Oupessymetrie PDF
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Symétrie moléculaire
Eléments de théorie des groupes
1.1. Définitions
Une opération de symétrie est un déplacement, selon des règles bien définies, d’un point ou
d’un ensemble de points, par rapport à un élément géométrique qui peut être un point
(centre), une droite (axe) ou un plan. Bien que l’opération soit toujours liée logiquement à
l’élément, il convient de ne pas confondre ces deux notions. Le symbole mathématique de
l’opération est l’opérateur.
Le produit Ô de deux (ou plusieurs) opérations Ô1 et Ô2 est l’opération résultant de
l’exécution successive de ces opérations ; symboliquement
Ô = Ô1.Ô2
signifie qu’on a transformé un objet selon Ô2 puis que le résultat obtenu est à son tour
transformé selon Ô1.
Si une molécule coïncide avec elle-même après avoir subi une opération de symétrie Ô par
rapport à un élément O, on dit qu’elle admet cet élément O comme élément de symétrie. Dans
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la suite, pour ne pas alourdir l’écriture, on utilisera le même symbole pour désigner l’élément
et l’opération.
L’opération identité, en général notée E correspond à la transformation de chaque point en lui-
même.
Fig. 1. Exemples de molécules possédant un ou plusieurs axes de symétrie Cn. L’axe principal est en rouge.
Les molécules linéaires possèdent un axe qui les fait coïncider avec elles-mêmes quel que soit
l’angle de rotation. Cet axe est noté C∞.
L’axe d’ordre le plus élevé d’une molécule est l’axe principal. Pour le benzène qui possède
aussi des axes, C3 et C2, c’est l’axe C6. Par convention cet axe est représenté verticalement.
Remarquons qu’à un seul axe peuvent être associées plusieurs opérations distinctes. Ainsi, la
présence d’un axe C3 implique-t-elle outre l’opération C3 (rotation de 2/3) :
- l’opération, C3.C3 notée C32 (rotation de 4/3), qui est un déplacement différent de
C3.
- l’opération inverse de C3 notée C3-1 (rotation de –2/3), identique à C32.
- l’opération C33 identique à E.
Finalement, trois opérations distinctes sont associées à la présence de cet axe.
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La figure 3 montre les éléments de symétrie de H2 O : un axe d’ordre 2 et deux plans v, 1 et
2. Les opérations correspondantes font coïncider la molécule avec elle-même, soit en laissant
chaque atome inchangé (1 et E) soit en permutant les deux hydrogènes.
C2 2
1
1 O 2
O O
H H
H H E C2 H H
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Nous nous limitons ici aux principaux groupes rencontrés en chimie. La procédure
d’identification du groupe de symétrie d’une molécule est résumée dans la Fig. 4. On regarde
tout d’abord s’il existe un axe de symétrie :
- si « non », mais qu’il existe un plan, on a le groupe Cs. S’il n’y a pas de plan, mais un
centre, on a le groupe Ci. S’il n’y a ni plan ni centre, il n’y aucun élément de symétrie à
proprement parler, à part l’axe C1 qui équivaut à l’identité E, c’est le groupe C1.
- si « oui », on repère l’axe principal d’ordre n, puis on recherche la présence de n axes
C2 perpendiculaires à Cn. Si « non », on a les groupes Cnh, Cnv ou Cn, selon qu’il existe
respectivement un plan h, n plans v, ni l’un ni l’autre. En présence de n axes C2 on a les
groupes Dnh, Dnv ou Dn comme précédemment.
Fig. 4. Procédure dichotomique d’identification du groupe de symétrie d’une molécule. A chaque question ( ?) la
réponse « oui » correspond à une flèche bleue, la réponse « non » à une flèche rouge pointillée.
Il existe en outre des groupes de haute symétrie qui sont aisément reconnaissables.
- Le groupe du tétraèdre Td. C’est celui de toutes les molécules CX4 : CH4, CCl4 etc.
