Politique Fiscale Du Mali
Politique Fiscale Du Mali
Politique Fiscale Du Mali
MONÉTAIRE
INTERNATIONAL
Département des
Finances publiques
MALI
POLITIQUE FISCALE
(DIAGNOSTIC)
MALI
Septembre 2014
Le présent rapport contient des conseils techniques fournis par les
services du Fonds monétaire international (FMI) aux autorités du
Mali, en réponse à leur demande d’assistance technique. Ce
rapport (dans sa totalité, en partie ou sous une forme résumée)
peut être communiqué par le FMI aux administrateurs du FMI et à
leurs services, ainsi qu’aux autres organismes et entités du
bénéficiaire de l’AT et, à leur demande, aux services de la Banque
mondiale et aux autres fournisseurs d’assistance technique et
bailleurs de fonds dont l’intérêt est légitime, sauf si le bénéficiaire
de l’AT s’y oppose explicitement (voir
http://www.imf.org/external/np/pp/eng/2013/061013.pdf,
Operational Guidelines for the Dissemination of Technical
Assistance Information à l’adresse disponible en anglais
uniquement). La communication du présent rapport (dans sa
totalité, en partie ou sous une forme résumée) en dehors du FMI, à
des parties autres que les organismes et entités du bénéficiaire de
l’AT, les services de la Banque mondiale et les autres prestataires
d’assistance technique et bailleurs de fonds dont l’intérêt est
légitime, requiert le consentement explicite du bénéficiaire de l’AT
et du Département des finances publiques du FMI.
3
Acronymes ........................................................................................................................................................................... 5
Préface ................................................................................................................................................................................... 6
I. INTRODUCTION .......................................................................................................................................................... 11
V. LA PARAFISCALITÉ .................................................................................................................................................... 53
Tableaux
A.1. Principales recommandations .............................................................................................................................. 8
A.2. Matrice des objectifs et mesures ..................................................................................................................... 10
1. Recettes fiscales 2010-2013 (Mds FCFA) .......................................................................................................... 12
2. Taux de l’impôt sur les traitements et salaires ............................................................................................... 18
3. Taux des prélèvements obligatoires de l’INPS ............................................................................................... 19
4. Taux de l’impôt synthétique .................................................................................................................................. 23
5. Avantages consentis sous le Code des investissements ............................................................................ 27
6. Suivi des recommandations des précédentes missions (2010 et 2013) en matière de fiscalité
indirecte ............................................................................................................................................................................. 30
7. TVA 2010-2013 (Mds FCFA) ................................................................................................................................... 31
8. Efficacité de la TVA dans quelques pays d'Afrique au Sud du Sahara .................................................. 31
9. Situation des remboursements de crédits de TVA (M FCFA) ................................................................... 32
10. Ventilation des recettes en 2013 (M FCFA) ................................................................................................... 36
4
Encadrés
1. Deux mécanismes alternatifs à l’exonération : l’auto-liquidation et la dette notionnelle de TVA
............................................................................................................................................................................................... 37
2. La fiscalisation de l’aide........................................................................................................................................... 52
Bibliographie .................................................................................................................................................................... 54
5
ACRONYMES
PRÉFACE
Dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’assistance technique financé par un fonds
spécialisé (Tax Policy and Administration -Topical Trust Fund—TPA-TTF) une mission du
département des finances publiques (FAD) du FMI s’est rendue à Bamako du 19 au 30 juin 2014 ;
un document détaillant les objectifs et l’assistance technique financés par ce fonds se trouve sur
le site web du FMI : http://www.imf.org/external/np/otm/2011/100110.pdf. La mission était
composée de M. Grégoire Rota-Graziosi (chef de mission), Anne-Marie Geourjon et Gilbert
Ménard (experts). Elle avait pour objectif d’établir un diagnostic de la fiscalité malienne.
Avec un taux de recettes fiscales rapporté au Produit Intérieur Brut (PIB) de 15,4% en 2013, le Mali
doit améliorer sa fiscalité pour financer son développement économique et social et atteindre
l’objectif de la transition fiscale dans la région UEMOA fixé à 17%. Cette augmentation est
également un engagement pris par les autorités dans le cadre du programme de fiscalité élargie
de crédit soutenue par le FMI.
Le diagnostic établi dans cet aide-mémoire a revu les principaux impôts et taxes; il est complété
par un second aide-mémoire dédié au secteur minier et pétrolier. Ce diagnostic vise également à
identifier les thèmes des missions successives qui s’intègrent dans le programme d’assistance
technique de fonds fiduciaire TPA-TTF (Tax Policy and Administration, Topical Trust Fund).
Cinq champs d’intervention ont été identifiés par la mission. Ils pourront être affinés au fil des
missions. Par ordre de priorité, ils concernent les points suivants :
Un soutien dans la définition et l’analyse des dépenses fiscales ;
Une analyse détaillée de la Taxe sur les Activité Financières et plus généralement de la
fiscalité de certains secteurs comme celui des banques et des télécommunications ;
Une analyse de la charge fiscale et parafiscale sur les salaires ;
Une revue de la parafiscalité ;
Une analyse de la fiscalité foncière.
Parallèlement à cette assistance technique de fiscalité générale, celle dédiée à la fiscalité minière
et pétrolière identifie certaines faiblesses du système fiscal malien face à des comportements
d’optimisation fiscale agressive. Plusieurs recommandations sont aussi pertinentes dans le cadre
de la fiscalité générale puisqu’elles concernent certains grands impôts, à savoir celui sur les
sociétés (IS) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
8
La mission a ainsi défini la matrice suivante du projet d’assistance technique financé par le fonds
fiduciaire TPA-TTF.
Tableau A.2. Matrice des objectifs et mesures (volet politique fiscale du projet d’assistance
technique)
I. INTRODUCTION
2. La structure des recettes n’a guère évolué depuis la dernière mission de diagnostic
général menée en 2011 et l’analyse alors établie demeure pertinente. Depuis 2002, la
pression fiscale au Mali a fluctué entre 14% et 15% du PIB ; un saut à 15,5% fut réalisé en 2004–
05, mais une chute à 13,3% a été observée en 2008. L’évolution de la structure des recettes au
Mali est similaire à celle des autres pays à faible revenu, surtout en Afrique : des recettes
douanières qui déclinent, une TVA stagnante et à rendement relativement faible mais des taux
élevés, et une fiscalité directe qui ne joue pas pleinement son rôle dans la mobilisation des
recettes. Les recettes du secteur minier ont partiellement bénéficié de la récente envolée du cours
de l’or (2010-2012) qui depuis s’est estompé. Le rendement des impôts directs sur les individus et
les sociétés, des taxes sur la propriété et des autres taxes et droits assimilés, demeure faible. Enfin,
les dépenses fiscales, dont une analyse est menée depuis 2011 et dont l’estimation est jointe à la
loi de finance depuis 2012, semblent en constante progression et représentent au moins 4% du
PIB (estimation de la mission). Il parait donc difficile d’augmenter la pression fiscale sans une
réforme de la fiscalité qu’ accompagneront les projets d’assistance techniques financés par les
fonds fiduciaires dédiés et relatifs à la politique fiscale et à la fiscalité du secteur industriel
extractif.
12
Situation actuelle
4. L’impôt sur les sociétés et sur les bénéfices industriels et commerciaux (IS-BIC) du
Mali respecte les directives d’harmonisation de l’UEMOA. L’approche adoptée par l’UEMOA,
présentée dans la décision N°16/2006/CM/UEMOA, consiste en particulier à rapprocher les bases
imposables définies dans les législations nationales. L’UEMOA a produit trois directives
concernant l’imposition des bénéfices (N°07/2001/CM/UEMOA, N°01/2008/CM/UEMOA,
N°08/2008/CM/UEMOA)2. De façon générale, l’IS du Mali respecte les directives de l’UEMOA. Son
assiette et son taux s’y conforment. Les pertes d’un exercice peuvent être reportées sur les trois
exercices subséquents comme autorisé par l’UEMOA.
6. Un impôt minimum forfaitaire (IMF) égal à 1% du chiffre d’affaires (CA) est appliqué
(Art. 86 du CGI). L’IMF est conforme à la directive N°01/2008/CM/UEMOA, Art. 2, qui stipule que
les États membres ont la faculté d’établir un IMF exigible des entreprises assujetties au BIC (sans
toutefois indiquer une fourchette de taux).
1 Les personnes morales sont imposées au titre de l'impôt sur les sociétés et les personnes physiques au titre de
2 Voir Mansour et Rota-Graziosi, 2013 pour une discussion des directives de l’UEMOA.
14
9. Les entreprises du secteur agricole ne sont pas assujetties à l’IS-BIC mais plutôt à
l’impôt sur les bénéfices agricoles (IBA). Les dispositions de l’IBA sont contenues à la Section V
(Art. 99 – 120 du CGI). L’IBA prévoit une exonération du BIC de cinq ans pour les nouvelles
entreprises agricoles. Le bénéfice agricole peut être taxé au taux de 10% lorsque le contribuable
relève du régime réel d’imposition. Toutefois, les bénéfices agricoles devraient être normalement
déterminés suivant le régime forfaitaire basé sur des taux de rendements forfaitaires par
superficie cultivée. Cependant, aucun impôt n’est prélevé sur ce secteur d’activité car le décret
d’application de l’IBA n’a jamais été promulgué.
10. Les plus-values sur cession d’éléments de l’actif immobilisé sont imposées au taux
de l’IS ou exonérées. Conformément à la Directive N°01/2008/CM/UEMOA, ces plus-values sont
exonérées de l’IS si le contribuable s’engage à réinvestir ce revenu dans les trois années qui
suivent la cession dans une entreprise située dans un État membre de l’UEMOA (Art. 55 du CGI).
En cas de réinvestissement, cette plus-value est déduite du coût d’acquisition des nouvelles
immobilisations pour le calcul des amortissements, ou des plus-values de cessions futures. Les
plus-values provenant de cession d’éléments de l’actif immobilisé en fin d’exploitation, en cas de
cession partielle d’entreprise, et les indemnités reçues en contrepartie de la cessation de l’exercice
d’une profession ou du transfert d’une clientèle, sont comptées dans les bénéfices imposables
pour la moitié de leur montant. Lorsque la cession, le transfert, ou la cessation surviennent plus de
cinq ans après l’acquisition des éléments d’actif, les plus-values sont comptées dans les bénéfices
pour la moitié de leur montant.
11. Les intérêts sur les contributions des associés en excès de leur part de capital sont
déductibles. Conformément à la Directive N° 01/2008/CM/UEMOA, le CGI (Art. 51) permet la
déduction des intérêts versés aux associés sur les prêts consentis par ces derniers à la société en
sus de leur contribution de capital, à condition que le taux d’intérêt ne dépasse pas de plus de
trois points le taux d’escompte de la BCEAO.
12. Une retenue de 15% au compte du BIC (Retenue BIC) est perçue sur les prestations
des services par des personnes n’ayant pas au Mali d’installation professionnelle
permanente. Le taux de 15% est déterminé à partir de celui de l’IS (30%) diminué de moitié en
3L’amortissement dégressif ne peut pas être utilisé pour les matériels et outillages usagés, et ceux dont la durée
normale d’utilisation est inférieure à trois ans.
15
reconnaissance des charges supportées pour la prestation de ces services. Cette retenue est
appliqué aux prestations de services, à l’usage ou la concession du droit d’usage d’un droit
d’auteur, d’un brevet, d’une formule, d’un procédé, à la location d’équipement et toute prestation
fournies ou utilisées au Mali telles que les prestations d’études, d’assistance technique, financière
ou comptable et de prospection.
Discussion
13. Le rendement de l’IS est comparable à celui des pays voisins. Les recettes de l’IS ont
été de 132,1 Mds FCFA en 2013 (144,2 Mds FCFA compte tenu de la retenue BIC). La productivité
de l’IS – le rendement d’un point d’impôt en pourcentage du PIB – était de 0,08% en 2013, ce qui
se compare avantageusement à certains pays de la sous-région (0,06% au Sénégal, 0,08% au
Ghana et 0,04% au Togo)4.
