Chap2 La Creation Monetaire

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ECONOMIE MONETAIRE

CHAPITRE II
LA CREATION MONETAIRE

1
 « Le banquier peut créer de la monnaie sans se faire traiter de
faussaire. Il peut prêter ce qu’il n’a pas sans se faire traiter d’escroc.
C’est son droit, c’est même l’essentiel de sa fonction » (Jean-Marie
Albertini, Des sous et des hommes, Seuil, Paris, 1985).

 En effet, le banquier n’est pas un simple prestataire de services financiers,


faisant office d’intermédiaire entre des épargnants et des emprunteurs. Il
est également en mesure de créer a posteriori ses propres ressources par le
seul fait de « dire oui » à une demande de crédit.

 Ce pouvoir hors du commun de création monétaire rend l’activité bancaire


incomparable avec tout autre type d’entreprise.

2
 Selon une définition de la Banque de France, la création monétaire est un
acte qui consiste à transformer des créances en moyens de paiement.

 L’offre de monnaie est le plus souvent la conséquence d’une offre de


crédits par les banques ou d’une monétisation par celles-ci de titres de
créances sur les agents non financiers (achat par les banques d’actions ou
d’obligations émises ou détenues par les entreprises ou les ménages), sur
l’Etat (achat par les banques de bons du Trésor) ou sur l’Etranger (achat
par les banques de devises).

 La création monétaire est assurée notamment par la banque centrale et les


banques commerciales.

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1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

 Les opérations de crédit réalisées par les banques représentent une source
majeure de création monétaire. Il s’agit des crédits accordés aux
particuliers, aux entreprises mais aussi parfois à l’Etat.

 Le bilan simplifié d’une banque commerciale peut être présenté comme


suit :
ACTIF PASSIF
Crédits à l’économie
Dépôts
Réserves

Titres
Refinancement 4

Devises
1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

 Les postes enregistrés au passif du bilan de la banque commerciale


constituent ses engagements. Il s’agit des dépôts et du refinancement.

 Les dépôts représentent de la monnaie scripturale ; il s’agit de l’argent


détenu par les clients de la banque et inscrit dans ses comptes.

 Ils comprennent les dépôts à vue (convertibles à tout moment en espèces


c’est-à-dire en monnaie fiduciaire) et les dépôts à terme et avec préavis.

 Les dépôts constituent donc une dette pour les banques commerciales et
des créances pour les clients de la banque (particuliers et entreprises).

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1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

 Le refinancement représente les liquidités mise par la banque centrale à la


disposition des banques commerciales pour faire face à leurs engagements
vis-à-vis d’autres banques ou vis-à-vis de la banque centrale elle-même.

 Il s’agit donc d’une créance pour la banque centrale (qui prête les
liquidités) et une dette pour les banques commerciales (qui empruntent
les liquidités).

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1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

 Les postes enregistrés à l’actif du bilan de la banque commerciale


constituent ses avoirs, il s’agit des crédits à l’économie, des réserves et des
titres.

 Les crédits à l’économie représentent tous les crédits accordés par les
banques commerciales aux particuliers, aux entreprises ou à l’Etat ; ce
sont donc les créances que les banques commerciales détiennent sur les
agents de l’économie.

 Les réserves des banques sont constituées par les sommes détenues par
les banques commerciales auprès de la banque centrale.

 Ces réserves constituent des avoirs pour les banques commerciales et des 7
engagements pour la banque centrale. Il existe deux types de réserves :
les réserves obligatoires et les réserves excédentaires.
1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

 La Banque centrale impose généralement que tout dépôt supplémentaire


auprès de la banque commerciale donne lieu à la mise en réserve
obligatoire d’une fraction de ce dépôt sur le compte de la banque
commerciale auprès de la banque centrale, on parle alors de réserves
obligatoires.

 Les réserves excédentaires (ou réserves libres) constituent l’autre


composante des réserves, qui est librement consentie par les banques. La
banque centrale est tenue de convertir ces réserves en billets sur simple
demande des banques commerciales.

 Les titres figurant à l’actif du bilan peuvent être des titres publics :
acquisition par les banques d’obligations d’Etat (bons du Trésor) émises
8
par l’Etat ou des titres privés : acquisitions d’actions ou obligations émises
par d’autres banques ou des entreprises privées.
1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

 Le principe de la création monétaire peut être analysé simplement en


prenant le cas d’une économie comprenant une banque.

 On suppose qu’un client, par exemple une entreprise X pour faire face à
des problèmes de trésorerie, sollicité auprès de la banque A, un crédit d’un
montant de 100 000F. Lorsque l’octroi du crédit est effectif, la banque A
crédite le compte de l’entreprise X du montant emprunté (la somme est
inscrite en dépôt à vue) en échange d’un engagement de remboursement
aux échéances prévues par le contrat.

