Cours Analyse
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Cours Analyse
Alain TROESCH
2 septembre 2012
Table des matières
3 Intégrales impropres 23
3.1 Rappel sur les intégrales définies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.1.1 Définition de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.1.2 Propriétés de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2 Table des matières
6 Optimisation 59
6.1 Recherche d’extrema locaux sur un ouvert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
6.1.1 Condition nécessaire du premier ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
6.1.2 Condition suffisante du deuxième ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
6.1.3 Diagonalisabilité des endomorphismes symétriques . . . . . . . . . . . . . . 61
6.2 Recherche d’extrema globaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
6.2.1 Existence d’un maximum et/ou d’un minimum . . . . . . . . . . . . . . . . 62
6.2.2 Recherche des extrema globaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
6.2.3 Quelques cas particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
6.2.4 Recherche de la position du graphe par rapport à l’hyperplan tangent . . . 66
6.3 Recherche d’extrema sous contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
6.3.1 Notion d’extremum sous contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
6.3.2 Points critiques sous contrainte linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
6.3.3 Description de H⊥ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
6.3.4 Recherche des extrema sous contrainte linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4 Table des matières
Analyse – Chapitre 1
Quelques rappels :
• Une suite numérique (réelle ou complexe) est une famille (un )n∈N d’éléments de R ou C indexée
sur N (parfois sur N∗ , ou sur N \ {0, . . . , n0 − 1}). Il s’agit donc d’une fonction de N dans R
ou C.
p
• On rappelle que N : X = (x1 , . . . , xn ) 7→ x21 + · · · + x2n est la norme usuelle de Rn , et on
note N (X) = kXk. La distance de A à B est alors d(A, B) = kB − Ak. Si n = 1, on obtient
d(a, b) = |b − a|. De même dans C, assimilé à R2 , où |.| désigne alors le module d’un nombre
complexe
• On rappelle que dans Rn , B(a, r) désigne la boule ouverte de centre a et de rayon r, c’est-à-dire
B(a, r) = {x ∈ Rn | kx − ak < r}. Dans R, la boule ouverte de centre a et de rayon r est donc
l’intervalle ]a − r, a + r[.
• De même, B(a, r) désigne la boule fermée de centre a et de rayon r, c’est-à-dire B(a, r) = {x ∈
Rn | kx − ak 6 r}. Dans R, la boule fermée de centre a et de rayon r est donc l’intervalle
[a − r, a + r].
• On rappelle qu’un voisinage V de x dans Rn est un sous-ensemble V de E tel qu’il existe une
boule ouverte centrée en x entièrement contenue dans V (en s’éloignant un peu de x, on ne sort
pas de V )
Par exemple, V est un voisinage de x dans R s’il existe ε tel que ]x − ε, x + ε[⊂ V .
Intuitivement cela signifie que x n’est pas « au bord » de V .
• Par extention, on dit que V est un voisinage de +∞ si V contient un intervalle du type ]a, +∞[.
De même, V est un voisinage de −∞ si V contient un intervalle du type ] − ∞, b[.
• Un ouvert U de Rn est un sous-ensemble U de Rn qui est voisinage de tous ses points, i.e.
∀x ∈ U, ∃ε > 0, B(x, ε) ⊂ U.
+∞
\ 1
1. Contre-exemple pour une intersection infinie d’ouverts : − , 1 = [0, 1[.
n=1
n
+∞
[ 1
2. Contre-exemple pour une union infinie de fermés : , 1 =]0, 1].
n=1
n
1.1 Convergence
1.1.1 Limites
Définition 1.1.1 Les propositions suivantes sont équivalentes, et définissent (chacune) la conver-
gence d’une suite (un )n∈N d’éléments de R (ou C) vers un élément ℓ de R (ou C).
(i) ∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n > N, un ∈ B(ℓ, ε).
(ii) ∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n > N, |un − ℓ| < ε.
(iii) pour tout voisinage V de ℓ, il existe N tel que pour tout n > N , un ∈ V .
Traduction : pour toute marge d’erreur ε qu’on peut se donner, à partir d’un certain rang, un est
à peu près égal à ℓ, à cette marge d’erreur près.
Attention ! « à peu près » ne signifie pas « exactement » ! Gardez-vous bien de dire que un = ℓ à
partir d’un certain rang !
Dans le cas de suites réelles, on définit aussi la convergence vers les infinis :
Définition 1.1.2 • Une suite (un )n∈N à valeurs dans R tend vers +∞ si et seulement si :
∀A ∈ R, ∃N ∈ N, ∀n > N, un > A.
• Une suite (un )n∈N à valeurs dans R tend vers −∞ si et seulement si :
∀A ∈ R, ∃N ∈ N, ∀n > N, un < A.
Dans ce contexte, la définition par voisinages (définition 1.1.1, iii) reste valable, en utilisant la
notion de voisinage de +∞ ou −∞ rappelée au début du chapitre.
Théorème 1.1.3 Soit (un )n∈N une suite (réelle ou complexe). Si (un )n∈N admet une limite, alors
cette limite est unique. Elle est notée lim un .
n→+∞
Faites attention à ne pas utiliser cette notation avant de vous être assuré de l’existence de la
limite.
Proposition 1.1.5 Si (un )n∈N converge vers ℓ, et si ϕ est une application strictement croissante
de N dans N, alors (uϕ(n) ) converge vers ℓ (une telle suite est appelée suite extraite de (un )n∈N )
Exemple typique : u2n , u2n+1 ...
Proposition 1.1.6 (hors-programme, démonstration à refaire au besoin) Si (u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N
convergent vers une même limite ℓ, alors (un )n∈N converge vers ℓ. De même pour (u3n ), (u3n+1 )
et (u3n+2 ), etc.
1.1 Convergence 7
Théorème 1.1.8 Les résultats ci-dessus restent vrais si la limite de (un )n∈N et/ou de (vn )n∈N est
infinie, avec les règles arithmétiques suivantes (règles usuelles dans R) :
1
a + ∞ = +∞; +∞ + ∞ = +∞; a · (+∞) = (sg(a))∞; (±∞) · (±∞) = ±∞; = 0.
±∞
En revanche, les opérations arithmétiques suivantes ne sont pas définies, et donnent des formes
indéterminées (ayez des exemples en tête) :
∞ 0
∞ − ∞; 0 · ∞; ; ; 1∞ ; 00 .
∞ 0
Théorème 1.1.9 • Soit (vn )n∈N une suite de limite nulle, telle que : ∃N ∈ N, ∀n > N, vn > 0.
Alors la suite v1n est bien définie et tend vers +∞.
n>N
Soit(vn )n∈N une suite de limite nulle, telle que : ∃N ∈ N, ∀n > N, vn < 0. Alors la suite
•
1
vn est bien définie et tend vers −∞.
n>N
• Soit (vn )n∈N une suite de limite nulle, prenant une infinité devaleurs strictement positives et
une infinité de valeurs strictement négatives. Alors la suite v1n , si elle existe, n’admet pas
n>N
de limite.
Théorème 1.1.10 Soit (un )n∈N une suite convergeant vers un réel ℓ. Soit f une fonction continue
en ℓ. Alors la suite (f (un ))n∈N est convergente, et lim f (un ) = f (ℓ).
n→+∞
Exemple 1.1.11 La fonction exponentielle étant continue sur R, et la fonction logarithme étant
continue sur R∗+ , on obtient la règle arithmétique suivante :
Soit (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites convergeant vers des réels ℓ > 0 et ℓ′ . Alors (uvnn )n∈N converge
′
vers ℓℓ .
Pour les cas d’indétermination, on peut souvent lever l’indétermination en écrivant la puissance
avec l’exponentielle et en utilisant les croissances comparées.
Exemple 1.1.12 Soit (un )n∈N une suite définie par une récurrence : ∀n > 0, un+1 = f (un ).
Alors, si f est continue sur R et si (un ) admet une limite ℓ, en passant à la limite dans la relation
de récurrence, on obtient l’équation suivante vérifiée par ℓ : ℓ = f (ℓ). Cette équation permet de
déterminer les seules valeurs possibles de la limite.
8 Analyse – Chapitre 1. Suites numériques : révisions
Remarquez qu’ici, puisqu’on ne connait pas a priori la valeur de ℓ, on est obligé de supposer que
f est continue sur tout R (ou sur un intervalle fermé contenant tous les termes de la suite à partir
d’un certain rang).
Attention ! Cet argument ne donne pas l’existence de la limite. Il faut pour cela utiliser un autre
argument, par exemple en étudiant les variations de (un ).
Remarque 1.2.2 Avant de passer à la limite dans une inégalité, il faut avoir justifié soigneusement
l’existence des limites.
Théorème 1.2.5 (théorème de minoration) Soit (un )n ∈ N et (vn )n∈N deux suites telles que pour
tout n > 0, un 6 vn .
1. Si (un )n∈N tend vers +∞, alors (vn )n∈N tend vers +∞.
2. Si (vn )n∈N tend vers −∞, alors (un )n∈N tend vers −∞.
Remarque 1.2.6 Les deux théorèmes ci-dessus donnent l’existence de la limite de (vn )n∈N . Il n’est
pas utile de l’avoir justifiée avant. Attention à la rédaction de cet argument : l’existence
de la limite doit bien clairement apparaître comme conséquence de ce théorème, et
le symbole lim ne doit pas être utilisé trop tôt
(−1)n 1
Exemple 1.2.8 1. lim = 0; lim sin = 0 ;
n→+∞ n ln n n→+∞ n
2. lim nb an = +∞ si a > 1 ; lim nb an = 0 si |a| < 1 ;
n→+∞ n→+∞
n
a
3. lim = 0;
n!
Dans les exemples 2 et 3 apparaît
une méthode très importante de comparaison avec une suite
géométrique : supposons que uun+1
n
admette une limite ℓ, finie ou infinie.
n∈N
• Si |ℓ| < 1, on peut majorer à partir d’un certain rang (|un |)n∈N par une suite géométrique de
raison r telle que |r| < 1, donc (un )n∈N tend vers 0.