- Le groupe de l’octaèdre Oh. C’est celui de complexes « octaédriques » comme
Fe(CN)64-, de SF6, etc.
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93
- Les molécules linéaires ont un axe C∞. Si elles possèdent un plan h (et donc un
centre i, comme H2, CO2, C2H2 etc.) il s’agit du groupe D∞h ; dans le cas contraire (HCl, HCN
etc.), il s’agit du groupe C∞v.
- Le groupe de la sphère, Kh, qui est celui de tous les atomes.
Ainsi, la molécule H2O appartient-elle au groupe C2v, qui comporte quatre éléments :
L’identité E, la symétrie par rapport à C2, les symétries par rapport aux plans v appelés 1 et
2 dans la Fig. 3.
Exemples.
NH3 (fig. 1) possède un axe de symétrie d’ordre 3 ; il n’y a pas de C2 perpendiculaires au C3 ;
il n’y a pas de h ; il y a trois plans verticaux (contenant chaque liaison N-H) : le groupe est
C3v.
Le benzène (Fig. 1) a un axe d’ordre maximal 6 ; il y a 6 C2 perpendiculaires au C6 ; il y a un
plan h (plan contenant la molécule) : le groupe est D6h.
E C2 1 2
E E C2 1 2
C2 C2 E 2 1
1 1 2 E C2
2 2 1 C2 E
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Quelques exemples justifiant les résultats figurant dans cette table sont donnés en Fig. 5. Dans
cette figure, les éléments de la Fig. 3 sont représentés en projection dans un plan
perpendiculaire à l’axe C2. On a représenté en rouge le résultat M → M’’ de deux opérations
successives représentées en bleu M → M’ →M’’.
Fig. 5. Exemple de produits d’opérations du groupe C2v. Les éléments de la Fig. 3 sont ici projetés dans un plan
perpendiculaire à C2.
3.2.1. Définitions
On appelle représentation d’un groupe G, généralement notée , l’ensemble des éléments
d’un autre groupe G’ (muni de sa propre loi de composition interne) pouvant être substitués
aux g éléments de G sans changer leur table de multiplication : la substitution n’y introduit
aucune erreur. Si la représentation fait correspondre à chaque élément du groupe un élément
différent et un seul, on dit qu’il s’agit d’une représentation fidèle (’ ci-dessous)
Dans d’autres représentations (non fidèles), plusieurs éléments du groupe peuvent être
représentés par le même élément, la représentation étant alors constituée de moins de g
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95
éléments différents (’’ ci-dessus). Une représentation évidente ° (« triviale ») est obtenue
en associant le nombre 1, avec l’opération « multiplication », à chaque élément (1 constitue
un groupe à lui seul : il est aussi l’élément neutre et son propre inverse). En revanche, on ne
peut pas substituer tous les éléments par l’unique nombre -1, car, par exemple, on ne
vérifierait plus E.E = E.
Si une représentation peut être constituée d’éléments quelconques, des représentations
intéressantes pour le chimiste consistent en ensembles de matrices avec l’opération « produit
matriciel » et peuvent être établies si les conditions i et ii sont satisfaites :
i) il existe un espace vectoriel de dimension n, muni d’une base quelconque1 ;
ii) tout élément de cet espace est transformé linéairement, par chaque opération du groupe, en
un élément du même espace.
Alors, à chaque opération de symétrie peut être associée la matrice de cette transformation
linéaire, matrice carrée n × n dont l’expression dépend de la base. L’espace vectoriel constitue
un espace de représentations, cette base est la base de la représentation et n est la dimension
de la représentation.
1
Si par hasard vous avez oublié certains détails sur les espaces vectoriels, allez à la fin de ce chapitre
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| ⟩ ∑| ⟩
Ces notions seront présentées sur un exemple : le groupe C2v et ses représentations dans
l’espace euclidien à trois dimensions.