 L’opération ainsi réalisée correspond à une double inscription dans le


bilan de la banque A : à l’actif (détention d’une créance sur l’entreprise X)
et au passif (approvisionnement du compte à vue de l’entreprise X). Ainsi
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en accordant le prêt, la banque A crée des dépôts et donc de la monnaie.
1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

Bilan de la banque A

ACTIF PASSIF

Créance sur X + 100 000F Dépôt à vue + 100 000 F


(compte courant de X)

 La double inscription simultanée d’un même montant à l’actif et au passif


du bilan de la banque constitue donc l’acte par lequel elle crée de la
monnaie.

 Il y a en effet un accroissement de la quantité de monnaie détenue par les


agents non financiers : cette monnaie ne résulte pas d’un transfert de
ressources entre agents mais représente une capacité de dépenses 10
supplémentaire pour l’entreprise X sans que personne d’autre ne renonce
à son pouvoir d’achat.
1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

 Le crédit du compte de dépôt de l’emprunteur se traduit par une


augmentation instantanée de la masse monétaire. La monnaie est donc
créée ex-nihilo (c’est-à-dire à partir de rien) ; c’est pourquoi on dit que ce
sont les crédits qui font les dépôts et non l’inverse.

 Il n’y a pas ici un prêt de sommes préexistantes au sein de la banque, c’est


l’octroi du crédit, le fait de « dire oui », qui donne naissance à un
supplément de monnaie ; il s’agit donc bien là d’un privilège de création
monétaire ex nihilo.

 En tant que simple jeu d’écriture, ce pouvoir de création monétaire


apparaît comme théoriquement illimité ; la banque pourrait créer autant
de monnaie qu’elle le souhaite puisque tout crédit augmente les
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ressources d’un même montant. C’est l’expansion de son actif qui
entraîne celle de son passif.
1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

 Ce processus de création monétaire a lieu également lorsque les banques


achètent des bons du Trésor émis par l’Etat, des titres privés (actions,
obligations) ou des actifs réels (biens immobiliers).

 En effet, acquis par la banque, ces actifs financiers ou réels sont inscrits à
l’actif du bilan de la banque et en contrepartie, le compte courant du
vendeur est crédité au passif de la banque à hauteur du même montant.

 Une troisième source de création monétaire intervient lorsque les


banques commerciales achètent des devises étrangères : elles portent sur
le compte du client l’équivalent en monnaie nationale et inscrivent la
contrepartie extérieure (devises) à l’actif de leur bilan.
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1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

 Nous voyons donc ainsi que la création monétaire consiste à transformer


des créances sans pouvoir libératoire (titres de crédit, actions, obligations)
en moyens de paiement. C’est donc nécessairement un acte qui met en
relation un agent non financier et une institution disposant d’un
pouvoir monétaire, c’est-à-dire émettant une créance sur elle-même (le
dépôt) qui sera accepté comme moyen de paiement.

 Si les crédits font les dépôts alors symétriquement le remboursement d’un


crédit induit une destruction monétaire. Lors du remboursement, des
moyens de paiement sont rendus à la banque et donc retirés de la masse
monétaire en circulation.

 Au bilan bancaire, cela se traduit par la suppression de la double écriture :


la créance sur X de 100 000F disparaît et le compte courant de X est
débité de la somme correspondante. De la même façon, la vente par la 13
banque d’un immeuble, d’un titre financier ou la vente de devises
occasionnera également une destruction de monnaie.
1. Les principes de la création monétaire
1.1 La création monétaire par les banques commerciales

Création monétaire Destruction monétaire

Achat d’actifs Vente d’actifs


(Escompte de traites, achats d’actions,
d’obligations ou d’actifs réels)
Octroi d’un crédit Remboursement de crédits
(Crédits à la consommation, crédits à
l’investissement, crédits immobiliers,
découverts)
Achat de devises Vente de devises

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Exercice d’application n°2

Pour chaque opération, indiquez s’il y a création monétaire, destruction monétaire ou opération neutre :

a) Votre banque vous accorde un découvert de 200 000F


b) Vous remboursez à votre ami 50 000F
c) Vous déposez sur votre livret d’épargne vos économies
d) Une entreprise rembourse à sa banque un crédit
e) Une entreprise accorde un délai de paiement à une autre entreprise en échange d’une
reconnaissance de dette.
f) L’entreprise demande à sa banque de lui avancer la somme inscrite sur la reconnaissance de dette.
g) Vous déposez un chèque sur votre compte bancaire
h) Une entreprise exportatrice demande à sa banque la conversion de 10 000 dollars
i) Vous effectuez un retrait de 20 000 F à partir d’un DAB
j) La banque vous accorde un crédit à la consommation

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Exercice d’application n°3

Soient les différentes opérations financières suivantes concernant la banque X et les agents non
financiers (ANF) A, B, C, D et E étant tous des clients de la banque X :

