Équations Fonctionnelles PDF
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Équations fonctionnelles
Cela revient à étudier les morphismes du groupe additif (R, +) dans lui même.
Exemple 47.1 Une fonction linéaire f : x 7→ ax, où a est un réel donné, vérie cette équation.
En considérant R comme un espace vectoriel sur le corps Q des rationnels, le lemme précé-
dent s'exprime en disant que tout morphisme du groupe additif (R, +) dans lui même est une
application Q-linéaire.
Lemme 47.1 Si f est un morphisme du groupe additif (R, +) dans lui même, on a alors :
∀a ∈ R, ∀r ∈ Q, f (ra) = rf (a) .
Théorème 47.1 Les morphismes du groupe additif (R, +) dans lui même qui sont monotones
sont les homothéties.
Corollaire 47.1 L'identité est le seul morphisme de corps non identiquement nul de R dans
lui même.
1169
1170 Équations fonctionnelles
Lemme 47.2 Si f vériant (47.1) est continue à droite [resp. à gauche] en 0, alors elle est
continue à droite [resp. à gauche] en tout point de R.
Théorème 47.2 Si f vériant (47.1) est continue à droite [resp. à gauche] en 0, alors c'est
une homothétie.
Le théorème 47.1 peut aussi se déduire du précédent en utilisant le fait que l'ensemble des
points de discontinuité d'une fonction monotone sur un intervalle est au plus dénombrable.
Théorème 47.3 Si f vériant (47.1) est bornée sur un intervalle [a, b] avec a < b, alors c'est
une homothétie.
Démonstration. Soient m ≤ M deux réels tels que m ≤ f (x) ≤ M pour tout x ∈ [a, b] .
Pour x ∈ [0, b − a] , on a x + a ∈ [a, b] , donc m ≤ f (x + a) ≤ M et avec (47.1) , on obtient :
Remarque 47.1 On peut montrer que si f vériant (47.1) est bornée sur un ensemble mesu-
rable de mesure non nulle (pour la mesure de Lebesgue), alors elle est bornée sur un intervalle
et c'est une homothétie (voir [?], p. 63).
Remarque 47.2 On peut également montrer (voir [?], p. 75) que si f vériant (47.1) est
mesurable, alors c'est une homothétie.
L'équation fonctionnelle f (xy) = f (x) + f (y) sur R∗ 1171
On peut aussi s'intéresser à l'équation fonction (47.1) pour les fonctions à valeurs complexes,
ce qui revient à étudier les morphismes de groupes de (R, +) dans (C, +) . Pour un tel morphisme
f, g = ℜ (f ) (partie réelle de f ) et h = ℑ (f ) (partie imaginaire de f ) sont des morphismes du
groupes (R, +) dans lui même. De l'étude précédente, on déduit alors le résultat suivant.
Théorème 47.4 Soit f un morphisme de groupes de (R, +) dans (C, +) . Si l'une des deux
conditions suivantes est réalisée :
f est continue en 0 ;
f est bornée sur un intervalle non réduit à un point ;
il existe alors un nombre complexe α tel que f (x) = αx pour tout réel x.
On peut aussi s'intéresser à l'équation fonction (47.1) pour les fonctions de C dans C, ce qui
revient à étudier les morphismes de groupes de (C, +) dans lui même. Pour une telle application,
on a pour tout z = x + iy ∈ C, f (z) = f (x) + f (iy) .
Si, par exemple, f est continue en 0, il en est de même des fonctions d'une variable réelle
x 7→ f (x) et y 7→ f (iy) et le résultat du paragraphe qui précède nous dit qu'il existe deux
constantes complexes α, β telle que f (x) = αx et f (iy) = βy pour tous réels x, y. On a donc :
z+z z−z
f (z) = α +β = γz + δz,
2 2i
où γ, δ sont deux constantes complexes.
On a un résultat analogue pour f bornée sur un disque centré en 0 et non réduit à un point.
On s'intéresse tout d'abord aux solutions dérivables sur R+,∗ de cette équation fonctionnelle.
Lemme 47.3 Les solutions dérivables sur R+,∗ de (47.2) sont les fonctions dénies par :
∫ x
dt
∀x ∈ R +,∗
, f (x) = λ ,
1 t
où λ est une constante réelle.
1172 Équations fonctionnelles
Théorème 47.5 Soit f vériant l'équation fonctionnelle (47.2) sur R+,∗ . Si l'une des condi-
tions suivantes est vériée :
f est monotone ;
f est continue à droite en 1 ;
f est bornée sur un intervalle non réduit à un point dans R+,∗ ;
il existe alors une constante réelle λ telle que f (x) = λ ln (x) pour tout réel x ∈ R+,∗ .
Remarque 47.3 On peut en fait construire la fonction logarithme népérien avec un minimum
de moyens et sans utiliser le calcul intégral. Les fonctions puissances rationnelles x 7→ xr , où
r ∈ Q et x ∈ ]0, +∞[ étant supposées construites. Cette construction est décrite avec l'exercice
qui suit.
