Gémiste Pléthon Et Cosme de Médicis
Gémiste Pléthon Et Cosme de Médicis
Gémiste Pléthon Et Cosme de Médicis
1 « Magnus Cosmus, senatus consulto patrie pater, quo tempore concilium inter Graecos
atque Latinos sub Eugenio Ponifice Florentiae tractabatur, philosophum graecum, nomine
Gemistum cognomine Plethonem, quasi Platonem alterum de mysteriis Platonicis disputantem
frequenter audivit, e cuius ore ferventi sic afflatus est protinus, sic animatus, ut inde academiam
quandam alta mente conceperit, hanc oportuno primum tempore pariturus ». MARSILIUS
FICINUS, Opera omnia, Bâle 1576, repr. Turin 1962, p. 1537.
2 BRIGITTE TAMBRUN
2 Voir son ouvrage intitulé The Origins of the Platonic Academy of Florence, Princeton,
New Jersey, Princeton University Press 1988, notamment pp. 24-47.
3 Voir J. HANKINS, Cosimo de’ Medici as a Patron of Humanistic Literature, dans Cosimo
‘il Vecchio’ de’ Medici, 1389-1464, edited by Francis AMES-LEWIS, Oxford, Clarendon Press
1992, pp. 69-94 ; A. C. DE LA MARE, Cosimo and his Books, dans Cosimo ‘il Vecchio’ de’
Medici, 1389-1464, pp. 115-156 ; D. KENT, Cosimo de’ Medici and the Florentine
Renaissance. The Patron’s Oeuvre, New Haven, Yale University Press 2000, pp. 33-38 ;
Xavier E.J.B.D. VAN BINNEKE, Per la biblioteca di Cosimo e Lorenzo de’ Medici e la
produzione di manoscritti a Firenze nel primo rinascimento, « Rinascimento », XLI, 2001, pp.
199-223.
4 Voir J. HANKINS, Cosimo de’ Medici as a Patron of Humanistic Literature, Appendix,
Works Dedicated to Cosimo de’ Medici, pp. 90-94.
5 Voir J. HANKINS, The Invention of the Platonic Academy of Florence, « Rinascimento »,
XLI, 2001, pp. 3-35.
6 Voir A. BROWN, The Medici in Florence, Firenze, Leo Olschki, Perth, University of
Western Australia Press 1992, p. 221 : « We do not know what made Cosimo decide to
commission the translation of Plato’s opus ».
7 Voir The Platonic Academy of Florence, dans Marsilio Ficino : His theology, his
philosophy, his legacy, edited by M.J.B. ALLEN and V. REES with M. DAVIES, Leiden, Boston,
BRIGITTE TAMBRUN 3
Köln, Brill 2002, pp. 359-376 : 370 : « Nonetheless, it is possible that Plato’s works did have a
special appeal for Cosimo. This is still an open question ? ».
8 Voir V. LAURENT, Les « Mémoires » du Grand Ecclésiarque de l’Église de
Constantinople Sylvestre Syropoulos sur le Concile de Florence, (1438-1439), Paris, Éditions
du C.N.R.S. 1971, p. 312, 1-17 et p. 313, n. 1.
9 Ainsi, en 1393, le patriarche Antoine IV, qui se dit lui-même « maître universel des
chrétiens », adresse une lettre au Grand Duc de Moscou, Basile 1er qui avait demandé à son
évêque de cesser de commémorer le nom de l’empereur. Il lui écrit : « Le saint empereur
occupe une grande place dans l’Église. Il ne doit pas être comparé aux autres dirigeants et aux
autres princes locaux. Car, depuis le début, les empereurs ont établi et confirmé la vraie foi
dans tout l’oikouménè [...] Si, par la volonté de Dieu, les nations [= les Turcs] ont encerclé le
siège du gouvernement impérial, l’empereur n’en continue pas moins d’être jusqu’à ce jour
l’objet de la même approbation de l’Église, du même statut et des mêmes prières. Il demeure
oint par le saint chrême et élu comme basileus et autokrator des Romains, c’est-à-dire de tous
les chrétiens [...] En conséquence, il n’est pas convenable que vous, mon fils, disiez que nous
avons une Église mais non un empereur [...] Écoute ce que Pierre, le prince des Apôtres, dit
dans la première de ses épîtres générales : « Crains Dieu, honore le roi ». Il n’a pas dit « les
rois », de telle sorte qu’on pourrait le soupçonner de parler de ceux qui sont appelés rois ici et là
parmi les « nations ». Il a dit « le roi », montrant ainsi que le roi universel est unique [...] Car si
d’autres parmi les chrétiens ont eux-mêmes pris le nom d’empereurs, ils l’ont fait par tyrannie
et violence, et leurs actes sont contre nature et illégitimes », F. Miklosich et I. Müller, Acta
patriarchatus Constantinopolitani MCCCXV-MCCCCII e codicibus manuscriptis bibliothecae
Palatinae Vindobonensis, Tomus posterior, Vindobonae 1862, Lettre CCCCXLVII, pp.191-
192, texte cité par D. M. Nicol, La pensée politique byzantine, dans Histoire de la pensée
politique médiévale 350-1450, édition originale en langue anglaise réalisée sous la direction de
4 BRIGITTE TAMBRUN
10
à quelques places fortes séparées les unes des autres. De l’autre côté, le
11
pape Eugène IV qui risque d’être déposé par le concile de Bâle, ne peut se
permettre aucune concession doctrinale. Comment donc réaliser l’union
des Églises qui permettrait d’obtenir des Latins une croisade contre les
Ottomans ?