Considérons tout d’abord (fig. 6) un repère quelconque Rq. Lors d’une opération de symétrie
(par exemple la symétrie par rapport à 1), transformant un point M (x, y, z) en un point M’
(x’, y’, z’) les coordonnées de M’ se déduisent de celles de M par une relation matricielle de
la forme
x' 11 12 13 x
y ' 21 22 23 y (1)
z' 33 z
31 32
La matrice de la transformation dépend de la base choisie et ses éléments sont en général non
nuls. Cependant, son caractère ou trace, en général noté , somme des termes diagonaux
= ,
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C2v
1 M
2 x
O
M' y Rq
z
Fig. 6. Les éléments de symétrie du groupe C2v avec un repère quelconque Rq.
Nous nous demandons maintenant s’il n’existe pas un repère plus commode que R q, qui ferait
apparaître les matrices des transformations sous la forme la plus simple possible. On
apprécierait, par exemple, que certains de ses éléments devinssent nuls, le plus possible à vrai
dire, pour simplifier d’éventuels calculs.
C2v M 2
1 z
z M z z
M'
M y M M'
M'
y M' y
y
x x x x
Fig. 7. Transformation d’un point M par les opération du groupe C2v dans le repère R.
La réponse se trouve en Fig. 7. En prenant le repère R (l’axe z suivant l’axe C2, y dans le plan
1 et x dans le plan 2), les matrices des 4 opérations du groupe deviennent diagonales.
1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0
E 0 1 0 C2 0 1 0 1 0 1 0 2 0 1 0 (2)
0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1
Cette représentation (2) présente une particularité. La multiplication de deux de ces matrices
revient simplement à multiplier entre eux les éléments occupant la même position ; il
n’apparaît jamais de produit d’éléments de positions différentes, comme le montre la
multiplication de deux matrices diagonales quelconques :
1 0 0 1 0 0 1 1 0 0
0 2 0 0 2 0 0 2 2 0
0
0 3 0 0 2 0 0 3 3
2
On peut montrer que la trace est égale à la somme des valeurs propres de l’opérateur, qui sont une propriété de
celui-ci, et ne dépendent donc pas de la base.
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98
Les quatre matrices 3 × 3 (2) sont une représentation du groupe : elles ont la même table de
multiplication. Donc l’ensemble des quatre matrices à une dimension contenant chacune
l’élément en position (1,1) est aussi une représentation3 :
E C2 1 2
(1) (-1) (-1) (1)
et de même pour les deux autres ensembles formées des éléments en position (2,2) et en
position (3,3) respectivement. Selon la nomenclature4 de la théorie des groupes, ces trois
représentations sont appelées B1, B2 et A1.
Les représentations de dimension 3 telle que (1) et (2) sont des représentations réductibles
(RR, ou R) puisqu’on peut les décomposer (les réduire) en 3 représentations de dimension 1.
Ces dernières ne peuvent évidemment plus être elles-mêmes réduites et sont des
représentations irréductibles (RI, ou I).
En algèbre linéaire, on définit la somme directe C = A B de deux matrices carrées, A de
dimension n et B de dimension p, comme une matrice de dimension n + p où les éléments de
A et B occupent des blocs placés en diagonale, les éléments restants étant nuls, ce que l’on
peut écrire de manière condensée :
( A) 0
A B
0 ( B)
Cette définition, appliquée par exemple à la matrice C2 des relations (2) donne
C2 (1) (1) (1)
L’exemple présenté dans ce paragraphe peut donc être résumé ainsi : « l’espace euclidien à
trois dimensions est un espace de représentations du groupe C2v ; une représentation R est
constituée par les matrices associées aux opérations de symétrie, de dimension trois dans une
base quelconque de cet espace ; par un changement judicieux de base, cette représentation
peut être réduite en trois représentations irréductibles I (de dimension 1 ici) : B1, B2 et A1 »,
ce que l’on peut écrire symboliquement :
R = B1 B2 A1
Si on regarde comment se transforment les coordonnées d’un vecteur x y z par un matrice
diagonale telle que celles de l’ensemble (2) :
3
Comme la multiplication de matrices à une dimension revient à multiplier le nombre constituant leur unique
élément, les nombres 1, -1, -1 et 1 sont aussi une représentation.