• Si ℓ > 1, on peut minorer à partir d’un certain rang (un )n∈N par une suite géométrique de raison
r > 1, donc (un )n∈N tend vers +∞.
Ce petit raisonnement est à connaître imprétivement, et à refaire rigoureusement à chaque fois
qu’on veut l’utiliser (sauf si on veut l’utiliser plusieurs fois dans une même copie, dans lequel cas on
le fait bien une première fois, et les fois suivantes, on rappelle qu’on l’a déjà justifié correctement)
Ce raisonnement sera très important notamment dans l’étude de la convergence de certaines séries.
Remarque 1.2.10 Ce théorème est particulièrement utile pour établir la convergence de suites
définies par une récurrence de type un+1 = f (un ) ; la valeur de la limite est ensuite obtenue en
résolvant ℓ = f (ℓ).
Lemme 1.2.12 Soit (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites adjacentes (avec (un )n∈N croissante et (vn )n∈N
décroissante). Alors, pour tout n ∈ N, un 6 vn .
Théorème 1.2.13 (théorème des suites adjacentes) Soit (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites réelles
adjacentes. Alors (un )n∈N et (vn )n∈N convergent, et lim un = lim vn .
n→+∞ n→+∞
Corollaire 1.2.14 (théorème des intervalles emboîtés) Soit (In )n∈N une suite d’intervalles fer-
més bornés telle
\ que pour tout n ∈ N, In+1 ⊂ In , et telle que la longueur des intervalles In tend
vers 0. Alors In est un singleton.
n∈N
10 Analyse – Chapitre 1. Suites numériques : révisions
Limites :
• lim un = 0 si |a| < 1 ; lim un = +∞ si a > 1 ; lim un = u0 si a = 1 ;
n→+∞ n→+∞ n→+∞
• (un )n∈N n’a pas de limite si a 6 −1 et u0 6= 0.
Sommes :
n n
X 1 − an+1 X 1 − an+1
• Si a 6= 1, uk = u0 · ; en particulier, ak =
1−a 1−a
k=0 k=0
Xn
• Si a = 1, uk = (n + 1)u0 .
k=0
n +∞
X 1 X 1
• Si |a| < 1, lim ak = , ce qu’on note : ak = .
n→+∞ 1−a 1−a
k=0 k=0
n
X +∞
X
• Si a > 1, lim ak = +∞, ce qu’on note : ak = +∞.
n→+∞
k=0 k=0
n
X
• Si a 6 −1, ak n’admet pas de limite.
k=0
Limites :
• lim un = +∞ si b > 0 ; lim un = −∞ si b < 0 ; lim un = u0 si b = 0 ;
n→+∞ n→+∞ n→+∞
n
X n(n + 1)
Sommes : Si b 6= 1, uk = (n + 1)u0 + b ·
2
k=0
En cherchant une suite géométrique (vn )n∈N telle que : ∀n ∈ N, vn = un − α, on trouve une
explicitation de (un )n∈N :
n b b
∀n ∈ N, un = a u0 − + .
1−a 1−a
Ce résultat n’est pas à connaître : il faut savoir le retrouver ; on peut se souvenir, par exemple, que
le réel α correspond au point fixe de la relation, et vérifier alors que (vn ) est une suite géométrique,
qu’on peut donc facilement expliciter.
1.3 Quelques types classiques de suite, à bien connaître 11
Les complexes λ1 , . . . , λk sont déterminés par les conditions initiales, par la résolution d’un système
de k équations à k inconnes.
Si les termes initiaux sont réels, alors bien sûr, la suite entière est réelle. Dans ce cas, si toutes les
racines sont réelles, les coefficients λi sont réels aussi. En revanche, même dans le cas d’une suite
réelle, on peut avoir des racines complexes. Dans ce cas, les coefficients λi seront complexes aussi,
et conjugués pour les racines conjuguées.
Théorème 1.3.2 (cas de racines multiples, pour k = 2) On suppose que k = 2, et que le polynôme
du second degré P admet une racine double r 6= 0. Alors il existe des complexes λ et µ tels que :
∀n ∈ N, un = (λ + µn)rn .
Remarque 1.3.4 Pour que (un )n∈N soit bien définie, il suffit qu’il existe un intervalle I stable par
f et un rang n0 tel que un0 ∈ I. En effet, alors, par une récurrence immédiate, pour tout n > n0 ,
un ∈ I, et comme f est définie sur I, un+1 est défini.
Si f est définie sur R, il suffit de prendre I = R, qui est bien sûr stable pas f !
Si f est monotone (au moins sur un intervalle stable), on dispose de méthodes efficaces pour l’étude
de la monotonie (une inégalité entre u0 et u1 se propage aux rangs suivants, éventuellement avec
une alternance des inégalités en cas de décroissance) :
Théorème 1.3.5 Soit I un intervalle stable par f , tel que u0 ∈ I. Alors si f est croissante sur
I, (un )n∈N est monotone.
Théorème 1.3.6 Soit I un intervalle stable par f , tel que u0 ∈ I. Alors si f est décroissante,
(u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N sont monotones de sens de variation opposé.
12 Analyse – Chapitre 1. Suites numériques : révisions
Ces deux théorèmes sont hors-programme. Il faut impérativement esquisser l’argument sur
une copie, lors de la première utilisation.
Dans des cas plus généraux, l’étude du signe de x 7→ f (x) − x peut être utile, puisque un+1 − un =
f (un ) − un .
Définition 1.4.1 Soit (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites telles que (vn )n∈N ne s’annule
pas à partir
d’un certain rang N . Alors (un )n∈N et (vn )n∈N sont équivalentes si et seulement si uvnn tend
n>N
vers 1.
Remarque 1.4.2 1. Dans ce cas, (un )n∈N ne s’annule pas non plus à partir d’un certain rang.
2. L’équivalence est une relation d’équivalence : reflexive, symétrique, transitive.
Proposition 1.4.3 1. Si un ∼ vn , et si (un )n∈N converge vers ℓ (fini ou infini), alors (vn )n∈N
+∞
converge, et sa limite est ℓ.
2. La réciproque est fausse en générale. Si lim un = lim vn , on n’a pas forcément
n→+∞ n→+∞
un ∼ vn . C’est vrai cependant si ℓ 6= 0, ℓ 6= −∞ et ℓ 6= +∞.
+∞
Proposition 1.4.4 Si un ∼ u′n et vn ∼ vn′ , alors un vn ∼ u′n vn′ , et, si vn ne s’annule pas à
+∞ +∞ +∞
un u′
partir d’un certain rang, ∼ ′n .
vn +∞ vn
u2n
4. Si (un )n∈N tend vers 0, cos(un ) − 1 ∼ − ;
+∞ 2
5. Si (un )n∈N tend vers 0, (1 + un )a − 1 ∼ aun (a 6= 0) ;
+∞
ATTENTION ! ! !
1. NE PAS SOMMER DES ÉQUIVALENTS : si vous avez envie de faire une somme d’équiva-
lents, reprenez la définition, ou utilisez les o définis dans le paragraphe suivant. C’est plus
prudent, et cela vous évite de faire de grosses bêtises.
2. NE JAMAIS APPLIQUER UNE FONCTION À UN ÉQUIVALENT.
Cependant, vous pouvez élever un équivalent à une puissance constante, mais un mot de
justification est bienvenu.
3. Erreurs fréquentes :
• 2un n’est pas équivalent à un (il faut tenir compte des constantes multiplicatives dans un
équivalent, contrairement aux petit-o)
• si vn = o(un ) (voir plus loin pour la négligeabilité), on ne peut pas écrire un vn ∼ un . Cette
+∞
erreur très fréquente provient d’une confusion provoquée par le fait qu’on dit souvent que
« dans un équivalent, on peut négliger les négligeables », enn oubliant de préciser que
ceci n’est valable qu’additivement, et non multiplicativement. Ainsi, dans les hypothèses
ci-dessus, on peut écrire un + vn ∼ un
+∞
Intérêt des équivalents :
1. Comparer une suite à une suite de référence simple dont on connaît bien le comportement
en +∞. Cela donne une estimation du comportement à l’infini (et notamment de la vitesse
de convergence) de la suite initiale.
2. Calculer des limites (cf TD).
Définition 1.4.7 (hors-programme, mais parfois bien utile) Soit n )n∈N une suite strictement
(v
un
positive. On dit que (un )n∈N est dominée par (vn )n∈N si la suite vn est bornée.
n∈N
On note un = O(vn ) ( « un est un grand-O de vn »)
Dans la suite, (un )n∈N , (vn )n∈N , (wn )n∈N et (xn )n∈N désignent quatre suites réelles.
Si vous voulez sommer des équivalents, utilisez cette écriture avec des petit-o, car les petit-o (de
même nature) se somment, contrairement aux équivalents.
Intérêt des o et O :
Ils permettent de comparer la vitesse de convergence de deux suites vers leurs limites (en étudiant
un − ℓ). On compare ainsi souvent la différence un − ℓ à une suite de référence de limite nulle, ou
un à une suite de référence de limite +∞.
Attention à vérifier que le terme par lequel vous composez a la bonne limite. Par exemple, si un
tend vers 1, vous ne pouvez pas utilier le DL au voisinage de 0 de l’exponentielle pour obtenir un
DL de eun . En revanche, eun = eeun −1 , et comme un − 1 → 0, vous pouvez maintenant composer
les DL. Des petites astuces de ce type sont possibles dans la plupart des DL classiques, par exemple
en mettant la constante en facteur, ou en utilisant des formules de trigonométrie.
Attention à l’ordre de votre développement limité lors des additions, multiplications et compo-
sitions :
• On additionne seulement des développements limités de même ordre. L’ordre de la somme est
l’ordre commun des deux membres.
