Diagnostic Patrimonial - Domaine de Celeyran

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DIAGNOSTIC PATRIMONIAL

DOMAINE DE CELEYRAN

PRAE HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC


COMMUNE DE SALLES-D’AUDE

Département Economie et Emploi


Direction de la Culture et du Patrimoine
Service Patrimoine Régional
Secteur Inventaire général du patrimoine culturel
Texte : Lionel Rodriguez
Photographies : Marc Kérignard, Lionel Rodriguez, collection particulière
Documents graphiques : Cabinet Ingérop, Véronique Marzo-Marill
Maquette : Véronique Marzo-Marill
Collaboration scientifique et méthodologique : Jean-Michel Sauget, Michel Wienin
Remerciements : Paul et Nicole Nolevalle

octobre 2010

Photo de couverture : Cl. Marc Kérignard


DIAGNOSTIC PATRIMONIAL
DOMAINE DE CELEYRAN

PRAE HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC


COMMUNE DE SALLES-D’AUDE

Inventaire général et patrimonialisation

Désormais intégré aux politiques sectorielles des Régions et de


leurs partenaires territoriaux, l'Inventaire trouve sa justification
dans la logique scientifique d'expertise et la logique administrative
de prescription. Il s'agit de fournir aux décideurs territoriaux des
outils tant conceptuels que scientifiques pour comprendre le phé-
nomène de patrimonialisation, au service de leur compétence en ur-
banisme, en aménagement du territoire et en développement local.
Il n'existe pas de patrimoine a priori. Une œuvre est intégrée au
corpus dès lors qu'un médiateur (l'Inventaire général) lui a appliqué
des valeurs objectives d'ancienneté, d'authenticité, de rareté, de si-
gnificativité et de beauté. D'autres critères entrent en compte mal-
gré leur caractère exorbitant la sphère scientifique : valeur vénale,
utilitaire ou démocratique. L'œuvre est ainsi extraite de la masse
des artefacts en raison de sa valeur patrimoniale utile à la société re-
présentée par ses élus, les propriétaires, les associations. Le patri-
moine est donc le fruit d'une convention d'appropriation qui
n'existe tant qu'un dialogue est établi entre l'œuvre et la société,
c'est à dire un consensus justifiable et sans cesse entretenu. La pa-
trimonialisation entraîne naturellement protection et conservation,
car le patrimoine est précisément défini par sa transmission justi-
fiée par des valeurs.

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Conclusions du diagnostic
Valeur patrimoniale des édifices tion entre 1807 et 1809. Son authenticité est forte.
Elle s'étend même aux deux ailes du régisseur anté-
Valeur d'ancienneté rieures qui furent intégrées au nouveau programme.
Ancienneté de l'occupation Le jardin et le parc conservent l'architecture qui leur
Malgré les légendes qui entourent Celeyran, seuls fut donnée durant la seconde moitié du XIXe s., au
deux sites archéologiques sont connus : une sépul- moment de leur premier aménagement. Toutefois
ture antique découverte à l'est de l'église mais faible- l'authenticité du parc a été altérée par le creusement
ment documentée et la chapelle qui conserve ses des bunkers et des tranchées de liaison par l'armée
élévations préromanes, romanes et modernes. allemande.
Cependant un village fortifié doté de son château est
attesté par les textes. La zone est donc archéologi- Valeur de rareté
quement sensible. Le précédent propriétaire n'a dé- La nef préromane est d'une grande rareté en raison
couvert aucun vestige archéologique en arrachant ses de son ancienneté, de son développement architec-
vignes. Il est possible que l'habitat médiéval soit tural et de son état de conservation.
conservé sous les bâtiments actuels ou à proximité L'intégration d'une chapelle médiévale dans un jar-
immédiate. Le plan de 1807 localise précisément les din paysager de la seconde moitié du XIXe s. est peu
bâtiments antérieurs à la reconstruction. Le château fréquente.
pourrait reposer sous la partie ouest du jardin et l'aile L'architecture néoclassique du château datée du Pre-
ouest du château. La zone orientale du jardin et une mier Empire est assez standard mais la demeure est
partie de la cour du régisseur recouvriraient les fon- antérieure à la vague de construction de châteaux
dations d'une partie des dépendances. Un réseau de dans tout le vignoble languedocien, particulièrement
galeries et de puits parcourt le sous-sol aux abords en Biterrois et Narbonnais. Cette remarque ne satis-
des bâtiments. Il n’est pas datable pour le moment. fait pas complètement le critère de rareté.
Le lapidaire conservé sur place ou ayant transité par L'organisation générale des bâtiments éclairée par les
Celeyran provient vraisemblablement de Narbonne. textes met en évidence l'esprit physiocratique des
Il donne l'illusion de l'antiquité de l'occupation. propriétaires. Bien que reconstruit sous le Premier
Ancienneté des édifices Empire, Celeyran a été conçu comme une survivance
L'église est le bâtiment conservé le plus ancien. La du XVIIIe s. Le style néoclassique du château, assez
présence importante d'élévations préromanes et la courant, témoigne de cette volonté des Mengau de
conservation d'un clocher roman lui confèrent une s'ancrer dans la tradition aristocratique de la villégia-
valeur d'ancienneté indéniable. Une étude archéolo- ture. La préoccupation pour la recherche agrono-
gique générale serait bienvenue pour lever certaines mique est illustrée par la rationalité du programme
zones d’ombre dans la chronologie relative de l’édi- des dépendances agricoles. Celeyran est dans la pre-
fice. mière moitié du XIX e s. un domaine polycultural où
Les deux ailes du régisseur liées au château seraient la céréaliculture côtoie une viticulture en plein déve-
datables de la fin du XVIIe s. ou du début du XVIIIe loppement, où est tentée l'introduction du mouton
s., consécutives à l'acquisition de Cyprien Mengau en mérinos sur les garrigues du Pech et de la Clape, où
1695. Une réserve est faite pour la datation de l'aile est expérimentée la race des chevaux de Camargue,
du régisseur, à la différence des anciennes écuries à où est attesté l'élevage du ver à soie en 1822 dans une
l'architecture plus explicite. région peu connue pour cette activité. Celeyran illus-
Le château et les dépendances agricoles ont été re- tre un mélange de tradition et de modernité, reflet de
bâtis entre 1807 et 1809 ce qui tempère la valeur d'an- la personnalité de Jacques Mengau, ancien seigneur
cienneté globale. de Celeyran, acquéreur de biens nationaux. Ses héri-
tiers perpétueront cette dynamique durant tout le
Valeur d'authenticité XIXe s., développant avec précocité la monoculture
L'authenticité caractérise la permanence du lien avec l'état initial. viticole et la technique innovante de lutte contre le
La nef préromane de la chapelle est conservée mais phylloxéra par immersion du vignoble. L'architecture
le clocher a été bâti postérieurement, le chœur a été des dépendances agricoles de Celeyran permet de lire
reconstruit à l'époque moderne et le XIXe s. a ap- le passage de la polyculture modernisée à la mono-
porté une surélévation au clocher. culture viticole.
Le château a été très peu remanié depuis sa construc-

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La construction du grand chai répond aux nécessités Valeur de beauté
de logement du vin produit en très grande quantité. Beauté scientifique
Ses dimensions en font l'un des plus grands chais pri- Ce critère est rempli par la cohérence stylistique des
vés du Languedoc. Sa construction datée des années bâtiments et de leurs décors. Les états successifs sont
1850, ainsi que l'emploi de chandelles en fonte por- très lisibles, notamment pour les constructions les
tant un plancher à voûtains sont extrêmement pré- plus récentes. La chapelle ne possède pas cette cohé-
coces et témoignent d'une recherche de modernité. rence en elle-même mais plutôt à travers le parc pay-
Le parc possède un oranger des osages dont l'autre sager auquel elle appartient. La lisibilité de
seul spécimen connu en Languedoc-Roussilon se l'organisation hiérarchique est élevée.
trouve au Jardin des Plantes de Montpellier. Beauté esthète
L'histoire de Celeyran est rehaussée par le passage du Celeyran possède sans conteste une beauté due à la
peintre Henri de Toulouse-Lautrec qui laisse un en- qualité de son site d'implantation et à sa qualité ar-
semble d'œuvres réalisé lors de ses séjours. Les œu- chitecturale.
vres sont conservés en partie au musé d'Albi. Le château est un élégant pastiche de style néoclas-
La présence de bunkers de la Seconde guerre mon- sique très à la mode au XIXe s., renforcé par les ap-
diale dans un jardin paysager de la seconde moitié du ports décoratifs du propriétaire durant les années
XIXe s. est originale, voire exceptionnelle. Celeyran vingt.
appartenait au dispositif allemand de défense de la Le parc paysager post-romantique vaut surtout pour
côte méditerranéenne dont d'autres vestiges sont vi- la qualité de certains sujets (cèdres, ifs, oranger,
sibles notamment à Gruissan. De ce point de vue, chênes) et l'association de l'étang artificiel avec la cha-
Celeyran intègre un réseau architectural cohérent. pelle.
Les dépendances agricoles sont remarquables pour
Valeur de significativité leur aspect rustique mais aussi pour leur gigantisme.
Il s'agit de déceler un trait représentatif d'un type architectu-
ral et de déterminer sa valeur symbolique. Synthèse
Sur le plan sociologique, il constitue le cadre de vie du
groupe aristocratico-bourgeois qui fusionne au XIXe La valeur patrimoniale de Celeyran est certaine. Elle
s. La famille détentrice perpétue la tradition de la vil- résulte de l'histoire du domaine (dimension immaté-
légiature au domaine et du nomadisme, issu de la rielle) et d'un ensemble de bâtiments d'intérêt inégal
multipropriété et des liens de parenté. La présence de (dimension matérielle).
Toulouse-Lautrec s'explique par l'appartenance de sa Celeyran est riche des apports de chaque époque,
mère aux Tapié-Mengaud. Ces familles aiment beau- mais c'est le XIXe s. qui marqua le plus profondé-
coup se faire photographier. Les clichés conservés ment l'architecture du domaine. Pour autant les
font revivre l'image d'une tribu nombreuse dominée sources et la présence d'une église médiévale en par-
par le chef de famille et entourée d'une abondante tie préromane indiquent une très forte antériorité
domesticité. Un parc paysager post-romantique com- rendue quasiment invisible. Le sous-sol du domaine,
plète le programme architectural dédié à l'agrément et en particulier l'emprise des bâtiments actuels et
des propriétaires. Ceux-ci sacrifient à la mode de leurs abords immédiats sont d'une grande sensibilité
l'exotisme ayant cours sous le Second Empire, tout archéologique. L'intérêt architectural résiderait selon
comme l'élevage de paons qui peuplent encore le do- nous dans les dépendances agricoles et dans le parc
maine. paysager dans toutes ses composantes (essences,
Sur le plan organisationnel, le domaine de Celeyran étang, chapelle, bunkers). Le château présente moins
est représentatif du grand domaine viticole tradi- d'intérêt pris isolément. L'image de Celeyran est pour
tionnel du Languedoc. L'organisation hiérarchique se l'essentiel figée au milieu du XIXe s. Elle n'a de sens
lit à travers la distribution des bâtiments et des pièces qu'appréhendée globalement, via le jeu des complé-
du château. Un certain gigantisme affecte l'architec- mentarités entre les édifices, composant un ensem-
ture des dépendances agricoles, témoin du dyna- ble fonctionnel cohérent.
misme agronomique des propriétaires et de leurs Celeyran est aujourd'hui redevenu un "bien national".
considérables moyens financiers. Le passage de la po- Mais le consensus social est inexistant. Le domaine
lyculture à la monoculture viticole ne modifie pas le est le symbole de la grande propriété, ayant pour co-
programme de la commanderie. rollaire un certain isolement aristocratique peu com-

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patible avec le sentiment de responsabilité patrimo- positif MH et un PLU patrimonial. Le premier ga-
niale collective. Celeyran n'est porteur de mémoire rantirait un contrôle a priori, le deuxième instaurerait
que pour les familles qui y ont vécu ou pour les per- u n règlement d’intervention.
sonnes sensibles à leur mode de vie. Les populations Ainsi il est proposé d'accorder au bloc épigraphié le
voisines de Salles-d'Aude et de Coursan n'avaient statut d'objet mobilier et de le transférer au musée de
pour lien avec le domaine que le travail ou la Kom- la Romanité de Narbonne. Il conviendrait ensuite
mandantur, ce qui n'est guère mobilisateur. Le rayon- d'inscrire la chapelle, ce qui créerait le périmètre des
nement de Celeyran ne dépasse pas les limites 500 mètres englobant la totalité des bâtiments et en-
communales, hormis peut-être pour le gigantisme de traînerait l'inscription de la zone dans les documents
son chai et le passage de Toulouse-Lautrec, toutefois d'urbanisme communaux. En complément, le PLU
insuffisants pour assurer à eux seuls une quelconque de Salles peut s'enrichir de prescriptions de conser-
attractivité. vation avec cahier des charges, ce qui simplifierait
C'est pourquoi la seule justification de la patrimonia- l'instruction par l'Architecte des Bâtiments de France.
lisation de Celeyran, au-delà de sa valeur historique et
scientifique serait sa reconversion. Un projet touris- Il serait justifié de procéder à des travaux de conso-
tique organisant des prestations hôtelières pourrait lidation et de conservation préventive. L'état général
être une voie possible qui offrirait l'avantage de pré- du château est globalement passable et la sensibilité
server le cadre naturel du site. En effet le village de archéologique de la zone importante. La chapelle né-
Coursan n'est guère éloigné et fait peser la menace cessite des travaux d'urgence, justifiés par son an-
d'une urbanisation non maîtrisée qui amenuiserait cienneté, sa rareté et son degré de conservation. Le
considérablement l’attractivité des lieux. L'aménage- parc paysager a besoin d'être débarrassé des arbres
ment de logements pourrait aussi contribuer à leur tombés lors de la tempête de 1996 qui gisent encore
conservation. Ces éventualités posent la question de au sol et contre le clocher de la chapelle. Ces condi-
la protection, de la police architecturale et des coûts tions favorisent le développement des termites qui
des travaux. peuvent à terme infester les bâtiments. Le risque ar-
La protection au titre des Monuments Historiques chéologique peut être soit cartographié par des pros-
doit être clarifiée. Un choix est possible entre un pections, ce qui ne lève pas l'éventualité d'opérations
maintien de la protection, une levée de la protection d'archéologie préventive, soit être complètement
ou une protection proposée par le droit de l'urba- purgé par des fouilles qui auraient l'avantage de libé-
nisme. Une autre alternative serait de cumuler le dis- rer le terrain.

