Les Lignes de Mouillage
Les Lignes de Mouillage
Les Lignes de Mouillage
centre d'études
techniques
maritimes
les outils
et fluviales
Signalisation maritime
Documentation technique
Exploitation du balisage
Lignes de mouillage
MARS 1997
Ministère
de l’Equipement
des Transports
du Logement
du tourisme
et de la mer
LIGNE DE MOUILLAGE
SOMMAIRE
1. PREAMBULE
A. INDICATIONS GENERALES
B. TERMINOLOGIE
1. PREAMBULE
Le présent chapitre traite de l'ensemble du dispositif destiné à maintenir une bouée de balisage
maritime à son poste. Seules les configurations classiques sont décrites dans le détail. Les mouillages
spéciaux sont décrits rapidement, ils doivent faire l'objet d'approches spécifiques en fonction des
conditions de site et des objectifs à atteindre.
A. INDICATIONS GENERALES
Une ligne de mouillage a pour fonction de relier un corps flottant, donc mobile (la bouée de
balisage), au sol sous-marin afin d'assurer le maintien en place du corps flottant. Elle est donc
constituée d'un point fixe (en général un corps-mort) et de la ligne proprement dite (en général
une chaîne) qui assure la liaison entre la bouée et le fond.
Le corps flottant subit les sollicitations de son environnement (marée, houle, vent) qui se
traduisent d'une part par des élévations lentes (marée) ou rapides (houle ou clapot) de la surface
libre du plan d'eau, d'autre part par des écoulements hydrodynamiques (courant général de marée
ou de dérive et courants orbitaux de houle au sein de chaque vague) et aérodynamiques (vent sur
les parties émergées).
La ligne de mouillage transmet ces efforts au corps-mort qui résiste au mouvement
principalement par frottement sur le sol du fond de la mer.
Une ligne de mouillage bien conçue devra concilier :
- l'aptitude à maintenir la bouée à son poste pour les conditions de mer extrêmes susceptibles
d'être rencontrées sur le site,
- la longévité de ses composants exposés à l'abrasion et à la corrosion, et sollicités en
permanence,
- la cohérence de sa composition avec la bouée concernée (stabilité et flottabilité) et avec les
moyens d'intervention du service d'exploitation.
Les lignes de mouillage influent d'une manière importante sur la stabilité initiale et le
comportement dynamique des bouées de balisage, en raison du lest additionnel qu'elles apportent
(poids de la chaîne) et de l'amortissement apporté par les déformations de la chaîne. Le choix
d'une ligne de mouillage dépend donc, pour partie, des caractéristiques du flotteur de la bouée, et
doit être arrêté en fonction des paramètres qui suivent, qu'il convient d'apprécier et d'analyser au
cas par cas :
- bathymétrie,
- marnage,
- courants,
- exposition du site à la houle,
- évitage tolérable,
- nature des fonds marins,
- moyens nautiques disponibles.
B. TERMINOLOGIE
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LIGNE DE MOUILLAGE
Termes
Définition appliquée aux lignes de mouillage
spécifiques
Poste Lieu géographique exact où doit se trouver la bouée
Evitage Evolution de la position de la bouée (ou d'un navire), retenue par son mouillage, sous l'effet du
vent et/ou du courant
Rayon d'évitage Rayon du "cercle d'évitage" à l'intérieur duquel la bouée, retenue par son mouillage, est
susceptible de se déplacer
Amarrage Action ou procédé de maintien d'un flotteur (navire ou bouée) à poste sur un corps-mort, sur un
autre flotteur ou à un quai.
Mouillage (maritime).- Lieu où le flotteur (ou le navire) est retenu ; ensemble constitué par la ligne de
mouillage et son ancre ou son corps-mort.
(voies navigables).- profondeur d'eau
Mouiller v.t. - mettre à l'eau (un équipement, une ancre, un corps-mort, une bouée)
v.i. - arrêter ou maintenir à poste un navire en jetant une ancre à la mer
Corps-mort Masse en béton ou en fonte ou autre matière dense mise en place au fond de la mer pour servir
de point fixe d'amarrage à une ligne de mouillage
Chaîne dormante Partie de chaîne reposant en quasi permanence sur le fond.
