Thèse Homéo
Thèse Homéo
Thèse Homéo
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 12 octobre 2018
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
EBERT Cécile
Née le 28 février 1991
à Paris 19ème
VETAGRO SUP
CAMPUS VETERINAIRE DE LYON
Année 2018 - Thèse n°055
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 12 octobre 2018
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
EBERT Cécile
Née le 28 février 1991
à Paris 19ème
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Liste des Enseignants du Campus Vétérinaire de Lyon (1er mars 2018)
Hommage respectueux.
Sincères remerciements
Sincères remerciements
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6
Remerciements de la famille
A mes parents,
Merci
A mon frère,
A ma sœur,
A mon amour,
7
8
Table des matières
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1. Le médicament homéopathique............................................................................................................ 47
2. Utilisation de l’homéopathie pour les animaux de production ............................................................. 48
a) Utilisation de spécialités homéopathiques avec AMM ....................................................................................... 48
b) Utilisation de médicaments homéopathiques à noms communs ......................................................................... 48
c) Evolution de la réglementation ........................................................................................................................... 49
3. En résumé… ........................................................................................................................................... 49
II. ETUDE GENERALE DE L’UTILISATION DE L’HOMEOPATHIE DANS LES ELEVAGES BOVINS DU RHONE ...... 51
A. PRESENTATION ET OBJECTIFS DE L’ENQUETE......................................................................................................... 51
B. ELABORATION ET ENVOI DU QUESTIONNAIRE........................................................................................................ 51
1. Mise en place du questionnaire............................................................................................................. 51
2. Présentation du questionnaire .............................................................................................................. 52
3. Envoi du questionnaire et étude du nombre de réponses ..................................................................... 52
C. RESULTATS ET INTERPRETATIONS ....................................................................................................................... 53
1. Etude générale ...................................................................................................................................... 53
a) Taille des élevages .............................................................................................................................................. 53
b) Types de production ........................................................................................................................................... 54
c) Races .................................................................................................................................................................. 54
d) Bilan ................................................................................................................................................................... 55
2. Concernant ceux qui n’utilisent pas l’homéopathie .............................................................................. 55
a) Leurs raisons ....................................................................................................................................................... 56
b) Leur emploi des autres médecines alternatives .................................................................................................. 56
c) Bilan ................................................................................................................................................................... 57
3. Concernant ceux qui utilisent l’homéopathie ........................................................................................ 58
a) Les raisons qui ont incité à commencer .............................................................................................................. 58
b) Les raisons qui ont motivé à continuer ............................................................................................................... 59
c) Les aides et outils à une bonne pratique homéopathique .................................................................................. 61
d) Utilisation d’autres médecines alternatives ....................................................................................................... 62
e) Bilan ................................................................................................................................................................... 63
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Table des annexes
Annexe 3: Suite et fin du questionnaire pour les éleveurs ne pratiquant pas l’homéopathie ... 92
11
12
Table des figures
Figure 4 : Aide au choix thérapeutique en situation de pathologie aigüe (Sauvan, 2015) ....... 45
Figure 10: Répartition (en nombre) des raisons justifiant une absence d’utilisation de
l’homéopathie ........................................................................................................................... 56
Figure 11: Synthèse des raisons motivant une initiation à l’homéopathie ............................... 58
Figure 13: Etude du pourcentage de vote pour chaque raison de continuer à utiliser
l’homéopathie ........................................................................................................................... 60
Figure 17 : Classes sur lesquelles les éleveurs utilisent l’homéopathie en préventif ............... 65
Figure 18 : Types de maladies pour lesquelles l’homéopathie est utilisée en préventif .......... 66
Figure 19 : Classes sur lesquelles les éleveurs utilisent l’homéopathie en curatif ................... 67
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Table des tableaux
Tableau III : Comparaison des symptômes dus à une piqûre d’abeille et à un coup de soleil
(Issautier, 2016) ........................................................................................................................ 32
Tableau VI : Résumé des caractéristiques des trois éleveurs n’ayant pas répondu « bons
résultats ».................................................................................................................................. 60
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Liste des abréviations
CH : Centésimales Hahnemanniennes
DH : Décimales Hahnemanniennes
GA : Grand Animaux
NA : Nombre d’Avogadro
TM : Teinture mère
VL : Vaches laitières
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18
Introduction
Cette étude a plusieurs buts : il s’agit tout d’abord de décrire ce qu’est l’homéopathie. Pour
cela, nous allons nous intéresser à l’homéopathie au travers de son histoire afin d’en saisir ses
possibilités et ses limites. Nous comprendrons ainsi les subtilités de son utilisation et nous
pourrons nous familiariser avec les médicaments disponibles dans le commerce. Dans un
second temps, cette étude va s’intéresser aux raisons amenant les éleveurs à utiliser ou non cette
thérapeutique et, lorsque c’est le cas, étudier son emploi dans les élevages bovins. Afin de
recueillir des avis « de terrain », un questionnaire a été conçu et envoyé à certains éleveurs du
Rhône. Ce dernier s’intéresse dans un premier temps aux critères expliquant le choix d’utiliser
ou non cette thérapeutique et dans un second temps, aux maladies traitées ainsi qu’aux
médicaments et spécialités homéopathiques utilisés afin de mieux comprendre l’utilisation de
ces traitements en élevage bovins, tous types de production confondus
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20
I. Qu’est-ce que l’homéopathie ?
A. Historique
Pour mieux appréhender le concept de l’homéopathie nous nous attacherons à comprendre ses
origines et à découvrir son histoire au travers des différents scientifiques qui ont façonné cette
méthode thérapeutique à part entière (Société Francophone de Cynotechnie, 1989 ; Scimeca et
al., 2010 ; Servais, 2012 ; Pecker, 1982 ; Dautriche, 1988 ; Combre, 2010 ; Bihl, 2013 ; Garcin,
2006 ; Vandewalle, 2003 ; Semblat, 2011 ; Sauvan, 2015 ; Horvilleur, 1989).
Depuis les temps anciens, les principes de l’homéopathie sont évoqués sans être reconnus de
manière universelle. C’est à Samuel Hahnemann que l’on doit cette reconnaissance mais aussi
le terme d’homéopathie. En effet, « Homéopathie » vient du grec homoios, « similaire » et
pathos, « souffrance ». Autrement dit, ce qui engendre une souffrance similaire à celle d’une
maladie est le traitement adéquat à cette même maladie.
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2. Samuel Hahnemann, fondateur de l’homéopathie
Christian Friedrich Samuel Hahnemann est né le 10 avril 1755 à Meissen en Saxe. Très curieux,
il est capable, dès l’âge de vingt ans, de traduire le grec et le latin et parle couramment
l’allemand, le français, l’anglais et l’italien. Sa curiosité l’oriente vers des études de médecine.
Il part donc en 1775 à Leipzig afin de recevoir son enseignement théorique. En 1777, il décide
de compléter sa formation à Vienne par un enseignement expérimental. Afin de financer lui-
même ses études, il travaille en tant que bibliothécaire et médecin privé du gouverneur de
Transylvanie en Roumanie. Il soutient sa thèse en 1779 à Erlangen.
Une fois son diplôme obtenu, Hahnemann s’installe à Hettstdtet puis à Dessau. En 1782 il
épouse Henriette Küchler avec laquelle il aura 11 enfants. Il pratique la médecine mais,
confronté à des résultats thérapeutiques qu’il juge insuffisants, il se met à douter. Il considère
« qu’on empoisonne les gens […], qu’on les tue en les soignant à outrance » (Société
Francophone de Cynotechnie, 1989). Par conséquent, il cherche dans les livres des solutions et
publie également quelques travaux personnels. Mais la déception reste telle qu’il finit par
abandonner la médecine. Il reprend des travaux de traduction afin de subvenir aux besoins de
sa famille.
Face au résultat inattendu de cette expérience, Hahnemann décida de la renouveler sur d’autres
sujets sains et volontaires. Il arriva à la conclusion suivante : « L’étude des effets d’une
substance sur un organisme en bonne santé permet d’en découvrir les possibilités curatives »
(Société Francophone de Cynotechnie, 1989). Il vérifie ses hypothèses dans des écrits anciens
et retrouve cette loi de similitude dans les propos d’Hippocrate et de Paracelse. Le principe de
similitude est réémis. Hahnemann décide d’approfondir ses recherches et décide d’utiliser les
substances ayant créés des symptômes chez des sujets sains pour traiter des malades présentant
ces mêmes symptômes. Son hypothèse se vérifie : les malades guérissent. Mais à forte dose il
remarque une certaine toxicité et décide donc d’essayer en minimisant cette dose. Les résultats
n’en sont que meilleurs. Il en conclut qu’une substance toxique à forte dose, peut être utilisée à
faible dose pour soigner les malades présentant les exacts mêmes symptômes induits par cette
substance à dose toxique. Cette substance sera appelée similimum.
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En 1796 il publie « Essai sur un nouveau principe pour découvrir les vertus curatives de
substances médicinales, suivi de quelques aperçus sur les principes admis jusqu’à nos jours »,
ouvrage auquel on associe la naissance de l’homéopathie. Cet écrit révolutionnant les principes
de la médecine traditionnelle crée des tensions et des haines, particulièrement au sein de la
communauté scientifique. Mais Hahnemann continue ses expériences et décide de prendre en
notes tous ses travaux homéopathiques à partir de 1800. Il teste ainsi de nombreux toxiques sur
lui-même et note tous les symptômes afin d’observer les liens entre le médicament et la maladie.
Ceci lui permet de publier en 1805 La Première Matière Médicale Homéopathique, recueil des
vingt-sept remèdes utilisés sur l’homme sain.
Avec cette nouvelle thérapeutique, Hahnemann divise : certains sont enthousiastes mais les
critiques sont plus nombreux. Malgré cette division, Hahnemann réussit à former un groupe de
disciples. Ces derniers l’accompagnent, l’aident dans ses expérimentations et contribuent à la
création, en 1821, de la Matière Médicale Pure en six volumes. Grâce à cet ouvrage la notoriété
de Samuel Hahnemann grandit. Son succès croît et les patients viennent même de l’étranger
pour le voir.
En 1825, il retourne en Saxe et y publie son dernier ouvrage en 1828 : Doctrine et traitement
homéopathique des maladies chroniques où il expose une conception nouvelle de la maladie.
En 1829, sa femme et quatre de ses onze enfants décèdent.
En 1834, Mélanie d’Hervilly, jeune française intéressée par l’homéopathie, vient le consulter.
Elle l’épouse en janvier 1835 et ils quittent la Saxe pour Paris en juin 1835. Hahnemann obtient
le droit d’exercer en France : il poursuit donc ses consultations. Il meurt le 2 juillet 1843 à Paris,
à l’âge de 88 ans.
A sa mort, l’homéopathie divise toujours le milieu médical. Cependant ses disciples continuent
leurs recherches, permettant à cette thérapeutique d’évoluer.
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3. Que devint l’homéopathie après Hahnemann ?
Après la mort d’Hahnemann, les études menées par ses disciples ont permis de compléter la
matière médicale et d’apporter de nouvelles connaissances qu’ils ont propagées à travers le
monde.
➢ Korsakov (russe né en 1788) : médecin homéopathe sur les champs de bataille, il est à
l’origine d’un nouveau procédé de dilution, utilisant moins de moyens (cf. partie C).
ETIOLOGIE
SENSATION
LOCALISATION MODALITE
CONCOMITTANT
Héring a également enrichi la matière médicale en testant de nouveaux toxiques sur lui-
même. Il a introduit l’homéopathie en Amérique (à Philadelphie).
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➢ Vannier (français né en 1880) : il s’intéresse plus profondément à l’individu et
développe les notions de constitution et de tempérament (cf. partie E).
➢ Boiron : ces deux frères jumeaux ont créé le laboratoire pharmaceutique homéopathique
qui porte encore leur nom actuellement. Ils ont aussi permis l’inscription des
médicaments homéopathiques à la pharmacopée française en 1965.
L’homéopathie commence à être énoncée entre 1970 et 1976 grâce aux découvertes de Samuel
Hahnemann. Cette nouvelle thérapeutique divise toujours. Malgré les critiques qu’elle reçoit,
certains de ses défenseurs continuent leurs recherches. Ces dernières ont permis d’enrichir la
matière médicale et d’approfondir la connaissance des remèdes, tant sur leurs effets que sur leur
processus de fabrication. Cela a permis d’inscrire les médicaments homéopathiques dans la
pharmacopée française (en 1983, cette dernière officialise dans sa dixième édition, les dilutions
au-delà de 9CH) ; leur préparation est standardisée et contrôlée (Boulet, 2007).
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Une fois ces substances récupérées, trois grandes étapes sont essentielles à la fabrication d’un
médicament homéopathique : la préparation des souches, la dilution-dynamisation et enfin
l’imprégnation.
➢ La teinture mère (T.M.) : « les teintures mères sont des préparations liquides résultant
de l’action dissolvante d’un véhicule alcoolique sur les drogues d’origine végétale. Les
teintures mères de drogues végétales sont obtenues par macération dans de l’alcool à
différents titres, de plantes fraîches, de plantes stabilisées et, plus rarement, de plantes
sèches. Elles correspondent au 1/10e de leur poids en drogue déshydratée »
(Commission Permanente de la Pharmacopée, 1965).
