2015 03 Metaux Non Ferreux Rapport

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TUDES CONOMIQUES

PROSPECTIVE
Mutations conomiques du secteur de lindustrie
des mtaux non ferreux

Rapport final

Direction gnrale de lAmnagement du Logement et de la Nature (DGALN)


Direction des Entreprises et de lconomie internationale (DEEI)
Commissariat gnral lgalit des territoires (CGET)
Association Franaise de lAluminium (AFA)
Alliance des Minerais, Minraux et Mtaux (A3M)

Ple interministriel de Prospective et d'Anticipation


des Mutations conomiques

Date de parution : mars 2015


Couverture : Hlne Allias-Denis, Brigitte Baroin
dition : Martine Automme, Nicole Merle-Lamoot
ISBN : 978-2-11-138576-4

Mutations conomiques du secteur de lindustrie


des mtaux non ferreux

Rapport final

Le Ple interministriel de Prospective et dAnticipation des Mutations conomiques (Pipame) a pour objectif
dapporter, en coordonnant laction des dpartements ministriels, un clairage de lvolution des principaux acteurs et
secteurs conomiques en mutation, en sattachant faire ressortir les menaces et les opportunits pour les entreprises,
lemploi et les territoires.
Des changements majeurs, issus de la mondialisation de lconomie et des proccupations montantes comme celles lies
au dveloppement durable, dterminent pour le long terme la comptitivit et lemploi, et affectent en profondeur le
comportement des entreprises. Face ces changements, dont certains sont porteurs dinflexions fortes ou de ruptures,
il est ncessaire de renforcer les capacits de veille et danticipation des diffrents acteurs de ces changements : ltat,
notamment au niveau interministriel, les acteurs socio-conomiques et le tissu dentreprises, notamment les PME. Dans
ce contexte, le Pipame favorise les convergences entre les lments microconomiques et les modalits daction de ltat.
Cest exactement l que se situe en premier laction du Pipame : offrir des diagnostics, des outils danimation et de
cration de valeur aux acteurs conomiques, grandes entreprises et rseaux de PME/PMI, avec pour objectif principal le
dveloppement demplois haute valeur ajoute sur le territoire national.
Le secrtariat gnral du Pipame est assur par la sous-direction de la Prospective, des tudes et de lvaluation conomiques
(P3E) de la direction gnrale des Entreprises (DGE).

Les dpartements ministriels participant au Pipame sont :


- le ministre de lconomie, de lIndustrie et du Numrique/Direction gnrale des Entreprises ;
- le ministre de lcologie, du Dveloppement durable et de lnergie ;
- le ministre de lAgriculture, de lAgroalimentaire et de la Fort ;
- le ministre de la Dfense/Direction gnrale de lArmement ;
- le ministre du Travail, de lEmploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social/Dlgation gnrale lEmploi
et la Formation professionnelle ;
- le ministre des Affaires sociales, de la Sant et des Droits des femmes/Direction gnrale de la Sant ;
- le ministre de la Culture et de la Communication/Dpartement des tudes, de la Prospective et des Statistiques ;
- le ministre de lducation nationale, de lEnseignement suprieur et de la Recherche ;
- le Commissariat gnral lgalit des territoires (CGET), rattach au Premier ministre ;
- le Commissariat gnral la stratgie et la prospective (CGSP), rattach au Premier ministre.

Avertissement
La mthodologie utilise, ainsi que les rsultats obtenus, relvent de la seule
responsabilit des prestataires (Sofred Consultants - Erdyn) qui ont ralis
cette tude. Ils nengagent pas le Pipame, ni lensemble des organismes layant
demande (*). Les parties intresses sont invites, le cas chant, faire part
de leurs commentaires la direction gnrale des Entreprises (DGE) qui a
coordonn le groupement de commandes de cette tude.

(*) Les organismes ayant demand cette tude sont :


- le ministre de lconomie, de lIndustrie et du Numrique - DGE ;
- le ministre de lcologie, du Dveloppement durable et de lnergie - DGALN ;
- le ministre des Affaires trangres et du Dveloppement international - DEEI ;
- le Commissariat gnral lgalit des territoires (CGET) ;
- lAssociation franaise de laluminium (AFA) ;
- lAlliance des Minerais, Minraux et Mtaux (A3M).

PIPAME

SOFRED Consultants

Membres du comit de pilotage


Nol Le Scouarnec

DGE, bureau de lanimation des tudes et de la prospective

Ange Mucchielli

DGE, bureau de lanimation des tudes et de la prospective

Alice Mtayer-Mathieu

DGE, bureau de lanimation des tudes et de la prospective

Benot Rogeon

DGE, bureau des Matriaux

Nolwenn Cezilly

DGE, bureau des Matriaux

Yveline Clain

Ministre de l'cologie, du Dveloppement durable et de l'nergie,


Direction gnrale de lAmnagement, du Logement et de la Nature Bureau des ressources minrales

Rmi Galin

Ministre de l'cologie, du Dveloppement durable et de l'nergie,


Direction gnrale de lAmnagement, du Logement et de la Nature Bureau des ressources minrales

Claire de Langeron

Alliance des Minerais, Minraux et Mtaux (A3M), dlgue gnrale

Nadia Mandret

Alliance des Minerais, Minraux et Mtaux (A3M), charge de


mission

Caroline Colombier

Association Franaise de lAluminium (AFA), dlgue gnrale

Cyrille Mounier

Association Franaise de lAluminium (AFA), charg de mission

Louis Marchal

Ministre des Affaires trangres et du Dveloppement international,


charg de mission ressources minrales

Adeline Defer

Ministre des Affaires trangres et du Dveloppement international,


charge de mission ressources minrales

Paule Porruncini

Commissariat Gnral lgalit des Territoires (CGET)

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SOFRED Consultants / ERDYN

La conduite des entretiens et la rdaction du prsent rapport ont t ralises par les cabinets de
conseil :

SOFRED CONSULTANTS
114, avenue Charles de Gaulle
92200 Neuilly-sur-Seine Cedex
Tl. : 01 79 62 02 00
Fax : 01 79 62 02 10
www.sofred.fr

ERDYN
23, rue Vergniaud
75013 Paris
Tl : 01 44 16 86 00
Fax : 01 44 16 86 01
www.erdyn.fr

Reprsents par :
Laurent Bastian, Sofred Consultants, directeur de mission
Martin Fougerolle, Sofred Consultants, senior
Stphane Boudin, Erdyn, senior
Jean Martinon, expert

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SOMMAIRE
RSUM ................................................................................................................................................ 15
PREMIRE PARTIE : OBJECTIFS, MTHODOLOGIE ET PERIMTRE DE LTUDE............... 19
1. RAPPEL DES OBJECTIFS ............................................................................................................... 20
2. PHASAGE ET MTHODOLOGIE ................................................................................................... 20
3. PRIMTRE DE LTUDE .............................................................................................................. 23
3.1. NOTIONS GNRALES SUR LINDUSTRIE DES MTAUX NON FERREUX ............................................ 23
3.2. DFINITION DU CHAMP DE LTUDE .............................................................................................. 24
3.3. MTAUX NON FERREUX CONCERNS ............................................................................................. 26
3.4. ACTIVITS INDUSTRIELLES CONCERNES ...................................................................................... 28
DEUXIME PARTIE : TAT DES LIEUX DE LA FILIRE ............................................................. 29
4. LES GRANDES VOLUTIONS DE LINDUSTRIE FRANAISE SUR LES DIX
DERNIRES ANNES ......................................................................................................................... 30
4.1. UN EFFRITEMENT RGULIER DE LA PRODUCTION FRANAISE DE MTAUX NON FERREUX .............. 30
4.2. UN EFFRITEMENT DE LA PRODUCTION IMPACTANT FORTEMENT LES EMPLOIS................................ 33
4.3. UN CHIFFRE DAFFAIRES DE LA PROFESSION (PRODUCTEURS) QUI STAGNE ET UNE RENTABILIT
TRS FAIBLE DONC PNALISANTE ......................................................................................................... 34
4.4. DES ENTREPRISES FRANAISES SOUS CONTRLE DE CAPITAUX TRANGERS (INDUSTRIELS OU
FONDS)................................................................................................................................................. 35
4.5. UNE RELATIVE STABILIT DES TONNAGES DE MATIRES PREMIRES RECYCLES (MPR)
UTILISS............................................................................................................................................... 36
4.6. DES MTIERS ET DES COMPTENCES QUI VOLUENT, DES FORMATIONS MARGINALISES............... 37
4.7. UN SECTEUR OU COHABITENT DES GRANDES STRUCTURES, VOIRE DES LEADERS EUROPENS OU
MONDIAUX, ET DES TPE/PME ............................................................................................................. 42
4.8. UN SOLDE COMMERCIAL DES CHANGES DE MTAUX NON FERREUX STRUCTURELLEMENT
DFICITAIRE ......................................................................................................................................... 42
4.9. UNE FORTE DPENDANCE DANS LES APPROVISIONNEMENTS, EN PARTICULIER DE MTAUX DITS
HIGH-TECH, NCESSITANT UNE ATTENTION TOUTE PARTICULIRE ...................................................... 44
4.10. DES RISQUES IMPORTANTS DE DLOCALISATION POUR LAMONT DE LA FILIRE ......................... 45
5. LES DBOUCHS COMMERCIAUX ............................................................................................. 46
5.1. SYNTHSE ..................................................................................................................................... 46

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5.2. LINDUSTRIE DES MTAUX NON FERREUX, UN MAILLON INDISPENSABLE DES GRANDS SECTEURS
MANUFACTURIERS AVAL ...................................................................................................................... 46
5.3. LAVENIR DE LINDUSTRIE DES MTAUX NON FERREUX PASSE PAR UN NIVEAU DE PRODUCTION
MANUFACTURIRE EN FRANCE, EN EUROPE, ET DE PLUS EN PLUS HORS EUROPE, SOUTENU ................ 47
5.4. LES MTAUX ET ALLIAGES DIFFRENT SELON LES SECTEURS UTILISATEURS ................................. 50
6. LE CONTEXTE MONDIAL DES MTAUX NON FERREUX DANS LEQUEL VOLUE
LINDUSTRIE FRANAISE ................................................................................................................ 55
6.1. SYNTHSE ..................................................................................................................................... 55
6.2. LES GRANDES TENDANCES DE LINDUSTRIE DES MTAUX NON FERREUX DANS LE MONDE ............ 56
6.3. LES COURS DES MATIRES PREMIERES .......................................................................................... 59
6.4. UN POINT SUR DAUTRES GRANDS PAYS INDUSTRIELS ................................................................... 69
7. LES SPCIFICITS DE LINDUSTRIE FRANAISE PAR RANG DE LA CHANE DE
VALEUR ................................................................................................................................................ 75
7.1. SYNTHSE ..................................................................................................................................... 76
7.2. DES ACTIVITS DEXPLORATION ET DEXPLOITATION MINIRE, PRATIQUEMENT ABANDONNES
DEPUIS PLUS D'UNE DCENNIE, QUI REDMARRENT .............................................................................. 77
7.3. UNE CAPACIT PRODUIRE DU MTAL PRIMAIRE QUI SE LIMITE QUELQUES MTAUX ................ 84
7.4. LA PREMIRE TRANSFORMATION DES MTAUX NON FERREUX : UN MILIEU TRS DISPARATE ........ 86
7.5. UN RECYCLAGE EN FIN DE VIE QUI SE DVELOPPE SUR LES MTAUX FORTE VALEUR AJOUTE,
MAIS DES CAPACITS DE PRODUCTION DE MTAL SECONDAIRE SOUVENT INSUFFISANTES ................... 93
7.6. DES RELATIONS ENTRE ACTEURS DE LA FILIRE ALLANT DE LA SIMPLE RELATION CLIENTFOURNISSEUR EN AMONT DES RELATIONS PLUS IMPLICANTES EN AVAL DE LA CHANE ..................... 99
TROISIME PARTIE : ANALYSE DE LA COMPTITIVIT DE LINDUSTRIE FRANCAISE . 109
8. LANALYSE DE LA COMPTITIVIT DE LINDUSTRIE FRANAISE ................................ 110
8.1. FORCES ET FAIBLESSES DE LINDUSTRIE FRANAISE ................................................................... 110
8.2. LEVIERS DE COMPTITIVIT PAR RANG DE LA CHANE DE VALEUR .............................................. 116
8.3. ANALYSE PAR LEVIER DE COMPTITIVIT : COMPTITIVIT PAR

LES COTS .............................. 122

8.4. COMPTITIVIT HORS COTS ...................................................................................................... 135


8.5. LA RENTABILIT MOYENNE PAR FILIRE EST FAIBLE POUR LES PRINCIPAUX MTAUX ................. 146
8.6. ANALYSE COMPARATIVE AVEC LESPAGNE ET LALLEMAGNE ................................................... 147
8.7. CONCLUSION GNRALE SUR LANALYSE DE COMPTITIVIT : COMPTITIVIT SUR LES
PRINCIPAUX FACTEURS CLES DE SUCCES, PAR RANG DE LA CHANE DE VALEUR ................................. 149
QUATRIME PARTIE : ANALYSE PROSPECTIVE 15-20 ANS ............................................... 155
9. ILLUSTRATION PAR QUATRE CAS PRATIQUES.................................................................... 156
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9.1. LES CBLES POUR RSEAUX DE TRANSPORT ET DE DISTRIBUTION DLECTRICIT (AVANT


COMPTEUR) ........................................................................................................................................ 157
9.2. LES CBLES POUR RSEAUX EMBARQUS (TRANSFERT DNERGIE ET DE DONNES) ................... 159
9.3. LUTILISATION DE LALUMINIUM DANS LAUTOMOBILE (HORS PICES MOTEUR) ........................ 160
9.4. LES NOUVELLES APPLICATIONS EN MTALLURGIE DES POUDRES ................................................ 160
10. TENDANCES PROSPECTIVES POUR LENSEMBLE DE LA FILIRE ................................. 161
10.1. CONTEXTE GNRAL DE LA PROSPECTIVE ................................................................................. 161
10.2. DTERMINANTS CONCERNANT LENSEMBLE DE LA FILIRE ...................................................... 162
10.3. OPPORTUNITS ET MENACES POUR LA FILIRE FRANAISE ....................................................... 163
10.4. GRANDES TENDANCES POUR SIX MTAUX NON FERREUX .......................................................... 165
CINQUIME PARTIE : ENJEUX, LEVIERS DACTIONS ET RECOMMANDATIONS.............. 171
11. LES ENJEUX DE LA FILIRE ................................................................................................... 172
12. LEVIERS DACTIONS ................................................................................................................. 178
RECOMMANDATIONS PAR LEVIER DACTION ......................................................................... 184
12.1. RECOMMANDATIONS GNRALES ............................................................................................. 184
12.2. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 1 : RELANCER LES ACTIVITS DEXPLORATION
MINIRE ............................................................................................................................................. 188
12.3. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 2 : AGIR SUR LES FACTEURS DE COMPTITIVIT
DES ACTIVITS DE PRODUCTION DE MTAL PRIMAIRE ........................................................................ 194
12.4. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 3 : AGIR SUR LES FACTEURS DE COMPTITIVIT
COTS DES ACTIVITS DE PREMIRE TRANSFORMATION DES MTAUX NON FERREUX......................... 196
12.5. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 4 : SAUVEGARDER LES ENTREPRISES PPITES .. 198
12.6. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 5 : SOUTENIR LINNOVATION ........................... 200
12.7. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 6 : ACCROTRE LA DISPONIBILIT DES
MATIRES PREMIRES DE RECYCLAGE ............................................................................................... 203
12.8. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 7 : MIEUX FAIRE CONNATRE LA VALEUR
AJOUTE DES MTAUX NON FERREUX DANS LES PRODUITS INDUSTRIELS FRANAIS PHARES .............. 207
12.9. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 8 : RENFORCER LES COSYSTMES LOCAUX .... 211
12.10. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 9 : MIEUX SCURISER LACCS AUX
MATIRES PREMIRES (HORS NERGIE) .............................................................................................. 214
12.11. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 10 : STIMULER LES INVESTISSEMENTS
INDUSTRIELS PRODUCTIFS .................................................................................................................. 216
12.12. RECOMMANDATIONS RELATIVES AU LEVIER 11 : SAUVEGARDER LES COMPTENCES
INDUSTRIELLES .................................................................................................................................. 217
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TABLES ............................................................................................................................................... 221


13. INDEX DES FIGURES.................................................................................................................. 222
14. LISTE DES PERSONNES CONSULTES .................................................................................. 224
15. BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................................................... 226

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RSUM
Un maillon essentiel de la chane industrielle
Le secteur des mtaux non ferreux est un fournisseur incontournable dautres secteurs majeurs de
lindustrie franaise. Par les innovations technologiques quil porte, il met galement disposition
de ces secteurs aval des solutions innovantes et apparat ainsi comme un maillon essentiel de la
chane industrielle.
Les mtaux non ferreux, quil sagisse des mtaux traditionnels ou haute intensit technologiques
(dits high-tech), trouvent leurs applications dans de nombreux secteurs industriels comme les
matriels de transport, le btiment, l'aronautique, l'automobile, les matriels lectriques et
lectroniques, les quipements domestiques et emballages ou encore les industries mcaniques. Plus
particulirement, lutilisation des mtaux high-tech (ou les alliages utilisant ces mtaux) permet
dinduire des caractristiques mcaniques et physico-chimiques propices aux innovations
technologiques et aux technologies de rupture.
De profondes recompositions de lappareil productif
Lindustrie franaise des mtaux non ferreux a connu, durant cette dernire dcennie, des volutions
marquantes de ses marchs et un contexte concurrentiel mondial renforc qui ont conduit de
profondes recompositions de son appareil productif.
Au niveau mondial, le dplacement du centre de gravit de la croissance conomique vers les pays
mergents et le ralentissement de la croissance de la demande li la crise conomique ont
engendr, en France et en Europe, une baisse dactivit de la quasi-totalit des secteurs
consommateurs de mtaux non ferreux.
Cette volution t marque en France par un recul de la production de mtaux non ferreux et une
rosion du tissu industriel, malgr dimportants efforts de rationalisation et doptimisation pour
restaurer des marges de comptitivit. Cet effritement de la production domestique (baisse de
24,6 % entre 2001 et 2010), conjugu une diminution des effectifs, sinscrit dans un contexte de
dficit du solde commercial des changes de mtaux (dficit de 3,4 milliards deuros en 2011 et
denviron 2,3 milliards en 2012).
Depuis la disparition des grands groupes mtallurgiques intgrs tels que Pechiney, les acteurs
franais ont souvent spcialis leur activit sur un mtal ou sur une tape de fabrication.
En amont de la chane de valeur, les activits dextraction minire de mtaux non ferreux sur le
territoire national sont quasi exclusivement concentres dans les circonscriptions doutre-mer. Elles
sont positionnes sur le nickel en Nouvelle-Caldonie, territoire reprsentant le second potentiel de
ressources au monde, et lor en Guyane.
Sagissant de la fabrication de mtal primaire en France, les volumes produits sont en dcroissance
et la palette de mtaux de plus en plus rduite. Les principales productions concernent laluminium
primaire, pour lequel subsistent deux sites sur le territoire, et galement le chrome, le nickel, le zinc,
le zirconium et lor. Les sites de fabrication correspondants sont principalement situs dans le
Nord - Pas-de-Calais et en rgion Rhne-Alpes.
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Plus en aval, la premire transformation aboutit la production de produits semi-finis sous la forme
de pices moules, de lingots, de billettes, de fils, de plaques, de barres, de tubes, etc., et fait appel
diffrents mtiers : trfilage, tirage, extrusion, profilage, matriage, forgeage, laminage, fonderie.
Elle est caractrise par la prsence de grands oprateurs internationaux (comme KME pour le
cuivre, SAPA pour laluminium, ERAMET sur le titane et les superalliages, Umicore pour le
zinc) et dune multitude de petites et moyennes entreprises (PME), par exemple, plus de 300
fonderies travaillent les mtaux non ferreux. Leur rpartition gographique est relativement diffuse
sur lensemble du territoire. Certaines activits sont particulirement soumises la concurrence
trangre, limage des fileurs daluminium qui font lobjet dune concurrence espagnole aigu sur
le march franais.
Ces mutations ont dbouch sur une situation financire des entreprises souvent dgrade, avec une
rentabilit globalement faible. Il apparat donc ncessaire de restaurer le niveau de rentabilit de ces
entreprises sur le territoire national afin de leur permettre, dune part, de rpondre leurs besoins de
trsorerie pour faire face notamment aux volutions, souvent erratiques, des cours des matires
premires et, dautre part, de procder aux investissements dinnovation susceptibles de soutenir
leur comptitivit.
Le besoin dune comptitivit renforce
Les achats de mtaux gnrent le poste de cot prpondrant pour les diffrents rangs de la chane
de valeur. Or, pour nombre de mtaux de base concerns, les cours sont dtermins sur des places
boursires internationales, comme par exemple le LME (London Metal Exchange), laissant peu de
latitude aux industriels pour ngocier les prix dachat de matire correspondants. Lvolution de ces
cours est marque par une hausse tendancielle, avec nanmoins lexistence de cycles et dpisodes
de forte volatilit.
La comptitivit par les prix des acteurs repose alors essentiellement sur leur facult matriser les
cots opratoires hors mtal, portant principalement sur la main-duvre et sur lnergie. Or, le
cot du travail se situe en France un niveau relativement lev et celui de lnergie prsente un
avantage amoindri comparativement dautres pays. Par ailleurs, le renforcement des obligations
environnementales a engendr des investissements spcifiques pour les industriels du secteur, sans
pour autant amliorer directement leur comptitivit.
Ces contraintes de cots psent sur la capacit des industriels franais faire face une concurrence
internationale croissante, notamment sur les crneaux de production plus faible valeur ajoute o
la comptitivit par les prix est dterminante.
Ces industriels disposent cependant datouts srieux pour diffrencier leur offre au regard de leurs
concurrents et renforcer leur comptitivit. Plusieurs points forts caractrisent en effet lindustrie
franaise des mtaux non ferreux et mritent dtre considrs, notamment :
-

des secteurs stratgiques par leurs marchs finals (construction, transports, nergie, etc.) ;
une matrise des outils et des technologies ;
une capacit dinnovation des industriels ;
de fortes comptences acadmiques dans certains domaines ;
une qualit des produits reconnue (plusieurs socits franaises se situant parmi les leaders
mondiaux de leur secteur) ;
une capacit de diffrenciation par le service ;

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une mise en uvre de bonnes pratiques dans les domaines de la scurit et de


lenvironnement ;
un dynamisme de certains secteurs situs en aval, localiss en France et en Europe, comme
laronautique ;
des industriels souvent leaders sur leurs marchs (Europe ou monde).