- Le 1er juillet 2015, suite à une exportation, A reçoit 40$ de l’un de ses clients américains. A
remet ces devises à sa banque qui les crédite dans son compte libellé en francs (1$ = 500 F).
- Le 18 juillet, B reçoit de la part de l’un de ses clients, un règlement en espèces (billets) de
40 000F qu’il dépose auprès de sa banque.
- Le 31 juillet, A émet des obligations et en vend à sa banque à hauteur de 80 000F.
- Le 05 août, A règle par virement bancaire un salaire de 30 000F à son employé C.
- Le 15 août, A vend des marchandises pour un montant de 50 000F à son client D et pour un
montant de 75 000F à son client E. Il accepte d’être payé à 60 jours, soit le 15 octobre et
reçoit de ses clients A et D des reconnaissances de dette (effets de commerce).
- Le 31 août, A demande à sa banque X de lui escompter l’effet de commerce sur le client D (le
coût bancaire de cet escompte est ignoré).
- Le 1er septembre D et E sollicitent chacun un crédit de 80 000F auprès de la banque X.
- Le 1er octobre, D rembourse le quart de son crédit.

1) Présenter le bilan de la banque au 15 juillet. Commenter.


2) Présenter le bilan de la banque au 18 juillet. Commenter.
3) Présenter le bilan de la banque au 31 juillet. Commenter.
4) Présenter le bilan de la banque au 05 août. Commenter.
5) Présenter le bilan de la banque au 31 août. Commenter.
6) Présenter le bilan de la banque au 1er septembre. Commenter.
7) Présenter le bilan de la banque au 1er septembre. Commenter.
8) Présenter le bilan de la banque au 1er septembre. Commenter. 16

NB : Pour chaque point, les commentaires doivent s’effectuer par rapport à l’impact de l’opération sur
la masse monétaire.
1. Les principes de la création monétaire
1.2 La création monétaire par la banque centrale

 Dans les systèmes bancaires contemporains, les banques commerciales


(banques de second rang) sont placées sous l’autorité de la banque
centrale et sont dans l’obligation d’avoir auprès d’elle, un compte dont le
solde doit être obligatoirement créditeur : « la banque centrale est la
banque des banques ».

 Le bilan simplifié d’une banque centrale se présente comme suit :

ACTIF PASSIF
Devises
Billets et pièces en circulation
Refinancement

Titres publics (bons du Trésor) 17


Réserves
1. Les principes de la création monétaire
1.2 La création monétaire par la banque centrale

 Les postes enregistrés au passif du bilan de la banque centrale


constituent ses engagements. Il s’agit des pièces et billets en circulation
(monnaie fiduciaire) détenus par le public et des réserves des banques.

 A l’actif du bilan de la banque centrale, on retrouve les avoirs, c’est-à-dire


les créances nettes sur l’extérieur (devises), les créances sur le secteur
bancaire (opérations de refinancement) et les titres publics détenus sur
l’Etat.

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1. Les principes de la création monétaire
1.2 La création monétaire par la banque centrale

 La monnaie émise par la banque centrale est appelée « monnaie centrale »


(appelée aussi « monnaie de premier rang » ou « monnaie à haut pouvoir
»). Elle se définit comme les engagements de la banque centrale figurant à
son passif :

- la monnaie centrale en circulation c’est-à-dire les billets et pièces


(monnaie fiduciaire)

- la monnaie centrale interbancaire c’est-à-dire les réserves qui constituent


des avoirs des banques commerciales et du Trésor auprès de la banque
centrale.

 L’agrégat mesurant la quantité de monnaie centrale (total passif du bilan 19


de la banque centrale) est appelé la base monétaire.
1. Les principes de la création monétaire
1.2 La création monétaire par la banque centrale

 Les modalités de création monétaire de la banque centrale sont les mêmes


que pour les banques commerciales, elles sont de trois sortes : achats
d’actifs, octroi de crédit (refinancement) et achat de devises.

 De même, les modalités de destruction monétaire sont les mêmes : vente


d’actifs, remboursement de crédit et vente de devises.

20
1. Les principes de la création monétaire
1.2 La création monétaire par la banque centrale
 Exemple : une banque centrale achète des titres publics d’une valeur de
100 000F à une banque commerciale. Celle-ci va soit déposer sur son
compte à la Banque centrale, soit la conserver directement dans ses
caisses sous formes de billets.

 Cet achat d’actifs par la Banque centrale se traduit par une création
monétaire et entraîne les conséquences suivantes au niveau du bilan de la
banque centrale :
Bilan de la banque centrale
ACTIF PASSIF
Titres publics + 100 000F Réserves + 100 000 F

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1. Les principes de la création monétaire
1.3 Les contreparties de la masse monétaire

 Qu’elle émane de la banque centrale ou des banques commerciales, toute


création monétaire se traduit par l’achat ou la naissance d’une créance.
Celle-ci figure systématiquement à l’actif du bilan de l’établissement
concerné et constitue ainsi la contrepartie de la monnaie ainsi créée.

 En définitive, la création monétaire repose donc sur la transformation de


créances en moyens de paiement. Ces créances indiquent l’origine de la
création monétaire.

22
1. Les principes de la création monétaire
1.3 Les contreparties de la masse monétaire

 On distingue deux grandes catégories de contreparties de la masse


monétaire.