D’après Hahnemann, les plantes doivent être sauvages, c’est-à-dire prises dans leur
habitat naturel. Une fois la teinture mère réalisée elle doit macérer minimum trois
semaines avant de se stabiliser. Les T.M. sont contrôlées par chromatographie sur papier
et sont renouvelées systématiquement tous les trois à cinq ans (Gengoux P., 1976 ;
Peker, 1991).
On prépare de la même manière des teintures mères à partir des substances animales.
Les animaux sont soit utilisées frais (exemple : Apis et Formica) ou séchés (Cantharis,
Coccus). Les venins de serpents sont également utilisés séchés. Les TM correspondent
au 1/20e de leur poids en drogue déshydratée. Elles doivent également macérer
minimum trois semaines et sont contrôlées par chromatographie ou par électrophorèse
(Gengoux, 1976 ; Peker, 1991).
➢ La substance elle-même : les substances d’origine minérale sont utilisées telles quelles.
Les substances solubles le sont dans l’eau ou dans l’alcool. Les substances insolubles
seront amenées à l’état de poudre très fine afin de permettre une trituration avant
solubilisation par la suite.
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3. Les dilutions-dynamisation
Il existe deux méthodes de dilutions : la méthode Hahnemannienne et la méthode
Korsakovienne. Chaque dilution doit être suivie d’une étape de dynamisation, c’est-à-dire
d’agitation vigoureuse du flacon.
a) Méthode Hahnemannienne
C’est le type de dilution le plus fréquemment utilisé en France.
Pour réaliser une dilution hahnemannienne, il faut mettre dans une tube propre une goutte de
TM et 99 gouttes d’alcool à 70%. Après dynamisation (cf. partie I. 3. c), on obtient un flacon
de solution 1CH (Centésimales Hahnemanniennes). Pour obtenir une dilution 2CH, on prend
une goutte de la solution 1CH que l’on mélange avec 99 gouttes d’alcool à 70% dans un
nouveau tube propre. On dynamise et on obtient une solution à 2CH, et ainsi de suite (fig. 2).
En France, la plus haute dilution autorisée est de 30CH (= 10-60). (Société Francophone de
Cynotechnie, 1989). Or 1CH correspond à une dilution de 100 ; on a donc 0,01 mole de la
teinture mère initiale. 2CH correspond à [10-2]-2 = 10-4. On arrive ainsi à la dilution 30CH qui
équivaut donc à 10-60. On s’aperçoit que la présence de la teinture mère initiale a donc quasiment
disparue puisque le nombre d’Avogadro est dépassé (NA = 6,022 140 857 x 1023 mol-1).
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La dilution Hahnemannienne peut également être réalisée au dixième. Le principe est
exactement le même mais on ajoute neuf gouttes d’alcool pour une goutte de solution à chaque
dilution. On obtient ainsi des DH (Décimales Hahnemanniennes). On a donc : 1DH = 10-1 ;
2DH = 10-2 = 1CH (tab. I)
La dilution telle que nous l’avons vue ci-dessus est possible à partir de teintures mères ou de
macérats glycérinés. Lorsque les substances sont solides, il faut préalablement réaliser une
trituration. La trituration consiste en « un broyage par friction» (Robert, 2005). On écrase donc
dans un mortier la substance active avec du lactose ajouté au fur et à mesure. Les quantités sont
calculées de manières à avoir une trituration à 1CH ou 1DH. De la même manière que pour la
dilution, on broie une partie de la première trituration et on ajoute du lactose pour arriver à une
trituration au 2CH ou 2DH, et ainsi de suite. Lorsqu’on atteint une trituration à la troisième CH,
on peut passer en milieu liquide et continuer les dilutions comme vu précédemment.
La dilution Hahnemannienne est la première découverte et la plus utilisée. Une autre technique,
plus économe sur le matériel, a été mise en évidence plus tard par le médecin russe Korsakov.
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b) Méthode Korsakovienne
Cette méthode propose une dilution en utilisant toujours le même flacon. La première dilution
est identique à une dilution Hahnemannienne au centième : on met dans un tube propre une
goutte de la souche avec 99 gouttes d’alcool et on dynamise. On obtient une solution à 1K. Pour
les dilutions suivantes, on vide le contenu du flacon et on considère que ce qui reste sur le bord
des parois correspond à l’équivalent d’une goutte. On remplit ensuite le flacon avec 99 gouttes
d’alcool à 70% et on dynamise. On obtient ainsi une solution dilution Korsavovienne à 2K et
ainsi de suite (fig. 3).
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Les dilutions Korsakoviennes sont donc moins précises que les dilutions Hahnemanniennes.
Cependant une correspondance entre les deux est quand même établie (tabl. II).
Cette méthode permet l’obtention de très hautes dilutions (jusqu’à 100 000K). L’irrégularité
des résultats et les difficultés de standardisation de cette méthode l’ont rendue interdite en
France à partir de 1951 mais elle a été réintroduite officiellement en 1992 (Sauvan, 2015 ;
Société Francophone de Cynotechnie, 1989).
d) La dynamisation
La dynamisation correspond à des secousses du mélange, ce qui confèrerait sa vertu
thérapeutique à la solution finale. Elle est réalisée grâce à des agitateurs spéciaux. Sans ces
secousses successives, le remède serait moins efficace. En effet, ces multiples succussions
entrainent une meilleure homogénéité mais également des modifications physico-chimiques des
structures moléculaires présentes dues aux chocs entre les molécules. Ceci confère un pouvoir
de libération de l’énergie de la matière.
D’après Claudine LUU, le nombre de succussions a une influence significative sur l’intensité
du spectre. En effet, l’importance de cette agitation a été montrée lors de la verdunisation des
eaux pendant la première guerre mondiale (Quiquandon, 1999).
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La verdunisation correspond à un « mode de purification de l’eau, par incorporation de très
faibles doses de chlore » (Robert, 2005) :
0,1mg d’hypochlorite de soude + brassage énergique purification d’un litre d’eau
1 à 4 mg d’hypochlorite de soude + absence de brassage purification d’un litre d’eau
Il faut donc 10 à 40 fois plus d’hypochlorite de soude en l’absence de succussion.
• Solutions buvables : flacon, compte-gouttes, ampoules. Ce sont les formes les plus
utilisées chez les animaux de compagnie. Les gouttes sont également idéales, et donc à
privilégier lorsque c’est possible, pour les basses dilutions.
• Solutés injectables : Solutions stériles dont la dernière dilution est effectuée dans le
chlorure de sodium à 0,9%. Les voies injectables correspondent à la voie sous-cutanée,
à la voie intramusculaire et à la voie veineuse.
• Autres : il existe des ovules gynécologiques (au Calendula TM), des seringues intra-
mammaires (DOLISOVET Intramammaire®), des suppositoires…
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Un médicament est dit homéopathique seulement s’il respecte les différentes étapes de
fabrication. Il sera « à usage homéopathique » seulement si son utilisation respecte les trois
grands principes de l’homéopathie.
1. Principe de Similitude
Ce principe correspond à l’« identité entre les symptômes présentés par le malade et les signes
provoqués par l’administration de la substance médicamenteuse diluée et dynamisée à un sujet
non malade » (Sauvan, 2015).
Exemple : La comparaison des symptômes engendrés par une piqûre d’abeille et un coup de
soleil nous donne le tableau suivant (tab. III).
Tableau III : Comparaison des symptômes dus à une piqûre d’abeille et à un coup de
soleil (Issautier, 2016)
Piqûre d’abeille Coup de soleil
Douleur vive Douleur
Chaleur Chaleur
Rougeur Rougeur
Œdème Œdème
Apparition brutale Apparition brutale
Amélioration par le froid Amélioration par une serviette mouillée
On remarque que les symptômes sont similaires. On peut donc traiter un coup de soleil grâce
à Apis mellifica.
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Les critiques actuelles concernant l’homéopathie proviennent majoritairement de ce principe.
En effet, la substance de base est tellement diluée que sa quantité passe au-delà du nombre
d’Avogadro (NA = 6,022 140 857 x 1023 mol-1) ; elle est donc considérée comme absente dans
la solution, et ne peut pas, par conséquent, être curative. C’est pour cela que certains considèrent
que les traitements homéopathiques sont équivalents à des placebos, et que seul le psychique
influencerait la guérison.
Les deux principes vus ci-dessus sont probablement les plus connus, mais il ne faut pas pour
autant oublier le troisième principe. En effet deux individus ne réagissent pas de la même façon
à une agression ou un déséquilibre : les symptômes sont donc propres à chacun.
3. Principe de Totalité
L’homéopathe ne soigne pas uniquement des symptômes. Il regarde et analyse le malade dans
sa globalité. Ce principe correspond à la « prise en compte du malade dans son ensemble,
physique et mental, ainsi que dans son environnement, lequel peut avoir un certain nombre de
conséquences sur sa santé » (Sauvan, 2015). Pour cela, il faut comprendre ce qui améliore ou
détériore l’état du patient, comment sa maladie agit sur son comportement, quand est-ce qu’elle
se manifeste, etc… Ce principe peut toutefois être mis en retrait lors de cas aigus, le temps
manquant pour prendre en compte tous les traits de caractère de l’animal (Bär et al., 2013).
Pour évaluer au mieux un individu dans sa totalité, il faut donc s’intéresser à la maladie, à la
constitution et au tempérament du patient, ainsi qu’à ses réactions aux agressions.
33
1. Le terrain : la vision homéopathique du patient
La notion de terrain permet d’évaluer l’individu dans son ensemble. Elle comporte des éléments
stables (constitutions) et des éléments variables, dépendant de son environnement et de son
stade physiologique (tempérament et diathèses). Ce terrain nous permet de comprendre à
quelles affections certains individus seraient prédisposés, ainsi que les traitements susceptibles
d’être les plus efficaces pour rétablir l’équilibre des organismes
34
2. Les diathèses : mode de réaction aux agressions
La diathèse correspond à la composante réactionnelle d’un individu à un agent agresseur.
L’ensemble réactionnel d’un individu s’exprime par des signes correspondant dans la
pathogénésie à un remède dit « diathésique » ou remède de fond. Ce mode de réactions est
propre à l’individu et permet généralement de lier des affections successives semblant pourtant
indépendantes les unes des autres. L’homéopathe pluraliste (cf. partie F. 1.) va rechercher quelle
diathèse correspond à son patient afin de compléter son traitement.
Pour pratiquer une « homéopathie courante » ces notions ne sont pas fondamentales. En
revanche il est très important de comprendre les symptômes du malade et de trouver des signes
particuliers, les conditions d’amélioration ou d’aggravation de la maladie ainsi que sa
localisation afin de trouver le(s) remède(s) adapté(s).
E. La consultation homéopathique
La consultation homéopathique se déroule approximativement de la même façon qu’une
consultation de médecine allopathique ; elle va commencer par un interrogatoire réunissant les
commémoratifs et l’anamnèse du malade qui est suivi d’un examen clinique avec ou sans
examens complémentaires. Grâce à toutes ces informations et au classement des différents
symptômes, le remède adapté peut être trouvé. La réelle différence entre l’homéopathie et
l’allopathie se situe dans l’examen du patient et les particularités de ses signes cliniques :
l’homéopathe note ce qui est caractéristique du patient et non de la maladie. Cependant, de
nombreux médecins homéopathes s’attachent tout de même à trouver le diagnostic
sémiologique classique, qui reste primordial pour ne pas utiliser l’homéopathie à tort (Issautier,
2014 ; Labre et al., 2009 ; Peker, 1991 ; Sauvan, 2015).
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1. L’interrogatoire et l’examen clinique
a) Généralités
L’interrogatoire est très important en homéopathie ; il consiste à rechercher les signes cliniques
et comportementaux particuliers, précis et inhabituels considérés comme significatifs de la
réactivité de l’individu. Il doit passer en revue tous les organes et toutes les fonctions du malade.
Cet interrogatoire est encore plus important en cas de maladies chroniques.
L’examen clinique est tout aussi important : il peut apporter un diagnostic ainsi qu’un pronostic,
et par conséquent évaluer les possibilités de l’homéopathie concernant le cas présenté (cf. partie
G. 3.). Il permet de caractériser les symptômes propres au patient.
a) Maladies aigües
Il existe trois sortes de maladies aiguës :
- Les maladies épidémiques : elles peuvent être locales ou généralisées. Le médicament
curatif pourra également être utilisé en préventif. Pour ces maladies, les signes
psychiques ne sont pas nécessaires. Exemples : grippe, toux, mammites, diarrhées…
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- Les syndromes fonctionnels : ils apparaissent après des évènements tels que des
agressions psychiques, un traumatisme, une séparation mère-veau, un déséquilibre
alimentaire ou un changement hiérarchique.
