M303 Chap 5

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Chapitre 5

Espaces métriques
complets. Espaces de
Banach

La droite réelle est complète, car toute suite numérique de Cauchy converge.
Cette propriété n’est plus vraie pour le corps des nombres rationneles, ni pour
certains espaces fonctionnels. Quand l’espace est complet, rsoudre un problème
se fait souvent au moyen d’un algorithme conduisant à une suite convergente :
c’est là la puissante force du théorème du point fixe.

Nota – Ce chapitre est essentiellement sur les espaces métriques.

5.1 Suites de Cauchy. Espaces complets


Soit (E, d) un espace métrique.

Définition 5.1.1 Une suite (xn )n≥0 d’éléments de E est dite de Cauchy si,
pour tout ² > 0, il existe un entier N > 0 tel que d(xn , xm ) < ² pour n, m ≥ N .

Proposition 5.1.2 (i) Toute suite de Cauchy est bornée.


(ii) Toute suite convergente est de Cauchy.
(iii) Une suite de Cauchy converge ssi elle admet une valeur d’adhérence.

Voici deux exemples montrant que la limite d’une suite de Cauchy peut sortir
de l’espace dans lequel est donnée la suite.

Exemple 5.1.3 (a) E = Q : une suite de nombre rationnels ne converge pas


nécessairement vers un nombre rationnel.
(b) E = C 0 ([0, 1]; R) avec d1 : la fonction 1[ 12 ,1] peut être bien une limite d’une
suite de Cauchy dans (E, d1 ).

Définition 5.1.4 Un espace métrique est dit complet si toute suite de Cauchy
admet une (unique) limite dans l’espace.

25
26 CHAPITRE 5. COMPLÉTUDE ET BANACH

On notera que tout espace compact est complet. Voici un exemple fonda-
mental d’espace complet non compact.

Théorème 5.1.5 R est complet.

Corollaire 5.1.6 Tout espace vectoriel normé de dimension finie est complet.

Pour ce dernier énoncé, on notera que

Proposition 5.1.7 L’espace métrique produit d’un nombre fini d’espaces mé-
triques complets est complet.

Un autre espace complet est l’ensemble des fonctions numériques continues


sur [0, 1] muni de la convergence uniforme d∞ . En effet, plus généralement, on
a:

Théorème 5.1.8 Soit Fb (E; F ) l’ensemble des fonctions définies et bornées


d’un ensemble E à valeurs dans un espace métrique (F, δ). Si F est complet,
alors (Fb (E; F ), d∞ ) est un espace métrique complet.

Remarque 5.1.9 Pour la preuve du dernier théorème, à une suite de Cauchy


on construit un candidat potentiel pour sa limite (à l’aide de la complétude
fournie quelque part) puis vérifie que ceci est véritablement la limite.

Corollaire 5.1.10 Si (E, d) est un espace métrique (ou topologique) compact,


alors l’ensemble des fonctions numériques continues sur E constitue un espace
complet pour la convergence uniforme.

5.2 Propriétés des espaces complets


On avait déjà dit que tout espace métrique compact est complet et que
l’espace produit d’un nombre fini d’espaces métriques complets est complet.

Proposition 5.2.1 Dans un espace métrique complet, les sous-espaces complets


sont les fermés.

Proposition 5.2.2 La réunion d’un nombre fini de sous-espaces complets d’un


espace métrique est complète.

Rappelons que dans un espace compact, une suite décroissante de fermés


ne peut être d’intersection vide que si presque tous les fermés sont vides. Un
résultat similaire est donné ci-dessous.

Théorème 5.2.3 (Lemme de Cantor) Dans un espace complet, si (Fn )n≥0


est une suite décroissante de fermés non vides telle que

δ(Fn ) = sup d(x, y) → 0, n → ∞,


x,y∈Fn

alors ∩n≥0 Fn est un singleton.

Corollaire 5.2.4 (Théorème de Baire) Dans un espace complet, l’intersec-


tion d’une famille dénombrable d’ouverts denses reste une partie dense.
5.3. ESPACES DE BANACH 27

Le théorème de Baire résulte du lemme de Cantor de la manière suivante :


soit (Un ) une suite d’ouverts denses et soit V un ouvert ; choisissons x0 ∈ U0 ∩ V
et r0 > 0 tels que V0 := B(x0 , r0 ) ⊂ U0 ∩ V , donc F0 := B̄(x0 , r20 ) ⊂ U0 ∩ V ;
on recommence avec le couple (V0 , U1 ) à la place de (V, U0 ), ainsi la suite... ce
qui donnera la suite des fermées Fn , à laquelle on peut appliquer Baire, pour
obtenir un élément commun à V et ∩n≥0 Un .

Corollaire 5.2.5 Un espace vectoriel normé ne peut pas être une réunion dé-
nombrable d’hyperplans.

5.3 Espaces de Banach


Les espaces vectoriels normés font partie des espaces métriques de première
importance.

Définition 5.3.1 Un espace vectoriel normé complet est appelé espace de Ba-
nach.

Exemple 5.3.2 Les Rn , Cn et tous les espaces vectoriels normés de dimension


finie sont des espaces de Banach.

