Antonin Artaud Dibujos
Antonin Artaud Dibujos
Antonin Artaud Dibujos
ry é
Arc, ,v S
14 septembre
31 octobre 1994
Galerie du Musée
4e étage
contacts presse :
Direction de la Communication
tél : 44 78 42 07 - fax : 44 78 13 00
Avec l'Agence
Heymann, Renoua Associées
Sarah Heymann, Agnès Renoult
tél : 42 29 79 86 - fax: 42 29 80 85
SOMMAIRE
Pages
2
ANTONIN ARTAUD (1896-1948)
DESSINS
le LEGS DE PAULE THEVENIN
Paule Thévenin (décédée en octobre 1993), amie proche d'Antonin Artaud, fut
l'éditrice, restée jusqu'à maintenant anonyme, de ses "OEuvres Complètes" aux
éditions Gallimard . Dès 1947, elle a rassemblé papiers et lettres, déchiffré
l'écriture ininterrompue des innombrables Cahiers écrits entre 1945 et 1948,
retrouvé la trace des dessins éparpillés : cette tâche, menée avec une exigence et
une ténacité implacables, fut immense et doit être publiquement saluée . A
l'hommage que le Musée national d'art moderne lui rend aujourd'hui s'associe
la Bibliothèque Nationale de France par le prêt de documents exceptionnels.
3
Une première série de 7 dessins, qui sont des Autoportraits, des Etudes d'après
Bonnard et Picasso exécutés vers 1920 - 23 ou des projets de costumes de théâtre,
atteste de l'intérêt très précoce d'Antonin Artaud pour la peinture et le dessin.
Certes, pendant les pleines années d'activité théâtrale et littéraire, n'aura-t-il
recours à l'expression graphique qu'occasionnellement : ces premières approches,
modestes et qui font preuve encore du respect de ce "pur dessin" dont il devra
bientôt "désespérer", sont cependant importantes pour le futur auteur du Théâtre
et son double et du Théâtre de la cruauté . Ses conceptions sur le jeu de l'acteur et
sur la mise en scène, il les nourrira en effet de ses réflexions sur l'univers de
signes, de "hiéroglyphes" qu'est la peinture : elle-même "mise en scène" active,
l'oeuvre peinte sera perçue par lui comme l'écho perdu d'une langue ancienne,
qu'il croira retrouver dans l'alphabet des signes ponctuant ce "pays de peinture" de
la Sierra Tarahumara, traversée lors de son voyage au Mexique en 1936.
L'essentiel de son oeuvre graphique a été réalisé pendant les dernières années de sa
vie, dès le début de l'année 1945 dans le dénuement de l'internement de Rodez,
puis à son retour à Paris-Ivey en mai 1946 . " Maladroitement dessinés pour que
l'aeil qui les regarde tombe" - ses "documents", - ses "misères comme il les
considère lui-même, les grands "dessins écrits" de Rodez (le legs en compte six)
instituent un autre langage, qui n'est pas dissociable de ceux de l'écriture et du
théâtre . Trace gestuelle liée à la projection du mot, du souffle, à la sonorité et au
rythme, acte corporel nécessaire à la reconstitution de son moi détérioré, le dessin,
comme l'écriture - les deux activités sont étroitement conjuguées dans la rédaction
quotidienne des Cahiers - devient pictogramme, forme larvée inductrice de forces
défensives, agressives, acte d'exorcisme libérant le passage à l'inné . La force
imprécatoire des couleurs ocre et bleu du feu, l'expression (au sens premier du
terme) de formes élémentaires fragmentées qui sont autant de tatouages sur le
papier (l'Inca, le Théâtre de la cruauté, la Tête bleue) fonctionnent comme les
éléments d'une écriture orale "première" dont Antonin Artaud décrit alors encore
la fonction théâtrale dans le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras.
