraction ou gapping test) est décrit avec • évaluer les dysfonctions ostéopathiques des
une compression des deux iliaques simultanément iliaques et de l’articulation sacro-iliaque ;
(figure  10.10). Une deuxième phase du test • mise en place pour certaines techniques ostéo-
peut être envisagée en testant alternativement les pathiques.
iliaques droit et gauche. Toutefois, cette modifica-
tion ne bénéficie d’aucune étude a priori.
Objectif clinique : Test de cisaillement
• la reproductibilité de la symptomatologie signe des iliaques (test de Gaenslen)
l’origine sacro-iliaque de la douleur.
Intérêt ostéopathique : Ce test consiste à réaliser une mise en torsion du
• évaluer les dysfonctions de la sacro-iliaque bassin par les tractions différenciées des mem-
(conversion/rotation d’iliaque). bres inférieurs  ; le praticien réalise une traction

Figure 10.11. Test de compression de l’iliaque


controlatérale.
Figure 10.10. Test en écartement des iliaques. Le patient est en décubitus latéral, sur le côté à tester. Le
Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien, bras praticien positionne ses deux mains sur la crête iliaque. Il
croisés, positionne les paumes de main sur les épines réalise un appui latéral sur la crête iliaque pour faire bailler
iliaques antérosupérieures, entre les éminences thénar la jonction sacro-iliaque. Effectuer le test sur les deux
et hypothénar. Il réalise un appui latéro-antéro-postérieur côtés du décubitus [24]. Test positif : reproduit la douleur
(contre la table) des iliaques. Test positif : reproduit la au niveau sacro-iliaque. N.B. : Le praticien peut réaliser le
douleur au niveau sacro-iliaque. test avec un appui du thorax contre la crête iliaque.
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 157

Figure 10.12. Test de cisaillement des iliaques (test de Figure 10.13. Test en compression verticale.
Gaenslen). Le praticien fixe le sacrum du patient avec la main. Il
Le patient amène son genou en flexion maximale du côté applique une poussée directe antéropostérieure dans l’axe
de la sacro-iliaque à tester et le maintient avec les mains. du fémur vers la table. Test positif : reproduit la douleur au
Le praticien saisit la partie distale du tibia et pose son niveau sacro-iliaque. N.B. : Éviter la composante d’adduc-
avant-bras sur le genou et la partie proximale du tibia du tion qui est souvent douloureuse pour le patient [223].
patient. Cet appui de l’avant-bras permet au praticien
d’appliquer une force supéropostérieure sur le genou en
flexion en prenant soin de ne pas écraser les mains du Intérêt ostéopathique :
patient. Le praticien réalise une poussée postérieure sur
le genou controlatéral. Test positif : reproduit la douleur au • test de mobilité du sacrum en préambule aux
niveau sacro-iliaque. tests d’inflexion.

Test d’enfoncement du sacrum


du membre inférieur en appliquant des forces
opposées au niveau des genoux du patient Ce test préfigure le positionnement pour la réa-
(figure  10.12). Ce test évalue l’ouverture et la lisation de tests ostéopathiques pour l’évaluation
mobilité de l’articulation sacro-iliaque [223]. des dysfonctions du sacrum (figure 10.14).
Objectifs cliniques : Objectif clinique :
• compression de la partie antérieure de la sacro- • compression en nutation du sacrum entre les
iliaque ; deux jonctions sacro-iliaques.
• étirement des ligaments sacro-iliaques pos-
térieurs.
Intérêts ostéopathiques :
• lors de la mise en place du test, le patient amène
son genou en flexion, ce qui permet un test de
la tension des psoas ;
• évaluer les dysfonctions ostéopathiques des
iliaques et de l’articulation sacro-iliaque.

Test en compression verticale


La poussée dans l’axe du fémur avec le maintien
du sacrum provoque un cisaillement de la jonction
sacro-iliaque homolatérale [24] (figure 10.13).
Figure 10.14. Test d’enfoncement du sacrum.
Objectif clinique : Le praticien appuie sur l’apex sacré, procède à l’ouverture
• compression du sacrum entre les deux jonctions des sacro-iliaques et amène le sacrum en nutation. Test
sacro-iliaques. positif : reproduit la douleur au niveau sacro-iliaque.
158 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Intérêt ostéopathique : effectué les manœuvres cliniques, et ce afin d’éviter


• test de mobilité du sacrum en préambule aux de falsifier la réponse du patient à la douleur. Ces
tests d’inflexion. manœuvres nécessitent d’être maintenues plusieurs
secondes (10 à 15 secondes) [170].
Drop test
Ce test est cité en complément des précédents Test d’étirement de Freiberg
pour la jonction sacro-iliaque. Il n’est pas signifi-
catif à lui seul et sert davantage à confirmer un des Ce test vise l’étirement spécifique du muscle
signes fonctionnels du patient qui décrirait une piriforme (figure  10.16). La position peut être
douleur « à chaque impact lors de la descente des réalisée par le praticien en guise d’étirement mus-
escaliers » (figure 10.15). culaire.
Objectif clinique : Objectif clinique :
• évaluation de l’origine sacro-iliaque de la dou- • reproduire la symptomatologie dans une
leur. recherche de spasme du muscle piriforme.
Intérêt ostéopathique : Intérêt ostéopathique :
• avant de réaliser le test, la seule description de la • montrer au patient un exercice d’étirement
douleur « en descendant les escaliers » est une musculaire du muscle piriforme.
information à prendre en compte.

Tests spécifiques Manœuvre talon-genou


du syndrome du muscle controlatéral (TG-CL)
piriforme Ce test ne bénéficie d’aucune étude spécifique
[170] (figure  10.17). Toutefois, il présente un
La littérature décrit des tests cliniques pour diagnos- intérêt dans l’exploration de certaines douleurs de
tiquer un syndrome du muscle piriforme (SMP). hanche, essentiellement chez le sujet sportif et/
Aucun d’entre eux n’a cependant fait l’objet d’une ou d’une grande souplesse.
publication validant sa fiabilité. La palpation d’un Objectif clinique :
muscle piriforme spasmé est douloureuse. Il est • reproduire la symptomatologie dans une
donc préférable de palper le muscle après avoir recherche de spasme du muscle piriforme.

Figure 10.15. Drop test. Figure 10.16. Test d’étirement de Freiberg.


Le patient se positionne en appui sur la pointe de pied Le patient est en décubitus dorsal, la hanche fléchie de
du côté à tester. Il relâche brusquement l’appui pour venir 30 à 45 degrés, le genou en extension. L’examinateur
s’écraser sur le talon. Test positif : reproduit la douleur au provoque une rotation médiale et une adduction du
niveau sacro-iliaque. membre inférieur atteint.
Chapitre 10. Région lombo-abdomino-pelvienne 159

Objectif clinique :
• reproduire la symptomatologie dans une
recherche de spasme du muscle piriforme.
Intérêt ostéopathique :
• montrer au patient un exercice d’étirement
musculaire du muscle piriforme.

Manœuvre de contraction
résistée de Beatty
Lors de la parution de son test en 1994, Beatty a
Figure 10.17. Manœuvre talon-genou controlatéral.
Le patient passe lui-même le talon de son pied sur son
rapporté que c’est la contraction active du muscle
membre inférieur douloureux au-dessus du genou contro- piriforme spasmé qui signe le syndrome du piri-
latéral. La hanche du côté atteint est en rotation latérale forme et non la douleur reproduite à l’étirement
extrême et flexion. Le genou est en flexion. Le praticien passif du membre. Par ailleurs, l’auteur précise
fléchit la hanche controlatérale du patient au maximum.
Test positif : reproduit la symptomatologie.
que la douleur est reproduite essentiellement au
niveau du grand trochanter et non au niveau de la
région fessière (figure 10.19).
Intérêt ostéopathique :
• montrer au patient un exercice d’étirement
musculaire du muscle piriforme. Autre test à envisager face
à une douleur lombaire
Manœuvre active : FAIR (flexion,
adduction and internal rotation) Percussion des fosses
lombaires (test de Giordano)
Cette manœuvre préfigure la mise en place de
certains tests et de techniques ostéopathiques sur Comme décrit dans le paragraphe « Origine uro-
le muscle piriforme (figure 10.18). logique de la douleur lombaire », l’atteinte d’un

Figure 10.19. Manœuvre de Beatty.