• En multipliant un DL à l’ordre n et un DL à l’ordre m, on n’obtient pas un DL à l’ordre n+m.
Même si on obtient « des » termes d’ordre allant jusqu’à n + m, on n’obtient pas nécessairement
ainsi tous « les » termes. Par exemple un terme d’ordre n + m pourra être obtenu en multipliant
les termes d’ordre n et d’ordre m (c’est le seul qui sera compté), mais aussi en multipliant un
terme d’ordre n + 1 et un terme d’ordre m − 1 (celui-ci sera oublié), ou de beaucoup d’autres
façons.
Pour être certain d’obtenir tous les termes du DL d’un produit à l’ordre p, il faut aller jusqu’à
ce même ordre p pour chacun des termes du produit (ou au moins jusqu’à l’ordre p − v, où v
est la valuation du DL de l’autre membre, c’est-à-dire le degré minimal dans le DL)
1.4 Approximations et estimations 15
x3
au voisinage de 0, tan x = x + + o(x3 ).
3
Enfin, le développement de l’Arctan est hors-programme, et s’obtient en « intégrant » le DL de
1
1+x2 . Aucun résultat d’intégration n’étant donné au programme pour les DL, il faut le justifier
1
en revenant à la formule de Taylor-Young : le DL de 1+x 2 (obtenu par composition) fournit les
1
dérivées successives en 0 de x 7→ 1+x2 donc aussi les dérivées successives (avec un décalage de
l’ordre) de x 7→ Arctan x. En utilisant de nouveau la formule de Taylor-Young pour l’arctangente
cette fois, on obtient, après avoir explicité un peu les calculs :
x3 x5 x2p+1
au voisinage de 0, Arctan x = x − + + · · · + (−1)p + o(x2p+2 ).
3 5 2p + 1
Sauf en cas flagrant de manque de temps, esquissez cet argument. Faites au minimum référence à
la formule de Taylor-Young.
16 Analyse – Chapitre 1. Suites numériques : révisions
Analyse – Chapitre 2
+∞
X +∞
X
rn = uk = u k − Sn .
k=n+1 k=0
Attention à ne pas confondre suite (un )n∈N et série de terme général (un )n∈N .
Remarque 2.1.2 Ces définitions s’étendent bien sûr à des séries un , de terme général (un )n>N ,
P
n>N
N étant un entier positif quelconque.
18 Analyse – Chapitre 2. Séries numériques : révisions
1
Exemple 2.1.4 Série de Riemann de paramètre 1. La série est divergente.
P
n
n>1
Proposition 2.1.6 Si (un )n∈N et (vn )n∈N ne diffèrent que d’un nombre fini de termes, alors
P P
un et vn sont de même nature.
P
Théorème 2.1.7 Si un converge, alors (un )n∈N tend vers 0. De manière équivalente, si (un )n∈N
P
ne tend pas vers 0, alors un diverge.
Définition 2.1.8 Si (un )n∈N ne tend pas vers 0, on dit que un diverge grossièrement.
P
P1
Remarque 2.1.9 La réciproque est fausse. Par exemple n diverge alors que son terme
général tend vers 0. Ainsi, toute série divergente n’est pas forcément grossièrement divergente.
Types de convergence
• On dit que un converge absolument si la série |un | est convergente.
P P
Théorème 2.1.11 Toute série réelle ou complexe absolument convergente est convergente.
• Si un est convergente sans être absolument convergente, on dit que la série est semi-convergente.
P
Types de divergence
2.2 Séries à termes positifs 19
• Comme dit plus haut, une série peut être divergente sans être grossièrement divergente.
Comme nous allons le voir, on dispose de moyens efficaces pour déterminer la convergence des
séries à termes positifs. Ainsi, la démarche générale à suivre pour l’étude des séries est :
1. Calculer si cela ne présente pas une difficulté excessive la limite de (un )n∈N pour étudier
l’éventuelle divergence grossière.
2. Étudier la convergence de |un |, c’est-à-dire la convergence absolue de un .
P P
3. Si |un | diverge, essayer d’obtenir la convergence (ou la divergence) par d’autres méthodes,
P
plus spécifiques aux séries à termes quelconques (par exemple par la méthode des séries
alternées).
P P
Corollaire 2.2.3 Soit un une série à termes quelconque, et vn une série à termes positifs.
P P
On suppose que un = O(vn ). Alors si vn converge, la série un converge absolument.
Le cas où un = o(vn ) est un cas particulier de ce théorème.
X (−1)n
Remarque 2.2.5 Contre-exemple dans le cas de séries à termes quelconques : √ converge
n
X (−1)n (−1)n (−1)n
et √ diverge. Pourtant : √ ∼ √ .
n + (−1)n n +∞ n + (−1)n
20 Analyse – Chapitre 2. Séries numériques : révisions
1. S’il existe α > 1 tel que la suite (nα un )n∈N est bornée (par exemple si elle admet une limite
P
nulle), alors un converge.
2. Si (nun )n∈N est minorée à partir d’un certain rang par un réel k > 0 (par exemple si (nun )
P
admet une limite infinie), alors un diverge.
Comme la méthode est à reproduire à chaque fois, je développe avec toutes les précisions nécessaires
un exemple ci-dessous.
X 1
Exemple 2.2.10 Soit (α, β) ∈ R2 , et la série de Bertrand de paramètre (α, β). On
lnβ n
nα
1
suppose que α > 1. On note pour tout n > 2, un = .
nα lnβ n
Comme α > 1, on peut trouver un réel α′ tel que 1 < α′ < α. Alors :
′ 1
∀n > 2, nα un = .
nα−α′ lnβ n
′
D’après les croissances comparées, la suite (nα un )n>2 tend vers 0. Ainsi, par définition des petit-o,
1
un = o .
nα′
De plus, un est à termes positifs. Donc, d’après le corollaire du TCSTP, on en déduit que un
P P
n>2
P 1
converge, puisque nα′
est une série de Riemann de paramètre α′ > 1, donc convergente.
De même que si α < 1, la série un diverge. En effet, soit α′ tel que α < α′ < 1. On a de même
P
que plus haut, du fait des croissances comparées, n1 = o(un ). Ainsi, si un convergeait, il en
P
P1
serait de même de n , d’où une contradiction. Il en résulte que un diverge.
P
2.2 Séries à termes positifs 21
La méthode étant plus importante que le résultat, j’expose ici un exemple aussi complètement que
possible.
X zn
Exemple 2.2.12 Soit z ∈ C. Alors converge absolument.
n!
zn
En effet, soit pour tout n ∈ N, un = . Alors, pour tout n ∈ N :
n!
un+1 z n+1
n! |z|
un (n + 1)! · z n = n + 1 .
=
un+1
Ainsi, lim = 0. Par définition des limites (en prenant ε = 1 ) :
n→+∞ un 2
un+1 1 1
∃N ∈ N, ∀n > N, 6 , donc |un+1 | 6 |un |.
un 2 2
1
vN = |uN |, et ∀n > N, vn+1 = vn .
2
Alors, (vn )n>N est une série géométrique de raison 12 , donc vn converge. De plus, on montre
P
n>N
par récurrence sur n > N que |un | 6 vn :
+∞ n
X z
Théorème 2.2.13 Pour tout z ∈ C, = ez .
n=0
n!
Cette identité est bien sûr aussi vrai pour p ∈ Z− puisqu’il ne s’agit alors de rien d’autre que de
la formule du binôme de Newton dans ce cas.
Remarquez que cette formule ne dit rien d’autre que le fait qu’on peut dériver la série géométrique
termes à termes. Attention, c’est a priori la seule série de fonctions que vous puissiez dériver
termes à termes, la justification en étant cette formule.
Théorème 2.3.1 (Théorème spécial de convergence des séries alternées, TSCSA, HP)
Soit (an )n∈N une suite décroissante de limite nulle. Alors (−1)n an converge.
P
X (−1)n
Exemple 2.3.2 Montrons que la série converge.
n
n>1
1
Soit pour tout n ∈ N∗ , an = . Alors (an )n∈N est décroissante de limite nulle. Notons (Sn )n∈N∗
nP
les sommes partielles de la série (−1)n an . Montrons que les suites (S2n )n∈N∗ et (S2n+1 )n∈N sont
adjacentes.
• ∀n ∈ N∗ , S2n+2 − S2n = (−1)2n+2 a2n+2 + (−1)2n+1 a2n+1 = a2n+2 − a2n+1 6 0, car (an )n∈N∗
est décroissante ; donc (S2n )n∈N∗ est décroissante.
• ∀n ∈ N, S2n+3 − S2n+1 = (−1)2n+3 a2n+3 + (−1)2n+2 a2n+2 = a2n+2 − a2n+3 > 0, car (an )n∈N∗
est décroissante ; donc (S2n+1 )n∈N est croissante.
• ∀n ∈ N∗ , S2n+1 − S2n = (−1)2n+1 a2n+1 = −a2n+1 , ainsi, lim S2n+1 − S2n = 0.
n→+∞
Les suites (S2n )n∈N∗ et (S2n+1 )n∈N sont donc adjacentes, donc convergent vers une même limite ℓ.
Ainsi, étant donné ε > 0, par définition de la limite des suites,
Par conséquent, ∀n > 2 max(N1 , N2 ), |Sn − ℓ| < ε, ce qui montre la convergence de (Sn )n∈N∗ .
Ainsi (−1)n an converge.
P
Analyse – Chapitre 3
Intégrales impropres
Rappel : Si f est continue sur [a, b], alors f est intégrable sur [a, b], et on peut donc donner un
Z b
sens à f (t) dt. De même si f est seulement continue par morceaux sur [a, b].
a
Z b
But : Donner un sens, lorsque cela est possible, à f (t) dt lorsque f n’est définie (et continue)
a
que sur ]a, b[, a et b pouvant éventuellement être infinis. On parle d’intégrale impropre (ou intégrale
généralisée)
Théorème 3.1.1 Tout fonction continue (ou au moins continue par morceaux) sur un intervalle
[a, b] est intégrable.