La mise en uvre de ces facteurs de succs est cependant en partie conditionne par la facult
quauront les acteurs, privs et publics, valoriser limage de lindustrie des mtaux non ferreux
afin, dune part, dassurer une attraction de comptences la hauteur des enjeux technologiques et,
dautre part, de mieux faire connatre la valeur ajoute que ce secteur permet de gnrer en aval de
la chane de valeur.
Faire face aux dfis venir
Lanalyse prospective lhorizon de 15-20 ans fait ressortir diffrents facteurs qui devraient agir sur
les marchs des mtaux non ferreux.
En termes de volumes, les applications dans les infrastructures bnficieront dune croissance
rapide dans les pays mergents, alors que dans les pays matures, les marchs reposeront davantage
sur des remplacements, des amliorations, des adaptations de nouveaux modes de consommation
et production, avec une croissance plus faible.
Concernant les biens de consommation et dquipement des mnages, tels que lautomobile, la
croissance mondiale en volume sera principalement tire par les pays mergents.
Dans les pays matures, les facteurs de croissance dpendront notamment des rponses et solutions
qui pourront tre apportes aux besoins de nouveaux modes de consommation et de production, tels
que loptimisation et lefficacit des matriaux, les dveloppements technologiques combins la
monte en puissance des technologies de linformation et de la communication (TIC), ou encore la
capacit de satisfaire aux exigences environnementales (allgement des matriaux).
Les acteurs franais disposent datouts et de potentialits pour raliser des productions haute
intensit technologique et forte valeur ajoute. De nombreuses applications dveloppes en France
peuvent ainsi tre mises en exergue, par exemple, dans lindustrie des cbles ou la fourniture
dalliages de haute performance. Le dfi pour les acteurs franais est alors dacqurir ou de
confirmer un avantage comptitif par rapport des concurrents, y compris issus de pays mergents,
prompts progresser sur une courbe dexprience comparable et rivaliser sur des crneaux
identiques.
Dans le domaine des mtaux non ferreux, la diffusion de nouvelles technologies et/ou de nouveaux
matriaux (comme la fabrication additive ou encore les nouveaux alliages aronautiques base
daluminium) bnficie du rle actif de quelques donneurs dordres, acteurs institutionnels et
centres techniques. Globalement, les projets et les initiatives mergent en ordre dispers, et une
meilleure coordination au niveau national serait souhaitable.
De nombreux mtaux non ferreux (cuivre, aluminium, mtaux prcieux et high-tech) bnficient de
lapport des TIC, et notamment de llectronique embarque, tous types de vhicules confondus
(aronefs, trains, automobiles, etc.).
Pour se saisir pleinement des opportunits qui lui sont offertes, lindustrie franaise des mtaux non
ferreux doit ainsi rpondre plusieurs enjeux cls.

Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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Ces enjeux concernent notamment :


-

la scurisation et la comptitivit des approvisionnements (approvisionnement en


minerai/mtal primaire, approvisionnement en matires premires de recyclage,
approvisionnement en nergie, logistique et transport) ;
la mobilisation dune main-duvre et de comptences permettant de mettre en uvre les
performances technologiques que le secteur est susceptible de porter ;
le maintien et le dveloppement dactivits industrielles (maintien dactivits sur le sol
franais, rindustrialisation, rentabilit conomique, dveloppement de la diversification des
produits, dveloppement de nouvelles activits de recyclage) ;
limage de la profession et de lindustrie (acceptation socitale, attraction de capitaux
trangers) ;
les enjeux rglementaires (flux de matires et de dchets transfrontaliers, rglementations
environnementales, rglementation des entreprises) ;
les enjeux en matire de recherche et de dveloppement (R & D) : innovation de produit,
innovation de procd.

Lidentification de onze leviers dactions


Pour rpondre aux enjeux caractriss de lindustrie des mtaux non ferreux, onze leviers dactions
ont t identifis. Ils concernent lensemble de la chane de valeur ou plus spcifiquement certains
de ses rangs.
-

Levier 1 : Relancer les activits dexploration minire


Levier 2 : Agir sur les facteurs de comptitivit cots des activits de production de mtal
primaire
Levier 3 : Agir sur les facteurs de comptitivit cots des activits de premire
transformation des mtaux non ferreux
Levier 4 : Sauvegarder nos entreprises ppites
Levier 5 : Soutenir linnovation produits
Levier 6 : Accrotre les matires premires de recyclage disponibles
Levier 7 : Mieux faire connatre la valeur ajoute des mtaux non ferreux dans les produits
industriels franais phares
Levier 8 : Renforcer les cosystmes locaux
Levier 9 : Mieux scuriser laccs aux matires premires
Levier 10 : Stimuler les investissements industriels productifs
Levier 11 : Sauvegarder les comptences industrielles

Les professionnels du secteur devront tre les acteurs de leur propre futur, en se donnant les moyens
de saisir les opportunits actuelles dans les marchs porteurs et dvelopper la comptitivit
franaise. Un accompagnement adapt et cibl des pouvoirs publics parat aussi pertinent pour agir
sur les leviers dactions.

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PREMIRE PARTIE : OBJECTIFS,


MTHODOLOGIE ET PERIMTRE DE
LTUDE

Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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1. RAPPEL DES OBJECTIFS


Dans une ambition de rindustrialisation de la France, le secteur des mtaux non ferreux prsente de
nombreux atouts et des perspectives de dveloppement significatives. Afin de contribuer
llaboration dune stratgie de dveloppement du secteur moyen-long termes, les six organismes
suivants ont souhait sassocier pour conduire une tude analytique et prospective sur les industries
des minerais et des mtaux non ferreux :
Le Ministre lconomie, de lIndustrie et du Numrique / Direction Gnrale des
Entreprises (DGE)
Le Ministre de lcologie, du Dveloppement Durable et de lnergie / Direction gnrale
de l'amnagement, du logement et de la nature (DGALN)
Le Commissariat Gnral lgalit des Territoires (CGET)
Le Ministre des Affaires trangres / Direction des entreprises et de lconomie
internationale (DEEI)
LAlliance des Minerais, Minraux et Mtaux (A3M)
LAssociation franaise de laluminium (AFA)
Cette tude, confie au groupement Sofred Consultants Erdyn a permis dtablir un diagnostic des
forces et faiblesses des entreprises, de donner une vision prospective du secteur et de dgager des
mesures oprationnelles permettant le succs des filires davenir. Cette tude a conduit ainsi de :
tablir un diagnostic prcis et territorialis de lvolution du secteur de lextraction, de la
production, de la transformation et du recyclage des mtaux non ferreux, les profils des
acteurs et leur positionnement sur leur march ;
Identifier les grands enjeux des acteurs des mtaux non ferreux au regard des besoins
volutifs des industries aval et de la concurrence des pays mergents et des pays dtenteur
des ressources minrales ;
Dresser une vision prospective, un horizon de 15-20 ans, de la filire des mtaux non
ferreux et la contribution potentielle de ce secteur la rindustrialisation de la France et au
dveloppement conomique des territoires ;
Dgager des pistes dactions visant capter le potentiel de dveloppement au bnfice de
lensemble de la chane industrielle, ou encore initier des actions collectives entre les acteurs
et/ou des partenariats avec lindustrie aval (innovation, co-investissement, exportation).

2. PHASAGE ET MTHODOLOGIE
La mission a t mene en 5 volets sur 12 mois de juillet 2013 juillet 2014, en troite relation avec
le Comit de pilotage (voir figure 1).
Volet 1 : Diagnostic conomique de la filire
Volet 2 : Analyse de limpact rglementaire
Volet 3 : Analyse en matire de R&D et dinnovations technologiques
Volet 4 : Prospective 15 20 ans
Volet 5 : Recommandations pour les Pouvoirs Publics
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La dmarche daccompagnement de Sofred Consultants/Erdyn a consist :


Prciser le champ de ltude en termes de mtaux non ferreux et de chane de valeur de la
transformation des mtaux,
Caractriser les grandes tendances dvolution de la filire et analyser les facteurs de
comptitivit de lindustrie franaise,
Effectuer une analyse comparative avec la situation dautres pays,
Mettre en perspective les tendances dvolution de loffre produits et de la demande des
industries aval au regard des enjeux de la filire identifis,
tablir des prconisations dactions aux Pouvoirs Publics,
Restituer les rsultats de ltude lors de runions de comits de pilotage et dateliers de
travail.
Plusieurs types de moyens ont t employs pour raliser lensemble de cette tude.
Sofred Consultants/Erdyn a bas son tude sur une importante analyse bibliographique du secteur
en France et lanalyse de base de donnes et statistiques (notamment Eurostat, ESANE, Douanes).
Ont galement t mens prs de soixante entretiens auprs dindustriels du secteur, dorganismes
professionnels et dacteurs du secteur public aux niveaux national et europen, incluant des ples de
comptitivit, des organismes de recherche et/ou de transfert.
Lapproche de la comptitivit franaise a fait lobjet de benchmarks cibls. Trois couples
pays/matriaux ont t retenus en accord avec le comit de pilotage : Allemagne (pour le plomb) et
Espagne (pour le cuivre et le filage daluminium). Ces benchmarks ont donn lieu des changes
avec les correspondants des organismes professionnels europens des mtaux concerns, tels que
lInternational Copper Study Group (ICSG) et lInternational Lead and Zinc Study Group (ILZSG).

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Lanalyse de limpact de lenvironnement rglementaire sur les activits industrielles concernes,


depuis lextraction minire jusquaux premires tapes de transformation, a t mene en mettant
particulirement laccent sur les contraintes environnementales, quil sagisse dmissions
industrielles ou de dchets, et la rgulation du commerce international et de laccs aux ressources.
Le point de vue adopt a t de raliser une comparaison internationale en analysant comment se
dcline un mme type de contrainte dans diffrents pays, et quel en est limpact du point de vue de
lindustrie locale. ce titre, une cible de huit pays a t retenue : quatre au sein de lUnion
Europenne (Allemagne, Espagne, Pologne, Sude), deux sur le continent amricain (tats-Unis,
Brsil) et deux en Asie (Chine, Japon). Ce choix a permis dillustrer une certaine reprsentativit,
du point de vue du dveloppement conomique et de la gestion des ressources. Lensemble de ces
dveloppements ont donn lieu au rapport du volet 2.
Lanalyse globale de la position franaise en matire de R&D et dinnovation a t prcde dune
srie dtudes de cas rpartis parts gales entre sujets procds (Hydromtallurgie, Mtallurgie
des poudres, et Recyclage) et applications (Stockage lectrochimique de lnergie, Alliages
hautes performances, et Conducteurs pour les cbles lectriques). Sofred Consultants/Erdyn a
particip une runion de la Commission Comptitivit et Innovation instaure au sein de lA3M
pour dbattre du choix des cas tudier. La liste dfinitive a t constitue suite la consultation
des membres du Comit de pilotage de la mission, ayant permis daboutir un consensus sur le
choix des sujets. Lensemble de ces dveloppements ont donn lieu au rapport du volet 3.
La prospective 15-20 ans, qui a donn lieu au rapport du volet 4, a t illustre par ltude
dtaille de quatre cas pratiques de chane de valeur, galement retenus, sur proposition de
Sofred/Consultants/Erdyn, par le Comit de pilotage. Ces cas ont t abords notamment en termes
dvolutions de la demande du march en fonction de diffrents secteurs applicatifs, et de capacits
des acteurs franais y rpondre en tenant compte de la concurrence. Il sest agi des cbles pour
rseaux dnergie (avant compteur) et des cbles pour rseaux embarqus (transfert dnergie et de
donnes), lutilisation de laluminium dans lautomobile (hors pices moteur), et les nouvelles
applications en mtallurgie des poudres. Ces quatre cas ont t retenus pour les raisons majeures
suivantes :
Les cbles pour rseaux de transport et de distribution dlectricit (avant compteur) : des
produits destins aux infrastructures, o cohabitent deux mtaux (cuivre et aluminium), sur
des marchs forts volumes, notamment avec les potentialits associes aux pays
mergents ;
Les cbles pour rseaux embarqus (transfert dnergie et de donnes) : un secteur des
transports, o la recherche de gain de poids est primordiale, et o la substitution peut
engendrer des volutions dans le choix des matires premires ;
Lutilisation de laluminium dans lautomobile (hors pices moteur) : un secteur automobile
o la recherche dallgement engendre une monte en puissance de nouveaux matriaux
(dont laluminium et ses alliages), sur des marchs forts potentiels ;
Les nouvelles applications en mtallurgie des poudres : un secteur o la France possde de
relles comptences (Sintertech, ERAMET avec Eurotungstne, A&D, Erasteel) et o
linnovation produits / process joue un rle primordial.
Un atelier de travail avec les reprsentants de lensemble des commanditaires de ltude visant
enrichir les recommandations et les pistes daction a t anim par Sofred Consultants/Erdyn lors
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du volet 5 de ltude. Pour rpondre aux quatorze enjeux majeurs rsultant de nos analyses sur le
pass, le prsent et le futur de la filire, onze leviers dactions ont t caractriss et ont fait lobjet
dune dclinaison en quarante-trois mesures mettre en uvre par ou sous le pilotage des Pouvoirs
Publics. Chaque mesure a fait lobjet dune fiche dtaille. Lensemble de ce travail a donn lieu au
rapport du volet 5.
Enfin, Sofred Consultants/Erdyn et le Comit de Pilotage ont t en relation troite tout au long de
ltude.

3. PRIMTRE DE LTUDE
3.1. NOTIONS GNRALES SUR LINDUSTRIE DES MTAUX NON FERREUX
Comme le terme employ lindique, les mtaux non ferreux sont dfinis par opposition aux mtaux
ferreux qui comprennent le fer, les aciers, les fontes, les ferro-alliages, utiliss en sidrurgie et
fonderie de fonte. Il en rsulte que le nombre de mtaux non ferreux est lev.
Les quatre principaux mtaux non ferreux de base en termes de volumes sont laluminium, le
cuivre, le zinc, le plomb. Les mtaux prcieux se caractrisent par des prix levs : or, argent,
platine, palladium, autres platinodes. De nombreux autres mtaux jouent un rle important dans
certaines applications bien spcifiques (pour en citer quelques-uns : le nickel pour les superalliages
utiliss dans les parties chaudes de moteurs aronautiques ou de turbines industrielles, le titane pour
la construction aronautique, le zirconium pour les tubes contenant le combustible nuclaire,
luranium sous forme doxyde comme combustible de fission nuclaire, etc.).
Les mtaux non ferreux sont principalement utiliss dans les industries des transports (automobile,
aronautique, navale et ferroviaire), dans la fabrication de matriels lectriques et lectroniques, et
dans la construction.
Notons ds prsent que trs souvent les mtaux, dans leurs applications mtallurgiques, sont
utiliss sous forme dalliages. De nombreux mtaux non ferreux sont principalement utiliss comme
lments daddition dans des alliages dont la base (le constituant principal) est un autre mtal ; dans
ce qui suit, nous classerons les alliages avec le mtal qui en est le constituant principal : par
exemple le bronze et le laiton avec le cuivre.
Un certain nombre de mtaux non ferreux, de par leurs caractristiques chimiques ou mcaniques,
ne sont pas lobjet dune filire mtallurgique propre, cest--dire ne sont pas transforms en semiproduits mtallurgiques puis en produits finis. Cest le cas par exemple du sodium ou du potassium
(mtaux dits alcalins) qui sont utiliss comme ractifs chimiques en raison de leur caractre de
puissants rducteurs, ou pour le sodium en tant que fluide caloporteur. La prsente tude concerne
la filire production-transformation-recyclage des mtaux non ferreux et exclut les mtaux non
ferreux dont les applications sont hors mtallurgie, comme luranium, le sodium, etc.
Lactivit industrielle relative aux mtaux consiste gnralement en lextraction dun minerai, qui
est ensuite trait pour obtenir le mtal ; ce dernier est raffin et ventuellement alli dautres
lments avant de subir une premire transformation qui lui confre une forme standard (fils, barres,
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produits plats, etc.). Les semi-produits obtenus peuvent alors tre faonns pour produire des pices
finies qui seront utilises par les acteurs de lindustrie manufacturire (transports, construction, TIC,
etc.). Le mtal peut aussi tre obtenu par recyclage de dchets ; on parle alors de mtal secondaire,
par opposition au mtal primaire obtenu partir de minerai. On peut galement mouler des pices
partir du mtal, quil soit dorigine primaire ou secondaire (gnralement avec ajout dautres
lments pour obtenir un alliage).

3.2. DFINITION DU CHAMP DE LTUDE


Conformment aux termes du cahier des charges, et en accord avec le Comit de pilotage, cette
tude a t dfinie par un type de matriau, les mtaux non ferreux, et une filire dlaboration qui
va de lamont (mine) jusqu la production de produits semi-finis, en incluant la production de
mtal par recyclage.
Ltude concerne donc les entreprises qui exercent une activit industrielle dans le domaine allant
de l'extraction des minerais mtalliques llaboration de mtal et dalliage (lingots, plaques,
billettes, fil machine) et la production de produits semi-finis (tels que tles, bandes, profils,
tubes, barres, pices moules, etc.) ainsi quau recyclage des mtaux non ferreux.
Les entreprises partant de produits semi-finis pour en effectuer la transformation finale (dcoupage,
pliage, usinage, traitement de surface, etc.) ne sont donc pas incluses dans le primtre de ltude.
Toutefois la frontire est parfois difficile tracer car certaines entreprises produisent la fois des
semi-produits et des produits finis.
Sont galement exclues les entreprises des filires industrielles aval lorsqu'elles effectuent ellesmmes certaines oprations de transformation, et les entreprises exerant lactivit de collecte, de
ngoce et de prtraitement de dchets.
Le point de dpart de la dlimitation du champ de cette tude est le concept de secteur , cest-dire dentreprises ayant la mme activit principale. Il utilise la codification officielle NAF mise en
place depuis 1993 en France (NAF : Nomenclature dActivit Franaise).
Cette tape prliminaire didentification par code NAF1 vise permettre didentifier les entreprises
franaises effectivement positionnes le long de la chane de valeur objet de ltude, et rpertorier
les mtaux non ferreux objets de leurs activits.
Selon lINSEE lindustrie des mtaux non ferreux regroupe :
La mtallurgie, au sein de laquelle on distingue la production de mtal par fusion de
minerais (dite de premire fusion) et la production de mtal partir de dchets mtalliques
sous forme de lingots bruts ou allis (dite de seconde fusion ou d'affinage) ;
La premire transformation des mtaux non ferreux, qui recouvre la fabrication de demiproduits (fils machine, fils, barres, profils, lamins, tubes et accessoires, poudres, etc.).

Version NAF rf.2, 2008, dernire mise jour 24 juin 2013 ; voir :
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=nomenclatures/naf2008/naf2008.htm

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La production et la transformation de mtaux non ferreux sont rfrences dans la classe NAF 24.4
Production de mtaux prcieux et dautres mtaux non ferreux .A lintrieur de cette classe cinq
segments (sous-classes) dfinis par lINSEE sont pertinents2 :
Production de mtaux prcieux (NAF 24.41Z),
Mtallurgie de laluminium (NAF 24.42Z),
Mtallurgie du plomb, du zinc ou de ltain (NAF 24.43Z),
Mtallurgie du cuivre (NAF 24.44Z),
Mtallurgie des autres mtaux non ferreux (NAF 24.45Z).
La dfinition du primtre de cette tude conduit y ajouter les deux sous-classes :
NAF 07.29Z correspondant lextraction de minerais de mtaux non ferreux,
NAF 24.53Z et 24.54Z correspondant la fonderie de mtaux lgers et dautres mtaux non
ferreux respectivement.
Le recours aux codes NAF permet donc de rechercher les entreprises franaises exerant une
activit dans le domaine de la mtallurgie des mtaux non ferreux ; toutefois, un tri est ensuite
ncessaire pour liminer les entreprises qui sont rfrences sous un des codes NAF ci-dessus mais
dont lactivit sexerce laval du primtre retenu (limit aux semi-produits), ou simplement sont
mal classes. Par exemple beaucoup de fonderies (dont les fonderies dart) devront tre limines
car produisant directement des produits finis.
Le primtre de ltude sera donc inclus dans ces sous-classes, sans toutefois les recouvrir
compltement.
Inversement, certaines entreprises exerant une activit qui rentre au moins partiellement dans le
primtre de ltude peuvent tre rpertories dans la sous-classe NAF 25.50A Forge, estampage,
matriage - mtallurgie des poudres ; cette sous-classe est beaucoup trop large pour tre incluse
telle quelle dans notre primtre (en particulier elle inclut des entreprises travaillant sur les aciers, et
des entreprises effectuant la transformation finale). Nous ne nous interdirons pas toutefois de retenir
ponctuellement certaines entreprises rpertories sous ce code NAF mais qui apparatraient comme
pertinentes pour notre sujet.
Le choix des entreprises pertinentes dans le cadre de cette tude a donc ncessit une approche
croise, compilant les rsultats de plusieurs approches :
Identification dentreprises via la classification des codes NAF cits ;
Identification dentreprises via les listings dadhrents de lAFA (Association franaise de
laluminium) et de lA3M (Alliance des Minerais, Minraux et Mtaux) ;
Identification dentreprises via les travaux de bibliographie mens lors de la phase 1 de la
prsente tude ;
Tri pour ne retenir que les entreprises entrant dans le cadre de ltude ;
changes avec les membres du Comit de pilotage (AFA, A3M, DGE, MAE, MEDDE).
2

La sous-classe 24.46 Elaboration et transformation de matires nuclaires nest en effet pas retenue pour cette tude.

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3.3. MTAUX NON FERREUX CONCERNS


En ce qui concerne les mtaux concerns, le primtre de l'tude est dfini par les mtaux non
ferreux et exclut les mtaux qui ne sont pas lobjet dune filire mtallurgique telle que dfinie
prcdemment.
Sont donc notamment exclus de lanalyse :
Les ferroalliages ; les ferroalliages sont extrmement importants pour la sidrurgie, car ils
permettent au cours de llaboration des aciers et des fontes dapporter les lments
daddition confrant ces alliages les caractristiques indispensables recherches en
fonction du domaine dapplication. Ils sont souvent produits partir des mmes minerais
que les mtaux non ferreux, mais leur filire diffre ds ltape dlaboration (mtal ou
ferroalliage) et ils sont ensuite incorpors dans les alliages ferreux par lindustrie
sidrurgique ; ils ne font pas lobjet dune activit de transformation. La production de
ferroalliages est classe par lINSEE dans la sous-classe 24.10Z Sidrurgie ;
Les mtallodes (ou semi-conducteurs), code NAF 20.13B, qui d'une part ne sont pas des
mtaux et qui d'autre part, ayant des caractristiques diffrentes des mtaux, ne donnent pas
lieu une filire mtallurgique : germanium, silicium, antimoine ; tout au plus certains sont
ajouts comme lments d'alliages certains mtaux non ferreux : antimoine pour le plomb,
silicium pour l'aluminium, par exemple ;
L'uranium (utilis principalement sous forme d'oxyde pour la production d'nergie
nuclaire) ;
Les mtaux qui ne sont pas utiliss dans le cadre d'une filire mtallurgique :
o C'est le cas des alcalins (sodium, potassium) et de certains alcalino-terreux (calcium,
strontium), qui sont souvent utiliss pour leurs proprits chimiques3 ; on fera
exception du cas du lithium : le lithium est un alcalin, mais il est utilis sous forme
de mtal lamin dans les batteries et en tant qu'lment d'ajout dans les alliages AlCu-Li ; MSSA (filiale du groupe japonais Nisso), premier fournisseur mondial de
sodium, est class dans la sous-classe 2013B : Fabrication dautres produits
inorganiques de base ;
o C'est aussi le cas du gallium (utilis sous forme d'arsniure de gallium en lectrooptique, ou dans des laboratoires de recherche, mais n'est pas utilis en mtallurgie).