L'impressionnante série des Portraits (ses proches et amis : Paule Thévenin, Roger
Blin, Minouche Pastier, Colette Thomas, Colette Allendy, Georges Pastier,
Domnine, etc. . .) exécutés à Paris-Ivey, ne se veulent pas davantage "oeuvres de
simulation esthétique de la réalité" : commencés classiquement devant le modèle,
ils deviennent, le plus souvent, "ferrés" de signes, nimbés de glossolalies
conjuratoires, peuplant ce "champ de mort" qu'est le visage humain . Avec une
charge imprécatoire, produite par les noeuds noirs du crayon, la vibration des tracés
ou par le flamboiement des craies de couleurs, Antonin Artaud fait crier la vérité
de l'être "inné", ses palpitations secrètes et contradictoires, l'au-delà de sa propre
existence .
4
Exécutés au seul crayon graphite, lancé souvent avec une sûreté admirable, tour à
tour tranchant ou caressant, les cinq derniers dessins du legs, dont l'Autoportrait
de décembre 1947 et la Projection du véritable corps terminé en janvier 1948, sont
splendides, ultimes tatouages sur le papier de l'auteur du Pèse-nerfs et de
L'Ombilic des limbes à la recherche d'un monde perdu, pathétiques témoignages
de l'homme au corps définitivement délabré . Dans un gigantesque effort
recommencé, Antonin Artaud semble y jouer une dernière tentative d'assembler
debout les débris résiduels, d'une identité et d'une intégrité perdues ou détruites.
Ces invocations multiples de têtes décapitées du corps, mais regardantes et
regardées, érigées en fétiches, en troncs humains comme des totems de Nouvelle
Irlande, finissent par constituer, réincarner emblèmatiquement, les fragments-
mêmes du corps désastré d'Antonin Artaud.
Autour de l'exposition :
Du 14 septembre au 16 octobre 1994.
Grand Foyer/ 1er sous-sol.
- Accrochage "Portraits de Paule Thévenin" par Chantal Petit.
-"Antonin Artaud, dernières images", photographies de Georges Pastier.
CONTACT PRESSE :
5
LES REVUES PARLEES
LITTERATURE
• EXPOSITION :
"Antonin Artaud, dernières images"
Photographies de Georges Pastier
Du 14 septembre au 16 octobre 1994, inauguration le 13 septembre 1994.
Grand Foyer, 1er sous-sol.
Une exposition de photographies effectuées par Georges Pastier, (une trentaine de
portraits d'Antonin Artaud et de lieux qu'il fréquenta), léguées à la Bibliothèque
Nationale par Paule Thévenin.
• RENCONTRES:
MERCREDI 5 OCTOBRE
Petite salle
14h30
La véritable histoire d'Artaud le Mômo , 1993, 170 mn.
Projection du film documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur.
coproduction : La Sept/ Laura Productions/ Les Films d'ici/ Arcanal/ Centre
Georges Pompidou
18h
Hommage à Paule Thévenin
Table ronde avec Stephen Barber, Michel Camus, Roland Dumas, Bernard Noël,
Philippe Sollers et, sous réserve, Danièle Sallevane.
NOVEMBRE 1994
sous réserve
"La Conférence du Vieux-Colombier" d'Antonin Artaud, interprétée par Philippe
Clévenot.
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SOUVENIR DE PAULE THEVENIN
Texte à paraître dans la plaquette publiée par le Centre Georges Pompidou en hommage à Paule Thévenin à
l'occasion de la présentation des dessins d'Antonin Artaud
Le 30 avril 1993, rue Saint-Guillaume, les amis de Dominique Bozo, réunis dans la
peine, entouraient son cerceuil posé simplement dans la cour devant la Maison de
verre . Soutenue par Clotilde, Paule était venue, si marquée déjà par la maladie,
flamme exténuée, bouleversée, cependant droite et comme résolue à affronter à
son tour l'oeil de la mort . Elle pensait précéder Dominique dans l'épreuve - ils
s'étaient trouvés, hélas, complices en cela aussi - et l'avait désigné comme
exécuteur testamentaire pour que soit réalisée sa volonté de voir, autant que
possible, l'ceuvre d'Antonin Artaud rassemblée en un seul lieu, au Musée
national d'art moderne.