Cl. Marc Kérignard


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Diagnostic patrimonial
Historique été offerte par le propriétaire en 1877. On ignore ce
qu'elle est devenue.
L'histoire de Celeyran a suscité l'intérêt des historiens De plus on a trouvé à Celeyran un piédestal de statue
depuis la seconde moitié du XIXe s. A une époque en marbre converti en bloc reliquaire au IVe s., pré-
où l'archéologie antique passionne les sociétés sa- sentant sur une de ses faces une grande croix latine
vantes, les érudits locaux se sont intéressés à cette avec inscription. Les informations portées sur l'ins-
propriété dont l'histoire serait liée à Narbonne an- cription sembleraient indiquer que l'œuvre provienne
tique et paléochrétienne, au souvenir de Charle- de la basilique suburbaine des Saints Saturnin et Mar-
magne, aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, cel, à Narbonne, avant d'être déplacée à Celeyran et
à Henri de Toulouse-Lautrec. Les publications de la de faire retour à Narbonne. Le bloc est conservé au
Société Française d'Archéologie et de la Commission Musée archéologique de la ville ; il aurait servi de sup-
Archéologique de Narbonne témoignent de l'intérêt port d'autel.
que certains de leurs membres portent à la longue On conserve toujours à Celeyran un fragment de pié-
histoire de Celeyran et aux découvertes qui y ont été destal de statue portant une dédicace impériale datée
faites. du IVe s. L'objet provient aussi de Narbonne.
Enfin en 1993 fut découvert un sarcophage en mar-
Une occupation antique mal connue bre de Saint-Béat de type aquitain, orné d'un décor
L'antiquité constitue le substrat fréquent à toute oc- d'acanthes arborescentes et de rinceaux de vigne et
cupation humaine dans cette région de plaine traver- de lierre daté du Ve ou VI s. La cuve avait été rem-
sée par l'Aude et la Via Domitia. Pour autant, les ployée comme abreuvoir près d'un puits. Il aurait été
traces d'une occupation romaine peuvent être réelles transféré de Narbonne à Celeyran.
ou inventées. La période antique est mal connue à La qualité du mobilier est donc certaine, mais trom-
Celeyran. Le domaine n'a pas été l'objet d'une pros- peuse. Ces œuvres proviendraient de Narbonne. On
pection archéologique systématique sur les terres cul- ignore donc si un habitat antique occupait le site, qui
tivées, et n'a pas bénéficié de sondages d'évaluation aurait pu ensuite jouer un rôle dans la formation des
aux abords des bâtiments. Si bien que l'on ne peut se noyaux de peuplement médiévaux.
baser que sur des observations anciennes, sur les do- A l'exception du support d'autel déjà conservé au
cuments lapidaires découverts plus ou moins récem- Musée Archéologique de Narbonne, les autres docu-
ment et sur les observations du précédent ments lapidaires vont être inventoriés avec l'ensemble
propriétaire. des collections lapidaires municipales en vue de
Un site gallo-romain est connu à l'est de la colline du constituer la collection du Musée de la Romanité
Pech Celeyran, le long de la route de Salles. Mais il dont la Région est maîtresse d'ouvrage.
est situé hors zone d'étude.
Sur l'emprise actuelle du domaine, on ne connaît De la villa au castrum
qu'un seul site archéologique mis au jour à l'est de la La période médiévale est mieux documentée par les
chapelle : il s'agirait d'un tombeau renfermant des textes et par le bâtiment de la chapelle encore
fragments d'amphores et de céramiques, sans plus conservé. Les sources textuelles n'ont pu être re-
d'explications ni de mobilier publié. cherchées exhaustivement car l'entreprise excèderait
Les documents lapidaires conservés à Celeyran sont le cadre du diagnostic. Il s'agissait de reprendre la do-
connus depuis longtemps. Il s'agit d'abord d'un frag- cumentation utilisée par les historiens, d’exploiter les
ment d'inscription funéraire gallo-romaine classé archives privées détenues par le précédent proprié-
parmi les Monuments Historiques depuis le 6 no- taire, complétées par de nouvelles recherches suc-
vembre 1952. Ce bloc épigraphié était mis en œuvre cinctes aux Archives Départementales de l'Aude. Les
dans le mur sud du sanctuaire de la chapelle mais a auteurs citent des pièces d'archives conservées dans
depuis 1995 été déplacé dans le château pour lui of- divers fonds qui n'ont pu être consultés : fonds des
frir de meilleures conditions de conservation et de manuscrits de la bibliothèque municipale de Carcas-
sécurité. Il provient de Narbonne où il ornait la fa- sonne, fonds des Archives Municipales de Narbonne,
çade de la maison Ricardelle jusqu'à une date incon- le fonds de Malte aux Archives Départementales des
nue. Bouches-du-Rhône et le fonds de Doat aux Archives
La documentation fait état d'une deuxième inscrip- Nationales. Nous avons essentiellement travaillé sur
tion remployée dans un mur de la chapelle qui aurait des inventaires, des synthèses modernes de docu-

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ments médiévaux et sur des pièces modernes au- une cour, des prisons, une cour de justice armoriée,
thentiques. Les données archéologiques reposent sur un moulin à vent et un moulin à huile. Les XIVe et
l'analyse stratigraphique visuelle des parements de la XVe s. sont marqués par des conflits d'hommages et
chapelle, apparents ou sous enduits. de possessions de terres entre les coseigneurs. Le
La fondation de l'église de Celeyran par Charlemagne contentieux est soldé par des cérémonies d'hom-
constituerait l'acte connu le plus ancien d'après la vi- mages et des bornages. A partir de 1400 les Dolens
site pastorale de 1404. Le fait est alors considéré ou Dorlan originaires de Moujan (commune de Nar-
comme établi mais rien ne permet de le confirmer. Il bonne), succèdent aux Saint-Just. On ne trouve plus
relève selon nous de la légende, fort ancienne il est trace à partir de l'acte de paréage d'une communauté
vrai. Notre scepticisme est renforcé par la confusion villageoise. Qu'est devenu l'habitat ? Le château sem-
qui entoure les vocables et les statuts de la paroisse et ble assuré d'une certaine pérennité, car chargé d'une
de l'église de Celeyran d'après la synthèse de la visite valeur symbolique, tout comme l'église qui conserve
pastorale de 1404 que l'on doit au notaire Rocques son statut paroissial. Mais les habitants et leurs biens
(XVIIe s.). Il y est fait état d'une paroisse Saint-Mar- disparaissent des textes. Les villages voisins, et sur-
cel-de-Cereyran dans laquelle était édifiée une cha- tout Coursan, plus proche, ont peut-être absorbé la
pelle dédiée à saint Cassian fondée par Charlemagne, communauté de Celeyran.
plus loin qualifiée d'église. On ignore si la chapelle
Saint-Cassian correspond à l'église Saint-Marcel-de- Un grand domaine en coseigneurie
Celeyran qui est le vocable de l'église au moins de- La période moderne s'ouvre par le testament de Phi-
puis 1400. Il est à noter que les saints Marcel et lippe Dorlan rédigé en son château de Celeyran. Daté
Cassian sont vénérés à Narbonne depuis le Ve s, de 1519, il nous apprend que l'église de Celeyran pla-
comme en témoigne le support d'autel reliquaire cée sous le vocable de Saint Marcel abrite le caveau
trouvé à Celeyran mais provenant de l'église subur- familial et deux chapelles. L'une dédiée à la Vierge ac-
baine dédiée aux saints. La raison de la confusion des cueille le tombeau de sa mère. Une deuxième qu’il a
vocables de l'église de Celeyran proviendrait de la fondée mais dont on ne connaît pas le vocable. Elle
présence dans l'église de ce support d'autel épigra- est desservie par un chapelain domicilié dans une
phié, lors de la visite de l'archevêque en 1404. Quand
l'objet a-t-il été transféré de Narbonne à Celeyran ?
La mention la plus ancienne de Celeyran concerne
ses dîmes dont un quart est donné à l'archevêque par
des laïcs en 1120. L'église est alors liée à un territoire
qui apparaît comme structuré, qualifié de villa en
1204 ("villa de Celeiranum de Seraino"), et possédé
par un seigneur mentionné vers 1270 (Pierre de Ce- SERAYRAN
leyran est coseigneur de Sigean). En 1271, Celeyran
est qualifié de castrum et ses limites sont fixées avec
les localités voisines. En 1322 la communauté de Ce-
leyran est citée dans un arbitrage ; elle est pourvue
d'un consulat mentionné en 1346. Celeyran a donc
connu l'évolution classique des villages médiévaux du
Bas-Languedoc. Il constitue au milieu du XIVe s. une
seigneurie laïque et une paroisse, possède sa com-
munauté d'habitants ayant obtenu de son seigneur le
consulat et rassemblée au sein d'une agglomération
fortifiée.
La situation change en 1353 lorsque le seigneur Ray-
mond de Saint-Just propose en paréage Celeyran à
l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem,
en la personne du Commandeur de Périès (commune
de Capestang, Hérault). La description des lieux est AM Narbonne, AA 108 f°37, XIVe s. Tableau des lieux distraits
précisée par les clauses de l'acte qui citent un château, de la viguerie de Béziers pour former la viguerie de Narbonne.

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belle maison construite près de l'église. Cette chapelle jouer son office. Ce dernier était pourvu d'une pen-
avec son desservant est peut-être destinée au service dule.
funéraire. Cependant, la mention d'une chapelle pla- Des dépendances agricoles complétent la composi-
cée dans une église ne correspond pas toujours à la tion sans que l'on sache si les bâtiments sont liés phy-
construction d'un corps de bâtiment : il peut s'agir siquement au logis. Il s'agit d'une salle voûtée à la base
d'un autel adossé au mur d'un édifice existant. d'une tour, d'un chai, d'une écurie, d'un hangar, d'une
En 1597 la part laïque de la coseigneurie passe aux écurie de juments, d'une bergerie de 321 têtes, d'une
Saint-Jean de Voisins barons de Moussoulens (can- maison de berger, d'une maison du conducteur de ju-
ton d'Alzonne, Aude), puis à Cyprien Mengau en ments, d'un cellier du ramonet et d'une chambre de-
1695. Les Mengau sont citoyens de Narbonne et cor- vant un puits. Les dépendances sont complétées par
recteurs en la Cour des Comptes, Aides et Finances la construction en 1734 par Jacques Amilliac maçon
de Montpellier. Ces nobles de robe d'origine bour- plâtrier de Narbonne, d'une bergerie et d'une maison
geoise possèdent un hôtel particulier à Narbonne et de berger.
disposent à Celeyran d'une propriété rurale qu'ils ne Celeyran offre ainsi l'image d'un domaine agricole
vont pas tarder à transformer en résidence de villé- cultivé par un chef d'attelage, le ramonet, à la tête
giature. Déjà le château de Celeyran, suggéré par les d'une exploitation vaste et d'un cheptel ovin impor-
textes depuis 1270 et mentionné en tant qu'édifice en tant qui pâture dans les garrigues. La céréaliculture
1353, est habité par les Dorlan au XVIe s. est majoritairement pratiquée dans cette zone plate
L'inventaire après décès de Cyprien Mengau en 1711 et bien arrosée, sans que la viticulture ne soit pour
nous offre la première description précise des bâti- autant délaissée. Le détail des biens inventoriés té-
ments. La visite traduit la distinction classique des do- moigne d'un certain degré d'aisance, par la profusion
maines entre partie résidentielle et dépendances des outils de culture, des réserves de grain et de vin.
agricoles. Les trois commissaires abordent le logis par Par contre, le mobilier rencontré dans le logis ne s'il-
le rez-de-chaussée pour ensuite gagner les étages, en lustre pas par son raffinement. Céleyran est en 1711
signalant le passage du vieux bâtiment au bâtiment une métairie rustique mais prospère. Une touche de
neuf. Il est possible alors de restituer l'image d'un bâ- luxe est apportée en 1770 par la livraison de deux
timent unitaire composé de deux corps, l'un corres- cheminées et trois encoignures en marbre griotte lus-
pondant aux constructions entreprises par Cyprien tré, réalisées par Gillard marbrier de Caunes-Miner-
Mengau depuis son acquisition en 1695, l'autre au bâ- vois. L'habitat a disparu, et les registres paroissiaux
timent antérieur, peut-être les vestiges du château mé- ne sont plus remplis que par les employés du do-
diéval occupé par les Dorlan au XVIe s. La visite maine, originaires des villages voisins. Un curé assisté
respecte la distribution des pièces qui réunit dans le d'un vicaire dessert la paroisse jusqu'en 1791.
même bâtiment des espaces appartenant aux deux
bâtiments, si bien que l'on comprend que le bâtiment Un grand domaine physiocratique reconstruit
neuf correspond à une extension du bâtiment vieux. sous l'Empire
Le bâtiment vieux est composé d'une salle basse sur- Une nouvelle ère s'ouvre pour Celeyran avec la vente
montée d'une salle haute disposant d'un cabinet. Les des biens nationaux. Il faut noter que les biens de
deux niveaux communiquent par un grand degré. Le l'Hôpital sont vendus comme biens de première ori-
bâtiment ne posséde pas de greniers. Se forme alors gine, tandis que les biens de Jacques Mengau, dont la
le schéma hypothétique d'une demeure seigneuriale famille est maintenue noble en 1696, ne sont pas alié-
reposant sur un niveau à vocation de stockage ou lié nés. Mieux, c'est Jacques Mengau par l'intermédiaire
à l'activité agricole, surmonté d'une grande salle avec d'un prête-nom, qui en fait l'acquisition, permettant
chambre directement placées sous la toiture ou com- ainsi à Celeyran de retrouver son unité originelle per-
bles perdus. due depuis l'accord de paréage de 1353. A l'occasion
Le bâtiment neuf s'élevait sur deux niveaux sous de la vente de l'église, on apprend que les deux
combles. Le rez-de-chaussée se composait d'une cui- cloches sont descendues en 1792 avant l'adjudication,
sine, d'un pétrissoir, d'un cabinet sous un escalier et et que le mobilier se compose d'un devant d'autel en
d'un cellier. Le premier niveau possédait un salon, marbre rouge surmonté d'un gradin. Un cimetière est
trois chambres et une grande salle. C'est un escalier mentionné. Les biens de l'Hôpital, que l'on appelle
plus modeste qui desservait les deux niveaux, car sans pour la première fois dans les textes "métairie de
doute le grand degré du bâtiment vieux continuait à Saint-Jean de Celeyran", se composent de deux ber-

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geries, d'une écurie, d'un chai, d'une maison pour le l'est de ces premiers bâtiments, on note la présence
ramonet et le berger. d'une construction de taille plus modeste et de forme
L'apport essentiel des documents de cette période re- irrégulière, que l'on interprète comme la métairie de
pose sur les deux plans cadastraux dressés en 1807 Saint-Jean décrite dans l'estimation de 1793 précé-
et 1809. Le premier document iconographique re- dant sa vente (n°34).
présente des bâtiments radicalement différents des En 1809 tout est bouleversé car les bâtiments actuels
constructions actuelles. L'église et le réseau des che- sont représentés. Ceux-ci sortent donc de terre entre

AD Aude. Atlas cadastraux : PW 6913. Plan de la commune, section B du AD Aude. Atlas cadastraux : PW 6893. Plan de la commune, sec-
village et C de Maurel. Plans géométriques et par masses de culture, com- tion C 7e feuille. Plan cadastral, commune de Salles-d'Aude,
mune de Salles-d'Aude, 25 août 1807. 1809-1810.

mins forment des points d'appui à l'interprétation ré- 1807 et 1809. Le château et ses communs succèdent
gressive des plans masses. Le chemin reliant Coursan aux logis et dépendances agricoles, tandis que la mé-
à Salles n'évitait pas Celeyran comme aujourd'hui tairie de Saint-Jean est entièrement démolie pour lais-
mais passait entre deux groupes de deux bâtiments ser place à la grande dépendance agricole appelée
qu'il séparait en décrivant une chicane : à l'ouest le depuis "commanderie". L'église devient la chapelle
château et ses dépendances connus dans leur état de privée du château. Pour matérialiser l'union des deux
1734, à l'est les biens de l'Hôpital et l'église avec son anciennes coseigneuries, le chemin les séparant dis-
cimetière. paraît. Si l'édification de la commanderie fait table
Parmi les bâtiments regroupés à l'ouest du chemin et rase de la métairie, il semble que cela ne soit pas le cas
d'après l'inventaire de 1711, il serait possible de situer des communs du château.
le logis dans le bâtiment rectangulaire régulier à corps Les communs occupent depuis 1809 deux corps de
placé à l'ouest de ce qui semble être une cour où dé- bâtiment en retour d'équerre, dont l'une des extré-
bouche une allée montant du sud-ouest (n°41). Lui mités forme une aile du corps de logis, prise dans le
faisant face, un bâtiment régulier composé de plu- périmètre du jardin. Le plan de 1807 représente ces
sieurs corps répartis autour d'une cour correspon- deux corps appartenant aux anciennes dépendances
drait aux dépendances agricoles (n°39). La bergerie et agricoles du château. Ils délimitent une cour sur deux
maison construites en côtés, qui disparaît en 1809 par la démolition des au-
1734 s'élevaient peut-être à tres ailes, de manière à agrandir le jardin devant le
l'entrée ouest du domaine, nouveau logis. Le bâtiment interprété comme la ber-
le long du chemin de gerie et maison du pasteur construit en 1734 (n°40
Coursan (n°40). Dans l'an- du plan de 1807), pourrait être conservé en 1809 sous
gle formé par la chicane, à le n°1011 ou 1013.
Jacques Mengau qui initie la reconstruction de sa pro-
AD Aude. Atlas cadastraux : PW priété décède à Celeyran le 21 août 1811 à l'âge de 89
6893. Plan de la commune, sec-
tion C 8e feuille. Plan cadastral, ans. Il lègue le domaine à son neveu Esprit Tapié,
commune de Salles-d'Aude, propriétaire domicilié à Narbonne qui prendra le
1809-1810.

