Ciment

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Estelle Desarnaud Soichiro Ando

Thibaud Desbarbieux Yannick Prebay

Atelier Changement Climatique

Les enjeux du développement durable au sein de


l’Industrie du Ciment : réduction des émissions de
CO2

Rapport Final

Octobre 2005 - Février 2006

Tuteur : Damien Demailly

“ La science progresse en indiquant l'


immensité de l'
ignoré. ”
Louis Pauwels

1
Atelier Changement Climatique
Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Sommaire

Préambule 2
Introduction 3
A. Contexte de l'
étude
B. Les émissions énergétiques
C. Émissions de procédé

Partie I : Les ciments mélangés 9


A. Introduction
B. Propriétés mécaniques des ciments mélangés
C. Ciments mélangés : Situation actuelle et perspective de développement
D. Conclusion

Partie II : Les nouveaux liants en remplacement du clinker 14


A. Introduction :
B. Etude des nouveaux liants potentiels identifiés
C. Conclusion

Partie III: Les ciments à base de géopolymères 19


A. Bilan des émissions de CO2
B. Propriétés techniques
C. Faisabilité économique
D. Conclusion

Partie IV : Les nouvelles technologies cimentières de la réduction des


22
émissions de CO2
A. La carbonatation, un phénomène naturel aux effets négatifs pour les
ciments Portland
B. Les éco-ciments
C. Conclusion

Partie V : Réflexions économiques et politiques 27


A. Réflexions techniques, sociales et économiques
B. Réflexions politiques

Conclusion 31
Bibliographie – Remerciements 32
Annexe : Les nouveaux liants en remplacement du clinker (version
35
détaillée)

2
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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Préambule :
Procédé de fabrication du ciment portland, référence dans l’industrie cimentière :

Les matières premières sont extraites de carrière (proches du site de production, pour
des considérations économiques liées au coût du transport). Celles-ci sont mélangées
précisément pour obtenir une composition régulière du ciment :
- Carbonate de calcium CaCO3 ~ 80%
- Silice SiO2 ~ 15%
- Alumine Al2O3 ~ 3%
- Oxyde ferrique Fe2O3 ~ 3%

Elles sont ensuite séchées et broyées, pour obtenir la « farine ». Celle-ci passe ensuite
lentement dans un four rotatif, légèrement incliné et rotatif (1,5 à 3 tours/minutes). A cette
très haute température (1450°C) interviennent la décarbonatation du carbonate de calcium qui
donne de la chaux vive, ainsi que la scission de l’argile en silice et alumine. Il y a formation
de silicates et d’aluminates de chaux : c’est la clinkérisation.

Ce clinker est ensuite broyé très finement, puis y est ajouté du gypse pour une
régulation de la prise du ciment (3 à 5%). Ainsi est produit le ciment Portland, ciment le plus
courant dans l’industrie du bâtiment.

D’autres ciments peuvent également être produits avec des ajouts tels les laitiers de
hauts fourneaux, les cendres des centrales thermiques, les pouzzolanes naturelles ou
artificielles.

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Introduction :

A. Contexte de l’étude :

Caractéristiques de l’industrie cimentière :

Le ciment le plus utilisé dans le monde est le ciment Portland. C’est un produit dont la
technologie est connue et maîtrisée par tous les acteurs de la chaîne de construction du
bâtiment et dont la valeur ramenée au poids est très faible (1 kg de ciment coûte deux fois
moins cher que 1 kg de farine), ce qui a des conséquences pour son transport. La production
d’une cimenterie est presque toujours destinée à la consommation locale. En effet, les coûts
de transport, et avant tout les coûts de transport routier, font que le ciment s’exporte peu
(quelques exceptions pour le transport par voie maritime). Enfin, l’industrie du ciment
nécessite des investissements importants puisque le coût d’une cimenterie neuve est d’environ
trois à quatre années de chiffre d’affaire. La durée de vie d’une cimenterie peut aller jusqu’à
100 ans dans la mesure où les réserves de matières premières sont suffisantes. [RdV D.
Laffaire]

Les besoins de ciment dans le monde :

On va s’attacher dans ce rapport à étudier les possibilités de réduction des émissions


de CO2 de l’industrie cimentière. Dans un pays comme la France, la production de ciment
varie autour de 20-23 Mt par an [RdV D. Laffaire] et devrait peu évoluer dans les années à
venir. Il est donc peu probable de voir la construction de nouvelles cimenteries. Les progrès
en terme d’émissions de CO2 se feront alors essentiellement à partir des usines déjà
existantes. Dans ce contexte, il est souhaitable pour la diffusion rapide de nouvelles
technologies qu' elles puissent être mises en oeuvre dans des usines déjà existantes.
Un autre enjeu d’une telle étude se situe au niveau des pays en voie de
développement. En effet, qui dit développement rapide dit souvent population importante et
besoins croissants en logements et infrastructures, donc en ciment. Ainsi la Chine est à l’heure
actuelle le plus gros consommateur de ciment au monde. Dans les 30 années à venir, la
consommation de ciment de certains pays en voie de développement devrait doubler. Le
graphique suivant, extrait de [Demailly & Quirion], donne une estimation de l’évolution de la
consommation de ciment dans certaines grandes régions du monde.
1000
900
800
700 2000
Mt of cement

600 2010
500
400 2020
300 2030
200
100
0
10

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Figure 1. Evolution de la consommation de ciment dans différentes régions du monde. (Europe : Europe des 25,
Bulgarie, Roumanie et reste de l' ouest, R&U : Russie et Ukraine, RJAN : Reste du Japon, Australie et Nouvelle Zélande (en
Europe de l'
majorité Australie et Nouvelle-Zélande), TRR: Turquie, reste du CIS, reste de l' est, LAM : Amérique latine, RoA:
Europe centrale et de l'
Reste de l'Asie, A&ME: Afrique et Moyen Orient). 4
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Pour ce qui est de la pénétration de nouvelles technologies dans les pays en voie de
développement, les problèmes de capacité d' investissement de ces derniers pourraient être
compensés par le mécanisme de développement propre prévu par le protocole de Kyoto. (Le
MDP permet à un pays développé effectuant des investissements visant à réduire les
émissions de gaz à effet de serre (GES) hors de son territoire de bénéficier des crédits
d'émission générés par les réductions ainsi obtenues).
Selon le World Business Council for Sustainable Development [WBCSD], si les
pratiques actuelles ne changent pas, les émissions de CO2 liées à l’industrie du ciment
devraient être multipliées par 4 d’ici 2050. Le rôle des politiques de réduction des émissions
des GES, comme le Protocole de Kyoto est d’inciter l’industrie cimentière entre autres à
réduire ses émissions de GES.

Protocole de Kyoto et facteur 4 :

Le protocole de Kyoto est entré en application le 16 février 2005. Il fixe l’obligation


pour les pays signataires de réduire leurs émissions de C02 de 5,2 % pour l' horizon 2008-
2012, par rapport à leurs émissions de 1990. Ainsi les 15 pays européens qui l' ont ratifié
doivent diminuer en moyenne leurs émissions de 8%. Il constitue une première étape dans la
lutte contre le réchauffement climatique, les objectifs d’émissions après 2012 ne faisant pas
encore l’objet de traités internationaux contraignants. Selon les experts du GIEC, les
émissions de CO2 de la planète devraient être divisées par 2 à l’horizon 2050 pour limiter le
réchauffement climatique à +2°C et limiter ainsi les dommages (ces chiffres contiennent bien
entendu une marge d’incertitude). Cette division par 2 ne peut être uniforme sur toute la
planète et doit être effectuée de façon à laisser une marge aux pays en voie de développement.
Différents scénarios ont été élaborés quant à la mise en œuvre de cette réduction. En France,
le gouvernement s’est engagé à une division par 4 (Facteur 4) de ses émissions de CO2 d’ici
2050, cet objectif a été repris par plusieurs états européens. [http://www.industrie.gouv.fr/]

Marché de permis d’émission :

Pour atteindre leurs objectifs, les gouvernements européens ont décidé d' attribuer des
quotas échangeables aux installations industrielles fortement émettrices de CO2. Chaque
exploitation se voit allouer un volume de quotas (un quota correspond à l’émission de
l’équivalent d’une tonne de CO2) pour une période données. La particularité de ces quotas est
qu’ils sont transférables et négociables. Ainsi une entreprise peu polluante peut vendre ses
droits d’émissions à une entreprise ayant dépassé ses quotas. Depuis le 1er janvier 2005, le
marché européen des permis d’émissions est une réalité. Il permet d’expérimenter le dispositif
avant la période d’engagement 2008-2012 prévue par le protocole de Kyoto. Il vise dans un
premier temps les plus gros émetteurs de CO2 parmi lesquels l’industrie du ciment. Dans ce
contexte, on s’intéressera dans ce rapport aux solutions qui s’offrent à l’industrie cimentière
pour réduire ses émissions de CO2.

Les émissions de CO2 de l’industrie du ciment :

D’après une étude menée par le WBCSD, l’industrie cimentière est responsable de 5%
des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine. Pour l’industrie du ciment ces
émissions sont principalement de deux sortes : émissions énergétiques et émissions de
procédé. Les émissions énergétiques sont liées à la production de l’énergie thermique
nécessaire à la fabrication du clinker. Les émissions de procédé sont dues au fait que le CO2
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fait partie des produits de la réaction chimique qui transforme le carbonate de calcium en
clinker (décarbonatation du carbonate de calcium). A ces deux sources principales il faut
ajouter les émissions dues au transport des matières premières et à la consommation
d’électricité. Le diagramme suivant tiré de [WBCSD] donne les proportions des différentes
contributions :

Figure 2. Répartition des émissions de CO2 selon leurs sources dans l’industrie cimentière.

En additionnant ces différentes émissions on peut retenir l'


estimation grossière : 1t de
ciment produite = 1t de CO2 rejeté dans l’atmosphère. Le tableau ci dessous tiré de [WBCSD]
présente des chiffres plus précis, il donne, par pays, les émissions de CO2 relatives à la
fabrication de 1t de ciment. Il montre que le chiffre de 1t est un peu surévalué et que des
disparités importantes existent entre les différents pays.

Tableau 1. Emission de CO2 par kg de ciment produit en 1990 et 2000.

B. Les émissions énergétiques


Présentation :

Les émissions énergétiques représentent environ 40 % des émissions totales d’une


cimenterie. Elles sont surtout dues à la combustion de matières fossiles (principalement
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charbon et coke de pétrole) destinée à fournir l’énergie nécessaire pour maintenir la très haute
température des fours à clinker.

Efficacité énergétique :

En raison des politiques d’économies d’énergie dans les années 70, l’efficacité
énergétique des cimenteries a été améliorée dans certains pays développés. Au Japon par
exemple, l’énergie nécessaire à la production du clinker a diminué de 30% entre les années
1973 et 1990, ces politiques ont eu pour effet secondaire de diminuer les émissions
énergétiques des cimenteries concernées. Les disparités, même entre pays développés restent
fortes comme l’indique le tableau (tiré de [WBCSD]), cependant, dans les pays les plus
avancés l’augmentation de l’efficacité énergétique atteint ses limites. Ainsi au Japon les
émissions énergétiques par tonne de ciment stagnent depuis 1990.

Tableau 2. Dépenses énergétiques par kg de clinker produit en 1990 et 2000 dans différents pays.

Énergies de substitution :

Parallèlement à l’augmentation de la rentabilité énergétique des cimenteries, les


producteurs utilisent de plus en plus les déchets comme combustibles de substitution (pneu
usés, boues de curage, vieux papiers, huiles usagées ...). Ils permettent ainsi de valoriser ces
produits qui auraient de tout façon du être incinérés en dégageant du CO2. En Europe, la part
des combustibles de substitution dans la production de l’énergie thermique était de 10 % en
1995 elle dépasse maintenant les 50 % dans certaines régions [Cembureau].

Des progrès achevés :

Pour des raisons économiques évidentes (prix du pétrole ...) la réduction des quantités
de combustibles fossiles nécessaires à la production d’une tonne de ciment fait partie des
priorités de nombreuses cimenteries. Malgré de grandes disparités entre les pays, les progrès
dans ce domaine ont été importants et atteignent maintenant leur limite dans plusieurs pays.
Pour ces raisons, on ne traitera pas plus en détail les émissions de CO2 énergétiques dans ce
rapport. On se concentrera sur les émissions de procédé pour lesquelles des progrès énormes
et des avancées technologiques majeures sont encore réalisables. Le tableau ci dessous tiré de
[WBCSD] résume la situation actuelle en terme d’émissions énergétiques :

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Tableau 3. Potentiels de réduction des émissions énergétiques

C. Émissions de procédé
Présentation :

Les émissions de procédé résultent de la réaction chimique qui transforme le calcaire


(CaCO3) en oxyde de calcium (CaO), précurseur du ciment :

Ces émissions sont donc directement liées à la nature du ciment Portland et constituent
50 % des émissions de l’industrie cimentière.