- Les maladies périodiques et récidivantes : ce sont en fait des épisodes aigus d’une
affection chronique sous-jacente. Il faut faire attention à ne pas traiter uniquement ces
phases aigües au risque de hâter le passage à la chronicité. Il faut donc rechercher la
maladie chronique, une fois la phase aiguë traitée.
b) Maladies chroniques
Les maladies chroniques correspondent à une perturbation permanente non éliminée par les
mécanismes de défense naturels. Il en existe plusieurs sortes (Labre et al., 2009) :
- Les tendances pathologiques héritées des parents : elles correspondent à des
prédispositions originelles. Exemple : problèmes cutanés, mauvaise fécondité,
instabilité caractérielle…
- Les fausses maladies chroniques : ce sont des désordres liés à des conditions de vie mal
adaptées (mauvaise hygiène, erreurs alimentaires, problèmes d’ambiance). On peut les
retrouver notamment dans des élevages où la conduite n’est pas adaptée aux animaux.
L’homéopathie peut aider mais il faut en premier lieu analyser et corriger le problème.
c) Hiérarchisation
Le classement des symptômes par ordre d’importance décroissante est le suivant (Labre et al.,
2009 ; Peker, 1991) :
✓ Symptômes étiologiques : Recherche de la cause manifeste. Il faut prendre en compte
l’influence psychogène, les facteurs climatiques, les facteurs alimentaires et les
traumatismes.
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➢ La position : lieu et position du couchage
➢ Lien avec des actes physiologiques : selles, diurèse, sueur, chaleurs
➢ La douleur et ses modalités : localisation, expression
➢ Les désirs et aversions alimentaires
✓ Symptômes généraux : Ils peuvent être subjectifs : douleur, troubles sensoriels, fatigue,
sommeil. Ou objectifs : transpiration, excrétion, sécrétion
Lorsque la cause est aigüe, on ne trouve pas la totalité des éléments cités ci-dessus, on retient
les signes les plus récents et les plus caractéristiques. On se concentre principalement sur :
- Le symptôme étiologique
- Les signes rares et particuliers s’ils sont présents
- Un ou deux symptômes généraux
- Une modalité
- Un ou deux symptômes locaux.
Lorsque la maladie est chronique, on trouve généralement de nombreux signes ; il est dans ce
cas important de se restreindre à six voire huit symptômes au maximum. Ils doivent être
caractéristiques, bien modalisés et hiérarchisés comme vu ci-dessus.
3. Recherche du similimum
Après avoir trié et hiérarchisé les symptômes essentiels, il faut ensuite comparer les
médicaments entre eux pour trouver celui qui est le plus semblable à la maladie. Ceci peut se
faire de deux manières différentes : soit par une étude répertoriale, soit à l’aide de répertoires
thérapeutiques.
a) Etude répertoriale
L’étude répertoriale est la méthode la plus précise. Néanmoins, elle requiert plus d’expérience
et de temps. C’est la technique de choix pour les cas chroniques qui sont plus complexes et non
nécessairement répertoriés.
Cette méthode utilise les répertoires, le plus connu étant le Répertoire de Kent. Ils compilent
les signes cliniques et pour chacun d’eux énoncent les différents médicaments homéopathiques.
Dans ces ouvrages, la typologie de l’écriture varie en fonction du degré de similitude : il est en
caractère romain pour un degré faible, en italique pour un degré moyen et en majuscule pour
un degré fort.
Cette méthode demande beaucoup de temps car il faut trouver les signes cliniques
caractéristiques et recouper pour chaque signe les différents médicaments utilisables. Depuis le
développement informatique, cette méthode est plus facilement utilisée. En effet, en rentrant
les symptômes retenus, des logiciels permettent de créer un tableau avec les principaux
médicaments et leur ordre de valorisation.
38
Après cette étude répertoriale, les homéopathes vérifient souvent le médicament retenu dans la
Matière Médicale afin de s’assurer qu’il est le plus en accord possible avec la pathologie du
patient. La Matière Médicale Homéopathique est un recueil détaillé de toutes les substances
homéopathiques ; pour chaque médicament on retrouve les signes cliniques, l’action
pathogénétique, les signes caractéristiques (modalités, sensations, alternances) et les principales
indications cliniques (Jouanny, 1991).
Cette méthode est donc assez complexe et difficilement utilisable par des débutants en
homéopathie contrairement à l’utilisation des répertoires thérapeutiques.
F. La prescription du remède
1. Différentes modalités d’utilisation
Lorsque les symptômes caractéristiques et leurs modalités ont été mis en évidence, les
homéopathes peuvent choisir de donner un unique remède ou d’en combiner plusieurs. Trois
tendances se dessinent : l’unicisme, le pluralisme et le complexisme (Dautriche, 1988 ;
Horvilleur, 1989 ; Quiquandon, 1999 ; Sauvan, 2015).
a) L’unicisme
L’unicisme est une pratique homéopathique qui consiste à n’utiliser qu’un seul remède pour
une maladie spécifique sur un patient donné. Elle repose entièrement sur le principe de
similitude : le remède doit couvrir l’ensemble du tableau clinique. Lorsque c’est précisément le
cas, l’efficacité peut être rapide et intense.
Certains homéopathes considèrent qu’à un malade donné correspond un unique remède qui
soignerait toutes ses maladies tout au long de sa vie. Cette pensée est très controversée.
Cette pratique est utilisée en France mais le remède correspondant exactement à la pathologie
et au patient est difficile à trouver : le similimum est généralement partiel. Afin d’être plus
complet dans leur traitement, une majorité des homéopathes français préfèrent donc le
pluralisme.
b) Le pluralisme
Contrairement à l’unicisme, le pluralisme utilise plusieurs remèdes homéopathiques
(généralement entre deux et quatre). En effet, les pluralistes considèrent qu’il est impossible de
trouver le similimum parfait. Ils prescrivent donc un à deux remèdes symptomatiques
accompagnés d’un remède plus axé sur l’individu et ses réactions à l’environnement (remède
de constitution, remède de tempérament ou remède diathésique, cf. partie D). Certains
prescrivent également des remèdes de drainage pour limiter les risques d’aggravation dus à
l’élimination des toxines. Les médicaments doivent être donnés de manière isolée ou en
alternance, jamais plus d’un à la fois.
39
c) Le complexisme
Le complexisme permet aussi de donner plusieurs remèdes homéopathiques mais cette fois-ci
tous au même moment. Il est important de différencier le mélange de plusieurs remèdes
homéopathiques, des spécialités. En effet, dans le premier cas, on utilise un médicament par
organe, par symptôme, et par fonction perturbée. Ceci ne correspond plus du tout à la recherche
d’un unique remède regroupant tous les symptômes et est très peu apprécié des homéopathes.
Les spécialités sont propres à chaque laboratoire fabricant et sont utilisées pour des cas
passagers (exemple : Traumasedyl®). Elles peuvent être utilisées lors de conseils téléphoniques
par exemple. Elles possèdent une AMM et contiennent généralement entre trois et douze
souches homéopathiques à très basse dilution (entre 3DH et jusqu’à 7CH).
Une fois le remède à utiliser défini, il faut déterminer à quelle posologie l’administrer.
2. Le choix de la posologie
La posologie correspond à la « quantité et [au] rythme d’administration d’un médicament
prescrit » (Champomier et al., 1989). Afin de prescrire un médicament homéopathique, il faut
savoir quelle dilution utiliser, à quelle fréquence et déterminer la durée du traitement.
a) Quelle dilution ?
La dilution à utiliser est choisie selon quatre critères :
✓ Le similimum : Plus la similitude pathologie du patient-pathogénésie du remède est
faible, plus la dilution doit être basse.
Exemple : un malade fébrile avec la face congestionnée et une sensation de soif
importante mais sans autre symptôme particulier se verra prescrire Belladona 5CH.
Pour un cas similaire présentant en plus une sécheresse des muqueuses, de l’érythème
et un comportement très réactif voire agressif, la similitude pour Belladona est plus
élevée. Cette fois-ci la prescription sera Belladona 9CH.
✓ Le mode évolutif de la maladie : Dans le cas de maladies aigues on préfère utiliser les
dilutions jusqu’à la neuvième centésimale Hahnemannienne. Pour des maladies
chroniques, on privilégie les hautes dilutions (entre 12CH et 30CH). Il est généralement
recommandé de monter progressivement les dilutions suivant le schéma suivant : 12 CH
→ 15 CH → 18 CH → 20 CH → 30 CH
✓ Le type de maladie :
➢ Maladies lésionnelles : Exemple arthrose, pancréatite. On utilise des dilutions
basses
➢ Maladies fonctionnelles : Exemple : extrasystoles, migraines. On utilise des
dilutions moyennes
➢ Maladies psychiques : On utilise des dilutions hautes.
40
Il existe cependant quelques notions supplémentaires :
✓ Les dilutions korsakoviennes sont très peu utilisées en France ; lorsque c’est le cas, cela
concerne des organismes dits « verrouillés ».
✓ Certains remèdes ne sont pas prescrits suivant les critères ci-dessus. Par exemple
Phosphorus, du fait de sa toxicité, est généralement administré à des dilutions élevées
afin d’éviter tout effet toxique dû à des dilutions trop faibles.
✓ Les médicaments d’origine minérale ont une efficacité plus durable et plus profonde
que les médicaments d’origine végétale ou animale. Ils sont généralement prescrits à
des dilutions plus basses pour une même utilisation.
41
Le tableau ci-dessous (tab. IV) permet de résumer les caractéristiques et les modalités
d’utilisation des traitements homéopathiques selon leur dilution.
Pas ou peu renouvelée, arrêt 1 à 2 fois / jour Répétées fréquemment (toutes les
si absence de signes d’appel 30 min à toutes les 3h selon cas)
a) Aggravation homéopathique
Les aggravations homéopathiques suite à un traitement sont généralement brèves. Leur intensité
dépend de la dilution prescrite ainsi que du simili du remède. En effet, plus ce dernier
correspond à la maladie et a une dilution élevée, plus l’aggravation peut être intense.
Elle est de bon pronostic et se traduit généralement par une aggravation des signes de la
maladie, notamment des symptômes locaux, avec une amélioration des signes généraux
associés. Cela peut se traduire par des manifestations physiques telles que des maux de tête, un
rhume, une diarrhée etc. traduisant une élimination des toxines, ou bien par des manifestations
émotionnelles.
42
En revanche s’il y a aggravation des symptômes locaux et généraux, cela montre que le remède
est inactif et ne correspond pas : c’est une aggravation de la maladie.
Exemple : Une vache traitée pour son taux cellulaire important peut, suite à l’administration
d’un remède homéopathique, produire des caillots durant quelques jours. Si son état général
et/ou psychique est amélioré, cela correspond à une aggravation homéopathique.
Concernant les cas chroniques, un retour des symptômes une quinzaine de jours après le début
du traitement est fréquent. Cela signe une réaction favorable de la part du malade.
b) Amélioration homéopathique
Trois principes de bases, établis par Constantin Héring, permettent de constater une
amélioration homéopathique (Wauters, Leibovici, 2007) :
- La guérison est centrifuge : le psychique et les organes vitaux guérissent avant la peau
et les extrémités.
- Les symptômes évoluent dans l’ordre inverse de leur apparition initiale : les symptômes
les plus récents disparaissent en premier. Il est possible d’avoir une réapparition
provisoire de vieux symptômes disparus.
- La guérison se fait de haut en bas : l’amélioration commence par la tête pour aller vers
les mains et enfin vers les pieds.
Nous avons vu que l’utilisation de l’homéopathie peut être appropriée lorsque le similimum est
respecté, que ce soit dans des cas chroniques comme aigus. Il est toutefois important de noter
que ce n’est pas une médecine miracle qui apporte un remède efficace à chaque utilisation. Il
est donc judicieux de s’interroger sur les limites et les possibilités de cette médecine.
L’homéopathie possède un champ d’action assez large. En effet, tant que le malade possède
assez d’énergie pour réagir, cette dernière peut s’avérer efficace lorsque le similium est
respecté. Toutefois, l’homéopathie ne peut tout guérir ; elle fait face à certaines limites.
43
2. Limites
L’homéopathie ne pourra pas apporter de résultats satisfaisants dans les situations suivantes
(Deleu et al., 2005; Issautier M.-N., 2016) :
- Déséquilibres trop importants sans réponses correctrices de l’organisme. Exemples :
Tumeurs malignes, dégâts irréversibles, agents pathogènes trop nombreux et/ou trop
virulents.
- Processus mécaniques. Exemples : fractures, corps étranger digestif.
- Anomalies héréditaires ou congénitales
- Maladies auto-immunes
On retrouve également trois types de situations dans laquelle l’homéopathie ne peut pas, par
définition, être utilisée (Société Francophone de Cynotechnie, 1989) :
- Ce n’est pas une médecine en « anti », par conséquent elle ne peut pas éliminer
microbes, parasites et virus. Il faut utiliser les médicaments allopathiques dans ces cas-
là. En revanche l’homéopathie peut être une aide à l’élimination ou bien elle peut servir
comme soutien – exemple : Phosphorus peut soutenir le foie lors d’une hépatite
consécutive à une piroplasmose.
- L’homéopathie ne peut supprimer une fonction normale – exemple : anesthésie
générale, suppression d’œstrus…
- Ce n’est pas une médecine substitutive. Par exemple lors d’un diabète insulino-
dépendant, l’homéopathie peut aider à baisser les doses d’insuline mais elle ne peut en
aucun cas les remplacer.