10 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
nom de Tapié-Mengaud. Cet homme fort riche pos- moderne : les chevaux participent traditionnellement
séde plusieurs domaines autour de Narbonne comme à la céréaliculture et à l'attelage, tandis que la force
le Pech, la Ricardelle et Sainte-Lucie, en plus de ses plus importante des bœufs est requise pour défoncer
hôtels de Narbonne et Béziers. Il ne semble pas avoir les garrigues plantées en vignes. Le mouton mérinos
apporté de modification majeure aux bâtiments car le qui n'est connu sous l'ancien régime que dans la ré-
plan cadastral de 1829 ne présente pas de différence gion d'Arles est introduit à Celeyran, tout comme
avec le plan de 1809. Mais dans la lignée des aristo- l'élevage des chevaux de Camargue. Or, le cheval de

AD Aude. Atlas cadastraux : PW 9118 10. Plan de la commune de RIVIERES (Baron Edmond de), "Exploration dans le Bas-Languedoc, rap-
Salles-d'Aude, section C de Celeyran, 3e feuille. Plans dits "napoléo- port lu au Congrès Archéologique de France le 23 septembre 1867", Congrès
niens", 1829. archéologique de France, Société Française d'Archéologie, Paris, 1867, p. 279.

crates éclairés des Lumières et des physiocrates, il est Camargue actuel est issu d'une sélection génétique
attentif aux innovations agronomiques. Ainsi une que tente le marquis de Baroncelli, contemporain
plainte de son garde champêtre particulier nous ap- d'Amédée Tapié-Mengau. Dans les années 1870, la
prend qu'en 1822 un champ est complanté de mû- recherche est en cours, si bien que les chevaux de Ce-
riers, certainement destinés à l'élevage des vers à soie. leyran participent peut-être à l'expérimentation, pour-
La progression de la viticulture au cours du XIXe s. quoi pas sur l'île de Sainte-Lucie, comme les mérinos
s'illustre à Celeyran par la construction de l'immense eux aussi venus de la région d'Arles. Il conviendrait
chai visité en 1859 pour concourir à la prime d'hon- d'approfondir ce lien entre Celeyran et Arles. C'est
neur. Esprit Tapié-Mengau élève également des ju- cet oncle que Lautrec campe sur la terrasse d'une tour
ments demi-sauvages sur l'île de Sainte-Lucie. Il
décède à Celeyran le 8 mai 1866. Amédée Tapié de Esprit Tapié-Mengau (1781-1866).
Celeyran lui succède. Il est l'oncle du peintre Henri de
Toulouse-Lautrec, qui réside souvent en villégiature à
Celeyran. A la suite de son prédécesseur il met en
œuvre les acquis de la recherche agronomique en pra-
tiquant une polyculture adaptée à la qualité des sols :
36 hectares de terres pauvres sont plantées d'oliviers
et de mûriers, 156 hectares de terres riches produi-
sent des céréales, des "racines" et des plantes pour le
fourrage, complétés par un vignoble de 170 hectares
en pleine expansion grâce à une technique de boutu-
rage de sarments racinés connue depuis 1830 (la
plantation en pourrette). Pour travailler ce domaine,
35 chevaux et mulets sont nécessaires, auxquels
s'ajoutent 16 bœufs, 1200 moutons mérinos et 70
chevaux de Camargue. La polyculture pratiquée est

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 11
du château, contemplant ses vignes qu'il fait immer-
ger contre le phylloxéra en 1882. Il signe une série de
75 dessins sur ce thème.
Amédée Tapié-Mengaud fait procéder à des travaux
à la chapelle. L'article que publie le baron Edmond de
Rivières dans le Congrès archéologique de France en
1867 est illustré d'une gravure qui représente l'église
avant la reconstruction du clocher que l'auteur situe
en 1861. La tour est couverte d'un toit en pavillon
garni de tuiles canal, qui cède la place d'après l'article
à un étage d'attique en pierre de taille où est placé
une horloge. L'étage est couronné par une moulure
sur modillons au-dessus de laquelle se dresse un com-
ble aigü couvert d'ardoises et ajouré de lucarnes néo-
gothiques. L'arrête faîtière est garnie d'une crête
métallique fichée d'une croix. Cette description cor-
respondrait à un devis de 1877 rédigé par un maçon
de Coursan, qui précise que les ardoises en bon état
devront être remployées. On pourrait en déduire que
la reconstruction a bien lieu en 1861 mais qu'une ré-
fection est commandée en 1877, peut-être suite à des
intempéries. Le devis prévoit également la reprise des
enduits intérieurs sur 70 cm à la base des murs de
l'église, et une application générale de peinture jaune
tendre. La gravure représentant l'état d'avant 1861
place l'église près d'un carrefour de chemins au cœur
d'un parc romantique, avec lierre rampant sur la fa-
çade de l'église et du clocher, pins et peupliers. Une
colonne surmontée d'une urne se dresse près du clo-
cher, tandis qu'une barrière de bois borde un chemin
menant à l'église.
Vers 1917, le domaine est vendu à M. Soulas, entre-
preneur ayant fait fortune en Argentine. La tradition
veut que le nouveau propriétaire plante le jardin et le
parc d'acacias, de yuccas ainsi qu'un oranger des

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osages, variété originaire du Mississipi. En matière de latérales succède à la lourde cheminée de pierre pré-
décoration, il dote la cage d'escalier d'un décor en existante. La plaque rapportée datée de 1616 porte
stuc néo-classique, plaçant des tympans peints de un blason timbré d'un grand compas. Le légende si-
guirlandes de fleurs au-dessus des portes du rez-de- gnale l'appartenance de M. Soulas à la franc-maçon-
chaussée et encadrant l'escalier de deux grandes toiles nerie, ce qui expliquerait la présence des acacias,
figurant une vue d'un parc romantique dans le style symbole d'éternité et de connaissance et celle du
d'Hubert Robert et un paysage à la Le Lorrain. La compas.
salle à manger du rez-de-chaussée est débarrassée de Pendant la Seconde guerre mondiale, Celeyran de-
son décor antérieur que l'on connaît par une carte vient le siège de la Kommandantur. Quatre bunkers
postale. Les murs reçoivent des boiseries de style sont creusés dans le parc, répartis en couronne au-
XVIIIe s., une cheminée fermée dotée de banquettes tour du château et reliés par une tranchée.

Cl. Marc Kérignard


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Descriptif La partie résidentielle
Le château est établi à la croisée de l'axe des bâti-
Celeyran se présente aujourd'hui comme un grand ments et de l'axe de l'allée. Le plan masse représente
domaine viticole où s'observe la dichotomie habi- un logis en forme du U écrasé au fond d'une cour
tuelle entre partie résidentielle et partie agricole. La d'honneur, bordéà l’est par deux ailes perpendicu-
partie réservée au maître, sa famille et ses domes- laires reliées à une aile du logis.
tiques comprend le logis intégrant les pièces de ser- Le logis
vice, le jardin, le parc et la chapelle au sein du parc. La Le logis est constitué d'un bâtiment principal rectan-
partie vouée à l'exploitation se compose des deux gulaire allongé terminé par deux ailes courtes en re-
ailes du régisseur, des grandes dépendances agricoles, tour d'équerre sur le jardin. La façade postérieure de
d'un chai et d'un silo à marcs. L'étude ne prend pas en ces ailes et celle du bâtiment principal sont alignées.
compte le poulailler des années trente malgré ses qua- Deux tours y sont adossées dans l'axe des deux ailes,
lités esthétiques, le hangar surmonté d'un dortoir des de manière à renforcer la symétrie de la composition.
cadastre.gouv.fr
années cinquante, les maisons des jardiniers et cer- Le logis se compose d'un rez-de-chaussée supportant
tains éléments hydrauliques. un étage-carré, surmonté d'un étage en surcroît sous
Les constructions se répartissent le long d'un axe comble perdu. Le bâtiment principal est couvert de
nord-ouest / sud-est en trois pôles distincts : à l'ouest deux longs pans versant sur la façade principale et la
le pôle viticole avec le grand chai allongé et le silo à façade postérieure, tandis que deux croupes couvrent
marcs, au centre le château, à l'est le pôle agricole les ailes. Les deux tours symétriques dominent le logis
avec le poulailler, les dépendances agricoles et le han- de deux niveaux supplémentaires, surmontés par un
gar surmonté d'un étage d'habitation. Château et ailes toit terrasse festonné d'un garde-corps à balustres. La
du régisseur forment un même ensemble homogène. tour de droite dissimule un château d'eau trahi par
La distribution des bâtiments obéit au schéma hié- une jauge placée en façade principale. Le logis est pré-
rarchique classique : le château est isolé des autres bâ- cédé par un jardin clos complété d'un parc qui se dé-
timents et placé au centre de la composition au veloppe à l'ouest et sur l'arrière. La circulation
débouché d'une allée majestueuse. Même si les deux extérieure s'effectue par quatre portes en façade prin-
autres pôles connaissent un plus grand développe- cipale et deux portes en façade postérieure.
ment architectural, leur position subalterne est mar- La façade sur jardin se compose de cinq pans : un
quée par leur relégation en périphérie. pan allongé central du corps de logis principal, et

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deux pans par aile latérale de largeurs plus réduites. porte, d'un balcon et d'une fenêtre superposées. Les
L'ordonnance de chaque pan obéit à un rythme ter- deux derniers pans développent eux aussi trois tra-
naire. Le pan allongé présente sept travées de trois vées de trois fenêtres, avec un balcon central à l'étage
fenêtres axées autour d'une travée centrale compo- sans porte en rez-de-chaussée.
sée d'une porte surmontée d'un balcon, dépourvue L'harmonie de la composition repose sur cette or-
de baie au troisième niveau. Les deux pans perpen- donnance, exempte de toute monotonie par l'emploi
diculaires sont percés de trois travées de trois fenêtres de quatre types de baies. Le type dominant est celui
réparties autour d'une travée centrale percée d'une de la fenêtre, décliné en version verticale pour le rez-

Jauge du château d’eau dissimulé dans la tour est.

de-chaussée et l'étage-carré, et en version carrée pour


les fenêtres du surcroît. Le même modèle de fenêtre
à encadrement en pierre de taille saillant à un ressaut,
couvert d'un arc segmentaire à délardement réglé a
été employé. Le modèle a aussi été décliné en porte
et porte-fenêtre dans les travées centrales où il est as-
socié à un balcon. Le couvrement de la porte du rez-
de-chaussée est alors identique à celui des fenêtres,
alors que la porte-fenêtre de l'étage-carré est couverte
d'un arc en plein cintre avec clé plate et tympan vitré.

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 15
A gauche, couloir de distribution de l’étage-carré de l’aile orientale. A droite, salon de l’étage-carré du bâtiment principal.

Les fenêtres verticales et porte-fenêtres sont fermées les ailes. Le surcroît et les tours abritent les chambres
par des contre-vent brisés doublant les châssis vitrés. des domestiques, en grand nombre. La circulation
Les fenêtres carrées du surcroît sont doublées exté- verticale est assurée par l'escalier d'honneur, de mul-
rieurement de moustiquaires et sont dépourvues de tiples escaliers de service répartis dans tout le bâti-
volets. Enfin la porte d'entrée du logis développe un ment et même un ascenseur. Les trois niveaux du
modèle unique à deux battants sous linteau plat. logis mêlaient appartement et pièces de service. En
Cette porte centrale commande l'entrée du logis en rez-de-chaussée étaient répartis en enfilade un salon,
desservant l'escalier d'honneur. Il s'agit d'un escalier une salle à manger, la cuisine, deux pièces d'office.
en rez-de-chaussée tournant à gauche à trois volées Salles à manger, cuisine et pièces d'office sont cou-
droites. La communication horizontale des deux pre- vertes de quatre voûtes d'arrêtes. L'aile gauche abri-
miers niveaux s'effectue par une série de portes en tait un bureau complété de deux pièces sans
enfilade et de couloirs de distribution à l'étage des affectation particulière. L'aile droite dissimule l'ex-
deux ailes. Ainsi le rez-de-chaussée est-il desservi par trémité d'une écurie surmontée d'un étage d'habita-
cet axe mettant en relation un salon, la salle à manger, tion. De fausses fenêtres en rez-de-chaussée
le hall, la cuisine, une arrière-cuisine et un couloir maintiennent la symétrie des façades.
conduisant à une salle d'office. A l'étage un couloir Une pièce occupe le rez-de-chaussée de la tour orien-
longitudinal distribue chaque aile. Les deux couloirs tale. Cet espace énigmatique est couvert d'un berceau
sont réunis par la même enfilade traversant un salon en plein cintre descendant jusqu'à mi-hauteur des
superposé à la salle à manger, le palier de l'escalier murs. Le plâtre porte des barres de comptage et des
d'honneur, deux salons et deux pièces d'office à l'ex- dessins en graffiti, ainsi que des inscriptions en Alle-
trémité du bâtiment. Les chambres sont placées dans mand, correspondant à l'occupation du château par la

16 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
Wehrmacht. La pièce a connu deux états visibles : la pale est ornée d'encadrements de baies moulurés, dif-
porte actuelle est le résultat d'un rétrécissement, tout férenciés selon leur position hiérarchique. Au centre
comme la baie carrée réduite à un jour. Cette pièce de la façade allongée du bâtiment principal, se trouve
pourrait correspondre à la "voutte de la tour" visitée la porte d'entrée surmontée d'un balcon rectangulaire
en 1711, qui contenait des outils. Cela correspondrait décoré d'une lourde mouluration. Les volutes du
bien à son emplacement en rez-de-chaussée. garde-corps de style rocaille contrastent avec la so-
briété et les lignes néo-classiques des façades. Le
garde-corps se développe sur cinq panneaux où do-
minent la spirale et des motifs dérivés de la palmette.
Une cloche fixée entre les premier et second étage
au-dessus de l'entrée permet aux visiteurs de se si-
gnaler. Les quatre autres pans de façade répondent à
la même organisation générale à la différence que le
balcon porte sur une trompe inclinée sur le pan. Le
garde-corps possède le même type de décor, mais li-
mité à un panneau semi-circulaire. Les autres élé-
ments de décor, plus modestes, se limitent à une
génoise à trois rangs régnant sous l'égout des toitures,
à trois bandeaux superposés baguant les tours et à
des faux-chaînages d'angles façonnés dans l'enduit et
badigeonnés en beige.
L'analyse du décor intérieur évoquée dans l'historique
peut-être complétée par la description de la chemi-
née armoriée de la cuisine. L'âtre de forme rectangu-
laire allongée est délimité par une moulure courant
sur les piédroits et le linteau d'une grande portée.
L'analyse stylistique porterait la datation à la fin du
XVIIe s. Au centre du linteau, un blason circulaire
encadré de feuillages présente les armes des Mengau,
enregistrées en 1696 mais enrichies d'une main qui
ne figure pas à l'armorial officiel. Il s'agirait d'après le
précédent propriétaire des armes parlantes de Cy-
prien Mengau. C'est ce personnage qui fit l'acquisi-
tion de Celeyran en 1695 pour 46 000 livres. Ce
correcteur en la Cour des Comptes, Aides et Finances
de Montpellier devenait seigneur. Comme dans bien
des cas, l'acquisition d'un office de judicature confé-
rait la noblesse par quartier, et couronnait l'ascension
sociale de générations de bourgeois. Il conviendrait
de confronter l'hypothèse d'une élévation à la no-
blesse concomitante de l'acquisition de Celeyran,
consacrée par l'enregistrement d'un blason l'année
suivante. Mais l'étude la biographie de Cyprien Men-
L'édifice est entièrement sous enduit, si bien qu'il est gau excède le cadre de ce diagnostic. Il faut simple-
impossible de préciser le type de matériau employé. ment noter que cette cheminée serait datée par son
La construction de voûtes d'arrêtes indique que la style de la fin du XVIIe s, et que Cyprien Mengau est
pierre domine. La céramique est présente avec les mort en 1711. Elle semble avoir été remployée dans
tuiles canal et les gouttières vernissées. Le fer est em- cette cuisine construite comme toute l'aile entre 1807
ployé pour les garde-corps de l'escalier et des balcons, et 1809. Elle proviendrait alors du "bâtiment vieux",
qui portent l'essentiel du décor. mentionné en 1711 et peut-être de sa cuisine visitée
Le décor extérieur est assez sobre. La façade princi- dans l'inventaire après décès.