On rappelle qu’une fonction est continue par morceaux si elle est continue, sauf en un nombre fini
de points, et qu’en ces points, elle admet une limite à gauche et une limite à droite finies (cette
hypothèse sur les limites à gauche et à droite est souvent oubliée...)
De la construction de l’intégrale découle un résultat important qui est à connaître ; il est, dans
certains cas, le seul moyen abordable pour calculer la limite de certaines suites :
24 Analyse – Chapitre 3. Intégrales impropres
Théorème 3.1.2 (Sommes de Riemann) Soit f une fonction intégrable sur [a, b]. Alors :
b n−1 n
b−a X b−a b−a X b−a
Z
f (x) dx = lim f a+k = lim f a+k .
a n→+∞ n n n→+∞ n n
k=0 k=1
1 n−1 n
1X 1X
Z
k k
f (x) dx = lim f = lim f .
0 n→+∞ n n n→+∞ n n
k=0 k=1
• Linéarité :
L’ensemble Int([a, b]) des fonctions intégrables sur [a, b] est un espace vectoriel.
R
De plus, [a,b] : Int([a, b]) −→ R est une forme linéaire sur l’espace vectoriel Int([a, b]). Autrement
dit, pour toutes fonctions intégrables f et g, et tout réel λ, on a :
Z b Z b Z b
(f (x) + λg(x)) dx = f (x) + λ g(x) dx.
a a a
Z b
En particulier, si f est intégrable sur [a, b] et positive, f (x) dx > 0.
a
• Stricte positivité de l’intégrale :
Z b
Soit f une fonction continue sur [a, b], positive et non identiquement nulle. Alors f (t) dt > 0.
a
Théorème 3.1.4 Soit I un intervalle et f : I → R une fonction continue sur R. Alors f admet
une primitive sur I.
De plus, soit x0 ∈ I et y0 ∈ R. L’unique primitive F de f telle que F (x0 ) = y0 est :
Z x
∀x ∈ I, F (x) = y0 + f (t) dt.
x0
On en déduit :
Ce théorème est à la base des deux grandes techniques (outre le calcul directe à l’aide d’une
primitive) permettant de calculer des intégrales :
Théorème 3.1.6 (Intégration par parties) Soit f, g deux fonctions de classe C 1 sur [a, b].
Alors : Z b h ib Z b
′
f (x)g(x) dx = f (x)g(x) − f (x)g ′ (x) dx.
a a a
Théorème 3.1.7 (Changement de variables) Soit f une fonction continue sur [α, β], et u
une fonction de classe C 1 de [a, b] vers [α, β]. Alors f est intégrable entre u(a) et u(b), et :
Z u(b) Z b
f (x) dx = f (u(t))u′ (t) dt.
u(a) a
Le théorème fondamental du calcul des intégrales permet également l’étude de fonctions définies
à l’aide d’intégrales, la dépendance s’effectuant au niveau des bornes, via le théorème suivant :
Ce théorème permet par exemple de montrer que l’intégrale d’une fonction T -périodique sur un
intervalle de longueur T ne dépend pas de cet intervalle.
sait primitiver directement. Une telle habitude est aussi indispensable pour exploiter correctement
la méthode de l’intégration par parties. Je rappelle donc ici les primitives classiques. Ce tableau
est à connaître parfaitement.
f (x) F (x) I f F
0 0 R
a∈R ax R
xp+1 up+1
xp , p ∈ N R u′ up
p+1 p+1
xp+1
xp , p ∈ Z∗− \ {−1} R∗+ ou R∗−
p+1
xp+1
xp , p ∈ R \ {−1} R∗+
p+1
1 u′
ln |x| R∗+ ou R∗− ln |u|
x u
ex ex
R u ′ eu eu
sin x − cos x R u′ sin u − cos u
cos x sin x R u′ cos u sin u
1 u′
Arctan x R Arctan u
1 + x2 1 + u2
2. On dit que l’intégrale de f sur [a, b[ est divergente si F n’admet pas de limite finie en b− .
Z b
On note également f (t) dt l’objet abstrait « intégrale impropre », mais on ne peut pas
a Z b
associer de valeur à cette notation. On dit que l’intégrale f (t) dt diverge.
a
3. Dans le cas particulier où F tend vers +∞ en b− , on s’autorisera à écrire :
Z b
f (t) dt = +∞.
a
Z b
4. Dans tous les cas (convergence ou divergence), on appelle f (t) dt intégrale impropre (ou
a
généralisée).
3.2 Notion d’intégrale impropre 27
Z b
5. On dit que b est un point d’impropriété de l’intégrale généralisée f (t) dt, ou que l’intégrale
Z b a
Proposition 3.2.2 Soit b 6= +∞, et soit f une fonction continue sur [a, b[, admettant une limite
Z b
finie en b. Notons f˜ le prolongement par continuité de f sur [a, b]. Alors l’intégrale f (t) dt est
a
convergente, et
Z b Z b
f (t) dt = f˜(t) dt.
a a
Z b
On dit dans ce cas que l’intégrale f (t) dt est faussement impropre en la borne b.
a
Remarque 3.2.3 Attention à ne pas parler d’intégrale faussement impropre en une borne infini :
cela n’a pas de sens, la fonction ne pouvant pas être prolongée par continuité en +∞ ou −∞.
D’ailleurs, la proposition entre en défaut dans ce cas, puisque l’existence d’une limite finie en +∞
n’assure pas la convergence de l’intégrale en +∞. Au contraire, puisque l’existence d’une limite
finie non nulle assure la divergence (par comparaison à une intégrale de Riemann, on obtient
f (x) = o(1) = o(x0 ), voir plus loin pour l’étude des intégrales de Riemann et l’étude des critères
de comparaison).
Z +∞
Exemples 3.2.4 1. e−t dt = 1.
0
Z +∞
2. sin t dt est divergente.
0
1
sin t
Z
3. dt est convergente.
0 t
b
dt
Z
Cas particulier : soit b > 0, converge si et seulement si α < 1.
0 tα
Un dernier exemple :
Exemple 3.2.6 Soit f : [1, +∞[→ R, définie sur tout intervalle [n, n + 1] (n ∈ N∗ ) par :
• f (x) = 0 si x 6∈ n + 21 − 2n1 3 , n + 21 + 2n1 3 ;
ne suffit pas à obtenir la divergence d’une intégrale, même si f est positive. C’est une différence
importante par rapport à la convergence des séries.
Z b
Définition 3.2.7 Soit f une fonction continue sur [a, b[ telle que f (t) dt converge. Le reste
Z b a
(= la fonction « reste ») de l’intégrale f (t) dt est la fonction R définie pour tout x ∈ [a, b[ par :
a
Z b
R(x) = f (t) dt.
x
Z b
Proposition 3.2.8 Soit f continue sur [a, b[ telle que f (t) dt converge. Alors son reste tend
a
vers 0 en b :
Z b
lim f (t) dt = 0.
x→b− x
Z b
Proposition 3.2.9 Soit f continue sur [a, b[, F une primitive (quelconque) de f . Alors f (t) dt
a
−
converge si et seulement si F admet une limite en b , et dans ce cas,
Z b
f (t) dt = lim F (x) − F (a).
a x→b
Cela s’adapte bien entendu pour les fonctions continues sur ]a, b].
Z b Z c Z b
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a c
+∞
dt
Z
Exemples 3.2.12 1. diverge pour tout α ∈ R.
0 tα
Z +∞
2. Dissociez l’étude des deux bornes de l’intégrale ! Exemple : sin t dt.
−∞
Z b
Proposition 3.2.13 Soit f continue sur ]a, b[, et F une primitive de f sur ]a, b[. Alors f (t) dt
a
converge si et seulement si F admet une limite finie en a et en b. Dans ce cas,
Z b h ilimb
f (t) dt = lim F (x) − lim F (x) = F (x)
a x→b x→a lima
Attention à bien justifier l’existence des limites de F avant d’écrire cette égalité.
+∞
dt
Z
Exemple 3.2.14 Calcul de .
−∞ 1 + t2
3.2.3 Cas d’une fonction continue sur une union d’intervalles ouverts
Définition 3.2.15 Soit −∞ 6 a0 < a1 < · · · < an 6 +∞.
Soit f continue sur ]a0 , an [\{a1 , . . . , an } =]a0 , a1 [∪]a1 , a2 [∪ · · · ∪]an−1 , an [.