Les Grecs enseignent que l’Esprit Saint procède du Père, tandis que les
Latins affirment qu’il procède du Père et du Fils (Filioque). Les Grecs
demandent tout d’abord aux Latins de supprimer l’addition des mots
Filioque au Credo : l’argument qu’ils invoquent à Ferrare est l’exigence de
fidélité à la tradition conciliaire. Pléthon fait valoir lors de la troisième
session du concile de Ferrare, que si le Filioque était présent dans les
décrets des conciles œcuméniques, Thomas d’Aquin n’aurait pas utilisé
« tous ces arguments et syllogismes » pour démontrer l’opportunité de
l’addition du Filioque par les Latins ; il aurait suffi de montrer que la
12
formule se trouvait anciennement dans le Symbole. C’est alors que les
13
Latins utilisent les arguments de Thomas d’Aquin pour prouver que le
Filioque ne constitue pas une addition, mais un développement de la
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J.H. Burns, Cambridge, Cambridge University Press 1988, édition en langue française réalisée
par Jacques Ménard, Paris, PUF, 1993, pp. 68-69, dont je reprends ici la traduction.
10 Pléthon dresse un bilan réaliste de la situation : « Nous n’avons actuellement besoin de
rien moins que d’être sauvés : nous voyons, en effet, ce qu’est devenu l'Empire des Romains.
Toutes nos cités sont perdues, il nous en reste juste deux en Thrace, plus le Péloponnèse,
encore pas tout entier, et l’une ou l’autre petite île » (Mémoire pour Théodore dans S.
LAMBROS, Palaiologeia kai Peloponnêsiaka, Athènes, t. IV, 1930 (pp. 113-135), p. 129, 13-17,
trad. F. MASAI, Pléthon et le platonisme de Mistra, Paris, Les Belles Lettres 1956, p. 81,
légèrement modifiée.
11 Eugène IV sera déposé le 25 juin 1439, donc avant la signature du décret du concile de
Florence (mais il n’en tiendra pas compte).
12 Le 16 octobre 1438, lorsque les Latins exhibent un manuscrit qu’ils considèrent comme
ancien, afin de prouver que la formule « Procédant du Père et du Fils » dans le Symbole, était
bien déjà présente dans le décret du septième concile, Gémiste réplique : « Si l’Église romaine
pouvait prouver ce que vous avancez présentement sur la foi de certains livres et de l’historien
qui a disserté sur le sujet, ils auraient donc en ce cas fait œuvre superflue ceux qui ont écrit en
faveur des Latins, je veux parler de Thomas et de ceux qui avant lui se sont efforcés de
démontrer, dans une foule de traités et de livres, que votre Église a fait l’addition avec raison et
opportunité. Ils auraient de la sorte omis, comme ne valant rien pour eux, la principale preuve
de ce qu’ils avançaient ! Il leur eût en effet suffi, au lieu de tous ces arguments et syllogismes
qu’ils ont inventés, d’affirmer que l’addition se trouvait anciennement dans le symbole et que
celui-ci fut lu et approuvé avec elle au septième concile. Mais la preuve qu’il ne fut pas du tout
mis en avant au septième concile comme vous le prétendez, c’est que ceux qui ont écrit en
faveur des Latins n’en ont pas fait mention » (dans Les « Mémoires » du Grand Ecclésiarque
de l’Église de Constantinople Sylvestre Syropoulos sur le Concile de Florence, pp. 330, 26-
332, 9, trad. V. LAURENT, pp. 331-333).
13 Somme contre les Gentils IV, ch. 25.
BRIGITTE TAMBRUN 5
21 Voir J. GILL, The Council of Florence, Cambridge, University Press 1959, p. 227 sgg. ;
J. HANKINS, Plato in the Italian Renaissance, Leiden, New York, Kobenhaven, Köln, E.J. Brill
1991, second impression with addenda et corrigenda, p. 221 et p. 222, n. 145 ; selon J. Hankins,
c’est à la lumière de telles prises de position, que l’on doit comprendre l’attaque de Pléthon
contre Aristote dans le De differentiis et l’équation chez Georges de Trébizonde entre Aristote
et l’orthodoxie latine.
22 Voir Les « Mémoires » de Sylvestre Syropoulos, p. 498, § 20.
23 Voir Les « Mémoires » de Sylvestre Syropoulos, p. 366, 21-22, trad. V. LAURENT, p.
367.