Bien qu'elle nous ait clairement signifié d'éviter tout historicisme, d'accepter, une
fois pour toutes, qu'Antonin Artaud fasse exception à l'art, soit un insurgé de l'art,
Dominique Bozo, qui savait écouter et dont les silences étaient persuasifs, l'avait
convaincue, dans l'attente qui les unissait, de la pertinence du choix du musée
comme refuge de conservation et de vie . Car il fallait que cette oeuvre, ce souffle
inscrit, ait à jamais son unité préservée, qu'elle garde sa stridence incantatoire - et
qu'elle demeure indemne de toute spéculation commerciale.
Pendant quelques semaines cette première présentation du legs de Paule Thévenin
révèle, une nouvelle fois en ce lieu, la charge émotionnelle des "dessins écrits"
d'Artaud . Dessins où, depuis Rodez, il pose intensément toutes les questions de sa
vie, de la vie, englobant dans cette interrogation véhémente mais aussi familière,
la jeune communauté qui l'entoure aux jours d'Ivry . Choisie alors "fille de coeur à
naître", Paule, plusieurs décennies plus tard, après un si tenace et solitaire travail
d'écoute, associait ceux qui étaient alors présents, ses frère et soeur, Robert et
Minouche Pastier, sa fille Domnine et celles qui dans la souffrance et l'urgence
partagaient depuis quelques mois sa passion, ses petites filles Hélène et Clotilde
Milliex.
Grâce à elle et avec eux, un relais aujourd'hui s'établit qui peut fonder de
nouvelles approches sur une oeuvre patiemment décryptée et transmise . Au
musée de les conduire et de les susciter en gardant vive la mémoire de l'ouvrage
ardent de Paule Thévenin, de son intransigeance à préserver l'absolue singularité
du message d'Antonin Artaud .
Germain Viatte.
N .B : les citations des textes de Paule Thévenin sont en italiques, celles d'Antonin Artaud entre guillemets.
7
BIOGRAPHIE
1896
Naissance, à Marseille, d'Antoine Marie Joseph Artaud.
1910
Premiers écrits sous le pseudonyme de Louis des Attides.
Lecture de Baudelaire, Poe, Rimbaud.
1914-1918
Crise dépressive et premiers séjours dans une maison de santé.
1921
Découvre la revue Littérature et les premières oeuvres de Philippe Soupault,
Aragon, André Breton . Rencontre Max Jacob, Roland Tual et le peintre Elie
Lascaux.
1922
Rencontre André Masson dont il fréquente l'atelier où se retrouvent, outre Elie
Lascaux et Roland Tual, Michel Leiris, Georges Limbour et les peintres Mirb,
Malkine et Jean Dubuffet.
1923
Quelques portraits et autoportraits-charges au crayon ou à l'encre dans sa
correspondance avec Génica Athanasiou.
Est engagé par Hébertot aux théâtres des Champs-Elysées et tient des petits rôles
sous la direction de Pitoëff et de Komisarjevski.
Publication par D .H . Kahnweiler des poèmes Tric Trac du Ciel qui paraîtra avec
des gravures sur bois d'Elie Lascaux en mai, aux éditions de la Galerie Simon.
Retour à l'opium .
9
1924
Premiers rôles au cinéma dans Fait-divers de Claude Autant-Lara et Surcouf de
Luitz-Morat.
Artaud cesse alors de dessiner mais poursuivra ses propres réflexions sur la
peinture qui ne pourront être dissociées de celles qu'il mènera sur le théâtre.
1925
Participe au numéro 2 de La Révolution Surréaliste, prend la direction du Bureau
de Recherches Surréalistes et assure la conception du numéro 3 intitulé 1925 : fin
de l'ère chrétienne.
Parution de L'Ombilic des Limbes, avec un portrait d'Artaud par André Masson,
aux éditions N .R.F., et du Pèse-Nerfs, couverture par André Masson, collection
"Pour vos beaux yeux".
1926
Avec l'aide d'Yvonne et René Allendy premières mesures pour créer le Théâtre
Alfred Jarry dont il écrit le Manifeste.