Enfin, il faut être attentif et savoir qu’une mauvaise compréhension du problème ou l’absence
de signes caractérisant la réactivité des malades ou toute incertitude pour trouver le similium
peuvent conduire à un échec du traitement homéopathique. Par conséquent lors de maladies
graves, ayant une évolution foudroyante ou un pronostic engagé, il ne faut pas hésiter à utiliser
le traitement « classique » plutôt que de donner un remède homéopathique douteux (Labre et
al., 2009). L’homéopathie ne peut pas tout soigner ; il est important de savoir évaluer dans
quelle(s) situation(s) elle peut être utilisée et apporter un résultat thérapeutique.
44
3. Quand utiliser l’homéopathie ?
Afin de synthétiser et ordonner ce que nous venons de voir dans les deux sous-parties
précédentes, voici deux figures apportant une aide au choix de la thérapeutique à utiliser face à
une situation aigüe (fig. 4) ou chronique (fig. 5).
Diagnostic étiologique
OUI NON
Pronostic vital en jeu ? Etat général de l’animal ?
Abattu, moins
OUI NON Bon, réactif
réactif
Etiologie Etiologie
infectieuse non infectieuse ETIOLOGIE
primordiale
Motif de consultation
PRUDENCE
OBSERVANCE
Proposer homéopathie ?
CONDITIONS DE VIE Présenter les différentes médecines
alternatives
Si essai homéopathie
Si non adaptées Si adaptées Expliquer la nature du traitement
homéopathique
→ Réévaluation rapide :
→ Corriger avant Essai Résultat sur animal
d’aller plus loin HOMEOPATHIE Satisfaction propriétaire
45
En résumé, nous pouvons retenir que l’homéopathie possède un champ d’action large tant que
l’organisme est capable de fournir une réaction correctrice et que le remède correspond à la
maladie et au malade. Elle peut donc être utilisée comme remède contre une maladie ou bien
en complément, soit pour accélérer le processus de cicatrisation soit en tant que soutien.
Elle peut ainsi accompagner un traitement allopathique ou une intervention chirurgicale. Grâce
à son action large et son absence de toxicité, l’homéopathie pourrait ainsi être un réel atout en
médecine vétérinaire.
Toutefois, elle ne se développe pas autant en médecine vétérinaire qu’en médecine humaine ;
il n’y a aucun enseignement officiel dans les écoles françaises, et les vétérinaires homéopathes
se forment auprès de médecins. Pourtant la demande augmente : elle vient directement de la
part des éleveurs dans le monde rural alors que dans le milieu canin les informations données
par les médias poussent les vétérinaires à se former (Peker, 1991). On constate également que
son application en médecine vétérinaire intrigue ; en effet de nombreuses thèses vétérinaires
sont consacrées à l’homéopathie et les Groupements Techniques Vétérinaires (GTV) se
penchent sur son intérêt car elle présente un avantage économique dans le monde agricole.
46
De nombreuses études se sont intéressées à la perception (convictions personnelles, intérêt,
efficacité…) de l’homéopathie en médecine humaine alors qu’en médecine vétérinaire nous
avons peu de données. Toutefois, il semble qu’une infime partie des propriétaires d’animaux
de compagnie y soit fermement opposée (Bihl, 2013). Etant donné la demande dans le monde
rural, on peut imaginer que cette opposition reste faible quelle que soit l’espèce concernée. En
effet, elle ne présente pas d’effets secondaires ou de toxicité et peut donc être favorisée par
rapport à l’allopathie notamment pour les animaux de compagnie. Comme elle n’a pas de
résidus ni de temps d’attente elle présente une utilité potentielle en rurale, d’autant plus en
agriculture biologique où les éleveurs sont parfois limités en termes de traitement. Enfin, elle
peut éventuellement être une alternative pour les chevaux de sport risquant des accusations de
dopage. Il faut alors s’interroger quant à la règlementation de son utilisation en médecine
vétérinaire.
I. Règlementation de l’utilisation de l’homéopathie en
France
La législation concernant l’utilisation de l’homéopathie en médecine vétérinaire est
relativement complexe, notamment lorsqu’il s’agit des animaux de production destinés à la
consommation humaine. Nous allons toutefois nous intéresser à ce qu’est un médicament
homéopathique et à la disponibilité avec ou sans ordonnance pour la médecine vétérinaire. Nous
verrons ensuite les particularités liées tout d’abord à la prescription vétérinaire mais aussi celles
liées aux animaux de production et aux temps d’attente.
1. Le médicament homéopathique
D’après l’article L5121-1 11° du Code de la Santé Publique, un médicament homéopathique
est un « médicament obtenu à partir de substances appelées souches homéopathiques, selon un
procédé de fabrication homéopathique décrit par la pharmacopée européenne, la pharmacopée
française ou, à défaut, par les pharmacopées utilisées de façon officielle dans un autre Etat
membre de l’Union européenne. Un médicament homéopathique peut aussi contenir plusieurs
principes ». Il en existe deux types ; cette distinction est importante car elle conditionne la
nécessité ou non d’une ordonnance (Ministère des Solidarités et de la Santé, 2016).
On retrouve donc :
➢ Les médicaments homéopathiques à nom commun : ils sont fabriqués par des
laboratoires, se présentent sous diverses formes pharmaceutiques et sont vendus sous
leur dénomination latine sans indication thérapeutique, ni posologie, ni notice. Ils sont
divisés en trois catégories :
• Les souches à nom commun : une seule souche, fabriqué à l’avance, en série par
les laboratoires. Elles sont définies par la souche, la dilution, la forme et la
présentation. Exemple : Arnica montana 9CH granules
• Les formules de prescriptions courantes : ce sont des associations de souches à
une certaine dilution, également fabriquées à l’avance, en série par les
laboratoires. Leur préparation est standardisée. Exemple : Aconitum composé
solution buvable 30 mL
• Les préparations magistrales homéopathiques : préparées selon une prescription
médicale en raison de l’absence de spécialité pharmaceutique disponible et ayant
une AMM. Elles peuvent contenir une ou plusieurs souches.
Une ordonnance est obligatoire pour utiliser ces médicaments pour des animaux.
47
➢ Les médicaments homéopathiques à nom de marque ou spécialités homéopathiques : ils
sont fabriqués spécifiquement par des laboratoires homéopathiques et ont une
appellation. Ils contiennent généralement plusieurs principes actifs homéopathiques et
sont fournis avec les indications thérapeutiques, la posologie et une notice. Ils sont ainsi
adaptés à l’automédication. Exemple : Traumasedyl®, Wombyl®, etc.
Une ordonnance n’est pas obligatoire pour obtenir ces produits et les utiliser sur les animaux
cités dans l’AMM, qu’ils soient destinés à la production ou non.
Afin d’être vendus pour une utilisation animale, les médicaments homéopathiques doivent soit
être enregistrés auprès de l’ANMV (Agence Nationale du Médicament Vétérinaire), soit
disposer d’une AMM. Cette dernière est généralement demandée par les laboratoires pour les
spécialités homéopathiques. Elle est délivrée par l’ANSM après évaluation du dossier fourni
par le laboratoire. Dans le cas des animaux de production, une donnée reste essentielle dès
l’utilisation de médicaments : la présence ou non de résidus et par conséquent les délais
d’attente nécessaires suite à l’administration ou l’application du produit.
48
sont considérés comme nuls par application du règlement sur les LMR (Issautier, 2016)
puisqu’il existe une incohérence dans la réglementation.
c) Evolution de la réglementation
Depuis 2004, une harmonisation européenne pour les spécialités à base de plantes se met
progressivement en place afin de faciliter la libre circulation de ces produits. Une AMM dite
allégée est appliquée pour certains de ces produits : il faut démontrer que l’usage de la médecine
est traditionnel, c’est-à-dire que « ses indications ne doivent pas impliquer l'intervention d'un
médecin, sa posologie doit être précisée. Il doit être administré par voie soit orale, soit externe,
soit par inhalation et son usage médical doit remonter au moins à 30 ans, dont au moins 15 ans
dans la Communauté européenne » (Académie vétérinaire de France, 2010). Mais tous les
médicaments homéopathiques n’ont pas de constituants à base de plante.
3. En résumé…
La réglementation concernant l’utilisation de l’homéopathie en médecine vétérinaire,
notamment en médecine rurale soulève encore quelques imprécisions. Dans le tableau ci-
dessous (tab. V) sont notés les éléments essentiels à retenir.
D’après le règlement des LMR, délai Délai d’attente : 0 jour (donné par l’AMM)
d’attente : 0 jour
Le délai d’attente nul est un avantage considérable pour les éleveurs. Toutefois, l’obtention de
médicaments homéopathiques peut s’avérer compliquée pour ces derniers. En effet, la
prescription étant obligatoire pour les animaux, il faut que le vétérinaire possède des
connaissances en homéopathie. Malheureusement, cette médecine n’étant pas enseignée en
école vétérinaire, cela est rarement le cas. Que souhaitent les éleveurs vis-à-vis de cette
médecine ? Comment acquièrent-ils les connaissances nécessaires pour l’employer
49
correctement ? Quel(s) sont les intérêt(s) de son utilisation dans ces élevages ? Afin de
répondre à ces questions, un questionnaire a été créé et envoyé à de nombreux éleveurs de
bovins dans le Rhône.
50
II. Etude générale de l’utilisation de l’homéopathie dans
les élevages bovins du Rhône
- De plus, il faut aussi que la restitution soit aisée. Il faut également un panel assez large
et varié d’éleveurs nous permettant d’observer des tendances quant à l’utilisation de
l’homéopathie. Pour cela, le choix d’un questionnaire en ligne est adapté car il facilite
le retour des réponses et permet d’envoyer le questionnaire à différents endroits. Pour
le panel, un partenariat avec le GDS 69 a été mis en place. Ce dernier a envoyé le lien
du questionnaire à tous les éleveurs du département lui ayant fourni une adresse mail.
En résumé, nous avons un questionnaire en ligne, d’une ou deux pages selon l’utilisation de
l’homéopathie, présenté sous formes de réponses courtes ou de choix multiples.
51
2. Présentation du questionnaire
Le questionnaire est divisé en plusieurs parties :
- Une étude générale de l’élevage : cette partie permet d’évaluer l’hétérogénéité des
élevages, mais également de voir si le type de production (laitier ou allaitant) ainsi que
la taille de l’élevage ont une influence sur l’utilisation de l’homéopathie. Nous
demandons donc ici aux éleveurs le type de production ainsi que le nombre de bovins
présents sur l’exploitation et leur race. S’ils le souhaitent, ils peuvent préciser leur nom
et leur commune (cf. annexe 2).
- Des questions sur l’usage ou non de l’homéopathie et les raisons qui amènent à faire ce
choix. Cette partie a pour objectif d’évaluer si l’absence d’utilisation de l’homéopathie
est plutôt liée à un manque de connaissances ou un désintérêt. Elle permet également de
savoir par quels moyens les éleveurs apprennent à utiliser l’homéopathie et s’ils utilisent
d’autres médecines alternatives. Pour ceux qui n’utilisent pas l’homéopathie le
questionnaire s’arrête ici (cf. annexes 3 et 4).
- Enfin, une partie réservée aux éleveurs se servant de l’homéopathie, avec des questions
plus ciblées autour de cette dernière. Le but est ici de comprendre les raisons qui les ont
motivés à commencer puis à continuer. Les principaux médicaments utilisés sont à
renseigner afin de voir s’ils utilisent plutôt des spécialités ou des médicaments
homéopathiques à nom commun. Afin d’étudier comment les éleveurs se servent de
l’homéopathie, les affections traitées, le caractère curatif ou préventif de l’utilisation et
les animaux ciblés sont également demandés (cf. annexes 5, 6 et 7). Ces quatre critères
sont à mettre en relation.
Les questions avec étoiles sont à réponses obligatoires, les QCM avec des carrés acceptent
plusieurs réponses tandis que celles avec des ronds n’en acceptent qu’une.
> 150
entre 50 et 100
< 50
0 5 10 15 20 25 30 35
On constate qu’aucun éleveur appartenant à la catégorie de plus de 150 bovins par exploitation
utilise l’homéopathie. Les effectifs sont malheureusement insuffisants pour être interprétés avec
fiabilité mais cela permet de supposer que l’utilisation de l’homéopathie est compliquée et donc
peu ou pas pratiquée dans de grosses exploitations (plus de 150 bovins).
53
b) Types de production
c) Races
La proportion d’éleveurs laitiers étant plus importantes nous retrouvons logiquement une
majorité de races laitières (Montbéliarde et Prim’ Holstein). Cependant toutes les races sont
représentées, nous retrouvons même des races moins populaires en France (High Cattel,
Aubrac, Simmental) ainsi qu’un éleveur ayant, en plus de ses vaches allaitantes, 2 cheptels de
brebis (fig. 8).
100%
90%
Autres 80%
Prim' 70%
Holstein 60%
Limousine 50%
40%
30%
20%
10%
Charolais 0%
Montbéliard
54
Lorsque nous comparons l’utilisation de l’homéopathie en fonction de la race (fig. 9), nous
pouvons constater que l’homéopathie est utilisée majoritairement sur les races laitières et très
peu sur les races allaitantes. En effet, l’homéopathie est utilisée par environ 50% des éleveurs
ayant des Prim’ Holstein. On retrouve ce même pourcentage chez les éleveurs de
Montbéliardes. En revanche, elle est utilisée par moins de 20% des éleveurs de Charolaises. Il
en est de même pour les éleveurs de Limousines. Cela montre une utilisation de l’homéopathie
liée effectivement à la production (cf. partie II.C.1.b)) mais non lié à la race au sein d’un même
type de production (i.e. pas de différence marquée entre les éleveurs de Montbéliardes ou de
Prim’ Holstein d’une part et les éleveurs de Charolaises ou de Limousines d’autre part).