 La première regroupe les créances sur l’Etranger c’est-à-dire la


contrepartie « extérieure » de la masse monétaire. On y trouve les crédits
accordés à des ménages ou à des entreprises étrangères, des titres émis
par les non-résidents ainsi que les avoirs liquides en devises détenus à
l’Etranger par les banques commerciales ou la banque centrale.

 La deuxième catégorie de contrepartie la plus importante regroupe les


créances sur les agents économiques résidents, il s’agit de la contrepartie
interne de la masse monétaire encore appelé « crédit interne net ». 23
1. Les principes de la création monétaire
1.3 Les contreparties de la masse monétaire

 Le crédit interne net se subdivise en deux sous-ensembles :


- les créances sur le Trésor et les créances sur l’économie. Les premières
sont des titres publics détenus par le système bancaire ainsi que
d’éventuels concours monétaires de la banque centrale au Trésor.
- Les secondes correspondent aux crédits accordés aux agents non
financiers résidents ainsi qu’aux titres émis par ces derniers et détenus
par le système bancaire.

 Les contreparties de M3 s’obtiennent en consolidant le bilan du système


bancaire (Banque centrale, banques commerciales, Trésor).

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1. Les principes de la création monétaire
1.3 Les contreparties de la masse monétaire

BILAN CONSOLIDE DU SYSTEME BANCAIRE


ACTIF PASSIF
Contreparties de M3 :
Billets et Pièces
- Créances sur l’Extérieur M1
Dépôts à vue
- Créances sur l’Economie (Secteur privé M3
et Trésor) Dépôts à termes
Autres actifs monétaires

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2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire

 La liquidité bancaire peut être définie comme la somme des avoirs de


réserves des établissements de crédit en compte courant auprès de la
banque centrale.

 Elle est constituée des réserves obligatoires et des réserves excédentaires.

 Etant donné que les réserves obligatoires représentent une liquidité


bloquée, la liquidité bancaire renvoie principalement à la somme de
réserves excédentaires dont disposent les banques commerciales auprès
de la banque centrale.

26
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire

 Cette liquidité bancaire (réserves excédentaires) est utile aux banques


pour quatre raisons principales :

- alimenter les guichets en billets et pièces


- régler les dettes interbancaires en utilisant leurs comptes auprès de la
banque centrale
- alimenter les réserves obligatoires
- conserver une marge de sécurité.

 Lorsqu’un établissement de crédit crée de la monnaie, il doit s’attendre à


subir des « fuites » hors de son réseau de collecte de dépôts. Il y a deux
types de raisons à cela.
27
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire

 En premier lieu, une banque donnée ne possède qu’une part,


nécessairement limitée du marché des actifs monétaires. Aussi, au fur et à
mesure que le bénéficiaire d’un crédit va utiliser la monnaie mise à sa
disposition par la banque prêteuse, celle-ci verra ses dépôts diminuer au
profit de ceux de ses concurrents.

 Pour faire face à ses fuites, la banque doit disposer de réserves en monnaie
centrale, qui constitue la forme supérieure de liquidité que les
établissements de crédit utilisent pour régler les dettes interbancaires.

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2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire

 Il existe un second type de fuites qui affectent les banques commerciales


prises dans leur ensemble. Ces fuites ont quatre origines possibles et
constituent les facteurs de la liquidité bancaire : les besoins en
billets, la constitution des réserves obligatoires, les besoins en
devises, les fuites vers le Trésor.

 Ces facteurs de la liquidité qui désignent l’origine des fuites de réserves


hors du système bancaire. Lorsque les réserves des banques sont
insuffisantes pour faire face à ses fuites, cela les conduit à recourir au
refinancement de la banque centrale.

29
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire

 Parmi les quatre facteurs de la liquidité bancaire, on distingue trois


facteurs autonomes (besoins en billets, besoins en devises, fuites vers le
Trésor) et un facteur réglementaire (réserves obligatoires).

 Les facteurs autonomes de la liquidité bancaire échappent au contrôle de


la banque centrale, ils résultent des comportements des agents non
financiers et de leurs demandes de conversion des dépôts bancaires.

30
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire
2.1.1 Les besoins en billets

 La banque centrale ayant le monopole de l’émission de billets, les


demandes de conversion de dépôts à vue en billets de la part du public
conduisent les banques commerciales à puiser dans leurs réserves pour
honorer les demandes du public.

 En effet, les banques commerciales pour répondre aux demandes de leurs


clients vont demander à la banque centrale de convertir une partie de
leurs réserves en billets. En revanche lorsqu’il y a versements de billets
par le public (conversion de billets en dépôts), cela améliore la liquidité
bancaire.

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2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire
2.1.2 Les besoins en devises

 Lorsque les agents non financiers (importateurs par exemple) ont besoin
de devises, ils s’adressent à leurs banques commerciales. Celles-ci en
retour, s’adressent à la banque centrale et demandent à celle-ci de
convertir une partie de ses réserves en devises.