Le 23 novembre est exclu du groupe surréaliste en même temps que Soupault.
1927
Rupture avec Génica Athanasiou.
Premiers spectacles du théâtre Alfred Jarry : Les Mystères de l'amour de Roger
Vitrac, Ventre brûlé ou la Mère folle d'Artaud, Gigogne de Max Robur (Robert
Aron).
Conçoit le scénario et les décors du film "La coquille et le Clergyman," qui seront
trahis par Germaine Dulac.
1930
Etat d'angoisse et de dépression : fin de l'expérience du théâtre Alfred Jarry et
projet avec l'appui des Allendy, de créer sa propre firme productrice de courts
métrages.
A Berlin, pour le tournage de la Femme d'une nuit de Marcel L'Herbier, il
rencontre le psychologue Hans Sachs, le peintre Busoni et le réalisateur Pabst, qui
l'engage pour la version française de l'Opéra de quat'sous.
1931
Août : la représentation de théâtre balinais à l'Exposition coloniale le frappe de
façon décisive.
Septembre : au cours d'une visite au Louvre, découvre "Les filles de Loth" de
Lucas van der Leyden.
Décembre : sa conférence à la Sorbonne, intitulée Peinture (qui deviendra le
Théâtre et la Métaphysique, N.R .F, 1932) rencontre un vif succès.
10
1932
A nouveau, intense activité théâtrale : Artaud multiplie, souvent sans succès, les
démarches au près de Dullin pour monter des spectacles, dont le Woyzeck d e
Büchner et Le Coup de Trafalgar de Roger Vitrac.
Annonce, dans une lettre publiée dans Comoedia (21 sept.), de la fondation du
Théâtre de la cruauté. En rédige le manifeste.
1933
6 avril : conférence à la Sorbonne Le Théâtre et la Peste, qui paraîtra à la N.R.F. en
octobre 1934.
1934
Se lie avec Balthus.
1935
Ecrit Les Cenci, tragédie d'après Shelley et Stendhal, dont il fait la lecture devant
André Gide et Charles Dullin ; Balthus en conçoit les décors d'après des schémas
fournis par Artaud ; 17 représentations auront lieu en mai au Théâtre des Folies-
Wagram et rencontreront peu de succès.
1936
6 janvier : départ pour le Mexique . Tente de participer étroitement à la vie
culturelle et sociale du Mexique et voyage au pays des Indiens Tarahumaras où il
assiste à des fêtes rituelles au cours desquelles il expérimente le peyotl.
Dans la Sierra Tarahumara, Artaud est saisi par l'apparition de formes-signes : "A
tous les tournants de chemins on voit des arbres brûlés volontairement en forme
de croix ou en forme d'êtres et souvent ces êtres sont doubles et ils se font face
comme pour manifester la dualité essentielle des choses : et cette dualité, je l'ai
vue ramenée à son principe dans un signe en forme d'H fermé d'un cercle" ; ces
signes-lettres sont disposés en une "sorte de mathématique grandiose" .(IX-38).
1937
Ecrit La Danse du Peyolt . Parution en août de D'un voyage au pays des
Tarahumaras à la N.R.F.
Départ pour l'Irlande . Arrêté pour vagabondage, il est rapatrié de force.
Encamisolé à la suite d'un incident, il est, à son arrivée au Havre, conduit à
l'hôpital, puis, le 16 octobre, interné d'office et transféré à l'asile psychiatrique de
Quatres-Mares.
Emission des premiers "sorts", missives conjuratoires brulées et souillées, à
fonction protectrice ou offensive.
1938
Parution du Théâtre et son double chez Gallimard.
1er avril : Artaud est transféré à Sainte-Anne.
11
1939-1943 : Hôpital psychiatrique de Ville-Evrard.
Grand dénuement physique et moral . Intense activité épistolaire jusqu'en 1941.
