Logique
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Ce chapitre est assez abstrait en première lecture, mais est (avec le chapitre suivant « Ensembles ») probablement le
plus important de l’année car il est à la base de tous les raisonnements usuels (ou de la plupart des erreurs de raisonnement
usuelles) de premier cycle d’études. Par suite, il ne faudra pas hésiter à le relire et le réapprendre de nombreuses fois,
quand plusieurs chapitres auront défilé et que vous aurez gagné en maturité. Vous devrez chercher à en cerner l’aspect
pratique et en particulier à bien maîtriser les quelques exercices corrigés.
Le programme officiel de mathématiques supérieures prévoit que les notions apparaissant dans les trois premiers
chapitres (logique, ensembles et applications, structures) soient acquises progressivement au cours de l’année, au fur et à
mesure des exemples rencontrés. Vous pouvez donc sauter ces trois premiers chapitres dans un premier temps. Néanmoins,
ils sont à disposition dès le début et j’y ferai souvent référence.
Plan du chapitre
1 (Très) brève description des mathématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 1
2 Vocabulaire usuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 1
3 Calcul propositionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2
3.1 Définition d’une proposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 3
3.2 Equivalence logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 3
3.3 Négation d’une proposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 3
3.4 Les connecteurs logiques « et » et « ou » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 3
3.5 Implication logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4
3.5.1 Définition de l’implication logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4
3.5.2 C.N.S., ssi, il faut et il suffit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .page 5
3.5.3 Négation, contraposée et réciproque d’une implication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6
4 Les quantificateurs « ∀ » et « ∃ » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6
4.1 Définition des quantificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6
4.2 Propriétés des quantificateurs avec une variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 8
4.3 Propriétés des quantificateurs avec deux variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10
5 Les grands types de raisonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11
5.1 Le raisonnement déductif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page11
5.2 Le raisonnement par l’absurde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page11
5.3 Le raisonnement par contraposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page12
6 Erreurs classiques à ne pas commettre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 12
2 Vocabulaire usuel
⋄ Axiome. Un axiome est un énoncé supposé vrai à priori et que l’on ne cherche pas à démontrer.
Ainsi, par exemple, Euclide a énoncé cinq axiomes (« les cinq postulats d’Euclide »), qu’il a renoncé à démontrer et qui
devaient être la base de la géométrie (euclidienne). Le cinquième de ces axiomes a pour énoncé : « par un point extérieur
à une droite, il passe une et une seule droite parallèle à cette droite ».
Un autre exemple d’axiomes est fourni par les (cinq) axiomes de Peano. Ceux-ci définissent l’ensemble des entiers naturels.
Le cinquième axiome affirme que : « si P est une partie de N contenant 0 et telle que le successeur de chaque élément de
⋄ Définition. Une définition est un énoncé dans lequel on décrit les particularités d’un objet. On doit avoir conscience
que le mot « axiome » est quelquefois synonyme de « définition ». Par exemple, quand vous lirez « définition d’un espace
vectoriel », vous pourrez tout autant lire « axiomes de la structure d’espace vectoriel » et vice-versa.
3 Calcul propositionnel
Dans ce paragraphe, on étudie les propositions en tant que telles, et les liens qui peuvent exister entre elles, sans se
préoccuper du contenu de ces propositions (ce qui sera l’objet de tous les chapitres ultérieurs).
P Q P⇔Q
V V V
V F F
F V F
F F V
Vous devez lire en première ligne de ce tableau que si les propositions P et Q sont vraies, la proposition P ⇔ Q est
vraie, et en deuxième ligne, que si P est vraie et Q est fausse, P ⇔ Q est fausse.
L’équivalence logique joue pour les propositions, le rôle que joue l’égalité pour les nombres. Les expressions 3 + 2 et 5
ne sont pas identiques et pourtant on écrit 3 + 2 = 5. De même, les propositions (x2 = 1) et (x = 1 ou x = −1) ne sont
pas identiques et pourtant on écrit (x2 = 1) ⇔ (x = 1 ou x = −1).
P P
V F
F V
Cette simple table contient en germe un très grand nombre d’erreurs de raisonnement à venir et ceci dans à peu près tous
les chapitres. On doit déjà avoir conscience que la négation de « ce chat est blanc » est, non pas « ce chat est noir », mais
tout simplement « ce chat n’est pas blanc » ou que le contraire de la phrase « f est la fonction nulle » est, non pas « f
ne s’annule pas », mais « f n’est pas la fonction nulle » ou encore « f ne s’annule pas en au moins un point ». Enfin, le
contraire de la phrase « x ≥ 0 » est « x < 0 », et non pas « x ≤ 0 ».
