10 Parcours - 2006 07 Antibi
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macabre :
« Noter peut tuer…
le goût
d'apprendre »
André Antibi
Directeur de l'IREM de Toulouse
Professeur et directeur du laboratoire des sciences de l'éducation
à l'université Paul Sabatier de Toulouse
Professeur à Sup-Aéro
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(Transcription non relue par le conférencier)
leurs parents (ce qui montre que les profs n'y sont pour rien, c'est un phénomène
de société) commenceraient à s'inquiéter et à se poser des questions (d'où vient-il ?
que fait-il ? le programme est-il bien traité? avec un tel prof, mon fils ou ma fille
pourra-t-il suivre l'an prochain en 1re, surtout si c'est une 1re S) et tout le monde
attendrait que ça se passe. Si, un mois plus tard, au troisième contrôle, la note
moyenne est de 15,5, je vous garantis que les parents d'élèves, en délégation,
iront voir le proviseur pour lui faire part de leur inquiétude, que le proviseur, déjà
informé, partagera. Car ce professeur serait considéré a priori comme suspect.
Personne ne penserait tout simplement que, comme il y a de bons et de mau-
vais dentistes, de bons et de mauvais médecins, des avocats brillants et des moins
bons, de même ce professeur est peut être un excellent professeur, qui a passé ses
vacances, non pas à la plage mais à préparer consciencieusement son programme,
qu'il est un bon pédagogue, qu'il a réussi à motiver ses élèves dès la rentrée, que
ces élèves motivés ont donc travaillé, et qu'ils donc eu des bonnes notes méritées.
Non, on ne tient pas ce discours, le professeur est a priori suspecté de laxisme, de
manque de rigueur et de sérieux. Inconsciemment on lui reproche de ne pas avoir
appliqué la « constante macabre ».
La constante macabre, c'est ce pourcentage, à peu près constant, de mauvaises
notes qu'il faut trouver quand on corrige un ensemble de copies (ou de travaux
divers): un enseignant « sérieux » se doit de préparer ses sujets et de définir ses
barèmes de telle sorte que les notes soient étalées suivant quelque chose qui res-
semble à une courbe de Gauss, avec un taux de mauvaises notes « normal », que
j'ai appelé la « constante macabre ». Le système exige donc qu'il y ait un pour-
centage constant d'élèves en situation d'échec.
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gle, avec une droite qui le coupe, avec un cercle qui…) de dix lignes, et je pro-
pose: première question, faire la figure correspondante. Et alors tous de s'écrier:
bien sûr, si on pose cette question, les notes vont augmenter. Pourtant, ce n'est
pas toujours facile, et ça demande de la réflexion, de faire une figure à partir d'un
énoncé. Mais on considère qu'il ne faut pas noter cette compétence.
Une objection que l'on me fait souvent, c'est qu'à côté de ces mauvaises notes
souvent injustes, on trouve aussi des bonnes notes peut-être imméritées, comme
s'il existait une symétrie entre ces deux attitudes, et que l'une compenserait
l'autre! Mais c'est un très mauvais discours, il n'y a pas symétrie, car il est nor-
mal qu'il y ait de bonnes notes : si le professeur est bon, et que les élèves travail-
lent normalement, le message passe, et la mission de l'enseignant est remplie.
(Et c'est bien ce qui se passe dans la plupart des pays du monde). Si la moyenne
de la classe est faible, c'est (ce devrait être) parce que le message est mal passé.