1945
Janvier : début des grands dessins en couleur, format raisin . "Ce sont des dessins
écrits, avec des phrases qui s'encartent dans les formes afin de les précipiter . Je crois
de ce côté aussi être parvenu à quelque chose de spécial, comme dans mes livres ou
au théâtre et je suis sûr que vous les aimeriez beaucoup . Peut-être pourrai-je les
vendre et entre l'argent de mes dessins et celui de mes livres arriver enfin à vivre
de mes propres moyens" . (lettre du 10 janvier 1945 à Jean Paulhan, XI , 20 ).
Février : début de la rédaction quotidienne de ses Cahiers, format écolier dont les
pages reçoivent souvent des dessins, annotations graphiques apposées en marge de
l'écrit ou le précédant.
Septembre : visite à Rodez de Jean Dubuffet à qui Artaud montre ses grands dessins
Novembre parution du voyage au pays des Tarahumaras (éd. Fontaine).
1946 : Paris-Ivey
Visites de Marthe Robert et d'Arthur Adamov (26-27 février) qui entament des
démarches pour son retour à Paris, puis de Colette et Henri Thomas (10-11 mars).
Arrivée à Paris (26 mai) . Artaud s'installe à la maison de santé d'Ivry . Il a la liberté
d'effectuer des sorties journalières à Paris . Voit régulièrement Adamov, Marthe
Robert, Colette et Henri Thomas, André Breton, Jean Paulhan et Jacques Prevel,
enfin Paule Thévenin avec laquelle il se lie intimement.
Juin : exposition à la Galerie Pierre d'ceuvres diverses, vendues aux enchères au
profit d'Artaud . Gala au Théâtre Sarah Bernhardt Hommage à Antonin Artaud,
organisé par Jean Paulhan et présenté par André Breton, avec lectures de textes.
Intense activité d'écriture liée à la perspective de la publication des oeuvres
complètes chez Gallimard.
Avril : parution de Lettres de Rodez aux éditions G .L.M.
Exécute des portraits , au crayon de son entourage familier . Seulement deux
d'entre eux (portraits de Michel Tapié de Celeyran et de Louis Broder) seront
effectués sur demande et rémunérés.
Intense activité d'écriture liée à la perspective de la publication des CEuvres
complètes chez Gallimard : écrit coup sur coup Centre-Mère et Patron-Minet,
Centre pitere et potron chier, Le Retour d'Artaud le Mômô, coleridge le traître, Ci-
gît précédé de la Culture indienne et commence à réunir les textes pour Suppôts
et Supplications.
12
1947
2 février : visite de l'exposition Vincent Van Gogh à l'Orangerie . Le flamboiement
dramatique de sa peinture le marque profondément.
Ecrit Van Gogh le Suicidé de la société (éd. K décembre 1948).
Refuse de participer à 1' Exposition internationale du Surréalisme organisée par
André Breton à la Galerie Maeght.
4-10 juillet : exposition Portraits et dessins par Antonin Artaud, Galerie Pierre, avec
lecture de textes.
1948
Exécute des dessins plus amples et complexes où s'emboîtent des séries de têtes,
s'alignent des corps.
Ecrit 50 dessins pour assassiner la magie, pour accompagner l'édition d'un
ouvrage prévu chez Pierre Loeb, insistant sur le sens de ces dessins tirés des
Cahiers . Il affirme encore : "Ce ne sont pas des dessins,/ils ne figurent rien,/ ne
défigurent rien,/ ne sont pas là pour construire,/édifier,/instituer/un
monde/même abstrait,/ ce sont des notes,/ des mots,/ des trumeaux,/ car
ardents,/corrosifs,/ incisifs,/ jaillis,/ de je ne sais quel tourbillon/ de vitriol/ sous-
maxillaire,/ sous-spatulaire,/ ils sont là comme cloués : et destinés à ne plus
bouger"(P .T.J.D ., p.47).
13
BIBLIOGRAPHIE
• Ouvrages :
Paule Thévenin, Antonin Artaud, ce Déséspéré qui vous parle, Seuil, Essais,
février 1993.
• Articles principaux :
"Notes de travail sur les mots forgés par Antonin Artaud dans ce texte"
(commentaire du dessin La Maladresse sexuelle de dieu), Peinture/Cahiers
théoriques, n°1, 2ème trimestre 1971 .