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 17
tuait la cour du régisseur, fermée à l'origine par un
mur percé d'une porte couverte d'un arc en plein cin-
tre.
L'aile nord domine l'aile orientale car elle possède
trois niveaux, à l'instar du logis dont elle constitue le
prolongement partiel. Le rez-de-chaussée est occupé
par un vaisseau surmonté d'un étage carré et d'un
étage de surcroît. La construction est couverte de
deux longs-pans en tuiles canal terminés par deux
croupes. L'entrée principale s'ouvre en façade sud au
fond de la cour du régisseur. Une autre porte est amé-
nagée à l'extrémité ouest du vaisseau, communiquant
de plain pied avec le jardin.
Chaque façade possède sa particularité. La façade
ouest sur jardin correspond à un habillage de l'édi-
fice, avec de fausses fenêtres en rez-de-chaussée et
deux niveaux d'habitation à l'étage carré et au sur-
D'autres cheminées de style rocaille décorent les sa- croît, symétriques à l'aile ouest du logis. La façade sud
lons du château. Le salon du rez-de-chaussée en in- est double : à gauche du mur de clôture, dans le pé-
tègre un exemplaire dans un décor de boiseries rimètre du jardin, on observe la continuité de la fa-
régnant à la base des murs sous les appuis de fenêtres. çade du logis avec son ordonnance ternaire, tandis
Le décor de cet espace, interprété comme une bi- qu'à droite de cette limite se lit une ordonnance beau-
bliothèque par des témoins, est un pastiche de style coup plus simple et non symétrique composée d'un
Louis XV, rehaussé par un tissu à fleurs imprimé portail, de trois fenêtres à l'étage carré, d'une fenêtre
tendu sur les murs. carrée et de deux occuli au surcroît. La lecture des
Les ailes du régisseur enduits permet d'affirmer que ces fenêtres corres-
Les communs sont formés de deux ailes perpendi- pondent à un percement postérieur à l'état initial de
culaires dont l'une correspond au développement de l'enduit, car une couche de ragréage épouse leurs
l'aile orientale du logis, au-delà d'une limite marquée contours au centre d'un panneau rectangulaire. Entre
par le mur de clôture du jardin. L'espace délimité par ces fenêtres et la génoise, c'est un autre enduit plus
cette clôture et les deux ailes des communs consti- ancien qui recouvre les maçonneries et les encadre-

En haut, cheminée de la bibliothèque. En bas, angle sud-ouest


de l’aile droite du logis. Ci-contre, au fond aile nord du régisseur
dans le prolongement de l’aile droite du logis.

18 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
ments des occuli. Un raccord montre que cet enduit rée grillée. Au sol des ouvertures rectangulaires per-
antérieur a été retiré de la façade lors de l'aménage- forent les voûtes. La lecture de l'intrados révèle la pré-
ment du logis sur son côté gauche. A cette occasion, sence d'ouvertures antérieures obstruées.
un autre enduit présentant de faux-chaînages d'an- Deux états sont donc interprétables. Au premier état
gles lui a succédé. Il pourrait être contemporain de appartiennent les ouvertures carrées obstruées, per-
la construction du logis entre 1807 et 1809 ou pos- cées pour certaines dans l'axe du vaisseau et pour
térieur. d'autres contre les murs gouttereaux. Le vaisseau au-
Le vaisseau est couvert d'une file de quatre voûtes rait alors servi d'écurie ou d'étable à chevaux. Ces ori-
d'arrêtes en moellons irréguliers bloqués au mortier fices permettaient de descendre la paille pour la litière
de chaux. Un escalier creusé dans le rein d'une voûte des chevaux au centre de la salle, tandis que le foin
conduit à l'étage carré desservi par un couloir, symé- tombait dans des mangeoires le long des murs ou à
trique au couloir présent à l'étage de l'aile ouest du même le sol devant des portails. En effet, chaque tra-
logis. La partie résidentielle de l'étage de cette aile ne vée était originellement ouverte au sud par un portail

couvert d'une plate-bande de trois claveaux. Le por-


tail actuel correspond à l'ancien portail principal de
l'écurie car sa largeur est plus importante et son cou-
vrement est assuré par un arc surbaissé. Alors que les
trois autres portails semblent adaptés au passage d'un
cheval, le portail subsistant devait permettre l'accès
de voitures. Le vaisseau pourrait correspondre à la
mention d'écurie rencontrée dans l'inventaire après
décès de 1711. Les ouvertures appartenant au
deuxième état semblent plutôt destinées à verser le
raisin, à une époque où l'écurie fut transformée en
chai de vinification, avant la construction d'un grand
chai dans les années 1850. Leur percement en sous-
En haut, écurie couverte de voûtes d’arrêtes. En bas, fenil sur- œuvre se lit clairement.
montant l’écurie, partiellement converti en appartement. L'affectation de l'étage carré et du surcroît est donc
liée à ces deux activités consécutives du vaisseau.
couvre que la moitié de sa surface. Elle est composée Lorsque celui-ci servait d'écurie, les deux niveaux su-
de l'appartement desservi par le couloir, et par une périeurs abritaient le fenil et le pailler. C'est la raison
extension de cet appartement ayant occasionné le pour laquelle aucune fenêtre de logement n'éclaire le
percement des trois fenêtres rectangulaires. Au-delà premier étage, et que seuls des occuli aèrent le sur-
de la cloison aujourd'hui détruite qui fermait cet es- croît. On peut également douter sur la division en
pace, s'étend une pièce dépourvue de tout aménage- étage et étage de surcroît à cette époque. Le foin et la
ment domestique, ouverte par une porte au nord paille étaient montés par la porte de l'étage située à
donnant dans le vide, et éclairée par une fenêtre car- l'arrière. Cette division a sans doute été maintenue

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 19
lors de la conversion en chai. Ce n'est qu'avec la L'unité était composée de deux pièces par niveau,
construction du logis entre 1807 et 1809 qu'une par- avec une cuisine en rez-de-chaussée dans laquelle
tie du premier niveau a été convertie en étage-carré, s'établissait un escalier en brique et plâtre. L'arrière-
cuisine a été transformée en buanderie. Les chambres
occupaient l'étage sous comble perdu. Cette première
unité proche du vaisseau à usage initial d'écurie pour-
rait être liée à son fonctionnement, et aurait pu abri-
ter le logement du palefrenier. La deuxième unité est
située à l'autre extrémité. Elle a abrité jusqu'au XXe
s. le logement du régisseur. L'unité connaît un plus
ample développement avec une façade principale or-
donnancée à six ouvertures côté sud. La position hié-
rarchique de l'habitation est renforcée par la situation
à l'entrée de la cour qu'elle commande. Cette cour
constitue le tampon entre le jardin du maître et le do-

Porte paillère
de l’ancien fenil.

et que le plancher de l'étage de surcroît a été posé


pour les logements des domestiques. L'extension du
logement de l'étage-carré et du surcroît est intervenue
postérieurement à l'abandon du chai à partir des an-
nées 1850. La pièce vide du premier niveau corres-
pondrait donc à un espace résiduel non réaffecté,
laissé dans son dernier état.
En haut, façade principale du logement du régisseur côté sud.
En bas, aile orientale du régisseur, façade sur cour.

nord
sud

Document graphique cabinet Ingérop.

L'aile orientale est composée d'un rez-de-chaussée et maine agricole avec ses dépendances. Bien qu'appar-
d'un étage-carré. L'aile est divisée en trois unités agri- tenant fonctionnellement à la partie agricole des
coles qu'encadrent deux unités domestiques à chaque bâtiments du domaine, l'aile du régisseur et son logis
extrémité. Les unités agricoles correspondent à des restent attachés physiquement à la demeure du maî-
étables à chevaux reconnaissables à leur porte ou por- tre. La différence hiérarchique est soulignée par
tail encadré de baies carrées et surmontées d'une fe- l'unique rang de génoise, à la différence du triple rang
nêtre équipée d'une potence à poulie pour le fenil. du château. Un enduit uniforme couvre toute l'éléva-
Les deux unités domestiques sont d'importance iné- tion, tant en façade antérieure qu'en façade posté-
gale. La première est située à l'extrémité nord de l'aile, rieure, malgré quelques reprises postérieures
contre le vaisseau. Elle communiquait avec ce dernier ponctuelles. Il porte au-dessus de la fenêtre du fenil
via l'une des portes percée dans le mur du vaisseau. placé au centre de l'aile, le millésime 1888.

20 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
Le jardin Cette disposition a légèrement changé depuis le début
La cour d'honneur qui s'étend au-devant du château du XXe s., comme en attestent les cartes postales an-
est plantée d'acacias et agrémentée d'un bassin ovale, ciennes et les photographies familiales. La différence
ce qui lui confère la qualité de jardin par opposition
au parc paysager qui s'étend sur le côté et à l'arrière
de la demeure.
Le jardin est structuré par deux allées se croisant au
centre de l'espace. L'allée principale est tracée dans
la continuité de la grande allée bordée de platanes qui
mène au château par le sud-ouest. L'allée perpendi-
culaire conduit à la cour du régisseur à l'est et à l'en-
trée du parc à l'ouest. Le jardin est fermé par un mur
de clôture élevé à l'est et à l'ouest, réduit à un mur
bahut couvert d'un chaperon et d'une grille fixe au
sud. En son centre se dresse le portail d'entrée consti-
tué de deux piles rectangulaires maintenant une grille
à la traverse hérissée de piques. Un portail de même
facture mais dépourvu de fermeture marque l'entrée
du jardin du côté de la cour du régisseur. Une porte
passante couverte d'un arc en plein cintre perce le
mur de clôture à l'ouest. Entre cette baie et l'angle de
l'aile ouest du logis, un petit ouvrage de maçonnerie
se distingue à la base du mur. Il présente une ouver-
ture au ras du sol, donnant sur un petit espace cou-
vert d'un dôme en moellons irréguliers. La
construction déborde sur le parc à l'arrière du mur. Il
pourrait s'agir de l'ouvrage de protection d'une vanne.
L'espace intérieur est comblé par des déchets végé-
taux.
Aujourd'hui les quartiers formés par le tracé des al- essentielle repose sur l'absence d'une grille au portail
lées est couvert d'une pelouse. Les acacias longent les principal au profit d'une barrière en bois. La grille ac-
murs et bordent les allées courbes autour du bassin. tuelle est d'ailleurs maladroitement placée dans une
Quelques platanes occupent l'espace à l'est contre la feuillure extérieure, si bien que le portail s'ouvre vers
clôture, tandis que deux grands palmiers phénix s'élè- le chemin et non vers le jardin. De plus, les acacias
vent devant la façade principale des deux ailes du logis. semblent absents et le parterre ovale cernant le bas-
sin est régulier. Le caractère exotique de la composi-
tion est déjà bien marqué avec la présence d'agaves,
de nombreux palmiers de Chine et palmiers phénix.
Des agrumes plantés dans des vases d'Anduze et des
haies fleuries au pied des murs gouttereaux sacrifient
à une forme de tradition. Un deuxième état est mar-
qué par la présence des acacias et par l'agrandisse-
ment du parterre central planté d'herbes de la pampa.
Les tranchées effectuées par le précédent propriétaire
ont mis au jour un réseau hydraulique enterré sous
ce jardin. Il descend en pente depuis le château et se
jette dans les fossés creusés de part et d'autre de la
grande allée de platanes, à l'extérieur du périmètre du
jardin. Deux canalisations linéaires traverseraient le
jardin du nord au sud en évitant le bassin. La canali-
sation ouest recueillerait les eaux d'une troisième

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 21
conduite souterraine venant de l'aile ouest. Les exca- Les données issues du repérage révèlent un parc pay-
vations réalisées par le précédent propriétaire sur un sager d'esprit romantique qui conserve dans son ar-
mètre de profondeur environ n'ont révélé aucune chitecture le tracé d'un chemin représenté sur le plan
couche de remblai de démolition. Il convient de rap- de 1807, maintenu malgré le remaniement parcellaire.
peler que d'après le plan de 1807 un bâtiment s'élevait Cet ancien chemin qui contournait les bâtiments par
à l'ouest du jardin actuel, correspondant peut-être au le nord constitue une allée du parc, dont la rectitude
"bâtiment vieux" mentionné en 1711. Les matériaux contraste avec les courbes décrites par les autres al-
de démolition ont certainement été remployés dans la lées. Ces dernières sont reconnaissables aux haies de
nouvelle construction mais les déchets auraient très buis qui délimitent des espaces plantés de cèdres,
bien pu être épandus sur place. d'ifs, de chênes et d'espèces exotiques comme un
Cette hypothèse pose la question de la topographie oranger des osages et des yuccas.
générale du site. Une pente douce descend depuis la Les plantes fragiles étaient protégées des rigueurs de
route de Coursan à Salles au nord jusqu'en aval des l'hiver par une serre et une orangerie construites dans
bâtiments au sud. Ainsi, on note que le niveau moyen la partie nord-ouest du parc. La serre est un vaisseau
de circulation du parc est plus élevé que celui du jar- couvert d'une voûte en plein cintre en métal et verre.
din, malgré les irrégularités artificielles dues à l'amé-
nagement romantique. Dans le parc, une dépression
très nette est visible à l'arrière du château. Elle sem-
ble anthropique et liée à la construction des bâti-
ments, entre 1807 et 1809. Selon cette hypothèse, la
pente aurait été décaissée de manière à ménager une
plate-forme sur remblais pour construire le château
et le jardin. Le château ne possède pas de cave enter-
rée. Le jardin serait planté sur une couche de remblai,
offrant la rectitude nécessaire à la création d'un jardin
régulier accordé au style néoclassique des bâtiments.
C'est pourquoi le creusement de tranchées n'a pas ré-
vélé de remblai de démolition, qui pourrait peut-être
reposer sous cette couche de remblai arable.
Le parc
Le parc n'existe pas sur le plan de 1807. L'espace qui
lui sera consacré est occupé par des terres agricoles et
un réseau de chemins. Les voies de communication L'accès à l'espace intérieur s'effectue au moyen d'une
vont déterminer la distribution des bâtiments lors de porte vitrée sous marquise percée dans la façade prin-
la campagne de construction intervenue entre 1807 et cipale formant pignon, séparée du sol extérieur par
1809. De même, le tracé des anciens chemins servira un degré concave à trois marches. Une banquette de
de point d'appui à l'aménagement du parc. culture court le long des murs. L'espace central est
En 1809, les bâtiments actuels sont construits. Le occupé par une deuxième banquette de culture al-
chemin de Coursan à Salles est déporté vers le nord longée aux extrémités semi-circulaires.
à son emplacement actuel. La propriété intègre le
tracé de deux anciens chemins, l'un formant une chi-
cane par deux virages inversés, l'autre contournant
les bâtiments par le nord pour venir se greffer au che-
min principal devant la chapelle. Il ne reste de ces an-
ciens tracés que des limites parcellaires, et il est
impossible en l'absence de matrices cadastrales de
connaître la nature des nouvelles parcelles. Le plan
de 1829 ne présente aucune différence avec le plan
de 1809. Les états de section correspondant à ce plan
sont conservés mais n'ont pas été consultés pour
connaître l'affectation des parcelles.