Ciments mélangés :

Pour réduire les émissions de procédé, il faut diminuer la part de clinker dans le
ciment, ce qui conduit à remplacer une partie du CaCO3 par d’autres matériaux et donne ce
que l’on appelle des ciments mélangés (blended ciment en anglais, littéralement ciments
mélangés). On peut ainsi aller jusqu’à des taux de substitution de 30% par tonne de ciment,
diminuant d’autant les émissions de procédé. Ces ciments mélangés sont déjà fabriqués et
utilisés, (pour des exemples voir http://www.cemaust.com.au/ liens products puis project case
studies). On traitera des ciments mélangés dans la première partie du rapport.

Nouveaux liants :

D’après [WBCSD], les ciments blancs permettraient une réduction des émissions de
procédé de 1 à 35 % selon les régions, pour une moyenne mondiale de 7%. Une autre manière
de réduire les émissions de procédé serait de remplacer le ciment (dans le béton par exemple)
par des liants qui ne contiennent pas du tout de calcaire et dont les émissions de procédé sont
quasi nulles. De tels produits ne sont pas encore utilisés à grande échelle et la recherche sur
ces nouveaux liants est beaucoup moins développée que celle concernant les ciments blancs.
Ils sont pour l’instant réservés à une utilisation de haute technologie. On s’intéressera aux
nouveaux liants dans la seconde partie du rapport et on étudiera s’ils peuvent constituer une
alternative réelle aux ciments Portland.

Les éco-ciments :

Dans la dernière partie du rapport on étudiera une autre piste de réduction des
émissions de CO2 de l’industrie cimentière : l’utilisation des éco-ciments. Le principe de ces
ciments est d’augmenter la capture du CO2 par le béton pour faire de nos bâtiments des puits
à CO2. Les éco-ciments sont formés à partir d’oxyde de magnésium et non de calcaire,
encore au stade expérimental ils ne sont pas produits à grande échelle pour l’instant.
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Partie I : Les ciments mélangés

A. Introduction

Principal élément responsable de l’émission de CO2 dans l’élaboration de ciment, le


clinker en est également le constituant le plus important pour ses qualités de liant. Cependant,
le premier axe de recherche pour obtenir une émission plus faible est sa substitution partielle
par certains additifs. Ces additifs contiennent du CaO et les principaux étudiés sont des
éléments considérés, jusqu’à présent, comme des déchets. Considérés comme perdus,
l’émission de CO2 qu’a pu induire leur production ne leur est pas affectée. Ainsi, les cendres
volantes issues de la combustion du charbon et le laitier rejetés par l’industrie métallurgique
sont mélangés aux clinkers pour l’élaboration de nouveaux ciments.
Les besoins annuels de ciments pourraient atteindre 3500 millions de tonnes en 2015
et il faut donc que les différents substituts soient à la fois disponibles en quantité suffisante
pour pouvoir réduire de manière significative les émissions mais également être disponibles
géographiquement pour que les coûts de transport ne soient pas prohibitifs

B. Propriétés mécaniques des ciments mélangés

Ciments avec ajout de laitier :

La production de fer nécessite la combustion de coke et la décarbonatation de chaux.


Un des produits obtenus dans les hauts fourneaux est le laitier. Elle a pour principal
composant un mélange solide de (2CaO.Al2O3.SiO2)(2CaO.MgO.2SiO2). Le CaO représente
40% de la masse de ce composé. Il va permettre de substituer une partie des clinkers utilisés
pour faire du ciment.
Ce laitier en fusion est séparé du métal dans les hauts fourneaux. La plupart des laitiers
produits par l’industrie traditionnelle sont de nature cristalline et ne possèdent pas les
propriétés hydrauliques qui leur permettraient d’être utilisés comme des liants. Pour pouvoir
obtenir un ciment efficace, il faut adapter le processus de fabrication du fer. Pour cela, le
laitier est refroidit de manière brusque en l’aspergeant d’une quantité importante d’eau. Cette
trempe descend de manière quasi instantanée le mélange à une température inférieure à la
température d’ébullition de l’eau. Les laitiers obtenus sont dans un état vitreux sans structure
cristalline et ont les propriétés nécessaires pour l’utilisation en tant que ciment.
Ensuite, les laitiers sont broyés puis mélangées avec les clinkers pour obtenir du
ciment.
Le tableau 4 reprend les différentes caractéristiques mécaniques des ciments avec
ajout de laitier.

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Tableau 4. Tableau récapitulatif des caractéristiques mécaniques des ciments ajouts (ciment 1 :Ciment
Portland à partir duquel on a obtenu les différents ciments ajouts ; ciment 4 :Ciment Portland dont le
processus de fabrication a été optimisé pour diminuer les émissions) [1] [R. Roskovic & al, 2005]

Ces caractéristiques montrent que les ciments aux laitiers ont des caractéristiques
mécaniques détériorées par rapport au ciment 1 qui est le ciment à partir duquel il a été obtenu
par mélange. Cette détérioration montre que lors des premiers jours de prise les qualités
mécaniques des ciments mélangés sont détériorées par la présence d’additifs par rapport au
ciment de portland. Ils ont cependant des caractéristiques proches du ciment 4 élaboré
uniquement à partir de clinker et minimisant l’impact environnemental de sa fabrication
(utilisation d’énergie minimale et rejet minimal de CO2).

Les études menées montre qu’ensuite les caractéristiques mécaniques de celui-ci


s’améliorent et dépassent même celles du ciment de portland si on choisit le taux de laitier
approprié.

Les ciments avec ajout de laitier sont également plus faciles à utiliser. La densité plus
faible des laitiers par rapport aux clinkers permet d’obtenir, pour un poids équivalent de
ciment et pour une quantité identique d’eau, un volume de pâte plus élevé qui permet ainsi
une meilleure maniabilité du ciment. Une augmentation de la quantité de laitier incluse dans
le ciment augmente aussi le temps de prise du ciment. Un passage de 35% à 60% augmente de
60 minutes le temps de prise initial et limite ainsi par exemple la vitesse de décoffrage du
béton. Un autre paramètre affecté est le ressuage du ciment, c’est-à-dire la quantité d’eau qui
décante du ciment lors de la prise. Si le grain des laitiers est fin alors le ressuage sera plus
faible.

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Figure 3. Résistance à la compression des ciments ajouts en fonction de la quantité de laitier utilisée [N. P.
Rajamane et al., 2003 ]

Conclusion sur les propriétés mécaniques

Les ciments avec ajout de laitier peuvent ainsi remplacer de manière avantageuse les
ciments de portland si on peut négliger leur faiblesse en début de prise.
Il est donc possible d’utiliser un ciment à base d’un mélange laitier/clinkers. Le taux
maximal peut atteindre de nos jours 95%. Les concepteurs doivent cependant prendre en
compte leurs faibles résistances au jeune âge.

Ciments avec ajout de cendres volantes :

Les cendres volantes sont aussi utilisées comme substitut du clinker comme source de
CaO. Elles sont des produits dérivés de la combustion du charbon.
Le tableau [1] reprend les caractéristiques mécaniques en compression d’un ciment
ajout avec 25% de cendres volantes. Les caractéristiques mécaniques à 28 jours se sont
dégradées de façon analogue au ciment avec ajout de laitier.
Pour obtenir des caractéristiques mécaniques exploitables, elles peuvent remplacer les
clinkers à hauteur de 30% en masse dans la construction de structure et jusqu’à 70% pour les
utilisations nécessitant une moindre performance mécanique.

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Ciments avec ajout de cendres volantes et de laitier :

Certains types de ciments mêlent à la fois les cendres volantes, le laitier et le ciment
portland. Ces ciments ont une meilleure maniabilité, leur temps de prise est allongé par
rapport au ciment portland de la même manière que les ciments avec laitier. Leurs qualités
mécaniques au jeune âge sont également dégradées comme le montre le graphique suivant.

Figure 4. Evolution temporelle de la résistance à la compression de ciments mélangés par comparaison


avec le ciment portland type A [cement australia]

C. Ciments mélangés : Situation actuelle et perspective de


développement

Utilisation actuelle :

L’étude des caractéristiques mécaniques a montré que les ciments mélangés sont
capables de remplacer certains ciments portland.
Les cimentiers récupèrent l’ensemble des cendres volantes de fraîche combustion
produites par EDF. Cependant les cendres volantes stockées sur parc par EDF ne peuvent être
récupérées car leur qualité est moindre.
Il existe également de nombreux centres de broyage du laitier (Fos-sur-mer, Rouen,
Bordeaux). Son utilisation est toutefois difficile car son prix est plus élevé que celui du
clinker et il est aussi exploité pour les sous couches routières.
Pour faciliter leur utilisation, Lafarge a mis en place une gamme de ciment
« classique ». Celle-ci utilise une nomenclature adaptée pour pouvoir utiliser les ciments
mélangés avec laitier comme des ciments portland. Par exemple le ciment classique 52,5L est
à utiliser comme un ciment portland 32,5 pour prendre en compte la vitesse de durcissement
plus lente du ciment ajout.
L’utilisation des ciments mélangés est encore limitée dans les chantiers publics car
l’administration impose encore pour la plupart de ses chantiers des ciments portland purs
(type CEMI) même si des ciments aussi performants ne sont pas tout le temps justifié.

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Perspectives d’utilisation des ciments mélangés :

• Ciments aux laitiers


En 1987, la production annuelle de fer s’élevait à 330 millions de tonnes générant
210 millions de tonnes de laitier. Vu l’augmentation constante du besoin en fer et
sa production répartie sur tous les continents, on peut espérer que si les efforts
financiers et techniques sont réalisés pour adapter les appareils de production, les
ciments avec ajout de laitier pourraient représenter jusqu’à 16% du marché du
ciment d’ici 2015, celui-ci étant évalué à 3500 millions de tonnes.

• Ciments avec ajout de cendres volantes


En 1987, la production mondiale de cendres volantes s’élevait à 290 millions de
tonnes. Si ce niveau de production est maintenu, le ciment contenant des cendres
volantes pourrait représenter 8% de la production mondiale de ciment en 2015.
Malgré une forte production mondiale, elles restent toutefois très peu utilisées car
la qualité du ciment obtenue est limitée. De plus, le coût actuellement élevé du
pétrole s’oppose aux obligations du protocole de Kyoto et ne permet pas d’avoir
une grande visibilité sur la production future de cendres volantes.

D. Conclusion
La substitution de clinkers par du laitier et des cendres volantes dans les ciments
permet de diminuer de manière significative l’émission de CO2. En effet, la substitution des
clinkers dans le ciment permet d’obtenir des ciments de qualités mécaniques exploitables avec
une diminution de rejet de CO2 – le taux de substitution de clinker est du même ordre que la
diminution de rejet de CO2. Cependant, la disponibilité de ces deux produits de substitution
n’est pas assurée et limite leur possible utilisation généralisée.

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Partie II : Les nouveaux liants en remplacement du clinker

A. Introduction :

Le ciment traditionnel portland est produit en très grandes quantités dans le monde et à
des coûts très faibles mais il émet en contrepartie de grandes quantités de CO2. De gros
efforts ont déjà été faits pour les émissions énergétiques.
Dans l’optique de la réduction des émissions de procédé de CO2 liées à la production
de ciment, il est possible d’ajouter des additifs au clinker par l’intermédiaire des ciments
mélangés comme nous venons de le voir précédemment (Partie I). Une autre solution consiste
à produire du ciment sans utiliser de clinker. Pour cela, il faut le remplacer par des matériaux
n’induisant pas ou peu d’émissions de CO2 mais permettant de fabriquer des liants structurels
solides.