14
"Le Ventre double ou Petite esquisse généalogique d'Antonin Artaud", Les Cahiers
Obliques n°2, 1er trimestre 1980.
"Autoportrait", Art press, n°101, mars 1986, les chefs-d'oeuvre du XX° siècle.
"L'OEil de la mort", II Manifesto, 18 août 1987 : "Lo sguardo strappato alla morte",
trad.A.M.Sauzeau.
"La Question du dessin", catalogue de l'exposition Un certain art des années 50,
Saarelandsmuseum Sarrebrücken, 1989 : "Offenbarung eines inneren Ringens ."
"Antonin Artaud, 1896-1948, le Théâtre et son double", Dix siècles de lumières par
le livre, Ed . Bibliothèque Nationale, 1993.
"13 janvier 1947 au Vieux Colombier", les Cahiers, Revue trimestrielle du théâtre,
la Comédie Française, n°7, POL, printemps 1993.
15
DESSINS D'ANTONIN ARTAUD
légués par Paule Thévenin
Autoportrait, (v .1920-1921)
crayon bleu
11 x 6,5cm
non signé, non daté
(P.T.-J.D. n°16)
16
Etude d'après Les Deux Amies de Picasso, (v . 1922-1923)
crayon bleu
21,5 x 13,5 cm
non signé, non daté
(P.T.- J.D n°25)
17
Portrait de Domnine Thévenin, 9 mars 1947
crayon
65 x 53 cm
signé et daté en bas à droite
(P.T.- J.D n°85)
18
Autoportrait, décembre 1947
crayon
65 x 50 cm
signé et daté en bas au centre
(P.T.- J .D n°109)
Les références P .T.-J.D . renvoient au catalogue raisonné établi par Paule Thévenin
dans l'ouvrage de Paule Thévenin et Jacques Derrida, Antonin Artaud, Dessins et
portraits, N.R.F.-Gallimard, 1986 .
19
BIOGRAPHIE
1896
Naissance, à Marseille, d'Antoine Marie Joseph Artaud.
1910
Premiers écrits sous le pseudonyme de Louis des Attides.
Lecture de Baudelaire, Poe, Rimbaud.
1914-1918
Crise dépressive et premiers séjours dans une maison de santé.
1921
Découvre la revue Littérature et les premières oeuvres de Philippe Soupault,
Aragon, André Breton . Rencontre Max Jacob, Roland Tuai et le peintre Elle
Lascaux.
1922
Rencontre André Masson dont il fréquente l'atelier où se retrouvent, outre Elle
Lascaux et Roland Tuai, Michel Leiris, Georges Limbour et les peintres Mird,
Malkine et Jean Dubuffet.
1923
Quelques portraits et autoportraits-charges au crayon ou à l'encre dans sa
correspondance avec Génica Athanasiou.
Est engagé par Hébertot aux théâtres des Champs-Elysées et tient des petits rôles
sous la direction de Pitoëff et de Komisarjevski.
Publication par D .H. Kahnweiler des poèmes Tric Trac du Ciel qui paraîtra avec
des gravures sur bois d'Elfe Lascaux en mai, aux éditions de la Galerie Simon.
Retour à l'opium .
9
1924
Premiers rôles au cinéma dans Fait-divers de Claude Autant-Lara et Surcouf de
Luitz-Morat.
Artaud cesse alors de dessiner mais poursuivra ses propres réflexions sur la
peinture qui ne pourront être dissociées de celles qu'il mènera sur le théâtre.
1925
Participe au numéro 2 de La Révolution Surréaliste, prend la direction du Bureau
de Recherches Surréalistes et assure la conception du numéro 3 intitulé 1925 : fin
de l'ère chrétienne.
Parution de L'Ombilic des Limbes, avec un portrait d'Artaud par André Masson,
aux éditions N .R .F., et du Pèse-Nerfs, couverture par André Masson, collection
"Pour vos beaux yeux".
1926
Avec l'aide d'Yvonne et René Allendy premières mesures pour créer le Théâtre
Alfred Jarry dont il écrit le Manifeste.