Cette situation se retrouve même dans les classes de très bon niveau. Et je
vais vous l'illustrer parce que j'appelle la « didactique de la chair », c’est-à-dire ce
que l'on apprend par l'expérience à travers ses propres enfants à qui il arrive des
misères quand ils sont en âge scolaire. Et c'est souvent l'occasion pour les ensei-
gnants de découvrir des anomalies de façon beaucoup plus efficace que dans n'im-
porte quel livre de pédagogie. Ma fille était, il y a 10 ans, en prépa HEC à
Ozenne, (après avoir fait une brillante terminale S, car il faut savoir calculer des
142 coniques pour faire du commerce!) et au bout d'un mois, la première note qu'elle
a eue (pour un contrôle de philosophie) a été 1,5/20. Mais elle m'a vite rassuré
en me disant qu'ils étaient 17 élèves à avoir eu cette note, avec une moyenne de
classe de 3 (et la meilleure note 7). Je n'ose pas vous répéter de quels noms j'ai
qualifié ce collègue! C'était pour moi une manière assez originale de souhaiter la
bienvenue à des jeunes qui avaient envie de travailler. Une semaine plus tard, je
rencontrais Jean Méric (un excellent professeur, bien connu à Toulouse, à qui je
rends hommage, et qui vient de disparaître) et je lui racontai cette anecdote: il ne
fut pas surpris : son propre fils, au lycée Fermat (c'est encore plus « l'élite »), a
eu pendant les six premiers mois des notes négatives en philo (ce qui ne l'a pas
empêché de réussir plus tard le concours HEC dans les premiers). J'ai eu du mal à
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le croire (il y avait donc pire que les maths, que l'on veut faire servir à de la sélec-
tion cachée, ce qui peut expliquer la constante macabre), mais après enquête, il
s'avère que cette mode des notes négatives est très répandue dans les classes prépa-
ratoires, dans toutes les matières. Et pourtant, y a-t-il classes de meilleur niveau
(et plus homogènes) que les classes préparatoires ? On croit rendre service à ces
jeunes en les cassant (et on finit par accorder l'agrégation à des gens qui ont une
moyenne de 6/20… les bonnes années !). C'est complètement absurde, cela relève
pour moi de la psychanalyse!
On pourrait penser que dans les classes de concours ce n'est pas grave, que les
élèves relativisent : on se trompe. J'ai discuté avec mes étudiants de Sup-Aéro,
qui ont donc traversé ce système, et qui m'ont raconté des anecdotes du genre sui-
vant : un enseignant dit à un élève « tu as 7 de moyenne, tu es le 3e de ta promo,
tu te crois meilleur que tes collègues, mais en fait tu n'es pas très bon ». Et ce
message répété sape la confiance en soi de l'élève (et plus tard dans la vie active).
Ce thème est cher au recteur Joutard (qui soutient mon combat).
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Les violences que l'on rencontre dans l'enseignement, les dépressions, les sui-
cides, ne s'expliquent sans doute pas par ce mode de notation, mais il vient aggra-
ver les situations, au lieu de contribuer à les détendre. On pourrait penser que ce
sont surtout les enfants issus de milieux défavorisés qui en pâtissent, mais toutes
les couches de la société en souffrent, avec peut-être un décalage dans le temps :
les enfants issus de milieux défavorisés en souffrent souvent plus tôt, dès les
petites classes. Mais l'arrivée en seconde est souvent redoutable: en mathéma-
tiques (domaine que je connais bien), de bons élèves du collège deviennent brus-
quement des élèves moyens ou faibles en seconde, alors que les programmes ont
très peu de différence. C'est que le niveau de la classe a changé, les élèves faibles
du collège ont été orientés ailleurs, et il faut donc « redéfinir » une nouvelle
tranche de mauvais élèves. La qualité intrinsèque des élèves reste pourtant la
même, mais leur statut est dévalorisé.
Cela se répercute sur le milieu familial, car, de quoi parle-t-on d'abord et sur-
tout avec ses enfants, quand ils rentrent de l'école: du travail en classe et des
notes. Faites l'expérience d'un accueil avec un questionnement neutre (se conten-
144 ter de demander: « alors, ça va, tu as passé une bonne journée? ») et vous verrez
que votre enfant vous parlera tout de suite du contrôle à venir ou de la note qu'il a
eue (« j'ai eu 12 » - « et combien a eu ton ami Jean ? » - « 8 » - « alors bravo,
c'est un bon 12 ! »). Si la note est mauvaise (et à répétition) comment les parents
pourraient-ils le prendre avec sérénité et ne pas mettre une pression supplémen-
taire sur l'enfant (et une tension supplémentaire dans la famille)?