Matériaux de substitution au calcaire :

L’analyse de la croûte terrestre montre de manière assez évidente que le calcaire est un
des composants les plus abondants et qu’il est largement présent dans toutes les régions du
monde. De plus, le calcaire est aussi une source concentrée et relativement pure de calcium.
Ces éléments font du carbonate de calcium une matière première de choix très bon marché
pour le ciment. Les matériaux envisagés pour le remplacer doivent donc répondre à un cahier
des charges très contraignant. Ils se doivent notamment d’être très abondants et très
répandus (les coûts de transport seraient rédhibitoires dans le cas contraire).
Une analyse de la banque de donnée US Geological Survey a permis d’identifier les
matériaux susceptibles d’être compétitifs dans la production de ciment :
- l’argile, source d’aluminium et de silicium (pouzzolanes naturelles)
- les sulfates de calcium (gypse ou anhydrite) sources de soufre et de calcium
- les oxydes de fer
- la silice (silicates de calcium notamment)
- les cendres volantes de charbon sources de silicium, d’aluminium et de soufre (pouzzolanes
industrielles)
- le carbonate de sodium et le chlorure de sodium
En pratique, d’autres sources d’aluminium (bauxite), de silicium et de soufre existent
mais elles ne sont pertinentes qu’à une échelle locale. C’est le cas également des minerais de
phosphore et de magnésium. Ainsi, les ciments de substitution riches en aluminium, en
magnésium ou en phosphate ne peuvent pas être envisagés à grande échelle mais ils peuvent
être très utiles localement ou pour des applications spécialisées.
Le tableau suivant tiré de [Ellis Gartner, 2004] présente les émissions de procédé de
CO2 associées à la formation des composés actifs du ciment (liant) à partir des matériaux
envisagés précédemment :

Composé actif du Dénomination Emission de Emission de


ciment (liant) procédé de CO2 procédé de
(g/g) CO2 (g/ml)
MgO oxyde de magnésium 1.092 3.91
CaO oxyde de calcium (phase du 0.785 2.63
clinker)

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(CaO)3 ( SiO2 ) (alite) silicate de calcium (phase 0.578 1.80
du clinker)
(CaO) 2 ( SiO2 ) (belite) silicate de calcium (phase 0.511 1.70
du clinker)
(CaO) 4 ( Al2O3 )( Fe2O3 ) aluminoferrite de calcium 0.362 1.29
(CaO)( Al2O3 ) aluminate de calcium 0.279 0.83
(CaO) 4 ( Al2O3 )3 ( SO3 ) sulfoaluminate de calcium 0.216 0.56
(CaO)( SiO2 )( H 2O) 2 Sulfate de calcium ~0 ~0
( Al2O3 ) x ( SiO2 ) y pouzzolanes ~0 ~0

Tableau 5. Emissions de CO2 de procédé liées à la formation de nouveaux liants [Gartner 2004]

On notera la grande variabilité des émissions de procédé de CO2 selon les composés
considérés. Les sulfates de calcium, les aluminates et sulfoaluminates de calcium laissent
notamment entrevoir des réductions substantielles d’émission de CO2 par rapport aux
phase traditionnelles du clinker (alite, belite et oxyde de calcium). Enfin, puisque les
émissions de CO2 associées à l’extraction minière de pouzzolanes naturelles sont très faibles,
de grands espoirs entourent les procédés de fabrication de ciment à base de pouzzolanes
naturels. Il en est de même pour les pouzzolanes industrielles (cendres volantes…).

Bilan :

Finalement, les solutions de substitution au ciment traditionnel portland


potentiellement intéressantes, entraînant notamment des émissions de CO2 réduites,
apparaissent comme étant les ciments à base de pouzzolanes, les ciments à base de
(sulfo)aluminate de calcium et les ciments à base de sulfate de calcium (voir le tableau
précédent).

Autres ciments prometteurs :

Nous analyserons également par la suite les ciments à base de céramique dans la
mesure où ils ouvrent également des perspectives intéressantes dans la production de ciment à
faible émission de CO2 bien que les matières premières ne soient pas facilement accessibles à
travers le monde (présences locales).

B. Etude des nouveaux liants potentiels identifiés :

Etude détaillée :

L’étude détaillée des nouveaux liants identifiés précédemment est présentée en


annexe. Elle a été réalisée à partir de la synthèse effectuée par Ellis Gartner de Lafarge et des
articles de Jeong et al. et de Wagh et al. (voir bibliographie).
Elle présentent les mécanismes réactionnels des réactions mises en jeu, les
caractéristiques structurelles des liants obtenus mais également les avantages et les
inconvénients de ces nouvelles techniques en comparaison avec le ciment traditionnel
portland. L’étude analyse aussi les émissions de CO2 d’origine énergétique et les émissions
de procédé. Enfin, dans la mesure du possible, la disponibilité des matières premières, le coût
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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
de production effectif et les investissements nécessaires ont été discutés. Il est important de
noter que les informations concernant ces nouvelles techniques sont parfois difficiles à
obtenir dans la mesure où elles sont parfois confidentielles et relèvent du secret industriel.
Un bilan succinct regroupe les principaux enseignements de cette étude.

Bilan :

Les ciments à base de pouzzolanes peuvent être activés selon trois procédés
distincts :

• L’activation de pouzzolanes par de la chaux, connue sous le nom de « réaction


pouzzolanique », est trop lente pour pouvoir être utilisée dans des applications
industrielles. Le couplage de la réaction pouzzolanique avec celle de la formation de
chaux à partir d’alite permet d’avoir une formation plus rapide de phases cimentières
solides. L’activation de pouzzolanes par de l’alite conduit donc à la formation de ciment
selon un procédé a priori transposable à grande échelle. Cette production de ciment
s’accompagne également d’une forte réduction des émissions de CO2 (43% dans le cas de
la fumée de silice).

• L’activation de pouzzolanes par des silicates alcalins, connue sous le nom de


« géopolymérisation », souffre également d’une cinétique réduite (possibilité de chauffer
pour accélérer la réaction). L’utilisation de pouzzolanes d’origine anthropique très réactifs
pourrait en théorie régler le problème de la cinétique mais elle coûte très chère.
Néanmoins, le procédé est très prometteur car nécessitant à priori peu d’investissement
pour son industrialisation et laissant entrevoir des réductions potentielles d’émission de
CO2 allant France 90%.

• L’activation de pouzzolanes par de l’oxyde de magnésium souffre de nombreuses


limitations (matière première en quantités limitées, activateur peu soluble et très émetteur
de CO2) mais suscite de nombreux espoirs en terme de carbonatation (voir partie IV).

Les ciments à base de (sulfo)aluminate de calcium présentent des émissions de CO2


très réduites tant au niveau énergétique qu’au niveau des procédés chimiques. Ils émettent
notamment moins de CO2 que les ciments pouzzolaniques activés par de l’alite grâce à
l’incorporation de gypse (aucune émission de procédé). Ils sont relativement poreux et donc
les éventuelles armatures en fer peuvent être exposées à des problèmes de corrosions. Des
études sont actuellement menées pour concevoir des armatures avec des matériaux résistants à
la corrosion [RdV A. Feraille]. Quelques autres problèmes pratiques de cinétique, de
carbonatation et d’expansion trop importante peuvent limiter l’essor industriel de tels
procédés. Néanmoins, les ciments à base de (sulfo)aluminate de calcium apparaissent comme
étant parmi une des meilleurs alternatives au ciment portland. D’ailleurs, le Groupe
Italcementi, dans le cadre de la réduction des émissions à effet de serre, s’intéresse à
l’élaboration de nouveaux liants à base de clinker CSA.

Les ciments à base de sulfate de calcium ont de nombreux avantages : processus de


solidification très rapides et facilement contrôlables, disponibilité des matières premières
relativement élevée et faible consommation d’énergie (faible émission de CO2). De plus, les
émissions de procédé de CO2 sont inexistantes. Les ciments à base de sulfate de calcium sont
donc très prometteurs. Malheureusement, ils sont très vulnérables (perméabilité aux agents
agressifs) et ne protègent pas les renforcements métalliques de la corrosion. Ces inconvénients
16
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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
peuvent être limités par l’utilisation de renforcements en fibre de carbone et d’additifs bon
marché. Les ciments à base de sulfate de calcium sont donc certainement promis à un bel
avenir dans l’industrie cimentière de demain.

Les ciments à base de céramique ont eux aussi de nombreux avantages : réaction
exothermique, durcissement rapide, résistance à la corrosion et aux conditions extrêmes, et
stabilisation de nombreux déchets. Ils émettent également très peu de CO2, ne nécessitent pas
d’investissements particuliers. Leurs coûts de revient dépendent du céramique utilisé mais
sont en moyenne 2 à 3 supérieurs à celui du ciment portland. Néanmoins, leurs très grandes
qualités en font certainement des ciments à très fort potentiel de développement, au moins
pour des niches spécialisées.

Tableau comparatif :

Le tableau qui suit présente de manière comparative les différentes caractéristiques des
nouveaux liants étudiés. Les divers critères retenus permettent d’évaluer le potentiel de ces
nouveaux liants.

Propriétés Disponibilité Emissions Emissions Avantages / Remarques Bilan


/////////////////// des matières énergétiques de procédé Inconvénients
Nouveaux liants premières

Ciments à base
Solution : Pas une
de pouzzolanes – Très Cinétique trop
+++ ++ utilisation bonne
activation par de faibles lente
alite alternative
la chaux
Ciments à base
Faibles
de pouzzolanes –
+++ ++ réduction ~ ~ Prometteur
activation par de ~40%
chaux + alite
Géopolymères :
Ciments à base Très
Peu
de pouzzolanes – faibles
+++ ++ d’investissement Prometteur
activation par réduction
/ durabilité
des silicates de ~80%
alcalins
Ciments à base
de pouzzolanes – Moyenne Carbonatation Polémique :
++ + (MgO) ?/ Partie IV
activation par (MgO) / durabilité doutes !
MgO
solidification
Applications
Ciments à base performance
industrielles
technique /
de GGBFS Très
+++ +++ ~0 expansion
(sulfo)aluminate corrosion
Ciments prometteur
de calcium TCS
carbonatation
perméabilité
solidification –
Ciments à base Solution :
contrôle /
de sulfate de +++ +++ ~0
tendreté –
ajouts Prometteur
calcium additifs
perméabilité
industrialisation
Prometteur /
Ciments à base Très résistance peu
+ +++ Niches
de céramique faibles d’investissements
spécialisées
/ coût élevé

Tableau 6. Bilan comparatif des différents nouveaux liants identifiés selon plusieurs critères.
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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
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Les techniques envisagées sont donc globalement prometteuses. Les géopolymères,
les ciments à base de (sulfo)aluminate de calcium et les ciments à base de sulfate de
calcium sont les nouveaux liants à plus fort potentiel de développement. Dans une moindre
mesure et à échelle locale (niches), les ciments à base de céramique devraient pouvoir jouer
un rôle efficace dans la réduction des émissions de CO2.
Dans la mesure où les géopolymères sont des nouveaux liants prometteurs ayant déjà
été produit de manière industrielle à ce jour, l’analyse de ce type de nouveau ciment sera
développée dans la partie III.
Enfin, la partie V essaiera d’éclairer le débat actuel concernant les ciments à base de
pouzzolanes activées par de l’oxyde de magnésium, aussi appelés ‘éco-ciments’.

C. Conclusion :
Les solutions présentées précédemment proposent des mécanismes de production de
ciments de grande qualité structurelle qui nécessitent de très faibles émissions de CO2. Dans
certains cas, ces émissions sont réduites jusqu’à un facteur dix (géopolymères). Les procédés
envisagés permettraient donc d’atteindre les objectifs de Kyoto à court terme, mais également
ceux du Facteur 4 à plus long terme.
On notera que certains géopolymères ont déjà été utilisés de manière industrielle (voir
partie III) et qu’il en sera de même bientôt pour les ciments à base de sulfoaluminate de
calcium (Italcementi). Malheureusement, la mise en œuvre industrielle des nouveaux
procédés de fabrication de ciment aux émissions de CO2 réduites se heurte à de nombreux
problèmes techniques, financiers et politiques. Ces différentes problématiques, notamment
celles de l’adéquation théorie-pratique, des normes, des freins économiques, des inerties des
chaînes amont et aval, seront développées au sein de la partie V.
Néanmoins, la technologie cimentière permettant de réduire de manière drastique les
émissions de CO2 existe et il est certainement envisageable de l’exploiter à grande échelle
sous réserve de l’existence d’une volonté politique forte et de contraintes incitatives pour
les cimentiers.

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Partie III : Les ciments à base de géopolymères

Rappel :

Les ciments à base de géopolymères utilisent ces derniers comme liant à la place du
clinker. Ce sont des exemples particuliers de ciment dont le liant est à base de pouzzolanes.
Ces derniers sont activés par des silicates alcalins.

A. Bilan des émissions de CO2


La réaction de géopolymérisation requiert la calcination à 800°C de matériaux de base
riches en Al et Si. Les émissions de CO2 énergétiques sont donc plus faibles pour la
géopolymérisation que pour la fabrication de clinker. Pour ce qui est des émissions de
procédé, le CO2 ne fait pas partie des produits de la réaction de géopolymérisation, elles sont
donc quasi nulles. D’après les estimations les plus optimistes, la fabrication de géopolymères
émet 80% moins de CO2 que celle de ciment portland. Le tableau France tiré de [J.
Davidovits, 2002] donne les émissions de CO2 liées à la fabrication de 1t de ciment
géopolymérique réalisé à partir des « ingrédients géologiques » carbunculus et kandoxi :

Tableau 7. Emissions de CO2 liées à la fabrication de 1 tonne de ciment géopolymérique [Davidovits,


2002].