Z an
R ai
On dit que l’intégrale f (t) dt converge si et seulement si chacune des intégrales ai−1 f (t) dt,
a0
i ∈ [[1, n]], converge. On est donc ramené à l’étude de n intégrales impropres en chacune de leurs
deux bornes, donc à l’étude de la convergence en 2n bornes (les deux bornes extrêmes, et pour
chacune des n − 1 bornes intermédiaire, l’étude à droite et à gauche de cette borne). En cas de
convergence, on définit :
Z an n Z ai
X
f (t) dt = f (t) dt.
a0 i=1 ai−1
Z an
On dit que l’intégrale impropre f (t) dt admet des imrpopriétés en a0 , a1 , . . . , an .
a0
Corollaire 3.2.16 Soit f une fonction continue par morceaux sur [a, b], c’est-à-dire telle qu’il
existe a0 = a < a1 < · · · < an−1 < an = b tels que f soit continue sur chaque ]ai−1 , ai [, i ∈ [[1, n]],
et tels que f admette une limite à droite en tout ai , i ∈ [[0, n − 1]], et une limite à gauche en tout
Z b
ai , i ∈ [[1, n]]. Alors f (t) dt converge.
a
Proposition 3.2.17 Soit a = a0 < a1 < · · · < an = b et soit f continue sur ]a0 , a1 [∪]a1 , a2 [∪ · · · ∪]an−1 , an [,
Z b
et F une primitive de f sur cet ensemble. Alors f (t) dt converge si et seulement si F admet
a
des limites à droite en tout ai , i ∈ [[0, n − 1]], et des limites à gauches en tout ai , i ∈ [[1, n]], et dans
ce cas :
Z b n−1
X n
X n−1
X
f (t) dt = lim F (x)+ (− lim F (x)+ lim F (x))− lim F (x) dx = lim F (x)− lim F (x).
a x→a−
n x→a+ x→a− x→a+ x→a− x→a+
k=1 k k 0 k=1 k k=0 k
30 Analyse – Chapitre 3. Intégrales impropres
Proposition 3.3.2 Soit f et g deux fonctions définies et continues sur [a, b] \ {a0 , . . . , an }. Si
Z b Z b Z b
f (t) dt converge et g(t) dt diverge, alors (f + g)(t) dt diverge.
a a a
Z b Z b
Remarque 3.3.3 En revanche, si f (t) dt et g(t) dt divergent, on ne peut rien conclure
Z b a a
Z b Z c Z b
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a c
Remarque 3.3.5 1. Attention à l’hypothèse c ∈]a, b[, nécessaire ici pour obtenir la convergence
des deux intégrales. Si c 6∈]a, b[, il faut partir de l’hypothèse de convergence sur le plus grand
des intervalles considérés.
2. Attention, généralement, on ne s’autorise pas à inverser l’ordre des bornes dans une intégrale
Z b
impropre (on considère avec a 6 b), car la borne inférieure correspond à une limite par
a
au-dessus et la borne supérieur à une limite par en-dessous : échanger les deux bornes
échangerait implicitement cette convention sur le côté par lequel on prend la limite.
Ainsi, faites attention à la façon d’exprimer la relation de Chasles lorsque c 6∈]a, b[ : se
ramener à la situation du théorème, en échangeant le rôle des variables.
3.3.3 Positivité
Proposition 3.3.6 (Positivité de l’intégrale)
3.4 Critères de convergence pour les intégrales de fonctions positives 31
Z b
Soit a = a0 < a1 · · · < an = b et f définie et continue sur [a, b] \ {a0 , . . . , an } telle que f (t) dt
a
converge. Alors si f > 0 sur [a, b] \ {a0 , . . . , an }, on a
Z b
f (t) dt > 0.
a
3.4.1 Un lemme
Z b Z x
Lemme 3.4.1 Si f > 0, alors f (t) dt converge si et seulement si la fonction F : x 7→ f (t) dt
a a
est bornée sur [a, b[.
+∞
cos2 t
Z
Exemples 3.4.4 1. dt converge ;
1 t2
Z +∞
2
2. e−t dt converge (archi-classique !) ;
0
π
1
Z 2
3. dt diverge.
0 sin t
Remarque 3.4.6 L’hypothèse de positivité de f est en fait inutile : ainsi qu’on le verra plus tard,
Z b
on obtient dans ce cas la convergence absolue de f (t) dt, donc la convergence. En effet, si
a
f = o(g) au voisinage de b, on a aussi |f | = o(g).
Z +∞ √
Exemples 3.4.7 1. e− t
dt converge.
0
3. (Intégrales de Bertrand en 0)
Z 21
dt
α β
dt converge si et seulement si α < 1 ou si α = 1 et β > 1.
0 t | ln t|
Remarque 3.4.9 Si f et g sont continues sur [a, b[∪]b, c], il convient de séparer l’étude à droite
et à gauche au point b, et donc de considérer un équivalent à droite, et un équivalent à gauche au
point b.
2
dx
Z
Exemples 3.4.10 1. p est convergente.
0 |x(x − 1)(x − 2)|
1
1
Z
2. dt diverge.
0 sin t
3.5 Cas des fonctions non positives 33
Par extention, on définit la convergence absolue pour une fonction admettant plusieurs points
d’impropriété.
Z b Z b
Théorème 3.5.2 Si f (t) dt converge absolument, alors f (t) dt converge.
a a
+∞
sin t
Z
Exemple 3.5.4 Convergence et encadrement de dt.
1 t2
3.5.2 Semi-convergence
Z b
Définition 3.5.5 On dit que f (t) dt est semi-convergente, si elle est convergente sans être
a
absolument convergente.
+∞
sin x
Z
Exemple 3.5.6 dx est semi-convergente.
1 x
Exemple 3.6.2 On retrouve de la sorte les propriétés de convergence des séries de Riemann ou
des séries de Bertrand.
de convergence,
Z b h ilimb− Z b
′
u(t)v (t) dt = u(t)v(t) − u′ (t)v(t) dt
a a a
Z b
= lim u(t)v(t) − u(a)v(a) − u′ (t)v(t) dt.
t→b− a
Corollaire 3.7.2 Si u et v sont de classe C 1 sur ]a, b[, et si uv admet des limites en a et en b,
Z b Z b
alors u(t)v ′ (t) dt et u′ (t)v(t) dt sont de même nature, et en cas de convergence,
a a
Z b h ilimb− Z b
u(t)v ′ (t) dt = u(t)v(t) − u′ (t)v(t) dt
a lima+ a
Z b
= lim− u(t)v(t) − lim+ u(t)v(t) − u′ (t)v(t) dt.
t→b x→a a
Remarque 3.7.3 Dans les deux résultats ci-dessus, on peut partir d’une intégrale définie (non
impropre) pour arriver à une intégrale impropre. C’est la cas par exemple si v est de classe C 1 sur
[a, b], et si u est continue sur [a, b], mais de classe C 1 seulement sur [a, b[.
Théorème 3.7.4 Soit u et v deux fonctions de classe C 1 sur [a, b[. Si uv n’admet pas de limite
Z b Z b
′
en b, alors la convergence de uv entraîne la divergence de u′ v.
a a
+∞
ln t
Z
Exemples 3.7.6 1. dt = 1
1 t2
+∞
Arctan t ln 2 π
Z
2. dt = + .
1 t2 2 4
1
ln t
Z
3. dt = − ln 2.
0 (1 + t)2
Remarquez que dans la formule du changement de variable pour les intégrales impropres, les
hypothèses faites sur ϕ sont plus fortes que pour le changement de variables pour les intégrales
définies. On impose en particulier la bijectivité du changement de variables, ce qui n’était pas
nécessaire pour les intégrales définies.
Théorème 3.7.7 Soit ϕ une application de classe C 1 , strictement monotone, réalisant une bijec-
Z b
tion de ]α, β[ sur ]a, b[. Soit f :]a, b[→ R une fonction continue. Alors les intégrales f (t) dt et
Z β a
Remarque 3.7.8 Tout comme la formule d’intégration par parties, ce théorème donne avant tout
un critère de comparaison de la nature de deux intégrales.
Exemple 3.7.9
Z 1
dt π
2 2 = 4.
0 t(1 + ln t)
Z 1
dx
√ = π.
−1 1 − x2
3.8.2 Fonction Γ
Définition 3.8.2 La fonction Γ est la fonction définie, pour tout réel x pour lequel cette intégrale
converge, par : Z +∞
Γ(x) = tx−1 e−t .
0
Nous ne reprenons pas dans ce chapitre les notions de limite et de comparaison locale (équivalents
et négligeabilité) qui sont supposées aquises.
4.1 Continuité
4.1.1 Définitions et rappel des propriétés
Dans ce paragraphe, f désigne une fonction d’un intervalle X dans R.
Définition 4.1.1 Soit a ∈ X. On dit que f est continue en a si une des propriétés équivalentes
suivantes est vérifiée :
Dans ce qui suit, par convention, f (+∞) désigne lim f (x) dans le cas où cette limite existe, et
x→+∞
de même pour f (−∞).
1. (TVI, version 1) Soit f une fonction continue sur un intervalle I d’extrémités a et b dans
R (avec existence des limites dans le cas de bornes infinies). Alors, si f (a) > 0 et f (b) < 0
(ou l’inverse), il existe c ∈]a, b[ tel que f (c) = 0
2. (TVI, version 2) Soit f une fonction continue sur un intervalle I, et soit M = sup f (x) et
x∈I
m = inf f (x). Alors f prend toutes les valeurs de l’intervalle ]m, M [, i.e. :
x∈X
3. (TVI, version 3) L’image d’un intervalle quelconque par une fonction continue est un inter-
valle.
Corollaire 4.1.7 L’image d’un intervalle fermé borné par une fonction continue est un inter-
valle fermé borné.
(exitent car f est monotone). Alors f (I) est un intervalle d’extrémités α et β, et f est un homéo-
morphisme de I sur f (I).
4.2 Dérivabilité
4.2.1 Définitions
Dans ce qui suit, on se donne une fonction f : I → R, I étant un intervalle (fermé ou ouvert)
d’extrémités a et b
4.2 Dérivabilité 39
f (x)−f (x0 )
Définition 4.2.1 Soit x0 ∈]a, b[. On dit que f est dérivable en x0 si x−x0 admet une limite
finie lorsque x tend vers x0 . On note alors :
f (x)−f (x0 )
Définition 4.2.4 Soit x0 ∈ [a, b[. On dit que f est dérivable à droite en x0 si x−x0 admet
une limite à droite lorsque x tend vers x0 . On note alors :
Définition 4.2.6 On dit que f est dérivable sur un intervalle fermé I = [a, b] si f est dérivable
sur ]a, b[, et si f est dérivable à droite en a et à gauche en b. Cela définit donc la fonction dérivée
f ′ : [a, b] → R
Définition 4.2.8 On suppose que X = [a, b] est un intervalle fermé. On définit par récurrence la
dérivée n-ième de f en a. On dit que f est dérivable n fois en a si et seulement si f est dérivable
n − 1 fois sur un intervalle [a, a + ε[ (définissant ainsi f (n−1) sur [a, a + ε[), et si f (n−1) est dérivable
à droite en a. On note alors f (n) (a) cette dérivée à droite.