Chaîne de marnage Partie de chaîne alternativement soulevée et déposée sur le fond par la houle et les marées.
Chaîne flottante Partie de chaîne située sous la chaîne de cul-de-bouée qui n'est jamais en contact avec le fond.
Ch. de cul-de-bouée Premier élément de chaîne de mouillage reliant la bouée, dont elle est souvent solidaire, à la
chaîne flottante.
Patte d'oie Dispositif composé de deux éléments de ligne de mouillage reliés à deux points d'amarrage sur
la bouée, réunis (en général par une maille en coeur soudée ou par une manille lyre) et reliés à
la ligne de mouillage.
Maille de chaîne Anneau plus ou moins allongé d'acier rond, constituant élémentaire d'une chaîne.
Maillon de chaîne Longueur de chaîne entre deux organes de liaison.
Maille d'extrémité Maille plus importante en extrémité de maillon facilitant la mise en oeuvre des éléments de
liaison (manilles)
Calibre (chaîne) Diamètre (en millimètres) du rond d'acier constituant la maille courante.
Pas (chaîne) Longueur intérieure d'une maille de chaîne, exprimée en général par rapport à son calibre "d".
Exemple : chaîne 4d = chaîne dont la longueur intérieure des mailles est égale à 4 fois le
diamètre du rond d'acier qui la constitue.
Etai (chaîne) Entretoise de renfort située au milieu d'une maille.
Chaîne étançonnée Chaîne à étais
Manille Pièce de raccord, forgée, de différentes formes (droites ou lyres), fermées par un axe ou un
boulon amovible, permettant la liaison entre deux éléments d'un mouillage.
Clavette Pièce d'acier utilisée pour bloquer un axe de manille en position fermée. La clavette est
maintenue en place par torsion plastique de son extrémité.
Goupille Pièce d'acier utilisée pour bloquer un axe de manille en position fermée
Ajust Liaison entre deux maillons courants de la chaîne de mouillage; manille d'ajust.
Etalingure Liaison de la chaîne de mouillage à la cigale du corps-mort (ou à l'organeau d'une ancre);
manille d'étalingure. On peut aussi employer ce terme pour désigner la liaison de la bouée à sa
chaîne de cul-de-bouée, plus souvent appelée attelage.
Emerillon Equipement de liaison entre deux éléments de la ligne de mouillage permettant la libre rotation
axiale de l'un par rapport à l'autre.
Organeau Anneau d'extrémité de la verge d'une ancre sur lequel est étalinguée la chaîne de mouillage.
Cigale Barre d'acier (droite ou courbe) scellée dans un corps-mort sur laquelle est étalinguée la chaîne
de mouillage.
Empennelage Disposition de mouillage double comprenant deux ancres ou deux corps-morts de poids, en
général inégaux, reliés en série entre eux par un maillon de chaîne.
Affourchage Disposition de mouillage double comprenant deux ancres ou deux corps-morts de
caractéristiques identiques comprenant chacun au moins sa propre chaîne dormante avant d'être
reliés à la partie commune du mouillage.
Plaque d'affourche Pièce de liaison entre les trois éléments d'un affourchage.
Coque Ensemble de mailles coincées entre elles ; les coques raccourcissent les chaînes et rendent
difficiles les manoeuvres. La présence d'émerillons peut réduire le risque de création de coque,
les chaînes à étais sont quasiment insensibles à ce phénomène.
Noeud Unité maritime de mesure de vitesse correspondant à 1 Mille par heure, soit 1852 m/h ou 0.514
m/s
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A. CHAINES ET ACCESSOIRES
Généralités
Il sera utile de se référer aux normes en vigueur concernant les chaînes et accessoires de levage
ainsi qu'aux règlements publiés par les organismes de classification des navires et installations
offshore.
A.1. Chaînes
Les chaînes sont définies pas leur type, leur pas, leur calibre et la nature de leur acier.
On distingue les chaînes à étais (étançonnées) et les chaînes à Mailles à étais Mailles simples
mailles simples.
Les chaînes à étais, plus lourdes et plus chères sont d'usage
généralisé pour les mouillages des navires, en raison de leur
aptitude à être stockées en puits sans faire de coques, et ne sont
employées pour le balisage que pour des applications
spécifiques.