15. Près de 36% des entreprises paient l’IMF. L’IMF a généré 14,4 Mds FCFA en 2013 soit
11,8% des recettes de l’IS-IBC.
16. L’exonération de fait des bénéfices agricoles est difficilement justifiable d’un point
de vue fiscal. En particulier, l’exonération d’impôt sur le revenu durant les cinq premières années
d’opération d’une entreprise agricole est, au même titre que toute autre exonération d’impôts
directs, un des outils les moins efficaces pour inciter l’investissement. Il convient de souligner que
le secteur agricole représentait en 2008 37% du PIB malien5. Étant donné les difficultés que
comporte la fiscalisation du secteur agricole, celle-ci pourrait être graduellement mise en place en
priorisant les plus grandes entreprises du secteur. L’exonération complète de ces sociétés peut
s’avérer inéquitable pour le reste des entreprises du Mali et fragiliser les recettes fiscales. Une
fiscalisation progressive du secteur agricole est envisagée par la DGI dans le projet de LF 2016.
L’assistance technique du FMI pourra être mobilisée sur ce sujet notamment pour fournir les
meilleures pratiques internationales et Africaines en la matière.
17. La période de report des pertes de 3 ans actuellement pourrait être revue en
éliminant le report des amortissements non-utilisés. Une période de report plus longue
s’alignerait avec les meilleures pratiques à cet égard et diminuerait grandement la nécessité de
différer les amortissements en période déficitaire. En effet, une société, même déficitaire,
4 Données de 2011.
18. Une limite devrait être imposée à la déductibilité des intérêts sur les contributions
des associés en excès de leur contribution de leur part sociale. Sans cette limite, un associé
peut augmenter artificiellement de tels apports de capital supplémentaire afin de bénéficier du
taux de 15% de l’impôt sur les revenus des valeurs mobilières (IRVM) et générer des déductions
d’IS au taux de 30%. La possibilité d’incorporer une telle limite ne semble pas contredire les
directives de l’UEMOA. Les autorités Maliennes sont invitées à se rapprocher de la Commission de
l’UEMOA pour envisager l’introduction d’une limite à la déductibilité des intérêts versés aux
associés.
19. Plus généralement, une règle de sous-capitalisation pourrait être considérée afin
d’éviter les comportements d’optimisation fiscale les plus agressifs de la part de certaines
sociétés multinationales. Cette règle fixerait un ratio maximum d’endettement (dettes/capitaux
propres) rendant non déductible au titre de l’IS les charges d’intérêt excédentaires. Les modalités
d’une telle règle, qui concerne notamment la fiscalité minière et pétrolière, pourraient être
définies dans une des missions d’assistance technique financées par le fonds fiduciaire de gestion
des ressources naturelles (cf. Rota-Graziosi et al. 2014). Cette règle devrait être également
conforme aux directives de l’UEMOA.
21. L’application de la retenue IBIC devrait être clarifiée. Les experts comptables
rencontrés par la mission ont indiqué à la mission que l’administration fiscale appliquait de façon
très large la retenue IBIC à des prestations de services réalisées hors du territoire du Mali. Les
6L’imposition de la demie ou du tiers des plus values sur les éléments de l’actif immobilisé ne fait pas partie des
directives de l’UEMOA.
17
autorités ont par ailleurs indiqué que ces retenues s’appliquaient uniquement aux prestations de
services par des contribuables n’ayant pas de numéro d’identification fiscale (NIF), et sur les
contrats ou marchés publics, afin de limiter l’évasion fiscale. Si la retenue est appliquée à des
services performés hors du territoire du Mali, la retenue constitue une dérogation aux règles de
territorialité de la législation fiscale du Mali (voir Art. 44 du CGI qui stipule que seuls les bénéfices
réalisés au Mali sont assujettis à l’IBIC). Il est également possible que certaines prestations
fournies au Mali soient identifiées comme fournies par des non-résidents hors du territoire du
Mali constituant une forme d’évasion fiscale. La clarification de l’application de la retenue IBIC est
souhaitable afin de garantir notamment sa conformité au fondement de territorialité de la
législation fiscale.
Recommandations
Limiter les charges d’intérêts déductibles des prêts des associés à l’entreprise à un
pourcentage du revenu (pourcentage à déterminer).
Intégrer à la base imposable au titre de l’IS les plus values sur cession d’éléments d’actif
immobilisés et rembourser l’impôt acquitté lorsque le contribuable a établi la preuve du
réinvestissement du montant taxé au Mali ou dans un pays membre de l’UEMOA.
Considérer une imposition directe normale du secteur agricole pour les entreprises ayant
un chiffre d’affaires supérieur à 250 M FCFA.
Situation actuelle
22. Les prélèvements obligatoires sur les salaires, impôts et cotisations sociales, à la
charge de l’employé et de l’employeur se composent des prélèvements suivants : Impôt sur
les traitements et salaires (ITS), la contribution forfaitaire des employeurs (CFE), la taxe de
formation professionnelle (TFP), la taxe emploi-jeunes (TEJ), la taxe de logement (TL), et les
prélèvements obligatoires au titre de l’Institut National de Prévoyance Social (INPS) et de
l’Assurance Maladie (AMO). Les prélèvements de l’INPS et de l’AMO ne sont certes pas intégrés
dans les recettes fiscales de l’État; cependant, la mission considère qu’une réforme de l’impôt sur
les salaires ne peut être efficace pour promouvoir l’emploi formel que si elle intègre tous les
prélèvements obligatoires assis sur les salaires.
23. L’ITS du Mali concerne toutes les sommes payées dans l'année aux salariés par les
employeurs publics et privés. Le champ de cet impôt couvre les revenus d'emploi, les
18
commissions, les primes, les pourboires et toutes autres indemnités ou émoluments reçus à titre
de revenu d'emploi. Sont aussi couvertes les pensions et rentes viagères et les rémunérations par
action allouées aux dirigeants de sociétés. L'ITS s’applique aux montants versés aux personnes
physiques qui demeurent au Mali et y exercent une activité professionnelle ou y perçoivent des
revenus imposables, nonobstant leur statut ou leur nationalité. Les revenus gagnés à l'extérieur du
Mali sont aussi soumis à l'impôt dans la mesure où la personne bénéficiaire est considérée
comme résidante au Mali. Sont affranchis de l’ITS : les allocations familiales et d'assistance à la
famille ; les majorations de solde pour charges de famille (si elles sont attribuées à tous les
salariés d'une entreprise); les retraites des combattants ; les rentes viagères et indemnités
temporaires aux victimes d'accidents de travail et les indemnités de licenciement ou de départ à la
retraite. Les taux applicables au revenu imposables sont fixés comme suit pour chaque tranche de
revenu :
24. L’impôt brut obtenu selon le barème ci-dessus est réduit en fonction de la charge
familiale du contribuable. Cette réduction est de 10% de l’impôt brut pour une personne mariée
sans enfants à charge (si les deux époux sont assujettis à l’ITS, chacun dispose de la réduction de
10%), de 2,5% par enfant à charge jusqu’au dixième inclus et de 10% pour un dépendant majeur
infirme.
25. L’ITS est retenu directement à la source mensuellement par l’employeur. Celui-ci doit
verser les sommes retenues au plus tard le 15 du mois suivant le mois visé par l'imposition à la
caisse du receveur du centre des impôts approprié ou à la division du recouvrement de la
Direction des moyennes entreprises ou de la DGE. Les employeurs fournissent en outre à la DGI
un état des salaires annuel au mois de janvier de chaque année. Cet état des salaires contient, en
plus de l'impôt total retenu, des renseignements détaillés sur les émoluments de chaque employé
y compris tous les renseignements nécessaires au calcul de l'ITS. L'employeur est aussi tenu de
fournir à l’employé un relevé mensuel du salaire brut, de l'impôt retenu ainsi qu'un relevé annuel
contenant les mêmes renseignements au mois de février de chaque année.
19
26. Les autres impôts: CFE (CGI, Art. 159-163), TFP (CGI, Art. 183-185), TEJ (CGI Art.
185A–185D), TL7 sont des taxes à taux unique assises sur le montant brut des traitements et
salaires tels que définis sous l’ITS. Ces taxes sont dues par l’employeur. Leur taux est
respectivement de 3,5% pour la CFE, de 2% pour la TFP, 2% pour la TEJ et de 1% pour la TL. La
CFE, TFP et TEJ sont perçues sur la masse salariale des entreprises soumises à l’IS-IBIC ou à l’IBA.
La TL est perçue sur la masse salariale des entreprises des employeurs du secteur privé et
parapublic. L'assiette de ces contributions forfaitaires est constituée du montant brut des
traitements et salaires tel que défini sous l’ITS. À l’exception des revenus de la CFE qui sont versés
aux fonds généraux, les revenus de ces taxes sont versés à des fonds distincts : Fonds d’Appui à la
Formation Professionnelle et à l’Apprentissage (TFP), Fonds National pour l’emploi des jeunes
(TEJ) et Fonds National du Logement (TL).
27. Les prélèvements obligatoires de l’INPS et de l’AMO sont assis sur la totalité des
salaires. Le taux moyen de prélèvements est de près de 25%. Le détail de ces taux est donné dans
le tableau 3 ci-dessous.
Tableau 3. Taux des prélèvements obligatoires de l’INPS et de l’AMO sur les salariés
Commentaires
28. Le facteur travail est très (trop) lourdement taxé. Les CFE, TFP, TEJ et TL constituent un
prélèvement total de 8,5% sur la masse salariale. Un individu célibataire recevant le salaire
minimum interprofessionnel garanti (SMIG), soit 28 460 FCAF par mois, aura un revenu net
disponible après déduction de tous les prélèvements obligatoires à sa charge (ITS inclus) de
25 917 FCFA. Le coût de ce salarié pour l’employeur en intégrant toutes les cotisations patronales
et les différents impôts (CFE, TFP, TEJ et TL) sera de 36 258 FCFA. La différence entre le coût d’un
salarié pour l’employeur et le revenu net disponible pour ce salarié est de 10 341 FCFA, soit près
de 40% du revenu net disponible reçu par le salarié. L’IT ne représente que 7% de cette différence.
7 La TL est régie par des textes fiscaux non codifiés : Loi no 85-35 du 21 juin 1985 portant création d’un Fonds
National du Logement et le Décret no 183/PG-RM du 26 juillet 1985 portant organisation et modalités de
fonctionnement du Fonds National du Logement.
20
à la TVA (déductible). Une très simple simulation révèle qu’une tâche effectuée par un individu et
recevant 100 implique une charge fiscale d’environ 70 si l’individu est un employé, et de
seulement 33 voire moins si l’individu est un prestataire assujetti au taux de l’IS de 30%, n’ayant
pas de charges fiscales déductibles et distribuant la totalité de son bénéfice sous formes de
dividendes assujetti à l’IRVM. Un tel scenario est extrêmement optimiste, voire naïf certes, mais il
révèle que même dans ce cas extrême où tout le revenu d’affaire est déclaré en bénéfice, le coût
fiscal du salaire est le double de celui de la prestation de service.
30. La révision de la progressivité de « l’impôt » sur les salaires au sens large nécessite
donc une revue de tous les prélèvements obligatoires et de leurs modes de calcul. Une
amélioration de l’ITS n’aura qu’un effet très limité sur le développement du salariat puisque
l’impôt ne représente qu’une faible part de la charge fiscale (cf. : exemple pour le salarié
célibataire au SMIG).
31. L’administration fiscale ne dispose pas d’une base de données informatisée de l’ITS
selon les catégories de revenus. Ce manque de données exploitables empêche toute
appréciation quantitative des propositions avancées dans cette sous-section. Un effort de
structuration et d’informatisation de ces recettes est une condition préliminaire non seulement
pour mesurer l’impact budgétaire de toute modification de l’ITS, mais également pour une
meilleure maîtrise de son assiette. Un rapprochement avec l’INPS pourrait combler cette lacune8.