Le 23 novembre est exclu du groupe surréaliste en même temps que Soupault.
1927
Rupture avec Génica Athanasiou.
Premiers spectacles du théâtre Alfred Jarry : Les Mystères de l'amour de Roger
Vitrac, Ventre brûlé ou la Mère folle d'Artaud, Gigogne de Max Robur (Robert
Aron).
Conçoit le scénario et les décors du film "La coquille et le Clergyman," qui seront
trahis par Germaine Dulac.
1930
Etat d'angoisse et de dépression : fin de l'expérience du théâtre Alfred Jarry et
projet avec l'appui des Allendy, de créer sa propre firme productrice de courts
métrages.
A Berlin, pour le tournage de la Femme d'une nuit de Marcel L'Herbier, il
rencontre le psychologue Hans Sachs, le peintre Busoni et le réalisateur Pabst, qui
l'engage pour la version française de l'Opéra de quat'sous.
1931
Août : la représentation de théâtre balinais à l'Exposition coloniale le frappe de
façon décisive.
Septembre : au cours d'une visite au Louvre, découvre "Les filles de Loth" de
Lucas van der Leyden.
Décembre : sa conférence à la Sorbonne, intitulée Peinture (qui deviendra le
Théâtre et la Métaphysique, N .R .F, 1932) rencontre un vif succès.
10
1932
A nouveau, intense activité théâtrale : Artaud multiplie, souvent sans succès, les
démarches au près de Dullin pour monter des spectacles, dont le Woyzeck d e
Büchner et Le Coup de Trafalgar de Roger Vitrac.
Annonce, dans une lettre publiée dans Comoedia (21 sept .), de la fondation du
Théâtre de la cruauté . En rédige le manifeste.
1933
6 avril : conférence à la Sorbonne Le Théâtre et la Peste, qui paraîtra à la N .R.F. en
octobre 1934.
1934
Se lie avec Balthus.
1935
Ecrit Les Cenci, tragédie d'après Shelley et Stendhal, dont il fait la lecture devant
André Gide et Charles Dullin ; Balthus en conçoit les décors d'après des schémas
fournis par Artaud ; 17 représentations auront lieu en mai au Théâtre des Folies-
Wagram et rencontreront peu de succès.
1936
6 janvier : départ pour le Mexique. Tente de participer étroitement à la vie
culturelle et sociale du Mexique et voyage au pays des Indiens Tarahumaras où il
assiste à des fêtes rituelles au cours desquelles il expérimente le peyotl.
Dans la Sierra Tarahumara, Artaud est saisi par l'apparition de formes-signes : "A
tous les tournants de chemins on voit des arbres brûlés volontairement en forme
de croix ou en forme d'êtres et souvent ces êtres sont doubles et ils se font face
comme pour manifester la dualité essentielle des choses : et cette dualité, je l'ai
vue ramenée à son principe dans un signe en forme d'H fermé d'un cercle" ; ces
signes-lettres sont disposés en une "sorte de mathématique grandiose" .(IX-38).
1937
Ecrit La Danse du Peyolt . Parution en août de D'un voyage au pays des
Tarahumaras à la N.R.F.
Départ pour l'Irlande . Arrêté pour vagabondage, il est rapatrié de force.
Encamisolé à la suite d'un incident, il est, à son arrivée au Havre, conduit à
l'hôpital, puis, le 16 octobre, interné d'office et transféré à l'asile psychiatrique de
Quatres-Mares.
Emission des premiers "sorts ", missives con juratoires brulées et souillées, à
fonction protectrice ou offensive.
1938
Parution du Théâtre et son double chez Gallimard.
ler avril : Artaud est transféré à Sainte-Anne .
11
1939-1943 : Hôpital psychiatrique de Ville-Evrard.
Grand dénuement physique et moral . Intense activité épistolaire jusqu'en 1941.