22 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
L'orangerie constitue un édifice de plan rectangulaire construite sur une citerne en pierre de taille, à l'ex-
sous toit à deux longs pans terminés par des croupes. trémité nord. L'extrémité opposée est fermée par un
A l'exception de la face nord exposée au vent percée avaloir évacuant les eaux de trop-plein.
de deux baies, les trois autres façades sont percées de Deux puits bouchés et un puits maçonné couvert
hautes fenêtres aux menuiseries métalliques conser- d'une dalle ont été repérés. Une galerie souterraine
vées. L'accès s'effectuait par trois portes-fenêtres,
deux percées dans le mur nord et une placée au cen-
tre de cinq baies en façade sud. Une corniche en
pierre de taille court sous l'avant-toit, soutenu par des
contrefiches et festonné de lambrequins aujourd'hui
disparus. L'espace intérieur forme un vaisseau autre-
fois couvert d'un plafond. Des tables bâties sont dis-
posées le long des murs et au centre de la salle de part
et d'autre d'une allée. La construction est réalisée en
pierre de taille et en moellons de pierre sous enduit
imitant un appareil de briques.
Le caractère paysager du parc est renforcé par le creu-
sement d'un étang artificiel de forme ovale devant la
chapelle. Son franchissement s'effectue par un pont

Cl. Marc Kérignard

en béton banché décoré d'un garde-corps de même ponctuée de regards a été découverte derrière l'aile
matière imitant le bois, très en vogue à la fin des an- du régisseur. Les personnes l'ayant visitée décrivent
nées vingt. Cet ouvrage succède à un pont en bois une conduite voûtée formant un coude vers l'ouest à
qui semble être représenté sur la gravure publiée dans l'arrière du château, interrompue par le creusement
le Congrès archéologique de 1867. Une photographie d'un puits près de la tour ouest.
familiale prise sur le pont permet d'en avoir un La structure homogène du parc paysager a été per-
aperçu précis. L'étang est alimenté par une noria turbée lors de l'occupation de Celeyran par l'armée
allemande. Cinq bunkers reliés par une tranchée non
cimentée ont été creusés en couronne autour du châ-
teau. Leur structure est identique mais leur taille varie.
La construction est ordonnée le long d'un couloir ac-
cessible par des escaliers à ses deux extrémités. Le
couloir dessert des pièces disposées en batterie qui
ne communiquent pas les unes avec les autres. L'abri
est visible depuis l'extérieur par le dôme couvert de
terre qui surmonte les pièces. Des tuyaux métalliques
plantés dans le dôme assurent l'aération. La couronne
de bunkers ne rayonne pas au-delà de l'étang artificiel.
La chapelle est exclue du dispositif défensif.

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 23
La chapelle formé par la nef et le transfert sud. La nef est cou-
Tout d'abord, la chapelle est intégrée au parcours pay- verte d'un berceau en plein cintre divisé en quatre tra-
sager. Un parvis bordé de haies de buis s'ouvre de- vées par des arcs diaphragmes et prolongé par un
vant l'entrée de l'édifice, à l'ouest. L'allée prolongée chœur allongé plus bas que la nef couvert d'un ber-
par le pont de béton est placée dans l'axe de la porte. ceau terminé par un chevet plat. Deux chapelles la-
Une allée venue du sud contourne l'étang et monte térales couvertes de fausses voûtes sur croisées
d'ogive en briques s'ouvrent de part et d'autre du
sanctuaire, formant un transept. Une sacristie pro-
longe le chevet à l'arrière.
La couverture de la nef est assurée par une toiture à
deux longs pans en tuiles canal reposant sur l'extra-
dos de la voûte en berceau. Une couverture identique
surmonte le chœur et la sacristie. La chapelle nord
est couverte par deux longs pans, la chapelle sud par
une croupe.
La façade ouest est contemporaine de l'aménagement
paysager datable de la seconde moitié du XIXe s. Elle
présente un fronton surmonté d'un attique qui dissi-
mule la couverture. L'ouverture est couverte d'un arc
brisé encadré par deux pilastres plats sous tailloirs,
plaqués contre un décor de bossages continus en
vers le parvis en longeant un relief artificiellement table, l'ensemble étant sommé par un fronton. Cette
accidenté planté d'ifs et de chênes. La documentation composition trahit bien l'éclectisme du XIXe s. qui
écrite révèle le statut paroissial de cette église, deve-
nue après la suppression de la paroisse en 1791 la
chapelle privée du domaine.
L'aménagement paysager a traité la chapelle en mo-
nument romantique, dont le caractère mystérieux est
relevé par l'apport de terre à la base des murs. Le por-
tail s'ouvre de plain-pied avec le parvis surélevé par
des remblais, et il faut descendre six marches pour
atteindre le sol de l'église. L'apport de terre a entraîné
de graves problèmes d'humidité, occasionnant la re-
relevé : V. Marzo-Marill, Y. Cayron
prise superficielle des enduits intérieurs en 1877. Le dessin : V. Marzo-Marill
sol de l'église repose lui-même sur un remblai d'en-
viron un mètre, dans lequel ont été placés des cana- mêle vocabulaire néoclassique et néogothique.
lisations de drainage, d'après les sondages effectués La lecture archéologique du bâti conclut à quatre
par le précédent propriétaire. états principaux entre les IXe-Xe s. et le XIXe s.
L'église présente un plan en croix latine orientée sud La nef appartient au premier état. Ses murs goutte-
est. Un clocher carré s'élève au sud, dans l'angle reaux ne sont percés d'aucune fenêtre. Une porte

relevé : V. Marzo-Marill, Y. Cayron


dessin : V. Marzo-Marill

24 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
Un mur surmontant les arcs rattrape la différence de
hauteur. Dans chaque travée, les murs gouttereaux
sont découpés de niches dont seule une n'est pas
murée. Leur construction est contemporaine de celle
de la nef car leurs encadrements sont chaînés avec
l'appareil environnant. Leur comblement est inter-
venu postérieurement, tout comme la réutilisation de
certaines en niche de bénitier ou porte du clocher. La
fonction de ces niches serait à rechercher dans les
techniques constructives préromanes. Il s'agirait
d'arcs de décharge tels que l'on peut les rencontrer
dans la chapelle de Saint-Aubin de Fitou (11) datée
du IXe s., ou dans la crypte de l’abbatiale de Gellone
Mur gouttereau nord pré-roman de la nef.
(Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault).
couverte d'un arc en plein cintre chanfreiné s'ouvre Le deuxième état caractérise la base du clocher, clai-
au sud. Le remblai dissimule son seuil et le bas de son rement appuyée contre le gouttereau sud de la nef,
encadrement. L'ouverture est prise dans un appareil dont la corniche est conservée à l'intérieur de la tour.
remployant des blocs antiques en partie basse et des L'appareil est formé de moellons de calcaire gris dres-
moellons irréguliers de taille moyenne assisés. Trois sés et de blocs en remploi présentant des trous de
lancis correspondant à des réparations sont lisibles louve et des encoches. Il est régulièrement assisé mal-
en parement extérieur du mur sud. Une grande par- gré les formats différents des moellons. La face sud
tie de l'élévation est ainsi contemporaine de la de la base du clocher possède deux cadrans cano-
construction de la façade ouest dans la seconde moi- niaux marquant les heures liturgiques. Le sol du clo-
tié du XIXe s. Le parement extérieur du mur nord
n'a pas été l'objet de réparations. Il conserve un ca-
ractère homogène. Une corniche frustre soulignée
d'un large chanfrein court sous l'égout des longs pans
et sur les rampants du pignon oriental percé d’un
oculus qui seul apporte une lumière naturelle dans la
nef. Le berceau de la nef est divisé en travées par des
arcs doubleaux reposant sur des tailloirs et des pilas-
tres plats engagés. L'arc ouest correspond à un décor
plaqué sur l'intrados de la voûte. Les trois autres arcs
Cl.Marc Kérignard

possèdent des hauteurs sous clé décroissantes vers le


chœur, alors que l'intrados du berceau est horizontal.
Ci-dessous, niche murée dans le mur gouttereau nord de la nef.
Ci-dessous à droite, cadrans canoniaux gravés à la base du clo-
cher.

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 25
Chapelle nord vue depuis le choeur.

terminé d'après leurs parements extérieurs. Le mur


nord possède un vestige d'enduit beurré avec décor
de faux appareil à la pointe. La base du mur goutte-
reau sud s'apparenterait à l'appareil de la partie haute
du clocher.
Durant le quatrième état le chœur a été doté d'une
voûte et d'une chapelle au nord. Cette réalisation
place en connexion stratigraphique l'arc triomphal
cher est creusé d'une cavité grossièrement carrée et ouvrant le chœur, l'arc surbaissé donnant accès à la
bouchée, impossible à dater et interpréter en l'état. chapelle nord sur lequel l'arc triomphal repose, et la
La construction de la partie haute du clocher appar- voûte du chœur solidaire de ces deux arcs. A cette oc-
tient au troisième état. Elle repose sur le gouttereau casion, le parement intérieur du mur nord du chœur
sud de la nef. L'appareil est constitué de moellons de a été repris pour recevoir la retombée de la voûte. Cet
calcaire clair de tailles différentes, qui contraste avec état pourrait être daté du début du XVIe s. d'après la
la régularité des modules de l'appareil de la base et forme de l'arc de la chapelle nord, trahissant une es-
leur teinte gris foncé. La partie haute est ajourée d'un thétique gothique finissante. L'observation du pare-
baie géminée en façade ouest et d'une baie unique en ment extérieur de la chapelle indique que les murs
façade sud et en façade est. Les baies sont couvertes sont appuyés contre les murs nord du chœur et de la
d'arcs en plein cintre. Elles possèdent des caractéris- nef.
tiques stylistiques et de mise en œuvre qui dateraient
cette élévation de l'époque romane. Une réserve peut Mur de la chapelle nord (à gauche), ap-
puyé contre le mur gouttereau de la nef
toutefois être faite sur les baies simples de la façade (à droite).
sud et de la façade est. Leur encadrement est dé-
pourvu de tout décor, même simple, à la différence
de la baie géminée de la façade ouest. De plus, leur
mise en œuvre appartient à l'appareil environnant, qui
n'a pas exactement les mêmes caractéristiques que
l'appareil immédiatement sous-jacent, qui lui peut
être considéré comme roman. Enfin, un coup de
sabre s'observe en façade sud au même niveau que la
baie simple. Il est difficile de l'interpréter. L'appareil
contemporain des baies simples est-il postérieur à la
façade ouest ? Succède-t-il à un pan de bois ?
Le chœur et les chapelles latérales formant transept
sont très complexes à interpréter, d'autant que leurs
parements intérieurs sont enduits. Les murs goutte-
reaux du chœur relèveraient d'un état médiéval indé-

26 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
Chapelle sud vue depuis le choeur. Mur sud de la chapelle sud.

Le cinquième état serait marqué par le percement de vertes de fausses voûtes en briques. Cet état pourrait
l'arc sud dans le mur du chœur. Cet arc est brisé, être datable du XIXe s. Il est possible d'y rattacher la
contrairement à l'arc nord. Sa portée est plus réduite surélévation du clocher et la construction de la sa-
et sa clé présente un bossage pendant. Un faible cristie à l'arrière du chœur. Le sommet du clocher est
chanfrein abat les arrêtes puis s'élargit considérable- accessible par un escalier de bois qui porte des graf-
ment sur sa retombée orientale. La retombée ouest fiti des membres de la famille Tapié de Celeyran.
ne supporte pas l'arc triomphal mais s'établit dans le Deux cloches du XIXe s. occupent le clocher.
mur du clocher par une saignée. L'enduit dissimule
la reprise en sous-œuvre, si bien que cette hypothèse
ne peut être vérifiée pour l'heure. L'observation du
parement extérieur établit une synchronicité entre la
chapelle sud et la partie haute du parement extérieur
du mur du chœur. C'est dans ce lancis qu'a été percée
une fenêtre en remploi postérieurement comblée et
que le bloc épigraphié antique classé parmi les Mo-
numents Historiques a été mis en œuvre. Ces murs
sont contemporains de la fenêtre néogothique de la
chapelle sud, qui n'est pas sans rappeler l'arc brisé du
portail ouest. La même fenêtre a été percée dans le
mur nord de la chapelle nord. La reprise en sous-
œuvre y est très nette. Les deux chapelles ont été cou-
Au-dessus, mur nord de la chapelle nord. Fenêtre néogothique
insérée en sous-oeuvre.
Mur sud du chevet sans le blos épigraphié antique MH. Au-dessous : mur sud de la sacristie

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 27
La partie agricole sur une enfilade d'arcs en anse de panier. Le vaisseau
Le domaine de Celeyran trouve sa justification dans supérieur est couvert directement par la charpente
l'exploitation agricole dont les mutations s'illustrent apparente à deux longs pans terminée par des murs
architecturalement. pignons.
Les dépendances agricoles La façade principale s'élève sur cour. Elle est sur-
Les bâtiments appelés aujourd'hui "commanderie" montée d'une génoise à un rang comme l'aile du ré-
succèdent aux constructions des Hospitaliers ven- gisseur, ce qui traduit la position hiérarchique des
dues comme biens nationaux et rachetées par Jacques dépendances agricoles en regard du triple rang du
Mengau. Ils appartiennent à la même campagne de château. L'entrée du vaisseau est commandée par un
reconstruction que le château, située entre 1807 et portail couvert d'un arc en plein cintre, placé dans
1809. l'axe du portail de la clôture et accosté d'une cloche.

magnaneries

Le plan adopte la forme d'un U dont l'un des côtés


est fermé par un mur de clôture percé d'un portail
monumental. L'édifice est composé d'un bâtiment
rectangulaire allongé disposé en fond de cour, pro-
longé à ses extrémités par deux ailes en retour L'élévation est ajourée de fenêtres carrées en rez-de-
d'équerre de largeur inégale. Le mur de clôture se chaussée. Sous l'égout de la toiture, un alignement de
prolonge au-delà du mur pignon de l'aile orientale jours verticaux assure l'aération du vaisseau supérieur,
puis décrit un angle droit vers le nord avant de se re- dépourvu d'autres baies. A l'aplomb du portail sous
tourner vers l'ouest. Il forme ainsi une cour secon- la génoise, un cartouche gravé dans l'enduit porte le
daire de plan rectangulaire allongé à l'arrière de l'aile chronogramme 1816. Cette datation de l’enduit
orientale. Un portail composé de deux piles en pierre confirme la chronologie de bâtiment, qui d'après les
de taille ouvre la clôture au sud. plans a été construit entre 1807 et 1809. La façade
- L'étable à chevaux postérieure est percée d'un alignement de fenêtres
Le bâtiment en fond de cour domine les ailes de sa hautes carrées éclairant le vaisseau inférieur, sur-
hauteur plus importante. Il est divisé en deux vais- montée par des portes paillères sous arcs en plein cin-
seaux superposés sur la totalité de sa longueur. Le tre et potences donnant accès au vaisseau supérieur.
vaisseau inférieur est couvert d'un plancher portant Le mur pignon oriental possède un portail en rez-de-

Document graphique cabinet Ingérop. Mur nord de l’étable à chevaux et du fenil.

28 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
En haut, vaisseau du fenil.
Au-dessous, vue intérieure de la
porte paillère et sa mezzanine, au-
dessus d’un abat-foin.