 Inversement les dépôts de devises des exportateurs améliorent la liquidité


bancaire des banques commerciales (leurs comptes de réserve sont
crédités par la banque centrale).

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2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire
2.1.3 Les fuites vers le Trésor

 Le Trésor public ne possédant pas de comptes auprès des banques, les


opérations de recettes et de décaissements auxquelles il procède sont
centralisées au niveau de son compte auprès de la banque centrale. Les
agents économiques non financiers sont en relation avec le Trésor public,
notamment au moment du recouvrement des impôts.

 Supposons que le client d’une banque s’acquitte de ses impôts par chèque
et le remet au Trésor public. Le Trésor public remet le chèque à
l’encaissement à sa banque (la banque centrale), le compte de réserves de
la banque commerciale sera débité (fuite de monnaie centrale) et le
compte courant du Trésor public à la banque centrale sera crédité.

33
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire
2.1.4 La constitution de réserves obligatoires

 Parallèlement aux facteurs autonomes, des facteurs règlementaires tels


que les réserves obligatoires influencent la liquidité bancaire. Les réserves
obligatoires constituent un facteur de liquidité que la banque centrale
peut manipuler, en obligeant les banques commerciales à conserver auprès
d’elle sous forme de réserves, un pourcentage variable de leurs dépôts (par
exemple 5%) ; ce pourcentage est appelé taux de réserves obligatoires.

 La variation du montant des réserves dépend donc des fluctuations du


montant des dépôts de la banque commerciale et du taux de réserves
obligatoires fixé par la banque centrale. Lorsque que les dépôts
augmentent ou que le taux de réserves augmente, les réserves obligatoires
augmentent et la banque doit puiser dans ses réserves excédentaires pour
alimenter les réserves obligatoires. Inversement, une baisse du taux de 34
réserves obligatoires constituent un facteur positif de la liquidité bancaire
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.1 Les facteurs de la liquidité bancaire
Exercice d’application n°4

La situation initiale du bilan d’une banque commerciale se présente comme suit :

Bilan de la banque commerciale (Situation initiale)

ACTIF PASSIF
Créance sur X + 1 000F Dépôt à vue de X + 2000 F
Réserves X + 1000F

La banque commerciale doit faire face aux opérations ci-dessous renvoyant à des situations de fuite de
liquidité bancaire :

a) Le client X demande à sa banque 130 en billets afin d’effectuer des achats en liquide
b) Le client X est un importateur qui, pour l’achat de marchandises, demande des devises auprès de sa
banque au taux de change en vigueur pour un montant de 200
c) Le client X s’acquitte de 300 d’impôts par chèque. Le Trésor public remet le chèque à
l’encaissement auprès de la banque centrale.
d) La banque doit constituer des réserves obligatoires auprès de la banque centrale. Le taux de réserves
obligatoires est de 5%.
35
En partant toujours de la situation initiale du bilan, indiquer pour chaque opération l’impact sur le
bilan de la banque commerciale et sur le bilan de la banque centrale.
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire
 Les limites de la création monétaire peuvent être illustrées en articulant le
principe général de la création monétaires et les fuites de liquidité
bancaire hors du circuit des banques commerciales créant ainsi un besoin
en monnaie centrale.

 Le raisonnement se tient au niveau de l’ensemble des banques


commerciales.

 Deux paramètres seront pris en compte dans le raisonnement :

- b, le taux de préférence pour la liquidité qui indique la part des billets


dans la masse monétaire (b = Ʃ Billets et pièces en circulation / Masse
monétaire). On suppose ici que b est égal à 20%.

- r, le taux de réserves obligatoires calculé sur la base des dépôts des clients
des banques commerciales. On suppose que la banque centrale fixe ce taux 36
à 10%.
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire
 Ces deux paramètres indiquent deux sources de fuites de la liquidité
bancaire. On négligera ici les deux autres facteurs de la liquidité bancaire
: les fuites en devises et les fuites vers le Trésor.

 Supposons que les banques commerciales du système bancaire disposent


de réserves excédentaires à hauteur de 1000.

 Le bilan consolidé des banques commerciales se présente comme suit :


Situation initiale
ACTIF PASSIF
Crédits accordés 8 000 Dépôts à vue 10 000
Réserves totales 2 000
Dont R0 1000
RE 1000
Total 10 000 Total 10 000
37
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire
 Les banques commerciales ont alors intérêt à faire « travailler » ces
réserves, afin d’obtenir des revenus supplémentaires, plutôt que de les
conserver en monnaie centrale, ce qui ne rapporte rien (ou très peu).

 Le montant des réserves excédentaires dont elles disposent leur confère


un potentiel d’octroi de crédits de 1000. Elles décident donc d’accorder
1000 de crédits nouveaux, ce qui va déclencher des vagues successives de
fuites et de nouveaux crédits.