4
Cette nomenclature sera expliquée plus tard
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99
x ' 1 0 0 x 1 x
y ' 0 2 0 y 2 y
z' 0 0 3 z 3 z
Soit
x’ = 1 x
y’ = 2 y
z’ = 3 z
Ainsi, l’ensemble des matrices de la représentation réduite contenant l’élément (1,1) donne les
transformations (x) →(x’) par chaque opération de symétrie, et ainsi de suite pour y et z : de
même que la représentation d’ordre 3 avait pour base un ensemble de trois vecteurs x,y,z, les 3
représentations réduites à une dimension ont pour bases respectives x (B1), y (B2) et z (A1). On
dit aussi que x appartient à la RI B1, etc.
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100
que d’éléments5. Il en reste une quatrième qui est A2. Appartient donc à cette RI un élément
qui serait symétrique par rapport à C2 et antisymétrique par rapport à 2. Si aucun vecteur de
l’espace géométrique ne peut présenter ces propriétés, d’autres « objets » construits dans
d’autre espaces le peuvent, comme l’orbitale * d’un alcène convenablement substitué pour
présenter la symétrie C2v (Fig. 8).
z
C2
H H
y
R R
x
Fig. 8. Orbitale *, de symétrie A2, d’un alcène C2v. La molécule est placée, selon la convention de la théorie
des groupes, dans le plan yz.
On voit que cette orbitale est changée en elle-même (symétrique) par l’opération C2 et en son
opposé (antisymétrique) par symétrie selon le plan xz.
Les tables de caractères constituent les données de base sur les groupes de symétrie. La table
de caractère du groupe C2v est présentée en Table 2.6
- Dans la ligne du haut, figurent les quatre opérations de symétrie du groupe.
- Dans la colonne de gauche, les noms des diverses représentations irréductibles.
- A l’intersection des lignes et des colonnes on a porté le caractère de la RI de
chaque opération. Dans ce cas particulier, toutes les RI sont de dimension 1, de sorte que le
caractère se confond ici avec l’unique élément des matrices constituant ces RI : il vaut +1 ou -
1 selon qu’un objet appartenant à cette RI est symétrique ou antisymétrique par rapport à
l’élément correspondant.
5
Et dans le cas général, autant que de classes d’éléments, cf. infra
6
Les tables présentées proviennent du site http://www.chemistry.nmsu.edu/studntres/chem639/cgi-
bin/group1.cgi.
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A1 1 1 1 1 z x2 ; y2 ; z2
A2 1 1 -1 -1 Rz xy
B1 1 -1 1 -1 x; Ry xz
B2 1 -1 -1 1 y; Rx yz
Remarque
La RI à laquelle appartient le produit de deux coordonnées spatiales, par exemple xy, peut être
établie facilement : la symétrie d’un produit de deux fonctions par rapport à un élément donné
obéit à la règle évidente :
symétrique × symétrique = antisymétrique × antisymétrique = symétrique
symétrique × antisymétrique = antisymétrique.
Dans ce groupe, A × B = B, B × B = A etc. et relation analogues pour les indices 1 et 2. De la
sorte, la symétrie de xy est B1 × B2 = A2.
Certaines propriétés du groupe C2v sont communes à tous les groupes ne possédant pas d’axe
d’ordre supérieur à 2 :
- Il y a autant de représentations irréductibles que d’éléments et d’opérations de
symétrie.
- Les représentations irréductibles sont d’ordre 1
- Les caractères sont uniquement -1 ou +1 correspondant à antisymétrique ou
symétrique respectivement, pour un objet appartenant à une des RI.
7
Sur ces vecteurs voir à la fin du chapitre VIII
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Le groupe C3v est celui de NH3. Les éléments de symétrie sont représentés Fig. 9. Ils
correspondent aux opérateurs distincts suivants : E, C3 et C32 (cf. 1.2(i)), 1, 2 et 3, soit 6
opérations.