On utilise donc en général des chaînes à mailles simples. Elles sont assemblées en maillons de
longueur variable terminés par des "mailles d'extrémités" de dimensions plus importantes
permettant la liaison avec des manilles de calibre différent.
Le pas d'une chaîne est la longueur intérieure d'une maille exprimée par rapport au calibre "d"
de la chaîne.
Les pas des autres chaînes de fournitures plus ou moins courantes sont 3.5d, 4d et 5d (mailles
longues). Les chaînes à mailles plus longues, de moindre masse linéique (et de moindre coût)
à calibre égal, peuvent présenter un certain intérêt pour certaines parties de mouillages
profonds.
Le calibre est le diamètre du fil qui constitue les mailles courantes d'une chaîne. Les chaînes
de mouillage de bouées étant soumises à l'usure, et leur masse étant un facteur de limitation
des sollicitations dynamiques de l'ensemble bouée-mouillage, le calibre sera toujours
largement dimensionné par rapport aux efforts prévisibles, au profit de la longévité du
mouillage.
Le tableau ci-après donne les caractéristiques principales de quelques chaînes de calibre
courant, pour différents pas.
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Il est recommandé, afin d'éviter de créer des couples électrolytiques accélérant les
phénomènes de corrosion d'utiliser des aciers de même composition que la chaîne pour les
accessoires de liaison.
A.2.1. Manilles
Les manilles se distinguent par leur forme liée à leur usage, leur mode de fermeture et, bien
entendu, par leur calibre et la nature de leur acier.
Les manilles sont fermées par un axe qui peut être verrouillé de différentes manières:
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En cas de fort risque d'abrasion sur le fond, les manilles à goupille fermées avec soin et les
manilles à rivure possédant une tête rivée importante offrent une meilleure sécurité. Les
manilles ont le calibre des chaînes qu'elles assemblent affectés du coefficient 1.1 pour les
manilles droites et 1.2 pour les manilles lyre.
A.2.2. Emerillons
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B. CORPS-MORTS
Les principes généraux que l'on doit observer pour la conception des corps-morts sont les
suivants:
- le corps-mort ne doit pas se renverser sous un effort de traction horizontale. A cet effet, on
limite à 0.40 le rapport entre la hauteur du corps-mort et sa base (diamètre pour les corps-
morts circulaires, coté pour les carrés).La section verticale est trapézoïdale.
- On ménage dans la face inférieure une cavité de faible hauteur destinée à faciliter l'effet
"ventouse" et améliorer ainsi l'adhérence sur fonds sableux et vaseux. Ce creux facilite le
gerbage des corps-morts stockés dans la mesure où il permet de loger la cigale de
l'élément inférieur.
La cigale en acier forgé doit faire une saillie limitée au-dessus de la face supérieure du
corps-mort afin d'éviter l'accrochage accidentel de la chaîne dormante.
- Les corps-morts périssent par usure (corrosion-abrasion) de la cigale. On utilisera donc le
plus grand diamètre de fer compatible avec les manilles d'étalingure. L'évidement ménagé
dans la face supérieure doit laisser le libre passage aux têtes de manilles, à leur axe et aux
crocs de levage des grues.
Les corps-morts sont généralement réalisés en béton armé dont on cherchera à améliorer la
densité d'une part par sa formulation et sa mise en oeuvre (vibration), d'autre part en y
incorporant des chaînes réformées débarrassées au préalable des salissures et de la rouille non
adhérente. L'armature est constituée de nappe(s) de treillis soudé.
Pour limiter les risques de corrosion de l'acier et d'éclatement du béton, l'enrobage des chaînes
et armatures doit être supérieur à 5cm.
Les ciments doivent obligatoirement être "prise mer" (appellation caractérisant une faible
sensibilité aux chlorures, mais en aucun cas une aptitude au gâchage à l'eau de mer qui doit
être absolument proscrite).
On inscrira en creux dans le béton frais la date de fabrication, la masse du corps-mort et sa
densité.
Les figures 7 et 7bis donnent des exemples de corps-morts. Les formes circulaires peuvent être
préférées lorsque la rotation des courants peut faire craindre un enroulement de la chaîne
dormante autour du corps-mort, dans les autres cas les "carrés" conviennent aussi bien.