38
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire

Soit RE 0 , le montant initial des réserves excédentaires. Ce montant initial de réserves excédentaires
sera intégralement distribué en crédits et va donner lieu à une première vague de crédits (ΔC 1 ). Cette
première vague de crédits ΔC 1 va entraîner une première fuite en billets (ΔB 1 ) tel que ΔB 1 = ΔC 1 * b.
Il va rester en dépôt ΔD 1 qui est obtenu en posant : ΔC 1 - ΔB 1 . Le montant en dépôt ΔD 1 va
déterminer le montant des réserves obligatoires ΔRO 1 (ΔRO 1 = ΔD 1 * r).

RE 0 = 1 000
ΔC 1 = 1000
ΔB 1 = 1000*0,2 = 200 (1ere fuite)
ΔD 1 = 1000 – 200 = 800
ΔRO 1 = 800*0,1 = 80 (2eme fuite)

Soit RE 1 , le montant des réserves excédentaires suite à la première vague de crédits, obtenu en
soustrayant de RE 0 , le montant des deux fuites : 39
RE 1 = RE 0 - ΔB 1 - ΔRO 1 = 1000 – 200 – 80 = 720
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire

RE 1 va entraîner une seconde vague de crédits et de fuites

RE 1 = 720
ΔC 2 = 720
ΔB 2 = 720*0,2 = 144
ΔD 2 = 720 – 144 = 576
ΔRO 2 = 576*0,1 = 57,6
RE 2 = 720 – 144 – 57,6 = 518,4

RE 2 va entraîner une troisième vague de crédits (ΔC 3 ) et de fuites (ΔB 3 et ΔRO 3 ). Ces vagues
successives de crédits et de fuites vont se poursuivre jusqu’à ce que les réserves excédentaires soient
totalement épuisées :

40
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire

Vague de Réserves Crédits Fuite en Dépôts Réserves Total des


crédits excédentaires nouveaux Billets obligatoires fuites
(RE) (ΔC = ΔM) (ΔB) (ΔD) (ΔRO) (ΔB + ΔRO)

1ere 1000 1000 200 800 80 280


2e 720 720 144 576 57,6 201,6
3e 518,4 518,4 103,7 414,7 41,5 145,2
4e 373,2 373,2 74,6 298,6 29,9 104,5
5e 268,7 268,7 53,7 215 21,5 75,2
…… …… ……. …… …… …… ……
nième 0 0 0 0 0 0
Total - 3570 714 2856 285,6 999,6 ≈ 1000

41
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire

 A chaque vague de crédits, le montant des crédits nouveaux correspond à


de la monnaie créée donc ΔM = ΔC. On remarque qu’à chaque vague, la
monnaie créée est ventilée en monnaie fiduciaire (ΔB) et en monnaie
scripturale (ΔD).

 On remarque aussi à chaque vague, que le montant des réserves


excédentaires est diminué du montant des fuites : Billets (ΔB) et réserves
obligatoires (ΔRO).

 Ainsi lorsque les réserves excédentaires sont totalement épuisées cela


veut dire que l’intégralité du montant initial des réserves a fui hors du
système bancaire en partie en billets et en partie en réserves obligatoires.
De la monnaie est donc créée jusqu’à l’épuisement total des réserves
42
excédentaires.
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire

A la fin du processus, on peut donc écrire :

RE 0 = ΔB + ΔRO
Sachant que ΔC = ΔM, il vient :
ΔB = b.ΔM
ΔRO = r.ΔD
Sachant que ΔD = ΔM – ΔB = ΔM – b.ΔM, ainsi :
ΔRO = r.(ΔM – b.ΔM)
RE 0 = b.ΔM + r.(ΔM – b.ΔM)
RE 0 = b.ΔM + r.ΔM – rb.ΔM
RE 0 = (b + r – rb).ΔM
1
ΔM = . RE 0
b  r  rb
1 1
Soit k, le multiplicateur de crédit tel que k = = = 3,57
b  r (1  b) 0,2  0,1(1  0,2)

43
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire

Ce multiplicateur de crédit permet de calculer :


- La variation finale des crédits (et de la masse monétaire) :
ΔC = ΔM = ΔC 1 *k = 1000*3,57 = 3570
- La variation finale des billets :
ΔB = ΔB 1 *k = 200*3,57 = 714
- La variation finale des dépôts :
ΔD = ΔD 1 *k = 800*3,57 = 2856
- La variation finale des réserves obligatoires :
ΔRO = ΔRO 1 *k = 80*3,57 = 285,6

En termes de variations du bilan des banques commerciales, la situation à la fin du processus est la
suivante :

C n = C 0 + ΔC = 8000 + 3570 = 11 570


D n = D 0 + ΔD = 10 000 + 2856 = 12 856
RO n = RO 0 + ΔRO = 1 000 + 285, 6 = 1 285,6 ≈ 1286 44
RE n = RE 0 - Ʃ Fuites = 1 000 – 999, 6 ≈ 0
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.2 Le mécanisme de l’expansion monétaire

Situation finale

ACTIF PASSIF
Crédits accordés 11 570 Dépôts à vue 12 856
Réserves totales 1 286
Dont R0 1 286
RE 0
Total 12 856 Total 12 856

45
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.1 Généralisation de la formule du multiplicateur
La formule précédente du multiplicateur a été présentée en mettant en relation des variations : la
variation de la monnaie centrale (RE 0 ) et la variation de la masse monétaire (ΔM). Cette formule peut
être généralisée en mettant en relation non plus des variations mais des stocks à savoir la base
monétaire (BM) représentant la monnaie centrale et la masse monétaire (M).

