FW A02 Les Apocryphes Gnostiques
FW A02 Les Apocryphes Gnostiques
FW A02 Les Apocryphes Gnostiques
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Une critique fréquemment formulée à l'encontre des Évangiles est que les récits de
Matthieu, Marc, Luc et Jean auraient été choisis arbitrairement parmi des dizaines
d'autres. Il existe en effet des dizaines de textes qui se présentent ou que l'on présente
comme des évangiles, et que l'on appelle les « évangiles apocryphes ». Certains
prétendent que ces textes apportent des informations différentes sur les origines du
christianisme et les utilisent donc pour discréditer la foi chrétienne. C'est sur cette question
que nous allons nous pencher dans cette vidéo.
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ouverte à tous. Le gnosticisme, à la suite des religions païennes à mystères de l'Orient
ancien, sans lien avec le Dieu biblique, est une religion ésotérique, inaccessible à la
masse immense du commun des mortels. Le gnosticisme a ses « initiés » et ses « êtres
éveillés », tout comme le New Age de nos jours. Selon le gnosticisme, on accède à Dieu
par des rituels, par degrés. C'est une religion pessimiste, qui présente des dieux
impuissants, sans rapport avec le Dieu tout-puissant de la Bible. Pour les gnostiques, le
salut consiste à se libérer de ses passions, comme pour les spiritualités orientales.
Le Traité tripartite, texte gnostique retrouvé en Égypte, expose très clairement la
théologie gnostique. Selon cette religion, tout ce qui se passe sur terre remonte à des
événements antérieurs à la création. Le dieu primordial, le « Protopater » (premier père) et
sa compagne, la déesse Silence, ont un enfant, le Monogène, ou Fils Unique. Avec la
déesse Vérité, le Monogène a à son tour un fils, le Logos. Le Logos a une compagne, la
déesse Vie1. Comme nous le voyons, il s'agit d'un savant mélange de termes chrétiens,
mais dans un contexte polythéiste. S'ensuit la description d'une trentaine de personnages,
dont le dernier est la déesse Sophia, la Sagesse. Le Dieu créateur de la Genèse, Yahweh,
est considéré comme l'auteur du mal 2.
Autre caractéristique du gnosticisme, c'est son mépris pour la matière. De ce
mépris, il découle que Jésus ne se serait pas véritablement incarné et n'aurait donc pas
pris nos péchés à la Croix. Or, c'est là le fondement de la foi chrétienne, annoncé six cents
ans avant la venue de Jésus par Ésaïe, prophète de l'Ancien Testament : « le châtiment
qui nous donne la paix est tombé sur lui 3 ». Dans le gnosticisme, le christianisme perd ses
fondements. La crucifixion gênait les gnostiques. En effet, la Bible, dans l'Ancien comme
dans le Nouveau Testaments, enseigne que le salut est acquis grâce à l'immolation du
corps de Jésus, à son sang versé ; or, pour les gnostiques, la matière n'apporte rien, donc
une immolation est inutile. Certains textes enseignent que Simon de Cyrène a été crucifié
à la place de Jésus (une idée reprise au septième siècle de notre ère par le Coran) et
présentent un Jésus qui se moque de Simon de Cyrène, le pauvre type qui s'est fait avoir.
La dérision est fréquente dans les textes gnostiques, surtout contre les Juifs mais aussi
contre les apôtres.
Dans la perspective gnostique, le monde est intrinsèquement mauvais, Dieu n'est
pas le créateur du monde, le corps est mauvais, tout particulièrement le corps de la
femme ; la sexualité est mauvaise.
1 Michel Tardieu et Jean-Daniel Dubois, Introduction à la littérature gnostique, tome I, « Collections retrouvées avant
1945 », Cerf / CNRS, coll.« Initiations au christianisme ancien », Paris, 1986.
2 Jean-Daniel Dubois s'est exprime sur la chaîne KTO, qui se définit comme « catholique » :
https://www.youtube.com/watch?v=NxIIE-lFgxw
3 Ésaïe 53:8. On lira avec profit l'ensemble du chapitre, qui annonce la Croix.
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Des « évangiles » concurrents ?
Nous avons maintenant compris que de la vision du monde et des dieux spécifique
au gnosticisme, il ressort qu'il n'y a pas eu à proprement parler « concurrence » entre les
Évangiles bibliques et les textes gnostiques, qui viennent en réalité d'une autre religion,
inscrite dans le sillage de religions païennes à mystère et non du judaïsme, de ses
prophètes et de son Messie. La rupture avec les apôtres de Jésus est elle aussi claire et
assumée.
4 Luc 8:2
5 Luc 8:3
6 Matthieu 28:1-10, Marc 16:1-10, Luc 24:1-11, Jean 20:1-18
7 Luc 10:38-42, Jean 11 et 12
8 Jean 4:1-42
9 Marc 7:24-31 &c...
10 Matthieu 26:7 &c...
11 Galates 3:28
12 Genèse 1:27, traduction littérale.
13 Logion 119
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« Simon Pierre leur dit : 'Que Mariam nous quitte, car les femmes ne sont pas
dignes de la vie'. Jésus dit : 'Voici que moi je la guiderai pour la rendre mâle, de façon à ce
qu’elle aussi devienne un esprit vivant semblable à vous, mâles. Car toute femme qui se
fera mâle entrera dans le royaume des cieux'. »
Il est donc absurde de prétendre que les « évangiles » gnostiques ont été écartés,
et les Quatre retenus, pour discréditer les femmes et justifier l'organisation patriarcale de
la société.