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Il est possible de réaliser des corps-morts en acier, par assemblage mécano-soudé d'éléments
de forte épaisseur, ou encore fonte. Les corps-morts ainsi réalisés peuvent être plus légers (au
moins de 40%), à performance égale que des corps-morts en béton armé. Ils sont aussi, sauf
cas particulier, plus chers, et ne peuvent être justifiés que dans le cas rare de l'approche des
limites de capacité des engins de levage disponibles pour leur exploitation.
B.4.2. Ancres
Les ancres de marine, quel que soit leur type, ont besoin de "crocher" pour mobiliser la
résistance requise. Pour cela l'ancre glisse sur le fond jusqu'à ce que ses pattes pénètrent le sol
et la bloquent. Lors des évitages dus aux renverses de courants ou aux changements de
direction des vents, l'ancre peut dérader de quelques mètres avant de crocher à nouveau. Au
bout d'un certain temps, le flotteur ainsi maintenu peut avoir quitté ses marques à la suite de
ces petits déradages successifs. C'est la raison pour laquelle, le mouillage sur ancre unique est
proscrit pour les longues durées et réservé pour des balisages de caractère provisoire. Les
ancres peuvent apporter des solutions dans certains cas spécifiques de mouillages multiples.
Un paquet de chaînes usagées d'un poids convenable constitue un corps-mort de fortune d'une
résistance satisfaisante, notamment sur fonds rocheux.
B.4.4. Scellements
Il est parfois possible de faire sceller par des plongeurs une cigale, un piton ou un organeau de
dimensions convenables directement sur des fonds rocheux peu profonds. Les opérations de
contrôle ou de remplacement de la chaîne dormante nécessitent alors systématiquement
l'intervention de plongeurs, mais s'accommodent de moyens nautiques légers.
Il peut être intéressant, dans certains cas de prévoir deux cigales sur un même corps-mort.
Dans ce cas, on veillera à ce que les cigales ne dépassent pas du corps-mort et ne risquent pas
de gêner la libre rotation de la chaîne.
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A. DIMENSIONNEMENT
Le critère de dimensionnement le plus sommaire est celui qui consiste à appliquer la règle
traditionnelle: "mouiller trois fois la profondeur d'eau maximale". Celle-ci se révèle souvent
convenable pour des conditions moyennes de bathymétrie, houle et courants et pour les
calibres usuels de chaînes. Cependant cette règle grossière peut conduire à des sous-
dimensionnements, notamment par petits fonds, et à des surdimensionnements pour des
profondeurs plus importantes.
Il est recommandé, toutes les fois que cela est possible, de choisir une ligne de mouillage par
référence à des lignes de mouillages qui donnent satisfaction dans des sites identiques et de
vérifier par le calcul la pertinence des choix envisagés.
Le comportement dynamique d'un flotteur ancré soumis à l'action conjuguée de la houle du
vent et des courants est complexe. Des programmes informatiques sont parfois utilisés pour
déterminer les efforts dans les mouillages dans des conditions spécifiques. Ces logiciels sont
assez lourds d'emploi et nécessitent de bien connaître les conditions d'environnement
sollicitant les bouées.
Il est possible, dans la plupart des cas usuels, d'utiliser la méthode manuelle suivante qui
s'applique valablement par profondeur modérée.
Hypothèse de base:
Le mouillage pesant décrit un arc de chaînette ayant une tangente horizontale au fond de la
mer. La traînée sur la chaîne est négligée.
Domaine de validité:
Mouillages jusqu’à 40m environ soumis à des courants non exceptionnels (inférieurs à
2.00m/s)
La bouée est soumise aux efforts de traînée du vent et du courant qui s'expriment de la
manière suivante:
1
F= .( C w . ρ w . S f . Vw2 + C a . ρ a . S s . Va2 )
2
Cw et Ca expriment respectivement les coefficients de traînée hydrodynamique et
aérodynamique.
Ils peuvent varier de 0.5 à 1.2 selon les formes des bouées et les vitesses de courant.
Cependant, la prise en compte des salissures sur le corps de bouée, et les formes
souvent complexes des superstructures conduisent en général à leur donner la valeur
1.