Le patient est en décubitus latéral du côté sain. Du côté
douloureux, la hanche et le genou sont en flexion, de telle
sorte que la face médiale du genou soit en appui sur la
Figure 10.18. Manœuvre active : FAIR. table d’examen et que le pied soit en crochet derrière la
Le patient est en décubitus dorsal. Le membre à tester est jambe du membre sain. Le patient effectue une rotation
placé et emmené en adduction, rotation médiale, genou et latérale et une abduction. La douleur est reproduite
hanche en flexion à 90 degrés. lorsque le praticien effectue une contre-résistance.
160 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

rein crée une douleur lombaire controlatérale au


rein pathologique. Cette douleur peut être mise
en exergue par la pression avec la pulpe du pouce
au niveau de la région de l’extrémité latérale de
la 12e  côte. Le test médical consiste à effectuer
une percussion des fosses lombaires au niveau
de la région rénale ; il s’agit du test de Giordano
(figure 10.20). Ce test doit être réalisé avec pré-
caution si les prémisses d’une pyélonéphrite sont
soupçonnées. La palpation de l’angle costoverté-
bral de la 12e côte (décrite par J. Mackenzie) est
prépondérante et sera réalisée avant d’envisager Figure 10.20. Test de Giordano.
une percussion des fosses lombaires. Cette percus- Repérage anatomique de la position du rein en projection
sion n’est pas réalisée si la palpation révèle une postérieure. Le praticien place sa paume de main au
niveau de l’angle costovertébral de la 12e côte. Il percute
douleur exquise des fosses lombaires. À noter que le dos de cette main avec le poing de l’autre main, de
la percussion au niveau des muscles paraverté- manière très progressive. Le praticien avertit le patient de
braux spasmés peut être douloureuse, avec un son geste.
territoire qui s’étend le long des muscles.
Ce test est un outil clinique important dans
l’investigation clinique des pathologies rénales. Il nausées et des vomissements sont les signes généraux
peut être un élément de diagnostic d’opportunité mais typiques dans le cas d’une pyélonéphrite débu-
pour l’ostéopathe dans le cadre d’une pathologie tante, et seront a fortiori des critères de réorienta-
rénale débutante. Une fièvre, des frissons, des tion du patient en urgence vers un médecin.
Chapitre 11
Région appendiculaire inférieure
Présentation essentiellement la hanche et le genou. Lorsqu’elle
est présente, l’arthrose des membres inférieurs est
Marcher de manière efficace et avec un risque rapidement invalidante car elle atteint des arti-
minimal de blessure nécessite que le bassin soit culations qui portent le poids du corps. Si le
robuste. La structure doit permettre de maximiser mouvement est douloureux en phase aiguë, l’acti-
les bras de levier musculaires pour minimiser vité physique régulière est vivement conseillée en
la charge. Le rôle des muscles du pelvis est phase chronique non douloureuse pour conserver
prépondérant dans la statique et la dynamique une tonicité1. L’arthrose ne bénéficie aujourd’hui
de la marche (voir chapitre 10). Les liens relatifs d’aucune thérapeutique spécifique ; il n’existe que
au membre inférieur sont traités dans ce chapitre des traitements symptomatiques visant à soulager
tout comme le chapitre 10. la douleur. L’arthrose consiste en une usure pré-
La torsion qui s’est opérée sur les membres infé- maturée qui résulte de l’association de plusieurs
rieurs lors du passage à la bipédie rend complexe mécanismes et de plusieurs facteurs  : surpoids,
l’interprétation des liens musculo-aponévrotiques entorses à répétition mal soignées, sport de haut
entre le haut du corps et les membres inférieurs, niveau, couture, claviers, etc. Elle est souvent
au-delà de la physiologie articulaire pure. À ce considérée comme une fatalité liée à l’âge, mais
titre, des travaux récents mettent en évidence elle peut avoir des étiologies diverses  : métabo-
l’influence de l’angle de torsion du fémur et de la lique, génétique, dégénérative, traumatique, etc.
torsion des ligaments de la hanche sur la stabilité Ce qu’on fait subir à ses articulations compte sans
du bassin [208]. doute plus que l’âge.
Dans l’examen du membre inférieur, aussi dis-
tal que soit le motif de consultation, la hanche
est inévitablement à considérer par l’ostéopathe.
Certains muscles de la région appendiculaire infé- 1. Hanche
rieure et plus particulièrement de la hanche ont Présentation
des insertions aussi proximales que la colonne
lombaire et aussi distales que le tibia (notion
La hanche est le lien articulaire entre le haut et le
de bras de levier). Cela argumente en faveur
bas du corps et nécessite de ce fait une attention
d’une investigation au minimum de l’ensemble
toute particulière tant au niveau des structures
des membres inférieurs, du bassin et de la colonne
qu’au niveau de sa biomécanique. La profondeur
lombaire devant tout motif de consultation au
de l’articulation rend l’abord palpatoire difficile.
niveau de la région appendiculaire inférieure.
La hanche est souvent négligée dans l’examen
S’il existe une arthrose possible au niveau de
clinique. L’utilisation des tests médicaux dans la
la région appendiculaire inférieure, elle n’est pas
aussi fréquente que l’arthrose située au niveau de
la colonne vertébrale ou des doigts. Néanmoins, 1. La gymnastique aquatique bénéficie à ce titre d’un
l’arthrose des membres inférieurs existe et touche réel intérêt.

Maîtriser l’examen clinique en ostéopathie


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162 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 11.1. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique de la hanche.


(Source : P. Gadet.)
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 163

Figure 11.1. (suite)


164 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

démarche d’un diagnostic ostéopathique offre Dans ce cas notamment, une altération de l’état
à l’ostéopathe des outils supplémentaires dans général associée à une douleur persistante de la
l’exploration de la hanche. Les tests et points hanche sont des facteurs de réorientation vers
spécifiques relevés au cours de l’examen clinique un médecin.
et proposés dans cette section permettent d’inves-
tiguer les différentes structures [161] :
• articulaires (osseuses) ; Douleur de hanche
• capsuloligamentaires ;
• musculotendineuses ; Les éléments suivants peuvent aggraver une dou-
• neurovasculaires. leur dont l’origine serait la hanche [39] :
Les tests adaptés à un examen clinique local et • torsion de la hanche (tourner sur place, changer
régional sont développés plus loin ; ils complètent de direction brutalement) ;
l’approche ostéopathique qui reste avant tout • position assise inconfortable, notamment en
globale. voiture avec assise basse (flexion de hanche
La figure 11.1 présente la fiche de synthèse de > 110°) ;
l’examen clinique ostéopathique de la douleur • monter/descendre de voiture ;
de hanche. • se mettre debout en partant de la position assise ;
• difficulté pour monter/descendre les escaliers ;
• difficultés pour se pencher et mettre ses chaus-
Pathologies de la hanche sures/chaussettes ;
• dyspareunie.
Devant un patient qui consulte l’ostéopathe en Le geste réalisé par un patient qui décrit une
première intention pour une douleur de hanche, douleur de hanche est souvent la main qui englobe
quelques-unes des pathologies suivantes sont à sa hanche douloureuse avec la 1re  commissure.
considérer : Ce signe typique de la main qui forme un « C »
• les traumatismes à l’origine de douleurs de enveloppant la hanche est dénommé C-sign
hanche. Une fracture de la hanche (col du (figure  11.2) [63]. Ce signe est souvent celui
fémur) entraîne une douleur importante, utilisé par un patient qui décrit une douleur de
l’impossibilité de se relever et de s’appuyer sur hanche ayant pour origine un conflit fémoro-
la jambe. L’ostéopathe reste prudent devant acétabulaire.
une personne âgée ou une femme ménopausée Les pathologies de la hanche d’origine intra-
qui consulte en première intention pour une articulaire provoquent typiquement une douleur
douleur de hanche (suspicion d’ostéoporose ou au niveau du pubis avec une possibilité d’irra-
de fracture de fatigue) ; diation vers les genoux. Par conséquent, devant
• l’arthrite septique de la hanche : toute gonalgie, l’évaluation de la hanche revêt un
– douleur de type inflammatoire, intérêt majeur.
– si les prodromes ne permettent pas un diag-
nostic médical évident, l’ostéopathe reste La hanche qui « claque »
vigilant si son traitement ne semble pas effi-
cace à court terme ; La hanche qui «  claque  » (snapping) n’apparaît
• coxarthrose : la douleur au pli de l’aine avec des pas d’emblée comme un signe attestant la pré-
irradiations possibles mais sans hypoesthésie et sence d’une réelle problématique [39]. Parfois
déficit moteur sont des signes typiques de la associé à une douleur localisée, le claquement est
coxarthrose ; causé par le passage d’un tendon ou d’un liga-
• syndrome du piriforme (voir chapitre 10) ; ment sur un petit massif osseux [202] : le tractus
• pathologies des régions urogénitale ou gastro- iliotibial, le tendon du droit fémoral ou celui de
intestinale : ces pathologies peuvent mimer une l’iliopsoas sont souvent cités comme les « tendons
douleur ou une gêne au niveau de la hanche. qui claquent ». La cause serait essentiellement liée
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 165

Origine dorsolombaire
de la douleur de hanche
D’un point de vue neurologique, il est important
de noter que les territoires d’innervation des
vertèbres thoraciques inférieures (T12) et des ver-
tèbres lombaires supérieures (L1, L2) sont situés
au-dessous du niveau de leur racine spinale. Ils
sont localisés au niveau des régions glutéales (voir
chapitre  2). Une dysfonction du segment verté-
bral qui s’étend de la charnière thoracolombaire à
la jonction lombosacrée peut engendrer une dou-
leur à distance de son origine. Mise en avant par
R. Maigne, la dysfonction de la 12e vertèbre peut
ainsi mimer une douleur de type sacro-iliaque
ou une douleur de hanche («  fausse douleur de
hanche ») [153, 155].

Tests médicaux
de la hanche
Compte tenu des éléments rapportés dans les
Figure 11.2. Le C sign de la douleur de hanche. paragraphes précédents, un grand nombre des
tests de la région lombo-abdomino-pelvienne
peuvent amener à considérer la hanche comme
origine d’une problématique. Inversement, cer-
à une tension desdits muscles, pouvant entraîner tains tests de la hanche peuvent amener à penser
dans certains cas une bursite (essentiellement au que les troubles peuvent avoir une origine lombo-
niveau du grand trochanter) ou une tendinopa- abdomino-pelvienne. De nombreux liens propo-
thie. Cette approche argumente une fois de plus sés dans le cadre de l’investigation de la lombalgie
en faveur du bénéfice de la palpation et des tests peuvent être considérés dans l’examen clinique
ostéopathiques des structures musculaires envi- de la douleur de hanche. Notamment, les tests de
ronnantes pour établir un diagnostic fonctionnel sacro-iliaque présentent un intérêt dans l’examen
ostéopathique. de la hanche.