32. Une réforme du barème (taux et seuils) nécessite des données détaillées sur la
distribution des revenus pour l’ensemble des salariés de la fonction publique et du secteur
privé. Actuellement, seulement les traitements et salaires d’employés du secteur public sont
disponibles sur support informatique. Une base de données complète de tous les salariés y
compris ceux du secteur privé, ou à défaut une base de données représentative de la population
active salariée, permettrait de calibrer les seuils des tranches pour atteindre les objectifs de
recettes et de progressivité souhaités. À titre indicatif, et prenant en compte les meilleures
pratiques internationales, un barème simplifié à quatre taux (0, 15, 25 et 35%) pourrait être
envisagé. Toutefois, étant donné le manque de données exploitables sur la distribution des
traitements et salaires, la mission ne peut pas suggérer, même à titre indicatif, ce que pourraient
être les tranches de revenu auxquelles s’appliquerait un barème simplifié. De plus, la disparité des
salaires entre le secteur public et privé est significative. En effet, le taux maximum du barème
actuel (40%) s’applique à un niveau de revenu de 3,5 M FCFA, un seuil bas qui couvre une grande
proportion des salariés du secteur privé. Les données agrégées des traitements et salaires
confirment ce manque de progressivité. En effet, sur la base des données agrégées de traitements
et salaires assujettis à chaque tranche de revenu fournies par la DGI, en 2013 68% de l’ensemble
des traitements et salaires étaient assujettis au taux marginal maximum de 40%, donc à un taux
de prélèvement total de plus de 70%.
33. La prise en compte des charges familiales par une réduction d’un pourcentage de
l’impôt en fonction du nombre de personnes à charge est inéquitable. En effet cette façon de
prendre en considération les charges familiales résulte en une réduction d’impôt qui augmente
8 La mission n’a pas pu rencontrer l’INPS, et essaiera d’y remédier lors d’une prochaine visite.
21
avec le revenu et ceci sans limite. Il serait plus équitable d’offrir plutôt une déduction du revenu
imposable d’un montant fixe par personne à charge (déduction) ou d’un montant fixe de
réduction de l’impôt (crédit d’impôt). Le crédit d’impôt a pour avantage d’augmenter la
progressivité du barème d’impôt. Les deux méthodes ont en commun qu’elles limitent la valeur
des abattements consentis pour les charges familiales ce qui correspond aux meilleures pratiques
fiscales.
Recommandations
Revoir l’ensemble des prélèvements obligatoires sur les salaires afin de favoriser le
développement du salariat et la formalisation de l’économie malienne.
Constituer prioritairement une base de données complète avec une ventilation des
revenus d’ITS par tranche de revenu. Puis, examiner si le nombre de taux pourrait être
réduit de 7 à 3 ou 4, et les tranches de revenu ajustées afin d’atteindre les objectifs de
progressivité et de recettes désirés.
Remplacer le système de coefficient pour les dépendants par celui de montant fixe
déductible du revenu imposable ou par une réduction d’un montant fixe de l’ITS par
personne à charge (crédit d’impôt).
Situation actuelle
34. L’IRVM frappe les intérêts et dividendes payés par des personnes morales ou
physiques résidentes au Mali, ou réputées l’être en vertu du CGI. Plusieurs exonérations sont
prévues dans le CGI dont les suivantes : les intérêts sur les comptes d’épargne (dans les limites
fixées dans la réglementation bancaire), les comptes courants des activités industrielles,
commerciales ou agricoles et tous comptes ouverts dans une coopérative par ses adhérents ; les
intérêts des titres gouvernementaux, ou sociétés d’habitations à bon marché ; les intérêts sur
certains titres hypothécaires. En accord avec la directive No°02/2010/CM/UEMOA, les revenus
distribués par les offices de placement collectifs de valeurs mobilières (OPCVM), et les autres
formes de placement collectif agréées par le Conseil régional de l’épargne publique et des
marchés financiers sont exonérés. Les taux de l’impôt sont de 10% pour les dividendes ; 7% pour
les dividendes distribués pas des sociétés cotées sur une bourse des valeurs agréée ; 6% pour les
revenus d’obligation; 3% pour les obligations publiques d’une durée comprise entre cinq et dix
ans ; 0% pour les obligations émises par l’État d’une durée de plus de dix ans ; 9% pour les
intérêts sur les dépôts à vue ou à échéance fixe et les comptes courants ; 15% pour les lots payés
aux créanciers et porteurs d’obligations ; et 18% sur tous les autres revenus.
Discussion
35. La mission de politique fiscale du FMI de 2011 (Mansour, et al 2011) avait noté que
l’IRVM de 2010 divergeait dans certain cas de la directive 02/2010/CM/UEMOA. Des
changements ont depuis été apportés à l’IRVM pour le rendre conforme à la directive régionale.
La mission ne recommande pas de changements à l’IRVM. Toutefois, il est pertinent de noter que
22
l’exonération d’IRVM au titre des revenus distribués par les OPCVM représente un risque
d’évitement. En effet il est possible d’insérer un OPCVM entre l’entreprise et les investisseurs pour
soustraire le revenu de ces placements, notamment les plus-values, de l’IRVM. Les difficultés
relatives à cette exonération devraient faire l’objet de discussion au niveau de la commission de
l’UEMOA.
D. Impôt synthétique
36. Le système de l’impôt synthétique (ISY) permet aux petits contribuables ayant un
chiffre d’affaires (CA) de moins de 50 M FCFA de bénéficier d’un régime simplifié. L’ISY, tel
que son nom l’indique, est une synthèse de plusieurs impôts. En s'acquittant de l'impôt
synthétique le contribuable s'acquitte non seulement du BIC mais aussi de tous les impôts directs
et indirects prévus aux Titres I et II du CGI; soit la quasi-totalité des impôts exception faite des
droits d'enregistrement et de timbre et de l'impôt sur les revenus fonciers.
37. L’ISY frappe les exploitants individuels. En sont exclues les entreprises dont le CA est
supérieur à 50 M FCFA, les comptables et experts comptables, les conseillers fiscaux et les
entreprises agréées au CI. Le tableau 4 indique le pourcentage des impôts et taxes inclus dans
l’ISY. Il suggère que la ventilation des recettes de cet impôt se fait au prorata de ces
pourcentages. Ainsi, les collectivités locales devraient recevoir 11% des recettes de l’ISY (patente
et taxes de voiries), le gouvernement 83,9, la chambre de commerce 1,1%, le fonds logement
0,35%...
Pourcentage de
Impôt et Taxes l’impôt
synthétique
Patente 10.45
Taxes de voirie 0.55
Cotisation Chambre de commerce 1.1
TVA 33
Contribution forfaitaire des employeurs 2.47
Taxe logement 0.35
Taxe de formation professionnelle 0.18
Retenue d’ITS 1
IBIC 50.9
Source: CGI
Discussion
39. Bien qu’il constitue une faible source de recettes, l’ISY n’en est pas moins un impôt
important puisqu’il constitue un outil essentiel dans l’effort de fiscalisation du secteur
informel. Pour remplir son rôle efficacement, l’ISY se doit d’être simple pour être suffisamment
accessible aux petits contribuables peu sophistiqués et il doit aussi être simple d’application afin
de ne pas engendrer des coûts d’administration élevés au regard du faible potentiel de recettes
de l’impôt.
40. Les modalités d’application de l’ISY sont complexes et sa révision est en cours
(projet de LF 2014). En regroupant la plupart des impôts en un seul prélèvement, l’ISY remplit
certaines des conditions de simplicité. Toutefois, l’application de multiples critères afin de
déterminer le montant de l’ISY résultait en 2013 en un tableau de 220 catégories de contribuables
distinctes. À titre d’exemple, dans la catégorie « artisans » 7 montants d’ISY peuvent s’appliquer
en fonction du nombre d’ouvriers (jamais plus de 10). Pour certaines des catégories, comme celle
des artisans, un montant d’ISY forfaitaire est spécifié. Pour d’autres catégories de contribuables,
l’ISY est fonction du CA. Par exemple, les ateliers de couture sont assujettis à l’un des 10 montants
d’ISY pour ce secteur d’activité en fonction du CA. Par exemple un atelier de couture avec un CA
entre 5 et 10 M FCFA aura un ISY de 18 000 FCFA et un autre ayant un CA compris entre 25 et 30
M FCFA aura un ISY de 900 000 FCFA.
42. Il serait souhaitable de conserver l’ISY mais d’en simplifier considérablement les
modalités d’application. Il s’agirait d’utiliser le CA comme base pour tous les assujettis et
appliquer à cette base un taux unique ou modulé selon le CA. Cette approche a été proposée par
les missions précédentes d’assistance techniques et la DGI a indiqué à la mission qu’une telle
réforme était en chantier pour 2015.
24
43. Il est à noter que depuis 2014 les contribuables assujettis à l’ISY doivent soumettre une
déclaration de comptabilité minimale comprenant un certain nombre d'éléments d'appréciation :
CA annuel, nombre d'employés, nombre de machines, situation géographique, prix des
prestations ou livraisons. Le délai limite de dépôt des déclarations est fixé au 31 mars et la date de
paiement au 30 avril de chaque année. L’obligation de produire une telle déclaration permettra de
passer plus facilement à une structure simplifiée de l’ISY.
44. Taux proportionnel unique ou barème simple ? Un taux unique serait certes l’option la
plus simple mais elle pourrait avoir des effets non-désirables. En effet, compte tenu de relèvement
du seuil et de l’ajout de 4 tranches pour les catégories actuellement assujetties à des montants
d’ISY en fonction du CA discutés ci-dessus, les taux effectifs de l’ISY varient d’environ 1,5% du CA
à environ 5%. Sélectionner un taux unique bas (1 ou 2%) résulterait en une diminution de l’ISY
pour les assujettis ayant des CA plus élevés. Au delà des considérations d’équité, ceci pourrait agir
comme une incitation pour ces entreprises à ne pas déclarer un CA supérieur à 50 M FCFA afin de
continuer à bénéficier de la baisse d’ISY. Si un taux unique est adopté, il serait donc préférable
qu’il soit suffisamment élevé (par exemple 4%) afin de minimiser ces effets.
45. Un barème simple permettrait de minimiser l’impact sur les plus petits assujettis et
de ce fait ne pas entraver la fiscalisation du secteur informel. Un taux unique de 3 ou 4%
résulterait en un accroissement de l’ISY pour les plus petits assujettis. Alternativement une
structure à deux taux pourrait être adoptée. Par exemple, les premiers 20 M FCFA pourraient se
voir imposer un taux de 2% et la tranche de 20 à 50 M FCFA un taux de 5%. Sous un tel barème
simple, le taux moyen d’ISY serait de 2% pour les assujettis ayant un CA de moins de 20 M FCFA
et ce taux moyen augmenterait progressivement de 2% à 3,8% pour les assujettis avec un CA
compris entre 20 et 40 M FCFA.
Recommandation
Remplacer les 288 tarifs d’ISY par un taux proportionnel appliqué au CA (3 ou 4%).
E. La fiscalité foncière
46. La fiscalité foncière regroupe la fiscalité des revenus foncier et celle liée à la
propriété foncière. La seconde pourrait faire l’objet d’une mission spécifique dans le cadre du
programme d’assistance technique financée par le fonds fiduciaire de politique fiscale.
47. L’impôt sur les revenus fonciers (IRF) (CGI, Art. 14-22) est dû sur les revenus des
immeubles bâtis perçus par les personnes physiques et celles morales lorsque les bâtiments
ne sont pas inscrits à l'actif de leur bilan. Sont exonérés de l’IRF les immeubles non loués
occupés par le propriétaire et/ou les membres de la famille de celui-ci à condition qu'ils soient
légalement à sa charge ; les immeubles occupés par les employés du propriétaire à la condition
qu'ils assurent au niveau desdits immeubles un service de gardiennage ou de sécurité ; les
immeubles inscrits à l'actif du bilan d'une société passible de l’IS ; les voies ferrées publiques. La
base de calcul de l'impôt est le montant brut des loyers et des gains accessoires à la propriété
foncière perçus au cours de l'année quelle que soit la période à laquelle ils se rapportent
25
augmenté des dépenses et charges incombant normalement au propriétaire mais supportées par
le locataire, et diminué de celles supportées par le propriétaire.