L’utilisation de l’homéopathie ne dépend a priori pas de la race mais de l’utilisation de la vache.
d) Bilan
L’étude générale des élevages permet de montrer en premier lieu que le questionnaire reflète
différents types d’élevages, que ce soit en nombre de bovins, en fonction de leur race ou le type
de production. Concernant l’utilisation de l’homéopathie, on peut conclure que, parmi les
critères étudiés, deux vont influencer son emploi : tout d’abord le type de production, qui
semble être le critère le plus déterminant, ainsi que la taille de l’exploitation. D’après les
caractéristiques de l’homéopathie vues dans la première partie, cette tendance semble logique ;
en effet, plus les exploitations vont être de grande taille, plus il va être difficile pour l’éleveur
d’évaluer, de suivre et de comprendre sa vache afin de trouver le remède homéopathique adapté,
celui qui est le plus proche de son similimum. De la même façon, l’homéopathie présente
l’avantage de ne pas avoir de temps d’attente lait comme viande. Cependant, les éleveurs
allaitants n’ont pas de problèmes à attendre quelques jours avant de vendre leurs bêtes, tandis
que dans les exploitations laitières, chaque jour d’attente représente une perte pour l’éleveur.
Ceci peut expliquer une utilisation plus importante de l’homéopathie dans les élevages laitiers
que dans les élevages allaitants. On peut donc estimer que les élevages laitiers de petite à
moyenne taille sont plus sujets à utiliser l’homéopathie, quelle que soit la race des bovins. Cette
dernière, après différenciation du type de production, n’est d’ailleurs pas un critère de choix.
Nous allons maintenant pouvoir étudier les raisons expliquant l’absence d’utilisation de
l’homéopathie dans certains de ces élevages.
55
a) Leurs raisons
4
INUTILE
12
JAMAIS ENTENDU PARLER
14
PAS D'INTERÊT PERSONNEL
12
TROP COMPLIQUÉ
0
TROP CHER
Figure 10: Répartition (en nombre) des raisons justifiant une absence d’utilisation de
l’homéopathie
Grâce aux réponses fournies par le questionnaire (fig. 10), on peut tout d’abord remarquer que
la raison « trop cher » n’a pas été citée une seule fois. Ensuit la réponse « inutile » a été
relativement peut mentionnée (quatre fois). Ceci montre que les éleveurs ne sont a priori pas
contre l’idée d’utiliser cette thérapeutique. Ils sont plutôt face à une méconnaissance ou un
désintérêt.
A posteriori et après analyse des réponses, il aurait pu être intéressant de rajouter une question
afin de savoir si, à l’aide d’une formation ou accompagné de leur vétérinaire, les éleveurs
auraient été prêts à tester cette thérapeutique.
56
c) Bilan
Cette partie nous révèle plusieurs choses :
➢ Tout d’abord, douze éleveurs sur quarante n’ont jamais entendu parler de cette
thérapeutique. On ne peut par conséquent pas exclure un possible intérêt. On remarque
toutefois que cette proportion est assez élevée, ce qui montre que l’homéopathie est
encore peu connue dans ce milieu.
➢ Douze éleveurs ont également répondu que cette thérapeutique était trop compliquée.
On ne peut pas conclure quant à la raison de l’absence d’utilisation de l’homéopathie :
est-ce par manque de temps pour se former ou bien la difficulté de cette pratique les
décourage-t-elle à l’utiliser ?
➔ Ces deux points permettent de soulever quelques critiques vis-à-vis du
questionnaire. Quelques questions supplémentaires auraient pu nous informer
quant à une volonté potentielle d’utilisation de l’homéopathie. Un texte court
expliquant en quoi consistait cette thérapeutique, suivi d’une question sur
l’intérêt et l’accompagnement aurait pu préciser ces résultats.
➢ Les éleveurs n’ayant pas d’intérêt personnel vis-à-vis de cette pratique et ceux qui la
considèrent inutile sont respectivement au nombre de quatorze et de quatre, i.e. dix-huit
en tout. Ceci représente presque la moitié des éleveurs ayant répondu non au
questionnaire. Ces éleveurs ont généralement des avis assez tranchés et/ou ne sont pas
intéressés à en savoir plus.
➢ Enfin, nous pouvons constater que l’utilisation des autres médecines alternatives dans
les élevages n’utilisant pas l’homéopathie est assez faible. Il est donc intéressant de
comparer ce résultat avec celui obtenu dans des élevages utilisant l’homéopathie (cf.
partie II.C.1.d)). Cependant, ici encore le questionnaire peut manquer de précision. En
effet ; tout comme l’homéopathie, l’absence d’utilisation des autres médecines
alternatives peut être due à un choix mais aussi à un défaut de connaissances de ces
thérapeutiques.
Toutefois, il est important de noter que certains éleveurs ont répondu qu’ils utilisaient des
médecines alternatives autres que celles proposées dans le questionnaire (aromathérapie et
phytothérapie) ; d’après leurs précisions, ces autres médecines alternatives sont « prévention »
et « vaccin ». Ceci peut remettre en question leurs connaissances des médecines alternatives.
Afin d’éviter cette ambigüité, il aurait pu être judicieux d’écrire un texte bref expliquant les
médecines alternatives et plus particulièrement l’homéopathie. Toutefois, ce texte aurait
rallongé le questionnaire et pourrait donc nuire au nombre de réponses.
Cette partie nous a permis de voir que peu d’éleveurs pensent que l’homéopathie est inutile.
Néanmoins, la raison principale expliquant l’absence d’utilisation est un désintérêt ou un
manque de connaissances pour cette thérapeutique. Il est maintenant intéressant de comprendre
les avis et les ressentis de ceux qui l’utilisent.
57
3. Concernant ceux qui utilisent l’homéopathie
Suivant le même raisonnement que ci-dessus nous allons également nous intéresser aux raisons
qui génèrent un intérêt pour l’homéopathie puis étudier l’utilisation ou non d’autres médecines
alternatives. Afin d’être le plus exhaustif possible, nous allons également rechercher les raisons
qui incitent à poursuivre cette utilisation mais aussi les moyens mis en jeu pour se former et
utiliser correctement cette thérapeutique. Le questionnaire pose aussi des questions relatives à
la pratique de l’homéopathie. Ces résultats seront explicités dans une autre partie, en relation
avec les médicaments essentiels.
Le nombre d’éleveurs utilisant l’homéopathie est de 25 sur 65, ce qui correspond à environ
38,5% des éleveurs ayant répondu au questionnaire. Malgré un nombre assez faible, les résultats
mettent souvent en évidence une ou deux réponse(s) spécifique(s).
Sensibilité personnelle 16
Coût 7
Formation à proximité 6
Hasard 2
58
Il ne faut cependant pas négliger les trois réponses ayant reçues entre six et sept voix, i.e. entre
11 et 13% chacune. Ces propositions semblent faire intervenir différents intérêts :
- Financier (coût)
- Modification de la conduite d’élevage, associée ou non à un objectif financier (pratique
de l’agriculture biologique)
- Curiosité, associée ou non à une modification de la gestion d’élevage (formation à
proximité)
Pour rappel, 30% des éleveurs n’utilisant pas l’homéopathie n’en avait jamais entendu parler.
La formation à proximité peut être à l’origine de découverte et donc d’initiation à
l’homéopathie. Les deux éleveurs ayant des problèmes de résistances aux antibiotiques peuvent
être mis en relation avec les quatorze réponses visant une diminution de l’utilisation de ces
derniers. Enfin les deux « par hasard » restent inexpliqués puisque le questionnaire ne demande
pas plus d’informations. Cependant lorsque les éleveurs ont répondu « par hasard » ils ont
également répondu « formation à proximité ». Un des deux a aussi choisi « coût » et
« problèmes de résistances aux antibiotiques ». On peut donc supposer qu’ils sont allés à une
formation sur l’homéopathie ayant lieu à proximité. Cette formation a pu susciter leur intérêt et
ils ont donc décidé d’essayer.
Bons résultats
(22) Par habitude
(1)
La réponse majoritaire est « bons résultats ». La diminution des frais vétérinaires vient en
seconde place. Les autres réponses restent plus anecdotiques.
59
100% Le graphe ci-contre (fig. 13) met en
3 évidence les pourcentages de réponse
90%
80% oui/non pour chaque proposition. Seuls
70% 15 trois éleveurs n’ont pas choisi de
60% 21 sélectionner « bons résultats ».
22
50% Contrairement aux dires (EASAC, 2017)
22
40%
des opposants à l’homéopathie, il
30%
semblerait que les éleveurs constatent un
20% 10
effet suite à l’utilisation de cette
10% 4 3 thérapeutique et en sont satisfaits. La
0%
Bons Diminution Soigne Autres diminution des frais vétérinaires
résultats des frais durablement représente également une raison
vétérinaires
supplémentaire, mais dans une proportion
Oui Non
moindre.
Les éleveurs n’ayant pas sélectionnés la case « bons résultats » étant en faible nombre, nous
allons développer et étudier leurs réponses ici (tab. VI).
Tableau VI : Résumé des caractéristiques des trois éleveurs n’ayant pas répondu « bons
résultats »
Eleveur 1 Eleveur 2 Eleveur 3
Coût Pratique de l’agriculture
Raisons Sensibilité personnelle Pratique de l’agriculture biologique
initiation Formation à proximité biologique Formation à proximité
Prévention : écornage
Animaux Prévention : veaux et des veaux Curatif : veaux, VL,
traités VL (vaches laitières) Curatif : boiterie VL vaches taries
Spécialités
Médicaments
homéopathiques
essentiels
60
L’éleveur 1 n’a pas coché « bons résultats ». Toutefois, il remplit son objectif financier
puisqu’il diminue ses frais vétérinaires. L’absence de bons résultats peut être due à l’utilisation
uniquement en préventif, ce qui peut masquer l’efficacité ou, plus simplement, ne pas être son
critère de sélection pour continuer l’homéopathie. L’éleveur 2 réalise une agriculture
biologique et doit respecter le cahier des charges quant à l’utilisation de médicaments sur ces
animaux. Il permet ainsi un soutien supplémentaire à ces veaux lors des écornages, bien que la
douleur associée à cet acte soit difficile à évaluer. En revanche, en ce qui concerne les boiteries
des vaches, l’homéopathie n’est pas le remède de choix ; elle peut être utilisée, si besoin, en
complément d’un bon parage régulier qui, lui, est plus efficace. Ceci peut donc expliquer
pourquoi l’éleveur n’a pas choisi « bons résultats ». Enfin le dernier éleveur utilise
l’homéopathie par habitude. Cela fait 20 ans qu’il pratique l’homéopathie et suit des formations
ce qui amène à penser qu’il ne regarde plus le résultat maintenant mais qu’il a dû avoir des
réussites thérapeutiques puisqu’il se forme et n’utilise pas de spécialités homéopathiques
(exemple : Traumasédyl®).
5 Formations
6 15
Internet
Autre professionnel en
homéopathie
Ces résultats (fig. 14.) montrent que les formations et les vétérinaires référents sont les deux
aides principales à l’utilisation de l’homéopathie. Cependant, l’aide d’un autre professionnel en
homéopathie est parfois demandée. Le recours aux livres pour compléter les conseils du
vétérinaires ou l’apprentissage des formations est peu fréquent mais reste plus important que le
recours à internet.
61
Lorsque nous regardons plus en détail les réponses des différents éleveurs, huit sur vingt-cinq
n’utilisent qu’un seul de ces outils, correspondant dans la majorité des cas aux conseils des
vétérinaires. Les autres combinent généralement deux, et parfois trois, de ces aides. Les deux
catégories les plus représentées restent les vétérinaires et les formations, nous avons donc un
rôle à jouer dans le développement de cette thérapeutique. Il serait intéressant de s’intéresser à
qui organise et réalise ces formations (vétérinaires, autres spécialistes en homéopathie…)
10
Nous pouvons tout d’abord voir qu’une majorité (60%) des éleveurs utilisant l’homéopathie
utilisent également une ou plusieurs autre(s) médecine(s) alternative(s). La phytothérapie vient
nettement en tête des médecines alternatives utilisées soit seule (24%) soit accompagnée par
l’aromathérapie (24%). A l’inverse, cette dernière est peu utilisée seule en plus de
l’homéopathie (4%). Une dernière médecine alternative est également retrouvée : l’ostéopathie
(8%).
62
100% Nous pouvons constater, grâce à la figure
90% 16, que le pourcentage d’éleveurs utilisant
80% 10
d’autres médecines alternatives est plus
important dans les élevages utilisant
70%
l’homéopathie (60%) que dans ceux ne
60%
37 l’utilisant pas (<10%). Cependant dans les
50%
deux cas la combinaison d’aromathérapie et
40% de phytothérapie est préférée.