24 Pour s’en tenir à quelques exemples : lorsque Pléthon soutient qu’Aristote ne croit
même pas que Dieu soit démiurge de l’univers, il suit Proclus (Commentaire sur le Timée, I,
295, 15-18, éd. DIEHL), pour qui Platon a posé, avant l’Univers, une Cause efficiente, de
laquelle il fait dépendre l’existence de l’Univers, tandis qu’Aristote ne fait connaître de Cause
efficiente pour aucun des êtres perpétuels. En effet, selon Proclus (Commentaire sur le Timée, I,
2, 21-29), suivi par Pléthon, les aristotéliciens déclarent que rien n’est cause efficiente des êtres
perpétuels. Si Aristote fait néanmoins de Dieu la cause finale de l’univers, Proclus
(Commentaire sur le Timée, I, 2 et 3 et Commentaire sur le Parménide, 983, 1-18) avant
Pléthon, considère la conception aristotélicienne de la cause finale comme insuffisante.
De même, lorsque Pléthon critique la thèse d’Aristote selon laquelle le monde ne peut être
à la fois engendré et perpétuel, il suit Proclus (Commentaire sur le Timée, I, 294, 19-28) et se
souvient de la critique proclusienne de la corrélation entre engendré et périssable et entre
inengendré et impérissable (Commentaire sur le Timée, I, 296, 1-12). Lorsque Pléthon soutient
que, selon Aristote, le premier moteur n’est pas d’une nature radicalement différente de celle
BRIGITTE TAMBRUN 7
des autres moteurs et que le dieu d’Aristote n’est pas transcendant par rapport au monde,
Pléthon réemploie l’argumentation du Commentaire sur le Timée (I, 404, 7-21) sur cette
question.
25 Ugo Benzi avait organisé à Ferrare un dîner philosophique auquel avaient participé des
membres de la délégation grecque du concile et le marquis de Ferrare, Niccolò III d’Este (Voir
M. BERTOZZI, George Gemistos Plethon and the Myth of Ancient Paganism : From the
Council of Ferrara to the Tempio Malatestiano in Rimini, dans Proceedings of the International
Congress on Plethon and his Time (Mystras 26-29 June 2002), Athens-Mystras 2003, pp. 177-
185 : 180-181). Ce dîner est décrit par le fils de Ugo, Socino, et par Aeneas Silvius Piccolomini.
Si Pléthon n’a pas participé à ce dîner, il en a certainement entendu parler. Selon Socino Benzi,
Ugo aurait fait un discours sur les causes et les principes des réalités, sur les mouvements
célestes, sur l’éternité du monde, sur l’immortalité des âmes, sur les intellects et Dieu (Voir le
texte : Socino Benzi, Ugonis Vita dans D.P. LOCKWOOD, Ugo Benzi. Medieval Philosopher
and Physician 1376-1439, Chicago, The University of Chicago Press 1951, p. 31 et 155 ; voir
aussi C.M. WOODHOUSE, George Gemistos Plethon, p. 148 et n. 57 ; M. BERTOZZI, George
Gemistos Plethon and the Myth of Ancient Paganism, p. 180). Or, il s’agit de thèmes qui sont
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tous présents dans l’opuscule de Pléthon En quoi Aristote est en désaccord avec Platon
(improprement appelé De differentiis). Après la conférence de leur hôte, les Grecs auraient
affirmé, selon Socino Benzi, qu’il n’avaient jamais entendu discours philosophique plus expert.
En réalité, les invités auraient surtout acquiescé par politesse. Aeneas Sylvius Piccolomini qui
décrit le dîner vingt ans après l’événement, pour en souligner a posteriori l’importance, affirme
que lors de cette réunion, des débats auraient eu lieu et qu’ils auraient tourné à l’avantage
manifeste des Latins. (Il cherche ainsi à montrer que l’on aurait assisté au triomphe de
l’Occident sur l’Orient.) Benzi aurait présenté tous les points sur lesquels Platon et Aristote
semblent en désaccord l’un avec l’autre et véritablement en conflit, disant qu’il défendrait le
point de vue que les Grecs jugeraient bon de réfuter. Ceux-ci auraient accepté le débat et selon
Piccolomini, lorsque Ugo eut vaincu les philosophes grecs l’un après l’autre par son
raisonnement et son éloquence, et les eut tous réduits au silence, il fut clair que les Latins qui
avaient autrefois surpassé les Grecs dans l’art de la guerre et la gloire des armes, les avaient
aussi désormais surpassés dans les lettres et dans toute forme de connaissance (AENEAS
SYLVIUS PICCOLOMINI (PIUS II), Europae Descriptio, ch. 52 ; D.P. LOCKWOOD, Ugo Benzi, p.