C3
3
1
2
N
H
H
H
A1 1 1 1 z x2+y2; z2
A2 1 1 -1 Rz
Par définition, deux opérations A et B appartiennent à une même classe s’il existe une
troisième opération C du groupe tel que :
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103
A = C-1.B .C
La détermination des classes de symétrie est un travail délicat et parfaitement superflu pour
l’utilisateur, puisqu’il est déjà réalisé dans les tables de caractères. Nous nous contenterons de
vérifier (Fig. 10) que 1 et 2 appartiennent à la même classe, satisfaisant à la relation
1 = C3-1 2 C3
La figure 10, dans laquelle les éléments de symétrie sont vus en projection dans un plan
perpendiculaire à C3, détaille les opérations transformant un point M en M’ par C3, puis M’ en
M’’ par 2, et enfin M’’ en M’’’ par C3-1 : M et M’’’ se correspondent directement par 1.
C3 z
z z z
M' M' 2
M'
M'
M 1
M M y
y y y M
x x x x
1 0 0 1/ 2 3 / 2 0 1 0 0 1/ 2 3 / 2 0
E 0 1 0 C3 3 / 2 1 / 2 0 1 0 1 0 2 3 / 2 1/ 2 0
0 0 1 0 0 1
0 0 1 0 0 1
Fig 11. Matrices des transformations de quelques opérations du groupe C3v dans la base x, y, z
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104
L’opération E est évidemment représentée par une matrice diagonale, la matrice unité (quelle
que soit la base, d’ailleurs). En revanche, l’opération C3 ne peut être représentée par une
matrice « entièrement » diagonale ; au mieux, si on prend l’axe de symétrie pour l’axe z, elle
présente toujours un bloc de dimension 2. En effet, chaque coordonnée x’ et y’ d’un point M’
transformé d’un point M quelconque (x, y) est une combinaison linéaire de x et y. La matrice
C3 de la Fig 11 se déduit de la matrice de rotation8 d’un angle autour de Oz:
cos sin 0
sin cos 0
0 1
0
Si on prend le plan 1 selon yz, la matrice de l’opération correspondante est diagonale ; mais
alors, les matrices des transformations selon les autres v (par exemple 2) ne le sont pas. (La
matrice associée à 2 n’est pas évidente à établir directement, mais on peut la déduire de la
relation d’appartenance de classe 2 = C3 -1.1.C3.). On peut vérifier au passage qu’elle a la
même trace +1 que 1.
Il apparaît donc, à côté de la représentation A1 de dimension 1 basée sur z (symétrique dans
toutes les opérations), une représentation irréductible de dimension 2. Cette dernière
correspond à des objets qui tels que x et y ne peuvent être dits ni symétriques ni
antisymétriques puisque x et y ne sont transformés en général ni en eux-mêmes ni en leur
opposé, mais en une de leur combinaisons linéaires. On dit qu’il y a dégénérescence d’ordre 2
et la RI correspondante a pour symbole E (ne pas confondre avec l’opération identité). On
voit apparaître pour cette représentation dans la table du groupe C3v des caractères pouvant
être différents de -1 et +1.
Il existe dans les groupes Oh et Td des représentations irréductibles d’ordre 3 (dégénérescence
d’ordre 3) de symbole T. Le caractère de l’identité (E) est toujours 2 dans les RI doublement
dégénérées E et 3 dans les RI triplement dégénérées T.
8
Voir en fin de chapitre le calcul de cette matrice
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105
Les OA d’une molécule, nous l’avons déjà signalé, forment une base de représentations de
son groupe de symétrie. La recherche des représentations irréductibles et du changement de
base permettant cette réduction permettent de simplifier la construction du diagramme
orbitalaire et le calcul des OM. Cette démarche sera d’abord effectuée sur un exemple.
Selon la convention de la théorie des groupes, le système d’axes cartésien est choisi (Fig. 12)
avec l’axe z selon l’axe C2 et le plan yz contenant la molécule. (Nous avons déjà constaté que
ce repère permet la réduction des représentations dans l’espace euclidien).