Exercice 47.1
√
1. Montrer que, pour tout réel x > 0, on a lim ( n x) = 1.
n→+∞
2. Pour tout entier n ≥ 1, on dénit la fonction un par :
(√ )
∀x ∈ R+,∗ , un (x) = n n
x−1
(a) Montrer que la fonction vn = un − un+1 est strictement décroissante sur ]0, 1[ , stric-
tement croissante sur ]1, ∞[ avec vn (1) = 0.
(b) En déduire que, pour tout réel x ∈ R+,∗ \ {1} , la suite (un (x))n∈N∗ est strictement
décroissante.
(c) Montrer que la suite (un (x))n≥1 converge(vers)
un réel λ (x) avec λ (x) = 0 pour
1
x = 1, λ (x) > 0 pour x > 1 et λ (x) = −λ < 0 pour 0 < x < 1.
x
L'équation fonctionnelle f (xy) = f (x) + f (y) sur R∗ 1173
3.
(a) Montrer que pour x > 0, y > 0 et n ≥ 1, on a :
un (x) un (y)
un (xy) = un (x) + un (y) +
n
et :
x−1
0 < αn (x) <
n
√
et en conséquence lim (αn (x)) = 0, ce qui est encore équivalent à lim ( n x) = 1.
n→+∞ √ n→+∞
On peut aussi procéder comme suit. Pour x > 1, la suite ( n x)n∈N∗ est strictement dé-
√ √ √ √
croissante ( n+1 x < n x équivaut à x < x n = x n x encore équivalent à n x > 1) et
n+1
Dans ce cas la suite (un (x))n∈N∗ est strictement décroissante minorée par 0, elle est
donc convergente vers un réel λ (x) ≥ 0. En fait, avec :
(√ )n (√ ) (( √ )n−1 √ )
x−1= n
x −1= n
x−1 n
x + ··· + x + 1
n
√
et ( n x)k < x pour x > 1, n ≥ 2 et 0 ≤ k ≤ n − 1 (c'est équivalent à xk < xn ou à
( ) √ x−1
xk xn−k − 1 > 0), on déduit que x − 1 < n ( n x − 1) x et un (x) > qui donne
x
x−1
λ (x) ≥ > 0.
x
1
Pour 0 < x = < 1 avec t > 1, on a :
t
( )
1 un (t)
un (x) = un =− √ n
→ = −λ (t) < 0.
t t n→+∞
3. En xant y > 0 et dérivant par rapport à x, on a :
∂ ∂
un (xy) = n (xy) n = y (xy) n −1 = x n −1 y n
1 1 1 1
∂x ∂x
et :
( )
∂ un (x) un (y) ∂ ( 1) ∂ ( 1)
un (x) + =n xn + x n un (y)
∂x n ∂x ∂x
( 1 )
= x n −1 + x n −1 y n − 1 = x n −1 y n
1 1 1 1
√
on déduit que x − 1 ≥ n ( n x − 1) = un (x) pour x > 1 et faisant tendre n vers l'inni que
x − 1 ≥ λ (x) .
ON a donc, pour x > 1 :
x−1 1
= 1 − ≤ λ (x) ≤ x − 1
x x
( )
1
Pour x = 1, ces inégalités sont des égalités et pour 0 < x < 1, tenant compte de λ =
x
−λ (x) , on a :
1
1 − x ≤ −λ (x) ≤ − 1
x
soit :
1 x−1
1− = ≤ λ (x) ≤ x − 1
x x
L'équation fonctionnelle f (x + y) = f (x) f (y) sur R 1175
= ( ) =
x − x0 x x
−1 x0 xx0 − 1
0 x0
λ (x) − λ (x0 ) 1 1
et lim = . La fonction λ est donc dérivable en x0 , de dérivée égale à .
x→x0 x − x0 x0 x0
1
En dénitive, λ est la primitive sur R de nulle en 1.
+,∗
x
Lemme 47.5 Si f est une fonction non identiquement nulle vériant (47.4) alors f est paire
et f (0) = 1.
On suppose que f est une fonction continue sur R qui vérie l'équation fonctionnelle (47.4) .
Avec la continuité en 0 et f (0) = 1 on déduit qu'il existe un réel α > 0 tel que f (x) > 0
pour tout x ∈ [−α, α] . On se xe un tel réel α. [ π]
Si |f (α)| ≤ 1, on peut alors trouver un unique réel θ ∈ 0, tel que f (α) = cos (θ) .
2
p
Lemme 47.6 Pour tout rationnel r = avec (p, n) ∈ N2 , on a f (rα) = cos (rθ) .
2n
Théorème 47.7 Avec les hypothèses et notations qui précèdent, il existe un réel λ > 0 tel que
f (x) = cos (λx) pour tout x ∈ R.
Si |f (α)| > 1 en écrivant que f (α) = ch (θ) avec θ > 0, on aboutit à f (x) = ch (λx) .