157 ; C.M. WOODHOUSE, George Gemistos Plethon, The last of the Hellenes, Oxford,
Clarendon Press 1986, p. 149 ; J. MONFASANI, Platonic Paganism in the fifteenth Century, p.
53, n. 37 (mais s’agit d’un dîner différent de celui dont parle Syropoulos) ; M. BERTOZZI,
George Gemistos Plethon and the Myth of Ancient Paganism, p. 180 et n. 10).
Malgré cette reconstruction et une interprétation manifestement idéologique, ce dîner est
important car étant donné les thèmes abordés, cités par le fils de Benzi, on peut penser que des
discussions se sont engagées entre les Grecs et les Latins, soit dès ce jour-là, soit un peu plus
tard, et que Pléthon, qui affirme bien (dans la Réplique à Scholarios) s’être entretenu avec Ugo
[Benzi], a certainement cherché à corriger les Latins et à apporter l’interprétation qui, du point
de vue grec, paraissait authentique et correcte. Cet événement aurait donc pu être le point de
départ de débats sur Aristote et Platon entre Grecs et Latins (ce qui expliquerait le témoignage
de Aeneas Silvius Piccolomini).
8 BRIGITTE TAMBRUN
au courant platonicien. Pléthon rédige pour faire plaisir à ses amis italiens,
un opuscule dont le titre exact est « Geôrgiou Gemistou peri hôn
28
Aristotelês pros Platôna diapheretai » qu’il convient de traduire par « En
28 Ce titre que B. Lagarde traduit d’une manière inexacte par « Des différences entre
Platon et Aristote » (comme le souligne I. DEMETRAKOPOULOS, dans Plêthôn kai Thômas
Akuinatês, Athènes, Parousia 2004, pp. 76-77, n. 177), a certainement pour source principale la
Préparation évangélique d’Eusèbe de Césarée. En effet, après avoir indiqué dans le titre du
chapitre 4 du livre XV, qu’Atticus écrirait « contre Aristote qui est en désaccord (dienekhthenta)
avec Moïse et Platon » (sur la question de la fin) – et les titres des chapitres 5, 6, 8, 9, 12,
reprennent la même formulation – , Eusèbe cite directement Atticus pour qui « le
péripatéticien » est, « parmi le grand nombre de ceux qui sont en désaccord avec Platon » (hoi
diapherontai Platôni), celui qui apparaîtra comme le plus opposé (EUSEBE DE CESAREE, La
préparation évangélique, Livres XIV-XV, Introduction, texte grec, traduction et annotation par
É. DES PLACES, Paris, Les éditions du cerf 1987, XV, 4, 1, 5-6, p. 246). La même expression
est répétée à plusieurs reprises : voir XV, 4, 21, 3 et 6, p. 256 ; XV, 7, 7, 14, p. 278 où Eusèbe
dit qu’Atticus montre qu’ « Aristote est en désaccord avec Platon » (diapheresthai tôi Platôni
ton Aristotelên) ; XV, 8, 1, 1, p. 278. On remarque aussi que Pléthon, en reprenant la
formulation d’Atticus, corrige discrètement Eusèbe, celui-ci soutenant à tort la concordance de
Platon et de Moïse.
D’après la Souda (Suidas, art. Tauros Bêrutios), Taurus aurait composé un écrit « Sur la
différence des doctrines de Platon et d’Aristote » (voir la notice de É. DES PLACES dans
ATTICUS, Fragments, Paris, Les Belles Lettres 1977, p. 16, n. 1) ; Porphyre, selon ÉLIAS
(Prolégomènes et Commentaire de l’Isagogè de Porphyre, éd. A. BUSSE, Berlin 1900,
(« C.A.G. », XVIII 1), p. 39, 6-8) aurait écrit pour Chrysaorios, non seulement son ouvrage sur
les Catégories (l’Isagôgê), mais également un ouvrage Sur la divergence entre Platon et
10 BRIGITTE TAMBRUN
quoi Aristote est en désaccord avec Platon », et non par « Des différences
entre Platon et Aristote », comme on l’écrit d’ordinaire (car le verbe est
diapheretai à la voix médio-passive et non à la voix active).
En outre, Pléthon présente un Platon tout aussi étranger au
christianisme, quoique moins incompatible qu’Aristote avec cette doctrine.
Mais surtout, comme il l’explicitera dans la Réplique à Scholarios, ce
Platon s’inscrit lui-même dans une longue tradition dont il n’est finalement
qu’un maillon. D’une part, Platon est associé aux « platoniciens » au sens
large, c’est-à-dire à ce que nous appelons le moyen et le néo-platonisme.