30% 15 Ainsi, on peut supposer que l’on trouve des
20% éleveurs qui sont ouverts aux médecines
10% alternatives, le choix de cette/ces
3 dernière(s) dépend ensuite des occasions,
0%
Elevages n'utilisant pas Elevages utilisant du vétérinaire et des préférences
l'homéopathie l'homéopathie
personnelles. On remarque également que
Absence d'autres médecines alternatives les éleveurs n’utilisant pas d’homéopathie,
Autres medecines alternatives n’utilise pas d’autres médecines
alternatives ; on peut ainsi supposer soit
Figure 16 : Comparaison de l’utilisation des qu’ils ne connaissent pas ces
médecines alternatives en fonction de
thérapeutiques, ou bien qu’ils ne s’y
l’utilisation ou non de l’homéopathie dans
les élevages intéressent simplement pas
e) Bilan
Grâce à ce questionnaire plusieurs points peuvent être mis en avant :
- Les éleveurs décident d’utiliser l’homéopathie par sensibilité personnelle. Cependant
certains la découvrent et décident de l’essayer après des formations organisées à
proximité de leurs exploitations. Ceci montre que la proportion d’éleveur utilisant
l’homéopathie peut encore augmenter puisqu’ils sont nombreux à ne jamais avoir
entendu parler de cette thérapeutique. De plus, elle présente des avantages qui attirent
les éleveurs : faible coût et diminution de l’utilisation des antibiotiques. Elle est
également intéressante pour tous les éleveurs désirant passer en agriculture biologique
puisqu’elle ne compte pas comme un traitement lors de son administration (Ecocert,
2017 ; Labre, 2017).
- Les éleveurs continuent à utiliser cette thérapeutique pour les bons résultats qu’elle offre
(88% des éleveurs notent de bons résultats). Cependant, ce terme de « bons résultats »
est assez subjectif et n’est pas défini dans le questionnaire. Ainsi nous pouvons
simplement constater que les résultats obtenus par l’utilisation de l’homéopathie sont
en accord avec les attentes des éleveurs. Un deuxième critère non négligeable concerne
la diminution des frais vétérinaires.
- Les éleveurs progressent dans leur utilisation grâce à des formations (mettant souvent
en jeu des échanges entre éleveurs et des professionnels en homéopathie) mais aussi
grâce aux conseils de leur vétérinaire. Ils s’aident parfois de livres ou demandent des
conseils à un autre professionnel en homéopathie.
- Enfin, 60% des éleveurs utilisant l’homéopathie emploient également d’autres
médecines alternatives. La plus utilisée est la phytothérapie, souvent combinée à
l’aromathérapie.
63
Il est maintenant intéressant de se pencher sur l’utilisation que font les éleveurs sur le terrain
de cette thérapeutique. Quels sont les animaux ciblés, pour quelle(s) pathologie(s) ? Nous
pouvons également nous attacher au côté curatif ou préventif des différents traitements. Tout
cela étant à mettre en relation avec les médicaments considérés comme essentiels.
64
III. Etude approfondie de l’utilisation de l’homéopathie et
des médicaments « essentiels »
Dans cette partie nous allons utiliser les résultats du questionnaire afin de savoir si
l’homéopathie est plus utilisée pour un type de pathologie donné ou pour un type de lot
spécifique. Cela nous permet également de comparer son utilisation préventive et curative.
Enfin nous nous attacherons aux médicaments les plus utilisés et étant considérés comme
nécessaires par les éleveurs. Comme pour la partie précédente, les résultats seront directement
suivis de la discussion afin de faciliter la compréhension.
VACHES ALLAITANTES 3
TARISSEMENT 6
VEAUX 7
VÉLAGE 12
VACHES EN LACTATION 13
GÉNISSES 9
Grâce à cette figure, nous pouvons constater que l’homéopathie est utilisée en prévention
majoritairement sur les vaches en lactation (24%) et sur les vaches prêtes à vêler (22%). Les
génisses figurent également parmi les lots les plus traités en prévention (16%). Les veaux
(13%), les vaches au pic de lactation (9%) et les vaches au tarissement (11%) sont plus rarement
sujets aux traitements prophylactiques homéopathiques. Il est plus difficile de tirer une tendance
pour les vaches allaitantes (5%) puisque seulement 4 éleveurs allaitant et 1 éleveur mixte (laitier
et allaitant) utilisent l’homéopathie en prévention.
65
Il est intéressant de noter que 7 éleveurs ont répondu « vêlage » et « génisse » ; on peut
effectivement se demander si l’homéopathie est utilisée en prévention pour faciliter le vêlage
des génisses. Malheureusement le questionnaire ne demandait pas plus d’informations mais
nous pouvons étudier le type de maladie traitée en prévention. Les résultats sont reportés dans
la figure ci-dessous (fig. 18).
Stimulation
immunitaire
7%
Respiratoire
12%
Boiteries
7%
Digestif Délivrance après
14% vêlage
2%
Oedème
Autre mammaire
Reproduction,
6% 2%
Vêlage
18%
Mammites
Ecornage veaux
20%
2%
Abcès
16%
Nous pouvons ainsi constater que les deux catégories les plus citées sont les mammites (20%)
et la reproduction, vêlages inclus (18%). On retrouve ensuite, dans des proportions plus basses
les abcès (16%) ainsi que les affections digestives (14%) et respiratoires (12%). Enfin, bien que
peu cités, nous retrouvons les boiteries (7%) et la stimulation du système immunitaire (7%). En
plus de ces résultats, trois éleveurs ont choisi « autre ». Ils ont cité l’œdème mammaire,
l’écornage des veaux et la délivrance après vêlage.
Ces résultats sont difficilement exploitables. En effet, la définition de « reproduction, vêlage »
n’est pas clairement expliquée et, comme de nombreuses affections peuvent être reliées à la
reproduction, on ne peut pas savoir ce qui est traité lorsqu’un éleveur choisi « reproduction,
vêlage ». Par exemple, les problèmes de délivrance sont-ils inclus ou non dans la reproduction ?
La reproduction concernerait juste une aide à la mise-bas ou les problèmes de matrice peuvent-
ils être inclus dans cette catégorie ?
Nous venons de voir que l’homéopathie était fréquemment employée en préventif et qu’elle est
utilisée sur des animaux à différents stades physiologiques (vêlage, veaux, tarissement…) mais
également pour des affections variées. Cependant, d’après son étymologie (cf. partie I. A. 1.) il
faut une souffrance, et donc des symptômes, pour utiliser un traitement dit homéopathique. Son
utilisation en préventif peut donc surprendre en premier lieu, mais elle peut être justifié par des
modifications physiologiques. Par exemple, le Wombyl® peut être utilisé en post-partum pour
favoriser la résorption de l’utérus. Il n’y a pas de maladie, mais un changement d’état ;
l’homéopathie est utilisée pour retrouver l’équilibre physiologique. Elle prévient ainsi les
métrites. Par ailleurs, des études menées sur les effets préventifs de l’homéopathie en médecine
humaine n’excluent pas de possibles effets cliniques (Mathie et al., 2015) voire suggèrent un
possible effet positif sur les maladies respiratoires (Beghi, Morselli-Labate, 2016). Ces études
ne prouvent pas l’efficacité préventive de l’homéopathie et précisent qu’il faudrait plus de
66
recherches pour étayer leurs résultats. Concernant les animaux, et plus particulièrement les
vaches laitières, des études évaluant les effets de traitements homéopathiques préventifs pour
améliorer les capacités de reproduction (Fidelak et al., 2007) ou pour lutter contre l’endométrite
(Arlt et al., 2009) ne montrent pas de résultats concluants pour l’utilisation préventive de
l’homéopathie puisque ces derniers ne sont pas significativement différents de ceux des lots
placebo. Toutefois, à l’image des études visant à prouver l’efficacité ou non de l’homéopathie,
il existe toujours de nombreux biais (individus différents, répondant de manière vairée aux
traitements, mode et lieu de vie, quantité de production, morphologie, etc…). Il est aussi plus
difficile d’évaluer le ressenti des éleveurs sur l’efficacité de traitements préventifs, ce qui
complique davantage les études « de terrain ». Il serait cependant intéressant de savoir si la
prévention est systématique pour toutes les bêtes du troupeau ou d’un lot donné, ou si ces
traitements prophylactiques sont utilisés uniquement sur des animaux « à risque » et comment
ces derniers sont sélectionnés.
Nous allons maintenant pouvoir étudier les mêmes données mais, cette fois-ci, sur l’utilisation
de l’homéopathie en curatif.
TARISSEMENT 5
VACHES ALLAITANTES 4
GÉNISSES 7
VÊLAGE 14
VEAUX 9
VACHES EN LACTATION 12
Nous constatons que l’homéopathie curative est principalement utilisée sur deux catégories
d’animaux : sur les bêtes qui vêlent (26%) et sur les vaches en lactation (22%). Les veaux
(16%), les génisses (13%), les vaches au tarissement (9%) et les vaches au pic de lactation
(7%) sont moins fréquemment traités par homéopathie. Concernant les vaches allaitantes
(7%), il est difficile d’établir une tendance puisque seulement 4 éleveurs allaitant et 1 éleveur
mixte (laitier et allaitant) ont répondu à cette partie du questionnaire.
67
Les classes traitées sont très différentes et peu sujettes aux mêmes maladies. Il est donc
intéressant d’étudier dans quel(s) cas les éleveurs utilisent l’homéopathie en curatif. Les
résultats sont reportés dans la figure ci-dessous (fig. 20).
Boiteries Mammites
31% 27%
Respiratoires Digestives
18% 24%
Les résultats proposés par le questionnaire étaient uniquement ces quatre modalités, ce qui
explique ici l’absence des réponses liées à la reproduction, aux abcès ou à d’autres troubles…
On peut d’ailleurs supposer, d’après les résultats obtenus sur les animaux traités (fig. 19) que
les maladies liées à la reproduction et au vêlage seraient majoritaires. Toutefois, d’après les
propositions du questionnaire, nous ne pouvons pas avoir cette donnée. Les maladies les plus
fréquemment traitées par homéopathie sont donc les boiteries (31%) suivies des mammites
(27%). Si l’on compare aux classes les plus traitées, les vaches laitières arrivent en deuxième
position ce qui est cohérent avec l’utilisation faite de cette thérapeutique. Les troubles digestifs
(24%) et respiratoires (18%), qui correspondent plutôt à des pathologies du jeune bovin,
viennent ensuite. Cela coïncide avec l’utilisation relativement fréquente (16%, fig. 19) de
l’homéopathie sur les veaux. On retrouve des résultats similaires dans une étude sur l’utilisation
et l’efficacité de l’homéopathie sur le bétail (Arlt et al., 2009). D’après les chercheurs, le type
de maladie traitée dépend de l’espèce concernée mais, pour les vaches, nous retrouvons en très
grande majorité les mammites (environ 60%), suivi des troubles de la reproduction (environ
25%) puis les diarrhées (13%) et enfin les troubles respiratoires (2%).
Le questionnaire reste incomplet si l’on veut comprendre au mieux comment l’éleveur utilise
cette thérapeutique. En effet, le traitement curatif veut simplement dire qu’il est réalisé suite à
l’apparition de signes cliniques impactant l’état de bien-être de l’animal concerné. L’éleveur
peut donc choisir de donner de l’homéopathie seule afin de traiter son animal mais peut aussi
utiliser cette thérapeutique comme soutien à un traitement allopathique. C’est le cas le plus
probable pour le traitement des boiteries (piétin, fourchet, cerises…) où le parage reste
indispensable. Les soins homéopathiques sont complémentaires. Ils peuvent être locaux et/ou
oraux et permettent de faciliter la guérison (Issautier, 2013).
De la même façon, il serait intéressant d’étudier plus en détail le traitement pour les mammites.
En effet, en fonction de la chronicité et de l’agent infectieux, le pronostic n’étant pas le même
pour la vache, l’homéopathie peut être donnée seule ou en supplément d’un traitement
allopathique (cf. partie I. G. 3.).
68
Nous venons de voir l’utilisation faite par les éleveurs de l’homéopathie en préventif et en
curatif. Il est maintenant intéressant de comparer ces deux pratiques pour voir quelles sont les
similitudes et quelles sont les différences majeures.
a) Nombre d’utilisateurs
Les résultats du questionnaire concernant l’utilisation préventive et/ou curative de
l’homéopathie sont répertoriés dans la figure ci-dessous (fig. 21).
.
Oui Non
6 6
12
19 19
13
Nous pouvons constater que la proportion d’éleveurs utilisant l’homéopathie en curatif (76%)
est identique à celle l’utilisant en préventif (76%). Pour cette étude, nous avons 52% des
éleveurs qui se servent de cette thérapeutique en préventif comme en curatif tandis que 48%
d’entre eux choisissent uniquement l’un ou l’autre. Par conséquent et contrairement à ce que
l’on pourrait penser, cette figure met en évidence l’utilisation a priori équivalente des deux
modalités.
L’homéopathie peut être utilisée en préventif comme en curatif mais cela s’applique-t-il à tous
les stades physiologiques des animaux ?
69
b) Classes
L’objectif ici est de savoir si certaines classes sont privilégiées suivant le mode d’utilisation
(préventif ou curatif) choisi. La figure ci-dessous (fig. 22) compare ces résultats.