La fabrication de 1 tonne de ciment géopolymérique carbunclus conduit à l’émission


de 0.0184 tonnes de CO2 contre 1 tonne pour le ciment portland. Le ciment géopolymérique
produit donc 5 à 6 fois moins de CO2 lors de sa fabrication que le ciment portland. Reste à
voir si techniquement et économiquement, les ciments géopolymériques offrent une
alternative aux ciments portland.

B. Propriétés techniques
Depuis le milieu des années 80, divers tests ont été effectués sur des échantillons de
bétons géopolymériques. Les tests montrent que ces bétons possèdent des propriétés
mécaniques comparable voire meilleures que celles des ciments Portland. En quelques
chiffres : les ciments géopolymériques se solidifient rapidement et à température ambiante, on
observe des résistances à la compression de l’ordre de 20 Mpa après 4h de séchage à 20°C.
Après 28j, on observe une résistance à la compression de l’ordre de 70 Mpa à 100 Mpa (ce
qui est supérieur à la résistance moyenne des ciments portland). Ne contenant pas de calcaire,
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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
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les bétons géopolymériques ne sont pas dissous en milieu acide, ils possèdent des propriétés
de résistance à la corrosion supérieures à celle des ciments portland. Pour de plus amples
détails techniques et mesures on pourra se reporter à [D. Hardjito & al, 2004] et [J.
Davidovits, 1994].

C. Faisabilité économique

Expériences existantes et programmes de recherche

En raison de leurs très bonnes propriétés techniques - en particulier leur prise rapide à
température ambiante et leur résistance à la corrosion -, les liants géopolymériques ont
d'abord été étudiés en vue d'
applications de haute technologie.

1988 : Le pyrament ®.

En 1988, la compagnie américaine Lone Star Industries a présenté un ciment


géopolymérique capable de gagner une très haute résistance rapidement, ce ciment a été
commercialisé sous le nom de pyrament®. Le pyrament® est en fait un ciment blanc composé
de 80% de ciment portland et de 20% de matériaux géopolymériques. Il a été utilisé entre
autres par l'
U.S Air Force pour construire des aéroports temporaires pendant la guerre du
Golfe. Après seulement 6h de prise la piste en pyrament® peut supporter l' atterrissage d' un
gros porteur. Le ciment pyrament® est reconnu dans l'
industrie du BTP, en 1993 il était utilisé
dans plus de 50 équipement industriels aux Etats-Unis [J. Davidovits, 2002]. Cependant le
pyrament® reste un produit de haute technologie. Pour des raisons financières
(indépendantes de la production de pyrament®), Lone Star Industries à complètement arrêté
la commercialisation de ce produit en 1996.

En 1994, J. Davidovits et J. Sawyer ont reçu un NASTS award (National Association


for Science, Technology and Society) pour le ``développement d'
un ciment à haute résistance
très rapide'
’’

1994-1997: Programme geocistem.

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
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Les bétons géopolymériques ont également été étudiés en vue de solidifier des boues
contenant des résidus radioactifs ou des métaux toxiques. Le projet GEOCISTEM
(GEOpolymeric Cements for Innocuous Stabilization of Toxic EleMents), lancé en 1994 par
la commission européenne avait pour but de développer des ciments géopolymériques pour la
stabilisation d'
éléments toxiques, à coût effectif. Ce programme de recherche s' est terminé en
1997 avec la mise au point du procédé geopolytech®. Entre 1998 et 2000, une application de
geopolytech® a été réalisée à grande échelle sur le site de Wismut en Allemagne, hautement
contaminé par des déchets miniers d' uranium. L' expérience a montré que les bétons
géopolymériques présentent d' excellentes propriétés de stabilisation structurelle et chimique à
long terme. Pour l'encapsulation de déchets toxiques, les bétons géopolymériques fournissent
donc des performances techniques comparables aux procédés de vitrification mais avec des
technologies aussi simples que celles du ciment standard et des coûts proches. [E. Hermann &
al, 1999]

D. Conclusion
On a vu que les matériaux de base pour la fabrication des ciments géopolymériques
qui sont des pouzzolanes sont très répandus et présents dans toutes les régions du monde.
D'après le site [geopolymer.org], la fabrication de liants géopolymériques ne nécessite
pas plus d' investissement ni d' équipement que celle du ciment portland, on a vu de plus qu’il
était plus économique en énergie. Si on ajoute à cela le fait qu’il est 80% moins coûteux en
émissions de CO2, il semble que la fabrication de liants géopolymériques reviendrait moins
cher que celle du ciment portland, surtout dans le cadre de quotas d' émissions contraignants.
On a vu également que les bétons géopolymériques présentent d' excellentes caractéristiques
techniques et ont déjà été utilisés | bien que de façon marginale | avec succès. Cependant, ils
restent des produits de haute technologie et ne sont pas encore utilisés à grande échelle.
Malgré de nombreuses recherches sur Internet - en particulier sur le site cement australia
puisqu’il semble que de nombreux “nouveaux ciments” sont utilisés en Australie - et une prise
de contact avec J. Davidovits, on n’a pas pu trouver d' application “grande échelle” des bétons
géopolymériques. Cette absence de fabrication de ciments géopolymériques par la “grande
industrie” du ciment pourrait simplement être liée au fait que le ciment portland est bien
implanté, économique et efficace, auquel cas des quotas contraignant d' émission de CO2
devraient forcer l' utilisation de ciments plus ``propres'’’ Il est aussi possible que les normes
utilisées par l'
industrie du ciment soient trop figées pour accepter ces nouveaux produits (s' il
s'agit de normes en terme de composition des liants pas exemple). Dans le cas des liants
géopolymériques, beaucoup de brevets ont été déposés ce qui pourrait aussi être un frein à
leur fabrication par les grands cimentiers.

Les liants géopolymériques semblent constituer une réelle alternative au ciment


portland que ce soit en termes économiques ou techniques. Leur utilisation massive
permettrait selon les estimations les plus optimistes une réduction de 80% des émissions de
CO2 de l' industrie du ciment. Néanmoins le manque de données induit une certaine
incertitude qui nuance les grandes qualités affichées par les géopolymères.

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
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Partie IV : Les nouvelles technologies cimentières de la
réduction des émissions de CO2

A. Carbonatation, un phénomène naturel aux effets négatifs


pour les ciments Portland
La carbonatation est un phénomène naturel, affectant les matériaux comme le ciment
[Bertos]. Nous la présentons ici car elle est limitante dans le cas du ciment Portland. Elle peut
en effet avoir des effets négatifs sur le béton, même si celle-ci permet de stabiliser les métaux
lourds (offrant ainsi également des possibilités de stockage des déchets). Toutefois, pour les
nouvelles technologies cimentières, comme l’éco-ciment de l’entreprise TecEco, elle peut
s’avérer bénéfique à la fois en termes de résistance du matériau ou d’absorption du CO2
atmosphérique (ceci sera développé un peu plus tard).

Les ciments ordinaires de type Portland sont exposés à l’eau des nappes percolant, ou
aux eaux de pluie, et sont donc sujets à la corrosion. Le gel hydrate silicate de calcium, qui est
le principal produit de l’hydratation du ciment Portland, est dissous par l’environnement
acide. Ceci réduit de manière conséquente les caractéristiques de solubilité et de durabilité des
produits cimentiers avec le temps.

Par ailleurs, le ciment présent dans le béton s’hydrate pour donner un milieu très
alcalin (pH 13). C’est une protection pour l’acier, car se forme (à un pH supérieur ou égal à
10,5) un film oxyde passif protecteur. La carbonatation supprime ce film, laissant ainsi l’acier
exposé à la corrosion.
Toutefois, la carbonatation peut se révéler positive avec de l’oxyde de magnésium.

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B. Les éco-ciments

TecEco est une entreprise australienne de recherche et développement, fondée en


1999, ayant pour but de développer des technologies durables. Elle se concentra sur
l’industrie du ciment (environ 5% des émissions mondiales de CO2), en développant
notamment son éco-ciment.

Cette invention repose sur l' utilisation d'


une autre matière première que celle
communément utilisée dans l' industrie cimentière (la magnésite remplaçant le carbonate de
calcium), rendant ainsi possible la capture du CO2 lors de la prise du béton. Cette technique
révolutionnaire permettrait aussi d' envisager des villes recyclables, leurs déchets étant
réutilisables pour la construction de nouveaux bâtiments. En plus de la considération “gaz à
effet de serre”, elle est donc écologiquement favorable à plus d’un point [New Scientist].

Cette invention semble très prometteuse. C’est l’une des rares techniques alternatives
qui est surtout connue car le directeur de TecEco, John Harrison, a été très médiatique, en
reportant par exemple le New Inventors Show sur ABC. Toutefois l’absence de chiffres doit
susciter la réserve, même si le Professeur Glasser [Glasser] (mondialement reconnu,
université d’Aberdeen) l’a approuvée dans une évaluation indépendante.

o Principe et procédé de fabrication

Formé à partir d' oxyde de magnésium et de déchets (cendres…), l' éco-ciment est un
nouveau type de ciment, qui absorbe le CO2 contenu dans l' air en séchant. Les déchets sont
par ailleurs incorporés sans problème de réactions à long terme. Avec ce nouveau ciment, il
s'
agit donc à la fois de recycler les déchets, et de faire de nos bâtiments de gigantesques puits
à dioxyde de carbone.

L'oxyde de magnésium est produit à partir de la magnésite, matière première trouvée


en abondance sur Terre. La magnésite est tout d' abord chauffée dans un four à 650-700°C
(notons au passage la température qui est nettement moins élevée que pour la fabrication du
ciment traditionnel, ce qui est également synonyme de réductions d' émission de CO2).
TecEco veut également inclure la partie broyage dans ce four, afin d' optimiser les
performances.

De ce procédé résulte l'oxyde de magnésium, qui est ensuite mélangé à une fraction
prédéterminée de ciment Portland et de déchets. Pour les calculs relatifs à l’absorption de
CO2, la proportion est par exemple d’un tiers de ciment Portland pour deux tiers d’oxyde de
magnésium. L' ’co-ciment est ensuite utilisé de manière identique aux ciments plus
conventionnels. Il va tout d' abord s'hydrater au contact de l' eau puis carbonater (d’où
absorption de CO2) donnant plus de résistance au matériau.

Carbonatation
Dans les bétons traditionnels (ciment Portland), l'
eau du mélange absorbe également
(lentement) le CO2 contenu dans l' atmosphère. Cette solution réagit ensuite avec les
composants du béton contenant du calcium pour former des cristaux de carbonate de calcium,
affaiblissant par conséquent la résistance du matériau. Mais ce procédé de carbonatation est
plus rapide et plus efficace dans le cas des éco-ciments. Les cristaux de carbonate de
magnésium sont plus solides que ceux de carbonate de calcium, et ainsi augmentent la
résistance du matériau. Si ces ciments sont utilisés dans des matériaux poreux (comme des
23
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blocs de maçonnerie), la carbonatation peut se faire entièrement. La quantité de CO2 absorbée
dépend de la porosité ainsi que de la quantité d'oxyde de magnésium. On peut espérer qu' en
moyenne, une brique achève sa carbonatation après un an. Ainsi, une tonne de béton peut
absorber jusqu'
’ 0,4 tonne de CO2.

L’utilisation des déchets


Les éco-bétons sont également intéressants pour la réduction des gaz à effet de serre
dans une autre optique. Le potentiel d' incorporation de déchets organiques, en particulier les
déchets organiques à base de carbone (qui sinon pourriraient ou seraient brûlés, relâchant du
CO2 dans l' air) est beaucoup plus grand. Ajouter des déchets inertes comme les cendres est
courant dans l' industrie cimentière. Toutefois, les ciments Portland rendant le milieu alcalin,
les mélanges peuvent réagir avec les agrégats, fragilisant le béton parfois le fracturant. Les
problèmes seraient bien moindres avec les produits de TecEco, les ciments à base de
magnésium étant beaucoup moins alcalins. Harrison déclare que des plastiques, des
caoutchoucs peuvent être incorporés dans le ciment développé par TecEco sans en réduire
significativement la résistance. Le taux de cendres peut être augmenté jusqu' à 90% (soit 3 ou
4 fois la valeur expérimentée pour les ciments Portland).

o Avantages et inconvénients

Coût
Les sources premières de carbonate de magnésium, comme la magnésite ou la
dolomite, sont plus coûteuses à l' exploitation que les mines de carbonate de calcium.
Toutefois, le coût de la magnésie devrait chuter quand la demande augmentera (économie
d'échelle) et car elle pourra être en tant que déchet d'
autres procédés. Les éco-ciments peuvent
également utiliser de la magnésie qui ne saurait être incluse dans d' autres processus de
fabrication.