D’autre part (comme il l’écrira dans l’Introduction de la Réplique), Pléthon
prend en compte un enseignement oral de Platon sur les principes, qui lui
serait venu du fond des âges (et il reporte sur Aristote le reproche que
Platon dans la Lettre VII adressait à Denys II, d’avoir excessivement et
inexactement développé par écrit et pour la gloriole, les principes enseignés
par le maître). Ainsi, Platon serait, après Pythagore, l’héritier d’une
29
tradition surtout orale, ignorant Moïse et beaucoup plus ancienne que les
trois grandes religions monothéistes : celle de Zoroastre et des mages, ses
disciples, dont on aurait conservé les Oracles. Georges de Trébizonde
explique d’ailleurs qu’à Florence, Pléthon aurait affirmé que bientôt il n’y
aurait plus qu’une seule religion. Lorsqu’on lui demanda, rapporte
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Aristote (Peri diastaseôs Platônos kai Aristotelous). Notons néanmoins que dans ces deux cas,
Platon et Aristote sont placés sur le même plan.
Proclus, dans le Commentaire sur le Timée (In Platonis Timaeum Commentaria, éd. E.
DIEHL, Leipzig, Teubner 1903-1906, t. I, pp. 294, 28-296, 12), consacre aux différences entre
Platon et Aristote tout un développement qui a fourni une base aux critiques de Pléthon. Or,
Proclus affirme tout d’abord qu’il n’y a pas « conflit entre Platon et Aristote » (ou makhontai),
mais que « néanmoins ils diffèrent » (diapherousi) ; et après avoir mis en évidence plusieurs
différences, il ajoute : « C’est d’ailleurs sur d’autres points aussi qu’Aristote a pour habitude de
le faire (touto poein) », à savoir de différer de Platon. Si la première formulation marque la
réciprocité (le verbe est d’ailleurs employé à la forme active : il s’agit de « différence » et non
de « désaccord »), la seconde fait évoluer le rapport dans le sens d’une asymétrie (Aristote
diffère de Platon, qui demeure la référence).
Enfin, I. DEMETRAKOPOULOS, dans Plêthôn kai Thômas Akuinatês, pp. 76-77, n. 177,
note dans le Commentaire de Simplicius à la Physique d’Aristote (SIMPLICII, In Aristotelis
Physicorum libros commentaria, éd. H. DIELS, Berlin 1895, (« C.A.G. », X), p. 1165, 21-22)
une phrase qui, selon lui, aurait inspiré le titre de l’ouvrage de Pléthon : « Mais Aristote, en
introduisant la cinquième essence n’est pas en désaccord (oude…diapheretai) pour le sens avec
les autres et notamment avec Platon (pros ton Platôna) ». Comme Pléthon soutient exactement
la thèse inverse dans le De differentiis (ch. VI, § 1), mais que par ailleurs il connaît l’ouvrage
de Simplicius (puisqu’il le cite au début de la Réplique à Scholarios, éd. B. LAGARDE, dans
« Byzantion », LIX, 1989, p. 370, 11-23) dont il dénonce l’attitude concordiste, il est possible
que, souhaitant prendre le contre-pied de Simplicius sur la question, entre autres, de la
cinquième essence, Pléthon ait utilisé la même formulation que lui dans le titre de son propre
ouvrage, justement pour le contredire.
29 Sur cette ancienneté, voir B. TAMBRUN, Pléthon. Le retour de Platon, Paris, J. Vrin (à
paraître en 2006), chapitre II.
BRIGITTE TAMBRUN 11
Zoroastre, comme celle de ces autres sages législateurs, aurait pour modèle
les Formes intelligibles, les symbola, et, quoique révélée par le divin, sous
la forme d’Oracles ou déposée dans chaque âme humaine sous la forme de
« notions communes », elle ne pourrait être que rationnelle, puisque inscrite
dans la partie rationnelle de notre âme. Les diverses expressions des
réalités intelligibles dans le monde humain seraient donc compatibles entre
elles. L’universalité de l’exercice du principe de non-contradiction exclut
d’emblée la possibilité de faire appel à une foi qui prétendrait pouvoir le
transgresser.
C’est donc par une sorte de ruse que Pléthon propose à ses amis,
comme alternative à la libre pensée dite « averroïste », mais aussi comme
alternative au thomisme, un Platon héritier d’une prisca theologia ignorant
délibérément Moïse et le christianisme. À la place de l’union des Églises
30 Voir sa Comparatio philosophorum Aristotelis et Platonis, Venise 1523, III, 21, f. V6v ;
voir J. MONFASANI, George of Trebizond, Leiden, Brill 1976, pp. 39-40 et n. 46 ; J. HANKINS,
Plato in the Italian Renaissance, p. 172. J. Monfasani pense que ce témoignage est crédible et
que Georges de Trébizonde condense une conversation qu’il a eue avec Pléthon, mais qu’il
force peut-être le caractère imminent du changement de religion.
31 Voir PLETHON, Réplique à Scholarios dans B. LAGARDE, Georges Gémiste Pléthon :
Contre les objections de Scholarios en faveur d’Aristote (Réplique), « Byzantion », XLIX,
1989, pp. 354-507 : 418, 1-5.
32 Voir Pléthon, Mémoire pour Théodore, p. 118, 1-9, éd. S. LAMBROS.
12 BRIGITTE TAMBRUN
33 Pour une analyse développée, voir B. TAMBRUN, Pléthon. Le retour de Platon, chapitre
VIII.