Définition 4.2.9 On dit que f est dérivable n fois sur [a, b] si f est dérivable n fois en tout point
de [a, b], y compris en a et en b. Cela définit une fonction f (n) : [a, b] → R.
On définit de la même façon la dérivabilité n fois sur tout type d’intervalle, borné ou non borné.
Définition 4.2.10 Soit f : I → R, où I est un intervalle. On dit que f est de classe C n sur I si
f est n fois dérivable sur I et si la dérivée n-ième f (n) est continue sur I.
40 Analyse – Chapitre 4. Révisions : fonctions d’une variable réelle
4.2.3 Propriétés
Proposition 4.2.11 (Régles usuelles de dérivabilité)
Soit f et g deux fonctions de I (d’extrémités a et b) dans R, et x0 ∈]a, b[. Soit n ∈ N∗ . Soit λ et
µ deux réels.
1. Si f est dérivable n fois en x0 , alors λf aussi et (λf (n) )(x0 ) = λf (n) (x0 ).
2. Si f et g sont dérivables n fois en x0 , alors f +g aussi et (f +g)(n) (x0 ) = f (n) (x0 )+g (n) (x0 ).
3. Si f et g sont dérivables en x0 , f g aussi et (f g)′ (x0 ) = f ′ (x0 )g(x0 ) + f (x0 )g ′ (x0 )
1. f est croissante sur [a, b] si et seulement si pour tout x ∈]a, b[, f ′ (x) > 0.
Si cette inégalité est stricte sauf en un nombre fini de points, alors f est strictement crois-
sante.
2. f est décroissante sur [a, b] si et seulement si pour tout x ∈]a, b[, f ′ (x) 6 0.
Si cette inégalité est stricte sauf en un nombre fini de points, alors f est strictement décrois-
sante.
Interprétation géométrique : f est convexe ssi la courbe reste sous les cordes.
42 Analyse – Chapitre 4. Révisions : fonctions d’une variable réelle
Corollaire 4.3.4 Soit I un intervalle ouvert, et f convexe sur I. Alors f est continue sur I.
Remarque 4.3.5 Le théorème et son corollaire sont faux si on ne suppose pas que I est ouvert.
Remarque 4.3.7 Les résultats ci-dessus se transcrivent évidemment au cas de fonctions concaves.
Dans ce cas, les dérivées à droite et à gauche sont décroissantes.
Définition 4.4.1 Soit f une fonction admettant en x0 une dérivée d’ordre n. Alors le dévelop-
pement de Taylor de f en x0 à l’ordre n est l’unique polynôme P de degré au plus n vérifiant les
conditions : P (x0 ) = f (x0 ), P ′ (x0 ) = f ′ (x0 ), . . . , P (n) (x0 ) = f (n) (x0 ).
n
X (x − x0 )k
Ce polynôme est donné explicitement par : ∀x ∈ R, P (x) = · f (k) (x0 ).
k!
k=0
Définition 4.4.2 Si f admet en x0 une dérivée d’ordre n, on note Rn la différence entre f et son
développement de Taylor :
n
X (x − x0 )k
∀x ∈ I, Rn (x) = f (x) − · f (k) (x0 ).
k!
k=0
L’objet des formules de Taylor est d’étudier ce reste. Cela a pour but d’estimer l’erreur faite en
approchant f par son développement de Taylor. Notamment, si f est de classe C ∞ sur I, est-ce
qu’en faisant tendre n vers +∞, le développement de Taylor tend vers f ?
Définition 4.4.3 Soit f une fonction de classe C ∞ sur I. Si pour tout xinI, limn→+∞ Rn (x) = 0,
alors :
+∞
X (x − x0 )n (n)
∀x ∈ I, f (x) = f (x0 ).
n=0
n!
Les trois formules suivantes donnent trois évaluations du reste de Taylor, plus ou moins précises
suivant que les hypothèses sont plus ou moins fortes. On commence par la moins précise des
formules de Taylor, aussi celle qui demande le moins d’hypothèses.
Remarque 4.4.5 En fait, l’existence de f (n) (x0 ) suffit à obtenir cette formule.
44 Analyse – Chapitre 4. Révisions : fonctions d’une variable réelle
Remarques 4.4.7 • L’hypothèse de classe C n+1 est un peu plus forte que nécessaire. Il suffit que
f soit de classe C n sur [a, b] et n + 1 fois dérivable sur ]a, b[.
• Avec la restriction des hypothèses donnée dans le remarque précédente, la formule de Taylor-
Lagrange à l’ordre 0 est exactement la formule des accroissements finis.
La dernière formule donne une expression exacte du reste, ne dépendant d’aucun paramètre exis-
tentiel. Étant la plus précise, c’est également celle qui nécessite les hypothèses les plus fortes.
Définition 5.1.1 Soit n ∈ N∗ Une norme sur Rn est une application N : Rn −→ R+ telle que :
1. ∀x ∈ Rn , N (x) = 0 ⇐⇒ x = 0 ;
2. ∀x ∈ Rn , ∀λ ∈ R, N (λx) = |λ|N (x) ;
3. ∀(x, y) ∈ (Rn )2 , N (x + y) 6 N (x) + N (y) (inégalité triangulaire).
Définition 5.1.4 Soit E un ensemble. Une distance sur E est une fonction d : E × E −→ R+
telle que :
1. ∀(x, y) ∈ E 2 , d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y ;
2. ∀(x, y) ∈ E 2 , d(x, y) = d(y, x) ;
3. ∀(x, y, z) ∈ E 2 , d(x, z) 6 d(x, y) + d(y, z) (inégalité triangulaire).
Un espace métrique (E, d) est un ensemble E muni d’une distance d.
Exemples 5.1.5 1. Toute norme N sur Rn définit une distance d par : ∀(X, Y ) ∈ (Rn )2 ,
d(X, Y ) = N (Y − X).
2. Par exemple, distance usuelle sur R : ∀(x, y) ∈ R2 , d(x, y) = |y − x|
3. Par exemple, distance usuelle sur C : ∀(x, y) ∈ C2 , d(x, y) = |y − x|
4. Par exemple, distance usuelle (euclidienne) sur Rn : ∀(X, Y ) ∈ (Rn )2 , X = (x1 , . . . , xn ), Y =
(y1 , . . . , yn ) : p
d(X, Y ) = (y1 − x1 )2 + · · · + (yn − xn )2 .
Par exemple, dans R, la boule ouverte de centre x et de rayon r est l’intervalle ]x − r, x + r[. Dans
Rn muni de la distance euclidienne, il s’agit de la notion usuelle de boule. On peut avoir des formes
un peu plus surprenantes pour d’autres distances.
∀x ∈ U, ∃ε > 0, B(x, ε) ⊂ U.
Définition 5.1.13 (valable dans tout espace métrique (E, d), en particulier dans Rn ) : Un sous-
ensemble F de E est borné s’il existe une boule ouverte contenant F , c’est-à-dire s’il existe x ∈ E
et R > 0 tels que F ⊂ B(x, R).
Il s’agit d’une paramétrisation de dA,U (description d’un ensemble à l’aide d’un ou plusieurs
paramètres réels)
Tout choix d’un point différent de la droite et d’un vecteur directeur différent (forcément colinéaire
à U ) donne une autre paramétrisation de la même droite
Définition 5.1.16 Soit E un sous-ensemble de Rn . On dit que E est convexe si pour tout (A, B) ∈
E 2 , le segment [A, B] est contenu dans E. Autrement dit, pour tout A et B de E, et pour tout
t ∈ [0, 1], tA + (1 − t)B ∈ E.
5.2 Graphes
Dans toute la suite de ce chapitre, Rn sera muni de sa structure euclidienne canonique,
et la norme considérée est la norme auclidienne associée à cette structure. La distance
considérée est la distance associée à cette norme.
On note ainsi : q
∀X = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn , kXk = x21 + · · · + x2n .
Enfin, on note hX, Y i le produit scalaire de X et Y dans Rn . Avec les notations précédentes :
hX, Y i = x1 y1 + · · · + xn yn .
Par exemple, si n = 2, le graphe est une surface (ou nappe) dans R3 , la hauteur au point (x, y)
étant donnée par la valeur de la fonction en ce point. Comparez à la notion de graphe pour les
fonctions à une seule variable !
Exemples 5.2.2 1. Si f est une fonction affine définie sur R2 par f (x, y) = ax + by + c, le
graphe de f est l’hyperplan affine d’équation z = ax + by + c.
2. Soit une partie du monde rapportée à un repère orthonormé (on néglige la courbure de la
Terre). On définit f sur cette partie du monde en posant f (x, y) égale à l’altitude au point
(x, y). Alors le graphe de f est la surface du sol.
points. Généralement, on indique des lignes où la hauteur de la surface va être la même (cela
revient à faire une coupe suivant un plan z = k).
Même si l’intérêt graphique semble moindre pour des fonctions de plus de 2 variables, on définit
de manière générale :
Définition 5.2.3 La courbe de niveau de hauteur k de f est la courbe de D constitué des points
(x1 , . . . , xn ) pour lesquels la valeur de f (x1 , . . . , xn ) est constante égale à k. C’est donc l’ensemble
{(x1 , . . . , xn ) ∈ D, f (x1 , . . . , xn ) = k}.
Il s’agit de la coupe du graphe par l’hyperplan affine d’équation xn+1 = k, projeté orthogonalement
sur le sous-espace vectoriel Rn des n premières coordonnées de Rn+1 .
L’indication d’un certain nombre de courbes de niveau sur le plan donne une représentation assez
fidèle du graphe, comme le montre en cartographie l’exemple de l’altitude : de nombreuses cartes
indiquent des courbes de niveau, plus ou moins resserrées, suivant la précision souhaitée. Ces
courbes de niveau donnent une assez bonne idée de l’altitude et des dénivelés (donc des variations
du graphe).