Pour tre complets, mentionnons que certains sont employs comme lments d'ajout lors de l'laboration d'alliages : calcium pour le plomb,

sodium et strontium pour l'aluminium.

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En accord avec le Comit de pilotage, les mtaux prcieux (or, argent, platine, etc.) dans leurs
utilisations en bijouterie joaillerie sont galement exclus. Ils seront tudis sous langle principal de
la rcupration des mtaux prcieux pour les usages industriels.
Le classement suivant est propos pour les besoins de la prsente tude :
Les mtaux de base (ou traditionnels) qui se caractrisent par une production mondiale
importante (en millions de tonnes mtal) et relativement lastique (la production ragit
rapidement aux variations de prix). Par ailleurs, il existe des stocks significatifs et le
recyclage des produits en fin de vie est important. De ce fait la production sadapte la
demande, les prix ayant souvent un comportement cyclique qui se superpose lvolution
tendancielle.
Les mtaux high-tech qui par opposition aux mtaux de base se caractrisent par leur
production faible et souvent inlastique (cas des sous-produits). La production sadapte donc
plus difficilement la demande. Il y a peu ou pas de stocks et encore peu ou pas de
recyclage de produits en fin de vie. Les crises sont frquentes. Les comportements des
acteurs (sur-stockages, spculation) amplifient les crises (la crainte dune pnurie provoque
la pnurie). De plus en plus de petits mtaux high-tech sont indispensables pour les
technologies innovantes associes aux nergies renouvelables ainsi qu la rduction des
missions de gaz effet de serre.
Ces mtaux se caractrisent par des demandes soudaines et trs fortes induites par un
nouveau produit de masse issu dune nouvelle technologie (tlphones portables, crans
plats LCD, moteurs davions et turbines de cognration, etc.).
Les mtaux prcieux qui se caractrisent par leur raret et leur grande valeur marchande. Ce
sont des mtaux avec un fort taux de recyclage et soumis des effets spculatifs sur les
marchs.
La rpartition des mtaux non ferreux retenus entre ces trois catgories a t tablie avec le Comit
de pilotage, selon le tableau suivant.
Mtaux de base
ou traditionnels
Aluminium
Cuivre
tain
Nickel
Plomb
Zinc

Mtaux high-tech
Bryllium
Cadmium
Chrome
Cobalt
Lithium
Magnsium
Manganse
Molybdne

Niobium
Rhnium
Tantale
Terres rares
Titane
Tungstne
Vanadium
Zirconium

Mtaux prcieux
Argent
Or
Palladium
Platine

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3.4. ACTIVITS INDUSTRIELLES CONCERNES


Le champ dinvestigation de la prsente tude couvre des acteurs industriels se situant diffrentes
tapes de la chane de valeur. Une reprsentation simplifie de la chane de valeur de lindustrie des
mtaux non ferreux peut tre propose :
Chaine de valeur simplifie de lindustrie des mtaux

Collecte tri - prtraitement

Dchets neufs

Exploration
(projets)

Extraction
minire

Concentration

Traitement
- affinage

Refusion coule

Premire
transformation

Pices moules

Minerais

Concentr

Dchets neufs

Dchets en
fin de vie

Dernire
transformation
Plaque, barres,
tubes, fils

Produits finis

Mtal raffin

Etape

Lingots, fils,
billettes, plaques

Produit intermdiaire
Produit semi-fini

Dchets
Produits finis
Champ de la prsente tude

Figure 1: Chane de valeur simplifie de l'industrie des mtaux non ferreux


En ce qui concerne la gestion des dchets, les acteurs essentiellement positionns sur le secteur de
la collecte tri prtraitement sont exclus de lanalyse.
Rappelons que le primtre de la prsente tude est limit aux produits semi-finis. La dernire tape
de transformation, qui conduit aux produits finis, est exclue.

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DEUXIME PARTIE : TAT DES LIEUX DE


LA FILIRE

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4. LES GRANDES VOLUTIONS DE LINDUSTRIE FRANAISE SUR


LES DIX DERNIRES ANNES
Sur ces dix dernires annes, on constate au niveau national une baisse dactivit de la quasi-totalit
des secteurs consommateurs de mtaux non ferreux, ainsi quau niveau mondial un ralentissement
de la demande et un dplacement du centre de gravit de lindustrie manufacturire vers les pays
mergents.
La principale consquence est un recul de la production franaise de mtaux non ferreux et une
rosion du tissu industriel coupl une baisse importante des effectifs malgr dimportants efforts
de rationalisation et doptimisation pour restaurer des marges de comptitivit. Certaines filires,
comme le cuivre, le plomb ou le zinc, sont aujourdhui trs majoritairement reprsentes par des
entreprises capitaux trangers, principalement europens.
Ces mutations impactent galement les besoins en comptences de plus en plus techniques et avec
une importance croissante des fonctions support (achats, qualit, hygine, scurit, environnement,
logistique), un effort de recherche dans lintgration de profils R&D et de comptences
commerciales afin de mieux rpondre aux attentes des clients.
Les entreprises sont dans une situation financire plutt dgrade, avec une rentabilit globalement
faible voire trs faible, et des besoins de trsorerie plus importants pour faire face aux volutions
des cours de matires premires. Il en rsulte une capacit rduite dinvestissement productif et peu
de marge de manuvre pour sinscrire dans des dmarches dinnovation.
Sous leffet de trois phnomnes faibles ressources en minerais, production en mtal primaire
limite et grande partie des dchets collects traits ltranger le solde commercial franais des
changes de mtaux non ferreux reste structurellement dficitaire.
Au-del des grands groupes prsents sur le territoire, les entreprises sont gnralement de petite
taille (moins de 50 personnes). Une part non ngligeable des effectifs est encore positionne dans
les domaines de la production et/ou la transformation de laluminium (de lordre de 60 % des
salaris du secteur, reprsentant prs de 40 % des tablissements) malgr de nombreuses
disparitions.
La filire des mtaux non ferreux se caractrise pour une forte augmentation du taux dutilisation de
matires premires recycles (MPR) depuis quelques annes. Au-del des initiatives encourageant
lutilisation de MPR, cette tendance est plutt due une baisse tendancielle de la production
associe une relative stabilit des tonnages de matires premires recycles utiliss.

4.1. UN EFFRITEMENT RGULIER DE LA PRODUCTION FRANAISE DE MTAUX


NON FERREUX

Les chiffres de la production nationale depuis 2001 mettent en vidence une tendance baissire qui
sest amplifie au fil des ans. En 2009, la production de mtaux non ferreux a connu un
effondrement (dailleurs observ sur lensemble de la production des matriaux de base), pour
Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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atteindre 1 400 kt (soit une baisse de prs de 17 % sur une anne). Cette chute est la consquence de
la baisse dactivit de la quasi-totalit des secteurs consommateurs en France, du ralentissement de
la demande mondiale et du dplacement du centre de gravit de lindustrie manufacturire mondiale
vers les pays mergents. La reprise enregistre en 2010 a conduit un niveau de production de
1 600 kt, en augmentation par rapport 2009, mais en ligne avec la tendance baissire prcdente.
Leffritement rgulier de la production franaise, li pour une part importante la fermeture
dinstallations sur le territoire national, sest traduit par une baisse de 24,6 % entre 2001 et 2010. La
crise a eu pour effet damplifier le recul de la production franaise pour certains mtaux non
ferreux.

Figure 2 : volution de la production franaise de mtaux non ferreux (source : Xerfi, Juillet 2012)

Figure 3 : Tonnes de mtaux non ferreux produits en France (source : ADEME)

Parmi les fermetures importantes de sites, mentionnons la fermeture en 2003 de Metaleurop Nord,
Noyelles-Godault, qui a fait disparatre une capacit de production annuelle de 150 kt plomb et de
100 kt zinc. En remontant plus loin dans le temps, la seule capacit de raffinage de cuivre franaise,
la Compagnie Gnrale dlectrolyse du Palais, a cess son activit en 1998.
Les raisons de ce dclin sont multiples.
Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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Selon les cas, il peut sagir :


du dclin, voire de la disparition des industries aval : dans lexemple du plomb, ce mtal a
vu successivement larrt de la production de plomb ttrathyle (additif antidtonant pour
les essences), la fermeture des units de production de batteries plomb-acide pour les
automobiles et les camions situes sur le territoire national (les groupes Johnson Controls et
Exide Technologies ayant ferm leurs usines en 2009 au profit dautres usines europennes,
et Steco Power ayant t mise en liquidation en 2013), et sa disparition programme de
certaines applications comme les munitions et les soudures pour des raisons de toxicit ;
dun manque de ressources en minerai, alors que les usines de traitement des minerais sont
prfrentiellement situes proximit des sites dextraction : disparition des usines de
production dalumine mtallurgique en France (notons que lusine ALTEO de Gardanne, qui
sest concentre sur la production dalumines non mtallurgiques, conserve techniquement
la possibilit de produire de lalumine mtallurgique) ;
de modifications structurelles des conditions de comptitivit ayant conduit au choix initial
de limplantation dune usine : les usines lectro-intensives (aluminium, lectromtallurgie)
avaient t implantes en pied de montagne (Alpes ou Pyrnes par exemple) pour
bnficier de centrales hydrolectriques produisant de llectricit bas cot ; la
nationalisation des centrales prives et lorganisation actuelle de la production dlectricit
en France ont fait disparatre cet avantage, alors que la localisation loigne des ports est
devenu un handicap pour les approvisionnements en matires premires et les expditions
la grande exportation ;
de prises de contrle par des groupes trangers qui peuvent tre dfavorables aux intrts des
socits franaises, suivies de rationalisation de la production en la regroupant sur les sites
les plus performants (avec ventuellement la baisse de la production globale si un des buts
de lopration est de rduire une surcapacit) : exemple dans le cuivre de la reprise de
Trfimtaux (Pechiney) par KME ; exemple dans le plomb et le zinc de la fermeture de
Mtaleurop Nord pour concentrer la production de zinc chez Xstrata et la production de
plomb sur lusine allemande de Nordenham (Recylex) ;
de la concurrence de pays mergents saturant le march de mtal bas prix : exemple du
magnsium o la Chine, en laborant le mtal avec un procd ncessitant une main
duvre abondante, mais trs bas cot, a provoqu la fermeture de lusine de Marignac
(ainsi que dautres usines occidentales) ;
de problmes de comptitivit prix conduisant, dans des secteurs trs concurrentiels, la
fragilisation de socits. En particulier la taille des usines franaises, souvent plus petites
que dans dautres pays, joue en leur dfaveur (effet dchelle) : pour revenir sur lexemple
du plomb lusine de Nordenham, qui combine un approvisionnement en concentr minier
(30 %) et en matires provenant du cassage des batteries (70 %), affiche une capacit de
100 kt de plomb raffin, du mme ordre que la capacit franaise totale, qui est rpartie sur
trois usines. On peut aussi, et ce sera abord plus loin dans ce rapport, sinterroger sur la
question de savoir si le contexte gnral est favorable la comptitivit cots des entreprises
franaises des mtaux non ferreux.
Le positionnement des industriels sur la gamme de produits, avec la distinction classique
commodits / spcialits, doit aussi tre voqu. Toutefois, on ne peut pas se limiter regretter que
les industriels franais ne se positionnent pas tous sur des crneaux de spcialits. En effet il faut
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considrer que lindustrie a besoin de commodits et de spcialits et mme, en volume, de plus de


commodits que de spcialits. Il y a donc des socits qui parviennent vivre (et parfois mme trs
bien) sur ce crneau. Pour y parvenir il faut tre comptitif sur les prix. Lindustrie franaise des
mtaux non ferreux a des difficults y parvenir, pour des raisons qui seront expliques dans les
chapitres 7 et 8 du prsent rapport.

4.2. UN EFFRITEMENT DE LA PRODUCTION IMPACTANT FORTEMENT LES EMPLOIS


La population dtablissements spcialiss dans la production et la transformation de mtaux non
ferreux sest contracte de 77 tablissements entre 2000 et 2010. noter que 45 structures
intervenant dans la mtallurgie de laluminium ont ferm leurs portes au cours de cette priode, 23
pour la mtallurgie du cuivre et 15 pour la mtallurgie du plomb, du zinc ou de ltain.
Plus de 40 % des tablissements du secteur sont spcialiss dans la production et/ou la
transformation daluminium. Prs dun tiers des structures de la profession sont quant elles
spcialises dans la mtallurgie dautres mtaux non ferreux comme le chrome, le nickel et le
manganse.

En lien avec lrosion du tissu sectoriel, les effectifs salaris de la production et de la transformation
de mtaux non ferreux ont diminu de 31,7 % entre 2000 et 2010. Prs de 7 000 postes ont t
supprims dans les segments de la mtallurgie de laluminium, du plomb, du zinc ou de ltain. Les
dernires donnes statistiques fiables et compiles la date de rdaction concernent 2010 mais lon
peut juger comme vraisemblable une continuation de lrosion des effectifs de cette branche
dactivit depuis 2010.

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La mtallurgie de laluminium est le premier employeur du secteur, avec 60 % des salaris, suivis
du cuivre qui reprsentait 17,2 % des effectifs salaris de la profession en 2010.

4.3. UN CHIFFRE DAFFAIRES DE LA PROFESSION (PRODUCTEURS) QUI STAGNE ET


UNE RENTABILIT TRS FAIBLE DONC PNALISANTE

Aprs leffondrement de 2009, le chiffre daffaires des producteurs de mtaux non ferreux a
poursuivi sa remonte en 2011 ; lactivit sectorielle a ainsi retrouv un niveau comparable celui
de 2008, mais lanne 2012 sest finalement rvle en retrait et 2013 pourrait tre encore plus
faible.

La rentabilit moyenne des filires est souvent faible voire ngative.


Une rentabilit moyenne aussi faible est le signe que certaines entreprises sont dans des situations
extrmement fragiles, la merci dun renchrissement de leurs cots, dune perte de volume, dun
mouvement montaire, etc.
Elle est aussi pnalisante pour les investissements et la R&D car les entreprises sont amenes
rduire ces dpenses pour mnager leur trsorerie. Compte tenu du poids prpondrant (pouvant
dpasser les 80 %) des achats de mtaux dans les cots des entreprises de transformation, leurs
besoins en trsorerie sont lourds par rapport leur taille.
Le tungstne mtal, mtal high-tech, prsente une meilleure rentabilit.

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Les activits intgres lamont dans la mine prsentent des rsultats qui dpendent trs fortement
des cours des mtaux : cest par exemple le cas de lactivit nickel du groupe ERAMET. Le tableau
suivant, extrait des documents de rfrence 2012 et 2013 dERAMET, indique lvolution du
rapport du Rsultat Oprationel Courant aux Capitaux Employs (ROCE avant impts) sur la
priode 2008-2013, de la branche Nickel de ce groupe :
ROCE
%

2008
23

2009
-7

2010
26

2011
24

2012
-5.3

2013
-69,8

Figure 4 : volution du ROCE avant impts de la branche Nickel du groupe ERAMET, 2008-2013
(source : documents de rfrence du groupe)
Si lon place ces rsultats en regard de lvolution des cours du nickel depuis 2008, on constate que
les annes o les cours du nickel ont t les plus faibles (2009, 2012, 2013) sont celles pour
lesquelles les rsultats de la branche nickel ont t ngatifs.

Figure 5 : volution des cours du nickel depuis 2008 en US$/t (source : infomine.com)

4.4. DES ENTREPRISES FRANAISES SOUS CONTRLE DE CAPITAUX TRANGERS


(INDUSTRIELS OU FONDS)
Le recentrage du groupe Pechiney sur les deux secteurs de laluminium et de lemballage, puis sa
prise de contrle par Alcan, lui-mme repris par RIO TINTO ALCAN, et les restructurations, spinoff et cessions qui en ont rsult, ont fortement contribu lentre de capitaux trangers dans ce
secteur.
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Il faut y ajouter la faible rentabilit gnrale du secteur et des surcapacits sur le march europen
(par exemple dans la transformation du cuivre) qui sont des facteurs poussant la concentration
dans cette filire.
Pour certains mtaux, plus de la moiti et parfois presque jusquaux trois quarts du chiffre daffaires
de la filire est ralis par des socits dont le capital est dtenu par des entits trangres :
69 % dans la filire cuivre (dont le groupe italien KME, le groupe allemand Bavaria
Industriekapital, le groupe suisse Umcor AG),
72 % dans la filire plomb (avec le groupe amricain Quexco/Ecobat Technologies Ltd et le
groupe britannique Calder Group Ltd),
75 % dans la filire zinc (dont le groupe belge Nyrstar, le groupe italien Befesa et le groupe
belge Umicore).
Les deux usines dlectrolyse de laluminium, autrefois sites du groupe Pechiney, sont maintenant
dtenues, respectivement :
Aluminium Dunkerque par RIO TINTO ALCAN,
Saint-Jean-de-Maurienne par lAllemand TRIMET.
CONSTELLIUM NV, dont le sige social est Amsterdam et qui est cote sur la bourse de NewYork depuis 2013, a vu ses principaux actionnaires, le fonds dinvestissement amricain Apollo et
lindustriel RIO TINTO ALCAN, sengager dans la cession de leurs participations de sorte que
Bpifrance est le principal actionnaire avec 12,2 % des actions.
On peut citer galement la socit Cime Bocuze, acteur important de la mtallurgie des poudres de
tungstne et de molybdne, rachete en 2010 par le groupe autrichien Plansee.

4.5. UNE RELATIVE STABILIT DES TONNAGES DE MATIRES PREMIRES


RECYCLES (MPR) UTILISS
Les tonnages de mtaux non ferreux recycls ont galement fortement chut (-13,9 %) en 2009 mais
ont rebondi en 2010 (746 kt, soit +21,7 %). Sur la priode 2001-2010, on observe globalement une
stabilit des tonnages recycls, malgr des fluctuations conjoncturelles marques.
La forte augmentation du taux dutilisation de matire premire recycle (MPR) depuis six ans
(34,8 % en 2006 et 46,4 % en 2010) est la consquence directe de la conjugaison dune diminution
tendancielle de la production et de la relative stabilit des tonnages de MPR utiliss.
Signalons le cas particulier du cuivre : en raison de la fermeture des capacits franaise daffinage
(CGEP en 1998, voir plus haut), seuls les dchets dont la qualit permet de les introduire
directement dans un four de refusion ou dlaboration dalliage peuvent tre valoriss en France.
Les autres dchets cuivreux doivent tre exports vers des pays dots de capacits daffinage
(Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Chine pour nen citer que quelques-uns).

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Figure 6 : Donnes sur le recyclage des filires matriaux (source : tude ADEME, 2012)
Les chiffres mentionns ici sont extraits du dernier rapport de lADEME datant de 2012.

4.6. DES MTIERS ET DES COMPTENCES QUI VOLUENT, DES FORMATIONS


MARGINALISES

4.6.1. volutions des mtiers et des emplois de la mtallurgie


Lindustrie des mtaux non ferreux fait souvent appel des machines lourdes (engins miniers,
concasseurs, laminoirs, presses, etc.) et des processus haute temprature (fours dlaboration,
daffinage, lectrolyse en bain de sels fondus, coule de mtal fondu, etc.) ou employant des
produits chimiques agressifs (hydromtallurgie, etc.). Le mtier est assez technique ; mal matris, il
peut devenir dangereux pour les salaris ou avoir un impact ngatif sur lenvironnement. Il
ncessite un savoir-faire spcifique, plus ou moins long acqurir selon les postes de travail.

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Les demandes des secteurs aval voluent, avec des opportunits cres par exemple, par la
recherche dallgement dans les transports, lenvironnement, le dveloppement des technologies de
linformation et des communications, des nergies nouvelles, de laronautique, la silver
conomie ou lmergence de nouveaux ples de consommation dans les pays mergents. De
nouveaux concurrents apparaissent, en provenance dindustriels de pays comme la Chine ou lInde.
La faon dexercer le mtier dans les pays europens volue aussi, pour prendre en compte par
exemple les exigences croissantes en termes de respect de lenvironnement et de sant publique, les
volutions du droit en gnral, du droit du travail, du droit de la concurrence, le cot de la main
duvre, son vieillissement, son niveau de qualification et ses aspirations.
Le secteur des mtaux non ferreux a donc sur les dix dernires annes fait lobjet defforts
considrables dadaptation au march et lvolution de la socit, de rationalisation et
doptimisation, aussi bien en France que dans les autres pays europens.
Ces efforts se sont parfois traduits par des fermetures de sites et des rductions deffectifs, mais ils
ont aussi donn lieu des modifications dorganisation ainsi qu des volutions des mtiers
exercs et des comptences ncessaires.
Sous leffet de la demande et de la concurrence, ces volutions sont appeles se poursuivre,
certaines dentre elles pouvant tre acclres par la crise.
Plusieurs objectifs sont poursuivis par les entreprises :
La recherche de gains de productivit pour rduire les cots de production ;
Une meilleure connaissance et une meilleure prise en compte des besoins des clients, dans
des dlais toujours plus courts ;
Lamlioration de lefficacit pour rduire les dlais de production, les stocks, les
gaspillages ;
Une plus grande flexibilit de loutil pour faire face aux variations de charge ;
La rduction de la fragmentation des tches pour mieux matriser la qualit, amliorer la
responsabilisation et la motivation du personnel ;
Ladaptation aux volutions technologiques des produits demands par le march, et des
outils et processus de production ;
Le dveloppement de la polycomptence pour confrer plus de souplesse lorganisation ;
La prise en compte dans les dfinitions de postes, au-del des aspects techniques du mtier
( savoir-faire ), dlments relationnels et comportementaux tels quautonomie, initiative,
relations interpersonnelles ( savoir-tre ) ;
Lintgration tous les chelons de proccupations telles que scurit, environnement,
qualit.
Il en rsulte en particulier :
Une fonction vente qui doit avoir une dimension internationale, et la capacit de
comprendre / anticiper les besoins des clients pour nouer des partenariats durables en
apportant un plus par rapport aux concurrents chaque fois que possible ;
Une fonction dveloppement / conception mieux prise en compte et plus rpartie sur
lensemble de lentreprise (commerciaux, R&D, bureau dtudes, production) ;
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Une maintenance en partie sous-traite, et qui volue vers des techniques de plus en plus
sophistiques : automatisation, informatisation, robotisation ;
Une importance croissante des fonctions support : achats, QHSE (Qualit, Hygine,
Scurit, Environnement), logistique ;
Un secteur production qui requiert une lvation du niveau de comptence, dadaptabilit et
dautonomie des oprateurs afin de positionner les entreprises sur des produits plus forte
valeur ajoute;
Des techniciens et cadres qui doivent combiner comptences techniques et managriales, et
souvent couvrir plusieurs fonctions ;
Le recours la sous-traitance et lintrim pour les fonctions non critiques.
Ces mutations fondamentales se produisent dans le contexte difficile voqu prcdemment et se
traduisent globalement plutt par des rductions deffectifs que par des embauches massives. Elles
se traduisent, macroscopiquement, par une volution de la structure des emplois en faveur
demplois plus qualifis.
LObservatoire Prospectif et Analytique des Mtiers et des Qualifications de la Mtallurgie a fait
raliser en juin 2012 une tude prospective sur lvolution des emplois et des mtiers de la
mtallurgie . Cette tude couvre un primtre dfini par les champs professionnels relevant de
lUIMM (codes NAF 24 33), donc plus tendu que de celui de la prsente tude, mais certaines
conclusions peuvent tre transposes. Lvolution de la rpartition par CSP (catgorie
socioprofessionnelle) et par niveau de diplme des salaris de la mtallurgie entre 2003 et 2009, en
particulier, illustre les volutions mentionnes plus haut :

Figure 7 : volution 2003-2009 de la rpartition par CSP des salaris de la mtallurgie (source :
tude prospective sur lvolution des emplois et des mtiers de la mtallurgie, juin 2012)

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Figure 8 : volution 2003-2009 de la rpartition par niveau de diplme des salaris de la


mtallurgie (source : op. cit.)
Dfinition des niveaux de diplme selon INSEE :
Niveau VI et V bis : sorties en cours de 1er cycle de l'enseignement secondaire (6me
3me) ou abandons en cours de CAP ou BEP avant l'anne terminale.
Niveau V : sorties aprs l'anne terminale de CAP ou BEP ou sorties de 2nd cycle gnral
et technologique avant l'anne terminale (seconde ou premire).
Niveau IV : sorties des classes de terminale de l'enseignement secondaire (avec ou sans le
baccalaurat). Abandons des tudes suprieures sans diplme.
Niveau III : sorties avec un diplme de niveau Bac + 2 ans (DUT, BTS, DEUG, coles
des formations sanitaires ou sociales, etc.).
Niveaux II et I : sorties avec un diplme de niveau suprieur bac+2 (licence, matrise,
master, DEA, DESS, doctorat, diplme de grande cole).