ρw et ρa sont respectivement les densités des milieux: mer (env. 1020kg/m3) et air
(env. 1.29kg/m3).
Sf est la surface maximale (en m2) du maître-couple immergé, Ss est la surface (en m2)
du maître-couple des superstructures.
Vw et Va sont respectivement les vitesses de l'eau et du vent (en m/s).
Dans le cas de zones exposées à la houle par fonds modérés et courants importants, il
conviendra de majorer la vitesse d’écoulement hydrodynamique ( de 0.5 m/s à 1.0
m/s) pour tenir compte des courants orbitaux de houle qui participent alors d'une
manière non négligeable à la sollicitation de la ligne de mouillage qui présente dans
ces situations une géométrie déjà assez tendue même en absence de houle.
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H 2. F
LS = ( d + ). 1 +
2 H
c.( d + )
2
( P + L s . c)
R = U−
ρw .g
La condition "b" de réserve de flottabilité (ou de franc-bord) doit permettre d'une part
de s'assurer que le franc-bord de la bouée est convenable pour remplir son rôle et
recevoir les nécessaires opérations de maintenance (de préférence supérieur à 0.50m
en condition de service), d'autre part de vérifier que la bouée n'est pas submergée dans
les conditions extrêmes du site (condition de survie):
- condition(s) de service : pour des conditions d'environnement modérées pour le
site, il convient de vérifier que la bouée offre un franc-bord convenable. On
calcule donc pour les conditions "normales" les sollicitations et on en déduit la
longueur et donc le poids de mouillage soulevé. On vérifie alors que la réserve de
flottabilité dans cette configuration est correcte et confère un franc bord suffisant.
- conditions limites : on vérifie que la bouée conserve une réserve de flottabilité
minimale suffisante( sans limite inférieure de franc bord), pour les conditions
extrêmes du site (vent, courant, houle et marée)qui ont servi à dimensionner le
mouillage.
La condition "c" de résistance à la rupture se vérifie si l'inégalité suivante est
satisfaite:
T
F 2 + ( c. L s ) 2 ≤
5
La longueur de chaîne ainsi calculée constitue une longueur minimale qui pourra être
ajustée, pour des questions d’exploitation et d’optimisation du fractionnement,
conformément aux recommandations de l’article 3.2.
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Un corps-mort résiste aux efforts de la ligne de mouillage par frottement sur le fond
sous-marin et, selon la nature du sol, par effet de ventouse et/ou butée dans des
terrains meubles dans lesquels ils peuvent être partiellement ensouillés.
Comme pour le dimensionnement des longueurs et calibres de chaînes, la référence
aux corps-morts de bouées mouillées dans des sites comparables est utile. Il convient
cependant d'insister sur la nécessaire connaissance, non seulement de la masse, mais
aussi de la densité des corps-morts utilisés qui influe considérablement sur sa tenue.
Dans le cas d'un mouillage travaillant en chaînette pure, calculé comme
précédemment, on peut aisément définir les caractéristiques du corps-mort nécessaire
puisque la chaîne, horizontale à la jonction avec le corps-mort, ne transmet que les
efforts horizontaux subis par la bouée. (Cf. 3.1.2.1.).
On ne prendra pas en compte, dans le calcul qui suit, l'éventuel effet de ventouse
(parfois gênant pour l'enlèvement du corps-mort) ou de butée.
Les paramètres à prendre en compte sont :
- ϕ :L'angle de frottement entre le sol et la semelle du corps-mort (on prendra en
général 45°),
- δ : La densité du corps-mort (en kg/m3),
- k : Le coefficient de sécurité au glissement (on prendra en général 1.5).
F. δ
M = k.
g.(δ − ρ w ). tgϕ
Le tableau ci-après donne un aperçu des calibres de chaînes et des masses de corps-morts pour
des cas courants en conditions de site non exceptionnelles. Ce tableau n’est pas un outil de
dimensionnement, mais est simplement destiné à fixer les ordres de grandeurs usuels. On aura
souvent intérêt à surdimensionner les calibres des chaînes de marnage afin de réduire la
fréquence des visites.