Exemples 5.2.4 Voici quelques exemples de courbes de niveau issus de la vie quotidienne :
• Courbes de niveau d’altitude, appelées courbes isohypses
• Courbes de niveau de température, appelées courbes isothermes
• Courbes de niveau de pression atmosphérique, appelées courbes isobares
• Courbes de niveau de quantité de précipitation, appelées courbes isohyètes
En pratique, D est généralement l’union de D et de son « bord ». Par exemple, dans R, l’adhérence
d’un intervalle sera l’intervalle fermé de mêmes extrémités.
Mais attention aux cas exotiques de sous-ensembles n’ayant pas un bord bien défini. Par exemple,
l’adhérence de Q dans R est R tout entier (cette propriété équivaut à la densité de Q dans R)
Dans ce qui suit D est un domaine de Rn .
Définition 5.3.2 Soit X ∈ D, X = (x1 , . . . , xn ). On dit que f admet une limite finie ℓ en X si :
Exemple 5.3.3 Pour tout α > 0, la fonction X 7→ kXkα de Rn dans R admet 0 pour limite en 0.
En s’inspirant du cas de fonctions à une variable, on pourrait définir de même une limite +∞ ou
−∞ en un point X.
Analyse – Chapitre 5. Fonctions de plusieurs variables : continuité, calcul
50 différentiel
Proposition 5.3.6 1. Soit f , g et h sont trois fonctions définies sur D ⊂ Rn telles que pour
tout Y ∈ D, f (Y ) 6 g(Y ) 6 h(Y ), et soit X ∈ D. Si f (X) = g(X) = h(X) et que f et h
sont continues en X, alors g est continue en X.
2. En particulier, si f et g sont telles que pour tout Y de D, |f (Y )| 6 g(Y ), et si g(X) = 0,
alors, si g est continue en 0, f aussi.
Corollaire 5.3.8 Soit i ∈ [[1, n]], et pri : Rn → R la projection sur le i-ième facteur, défini par
pri (x1 , . . . , xn ) = xi . Alors la fonction pri est continue sur Rn .
Remarque 5.3.9 Dans le résultat précédent, on utilise une majoration très utile : si X = (x1 , . . . , xn ),
alors pour tout i ∈ [[1, n]], |xi | 6 kXk. Souvenez-vous en !
Proposition 5.3.11 Soit (Uk )k∈N une suite à valeurs dans Rn ; pour tout k ∈ N, Uk = (x1,k , . . . , xn,k ).
La suite (Uk )k∈N converge vers X = (x1 , . . . , xn ) si et seulement si pour tout i ∈ [[1, n]], (xi,k )k∈N
converge vers xi .
Comme pour le cas des fonctions à une variable, ce critère est en pratique souvent utilisé pour
montrer qu’une fonction n’est pas continue en un point. On l’utilise aussi d’un point de vue
théorique, pour obtenir toutes les propriétés liées à la continuité, exposées dans le paragraphe
suivant.
Corollaire 5.3.15 Soit f une fonction de R dans R continue en a. Alors la fonction (x1 , . . . , xn ) 7→
f (xi ) est continue en tout point (x1 , . . . , xi−1 , a, xi+1 , . . . , xn ).
Ce résultat fournit une nouvelle méthode, très importante, pour justifier qu’une fonction f n’est
pas continue en un point (ou de manière équivalente, n’admet pas de limite en un point). En effet en
contraposant la propriété précédente, si u1 , . . . , un sont n fonctions d’une variable t ∈ I, continues
en t0 , et telles que pour tout t ∈ I, (u1 (t), u2 (t), . . . , un (t)) ∈ D, si la fonction d’une variable
f (u1 (t), . . . , un (t)) n’est pas continue en t0 , alors f n’est pas continue en (u1 (t0 ), . . . , un (t0 )).
Exemple 5.3.17 Soit f définie sur D = {(x, y) ∈ R2 | x + y > 0} ∪ {0}, par f (0) = 0 et pour
1
tout (x, y) tel que f (x, y) = 0, f (x, y) = x ln(x + y), et u1 : t 7→ t, et u2 : t 7→ −t + e− t2 , prolongée
par continuité en 0 par u2 (0) = 0.
Analyse – Chapitre 5. Fonctions de plusieurs variables : continuité, calcul
52 différentiel
Exemples 5.3.19 1. Par exemple, les courbes de niveau sont des fermés, puisqu’il s’agit des
ensembles f −1 ({k}), et que {k} est fermé.
2. Par exemple, si f est continue sur Rn , un ensemble du type {X ∈ Rn , f (X) < k} est ouvert,
alors que {X ∈ Rn f (X) 6 k} est fermé.
3. Exemples : les boules ouvertes et fermées
Théorème 5.3.20 (admis) Soit f une fonction continue sur un sous-ensemble fermé borné K ⊂
Rn . Alors f est bornée sur K et atteint ses bornes.
Proposition 5.4.2 Les Di définis ci-dessus sont des ouverts de R, et contiennent ai . En particu-
lier, ce sont des voisinages de ai . Ainsi, la i-ième fonction partielle en A est définie au voisinage
de ai .
∂f ∂f ′
(A) = (a1 , . . . , an ) = fA,i (ai )
∂xi ∂xi
f (a1 , . . . , ai−1 , ai + h, ai+1 , . . . , an ) − f (a1 , . . . , ai−1 , ai , ai+1 , . . . , an )
= lim .
h→0 h
Si f admet une dérivée par rapport à xi sur tout U , la dérivée partielle par rapport à xi définit
∂f
une fonction : : U → R.
∂xi
Si f admet des dérivées partielles par rapport à tous les xi sur tout U , alors le gradient définit
une application ∇ : U → Rn .
Proposition 5.4.7 Soit f : R → R une fonction de classe C 1 sur I. Alors, la fonction (x1 , . . . , xn ) 7→
f (xi ) est de classe C 1 sur Ri−1 × I × Rn−i .
Remarque 5.4.14 L’existence des dérivées partielles en A n’est pas suffisante pour assurer la
continuité. Ayez un contre-exemple en tête.
1. Si f est dérivable par rapport à xi en A et g est dérivable en f (A), alors g ◦ f est dérivable
par rapport à xi en A, et :
∂(g ◦ f ) ∂f
(A) = g ′ (f (A)) (A).
∂xi ∂xi
2. En particulier, si f est dérivable par rapport à tous les xi , i ∈ [[1, n]] en A et g est dérivable
en f (A), alors g ◦ f est dérivable par rapport à tous les xi en A, et :
Réexprimons ceci en notant pour tout t dans V , W (t) = (w1 (t), . . . , wn (t)). W est donc une fonc-
tion de R dans Rn . On définit, en tout point où cela est possible, W ′ par W ′ (t) = (w1′ (t), . . . , wn′ (t)).
Alors, l’égalité précédente se réécrit :
Cette quantité est appelée dérivée de f suivant la direction X, et est parfois notée :
′ ∂f
fX (A) = (A) = h ∇f (A), X i
∂X
∂f ∂f ∂f ∂f
Exemple 5.4.19 = fe′ 1 = et = fe′ 2 = , où e1 = (1, 0) et e2 = (0, 1).
∂x ∂e1 ∂y ∂e2
1. Le gradient indique la direction de plus forte variation, donc la direction pour laquelle la
dérivée directionnelle est la plus élevée.
2. La dérivée de f suivant une direction tangente à une courbe de niveau est nulle. Autrement
dit, le gradient est perpendiculaire aux courbes de niveau.
Ainsi, le gradient suit la direction de plus forte pente, et est perpendiculaire aux courbes de niveau.
Définition 5.5.1 (Dérivée seconde directionnelle) On dit que f admet une dérivée directionnelle
seconde en A dans la direction V , si la fonction t 7→ f (A + tV ) admet une dérivée seconde. On
note cette dérivée seconde fU′′ (A).
Définition 5.5.2 On dit que f est de classe C n sur l’ouvert U si toutes les dérivées partielles
d’ordre n existent sur U (en considérant tous les ordres possibles de dérivation par rapport aux
xi ), et si elles sont toutes continues sur U .
∂2f ∂2f
(A) = (A).
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi
C’est notamment le cas si f est une fonction de classe C 2 . C’est cette hypothèse que l’on vérifie
généralement.
5.5.3 Hessienne
Définition 5.5.6 Soit U un ouvert de Rn , et f : U → R une fonction de classe C 2 sur U . Soit
A ∈ U . La hessienne de f au point A est la matrice carrée d’ordre n définie par :
2
∂ f
HA = (A) .
∂xi ∂xj 16i,j6n
Définition 5.5.9 On définit qA la forme quadratique de Rn dont la matrice dans la base cano-
nique de Rn est la matrice hessienne HA .
Optimisation
5. On dit que f admet un maximum local en A s’il existe un voisinage V de A tel que :
∀X ∈ V, f (X) 6 f (A)
6. On dit que f admet un minimum local en A s’il existe un voisinage V de A tel que :
∀X ∈ V, f (X) > f (A)
60 Analyse – Chapitre 6. Optimisation
Ainsi, pour que f de classe C 1 sur un ouvert admette un extremum en un point A de cet ouvert,
il est nécessaire que ce point soit un point critique.
Par conséquent, la recherche des points critiques fournit (sur un ouvert) les seuls points candidats
à être des extrema locaux de f .
Attention, la réciproque est fausse : un point peut être un point critique sans que f
présente un extremum local en ce point.
Proposition 6.1.5 Soit f une fonction de classe C 1 sur un ouvert U de Rn , à valeurs dans R, et
C le graphe de f dans Rn+1 . Alors, si A ∈ U est un point critique de f , alors le graphe C présente
en (A, f (A)) un hyperplan tangent d’équation xn+1 = f (A). Ce plan est donc parallèle au plan
engendré par (e1 , . . . , en ).