Une technique bien pratique est d’écrire, dans un espace vectoriel, une suite
sous forme d’une série de la manière suivante :
m
X
an := xm , x0 = a0 , x1 = a1 − a0 , x2 = a2 − a1 , ...
m=0

Cela étant, on a (sous réserve que la convergence ait lieu en termes de la suite
ou de la série) :
n+k
X ∞
X
an+k − an = xm , an → xm (n → ∞) .
m=n+1 m=0
P
Définition 5.3.3 Dans un espace vectoriel
P normé, une série n≥0 xn est dite
normalement convergente si la série n≥0 kxn k est bornée (donc converge).

Théorème 5.3.4 Un espace vectoriel normé E est de Banach ssi toute série
normalement convergente converge dans E.

5.4 Théorème du point fixe


Soit f une application d’un espace métrique (E, d) dans un autre, (F, δ).

Définition 5.4.1 (a) L’application f est dite lipschitzienne s’il existe k > 0
tel que, pour tout x, y ∈ E, on a : δ(f (x), f (y)) ≤ kd(x, y).
(b) Lorsqu’on peut choisir k ∈]0, 1[, on dit que f est contractante.

Proposition 5.4.2 Toute application lipschitzienne est continue et, en plus,


uniformément continue.
28 CHAPITRE 5. COMPLÉTUDE ET BANACH

Dans la suite, soit (E, k k) un espace de Banach et soit f : E → E une


application.
Définition 5.4.3 On dit que f admet un point fixe s’il existe x ∈ E tel que
f (x) = x.
Théorème 5.4.4 Toute contraction d’un espace de Banach admet un unique
point fixe.
L’existence du point fixe résulte de l’itération de f à partir d’un point ar-
bitraire x0 ∈ E de E : on pose xn+1 = f (xn ) et on vérifie que la suite (xn )
converge dans E, car Cauchy.
Remarque 5.4.5 Résoudre une équation du genre F (u) = 0 revient à considérer
le point fixe de l’application f (u) := F (u) + u. Le théorème d’exstence Cauchy-
Lipschitz en thérie des équations différentielles en est un exemple important.
Voici un modèle de travail :
Z t
y 0 = y, y(0) = 1; y(t) − 1 = y(s)ds;
0
Z t Z t
F (y)(t) = y(t) − 1 − y(s)ds ; f (y)(t) = −1 − y(s)ds,
0 0
1 1
E = C 1 ([− , ]; R), kyk = sup |y(t)| + sup |y 0 (t)| .
2 2 t∈[− 1 , 1 ] t∈[− 1 , 1 ]
2 2 2 2

5.5 Espaces de fonctions continues. Théorème


d’Ascoli
Du théorème 5.1.8, on déduit le résultat suivant.
Proposition 5.5.1 Si F est un espace de Banach, les ensembles Fb (E, F ) (E
ensemble), Cb (E, F ) (E espace topologique) munis de la norme k k∞ de la
convergence uniforme sont des espaces de Banach.
Dans un même ordre d’idée, on notera que C k (R, R) est de Banach avec la
norme Nk :
X k
Nk (u) = ku(j) k∞ .
j=0

Remarque 5.5.2 Si E est un espace métrique compact, on a Cb (E, F ) =


C(E, F ).
Remarque 5.5.3 Comme on l’avait dit au paragraphe 5.1, C([0, 1]; R) est im-
complet pour la distance d1 .
Si le théorème du point fixe permet de résoudre, par itération ou par un
procédé algorithmique, des équations fonctionnelles au moyen des applications
contractantes, le théorème d’Ascoli, dit aussi d’Arzela-Ascoli, affirmera que l’ab-
sence du caractère contractant peut souvent être remédiée par la notion d’équi-
continuité, cette dernière conduisant à la compacité de l’espace fonctionnel at-
taché. (Les fonctions forment rarement des espaces compacts, même pour la
boule unité de C([0, 1]; R) avec la norme de la convergence uniforme)
5.5. ESPACES DE FONCTIONS CONTINUES. THÉORÈME D’ASCOLI 29

Définition 5.5.4 Soit Σ une famille d’un espace métrique (E, d) dans un espace
métrique (F, δ). On dit que Σ est équi-continue si, pour tout ² > 0, il existe un
η > 0 avec ceci : pour toute u ∈ Σ et x, y ∈ E,

d(x, y) ≤ η ⇒ δ(u(x), u(y)) ≤ ².

Exemple 5.5.5 La famille des moômes (xn )n est équi-continue sur [0, α) pour
tout α < 1 mais ne l’est plus pour α = 1.

Remarque 5.5.6 Toute fonction d’une famille équi-continue est uniformément


continue. Dans la pratique, E sera souvent choisie compacte.

Par conséquent, si Σ est une famille équi-continue, alors Σ ⊂ C(E, F ).


Théorème 5.5.7 (Théorème d’Ascoli) Soit (un ) une suite équi-continue de
C([0, 1]; R). Supposons qu’il existe K > 0 tel que maxt∈[0,1] |un (t)| ≤ K pour
tout n ∈ N. Alors il existe une suite extraite de (un ) qui converge uniformément
sur [0, 1].
Formulation équivalente : si Φ ⊂ (C([0, 1]; R), k k∞ ) est une partie bornée et
équicontinue, alors Φ est relativement compacte.

Remarque 5.5.8 Le cadre de travail C([0, 1]; R) peut être bien élargi...

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