Émissions énergétiques
Les températures mises en jeu sont beaucoup plus faibles: 650ºC (contre 1400ºC pour
le ciment Portland). Les émissions énergétiques de CO2 seraient ainsi réduites de moitié. Par
ailleurs, les ciments pourraient être produits en utilisant des énergies renouvelables, ce
qu' envisage l'
entreprise TecEco.

Absorption de CO2
La carbonatation est ici plus rapide et plus efficace que dans le cas des ciments
Portland.

Incorporation de déchets
La quantité de déchets ici incorporés est beaucoup moins limitée que dans le cas du
ciment Portland. Le milieu étant beaucoup moins alcalin, la probabilité de réactions retardées,
qui pourraient conduire à un affaiblissement du béton, est réduite.

Limites
Toutefois, quelques questions subsistent. Les informations publiées sur ces techniques
innovantes restent très vagues. Le secteur étant particulièrement compétitif, peu de chiffres
sont disponibles. Malgré le soutien du professeur Glasser, il est difficile de mesurer la portée
d’une telle invention.
o Ce nouveau type de ciments remplit-il les critères habituels TecEco reconnaît que
cela n'est peut-être pas encore tout à fait le cas, mais estime à 80% la part des ciments
24
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Portland pouvant être remplacée par les éco-ciments. De plus, les seules applications
proposées par Tec-Eco portent sur des produits ne nécessitant pas de forte performance
mécanique comme les blocs de béton et la stabilisation/solidification des sols.
o Quel avenir pour les éco-ciments ? La production a commencé à plus grande échelle,
mais l'
industrie du bâtiment est conservatrice et les coûts liés aux brevets sont un frein pour le
développement d' une entreprise comme TecEco. Mais la mobilisation des moyens pour
réduire les émissions globales de CO2 permettra peut-être aux éco-ciments de percer. De plus,
le développement de telles techniques ne répond pas seulement à une nécessité de réduire
l'
impact des émissions de carbone (taxes, quotas…) et de stockage des déchets: les
considérations environnementales devraient également susciter la demande des
consommateurs.

o Vers des villes recyclables

Les éco-ciments sont réutilisables pour l’élaboration de nouveaux ciments. La part de


déchets qui peut y être mélangée est également beaucoup plus importante que dans le cas du
ciment Portland. Ceci laisse à penser que la construction de « villes recyclables » est
envisageable, scénario décrit par TecEco. Même s’il semble très utopique, on ne peut
s’empêcher de remarquer une nouvelle piste de réflexion. Plus qu’une contrainte répondant à
un accord international, c’est une approche plus globale des considérations environnementales
qui est ici présentée.

25
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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
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Le CO2 émis lors du processus de fabrication est absorbé par le béton, et les déchets
sont incorporés soit lors du broyage, soit en tant qu’agrégats.

C. Conclusion
Les éco-ciments, conçus à partir d’oxyde de magnésium (qui remplace le CaO
communément utilisé), sont une alternative aux techniques plus traditionnelles comme les
ciments blancs. Les réductions d’émission de CO2 annoncées sont prometteuses, ces chiffres
étant plus grands que dans le cas des ciments blancs (voir tableau ci-dessous), sans même
tenir compte de l’incorporation de déchets qui est rendue possible à plus grande échelle.

Mais l’absence de données réellement scientifique et de retour d’expérience laisse une


impression mitigée, l’utilisation qui peut en être faite restant très limitée (principalement blocs
de béton).
énergétiques

Absorption
de procédé
Émissions

Émissions

Électricité
Transport
Réduction

Total
des émissions
(tCO2/t)

Ciment
0,36 0.42 0,04 0,04 0.87
Portland
Oxyde de
0,25 0,59 0,04 0,04 0,92
magnésium
Mélange
0,32 0,48 0,04 0,04 0,88 0,4
2/3 – 1/3
D’où une émission «globale» par tonne de ciment qui passe de 0,87 tCO2 à 0,88-0,4=0,48
tCO2

Tableau 8. Tableau comparatif des émissions de CO2 entre le ciment portland et l’éco-ciment 2/3-1/3

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Rapport Final
Partie V Réflexions économiques et politiques

A. Réflexions techniques, sociales et économiques

Investissements

Tout d’abord, l’industrie cimentière est une industrie fortement capitalistique. En effet,
une nouvelle cimenterie nécessite des investissements à hauteur de 3 à 4 fois son chiffre
d’affaire annuel. Il est donc impératif pour les entreprises cimentières de rentabiliser les
investissements déjà consentis au niveau de leurs unités de production, ce qui limite les
capacités d’adaptation des fabricants et donne une grande priorité aux technologies dont le
processus de fabrication est applicable dans les usines existantes. C’est pourquoi il est peu
probable de voir percer les nouvelles technologies dans les régions où l’industrie cimentière a
déjà investi de manière conséquente, telle l’Europe. Les pays émergents échapperaient à cette
considération financière, car la construction de nouvelles usines y est envisageable.

Ainsi dans les pays développés, le renouvellement des usines traditionnelles par des
usines produisant des nouveaux liants n’est envisageable qu’à moyen terme. Toutefois, un tel
horizon est à rapprocher de la demi-vie d’une usine traditionnelle à savoir 50 ans, ce qui n’est
pas satisfaisant dans la recherche actuelle de solutions rapides de réduction des émissions
anthropiques.

Dans l’optique de la réduction des émissions de CO2 à court terme, l’industrialisation


à grande échelle de la production de nouveaux liants est indispensable. Ceux-ci sont en effet
la solution paraissant la plus satisfaisante à la fois techniquement (réduction des émissions de
procédé et qualité du matériau) et économiquement. Néanmoins, pour les raisons financières
évoquées précédemment, elle ne pourra potentiellement être mise en œuvre qu’au travers des
unités de production actuelles. A partir de là se pose la question de la faisabilité technique.
Les usines actuelles ont-elles des moyens adaptés pour la production de nouveaux liants ?
Certaines études tendent à montrer qu’il est en effet possible de fabriquer des nouveaux liants
avec les outils actuels, notamment pour les géopolymères.

Quoi qu’il en soit, il est fort probable que certains investissements marginaux,
notamment de transformation et de modification des unités de production, seront nécessaires.
Le montant de ces investissements influencera fortement la viabilité économique et la mise en
place des nouveaux liants par les cimentiers. L’intervention étatique, qui pourrait modifier
quelque peu les données de cette équation économique, sera discutée par la suite.

Modification de la chaîne amont

En réponse à ces enjeux financiers très contraignants, les cimentiers ne construisent


des nouvelles unités de production qu’à la condition qu’une carrière exploitable sur au moins
100 ans soit située à proximité du site de production du ciment. La limite géographique était
historiquement fixée à 200 km. Le ciment étant un produit à faible valeur ajoutée, le transport
doit être minimisé, aussi bien pour la distribution que pour l’acheminement des matières
premières (ce qui explique la position des exploitations à proximité des carrières).

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Un autre frein potentiel au développement des nouveaux liants concerne donc la
disponibilité et la répartition des matières premières. Comme nous l’avons vu précédemment,
tous les nouveaux liants prometteurs retenus font appel à des matières premières représentées
en très grandes quantités dans les sous-sols et très répandues. Néanmoins, cela peut ne pas
être suffisant. Pour les pays où les investissements à court terme seront limités (voir
distinction faite précédemment entre les pays en développement et les pays où le marché
cimentier est déjà mûr), il faut également que les gisements de matières premières soient à
proximité des usines actuelles. En effet, dans le cas contraire, les coûts de transport seraient
exorbitants et la production de nouveaux liants ne serait pas économiquement rentable. Là
encore, certaines règlementations ou incitations gouvernementales pourraient déplacer
l’équilibre en faveur de certains nouveaux liants, comme nous le verrons plus en détails par la
suite

Ciment portland un produit très rentable

Le ciment portland correspond à un processus largement maîtrisé, fiable et très bon


marché. A titre d’anecdote, un kg de ciment coûte deux fois moins cher qu’un kg de farine.
Par conséquent, l’industrie cimentière n’a aucun intérêt à changer de technique. Les ciments
de remplacement, comme les nouveaux liants, se doivent d’être aussi performants voire plus
que le ciment traditionnel. En effet, dans la mesure où chaque introduction de technologie
dans une industrie comporte des risques, les retours potentiels sur la mise en œuvre de
nouvelles techniques doivent être conséquents. Pour les entreprises, une telle démarche peut
être suggérée par les avantages, notamment économiques, de nouveaux procédés ou imposée
par de fortes incitations à changer (gouvernementales ou sociales). Jusqu’à présent, seule la
réduction des émissions de CO2 fait l’unanimité du côté des avantages.

Modification de la chaîne aval

La production de nouveaux liants pourrait également se heurter aux acteurs et aux


problématiques de la chaîne amont. Tout d’abord, les clients, que ce soit les particuliers ou les
grandes entreprises du bâtiment, sont habitués depuis longtemps, à un certain type de produit,
le ciment portland, et à certaines caractéristiques, prix, propriétés mécaniques... Le lancement
de nouveaux produits pourrait être confronté à une certaine réticence des clients. Pour pouvoir
espérer percer commercialement et être acceptés par les clients, les nouveaux liants devront
être certainement plus compétitifs que le ciment traditionnel portland. Les caractéristiques les
plus importantes sur lesquelles les nouveaux liants doivent être irréprochables sont le prix, les
performances mécaniques (durée de prise) et la durabilité.

De plus, l’introduction de nouveaux produits complexifierait l’offre vis-à-vis de la


demande. Cette diversification de l’offre tendrait à augmenter les coûts de distribution
notamment pas des déséconomies d’échelle (hausse du nombre de références, taille des lots
réduites…) pour les industriels. Dans une telle optique, le coût de revient du ciment portland
pourrait subir une hausse en réponse à l’introduction de nouveaux liants sur le marché.

Les nouveaux liants posent aussi le problème de la formation et de son financement.


Les clients devront apprendre à se servir des nouveaux liants. Cet apprentissage indispensable
aura un coût. Les industriels du ciment ne consentiront à le prendre à leur charge que si ils en
tirent des bénéfices par ailleurs. Le coût de fabrication des nouveaux liants devra donc être
plus faible que pour le ciment portland pour pouvoir absorber le surcoût de formation. Une
autre alternative est possible. Les clients pourraient accepter d’autofinancer leur formation
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Atelier Changement Climatique
Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
dans la mesure où les nouveaux liants auraient des propriétés mécaniques ou de prise
supérieures au ciment portland, justifiant ainsi le surcoût occasionné.

Problématique des normes

Un autre frein à l’introduction de nouveaux liants implique la question des normes. En


effet, les systèmes actuels de normes français et européens définissent plusieurs types de
ciment selon leur composition. Un tel cadre règlementaire interdit le développement des
nouveaux liants puisqu’ils ne répondent pas aux critères de composition. Un des défis à court
terme dans l’optique de la réduction des émissions de CO2 consiste donc à repenser les
normes dans le ciment en les axant par exemple plutôt sur les propriétés mécaniques et le
temps de prise. On pourrait même envisager de développer des normes environnementales sur
les niveaux d’émissions de CO2. Pour finir, la problématique des normes concerne de
nombreux acteurs, industriels et politiques, et n’est donc pas facile à aborder et faire évoluer.

Conclusion

Pour conclure, la mise en place de nouveaux procédés de fabrication de ciment aux


émissions de CO2 réduites pourrait se heurter à de nombreux problèmes techniques, sociaux
et économiques. Néanmoins, la technologie cimentière permettant de réduire de manière
drastique les émissions de CO2 est certainement fiable et viable. Les nouvelles techniques
deviendront auto-soutenables, les courbes d’apprentissage et d’économie d’échelle laissant
supposer une réduction des coûts de production. Il est très probable de pouvoir exploiter ces
nouvelles techniques à grande échelle à court terme, sous réserve de l’existence d’une volonté
politique forte et de contraintes incitatives pour les cimentiers. Cette incitation politique est en
effet importante, car on est ici en présence d’un problème où il n’est pas rentable pour une
entreprise unique de changer son processus de fabrication, tandis que ce changement est
viable à un niveau plus global, une fois que les compagnies ont adopté les nouvelles
technologies de manière simultanée.