Théorème 1. Soit P une proposition. P ⇔ P.
Démonstration . Il est clair que P et P ont les mêmes valeurs de vérité. ❏
P Q P∨Q P Q P∧Q
V V V V V V
V F V V F F
F V V F V F
F F F F F F
➾ Commentaire .
⋄ On peut noter que P ∨ Q est fausse si et seulement si P et Q sont fausses alors que P ∧ Q est vraie si et seulement si P et Q
sont vraies.
Dans chaque table, on lit effectivement les mêmes valeurs de vérité dans les quatrième et septième colonnes. ❏
➾ Commentaire . A partir de ces résultats, on peut se convaincre que tout énoncé peut s’écrire en utilisant uniquement la
conjonction ∧ et la négation (par exemple, au paragraphe suivant, on verra que la proposition P ⇔ Q est la proposition (P ∧ Q) ∧
(Q ∧ P)). Ce résultat a une importance en électronique et en informatique.
Vous noterez la manière dont on a rempli les trois premières colonnes. Cette méthode de remplissage permet de n’oublier
aucune situation.
P Q P⇒Q
V V V
V F F
F V V
F F V
Théorème 5. Soient P et Q deux propositions. (P ⇒ Q) ⇔ (P ∨ Q).
Démonstration . P ⇒ Q est fausse dans l’unique cas où P est vraie et Q est fausse ou encore quand P et Q sont toutes deux
fausses. P ⇒ Q a donc les mêmes valeurs de vérité que P ∨ Q. ❏
Démonstration . Il s’agit de vérifier que les deux propositions P ⇔ Q et (P ⇒ Q) ∧ (Q ⇒ P) ont les mêmes valeurs de vérité.
P Q P⇔Q P⇒Q Q⇒P (P ⇒ Q) ∧ (Q ⇒ P)
V V V V V V
V F F F V F
F V F V F F
F F V V V V
On lit bien les mêmes valeurs de vérité dans les troisième et sixième colonnes, ce qui démontre le théorème. ❏
C’est un moment important. Une équivalence signifie deux implications, l’une de « gauche à droite » et
l’autre de « droite à gauche ».
Quand vous écrivez P ⇔ Q, vous devez être convaincu que la proposition de gauche P entraîne
la proposition de droite Q et aussi que la proposition de droite Q entraîne la proposition de gauche P.
Occupons nous maintenant d’analyser la table de vérité de l’implication. Les deux dernières lignes de cette table de
vérité peuvent paraître surprenantes (comment peut-il être vrai qu’une phrase fausse implique une phrase fausse ou aussi
une phrase vraie ?) L’exemple suivant fera comprendre « (Faux⇒Faux) est vraie ».
Vérifions que, pour tout entier naturel n, [(10n + 1 divisible par 9) ⇒ (10n+1 + 1 divisible par 9)].
Soit n ∈ N. La condition « 10n + 1 divisible par 9 » fournit un entier naturel K tel que 10n + 1 = 9K. Maintenant,
puisque
10n+1 + 1 = 10 × 10n + 1 = 10 × (10n + 1) − 10 + 1 = 10 × (10n + 1) − 9 = 10 × 9K − 9 = 9(10K − 1),
on obtient comme conséquence de l’hypothèse initiale le fait que l’entier 10n+1 + 1 est divisible par 9. L’implication
proposée est totalement exacte et pourtant, aucune des deux phrases encadrant cette implication ne sont vraies (puisque
les nombres 2, 11, 101, 1001... ne sont à l’évidence pas divisibles par 9). D’ailleurs, en écrivant cette implication, nous ne
nous sommes jamais demandé si la première phrase écrite était vraie. Il est important de le comprendre pour être capable
le moment venu de gérer correctement le raisonnement par récurrence.
Pour comprendre « (Faux⇒Vrai) est vraie », on se contentera de l’exemple suivant :
2 = 3 et 2 = 1 ⇒ 2 + 2 = 3 + 1 ⇒ 4 = 4.
L’affirmation de départ est fausse et on en déduit (tout à fait par hasard mais par un raisonnement tout à fait juste) une
affirmation vraie. L’affirmation finale est vraie, mais ce ne sont pas les implications écrites qui la démontrent.