34 Comme l’explique Porphyre, selon les philosophes (c’est-à-dire Aristote), le genre
« c’est ce qui est prédicable de plusieurs différant par l’espèce, relativement à la question :
“qu’est-ce que c’est ?” […] » (PORPHYRE, Isagoge, Texte grec et latin, traduction par A. de
LIBERA et A.-Ph. SEGONDS, Paris, J. Vrin 1998, I, 5, éd. et trad. de LIBERA et SEGONDS, p. 3 ;
définition reprise au chapitre II, 2, p. 5).
35 « “Genre”, en effet, se dit d’une collection d’individus qui, se rapportant d’une manière
déterminée à une chose unique, ont entre eux un certain rapport : c’est d’après cette
signification que l’on parle du “genre des Héraclides” à cause de leur relation à partir d’un [être]
unique, je veux dire Héraclès, ou que l’on parle de la multitude de ceux qui sont en relation les
uns avec les autres du fait de cette parenté avec Héraclès […] » (PORPHYRE, Isagoge, I, 1, éd. et
trad. de LIBERA et SEGONDS, p. 2). Il existe une autre définition – également non
philosophique – du genre, qui est, explique Porphyre, la source de la précédente : « “genre” se
dit encore d’une autre façon : c’est le principe de la génération de chacun, qu’il s’agisse de
celui qui l’a engendré ou du lieu où l’on est né. C’est ainsi que nous disons qu’Oreste tire son
“genre” de Tantale, Hyllos d’Héraclès, et encore que Pindare est de “genre” thébain, et Platon
de “genre” athénien ; et de fait, la patrie est une sorte de principe de la naissance de chacun,
tout comme le père » (PORPHYRE, Isagoge, I, 2, éd. et trad. de LIBERA et SEGONDS, p. 2). Sur
cette question, voir B. TAMBRUN, L’Être, l’Un et la pensée politique de Pléthon, dans
BRIGITTE TAMBRUN 13
39
admettre qu’un silence relatif a suivi le concile. Malgré l’intérêt que
Pléthon avait pu susciter à Florence, ses auditeurs n’étaient pas capables de
40
suivre ses analyses complexes.
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Proceedings of the International Congress on Plethon and his Time (Mystras, 26-29 june 2002),
Athènes-Mystras 2003, pp. 67-93 ou Pléthon. Le retour de Platon, Chapitre VI.
36 Aristote, l’auteur supposé du De mundo (398 a-b) aurait eu le tort de considérer le
premier dieu seulement comme le chef d’une armée, comme « un stratège qui range son armée
en ordre de bataille. Il s’agirait donc d’une forme de pouvoir comme celle qu’on peut exercer
sur des Assyriens, des Mèdes, des Perses ou quelque autre semblable, plus ou moins grande par
le monde, dont aucune ne serait pour les gouvernés cause de leur essence, mais seulement de
leurs lois et organisation » (Réplique à Scholarios, p. 407, éd. B. LAGARDE) et « Même si
Aristote dit que l’Être, l’Un et le Bien se réciproquent mutuellement, en affirmant que Dieu est
pour les êtres cause de leur unité, il ne le croit pas nécessairement aussi de leur essence, s’il est
vrai qu’un roi – et c’est principalement à un roi ainsi qu’à un stratège qu’il compare Dieu – qui
règne sur de nombreux peuples et instaure pour eux tous l’unité par la concorde et le bonheur
par des ressources en biens, ne sera pas considéré comme étant aussi, pour eux, cause de leur
essence ; on jugera que, présidant à des peuples trouvés divers, c’est seulement la concorde et
le bonheur qu’il établit pour eux, grâce à sa propre vertu et à sa science du bon exercice de la
royauté » (Réplique, traduction B. LAGARDE, p. 411). Voir sur cette question B. TAMBRUN,
Pléthon. Le retour de Platon, Chapitre IV.
37 Voir J. MONFASANI, George of Trebizond, p. 202.
38 Voir George of Trebizond : A Biography and a Study of his Rhetoric and Logic,
Leiden, Brill 1976, p. 202. J’ai recensé trente et une copies de l’ouvrage dans les catalogues
disponibles à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (Paris).
39 Voir F. MASAI, Pléthon et le platonisme de Mistra, p. 337 et p. 341 ; A. DELLA TORRE,
Storia della Accademia platonica, Florence 1902, p. 438 sgg.
40 Voir J. HANKINS, Plato in the Italian Renaissance, pp. 207-208. Voir les références
dans George of Trebizond, pp. 204-205. J. MONFASANI, George of Trebizond, p. 203.