Syndrome du muscle piriforme


Le syndrome du muscle piriforme est intégré à 2. Genou
l’investigation de la lombalgie (voir chapitre 10),
avec des tests cliniques spécifiques associés [169]. Présentation
Michel et al. précisent que l’on peut observer un
muscle piriforme spasmé sur un patient en décu- Articulation intermédiaire portante du membre
bitus dorsal, avec le membre inférieur en rotation inférieur, le genou est exposé à des sollicita-
latérale majorée du côté du muscle piriforme tions mécaniques très élevées et à des forces
spasmé (muscle rotateur latéral lorsque la hanche considérables par les appuis au sol. Le complexe
est en extension) [169]. ligamentaire sophistiqué et la superficialité des
166 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

articulations le rendent vulnérable aux chocs – latéral :


latéraux. D’une grande stabilité en extension, – syndrome de la bandelette iliotibiale (ten-
le genou est défini selon deux degrés de liberté dinite du fascia lata ou «  syndrome de
(flexion-extension) auxquels s’ajoute une rotation l’essuie-glace »),
en flexion. Celle-ci lui octroie la mobilité néces- – lésion méniscale,
saire à la marche. Selon ces considérations et dans – inflammation synoviale ;
l’exploration des troubles musculosquelettiques – postérieur :
du membre inférieur, l’examen du genou est pré- – phlébite (douleur au niveau des mollets),
pondérant au niveau ostéopathique. L’évaluation – kyste poplité (n’est pas douloureux en lui-
clinique médicale du genou est d’une grande même) ;
valeur diagnostique, avant même d’envisager tout – médial :
examen d’imagerie [157], tout en sachant que les – lésion méniscale,
examens complémentaires et leur facilité d’accès – inflammation synoviale,
minimisent la valeur de l’examen clinique de cette – tendinite de la « patte d’oie » ;
articulation hypersollicitée [228]. L’exploration • mode évolutif :
clinique de l’articulation permet de confirmer – apparition brutale (avec ou sans interruption
la présence d’une pathologie et, en parallèle des immédiate des activités),
informations recueillies grâce aux tests médicaux, – blocage (lésion méniscale),
il est possible d’envisager une prise en charge – sensation de claquage, avec dérobement,
ostéopathique optimale. instabilité (lésion ligamentaire),
La figure 11.3 présente la fiche de synthèse de – apparition progressive, insidieuse, sans événe-
l’examen clinique ostéopathique du genou. ment traumatique ;
• type :
– mécanique,
– inflammatoire  : a priori réorientation médi-
cale si non investiguée au préalable.
Évaluer le genou
Examen palpatoire
L’examen clinique du genou par les tests médi-
caux évalue les points suivants [228] : L’abord clinique ostéopathique palpatoire du
• le complexe fémoropatellaire et son rôle dans genou est similaire à l’abord médical :
l’extension ; • évaluer d’abord le genou asymptomatique et
• une lésion méniscale ou cartilagineuse ; comparer. La patella et les structures péri-
• l’instabilité du genou ; articulaires présentent un intérêt majeur dans
• la douleur. cet examen du genou ;
Afin d’orienter le choix des examens cliniques, • comparer la symétrie des volumes musculaires,
les critères de la douleur peuvent être associés à de notamment du faisceau vaste médial du qua-
potentielles pathologies : driceps (stabilité de la patella) ;
• siège de la douleur : • rechercher des points sensibles au niveau des
– antérieur : structures suivantes :
– tendinite, – patella  : rechercher des craquements lors de
– tendinopathie d’insertion, sa mobilisation passive,
– instabilité patellaire, – tubérosité tibiale,
– ostéochondrose (ostéochondrite disséquante), – tendon patellaire,
– chondrocalcinose, – interlignes articulaires : la palpation des inter-
– bursite, lignes articulaires est d’une grande valeur
– syndrome d’Osgood-Schalter (œdème asso- pour argumenter en faveur d’une pathologie
cié en général), méniscale, surtout accompagnée d’un test de
– arthrose, arthrite ; Lachman positif [26, 49].
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 167

La palpation par l’ostéopathe est propre à diagnostiquées, peuvent bénéficier d’une prise en
l’analyse des tissus et de leurs dysfonctions. On charge ostéopathique dans un contexte de bilan
la corrèle de manière optimale à une recherche global des déséquilibres et dysfonctions tissulaires.
des zones sensibles dans la palpation de l’examen
médical. Certaines zones sensibles sont décrites
spécifiquement lors de l’examen médical dans le Syndrome fémoropatellaire
but d’un diagnostic d’opportunité. Les critères
Le syndrome fémoropatellaire est une cause pro-
d’Ottawa de Stiell sont un outil présentant un réel
bable des douleurs de genou antérieures, affectant
intérêt pour l’ostéopathe en vue de la réorienta-
deux fois plus les femmes que les hommes [199].
tion du patient vers un médecin.
Ce syndrome, lorsqu’il est présent, apparaît sans
modification posturale statique ni lésion cartila-
Les critères d’Ottawa : gineuse a priori. Quelques-uns des éléments et
signes de réorientation des structures qui peuvent intervenir dans le syn-
drome fémoropatellaire sont :
en première intention
• le muscle quadriceps (déséquilibre des faisceaux
Les critères d’Ottawa pour le genou [25] sont vastes médial et latéral) ;
essentiels face à un genou douloureux pour lequel • les muscles abducteurs de hanche ;
un patient consulte l’ostéopathe en première • la faiblesse des muscles rotateurs de hanche ;
intention (figure 11.4). Ils sont une première bar- • la rotation interne du tibia due à une éversion
rière de réorientation vers le médecin. Il est de l’arrière-pied ;
probable qu’un patient se rende d’emblée chez • la tension du tractus iliotibial ;
l’ostéopathe pour une douleur de genou consécu- • le déséquilibre des tensions des ischiojambiers ;
tive à un traumatisme. Également, les ostéopathes • le syndrome genou-colonne (le lien entre la
présents lors de manifestations sportives peuvent position du sacrum et le syndrome fémoropa-
avoir recours aux critères d’Ottawa dans le cadre tellaire est le syndrome genou-colonne [199]).
d’un schéma décisionnel optimisé. Rétablir la force musculaire est naturelle-
ment le rôle du kinésithérapeute. L’ostéopathe
recherchera à rétablir l’équilibre de force et à
Pathologies et douleurs déterminer l’origine de ce déséquilibre, notam-
du genou ment selon les influences fasciales.

Il existe différentes pathologies liées au complexe Kyste poplité


articulaire du genou. Dans la fiche de synthèse
présentée à la figure 11.3, sont citées essentielle- Le kyste poplité est le plus fréquent des kystes
ment les plus fréquentes et celles qui peuvent synoviaux. Fréquent après 50  ans dans les cas
plus favorablement intéresser l’ostéopathe en pre- d’épanchement articulaire chronique, il est fré-
mière intention ou dans le cadre d’une prise en quemment la signature d’une lésion méniscale
charge pluridisciplinaire. La rupture ou l’atteinte et peut apparaître consécutivement à un trauma-
ligamentaire, les lésions méniscales  ou carti- tisme. La synoviale sécrète alors une grande quan-
lagineuses  sont les pathologies les plus fré- tité de liquide en réaction (hydarthrose) et forme
quentes. Elles sont prioritairement du ressort une masse souvent volumineuse dans la partie
de la médecine lorsqu’elles surviennent après un postérieure du genou. La pression au niveau de la
traumatisme. L’accompagnement ostéopathique capsule articulaire augmente et s’épand vers le
est bénéfique dans un second temps. D’autres creux poplité. Le diagnostic médical est essen-
pathologies sont davantage présentes chez les tiellement palpatoire. Le kyste synovial est une
sujets de 50 à 60 ans, comme les crises de goutte masse liquidienne, ni battante, ni douloureuse à la
et la chondrocalcinose. Chez l’adolescent, les palpation [197]. Compte tenu des diagnostics dif-
maladies d’Osgood-Schlatter et de Sever, une fois férentiels (tumeur, kystes du ménisque, phlébite,
168 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 11.3. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique du genou.