On constate, en ligne avec les tendances voques, la croissance de la proportion dingnieurs et de


techniciens, et la diminution relative des effectifs ouvriers.
Paralllement, et cest un rsultat du contexte de rtrcissement, la pyramide des ges indique un
vieillissement des structures, qui pose plusieurs dfis :
Lamnagement des postes (ergonomie) ;
La difficult quil peut y avoir pour des salaris dont la formation initiale remonte
plusieurs dcennies (et peut avoir t relativement limite) acqurir de nouvelles
comptences ;
Le renouvellement des comptences et savoir-faire lors des dparts en retraite.
En termes de formation, certains industriels interviews indiquent quau niveau des oprateurs, les
embauches se font de prfrence au niveau du bac professionnel qui offre une adquation avec les
besoins des entreprises ; pour dautres, aucune exigence particulire nest mentionne ; mais, dans
tous les cas, un effort important de formation initiale au sein de lentreprise est ncessaire pour

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acqurir le savoir-faire spcifique sur les procds et les outils de lentreprise, ainsi que le savoirtre ncessaire en milieu industriel.
Dans le domaine spcifique de lextraction, le faible niveau dactivit sur le territoire national
depuis des annes fait que peu dingnieurs choisissent cette voie, faute de dbouchs en France ;
les comptences dans les dpartements des coles et des universits, bien que de haute qualit, sont
peu nombreuses et leur renouvellement incertain.
Hors ce cas spcifique, et malgr les diminutions globales deffectifs dans ce secteur, les besoins en
recrutement de haut niveau sont importants : pour le secteur mtallurgie et fabrication de produits
mtalliques de ltude cite, plus de 30 000 recrutements par an dici 2020, pour un effectif 2010
de 420 000. Or, on constate des difficults de recrutement, par manque, d'une part, dattractivit de
lindustrie mtallurgique et, d'autre part, de profils adapts la demande des entreprises.
4.6.2. En France, globalement, la formation en mtallurgie est en perte de vitesse
Lenseignement de la mtallurgie sest marginalis dans la plupart des coles dingnieur.
Actuellement, de tels cursus sont encore dispenss au sein des coles de Mines et des Arts et
Mtiers, ainsi quau sein des coles Centrales, et sont prsent dans quelques INP (Instituts
Nationaux Polytechniques, de statut universitaire) comme Nancy4 ou Grenoble5. Toutefois, alors
que la mtallurgie tait autrefois considre comme une discipline majeure, elle est aujourdhui
souvent intgre au sein dun ensemble plus large, dsign sous lappellation de sciences des
matriaux . Sagissant de lamont minier et plus gnralement des gosciences, il subsiste
quelques cursus concentrs principalement sur quatre sites : Nancy, Paris, Orlans et Als.
Du point de vue des besoins de lindustrie, il est souligner que, dune part, et de faon gnrale,
les postes requirent une certaine technicit, accentue par la place croissante de lautomatisation et
de linformatisation ; mais que dautre part, ces carrires souffrent dun dficit dimage, qui peut se
traduire par des difficults attirer les meilleurs lments dans les cursus de formation. De plus, le
secteur, comme la mtallurgie en gnral, est confront un vieillissement de sa pyramide des ges.
Il subsiste certes des manques de dbouchs pour certains profils : ainsi, actuellement, les diplms
se destinant lamont minier ne peuvent pratiquement trouver de postes qu linternational ; mais
inversement, les tensions sur le recrutement de profils de technicien en production sont fortes, et
sont lies, en partie, un manque dattractivit linstar de toutes les filires de formation lies
aux industries traditionnelles . En 2012, dans son rapport sur lvolution des emplois et des
mtiers de la mtallurgie, lUIMM insistait sur la ncessit de renforcer lattractivit de ces
carrires industrielles, par des actions menes la fois au niveau de la branche et au niveau des
entreprises elles-mmes, de faon inciter les candidats sengager dans ce type de carrire et
mieux les accompagner lors de leur intgration.
Dans ce contexte globalement assez peu favorable, on remarque toutefois quelques initiatives,
parfois motives par lindustrie : un exemple en est la chaire de Matriaux du nuclaire cre au
sein de lcole des Mines avec le soutien dAreva. Linitiative du BRGM, qui a cr en son sein
4
5

LINP est maintenant intgr au sein de lUniversit de Lorraine.


INPG, galement connu sous le nom de Phelma .

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lcole Nationale dApplications des Gosciences (Enag) pour assurer, en liaison troite avec les
universits et les grandes coles, des formations initiales et continues, est galement souligner.

4.7. UN

SECTEUR OU COHABITENT DES GRANDES STRUCTURES, VOIRE DES


LEADERS EUROPENS OU MONDIAUX, ET DES TPE/PME

Le tissu sectoriel est principalement compos de structures de moins de 50 personnes. Il sagit


notamment de petites units de production et/ou de transformation de mtal (comme par exemple
des fonderies et des trfileries daluminium).
La plupart des effectifs du secteur sont employs dans des structures de plus de 200 salaris. Il
sagit notamment dtablissements spcialiss dans la mtallurgie de laluminium, du cuivre et
dautres mtaux non ferreux (nickel, chrome et manganse). 10 % des tablissements concentrent
85 % des activits (en chiffre daffaires).

4.8. UN

SOLDE COMMERCIAL DES CHANGES DE MTAUX NON FERREUX


STRUCTURELLEMENT DFICITAIRE

La France est dote de faibles ressources en minerais, sa production de mtal primaire est limite et
une grande partie des dchets collects est traite ltranger. En ce qui concerne ce dernier point,
il est la rsultante de deux phnomnes : tout dabord, la France na plus la capacit de traiter sur
son sol les dchets de certains mtaux non ferreux (par exemple il ny a plus dunit daffinage de
cuivre sur le territoire national depuis larrt par Pechiney en 1998 de la Compagnie Gnrale
dlectrolyse du Palais, face des cots trop levs et des difficults dapprovisionnement en
matire premire de recyclage ) ; par ailleurs, lexportation de dchets peut tre plus rentable pour

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le collecteur que la vente sur le territoire national, les industriels dautres pays pouvant acheter plus
cher grce des cots de conversion (environnementaux, sociaux, etc.) moins levs.
De ce fait, les mtallurgistes franais sont contraints de sapprovisionner abondamment ltranger,
soit en minerai pour les usines de production de mtal primaire, soit en mtal pour les
transformateurs. En consquence, les importations franaises de mtaux non ferreux (minerai, mtal
brut et produits-finis) sont importantes. Elles se sont leves 9,6 milliards deuros en 2011.
Les exportations de mtaux non ferreux ont quant elles reprsent 6,2 milliards deuros la mme
anne.
Le solde commercial des changes de mtaux non ferreux, reprsentant -3,4 milliards deuros en
2011, est structurellement dficitaire sur moyenne priode.

En 2012, les chiffres dimportations ont approch de peu les 9 milliards deuros, pour des
exportations qui sont passes 6,5 milliards deuros. La balance commerciale sest lgrement
amlior tout en restant ngative denviron 2,3 milliards deuros.
Les chiffres de lanne 2012 pour les principaux mtaux non ferreux montrent que les flux
principaux concernent le cuivre, laluminium et le nickel (Source : statistiques douanires, 2012) :
en M
Aluminium
Zinc
Nickel
Plomb
Cuivre
Chrome
Tungstne
tain
Titane
Zirconium
Total

Importations

Exportations

2 708 380

1 921 089

840 702

949 061

1 221 313

667 701

130 604

130 461

3 304 162

2 741 565

11 580
47 275

109 189

101 794
518 269

12 765
49 474
154 347

74 032

29 974

8 365 810

6 581 305

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Les donnes prsentes ici traitent des volumes dimportation et dexportation en valeur (et non en
volume6), afin dtre en capacit de comparer les diffrents mtaux entre eux. On peut souligner
que la balance dexportation est positive en ce qui concerne le zinc et le chrome. noter galement
que ces chiffres ne concernent que les produits classs dans les rubriques douanires des mtaux
non ferreux concerns, et non lensemble des produits finis contenant ces mtaux.
La France importe des mtaux bruts ainsi que des produits semi-finis :
La France est importatrice nette de grandes quantits de cuivre affin sous forme de
cathodes, de billettes et dalliages cuivreux sous forme brute (environ 178 kt), de 40 kt de
fils et de 35 kt de tles et bandes en cuivre et alliages (laiton, bronze, cupronickel,
maillechort). Elle est par ailleurs exportatrice nette de grandes quantits de dchets de cuivre
et dalliages cuivreux (environ 240 kt) ;
Elle est importatrice nette de 16 kt de nickel et dalliages de nickel sous forme brute, de
6,7 kt de barres et profils en nickel et alliages ;
Elle importe 1,4 Mt dalumine. Deux tiers du dficit de la balance commerciale pour
laluminium sont dus aux importations de profils dEspagne ;
Elle est importatrice nette de poussires de zinc (dchets daciries) hauteur de 17 kt.
La France ne tire pas profit de ses gisements de mtal secondaire, en particulier par manque de
capacit daffinage, et exporte des tonnages importants de dchets mtalliques, principalement vers
les autres pays europens, mais aussi vers la Chine : en 2012, selon les chiffres officiels (hors
exportations illgales), prs de 60 kt de dchets et dbris de zinc (soit environ 15 % de la collecte,
en se basant sur les 322 kt collectes en 2010) et prs de 52 kt de dchets et dbris de cuivre et
alliages cuivreux (soit environ 60 % de la collecte, en se basant sur les 101 kt collectes en 2010)
ont t expdies en Chine.

4.9. UNE

FORTE DPENDANCE DANS LES APPROVISIONNEMENTS, EN


PARTICULIER DE MTAUX DITS HIGH-TECH, NCESSITANT UNE ATTENTION
TOUTE PARTICULIRE

De multiples facteurs peuvent reprsenter des risques dapprovisionnement pour nos importations
de mtaux : lindisponibilit physique des mtaux, la concentration de la production mondiale dans
un nombre restreint de pays, les risques environnementaux et sanitaires qui peuvent provoquer la
fermeture de certains sites de production situs ltranger, ou encore les restrictions aux
exportations mises en place par des pays producteurs.
La trs grande majorit des changes, tant limportation qu lexportation, se fait au sein de
lUnion Europenne, dont principalement lAllemagne, la Belgique, lEspagne et lItalie.
Hors Union Europenne, il est intressant de noter les faits suivants concernant les origines pays de
nos importations :
Pour le minerai destin la production daluminium, 80 % provient de Guine ;
Pour le minerai de zirconium, la majorit provient dAfrique du Sud et dAustralie ;
6

En effet les tonnages regrouperaient des tonnes de minerai, de mtal, dalliages, de dchets..

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50 % des oxydes de tungstne est import de Chine ;


Ltain brut provient 50 % dIndonsie ;
40 % du nickel brut import vient de Russie ;
80 % du cuivre raffin import est dorigine chilienne ;
Une trs grande majorit du cobalt vient de la Rpublique Dmocratique du Congo (
lorigine de 60 % de la production mondiale).

Plus spcifiquement, la Chine est aujourdhui le premier producteur mondial de trs nombreux
mtaux high-tech (les donnes dtailles dimportations franaises par mtal ne sont pas connues) :
Pour les terres rares la Chine assure plus de 95 % de la production mondiale ;
Pour le cadmium, le magnsium, le molybdne, le vanadium, la Chine reprsente entre 20 %
et 50 % de la production mondiale.
Cette forte dpendance vis--vis des pays producteurs reprsente un risque important de
fragilisation des industriels franais des mtaux non ferreux, qui, pour certains mtaux, pourraient
tre amens devoir payer plus cher que leurs concurrents situs dans les pays producteurs, voire
manquer de matire premire. Des actions de scurisation et/ou de substitution sont ncessaires.
Les donnes relatives la scurisation des approvisionnements en mtaux high-tech peuvent tre
trouves dans ltude DGE PIPAME relative aux Enjeux conomiques des mtaux stratgiques
pour les filires automobile et aronautique (2013).7

4.10. DES RISQUES IMPORTANTS DE DLOCALISATION POUR LAMONT DE LA


FILIRE

Au-del de ces aspects de flux, il est intressant de noter les volutions de politique industrielle
dans certains pays. En effet, des pays producteurs de minerais souhaitent aller plus loin vers laval
de la chane de valeur pour capter une plus grande part de la valeur ajoute : cas de lIndonsie qui
depuis dbut 2014 interdit les exportations de minerais bruts de nickel, de bauxite et dtain afin de
dvelopper sa propre industrie mtallurgique (pour rappel, ce pays reprsente 50 % des importations
franaises dtain brut). Un tel mouvement qui se gnraliserait pourrait nuire ce quil reste
dindustrie de production de mtal primaire en France.
Par ailleurs, certains pays cherchent dvelopper leurs industries lectro-intensives sur leur sol en
offrant des tarifs nergtiques trs comptitifs (cas de la Norvge, du Canada, du Moyen-Orient, de
la Russie, de la Chine, etc.).

site du Ministre (http://www.entreprises.gouv.fr/etudes-et-statistiques/catalogue-prospective).

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5. LES DBOUCHS COMMERCIAUX


5.1. SYNTHSE
Les mtaux non ferreux, quils sagissent des mtaux traditionnels ou des mtaux dits high-tech,
trouvent leurs applications dans de nombreux secteurs industriels comme les transports, le btiment,
la production dnergie, les quipements lectriques et lectroniques, les quipements domestiques
et emballages ou encore les industries mcaniques. Plus particulirement, lutilisation des mtaux
high-tech (ou les alliages utilisant ces mtaux) permet dobtenir des caractristiques physiques
(mcaniques, magntiques, etc.) ou chimiques propices aux innovations technologiques et aux
technologies de rupture.
Il faut tout de mme noter que les grands marchs dapplication (automobile, aronautique,
btiment, production et stockage de lnergie ou encore emballage) connaissent des dynamiques
trs htrognes, notamment pour les acteurs de la production manufacturire franaise. Certains
marchs dapplication ont par exemple disparu de lhexagone (fabrication de batteries de dmarrage
plomb-acide), alors que dautres secteurs sont en forte croissance (construction aronautique).

5.2. LINDUSTRIE DES MTAUX NON FERREUX, UN MAILLON INDISPENSABLE DES


GRANDS SECTEURS MANUFACTURIERS AVAL

Situ en amont de la chane de valeur industrielle, le secteur des mtaux non ferreux est un maillon
indispensable de lapprovisionnement dindustries aval aussi importantes que la construction,
laronautique et lespace, la dfense, le nuclaire, lautomobile, la mcanique, les composants
lectroniques ou les nergies renouvelables.
Lindustrie des mtaux non ferreux est une industrie innovante contribuant aux filires d'avenir
(recyclage, nergie renouvelable, transports propres, matriaux de haute performance, co-btiment,
etc.) et plus particulirement aux 34 plans de la nouvelle France industrielle lancs en septembre
2013 (vhicule 2 litres aux 100 km, TGV du futur, recyclage et matriaux verts, usine du futur,
etc.).
De nombreuses ruptures technologiques et des volutions de performances sont induites par de
nouvelles caractristiques techniques provenant de la mise en uvre de nouveaux mtaux/alliages
en raison de leurs proprits mcaniques, physiques et/ou chimiques exceptionnelles. On peut citer
notamment les exemples dapplications suivants :

lutilisation de matriaux plus performants pour la connectique,


lallgement des structures,
le dveloppement de nouvelles gnrations de batteries,
loptimisation des performances moteurs,
le dveloppement de nouveaux aimants permanents dans les moteurs lectriques,
la rduction des missions polluantes,
le dveloppement des nergies dcartonnes, etc.

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ce titre, de nombreux mtaux dits high-tech (ou alliages utilisant ces mtaux) sont devenus
stratgiques pour de nombreuses filires franaises, matures ou en dveloppement.
Le dveloppement industriel national ne peut senvisager sans les acteurs de lapprovisionnement et
de la transformation des mtaux non ferreux.

5.3. LAVENIR

DE LINDUSTRIE DES MTAUX NON FERREUX PASSE PAR UN


NIVEAU DE PRODUCTION MANUFACTURIRE EN FRANCE, EN EUROPE, ET DE
PLUS EN PLUS HORS EUROPE, SOUTENU

Inversement, la sant des industriels des mtaux non ferreux franais dpend du niveau de la
production manufacturire franaise, europenne, et de plus en plus hors UE. Elle dpend de chacun
des grands secteurs industriels aval cits.

Source : Coe-Rexecode- septembre 2013

La croissance mondiale se poursuit. La production industrielle agrge des 50 principaux pays a


progress de 2,9 % sur un an et cesse de dclrer. Le rebond de la croissance en 2013 est
essentiellement d la Chine. Lconomie chinoise a rebondi depuis l't, notamment grce un
nouveau plan de soutien budgtaire et au redressement des exportations vers les conomies
dveloppes. Par ailleurs, l'activit a plutt bien rsist dans les autres conomies asiatiques,
l'exception de l'Inde. En revanche, elle parat avoir ralenti en Amrique latine et en Russie.
Aprs la trs forte baisse de la production manufacturire franaise en 2008-2009, et une lgre
remonte en 2010-2011, un net ralentissement de l'activit a t observ en lien avec la dgradation
de la conjoncture conomique. A contrario, la production europenne est reste mieux oriente
mme si elle sest galement ralentie depuis fin 2011.

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Il faut noter que ces tendances macroconomiques ne refltent pas les ralits de lensemble des
acteurs industriels du secteur. En effet, les situations conomiques et les perspectives moyen
terme sont htrognes. Elles varient selon les mtaux et alliages considrs, le positionnement
march (commodits, produits standards ou de spcialits) ainsi que le degr douverture
linternational.
Le graphique ci-aprs donne la rpartition des utilisations finales des mtaux non ferreux par grands
secteurs dactivit :

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Principal dbouch de la profession, lindustrie des matriels de transport (constructeurs et


quipementiers automobiles, aronautiques, ferroviaires, navals) connat depuis plusieurs annes
une situation contraste :
Les activits automobiles rencontrent des difficults structurelles suite aux volutions du
march au niveau mondial et aux restructurations en cours chez les constructeurs franais,
Renault-Nissan et PSA Peugeot Citron. Dimportantes baisses des besoins se traduisent en
aluminium (lments de carrosserie et de structure, pices de liaison au sol, culasses), en
cuivre (connexions lectriques et lectroniques), en zinc (pices galvanises, pices
moules), et en nickel (finitions, dcoration). Il faut cependant noter que l'utilisation de
l'aluminium a augment chaque anne depuis 40 ans dans les vhicules et certains
constructeurs comme Ford (avec leur concept car Atlas prfigurant le futur modle de
pickup F150) nhsitent pas envisager le tout aluminium pour les pices de carrosserie
des vhicules de demain.
En revanche, la construction aronautique est, quant elle, trs bien oriente avec une
croissance extraordinaire des cadences de production dAirbus et de Boeing et de trs
bonnes perspectives moyen terme. Diffrents matriaux sont en comptition pour les
pices de structures : les composites, les alliages de titane, les alliages daluminium. Pour les
moteurs, il est fait appel aux alliages de titane et aux superalliages base nickel selon la zone
du moteur considre.
Autre important dbouch, le secteur de la construction tant franaise queuropenne, subit le
ralentissement gnral des investissements immobiliers et en infrastructures.
Enfin, au-del des fluctuations conjoncturelles dactivit, certaines industries aval pourraient
disparatre du territoire franais ; cest par exemple le cas des batteries plomb-acide de dmarrage
(automobiles et camions), dont le dernier reprsentant, Steco Power, a cess son activit en 2013.
Les batteries de ce type sont donc maintenant importes dautres pays europens.

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5.4. LES MTAUX ET ALLIAGES DIFFRENT SELON LES SECTEURS UTILISATEURS


5.4.1. Pour les mtaux de base

Une liste exhaustive des mtaux non ferreux considrs dans le cadre de la prsente tude est
donne dans le paragraphe relatif au champ de ltude.
Laluminium est particulirement apprci par les industries du transport (avions, voitures, trains)
pour ses proprits de solidit et de lgret. Dautres secteurs comme lemballage (en particulier
dans les canettes de boissons) et le btiment (dont les huisseries de portes et fentres) en utilisent
galement dimportants volumes.

Source : Xerfi, Juillet 2012

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Le cuivre est utilis particulirement dans les industries lectriques et lectroniques : fils et cbles
lectriques ou tlphoniques, connecteurs, circuits imprims. Le secteur du btiment est galement
un dbouch important du cuivre, sous forme de tuyauterie, pour l'acheminement de leau et du
chauffage (cuivre sanitaire) ou pour la climatisation (cuivre frigo).

Source : Xerfi, Juillet 2012


Le zinc est principalement utilis pour la galvanisation de mtaux ferreux (protection du produit par
loxydation dune fine couche de zinc sa surface). La construction utilise des ouvrs en zinc,
lautomobile des pices moules en alliages de zinc.