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Pour faciliter l'inspection et par raison d'économie, une chaîne de mouillage est généralement
constituée des quatre parties suivantes, correctement assemblées, qui travaillent et s'usent
différemment :
- la chaîne de cul-de-bouée ou patte d'oie,
- la chaîne flottante,
- la chaîne de marnage,
- la chaîne dormante.
C'est la partie supérieure de la ligne de mouillage, généralement fixée à demeure sur la bouée
par un point d'attache (chaîne de cul-de-bouée) ou en deux points diamétralement opposés
(patte d'oie). La longueur de ce maillon, destiné à permettre d'amener à bord du baliseur sa
manille de pied, sera calculée en fonction :
- de la hauteur du pont du baliseur au-dessus de l'eau,
- de la profondeur du point d'attache de la chaîne à la bouée,
- d'une garde suffisante pour éviter une tension brusque de la chaîne (une fois que son pied
est sur le pont) par suite d'un déplacement de la bouée causé par la houle.
La chaîne flottante relie la chaîne du cul-de-bouée (ou la patte d'oie) à la chaîne de marnage.
Cet élément est le moins sollicité de l'ensemble ; son calibre pourra donc varier en fonction de
la flottabilité de l'aide et sa longueur sera la hauteur d'eau aux plus basses mers diminuée de la
longueur de chaîne de cul de bouée et d’une garde de 2 à 3m afin que sa manille de pied ne
puisse venir au contact du fond de la mer.
La chaîne de marnage relie la flottante à la dormante. C'est la partie du mouillage qui, touchant
par intermittence le fond de la mer, s'use le plus rapidement par pilonnage et par ragage sous
l'effet de la marée, de la houle, du courant et des vents. Elle doit faire l’objet d’une
surveillance attentive et de renouvellements fréquents. Souvent, son usure est irrégulièrement
répartie sur sa longueur, on pourra alors, après vérification attentive (Cf. 4.1.1), augmenter sa
durée de service en la retournant bout pour bout, avant de la réformer.
Sa longueur, fonction des conditions d’exposition du site est déterminée a priori par différence
entre la longueur de mouillage totale (Cf. 3.1) et la longueur cumulée des autres composantes
du mouillage. L’expérience d’un site de mouillage et l’observation attentive de la longueur de
la zone d’usure de l’élément permet d’optimiser la longueur de maillon à remplacer
fréquemment. Dans ce cas les longueurs des chaînes dormantes et flottantes sont ajustées en
conséquence.
La chaîne de marnage doit être d’un seul tenant afin d’éviter l’usure d’organes de liaison.
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LIGNE DE MOUILLAGE
La chaîne dormante repose de façon quasi-permanente sur le fond de la mer, entre la chaîne de
marnage et le corps-mort sur lequel elle est fixée par une manille d'étalingure (voir schéma).
Sa longueur doit être suffisante pour permettre d'amener la manille de pied de la chaîne de
marnage sur le pont du baliseur, sans avoir besoin de soulever le corps-mort.
La manille d'étalingure peut être mise en place selon les deux configurations ci-dessous
(fig.9).
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LIGNE DE MOUILLAGE
A B
Dans le cas de mouillages par fonds faibles (moins de 20m à basse mer), on pourra souvent
simplifier la ligne en supprimant la chaîne flottante en rallongeant en conséquence la chaîne de
marnage qui se trouvera alors directement reliée à la chaîne de cul-de-bouée (ou à la patte
d’oie).
Par très faible profondeur ou par fonds découvrants, la ligne pourra n’être composée que de la
chaîne de cul-de-bouée (ou de la patte d’oie), d’un maillon unique et du corps-mort. La liaison
entre les deux éléments de chaîne est alors soumise à un ragage et à un pilonnement important;
on s’en prémunira par le choix d’une manille à rivure , matée ou soudée.
C. MOUILLAGES SPECIAUX
C.1. Empennelage
Cette technique utilisée assez couramment avec des ancres pour améliorer la tenue du
mouillage de navires, est parfois utilisée pour le mouillage de bouées dans des conditions
sévères pour éviter l’usage de corps-morts trop importants.
La ligne de mouillage définie comme précédemment se termine alors par deux corps-morts en
série, en général de masses inégales, reliés par un maillon de chaîne de longueur suffisante
pour assurer le relevage séparé de chacun des corps-morts (le moins important se trouvant en
extrémité).