9
Dans certains groupes il peut s’agir d’un simple indice sans interprétation immédiate. Il apparaît même un
indice 3 dans le groupe D2h.
10
D’autant plus que ces résultats sont consignés dans les tables de produits directs.
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C2 z 2
O O O
1
O y H 2s H H 2px H H 2py H
H x H
O O O
H H H H H H
2pz 1s1 1s2
Les 6 OA de valence du système constituent la base d’une représentation du groupe C 2v. Pour
établir la matrice de chaque opération, il faut regarder en quelle OA’ se transforme chaque
OA de la base. Chaque OA de l’atome central est transformée en elle-même ou en son opposé
dans toutes les opérations. En revanche, 1s1 et 1s2, inchangées dans l’opération 1 sont
permutées par les opérations C2 et 2 qui changent 1s1 en 1s2 et réciproquement. D’où les
quatre matrices de transformation donnant (OA’) en fonction de (OA) :
2s ' 1 0 0 0 0 0
2 s
2 px ' 0 1 0 0 0 0 2 p x
2 p '
y 0 0 1 0 0 0 2 p y Opération E
2 pz ' 0 0 0 1 0 0
2 p
1s ' z
1 0 0 0 0 1 0 1s1
1s ' 1s
2 0 0 0 0 0 1 2
2s' 1 0 0 0 0 0 2s
2 px ' 0 1 0 0 0 0 2 p x
2 p ' 0 0 1 0 0 0 2 p
y y Opération C2
2 pz ' 0 0 0 1 0 0 2 p z
1s ' 1s
1 0 0 0 0 0 1 1
1s ' 1s
2 0 0 0 0 1 0 2
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2s' 1 0 0 0 0 0 2s
2 px ' 0 1 0 0 0 0 2 p x
2 p ' 0 0 1 0 0 0 2 p
y y Opération 1
2 pz ' 0 0 0 1 0 0 2 p z
1s ' 1s
1 0 0 0 0 1 0 1
1s ' 1s
2 0 0 0 0 0 1 2
2s' 1 0 0 0 0 0 2s
2 px ' 0 1 0 0 0 0 2 p x
2 p ' 0 0 1 0 0 0 2 p
y y Opération 2
2 pz ' 0 0 0 1 0 0 2 p z
1s ' 1s
1 0 0 0 0 0 1 1
1s ' 1s
2 0 0 0 0 1 0 2
C2 z 2
O O O
1
O y H 2s H H 2px H H 2py H
H x H
O O O
H H H H H H
2pz s+ s-
Fig. 13. Base de représentation irréductible dans l’espace des OA de H2O.En rouge A1, en bleu B1 et et noirB2.
11
Le fait que les orbitales p appartiennent à la même RI que leur indice x, y ou z n’est pas fortuit (cf. Chap VI, §
1)
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On peut écrire finalement que les représentations R dans l’espace des OA se réduisent selon :
R = A1 B1 B2 A1 A1 B2
ou plus simplement :
R = 3A1 B1 2B2
Nous avons à plusieurs reprises décomposé une représentation R réductible en une RI I,
dans l’espace x, y, z (§ 3.3 et 3.5) ou dans l’espace des OA de valence de H2O (§ 4.1), en
choisissant dans chaque espace une base appropriée. Ce choix s’est jusqu’alors fait « au pif »,
en raison de son évidence due à la simplicité du problème posé. Il n’en est pas toujours ainsi,
et la théorie des groupes donne une méthode systématique
- de décomposition d’une représentation R en RI, grâce à une formule de réduction
- d’engendrement de la base correspondante grâce aux opérateurs de projection ou
projecteurs.