B. Réflexions politiques
Incitations au développement de ciments « propres »

La mise en place du marché européen des quotas d' émissions de CO2 vise à inciter les
industriels à réduire leurs émissions de GES. Dans l' industrie cimentière, ce mécanisme pèse
encore peu dans les prises de décisions.
Pour l' instant, l'
étiquette « ciment vert » ne suffit pas pour rendre la conception et la
commercialisation d' un nouveau ciment attractives pour les fabricants. Les cimentiers
recherchent de nouvelles niches : les nouveaux produits qui arrivent sur le marché se veulent
des ciments très performants. Dans ce cadre là, la résistance au jeune âge (le ciment devient
résistant très rapidement) pourrait constituer un argument de vente pertinent (les cadences de
coulage sur le chantier pourront être augmentées).
Lorsque les cimentiers veulent mettre en avant leur action pour l' environnement, ils
insistent plutôt sur l'utilisation de combustibles alternatifs (déchets ...) pour chauffer les fours
à clinker. Le développement de ciments (autres que ciments à ajout) à émissions de procédés
réduites ne se fait pas encore sans argument de vente complémentaire basé sur les
performances supérieures du produit. (Il faut cependant noter que les cimentiers sont très

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Atelier Changement Climatique
Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
secrets en ce qui concerne leurs recherches, ce n' est pas parce que certains nouveaux liants ne
sont pas encore visibles qu' ils n'
intéressent pas l'industrie cimentière).
Enfin, pour respecter leur allocation de quotas, il est plus facile pour les cimentiers
français d' utiliser les Mécanismes de Développement Propres prévus par le protocole de
Kyoto que d' innover dans les cimenteries déjà existantes. Ainsi l' entreprise Lafarge a inauguré
en 2005 un parc éolien au Maroc. Enregistré comme MDP, il lui permettra de libérer des
crédits d'émissions pour ses cimenteries installées en France.
A l'heure actuelle, le contingentement des émissions de CO2 ne semble donc pas une
contrainte suffisante pour inciter les industriels du ciment à réduire significativement leurs
émissions de procédé. Cependant, le marché n' existe que depuis janvier 2005 et constitue un
test pour la période 2008-2012. Techniquement, des réductions importantes d' émissions de
procédé paraissent possibles. Il est probable que l' instauration de quotas plus restrictifs que
ceux qui existent actuellement constituera un levier pour l' innovation et donc la réduction
significative des émissions de procédé des cimenteries. [RdV A. Feraille]

Point de vue des cimentiers

Beaucoup considèrent que les quotas attribués aux cimentiers lors de la première
période d’essai ne sont pas suffisamment contraignants. Ces derniers s’en défendent dans la
mesure où ils estiment les quotas ont été calculés sans tenir compte d’un premier effort qu’ils
avaient consenti dans les années 90 (i.e. avant l’attribution des quotas) de leur propre
initiative en réduisant leurs émissions de CO2. De plus, ils estiment également que la mise en
place des quotas n’a pas suffisamment pris en compte l’évolution du marché du bâtiment (les
calculs ont été effectués au moment d’un ‘creux’ de la demande, alors que les dispositions
gouvernementales ont récemment relancé la construction dans la demande en ciment). A titre
d’exemple, les cimentiers français ont dû importer plusieurs millions de tonnes de ciment en
2005. Ces différents arguments poussent donc les cimentiers à parler d’une situation
inconfortable, d’autant plus qu’ils ne peuvent pas intégrer les coûts du CO2 dans celui du
ciment du fait de la concurrence (contrairement à EDF, par exemple). [RdV D. Laffaire]

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Conclusion

Afin de s’adapter dans une perspective de réduction conséquente des émissions de


CO2, plusieurs solutions s’offrent à l’industrie cimentière. L’utilisation d’ajouts (cendres
volantes…) est déjà répandue et présente l’avantage de ne nécessiter qu’une adaptation
technologique limitée. Toutefois, la résistance du matériau diminuant avec la part de clinker et
la réduction d’émission maximum qui peut résulter de cette solution ne peut dépasser 40%
(loin du Facteur 4 annoncé). L’éco-ciment est une alternative intéressante du point de vue
émission mais trop peu de soutiens scientifiques permettent d’étayer l’enthousiasme de son
créateur quant à la viabilité du produit, tant d’un point de vue économique que technologique.
C’est pourquoi nous retiendrons principalement les technologies « nouveaux liants » qui sont
adaptables sur les anciennes usines, qui utilisent des matières premières mondialement
répandues et qui font également preuve d’une crédibilité scientifique plus importante que les
éco-ciments.

Economie d’échelle et apprentissage laissent présager une diminution des coûts de


production de ces nouveaux liants, qui restent encore plus élevés aujourd’hui. Mais il faut
toutefois envisager la problématique dans son ensemble. Il n’est pas rentable pour une
entreprise ou un pays de se lancer seul dans une lutte pour la réduction des émissions
anthropiques. La sensibilisation du public aux valeurs du développement paraît avoir peu de
poids dans la décision des entreprises. Ainsi, seul un consensus international autour de normes
réellement contraignantes peut inciter suffisamment et durablement les cimentiers à franchir
cette « barrière des coûts » (qui, rappelons-le, est plus une barrière qu’un réel plateau, compte
tenu de l’apprentissage). Les pays en voie de développement sont peut-être le point sur lequel
les décideurs politiques devront accorder le plus d’attention: les mécanismes de
développement propre sont en effet une solution pour l’utilisation des nouvelles technologies
lors de l’implantation des grosses compagnies cimentières à l’étranger.

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Bibliographie

Dossiers ou magazines

1. WBCSD Cement, Toward a Sustainable Cement Industry, 2002


2. New Scientist, New Scientist, 13 juillet 2002

Articles

3. R. Roskovic, D. Bjegovic, Cement and Concrete Research 35 (2005) 974–978


4. Ellis Gartner, Industrially interesting approaches to "low-CO2”cements, Cement and
Concrete Research, Volume 34, Issue 9, September 2004, 1489-1498.
5. S. Y. Jeong & A. S. Wagh, Chemically bonded phosphate ceramics: cementing the
gap between ceramics and cements, Materials Technology.
6. S. Wagh, S.-Y. Jeong, D. Singh, High strength phosphate cement using industrial
byproduct ashes.
7. Bentur, K. Kovler, A. Goldman, Gypsum of improved performance using blends
with Portland cement and silica fume, Advanced Cementing Research 6 (23) 1994
109-116.
8. J.davidovits, Environmentally driven geopolymer cements applications, 2002
9. D.Hardjito & al., Fly ash-based geopolymer concrete, construction material for
sustainable development, 2004.
10. J.Davidovits, Properties of geopolymer cements, 1994.
11. J.Davidovits, 30 years of successes and failures in geopolymer applications : market
trends and potential breakthroughs, 2002.
12. E.Hermann & al., Solidification of various radiactives residues by géopolymère with
special emphasis on long term stability, 1999.
13. Cembureau, Alternative Fuels in Cement Manufacture - Technical and
Environmental Review, avril 1997.
14. Glasser, TecEco: Cements based on magnesium oxide, F.P. Glasser, University of
Aberdeen
15. Bertos, A review of accelerated carbonatation technology in the treatment of
cement-based materials and sequestration of CO2, Bertos, Simons, Hills, Carey
16. Damien Demailly & Philippe Quirion, Leakage from climate policies and border tax
adjustment: lessons from a geographic model of the cement industry, 2005.

Sites Internet

17. Site de l’entreprise TechTransfer commercialisant le ceramicrete


www.techtransfer.anl.gov/techtour/ceramicrete.html
18. Cement Australia, site Internet de l’entreprise Cement Australia
www.cemaust.com.au
19. TecEco, site Internet de l’entreprise TecEco www.tececo.com
20. Ministère de l’Industrie Site internet http: //www.industrie.gouv.fr/

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Rencontres

21. Entretien avec Didier Laffaire, Directeur Délégué Environnement de l' ATILH
(Association Technique de l'Industrie des Liants Hydrauliques).
22. Entretien avec Angélique Vichot, Directeur Délégué Recherche de l' ATILH
(Association Technique de l'Industrie des Liants Hydrauliques).
23. Entretien avec Claude Haehnel, Italcementi.
24. Entretien avec Adélaide Feraille-Fresnet, chargée de recherche au LAMI ENPC.

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Remerciements

Nous tenons à exprimer notre gratitude à Damien Demailly, en thèse au CIRED, pour
nous avoir conseillé, orienté et aidé dans la réalisation de cette étude. Il a su insuffler une
bonne dynamique et une bonne ambiance au sein du collectif de travail.

Nous souhaitons également remercier Didier Laffaire, Directeur Délégué


Environnement de l'
ATILH, d’avoir accepté de nous rencontrer.

Nous sommes également reconnaissants envers Angélique Vichot, Directeur Délégué


Recherche de l'
ATILH, Adelaide Feraille-Fresnet, chargée de recherche au LAMI ENPC, et
M. Claude Haehnel d’Italcementi pour leurs conseils et leurs remarques.

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Annexe Les nouveaux liants en remplacement du clinker
(version détaillée)

I. Introduction :

Le ciment traditionnel portland est produit en très grandes quantités dans le monde et à
des coûts très faibles mais il émet en contrepartie de grandes quantités de CO2. De gros
efforts ont déjà été faits pour les émissions énergétiques.
Dans l’optique de la réduction des émissions de procédé de CO2 liées à la production
de ciment, il est possible d’ajouter des additifs au clinker par l’intermédiaire des ciments
blancs comme nous venons de le voir précédemment (Partie I). Une autre solution consiste à
produire du ciment sans utiliser de clinker. Pour cela, il faut le remplacer par des matériaux
n’induisant pas ou peu d’émissions de CO2 mais permettant de fabriquer des liants structurels
solides.

Matériaux de substitution au calcaire :

L’analyse de la croûte terrestre montre de manière assez évidente que le calcaire est un
des composants les plus abondants et qu’il est largement présent dans toutes les régions du
monde. De plus, le calcaire est aussi une source concentrée et relativement pure de calcium.
Ces éléments font du carbonate de calcium une matière première de choix très bon marché
pour le ciment. Les matériaux envisagés pour le remplacer doivent donc répondre à un cahier
des charges très contraignant. Ils se doivent notamment d’être très abondants et très
répandus (les coûts de transport seraient rédhibitoires dans le cas contraire).
Une analyse de la banque de donnée US Geological Survey a permis d’identifier les
matériaux susceptibles d’être compétitifs dans la production de ciment :
- l’argile, source d’aluminium et de silicium (pouzzolanes naturelles)
- les sulfates de calcium (gypse ou anhydrite) sources de soufre et de calcium
- les oxydes de fer
- la silice (silicates de calcium notamment)
- les cendres volantes de charbon sources de silicium, d’aluminium et de soufre (pouzzolanes
industrielles)
- le carbonate de sodium et le chlorure de sodium
En pratique, d’autres sources d’aluminium (bauxite), de silicium et de soufre existent
mais elles ne sont pertinentes qu’à une échelle locale. C’est le cas également des minerais de
phosphore et de magnésium. Ainsi, les ciments de substitution riches en aluminium, en
magnésium ou en phosphate ne peuvent pas être envisagés à grande échelle mais ils peuvent
être très utiles localement ou pour des applications spécialisées.
Le tableau suivant tiré de [Ellis Gartner, 2004] présente les émissions de procédé de
CO2 associées à la formation des composés actifs du ciment (liant) à partir des matériaux
envisagés précédemment :
Composé actif du Dénomination Emission de Emission de
ciment (liant) procédé de CO2 procédé de
(g/g) CO2 (g/ml)
MgO oxyde de magnésium 1.092 3.91
CaO oxyde de calcium (phase du 0.785 2.63
clinker)
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Atelier Changement Climatique
Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
(CaO)3 ( SiO2 ) (alite) silicate de calcium (phase 0.578 1.80
du clinker)
(CaO) 2 ( SiO2 ) (belite) silicate de calcium (phase 0.511 1.70
du clinker)
(CaO) 4 ( Al2O3 )( Fe2O3 ) aluminoferrite de calcium 0.362 1.29
(CaO)( Al2O3 ) aluminate de calcium 0.279 0.83
(CaO) 4 ( Al2O3 )3 ( SO3 ) sulfoaluminate de calcium 0.216 0.56
(CaO)( SiO2 )( H 2O) 2 sulfate de calcium ~0 ~0
( Al2O3 ) x ( SiO2 ) y pouzzolanes ~0 ~0

On notera la grande variabilité des émissions de procédé de CO2 selon les composés
considérés. Les sulfates de calcium, les aluminates et sulfoaluminates de calcium laissent
notamment entrevoir des réductions substantielles d’émission de CO2 par rapport aux phase
traditionnelles du clinker (alite, belite et oxyde de calcium). Enfin, puisque les émissions de
CO2 associées à l’extraction minière de pouzzolanes naturelles sont très faibles, de grands
espoirs entourent les procédés de fabrication de ciment à base de pouzzolanes naturelles. Il en
est de même pour les pouzzolanes industrielles (cendres volantes…).

Bilan :

Finalement, les solutions de substitution au ciment traditionnel portland


potentiellement intéressantes, entraînant notamment des émissions de CO2 réduites,
apparaissent comme étant les ciments à base de pouzzolanes, les ciments à base de
sulfoaluminate de calcium et les ciments à base de sulfate de calcium.

Autres ciments prometteurs :

Nous analyserons également par la suite les ciments à base de céramique dans la
mesure où ils ouvrent également des perspectives intéressantes dans la production de ciment à
faible émission de CO2 bien que les matières premières ne soient pas facilement accessibles à
travers le monde (présences locales).