Fig. 10 : Empennelage
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LIGNE DE MOUILLAGE
Ce type de mouillage renforcé se prête bien aux cas où les sollicitations les plus fortes ont une
orientation privilégiée; il convient, en effet, d’éviter les mouvements du corps-mort principal
autour du corps-mort d’extrémité.
L’utilisation de plusieurs lignes de mouillage pour un flotteur peut permettre de réduire son
évitage. Cette technique déconseillée n’est à employer qu’avec précaution compte tenu du
risque très important de création de coques, des difficultés de mise en place correcte et de
relevage.
Différents cas peuvent néanmoins être envisagés (par ordre de risques croissants):
- deux ou trois corps-morts, chacun équipé de sa chaîne dormante, reliés à une chaîne de
marnage unique,
- deux ou trois corps-morts, chacun équipé de sa chaîne dormante et de sa chaîne de
marnage, reliés à une chaîne flottante unique,
- voire un flotteur relié directement, ou par l’intermédiaire de sa chaîne de cul-de-bouée ou
sa patte d’oie, à deux ou trois lignes complètes, qui doivent impérativement dans ce cas
rester quasiment tendues .
Les chaînes sont reliées entre elles par une plaque d'acier triangulaire et percée de trois trous
appelée plaque d’affourche.
Pour pouvoir envisager de relever individuellement chacune des composantes du mouillage
multiligne, il convient que la plaque d'affourche puisse être remontée à bord du navire
baliseur. Sinon, il est nécessaire, soit de disposer d'une forte puissance de relevage permettant
le relevage simultané des corps-morts, soit d'employer des scaphandriers pour mailler sous
l'eau les corps-morts.
Il peut être utile dans certains cas particuliers d’associer des câbles synthétiques à des lignes
de mouillage.
Les usages les plus fréquents ont les motivations suivantes:
- gain de masse de mouillage et donc de volume nécessaire des flotteurs mouillés par fonds
importants,
- isolement électrique dans le cas de bouées en aluminium afin d’éviter les couples
électrolytiques,
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LIGNE DE MOUILLAGE
Les précautions à prendre dans l’utilisation de câbles synthétiques sont les suivantes:
- l'allégement de la ligne de mouillage peut réduire d’une manière importante la stabilité
d’une bouée et modifier son comportement dynamique.
- l’utilisation de lignes plus légères peut conduire à augmenter l’évitage en imposant de
majorer la longueur totale du mouillage,
- les terminaisons des câbles et leur liaison avec des éléments traditionnels des mouillages
demandent une étude particulière, notamment s'il y a risque de ragage,
- la compatibilité avec les apparaux de mouillage (treuils et guindeaux) disponibles sur les
navires en charge de l’exploitation doit être examinée,
- des dispositions doivent être prises afin que le relevage du corps-mort proprement dit ne
soit pas effectué par traction sur le câble synthétique qui, par son élasticité, emmagasine
une énergie dangereuse en cas de rupture. On limitera souvent l’usage du câble
synthétique à la substitution de la chaîne flottante.
Dans certaines configurations spécifiques qui ne concernent que des sites soumis à des
courants et des marnages très faibles, peu exposés à la houle, on peut concevoir des
mouillages tendus. Le flotteur, en général de type espar (d’allongement important et de faible
surface de flottaison) est relié à un corps-mort par une chaîne ou un câble textile restant sous
tension.
La composante verticale de la tension, en allégeant le corps-mort, réduit sa performance. Il
devra donc en général être considérablement surdimensionné par rapport à un corps-mort
destiné à un usage classique.
Les balises à flotteur immergé (BFI) représentent la configuration extrême du mouillage
tendu, alors remplacé par un tube rigide travaillant en traction.
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LIGNE DE MOUILLAGE
Une ligne de mouillage est constamment en mouvement et subit une usure importante par corrosion et
abrasion qu'il convient de contrôler avec soin. Le remplacement périodique d'éléments de mouillage
fait partie de l'exploitation normale de dispositifs ancrés.