La masse monétaire (M) est composée de billets (B) et de dépôts à vue (D), soit :
M=B+D

Les billets représentent une proportion b de la masse monétaire : B = b.M, et donc par différence, on
a:
D = M – B = M – b.M = (1 – b).M

Le montant des réserves des banques à la banque centrale est une proportion r des dépôts reçus :
R = r.D = r. (1 – b).M
La monnaie centrale ou base monétaire est le total du passif de la banque centrale, soit :
BM = B + R = b.M + r. (1 – b).M ; cette relation peut être réécrite de deux manières :

(1a) : BM = [b + r. (1 – b)].M = d.M (approche du diviseur de crédit) 46


1
(1b) : M = .BM = k.BM (approche du multiplicateur de crédit)
b  r (1  b)
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.1 Généralisation de la formule du multiplicateur
 Il existe donc au niveau macroéconomique une relation entre la masse
monétaire et la base monétaire qui dépend des facteurs de la liquidité
bancaire.

 Cependant, qu’il existe une relation, ne signifie que le sens de la relation


soit établi. Traditionnellement, les économistes se partagent en deux
camps : ceux qui privilégient l’équation (1b), c’est-à-dire qui pensent que
la causalité va de BM vers M (approche du multiplicateur) et ceux qui
insistent sur l’équation (1a) pour qui la causalité va de M vers BM
(approche du diviseur de crédit).

 Derrière cette opposition théorique, l’enjeu est en fait de déterminer qui,


des banques commerciales ou de la banque centrale, détient le rôle moteur
en matière de création monétaire.
47
 Exercice d’application n° 5 (voir polycopié)
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.2 L’approche du multiplicateur : les réserves préexistent à la distribution
du crédit

 Si l’on suit l’équation 1b, la quantité de monnaie en circulation (M)


résulterait de la création de monnaie centrale BM et d’un coefficient k
reflétant les facteurs de la liquidité bancaire. Le coefficient k peut alors
s’interpréter en tant que multiplicateur de crédit, traduisant la relation
entre la monnaie nouvelle et le montant des réserves excédentaires
initiales.

 Il est alors capital de revenir sur l’origine du processus d’expansion


monétaire, et de s’interroger sur la provenance des réserves excédentaires
initiales au début du tableau.

48
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.2 L’approche du multiplicateur : les réserves préexistent à la distribution
du crédit

 S’agissant d’une amélioration de la liquidité bancaire, ces réserves ne


peuvent résulter que des quatre facteurs de la liquidité bancaire :

i) La fourniture de devises par leurs clients. Les banques vont par la suite
vendre ces devises à la Banque centrale qui va créditer leurs comptes de
réserve ;

ii) Une diminution des désirs d’usage des billets au sein de la population
(baisse du coefficient de préférence pour les billets b). Les agents non
financier s vont déposer ce surplus de billets à leurs banques, ce qui va
augmenter leurs avoirs de réserve ; 49
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.2 L’approche du multiplicateur : les réserves préexistent à la distribution
du crédit

iii) La banque centrale finance le Trésor Public. Le Trésor en payant ses


créanciers va conduire ces derniers à remettre leurs chèques à leurs banques
; ce qui va entraîner un virement de monnaie centrale du compte du Trésor
vers les comptes des banques commerciales ;

iv) La banque centrale décide de diminuer le coefficient de réserves


obligatoires r ; automatiquement, le montant des réserves, initialement
obligatoires, est revu à la baisse au profit des réserves excédentaires.

50
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.2 L’approche du multiplicateur : les réserves préexistent à la distribution
du crédit

 Dans les deux premiers cas (fourniture de devises et diminution de l’usage


de billets), la mise en route du processus de multiplication est autonome
dans le sens où aucun acteur du système bancaire n’est actif.

 Par contre, dans les deux autres circonstances (financement Trésor et


diminution r), le rôle préalable de la banque centrale en alimentant le
système bancaire en liquidité, permet à ce dernier de développer, de
dérouler sa propre activité de création monétaire.

 Autrement dit, la création de monnaie centrale précède la création de


monnaie bancaire et en détermine ainsi le montant. 51
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.2 L’approche du multiplicateur : les réserves préexistent à la distribution
du crédit

 Dans l’optique du multiplicateur, les banques commerciales sont donc


dépendantes et passives car elles font face à une contrainte de ressources
préalables.

 Elles ne peuvent distribuer du crédit que si elles disposent au départ d’une


avance de liquidité de la part de la banque centrale, et la masse monétaire
est ainsi parfaitement maîtrisée par les autorités.