II. Ciments à base de pouzzolanes

Définition :

Les « pouzzolanes » sont des silicates d’aluminium AxSy, soit vitreux (comme les
verres naturels d’origine volcanique ou les verres d’origine anthropique tels que les cendres
volantes la silice industrielle) soit semicristallins (comme metakaolin).
L’intérêt de ces produits provient du fait qu’ils n’émettent pas de CO2 (directement ou
indirectement comme pour la silice industrielle ou les cendres volantes). Il y a quatre grands
types de ciments à base de pouzzolanes selon le mode d’activation qu’ils utilisent.

A. Activation par de la chaux

Principe réactionnel :
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Atelier Changement Climatique
Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Les ciments pouzzolaniques les plus connus et les plus maîtrisés sont ceux reposant
sur l’activation par la chaux selon la réaction suivante :
( Al2O3 ) x ( SiO2 ) y + mCa (OH ) 2 + nH 2O → p(CaO)( SiO2 )( H 2O) + q(CaO)( Al2O3 )( H 2O) (1)
pozzolans + chaux hydratée + eau → liant
L’équation bilan (1) qui permet, à partir de chaux, de pouzzolanes et d’eau, la création
de phases hydratées cimentières est traditionnellement appelée la « réaction
pouzzolanique ». Les Romains utilisaient déjà des ciments à base de pouzzolanes fondés sur
une activation par la chaux.

Inconvénient :

La « réaction pouzzolanique » est trop lente à température ambiante par rapport aux
exigences actuelles en matière de ciment. On peut y remédier par l’utilisation d’alite.

B. Utilisation d’alite

Principe :

La chaux hydratée peut être obtenue indirectement par l’hydratation de l’alite


(provenant de ciment portland traditionnel) :
(CaO)3 ( SiO2 ) + 5.3H 2O → (CaO)1.7 ( SiO2 )( H 2O) 4 + 1.3Ca (OH ) 2 (2)
alite + eau → liant + chaux hydratée
L’avantage de l’utilisation de l’alite comme activateur est la rapidité de sa réaction
d’hydratation qui confère ainsi une solidité précoce au ciment formé : formation d’une
première phase de liant.
Le couplage de la réaction (2) avec la « réaction pouzzolanique » permet dans un
deuxième temps de transformer la chaux produite : le problème de la faible cinétique est ainsi
résolu.

Emissions de CO2 : des économies substantielles

La combinaison des deux réactions précédentes conduit inévitablement à une forte


réduction des émissions de CO2 liées à la fabrication de ciment. En effet, on a vu que
l’utilisation de pouzzolanes dans la production de ciments permet une économie accrue de
CO2 (pas d’émissions de procédé).
Prenons l’exemple de l’hydratation de l’alite et de silice industrielle :
(CaO)3 ( SiO2 ) + 0.76 SiO2 + 7.04 H 2O → 1.76(CaO)1.7 ( SiO2 )( H 2O) 4 (3)
Par rapport au ciment traditionnel portland, la réaction précédente produit 1.76 fois
plus de CSH par unité d’alite. Puisque la silice industrielle n’émet pas de CO2 (déchets
industriels perdus si non utilisés dans la fabrication de ciment), les émissions de CO2 sont
réduites de 43% grâce à l’utilisation de pouzzolanes (la silice industrielle).

C. Activation par des silicates alkalins : les géopolymères

Principe réactionnel :

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Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Le troisième type de ciment à base de pouzzolanes repose sur l’activation par des
silicates alkalins en phase aqueuse. Ces ciments sont généralement appelés
« géopolymères » :
( Al2O3 )( SiO2 ) y + R( SiO2 ) z + nH 2O = R( Al2O3 )( SiO2 ) y + z ( H 2O) n (4)
pozzolans + silicates alkalins + eau → géopolymères

Limitations du procédé :

La cinétique de la réaction de « géopolymérisation » est plus faible que celle des


réactions traditionnelles (ciment portland). Cette faible cinétique peut être compensée par des
températures de chauffage élevées lors de l’opération de séchage : on obtient ainsi un liant
structurellement solide [Ellis Gartner, 2004]. Ceci est vrai pour les aluminosilicates vitreux
comme les cendres volantes et les nombreuses pouzzolanes naturelles. L’utilisation de
pouzzolanes d’origine anthropique très réactives, comme le métakaolin par exemple, coûte
quant à elle très chère : elle n’est donc pas envisageable industriellement. Malgré ces légères
contraintes pratiques, la « géopolymérisation » possède de nombreux atouts, notamment en
terme d’économie d’émissions de CO2.

Emissions de CO2 : des économies substantielles

Pour ce qui est des émissions de CO2, l’activateur silicate d’alcalin a des émissions
d’origine énergétique et de procédé très élevées. En effet, il est généralement produit à
partir de carbonates d’alcalins et de silice dans des fours similaires à ceux utilisés pour la
fabrication de verre traditionnel et donc les émissions d’origine énergétique sont semblables à
celui du verre. Les pouzzolanes naturelles ou à provenance industrielle (déchets comme fly
ash) sont quant à eux associés à de très faibles émissions de CO2 (les métakaolins et ses
dérivés nécessitent des procédés de fabrication très consommateurs d’énergie). Par
conséquent, la réduction des émissions de CO2 liée à la « géopolymérisation » dépendra dans
de nombreux cas (pouzzolanes à faible taux d’émission de CO2) de la quantité d’activateur
utilisée, qui en théorie peut être seulement de 10% en masse [Ellis Gartner, 2004]. On peut
ainsi envisager de réduire jusqu’à un facteur dix les émissions de CO2 grâce aux
« géopolymères ».

Industrialisation du procédé :

Actuellement, plusieurs applications industrielles prometteuses de la


« géopolymérisation » sont à l’étude à travers le monde, certaines utilisant fly ashes comme
matériaux bruts. Néanmoins, peu d’applications à grande échelle existent réellement pour
l’instant. Un grand travail de recherche reste à faire afin de mieux comprendre les
mécanismes de la « géopolymérisation ». On pourra alors mettre au point des procédés
fiables et prévisibles et développer les géopolymères à grande échelle.

L’analyse des géopolymères sera plus amplement développée lors de la partie III (voir
la conclusion).

D. Activation par de l’oxyde de magnésium :


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Atelier Changement Climatique
Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
Principe réactionnel :

Les pouzzolanes peuvent enfin être activés par l’oxyde ou l’hydroxyde de magnésium
selon la réaction suivante :
( Al2O3 ) x ( SiO2 ) y + mMg ( H 2O) ou ( MgO) + nH 2O → Mg ( SiO2 )( H 2O) + Mg ( Al2O3 )( H 2O) (5)
Une étude récente affirme qu’un tel mécanisme est viable pour la production
industrielle de ciment [F. Pearce & al., 2002].

Limitations du procédé :

Néanmoins, dans la mesure où l’hydroxyde de magnésium est très peu soluble en


phase aqueuse (réaction très lente en conséquence), où la fabrication de MgO à partir de
magnésite a des taux d’émissions de CO2 de procédé et d’origine énergétique élevés et où les
ressources de magnésite sont limitées, il apparaît tout de même peu probable que le procédé
en question puisse se développer industriellement à grande échelle avec des émissions de CO2
réduites.

Les espoirs de la carbonatation :

Certaines affirmations laisseraient à penser que la carbonatation (absorption par le


ciment de CO2) des ciments à base de MgO serait plus rapide que pour les ciments portland
mais il n’existe aucune preuve tangible à ce sujet pour l’instant. De toute façon, les ciments à
base de magnésium tout comme ceux à base de chaux finiront par réabsorber tout le CO2
émis pendant leur production (réaction de carbonatation). Pour de gros blocs de ciments, un
tel mécanisme pourrait cependant prendre des milliers voire des millions d’années. Dans cette
optique, s’il s’avère que les ciments à base de pouzzolanes et de MgO peuvent en effet
réabsorber plus rapidement le CO2, une telle propriété pourrait conduire les industriels et les
institutionnels à développer de tels ciments.
Cette question de la carbonatation est plus amplement développée dans la partie IV.

III. Ciments à base de (sulfo)aluminate de calcium :

Principe réactionnel :

Le composé de Klein (sulfoaluminate de calcium) réagit selon une réaction


d’hydratation très efficace en présence d’excès de chaux hydratée et de gypse pour donner un
liant (ettringite).
(CaO) 4 ( Al2O3 )3 ( SO3 ) + 6Ca (OH ) 2 + 8(CaO)( SO3 )( H 2 0) 2 + 74 H 2O
→ 3(CaO)6 ( Al2O3 )( SO3 )3 ( H 2O)32 (6)
Klein + chaux hydratée + gypse → ettringite

Emissions de CO2 : des économies substantielles

Tout d’abord, les composés sulfoaluminate de calcium tels que C4A3S ou le


monoaluminate de calcium CA ont des émissions de CO2 de procédé réduites en comparaison
avec les ciments traditionnels, également à base de calcium. Le gypse est quant à lui un
minéral abondant n’impliquant donc pas d’émissions de procédé de CO2. Globalement, les
39
Atelier Changement Climatique
Les enjeux du développement durable au sein de l’industrie du Ciment : réduction des émissions de CO2
Rapport Final
ciments à base de sulfoaluminate de calcium ont de très faibles émissions de procédé de
CO2.
De plus, le gypse ne nécessite pas d’être chauffé à 1400°C (seulement 1200°C).
Comme il est utilisé en grandes quantités, il induit une réduction des émissions de CO2
d’origine énergétique par rapport au ciment portland.
Les ciments à base de (sulfo)aluminate de calcium présentent donc des émissions de
CO2 réduites tant au niveau énergétique qu’au niveau des procédés chimiques.

Limitations du procédé :

Malheureusement quelques problèmes pratiques sont inhérents au procédé présenté


précédemment, notamment au sujet du contrôle de l’expansion générée par la réaction (6).
D’autres techniques permettent de mettre en œuvre des ciments à base de (sulfo)aluminate de
calcium.
Parmi celles-ci, il peut être intéressant de souligner le procédé à base de déchets
industriels de combustion (Ground Granulated Blast-Furnace Slag) qui est connu depuis
longtemps mais qui reste compétitif. On peut ainsi obtenir de grandes quantités stables de
ciment à partir de GGBFS, de gypse ou d’anhydrite à hauteur de 10-20% et de ciment
portland ou de chaux en quantités catalytiques. Dans la mesure où GGBFS sont des déchets
industriels, ils n’associent pas d’émission de CO2 au procédé global. Les ciments à base de
GGBFS sont donc potentiellement des candidats pour la production de ciments propres en
terme de CO2.
Cependant, leur résistance structurelle est plus lente à se mettre en place que pour le
ciment portland et ils sont plus facilement carbonatés ce qui entraîne des pertes de résistance
et la corrosion des tiges d’acier. C’est pourquoi, GGBFS sont principalement utilisés
aujourd’hui dans la production de ciments blancs (voir la partie I).
Néanmoins, on peut penser que si des efforts importants sont menés dans la recherche,
il sera envisageable de développer des ciments à base de (sulfo)aluminate de calcium
compétitifs avec les ciments portland. Italcementi devrait d’ailleurs lancer un ciment de ce
type à partir de septembre 2006.

IV. Ciments à base de sulfate de calcium :

Principe réactionnel :

La réaction d’hydratation du sulfate de calcium semi hydraté (« plâtre ») qui produit


du gypse est une des réactions de cimentations les mieux connues et les plus anciennes.
(CaO)( SiO2 )( H 2O)0.5 + 1.5( H 2O) (CaO)( SiO2 )( H 2O) 2 (7)
platre + eau → gypse

Avantages du procédé :

Ses avantages sont multiples : les processus de solidification sont très rapides et
facilement contrôlables, la disponibilité des matières premières est relativement élevée et elle
est peu consommatrices d’énergie.

Emissions de CO2 :

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Les émissions de CO2 de procédé sont inexistantes et celles d’origine énergétique
très limitées, même en comparaison avec les ciments à base de (sulfo)aluminate de calcium,
déjà très peu consommateur d’énergie.

Limites du procédé :

La réaction (7) est légèrement moins efficace en terme de production volumique de


phases hydratées que les réactions (6) et (3).
L’un des autres problèmes des ciments à base de sulfate de calcium est leur tendreté
et leur grande solubilité qui les rendent très vulnérables.
Enfin, les ciments riches en gypse ne conviennent pas aux renforcements métalliques
traditionnels puisqu’ils ne les protègent pas de la corrosion.