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ne sert généralement à rien (sauf dans des cas particuliers, comme des enfants qui
ont manqué une partie de l'année pour maladie), surtout s'il est la conséquence
d'une mauvaise note (qui n'est peut-être pas méritée) dans une seule matière.
Alors (sauf pour les enfants d'enseignants qui les ont gratuitement à la maison),
on voit fleurir (pour ceux qui en ont les moyens) des cours particuliers, ce qui est
une aberration (et devrait être ressenti par les profs comme un constat de leur
échec!): c'est qu'il ne suffit pas d'avoir compris, d'avoir travaillé, il faut être meil-
leur que les copains, c'est un concours déguisé, il faut échapper au mauvais tiers.
Et je ne peux qu'être opposé à l'utilisation des notes de contrôle continu pour
le bac dans un tel contexte (et les élèves aussi, qui l'ont bien compris et l'ont fait
savoir). L'examen du baccalauréat est encore un des rares endroits où la notation
n'est pas trop victime de la constante macabre: il y a des commissions qui se réu-
nissent avant le bac pour définir les sujets et les méthodes de notation.
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1 m, ou 2m20). Si on représente cela par une courbe, (avec l'axe horizontal por-
tant les tailles, et la hauteur de la courbe donnant le nombre d'individus pour
chaque taille), on obtient ce qu'on appelle une courbe en cloche, dont Gauss a
montré qu'on la rencontre dans tous les phénomènes naturels (par exemple, dans
une forêt, les diamètres des arbres, ou la hauteur des arbres). De nombreux cher-
cheurs (et amis), après avoir pris connaissance de mes réflexions (le concept de
constante macabre date de 1988), sont venus m'expliquer que ce que j'avais
constaté avec la notation n'était rien d'autre que la manifestation de la courbe de
Gauss. Mais c'est une aberration, car une note n'est pas un phénomène naturel.
Un test de QI réalisé sur des enfants jeunes préscolarisés donnerait une courbe de
Gauss, mais dès qu'il y a eu scolarisation, avec une mission de l'enseignant qui
est de transmettre des connaissances suivant un programme précis, les notes, cen-
sées mesurer le degré d'acquisition de ces connaissances, ne mesurent donc pas un
phénomène naturel. Or, je dispose de très nombreux témoignages de collègues qui
m'assurent que, pendant toute leur formation, le seul conseil qu'ils aient reçu
concernant la notation est : « si les notes d'une classe sont « gaussiennes » (cette
terminologie pseudo-savante fait sérieux !) centrées sur 10, c'est que vous avez
posé un bon devoir. »
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Il y a aussi le sujet trop long, et là j'accuse clairement les structures, les com-
missions de programmes (dont j'ai fait partie et dont je connais bien le fonction-
nement) où on se fait plaisir en bombardant les profs de recommandations sur les
contenus (que l'on modifie souvent sans raison) ou sur les méthodes, mais où on
ne trouve aucune règle quant à la préparation et à la notation des contrôles : les
profs sont censés « sentir » ces choses-là, savoir d'instinct si la longueur ou la
difficulté du sujet est bonne. Comme les contrôles se font en temps limité, si un
sujet est trop long on générera la courbe de Gauss (qui mesurera la plus ou moins
grande rapidité des élèves, qui, là peut-être, est un phénomène naturel).
L'ajustement du barème est une autre façon d'arriver à ses fins. Je l'illustre par
une anecdote où tous les enseignants se retrouvent, « le sketch Martinez ». Voilà
un prof qui se trouve devant un paquet de copies à corriger, et c'est un travail qu'il
n'aime pas faire, car il y en a trop, et on ne peut pas y consacrer le temps que
l'on voudrait (en particulier pour donner aux élèves des conseils pédagogiques en
fonction de leurs erreurs). La première note: 16 ; la deuxième: 17. Tiens, bizarre.