SRGVP : sacro-recto-génito-vésico-pubienne.
(Source : P. Gadet.)
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 169

Figure 11.3. (Suite)


170 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Les examens complémentaires du médecin confir-


meront l’état du cartilage.
Beaucoup d’éléments sont à noter lors de
l’observation du patient, exercice pratique à part
entière. Rossi et al. décrivent que, chez un patient
souffrant d’une lésion du ménisque médial, on
observe parfois un positionnement du tibia en
rotation latérale lors de la marche, pour soulager la
douleur due à l’appui du ménisque médial [228].
Le ménisque n’est pas innervé et n’est donc
pas directement douloureux. On peut avoir un
ménisque intact avec une douleur qui provient
de l’inflammation de la capsule et des tissus syno-
viaux adjacents. La compression de l’articulation
Figure 11.4. Critères d’Ottawa pour le genou d’après
Stiell. peut se révéler douloureuse et être à l’origine
Devant une douleur de genou persistante et accompagnée de «  faux positifs  » dans les résultats des tests
d’un ou de plusieurs des signes suivants, une relatifs à l’évaluation de lésions méniscales. Cette
radiographie du genou sera hautement recommandée :
considération est à prendre en compte dans la
– patient de plus de 55 ans ; – patella douloureuse à la
palpation avec aucune autre structure douloureuse ; – tête mise en place d’un traitement ostéopathique non
de la fibula douloureuse à la palpation ; – flexion du genou pas orienté vers le ménisque lui-même mais vers
à 90° impossible ; – appui du corps impossible sur le les structures péri-articulaires.
genou ou impossibilité de réaliser quatre pas successifs
(pas de transfert de poids possible deux fois de suite
d’une jambe à l’autre, même en boitant).
(D’après Stiell [258, 260].) Instabilité du genou
Quelques études récentes étayent le lien entre la
etc.) et des risques de complication (compression hanche, le bassin et le genou (voir plus loin le
vasculaire, neurologique), la réorientation vers le paragraphe « Implication de la hanche ou du bassin
médecin peut être nécessaire. dans la douleur de genou »). Notamment, l’hypo-
Une prise du pouls poplité et une considéra- thèse est émise que les muscles moyen et grand
tion de trouble vasculaire (phlébite) sont à pren- glutéaux peuvent être en lien avec les douleurs de
dre en compte dans des douleurs postérieures genou. Un lien facial a été décrit par Tozzi [272] et
de genou. il est illustré par d’admirables clichés de dissection
dans l’ouvrage de Myers [177]. La prise en compte
de la hanche et du bassin dans le bilan ostéopa-
Déchirure méniscale/ thique de la douleur de genou est primordiale.
lésion cartilagineuse Dans une ancienne étude de 1971, Lambert
remet en cause le rôle important donné à la
Trois mécanismes possibles peuvent être à l’ori-
membrane interosseuse dans la transmission des
gine d’une déchirure méniscale (souvent accom-
forces, mais précise toutefois qu’en évitant à la
pagnée d’un gonflement) :
fibula de s’incliner lorsqu’elle supporte les appuis
• torsion en charge ;
sur le tibia, elle lui confère le rôle d’un madrier
• mouvements de « squat » répétés ;
stabilisateur du genou [138].
• traumatisme direct ou indirect.
L’origine de la lésion cartilagineuse est dif-
férente. Si un traumatisme reste possible, elle Rôle de la fibula
est plus fréquemment liée à une dégénérescence
chronique (arthrose). L’interrogatoire aura une Peu d’études récentes étudient le rôle de la
grande valeur dans une recherche d’antécédents. fibula dans la répartition des forces s’exerçant
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 171

sur le membre inférieur lors des appuis au sol. naux et la physiologie tissulaire du ligament croisé
L’étude de Lambert en 1971, réalisée grâce à des antérieur du genou à l’origine d’une instabilité et
jauges de contrainte, illustre une distribution de de douleurs consécutives [41, 245, 289]. C’est le
1/6e du poids du corps sur chaque fibula [138]. ligament privilégié dans les schémas d’instabilité ;
Quelques années après, Takebe décrit que, lors de l’hypothèse qu’il puisse contribuer à l’apparition
la transmission d’effort par le fémur et le tibia, on de douleurs de genoux consécutives est à étudier
observe une réaction biomécanique de la fibula dans une prise en charge ostéopathique. En outre,
sans toutefois pouvoir en préciser le sens du vec- si le lien est à envisager au moment de la puberté,
teur ni son amplitude [265]. La tête de la fibula le même lien entre douleur de genou et modifica-
apparaît comme le point majeur de transmission tions hormonales peut être envisagé au moment
des forces entre fémur et tibia. de la ménopause.
La part de responsabilité de la fibula dans
l’entorse de la cheville est étudiée dans plusieurs
études citées par Eren [71]. Cet auteur rapporte la Tendinite du fascia lata
prédisposition aux entorses de cheville d’une fibula ou syndrome de l’essuie-glace
anatomiquement trop postérieure. Ces résultats
suggèrent que la fibula doit être évaluée au niveau Plus de 10  % des coureurs à pied sont sujets au
ostéopathique face à une douleur de genou. Les fameux syndrome de l’essuie-glace (ou iliotibial
études convergent vers le rôle prépondérant des band syndrome) et à la douleur latérale du genou
muscles fibulaires pour éviter les entorses de qu’il engendre. Une étude récente rapporte que
cheville. L’équilibre des tensions musculaires des certains éléments biomécaniques ressortent chez
muscles fibulaires ainsi que les articulations proxi- ces patients [183]. Notamment, les auteurs sug-
male et distale de la fibula seront pris en compte gèrent des angles d’adduction du genou (varus) et
dans l’exploration ostéopathique de la douleur de rotation interne de hanche plus prononcés, avec
du genou. On note également la compression une force moindre des muscles rotateurs externes
du nerf fibulaire au niveau de la tête de la fibula de hanche. L’investigation ostéopathique réside
observée chez les professions «  à genoux  » (par entre autres dans la recherche de liens structurels
exemple carreleur). Toutefois, la douleur n’est musculaires entre le bassin et la hanche, ainsi que
pas le signe premier, mais la paralysie, qui survient dans les niveaux d’innervation correspondants.
après une compression prolongée.

Tendinite des abducteurs


Origine hormonale ou tendinite de la patte d’oie
de la douleur de genou
Comme évoquée dans le chapitre  9, la triade
La littérature ostéopathique décrit certaines dou- à rechercher dans le cas d’une tendinite est la
leurs du genou chez la jeune fille, débutant lors suivante – moyen mnémotechnique PEC :
de la puberté. La littérature médicale rapporte • P – douleur à la Palpation ;
des douleurs fémoropatellaires chez l’adolescente • E – douleur à l’Étirement ;
non objectivées par des liens directs avec de • C – douleur à la Contraction contrariée.
quelconques structures anatomiques articulaires La tendinite est à différencier dans les douleurs
[138]. Toutefois, on observe que des modifica- médiales du genou. Sa localisation est au niveau
tions du cycle hormonal entraînent des change- de l’insertion des tendons des muscles sartorius,
ments au niveau de certains tissus du corps et gravité et semi-tendineux. Le diagnostic médical
provoquent une laxité ligamentaire sur des struc- est essentiellement clinique  ; les examens médi-
tures anatomiques chez la jeune femme pubère ou caux complémentaires viennent infirmer la pré-
la femme abordant la ménopause. Notamment, il sence de pathologies autres (lésion arthrosique,
existe un lien avéré entre les changements hormo- méniscale, etc.).
172 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Douleur postérieure : Une étude en chiropractie rapporte le cas


le cas de la thrombophlébite d’une patiente traitée pour une douleur de genou
soupçonnée d’être la conséquence d’une mono-
En cas de thrombophlébite, les symptômes restent neuropathie fémorale. Cet exemple argumente
peu spécifiques (mollet et chevilles gonflés mais en faveur du fait que la considération de la
sans ecchymose) et l’interrogatoire est propice compression nerveuse au niveau du bassin et du
à mettre en exergue des antécédents familiaux membre inférieur, bien qu’elle soit peu courante,
ou personnels de troubles veineux (thrombose est à considérer dans une prise en charge ostéopa-
veineuse ou thrombophlébite, etc.). Le praticien thique. Cleland et  al. notent que, selon certains
s’intéressera à la présence ou non d’un traite- facteurs, des bénéfices cliniques sont observés
ment anticoagulant. Homans, à l’origine du signe par la mobilisation de la hanche dans des cas
éponyme, a décrit la potentialité d’apparition d’arthrose du genou [49]. L’ostéopathe peut
d’une thrombophlébite chez la femme en post- compléter ces mobilisations articulaires par un
partum. C’est avec beaucoup de précautions lors travail des restrictions des mobilités articulaires.
de l’examen clinique que l’ostéopathe recherchera
des troubles veineux afin de mettre en place un
traitement ostéopathique en adéquation avec le La biomécanique de la hanche
terrain et les antécédents de troubles vasculaires dans l’exploration de la douleur de genou
du patient. Devant toute douleur lancinante au La hanche participe grandement à l’équilibre du
niveau de la partie postérieure du genou, du haut du corps sur les membres inférieurs et, de
mollet voire de la cheville et/ou du pied associée ce fait, protège le genou des mouvements exces-
ou non à un terrain de troubles veineux pou- sifs dans le plan frontal et dans le plan sagittal.
vant laisser prétendre à une thrombophlébite, la Powers [210] décrit l’importance de l’évaluation
réorientation du patient sera réalisée en urgence. des muscles adducteurs et abducteurs pour l’équi-
Les signes suivants peuvent avoir un caractère libre du corps dans le plan frontal par rapport aux
de gravité2 : membres inférieurs. L’auteur explicite également
• respiration difficile avec essoufflement ; l’impact d’une faiblesse des groupes musculaires
• accélération anormale du rythme cardiaque ; rotateurs et extenseurs ainsi que le spasme et/ou
• douleur brutale dans la poitrine ; la tension des extenseurs de hanche dans la bascule
• sensation de malaise ou d’une perte de connais- antérieure du bassin à l’origine de l’hyperlordose
sance ; lombaire. Plus spécifiquement, un rôle prépon-
• crachats contenant du sang. dérant est attribué au muscle moyen glutéal dans
le maintien de la stabilité dans le plan frontal et
au muscle grand glutéal pour la stabilité dans les
Implication de la hanche trois plans. D’autres études réalisées dans le milieu
ou du bassin dans la douleur sportif montrent l’importance de l’évaluation de
du genou la hanche et du bassin dans la gonalgie et dans
l’origine de certaines pathologies ligamentaires du
La douleur de genou n’est pas correctement genou [295, 296]. Les tests orthopédiques pour
investiguée si la hanche n’est pas prise en compte l’évaluation de la coxofémorale (test de Patrick) et
dans la recherche de l’origine du trouble [292]. du muscle moyen fessier (test de Trendelenburg)
Un lien biomécanique est explicité au travers sont décrits spécifiquement.
d’études dont les résultats argumentent en faveur Au niveau ostéopathique, le bilan musculaire
d’une prise en compte de la hanche et du bassin est envisagé, en parallèle d’une évaluation des
face à une douleur de genou. dysfonctions vertébrales en correspondance du
niveau médullaire des myotomes des muscles pré-
cités (voir chapitre 2). Par ce bilan de la hanche et
2. D’après www.ameli.fr. du bassin, la prise en charge ostéopathique autant
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 173