Source : Xerfi, Juillet 2012

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La trs grande majorit des dbouchs du plomb est reprsente par lindustrie des batteries
daccumulateurs, ce mtal ntant plus utilis dans les applications sanitaires (tuyaux en plomb) en
raison de sa toxicit. Il est galement utilis pour la protection des cbles, la protection contre les
radiations (radiographie, nuclaire), la fabrication douvrs pour le btiment et lindustrie.

Source : Xerfi, Juillet 2012


Ltain est principalement utilis dans la fabrication de fer-blanc (industrie de la conserve), le
complment allant dans les activits de soudage et de brasage, la ralisation douvrs en tain (au
sein dalliages) et le secteur de la chimie.

Source : Xerfi, Juillet 2012

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Le principal dbouch du nickel est la production dacier inoxydable destination du secteur


chimique, de llectromnager, de lautomobile et du btiment, mais essentiellement sous forme de
ferronickel. Le nickel mtal est la base de nombreux superalliages utiliss pour leurs proprits de
tenue en temprature et de rsistance la corrosion : ces alliages sont essentiels pour les parties
chaudes des moteurs aronautiques (civils et militaires). Il est galement utilis en galvanoplastie
(mtal chrom).

Source : Xerfi, Juillet 2012


5.4.2. Pour les mtaux High-Tech
Les autres mtaux non ferreux trouvent leurs applications dans des domaines varis mais de haute
technologie. On peut notamment, dans le cadre de cette tude, citer :

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Mtal
Bryllium

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Principales utilisations
Bryllium mtal en aronautique et dans le nuclaire
Alliages cuivre-bryllium (aronautique, lectronique), aluminiumbryllium (aronautique et avionique, automobile) et nickel-bryllium
(lectronique, dentisterie)

Cadmium

lectrode daccumulateurs lectriques


Revtement anticorrosion
Alliages bismuth-plomb-cadmium-tain pour les fusibles de sprinkler

Chrome

Superalliages (turbines gaz, moteurs davions)


Aciers inoxydables (ferrochrome)

Cobalt

Lithium

Batteries pour vhicules hybrides et lectriques


Alliages aluminium-lithium pour laronautique

Magnsium

Alliages daluminium (boites boisson, automobile et aronautique)


Pices moules en alliages de magnsium (automobile)

Manganse

Mtallurgie de la fonte et de lacier


Production de superalliages (aronautique)

Molybdne

Superalliages, alliages de titane


Aciers (ferromolybdne) et fontes
Pices en molybdne et alliages (ex. : TZM) pour travail des mtaux et
du verre, chimie, arospatial

Niobium

Superalliages
Aciers automobiles (utilisation de ferroniobium)

Rhnium

Catalyseurs pour la ptrochimie


Superalliages

Tantale

Composants lectroniques
Arospatiale
quipements pour lindustrie chimique (rsistance la corrosion et la
temprature)

Terres rares

Applications lies leurs proprits optiques (catholuminescence,


fluorescence, lasers) ou magntiques (aimants)
Cramiques

Titane

Aronautique : structure, moteurs


quipements industriels

Superalliages
Aimants permanents
Outils de coupe carburs
Prothses orthopdiques

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Tungstne

Aciers spciaux
Outils de dcoupe et carbures cments
Catalyseurs
Filaments de lampes incandescence

Alliages de titane pour l'aronautique (ex. : TA6V)


Vanadium

Alliages daluminium (affineur de grain)


Aciers (ferrovanadium)

Zirconium

Tubes de combustible nuclaire

5.4.3. Pour les mtaux prcieux


Les mtaux prcieux sont principalement utiliss, en dehors des secteurs de la joaillerie et de la
bijouterie, par lindustrie de llectronique et lindustrie automobile (catalyse) :
Un quart de lor est utilis pour des applications industrielles principalement lectroniques,
45 % de la demande dargent est destin des applications industrielles (hors photographie
dont la part a considrablement diminu et ne reprsente plus que 5 %),
Le palladium et le platine sont surtout utiliss pour la catalyse automobile (le secteur
automobile consomme la moiti du platine mondial).

6. LE CONTEXTE MONDIAL DES MTAUX NON FERREUX DANS


LEQUEL VOLUE LINDUSTRIE FRANAISE
6.1. SYNTHSE
Indpendamment de la composante spculative qui agit sur les matires premires cotes en bourse,
et lor dans ce domaine en est le symbole, les cours des mtaux rpondent des fondamentaux lis
la loi de loffre et de la demande. La croissance rapide de la demande chinoise dans les annes
2004-2008 a entran une priode de surchauffe sur les prix, loffre ne pouvant sadapter au
rythme demand. Aprs cette priode, la chute de la demande mondiale en 2008-2009 a entran
une baisse des prix.
Les mtaux de base, bien que bnficiant dune croissance lgre de la demande dans les pays
dvelopps (voire une baisse de la demande pour certains mtaux comme le plomb en Europe),
bnficient dune croissance trs importante de la part des pays mergents (Chine notamment). Il
faut noter que ces mmes pays mergents ont engag des programmes de construction dunits de
production avec des capacits importantes. Il semble probable que lindustrie des mtaux non
ferreux continuera connatre une tendance gnrale la hausse des prix mais avec des cycles ou
alterneront des phases de surcapacit/baisse de prix et de tension sur loffre / hausse des prix. La
volatilit se superposant cette volution cyclique devrait rester forte.

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Les mtaux de base (aluminium, cuivre, plomb, nickel, tain, zinc) ainsi que le cobalt et le
molybdne bnficient dune cotation au LME (London Metal Exchange), laissant peu de marge de
manuvre sur cette partie de leurs cots et de leurs revenus aux industriels, notamment aux petits
acteurs qui ne peuvent profiter dun effet volume. cela peut sajouter la fluctuation de la parit
euro/US dollar, les cours au LME tant tablis en US dollar.
Il existe toutefois certains mcanismes de couverture permettant aux industriels de couvrir leurs
achats et leurs ventes, de faon rduire le risque auquel ils sont exposs en raison de la volatilit
des cours.
GRANDES TENDANCES DE LINDUSTRIE DES MTAUX NON FERREUX
DANS LE MONDE

6.2. LES

Lindustrie mondiale des mtaux non ferreux a connu une priode de surchauffe partir de
2004, caractrise par une forte augmentation des prix ; cette surchauffe tait due aux tensions
provoques par la croissance rapide de la demande chinoise, alors que les prix de la priode
prcdente ne staient pas situs des niveaux suffisants pour inciter les industriels dvelopper
fortement leurs capacits de production.
Cette priode deuphorie a t interrompue par le ralentissement de la demande mondiale en 2008.
Puis la demande mondiale a retrouv une croissance qui a permis aux prix des mtaux de repartir
la hausse, jusquau nouveau ralentissement des derniers mois de 2011.
Les crises financires puis conomiques qui ont touch la zone Euro partir de 2009 sont l'une des
causes de ce ralentissement, qui s'est propag aux conomies mergentes comme la Chine et l'Inde,
avec des consquences ngatives pour les secteurs de l'acier et des mtaux non ferreux, tous deux
troitement lis des industries cls comme la construction et lautomobile.
Mcaniquement, ce ralentissement conomique a conduit la baisse des prix des mtaux non
ferreux.
Nanmoins, l'importance des mtaux non ferreux reste capitale pour de nombreuses industries et la
demande devrait repartir, avec ventuellement de nouvelles priodes de tension pendant le temps
ncessaire loffre pour sajuster une reprise rapide de la consommation.
Toutefois, lvolution de la demande mondiale sera htrogne selon les rgions. Le potentiel de
croissance se situe davantage dans les pays en voie de dveloppement que dans les pays dj
dvelopps.
De faon trs schmatique, on peut considrer que la demande de mtaux de base dans les
conomies matures ne devrait, au mieux, crotre que lentement, alors que la demande des pays
mergents, tire par le dveloppement des infrastructures et llvation du niveau de vie, devrait
tre beaucoup plus dynamique (cela nempchant pas des ralentissements conjoncturels de se
produire).
La Chine, en particulier, voit sa consommation de mtaux non ferreux se dvelopper rapidement et
met en place sur son sol les capacits de production et de transformation ncessaires, tout en
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prenant le contrle de ressources minires dans dautres rgions du monde ou en important de


grandes quantits de minerais.
Trois exemples peuvent illustrer cette tendance :
La figure suivante illustre la croissance rapide de la production daluminium primaire en
Chine de janvier 2000 septembre 2013 (source : IAI International Aluminium Institute).
On y constate que, pour faire face la croissance rapide de sa consommation, la Chine a
construit des capacits considrables dlectrolyse ; ce pays est ainsi devenu le premier
producteur daluminium primaire. Il faut par contre souligner que ces chiffres sont mettre
en cohrence avec les populations (et donc les consommateurs/utilisateurs) des pays
concerns, avec par exemple deux fois moins de consommateurs globalement en Europe
quen Chine.

Figure 9 : Production mensuelle d'aluminium primaire, en kt, par zone gographique, de janvier
2000 septembre 2013 (source : IAI)
Pour un autre mtal de base, le plomb (batteries auto, batteries industrielles), la comparaison
de la demande europenne avec la demande dun autre pays mergent, lInde, est flagrante :
tendance dcroissante pour lEurope (sans compter le trou dair de 2009), croissance
rapide en Inde.

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Figure 10 : Consommation de plomb en Europe et en Inde, 2004-2012 (source : ILZSG, Octobre


2013)
Pour un mtal high-tech , le titane, on voit que la production dponge mondiale crot
rapidement (avec encore le trou dair en 2009-2010). La Chine est le pays o la
production se dveloppe le plus rapidement ; on peut noter quil sagit dune qualit
dponge qui nest pas encore de qualit convenable pour laronautique, mais utilisable
pour les autres applications industrielles.

Figure 11 : Production d'ponge de titane par pays, 2000-2013 (source : Roskill)

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6.3. LES COURS DES MATIRES PREMIERES


6.3.1. Des prix trs ractifs aux volutions de loffre et de la demande
Au cours des quinze dernires annes, les cours des matires premires et en particulier des mtaux
ont t marqus par :
Une forte augmentation par rapport aux niveaux connus jusquau dbut des annes 2000,
lanne 2003 apparaissant comme lanne charnire ;
Un accroissement de la volatilit des cours.
Lamplitude de ces deux facteurs dpend du mtal considr.
Les figures suivantes (en dollars US courants par tonne) illustrent titre dexemples les volutions
historiques des cours de deux mtaux de base au London Metal Exchange (LME) :

Figure 12 : Cours de l'aluminium au LME (cash buyer) de janvier 1998 juillet 2013 (source :
LME)

Figure 13 : Cours du cuivre au LME (cash buyer) de janvier 1998 juillet 2013 (source : LME)
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Les cours des mtaux rpondent la loi de loffre et de la demande. Or, lindustrie dextraction et
de production primaire des mtaux est une industrie trs capitalistique et aux temps de rponse
longs : il faut au moins une dizaine danne pour passer du stade de lexploration dun gisement au
stade de la production minire. Loffre ne peut pas sadapter rapidement la demande, et il apparat
des cycles en fonction de lexcdent ou du dficit de loffre par rapport la demande : surcapacit /
sous-capacit de production. Cela conduit un comportement cyclique des cours.
ces fondamentaux sajoute, pour les mtaux cots en bourse, une composante spculative ;
cette composante est particulirement importante dans le cas de lor par exemple, mais elle existe
aussi pour les mtaux de base. En effet, les industriels ne sont pas les seuls acteurs intervenant
directement ou indirectement sur les bourses des mtaux, et lon y trouve aussi des investisseurs,
des banques daffaires et des fonds spculatifs, comme sur les marchs financiers.
Historiquement, les niveaux bas des prix des mtaux antrieurs lanne 2003 ont conduit de
nombreuses socits minires rduire leurs dpenses dexploration et dinvestissements. La
croissance rapide de la demande chinoise a donc conduit un dficit de loffre et une
augmentation rapide des cours, le temps de redmarrer des installations larrt, de lancer des
extensions des mines existantes, de construire de nouvelles usines.
Les cours ont ainsi culmin au second semestre 2007, qui a vu par exemple les cours du plomb
multiplis par un facteur 8, les cours du nickel multiplis par un facteur 10 ; puis les cours ont subi
une forte baisse en 2008, et depuis fluctuent, mais autour de niveaux suprieurs ceux connus avant
2003.
Cette augmentation tendancielle des prix sexplique par le fait que, pour faire face la demande, les
cots des producteurs de mtaux ont augment : les nouvelles mines ont souvent des conditions
dexploitation plus difficiles et plus coteuses que les plus anciennes, pour des raisons physiques
(teneurs plus faibles, profondeurs plus importantes, plus grand loignement des infrastructures
existantes) ; il sy rajoute des facteurs conomiques de renchrissement : augmentation du prix de
lnergie, des salaires, renforcement des contraintes environnementales.
Ces facteurs conomiques de renchrissement jouent galement pour les usines de production des
mtaux partir des minerais ; de plus, certains nouveaux minerais demandent des processus de
traitement plus coteux.
Devant lenvole des cours de 2003 2007 certains ont pu croire que la demande des pays
mergents avait cass la logique de cycles et que les prix des mtaux resteraient de faon
permanente orients la hausse. Il nen est rien car, dune part, lexprience montre que la
croissance des pays mergents peut ralentir, et, dautre part, ces mmes pays mergents, la Chine en
particulier, construisent des units de production un rythme effrn, crant des surcapacits
importantes (cest le cas par exemple de laluminium) qui tirent les prix vers le bas.
Le fait que les cots de production dans ces pays soient plus bas que dans les pays occidentaux
(salaires plus faibles, contraintes environnementales moins strictes) et que le financement des
projets y soit parfois moins slectif explique en grande partie pourquoi ces pays prennent des parts
de march aux sites industriels installs dans les pays dvelopps. Cela est encore renforc par le
fait quen raison de rentabilits plus faibles que leurs homologues des pays mergents, les
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industriels franais ont des difficults autofinancer leurs investissements et accder au crdit. De
plus, et en particulier en Europe, les banques, mises mal par la crise et exposes une conjoncture
conomique incertaine maintiennent une politique doctroi de crdit prudente et slective.
Il est probable que les prix des mtaux non ferreux continueront connatre une tendance gnrale
la hausse, mais avec des cycles o alterneront des phases de surcapacit / baisse des prix et de
tension sur loffre / hausse des prix. La volatilit se superposant cette volution cyclique devrait
rester forte.
6.3.2. Une volution sujette leffet de tensions internationales ou de crises locales
Les variations de loffre et de la demande, et les anticipations relatives ces facteurs, sont affectes
par les vnements gopolitiques, politiques ou sociaux qui peuvent conduire au tarissement dune
source importante dapprovisionnement. Quelques exemples trs rcents illustrent ces mcanismes :
La crise ukrainienne de 2014 peut conduire la mise en place par les pays occidentaux de
sanctions conomiques lgard de la Russie, avec des restrictions aux changes financiers
et commerciaux ; or la Russie est un acteur majeur de la fourniture de nickel et de
palladium.
Une grve de longue dure affecte depuis dbut 2014 lindustrie minire des platinodes en
Afrique du Sud, et se traduit par une forte baisse de la production mondiale de platine et de
palladium.
LIndonsie a mis en place en janvier 2014 une interdiction dexporter des minerais bruts de
nickel, de bauxite et dtain ; or, cest le premier producteur mondial de minerai de nickel,
les Philippines pourraient lui emboter le pas.
Ces vnements, a priori indpendants les uns des autres, ont concouru notamment la remonte
des cours du nickel (voir figure 6 plus haut) et du palladium (figure ci-dessous) au premier semestre
2014 :

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Figure 14 : volution du cours du palladium juin 2013-mai 2014, en US$/oz (source :


infomine.com)

La tendance dans les pays en voie de dveloppement dtenteurs de ressources minrales est de
chercher retenir une plus grande part de la valeur ajoute, par des moyens varis : augmentation
des taxes ; obligation de transformer le minerai sur place (Indonsie) ; nationalisation de socits et
interdiction du partenariat avec des multinationales (Bolivie). Paralllement les cots des facteurs
de production (salaires, nergie) augmentent dans ces pays. Les pays dvelopps, et en particulier
les pays europens, doivent donc sattendre devoir payer plus cher leurs importations de minerais,
et dans certains cas devoir produire les mtaux dans les pays miniers.
6.3.3. Des cours fixs sur des bourses officielles pour les mtaux de base et les mtaux
prcieux
Pour mieux comprendre limpact des variations de prix des mtaux aux diffrents stades de la
chane de valeur, il est ncessaire dapprofondir un peu les mcanismes de fixation des prix.
Un certain nombre de mtaux font lobjet dune cotation sur des bourses spcialises, comme le
London Metal Exchange, le Chicago Mercantile Exchange (groupe CME) et en particulier ses deux
marchs New York Commodity Exchange (COMEX) et New York Mercantile Exchange
(NYMEX), ou encore le Shanghai Metal Exchange (SHME).
titre dexemple, les mtaux non ferreux cots au LME sont les suivants :

Mtaux de base :
o Aluminium (pur et alli)
o Cuivre
o Plomb
o Nickel
o tain
o Zinc
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Minor Metals (mtaux mineurs8) (depuis 2010) :


o Cobalt
o Molybdne

Les transactions sur le LME permettent de dfinir chaque jour et pour chaque mtal un ensemble de
prix, fonction de lchance des contrats. Par exemple pour laluminium, le 19 fvrier 2014, la
courbe de prix tait la suivante (pour la comprhension, Dec 1 = 17 dcembre 2014, Dec 2 = 16
dcembre 2015, Dec 3 = 21 dcembre 2016) :

Figure 15 : Donnes officielles pour l'aluminium au LME, le 19 fvrier 2014


(http://www.lme.com/metals/non-ferrous/aluminium/)
Dans lexemple prsent, les prix sont dautant plus levs que le terme du contrat est loign, mais
ce nest pas toujours le cas, les prix pouvant dcrotre pour des chances plus loignes (on parle
alors de backwardation ).
Les mtaux prcieux (or, argent, platine, palladium) font eux aussi lobjet de cotations officielles :
London Bullion Market (or, argent), COMEX/NYMEX, Shanghai Metal Exchange. Par rapport aux
volutions des prix des mtaux non ferreux purement industriels, les cours des mtaux prcieux
8

Minor Metals est la dnomination employe par le LME

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tiennent compte dune dimension investissement plus marque, car ils servent de valeur refuge
lorsquapparaissent des craintes sur la solidit des monnaies et les risques dinflation.

Figure 16 : Cours de l'or et de l'argent de 1998 juillet 2013 (source : infomine.com)


Note : ces cours sont exprims en $ par once (oz), unit de mesure traditionnelle des mtaux
prcieux et quivalente 31,103 g ; 1 kg = 32,151 oz. titre dexemple, un cours de 20 $/oz
quivaut 643 $/kg et un cours de 1 400 $/oz 45 011 $/kg.
Le fait que les prix des mtaux donnent lieu une cotation officielle ne les met toutefois pas labri
de manipulations : attaques par des fonds spculatifs ou mouvements artificiels de stocks en
possession de banques daffaires ou de traders pour crer des situations de pnurie artificielle et
influencer les primes qui se rajoutent au cours officiel. Malgr les garde-fous censs tre mis en
place par les bourses des mtaux, ces phnomnes se reproduisent rgulirement.
6.3.4. Des possibilits pour les industriels de rduire le risque li aux fluctuations de
cours
Les cours officiels fournissent une rfrence pour les transactions entre acteurs. Mais lexistence de
ces marchs permet aussi aux industriels de couvrir leurs achats et leurs ventes, de faon rduire le
risque auquel ils sont exposs en raison de la volatilit des cours. Imaginons en effet le cas dun
transformateur daluminium qui achterait du mtal pour le transformer afin de revendre ses
produits trois mois aprs lachat, les deux transactions tant bases sur le cours du LME ; si, sur les
trois mois, le prix de laluminium seffondrait, il pourrait tre amen vendre ses produits avec une
marge ngative ; son intrt est donc de couvrir la vente du volume quil prvoit de vendre
lchance de trois mois ; cela le met labri du risque de perte, mais, en contrepartie, il ne
bnficiera pas dune ventuelle hausse du cours sur les trois mois.
Lencadr ci-aprs illustre le mcanisme des options et son utilisation possible pour couvrir des
ventes de mtal.

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Exemple de la couverture de ventes de mtal terme


Dans le cas des mtaux cots sur une bourse comme le LME, et de la mme faon que sur les marchs
dactions, il existe de nombreuses combinaisons pour couvrir des achats ou des ventes de mtal.
Les couvertures font appel au march des options, dont les deux formules de base :
- Loption de vente ou put ,
- Loption dachat ou call .
Sur les bourses des mtaux, ces options se vendent et sachtent. Les acteurs peuvent tre des industriels, des
traders, des investisseurs, des intermdiaires, etc.
Fonctionnement des options
Les mcanismes en sont les suivants.
Dans le cas de loption de vente ou put , lacheteur du put acquiert le droit de vendre lchance fixe
la quantit de mtal considre, un prix dtermin lavance (prix dexercice), au vendeur du put qui
sengage acheter cette mme quantit au prix dexercice ; lacheteur du put a le choix dexercer ou non son
droit.
Par exemple, dans le cas dun put chance de trois mois avec un prix dexercice de 2 000 $/t :
- Si, lissue des trois mois le cours du mtal est tomb 1 700 $/t, lacheteur du put exercera son
droit pour vendre son mtal 2 000 $/t ;
- Par contre, si, lissue des trois mois le cours du mtal est mont 2 200 $/t, lacheteur nexercera
pas son droit : il vaudra mieux pour lui vendre au cours du jour.
Lacheteur du put est donc garanti contre la baisse des cours ; toutefois il doit payer le prix dachat du put
(prix de souscription).
Dans le cas de loption dachat ou call , lacheteur du call acquiert le droit dexiger du vendeur du call
quil lui vende, lchance fixe, la quantit de mtal considre au prix dtermin (prix dexercice) ; le
vendeur du call est tenu de vendre cette quantit au prix dexercice ; lacheteur du call a le choix dexercer
ou non son droit.
Par exemple, dans le cas dun call chance de trois mois avec un prix dexercice de 2 000 $/t :
- Si, lissue des trois mois, le cours du mtal est mont 2 200 $/t, lacheteur du call exercera son
droit pour forcer le vendeur lui vendre la quantit de mtal considre au prix de 2 000 $/t ;
- Par contre, si, lissue des trois mois le cours du mtal est tomb 1 700 $/t, lacheteur du call
nexercera pas son droit et achtera son mtal au cours du jour.
Lacheteur du call est donc protg contre la hausse des cours ; pour avoir cette garantie il doit payer le cot
dachat du call.
Couverture de futures ventes de mtal
En ce qui concerne la couverture des oprations sur les mtaux, nous traiterons un exemple simple, celui
de la couverture de futures ventes.
Plaons-nous dans le cas d'un industriel I (mineur, producteur de mtal brut, transformateur), qui sait 9 quil
vendra dans le futur des produits contenant une certaine quantit de mtal (par exemple 1 000 t), dont le prix
de vente sera bas sur les cours du LME une certaine chance (par exemple trois mois).
Cet industriel ne veut pas courir le risque dune chute des cours du LME sur cette priode ; paralllement
ses ventes physiques auprs de ses clients, il va donc sassurer contre ce risque en recourant des outils de
couverture sur le march des options.