A. VISITES PERIODIQUES
L'entretien des lignes de mouillage nécessite des visites périodiques dont la fréquence doit être
en rapport avec les risques d'usure. Les mouillages sont, le plus souvent, contrôlés une fois par
an, mais les établissements mouillés dans des sites très exposés peuvent être visités plus
souvent (jusqu'à deux fois par an). En revanche, la fréquence des visites des mouillages
surdimensionnés, situés dans des sites peu agressifs peut être réduite.
- examen maille par maille de toute partie de chaîne rendue brillante par l'usure comprenant
notamment:
• la mesure, au pied à coulisse, du calibre des mailles les plus usées (il convient
de prendre plusieurs mesures par maillon) avec report des valeurs sur le
registre du balisage flottant. Selon les parties de chaînes, l'usure la plus
importante se situera à la liaison entre mailles (flottante et cul de bouée), ou
sur le long-pan d'une maille (marnage et dormante).
• la recherche de défauts éventuels au niveau des soudures des mailles.
- Retournement bout pour bout de la chaîne de marnage si la répartition de son usure le
permet (Cf. 3.2.4).
- Remplacement de tout maillon de chaîne trop usé. L’appréciation de l’usure acceptable
dépend de nombreux facteurs tels que l’agressivité du site et la périodicité des visites. En
général, on relève les chaînes dont l'usure a réduit l'une des dimensions transversale du fer
au 3/5 du calibre nominal minimal de la chaîne qui aurait pu être choisie pour le site.
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LIGNE DE MOUILLAGE
Il doit permettre de programmer une réutilisation rationnelle des éléments de lignes usés pour
d'autres parties du mouillage, par reconditionnement ou pour d'autres bouées sur d'autres sites
moins exposés conformément aux stipulations du § 4.2.
En général les maillons usagés retirés du service comprennent encore des éléments dont les
dimensions minimales de toutes les mailles sont proches des dimensions primitives de chaînes
de calibres inférieurs.
Lorsque les stocks sur parc de maillons déclassés deviennent suffisamment importants, on
peut décider de les restructurer.
En fonction des calibres initiaux et de l'état d'usure des chaînes, les réemplois suivants peuvent
être envisagés :
Calibre d'origine mm 30 30 35 35
Dimension minimale résiduelle mm 20 23 24 28
Calibre équivalent de réemploi 20 25 25 30
Il convient de tenir compte du fait que la chaîne ainsi reconstituée aura une masse linéique
supérieure à celle d'une chaîne neuve du même calibre nominal. Les conditions d'exploitation
de la bouée (réserve de flottabilité, franc bord et stabilité) peuvent s'en trouver sensiblement
modifiées.
Après vérification soignée de maillons usagés, il est très souvent possible de les réutiliser, sans
restructuration, pour certaines parties d'autres mouillages moins sollicités.
En particulier, une exploitation rationnelle des stocks de chaînes doit rendre exceptionnel
l'emploi de chaîne dormante neuve dans des sites d'exposition modérée. En effet la masse
linéique des chaînes dormante est un facteur favorable pour la tenue de l'ensemble bouée-
mouillage, ce qui doit conduire à privilégier l'utilisation de chaînes usagées de fort calibre
pour cette fonction.
L'optimisation des réemplois de chaîne, spécifique à chaque zone de balisage, passe par
l'exploitation du registre du balisage flottant qui doit permettre d'organiser les "vies
successives" d'un maillon de chaîne.
Le dernier réemploi des chaînes est l'incorporation au béton des corps-morts pour en
augmenter la densité, après nettoyage sérieux destiné à ôter toute salissure marine et la rouille
non adhérente, comme mentionné § 2.2.2.
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LIGNE DE MOUILLAGE
BIBLIOGRAPHIE
Documentation Technique des Phares et Balises - janvier 1970 (3ème partie - 1.3).
Recommandation pour la constitution des lignes de mouillage usuelles - Juin 1975 (Extrait du
bulletin de l'AISM, n°. 64 - 1975-4 ).
Notes pratiques sur l'utilisation de chaînes de mouillage pour les aides flottantes à la navigation -
Juin 1989 (Supplément n°. 7 au Bulletin de l'AISM).
Dictionnaire International de Signalisation Maritime - AISM 1987 ( Ch. 8 - Equipements
flottants).
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