dans le soulagement que dans la prévention des du rachis, de la ceinture scapulaire, des membres
douleurs du genou prend toute sa valeur. supérieurs, du rachis cervical et du système visuel
et vestibulaire. Dans cette section, une synthèse
Ostéoarthrite de hanche des douleurs de la cheville et du pied est propo-
sée. Comme toute symptomatologie explorée par
Les études médicales et la pratique rapportent
l’ostéopathe, la douleur de pied passe d’abord
des douleurs de genou associées dans près de la
par la considération globale du membre inférieur,
moitié des cas3 à une ostéoarthrite de hanche
puis du corps du patient. Une exploration locale,
[130]. Dans ce type de pathologie, la douleur de
régionale et générale sera réalisée.
genou, lorsqu’elle s’étend inférieurement, est soup-
La figure 11.5 présente la fiche de synthèse de
çonnée d’être d’origine lombosacrée plutôt que
l’examen clinique ostéopathique de la douleur
liée à la dégénérescence de l’articulation coxofé-
de la cheville et du pied.
morale elle-même, dont les signes radiographiques
Il est important de tester la cheville et le pied
de détérioration ne correspondent pas à la distribu-
en charge ou en décharge, c’est-à-dire avec et
tion de la douleur. L’irradiation de cette douleur
sans appui du poids du corps. La position statique
serait liée à l’atteinte du nerf saphène issu du nerf
verticale puis l’attaque du pied au sol et le déroulé
fémoral et suivrait son trajet. Khan et  al. rappor-
du pas seront observés en préliminaire à toute
tent dans une étude sur 60  patients en attente
autre investigation.
d’une pose de prothèse de hanche que la majorité
Le pied comporte 26  os, sans compter le
des irradiations de la douleur de l’ostéoarthrite
tibia, la fibula et les os sésamoïdes, autour de
de hanche sont observées sur la face antérieure de
33  articulations et d’une centaine de ligaments.
la cuisse, pouvant, de manière erronée, laisser sug-
Selon l’activité d’un individu, celui-ci réalise en
gérer une atteinte vertébrale en première estima-
moyenne 1 000 000 de pas par an. Le pied sup-
tion [130]. Les auteurs précisent également que,
porte 3 à 4 fois le poids du corps lors de la course.
comparativement à une problématique rachidienne
Il doit bénéficier, de ce fait, d’un grand intérêt de
(hernie, canal lombaire étroit, etc.), un plus grand
la part de l’ostéopathe.
nombre d’irradiations de la douleur vers la région
pubienne, glutéale, postérieure de la cuisse et anté-
rieure du genou sont rapportées dans les probléma-
tiques d’origine coxofémorale [130]. La recherche
Fracture de la cheville
des dysfonctions au niveau de la hanche et du bassin ou du pied
lors des tests ostéopathiques est à considérer face
à un patient qui consulte pour une gonalgie sans Fracture de la cheville
qu’aucune pathologie soit objectivée médicalement
au genou  ; d’autant plus si des irradiations sont La prise en charge de la fracture de cheville reste
décrites par le patient vers la région pubienne [130]. évidemment du domaine médical. Toutefois, il
n’est pas exclu que l’ostéopathe puisse voir un
patient en première intention franchir la porte de
son cabinet avec une douleur de cheville consé-
3. Cheville et pied cutive à un traumatisme. Quelques outils d’aide
à la décision permettent de réorienter un patient
Présentation en cas de suspicion de fracture. À ce titre, la
grille des critères d’Ottawa développée par Stiell
La locomotion est bien sûr assurée par les mem- et  al. en 1992 est un outil puissant  : la fiabilité
bres inférieurs, mais il existe aussi une participation du diagnostic médical selon ces critères serait
de plus de 95  % [204] (figure  11.6). On note
3. Les douleurs engendrées par l’ostéoarthrite de toutefois que les critères d’Ottawa ne permettent
hanche sont à plus de 80  % au niveau du pubis et de la pas d’établir s’il existe une lésion ligamentaire
région glutéale [130]. associée au traumatisme. En y ajoutant le test
174 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 11.5. Fiche de synthèse de l’examen clinique ostéopathique de la cheville et du pied.


(Source : P. Gadet.)
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 175

Figure 11.5. (suite)


176 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 11.6. Critères d’Ottawa motivant une radiographie Figure 11.7. Critères d’Ottawa motivant une radiographie
de la cheville. du pied.
Un patient qui rapporte une douleur persistante au niveau Une radiographie du pied est recommandée seulement
des malléoles ainsi qu’une ou plusieurs des conditions si le patient rapporte une douleur au niveau du milieu
suivantes sera réorienté pour un examen radiographique : du pied ainsi qu’une douleur à la palpation des
– patient de plus de 55 ans ; – appui bipodal et marche structures suivantes : cuboïde ; base du 5e métatarsien ;
impossible (4 pas au moins) ; – palpation osseuse os naviculaire.
douloureuse (angle postérieur ou extrémité des malléoles). (D’après Stiell et al. [259].)
(D’après Stiell et al. [259].)

du diapason (voir encadré  1.1 et figure  1.5), le


– musculoligamentaires :
diagnostic d’opportunité peut être relativement
– tendon d’Achille, muscle gastrocnémien,
fiable et justifier une réorientation du patient dans
– muscle tibial postérieur ;
le cadre du diagnostic d’opportunité. Grâce à des
– neurologiques : S1-S2.
outils simples, l’ostéopathe peut mettre en place
• appui majoré sur le talon :
un traitement efficace, ou prendre la décision de
– articulaires :
réorienter son patient.
– mobilité de la cheville,
– conflit antérieur ;
Fracture du pied – musculoligamentaires :
– muscle tibial antérieur,
Toute en évitant le retard de diagnostic, l’ostéo- – long extenseur des orteils/de l’hallux,
pathe peut apporter une réelle contribution dans – aponévrosite plantaire ;
une prise en charge médicale. Comme pour la – neurologiques : L4-L5.
cheville, les critères d’Ottawa de Stiell et al. sont • appui majoré latéralement (pied en inversion) :
un outil que l’ostéopathe peut aisément utiliser – articulaires :
à son profit (figure  11.7). On note toutefois – mobilité subtalaire,
qu’afin d’éviter de conclure trop rapidement à – douleur 1er rayon.
une réorientation médicale, ces critères peuvent • appui majoré médialement (pied en éversion) :
être complétés par le test du diapason (voir enca- – articulaires : douleur du 5e rayon ;
dré 1.1 et figure 1.5). – musculoligamentaires :
À partir des observations d’Alazzawi et al. [2], – muscle tibial postérieur,
en observant le posé et le déroulé du pied lors – tendons des muscles fibulaires.
de la marche du patient, on peut soupçonner les
problématiques suivantes :
• appui majoré sur le 1er rayon : Les douleurs de la cheville
– articulaires : et du pied
– fracture de fatigue,
– flexion de cheville, On distingue les douleurs de l’avant-pied ou
– conflit postérieur, métatarsalgies (syndrome de Morton, bursite)
– biomécanique du médiopied, métatarso- et les douleurs de l’arrière-pied ou talalgies (la
phalangienne ; plus fréquente étant l’aponévrosite plantaire).
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 177

Quelques situations seront recherchées lors de – inégalité de longueur de jambes ;