Rappel : Le signe de qA peut être étudié à l’aide des valeurs propres de la matrice symétrique
associée à qA , c’est-à-dire les valeurs propres de la hessienne ∇2 f (A).
6.1 Recherche d’extrema locaux sur un ouvert 61
y2
Exemples 6.1.10 1. f : (x, y) 7→ 2x2 + 2xy + 2
y2
2. g : (x, y) 7→ 2x2 + 2xy + 2 − x4 .
Théorème 6.1.11 Soit A une matrice symétrique réelle. Alors A admet au moins une valeur
propre réelle.
Ainsi, dans le cas où D est un domaine quelconque (non nécessairement fermé borné), on peut
énoncer divers critères d’existence, en se ramenant à cette situation :
Corollaire 6.2.2 Soit f : D → R une fonction continue sur un domaine D de Rn . S’il existe
un sous-ensemble F de Rn tel que :
• F ⊂D
• F est fermé et borné
• ∃X0 ∈ F, ∀X ∈ D \ F, f (X) 6 f (X0 )
alors f admet un maximum global sur D.
Corollaire 6.2.3 Soit f : D → R une fonction continue sur un domaine D de Rn . S’il existe
un sous-ensemble F de Rn tel que :
• F ⊂D
• F est fermé et borné
• ∃X0 ∈ F, ∀X ∈ D \ F, f (X) > f (X0 )
alors f admet un minimum global sur D.
Ces deux résultats sont obtenus en considérant une restriction de f à un sous-ensemble fermé borné
F . La troisième hypothèse est une vérification du fait que le maximum (ou minimum) trouvé sur
F est aussi un maximum (ou minimum) sur D tout entier.
On peut aussi parfois se ramener à un domaine fermé borné par prolongement (par exemple un
prolongement par continuité au bord d’un domaine ouvert, ou partiellement ouvert, et borné). On
obtient :
Corollaire 6.2.5 Soit f : D → R une fonction continue sur un domaine D de Rn . S’il existe
un sous-ensemble F de Rn tel que :
• D⊂F
• F est fermé et borné
6.2 Recherche d’extrema globaux 63
Corollaire 6.2.6 Soit f : D → R une fonction continue sur un domaine D de Rn . S’il existe
un sous-ensemble F de Rn tel que :
• D⊂F
• F est fermé et borné
• f se prolonge en une fonction g continue sur F
• ∃X0 ∈ D, ∀X ∈ F \ D, g(X) > g(X0 ) = f (X0 )
alors f admet un minimum global sur D.
Ici, la quatrième hypothèse est la vérification que les points qu’on a rajoutés (ceux qui sont dans
F \ D) ne peuvent pas correspondre au maximum (ou minimum) trouvé sur F (ou, s’il s’agit d’un
maximum, le même maximum est atteint sur D en X0 ).
Exemple 6.2.7 Montrer que la fonction définie sur B(0, 2) (boule ouverte) par
x
∀(x, y) ∈ R2 , f (x, y) =
x2 + y2 + 1
Remarque 6.2.8 Pour montrer qu’une fonction f n’admet pas de maximum sur un domaine D,
il suffit de trouver une paramétrisation (u1 (t), . . . , un (t)) définie pour t ∈]a, b[, (intervalle borné
ou non) tel que
∀t ∈]a, b[, (u1 (t), . . . , un (t)) ∈ D, et lim f (u1 (t), . . . , un (t)) = +∞.
t→b ou a
Cette fonction n’admet pas de maximum ni de minimum sur D, car pour tout t ∈]0, 12 [, (t, −t+t3 ) ∈
D, et (t, −t − t3 ) ∈ D, et
t(−t + t3 ) 1
f (t, −t + t3 ) = 3
∼− donc: lim f (t, −t + t3 ) = −∞,
t 0 t t→0
et de même,
t(−t − t3 ) 1
f (t, −t − t3 ) = ∼ donc: lim f (t, −t − t3 ) = +∞,
−t3 0 t t→0
64 Analyse – Chapitre 6. Optimisation
Exemple 6.2.10 Recherche des extrema globaux de f définie sur [0, 1]2 par
f (x, y) = x3 − 4y 3 + xy.
Remarque 6.2.11 Si f est définie et de classe C 1 sur un ouvert, la première étape est parfois
inutile : si la fonction f n’admet pas de point critique sur U , on peut conclure directement que f
n’admet ni maximum ni minimum. Il peut donc être intéressant de déterminer d’abord les points
critiques, sachant que le fait de trouver des points critiques n’est en revanche pas suffisant pour
affirmer l’existence d’un minimum ou d’un maximum : si on trouve des points critiques, il faut
revenir à l’étape 1, pour justifier l’existence ou non, parmis ces points critiques, d’un maximum
ou d’un minimum.
Proposition 6.2.12 Soit f une fonction définie sur un domaine D de Rn et à valeurs dans un
sous-ensemble E de R. Soit g une fonction de E dans R. On définit la fonction F sur D par
F = g ◦ f , c’est à dire :
∀(x1 , . . . , xn ) ∈ D, F (x1 , . . . , xn ) = g(f (x1 , . . . , xn ).
Alors, si g admet un maximum global en t0 ∈ E, et si t0 ∈ Im(f ), alors F admet un maximum
global en tout point (x1 , . . . , xn ) tel que f (x0 , . . . , xn ) = t0 .
Plus précisément, si T est l’ensemble des points de R en lesquels g atteint son maximum, et si
T ∩ Im(f ) 6= ∅, alors les points en lesquels F admet un maximum sont exactement les points de
f −1 (T ).
6.2 Recherche d’extrema globaux 65
Remarque 6.2.16 La propriété de convexité de U est un peu plus forte que nécessaire. Il suffit
que U soit étoilé par rapport au point critique A, c’est-à-dire (A étant fixé égal au point critique)
que pour tout B ∈ U , [A, B] ⊂ U .
66 Analyse – Chapitre 6. Optimisation
Étude locale
Exemples 6.2.17
Étude globale
admet un minimum global en A (égal à 0). On est donc ramené aux techniques d’étude des extrema
globaux.
En particulier, on obtient (démonstration à refaire à chaque fois) :
Évidemment, vous avez reconnu l’analogue du théorème positionnant la courbe par rapport aux
droites tangentes dans le cas d’une fonction convexe d’une variable.
Ainsi, par une paramétrisation de l’ensemble C, on est souvent ramené à une étude des extrema
(sans contrainte) d’une fonction de moins de variables.
Dans le cas particulier où la contrainte C est un sous-espace affine (c’est-à-dire le translaté d’un
sous-espace vectoriel de Rn , ou encore l’intersection d’un certain nombre d’hyperplans affines),
nous disposons de techniques particulières.
Dans les cas les plus simples, ces techniques ne sont pas plus efficaces que l’utilisation d’une
paramétrisation (pour le cas d’une contrainte égale à une droite par exemple). Mais dans certains
cas un peu plus complexes (abstraits ou généraux), ces techniques peuvent s’avérer utiles.
Définition 6.3.3 On dit qu’une contrainte C ⊂ Rn est linéaire si et seulement si elle peut s’écrire
comme intersection d’un nombre fini p d’hyperplans affines.
Ainsi, une contrainte linéaire C sera déterminée par un certain nombre d’équations :
g1 (X) = b1
..
C: .
g (X) = b ,
p n
où, pour tout i ∈ [[1, p]], gi s’écrit sous la forme : gi (X) = ai,1 x1 + · · · + ai,n xn .
Ainsi, l’équation gi (X) = bi est l’équation d’un hyperplan affine.
Notation 6.3.4 Soit C une contrainte linéaire, déterminer par les p équations ci-dessus. On note
H l’ensemble des solutions du système homogène associé :
g1 (X) = 0
..
H: .
g (X) = 0,
p
Corollaire 6.3.6 Soit f une fonction de classe C 1 sur un ouvert U de Rn , et C une contrainte
linéaire. Si f admet un extremum local sous la contrainte C en A ∈ C ∩ U , alors :
∇f (A) ∈ H⊥ .
Définition 6.3.7 Soit f une fonction de classe C 1 sur un ouvert U de Rn , et C une contrainte
linéaire. On dit que A ∈ U ∩ C est un point critique de f sous la contrainte C si ∇f (A) ∈ H⊥ .
Ainsi, le fait que A est un point critique sous la contrainte C est une condition nécessaire pour que
f présente en A en extremum local sous la contrainte C.
Exemple 6.3.8 Déterminer les points critiques de f : (x, y) 7→ 3x2 − 2xy + y 2 sou la contrainte
C : y = 2x + 1.
68 Analyse – Chapitre 6. Optimisation
6.3.3 Description de H⊥
L’appartenance à H⊥ définissant la notion de point critique, il peut être intéressant d’avoir une
description facile à déterminer et à utiliser de H⊥ . On peut trouver une telle description à l’aide
des fonctions gi .
Proposition 6.3.9 Soit g définissant l’équation d’un hyperplan, donc une fonction polynomiale
homogène de degré 1, c’est-à-dire une fonction admettant une description de la forme suivante :
∀X = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn , g(X) = a1 x1 + · · · + an xn .
Proposition 6.3.10 Soit C une contrainte définie par une seule équation g(X) = b. Alors
H⊥ = Vect(∇g).
Plus généralement :
Proposition 6.3.11 Soit C la contrainte linéaire définie par les fonctions g1 , . . . , gp et les réels
b1 , . . . , bp , et H l’espace vectoriel associé. Alors :
H⊥ = Vect(∇g1 , . . . , ∇gp ).
Corollaire 6.3.12 Soit U un ouvert de Rn . Soit f une fonction de U dans R. Soit C une
contrainte définie par les équations gi (X) = bi , i ∈ [[1, p]]. Alors un point A ∈ U ∩ C est un point
critique de f sous la contrainte C si et seulement s’il existe des réels λ1 , . . . , λp tels que