Prvisions de ventes, commandes, contrat annuel ou pluriannuel, etc.

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Supposons quil souhaite bien se protger dune baisse des cours qui viendrait rduire son rsultat, mais ne
veuille pas dbourser le prix dachat dun put, et pour cela accepte de ne pas bnficier dune hausse des
cours. Dans ce cas, il peut acheter un put pour 1 000 t de mtal, et simultanment vendre un call pour 1 000 t,
dont lchance, le prix de souscription et le prix dexercice soient les mmes que ceux du put. Les prix de
souscription squilibrant, la dpense initiale est nulle pour I.
Par exemple il achte un put et vend un call dont les prix dexercice sont de 2 000 $/t, pour la mme quantit
de 1 000 t de mtal.
lchance :
- Si le cours LME du mtal est tomb 1 700 $/t :
Lacheteur du call nexercera pas son droit sur I, car il prfrera acheter le mtal
1 700 $/t ;
Notre industriel I exercera son put pour forcer le vendeur de put lui acheter 1 000 t
2 000 $/t, que I fournira en achetant sur le march 1 700 $/t : il gagnera ainsi 300 $/t ;
I procdera galement la vente prvue de ses produits contenant 1 000 t de mtal, au
cours de 1 700 $/t ;
Globalement notre industriel I aura reu 300 + 1 700 = 2 000 $/t soit un montant de 2 M$.
- Si le cours LME du mtal est mont 2 200 $/t :
Lacheteur du call exigera de notre industriel I quil lui vende 1 000 t 2 000 $/t, que I lui
fournira en achetant sur le march 1 000 t 2 200 $/t, donc avec une perte de 200 $/t ;
I nexercera pas le put quil dtient, car il ne va sobliger vendre 1 000 t 2 000 $/t
alors que le cours du march est 2 200 $/t ;
I procdera la vente prvue de ses produits contenant 1 000 t de mtal, au cours de
2 200 $/t ;
Globalement notre industriel I aura encore reu 2 200 200 = 2 000 $/t soit un montant de
2 M$.
Avec cette formule, lindustriel a donc fig le prix quil retirera de la vente de son produit et de lexercice
des options.
Dans la pratique, les tonnes de mtal changes dans le cadre des options ne donnent pas lieu des changes
physiques et les oprations sont soldes par des intermdiaires financiers. Bien entendu, paralllement, I
procde la vente de ses produits (contenant 1 000 t de mtal) ses clients.
Lindustriel peut avoir recours aux services dune banque qui, partir des cotations du LME, lui proposera le
put et le call pour lchance souhaite, en calculant le prix dexercice commun de faon que les prix de
souscription squilibrent. lchance, la diffrence entre le cours du LME et le prix dexercice donnera
lieu un flux financier dans un sens ou dans lautre entre I et la banque.
En faisant varier les cours dexercice, les quantits de mtal concernes, etc., de nombreuses combinaisons
doptions sont possibles. La couverture dachats futurs est aussi possible, avec un schma inverse de
lexemple dcrit ci-dessus.

Ces mcanismes de couverture sont importants pour les industriels situs des stades intermdiaires
de la chane de valeur, qui achtent du mtal sous une forme ou une autre (concentrs, lingots, etc.)
pour le revendre aprs transformation, sauf dans les cas o ils bnficieraient dun contrat avec leur
client qui les mettrait labri de ce risque. Il ne sagit pas de spculation, mais de couverture dun
risque.
Les mineurs, qui extraient le minerai du sol et souvent effectuent une tape de concentration nont
pas de cots dapprovisionnement en mtaux lis aux cotations officielles, seules leurs ventes en
dpendent. Ils peuvent choisir de couvrir leurs ventes ou de ne pas le faire. Les deux stratgies se
rencontrent et elles peuvent se succder chez un mme acteur. Cest ainsi que les producteurs dor
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recouraient largement aux couvertures avant la hausse des cours, ce qui leur a caus dimportants
manques gagner et les a pousss liquider ( perte) leurs couvertures. Certains envisagent de
revenir une politique de couverture.
Sur ces marchs, interviennent galement des acteurs financiers, qui nont pas de risque industriel
couvrir, mais cherchent raliser des profits en achetant et revendant des contrats papier .
6.3.5. Une marge de manuvre limite pour la fixation des prix dachat et de vente, en
particulier pour les petits acteurs
Nous avons indiqu plus haut que le cours du mtal au LME (ou autre bourse) servait de rfrence
aux transactions entre acteurs de la filire. Cela ne signifie pas que toutes les ventes se font ce
prix.
En effet :
Les ventes de concentrs (plomb, zinc, cuivre, etc.) valorisent un certain pourcentage (par
exemple 95 %) des mtaux contenus, mais dduisent du prix des frais de traitement destins
rmunrer lopration de production du mtal partir du concentr ; ces frais de traitement
voluent en fonction de loffre et de la demande de concentr 10;
Il peut y avoir des primes ou des pnalits en fonction de la composition chimique relle du
produit chang, ou de la spcificit du service rendu ;
Dans le prix dachat effectif, au cours du LME se rajoutent des primes gographiques par
grande rgion (Europe, Asie, Amrique du Nord), qui sont fonction de lquilibre offredemande dans la rgion considre et peuvent reprsenter une part significative du cours
LME (autour de 250 $/t en Europe pour laluminium dbut septembre 2013, autour de 130150 $/t recherchs pour le cuivre par Codelco en Chine pour 2014) ;
Les contrats peuvent comporter des clauses spcifiant la rpartition des cots logistiques,
des taxes, etc. ;
Les prix spot varient beaucoup plus rapidement que les prix des contrats annuels ou
pluriannuels ;
Les plus gros acteurs peuvent ngocier des conditions amliores, ce que ne peuvent pas
faire les petits acteurs.
Il nen reste pas moins vrai que, pour beaucoup dacteurs, la libert de manuvre est limite sur les
prix dapprovisionnement et les prix de vente. Sur ce dernier point, ils peuvent nanmoins se
dmarquer de la concurrence en proposant leurs clients un plus significatif en termes de
qualit, de service11, dinnovation, etc. Une question importante pour les acteurs laval de la
chane est de savoir dans quelle mesure ils peuvent rpercuter leur client les hausses de prix de
leurs achats de mtaux non ferreux.
La grande majorit des mtaux high-tech ne font pas lobjet dune cotation officielle, le march
tant trop troit. On trouve des estimations de prix et des historiques dans des publications
10
11

Ils comportent galement un terme dit escalator qui les fait varier partiellement avec les cours du mtal considr.
Par exemple travail en commun pour dfinir des nuances dalliages adaptes aux besoins des clients.

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spcialises, parfois pour le mtal lui-mme, parfois pour des matires premires telles que les
oxydes (oxyde de molybdne, oxyde de vanadium) ou pour des ferroalliages (ferrotitane).
6.3.6. Les cours des devises jouent galement un rle important pour les industriels
europens
On aura not que ces cotations sont effectues en US dollars ; pour un oprateur franais, il faut
donc prendre aussi en compte les fluctuations des cours des monnaies, euro par rapport US dollar,
et cela, selon son rang dans la chane de valeur : pour ses achats de matires premires, pour ses
ventes, voire pour les deux.
titre dexemple, la figure suivante donne lvolution compare des cours de laluminium au LME,
en euros et en US dollars, depuis le 1er janvier 2003 :

Figure 17 : Cours de l'aluminium au LME, en US dollars (chelle de gauche) et en euros (chelle de


droite) (Source : infomine.com)
Pour les industriels situs aux rangs intermdiaires de la chane de valeur, qui achtent du mtal
sous une forme ou une autre pour le revendre aprs transformation, leurs prix dachat et de vente
comportent gnralement tous deux une part mtal base sur le cours du mtal contenu ; cette
part mtal ne fait en quelque sorte que transiter par leurs comptes, avec diverses consquences
que nous voquerons ci-aprs ( 7.3.1). Le cours du mtal et la devise dans laquelle il est exprim
nont donc quune influence de second ordre sur leurs rsultats. Ceci ne sapplique pas aux mineurs
et aux industries laval de la chane de valeur.
Cependant, avec des cots de production (hors ventuels achats de mtal) en euros, la comptitivit
des cots dun industriel europen par rapport aux industriels dautres rgions du globe sera affecte
ngativement par toute hausse de leuro par rapport au dollar ou aux monnaies des pays mergents.

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6.4. UN POINT SUR DAUTRES GRANDS PAYS INDUSTRIELS


6.4.1. Allemagne : un soutien constant aux activits industrielles
Ds 2007, le gouvernement fdral a labor la stratgie nationale allemande relative aux matires
premires. La ligne conductrice de cette stratgie est la cration dun environnement favorable aux
entreprises, leur permettant de scuriser leurs approvisionnements ; dans ce cadre, les pouvoirs
publics ne prvoient pas dintervenir directement : il nest pas envisag de crer une entreprise
publique ddie lexploration et lextraction, ou bien encore de constituer des stocks
stratgiques. Il faut toutefois souligner la cration en 2012 de la Resource Alliance
(Rohstoffallianz), regroupement dacteurs industriels amont et aval ayant vocation mettre en place
une stratgie de scurisation de lapprovisionnement, soutenue par ltat allemand. En matire
dexploration, les entreprises allemandes ont quasiment abandonn leurs activits linternational
depuis les annes 90 : le gouvernement souhaite les inciter relancer ce type dactivit, par
lintermdiaire de prts.
Dun point de vue industriel, la position dominante est que lintgration verticale est un atout pour
le secteur manufacturier. ce titre, le document relatif la stratgie nationale souligne que le
maintien de capacits de traitement et de transformation de matires sur le territoire national est un
enjeu majeur. ce titre, le gouvernement prvoit, dune part, de dvelopper les activits de R&D en
rponse lvolution des besoins, et dautre part, si besoin est, dvaluer et dadapter les cadres
rglementaires nationaux et europens en fonction des volutions du contexte technico-conomique,
notamment dans le cadre de dialogues avec les milieux conomiques.
Lindustrie allemande des mtaux non ferreux partage plusieurs proccupations et points de vue
avec lindustrie franaise, notamment le fait que les diffrences de rglementation ne doivent pas
aboutir du dumping environnemental , en particulier en matire de recyclage, et que les
volutions en cours, par exemple dans le cadre du rglement REACH, ne doivent pas avoir pour
effet un recul du recyclage.
Cette place accorde aux enjeux industriels va de pair avec la spcialisation croissante de
lAllemagne en Europe : il faut par exemple rappeler que lAllemagne est le premier pays de
destination des dchets dangereux, grce son niveau de matrise des procds mais aussi sa
position gographique. Elle est ainsi devenue la destination principale pour les batteries au plomb
recycler en provenance des pays voisins : France, mais aussi Suisse ou Pologne.
6.4.2. Espagne : une rindustrialisation qui sacclre depuis quelques annes
LEspagne dispose de ressources minrales encore exploites, et plusieurs projets dexploration sont
en cours. Les principales productions du pays, depuis le minerai jusquau mtal, sont le cuivre, le
nickel, lor, largent ; des gisements de zinc et de tungstne sont galement exploits.
Les diffrences en matire dapplication de la rglementation sanitaire et environnementale
(notamment : plombmie en milieu professionnel, application de la rglementation Seveso) ont pu
jouer en faveur des sites industriels espagnols, notamment dans le secteur de la mtallurgie. Un
exemple est lentreprise de recyclage de batteries au plomb Perdibor, dont lactivit sest
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dveloppe sur le site de Robledollano au milieu des annes 2000. Linvestissement de 1,5 M avait
t subventionn hauteur de 25 %, grce au fonds de dveloppement et de diversification des
zones rurales.
Un autre facteur favorisant la position de lEspagne relativement la France vient du fait que les
projets industriels ont pu bnficier de financements rgionaux, manant principalement de fonds
structurels europens. Ces financements varient suivant les rgions et sont attribus selon des
critres dattribution prenant en compte certaines caractristiques socio-conomie. Les zones les
plus dveloppes (Catalogne, Madrid) en sont alors exclues. Il faut toutefois souligner que ces
financements ont un rle incitatif, et ne peuvent eux seuls expliquer le flux de projets industriels
sur le territoire espagnol ; ainsi, la liste publie au journal officiel du gouvernement espagnol en
fvrier 2011 faisait apparatre un taux de (co)financement de lordre de 10 %.
terme, cette logique pourrait trouver ses limites. Que ce soit en matire denvironnement ou
daides aux entreprises, le droit communautaire prvaut. Ainsi, dans les annes 90, certains
territoires bnficiant dun statut fiscal spcifique ont souhait introduire un crdit dimpt
hauteur de 45 % destin faciliter les nouveaux investissements industriels. La Cour de Justice
europenne a confirm en 2011 quune telle incitation tait illgale, en accord avec une dcision de
la Commission Europenne de 2001.
6.4.3. Pologne : un mouvement de restructuration et dalignement avec les standards
europens entam avant ladhsion lUE
Lextraction minire de mtaux existe en Pologne de longue date. Ce secteur ne sest toutefois
rellement dvelopp que dans la premire moiti du XXe sicle, avec notamment la production de
cuivre, de zinc, de plomb et de nickel. Lactivit minire a dcru partir des annes 70, avec une
acclration aprs 1989, qui a vu larrt de lexploitation de nombreux sites. Actuellement, les
principales productions concernent le cuivre, largent, le zinc et le plomb.
Cette exploitation minire multi-sculaire a laiss un passif environnemental significatif, en
particulier du point de vue de la qualit des eaux. La priode prcdant 1989 avait dj connu des
cas de fermeture de sites industriels pour cause de pollution excessive, comme dans le cas de la
production daluminium primaire Skawina (alors considr comme un des sites les plus polluants
du pays), en 1981. KGHM fait elle-mme tat dune trs forte diminution de ses missions
polluantes partir des annes 80.
Le mouvement de restructuration entam ds les annes 80 se poursuit, avec par exemple la
privatisation fin 2012 de ZGH Boleslaw, principal producteur polonais de zinc et de plomb
primaires, et larrt de la production daluminium primaire du pays en 2009. Ces restructurations
ont permis lmergence dun champion national , KGHM (Kombinat Grniczo-Hutniczy
Miedzi), qui fait partie des principaux producteurs mondiaux de cuivre et dargent ; cest aussi le
seul producteur europen de rhnium disposant de son propre gisement. KGHM est confront la
baisse progressive de la qualit du minerai extrait de ses trois sites polonais, do un recours de plus
en plus significatif aux importations de minerais et de dchets de cuivre recycler. Actuellement, le
groupe relance ses activits dexploration sur le territoire polonais, et effectue des prises de
participation dans des projets linternational (Canada, tats-Unis, Chili).
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Dun point de vue strictement rglementaire, lessentiel des volutions que connat la Pologne est
li la mise en conformit avec le droit communautaire, mouvement entam avant mme
laccession de la Pologne au statut dtat membre. Dans la pratique, il semble que les autorits
fassent preuve dune certaine prudence en matire de risques environnementaux, quitte freiner
certains projets.
6.4.4. Sude : les ressources et lexemplarit comme principaux atouts
Les mtaux occupent une place significatives parmi les activits extractives en Sude. Le pays est
notamment producteur de mtaux primaires : aluminium, cuivre, zinc, plomb, or et argent, en
particulier. La production de non ferreux sest dveloppe partir des annes 70 ; jusqualors, les
minerais de fer taient principalement exploits. Un industriel intgr domine le secteur,
Boliden, qui est actif en extraction et en production de mtaux primaires (zinc, cuivre, argent,
plomb, etc.).
La tradition minire, maintenue jusqu aujourdhui, est clairement un atout pour le pays, ce que
rappelle la stratgie nationale en matire de minerais publie en 2012. Par ailleurs, la fiscalit
(impt sur les socits et redevances) y est nettement plus favorable, y compris en comparaison
avec certains pays europens, tels que la Pologne. La rglementation environnementale sudoise est
globalement perue comme stricte, mais son application est transparente et, surtout, prvisible.
6.4.5. tats-Unis : la pr-minence des enjeux de scurit nationale
Le pays dispose de ressources mtalliques en cuivre, plomb, zinc, molybdne, bryllium, mtaux
prcieux, terres rares, etc. ; ainsi, lexploitation de mines de cuivre existe depuis plus dun sicle,
dans les tats de lArizona, lUtah, le Nouveau Mexique, le Nevada ou le Montana. De fait,
jusquen 1973, les tats-Unis figuraient parmi les principaux pays producteurs et exportateurs de
minerais ; au fil du temps, toutefois, le pays est devenu de plus en plus dpendant de ses
importations.
Depuis une quarantaine danne, il y a un dclin continu de la production nationale de mtaux non
ferreux, avec des causes multiples : augmentation du cot de lnergie, impact des rglementations
sanitaires et environnementales, notamment. Les fermetures de sites de production de cuivre
primaire se sont multiplies dans les annes 70-80 ; dans la production daluminium, laluminium
recycl est devenu majoritaire, la production primaire tant handicape par le cot de lnergie, les
contraintes environnementales et la quasi-absence dextraction de bauxite sur le territoire amricain.
Les volutions que connaissent les activits de recyclage du plomb prsentent des similitudes avec
la situation franaise, un parallle pouvant tre fait entre le cas France/Espagne dune part, et tatsUnis/Mexique12 dautre part.
La position des autorits amricaines reste marque par limportance accorde aux risques de
ruptures dapprovisionnements, telles que celles que le pays a connues durant la priode prcdant
12

Par ailleurs, lextraction de minerai de plomb aux Etats-Unis se poursuit, mais cette production est destine lexportation.

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la Seconde Guerre Mondiale : la constitution de stocks stratgiques avait t institue ds 1939. Ce


stock avait t maintenu par la suite, la fois pour des raisons conomiques (ne pas perturber le
march par la revente des stocks) et pour faire face aux priodes de tension (exemple : guerre de
Core).
Les rcentes rflexions amricaines autour de la notion de mtaux critiques et stratgiques
sinscrivent dans cette ligne. On peut noter que la liste de ces mtaux volue au cours du temps, et
varie suivant lentit qui la produit (Congrs, USGS, Dpartement de la Dfense, Conseil National
de la Recherche, Think tanks , etc.). Le principe des stocks stratgiques a toutefois t maintenu
jusqu ce jour.
Cette position a un impact sur larrt ou la reprise dexploitation de certains sites. Ainsi,
lexploitation du seul site minier de bryllium a t stoppe en 2000 pour des raisons conomiques
et sanitaires ; ultrieurement, afin de rduire la dpendance aux importations en provenance du
Kazakhstan, la production amricaine a t relance, notamment grce un prt accord au seul
producteur national (BWI), les autorits invoquant des raisons de scurit nationale.
Ainsi, les actions publiques destines soutenir lindustrie sont frquemment motives par des
considrations de ce type, historiquement avant tout lies aux questions de dfense, mais
rcemment envisage de faon plus largie. La transformation du programme relatif aux stocks
stratgiques ( National Defense Stockpiles ) en un programme ddi aux matriaux stratgiques
( Strategic Materials Security Program ), avec un primtre daction allant au-del de la seule
gestion de stocks, sinscrit dans cette tendance.
Les contraintes environnementales, quelles rsultent du renforcement de la rglementation ou de
laction de groupes de pression, est relativement comparable la situation europenne. Les
diffrences ne sont pas aussi significatives quelles peuvent parfois apparatre ; ainsi, le fait que les
tats-Unis naient pas ratifi la Convention de Ble nimplique pas labsence daction en matire de
contrle des flux transfrontaliers de dchets dangereux. De fait, les autorits amricaines prfrent
intervenir dans le cadre de relations bilatrales, par exemple avec le Mexique, dans le cadre de
lAccord de Libre change Nord-Amricain ALENA (NAFTA North American Free Trade
Agreement), qui comporte une Commission ddie la coopration environnementale .
6.4.6. Brsil : un pays en transition entre rente minire et dveloppement industriel
Les ressources minires du Brsil sont significatives, le pays est un des principaux exportateurs de
minerais dans le monde (en particulier : manganse, niobium, tantale, bauxite, etc.)13, le secteur
minier y reprsente environ 4 % du PIB et emploie environ 165 000 personnes. Le pays est aussi
producteur de cuivre mtal (produit partir de minerais locaux mais aussi imports du Chili) et
daluminium, qui consomme une grande partie de la bauxite extraite dans le pays.
Les autorits souhaitent inciter les acteurs du secteur minier intgrer une plus grande part de la
valeur ajoute sur le territoire brsilien, travers les oprations de premire transformation du
minerai, comme cela a t annonc en 2011 dans le cadre du Plan National Minier 2030 ; cela
13

Il faut toutefois noter que les minerais de fer reprsentent plus de 80% des exportations brsiliennes.

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concerne principalement des mtaux tels que laluminium, le cuivre et le nickel 14. A ce stade, aucun
dispositif contraignant ou incitatif na encore t mis en place.
Le secteur est htrogne, avec dune part les grandes entreprises actives dans le pays, telles que
Vale, Anglo American ou BHP Billiton, qui assument de faon croissante leurs responsabilits en
matire denvironnement et dengagements auprs des communauts locales, et le secteur dit
informel , travaillant de faon artisanale. Lengagement des grandes entreprises permet de
compenser, au moins partiellement, les dfaillances constates dans certaines rgions :
infrastructures insuffisantes, manque de personnel qualifi, etc. Elles peuvent aussi tre amenes
contribuer la coordination entre les trois niveaux administratifs territoriaux (municipalits, tats,
gouvernement fdral).
Les volutions du Brsil en matire dextraction minire et dindustrie mtallurgique dpendront en
particulier :

De la capacit du pays dvelopper des approches et des technologies limitant les dgts
environnementaux il faut rappeler quune grande partie des ressources inexploites se situe
dans des zones couvertes par la fort amazonienne. De plus, les projets miniers font lobjet de
pressions de la part des opinions publiques locales de plus en plus fortes.

Des rformes du cadre rglementaire, rput pour sa complexit et sa lourdeur bureaucratique.