l’examen clinique du pied : – varus tibial/subtalaire ;
• le port régulier de talons hauts chez le sujet – torsion tibiofémorale ;
féminin sera recherché à l’anamnèse. À l’ori- – dorsiflexion de la cheville réduite, tension du
gine de la douleur mécanique avec composante tendon d’Achille ;
inflammatoire, la compression du 2e rayon peut – flexion plantaire majorée ;
donner lieu à une tuméfaction douloureuse et – faiblesse des muscles fléchisseurs plantaires.
localisée ; le syndrome de Morton est à compo- • facteurs extrinsèques :
sante neurogène –  le test de ce syndrome est – type de chaussures ;
décrit plus loin ; – type de surface d’évolution (professionnel,
• un hallux valgus à l’origine d’une douleur sport, etc.) ;
plutôt mécanique sera recherché à l’examen – type d’activités pratiquées ;
clinique ; – niveau, fréquence, durée, intensité d’activité ;
• la métatarsalgie peut être un signe évocateur – notion de traumatisme.
d’une polyarthrite rhumatoïde débutante [81] ; On distinguera, par sa localisation, la douleur
• une douleur diffuse du talon chez le sportif propre du tendon d’Achille de celle de l’aponé-
peut être évocatrice d’une fracture de fatigue. vrosite plantaire. Cette dernière est handicapante,
L’examen de la peau au niveau des appuis revêt surtout dans le cas d’un sportif. Du point de vue
un caractère prépondérant (durillons, séquelles de l’éducation thérapeutique, l’ostéopathe peut
d’ampoules, etc.). apporter quelques conseils dans le cadre d’une
prise en charge pluridisciplinaire. La diminution
ou l’arrêt de l’entraînement, avec proposition
Aponévrosite plantaire d’alternative (vélo, natation, etc.), le port de
La douleur de l’aponévrosite plantaire survient talonnettes ou de semelles orthopédiques adap-
fréquemment après une période d’inactivité (au tées et des exercices d’étirement du triceps sural
réveil le matin) et décroît après un dérouillage. sont conseillés. L’évolution de l’aponévrosite
Une surcharge pondérale et l’âge peuvent favo- plantaire est favorable à plus de 95 % à 12 mois.
riser le développement de cette atteinte. Une La fiche de synthèse présentée à la figure 11.5
biomécanique altérée est décrite comme pouvant évoque entre autres des liens ostéopathiques vers
être à l’origine de cette pathologie [58] ; l’inves- la vessie selon la correspondance des niveaux
tigation ostéopathique présente donc un réel médullaires d’innervation de l’organe et des
intérêt. Une tension des chaînes musculaires pos- structures somatiques (voir chapitre 2).
térieures est observée, plus spécifiquement du
triceps sural. Il est important de noter que c’est
Douleur référée vers le pied
la tension qui se répercute sur le tendon d’Achille
puis sur l’aponévrose plantaire qui est à l’origine On distingue les douleurs aiguës ou ponctuelles,
de la douleur, et non l’épine calcanéenne en elle- abordées précédemment, des douleurs diffuses et
même [2, 58]. Cette épine calcanéenne est parfois non mécaniques. Il existe des symptomatologies
visible à la radiographie et peut être douloureuse à de douleur diffuse du talon, avec un examen non
la pression. Au travers d’une littérature abondante douloureux du talon qui peut laisser présager une
en la matière, les facteurs suivants peuvent favori- origine neuropathique de la douleur. Dans ce cas,
ser l’aponévrosite plantaire : l’exploration d’une origine sciatique est envisagée.
• facteurs intrinsèques : L’atteinte vertébrale est donc à envisager (spon-
– âge ; dylarthropathie du sujet jeune ou rhumatisme
– poids, indice de masse corporelle (IMC) ; inflammatoire) [81]. Au niveau ostéopathique,
– pied plat, effondrement de la voûte plantaire ; la dysfonction du niveau vertébral correspondant
– pied creux, voûte creusée ; peut être évoquée comme catalyseur d’une dou-
– articulation subtalaire en pronation ; leur référée.
178 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

La thrombophlébite : une douleur ostéopathiques, avec des tensions des tissus sous-
du mollet et de la cheville occipitaux transmises par les chaînes postérieures
La douleur lancinante et profonde de la throm- jusqu’à l’aponévrose plantaire qui pourraient jus-
bophlébite est ressentie jusqu’à la cheville la tifier alors certaines techniques ostéopathiques
plupart du temps. L’ostéopathe s’intéressera à distance de la zone locale des troubles. Les
aux antécédents vasculaires et circulatoires du troubles du membre inférieur doivent ainsi béné-
patient au cours de l’anamnèse. La claudication ficier d’une investigation complète du corps. Le
intermittente, la réduction significative du péri- bilan ostéopathique favorise la prise en charge
mètre de marche, l’apparition de crampes dans d’un patient dans la globalité.
les mollets, des douleurs nocturnes soulagées
par les jambes pendantes ou la marche avec
quelques pas sont des signes caractéristiques. Le
signe de Homans signant la positivité du test 4. Région appendiculaire
de dorsiflexion du pied devant un tableau de
thrombophlébite est décrit plus loin. Cet auteur inférieure – tests
a rapporté la potentialité d’apparition d’une médicaux
thrombophlébite chez la femme en post-partum.
Néanmoins, les symptômes restent peu spéci- Tests de la hanche
fiques et l’interrogatoire permettra de mettre en
exergue des antécédents familiaux ou personnels Test de Thomas et version
de troubles veineux (thrombose veineuse ou modifiée
thrombophlébite, etc.). Devant toute douleur
lourde et lancinante au niveau de la partie Test de Thomas
postérieure du genou, du mollet voire de la Ce test permet, dans le cadre de l’examen ostéo-
cheville et/ou du pied associée ou non à un pathique, d’évaluer la tension du muscle psoas
terrain de troubles veineux associé à un signe de (figure 11.8).
Homans positif pouvant laisser prétendre à une
thrombophlébite, la réorientation du patient Test de thomas ou test
sera réalisée en urgence. de Thomas modifié ?
Le test de H.O.  Thomas, publié en 1878, est
conçu pour évaluer la contracture des fléchisseurs
Conclusion de hanche4 qui engendre un «  déficit d’exten-
sion  » [268]. Dans cette version originale du
Les membres inférieurs portent le poids du corps. test, le patient est en décubitus dorsal, jambes
À ce titre, les conseils donnés dans le cadre de allongées sur la table. Dans la version modifiée,
la prévention ou du soulagement des douleurs le patient est allongé en bout de table avec les
arthrosiques peuvent s’appliquer à de multiples jambes en dehors (figure  11.9). Cette version
thérapeutiques d’accompagnement : permet d’évaluer non seulement la contracture
• minorer le surpoids ; des fléchisseurs de hanche, mais également le
• éviter le port de charges lourdes ; déficit d’extension qui peut altérer la performance
• canne du côté opposé à la pathologie ; du sportif. Dans ce cas, l’évaluation de la bas-
• rééducation douce. cule du bassin influence le résultat du test.
Myers décrit une chaîne musculaire postérieure
des muscles sous-occipitaux jusqu’à l’aponévrose
plantaire [177]. Dissections à l’appui, ce concept 4. Le test de Thomas est parfois nommé de manière très
est indéniablement l’exemple type de liens restrictive « test du psoas ».
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 179

musculaire [134]. Ces indices d’évaluation sont à


comparer entre membre inférieur droit et mem-
bre inférieur gauche, ainsi qu’aux valeurs publiées
d’amplitudes des membres inférieurs.
Les considérations suivantes peuvent permettre
l’analyse des résultats au test de Thomas modifié
selon Konin et al. [134] :
• un déficit cumulé d’extension de hanche de
flexion du genou est lié à la contracture des
muscles iliopsoas et droit fémoral ;
• une rotation latérale de hanche qui se met en
Figure 11.8. Test de Thomas. place lors du retour en extension est liée à une
Le patient est en décubitus dorsal, jambes allongées tension de la bandelette iliotibiale.
sur la table. Il effectue une flexion de hanche et de genou Objectifs cliniques :
controlatéraux à la hanche à tester. Il saisit son genou
à deux mains et l’amène au maximum vers sa poitrine.
• test de Thomas  : évaluation de la contracture
Le bassin est maintenu en neutre. Test positif : on observe des fléchisseurs de hanche ;
la contracture des fléchisseurs de hanche qui entraîne • test de Thomas modifié :
alors une flexion de hanche (et de genou), créant un – évaluation de la contracture des fléchisseurs
espace entre la partie postérieure du genou et la table.
de hanche,
– évaluation du déficit d’extension de hanche
à condition d’avoir observé une potentielle
bascule de bassin.
Intérêts ostéopathiques :
• le choix entre les deux tests peut prendre en
considération l’enchaînement d’une technique
ostéopathique et minimiser ainsi les change-
ments de position du patient ;
– test de Thomas  : la position des jambes
allongées sur la table (plutôt qu’en dehors)
est préférable chez des patients qui souffrent
de douleurs lombaires,
– test de Thomas modifié  : test comparatif
Figure 11.9. Test de Thomas modifié.
Le patient est en décubitus dorsal, genoux fléchis contre avant et après séance d’ostéopathie chez le
son thorax, pli fessier en bord de table. Le praticien sportif, visant à évaluer le gain d’amplitude
est debout sur le côté ; il positionne une main palpatoire d’extension de hanche ;
sur les lombaires (lordose lombaire), l’autre sur la crête
• évalue l’efficacité d’une technique ostéopa-
iliaque (bascule du bassin). Il évalue l’amplitude de flexion
du genou comparativement à l’extension de hanche. thique de correction de dysfonction d’iliaque.

Par exemple, un déficit de flexion de hanche peut Test de Patrick ou test FABER
engendrer une bascule postérieure du bassin en
guise de compensation. Cette dysfonction est à Le test de Patrick est également connu selon
considérer dans le résultat du test. l’acronyme FABER en anglais (figure 11.10) :
Konin et  al. rapportent des indices d’éva- • F (flexion) : hanche en flexion ;
luation des résultats du test particulièrement • AB (abduction) : hanche en abduction ;
intéressants dans une pratique ostéopathique • ER (external rotation)  : membre inférieur en
et dans une recherche précise de la restriction rotation latérale.
180 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Test du muscle piriforme


Voir chapitre 10.

Test d’Ober
Ce test permet d’objectiver un syndrome du
tractus iliotibial (syndrome de « l’essuie-glace »).
Il est décrit ci-après dans la section «  Tests du
genou ».

Figure 11.10. Test de Patrick (ou FABER).