52
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.3 L’approche du diviseur : le refinancement résulte de la distribution de
crédit

 Dans l’optique du diviseur, les responsabilités dans la mise en route du


processus de création monétaires sont inversées : ce sont les banques
commerciales qui ont le premier rôle.

 En effet, avant d’accorder des crédits, les banques ne se préoccupent pas


de l’existence ou non de réserves excédentaires. C’est seulement par la
suite qu’elles chercheraient à se refinancer auprès de la banque centrale.

53
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.3 L’approche du diviseur : le refinancement résulte de la distribution de
crédit

 Afin de présenter la logique du diviseur de crédit, on peut reprendre


l’exemple chiffré du tableau précédent :
Vague de Crédits Fuite en Dépôts Réserves Besoins en
crédits nouveaux Billets obligatoires refinancement
(ΔC = ΔM) (ΔB) (ΔD) (ΔRO) (ΔB + ΔRO)

1ere 1000 200 800 80 280


2e 720 144 576 57,6 201,6
3e 518,4 103,7 414,7 41,5 145,2
4e 373,2 74,6 298,6 29,9 104,5
5e 268,7 53,7 215 21,5 75,2
…… ……. …… …… …… ……
54
nième 0 0 0 0 0
Total 3570 714 2856 285,6 999,6 ≈ 1000
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.3 L’approche du diviseur : le refinancement résulte de la distribution de
crédit

 Le mécanisme demeure identique mais la colonne « réserves


excédentaires » disparaît.

 Le processus débute directement à la colonne « crédits nouveaux »


lorsqu’un client demande à sa banque un crédit de 1000. Celle-ci vérifie
les conditions de risque et de rentabilité et accorde le crédit sans se
préoccuper de l’état préalable de sa liquidité bancaire.

 La dernière colonne ne représente plus les fuites de réserves


excédentaires mais les besoins successifs de refinancement en monnaie
centrale pour faire face aux demandes de billets et à la nécessité de 55
constituer des réserves obligatoires suite à l’augmentation des dépôts.
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.3 L’approche du diviseur : le refinancement résulte de la distribution de
crédit

 Au final, pour créer de la monnaie à hauteur de 3570, la banque centrale


doit donc se procurer 1000 de liquidités supplémentaires auprès de la
banque centrale :

Situation finale
ACTIF PASSIF
Crédits accordés 11 570 Dépôts à vue 12 856
Réserves totales 2 286 Refinancements 1 000
Dont R0 1 286
RE 1 000
Total 13 856 Total 13 856
56
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.3 L’approche du diviseur : le refinancement résulte de la distribution de
crédit

 La banque commerciale plutôt que d’utiliser ses réserves excédentaires a


eu recours aux refinancements de la Banque centrale.

 Dans l’optique du multiplicateur, 1F de monnaie centrale donne lieu à


3,57F de crédits. Dans l’optique du diviseur, 3,57F de crédits accordés par
les banques nécessitent 1F de refinancement auprès de la banque centrale.

57
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.3 L’approche du diviseur : le refinancement résulte de la distribution de
crédit

De manière plus générale, l’équation 1a remplace l’équation 1b :

(1a) : BM = [b + r. (1 – b)].M = d.M


1
(1a) : BM = .M
k

 L’émission de monnaie par la banque centrale est une fraction 1/k de la


masse monétaire préalablement créée par les banques à travers leur
activité de crédit, d’où le nom de diviseur de crédit ou de refinancement.

58
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.3 L’approche du diviseur : le refinancement résulte de la distribution de
crédit

 L’initiative de la création relève donc ici clairement des banques


commerciales, mais nécessite une validation ultérieure par la banque centrale.

 Cette dernière peut bloquer le déroulement du processus à tout moment en


refusant le refinancement systématique ou en le rendant très coûteux.
Néanmoins, la banque centrale pourra difficilement refuser de refinancer les
banques qui en font la demande car elle risquerait de déclencher des faillites
bancaires et, ainsi, de remettre en cause le bon fonctionnement de tout le
système de paiements qui repose sur la confiance accordée par le public.

 Mais si la banque centrale ratifie, entérine par un refinancement quasi-


automatique, l’offre de crédit des banques à leur clientèle, alors la création 59
monétaire devient de nouveau potentiellement illimitée, avec des risques de
dérives inflationnistes que cela engendre.
2. Les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
2.3 Le multiplicateur de crédit et ses interprétations
2.3.3 L’approche du diviseur : le refinancement résulte de la distribution de
crédit

 Nicolas Kaldor expose ce dilemme de la banque centrale en ces termes : «


la banque d’Angleterre ou la Banque de France occupe une position similaire à
celle d’un monarque constitutionnel : elle possède des pouvoirs très vastes sur le
papier, mais des pouvoirs dont le maintien et la continuation dépendent du degré
de restriction et de modération avec lequel ceux-ci ont été exercés ». (« The new
monetarism », Loyds Bank Review, juillet 1970)

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