Une conséquence pratique de cette étude est que, si votre hypothèse de départ est fausse bien que par la suite vous
teniez des raisonnements entièrement justes, vous n’avez aucune idée en fin de raisonnement de la véracité ou de la fausseté
des conclusions auxquelles vous êtes parvenu(e) (réfléchissez-y avant d’aller réclamer à votre professeur des points pour
un résultat final et un raisonnement intermédiaire entièrement justes).
⇒ ⇐
condition nécessaire condition suffisante
il faut il suffit
seulement si si
P ⇒ Q ⇔ P ∨ Q ⇔ P ∧ Q ⇔ P ∧ Q.
Par exemple, (pour n ≥ 2), l’implication (n premier et n 6= 2) ⇒ (n impair) (I) est vraie.
La contraposée de l’implication (I) est : (n pair) ⇒ (n = 2 ou n non premier) et est (obligatoirement) vraie.
La réciproque de l’implication (I) est : (n impair) ⇒ (n premier et n 6= 2) et est fausse (puisque 9 n’est pas premier).
Enfin, la négation de l’implication (I) est : (n premier et n 6= 2 et n est pair) et est (obligatoirement) fausse.
De manière générale, la contraposée de P ⇒ Q à savoir Q ⇒ P est équivalente à P ⇒ Q et a donc même valeurs de
vérité, la négation de P ⇒ Q à savoir P ∧ Q a des valeurs de vérité contraires. La véracité de la réciproque de P ⇒ Q à
savoir Q ⇒ P n’a quant à elle aucun rapport avec celle de P ⇒ Q. Ces deux implications sont vraies ou fausses de manière
totalement indépendantes.
4 Les quantificateurs ∀ et ∃
4.1 Définition des quantificateurs
On se donne un ensemble E et P(x) une proposition dont les valeurs de vérité sont fonction des éléments x de E.
Par exemple, considérons la proposition « x2 = 1 » dépendant d’un réel x. On ne peut pas dire que la phrase x2 = 1 est
vraie ou fausse tant qu’on ne sait pas ce que vaut x. Une telle proposition, dont les valeurs de vérité sont fonction d’une
(ou plusieurs) variable(s)s’appelle un prédicat. Nous n’utiliserons plus ce terme par la suite. Cette proposition est vraie
quand x = 1 ou quand x = −1 et est fausse dans les autres cas ou encore, la proposition « x2 = 1 ⇔ (x = 1 ou x = −1) » est
vraie pour tout choix du réel x.
De manière générale :
Définition 4.
⋄ La proposition : « Pour tous les éléments x de E, la proposition P(x) est vraie » s’écrit en abrégé : « ∀x ∈ E, P(x) ».
Solution.
1) ∀x ∈ R, f(x) = 0.
2) ∃x ∈ R/ D(x) = 0.
3) ∀x ∈ R, f(x) = x.
4) ∃x ∈ R/ f(x) = x.
5) ∀(a, b) ∈ R2 , (a ≤ b ⇒ f(a) ≤ f(b)).
6) ∃!x ∈ R/ sin(x) = x.
7) ∀M ∈ P, (M ∈ C ⇔ ΩM = R).
➾ Commentaire . En 5), il ne faut pas lire que pour tout couple (a, b) de réels, on a a ≤ b ou encore, il ne faut pas lire
(∀(a, b) ∈ R2 , a ≤ b) ⇒ f(a) ≤ f(b). Mais, il faut lire que pour tout couple (a, b) de réels, l’implication (a ≤ b ⇒ f(a) ≤ f(b))
est vraie.
De la même façon, en 7), il ne faut pas lire que tout point du plan est sur le cercle (ou encore il ne faut pas lire (∀M ∈ P, M ∈
C ) ⇔ ...) mais il faut lire que pour tout point du plan, il est équivalent de dire que M est sur le cercle et que ΩM = R. Dans cette
phrase, le point M a la possibilité de ne pas être sur le cercle.
Solution.
sin(0) = 0. Donc, ∃x ∈ R/ sin(x) = x.
➾ Commentaire . Pour montrer la phrase ∃x ∈ E/ P(x), la plupart du temps, on fournit explicitement un élément précis
x0 de E vérifiant la propriété désirée.