Le patient est en décubitus dorsal. La jambe de la hanche Tests du genou
à tester est « en tailleur », cuisse en abduction, en rotation
latérale, genou fléchi et cheville posée sur la partie
supérieure du genou opposé. Le praticien est debout Présentation
du côté opposé à tester. Il majore l’abduction en appuyant
doucement sur la partie médiale du genou du membre Il existe un grand nombre de tests orthopé-
à tester (amène le genou progressivement contre la table).
diques sur le genou. Ceux bénéficiant d’études
Test positif : douleur lorsque le praticien tente de majorer
l’abduction ou limitation du mouvement. valides sont présentés ici. Ces tests permettent à
l’ostéopathe une évaluation optimale du genou
dans un objectif de diagnostic d’opportunité ou
d’évaluation pré-/post-séance.
Blyth et  al. décrivent une haute valeur au
Ce test est facilement réalisable et peut, de ce
diagnostic par les tests médicaux du genou les
fait, très vite être maîtrisé dans le cadre d’une
plus couramment utilisés [29]. Les nouvelles
évaluation de mobilité de la hanche et du bassin.
technologies comme l’IRM ne présentent pas de
Douceur et progressivité restent toutefois des
meilleurs résultats dans la précision du diagnostic
critères prépondérants dans ce test qui peut être
final [29]. L’ostéopathe, thérapeute manuel par
douloureux pour le patient. McFadden et Seiden-
excellence, a donc un rôle prépondérant dans
berg précisent dans leur protocole d’investigation
la prise en charge du patient qui consulte en
de la hanche [164] que toute restriction dans
première intention pour une douleur de genou.
un des plans de mouvement de la hanche peut
On note deux tests à privilégier dans l’évalua-
donner une réponse positive au test. Les auteurs
tion clinique du genou  : ceux de Thessaly et de
parlent de « faux positif » dans ce cas. Toutefois,
McMurray [3,  164]. La combinaison des deux
dans le cadre d’un examen ostéopathique, cette
apporte une haute sensibilité, mais une spécificité
réponse peut permettre une analyse objective des
variable en fonction des études. Par conséquent,
restrictions de mouvement et orienter ainsi le
un résultat positif à ces deux tests laisse forte-
traitement.
ment penser qu’il existe une lésion méniscale
Objectif clinique :
(haute sensibilité), quand un résultat négatif, en
• objectiver un trouble de hanche, de sacro-
revanche, ne permet pas d’assurer qu’il n’y a pas
iliaque ou de spasme de l’iliopsoas.
de lésion (faible spécificité). Ces tests relatifs aux
Intérêt ostéopathique :
lésions méniscales et/ou chondrales (McMurray,
• évaluation de l’amplitude de mobilité de la
Apley grinding test, Thessaly) sont effectués selon
hanche.
une combinaison de flexion et de rotation du
tibia pour permettre une rotation postérieure
Signe de Trendelenburgh du condyle et engager le ménisque à tester, puis
une compression longitudinale de l’articulation
Voir chapitre 10. pour réduire l’espace articulaire.
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 181

Évaluation de l’articulation
fémoropatellaire
L’observation du patient est une phase impor-
tante du recueil d’informations. Au niveau ostéo-
pathique, elle est le premier pas vers une analyse
du schéma dysfonctionnel du patient. Exercice à
part entière, elle est soumise à l’expérience et la
pratique autour de concepts biomécaniques et
posturaux qui ne sont pas directement l’objet de
cet ouvrage.
La mobilité de la patella est un outil d’éva-
luation intéressant. La douleur à la pression
peut signer une chondromalacie, une tendinopa-
thie du tendon patellaire, une lésion méniscale
antérieure, une synovite, une ostéochondrite dis-
séquante, etc. [228]. Le praticien prend soin de
déverrouiller le genou du patient (flexion entre
10 et 30  degrés) pour créer l’engagement de
la patella dans la trochlée. Le praticien saisit la
patella en prise pollicidigitale. Il amène progres-
sivement la patella en latéral/médial. Il déter-
mine les tendances à la luxation/subluxation en
latéralité. Il note la perception de craquement et
de douleurs. Figure 11.11. Test de Thessaly.
Objectif clinique : Le patient est debout, face au praticien. Le praticien saisit
• évaluer un syndrome fémoropattellaire. les bras tendus du patient pour l’aider à se tenir
Intérêts ostéopathiques : en position lors du test. Le patient se met sur un pied
et décolle l’autre du sol. Il se met en flexion à 20° sur le
• évaluer la qualité de la mobilité de la patella et genou en appui. Il effectue une rotation médiale puis
des tissus péri-articulaires. latérale du haut du corps et du genou en maintenant
la flexion. Réaliser ce test d’abord du côté sain pour
montrer la manœuvre au patient. Test positif : douleur
et/ou appréhension en médial ou latéral de l’interligne
Évaluation d’une lésion méniscale articulaire. Sensation de blocage ou d’instabilité.

Test de Thessaly
Le test de Thessaly reproduit la mise en charge
de l’articulation du genou (figure  10.11). Ce
Test de McMurray modifié
test orthopédique a fait preuve d’investigations
assez récentes [125]. Il présente une haute sensi- Le test de McMurray présente une meilleure
bilité dans le diagnostic précoce d’une lésion du fiabilité lorsqu’il est combiné avec le test de
ménisque médial essentiellement. Le test présente sensibilité par palpation des interlignes articulaires
une haute spécificité  : s’il est négatif, on peut (voir ci-après) [99]. Une version modifiée du test
présumer du fait qu’il n’existe aucune lésion de McMurray est présentée ici (figure  11.12).
méniscale. Décrit en 1928, ce test a été réévalué par des
Objectif clinique : études plus récentes [55,  99]. La version modi-
• évaluer une lésion méniscale. fiée présente une meilleure fiabilité diagnostique.
Intérêts ostéopathiques : Elle ajoute un paramètre d’adduction/abduction
• pas d’intérêt direct a priori. qui intéresse l’ostéopathe dans l’investigation de
182 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 11.12. Test de McMurray modifié. Figure 11.13. Test de sensibilité des interlignes
Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien, avec sa articulaires.
main supérieure, soutient le fémur dans sa partie distale. Les rotations suivantes favorisent la palpation des
Il saisit le talon et amène le genou en flexion maximale. Il ménisques : rotation médiale du tibia → ménisque médial ;
amène la jambe en rotation latérale (RL) et en abduction rotation latérale du tibia → ménisque latéral.
(ABD). En maintenant la RL+ABD, il amène le genou
en extension. Test positif : bruit d’un « clic » au niveau
de l’articulation lors de l’extension du genou. N.B. : La
douleur lors de l’abduction est une réponse positive
au test de McMurray modifié.

la mobilité articulaire. Le test de McMurray,


lorsqu’il est positif, permet de potentialiser une
lésion du ménisque latéral essentiellement.
Objectif clinique :
• évaluer une lésion méniscale (ménisque latéral
essentiellement).
Intérêts ostéopathiques : Figure 11.14. Test d’Apley (grinding test).
• évaluer la qualité des tissus péri-articulaires ; Le patient est en décubitus ventral. Le praticien,
• la position permet de poursuivre par des tests par un appui du corps sur les mains, comprime
ostéopathiques. le ménisque du genou à tester. Test positif : reproduit
la douleur.

Test de sensibilité des interlignes


articulaires
Les études précitées montrent que la simple
du ménisque à tester (figure  11.14). S’il est
palpation des interlignes articulaires présente une
positif, ce test peut également évoquer une lésion
bonne fiabilité (figure 11.13).
cartilagineuse [29, 228].
Objectif clinique :
Objectif clinique :
• évaluer une lésion méniscale.
• évaluer une lésion méniscale.
Intérêt ostéopathique :
Intérêts ostéopathiques :
• évaluer la qualité des tissus péri-articulaires.
• évaluer l’état de tension des chaînes musculaires
postérieures par la palpation ;
Test d’Apley ou grinding test
• évaluer l’état de tension des chaînes musculaires
Ce test réalise une traction puis une compres- antérieures lors de la mise en flexion du genou
sion de l’articulation, permettant l’engagement (à réaliser sur les deux membres).
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 183

Figure 11.15. Test des tiroirs antérieur et postérieur. Figure 11.16. Test pivot shift.
Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien est assis Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien, avec
sur le pied du patient. Il empaume la partie proximale sa main inférieure, saisit le membre inférieur du sujet
postérieure du tibia, pouces au niveau du plateau tibial. au niveau de la cheville ; la main supérieure empaume
Déprimer progressivement les tissus sous les doigts afin postérieurement le genou au niveau de la tête de la fibula.
de rechercher le contact osseux. Palper les tendons des Le praticien amène le genou en extension puis la jambe
ischiojambiers avec la pulpe des doigts pour s’assurer en latéral pour créer un léger valgus du genou. Ajouter
de leur complète décontraction. Amener le tibia une rotation médiale. Augmenter l’appui médial de la main
en glissement antérieur/postérieur par rapport au fémur. supérieure pour majorer le valgus, puis amener le genou
Une amplitude exagérée d’un côté par rapport à l’autre progressivement en flexion. Test positif : ressaut rotatoire
laisse suspecter une lésion du ligament croisé antérieur/ à environ 20° à 30° de flexion indiquant une réduction
postérieur suivant le sens du test. postérieure du compartiment latéral du tibia.

Évaluation des lésions


des ligaments croisés Tests spécifiques du ligament
Tests des tiroirs antérieur et postérieur
croisé antérieur
Le glissement articulaire est évalué médicalement Test pivot shift
pour ces deux tests (figure  11.15) [228]. Cette La spécificité de ce test est globalement élevée,
évaluation est à distinguer de l’amplitude du avec une bonne, voire la meilleure fiabilité pour
test ostéopathique de micromobilité articulaire la confirmation d’une lésion du ligament croisé
pour évaluer les glissements articulaires au niveau antérieur (figure 11.16) [157].
ostéopathique5. Objectif clinique :
Objectif clinique : • évaluer une lésion méniscale.
• évaluer une atteinte des ligaments croisés. Intérêts ostéopathiques :
Intérêts ostéopathiques : • évaluer la qualité de la mobilité articulaire ;
• phase de mise en place de certains tests ostéopa- • palpation des tissus péri-articulaires.
thiques ;
• palpation des tissus péri-articulaires. Test de Lachman
Ce test est évalué dans plusieurs études comme
ayant une sensibilité élevée (figure 11.17) [157].
Objectif clinique :
• évaluer une lésion méniscale.
5. Bien qu’aucune étude ne l’évoque, ce test médical de
grande amplitude, s’il est réalisé en premier lieu, aura très Intérêts ostéopathiques :
probablement un impact sur les tests ostéopathiques qui • évaluer la qualité de la mobilité articulaire ;
seront réalisés dans un second temps. • palpation des tissus péri-articulaires.
184 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Figure 11.17. Test de Lachman. Figure 11.18. Test en valgus.