1945
Janvier : début des grands dessins en couleur, format raisin . "Ce sont des dessins
écrits, avec des phrases qui s'encartent dans les formes afin de les précipiter . Je crois
de ce côté aussi être parvenu à quelque chose de spécial, comme dans mes livres ou
au théâtre et je suis sûr que vous les aimeriez beaucoup . Peut-être pourrai-je les
vendre et entre l'argent de mes dessins et celui de mes livres arriver enfin à vivre
de mes propres moyens" . (lettre du 10 janvier 1945 à Jean Paulhan, XI , 20 ).
Février : début de la rédaction quotidienne de ses Cahiers, format écolier dont les
pages reçoivent souvent des dessins, annotations graphiques apposées en marge de
l'écrit ou le précédant.
Septembre : visite à Rodez de Jean Dubuffet à qui Artaud montre ses grands dessins
Novembre parution du voyage au pays des Tarahumaras (éd. Fontaine).
1946 : Paris-Ivey
Visites de Marthe Robert et d'Arthur Adamov (26-27 février) qui entament des
démarches pour son retour à Paris, puis de Colette et Henri Thomas (10-11 mars).
Arrivée à Paris (26 mai) . Artaud s'installe à la maison de santé d'Ivry . Il a la liberté
d'effectuer des sorties journalières à Paris . Voit régulièrement Adamov, Marthe
Robert, Colette et Henri Thomas, André Breton, Jean Paulhan et Jacques Prevel,
enfin Paule Thévenin avec laquelle il se lie intimement.
Juin : exposition à la Galerie Pierre d'oeuvres diverses, vendues aux enchères au
profit d'Artaud . Gala au Théâtre Sarah Bernhardt Hommage à Antonin Artaud,
organisé par Jean Paulhan et présenté par André Breton, avec lectures de textes.
Intense activité d'écriture liée à la perspective de la publication des oeuvres
complètes chez Gallimard.
Avril : parution de Lettres de Rodez aux éditions G .L.M.
Exécute des portraits , au crayon de son entourage familier . Seulement deux
d'entre eux (portraits de Michel Tapié de Celeyran et de Louis Broder) seront
effectués sur demande et rémunérés.
Intense activité d'écriture liée à la perspective de la publication des CEuvres
complètes chez Gallimard : écrit coup sur coup Centre-Mère et Patron-Minet,
Centre pitere et potron chier, Le Retour d'Artaud le Mômô, coleridge le traître, Ci-
gît précédé de la Culture indienne et commence à réunir les textes pour Suppôts
et Supplications .
12
1947
2 février : visite de l'exposition Vincent Van Gogh à l'Orangerie . Le flamboiement
dramatique de sa peinture le marque profondément.
Ecrit Van Gogh le Suicidé de la société (éd . K décembre 1948).
Refuse de participer à l' Exposition internationale du Surréalisme organisée par
André Breton à la Galerie Maeght.
4-10 juillet : exposition Portraits et dessins par Antonin Artaud, Galerie Pierre, avec
lecture de textes.
1948
Exécute des dessins plus amples et complexes où s'emboîtent des séries de têtes,
s'alignent des corps.
Ecrit 50 dessins pour assassiner la magie, pour accompagner l'édition d'un
ouvrage prévu chez Pierre Loeb, insistant sur le sens de ces dessins tirés des
Cahiers . II affirme encore : "Ce ne sont pas des dessins,/ils ne figurent rien,/ ne
défigurent rien,/ ne sont pas là pour construire,/édifier,/instituer/un
monde/même abstrait,/ ce sont des notes,/ des mots,/ des trumeaux,/ car
ardents,/corrosifs,/ incisifs,/ jaillis,/ de je ne sais quel tourbillon/ de vitriol/ sous-
maxillaire,/ sous-spatulaire,/ ils sont là comme cloués : et destinés à ne plus
bouger"(P .T.J.D ., p .47).
13
Faute Thévenin
Publié en hommage à
d'Antonin Artaud
reçus en legs par le Musée national d'art moderne en 1993
Centre
Georges Pompidou
Souvenir
de Paule Thévenin
Le 30 avril 1993, rue Saint-Guillaume, les amis de Dominique
l'éteindre.
Germain Viatte