48. Les plus-values réalisées lors de la cession d'immeubles ne sont pas imposables à
l’IRF et donc pas imposées pour les personnes physiques. Cependant, ces plus-values
deviennent imposables lorsque les immeubles cédés figurent à l'actif du bilan d'une entreprise
soumise à l’IS.
49. Les taux de l’IRF sont de 12% pour les immeubles en dur et semi dur et 8% pour les
immeubles en banco (terre crue).
50. La taxe foncière (TF) (CGI, Art. 185E -185L) est basée sur la valeur locative des
immeubles bâtis, les terrains en chantier et les terrains acquis depuis plus de trois ans. Sont
exonérés, notamment les immeubles et terrains utilisés dans le secteur agricole, les lieux de culte,
les terrains sportifs, etc. La valeur locative est déterminée soit au moyen de baux établis
verbalement ou par écrit, soit par une évaluation de baux pour des immeubles ou terrains
équivalents, soit par voie d’appréciation directe si aucun des deux procédés basés sur les baux ne
peut être appliqué. La TF est due par le propriétaire de l’immeuble ou du terrain au 1er janvier de
l’année précédant celle de l’imposition. Le taux de la TF est de 3%, réduit à 1% pour les
immeubles vacants. La TF est perçue au profit des collectivités territoriales.
Discussion
51. L’absence de cadastre bien établi en milieu rural et urbain rend très difficile
l’application de toute TF. Les autorités et certains des experts comptables du secteur privé
rencontrés par la mission ont souligné cette difficulté comme la source principale du très faible
rendement de ces taxes. Ces difficultés font en sorte que les transferts aux collectivités locales
n’ont que peu ou pas de lien avec les montants de taxes foncières perçues. Un cadastre est en
cours d’élaboration avec l’aide de bailleurs. À la demande des autorités, une mission d’assistance
technique pourra être menée pour étudier en détail la fiscalité de la propriété foncière.
52. Les plus-values réalisées sur les propriétés foncières par les personnes physiques
sont imposées au titre de la taxe sur les plus-values de cession réalisée par des particuliers
depuis 2001, mais appliqué selon la DGI en 2011 seulement. Cet impôt est collecté par les
notaires pour le compte de la Direction Nationale des Domaines et du Cadastre (DNDC). La
révision de la fiscalité foncière peut intégrer les plus-values réalisées par les particuliers comme
un revenu foncier assujetti à l’impôt sur les revenus fonciers aux taux de 15% ou de 10% selon la
nature du bien cédés. Cette révision sera l’objet d’une mission d’assistance technique ultérieure.
Recommandation
53. La vaste majorité des mesures d’incitation aux investissements sont issues du Code
des investissements (CI), du Code minier (CM), du Code pétrolier (CP) et de la Loi sur la
26
55. Clause de stabilité. Les investisseurs agrées sous le CI continueront de bénéficier ces
avantages du CI nonobstant tout changement à la loi ou à la règlementation visant à supprimer
ces avantages. Cette clause de stabilité s’applique à l’ensemble des mesures contenues dans la loi
ou de la réglementation jugée plus avantageuse.
56. Procédure d’agrément. Un comité est chargé d’étudier les dossiers de demande
d’agréments. En cas d’acceptation du projet d’investissement, l’agrément est accordé par le
Ministre chargé de la Promotion des investissements dans un délai de vingt jours ouvrables à
compter de la date de réception du dossier. L’absence de réponse signifie que l’agrément est
réputé accordé.
57. Conditions d’agrément. La valeur ajoutée directe est la condition essentielle à l’octroi
d’un agrément. Elle est définie comme la somme des frais de personnel, des impôts et taxes, des
amortissements, des frais financiers et des bénéfices bruts d’exploitation. Les entreprises agréées
sous le CI doivent avoir une valeur ajoutée représentant au moins 35% du CA. Sont aussi pris en
considération les avantages que l’investissement est susceptible d’apporter à l’État, aux
entrepreneurs nationaux et aux consommateurs, ainsi que l’apport en financement extérieur et les
effets sur l’environnement.
Zone
Régime A Régime B Régime C Régime D économique
spéciale
Impôts indirects
Droits et taxes à
l'importation Exo 10 ans
Exo 3 ou 2 ans (1) Exo 30 ans
d'équipements et de (3)
pieces
IMF Exo 5 ans Exo 8 ans Exo 10 ans Exo 30 ans Exo 10 ans
Autre impôrs directs**** na na na na Exo 10 ans
Source : CI
1/ 3 ans pour les nouvelles activités, 2 ans pour l'extension d'activités existantes.
2/ Les durées de base (7 ans régime A, 10 ans Régime B, et 15 ans Régime C sont prolongées de 3 ans pour les entreprises
valorisant les matières premières locales; de 2 ans les entreprises faisans de la R&D; 1 an pour les entreprises dans les zones
industrielles; et deux ans pour les entreprises exportatrices. La borne supérieure suppose le cumul des 4 extensions.
3/ Comprend aussi l'exonération de la TVA exigible en douanes sur les materiels destinés aux programmes agréés.
4/ Patentes, ITS, CFE, taxe logement, taxe emploi jeune, taxe de formation frofessionnelle, TAF.
Discussion
60. Toutefois, plusieurs aspects du CI pourraient être revus afin de réduire les
inefficacités inhérentes à ce type de régime.
61. Le Régime D devrait être éliminé. La plupart des écueils évités dans les régimes A, B, et
C sont présents dans le régime D. Les exonérations de 30 ans d’une majorité d’impôts directs et
indirects sont sujettes à des abus, et ce d’autant plus que la conditionnalité du Régime D, c’est-à-
dire l’obligation d’exporter 80% de la production, peut facilement être contournée. Ce type
d’exonérations de longue durée est généralement introduite dans les zones franches portuaires
qui peuvent mieux contrôler la conditionnalité et les fuites vers les marchés locaux des produits
exonérés, qui concurrencent déloyalement la production locale en concentrant ces zones franches
dans des secteurs sécurisés adjacents au port. Il est quasi impossible d’exercer un contrôle, en
28
62. Les avantages consentis aux investissements dans des zones économiques spéciales
devraient être revus et être mieux ciblés. Bien que le développement des régions puisse être
un objectif souhaitable de la politique publique, et que des mesures incitatives à l’investissement
puissent contribuer à l’atteinte de cet objectif, les mesures incitatives consenties au titre des
investissements en zone économique spéciale sont trop étendues. En effet, la quasi totalité des
impôts et prélèvements sur le facteur travail (ITS et impôts assis sur la masse salariale) sont
exonérés pour une période de dix ans, ce qui cadre mal dans un Code visant à promouvoir les
investissements, puisqu’elles n’ont pas d’impact direct sur l’investissement. Les mesures incitatives
à l’investissement devraient se limiter au coût du facteur capital, l’effet sur l’emploi étant indirect.
63. L’exonération de l’IMF devrait être éliminée. Le but de l’IMF est d’assurer que les
entreprises paient l’IS-BIC chaque année afin de sécuriser les recettes, mais aussi afin de s’assurer
que les entreprises continuent d’être suivies par les autorités fiscales. Lorsqu’il n’y a par définition
aucun impôt à recouvrer, les autorités ont tendance à perdre de vue ces entreprises et ne pas les
contrôler. Des possibilités d’abus existent alors, par exemple en gonflant les pertes afin de pouvoir
en bénéficier lorsque les exonérations arrivent à terme. Les mêmes principes devraient s’appliquer
aux entreprises conventionnées.
66. Le problème le plus immédiat est le manque de contrôle et de suivi des avantages
consentis sous le CI. Les autorités ont en chantier deux initiatives. La première est un audit du
processus d’octroi, de prorogation et de suivi des exonérations depuis le premier janvier 2014. Le
rapport Fossat et al. (2013) avait soulevé cette question et suggéré qu’un audit soit effectué.
L’objectif est de mettre en place un mécanisme fiable d’octroi et de suivi des exonérations
consenties sous les divers régimes d’exonération.
67. La seconde initiative a été de mettre sur pied la Cellule d’appui à l’informatisation
des services fiscaux et financiers (CAISFF). La première tâche de la CAISEFF sera de répertorier
tous les avantages consentis sous des Codes particuliers, arrêtés, décrets et lettres. La cellule a
développé une première version d’un outil informatique, et devrait d’ici quelques mois avoir
recensé et répertorié les exonérations existantes. La deuxième phase de ce projet sera de créer
29
une interface avec les bases de données pertinentes pour les exonérations (DDD, GDI, etc.).
L’objectif à moyen terme est d’assurer un meilleur contrôle et un meilleur suivi des exonérations
via l’interfaçage des bases informatiques pertinentes. Ces initiatives, et en particulier le travail de
la CAISFF, seront aussi importantes pour permettre de produire des comptes de dépenses fiscales
fiables (voir la discussion à la section traitant des dépenses fiscales).
exonération de la TVA (y compris au cordon douanier) sur les matériels, les matériaux
et les services entrant dans la construction et l'aménagement;
exonération de la taxe sur les activités financières applicable aux emprunts contractés.
69. La réduction sans limite de temps de 50% du taux de l’IS apparaît excessive et
devrait être limitée dans le temps.
Recommandations
Restreindre les avantages consentis au titre des investissements dans des zones
économiques spéciales.
Ne pas exonérer de l’IMF les entreprises bénéficiant d’une convention du Code des
investissements
S’assurer que l’outil informatique de suivi des exonérations développé par la CAISEFF
bénéficie de l’appui des spécialistes de la fiscalité de la DGI et de la DDD afin que sa
structure permette d’atteindre les objectifs visés.
Limiter la réduction d’IS-IBC consenti sous la Loi sur la promotion immobilière à 5 ans.
30
70. Au Mali, la fiscalité indirecte représente plus de la moitié des recettes fiscales totales
(56,4% en 2013) et près de 10% du PIB (8,9% en 2013). L’essentiel des recettes de fiscalité
indirecte provient de la TVA (plus de 50%). En dehors de la TVA, des taxes sont prélevées sur
certains biens (impôt spécial sur certains produits, ISCP, et Taxe intérieure sur les produits
pétroliers, TIPP) ou activités spécifiques : Taxe sur les activités financières (TAF), Taxe sur l’accès au
réseau des télécommunications ouvert au public (TARTOP).
71. Plusieurs mesures ont été adoptées depuis 2010 en matière de fiscalité indirecte, sur
la base des recommandations des deux précédentes missions d’assistance technique du
FMI9. Elles concernent principalement la TVA, dont le système a significativement évolué. En
revanche, les recommandations relatives à l’ISCP n’ont pas été suivies en dehors de celle
concernant les produits pétroliers. Le mécanisme de détermination des prix, et de taxation (TIPP)
et de subvention de ces produits, a été revu. Une nouvelle structure des prix des produits
pétroliers devrait être appliquée prochainement. La présente section ne traitera donc pas de la
TIPP.
Tableau 6. Suivi des recommandations des précédentes missions (2010 et 2013) en matière
de fiscalité indirecte
ISCP
Ne pas étendre les accises aux nouveaux biens permis dans la Directive Non suivie
de 2009
Augmenter à 20% le taux de l'ISCP sur les boissons non alcoolisées Non suivie
Harmoniser les taux sur le tabac à 25%, et l’augmenter de 1% par an Non suivie
jusqu’à 30%.
Introduire une accise de 5% sur les voitures de tourisme « hauts de Non appliquée
gamme ».
Revoir le rôle de la TIPP et le mécanisme de détermination du prix à la En cours
pompe
Source : missions FMI
9Mansour, M. et al., 2010, Mali : Simplifier et améliorer l’efficience du système fiscal, FMI, novembre ; Geourjon, A-
M, 2011, Mali : Propositions pour la mise en œuvre de la réforme fiscale, FMI, juin ; et Fossat, P. et al., 2013, Mali :
Poursuivre la modernisation du système fiscal, FMI, août
31
La TVA
72. Après une baisse sensible enregistrée en 2012 principalement en raison des
évènements, les recettes de TVA se sont améliorées en 2013. Elles représentent 4,8% du PIB en
2013, une part toutefois moins élevée que celle observée en 2010 (5,6%).