Le patient est en décubitus dorsal, genou déverrouillé, Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien saisit
en flexion entre 5° et 15°. Le praticien, avec sa main le membre inférieur à tester par la cheville. Il empaume
supérieure, stabilise la partie distale du fémur ; sa main le genou par sa face latérale et pousse médialement
inférieure maintient fermement la partie proximale du tibia. en maintenant la cheville. Il majore ainsi le valgus du
Il tracte fermement le tibia en antérieur pour rechercher genou à tester. Test positif : majoration du « bâillement »
un excès de mobilité par rapport au côté opposé. Test articulaire et reproduction de la douleur.
positif : translation antérieure majorée d’un côté avec une
fin de course sans fin de course ferme.

Test des ligaments collatéraux :


tests en varus/valgus
Test en valgus
Il existe peu d’études sur les tests en varus/valgus
du genou. Le test en valgus reste le plus souvent cité
comme étant modérément efficace pour la mise en
évidence des lésions du ligament collatéral médial
essentiellement (au contraire du test en varus qui ne
semble présenter aucune spécificité) (figure 11.18).
Objectif clinique :
• évaluer une lésion ligamentaire. Figure 11.19. Test d’appréhension de la patella.
Le praticien saisit la patella en pince. Il déplace la patella
Intérêts ostéopathiques : en limite de chacune des directions supérieure/inférieure,
• évaluer la qualité de la mobilité articulaire ; latérale/médiale. Le patient contracte le quadriceps
• palpation des tissus péri-articulaires. pour ramener la patella en position initiale. Test positif :
le patient ne peut tenir la contraction plus de 2 secondes
à cause de la douleur reproduite.
Test d’appréhension (patella)
ou signe de Clarke
évaluation de la tension musculaire du quadriceps.
L’objectif de ce test est d’évaluer, au niveau médi- Le temps de la seconde étape de ce test médi-
cal, l’occurrence d’une subluxation de la patella cal peut être envisagé au niveau ostéopathique
(figure  11.19). Ce test est souvent cité pour comme un préalable à des techniques musculaires
l’évaluation de l’articulation fémoropatellaire. par la composante isotonique du quadriceps.
Toutefois, une étude de Doberstein et al. [62] sur Objectif clinique :
plus de 100 patients rapporte la faible sensibilité • évaluer une lésion patellaire.
de ce test et suggère même qu’il soit abandonné. Intérêts ostéopathiques :
Au niveau ostéopathique, ce test permet • évaluer la qualité des tissus péri-articulaires ;
une palpation des structures péri-articulaires et une • phase de mise en place des tests ostéopathiques.
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 185

2003, Gajdosik apporte une plus-value au test en


préconisant que le genou soit en extension [83].
Konin et al. argumentent en faveur du genou en
extension pour éviter la mise en tension du nerf
fémoral durant la manœuvre [134].
Objectif clinique :
• évaluer la tension du tractus iliotibial (TIT).
Intérêts ostéopathiques :
• évaluation pré-post séance ;
• exercice pouvant être montré au patient en
guise d’étirement du TIT.
Figure 11.20. Test du syndrome du tractus iliotibial
(test d’Ober).
Le patient est en décubitus latéral, le membre à tester
vers le haut. Le praticien est debout derrière. Avec sa main Tests de la cheville
supérieure, il stabilise la hanche du côté à tester, pour
éviter que le bassin ne bascule pendant la manœuvre et ne et du pied
fausse les résultats. Saisir le membre à tester et l’amener
en abduction puis en extension – permet de faire passer
le tractus iliotibial en postérieur du grand trochanter. Laisser
Test de la flexion du genou
redescendre le membre à tester par son seul poids pour de Silfverskiöld (Silverskiold6)
permettre d’amener la cuisse en adduction. Test positif :
le membre ne peut pas descendre au contact de la table, Ce test, dans sa version originale, cherche à différen-
indiquant une tension du tractus iliotibial. cier la contracture des gastrocnémiens de celle du
soléaire (figure 11.21) [14, 253]. C’est celle qui
est reprise ici pour son intérêt ostéopathique.
Test du syndrome du tractus
iliotibial ou test d’Ober
F.R. Ober décrit son test (figure 11.20) en 1936 6. Le nom de l’instigateur de ce test étant quelque peu
dans le cadre de l’évaluation du syndrome du complexe, l’orthographe Silfverskiöld est souvent sim-
tractus iliotibial, avec le genou en flexion. En plifiée, volontairement ou non, en Silverskiold.

Figure 11.21. Test de la flexion du genou (test de Silverskiold).


Le patient est en décubitus dorsal jambes allongées. Le praticien est debout du côté à tester. Sa main supérieure repose
sur le genou controlatéral, l’avant-bras sur le genou du membre à tester. Il applique une pression < 2 kg sur l’avant-pied,
en prenant soin de ne pas créer d’éversion. Il évalue l’amplitude de dorsiflexion et compare entre les deux membres
(a). Il réalise la même opération mais avec le genou fléchi (b). Test positif : s’il existe un gain d’amplitude en dorsiflexion,
la restriction est due à un spasme des gastrocnémiens. Si la dorsiflexion est toujours limitée, la restriction est à attribuer
au muscle soléaire.
186 Approche anatomique régionale des motifs de consultation et tests médicaux

Objectif clinique : Test de pression


• différencier la tension des muscles gastrocné- sur les métatarsophalangiennes
miens et du muscle soléaire. Ce test (figure 11.24) est plus connu que le test
Intérêt ostéopathique : de Mulder.
• certaines techniques ostéopathiques musculaires
nécessitent le travail sur le corps musculaire. Le
choix d’une technique sur le muscle soléaire Signe de la dorsiflexion
engendre une pression légèrement supérieure du pied ou signe de Homans
pour atteindre son corps musculaire.
J.  Homans décrit en 1939 la présence chez un
jeune homme de 27  ans, après que celui-ci a
Test du syndrome
du tunnel tarsien
Le test consiste à produire une réponse à un test
de Tinel au niveau de l’extrémité médiale du
tunnel tarsien (figure 11.22).

Tests du syndrome de Morton


Deux tests permettent d’objectiver plus spécifi-
quement les troubles dus au syndrome de Mor-
ton [152].

Test de la pince pollicidigitale Figure 11.23. Test de la pince pollicidigitale (de Mulder).
ou test de Mulder Le patient est assis ou en décubitus dorsal. Le praticien
pratique une prise pollicidigitale, pouce en face plantaire
Un «  clic  » audible peut être perçu lors du test et index en face dorsale. Il exerce une pression inter-
(« clic de Mulder ») et/ou une masse ferme peut phalangienne au niveau du rayon à tester. Test positif :
reproduit la symptomatologie douloureuse.
être sentie par le praticien (figure 11.23).

Figure 11.24. Test de pression sur les métatarsopha-


Figure 11.22. Test du syndrome du tunnel tarsien. langiennes.
Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien est debout Le patient est assis ou en décubitus dorsal.
du côté à tester. Il percute l’extrémité médiale du tunnel Le praticien saisit en pince le pied à tester au niveau
tarsien (partie inférieure de la malléole médiale), des métatarsophalangiennes. Il exerce une pression
à la recherche d’un signe de Tinel. Test positif : pour resserrer les métatarsophalangiennes entre elles.
douleur à la percussion. Test positif : reproduit la symptomatologie douloureuse.
Chapitre 11. Région appendiculaire inférieure 187

d’Achille. Homans décrit un mollet et une che-


ville enflés mais sans ecchymose. Ce signe a été
publié par Allen en 1943 sous le nom de « signe
de Homans ». Homans a corrigé cette dénomi-
nation en 1944 en «  signe de la dorsiflexion  »,
outil clinique caractéristique de la recherche de
thrombose veineuse (figure  11.25) [165,  209].
Devant toute douleur lourde, lancinante, au
niveau de la partie postérieure du genou, du
mollet voire de la cheville et/ou du pied associée
ou non à un terrain de troubles veineux pouvant
Figure 11.25. Signe de la dorsiflexion du pied ou signe faire penser à une thrombophlébite, la réorien-
de Homans. tation du patient sera réalisée. Pour rappel, les
Le patient est en décubitus dorsal. Le praticien maintient signes associés suivants présentent un caractère
le genou en extension et amène la cheville à tester en
dorsiflexion. Test positif : reproduit ou majore la douleur.
de gravité :
• respiration difficile avec essoufflement ;
• accélération anormale du rythme cardiaque ;
sauté dans un ruisseau, d’une douleur au mollet • douleur brutale dans la poitrine ;
favorisée par la dorsiflexion du pied et la mise • sensation de malaise ou d’une perte de connais-
en tension du tendon d’Achille. La situation sance ;
pouvait laisser penser à une rupture du tendon • crachats contenant du sang.
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Elsevier Masson SAS


65, rue Camille-Desmoulins
92442 Issy-les-Moulineaux Cedex
Dépôt légal : juin 2018

Composition : Thomson Digital

Imprimé en Pologne par Dimograf

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