Il est certain que, dans l’ensemble du cours de mathématiques, vous aurez à disposition un petit nombre de théorèmes qui affirment
l’existence d’un objet sans le fournir explicitement. Par exemple, le théorème exposé au lycée : « toute suite réelle croissante et majorée
converge » affirme qu’il existe une limite sans pour autant la fournir. Citons aussi le théorème fondamental de l’algèbre exposé en
maths sup : « toute équation polynômiale de degré supérieur ou égal à 1 à coefficients dans C admet au moins une solution dans
C ». Ce théorème affirme l’existence d’une solution sans pour autant fournir cette solution. Citons encore un corollaire du théorème
des valeurs intermédiaires qui affirme que « si f est une fonction continue sur un intervalle I de R à valeurs dans R qui prend une
valeur positive en un réel a de I et une valeur négative en un réel b de I, alors l’équation f(x) = 0 admet au moins une solution
dans I ». Redisons-le néanmoins, dans de très nombreux cas,
f est continue en x0 ⇔ (∀ε > 0, ∃α > 0/ ∀x ∈ Df , (|x − x0 | < α ⇒ |f(x) − f(x0 )| < ε).
Le théorème précédent permettra de fournir mécaniquement la définition de : « f n’est pas continue en x0 », en niant
la phrase précédente.
f n’est pas continue en x0 ⇔ (∃ε > 0/ ∀α > 0, ∃x ∈ Df / (|x − x0 | < α et |f(x) − f(x0 )| ≥ ε).
(0n rappelle que la négation de P ⇒ Q est P ∧ Q et que la négation de < est ≥. D’autre part, la négation de ∀ε > 0, est
∃ε > 0/ et non pas ∃ε ≤ 0/. De manière générale, la négation de ∀x ∈ E, . . . est ∃x ∈ E/ . . .).
Exercice 3. Ecrire avec des quantificateurs les propositions suivantes :
1) f n’est pas nulle (où f est une fonction de R dans R).
2) Le dénominateur D de la fraction ne s’annule pas sur R.
3) f n’est pas l’identité de R (où f est une fonction de R dans R).
4) f n’est pas croissante sur R (où f est une fonction de R dans R).
Solution.
1) ∃x ∈ R/ f(x) 6= 0.
2) ∀x ∈ R, D(x) 6= 0. Vous constaterez que les phrases « le dénominateur ne s’annule pas » et « le dénominateur
n’est pas nul » n’ont pas du tout la même signification.
3) ∃x ∈ R/ f(x) 6= x.
4) ∃(a, b) ∈ R2 / (a ≤ b et f(a) > f(b)). Ici, il a fallu nier l’implication (a ≤ b ⇒ f(a) ≤ f(b)). Cette négation a
été fournie par le théorème 8, page 6.
Exercice 4.
1) Montrer que la fonction sin n’est pas nulle.
2) Montrer que la fonction valeur absolue n’est pas dérivable sur R.
Solution.
1) sin( π2 ) = 1 6= 0. Donc, sin 6= 0.
2) La fonction valeur absolue n’est pas dérivable en 0 et donc n’est pas dérivable sur R.
➾ Commentaire .
⋄ Dire qu’une fonction f est la fonction nulle équivaut à dire : ∀x ∈ R, f(x) = 0. Dire que f n’est pas nulle équivaut donc à
dire : ∃x ∈ R/ f(x) 6= 0. Dire qu’une fonction f est dérivable sur R équivaut à dire : ∀x ∈ R, f est dérivable en x. Dire que f n’est
pas dérivable sur R équivaut donc à dire : ∃x ∈ R/ f n’est pas dérivable en x.
⋄ Comme nous l’avons dit plus plus haut, pour montrer une phrase du type : ∃x ∈ R/ . . ., on fournit explicitement un réel x tel
que . . .. En 1., nous avons fourni le réel π2 et en 2., le réel 0.
Passons maintenant aux rapports qu’entretiennent les quantificateurs ∀ et ∃ avec les connecteurs logiques et et ou.
Théorème 11. Soient E un ensemble et P(x) une proposition dont les valeurs de vérité sont fonction des éléments x de
E.
➊ (∀x ∈ E, P(x) ∧ Q(x)) ⇔ ((∀x ∈ E/ P(x)) ∧ (∀x ∈ E, Q(x))).
;
➋ (∀x ∈ E, P(x) ∨ Q(x)) ((∀x ∈ E/ P(x)) ∨ (∀x ∈ E, Q(x))).