Remarque 47.4 Si on suppose la fonction f non identiquement nulle et deux fois dérivable
sur R, la résolution de l'équation fonctionnelle (47.4) est beaucoup plus simple. En dérivant
deux fois l'équation (47.4) par rapport à x, pour y réel xé, on obtient f ′′ (x + y) + f ′′ (x − y) =
2f ′′ (x) f (y) et pour x = 0, en tenant compte de la parité de f, on a f ′′ (y) = f ′′ (0) f (y)
avec f (0) = 1. D'autre part, en dérivant par rapport à y et en faisant y = 0, on obtient
2f (x) f ′ (0) = 0 pour tout réel x, ce qui entraîne f ′ (0) = 0 puisque f n'est pas la fonction
nulle. En dénitive, f est solution de f ′′ = f ′′ (0) f avec f (0) = 1 et f ′ (0) = 0, ce qui équivaut
à f (x) = cos (λx) pour f ′′ (0) = −λ2 ≤ 0 ou f (x) = ch (λx) pour f ′′ (0) = λ2 ≥ 0.
Lemme 47.7 Les seuls morphismes de groupes continus de (R, +) dans (Γ, ·) sont les applica-
tions x 7→ eiαx avec α ∈ R.
Théorème 47.8 Les seuls morphismes de groupes continus de (R, +) dans (C∗ , ·) sont les
applications x 7→ eαx avec α ∈ C.
L'équation fonctionnelle f (x + 1) = xf (x) . Fonction Γ 1177
t→+∞
∫ +∞
e , ce qui entraîne la convergence
− 2t
f (x, t) dt, et avec tx−1 e−t v tx−1 on déduit la conver-
t→0
∫ 1 1
Lemme 47.10 La fonction gamma est indéniment dérivable sur R+,∗ avec pour tout entier
naturel k et tout réel strictement positif x :
∫ +∞
Γ (k)
(x) = (ln (t))k tx−1 e−t dt.
0
Dans ce qui suit nous allons montrer que les rotations sont les seules applications non iden-
tiquement nulles qui conservent le produit vectoriel.
On se donne donc une application f : E → E telle que :
∀ (x, y) ∈ E 2 , f (x ∧ y) = f (x) ∧ f (y) (47.5)
Avec f (0) = f (0)∧f (0) , on déduit que f (0) est orthogonal à lui même, donc que ∥f (0)∥2 =
⟨f (0) | f (0)⟩ = 0 et f (0) = 0.
Lemme 47.12 Si f s'annule en un vecteur x0 non nul alors f est identiquement nulle.
Dans ce qui suit on suppose que f est une solution non identiquement nulle de l'équation
fonctionnelle (47.5) . On a donc f (0) = 0 et f (x) ̸= 0 pour tout x ∈ E − {0} .
Dans un premier temps on montre que l'application f est nécessairement linéaire.
Lemme 47.13 Les vecteurs f (x) et f (y) sont liés si, et seulement si, les vecteurs x et y le
sont.
Lemme 47.16 Si les vecteurs x, y sont orthogonaux dans E alors il en est de même des vecteurs
f (x) et f (y) .
Exercice 47.3 Soit f :)R → R telle que f (1) = 1, f (x + y) = f (x) + f (y) pour tout
(
1
(x, y) ∈ R2 et f (x) f = 1 pour tout x ∈ R∗ .
x
Montrer que f (x) > 0 pour tout x ∈ R+,∗ , que f est croissante et conclure.
2. Montrer que la fonction g dénie sur R par g (x) = f (x) − f (0) vérie l'équation fonc-
tionnelle de Cauchy.
3. Montrer que si f est monotone [resp. continue à droite en 0] alors elle est ane.
Exercice
( 47.5 )On dit qu'une suite de réels (xn )n∈N converge au sens de Cesàro vers ℓ si la
1 ∑n
suite xk est convergente vers ℓ. On dit qu'une fonction f : R → R conserve la
n k=1 n∈N∗
convergence au sens de Cesàro si pour toute suite (xn )n∈N qui converge au sens de Cesàro vers
ℓ, la suite (f (xn ))n∈N converge au sens de Cesàro vers f (ℓ) .
On se donne une fonction f : R → R qui conserve la convergence au sens de Cesàro.
1. Montrer que f vérie l'équation fonctionnelle de Jensen.
2. Montrer que pour tout couple de réels (x, y) et tout couple d'entiers (n, k) tels n ∈ N et
0 ≤ k ≤ 2n , on a :
( )
k k
f x + n (y − x) = f (x) + n (f (y) − f (x)) .
2 2
Exercice 47.6 Soit f : C → R telle que f (1) = 1 et f (z1 z2 ) = f (z1 ) f (z2 ) pour tous z1 , z2
dans C.
1. Montrer que f (z) > 0 pour tout z ∈ C∗ .
On suppose que f est continue en 0 et en 1.
2. Montrer qu'il existe un réel α positif ou nul tel que f (x) = xα pour tout x ∈ R+,∗ .
3. Montrer que f (eit ) = 1 pour tout réel t.
4. Conclure.
1180 Équations fonctionnelles