73. Bien qu’elle représente plus de 30% des recettes fiscales, la productivité de la TVA
apparaît moyenne comparée à celle de quelques pays voisins. L’indicateur d’efficacité d’un
point de TVA en fonction de la consommation finale, qui permet de faire des comparaisons
internationales10, est de 0,42 au Mali, ce qui est inférieur à la performance du Burkina Faso, du
Sénégal et du Ghana, mais proche de celle du Kenya, et très supérieur à celle du Niger (cf. tableau
8). L’efficacité de la TVA serait au Mali légèrement supérieure à celle observée en moyenne dans
les pays à faible revenu estimée à 0,3811.
10 Cet indicateur doit être apprécié en tenant compte des difficultés inhérentes à l’évaluation de la consommation
finale dans les pays en développement, et des problèmes relatifs au fonctionnement des systèmes de TVA qui
peuvent être très différents d’un pays à un autre, notamment en ce qui concerne les non remboursements des
crédits de TVA.
75. Le taux réduit de TVA introduit en 2012 n’a pas été éliminé en dépit des
recommandations des précédentes missions du FMI. Celle de 2010 avait présenté en détail les
inconvénients du passage d’un système à taux unique à un système à deux taux. Un taux réduit de
5% a toutefois été adopté en 2012. Il s’applique à deux catégories de biens précédemment
exonérés, le matériel informatique et les équipements d’énergie renouvelable. Cette disposition
est conforme à la Directive de l’UEMOA de 2009 (art.29).
76. L’adoption du taux réduit de 5% n’a, jusque-là, pas eu d’impact. En effet, le taux
réduit n’a pratiquement pas été appliqué pour deux raisons. La première est que depuis 2009, et
pour une durée de 5 ans, la perception des droits et taxes à l’importation pour les équipements
d’énergie renouvelable est suspendue14. Le taux réduit ne sera donc applicable qu’en 2015. La
seconde est qu’en raison de difficultés d’ordre technique au niveau de SYDONIA, l’application du
taux de 5% n’a été officiellement rendue effective à la douane, qu’en octobre 201315.
13 Fossat, P. et al., 2013, Mali : Poursuivre la modernisation du système fiscal, FMI, août.
ont été utilisés au Mali jusqu’à la Directive communautaire de 1998, imposant le taux unique. La
résistance des autorités aux recommandations du FMI pour ne pas adopter, puis pour supprimer
le taux réduit, illustre leur volonté d’avoir un système de TVA à deux taux. L’impact du taux réduit
sur les recettes sera obligatoirement positif, puisqu’il ne s’applique qu’à des biens exonérés en
2012. Cependant, les risques de pressions de la part des contribuables pour élargir le champ de
l’application de ce taux réduit à des biens ou des services auparavant taxés au taux normal de
18%, sont évidents et peuvent nuire significativement à l'efficacité de la TVA au Mali et aux
recettes fiscales. Il convient donc de prendre rapidement les dispositions législatives nécessaires
pour limiter aux seuls biens ou services exonérés de TVA au premier janvier 2012 la possibilité
d’être taxés au taux réduit de 5%.
78. Les exonérations de TVA prévues dans le CGI (art. 195) vont au-delà de celles
autorisées par la Directive de l’UEMOA. Il s’agit notamment des intrants et du matériel agricole,
du pain de consommation courante, des biberons et tétines. Une mise à conformité avec les
dispositions communautaires est souhaitable. Elle permettrait d’initier la fiscalisation du secteur
agricole, peut-être en assujettissant dans un premier temps le matériel agricole au taux réduit de
5%. L’exonération du pain est discutable, compte tenu du fait que le blé importé utilisé pour la
fabrication de la farine est exonéré16, alors que la farine ne l’est pas. Un tel dispositif apparaît
comme une mesure favorisant les moulins Maliens (transformateurs de blé en farine). Ceux-ci
bénéficient de la protection que procure la TVA due en douane sur la farine, puisque l’importateur
de farine aura certainement de grandes difficultés à se faire rembourser son crédit de TVA.
Cependant, ce dispositif ne favorise pas les agriculteurs locaux de blé en concurrence directe avec
les grands producteurs mondiaux. Enfin, il est à craindre que l’exonération de TVA n’ait pas été
complètement répercutée sur le prix du pain, mais a pu être en partie du moins captée par la
filière de production (boulangeries, moulins) sous la forme de marges bénéficiaires
supplémentaires. Quant à l’exonération des biberons et tétines, celle-ci devrait être rapidement
supprimée pour éviter d’encourager l’allaitement artificiel dans les catégories les plus faibles de la
population au risque d’accroître la mortalité infantile.
79. Certaines exonérations, dites « sociales », ont un impact régressif ; leur suppression
élargirait l’assiette17. La tranche sociale de consommation de l’eau, par exemple, ne cible pas les
populations les plus pauvres dans la mesure où le taux d’accès à l’eau potable est à Bamako de
36%. L’application généralisée de l’exonération de la première tranche de 20 m3, réduit le
montant de la taxe pour tous les contribuables, même les plus gros consommateurs18. Il en est de
même pour l’exonération de la tranche sociale de l’électricité qui devrait, elle aussi, être
reconsidérée, bien que la limite imposée d’un compteur d’une intensité de 5 ampères réduise son
impact régressif. Enfin, il n’est pas non plus certain que l’exonération des médicaments bénéficie
en priorité aux catégories les plus fragiles.
17Les supprimer revient à considérer que la liste des produits exonérés dans la Directive de l’UEMOA est limitative
et non obligatoire.
18
Fonds Africain de Développement, Projet d’approvisionnement en eau potable de Bamako, Rapport d’évaluation,
Département OWAS, septembre 2013
34
81. Deux alternatives au moins existent à l’exonération de TVA des biens importés par
les investisseurs (la solution optimale étant un mécanisme de TVA uniformément appliqué):
l’auto-liquidation ou un paiement différé de la dette de TVA. Ces deux options visent à
protéger la trésorerie des entreprises tout en limitant le risque de pertes de recettes liées à la
fraude. Dans le cas de l’auto-liquidation19, la déductibilité et la collecte de la TVA sont alors
simultanées (cf. encadré 1). Dans le cas du paiement différé de la dette de TVA sur importation, le
mécanisme proposé d’enregistrement d’une dette notionnelle de TVA (DN-TVA) renverse la
charge de la preuve en matière d’avantages fiscaux : l’entreprise bénéficiaire est alors chargée de
démontrer le respect des conditions de l’exonération.
83. La TAF (CGI, Art. 244-249) vise le montant des recettes réalisées lors des opérations
financières, des opérations qui se rattachent aux activités bancaires ou financières et d’une
manière générale au commerce des valeurs et de l’argent excluant les intérêts et
commissions réalisés sur le marché monétaire. Sont assujettis à la TAF les banques,
établissements financiers, agents de change, escompteurs et remisiers. Les opérations de crédit-
bail ne sont pas passibles de la TAF. Le taux de la TAF est de 15% et elle est recouvrée suivant les
mêmes règles, les mêmes garanties et sous les même sanctions que la TVA.
84. La TAF a été introduite pour combler le manque à gagner résultant de l’exonération
des opérations des banques et des établissements financiers du champ d’application de la
19
L’auto-liquidation de la TVA a été introduite dès 1977 dans le droit européen par la 6ième directive TVA
77/388 et est appliqué notamment en France depuis le 1er septembre 2006, en Allemagne, Espagne, Grande-
Bretagne, Italie... et depuis 2011 en Algérie notamment.
20
La retenue à la source par les entreprises privées a été supprimée en janvier 2012.
21
Fossat, P. et al., 2014, Mali : Mise en œuvre du projet de renforcement des capacités de l’administration
fiscale, FMI, juin.
35
TVA. En 2013, la TAF a rapporté au trésor, 27,3 Mds FCFA. À titre de comparaison, ce même
secteur a généré environ trois fois moins de recettes d’IS (7.7 Mds FCFA).
85. Bien conçue une TAF peut compenser l’exonération des activités financières de la
TVA. En raison de la difficulté à saisir correctement la valeur ajoutée des services financiers, il est
commun d’exonérer, comme c’est le cas au Mali, ces services du champ d’application de la TVA.
En effet, à moins qu’un service financier soit facturé explicitement, il est difficile d’apprécier la
valeur du service puisqu’il est généralement inclus dans la marge que la banque dégage de son
activité d’intermédiation financière. Cette difficulté est de deux ordres : premièrement la TVA
étant une taxe appliquée sur la base des transactions effectuées, le coût des biens ou services
acquis et le prix des biens et services vendus doit être identifiable. Les services d’intermédiation
financière n’identifient pas sur une base transactionnelle cette marge (chaque emprunteur n’est
pas associé à un déposant ou fournisseur de fond particulier et à un coût de fonds particulier). La
deuxième difficulté tient au fait que même si une marge globale est identifiée, c’est-à-dire la
différence entre le coût total des fonds de la banque et les revenus totaux dérivés des sommes
prêtées, il faudrait alors déterminer quelle portion de cette marge devrait être allouée à chaque
participant à la transaction (le prêteur et l’emprunteur) ce qui n’est pas aisé étant donné que les
diverses composantes de la marge (prime de risque, frais de service) ne sont pas alloués.
86. La TAF du Mali n’a pas les attributs pour être un bon substitut à la TVA et le niveau
de ces exonérations 56 Mds FCFA en 2013 (cf. tableau 14), soit plus du double de ses
recettes attestent de ses défaillances. Les recettes dérivées des activités financières utilisées
comme base de la TAF ne constituent pas une bonne approximation de la valeur ajoutée par le
secteur financier. Une meilleure estimation consisterait à établir la valeur ajoutée en utilisant non
pas une approche transactionnelle mais plutôt son équivalent dans une approche globale des
activités de l’entreprise. Cet équivalent pourrait reposer sur la somme des profits ajustés des
institutions financières auxquels seraient ajoutés les salaires qu’elles versent à leurs employés.
L’ISCP
88. Les recettes d’ISCP ont progressé entre 2009 et 2013, passant de 0,09% à 0,22% du
PIB, mais représentent toujours moins de 2% des recettes fiscales (cf. tableau 10).
L’importance des recettes d’accises est moindre en Afrique au Sud du Sahara, et plus
particulièrement en Afrique francophone, qu’en Asie ou en Amérique latine22. L’ISCP représente
donc au Mali comme dans tous les pays de l’UEMOA, un potentiel de recettes qu’il convient de
mobiliser.
22
IMF, 2011, Revenue Mobilization in Developing Countries, Board Paper.
36
89. En dehors de l’ISCP sur l’or23, la quasi-totalité (près de 99%) des recettes provient de
l’ISCP sur les boissons et les cigarettes. Les autres produits soumis à une accise sont : la noix de
cola, les sachets en plastiques, les munitions, les marbres, et les véhicules de tourisme d’une
puissance supérieure ou égale à 13cv.
90. L’ISCP appliqué au Mali est conforme aux dispositions communautaires relatives aux
droits d’accises prévues dans le cadre de l’UEMOA24, et a fortiori à celles prévues par la
CEDEAO, qui sont moins contraignantes (cf. tableau 11). Comme prévu dans la directive
UEMOA, tous les États membres appliquent un droit d’accises sur les boissons et les tabacs.
Comparé au Bénin, au Niger, au Sénégal et au Togo, le Mali est le pays où la bière est la plus
fortement taxée. En revanche, le taux de l’ISCP appliqué aux cigarettes est le plus bas. Il est de
15%, 20% et 25% en fonction des gammes de produits, les cigarettes de luxe étant les plus
fortement taxées.