⇐
⇒
➌ (∃x ∈ E, P(x) ∧ Q(x)) ((∃x ∈ E, P(x)) ∧ (∃x ∈ E, Q(x))).
:
➍ (∃x ∈ E, P(x) ∨ Q(x)) ⇔ ((∃x ∈ E, P(x)) ∨ (∃x ∈ E, Q(x))).
et
(∃x ∈ R/ cos x = 0 et sin x = 0).
π
La première proposition est vraie car 0 est un réel x tel que sin x = 0 et est un réel x tel que cos x = 0. Ainsi, dans les
2
deux affirmations (∃x ∈ R/ cos x = 0) et (∃x ∈ R/ sin x = 0), la lettre x utilisée deux fois ne désigne pas forcément
un même nombre. La deuxième proposition est clairement fausse (car par exemple ∀x ∈ R, cos2 x + sin2 x = 1 6= 0).
Etudions un autre exemple. On rappelle qu’une fonction f de R dans R est monotone si et seulement si elle est croissante
ou décroissante sur R. Ceci s’écrit avec des quantificateurs :
alors que
Les propositions (I) et (II) ne sont pas les mêmes et encore une fois, on ne peut donc pas distribuer ∀ sur le mot ou.
Dans la phrase (I), « le mot ou est une fonction de x » et en faisant varier x, c’est tantôt f(x) qui peut être nul et tantôt
g(x). Ce n’est pas le cas dans la phrase (II).
Pour mémoriser ce dernier cas (les autres cas s’en déduisent), on pourra se rappeler que dans un lycée, il existe un
garçon beau et il existe un garçon intelligent mais qu’il est plus difficile de trouver un (même) garçon beau et intelligent
à la fois.
Exercice 5. Ecrire avec des quantificateurs les propositions suivantes :
1) a) Tout entier naturel est pair ou impair.
b) Tout entier naturel est pair ou tout entier naturel est impair.
2) a) f est strictement monotone sur R (où f désigne une foncftion de R dans R).
b) f n’est pas strictement monotone sur R.
Solution.
1) a) ∀n ∈ N, (n est pair ou n est impair).
b) (∀n ∈ N, n est pair) ou (∀n ∈ N, n est impair).
2) a) (∀(a, b) ∈ R2 , (a < b ⇒ f(a) < f(b))) ou (∀(a, b) ∈ R2 , (a < b ⇒ f(a) > f(b))).
b) (∃(a, b) ∈ R2 / (a < b et f(a) ≥ f(b))) et (∃(a, b) ∈ R2 / (a < b et f(a) ≤ f(b))).
➾ Commentaire . On verra au chapitre suivant que l’on note E2 l’ensemble des couples d’éléments de E. La phrase ((∀x ∈
E), (∀y ∈ E), P(x, y)) peut alors s’écrire plus simplement ∀(x, y) ∈ E2 , P(x, y) et la phrase ((∃x ∈ E), (∃y ∈ E), P(x, y)) peut alors
s’écrire plus simplement ∃(x, y) ∈ E2 , P(x, y)
On vient d’affirmer que l’on peut permuter des quantificateurs de même nature mais
⇒
Théorème 13.((∃x ∈ E)/ (∀y ∈ E, P(x, y))) (∀y ∈ E, ∃x ∈ E/ P(x, y)).
:
Quand on écrit ∃x/ ∀y l’élément x est fourni une bonne fois pour toutes avant les y et est donc
constant quand y varie.
Quand on écrit ∀y, ∃x l’élément x est fourni après chaque y.
Il dépend de y et peut donc varier quand y varie.
Par exemple, en algèbre linéaire, vous aurez un jour à résoudre l’exercice suivant (dont vous ne pouvez pas necore
comprendre le contenu) : « Soient E un espace vectoriel et f une application linéaire de E dans lui-même vérifiant ∀− →u ∈
−
→ −
→ −
→ −
→
E, ∃λ ∈ R/ f( u ) = λ u (∗). Montrer que f est une homothétie vectorielle (c’est-à-dire ∃λ ∈ R/ ∀ u ∈ E, f(~u) = λ u )) ».
Résoudre cet exercice consistera à montrer que le réel λ fourni dans (∗) est en fait indépendant du vecteur −
→
u ou encore
que ce réel ne varie pas quand ~
u varie.
Solution.
