Le Contrat en Droit Marocain 2016 2017
Le Contrat en Droit Marocain 2016 2017
Le Contrat en Droit Marocain 2016 2017
« Le contrat »
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Le code des obligations et des contrats ne définit pas directement le
contrat, mais l’article 1101 du code civil français nous indique que : « le contrat
est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent envers une
ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose »1. Cette
définition montre que le contrat est un acte juridique particulier, et une
convention.
En outre, pour que le contrat soit valable, il faut, d’une part, que les parties
soient capables de le conclure et, d’autre part, que leur consentement n’ait pas
été vicié par l’erreur, le dol ou la violence, et même dans certains cas, par la
lésion. Faute de l’une ou de l’autre de ces deux conditions, le contrat est
annulable.
1En droit anglais, un contrat est « une promesse ou un ensemble de promesses que le droit rendra
exécutoire » (a promise or set of promises that the law enforce).
2L’obligation est un lien de droit entre deux ou plusieurs personnes.
3L’article 2 du C.O.D dispose que « Les éléments nécessaires pour la validité des obligations qui dérivent
d'une déclaration de volonté sont : 1° La capacité de s'obliger ;2° Une déclaration valable de volonté
portant sur les éléments essentiels de l'obligation;3° Un objet certain pouvant former objet d'obligation
;4° Une cause licite de s'obliger ».
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La manifestation de volonté directe est celle qui est faite en vue de la
conclusion même du contrat. Le déclarant dit ce qu’il veut dire, soit, oralement,
soit par d’autres moyens.
A- L’erreur
L’erreur est une représentation fausse ou inexacte de la réalité. Elle
consiste à croire vrai ce qui est faux ou faux ce qui est vrai. On distingue deux
espèces d’erreurs : l’erreur de droit et l’erreur de fait. L’erreur de droit tombe
sur une règle de droit, l’erreur de fait tombe sur des faits matériels. « L'erreur de
droit donne ouverture à la rescision de l'obligation : 1° Lorsqu'elle est la cause
unique ou principale ; 2° Lorsqu'elle est excusable »5. Elle « peut donner
ouverture à rescision, lorsqu'elle tombe sur l'identité ou sur l'espèce, ou bien sur
la qualité de l'objet qui a été la cause déterminante du consentement »6. Et,
« L'erreur portant sur la personne de l'une des parties ou sur sa qualité ne donne
pas ouverture à résolution, sauf le cas où la personne ou sa qualité ont été l'une
des causes déterminantes du consentement donné par l'autre partie »7.
B- Le dol
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On appelle dol, « toute espèce d’artifice dont quelqu’un se sert pour
tremper autrui »8. Il s’étend depuis les simples affirmations mensongères
jusqu’aux machinations frauduleuses consistant dans l’emploi de faux témoins
ou de fausses pièces, employées pour faire naître l’erreur dans l’esprit d’une
personne et la déterminer à contracter. Il « donne ouverture à la rescision,
lorsque les manœuvres ou les réticences de l'une des parties, de celui qui la
représente ou qui est de complicité avec elle, sont de telle nature que, sans ces
manœuvres ou ces réticences, l'autre partie n'aurait pas contractée. Le dol
pratiqué par un tiers a le même effet, lorsque la partie qui en profite en avait
connaissance »9.
C- La violence
La violence et la contrainte physique ou morale exercée sur un individu
pour le déterminer à conclure un acte10. Elle est une cause de nullité, parce que
la crainte que fait naître la violence vicie la volonté du contractant. Il faut pour
cela deux conditions. D’abord la violence doit être « de nature à faire impression
sur une personne raisonnable »11. Et ensuite, Il faut que la violence soit injuste
ou illicite. En effet, « La violence ne donne ouverture à la rescision de l'obligation
que : 1° Lorsqu'elle en a été la cause déterminante ; 2° Lorsqu'elle est constituée
de faits de nature à produire chez celui qui en est l'objet, soit une souffrance
physique, soit un trouble moral profond, soit la crainte d'exposer sa personne,
son honneur ou ses biens à un préjudice notable, eu égard à l'âge, au sexe, à la
condition des personnes et à leur degré d'impressionnabilité »12. Par contre, « La
crainte révérencielle ne donne pas ouverture à rescision, à moins que des
menaces graves ou des voies de fait se soient ajoutées à cette crainte
révérencielle »13.