Le processus lgislatif de rforme est toujours en cours. Il existe une tentation de la part des
autorits daugmenter significativement les redevances ; toutefois, la concertation mise en place
avec les entreprises du secteur, avant soumission du projet de texte de rforme au Parlement, a
permis de faire merger un certain consensus et de trouver un terrain dentente.
6.4.7. Chine : une industrie en voie dassainissement
La Chine possde des ressources minires multiples mais de qualit variable. Ses principales
productions minires concernent le molybdne, ltain, le tungstne, les terres rares, etc.
Malgr ces ressources, le pays reste dpendant des importations ; ainsi, ses ressources en cuivre
sont limites, do une forte dpendance vis--vis des importations de minerais, de cuivre mtal et
de dchets de cuivre, alors que la capacit de production et daffinage de cuivre est en croissance
constante. De la mme faon, alors que la Chine est le 1er producteur mondial dtain, le pays est
devenu un importateur net de ce mtal ; pour le tungstne, la Chine est un importateur net de
minerais.
Cette situation explique limportance croissante accorde au recyclage : le 12e Plan quinquennal
relatif aux mtaux non ferreux a ainsi fix des objectifs en matire de production de cuivre,
daluminium et de plomb secondaires. Le gisement chinois de dchets de cuivre augmente plus
lentement que la demande (les dchets locaux tant par ailleurs considrs comme tant de

14

Ainsi, le champion national Vale investit dans des projets miniers pour le cuivre et le nickel, intgrant la production du mtal.

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moins bonne qualit), do une dpendance persistante envers les importations, qui restent
majoritaires et captent une grande partie des changes internationaux.
Cette dpendance en matire de ressources se traduit galement par le recours larme fiscale pour
matriser les flux internationaux. Il existe par exemple des taxes lexportation sur le plomb, le
zinc, laluminium ou le cuivre.
Lapproche adopte par les autorits chinoises est souvent dirigiste. Ainsi, en 2011, le ministre en
charge de lindustrie a publi une liste de technologies de production de cuivre considres comme
obsoltes , imposant la fermeture des sites les utilisant (un total de 24 sites de production de
cuivre tait ainsi vis). Cette politique vise explicitement la consolidation des acteurs et la
disparition des sites les plus polluants. De la mme faon, le renforcement de lencadrement du
secteur des batteries au plomb (incluant le recyclage) a entran en 2011 la fermeture (temporaire ou
dfinitive) de plus de 80 % des sites ; les normes techniques relatives au traitement des batteries au
plomb usages entre en vigueur en 2010 interdisent les sites traitant moins de 10 kt/an, ce seuil
tant fix 50 kt/an pour les installations nouvelles.
Le renforcement de la rglementation environnementale en Chine nest pas une tendance rcente :
celle-ci sest dveloppe partir de 1979, et on compte depuis une trentaine de lois relatives la
protection de lenvironnement, lnergie, lconomie circulaire, etc. De fait, le cadre
rglementaire chinois sest construit selon une logique comparable celle des pays dvelopps :
obligation de mener des tudes dimpact, fixation de plafonds nationaux relatifs aux missions de
certains polluants, taxation des missions polluantes, obligations en matire de gestion des dchets
dangereux (stockage, transport, traitement), rglementation relative aux substances chimiques
dangereuses, etc. Toutefois, cette rglementation est reste pendant longtemps relativement
thorique et partielle, voire parfois incohrente. Ainsi, un rglement de 2003 a rendu les fabricants
et les importateurs de batteries responsables de la collecte des batteries usages, et la loi de 2008 sur
lconomie circulaire a instaur le principe de responsabilit tendue du producteur pour cette
catgorie de produits. Toutefois, les modalits de mise en uvre et de sanction ny sont pas
clairement dfinies, et il ny a pas de programme national structur de rcupration des batteries
usages, alors que le gisement national commence tre significatif.
Larme de la rglementation environnementale est ainsi mobilise tant pour rpondre des enjeux
de sant publique (en particulier en cas de situation de crise : pollutions au plomb, dchets
lectrique et lectroniques) que pour restructurer un secteur dactivit. Le 12e Plan a fix des
objectifs en matire de rduction de la pollution par les mtaux lourds. Il ne sagit pas ici de
remdier aux passifs environnementaux , mais plutt dencadrer plus strictement les missions
des sites industriels existants, en ciblant prioritairement ceux prsentant le niveau de risque le plus
lev principalement les sites de petite taille.
6.4.8. Japon : attnuer la dpendance aux ressources, une priorit nationale
La scurisation de laccs aux ressources est une proccupation constante des autorits japonaises
depuis la seconde guerre mondiale, priode durant laquelle le pays a connu de graves difficults
dapprovisionnement en acier et en ptrole. Les principaux axes de la politique mise en place cette
poque constitution de stocks stratgiques, soutien au dveloppement des industries nationales et
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incitation au recyclage ont perdur jusqu aujourdhui. Le Plan des 100 Actions en faveur de
lindustrie de 2010 prvoit ainsi une diplomatie active en matire de ressources (action 41), un
renforcement de lexploitation des ressources locales (action 42, qui concerne en particulier les
ressources des fonds marins) et la scurisation de laccs aux mtaux rares (action 43, qui
concerne la JOGMEC et les actions en faveur du recyclage).
Lindustrie japonaise est fortement dpendante des approvisionnements en matires premires.
Lannonce par lIndonsie dune restriction sur ses exportations de minerai de nickel, couple une
taxation des exportations, ont ainsi rcemment mis les producteurs japonais sous tension 15. Le
recyclage se dveloppe, un niveau toutefois encore insuffisant ; ainsi, la production daluminium
est trs majoritairement faite partir de dchets : 142 kt daluminium secondaire en 2011, contre
47 kt daluminium primaire ; cette production ne couvre toutefois quune faible partie de la
demande intrieure (les importations daluminium non transform se sont ainsi leves 2,7 Mt en
2011). La production de plomb a t maintenue dans le pays, soit environ 215 kt en 2011, se
rpartissant parts gales entre plomb primaire et plomb secondaire, la production tant
essentiellement destine la production de batteries. Ce niveau de production est toutefois sans
comparaison avec celui de la Chine (4,6 Mt de plomb en 2011), pays dans lequel les producteurs
japonais de batteries ont par ailleurs ouvert plusieurs sites de fabrication.
Le maintien dune industrie aval joue galement un rle en matire de mtaux non ferreux ; on
peut citer lexemple de lindustrie automobile, dont les besoins en acier galvanis permettent de
maintenir la production de zinc. Le dveloppement des vhicules hybrides et lectriques a par
ailleurs rendu le pays particulirement dpendant des approvisionnements en terres rares. Afin de
scuriser les approvisionnements, le gouvernement peut sappuyer sur la JOGMEC, et prvoit de
dvelopper le recyclage de faon plus active.
La question des missions polluantes y apparat moins sensible que durant la priode des annes 6070, marques par plusieurs crises sanitaires. On ne peut sempcher, par ailleurs, de dresser un
parallle entre cette priode et la Chine actuelle, situations toutes deux marques par limportance
des enjeux sanitaires, coupls de profondes restructurations industrielles.

7. LES SPCIFICITS DE LINDUSTRIE FRANAISE PAR RANG DE LA


CHANE DE VALEUR
Dans cette partie, lobjectif est danalyser les caractristiques et les spcificits de lindustrie
franaise chaque rang de la chane de valeur : exploration (terrestre, maritime), extraction minire,
production de mtal primaire, transformation (barres, lingots, billettes, plaques, pices moules,
pices matrices, etc.), et recyclage en fin de vie.
Cette analyse met en vidence les problmatiques conomiques communes chaque rang considr,
et caractrise les types de relations client-fournisseur entre chaque rang.

15

Ainsi, en 2005, lIndonsie reprsentait 44 % des importations japonaises de minerai de nickel. Cette part est monte 53 % en 2011.

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Les industriels se sont gnralement spcialiss par mtal et/ou par opration/procd de
transformation. Les majors de la profession interviennent souvent dans la production et/ou la
transformation dun seul mtal non ferreux, avec toutefois des exceptions comme le groupe
ERAMET prsent sur plusieurs mtaux (nickel ; manganse ; tungstne ; transformation dalliages
base nickel, titane, aluminium, aciers). La plupart dentre eux sont en effet positionns soit dans la
mtallurgie de laluminium, soit dans la mtallurgie du cuivre, soit dans la mtallurgie du plomb,
etc.
Un leader, comme le groupe ERAMET, est intgr, prsent sur les stades amont (extraction et
production de mtal primaire) et aval (premire transformation des mtaux non ferreux). Le groupe
est prsent dans lexploitation minire avec la Socit Le Nickel (SLN), dans la production de
nickel mtal pur Sandouville, dans le matriage de pices en superalliages, en aluminium et en
titane avec sa filiale Aubert & Duval, dans la mtallurgie des poudres de tungstne avec sa filiale
Eurotungstne, etc.
Nombre de fonderies de moulage et de forgerons traitent plusieurs types dalliages, y compris des
fontes et aciers.

7.1. SYNTHSE
Depuis la disparition des grands groupes mtallurgiques intgrs tels que Pechiney, les acteurs
franais sont maintenant souvent spcialiss sur un mtal ou sur une tape de fabrication. Cest par
exemple le cas dAluminium Dunkerque du groupe RIO TINTO ALCAN, positionn uniquement
sur llectrolyse de laluminium. Il existe par contre des exceptions notables. La socit Cezus
(groupe AREVA), positionne sur un mtal (zirconium), est prsente sur la quasi-totalit de la
chane de valeur. Le groupe ERAMET, via ses diffrentes filiales, est quant lui positionn sur
diffrents mtaux.
En ce qui concerne lexploration maritime, bien que la France dispose datouts technologiques forts,
lapprovisionnement grande chelle de mtaux non ferreux nest actuellement quune perspective
lointaine, et ne constitue pas une alternative conomiquement viable lutilisation de ressources
terrestres.
Aprs presque de vingt ans dinactivit, lexploration terrestre bnficie actuellement dun regain
dintrt dans lhexagone au travers dacteurs privs (Variscan Mines, Cominor) qui ont t
dlivrs des permis dexploration dans le but didentifier les potentialits dextraction de mtaux
dont le cuivre, le zinc, le plomb, lor et largent. Au-del des travaux dexploration, la relance de
lextraction minire dans lhexagone, bnficiant du soutien des pouvoirs publics, devra impliquer
un effort important de rindustrialisation.
Les activits dextraction minire sur le territoire national sont quasi exclusivement concentres
dans les DOM-ROM. Elles sont positionnes sur le nickel en Nouvelle-Caldonie, territoire
reprsentant le second potentiel de ressources en nickel au monde, et lor en Guyane.
En ce qui concerne la fabrication de mtal primaire en France, les volumes produits sont en
dcroissance et la une palette de mtaux de plus en plus rduite. On citera laluminium primaire,
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pour lequel subsistent deux sites de production sur le territoire, le chrome, le nickel, le zirconium et
lor. Les sites de fabrication correspondants sont principalement situs dans les rgions Nord-Pasde-Calais, Haute-Normandie et Rhne-Alpes.
La premire transformation aboutit la production de produits semi-finis sous la forme de pices
moules, de lingots, de billettes, de fils, de plaques, de barres, de tubes, etc. faisant appel
diffrents mtiers : trfilage, tirage, extrusion, profilage, matriage, forgeage, laminage, fonderie.
La premire transformation est caractrise par la prsence de grands oprateurs internationaux
(KME pour le cuivre, SAPA pour laluminium, ERAMET sur le titane et les superalliages, Umicore
pour le zinc) et dune multitude de PME (plus de 300 fonderies travaillant les mtaux non ferreux).
Leur rpartition gographique est relativement diffuse sur lensemble du territoire. Certains mtiers
sont particulirement soumis la concurrence trangre, limage des fileurs daluminium qui font
lobjet dune forte concurrence espagnole sur le march franais.
La typologie des acteurs du recyclage dpend fortement du mtal considr. Il nexiste par exemple
pas de capacit daffinage de dchets de cuivre sur le territoire, do des recycleurs uniquement
spcialiss dans la refonte de chutes de production, et non de rcupration de dchets en fin de vie.
Lune des difficults du recyclage de dchets en fin de vie des mtaux non ferreux est le caractre
dilu des mtaux, que lon ne retrouve pas purs mais comme composants dun alliage de diffrents
mtaux. Le recyclage des mtaux non ferreux seffectue donc prfrentiellement via la refonte de
chutes, afin de rutiliser les alliages sans perte de caractristiques techniques.
Les relations entre les diffrents acteurs de la chane de valeur sont principalement des relations de
type client-fournisseur, bien que le type de mtal considr ou la place des acteurs le long de la
chane de valeur puisse induire des particularits. On note tout de mme une tendance des
relations plus implicantes lorsquon se situe en aval de la chane de valeur. En effet, llaboration
dun produit transform ou dun alliage spcial, ncessite des co-dveloppements impliquant la
fois le fournisseur de mtal et/ou dalliage et lutilisateur aval.
ACTIVITS
DEXPLORATION
ET
DEXPLOITATION
MINIRE,
PRATIQUEMENT ABANDONNES DEPUIS PLUS D'UNE DCENNIE, QUI
REDMARRENT

7.2. DES

7.2.1. Exploration maritime


La France a t pionnire pour la technologie et la connaissance des grands fonds depuis les annes
1970 et dispose dun ensemble cohrent dexpertise scientifique et de comptences technologiques
en matire de grands fonds sous-marins ou dexploitation minire : lIfremer, le BRGM, le CNRS et
les universits, pour les tablissements publics, Technip, AREVA et ERAMET pour le secteur
priv.
long terme, certains mtaux pourraient tre extraits de gisements sous-marins. Lextension de la
zone conomique exclusive (ZEE) de la France, deuxime au monde aprs celle des USA, laisse
esprer des ressources importantes, mais elles nont pas encore t inventories ; lIfremer a
effectu un premier travail dinventaire Wallis-et-Futuna.
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La figure ci-dessous (source : Ifremer) indique les types de minralisation et les mtaux associs :

Figure 18 : Minralisations des grands fonds ocaniques et mtaux associs


La France dispose datouts technologiques certains travers notamment Technip et lIfremer.
Technip est un leader mondial du management de projets, de lingnierie et de la
construction pour lindustrie de lnergie. Des dveloppements Subsea les plus profonds
aux infrastructures Offshore et Onshore les plus vastes et les plus complexes, les 40 000
collaborateurs de Technip proposent les meilleures solutions et les technologies les plus
innovantes pour rpondre au dfi nergtique mondial.
Implant dans 48 pays sur tous les continents, Technip dispose dinfrastructures industrielles
de pointe et dune flotte de navires spcialiss dans linstallation de conduites et la
construction sous-marine (source : Technip).
LIfremer est lune des trois seules institutions au monde possder un engin, le Nautile,
oprant jusqu 6 000 mtres de profondeur.
Le rapport de la Commission Innovation 2030 [10] a choisi comme Ambition n3 : La
valorisation des richesses marines : mtaux et dessalement de leau de mer ; les propositions de
leviers daction concernant la valorisation des mtaux sous-marins sont les suivantes :
Dvelopper des technologies innovantes dexploration, dexploitation et de traitement des
minraux ;
Recenser les ressources gologiques et biologiques disponibles dans les fonds marins ;
Renforcer la prsence franaise auprs de lAutorit internationale des fonds marins
(AIFM).

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Il sagit toutefois dun sujet qui ne pourra dboucher qu trs long terme sur des
approvisionnements significatifs. Il ne doit pas apparatre comme une solution alternative la
prospection sur le sol hexagonal.
7.2.2. Exploration terrestre : le redmarrage
Aprs prs de vingt ans dinactivit, on note un regain dintrt pour la prospection minire en
France mtropolitaine. Le ministre du Redressement Productif a, sur les 12 derniers mois,
enregistr plus dune dizaine de demandes de permis dexploration pour des mtaux dans
lhexagone.
Pour la premire fois depuis plus de vingt ans, deux permis dexploration minire ont t dlivrs
en 2013 et un en fvrier 2014 :
lentreprise Variscan Mines (filiale de lAustralien Platsearch) pour le cuivre, le zinc, le
plomb, lor et largent dans la Sarthe, et pour lor et largent dans le Maine-et-Loire ;
la socit Cominor (filiale du groupe canadien La Mancha), centr sur lor et lantimoine
dans la Creuse.
La connaissance du sous-sol national des fins dexploitation minire a un retard considrable
rattraper.
Linventaire minier national, entrepris en 1975 par le BRGM, a en effet t laiss labandon en
1992 pour cause de chute des cours et de restrictions budgtaires. Les campagnes de prospection du
BRGM navaient couvert, quelques exceptions prs, que les socles hercyniens et alpins,
ventuellement leurs marges sdimentaires, soit environ 20 % du territoire. Les recherches menes
par la socit SNEA(P) pour son propre compte pendant la mme priode et utilisant le mme outil
(la gochimie) ont t galement mises disposition du comit de linventaire. Les rsultats
analytiques sont disponibles sur le site sigminesfrance.brgm.fr du BRGM.

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Figure 19 : Inventaire BRGM : sites miniers ayant fait l'objet d'exploitations dans lhexagone
(Source : http://sigminesfrance.brgm.fr/sig_exploitations.asp)
Les dernires donnes datant de 1991, un travail de ractualisation et de rinterprtation savre
ncessaire.
Depuis 2012, dans le cadre dune convention avec le Ministre de lcologie, du dveloppement
durable et de lnergie (MEDDE), le BRGM a entrepris la rexploitation des donnes de
linventaire minier national. La mthodologie mise au point pour la mtropole a pour objectifs de
caractriser et prioriser les principales cibles dj mises en vidence par linventaire, et den mettre
en vidence de nouvelles fort potentiel. La Guyane, de son ct, a fait lobjet dune tude
spcifique. Un premier rapport pour la mtropole, rvaluant vingt-sept cibles, a t publi par le
BRGM en dcembre 2013.
Le nouveau site Minralinfo, portail franais dinformation sur les matires premires minrales
non nergtiques, a t lanc officiellement le 19 juin 2014 (www.mineralinfo.fr). Le BRGM en est
le matre duvre. Ce portail propose, entre autres, de consulter des donnes cartographiques
relatives aux matires premires et leur environnement naturel et rglementaire.
Lentreprise Variscan Mines a par ailleurs effectu diffrents travaux de recherche de gisements
miniers dans lhexagone.

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Les donnes cartographiques sur la gologie et la mtallognie du sous-sol franais laissent penser
que lexploration minire en France mrite dtre relance :

la gologie est favorable,


les technologies existent,
les principes du dveloppement durable sont un moteur,
les compagnies junior apparaissent sur le march franais,
le code minier est en cours de rvision,
les donnes conomiques (cours des mtaux en particulier) ont considrablement chang sur
les vingt dernires annes. Certains gisements connus qui ntaient pas considrs comme
exploitables dans les conditions techniques et conomiques prvalant il y a une vingtaine
dannes devraient tre rvalus,
les techniques d'exploration ont volu et les investigations peuvent aller au-del de 500 m
de profondeur, ce qui n'tait pas le cas avant.

Figure 20 : Inventaire BRGM : carte des mines, gtes et indices dans lhexagone
(Source : http://sigminesfrance.brgm.fr/sig_gites.asp)
Il faut toutefois prendre en compte de possibles ractions locales de rejet lors de lannonce de
projets miniers.
Pour certains mtaux, la France pourrait redevenir un acteur important dans lapprovisionnement de
lEurope, sous rserve de confirmer le potentiel gologique et la rentabilit des ressources minires,
et de se donner les moyens pour russir cet effort de rindustrialisation. La volont actuellement

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affiche par le Gouvernement dencourager ce secteur est de bon augure, de mme que la cration
annonce en fvrier 2014 dune Compagnie Nationale des Mines.
7.2.3. Une extraction minire qui est actuellement concentre sur le nickel en NouvelleCaldonie et lor en Guyane
Actuellement ne subsistent dans lhexagone que deux mines de bauxite dans le sud de la France,
exploites pour des applications non mtallurgiques, et lexploitation Imerys de kaolin
chassires (Allier) dont un concentr tain-tantale-niobium est un sous-produit (quelques dizaines
de tonnes dun concentr contenant environ 10 % de Ta2O5).
La plupart des autres sites miniers franais16, lexception des mines de sel, ont cess leur activit
la fin des annes 1990, notamment du fait dune concurrence sur les prix de produits venant dAsie
ou dAmrique du Sud. La mine dor de Salsigne, dernire exploitation mtallifre de lhexagone, a
ferm en 2004.
Peu dentreprises de la filire contrlent des ressources minires. La prsence des acteurs franais
dans lextraction minire est principalement situe dans les DOM-ROM.
En Nouvelle-Caldonie :
La Socit Le Nickel-SLN (dtenue 56 % par ERAMET et 34 % par les trois provinces
no-caldoniennes via la STCPI) exploite des mines de nickel et lusine pyromtallurgique
de Doniambo ; 80 % de la production est du ferronickel, les 20 % restants sont de la matte
achemine lusine ERAMET de Sandouville afin de produire du nickel mtal de haute
puret ainsi que des sels de nickel et de cobalt.
Koniambo Nickel pratique lextraction de minerai et la production de ferronickel (mine et
usine pyromtallurgique). Ce projet contrl 51 % par la SMSP (Socit Minire du Sud
Pacifique, manation de deux provinces no-caldoniennes) et 49 % par Glencore-Xstrata,
vient de dmarrer : premire coule en avril 2013.
La SMSP a galement cr des co-entreprises avec le sud-coren POSCO et avec le chinois
Jinchuan pour exporter du minerai de nickel caldonien.
Indiquons galement que les trois provinces, via la SPMSC, dtiennent 5 %, pouvant monter
20 %, de lusine Vale Nouvelle-Caldonie VNC, du groupe brsilien Vale.
En Guyane :
Des groupes comme AUPLATA, CME-SMSE, Garrot-Chaillac (CMB) et de nombreux PME et
artisans sont prsents en Guyane Franaise sur lextraction dor. La production dclare dor en
2012 tait de 1,46 t (source : rapport dactivit 2012 de la DEAL Guyane).
On peut galement citer dautres projets dextraction sur le sol franais, mais pilots par des
oprateurs trangers : projet VNC Goro Nickel en Nouvelle-Caldonie du groupe brsilien
Vale (mine et usine hydromtallurgique), en cours de dmarrage ; projet aurifre Camp Caiman du
Canadien Iamgold en Guyane, non autoris lheure actuelle.
16

Les carrires dextraction de minraux industriels ne font pas partie du primtre de notre tude.

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Au-del des projets situs sur le sol franais, plusieurs acteurs franais sont positionns sur
lextraction hors de France, notamment :
ERAMET au Gabon : ERAMET exploite des mines de manganse Moanda au Gabon ;
76 % des produits de lactivit sont destins la sidrurgie (ferromanganse,
silicomanganse), et le reste la production de drivs chimiques, en particulier pour les
piles et accumulateurs. Une usine de production de manganse mtal est en construction
Moanda.
ERAMET tudie galement des projets ltranger pour le nickel (projet de Weda Bay en
Indonsie), le niobium, le tantale et les terres rares (au Gabon, site de Mabouni), le titane et
le zircon (au Sngal, projet Grande Cte, en JV (joint-venture) 50/50 avec laustralien
MDL) et le lithium (en Argentine).
Enfin, bien que luranium soit exclu du primtre de la prsente tude, on doit mentionner le groupe
AREVA dont le Business Group Mines explore, exploite et traite le minerai d'uranium. De fortes
comptences en exploration et exploitation minires y sont prsentes.
7.2.4. Localisation des acteurs de lexploration extraction
Comme cela vient dtre indiqu, les acteurs de lexploration/extraction se situent principalement en
Guyane (pour lor) et Nouvelle-Caldonie (pour le nickel). Souvent, ces acteurs produisent
galement du mtal primaire.
Imerys en Auvergne exploite chassires (03) un gisement de kaolin qui permet lobtention dun
concentr tain-tantale-niobium.
En ce qui concerne les autres acteurs identifis en mtropole, la prsence de Variscan Mines (en
Pays de Loire) et Cominor (dans le Limousin) illustre le regain dintrt pour la prospection minire
dans lhexagone.