1) a) ∃C ∈ R/ ∀x ∈ R, f(x) = C, ou encore plus simplement, ∀x ∈ R, f(x) = f(0).
b) ∀C ∈ R, ∃x ∈ R/ f(x) 6= C, ou encore plus simplement, ∃x ∈ R/ f(x) 6= f(0).
➾ Commentaire .
⋄ La définition correcte d’une fonction constante, donnée en 1., est à mémoriser. Elle sera par exemple utile pour calculer des
primitives ou plus généralement pour résoudre certaines équations différentielles. Cette définition n’est sûrement pas ∀x ∈ R, ∃C ∈
R/ f(x) = C (*). Cette dernière affirmation est vérifiée par toute fonction de R dans R, car malheureusement, l’ordre ∀x, ∃C permet
au nombre C de changer de valeur quand x change lui-même de valeur. Accessoirement, on doit noter que le phrase ∀x ∈ R, f = cte
est une version catastrophique de la phrase (∗), phrase qui était déjà fausse.
⋄ Le problème est identique en 2.a) et en 3.. En 2.a), le centre Ω et le rapport k doivent être indépendants du point variable M. Le
bon ordre est donc ∃k, ∃Ω/ ∀M.... En 3., on sait bien que seul a) est vrai. Ainsi, pour chaque n, on peut fournir un m dépendant
de n et strictement plus grand que n, et c’est ce que l’on a fait : l’entier m = n + 1 est effectivement variable quand n varie.
Quand P est une proposition vraie, et P ⇒ Q est une proposition vraie, on peut affirmer que
Q est une proposition vraie.
Un résultat connu comme étant vrai (c’est à dire un théorème) ne peut entraîner qu’un autre résultat vrai. Cette règle
est connue sous le nom de « modus ponens ».
C’est le raisonnement de base que vous reproduirez un grand nombre de fois. Et même, vous tiendrez ce raisonnement
tellement de fois (ou encore, vous serez tellement souvent dans la situation où l’hypothèse P est vraie) que vous risquez à
terme de commettre une confusion entre la phrase simple « P ⇒ Q est vraie » et la phrase plus complète « P est vraie et
P ⇒ Q est vraie ». Seule la deuxième permet d’affirmer que Q est vraie.
Sachant de plus que l’implication est transitive, une démonstration prend très souvent la forme suivante : P est vraie
et P ⇒ Q ⇒ R ⇒ ... ⇒ S ⇒ T est vraie, et on a donc montré que T est vraie.
Quand P ⇒ Q est une proposition vraie, et Q est une proposition fausse, on peut affirmer que
P est une proposition vraie.
√
Exemple. Montrons que 2 est irrationnel.
√ √ a
Supposons par l’absurde que 2 ∈ Q. Il existe alors deux entiers naturels non nuls a et b tels que 2 = ou encore
b
a2 = 2b2 . Maintenant, dans la décomposition en facteurs premiers de l’entier a2 (qui est à l’évidence supérieur à 2), le
nombre premier 2 apparaît à un exposant pair (si a = 2α × ... alors, a2 = 22α × ...) alors qu’il apparaît à un exposant
impair dans 2b2 (si b = 2β × . . . alors, 2b2 = 22β+1 × . . .). Si l’on admet l’unicité de la décomposition en facteurs premiers
d’un entier naturel supérieur à 2 (unicité qui sera
√ démontrée plus tard dans ce cours), l’égalité des nombres √ a2 et 2b2 est
donc impossible. Par suite, l’hypothèse faite ( 2 ∈ Q) est absurde et on a montré (par l’absurde) que 2 ∈ / Q.
Pour montrer que P ⇒ Q est une proposition vraie, il (faut et) il suffit de montrer que
Q ⇒ P est une proposition vraie.
Exemple. Soient k et k ′ deux entiers naturels non nuls. Montons que (kk ′ = 1 ⇒ k = k ′ = 1). Supposons que k 6= 1
ou k ′ 6= 1. Alors, on a (k ≥ 2 et k ′ ≥ 1) ou (k ≥ 1 et k ′ ≥ 2). Dans les deux cas, on a kk ′ ≥ 2 et en particulier, kk ′ 6= 1.
Donc,
(k 6= 1 ou k ′ 6= 1) ⇒ (kk ′ 6= 1).
Par contraposition, on a montré que
(kk ′ = 1) ⇒ (k = 1 et k ′ = 1).