14 BRIGITTE TAMBRUN
désaccord avec Platon est telle, que au vu de ce qui y est transcrit on peut
vraiment se demander ce qui a pu intéresser Cosme de Médicis lors des
entretiens (sunousiai) de Florence sur Platon. Pourtant n’y a-t-il rien qui
permette de penser que Pléthon, dénoncé comme un païen et un ennemi
public par Georges de Trébizonde en 1458, est mentionné par Ficin, en
1490-1492, pour d’autres raisons que pour avoir éventuellement participé à
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la transmission d’un manuscrit des oeuvres de Platon ? Qu’est ce qui a
donc pu pousser Cosme à patronner la traduction de Platon en latin une
vingtaine d’années après le concile et à s’y intéresser au point de demander
à Marsile Ficin, à son chevet peu de temps avant sa mort, en juillet 1464,
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de lui lire le Parménide et le Philèbe. Comment les œuvres d’un
philosophe considéré comme dangereux, car polythéiste et homosexuel, et
même comme le germe de toutes les hérésies helléniques et notamment des
hérésies des Grecs au concile de Florence, ont-elles pu entrer pour ainsi
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dire dans la praeparatio mortis de Cosme de Médicis ?
41 La copie du manuscrit des œuvres de Platon, qui se trouvait dans la résidence italienne
de l’empereur de Byzance, présent au concile, devait, selon A. Diller et S. Gentile, appartenir
en réalité à Pléthon : voir les références dans J. HANKINS, Cosimo de’ Medici and the Platonic
Academy, « Journal of the Warburg and Courtauld Institutes », XXXIII, 1970, pp. 144-162 :
157. Le manuscrit offert par Cosme à Ficin est certainement l’actuel Laurentianus LXXXV, 9
que Cosme aurait acquis à l’époque du concile. Le copiste de ce manuscrit est probablement
Christophorus de Persona, un romain qui avait voyagé en Grèce pendant sa jeunesse et étudié
auprès de maîtres grecs. Or, l’un de ceux-ci pourrait être Pléthon, car Persona a ensuite traduit
des auteurs étudiés et copiés par Pléthon.
42 Voir M.J.B. ALLEN, Marsilio Ficino: The Philebus Commentary. A critical Edition and
Translation, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press 1975, pp. 6-7 ; J.
HANKINS, Plato in the Italian Renaissance, pp. 267-268.
43 Voir J. HANKINS, Plato in the Italian Renaissance, p. 268.
BRIGITTE TAMBRUN 15
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l’étude des œuvres de Platon, les « grands mystères ». La lecture, dans un
ordre rigoureux, des œuvres de Platon, comprenait deux cycles qui
constituaient un chemin initiatique procédant des « propylées » (le Premier
Alcibiade) pour conduire à l’ « adyton » du temple (le Parménide). Mais le
Parménide ne constituait pas la dernière étape du cursus philosophique
puisque celui-ci culminait dans la lecture des « Oracles chaldaïques ». Or,
Pléthon justement avait restauré et réorganisé la collection d’Oracles
chaldaïques transmise par Michel Psellos pour l’attribuer aux mages
disciples de Zoroastre. Donc dans la Dédicace de Ficin, l’expression « les
mystères platoniciens » désigne la thèse fondamentale de Pléthon : non
seulement Aristote aurait eu tort de se séparer de Platon, mais Platon et les
platoniciens seraient les héritiers d’une sagesse de haute antiquité transmise
avant eux à Pythagore par des mages disciples de Zoroastre dont on aurait
conservé les oracles. S’il est vrai que Cosme ne pouvait peut-être pas suivre
dans le détail les explications complexes et très techniques de Pléthon
concernant le désaccord d’Aristote par rapport à Platon, en revanche, il a
pu être intéressé par cette information capitale concernant la relation entre
Platon et les mages.
Et justement, en 1459, Cosme patronne une œuvre picturale de grande
envergure qui permet de comprendre ses centres d’intérêt de l’époque et
halshs-00293398, version 2 - 10 Dec 2009
qui a séjourné à Florence en 1439 pour participer au concile sur l’union des
Églises. Il est vrai que l’arrivée du basileus à Florence avait fortement
impressionné les habitants de la ville ; d’autres artistes italiens ont réalisé
50
des portraits de Jean VIII, notamment Pisanello et Piero della Francesca
(Dans la Flagellation du Christ, le basileus, reconnaissable à sa coiffure et
à sa barbe, est assis de profil à l’arrière-plan, à gauche du tableau). Gaspar
porte un costume luxueux : Sylvestre Syropoulos raconte dans ses
Mémoires (III, 28) que l’empereur avait fait confectionner à grands frais un
harnachement contenant beaucoup d'or, pour « parader au milieu des
Italiens » et « passer pour un grand basileus ». À l’époque où Benozzo
Gozzoli peint le Voyage des mages, l’empereur est décédé, Constantinople
est tombée aux mains des Turcs et l’Empire byzantin n’existe plus, mais
tous ces événements sont récents.
des mages ? Il avait pour saints patrons Cosme et Damien et leur rendait un
culte, mais il prit aussi pour exempla et patrons les mages. Dans
l’inventaire du palais Médicis en 1492, on trouve cinq représentations
picturales des mages (en plus des fresques de Gozzoli), alors que dans
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l’inventaire de 1417 il n’y en a aucune.