Préventif Curatif
Tarissement 6 5
Vaches allaitantes 3 4
Génisses 9 7
Veaux 7 9
Vêlage 12 14
Vaches en lactation 13 12
0 5 10 15 20 25 30
D’après cette figure (fig. 22) nous pouvons constater qu’il n’y a pas de différence importante
entre les classes pour lesquelles l’homéopathie est utilisée en préventif et en curatif. En effet,
le nombre de réponses est relativement bas et la différence entre l’utilisation préventive ou
curative est d’une à deux voix ; vaches allaitantes et veaux plus cités pour l’utilisation curative
tandis que les vaches en lactation, au tarissement ou au pic de lactation sont plus nombreuses
pour l’utilisation préventive. La classe ne semble donc pas influencer le type d’usage de
l’homéopathie.
Nous allons maintenant nous poser la même question quant à l’influence du type de maladie
sur cet usage.
70
c) Types de maladies
Afin de comparer quelle utilisation est faite de l’homéopathie en fonction des différents types
de pathologies, les résultats des deux parties du questionnaire sont reportés dans la figure
suivante (fig. 23). Cependant, les propositions n’étant pas les mêmes pour chaque partie, nous
nous attacherons uniquement aux réponses communes à ces deux dernières, c’est-à-dire aux
mammites, aux boiteries et aux troubles digestifs et respiratoires.
Préventif Curatif
12
10
6 11
10
9
4 8 8
7
6
2 4
0
MAMMITES TROUBLES TROUBLES BOITERIES
DIGESTIFS RESPIRATOIRES
Cette figure met en évidence une différence d’utilisation pour les boiteries (4 « préventif »
contre 10 « curatif »). Pour les mammites, la différence est très faible et peu significative (11
« préventif » contre 9 « curatif »). Enfin pour les troubles digestifs et respiratoires, on ne
retrouve pas ou peu de différence (on ne retrouve qu’une réponse en plus dans les traitements
préventifs des troubles respiratoires).
Nous allons donc étudier chaque type de d’affection au cas par cas afin de comprendre ces
résultats :
❖ Les mammites – Traitement a priori plutôt préventif
Les mammites représentent un problème majeur en élevage laitier. Le traitement allopathique
de ces dernières est pénalisant pour les éleveurs dû au temps d’attente lait des produits utilisés.
Cependant, les mammites aigues peuvent tuer des vaches rapidement. Dans ces cas-là le
traitement homéopathique n’est pas adapté puisque le pronostic vital de l’animal est en jeu (cf.
I. G. 3.). Un traitement préventif des mammites dès l’apparition de signe d’œdème ou pour des
mammites subcliniques (détectées par un taux cellulaire élevé) peut se révéler très intéressant
si une efficacité quelconque est observée. Deux études vont dans ce sens : la première
s’intéresse aux effets du Dolisovet® administrés précocement (Aubry et al., 2013) ; la
deuxième compare les effets d’un traitement homéopathique, d’un traitement antibiotique et
d’un traitement placebo (Werner et al., 2010). D’après ces études, le Dolisovet® montre un
possible effet lors d’inflammation de la mamelle quand il est utilisé précocement. De plus, il
augmenterait la production lactée. Ce serait donc un traitement de première ligne pour les
mammites subcliniques. La deuxième étude s’intéresse à des mammites cliniques légères mais
sans contamination bactérienne. Les traitements homéopathiques et antibiotiques montrent des
résultats significativement meilleurs que ceux obtenus avec le traitement placebo. Il n’y a
cependant pas de différence significative entre le traitement antibiotique et le traitement
71
homéopathique. Ces deux études reflètent bien ce que l’on a observé sur le terrain : le traitement
curatif homéopathique, efficace seulement pour certains cas de mammites cliniques légères et
sans contamination bactérienne, est utilisé mais de manière moins fréquente que le traitement
préventif, permettant d’éviter la mammite clinique et améliorant la production de lait.
Il reste important de modérer ces propos et de rester vigilant ; il ne faut pas privilégier
l’homéopathie sur toutes les mammites aux dépends de la santé de la vache. Ceci peut expliquer
la faible différence entre l’utilisation préventive ou curative de cette thérapeutique sur les
mammites.
72
- Une différence sur les maladies traitées : les mammites sont plus souvent traitées en
préventif qu’en curatif, tandis que c’est l’inverse pour les boiteries. En revanche, cette
différence n’est pas retrouvée pour les troubles digestifs et respiratoires.
Pour finir, nous allons maintenant nous intéresser aux médicaments considérés par les éleveurs
comme indispensables dans une pharmacie homéopathique.
4. Médicaments essentiels
La question sur les médicaments indispensables était une question ouverte où chaque éleveur
est libre de donner les réponses qu’il souhaite. Il n’y a pas de limite de médicaments à citer. Les
réponses des éleveurs sont donc variées ; certains n’ont rien cité, d’autres ont donné des
réponses inexploitables telles que « traitement pour les vers, les strongles », « aucun traitement
au cas par cas » ou « pour verrues et délivrance ». D’autres réponses comme « granules
Boiron » sont gardées puisqu’elles permettent de différencier les spécialités des médicaments
homéopathique à nom commun. Chaque élément de réponse apporté par un éleveur est isolé et
noté individuellement (fig. 24). Concernant les Produits Vétérinaires Boiron (PVB), deux PVB
n’existant pas ont été cité (« PVB Diarrhée » et « PVB Mammites »). Cependant, on peut
supposer qu’il s’agit respectivement de PVB® Drainage et PVB® Phytolac au vu des affections
concernées. Elles seront donc comptées comme telles dans la figure.
Médicaments à
nom commun
19 réponses
Spécialités
25 réponses Granules Boiron (2)
Phosphorus (1)
Arnica (7)
Dolisovet (1)
Lycopodium (1)
Wombyl (8)
Ignatia (1)
Homéopulmil (1)
Salvia (2)
Orotar (1)
Traumasédyl (7)
Pulsatila (1)
PVB (3)
• Abcès (1)
Pyrogenium (1)
• Phytolac (2)
• Drainage (2)
Lachesis (1)
Apis (1)
Figure 24 : Médicaments homéopathiques « essentiels » selon les éleveurs
Le nombre de fois où le produit est cité est écrit à la suite entre parenthèses.
73
L’Orotar® est constitué uniquement de Salvia officinalis à différentes dilutions. Il est donc
regroupé avec Salvia pour plus de clarté.
Grâce à cette figure (fig. 24), nous remarquons que les spécialités homéopathiques (cf. partie I.
F. 1.) sont plus utilisées (25 réponses) que les médicaments homéopathiques à nom commun
(19 réponses). Les réponses sont ici individualisées mais si l’on souhaite comparer l’intégralité
des réponses nous retrouvons 11 éleveurs (55%) n’utilisant que des complexes, 7 éleveurs
(35%) n’utilisant que des médicaments à nom commun et seulement 2 éleveurs (10%) utilisant
les deux. Ces valeurs sont en accord avec celles retrouvées dans l’étude sur l’efficacité de
l’homéopathie sur les animaux de bétail (Doehring, Sundrum, 2016). Dans cette dernière, la
comparaison de l’utilisation des complexes homéopathiques versus les médicaments à nom
commun donne les pourcenta ges suivants : 66% pour complexes homéopathique et 34% pour
les médicaments à nom commun.
Etudions maintenant les réponses concernant les médicaments homéopathiques à nom commun.
Nous retrouvons trois réponses vagues ne nous donnant pas d’information : « plante » une fois
et « granules Boiron » deux dois. En revanche parmi les autres, deux médicaments reviennent
plusieurs fois : Arnica et Salvia, respectivement 7 et 3 fois. Tous les autres ne sont énoncés
qu’une fois chacun ; il s’agit de Apis, Lachesis, Pyrogenium, Pulsatila, Ignatia, Lycopodium et
Phosphorus.
Nous allons donc nous intéresser plus particulièrement aux médicaments les plus cités.
74
1. Salvia officinalis et Orotar®, le tarissement
homéopathique
L’Orotar® correspond à des granulés constitués de différentes dilutions de Salvia officinalis
(6CH, 7CH, 8CH et 9CH). L’action pathogénétique de Salvia officinalis entraîne une
galactorrhée. Le signe caractéristique est transpiration excessive quand la circulation est
affaiblie. L’Orotar® est donc utilisé pour diminuer le volume de la mamelle lors du tarissement.
Il ne doit surtout pas être utilisé seul sur des animaux ayant des mammites cliniques ; un anti-
infectieux spécifique est dans ce cas nécessaire.
2. Les P.V.B.®
Il existe différents types de PVB® ; chacun cible un type de pathologie. Il existe : PVB®
Affections de la matrice (reproduction autour de la mise bas), PVB® Phytolac (reproduction
autour de la lactation), PVB® Abcès (problème dermatologique), PVB® Rhumatisme et PVB®
Poudre calcique (troubles de l’appareil locomoteur), PVB® Sédatif nerveux (troubles du
comportement), PVB® Drainage (troubles digestifs) et PVB® respiratoire (trouble
respiratoires). Nous étudions ici uniquement les plus cités du questionnaire que nous comparons
avec d’autres spécialités utilisées pour le même type général de pathologie.
75
Tableau VII : Etude du PVB® Phytolac
Médicament à nom - Action pathogénétique
commun de la - Signes caractéristiques Indications
spécialité
Congestion violente,
Belladona - Fièvre et abattement douloureuse, d’apparition
5 CH - Apparition violente et brutale brutale
Congestion vasculaire Hyperthermie
Abattement
- Similaire à la piqure d’abeille : Peau : affections locales
Apis mellifica brutale, brulante, œdème rose rouge œdémateuses, urticaire.
5 CH - Douleur brulante améliorée par le
froid, peau chaude Action rapide mais courte
- Muqueuses écoulement jaunâtre,
Pulsatila épais Mammites avec petites
5 CH - aggravation par la chaleur et le grumeaux jaunes
mouvement
Streptococcinum - Invasion de Streptocoques ou Inflammations d’origine
5 CH surinfection bactérienne
-/
Staphylococcinum - Infections par Staphylocoques Inflammations d’origine
5 CH - Infections localisées, suppurées bactérienne
Cette spécialité est donc recommandée pour des mammites légères avec modifications de lait.
76
Deux autres spécialités pouvant traiter la mamelle existent (cf. Annexes 8 et 9). Les
compositions varient. Cependant, on retrouve certains composés en commun. C’est par
exemple le cas de Belladona. On peut retenir le Dolisovet® pour aider au bon fonctionnement
de la mamelle et l’Homéomamil® lors d’états fébriles liés à une mammite.
Nous allons maintenant voir les spécialités permettant la prise en charge homéopathique des
troubles digestifs.
b) PVB® Drainage et la gestion homéopathique des
troubles digestifs
De la même manière que pour les affections mammaires, plusieurs spécialités sont disponibles.
Toutefois la plus citée étant le PVB® Drainage nous allons nous attacher à sa composition pour
comprendre son utilisation (tab.VIII).
Tableau VIII : Etude du PVB® Drainage
Médicament à - Action pathogénétique
nom commun de - Signes caractéristiques Indications
la spécialité
Taraxacum dens - Action hépatique Drainage hépatique, en
leonis - Langue en carte de géographie particulier pour les individus
3 DH ayant une langue « chargée »
Chelidonium - Action sur le tube digestif, en
majus particulier sur le foie → irritation Troubles hépato-digestifs,
5 CH - Excrétions de couleur jaune ou hépatites par cholestase,
bilieuse. Douleur qui irradie jusqu’à douleurs hépatiques
l’épaule droite.
Carduus - Action élective du foie, engorgement
marianus de la circulation porte. Draineur hépato-vésiculaire
3 CH
Cynara - Action sur le foie et l’estomac
scolymus - Flatulences, ballonnement, ictère Draineur hépato-vésiculaire
3 DH
Hydrastis - Action sur les muqueuses et l’appareil
canadensis digestif Troubles gastro-hépatiques
3 CH - Sécrétions épaisses, jaunâtres, Inappétence
visqueuses. Faiblesse et Constipation
amaigrissement marqués. Constipation
chronique
China rubra - Troubles gastro-intestinaux, diarrhée, Météorisme
3 DH flatulence Flatulence
- Diarrhée sans douleur mais grande Diarrhée
faiblesse
Solidago virga - Action sur le foie et le rein Drainage hépato-rénal
aurea - Sensibilité douloureuse des angles Sensibilité à la pression des
3 CH costo-lombaires angles costo-lombaires
Berberis - Action secondaire sur le foie Syndromes hépato-rénaux
vulgaris - Douleurs piquantes localisées Surcharge métabolique
3 CH
Utilisation Lors de surcharge alimentaire ou changement alimentaire
Accompagnement d’un traitement antiparasitaire
Soutien de la fonction hépatique après traitement médicamenteux
Voie PO
d’administration / 5 mL 1 à 2 fois par jour
Posologie
Remarques Délai d’attente : zéro jour
77
De cette spécialité, nous retiendrons :
• Taraxacum dens leoni, Carduus marianus, Cynara scolymus et Solidago virga aurea
pour le drainage hépatique
• Chelidonium majus pour les troubles hépato-digestifs
• Hydrastis canadensis pour les troubles gastro-hépatiques
• China rubra pour les troubles gastro-intestinaux
• Berberis vulgaris pour les problèmes de surcharge métabolique
C’est donc un traitement de soutien hépatique, utile lors de surcharge, de parasitisme ou pour
accompagner un traitement médicamenteux. La deuxième spécialité utilisée lors de troubles
digestifs est l’Entérocine® (annexe 10). La composition est très différente : seuls deux
médicaments à nom commun sont identiques : China rubra et Solidago virga aurea. Elle serait
à employer sur les diarrhées.