D- La lésion
On entend par lésion le préjudice qu’une personne peut éprouver quand
elle accomplit un acte juridique. Ce préjudice, dont on ne peut évidement
concevoir l’existence s’il s’agit d’actes à titre gratuit, peut se produire dans les
contrats à titre onéreux synallagmatiques et dans certains actes unilatéraux
8Pothier, Robert-joseph (un juriste français s'intéressa tout particulièrement au droit français né en 1699
et décédé en 1772).
9Article 52 du code des obligations et des contrats.
10Article 46 du code des obligations et des contrats.
11Articles 1112-1113 du code civil français.
12Article 47 du code des obligations et des contrats.
13 Article 51 du code des obligations et des contrats.
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comme l’acceptation ou la répudiation d’une succession, d’un legs universel ou
à titre universel.
Chapitre II : La capacité
La capacité est l’aptitude d’une personne à être titulaire de droit et à les
exercer. La capacité est le principe puisque « toute personne est capable
d’obliger et de s’obliger, si elle n’est pas déclarée incapable par la loi »15.
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Chapitre III : L’objet du contrat
Le législateur marocain, malheureusement, n’a pas défini d’une façon
claire l’objet du contrat, nous se référons au code civil français qui a bien précisé
l’objet du contrat dans l’article 1126. Ainsi, « tout contrat à pour objet une chose
qu’une partie s’oblige à donner, ou qu’une partie s’oblige à faire ou à ne pas
faire ».
Ainsi, les contrats peuvent avoir pour objet non seulement les choses
présentes, mais les choses futures19. On peut valablement, par exemple,
constituer une hypothèque pour garantir une créance non encore née,
notamment pour garantir une ouverture de crédit.
Pour qu’une chose ou une prestation puise être l’objet d’un contrat, trois
conditions sont requises. Il faut que les parties aient intérêt à la prestation
promise ; que la chose promise soit déterminée ou déterminable20 et que la
prestation soit possible.
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Section III : La théorie de l’autonomie de la volonté
Il faut préciser le contenu et les conséquences de cette théorie qui est
d’ordre philosophique. Le code des obligations et des contrats n’y fait aucune
allusion directe.
§1- Le contenu
Les juristes fondent le contrat sur la théorie de l’autonomie de la volonté :
le contrat repose sur la volonté de ceux qui s’engagent. Dans une formule
célèbre Fouillée, disciple de Kant, affirmait que « qui dit contractuel dit juste »,
que l’on pourrait compléter dans l’esprit de son auteur : « qui dit contractuel dit
efficace ».
21 Boris STARK, Henri ROLAND, Laurent BOYER, Obligations, 2- Contrat, 5ième éd, Litec, 1995, p.5.
22 Article 230 du code des obligations et des contrats.
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- Le principe d’effet relatif du contrat : seul celui qui a manifesté sa
volonté de s’engager dans un contrat est lié par ce contrat : « les
conventions n’ont d’effet qu’entre les parties contractantes »23.
Chapitre IV : La cause
La cause se rencontre dans toute obligation ayant sa source dans la
volonté de l’individu, qu’elle soit contractuelle ou qu’elle résulte d’une
disposition testamentaire. En effet, toutes les fois qu’une personne s’oblige, elle
le fait en vue d’un but immédiat, direct, qui la détermine à faire naître
l’obligation ; c’est ce but que l’on appelle la cause24. C’est le but que veut
atteindre le contractant en s’obligeant. Elle est l’élément principal de la
manifestation de volonté. En effet, si le contractant consent à s’obliger, c’est
pour arriver à tel ou tel but, qui varie suivant la nature du contrat qu’il passe.
L’obligation qu’il contracte est le moyen, la cause est la fin visée. La cause
sert de support à l’obligation ; si elle fait défaut ou si elle vient ensuite à
disparaître, l’obligation ne se forme pas ou elle s’éteint, car il ne peut pas y avoir
d’obligation sans cause.
La cause est illicite, dit le même article ci-dessus, « quand elle est prohibée
par la loi, quand elle est contraire aux bonnes mœurs ou à l’ordre public ».
L’obligation sans cause ou ayant une cause illicite est nulle et ne peut produire
aucun effet soit pour l’avenir, soit pour le passé. Il en résulte, d’une part, que si
le contrat n’a pas encore été exécuté, aucune des parties ne peut réclamer en
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justice cette exécution, d’autre part, que si l’exécution a eu lieu, la répartition de
ce qui a été payé peut être demandée.