Les Médicis étaient très liés avec une confraternité qui se nommait la
Compagnia de’ Magi. Cette confraternité existait depuis le début du
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quinzième siècle au moins. Elle avait son siège à San Marco. Il s’agissait
55
d’une compagnie de laudesi. Contrairement aux fraternités liées à des
guildes ou à des paroisses, les membres des compagnies de laudesi
56 Voir D. KENT, Cosimo di Medici and the Florentine Renaissance, pp. 54-55.
57 R. HATFIELD, The Compagnia de’ Magi, p. 135.
58 R. HATFIELD, The Compagnia de’ Magi, p. 136.
59 Voir R. HATFIELD, The Compagnia de’ Magi, pp. 109-110.
60 Voir R. HATFIELD, The Compagnia de’ Magi, p. 111, p. 113 et note 35.
61 Voir G. PASINI, Codices manuscripti bibliothecae regii Taurinensis athenaei, I, Turin
1749, p. 271 sq. ; J. GILL, Quae supersunt actorum Graecorum Concilii Florentini I, Roma
1953, (« Concilium Florentinum : Documenta et scriptores », ser. B, v), pp. i-xiii.
BRIGITTE TAMBRUN 19
monde, devait pouvoir trouver une place. Car c’était justement au nom de
l’idéal de vie monastique que Filelfe, en reprenant les critiques communes
qui circulaient à l’égard des Médicis, attaquait Cosme notamment dans ses
Commentationes Florentinae de exilio : il dénonçait leurs richesses
acquises par l’usure (elles n’étaient pas le fruit d’un travail) et l’usage qui
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en était fait pour opposer à l’attitude de Cosme, la libéralité d’un Palla
Strozzi et d’un Vitaliano Borromeo. Les humanistes qui entouraient Cosme
se mobilisaient alors pour montrer que les bonnes actions des marchands
étaient valides et qu’elles pouvaient plaire à Dieu. Timoteo Maffei
expliquait que le somptueux palais des Médicis avait été édifié pour la
gloire de la cité. Il s’agissait de prouver que Cosme n’était pas seulement
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« libéral » mais qu’il était aussi « magnificent ».
au Studium de Florence un cours sur l’Éthique à Nicomaque et Donato Acciaiuoli, son auditeur,
rédigera à l’attention de Cosme de Médicis un commentaire sur cette œuvre en 1463-1464 :
voir A. FIELD, The Origins of the Platonic Academy of Florence, p. 114 et pp. 204-206, et J.
Hankins, Cosimo de’ Medici as a Patron of Humanistic Literature, p. 85.
66 Voir J. HANKINS, Cosimo de’ Medici as a Patron of Humanistic Literature, pp. 85-86.
67 Comme l’atteste leur correspondance avec l’artiste : voir D. KENT, Cosimo di Medici
and the Florentine Renaissance, pp. 311-312.
BRIGITTE TAMBRUN 21
68 Voir P.O. KRISTELLER, Supplementum Ficinianum, Firenze, Leo S. Olshki 1937, rééd.
1973, t. II, 104-105 : « [E] Bizantia Florentiam spiritus eius ipsis in licteris vivens attica voce
resonus ad Cosmum Medicem advolavit » : texte cité par A. FIELD, The Origins of the Platonic
Academy of Florence, p. 108, n. 3 et déjà p. 6 (et n. 12) ; comparer avec Alison BROWN,
Platonism in Fifteenth-Century Florence, dans The Medici in Florence, pp. 389-390 : l’esprit de
Platon serait arrivé à Florence quand Pléthon commença ses conférences en 1439 ; mais cette
interprétation est contestée par A. FIELD (p. 108, n. 3).
69Opera omnia, Bâle 1576, pp. 489-491. La date de ce sermon est inconnue mais on sait
que Ficin prêche à partir de 1487.
70 Voir M.J.B. ALLEN, Synoptic Art. Marsilio Ficino on the History of Platonic
Interpretation, Firenze, Leo S. Olschki Editore 1998, pp. 37-38.
71 S. GENTILE et C. GILLY, Marsilio Ficino e il ritorno di Ermete Trismegisto, Marsilio
Ficino and the return of Hermes Trismegistus, Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana,
Amsterdam, Bibliotheca Philosophica Hermetica, Amsterdam, Centro Di 1999, pp. 19-21 et
27-29.
72 Éditée par P.O. KRISTELLER, Supplementum Ficinianum, I, pp. 98-101. Ce point est
souligné par A. FIELD, The Origins of the Platonic Academy of Florence, p. 17 et p. 198.
22 BRIGITTE TAMBRUN
Brigitte Tambrun-Krasker
CNRS, UMR 8584 – LEM
(Laboratoire d’études sur les monothéismes)