Cl.Marc Kérignard

chaussée surmonté à l'aplomb d'une porte paillère


dotée de sa potence.
L'espace intérieur du rez-de-chaussée abritait une éta-
ble à chevaux parfaitement lisible. Environ 60 che-
vaux logeaient dans ce vaisseau aux vastes
proportions. Les bêtes étaient groupées par deux
dans chaque stalle sous des plaquettes à leur nom, ali-
gnées le long du mur nord sous les fenêtres. Des
abats-foin rectangulaires percées dans le plancher
permettaient de descendre le foin directement dans
des râteliers métalliques placés au-dessus de man-
geoires. La paille destinée à la litière des chevaux était
descendue du vaisseau supérieur par des ouvertures
carrées pratiquées au-dessus de l'allée. L'étable est en-
tièrement pavée. Un courant d'eau coulant dans un
caniveau bordant les stalles répondait aux nécessités
de propreté. Le vaisseau supérieur remplissait la fonc-
tion de fenil. Les ballots étaient montés par des cor-
dages jusqu'aux portes paillères. La manœuvre
s'effectuait depuis des mezzanines placées derrière
chaque porte à l'intérieur du vaisseau, à quelques mè-
tres au-dessus du plancher . Là, les ballots étaient dé-
tachés et dispersés dans le fenil.
Le mur gouttereau sud de l'étable à chevaux est ou-
vert à ses deux extrémités par deux grands arcs en
anse de panier bouchés. Deux ailes se développent
derrière ces arcs, mais on ignore s'ils établissaient une
communication ou s'ils jouent seulement un rôle ar-
chitectonique de décharge. Le plan de 1809 indique
que les bâtiments sont contemporains.
Cl.Marc Kérignard
Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 29
Cl. Marc Kérignard

- L'aile ouest plus faible que les grands arcs déjà rencontrés. Les
L'aile ouest est composée de quatre unités : un loge- arcs s'appuient sur des piédroits en pierre de taille. Ces
ment, une remise, deux possibles ateliers ou étables. deux portes séparées de quelques mètres donnent
L'aile de forme rectangulaire allongée couverte de accès aujourd'hui à un espace intérieur unique à usage
deux longs pans est divisée en deux et trois niveaux de forge et d'atelier mécanique. Le plancher en béton
selon l'affectation des unités. est supporté par des piliers en fonte appelés chan-
Le logement occupe l'extrémité sud. Il est divisé en delles, surmontés de chapiteaux formés d'ailettes
un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de sur- courbes sous tailloir. La base des piliers est noyée dans
croît. Le linteau de la porte d'entrée porte l'inscrip- le béton de la chape. A l'occasion de cet aménage-
ment, l'un des portails a été transformé en fenêtre ho-
rizontale par comblement de moellons en mâchefer.
Le mur de fond est ajouré par trois fenêtres hautes
carrées dont l'une surmonte une porte. On ne sait si
ce volume unique était à l'origine divisé en deux uni-
tés correspondant aux deux portails. On observe ce-
pendant qu'une seule porte paillère s'ouvre sous la
génoise au-dessus du trumeau. Une série d'anneaux
est alignée sur ce trumeau pour attacher des bêtes. De-
vant la porte murée s'étend une zone pavée de blocs
calcaires clairs qui occupe l'angle formé par l'étable à
chevaux et l'aile ouest. Un robinet et un petit bassin
sont placés contre la façade de l'étable. Cet espace et
l'actuel atelier étaient sans doute liés aux chevaux.
tion peinte "CHEF DE …" (chef de culture,
Emplacement du pont bascule à l’angle sud-ouest des dépen-
d'attelage ?). Elle donne accès à une cuisine derrière la- dances agricoles.
quelle est aménagée une chambre et un poste de pe-
sage lié à un pont bascule. L'étage carré et le surcroît
accueillent des chambres.
La remise s'ouvre en façade principale par un arc en
anse de panier de grande portée prenant appui direc-
tement sur le sol sans piédroits. Il est identique aux
arcs de l'étable à chevaux, avec une clé légèrement
pendante. Un étage sous comble le surmonte, acces-
sible depuis la cour par une porte paillère ayant perdu
sa potence et une fenêtre.
Les deux unités suivantes s'ouvrent par deux portails
couverts d'arcs en anse de panier, dont la portée est

30 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
cet environnement très rustique.
L'unité suivante a été transformée en logis dans les
années cinquante par exhaussement d'un étage cou-
vert de deux longs pans perpendiculaires aux longs
pans de l'aile. Cet espace occupe l'emplacement d'une
bergerie étendue à l'unité voisine dès l'origine. Un arc
en anse de panier perce le mur de refend entre les
deux unités qui semblent communiquer au départ,
alors qu'aujourd'hui une cloison en moellons de ci-
ment obstrue le passage.
La troisième unité est aujourd'hui divisée en une sel-
lerie ouverte sur la cour et
une bergerie ouverte sur l'ar-
rière par un portail postérieur
Façade sur cour de l’aile est. à l'état initial. Le portail est
- L'aile est encadré de deux jours verti-
Cette aile est divisée en cinq unités sous deux longs caux appartenant à l'état ini-
pans mais sa largeur est plus importante que l'aile tial. L'affectation en bergerie
ouest. est liée à la présence actuelle
Contre l'étable à chevaux s'élève une unité d'habita- de chèvres sensées entretenir
tion divisée en un rez-de-chaussée et un étage carré le parc.
sous comble perdu. Un palmier de Chine planté dans La quatrième unité abrite un
l'angle de la cour apporte une touche d'exotisme dans garage ajouré à l'arrière par
une fenêtre en demi-cercle
qui correspond au rétrécisse- Pignon postérieur du logis
ment d'une porte sous arc en succédant à la bergerie.
plein cintre.
La cinquième et dernière unité est une forge équipée
encore de tout son matériel.
L'observation des enduits permet de lire l'ordon-
nance antérieure aux divers remaniements d'ouver-
tures et d'affectation des unités. La façade arrière
donne à voir deux portes couvertes d'arcs en plein
cintre et un étage de surcroît ajouré de fenêtres car-
rées. Le même alignement de fenêtres carrées s'ob-
serve sur le gouttereau opposé côté cour, à
l'exception du logement qui possède des fenêtres
Ci-dessus, angle nord-est de la cour : étable à chevaux (à gauche), d'étage carré horizontales. Les portes du rez-de-
logement (à droite). Un palmier orne l’angle des bâtiments. chaussée appartiennent à des états différents diffici-
Ci-dessous, partie conservée de la bergerie. lement interprétables d'après les enduits.

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 31
oriental forme la façade principale, le long du chemin
reliant le domaine à la route de Coursan à Salles.
D'après la carte postale, ce pignon correspond à une
reconstruction ayant succédé à la croupe percée d'une
lucarne pignon d'origine. Le chai est divisé en deux
niveaux par un plancher porté par des chandelles en
fonte de même modèle que celles rencontrées à la
commanderie. Les piliers reposent sur des supports
cubiques en pierre. La base est dotée d'ailettes et la
partie sommitale est composée d'une couronne de
quatre modillons. Les chandelles sont coulées d'une
seule pièce. Leur mise en œuvre indique que les chan-
delles de l'atelier mécanique sont des remplois consé-
- Les magnaneries cutifs à l'installation de cuves en ciment en
Un bâtiment rectangulaire allongé s'élève au nord de remplacement des foudres, dans les années vingt ou
l'arrière-cour. L'édifice est un en-rez-de-chaussée en trente. Il ne reste que quelques travées contre le pi-
pan de bois et hourdis de maçonnerie couvert de gnon est dans leur état initial. On distingue que le pla-
deux longs pans. Il est divisé en trois unités sous fond est composé de poutres métalliques portées par
charpente apparente. Le mur gouttereau ouest pré-
Vaisseau inférieur du chai : état initial et état actuel.

sente toutes les ouvertures, portes et fenêtres. Chaque


pièce est dotée de plusieurs cheminées selon un
grand et un petit modèle. Aucun aménagement do-
mestique n'est visible. Il serait possible d'interpréter
ces espaces comme une magnanerie, d'autant que les
mentions de mûriers en 1822 et de vers à soie en
1871 attestent une pratique de la sériciculture dans
une zone peu connue pour cette activité. Sa présence
est peut-être une nouvelle preuve du dynamisme
agronomique d'Esprit Tapié Mengau.
- Le chai
Dernier équipement lié à l'agriculture, le grand chai
allonge son vaisseau sur 180 mètres de long. L'édi-
fice est un rez-de-chaussée sur étage de soubasse-
ment couvert de deux longs pans terminés par des
murs pignons. Une carte postale du début du XXe s.
fait état de lucarnes pignon à l'aplomb des portails et
de croupes aux extrémités du bâtiment. Le pignon
Cl. Marc Kérignard
32 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
Mur pignon est du chai construit après la suppression de la
croupe. La fenêtre haute correspond à la lucarne de la croupe.

les chandelles, supportant des solives qui maintien- par un claustra de briques. Les portails sont surmon-
nent des entrevous en berceau segmentaire. Ce ni- tés de baies horizontales à encadrement de pierre de
veau de plancher communique de plain pied avec un taille, divisées par deux meneaux. Le mur de façade
champ situé au nord, car le chai est adossé à la pente. est protégé par un avant-toit. L'espace intérieur du
L'élévation du gouttereau nord se limite à un en-rez- rez-de-chaussée est divisé par une allée centrale bor-
de-chaussée percé en son centre de trois portes cou- dée par les deux files de colonnes. Les foudres puis
vertes d'arcs en plein cintre surmontées d'un mur les cuves en ciment sont réparties le long des murs
d'attique. Un auvent porté par quatre colonnes mé- gouttereaux. La porte percée dans le mur pignon
talliques protège un quai de déchargement. Les oriental est la seule ouverture placée dans l'axe de l'al-
convois y accédaient après être passés sur le pont bas- lée. La porte est constituée d'une fenêtre sous arc sur-
cule du poste de pesage isolé le long du chemin. baissé à clé pendante et passante divisée en trois baies
L'édicule possède la balance romaine, déplacée de la par deux meneaux. La baie centrale surmonte une
commanderie d'après le précédent propriétaire. Côté porte de même largeur dont elle est séparée par une
sud, le mur gouttereau du chai monte depuis le sol plate-bande à clé pendante et passante formant tra-
du rez-de-chaussée jusqu'à l'égout du toit. La façade verse. Une fenêtre à trois baies de même structure
repose sur un solin de moellons appareillés polygo- ajoure le surcroît à l'aplomb de la porte. Elle est en-
naux aux joints tirés à la pointe. Le rez-de-chaussée cadrée par deux baies géminées à encadrement et
n'est percé que de jours verticaux à l'encadrement en claustra de briques. L'extrémité ouest du chai est une
pierre de taille et de trois portails couverts d'arcs sur- extension réalisée en mâche-fer respectant la hauteur
baissés à clé pendante et passante. L'étage de surcroît et l'inclinaison de la couverture.
est souligné par un cordon de briques à motif de La façade sud est bordée par un chemin soutenu par
dents d'engrenage encadré de moulures. Le mur est un mur à la même mise en œuvre que le solin du chai.
percé d'une claire-voie de baies horizontales gémi- La chaussée plantée de platanes est barrée par une
nées à l'encadrement en briques harpées et occultées rampe en terre à l'extrémité du chai.

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 33
La première mention du chai remonte à 1859. Les
plans de 1807 et 1809, s'ils ne représentent pas le bâ-
timent actuel, figurent un bâtiment préexistant. Le
plan de 1807 fait état sous le n°40 d'un bâtiment rec-
tangulaire contre lequel s'adosse une petite construc-
tion carrée à l'est. L'analyse historique propose d'y
voir la bergerie construite en 1734, que le plan de
1809 ne connaîtrait plus. Ses fondations sont visibles
au pied de la chaussée qui l'a recouvert au sud du
chai. Le plan de 1809 mentionne un autre bâtiment
de plan rectangulaire régulier sous le n°1011. Cet édi-
fice a été respecté par la construction du chai. Il
constitue depuis une annexe enterrée aveugle diffici-
lement interprétable. Son niveau de circulation est
élevé de plus d'1,50 mètre au-dessus du sol du chai.
L'édifice abrite une pièce unique couverte d'une
voûte en anse de panier. Le mur oriental est percé
d'une fenêtre aveugle et de deux jours verticaux. Une
porte murée se distingue à travers l'enduit du mur
de soutènement du quai, au nord-est du chai. D'après
le précédent propriétaire, cette porte communique-
rait avec la pièce enterrée. L'interprétation des bâti-
ments 40 et 1011 est rendue difficile par la
construction du chai sur le tracé du chemin de Cour-
san à Salles, consécutive à l'aménagement du nouveau
chemin déporté plusieurs centaines de mètres au
nord. L'ancien chemin est lisible sur les plans de 1807
et 1809 ainsi que sur le terrain. Son tracé rectiligne
aux abords du domaine était soutenu par un mur en
pierres sèches partiellement conservé. Au XXe s., le
même principe d'adossement a été employé pour la
construction d'un silo à marcs et pépins de raisins à
l'alignement ouest du chai sur le tracé du chemin. Silo à marcs et pépins de raisin.

34 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
Bibliographie

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Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 35
Sources
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fens relaxaven audit archevesque la quatrieme partye du disme quils avoint au lieu de Cereyran cotte n°12…".

AN. Collection Doat : 55 folio 142. Titre de la pièce ? Auteur indéterminé, 1142 : "...Cerillanum...".

BN. Collection des manuscrits latins : 5211 D, n°10. Titre de la pièce ? Auteur indéterminé, 1170 : "…Ce-
leyranum…".

AN. Collection Doat : 55 folio 270. Titre de la pièce ? Auteur indéterminé, 1204 : "...Villa de Celeiranum de
Seraino...".

AM Narbonne. Inventaire Du Carouge : Céleyran n°2. Titre de la pièce ? Auteur indéterminé, 1223-1680 :
"…Cezayran…, …Ceseyran…".

Archives privées, mention dans une correspondance de BARTHE (chanoine Emile), Paroisse de Notre-
Dame des Oubiels de Portel (Aude). La Châtellenie de Mattes du IXe au XXe siècle, La Rochelle, impr. de
l'Ouest, 1925, p. 7 : non côté. Titre de la pièce ? Auteur indéterminé, vers 1270 : Pierre de Celeyran succède
à Bernard de Coursan mentionné en 1145 comme coseigneur de Sigean.

AD Aude. SABARTHES (Abbé), Dictionnaire topographique du département de l'Aude comprenant les


noms de lieu anciens et modernes, Imprimerie Nationale, Paris, 1912, p. 85 : HGL VIII pr. 544. Titre de la
pièce ? Auteur indéterminé, 1271 : "...Castrum de Serairano...".

AM Narbonne. MOUYNES (Germain), Inventaire des archives communales antérieures à 1790 : ville de Nar-
bonne : série AA, Narbonne, E. Caillard, 1877, p. 38 : cote inconnue. Sentence arbitrale entre le vicomte de
Narbonne et le baron de Pérignan fixant la limite entre leurs deux seigneuries. Guy de Lévis seigneur de Mi-
repoix, 6 février 1271 : "…usque ad divisiones Sereinani..".

AD Aude. Clergé séculier, archevêché de Narbonne, seigneurie de Salles-d'Aude : G 23. Arbitrage entre Ber-
nard de Farges, archevêque de Narbonne, et la communauté de Salles d'une part, la maison de l'hôpital St-
Jean de Jérusalem et la communauté de Céleyran, d'autre part, au sujet des droits de haute, moyenne et basse
justice, de dépaissance et d'usage dans le lieu dit l'Estanhol. Auteur indéterminé, 26 mai 1322 : "…Cereyra-
num…".

AM Narbonne. Annexes de la série AA : AA 111, 11e Thalamus, f°86. Ordonnance des commissaires du roi
rendue pour l'exécution des lettres patentes de Philippe VI qui autorisent les nouveaux travaux projetés par
les consuls en vue de rétablir la rivière d'Aude dans son ancien lit. Pierre Aurelzier et Gilles de Maldiers com-
missaires du roi, 10 août 1346 : "…consules …de Serayrano…".

AM Narbonne. Annexes de la série AA : AA 108, f. 37. Aquetz son los locs de la viguayria real de narbona,
ayssi cant de jos se enseguisson. Lettres patentes, 1347 ou 1368. : "…Serayran…".
Médiathèque E. Zola Montpellier. TALLAVIGNES D'ANGLES (Gabriel), "La seigneurie de Celeyran de
1353 à 1597", BCAN, t. 23, années 1951-1952, Narbonne, 1954, p. 78 : 99 688. Accord de paréage entre
frère Dieudonné de Saint-Maurice, Commandeur de Périeis, et noble Raymond de Saint-Just. Auteur indé-
terminé, 13 avril 1353 : mention d'un moulin à vent, de prisons, d'une cour de justice armoriée, d'un château,
cour, moulin à huile.

