La Fabrication Des Filés de Coton
La Fabrication Des Filés de Coton
La Fabrication Des Filés de Coton
Le coton représente environ 50% de la consommation mondiale de fibres textiles. La Chine, les Etats-
Unis, la Fédération de Russie, l’Inde et le Japon sont les principaux consommateurs de coton. La
consommation est évaluée d’après la quantité de fibres de coton brut achetées et utilisées pour
fabriquer des produits textiles. La production mondiale de coton est annuellement de l’ordre de 80 à
90 millions de balles (17,4 à 19,6 millions de tonnes). La Chine, les Etats-Unis, l’Inde, l’Ouzbékistan et
le Pakistan sont les principaux producteurs de coton et assurent plus de 70% de la production
cotonnière mondiale, le reste étant produit par quelque 75 autres pays. Cinquante-sept pays
exportent du coton brut et 65 des tissus de coton. Nombre de pays accordent une grande
importance à la production intérieure pour réduire leur dépendance vis-à-vis des importations.
La fabrication des filés comprend une série d’opérations qui transforment les fibres de coton brut en
fil se prêtant à la fabrication de produits finis. Ces opérations sont nécessaires pour obtenir les filés
propres, solides et uniformes requis par les marchés d’aujourd’hui. A partir d’un paquet de fibres
emmêlées et fortement compressées extrait des balles de coton et contenant de nombreux corps
étrangers et de fibres inutilisables (matières diverses, débris végétaux, impuretés, etc.) en quantités
variables, les opérations continues d’ouverture, de mélangeage, d’épuration, de cardage, d’étirage,
de passage au banc à broches et de filage ont pour objet de transformer les fibres en fil.
Bien que les opérations de fabrication soient très complexes, la pression de la concurrence continue
de pousser les groupes industriels et les constructeurs à rechercher, pour traiter le coton, des
méthodes et des machines plus efficaces appelées à supplanter peut-être un jour celles qu’on
emploie actuellement. Cependant, selon toute probabilité, les systèmes classiques de mélangeage,
de cardage, d’étirage, de passage au banc à broches et de filage continueront d’être utilisés. Seule
l’opération de battage-nappage semble clairement appelée à disparaître dans un avenir proche.
Le fil est destiné à la fabrication de produits finis tissés ou tricotés (vêtements ou tissus industriels),
de fil à coudre et de cordages. Les filés produits se différencient entre autres par leur diamètre et
leur poids par unité de longueur. Si le principe de fabrication n’a pas changé depuis des années, les
vitesses de traitement, les techniques de commande et la taille des balles ont évolué. Les propriétés
du fil et l’efficacité du traitement sont liées à celles des fibres de coton traitées. Les propriétés finales
du fil sont également dépendantes des conditions de traitement.
La filature
L’ouverture, le mélangeage et l’épuration
En principe, les ateliers de filature procèdent à des mélanges de balles présentant les propriétés
nécessaires pour produire un fil destiné à une utilisation spécifique. Le nombre de balles employées
dans chaque mélange par les différents établissements peut aller de 6 ou 12 à plus de 50. Le
traitement débute par le transfert des balles à mélanger vers l’atelier d’ouverture des fibres, où les
emballages et les cercles sont enlevés. Les couches de coton sont retirées manuellement des balles
et placées dans des chargeuses munies de bandes transporteuses garnies de dents. Dans d’autres
systèmes, des balles entières sont placées sur des plates-formes qui leur impriment un mouvement
de va-et-vient au-dessous ou au-dessus d’un mécanisme d’arrachage. L’objectif est de transformer
les couches compactes des balles en petites touffes légères et duveteuses pour faciliter l’élimination
des corps étrangers. Etant donné que les balles sont livrées en différentes densités, les cercles sont
souvent coupés vingt-quatre heures avant le traitement afin de les briser plus facilement. Cette
précaution facilite l’ouverture et contribue à régulariser la vitesse de chargement. Les ouvreuses
assurent les fonctions d’ouverture et d’épuration initiale.
Le cardage et le peignage
La carde est la machine la plus importante dans la fabrication des filés. Dans presque toutes les
usines textiles, elle assure la deuxième et la dernière opération d’épuration. Elle est composée d’un
système de trois cylindres rotatifs garnis de fines pointes métalliques inclinées et d’une série de
barres plates, également munies de pointes métalliques, qui transforment successivement les petits
agglomérats et les petites touffes en fibres bien séparées et ouvertes, éliminent un très gros
pourcentage de débris et de corps étrangers, recueillent les fibres sous forme d’un ruban qui est
soigneusement lové dans un pot pour les opérations ultérieures .
Jadis, le coton était amené à la carde sous la forme d’une bande formée sur un batteur-nappeur
constitué de rouleaux d’alimentation, de batteurs et d’un ensemble de tamis cylindriques sur
lesquels les touffes de coton ouvertes étaient recueillies et roulées en nappe (voir figure 89.5). La
nappe était retirée des tamis en une couche plate et régulière, puis enroulée en bande. Cependant,
la nombreuse main-d’œuvre requise et l’existence de systèmes automatiques de manutention
susceptibles d’améliorer la qualité ont contribué à l’obsolescence du batteur-nappeur.
Un petit nombre d’établissements produisent du coton peigné, c’est-à-dire la qualité de fil la plus
propre et la plus régulière qui soit. Le peignage exige une épuration plus poussée que le cardage; il
élimine les fibres courtes, les boutons et les débris, et permet ainsi d’obtenir un ruban parfaitement
propre et brillant. La peigneuse est une machine compliquée constituée de rouleaux d’alimentation
cannelés et d’un cylindre partiellement garni d’aiguilles, destiné à extraire les fibres courtes et à
parfaire le parallélisme des fibres.