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Formule de réduction donnant ni, nombre de fois où apparaît la ième RI dans la réduction
d’une RR
1
ni g k ik Rk
g k
g est l’ordre du groupe
gk est le nombre d’éléments (l’ordre) de la kième classe d’opérations
ik est le caractère de la matrice des opérateurs Ok de cette classe dans la RI
Rk est le caractère de la matrice du ou des opérateur(s) de cette classe k dans la RR
La Fig. 14 visualise l’utilisation de cette formule : les gk sont lus dans la ligne supérieure de la
table de caractères (en jaune) ; les i sont lus dans la ligne (en bleu) de la table donnant la ième
RI ; les R (en violet) doivent avoir été calculés dans chaque cas particulier.
O E C2 1 2
R 6 0 4 2
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110
Cherchons le nombre n(A1) de RI A1 dans cet espace : sur le modèle de la Fig. 14, on reporte
la ligne supérieure lue dans la table
O 1E 1C2 11 12
Il n’y a qu’un élément par classe (le 1 est implicite dans la table) ; on reporte la ligne A1
(A1) 1 1 1 1
La formule donne donc, puisque g = 4
n(A1) = ¼(1.1.6 + 1.1.0 + 4.1.1 + 2.1.1) = 3
De même on calcule n(A2) grâce à la ligne correspondante
(A2) 1 1 -1 -1
n(A2) = ¼(1.1.6 + 1.1.0 + (-1).1.4 + (-1).1.2) = 0
et ainsi de suite. Ce calcul très simple nécessite cependant la détermination préalable des R,
qui peut paraître assez fastidieuse. Nous verrons cependant que dans de nombreux cas, des
« recettes » permettent l’effectuer très rapidement.
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111
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112
(B2) 1 -1 +1 -1
O.br 1s1 1s2 1s1 1s2
d’où
b(B2) = 1s1 - 1s2 + 1s1 - 1s2 = 2(1s1 -1s2)
Ces deux combinaisons sont définies à un facteur près. On retrouve donc celles trouvées « au
pif » en 1.4. et elles seront rendues tout à fait présentables pour la chimie quantique après
normalisation12, soit :
s
2
1s1 1s 2
2
s
2
1s1 1s 2
2
On peut vérifier que l’on obtient les mêmes résultats par projections de 1s2.
Nous voyons donc maintenant l’utilité de la théorie des groupes pour la chimie quantique.
Nous pouvons en effet apprendre grâce à elle, au sujet de H 2O :
- que les OA 2s et 2pz de l’oxygène sont de même symétrie A1 : elles vont donc
participer aux mêmes OM, et il y aura une hybridation s + pz.
- que les OA 1s1 et 1s2 des hydrogènes peuvent être remplacées par des combinaisons
adaptées à la symétrie s+ et s-
- que s+ se recouvre avec s et pz de même symétrie, pour former 3 OM A1.
- que s- se recouvre avec py pour former 2 OM B2
- que px, seule de la symétrie B1, n’interagit pas et demeure donc non liante.
Ces informations rendent aisée la construction qualitative de diagramme orbitalaire. Du point
de vue quantitatif, l’utilisation des orbitales de symétrie impliquant des relations entre les
coefficients de 1s1 et 1s2 réduit le nombre de paramètres à calculer.
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La distance H...H permet de négliger le recouvrement.
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Appendices
A. Espaces vectoriels
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autres. On dira alors que la dimension de E est n. Nous ne rencontrerons que des espaces de
dimension finie, mais il existe des espaces de dimension infinie.
Exemple
Les vecteurs de la géométrie plane constituent un espace vectoriel à deux dimensions.
Il existe en outre une loi de composition externe sur le corps des réels : . ⃗⃗⃗⃗⃗ est le vecteur de
module .AB de mêmes sens et direction que ⃗⃗⃗⃗⃗ .
Si on prend deux vecteurs ⃗ et non colinéaires, ils sont linéairement indépendants :
⃗
et tout vecteur s’exprime en une de leurs combinaison linéaire. La dimension de l’espace est
2.
B. Matrice de rotation
P. Chaquin LCT-UPMC
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( ) ( ) ( )
Pour une rotation dans l’espace à 3 dimensions autour de Oz, z’ = z et la matrice de rotation
devient :
( )
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