Une idée reçue voudrait que les « évangiles » apocryphes aient été écrits en même
temps que les quatre Évangiles bibliques, voir avant, par des témoins oculaires de la vie et
de l’œuvre de Jésus. Je vous propose donc de jeter un œil aux textes les plus souvent
cités par les auteurs qui s'intéressent à ces questions et par les médias.
Le pseudo-évangile de Judas est le texte apocryphe le plus ancien et c'est le seul
qui soit contemporain, ou à peu près, des Évangiles bibliques. Tous les autres sont
beaucoup plus tardifs. Le pseudo-évangile de Judas a fait couler beaucoup d'encre depuis
la révélation de sa publication en 2006. Il aurait en fait été découvert en 1978. Comme
presque tous les « évangiles » apocryphes, il s'agit d'un texte égyptien rédigé en langue
copte, la langue de l'Égypte avant la conquête arabo-musulmane. Il fut expertisé par
Rodolphe Kasser, spécialiste du copte de l'Université de Genève.
C'est principalement contre un pseudo-évangile de Judas qu'Irénée de Lyon a
rédigé son traité Contre les hérésies, en 180. Selon M. Kasser, c'est bien ce manuscrit
qu'Irénée cite dans son traité. Jésus est, ici encore, présenté non pas comme un être de
chair mais comme un pur esprit, la matière étant, dans le gnosticisme, prise en mauvaise
part. Ici encore, le texte a des relents antisémites et on est en parfaite rupture avec
l'Ancien Testament. Judas apparaît comme le « gentil » de l'histoire, un sage, l'homme de
confiance de Jésus ; Jésus demande à Judas de le trahir pour accomplir le plan de Salut,
et ce dernier s'exécute à contrecœur. « Tu sacrifieras l’homme qui me sert d’enveloppe
charnelle. » D'après ce texte, comme dans l'ensemble des textes gnostiques, Jésus a
finalement échappé à la crucifixion. On saisit donc d'emblée l'intention ironique de ou des
auteurs, leur désir de rupture avec le christianisme apostolique et biblique. Le texte est
provocateur jusqu'à la caricature, c'est une critique très vive de l'Église et de ses racines
apostoliques, ce qui fait dire à la plupart des experts que c'est un pamphlet écrit pour se
moquer du christianisme apostolique et biblique.
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Le pseudo-évangile de Thomas, a été retrouvé en Égypte en 1945. Sa prétendue
ancienneté est souvent citée à l'appui de l'idée selon laquelle le Canon aurait été constitué
de façon arbitraire. Pourtant, le papyrus a été au carbone 14 ; il date de 350 environ. Ce
pourrait être la copie d'un texte plus ancien. D'autres éléments d'expertise prouvent qu'il
s'agit tout de même d'un texte postérieur aux Quatre. En effet, le pseudo-Thomas cite la
plupart des vingt-et-un livres qui composent Nouveau Testament. Il a donc été écrit après.
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Le dernier né des apocryphes, c'est le pseudo-évangile de la femme de Jésus, un
manuscrit écrit en copte apparu en 2010. Karen Leigh King, historienne de l'université de
Harvard, a cru bon d'intituler ce document de cette manière, quoi que rien dans les
quelques lignes du texte ne le permette. Il a été démontré que le document en question
est un faux grossier, fabriqué au plus tôt en... 2007 !! Nous y reviendrons largement dans
la prochaine vidéo, consacrée à Marie Madeleine.
Les « évangiles » apocryphes sont largement cités depuis une quinzaine d'années
dans de nombreux livres, émissions de télévisions et conversations de comptoir pour
étayer la légende très récente mais très tenace selon laquelle Jésus et Marie Madeleine
auraient été mari et femme ou, ce qui, au vu de la morale chrétienne, est pire, amants.
Comme je l'ai dit un peu plus haut, ce sujet sera traité dans la prochaine vidéo.
En bref...
- Dans leur immense majorité, les « évangiles » apocryphes sont des textes
extrêmement tardifs, donc sans aucune crédibilité historique et n'ont donc jamais été en
concurrence avec les Évangiles bibliques.
- Le seul « évangile » apocryphe connu qui soit très ancien, le pseudo-évangile de
Judas, a été décrit par des experts comme un pamphlet et non comme un texte à
prétention historique. C'est un texte gnostique, sans lien avec le christianisme apostolique.
- À l'instar du pseudo-évangile de Judas, les « évangiles » apocryphes, dans leur
immense majorité, relèvent du gnosticisme, une religion non-chrétienne, polythéiste,
antisémite et misogyne qui rejetait autant l'Ancien Testament que les apôtres.
- Il existe de rares textes apocryphes non-gnostiques, tardifs et ne remettant
absolument pas en cause les enseignements du christianisme.
Les quatre Évangiles bibliques, selon Matthieu, Marc, Luc et Jean, textes très
anciens, enracinés dans la tradition juive et dans l'enseignement des apôtres, annoncent à
toute l'humanité le Salut en Jésus-Christ, l'amour de Dieu et l'égalité ontologique de tous
les êtres humains. Qu'on les reconnaisse ou non comme Parole de Dieu, force est de
constater le caractère unique de leur enseignement et de la spiritualité qui s'en dégage.