La troisième: 15. Là, ça devient inquiétant (au passage, voyez l'humilité des 147
profs, qui ne se disent à aucun moment : je dois être vraiment bon, pour que mes
élèves aient de telles notes !), et cette correction, si la moyenne reste aussi élevée,
n'aura servi à rien (et si cela arrive, les élèves savent bien que le prochain
contrôle sera gratiné, pour corriger le tir!). Et le prof continue, vraiment stressé,
jusqu'à tomber sur la copie de Martinez, qui obtient 14, alors que d'habitude c'est
plus près de 4. Alors là, c'est le coup de grâce! Il ne se dit pas un instant que
Martinez s'est enfin décidé à travailler, que ses efforts pédagogiques ont enfin
atteint leurs fruits et que Martinez commence à comprendre quelque chose: non,
il y voit la preuve absolue que le barème de correction est mauvais, et, (en regret-
tant de ne pas avoir commencé la correction par le devoir de Martinez) il va modi-
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fier le barème et reprendre la correction à zéro. Et cela part d'un bon sentiment : si
Martinez a su répondre aux premières questions, c'est qu'elles ne valaient pas les
points attribués dans le barème initial.
Mais en fait, on tord l'instrument de mesure pour que les résultats des
mesures dessinent bien la courbe de Gauss attendue (si un chercheur faisait de
même avec les résultats de ses expériences, on le traiterait d'escroc!). Il est à
noter que, dans le cas inverse, si on se rend compte que la moyenne de la classe
sera très basse, il est très rare que les profs changent de barème et reprennent les
corrections : ils se contentent en général de majorer toutes les notes de 2 à 3
points pour retrouver la moyenne cherchée (en l'annonçant, ce qui les fera paraître
sympas aux yeux des élèves), alors qu'il est inenvisageable de retrancher 2 points
à tout le monde si la moyenne est « trop haute » !
Il y a aussi la « note de présentation » ou de « rédaction » (car le barème a ses
limites, on ne peut quand même pas noter les cinq premières questions sur 5 et la
dernière sur 15, ça ne ferait pas sérieux !). Alors, si le sujet qu'on a posé semble
avoir été trop facile, on se dit : « avec un tel sujet, les élèves auraient pu soigner
la présentation ! ». Et, toujours dans l'intérêt de l'élève, on va mettre des observa-
tions : « Précisez! Justifiez! Pas clair? », ce qui permet à chaque fois de faire
tomber 1 point ! Ce sujet de la notation de la rédaction des devoirs est redoutable.
On aurait pu penser qu'il tenait une place importante dans les sujets « littéraires »
mais secondaires dans les sujets « scientifiques », particulièrement les maths : si
un résultat est bon, il est bon ! Or il n'en est rien, comme l'exemple qui suit va
vous le montrer.
Soit un élève à qui on pose l'exercice (en quatrième): résoudre l'équation :
2 x = 8, on peut imaginer qu'un (bon) élève puisse répondre (et la liste qui
suit n'est pas exhaustive):
n réponse: 4
n réponse: x = 4
n Solution : 2 x 4 = 8 donc x = 4
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Correcteur 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Copie
1 5 2,5 5 5 5 4 4 4,5 3 5
2 5 3,5 4,5 4,5 4,5 5 4 5 4 5
3 4 5 5 5 5 4,5 4 5 4 5
4 3 5 5 5 5 4 4 4 5 5
5 4 2,5 5 4,5 5 4 3 4 4 5
149
6 5 4 3 5 3 5 4,5 5 4 5
7 4 4 5 5 5 4,5 5 4,5 4 5
8 5 4,5 4,5 5 4,5 5 4,5 5 5 5
9 3 4 5 5 5 4,5 3 4,5 4 5
10 5 3 5 4,5 5 4 3 4 5 5
Quand on présente ce résultat aux participants, c'est le choc! Les notes vont
de 2,5 à 5 ! Alors qu'on n'a affaire ici qu'à de « bons » élèves (par définition) qui
ont donc tous su résoudre le problème! Ces différences ne s'expliquent donc que
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par le « jugement » porté sur la rédaction. La colonne 10, où il n'y a que des 5,
correspond aux notes que j'ai mises car je participais à l'exercice. Par contre, j'ai
obtenu moi-même (voir ligne 10) des notes plutôt médiocres, (alors que j'ai
rédigé de nombreux manuels scolaires servant de modèle de référence pour la
rédaction des solutions.) Et lors des débriefings qui suivent cet exercice, on se
rend compte de l'irrationalité des exigences en matière de rédaction ! On peut
même rire un peu : sur la diagonale principale on pourrait s'attendre à ne trouver
que des 5 puisque ce sont les notes que les correcteurs ont mises à leur propre
copie, mais il n'en est rien : après réflexion, certains ont estimé qu'ils avaient mal
justifié leurs propres démonstrations !