Nous allons maintenant nous intéresser aux troubles dermatologiques et leur prise en charge
avec des spécialités homéopathiques.
Le PVB® Abcès, comme son nom l’indique est recommandé pour les affections cutanées
suppuratives. Nous allons également étudier sa composition (tab. IX).
78
Tableau IX : Etude du PVB® Abcès
Médicament à - Action pathogénétique
nom commun de - Signes caractéristiques Indications
la spécialité
Pyrogenium - Etat septique fébrile Etats inflammatoires aigus à
7 CH - Fétidité des sécrétions pyogènes avec tendance à la
suppuration
Hepar sulfur - Phénomènes inflammatoires à Fistules
7 CH tendance suppurative Abcès
- Tendance nette à l’inflammation avec Omphalites
suppuration. Peau malsaine Processus suppuratifs
Silicea - Action dans les phénomènes de Suppuration cutanée
7 CH suppuration Fistules chroniques
- Toute petite plaie suppurée
Calcarea - Action cutanée, eczéma, processus Suppuration ouvertes
sulfurica suppuratif subaiguës ou chroniques,
7 CH - plaies cicatrisant mal, exsudations pus épais, indolore
purulentes
Echinacea - Action circulatoire : empoisonnement Syndromes infectieux
angustifolia du sang, états septiques Propriétés anti-
3 CH - Auto-infection aiguë, lassitude inflammatoires et
générale immunostimulantes
Congestion violente et
Belladona - Fièvre et abattement douloureuse d’apparition
5 CH - Apparition violente et brutale brutale
Congestion vasculaire Hyperthermie
Abattement
Myristica - Action inflammatoire sur le territoire Panaris / Abcès superficiels
sebifera cutané et le tissu cellulaire → Accélération processus
3 CH - Douleur dans les ongles, gonflement maturation
des phalanges
Utilisation Lors d’affections cutanées suppuratives
Voie PO
d’administration / 5 mL – 2 à 3 fois par jour jusqu’à disparition des signes
Posologie
Remarques Délai d’attente : zéro jour
Il existe une autre spécialité pour les problèmes dermatologiques mais cette fois-ci concernant
uniquement les verrues (Ficosyl®, annexe 11). Les compositions sont totalement différentes,
ce qui est logique puisque les affections ciblées n’ont pas de point commun.
Etudions maintenant les spécialités conçues pour les pathologies en lien avec la mise-bas.
79
3. Le Wombyl® et la gestion homéopathique autour
de la mise-bas
Pour les grands animaux, nous retrouvons trois remèdes majeurs permettant de soigner des
animaux autour de la mise-bas : le Wombyl®, cité dans le questionnaire, mais également le
Cervicyl® et le PVB® Affection de la matrice. Seule la composition du Wombyl® sera
détaillée ici (tab. X). Cependant nous insisterons sur la différence Wombyl® / Cervicyl® qui
n’est pas toujours évidente pour des novices. Le détail des autres spécialités reste disponible en
annexe (annexes 12 et 13).
Les deux médicaments à noms communs utilisés ici ciblent l’utérus, le col et favorisent la
délivrance. Le Wombyl® est très cité dans ce questionnaire sans qu’on sache s’il est utilisé en
préventif ou en curatif. Cependant, on pourrait supposer une action préventive puisqu’il est à
donner dès la fin de la mise-bas. Ainsi, il permettrait de prévenir les non-ou mauvaises
délivrances ainsi que quelques complications bégnines post-partum. Il est important de le
distinguer du Cervicyl®. En effet, ce dernier ayant une action principalement en lien avec le
col, est idéal pour aider à la mise-bas. Il peut donc être utilisé pour des génisses avant un premier
vêlage ou pour toute vache présentant une atonie du col. Il prévient également les douleurs
engendrées par les divers traumatismes lors de cet effort. On peut ainsi retenir que le Cervicyl®
sert à la mise-bas alors que le Wombyl® prévient les affections pouvant arriver suite à cette
dernière.
Enfin, pour tout trouble lié à l’utérus, le PVB® Affection matrice sera la spécialité de choix
puisqu’elle permet le drainage des mauvaises sécrétions et a une influence sur la tonicité de
l’utérus. Nous pouvons remarquer que les deux constituants du Wombyl® (Actea racemosa et
Aletris farinosa) se retrouvent dans le PVB® Affection matrice et un sur les deux (Actea
racemosa) dans le Cervicyl®. Ceci permet de se demander si le peu de constituants du
Wombyl® le rend plus ciblé et donc plus efficace ou si l’on pourrait traiter les difficultés de
mise-bas avec un PVB® Affection matrice tout en ayant les mêmes résultats.
80
Pour finir, nous allons nous intéresser à la gestion homéopathique des traumatismes.
D’après ses composants (tab. XI), le Traumasédyl® est un traitement de choix pour aider les
animaux à récupérer après une chirurgie ou après un effort musculaire et/ou tendineux
important. Il peut également être intéressant pour soulager certains problèmes articulaires mais
cela s’applique plus aux autres espèces qu’à celles de rente. Arnica montana est également
détaillé dans ce tableau. C’est le remède du coup, du choc.
81
Ces deux médicaments sont cités de nombreuses fois dans le questionnaire. Ainsi, il semblerait
que ces médicaments soient souvent disponibles dans les pharmacies des éleveurs. L’utilisation
faite de chaque médicament n’est pas demandée dans le questionnaire mais on pourrait suggérer
une utilisation de l’un ou de l’autre après chaque chirurgie (césarienne, opération suite à un
déplacement de caillette…). En effet, le Métacam® est rarement fait car trop couteux. Le prix
étant un des atouts de l’homéopathie, il pourrait être intéressant de faire une étude concernant
la récupération des animaux de rentes suite à des opérations et l’attribution ou non de
Traumasédyl® ou d’Arnica.
Lors de cette dernière partie, nous nous sommes attachés à décrire et comparer les spécialités.
A travers ces dernières nous avons pu nous familiariser avec certains médicaments
homéopathiques à noms communs, qui restent a priori moins utilisés que les spécialités.
L’analyse des réponses du questionnaire est terminée. A l’issue de cette étude certains points
restent à développer et de nouvelles perspectives à envisager.
L’homéopathie est efficace uniquement sur des affections réversibles. Elle est donc idéale
comme traitement complémentaire ou pour gérer les déséquilibres de l’organisme. Mais elle
reste difficile à maitriser puisque, pour cela, une bonne connaissance de chaque remède et une
bonne analyse du patient sont nécessaires. Pour être correctement employée, elle demande des
connaissances bien spécifiques. Les vétérinaires formés ont donc un rôle à jouer dans le
développement de cette thérapeutique puisque les éleveurs sont demandeurs de formations et/ou
de conseils venant de leur vétérinaire.
Les spécialités sont plus utilisées que les médicaments homéopathiques à noms communs. Ceci
peut s’expliquer par une facilité de traitement de première intention pour des affections
courantes et peu graves : à chaque type de maladie, une spécialité. De plus ces dernières ont
l’avantage de posséder une AMM, les rendant disponibles sans ordonnance et avec des
indications d’utilisation. Ces spécialités pourraient également permettre une certaine approche
et découverte de l’homéopathie. En effet, même si le pluralisme n’est pas le mode de traitement
homéopathique recommandé, il permet de s’y intéresser de manière plus large et d’en
comprendre les bases. Il est plus facile de commencer avec des remèdes généraux puis
d’apprendre à cibler plus spécifiquement son traitement par la suite. Il faut toutefois rester
prudent et ne pas hésiter à recourir à la médecine allopathique pour compléter les traitements
plutôt que de repousser les soins adaptés et ainsi aggraver une maladie, qui ne pourra
éventuellement plus être guérie par la suite.
Même si de prime abord cela est contraire à son étymologie, l’homéopathie peut également être
utilisée en préventif. Ceci correspondrait plutôt à une anticipation de situations à risques liées
à des déséquilibres soudain (vêlage, forte production lactée, opération chirurgicale, etc…). Ce
qui expliquerait l’utilisation de Wombyl® après un vêlage pour éviter les mauvaises / non
délivrances. De la même manière, on pourrait suggérer l’utilisation de Traumasédyl® ou
d’Arnica après une opération chirurgicale, un écornage ou tout acte douloureux.
82
Cette étude permet une vision d’ensemble de l’utilisation de l’homéopathie. Elle ne montre que
des tendances observées sur un panel restreint d’éleveurs. En effet, le questionnaire rencontre
de nombreuses limites. Au-delà du peu de réponses obtenues, le questionnaire n’a été envoyé
que dans la région du Rhône. Il serait intéressant de réaliser une étude similaire sur toute la
France. Un questionnaire est aussi sujet à interprétation, et les réponses obtenues ne coïncident
pas toujours avec ce qui est réellement demandé (manque de précision, inégalité des
connaissances…). Par conséquent, il serait aussi plus judicieux de cibler un point d’étude
particulier par questionnaire afin d’être plus précis (ne s’intéresser qu’à une pathologie à chaque
fois, uniquement à l’aspect curatif ou inversement uniquement à l’aspect préventif, différencier
clairement l’utilisation de spécialités de celle des médicaments homéopathiques à noms
communs). Enfin, puisque l’homéopathie est à privilégier pour les exploitations ayant le label
« bio », il pourrait être intéressant de prendre cet élément en considération dans un futur
questionnaire.
83
84
Conclusion
Depuis sa découverte par Samuel Hahnemann, l’homéopathie a toujours été une source de
critique et de division quant à son efficacité. Le principe d’infinitésimalité est la principale
cause de cette remise en question.
Cette étude nous montre la place de l’homéopathie dans certains élevages bovins du Rhône.
Plus de 60% des éleveurs ayant répondu au questionnaire ne l’utilisent pas, principalement par
manque d’intérêt et absence de connaissance. Pour ceux qui l’ont essayée, les raisons
principales sont une sensibilité personnelle et/ou une volonté de diminuer la consommation
d’antibiotique dans leur élevage. L’observation de bons résultats et une diminution des frais
vétérinaires les ont amenés à continuer cette pratique.
Même si elle est encore peu utilisée, nous avons pu constater une utilisation, préventive comme
curative, majoritaire sur les vaches laitières, principalement lors de la lactation (mammites) ou
lors du vêlage (délivrance). Nous avons également pu observer que les spécialités sont
privilégiées par rapport aux médicaments homéopathiques à noms communs. Certains
médicaments sont simples à utiliser dans des cas bien précis et pourraient être plus largement
utilisés.
Les résultats de cette étude restent à nuancer étant donné le faible nombre de réponse, la
restriction géographique ainsi que les limites du questionnaire. Mais cette étude dresse un
portrait général encourageant de l’utilisation de l’homéopathie par les éleveurs.
85
86
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90
Annexes
91
Annexe 3: Suite et fin du questionnaire pour les éleveurs ne pratiquant pas l’homéopathie
92
Annexe 5: Questions générales sur l’homéopathie
93
Annexe 6 : Questions sur l’utilisation de l’homéopathie en prévention
94
Annexe 7: Questions sur l’utilisation de l’homéopathie en curatif et fin du questionnaire
95
Annexe 8: Etude de l’Homeomamil ®
96
Annexe 9 : Etude du Dolisovet®
97
Annexe 10 : Etude de l’Enterocine®
98
Annexe 11 : Etude du Ficosyl®
99
Annexe 12 : Etude du PVB® Affection matrice
100
Annexe 13 : Etude du Cervicyl®
101
102
EBERT Cécile
RESUME :
L’homéopathie est une médecine naturelle, classée aujourd’hui dans les médecines dites
alternatives. Depuis sa découverte, son efficacité est remise en cause, notamment à cause du
principe d’infinitésimalité, impliquant une dilution tellement importante qu’on ne retrouve plus
la substance de base utilisée dans le médicament final. Cependant, dans le contexte économique
actuel, les médecines naturelles prennent une part importante du marché vétérinaire.
Cette thèse s’intéresse, à l’aide d’un questionnaire, à l’utilisation de l’homéopathie faite par les
éleveurs bovins du Rhône. Ainsi, après une description approfondie de ce qu’est l’homéopathie,
ce travail étudie les raisons amenant ou non les éleveurs à l’intégrer dans leur conduite
d’élevage. Pour ceux l’utilisant, une étude plus poussée de leurs pratiques (affections et
animaux concernés, utilisation préventive vs curative…) et des médicaments les plus
fréquemment utilisés est réalisée.
MOTS CLES :
- Homéopathie vétérinaire - Rhône (France)
- Bovins - Enquêtes
- Médecines parallèles
JURY :
Président : Monsieur le Professeur Jean-François GUERIN
ADRESSE DE L’AUTEUR :
52 rue de Clichy
75009 PARIS
103