23
Le taux de l’ISCP sur l’or est de 5%. Dans les faits, la plupart des sociétés minières restent soumises au code
minier de 1991 qui prévoit une contribution pour prestations de services (CPS) et une taxe ad-valorem de 3%
chacune. Ce point est traité en détail dans le rapport consacré aux ressources naturelles.
25Les États membres doivent obligatoirement soumettre les boissons et les tabacs à un droit d’accises, et ont la
faculté de soumettre également au maximum six produits sélectionnés parmi une liste communautaire.
37
de protection. En 2010, il avait d’ailleurs été recommandé de renoncer à élargir la liste des
produits soumis à l’ISCP en dehors des véhicules de tourisme. La réforme de l’ISCP devrait
concerner trois catégories de produits : les tabacs, les boissons, et les véhicules de tourisme. Pour
les deux premiers, il convient de rappeler l’importance de la maitrise de l’assiette sur la production
intérieure.
L’auto-liquidation de la TVA
L’opérateur étranger émet une facture hors taxe (HT) à son client malien. Cette facture fait apparaître
distinctement que la TVA est due par le client et mentionne la disposition légale justifiant que la TVA n’est
pas collectée par le fournisseur.
L’importateur malien paye la TVA malienne à la DGD par le biais de l’auto-liquidation et récupère
simultanément cette TVA. Il déclare ainsi le montant HT de l’opération par la création d’un compte de
type « Achats de biens ou de prestations de services réalisés auprès d’un assujetti non établi au Mali ». La
déductibilité et la collecte de la TVA sont alors simultanées à l’instar des livraisons de bien à soi-même.
Au cordon douanier, la DGD enregistre pour les importations relevant du CI une DN-TVA égale au
montant de la TVA qui aurait dû être collectée si l’entreprise avait été assujettie au régime de droit
commun.
Cette DN-TVA est radiée lorsque l’importateur procure à la DGD la documentation attestant que les
conditions du CI imposées pour obtenir l’exonération de TVA ont été respectées. Plus précisément, le
promoteur du projet d’investissement procure une attestation, potentiellement délivrée par l’API que les
immobilisations exonérées sont dans la phase d’installation ou d’exploitation du programme
d’investissement. Dans le cas d’exonération sous le régime de la zone franche, l’importateur peut
demander la radiation de la DN-TVA ou une portion de celle-ci. Il doit alors fournir une attestation que les
biens ont été exportés, sont encore en zone franche, ou s’ils ont été mis à la consommation sur le marché
intérieur que les prélèvements relatifs aux importations (y inclus la TVA) ont été acquittés.
Si les entreprises importatrices ne peuvent fournir de telles attestations au plus tard une année après la
date d’importation (exception faite des cas où une autorisation de report émise par l’API atteste que le
programme est en voie de réalisation), les autorités peuvent alors entreprendre la collecte de la DN-TVA
qui devient dès lors une dette exigible.
38
Les tabacs
92. Actuellement, l’ISCP sur les cigarettes est prélevé au taux maximum de 25% sur les
importations, et essentiellement au taux minimum de 15% sur les cigarettes produites
localement. Cette différence s’explique pour deux raisons : (1) l’essentiel de la fabrication locale
de cigarettes concerne des produits bas de gamme ; et (2) la détermination de la gamme étant
laissée à l’appréciation de l’administration, l’ISCP peut devenir un instrument de protection.
93. La hausse du taux de l’ISCP sur les tabacs est nécessaire dans le contexte sous
régional. Comparé aux autres pays membres de l’UEMOA, le niveau de taxation est
significativement plus faible au Mali. Or, dans une union douanière, la coordination en matière de
droits d’accises est souhaitable. Elle permet d’éviter la concurrence fiscale et de limiter la fraude
avec tous les risques qui s’y rattachent. Les autres États ont ainsi officiellement demandé au Mali
de revoir à la hausse le niveau de l’ISCP.
94. Un projet de décret a été préparé pour modifier le décret n°2012-278/P-RM afin de
relever l’ISCP sur les tabacs. Le projet prévoit d’une part, d’abandonner le principe de la
différenciation des taux en fonction de la qualité des produits, et d’autre part d’appliquer à tous
les produits le taux de 45%, soit le taux maximum fixé dans la directive de l’UEMOA.
96. Faire passer brusquement le niveau de taxation de 15% à 45% sur la production
locale et de 25% à 45% sur les importations comporte de grands risques dans le contexte
malien actuel. Il convient tout d’abord de prendre en compte l’élasticité de la demande. Selon
l’Organisation mondiale de la santé, une augmentation des taxes qui accroît le prix du tabac de
10% fait reculer la consommation d’environ 4% dans les pays à revenu élevé, cette baisse pouvant
atteindre 8% dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Il est donc évident que la hausse de
l’ISCP, si elle est répercutée sur le prix des cigarettes, entraînera une forte diminution de la
consommation « officielle » de cigarettes. Le supplément de recettes sera donc très en deçà des
anticipations, si celles-ci ont été faites en ne prenant pas en compte l’impact du changement de
prix sur les quantités consommées officiellement. Le second risque est celui d’encourager la
consommation de cigarettes de contrebande. Ces produits de mauvaise qualité ont un impact
négatif sur la santé. De plus, le trafic de cigarettes, dans le contexte particulier du Mali, a des
conséquences sécuritaires dont il conviendrait de tenir compte. De l’avis de la mission, l’ampleur
de la hausse projetée est trop rapide et une démarche progressive doit être considérée. Elle
consisterait à appliquer en 2015 un taux unique de 25% ou 30%, puis à converger d’ici deux ou
trois ans vers 45%.
Tableau 11. Accises, comparaison entre quelques pays d’Afrique de l’Ouest et dispositions communautaires UEMOA et CEDEAO
39
8) Armes et munitions 40 15 40 20 50
9) Produits de parfumerie et 5 15 12.5 15 5 15 5 40
10) Sachets en matière plastique 5 5 5 10 1 10
11) Marbres 5 5 15 5 15
12) Lingots d’or 5 3 15
13) Pierres précieuses 3 (4) 50
14) Véhicules de tourisme de 13 25, 150
7 5 10 5 10 1, 5 (5)
chevaux ou plus (5)
Source : LF 2012, directives UEMOA et CEDEAO.
1/ La CEDEAO autorise en plus des biens listés ici des accises sur les caviars, les cuirs et peaux, les bateaux de plaisance, les œuvres
d'art et le monosodium de glutamate.
2/ 12% pour les jus de fruits, 15 % pour les eaux minerales.
3/ Le Sénégal applique des taxes additionnelles spécifiques sur les boissons alcoolisées.
4/ La directive CEDEAO assujettit également les métaux précieux au même taux que les pierres précieuses.
5/ La directive CEDEAO distingue les véhicules neufs (encadrement entre 1% et 25%) des véhicules d'occasion (5-150%).
40
Les boissons
97. Des recettes supplémentaires pourraient être mobilisées en relevant la taxation des
boissons non alcoolisées. L’augmentation du taux de 10% à 20%, recommandée par les
missions précédentes, devrait être inclue dans le projet de décret modifiant les taux de l’ISCP. Il
conviendrait également d’élargir le champ d’application de l’ISCP sur les boissons non
alcoolisées. L’article 240 du CGI ne considère en effet que les boissons gazeuses (SH : 22 02 10
00), ce qui est contraire à la directive de l’UEMOA. Les autres boissons non alcoolisées, à
l’exception de l’eau, devraient donc être soumises à l’ISCP. Le supplément de recettes serait non
négligeable. A titre d’illustration, en 2013, la valeur des boissons gazeuses importées, donc
soumises à l’ISCP, était de 690 Mds FCFA, alors que celle des autres boissons non alcoolisées
(SH : 22 02 90 00), non frappées par l’ISCP, s’élevait à 2,1 Mds FCFA, soit trois fois plus.
98. L’ISCP sur les véhicules d’une puissance supérieure ou égale à 13 cv, dont l’objectif
est la mobilisation de recettes et la protection de l’environnement, n’est pas appliqué. Les
recettes de la DGD concernant cette taxe sont nulles et l’administration des douanes reconnaît
ne pas avoir paramétré son application dans le système informatisé de dédouanement. La raison
serait technique : la nomenclature harmonisée (SH) ne distingue pas les véhicules selon la
puissance exprimée en chevaux, mais selon les centimètres cubes du moteur. Le CGI malien
reprenant mot à mot la désignation du produit utilisée dans la directive de l’UEMOA, une
requête devrait être faite au niveau régional pour modifier la directive. En attendant, le CGI
pourrait être revu pour préciser les véhicules de tourisme « de luxe » à taxer, en utilisant la
nomenclature SH. La mission souligne toutefois que même si cette question technique était
résolue, l’application de cette taxe sur les véhicules particuliers de forte puissance ne serait que
très marginale tant que la pratique consistant à exonérer les véhicules de certaines catégories de
fonctionnaires et des parlementaires, ainsi que les exonérations ad hoc dont bénéficient certains
particuliers, perdureront. En 2013, le manque à gagner des exonérations de véhicules de
particuliers s’est élevé à 216 Mds FCFA, et pour les exonérations exceptionnelles accordées aux
particuliers à 1,43 Md FCFA.
99. La TARTOP est une taxe de 2% sur le CA à laquelle est soumise toute personne
titulaire d’une licence d’exploitation du réseau délivrée par ou pour le compte de l’État du
Mali. Cette taxe a été introduite dans la loi de finances 2013. Sont exonérés de la taxe : (1) les
produits et services internet ; (2) les ventes, locations et fournitures d’équipements permettant
l’accès à internet ; (3) les ventes et locations d’appareils téléphoniques ; (4) les prestations liées
au trafic entrant international, à l’exception de celles portant sur l’utilisation du réseau des
télécoms ouvert au public ; et (5) les prestations d’interconnexion entre les titulaires de licences
d’exploitation.
41
100. La TARTOP a rapporté 5 Mds FCFA en 2013, soit presque l’équivalent du montant
de l’ISCP prélevé sur les tabacs. Deux entreprises sont actuellement soumises à cette taxe :
Orange Mali et Sotelma Mali. Une troisième licence vient d’être accordée à Alfa Télécom. Les
recettes engrangées en 2013, première année de son application, ont été en deçà des résultats
escomptés par la DGI (7 Mds FCA). La raison principale est la difficulté rencontrée par la DGI pour
maîtriser la base taxable, ou plus précisément la partie du CA exonérée sur laquelle
l’administration ne dispose d’aucun moyen de contrôle. L’application d’une taxe spécifique sur le
secteur des télécoms constitue un moyen efficace pour mobiliser des recettes. De plus en plus de
pays y ont recours. Le système malien actuel mériterait toutefois d’être revu afin de rendre son
application plus facile par la DGI lors d’une mission ultérieure dans le cadre du programme
d’assistance technique de politique fiscale.
Recommandations
Limiter aux seuls biens ou services exonérés de TVA au premier janvier 2012 la possibilité
d’être taxés au taux réduit de 5%.
Revoir la liste des exonérations de TVA pour : (1) rendre l’article 195 du CGI conforme à la
Directive de l’UEMOA ; et (2) élargir l’assiette.
Supprimer les exonérations de TVA accordées dans le cadre du CI, et des conventions
particulières.
Unifier le taux de l’ISCP sur les tabacs en appliquant un taux de 25-30% et augmenter ce
taux chaque année en surveillant l’impact de cette hausse sur la contrebande.
Augmenter le taux de l’ISCP sur les boissons non alcoolisées de 10% à 20%, et inclure
dans la liste des produits de l’article 240 du CGI, les boissons non gazeuses, à l’exception
de l’eau.
Revoir les modalités de taxation indirecte des secteurs particuliers, banques, assurances,
et télécommunications. Cette recommandation, si elle est retenue par les autorités,
pourrait faire l’objet d’une assistance technique spécifique dans le cadre du Fonds
fiduciaire de politique fiscale.
42
A. Généralités
101. Selon le rapport de l’OCDE26 faisant référence en la matière, une dépense fiscale
correspond à un transfert de ressources publiques résultant d’une réduction des
obligations fiscales relativement à une norme, plutôt que d’une dépense directe. Cette
définition établit deux caractéristiques pour identifier une dépense fiscale : (1) une baisse de
recettes pour l’État, et (2) un écart par rapport à la norme fiscale (système de référence) qu’il
convient de définir.