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30

36 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
p. : non côté. Vente de la coseigneurie laïque. Auteur indéterminé, 7 juin 1375 : "...adjudication de la co-pro-
priété du seigneur particulier à la veuve de Bernard Saint-Just, femme de Bernard Jordan de Narbonne…".

AD Aude. Documents entrés par voie extraordinaire (pièces isolées et petits fonds) : 3J 1442. Transaction
passée en 1400 entre frère Pierre Raymond de Guers, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem et commandeur
de Périeis, d'une part, et Pierre Dolens, seigneur de Moujan, d'autre part, sur le partage du terroir de Céley-
ran, contenant la désignation des terres que chacun des coseigneurs doit avoir. Le Commandeur de Périeis
et Pierre Dolens, 1400 : non consulté.

AM Narbonne. Inventaire Rocques. : II 396. Inventaire des actes de la visite des Eglises. Auteur indéter-
miné, 1404 : "…Item au 28 feuillet est la Visitte st marcel de Cereyran la Vicairie duquel lieu touchan l'Ins-
titution et p…tation appartient aychapitre de narbonne dans le terroir de laquelle pairoisse est Une Chapelle
de st Cassian le prieur de laquelle Estoit l'Evesque de Beziers et feut fondee par Charlemaigne, a laquelle cha-
pelle apartenoit quelques tasques mais non pas le disme ni les offrandes, lesqueles ledit vicaire recevoit, Item
feut dict que le sieur de Narbone ne recevoit rien En ladite Esglise mais bien le Chapitre de st Just, Ce que
ledit vicaire avoit de pention sur le chapitre de st Just 20 cestiers de tous bleds Et un muid de Vin Item le
Carualage (?) Item Une Vigne Une ollivette et deux pieces de terre, comme aussi Une Chapellainie a la mour-
guier de Narbonne, Item avoit audit lieu la maiuson presbiteralle du tour ruinéé...".

Médiathèque E. Zola Montpellier. TALLAVIGNES D'ANGLES (Gabriel), "La seigneurie de Celeyran de


1353 à 1597", BCAN, t. 23, années 1951-1952, Narbonne, 1954, p. 81 : 99 688. Jugement des commissaires
envoyés par le Chapitre Général de l'Ordre sur le différend entre les co-seigneurs. Auteur indéterminé, 7 mai
1479 : mention de bornes à placer séparant les possessions des deux co-seigneurs le long d'un axe "com-
mençant à l'aquilon et tirant au midi, côté d'autan étant au commandeur, et côté cers, au sieur de Dorlans…
au sieur de Dorlans un jardin joignant l'église…".

Archives privées. Non classé : non côté. Hommage de Pierre III Dorlan au Commandeur de Péries cité dans
une correspondance datée du 10 mai 1787. Abbé Dorlan de Polignac, 9 juin 1488.

Bibl. Carcassonne. Collection des manuscrits : ms. 9551, f. 196. Titre de la pièce ? Auteur indéterminé, 1503
: "…Sérézan…".

Archives privées. Non classé : non côté. Testament du coseigneur laïc de Celeyran cité dans une correspon-
dance du 10 mai 1787. Abbé Dorlan de Polignac, 30 juillet 1519 : "…testament de philippe dorlan fait dans
son chateau de celeyram le trente juillet 1519 il fut enterré dans le tombeau de ses ancetres ou le corps de
Madame sa mere reposoit, dans la chapelle de la vierge qui est dans l'eglise de St. marcel de celeyram, vous
deves nommer a une chapelle qu'il fonda et dotta dans la meme eglise il fit construire une belle maison pour
le chapellain prés de l'eglise...".

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30
p. : non côté. Recherche générale du diocèse de Narbonne. Auteur indéterminé, 1537 : "…Sérayra…,…Sé-
reyra…".

Médiathèque E. Zola Montpellier. TALLAVIGNES D'ANGLES (Gabriel), "La seigneurie de Celeyran de


1353 à 1597", BCAN, t. 23, années 1951-1952, Narbonne, 1954, p. 83 : 99 688. Reconstitution de la sei-
gneurie laïque de Celeyran dans la main de François de Saint-Jean de Voisins baron de Moussoulens. Auteur
indéterminé, 1597.

AM Narbonne. Inventaire Rocques. : II 188. Titre de la pièce ? Auteur indéterminé, 1639 : "…Céreyran…".

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 37
AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G2. Compoix. Série G contributions-administrations
financières, 1G-impôts directs. 1661 : ne contient aucun bien situé à Celeyran, ni tenancier forain de ce lieu.

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30
p. : non côté . Partage de terres entre les deux coseigneurs. Auteur indéterminé, 25 août 1687 : "...partage
des terres en culture entre le Commandeur et St. Jean-Voisins-Moussoulens, l'indivision subsistant pour les
garrigues et les hermes…".

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30
p. : non côté . Affermage de terres du coseigneur laïc. Auteur indéterminé, 20 septembre 1693 : "...St. Jean-
Voisins-Moussoulens afferme la moitié de sa terre à Cyprien et Jean Mengau pour 9 ans…".

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30
p. : non côté . Vente de la coseigneurie laïque de Celeyran. Auteur indéterminé, 25 juin 1695 : vente de la
seigneurie laïque de Celeyran par Henri de Saint-Jean-de-Voisins à Cyprien Mengau, de Narbonne, pour 46
000 livres. Donna lieu à un inventaire étudié par Edmond de Rivières en 1891 mais non consulté car conservé
à Toulouse.

Archives privées. Non classé : non côté. Inventaire des actes Remis a Monsieur Mengau par Monsieur de
Moussoullens lors delavante quil lui fit delaplace de Cerairan servant laplus part alaseureté deladite acquizi-
tion. Non signé, vers 1695 : contient des informations relatives à la dévolution de la seigneurie, sa gestion
féodale et domaniale. L'acte le plus ancien date de 1353. Une ordonnance du Maître des Ports de Narbonne
ordonne aux consuls de Coursan de réparer la chaussée de Celeyran en 1618. Le dernier acte inventorié date
de 1685.

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30
p. : non côté . Hommage de Cyprien Mengau. Auteur indéterminé, 19 octobre 1697.

Archives privées. Non classé : non côté. Inventaire après décès de Cyprien Mengau seigneur de Celeyran.
François Albouze chanoine de Saint-Just, 4 octobre 1711 : "…nous sommes allez a la terre et Seigneurie de
cerairan ou estant Nous sommes entres dans Lacuisine…nous sommes entrez dans Lapastandiere…Dans
Le Cabinet de dessous Le degré…Dela Sommez alles dans Le cellier…Dela nous sommez allez dans La
Salle basse Duvieux batiment...Dela nous sommez allez dans LaSalle hautte Du vieux batiment...De La-
Sommez entrez dans un Cabinet de Ladite Sale...Dans Le Grand degré avons trouvé un orloge...Dela nous
Sommez entrez dans LeSalon du Batiment neuf...Dela nous sommez entrez dans LaChambre Joignant Le-
Salon...De La nous sommez entrez dans LaChambre Du petit degré...De La nous Sommez entrez dans La
Chambre qui est du Cotte de Leglise...De La nous sommez entrez Dans Lagrande Salle...De La nous som-
mez allez aux Greniers...De La nous Sommez allez dans La voutte De Latour...Dela sommez allez dans Le
tinal...De La nous sommez allez dans Lescurie...Soubz Les couvers de Lamenagerie...De La nous sommez
entrez dans Lescurie Des Jumans...De La nous sommez allez dans Lescuerie desdits pasteurs ou nous avons
trouvé trois cens vingt et une brebis dans Lamaison ou demure ledit pasteur...dans celle du Legasier...dans
Le cellier Du ramounet...De LaNous Sommez allez Dans une chambre qui est devant Le puis ou nous avons
trouvé Les outilz De Lamenagerie...".

38 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
AD Aude. Documents entrés par voie extraordinaire (pièces isolées et petits fonds) : 3J 2134. Famille Ta-
pier : pièces de procédure opposant Cyprien Mengaud, de Narbonne, seigneur de Celeyran, à Elizabeth Ray-
naud, épouse de Jean Tapier, de Narbonne. Cyprien Mengaud, 1713-1757 : non consulté.

Archives privées. Non classé : non côté. Toisé des ouvrages de Jacques Amilliac maître maçon plâtrier de Nar-
bonne. Jean Cadas maître maçon tailleur de pierre de Narbonne, 27 mars 1734 : "Nous Jean Cadas mçon tail-
leur de pierre maître Juré de La ville de narbonne nous Seryons transportés au Château de Sereiran apartenant
a Monsieur meingaut Corecteur Sitoyen du dit narbonne pour prosseder au toiezé des ouvrages faits par
Jeaques amilliac maçon an plastre maître Juré de La Susdite ville Lesquels ouvrages Consistent a une Berge-
rie La maison du Berger est Les murs dansinte du porge de La dite Bergerie que Le dit amilliac a declaré Le
tout avoir fait aneuf de Lordre du dit Sieur mingaud au quel toiezé nous aurions procédé selon dieu est
Conciancez Se Jourduy 24e mars 1734...".

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30
p. : non côté . Aveu et dénombrement d'un quart de la coseigneurie laïque au seigneur de Pérignan. Auteur
indéterminé, 28 avril 1753.

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30
p. : non côté . Plan général du diocèse de Narbonne et plans particuliers. Auteur indéterminé, 1754.

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30
p. : non côté . Aveu et dénombrement d'un quart de la coseigneurie laïque au seigneur de Pérignan. Auteur
indéterminé, 3 décembre 1757 : garrigues indivises avec le Commandeur dont le Puech de Celeyran.

Archives privées. Non classé : non côté. Contrat de fabrication de cheminées, tables et encoignures de mar-
bre. Gillard marbrier à Caunes, 30 décembre 1768 : "Nous monsieur mingaud Conseiller ala chambredes
Comptes amontpellier Seigneur de Celayran et joseph gillard maistre marbrier a Caunes avons Convenu que
moy dit gillard moblige faire trois cheminées en marbre pour Son château de Selayran Scavoyr une enmar-
bre gris pour La Sale et avec une table et deus encoiniures mesme marbre une autre a une chambre de mar-
bre griotte ou ... avec Satable et Ces encoynures une autre avec Satable etdeus encoynures marbre griotte plus
une table marbre griotte pour une Comode marbre griotte et uneautre marbre ... Le tout de marbre de Caunes
et moyenant Le pris et Somme Cinq Cens Livres a Compte de laquelle Somme je declare avoir resu a Compte
deux cens quarante livres Le restant Sera peie ala redition de louvrage Le tout rendu a narbonne et mis en-
plase a selayran et monsieur mingaut Sera tenu de fournir Lenecessaire pour plasser Ledit ouvrage...".

Archives privées. Non classé : non côté. Facture de la livraison du marbrier. Gillard père marbrier de Caunes,
17 avril 1770 : "…Monsieur que dieu Conduise bartés charrettier de malbes je lui ay charge SurSa charrette
et pourvôtre Compte deus cheminées et quatre montans trois encoignures letout marbre griotte lustré , resu
que vous layes ches vous bien et duement Conditione…".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G5. Extraits des compoix et reconnaissances de Salles.
Série G contributions-administrations financières, 1G-impôts directs, XVIIIe s. : extrait du compoix du
compoix du 27 avril 1537 article 2 : le carron de Celeiran contient un 1er et un 2e carron. Mais Celeyran est
considéré comme une localité voisine. Le carron doit concerner une partie du terroir sur le territoire de
Salles.

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 39
AD Aude. SABARTHES (Abbé), Dictionnaire topographique du département de l'Aude comprenant les
noms de lieu anciens et modernes, Imprimerie Nationale, Paris, 1912, p. 85 : H 10 f. 44 Titre de la pièce ?
Auteur indéterminé, XVIIIe s. : "…Céreyra…".

Archives privées. CASTAN-LACOURTADE, BARON (L.), Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Pro-
priétaire Foncier, domicilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du ci-
toyen Jacques Viguier, domiciliée dans la même ville, Béziers, sans date (postérieur au 21 floréal an XI), 30
p. : non côté . Réunion de Celeyran à la commune de Salles et à son état de sections pour la contribution fon-
cière. Auteur indéterminé, 1791.

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G6. Etats de section : section H. Salles-d'Aude, Série
G contributions-administrations financières, 1G-impôts directs, 1791 : "… n°227 : Le citoyen mingaut, châ-
teau et Dependances Ramonetage et Logement de Larroisier avec Ses Ecuries, Deux Setteres, 24 livres ... ;
n°228 : Le Sieur mingaut, Bergerie, cent cannes, 2 livres 12 sous 6 deniers ... ; n°230 : Les commandeur, une
maiterie et Bergerie avec Ses Dependances, trois cents dix cannes, ...livres 15 sous ... ; n°231 : Les comman-
deur, Eglise, Douze cannes, 6 sous ...".

AD Aude. Domaines : 1Q 2077. Protestation de Mengau contre la vente de la chapelle et la descente des deux
cloches. Jacques Mengau, 7 avril 1792.

AD Aude. Domaines : 1Q 378. Procès-verbal d'adjudication de l'église et du clocher de Celeyran en faveur


du sieur Pierre Sabatier de Coursan. Grimaud secrétaire du District, 10 avril 1792 : mention d'un devant
d'autel en marbre rouge et un gradin. Vente du cimetière "réservé".

AD Aude. Domaines : 1Q 2077. Protestation du Commandeur contre la vente de la chapelle et la descente


des deux cloches. Ginies procureur, 6 juin 1792.

AD Aude. Domaines : 1Q 2077. Affiche de la vente du domaine de Celeyran appartenant à l'Ordre de Malte.
Fonds du Département, affiches des ventes soumissions adjudications, biens de première origine, A-Im-
meubles et fonds, district de Narbonne, affiches concernant les ventes des biens nationauxI, commune de
salles-d'Aude, 1792 : ventes séparées de la "métairie St-Jean de Celeyran" et chapelle.

AD Aude. Domaines : 1Q 2077. Estimation du domaine de Saint-Jean de Celeyran du ci-devant Ordre de


Malte. Jacques Laforgue et Pierre Guiraud experts, 5 mars 1793 : deux bergeries, écurie, tinal et maison du
métayer ou ramonet et pasteur, 310 cannes, 1500 livres.

AD Aude. Domaines : 1Q 378. Procès-verbal d'adjudication du domaine de Celeyran appartenant à l'Ordre


de Malte. Maraval secrétaire greffier du Département, 2 avril - 11 juillet 1793 : pas d'informations particu-
lières. Citée par un mémoire en faveur de Jacques Mengau dans un contentieux l'opposant à Catherine Al-
laux postérieur au 21 floréal an XI (archives privées) : fixation des limites avec Salles, attaques contre 18
usurpateurs.

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G7. Matrice de rôle. Salles-d'Aude, Série G contri-
butions-administrations financières, 1G-impôts directs, 1797.

Archives privées. Non classé : non côté. Mémoire Pour le citoyen Jacques Mengau, Propriétaire Foncier, do-
micilié à Narbonne. Contre la Dame Cathérine Alaux, épouse libre en ses biens du citoyen Jacques Viguier,
domiciliée dans la même ville. Castan-Lacourtade, Homme de Loi et L. Baron, avoué, sans date (postérieur
au 21 floréal an XI).

AD Aude. Atlas cadastraux : PW 6913. Plan de la commune, section B du village et C de Maurel. Guibal in-

40 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
génieur géomètre en chef et Ginieis géomètre secondaire, 25 août 1807 : le plan figure des bâtiments pré-
cédant les constructions actuelles.