Solutions aux problèmes :

Pour remédier aux soucis de solubilité et de tendreté et rendre de tels ciments plus
compétitifs vis-à-vis des ciments portland, il est nécessaire de densifier le gypse. Pour cela,
on peut notamment associer au gypse, obtenu à partir d’hydratation de plâtre ou d’anhydrite,
des quantités limitées d’additifs bon marché tels que des aluminates ou des silicates de
calcium. L’ajout de 25% de ciment pouzzolanique permet également de stabiliser le gypse
vis-à-vis des phases aqueuses [Bentur & al., 1994].
En rapport avec la corrosion des renforcements métalliques, les ciments à base de
sulfate de calcium s’associent très bien avec des renforcements en fibre de carbone ce qui
permettrait à de tels ciments de se développer tout de même.

Bilan :

A la vue de ces différents éléments, il apparaît donc que de tels ciments pourraient
dans le long terme contribuer de manière efficace à la réduction drastique des émissions de
CO2 associées à la production de ciment.

V. Ciments à base de céramiques :

Principe réactionnel :

Les ciments à base de céramique repose sur une réaction acide-base entre du
phosphate de potassium, d’ammonium ou d’aluminium (élément acide) et des oxydes
métalliques (magnésium, calcium ou zinc). Prenons par exemple le cas de la réaction entre de
l’oxyde de magnésium (MgO) du dihydrogenophosphate de potassium (KH2PO4) qui forme
du ceramicrete selon la stoechiométrie suivante :
MgO + KH 2 PO4 → ( MgKPO4 , 6 H 2O) (8)
( MgKPO4 , 6 H 2O) = Ceramicrete

Caractéristiques techniques :

Les avantages des ciments à base de céramiques sont nombreux. Leur réaction de
formation est exothermique et peut donc se dérouler à température ambiante, même
négative. Les ciments à base de céramiques durcissent très rapidement et offrent des
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résistances jusqu’à 2 à 3 fois supérieures au ciment portland (de 20 à 90 MPa en
compression selon les additifs). Ils résistent très bien à la corrosion, sont non poreux (non
absorption des phases aqueuses) et résistent très bien aux conditions extrêmes (milieu très
acide ou fortes températures par exemple), y compris au feu.
De telles caractéristiques font des ciments à base de céramiques des liants structurels
compétitifs pour de nombreuses applications, notamment dans les régions froides et pour les
constructions ininflammables.

Valorisation de déchets :

Une autre propriété intéressante des ciments à base de céramiques est leur capacité à
stabiliser de nombreux déchets. Ils peuvent confiner des liquides, des mélanges et des
solides contaminés, encapsuler hermétiquement des métaux dangereux, des déchets
radioactifs, et recycler des déchets industriels en grande quantité. En effet, ils peuvent
incorporer des cendres d’origine anthropique, des déchets minéraux et métalliques, des rebus
de bois ou de verre et même des pneus. L’ajout de ces matériaux (jusqu’à 20% en masse)
contribue même souvent à renforcer la résistance structurelle des ciments à base de
céramiques.

Approche économique :

Les avantages économiques sont également très nombreux. Les ciments à base de
céramiques ont des propriétés à forte valeur ajoutée et très recherchées (ininflammabilité,
résistance structurelle élevée, faible porosité, réactifs à température ambiante). Ils peuvent
être fabriqués avec les outils de production traditionnels. Ils peuvent incorporer de nombreux
déchets très bon marché (baisse du coût de revient) et contribuer au recyclage de matériaux
encombrants (avantages économiques). Enfin, ils sont peu consommateurs d’énergie.

Emissions de CO2 : des économies substantielles

Il est évident, à la lecture de ce qui précède, que les émissions de CO2 associées à la
production de ciment à base de céramique sont très faibles par rapport au ciment portland
dans la mesure où des économies substantielles sont réalisées tant au niveau des émissions
de CO2 d’origine énergétique qu’au niveau des émissions de CO2 de procédé.

Commercialisation :

Malgré les éléments présentés précédemment, le coût de production de ciments à base


de céramiques reste supérieur à celui du ciment portland. Le prix de vente du ceramicrete
(phosphate de magnésium) est de l’ordre de 0.22-0.26$/kg en comparaison avec 0.07-
0.09$/kg pour du ciment traditionnel. Ainsi, les ciments à base de céramiques sont
certainement commercialisables que sur certains marchés spécialisés. Il peut être intéressant
de noter que le ferroceramicrete (utilisation d’oxyde fer à la place de l’oxyde de magnésium)
possède quant à lui des prix de revient similaires au ciment portland. Dotés de résistances
structurelles semblables, le ferroceramicrete se détache entre autre du ciment portland par sa
plus grande réactivité (plus rapide à se former) et sa plus grande stabilité vis-à-vis de solutions
acides ou basiques. Il est donc potentiellement une très bonne alternative au ciment
traditionnel.

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VI. Conclusion :
Bilan :

Les ciments à base de pouzzolanes peuvent être activés selon trois procédés
distincts :

• L’activation de pouzzolanes par de la chaux, connue sous le nom de « réaction


pouzzolanique », est trop lente pour pouvoir être utilisée dans des applications
industrielles. Le couplage de la réaction pouzzolanique avec celle de la formation de
chaux à partir d’alite permet d’avoir une formation plus rapide de phases cimentières
solides. L’activation de pouzzolanes par de l’alite conduit donc à la formation de ciment
selon un procédé a priori transposable à grande échelle. Cette production de ciment
s’accompagne également d’une forte réduction des émissions de CO2 (43% dans le cas de
la fumée de silice).

• L’activation de pouzzolanes par des silicates alkalins, connue sous le nom de


« géopolymérisation », souffre également d’une cinétique réduite (possibilité de chauffer
pour accélérer la réaction). L’utilisation de pouzzolanes d’origine anthropique très réactifs
pourrait en théorie régler le problème de la cinétique mais elle coûte très chère.
Néanmoins, le procédé est très prometteur car nécessitant à priori peu d’investissement
pour son industrialisation et laissant entrevoir des réductions potentielles d’émission de
CO2 allant France 90%.

• L’activation de pouzzolanes par de l’oxyde de magnésium souffre de nombreuses


limitations (matière première en quantités limitées, activateur peu soluble et très émetteur
de CO2) mais suscite de nombreux espoirs en terme de carbonatation (voir partie IV).

Les ciments à base de (sulfo)aluminate de calcium présentent des émissions de CO2


très réduites tant au niveau énergétique qu’au niveau des procédés chimiques. Ils émettent
notamment moins de CO2 que les ciments pouzzolaniques activés par de l’alite grâce à
l’incorporation de gypse (aucune émission de procédé). Ils sont relativement poreux et donc
les éventuelles armatures en fer peuvent être exposées à des problèmes de corrosions. Des
études sont actuellement menées pour concevoir des armatures avec des matériaux résistants à
la corrosion [RdV A. Feraille]. Quelques autres problèmes pratiques de cinétique, de
carbonatation et d’expansion trop importante peuvent limiter l’essor industriel de tels
procédés. Néanmoins, les ciments à base de (sulfo)aluminate de calcium apparaissent comme
étant parmi une des meilleurs alternatives au ciment portland. D’ailleurs, Italcementi prévoit
de commercialiser à partir de septembre 2006 des ciments sulfoaluminés [RdV M. Haehnel].

Les ciments à base de sulfate de calcium ont de nombreux avantages : processus de


solidification très rapides et facilement contrôlables, disponibilité des matières premières
relativement élevée et faible consommation d’énergie (faible émission de CO2). De plus, les
émissions de procédé de CO2 sont inexistantes. Les ciments à base de sulfate de calcium sont
donc très prometteurs. Malheureusement, ils sont très vulnérables (perméabilité aux agents
agressifs) et ne protègent pas les renforcements métalliques de la corrosion. Ces inconvénients
peuvent être limités par l’utilisation de renforcements en fibre de carbone et d’additifs bon
marché. Les ciments à base de sulfate de calcium sont donc certainement promis à un bel
avenir dans l’industrie cimentière de demain.

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Les ciments à base de céramique ont eux aussi de nombreux avantages : réaction
exothermique, durcissement rapide, résistance à la corrosion et aux conditions extrêmes, et
stabilisation de nombreux déchets. Ils émettent également très peu de CO2, ne nécessitent pas
d’investissements particuliers. Leurs coûts de revient dépendent du céramique utilisé mais
sont en moyenne légèrement supérieurs à celui du ciment portland. Néanmoins, leurs très
grandes qualités en font certainement des ciments à très fort potentiel de développement, au
moins pour des niches spécialisées.

Réflexions :

Les techniques présentées précédemment sont globalement très prometteuses. Elles


proposent des mécanismes de production de ciment de grande qualité structurelle qui
nécessitent de très faibles émissions de CO2. Dans certains cas, ces émissions sont réduites
jusqu’à un facteur dix (géopolymères). Les procédés envisagés permettraient donc d’atteindre
les objectifs de Kyoto à court terme, mais également ceux du Facteur 4 à plus long terme.
Néanmoins, la plupart des modes de fabrication de ciment étudiés sont encore au stade
du développement et de la recherche. Très peu d’applications industrielles existent pour
l’instant. Les importantes réductions d’émissions de CO2, qui suscitent de nombreux espoirs,
se fondent sur des analyses théoriques des mécanismes réactionnels et non sur une
constatation effective sur le terrain.
L’industrialisation de tels procédés peut se confronter à de nombreux problèmes
techniques. A grande échelle, des complications pratiques peuvent conduire à limiter les
réductions d’émissions de CO2 prévues par la théorie (rendement plus faible, nécessité de
chauffer davantage...). Par conséquent, des doutes subsistent quant au bien-fondé des
réductions théoriques annoncées. La réalité industrielle pourrait bien nuancer les apparentes
grandes qualités des ciments présentés précédemment en terme d’émissions de CO2.
De plus, le développement industriel de ces nouvelles techniques de fabrication de
ciment risque de nécessiter des investissements peut être importants même si certains
procédés pourraient être mis en place dans les usines actuelles (cas des géopolymères).
Malgré leurs avantages en terme de réduction des émissions de CO2, les nouveaux liants
envisagés risquent de se confronter à un problème purement financier. Les cimentiers
rechignent en effet à mettre en place ces nouvelles technologies dans la mesure où ils
disposent d’usines optimisées pour la fabrication de ciment portland, lequel est facile à faire et
pas cher. Les mesures institutionnelles et gouvernementales visant à limiter et réduire les
émissions de CO2 (permis d’émission, facteur 4...) pourraient contraindre les cimentiers à
développer de nouvelles technologies. Les investissements nécessaires à l’industrialisation de
nouveaux procédés deviendraient rentables en comparaison avec les pénalités financières liées
à l’émission de CO2. Cette remarque pourrait servir lors de la tarification future et éventuelle
des émissions de CO2. De même, pour les mécanismes de développement propre prévus par
Kyoto, l’accent pourrait et devrait être mis sur la mise en place de nouvelles technologies,
d’autant plus que les pays en voie de développement n’auront jamais les moyens de financer
de nouveaux procédés de fabrication de ciment. Il est indéniable qu’en l’absence de
contraintes, les cimentiers n’ont aucun intérêt à développer les technologies présentées
précédemment. Le rôle des institutions internationales et des gouvernements est donc
primordial pour la mise en place de nouvelles technologies.
D’autres facteurs limitent l’introduction d’innovations technologiques dans la
production de ciment. Les industriels ont tout intérêt à freiner ou à taire le développement de
nouvelles technologies émettant moins de CO2. En effet, si ils admettent ou mettent en œuvre
de tels procédés, les institutions internationales et les gouvernements auront tendance à être
encore plus exigeant en terme de réduction d’émission de CO2. Pour les industriels du ciment,
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les nouvelles technologies cimentières sont un véritable casse-tête qui implique de
nombreuses variables, techniques et économiques, mais également politiques.
Un autre frein à l’introduction de nouveaux liants implique la question des normes. En
effet, elles sont actuellement très détaillées, imposent notamment des contraintes fortes au
niveau de la composition des ciments, et limitent donc fortement voire même interdisent la
mise en place de nouveaux procédés. Un des défis à court terme dans l’optique de la réduction
des émissions de CO2 consiste donc à repenser les normes dans le ciment en les axant par
exemple plutôt sur les qualités de structure que sur la composition. On pourrait même
développer des normes environnementales sur les niveaux d’émissions de CO2. La
problématique des normes concerne elle aussi de nombreux acteurs, industriels et politiques,
et n’est donc pas facile à résoudre.
Pour conclure, la mise en oeuvre des nouveaux procédés de fabrication de ciment aux
émissions de CO2 réduites se heurte à de nombreux problèmes techniques, financiers et
politiques. Néanmoins, la technologie cimentière permettant de réduire de manière drastique
les émissions de CO2 existe et il est tout à fait envisageable de l’exploiter à grande échelle
sous réserve de l’existence d’une volonté politique forte et de contraintes incitatives pour les
cimentiers.

***

FIN

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