La Promesse de L'aube
La Promesse de L'aube
La Promesse de L'aube
Roman Kacew, devenu Romain Gary, né le 21 mai 1914 à Vilna dans l'Empire russe
(actuelle Vilnius en Lituanie).
Il s’est donné la mort le 2 décembre 1980 à Paris.
C’est un aviateur, militaire, résistant, diplomate, romancier, scénariste et réalisateur
français, de langues française et anglaise.
Il est connu pour la mystification littéraire qui le conduisit, dans les années 1970, à
signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt d’Émile Ajar, en les faisant passer pour
l'œuvre d'un tiers.
Il est ainsi le seul romancier à avoir reçu le prix Goncourt à deux reprises ( en 1956 et en
1975), sous deux pseudonymes.
Il faut toujours connaître les limites du possible. Pas pour s'arrêter, mais pour tenter
l'impossible dans les meilleures conditions.
Il m'a expliqué en souriant que rien n'est blanc ou noir et que le blanc, c'est souvent
le noir qui se cache et le noir, c'est parfois le blanc qui s'est fait avoir.
Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais.
Dominante : analytique
L’adolescent est profondément touché par sa découverte que révèle l’adjectif « pétrifié ». Il
éprouve de l’«horreur » (l. 18) parce qu’il comprend qu’il a été dupé, mais aussi parce qu’il
mesure l’étendue de la privation de sa mère. Il est désespéré au point de pleurer, de s’enfuir et
de songer à la mort. Ceci apparait à travers les expressions « J’éclatai en sanglots et m’enfuis »
(l. 20), « je courus me cacher », « l’idée de me jeter sous un train» (l. 22-23) qui mettent en
exergue la profondeur croissante du chagrin, de la honte et du désespoir qui poussent presque
l’enfant au suicide. Il ressent profondément de la honte de ne pas encore pouvoir venir en aide
à sa mère, de ne pas pouvoir assurer totalement son bonheur. Ces sentiments négatifs se
retrouvent également en fin d’extrait avec cette expression qui contient trois compléments du
nom « Un intolérable sentiment de privation, de dévirilisation, presque d’infirmité, s’empara de
moi ». C’est une énumération qui illustre une montée dans l’intensité : il s’agit d’une gradation
ascendante qui met en relief la dégradation de l’estime de soi de l’enfant qui se sent
complètement impuissant et inutile. Paradoxalement, un sentiment très positif de révolte
contre l’injustice du monde prend racine dans cet évènement douloureux. En effet, le
personnage va puiser son inspiration à la source même de l’indignation: « Une farouche
résolution de redresser le monde et de le déposer un jour aux pieds de ma mère, heureux,
juste, digne d’elle, enfin, me mordit au cœur d’une brûlure dont mon sang charria le feu jusqu'à
la fin ». Le niveau de langue utilisé est très soutenu. Le jeune homme se rêve en héros. Le
niveau de langue permet de faire ressentir la solennité et l’intensité du moment pour lui, et des
résolutions qu’il amène. Au final, le sacrifice de sa mère ne sera pas pathétique puisqu’il
déclenche chez le jeune personnage une certaine exigence d’une revanche, la construction
d’une mission qui aura pour arme la littérature et sa révolte contre les injustices prend alors la
forme de vocation littéraire de justicier.
On peut dire que cette expérience, qui trace la fin de l’illusion de vivre dans un milieu
harmonieux et équilibré, où la mère dirige les choses selon sa volonté, marque la fin de
l’enfance en tant que période protégée des difficultés de la vie réelle.
Dans cette autobiographie, le narrateur ne craint pas de montrer sa naïveté et sa
réaction infantile – éclater en larmes et courir se cacher. Cela ne présente rien
d’héroïque et ne correspond pas à une certaine définition de la virilité présente tout au
long du texte, mais donne plus de crédibilité à son texte.
Synthèse :
L’autobiographie (du grec « auto » soi-même, « bios » vie et graphein « écrire ») est un
genre littéraire écrit à la première personne dans lequel l’auteur raconte sa propre
vie dans un récit rétrospectif.
Le narrateur adulte se penche sur son passé et le recompose en relatant des faits réels.
Il s’engage à être sincère. (pacte autobiographique)
Auteur, narrateur et personnage principal sont une seule personne.
L’autobiographie mêle donc deux systèmes de temps : le passé et le présent.
Il y a un va et vient constant entre le je adulte, narrateur du récit, nommé également je
narrant et le je enfant, personnage du récit, appelé aussi je narré.
Objectifs :
Dominante : thématique
1- Étudier la double définition du mot promesse donnée par le narrateur dans chacun de
ces deux extraits.
La première formule qui évoque la « promesse de l’aube » est : « la promesse que je m’étais
faite, à l’aube de ma vie, de lui rendre justice » (extrait 2, l. 4-6). Le fils a pour objectif de
donner entière satisfaction à sa mère. Le narrateur a fait donc une promesse à sa mère qu’il
compte bien respectée. Conscient de l’amour sans limite de sa mère et de ses sacrifices, il
combat durant la 2de guerre mondiale. Le jeune homme part à la guerre pour disputer « la
possession du monde à ceux dont [il] avait si bien appris à connaître, dès [ses] premiers pas, la
puissance et la cruauté » (l. 8-10). Il le fait donc pour sa mère : « je pensais à toutes les batailles
que j’allais livrer pour elle » (l. 3-4). Il s’agit entre autre de combattre le nazisme, et de défendre
les idéaux d’humanisme, de liberté et de fraternité qui sont ceux de la France et de ses Alliés_la
France que sa mère chérit depuis longtemps. Il veut offrir à sa mère ce dont elle a toujours rêvé
gloire et argent.