AD Aude. Archives notariales : 3E 18584. Testament de Jacques Mengau. Maître Yzombard, notaire à Cour-
san, 29 octobre 1808 : p. 517-523, institue pour héritier Esprit Tapié son cousin propriétaire, de Narbonne.
25e clause : obligation pour Esprit Tapié, héritier, de loger nourrir et entretenir Joseph Gazel, Jacques Carol
dit Brigoul et Guillaume Boutes habitants de Celeyran. Les donations sont exécutées à partir du 22 septem-
bre 1811 (minutes d'Yzombard, 3E 18587), les mutations sont enregistrées aux états de section, section H,
en 1812 (AD11, 4E 370/1G6). Il n'y a pas d'inventaire après décès.

AD Aude. Atlas cadastraux : PW 6893. Plan de la commune, section C 7e et 8e feuilles. Plan cadastral, com-
mune de Salles-d'Aude, 1809-1810 : le plan figure les bâtiments actuels.

AD Aude. Etat Civil : 5E 370/6. Acte de décès de Jacques Mengau. Commune de Salles-d'Aude, Naissances
mariages décès, 21 août 1811 : décès de Jacques Mengau, à l'âge de 89 ans et deux mois. Le décès a eu lieu à
Celeyran la veille. Déclaration par François Rouvière chirurgien de Pérignan et par Jean-Pierre Barthe homme
d'affaires de Celeyran y demeurant.

AD Aude. Enregistrement : 3Q 18/55. Enregistrement du testament de Jacques Mengau. Bureau de Nar-


bonne, enregistrement des actes passés devant notaire, 22 août 1811 : f°5v° art. 8, Jacques Mengau décédé
à Celeyran le 20 août Testament passé devant Maître Yzombard notaire à Cousan le 29 octobre 1808.

AD Aude. Enregistrement : 3Q 18/55. Registre de recette, actes civils publics, 14 août 1811-16 mai 1812. Bu-
reau de Narbonne, enregistrement des actes passés devant notaire, 28 septembre 1811 : "…f°27 recto arti-
cle 2, Du vingt huit septembre 1811 enregistré Première Séance Dinventaire Des meubles et effets
Dépendants de la Succession de" Raynaud Nicolas ramonet à Celeyran, domicilié à Narbonne. Acte passé
chez Maître Bivet notaire à Narbonne le 23 septembre 1811. L'inventaire a été ordonné car le défunt pos-
sédait des enfants issus de différents mariages. Voir les minutes en 3E11690.

Archives privées. Non classé : non côté. Le préfet de l'Aude corrige la répartition et les montants des impo-
sitions entre le sieur Tapié et le ci-devant Commandeur de Saint-Jean-de-Jérusalem. Conseil de préfecture,
31 mars 1813 : "…article 2 : Le revenu Imposable assigné au cidevant Commandeur porté à L'article 258 de
la Matrice de rôle de 1812…article 3 : Le revenu imposable assigné au dit Sieur Tapié Comme propriétaire
du domaine de Celeyran, article 259 porté sur la matrice de rôle de la même année...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G9. Etat nominatif des propriétaires : répartition (des
réquisitions en blé et seigle pour l'armée de Catalogne). Salles-d'Aude, Série G contributions-administrations
financières, 1G-impôts directs, 1813-1814.

AM. Narbonne : dossier commune de Salles-d'Aude. Comparution devant le Maire de Salles de Jean Rous-
sel, garde-champêtre particulier de M. Tapié-Mengau résidant à Celeyran. Barbaza maire de Salles, 14 sep-
tembre 1822 : "…à travers des propriétés de M. Tapié-Mengau et notamment sur un champ complanté de
Muriers…".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G10. Matrice générale pour la formation d'un rôle
unique des quatre contributions directes de la commune de Salles sur Aude. Salles-d'Aude, Série G contri-
butions-administrations financières, 1G-impôts directs, 1822-1825 : "…n°512 : Tapié Esprit Pour le Com-
mandeur, 3900, 55 francs ; n°513 Tapié Esprit Pour Celeyran, revenus imposables des propriétés bâties et
non-bâties : 6985, 94 francs, portes cochères, charretières et de magasins : 4, portes et fenêtres du rez-de-
chaussée, premier et deuxième étages : 70…".

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 41
AD Aude. Atlas cadastraux : PW 9118 10. Plan de la commune de Salles-d'Aude, section C de Celeyran, 3e
feuille. Plans dits "napoléoniens", 1829 : les états de section correspondants datent de 1830 et sont conser-
vés sous la cote 1043 W 72. Ils n'ont pas été consultés.

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G10. Matrice générale des contributions directes pour
les années 1833, 1834 et 1835. Salles-d'Aude, Série G contributions-administrations financières, 1G-impôts
directs, 1833 : "…n°559, folio de la matrice cadastrale 571, article 565 : Tapié mengaud Esprit, demeuré à
Celeyran, revenu foncier 12156, 54 francs, portes cochères, charretières et de magasins : 3, portes et fenêtres
des rez-de-chaussée, premier et deuxième étages : 80, 1 maison à 2 ouvertures, 1 maison à 3 ouvertures, taxes
personnelles : 1, loyers d'habitation : 200...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G10. Matrice générale des contributions directes pour
les années 1833, 1834 et 1835. Salles-d'Aude, Série G contributions-administrations financières, 1G-impôts
directs, 1834-1835 : "…n°559, folio de la matrice cadastrale 571, article 565 : Tapié mengaud Esprit, de-
meuré à Celeyran, revenu foncier 12156, 54 francs, portes cochères, charretières et de magasins : 1, portes
et fenêtres des rez-de-chaussée, premier et deuxième étages : 80, 1 maison à 2 ouvertures, 1 maison à 3 ou-
vertures, taxes personnelles : 1, loyers d'habitation : 200...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G10. Matrice générale des contributions directes pour
les années 1836, 1837 et 1838. Salles-d'Aude, Série G contributions-administrations financières, 1G-impôts
directs, 1836-1838 : "…n°565, folio de la matrice cadastrale 571, article 565 : Tapié mengaud Esprit, de-
meuré à Celeyran, revenu foncier 12168, 23 francs, portes cochères, charretières et de magasins : 1, portes
et fenêtres des rez-de-chaussée, premier et deuxième étages : 80, 1 maison à 2 ouvertures, 1 maison à 3 ou-
vertures, taxes personnelles : 1, loyers d'habitation : 200...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G10. Matrice générale des contributions directes pour
les années 1839, 1840 et 1841. Salles-d'Aude, Série G contributions-administrations financières, 1G-impôts
directs, 1839-1841 : "…folio de la matrice cadastrale 571, article 575 : Tapié mengaud Esprit, demeuré à Ce-
leyran, revenu foncier 12168, 23 francs, portes cochères, charretières et de magasins : 1, portes et fenêtres
des rez-de-chaussée, premier et deuxième étages : 80, 1 maison à 2 ouvertures, 1 maison à 3 ouvertures, taxes
personnelles : 1, loyers d'habitation : 200...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G10. Matrice générale des contributions directes pour
les années 1842, 1843 et 1844. Salles-d'Aude, Série G contributions-administrations financières, 1G-impôts
directs, 1842-1844 : "…n°575, folio de la matrice cadastrale 571, article 587 : Tapié mengaud Esprit, de-
meuré à Celeyran, revenu foncier 12168, 23 francs, portes cochères, charretières et de magasins : 1, portes
et fenêtres des rez-de-chaussée, premier et deuxième étages : 80, 1 maison à 2 ouvertures, taxes personnelles
: 1, loyers d'habitation : 200...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G10. Matrice générale des contributions directes pour
les années 1845, 1846, 1847 et 1848. Salles-d'Aude, Série G contributions-administrations financières, 1G-
impôts directs, 1845 : "…n°587, folio de la matrice cadastrale 571, article 626 : Tapié, Mengaud Esprit, de-
meuré à Celeyran, revenu foncier 12168, 23 francs, taxes personnelles : 1, loyers d'habitation : 200, portes
cochères, charretières et de magasins : 1, portes et fenêtres des rez-de-chaussée, entresols, premier et deuxième
étages : 80, 1 maison à 2 ouvertures...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G10. Matrice générale des contributions directes pour
les années 1845, 1846, 1847 et 1848. Salles-d'Aude, Série G contributions-administrations financières, 1G-
impôts directs, 1846 : "…n°587, folio de la matrice cadastrale 571, article 626 : Tapié, Mengaud Esprit, de-
meuré à Celeyran, revenu foncier 12168, 23 francs, taxes personnelles : 1, loyers d'habitation : 200, portes
cochères, charretières et de magasins : 1, portes et fenêtres des rez-de-chaussée, entresols, premier et deuxième

42 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.
étages : 105, 1 maison à 2 ouvertures, 2 maisons à 3 ouvertures...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G10. Matrice générale des contributions directes pour
les années 1845, 1846, 1847 et 1848. Salles-d'Aude, Série G contributions-administrations financières, 1G-
impôts directs, 1847 : "…n°587, folio de la matrice cadastrale 571, article 626 : Tapié, Mengaud Esprit, de-
meuré à Celeyran, revenu foncier 12168, 23 francs, taxes personnelles : 1, loyers d'habitation : 200, portes
cochères, charretières et de magasins : 1, portes et fenêtres des rez-de-chaussée, entresols, premier et deuxième
étages : 85, 1 maison à 2 ouvertures, 2 maisons à 3 ouvertures...".

AD Aude. Rapport présenté au jury du concours régional de Carcassonne, au nom de la commission char-
gée de visiter les exploitations du département de l'Aude concourant à la Prime d'Honneur, p. 27-31 : Q°352.
Celeyran. JUSSERAUD (A.), 1859 : mention du grand chai viticole et de la polyculture.

AD Aude. Enregistrement : 3Q 18/442. Table alphabétique des successions et absences. Bureau de Nar-
bonne, table des successions et absences, 1866-1870 : f°183v-f°184r, "...Tapié-Mengau esprit jean jacques
marc Toussaint, domicile Salles, âge 84 ans, décédé le 8 mai 1866, veuf, enregistrement les 29 mai, 30 mai, 9
juin, 18 juin 1866, déclaration de la succession le 7 novembre 1866, Tapié-Mengau, Tapié-Celeyran, Bourlet-
St Aubin, de Busciani, Delmas (enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants de Salles, Narbonne et...) hé-
ritiers, donataires ou légataires, valeur du mobilier, argent rentes et créances 359108,87 francs, revenus des
immeubles 86121 francs à Salles, Coursan, Cuxac, Narbonne, Fleury...".

AD Aude. Enregistrement : 3Q 18/146. Registre de recette, actes civils publics, 8 février-19 juin 1866. Bu-
reau de Narbonne, enregistrement des actes passés devant notaire, 29 mai 1866 : non consulté faute de temps

AD Aude. Enregistrement : 3Q 18/146. Registre de recette, actes civils publics, 8 février-19 juin 1866. Bu-
reau de Narbonne, enregistrement des actes passés devant notaire, 30 mai 1866 : non consulté faute de temps

AD Aude. Enregistrement : 3Q 18/146. Registre de recette, actes civils publics, 8 février-19 juin 1866. Bu-
reau de Narbonne, enregistrement des actes passés devant notaire, 9 juin 1866 : non consulté faute de temps

AD Aude. Enregistrement : 3Q 18/146. Registre de recette, actes civils publics, 8 février-19 juin 1866. Bu-
reau de Narbonne, enregistrement des actes passés devant notaire, 18 juin 1866 : non consulté faute de temps

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G11. Matrices générales des contributions foncière,
personnelle-mobilière, et des portes et fenêtres pour les années 1870, 1871, 1872 et 1873. Série G contribu-
tions-administrations financières, 1G-impôts directs, 1870 : "…n°898, folio de la matrice cadastrale 1319,
article 900 : Tapié Amédée, propriétaire, demeure Château de Celeyran, revenu foncier 8347,28 francs, taxes
personnelles : 1, loyers d'habitation : 150, portes cochères, charretières et de magasins : 1, portes et fenêtres
des rez-de-chaussée, entresols, premier et deuxième étages : 85, 1 maison à 2 ouvertures, 2 maisons à 3 ou-
vertures...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G11. Matrices générales des contributions foncière,
personnelle-mobilière, et des portes et fenêtres pour les années 1870, 1871, 1872 et 1873. Série G contribu-
tions-administrations financières, 1G-impôts directs, 1871 : "…n°898, folio de la matrice cadastrale 1319,
article 900 : Tapié Amédée, propriétaire, demeure Château de Celeyran, revenu foncier 7781,72 francs, taxes
personnelles : 1, loyers d'habitation : 150, portes cochères, charretières et de magasins : 1, portes et fenêtres
des rez-de-chaussée, entresols, premier et deuxième étages : 85, 1 maison à 2 ouvertures, 1 maison à 3 ou-
vertures...". Une mutation en 1886.

Copie détenue par le propriétaire. Bulletin de Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude, tome LXXVI, 1976,
p. 255-261 : non côté. Situation vinicole du Narbonnais en 1871. MARTINEZ (Michel), 1871 : 500 hectares

Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010. 43
en polyculture : 36 ha de terres maigres plantés d'oliviers et de mûriers (18 onces de grains de vers à soie),
156 ha de terres fertiles cultivés en céréales, racines, vesces (plantes pour le fourrage), 170 ha en vignes pro-
duisant 8670 hl, mention du cellier, mention d'une technique de bouturage de sarments racinés pratiquée de-
puis 1830 et destinée à planter des terres arides (plantation en pourrette), 35 chevaux et mulets, 16 bœufs,
1200 moutons mérinos, 70 chevaux de Camargue.

Archives privées. Non classé : non côté. Devis de reconstruction de la toiture du clocher de la chapelle. J. Ber-
thomieu de Coursan, 22 octobre 1877 : "Projet de reconstruire la toiture du clocher de la Chapelle du Châ-
teau de Céleyran. Devis et détail Estimatif. Description des Ouvrages : Bois charpente à nouveau (Vive arête),
2 Poinçons de 3.00 x 25/25, 4 Arêtiers de 3.00 x 20/20, 10 traverses ou Entretoises 0.82 x 20/20, 2 Entraits
de 4.48 x 26/28, 2 idem de 3.35 x idem, 4 Enrayures de 1,60 x 20/25, Sablières de 31.32 x 12/20...Dépose
des ardoises et voliges avec précaution...idem pour bois de charpente. Reconstruire la toiture pose de voliges
et des ardoises vieilles ou neuves. fourniture des ardoises neuves pour remplacer la casse supposée à
1/10...plomb pour raccords des noues et faîtages boulons et Etriers pour la charpente...Projet de Crépi le
pourtour, au bas des Murs Intérieurs de la Chapelle du chateau de Céleyran à une Hauteur moyenne de 0.70.
Pourtour de ces Murs formant 37.30 x 070...Piquage des vieux mortier, faire place nette...Blanchissage des
murs et de la vôute avec réparations nécessaires des Enduits, le tout en couleur jaune tendre...".

AD Aude. Archives communales déposées : 4E 370/1G12. Matrice des propriétés bâties. Série G contribu-
tions-administrations financières, 1G-impôts directs. 1882-1904 : case 295, Amédée Tapié propriétaire au
Château de Celeyran est enregistré en 1882 pour les parcelles C 995 (maison tirée du f°1319 de la matrice,
non bâtie), C 1002 (maison et cour tirée du même), C 1009 (château et cour tirés du même). En 1889, Fré-
déric Humbert est enregistré pour les parcelles C 1037, 1005, 1012, 1021 (11 maisons toutes en construc-
tion nouvelle). En 1904, Amédée Tapié est enregistré pour une maison parmi les 11 mentionnées (C 1012)
mentionnée en 1904 en maison du régisseur.
AD Aude. Documents entrés par voie extraordinaire (pièces isolées et petits fonds) : 3J 1152. Correspon-
dance adressée par M. Vergnes de Castelpers à Chabert père et fils au sujet du château et du vignoble de Ce-
leyran. M. Vergnes de Castelpers, 1907 : non consulté.

44 Région Languedoc-Roussillon, Direction de la Culture et du Patrimoine. Diagnostic patrimonial, Domaine de Celeyran (Salles-d'Aude). 2010.

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