Le passage au banc à broches ramène le poids du ruban à un niveau adapté au filage et à la torsion,
tout en conservant l’intégrité des brins étirés. Les bacs contenant les rubans issus de l’étirage final ou
du peignage sont placés dans le râtelier, et chaque ruban est conduit entre deux jeux de cylindres
animés de vitesses croissantes, ce qui fait passer le diamètre du ruban d’environ 2,5 cm à la taille
d’un crayon ordinaire. Une torsion est imprimée aux fibres grâce à une ailette fixée sur la broche. Le
produit en résultant, dénommé mèche, vient s’enrouler sur une bobine d’environ 37,5 cm de long et
de 14 cm de diamètre.
Le filage
Le filage est l’étape la plus coûteuse de la transformation des fibres de coton en fil. Il comprend la
préparation et le filage proprement dit (appelé aussi filature). Actuellement, plus de 85% du fil
produit dans le monde l’est avec des continus à filer à anneaux: ces métiers sont conçus pour
transformer la mèche en fil du calibre (ou numéro) voulu et à lui imprimer la torsion souhaitée, cette
dernière étant proportionnelle à la résistance. Le rapport entre la longueur initiale et la longueur
finale est de l’ordre de 10 à 50. Les bobines de mèches sont placées sur des supports qui leur
permettent de passer librement dans le cylindre d’étirage du continu à filer à anneaux. Après étirage,
le fil traverse un guide, puis un curseur avant de passer sur la bobine de fil. La broche d’entraînement
de cette bobine tourne à grande vitesse, ce qui fait gonfler le fil à mesure qu’elle lui imprime une
torsion. Les fils se trouvant sur les bobines sont trop courts pour être utilisés lors des opérations
ultérieures; ils sont transférés vers des pots tournants et amenés à l’opération suivante (bobinage ou
renvidage).
Dans la production de fils plus lourds ou plus grossiers, le filage à anneaux est aujourd’hui remplacé
par le procédé dit à fibres libérées, dit aussi «open-end» (à bouts ouverts). Un ruban de fibres est
amené dans une turbine tournant à vitesse très élevée, dans laquelle la force centrifuge transforme
les fibres en fil. La bobine n’est pas utile dans ce procédé, et le fil est mis en place sur le support
voulu lors de l’opération suivante.
Le renvidage et le bobinage
Après le filage, le fil doit être présenté en fonction de l’utilisation prévue — tissage ou tricotage. Le
renvidage, le bobinage, la torsion et l’enroulement du fil sur canettes sont considérés comme des
étapes préparatoires au tissage et au tricotage. En principe, les produits bobinés seront utilisés
comme fils de chaîne (fils passant dans le sens de la longueur d’un tissu) et les produits renvidés
serviront de fils de trame (fils passant dans le sens de la largeur d’un tissu), ou duites. Les produits de
la filature à fibres libérées court-circuitent ces étapes et sont directement emballés en tant que fils
de trame ou fils de chaîne. Le retordage consiste à tordre ensemble deux fils ou plus avant les autres
opérations afin d’obtenir un fil retors d’une grosseur double, voire triple ou quadruple, nettement
plus solide qu’un fil simple de la même grosseur. Dans l’enroulement du fil sur canettes, le fil est
disposé sur des bobines suffisamment petites pour tenir à l’intérieur de la navette d’un métier à
boîtes multiples. Cette opération a parfois lieu sur le métier lui-même .
La sécurité et la santé
Les machines
Tous les types de machines servant à fabriquer les textiles de coton peuvent provoquer des
accidents, bien que la fréquence de ceux-ci ne soit pas très élevée. La mise en place d’une protection
efficace sur les innombrables pièces en mouvement pose de multiples problèmes et requiert une
attention constante. La formation des opérateurs à des pratiques de travail sûres est également
essentielle. Elle permet notamment d’éviter de réparer une machine en marche, ce qui est à l’origine
de nombreux accidents. Chaque élément de machine peut avoir une source motrice d’énergie
(électrique, mécanique, pneumatique, hydraulique, inertielle, etc.) qu’il importe de couper avant de
procéder à une réparation ou à une opération d’entretien. Les sources d’énergie devraient être
clairement identifiées dans chaque atelier; l’équipement nécessaire devrait se trouver sur place et le
personnel devrait savoir que les sources d’énergie dangereuses doivent systématiquement être
déconnectées avant toute intervention sur les machines. Des inspections régulières devraient être
effectuées pour s’assurer que les procédures d’arrêt sont respectées et correctement appliquées.
Le bruit
Le bruit peut poser des problèmes lors de certaines opérations de fabrication des filés. Dans les
usines modernes, il est généralement inférieur à 90 dBA. Dans bien des pays, la limite est plus sévère.
Grâce aux efforts des constructeurs de machines et des spécialistes de la question, les niveaux de
bruit continuent de diminuer en dépit de l’augmentation des vitesses. La solution consiste à
fabriquer des machines plus silencieuses. Aux Etats-Unis, un programme de protection de l’ouïe est
obligatoire dans les entreprises où le niveau sonore dépasse 85 dBA, ce qui implique la surveillance
du bruit, des tests audiométriques et la fourniture de dispositifs de protection pour le personnel
lorsque le bruit ne peut être ramené au-dessous de 90 dBA.
La chaleur
Etant donné que les opérations de filage requièrent parfois des températures élevées et une
humidification artificielle de l’air, une surveillance attentive est dans tous les cas indispensable pour
garantir le respect des limites maximales admissibles. Des systèmes d’air conditionné bien conçus et
correctement entretenus tendent de plus en plus à remplacer les méthodes plus archaïques de
régulation thermique et hygrométrique.