Mais ceci n'est pas la constante macabre, ce n'est que l'une des dix méthodes
qui permettent d'obtenir la constante macabre. Et là, j'accuse « le mammouth »,
et pas les professeurs (et ce n'est pas démagogique, j'ai l'habitude de dire ce que je
pense et je ne me fais pas que des amis en critiquant comme je le fais).
Je reconnais volontiers que toutes ces méthodes que je viens de vous présen-
ter, je les ai employées, parce que c'est culturel (et il faut être très vigilant pour
ne pas y retomber « d'instinct »). Et leur application conduit parfois à des notes
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ne peut résoudre en temps limité des problèmes de type nouveau), sauf une ques-
tion (notée 4/20) qui n'est pas dans la liste (mais portera sur des choses déjà
vues). Quelques jours avant le contrôle, le professeur organise une séance de ques-
tions-réponses pour que les élèves qui rencontrent des difficultés de compréhen-
sion dans leurs révisions puissent les exprimer et obtenir les mises au point
nécessaires (surtout pour ceux qui n'ont pas les moyens de se payer des cours par-
ticuliers).
Cette méthode est donc déjà bien appliquée et on peut en tirer des conclu-
sions. Les élèves aiment ça à 90 % (seuls les très bons sont réticents car ils per-
dent leur aura; et aussi les élèves qui ont déjà décroché, et qui n'ont plus envie de
réussir): moins de stress, confiance rétablie avec l'enseignant, et des notes qui
restent pourtant étalées, mais sur des valeurs « normales ». A ce propos, je vou-
drais vous rappeler comment se passe le CAPES : les élèves ont une liste de
questions, qu'ils ont toute l'année pour préparer, et sont interrogés le jour du
concours sur une de ces questions : ça y ressemble ! Les moyennes de classe
remontent de 2 ou 3 points seulement, mais pas parce que toutes les notes
remontent : celles des élèves « brillants » changent peu (elles restent hautes),
celle des « largués » changent peu (elles restent basses), mais pour le gros des
troupes, les victimes de la constante macabre, il y a une amélioration significa-
tive des notes, de 5 à 6 points (on passe de 8 à 14). Ces élèves sentent qu'on leur
tend une perche, ils la saisissent, cela leur redonne confiance et ils se remettent à
travailler.
Je vous ai parlé du questionnaire que je fais remplir aux enseignants qui assis-
tent (pendant leur temps de travail, pas volontairement) à mes conférences. Sur
plus de 2 000 réponses, 99 % admettent l'existence de la constante macabre (dont
ils prennent conscience bien souvent à cette occasion), plus de 95 % pensent qu'il
faudrait la faire disparaître, et 83 % pensent que l'EPCC doit être une bonne
méthode pour y parvenir, ce qui est très encourageant.
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J'ai aussi fait des enquêtes auprès du public (dans la rue, dans les avions, le
métro, le train…). Quand on présente l'EPCC à des parents, on a des réactions
très réticentes, moins de 50 % y sont favorables. Pourtant, après discussion et
présentation de la constante macabre (quand on discute avec son voisin dans
l'avion, on a le temps d'approfondir le sujet), on retrouve une grande analogie
entre les réactions du public et celles des enseignants.
J'espère que des soirées comme celles-ci, qui s'adressent à des non-spécialistes,
avec de nombreux parents d'élèves dans la salle, contribueront à propager mon
analyse et à faire disparaître au plus tôt notre funeste « constante macabre ».
(Le débat qui a suivi n'a pas pu être enregistré pour des raisons techniques,
nous nous en excusons auprès des participants). 153
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