102. L’évaluation des dépenses fiscales est un exercice récent en Afrique. C’est un facteur
important de renforcement de la transparence budgétaire. Dans les pays en développement où
les incitations fiscales ont été fréquemment utilisées pour attirer notamment les investisseurs
étrangers, l’évaluation des dépenses fiscales correspondantes constitue un bon moyen pour
freiner leur prolifération, voire les remettre en cause. Enfin, la publication d’un document sur les
dépenses fiscales permet d’informer la société civile et d’alimenter le débat public sur les
avantages accordés, notamment en faveur d’intérêts particuliers27.
103. Exonérations fiscales et dépenses fiscales ne sont pas des notions équivalentes28.
Toutes les exonérations ne sont pas des dépenses fiscales, et d’autres mesures que des
exonérations peuvent donner lieu à des dépenses fiscales. En particulier, les exonérations de TVA
sur les biens importés par des entreprises au régime du CI ou au Code minier ne peuvent pas
être considérées comme des dépenses fiscales car elles n’entraînent pas de pertes de recettes. La
TVA qui aurait été collectée sur les importations de ces entreprises est par nature déductible,
donc ne constitue pas une perte de recettes. De même, selon la norme fiscale retenue, certaines
exonérations de TVA, par exemple celle du secteur financier, peuvent ne pas être considérées
comme une dépense fiscale. En dehors des exonérations, toutes mesures dérogatoires ayant
pour conséquence une baisse des recettes de l’État, peut donner lieu, en fonction de la norme
fiscale retenue, à des dépenses fiscales. C’est par exemple le cas de l’application d’un taux réduit
de TVA, de toute mesure réduisant l’assiette de l’impôt direct, ou de l’allocation d’un crédit
d’impôt en cas d’investissement.
27Banque Mondiale, FMI, NU et OCDE, 2011, “Supporting the Development of More Effective Tax Systems”,
Report of the G20 Development Working Group.
28Geourjon, A-M, Rota-Graziosi, G., 2014, « L’illusion des dépenses fiscales en Afrique », Notes Brèves, n°96,
FERDI, juin.
43
105. L’appréciation des dépenses fiscales ne signifie pas la suppression de toute mesure
d’incitation fiscale. En effet, certaines dérogations peuvent être justifiées sur un plan
économique, social ou autre. L’objectif de l’exercice est de mettre à la disposition des
décideurs un outil permettant d’apprécier le bien-fondé de ces mesures en estimant leur
coût, leurs conséquences sur l’assiette, leur impact sur l’équité et leur efficacité comparée à
celle de dépenses directes qui pourraient éventuellement les remplacer. Un document
présentant les dépenses fiscales est un rapport technique qui chiffre chaque mesure et les
regroupe par bénéficiaires dans des tableaux synthétiques par types de taxes.
106. Les dépenses fiscales peuvent être classées en deux catégories en fonction de
l’objectif visé. Les dépenses fiscales d’investissement visent à promouvoir l’investissement
national ou étranger (fiscalité directe et indirecte, droits de douanes…). Les dépenses fiscales de
consommation favorisent la consommation des ménages en allégeant la charge fiscale
(essentiellement fiscalité indirecte) et normalement le prix des biens concernés29 ou en
augmentant le revenu disponible (fiscalité directe des personnes physiques). La première
catégorie vise l’efficacité, alors que la seconde relève davantage de l’équité, en ciblant les biens
dont la propension à consommer est plus élevée pour les ménages les plus pauvres (par
exemple : denrées alimentaires) ou en modifiant la progressivité de la charge fiscale sur les
salaires30.
107. L’évaluation des dépenses fiscales est au Mali une préoccupation ancienne. Le
concept de dépenses fiscales a été évoqué depuis longtemps, notamment dans le cadre de la
29
L’hypothèse implicite est que le producteur répercute intégralement les exonérations de TVA ou de droits de
douane dans le prix à la consommation. Cette hypothèse s’avère généralement démentie dans les faits. Par
exemple, les exonérations relatives aux denrées alimentaires en 2010 au Sénégal n’ont pas été répercutées dans
les prix, mais ont pour l’essentiel amélioré les marges des intermédiaires de la chaîne de distribution. Un autre
exemple largement documenté est la baisse du taux de TVA en France dans la restauration qui n’a pas eu l’effet
escompté ni en terme de baisse des prix, ni en matière de création d’emplois.
30Ainsi, dans certains pays comme les États-Unis, la dépense fiscale la plus importante est celle relative aux
charges d’intérêt liée aux emprunts des personnes physiques pour l’acquisition de leur résidence principale.
Selon le système fiscal de référence, les réductions d’impôts pour personnes à charge peuvent être considérées
comme des dépenses fiscales à finalité sociale.
44
coopération canadienne. Le projet de les évaluer a démarré après la mission FAD de 2011 dont
c’était une des recommandations.
108. L’exercice est confié à une structure dédiée de la DGI : la Cellule de formulation,
proposition et évaluation des politiques fiscales (CPF). La CPF a été créée en 2010, et dépend
directement du directeur général. Elle est composée de quatre membres. L’évaluation des
dépenses fiscales est une priorité pour les autorités et la CPF participe activement aux réunions
et séminaires régionaux organisés sur ce thème. Les grands principes relatifs aux dépenses
fiscales sont acquis au sein de la CPF. Un Comité de pilotage des dépenses fiscales, comprenant
tous les services concernés, a été récemment créé au sein de la DGI pour superviser et valider les
travaux de la CPF.
109. La CPF actualise chaque année un inventaire des régimes dérogatoires. Celui-ci est
réalisé par régime (CGI, CI, etc.), catégorie d’impôts, mode d’incitation, référence juridique,
objectif, secteurs d’activité et bénéficiaires. L’inventaire pour cette année comprend 600 lignes.
110. Le recensement des exonérations devrait rapidement pouvoir être enrichi par les
informations de la Cellule d’aide à l’informatisation des services fiscaux et financiers
(CAISFF). Cette structure a été créée récemment au niveau du Ministre des finances. Son premier
objectif est de recenser toutes les exonérations en cours afin de disposer d’un fichier exhaustif
suivant la base juridique de l’exonération. Celui-ci devrait apporter plus de visibilité au Ministre
des finances jusque-là mal informé des exonérations accordées par les ministères techniques.
Dans une seconde phase, il s’agira de réaliser l’interfaçage avec les autres bases des deux
directions (DGI et DGD). Le recensement devrait être terminé en juillet.
111. Une note relative aux dépenses fiscales est produite chaque année. Elle accompagne
depuis 2012 le projet de loi de finances. Dans ce document, sont compilées toutes les
estimations des manques à gagner des exonérations communiquées par les services de la DGI et
de la DGD. Dans le tableau récapitulatif des dépenses fiscales pour une année, la CPF ajoute aux
chiffres de la DGI le montant total des manques à gagner fourni par la DGD (cf. tableau 12). Le
montant des dépenses fiscales pour l’année 2013 a été estimé par la CPF à 452,9 Mds FCFA, soit
8,4% du PIB.
112. La CPF a entamé une réflexion sur la norme fiscale, mais le système fiscal de
référence n’est toujours pas validé. La Chef de la CPF a conscience de l’enjeu, et souhaite
pouvoir faire rapidement une proposition au Comité de pilotage de la DGI. Celle-ci devrait
ensuite être portée au niveau du ministre, transmise à la DGD pour commentaires, puis retournée
au niveau ministériel pour validation.
45
Tableau 12. Montant des dépenses fiscales évalué par la Cellule de politique fiscale, 2013
(en Mds FCFA et % du PIB)
C. Commentaires
113. Des avancées remarquables ont été réalisées au niveau de la CPF, elles doivent
maintenant être consolidées pour aboutir à un résultat conforme aux normes
internationales. Les orientations suivantes sont proposées par la mission pour atteindre cet
objectif.
114. Une première tâche est de revoir l’inventaire des exonérations. Celui-ci doit être
complété par l’ensemble des régimes fiscaux dérogatoires (exonérations totales ou partielles,
réductions de la base taxable,…) ayant été utilisés au cours de l’année. Les deux directions
générales (DGI et DGD) sont concernées par l’application de ces régimes et doivent être
associées à cet exercice, ainsi que la CAISFF.
115. Jusque-là, la CPF effectue une compilation des données qui lui sont transmises,
sans disposer des informations indispensables pour pouvoir en apprécier la signification
exacte, la fiabilité et la cohérence. C’est une évidence en ce qui concerne les données
douanières puisque les tableaux des exonérations lui sont transmis sans explication. C’est
également vrai pour les données fournies par les services de la DGI auxquels la CPF fait passer
une grille à compléter et qui lui revient sans détail sur les chiffres fournis.
exonérations de TVA accordées par l’article 195 du CGI comme faisant partie du droit commun,
elle ne comptabilise pas les manques à gagner correspondant. Ceux-ci ont été ajoutés.
117. Des dépenses fiscales de 85,8 Mds FCFA sont comptabilisées par la DGI au titre des
exonérations de la TAF en 2013, la grande majorité découlant de l’exonération de TAF sous
le CM (82,7 Mds FCFA). Étant donné les réserves exprimées relativement à la base de la TAF
dans ce rapport (voir chapitre III), il serait prudent de ne pas comptabiliser le non-
assujettissement à la TAF comme une dépense fiscale et possiblement l’identifier comme un
poste sous évaluation. Ceci permettrait de déterminer si la TAF telle qu’actuellement définie
devrait être incorporée dans le système de référence et, dans l’éventualité de modifications à la
base de la TAF, de justifier la révision de la dépense fiscale associée à la TAF.
Tableau 13. Exonérations douanières pour l'année 2013 corrigées par la mission dans
l'optique d'une évaluation des dépenses fiscales (en Mds FCFA et en % du PIB)
118. L’évaluation des dépenses fiscales est un exercice qui nécessite une collaboration
régulière entre la DGI, la DGD, la CAISFF et l’Institut de statistiques. Toutes les étapes de
l’exercice (inventaire, définition du système fiscal de référence, méthode de calcul, élaboration du
rapport) requièrent cette collaboration.
119. Le cadre institutionnel doit être adapté pour permettre et pérenniser cette
collaboration. Les structures existantes concernées par les dépenses fiscales sont à la DGI, la CPF
et le Comité de pilotage de la dépense fiscale, et au niveau du ministre des finances, la CAISFF. À
la DGD, c’est la direction des recettes, de la planification et des programmes de vérification
(DRPPV) qui est chargée de suivre l’évolution des manques à gagner et qui transmet le chiffre
global à la CPF. L’échange d’informations entre les services de la DGI et ceux de la DGD se fait
47
par la voie hiérarchique : la demande doit remonter du service demandeur à son directeur
général, qui transmet la requête au directeur général du service détenteur de l’information, qui la
fera redescendre au niveau du service concerné pour exécution. Aucun mécanisme n’est prévu
pour permettre aux membres des différents services concernés de se réunir pour échanger sur la
problématique des exonérations et des dépenses fiscales. Chaque direction travaille isolément
sur le sujet. Il en est de même pour la CAISFF, rencontrée pendant la mission, et qui regrette de
ne pas pouvoir échanger avec les services douaniers et fiscaux.
120. Il est urgent de créer au niveau du ministère des finances une structure dédiée à
l’évaluation des dépenses fiscales. Sa mission sera de permettre la collaboration régulière
entre les services concernés, de piloter le dossier, et de valider les travaux de la CPF, en
particulier le système fiscal de référence. Elle devrait être composée des membres de la CPF, de
trois membres de la DGD (DRPPV, Direction informatique et Direction de la législation), d’un ou
deux représentants de la CAISFF, et d’un représentant de l’Institut de statistiques. Elle serait
présidée par un Conseiller technique, représentant du ministre des finances. Ses réunions
seraient régulières et au minimum mensuelles.