La deuxième formule « Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne
tient jamais » (extrait 3, l. 1-2) est extraite d’une phrase qui est très longue et dont le rythme
ample est comparable à celui d’une période oratoire. De plus, la valeur du présent utilisée est le
présent de vérité générale. Par conséquent, l’effet produit est celui d’un jugement définitif et
universellement vrai sur l’amour maternel, d’une qualité à laquelle les autres amours sont loin
de pouvoir prétendre. Pour le narrateur aucun autre amour ne peut procurer la plénitude, la
confiance et l’abandon auxquels donne accès l’amour maternel.
2- Que ressent le personnage dans le 2e extrait ? Comment expliquez-vous cet état d’âme ?
Le narrateur ressent un profond chagrin, il est même désespéré comme le montrent les
expressions suivantes: « manger froid jusqu’à la fin de ses jours » (l. 3-4), les phrases négatives
« ce ne sont plus que des condoléances » (l. 4-5), « jamais plus, jamais plus, jamais plus » (l. 6-
7). La comparaison « on revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien
abandonné » (l. 5-6) montre combien il se rabaisse, il n’est plus un homme loin de sa mère. Ce
sentiment de désespoir causé par cette séparation s’impose lors de la comparaison entre
l’immensité, voire l’infinité de l’amour maternel, et les déceptions causées par d’autres amours
moins absolues.
Prolongement :
Support : MG p.56
Dominante : analytique
1) Qu’est-ce qui montre que le narrateur est épris de Valentine ? Que va-t-il subir pour gagner
l’amour de la petite fille ? A qui pouvez-vous le comparer ?
« Je l’ai vue apparaitre devant moi dans le Le verbe apparaître est important parce qu’il
dépôt de bois » témoigne que la première rencontre avec la
v. de perception visuelle jeune fille est un coup de foudre : il la voit et
en tombe aussitôt amoureux.
« aspiré par une passion violente, totale ». Le jeune garçon est entièrement attiré par
Valentine.
« mes jambes devinrent molles », « mon cœur On peut remarquer que les effets du coup de
se mit à sauter », « ma vue se troubla » foudre sont d’abord physiques
Champ lexical du trouble
La souffrance physique est exprimée par Le garçon, aveuglé par ce premier amour, va
l’hyperbole « les yeux me sortaient de la tête, subir une suite d’épreuves et de supplices
tout devenait feu et flamme autour de moi » pour mériter l’amour de la petite fille qui
(l. 18-19). semble tyrannique et sans cœur.
La souffrance physique et morale est exprimée
par une allusion : « j’essuyai mes larmes », (l.
23), puis par une métaphore guerrière «
capitulant sans conditions », (l. 23)
« avaler des soulier…….faillit me coûter la vie » Les souffrances qu’il s’est infligées méritent
le terme de martyre puisque le garçon avait
des épreuves inhumaines à surmonter.
3- Commentez la phrase suivante : « Dieu sait ce que les femmes m’ont fait avaler dans ma
vie, mais je n’ai jamais connu une nature aussi insatiable ».
Le narrateur joue ici sur le sens propre et le sens figuré du mot. Au sens propre, le
personnage a avalé une somme absurde d’objets incongrus pour gagner l’amour de
Valentine, cette fille complètement manipulatrice; au sens figuré, les femmes ont fait
croire n’importe quoi au narrateur lorsqu’il en était amoureux. D’un côté, il s’agit bien
d’une étape fondamentale dans l’initiation du personnage, et cela est donc sérieux ;
d’un autre côté, le narrateur adulte nous invite à sourire avec lui de l’enfant qu’il a été. Il
s’agit d’un superlatif relatif, d’une hyperbole humoristique qui montre l’exploit tel qu’il
est vécu par le personnage, que le narrateur adulte observe et commente avec une
distance émue, mais amusée.
Lecture d’image
Le peintre choisit de représenter l’amour sous les traits d’un enfant, il en donne une
image pure, inoffensive et dépourvue de tout artifice.
Les points de vue du peintre et de Romain Gary sont opposés: en effet sa première
expérience des amours enfantines lui a révélé la duplicité et la complexité de ce
sentiment, qui le pousse à se dépasser en se mettant en danger, tandis le jeune
Valentine est montré sous les traits d’un véritable despote imperméable à toute
émotion que _et qui joue de son pouvoir de séduction pour créer des rivalités entre les
autres enfants sans jamais les récompenser
Synthèse :
Comme le réel est souvent brutal, décevant, gênant, Romain Gary trouve que l’humour
permet de prendre une distance, de ne pas se laisser impressionner, de conserver son
intégrité dans toutes les situations. L‘humour et l’ironie vont lui permettre bien souvent
de ne pas trop se laisser impressionner par la catastrophe.
Genres proches
La biographie : récit de la vie d’une personne célèbre fait à la 3ème personne et rédigé par un auteur
autre que cette personne.
Les lettres : les échanges de lettres permettent aussi de reconstituer la vie de quelqu’un.