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la perte effective que le créancier a éprouvée et le gain dont il a été privé, et qui
sont la conséquence directe de l'inexécution de l'obligation. L'appréciation des
circonstances spéciales de chaque espèce est remise à la prudence du tribunal : il
doit évaluer différemment la mesure des dommages-intérêts, selon qu'il s'agit de
la faute du débiteur ou de son dol. Les parties contractantes peuvent convenir
des dommages-intérêts dus au titre du préjudice que subirait le créancier en
raison de l'inexécution totale ou partielle de l'obligation initiale ou en raison du
retard apporté à son exécution. Le tribunal peut réduire le montant des
dommages-intérêts convenu s'il est excessif ou augmenter sa valeur s'il est
minoré comme il peut réduire le montant des dommages-intérêts convenu,
compte tenu du profit que le créancier en aurait retiré du fait de l'exécution
partielle de l'obligation. Toute clause contraire est réputée nulle »27.
dire : 1- la faute de son créancier, à supposer que l’inexécution proviennent exclusivement de cette
faute, car la faute du créancier n’exonère pas le débiteur de la sienne propre. 2- la faute d’un tiers, dont
le débiteur n’est pas responsable. 3- un cas fortuit ou de force majeure. L’article 1148 du code civil
français dit qu’il n’y a lieu à aucuns dommages et intérêts lorsque, par suite d’une force majeure ou d’un
cas fortuit, le débiteur a été empêché de donner ou de faire ce à quoi il était obligé ou a fait ce qui lui
interdit. La force majeure désignerait l’obstacle à l’exécution de l’obligation résultant d’une force
étrangère, et le cas fortuit l’obstacle interne, c’est-à-dire provenant des conditions mêmes de
l’exploitation du débiteur. La force majeure ce serait l’impossibilité absolue provenant d’un obstacle
irrésistible, imprévu et imprévisible (tempête, foudre, tremblement de terre, guerre, fait du prince).
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Les conséquences de l’inexécution du contrat ou le retard dans son
exécution donne au créancier le droit de contraindre le débiteur d’honorer ses
obligations.
Quelles sont les conditions requises pour que le créancier puisse réclamer
des dommages-intérêts ?
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soit plus possible à imposer. En effet, tant qu’il en est autrement, le créancier a
droit à la prestation promise, et le débiteur ne peut être condamné qu’à cette
prestation. Donc, en principe, la condamnation à des dommages-intérêts doit
être précédée d’une condamnation enjoignant au débiteur d’exécuter la
prestation par lui promise.
Nous allons choisir quelques types de contrats qui sont plus usuelles et
plus pratiqués dans la vie courante.
« Dans les contrats bilatéraux l'une des parties peut refuser d'accomplir
son obligation jusqu'à l'accomplissement de l'obligation corrélative de l'autre
partie, à moins que, d'après la convention ou l'usage, l'un des contractants ne
soit tenu d'exécuter le premier sa part de l'obligation. Lorsque l'exécution doit
être faite à plusieurs personnes, le débiteur peut refuser d'accomplir la prestation
due à l'une d'elles jusqu'à l'accomplissement intégral de la prestation corrélative
qui lui est due »30.
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Ou « Le contrat est synallagmatique ou bilatéral lorsque les contractants
s’obligent réciproquement les uns envers les autres »31, c'est-à-dire lorsqu’il crée
des obligations réciproques à la charge des deux parties32.
Le contrat à titre onéreux « est celui qui assujetti chacune des parties à
donner ou à faire quelque chose »40. La définition est proche de celle de contrat
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synallagmatique, mais les deux catégories ne coïncident pas toujours : un contrat
peut être synallagmatique et à titre gratuit (exemple : bail sans stipulation de
loyer).
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consensuel, qui se forme par la seule rencontre des volontés (exemple : contrat
de vente)42.
De plus cette distinction ne prend pas en compte une catégorie plus large
que celle de contrat successif, le contrat en cours, contrat dont une des
prestations est différée, qui intéresse les conflits de loi dans le temps et le droit
des « faillites ».
42 Article 478 du code des obligations et des contrats, dispose que «La vente est un contrat par lequel
l'une des parties transmet la propriété d'une chose ou d'un droit à l’autre contractant contre un prix que
ce dernier s’oblige à lui payer ».
43 Article 230 du code des obligations et des contrats.
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Section VII : Contrat simple et contrat conjonctif
Le contrat conjonctif est le contrat dans lequel plusieurs personnes sont
ressemblées au sein d’une partie plurale (exemple : co-entreprise, coassurance,
pool bancaire…).
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