121. L’évaluation des dépenses fiscales qui relève directement du ministère des finances
ne correspond pas au suivi des exonérations que réalisent les directions générales, douanes
et impôts. L’évaluation des dépenses fiscales est un instrument de politique fiscale
particulièrement efficace permettant d’apprécier le bien fondé de décisions publiques (lois,
décrets, arrêtés…) dérogeant au droit commun du CGI. Le suivi des exonérations, qui permet de
fournir des données essentielles pour l’appréciation des dépenses fiscales, est un travail
d’application de la politique fiscale, c’est-à-dire de l’administration.
122. Les dépenses fiscales ont été choisies selon deux critères : leur importance relative
et la disponibilité des données. Ainsi,
o les exonérations de TVA des intrants et matériels agricoles31 prévues dans le CGI :
5,8 Mds FCFA.
En matière de fiscalité directe (CI) : 6,6 Mds FCFA. Elles correspondent à l’IS-BIC (en
prenant en compte l’impôt minimum forfaitaire) exonéré sous le code minier, le CI et
les arrêtés qui leur sont associés.
Les dépenses fiscales de consommation : 5,9 Mds FCFA (0,1% du PIB). Elles
correspondent à l’exonération de TVA des médicaments, du pain et du gaz butane,
prévue dans le CGI. Ces dépenses fiscales auraient pu être augmentées des abattements
relatifs à l’ITS discuté au chapitre II et qui vise à augmenter le revenu disponible des
salariés, donc en partie leur consommation. Une estimation nécessite une base de
données détaillée ou représentative de la masse salariale.
123. Le tableau 14 présente une estimation des dépenses fiscales (4,3% du PIB contre
8,4% évaluées par la CPF), en intégrant les principales modifications ou corrections
discutées plus haut. La variation des dépenses fiscales d’investissement concernant l’IS n’a pas
été présentée car elle nécessite une ventilation entre les différents codes responsables de cette
perte de recettes.
Tableau 14. Dépenses fiscales révisées en 2013 (en Mds FCFA et en % du PIB)
CPF Corrections
Retraitements
Mds FCFA % PIB Mds FCFA % PIB
Dépenses fiscales à la DGI
Dépenses fiscales au titre du CGI 21,1 0,4% 21,1 0,4%
Dépenses fiscales au titre du code 54 1,0% TVA en réduction des 4,7 0,1%
des investissements dépenses fiscales
Dépenses fiscales au titre du code 163,1 3,0% TAF en réduction des 56 1,0%
minier dépenses fiscales
Dépenses fiscales au titre d'arrêtés 78,9 1,5% A retraiter sur la base des 78,9 1,5%
ministériels informations CAISFF
Autres dépenses fiscales 1,4 0,0% 1,4 0,0%
Total 318,5 5,9% 162,1 3,0%
Dépenses fiscales à la DGD 134,4 2,5% Voir détails tableau 13 (1) 71,1 1,3%
Total dépenses fiscales 452,9 8,4% 233,2 4,3%
1: Y compris manques à gagner des ONG et des financements extérieurs dont le retraitement est à discuter
Source : CPF
31Celles-ci constituent bien une dépense fiscale puisque les produits agricoles finaux ne sont pour l’essentiel, pas
assujettis à la TVA, et la TVA supportée sur les intrants et sur le matériel ne peut pas être déduite de la TVA
collectée. L’évaluation fournie de 5,8 Mds FCFA est très approximative. D’une part, elle est sous-estimée car elle
ne tient pas compte des marges du secteur, i.e. de la valeur ajoutée réalisée par les producteurs agricoles
maliens. D’autre part, elle peut paraître surestimée car les matériels agricoles importés s’amortissent sur plusieurs
années alors que la dépense fiscale estimée est annuelle. Il conviendrait donc de ne comptabiliser les matériels
agricoles importés qu’à hauteur de leur amortissement annuel.
49
124. Une part importante des dépenses fiscales résulte des arrêtés ministériels : 78,9
Mds FCFA soit 1,5% du PIB ou 33% des dépenses fiscales. Ces arrêtés ne sont pas seulement
le résultat de mesures discrétionnaires qui échappent au contrôle parlementaire et dérogent par
définition à la loi, mais également la conséquence administrative de conventions bilatérales ou
multilatérales qui ont-elles été ratifiées par l’Assemblée Nationale. Leur importance en termes de
pertes de recettes pour l’État renforce le rôle crucial de la CAISFF quant à leur recensement. Une
analyse et un commentaire plus détaillé des dépenses fiscales sera l’objet d’une mission
ultérieure d’assistance technique.
126. L’amélioration de leur gestion est une activité prioritaire venant compléter
l’exercice d’évaluation des dépenses fiscales. Qu’elles donnent, ou non, lieu à une dépense
fiscale, toutes les exonérations doivent être suivies de façon rigoureuse pour éviter les abus. Ce
suivi est également indispensable pour évaluer les dépenses fiscales. Il doit permettre
notamment de pouvoir disposer des informations nécessaires à l’évaluation du manque à gagner
imputable à chaque disposition légale ou réglementaire.
128. La gestion des exonérations est d’autant plus complexe que la part des
importations exonérées est importante. Or, la valeur des importations mises à la
consommation sous le régime de droit commun en 2013 ne représentait que 35,5% de la valeur
totale des mises à la consommation. Limiter au maximum les exonérations est une priorité.
50
130. Il revient aux autorités maliennes de prendre l’initiative de solliciter les bailleurs
pour reconsidérer ce type d’exonérations. Le Danemark a pris récemment l’engagement de
payer les taxes sur les projets qu’il finance. C’est appliqué depuis un an. A partir de cet exemple,
et sur la base des prises de position officielles des principaux bailleurs (cf. tableau 14), des
discussions pourraient être entamées avec les autres bailleurs, et des engagements pris de part
et d’autres.
Recommandations
Créer au niveau du ministère des finances une structure dédiée à l’évaluation des
dépenses fiscales, pour institutionnaliser et pérenniser la collaboration régulière de tous
les services concernés.
Affiner le processus d’évaluation des dépenses fiscales selon les orientations proposées.
Une assistance technique spécifique pourrait être mise en place à cet effet dans le cadre
du Fonds fiduciaire de politique fiscale.
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Tableau 15. Engagements des bailleurs sur la taxation de leur aide respective
Historiquement, les bailleurs ont insisté pour bénéficier d’exonérations. Cette pratique
s’est développée malgré la hausse des coûts de transaction pour les bailleurs. Les procédures
administratives nécessaires pour bénéficier de l’exonération allongent les délais de
dédouanement. De plus, les mécanismes préconisés au fil du temps par les bailleurs pour
mieux suivre les exonérations (chèques Trésor, listes, quotas) les ont rendues plus
contraignantes. Les pays receveurs, de leur côté, acceptent d’accorder ces exonérations. Dans
un contexte de faible capacité budgétaire, elles représentent la contribution de l’État receveur
au financement des projets.
Plusieurs raisons expliquent cette exigence de la part des bailleurs (ITD, 2006). Le
caractère « déraisonnable » du système fiscal (taux élevés, opacité de la législation,
interprétation abusive des textes…) et la gestion inefficace des dépenses publiques, voire les
risques de détournement, dans les pays receveurs, ont incité les bailleurs à demander des
exonérations. Enfin, si le montant de l’aide globale est fixe, la préférence des bailleurs tend à
aller vers le financement de projets qui sont des objectifs ciblés, donc plus visibles. Cette forme
d’aide est plus propice à la mobilisation de l’aide, mais présente un risque plus élevé en cas
d’échec du projet.
Depuis 2004, la position des bailleurs évolue. Le changement a été initié par la Banque
mondiale qui a officiellement déclaré accepter de payer des taxes sous réserve qu’elles soient
« raisonnables et non discriminatoires ». Les institutions internationales ont alors décidé de
reconsidérer leur position dans le cadre de l’International Tax Dialogue (ITD). Les travaux
réalisés ont donné lieu à la production de plusieurs documents, en particulier un projet de
directives pour le traitement fiscal des projets financés par l’aide, (ITD, 2006 ; United Nations,
2007). Celui-ci devait donner lieu à une recommandation du Conseil économique et social des
Nations unies (ECOSOC). Les principales avancées de ces échanges ont été la
reconnaissance des changements intervenus dans l’environnement de l’aide internationale, une
ouverture de principe en faveur de la taxation des projets, mais au cas par cas, et la
recommandation de favoriser les discussions et échanges entre bailleurs et pays receveurs pour
définir les actions à entreprendre pour taxer les projets.
Aujourd’hui, les principaux bailleurs se déclarent prêts à financer des projets toutes taxes
comprises (cf. tableau 13). Ils acceptent officiellement l’idée de payer des taxes, parfois sous
certaines conditions en particulier celle de l’application d’une « fiscalité raisonnable ». En dépit
de ce changement de discours, le statu quo est le plus souvent maintenu, et les projets financés
par l’aide extérieure exemptés de droits et taxes.
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V. LA PARAFISCALITÉ
131. La multiplication des agences, une tendance commune à toute l’Afrique sub-
saharienne, entraîne une fragmentation du pouvoir de lever l’impôt. En effet, par définition,
une agence publique (ou un fonds) opère de façon autonome du pouvoir politique. Établie par
une loi, une chartre ou un contrat, elle contrôle son budget de façon autonome, dans la limite de
règles fixées par le gouvernement. Elle est ainsi financée par une combinaison de ressources
propres, de recettes pré-affectées et de transfert du budget de l’État. Une agence publique
dispose d’actifs qui ne peuvent être utilisés à des fins privées et est redevable envers la
population.
132. La parafiscalité comprend tous les prélèvements obligatoires qui ne sont pas
collectés par les administrations dédiées, à savoir la DGI et DGD. A titre d’exemple, la revue
de la fiscalité minière ou pétrolière intègre la parafiscalité précédemment définie, car elle
concerne les prélèvements réalisés par le ministère des mines et celui des domaines. Si les
recettes du secteur minier sont largement intégrées aux recettes fiscales et non fiscales de l’État,
celles relevant d’autres secteurs d’activité comme par exemple l’INPS ne le sont pas.
133. Une amélioration du régime fiscal de droit commun peut être compromise par le
développement d’une parafiscalité qui échappe par définition au ministère des finances. La
parafiscalité détériore le climat des affaires en complexifiant et en rendant non transparent le
système fiscal au sens large (parafiscalité incluse). L’exemple de la fiscalisation du travail est
flagrant. L’amélioration de l’ITS n’aura qu’un effet limité sur le développement du salariat
puisqu’un prélèvement de près de 30% est réalisé quel que le soit le niveau de salaire.
135. Un recensement des agences, offices ou instituts s’avère nécessaire ou même titre
que celui des dépenses fiscales. Un tel recensement serait une première étape vers une
rationalisation de la pression fiscale au sens large et permettrait d’appréhender toute réforme
fiscale dans un cadre plus large.
Recommandation
Recenser les principales taxes parafiscales et déterminer si leurs recettes respectives sont
intégrées ou non au budget de l’État.
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Bibliographie
Fossat, Patrick, Gilles Montagnat-Rentier, Patrick Petit, Gilles Parent, Gérard Chambas et Johanne
Russell, 2013, Mali : Poursuivre la modernisation du système fiscal, FMI, août.
Geourjon, Anne-Marie, 2011, Mali : Propositions pour la mise en œuvre de la réforme fiscale, FMI,
juin.
Mansour, Mario, Rota-Graziosi Grégoire et Alain Jousten, 2010, Mali : Simplifier et améliorer
l’efficience du système fiscal, FMI, novembre.
Mansour, Mario et Grégoire Rota-Graziosi, 2012, Coordination fiscale dans l'Union Économique
et Monétaire Ouest Africaine. Tax Coordination in the West African Economic and Monetary
Union," Revue d’économie du développement, 26(3), 9-34.
Rota-Graziosi Grégoire, Luca, Oana, Laporte Bertrand et Maude Lavoie, 2014, Mali. Fiscalité
minière et pétrolière (diagnostic), FMI, juin.