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Figure 21 : Implantation des principaux acteurs de l'exploration-extraction de mtaux non ferreux


en France (2013, Source : SOFRED)

7.3. UNE

CAPACIT PRODUIRE DU MTAL PRIMAIRE QUI SE LIMITE


QUELQUES MTAUX

Une production de mtal primaire en dcroissance et couvrant un nombre limit de mtaux


Le nombre dacteurs positionns sur la fabrication de mtal primaire en France est relativement
limit et en dcroissance.
Il y a encore quelques annes le plomb, le zinc ainsi que les lments chimiques associs lindium
(mtal) et le germanium (semi-conducteur) taient encore produits sur le territoire par lusine
Metaleurop Nord Noyelles-Godault (lactionnaire de rfrence de Metaleurop tait alors la socit
de trading Glencore). Depuis 2003, cette production sest arrte.
Ne subsistent actuellement en France que quelques sites en capacit de produire du mtal primaire,
notamment :
Laluminium : deux sites de production Saint-Jean-de-Maurienne (usine qui vient dtre
reprise par lallemand TRIMET) et Dunkerque (Aluminium Dunkerque, filiale de RIO
TINTO ALCAN ), employant environ 1000 personnes ;
Le chrome de trs haute puret : Delachaux Marly-lez-Valenciennes, avec une soixantaine
de personnes ;
Le nickel partir de la matte expdie de Nouvelle-Caldonie : ERAMET Sandouville,
employant 180 personnes ;
Lor en Guyane : AUPLATA, CME-SMSE, Saint-Eloi, Garrot-Chaillac (CMB), etc. ;
Spcifiquement pour les poudres de cobalt, de tungstne, de rhnium, ainsi que dalliages
(W-Cu, etc.) et de carbures : Eurotungstne, filiale dERAMET, comptant 130 employs ;

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Le zinc : site dlectrolyse de Nyrstar Auby (285 salaris en 2013), utilisant un mix
matires premires compos de concentrs miniers et, dans une moindre proportion, de
matires recycles ; ce site produit galement, comme coproduit, de lindium ;
Le zirconium : Cezus, filiale dAREVA, avec les sites de Jarrie (ponge de Zr) et Ugine
(largets, barres, bauches) (Cezus comptait 1150 employs en 2012 pour lensemble de la
socit, y compris les sites de transformation) ; le hafnium est obtenu comme coproduit.
Aluminium Dunkerque, filiale de RIO TINTO ALCAN qui possde aussi des usines dalumine,
peut tre approvisionne en matires premires par dautres filiales du mme groupe.
La carte suivante indique la localisation des sites de production de mtal primaire en France :

Figure 22 : Implantation des principaux producteurs de mtal non ferreux primaire en France (2013,
Source : SOFRED)
En Guyane, les acteurs positionns sur lextraction de lor ont galement une activit de production
de mtal.
La Seine-Maritime accueille les activits de production de nickel du groupe ERAMET, dont
limplantation proximit du port du Havre permet lacheminement de minerai en provenance de
Nouvelle-Caldonie.

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Pour des raisons souvent historiques17, la rgion Rhne-Alpes regroupe la plupart des principaux
sites dimplantation : Cezus pour le zirconium, Eurotungstne pour le cobalt, le tungstne et le
rhnium, TRIMET pour laluminium. Lindustrie lectromtallurgique compte galement dans cette
rgion des acteurs majeurs au niveau mondial pour des mtaux et semi-conducteurs : Mtaux
Spciaux S.A. pour le lithium et le sodium, FerroPem pour le silicium et le ferrosilicium.
Dans le Nord-Pas-de-Calais sont prsents plusieurs producteurs positionns sur laluminium
(Aluminium Dunkerque RIO TINTO ALCAN), le chrome (DCX Chrome), le zinc, lindium et le
cadmium (Nyrstar).

7.4. LA PREMIRE

TRANSFORMATION DES MTAUX NON FERREUX


TRS DISPARATE

UN MILIEU

La premire transformation des mtaux utilise gnralement les grandes techniques suivantes :
Le trfilage : passage du mtal/alliage dans une filire pour la fabrication de fils utiliss par
lindustrie lectrique ou la fabrication de grillages ;
Ltirage : traction dune barre travers une filire dans le but de ltirer pour des
utilisations dans le btiment ou la visserie/boulonnerie (aprs dcolletage) ;
Lextrusion : passage sous pression dans une filire pour lobtention de profils longs ou
creux ;
Le profilage : pliage dune bande mtallique sur une srie de galets pour former un profil
long ;
Le laminage : crasement dun mtal/alliage dans un laminoir pour lobtention de tles, de
feuilles et de bandes, principalement pour lindustrie du transport et lemballage ;
Le matriage qui consiste mettre en forme la matire sous forme dbauches matrices par
pressage chaud entre deux matrices usines aux formes de la pice. Le matriage est
ralis sous une presse ou un pilon. Il est gnralement suivi par des oprations dusinage et
de finition ;
Le forgeage qui consiste mettre en forme des barres ou des bauches de forme simple de
faon garantir une gomtrie et des caractristiques. Cette opration est ralise chaud
sous une presse, sous machine forger voire sous pilon, par une squence de pressages
successifs entre des outils simples ;
La production de poudres mtalliques.
ces techniques se rajoute dans le primtre de notre tude la fonderie permettant de raliser des
pices moules.
La production de produits semi-finis en France est assure la fois par plusieurs grands groupes
internationaux et par un grand nombre dacteurs de plus petite taille (quil sagisse en termes
deffectif ou en termes de capacit de production).

Les centrales hydrauliques, nombreuses en rgion Rhne-Alpes pour produire llectricit ncessaire aux industries lectromtallurgiques,
appartenaient initialement aux industriels. Elles ont t nationalises en 1946.
17

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La tendance des grands groupes est la restructuration et la rationalisation des activits. titre
dexemple, KME a envisag plusieurs rationalisations de ses productions entre ses sites franais,
italiens et allemands et annonc que la fonderie de son site de Fromelennes prs de Givet (08) tait
en sursis.
Pour les grands groupes, citons en particulier :
ERAMET via ses filiales Aubert & Duval pour la transformation du titane et des
superalliages et Eurotungstne Poudres sur le tungstne,
Nexans et son site de Lens pour les fils de cuivre,
Umcor AG via Gindre Duchavany pour la transformation du cuivre,
Umicore avec la fabrication de produits lamins en zinc pour le btiment Auby (Umicore
Building Products),
KME et ses sites de Givet (billettes et tubes) et Niederbruck (barres) pour la transformation
du cuivre, et sa filiale KME Brass Boisthorel pour le laiton,
CONSTELLIUM pour la transformation daluminium (laminage Issoire et Neuf-Brisach et
filage Nuit Saint George),
Le groupe SAPA pour le travail de laluminium destination de la menuiserie industrielle et
la fabrication de tubes,
Le groupe AREVA, via sa filiale Cezus, pour les produits base de zirconium.
La majorit des autres acteurs de la transformation des mtaux non ferreux sont des PME ou des
ETI.
Il est difficile de donner un nombre prcis de PME et dETI prsents sur le territoire, certaines
structures ne comprenant parfois que quelques salaris et ne travaillant pas exclusivement sur les
mtaux non ferreux.
Peu dentreprises en France sont positionnes sur la transformation de mtaux high-tech autres que
le titane, la plupart des acteurs travaillant les grands mtaux tels que laluminium, le cuivre, le zinc,
le plomb, le nickel, et leurs alliages. En effet, les mtaux high-tech sont souvent utiliss comme
lments daddition dans des alliages dont le mtal principal est un de ceux que nous venons de
citer.
On citera cependant, comme entreprises transformant des mtaux high-tech :
Pour le magnsium et ses alliages, la socit S.A.M. Technologies, filiale du groupe
ARCHE (moulage sous pression) ;
Pour le zirconium, le site Cezus dUgine, pour la production de barres, largets et bauches
files qui sont ensuite transforms par les sites Cezus de Rugles en feuillards et tles, de
Montreuil-Juign en tubes et de Paimboeuf en lamins.
Parmi les acteurs de la transformation en France, les fileurs daluminium font actuellement face
une situation particulire : la France est passe de 55 % de production locale il y a 10 ans 36 %
actuellement. titre dexemple, en 2011, la production de produits fils a t de 162 000 tonnes,
trs infrieure la consommation (403 000 tonnes).

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Figure 23 : Flux relatifs aux produits fils d'aluminium en France (2011) (source : Aluminium.fr)
Depuis une dizaine dannes, les importations de profils augmentent de 1 2 % par an,
notamment du fait de la mont en puissance de pays comme lEspagne.
Actuellement (2013), la France se situe 64 % dimport de profils, notamment via des
produits venant de pays limitrophes tels que lEspagne (principalement), la Belgique,
lItalie.

Figure 24 : Principaux flux associs aux profils en aluminium (2012, source : Douane)
Un premier lment dexplication peut tre le diffrentiel de prix trs important entre les produits
franais et espagnols, (pour les produits extruds et galement le traitement de surface). Cette
situation et les pistes de rflexion relatives la perte de part de march des fileurs franais par
rapport leurs homologues espagnols sont dveloppes dans le paragraphe XI.
Pour les acteurs de la fonderie, les statistiques font tat de plus de 300 entreprises positionnes en
France sur les mtaux non ferreux (contre prs du triple en Italie o la filire sest fortement
structure autour du recyclage des mtaux non ferreux, notamment laluminium).

Figure 25 : Nombre d'acteurs de la fonderie dans plusieurs pays europens (2011) (Source : Chiffres
cls de la fonderie franaise 2012)
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La base de statistiques ESANE 2011 de lINSEE classe les fonderies de mtaux non ferreux dans
deux sous-classes : 2453Z fonderie de mtaux lgers18 et 2454Z : fonderie dautres mtaux non
ferreux.
Le tableau ci-aprs est tabli partir de cette base19.
Source : base de donnes ESANE 2011

Secteur
d'activit

2453Z
2454Z

Activit

Fonderie de mtaux
lgers
Fonderie d'autres
mtaux non ferreux

TOTAL
Quelques ratios :
Nombre moyen de salaris

Rsultat rapport au CA

Part exporte du CA

Valeur ajoute / CA

Effectifs
Effectifs
Chiffre
Nombre
salaris en salaris d'affaires
d'units
equivalent
au 31
Hors
lgales
temps plein dcembre Taxes

118

7 930

en M
Valeur
ajoute - y
Excdent
Chiffre
compris
Capacit
Frais de
brut
d'affaires
autres
d'autofina
personnel d'exploitat
export produits et
ncement
ion
autres
charges

Investisse
Rsultat
Rsultat
ments
courant
net
corporels
avant
comptable bruts hors
impts
apports

8 981

1 430,5

552,0

414,0

383,1

8,4

-0,1

0,0

-7,9

78,2

184

2 763

2 940

462,3

127,3

174,3

132,2

34,4

23,1

28,8

22,1

9,9

302

10 693

11 921

1 893

679

588

515

43

23

29

14

88

67
15
35

76
16
39

2453Z
2454Z
Total
2453Z
2454Z
Total
2453Z
2454Z
Total
2453Z
2454Z
Total

0,0%
6,2%
1,5%

-0,6%
4,8%
0,8%

38,6%
27,5%
35,9%
28,9%
37,7%
31,1%

Figure 26 : Statistiques ESANE 2011 sur les fonderies de mtaux non ferreux
On constate que sur les 302 fonderies recenses, leffectif moyen est de 35 personnes en quivalent
temps plein 2011, avec une taille en moyenne plus importante pour les fonderies de mtaux lgers
(67 personnes) que pour les autres mtaux non ferreux (15 personnes). La rentabilit est
globalement faible, mais suprieure pour les fonderies dautres mtaux non ferreux et moindre pour
les fonderies de mtaux lgers, dont le client principal est lindustrie automobile.
Il sagit pour la plupart de petites structures, mais on note tout de mme la prsence de plusieurs
acteurs de taille intermdiaire : par exemple pour les alliages daluminium Montupet (avec deux
sites Laigneville et Chteauroux) , le groupe GMD, le groupe Arche, le groupe SAB, le groupe Le
Blier, pour les alliages cuivreux FAVI (groupe AFICA), pour les alliages de zinc Dynacast France
(groupe Dynacast).
Les fondeurs franais travaillent dans une trs grande majorit pour les marchs de lindustrie
automobile (prs de 85 % des volumes produits). Viennent ensuite, dans une bien moindre mesure,
les pices moules destination dquipements lectriques (5,6 %) et dquipements mcaniques
(4,5 %).

18

Aluminium et magnsium (et leurs alliages) dans le cas prsent.


Nous utilisons ici les donnes telles quelles figurent dans ESANE, sans les retraiter pour les adapter notre primtre, ce qui ntait pas
envisageable en raison du nombre lev dentreprises et de leur petite taille.
19

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Figure 27 : Rpartition par march client de la production des fonderies franaises de mtaux non
ferreux (2011) (source : Chiffres cls de la fonderie franaise, rsultats 2011)
En ce qui concerne la fonderie de pices, les mtaux non ferreux se retrouvent dans des proportions
variables sur leurs diffrents marchs dapplication. On citera la part prdominante de lindustrie
automobile pour les pices en alliages lgers ainsi que celle des quipements mcaniques
(notamment les pompes, les vannes et la robinetterie) pour les pices base de cuivre et dalliages
cuivreux. Les pices en alliages de zinc sont rparties sur cinq marchs principaux : automobile,
travail des mtaux, biens de consommation, quipements lectriques et lectroniques, quipements
mcaniques.

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Figure 28 : Pourcentage des tonnages d'aluminium, cuivre, zinc et leurs alliages dans leurs marchs
d'application respectifs (2011) (source : Chiffres cls de la fonderie franaise, rsultats 2011)
Lactivit de certains fondeurs va jusqu lusinage des pices voire lassemblage de sousensembles.
Les effectifs des entreprises positionnes sur la fonderie de pices (mtaux non ferreux et mtaux
ferreux) ont connu une baisse de plus de 40% entre 1992 et 2012, passant de 58 548 35 550. La
baisse sest acclre depuis 2002.

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Figure 29 : volution 1992-2012 des effectifs des entreprises franaises de fonderie (mtaux ferreux
et non ferreux) (source : Chiffres cls de la fonderie franaise, rsultats 2012)
Au-del des produits cits prcdemment, la France se distingue par la prsence dacteurs
positionns sur la transformation de produits trs haute valeur ajoute, et notamment
dalliages haute performance, en particulier pour laronautique civile et militaire.
ERAMET, via sa filiale Aubert & Duval, est le deuxime producteur mondial de pices
matrices aronautiques et lun des principaux fournisseurs daciers spciaux pour
applications de haute technologie. Aubert & Duval transforme quatre types dalliages :
aciers, superalliages, aluminium, titane. En ce qui concerne les superalliages, une partie est
labore en interne sur le site des Ancizes, le reste achet des fournisseurs extrieurs. Le
groupe dispose de deux outils stratgiques : une presse de matriage de 65 000 tonnes chez
Interforge Issoire et une presse de 40 000 tonnes chez Airforge Pamiers.
CONSTELLIUM est lun des principaux acteurs mondiaux dans la transformation dalliage
base aluminium. Lun des derniers alliages produits par CONSTELLIUM, lAirware, sera
utilis pour le dernier-n des sries de Bombardier (Biracteur monocouloir CS100), et il est
dores et dj utilis par Airbus pour certains lments de lA350. Les avions du futur (C919
chinois, futur Falcon SMS de Dassault ou le futur Boeing 777X) pourront eux aussi
bnficier de cette famille dalliages. La basse densit de lalliage Airware et ses proprits
mcaniques permettent de raliser des gains de poids importants par rapport aux matriaux
concurrents. De plus, sa rsistance ingale la corrosion, sa robustesse et la prvisibilit de
son comportement contribueront faciliter la maintenance des appareils.
Delachaux est leader mondial dans la production de chrome mtal, avec de lordre de 9 800
t produites en 2012 (sur les 12 000 t de capacit), soit environ 21 % de parts de march.
Lentreprise est spcialiste du chrome de haute puret avec plus de 60 % de parts de march.
Elle est galement le premier producteur europen de chrome mtal par aluminothermie, et
le 3e mondial (90 % de la production est exporte).

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7.5. UN RECYCLAGE EN FIN DE VIE QUI SE DVELOPPE SUR LES MTAUX FORTE
VALEUR AJOUTE, MAIS DES CAPACITS DE PRODUCTION DE MTAL
SECONDAIRE SOUVENT INSUFFISANTES

7.5.1. Le recyclage des principaux mtaux non ferreux, un processus dj bien tabli
mme sil peut tre encore amlior
Le recyclage des mtaux non ferreux comprend :
les rutilisations des dchets industriels gnrs au cours du process de production : dchets
mtalliques neufs (chutes, copeaux, rebuts), dchets des oprations de production et
daffinage des mtaux (laitiers, crasses, drosses, boues, poussires),
le recyclage des dchets collects en fin de vie des produits finis.
Les rutilisations de dchets neufs (chutes, copeaux, rebuts) peuvent se faire au sein de la mme
entreprise20, faire lobjet dune reprise par le fournisseur de mtal ou dalliage auprs de son client
qui gnre des chutes ou passer par un intermdiaire. Les mtaux contenus sont rutiliss par
refusion pour la fabrication de nouveaux lingots/billettes dalliages ou de nouvelles pices. La
connaissance des mtaux et nuances dalliages est plus accessible que pour les dchets en fin de vie,
et, moyennant la mise en place dun systme de management de la qualit portant sur la collecte de
ces dchets, la pollution par dautres matires peut tre limite. La rutilisation passe par la
formalisation de boucles producteurs de dchets recycleurs .
Les autres dchets industriels laitiers, crasses, drosses, boues, poussires ncessitent des
procds plus complexes pour valoriser les mtaux contenus. Des programmes de R&D peuvent
tre encore ncessaires pour optimiser la rcupration et rduire limpact sur lenvironnement.
Le suivi statistique prcis des dchets gnrs et rutiliss dans le processus de production est
difficile, en particulier du fait que certains dchets ne franchissent pas les limites dun
tablissement.
LADEME a publi en septembre 2012 un bilan du recyclage sur les annes 2001-2010. Le schma
de principe des flux physiques suivants y est prsent, faisant apparatre les flux de matires
premires issues du recyclage en fin de vie :

20

Par exemple, pour une entreprise comme Griset (alliages de cuivre), pour produire un volume de 100 il faut introduire 140 au four : les chutes
reprsentent 40 % du produit transform.

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Figure 30 : Schma de principe des flux de matires (source : ADEME, 2012)


Le tableau suivant, issu de la mme tude, donne des chiffres cls pour 2010 pour les quatre
principaux mtaux non ferreux (aluminium, cuivre, plomb, zinc) :

Figure 31 : Chiffres cls du recyclage de quatre mtaux non ferreux en 2010 (source : ADEME,
2012)
Daprs ces donnes, il apparat pour ces quatre mtaux que les matires premires de recyclage
(MPR) reprsentent une proportion notable de la production, jusqu 95 % pour le plomb. On
observe aussi des flux importants dimportations et dexportations de MPR.
Soulignons que ces donnes doivent sinterprter dans un contexte de baisse tendancielle de la
production nationale de mtaux non ferreux (mtal primaire et demi-produits) qui, toujours selon

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cette tude ADEME, a diminu de 25 % entre 2001 et 2010, alors que les tonnages globaux de MPR
utilises dans la production de mtaux non ferreux sont rests relativement constants sur la priode.
Il faut galement noter que les industries aval peuvent elles-mmes importer des quantits
importantes de produits semi-finis ou finis : cest le cas par exemple des batteries au plomb
provenant dautres pays europens (Espagne, Italie, Pologne, Rpublique Tchque, etc.).
Laccs des matires premires de recyclage, des prix corrects, peut tre pour les industriels du
secteur des mtaux non ferreux un facteur de comptitivit important, voire vital (affineurs de
deuxime fusion). Or, on observe un flux important dexportations de dchets ou de MPR vers
dautres pays.
Dans le cas de laluminium, on note quentre 2005 et 2011, 6 affineurs ont disparu en France (le
nombre dunits passant de 18 12). Sur cette mme priode, les quantits daluminium de seconde
fusion produites par les affineurs ont baiss denviron 12 %.
Les usines daffinage daluminium de seconde fusion sont petites par rapport aux usines
trangres (notamment en comparaison de pays comme lItalie et lEspagne), ce qui ne
favorise pas les conomies dchelle.
Les affineurs franais ont un positionnement prfrentiellement bas sur des produits de
qualit, haute valeur ajoute (mais en contrepartie, reprsentant de faibles volumes) et une
large gamme dalliages utilisant de laluminium de seconde fusion. Ce positionnement
implique des efforts certains en termes de savoir-faire au niveau de la maitrise des alliages,
la R&D, la formation du personnel, qui font actuellement dfaut.
Les affineurs trangers se positionnent quant eux sur un alliage unique de qualit
infrieure, mais dans des quantits trs leves. Ils bnficient galement dconomies
dchelle, du fait de structures plus grandes que leurs homologues franais.
Au rang suivant de la chane de valeur, les transformateurs franais sont gnralement
comptitifs par rapport leurs homologues trangers, notamment sur les marchs comme
laronautique, grce des niveaux dinvestissements importants (investissements de 95 M
de CONSTELLIUM Issoire par exemple).
On assiste donc, au niveau des acteurs du recyclage de laluminium, une volution
structurelle se traduisant par une diminution tendancielle de la capacit totale, conjugue
un transfert progressif des capacits daffinage vers les capacits de transformation (7 usines
en France actuellement, comme ctait dj le cas en 2005).
Dans le cas du cuivre, en raison de labsence de capacit daffinage des dchets de cuivre et
dalliages cuivreux sur le territoire national, seuls les dchets pouvant tre refondus directement
(chutes de production, dchets de cbles, tuyaux) sont utilisables par les usines franaises, tous les
autres dchets tant exports vers des usines de raffinage trangres. La fabrication de produits en
alliages (laiton) accepte une proportion plus importante de dchets que celle de produits en cuivre.
Il faut mentionner quune partie non ngligeable des dchets cuivreux collects en France
est exporte vers ltranger, notamment vers la Chine (sur un total dexportations identifies
comme des dchets de cuivre et alliages21 de 240 kt en 2012, 52 kt ont t exportes vers la
Chine). Les acteurs chinois ont des cots de traitement des dchets et de production de mtal
21

Catgories douanires 740400010, 74040091 et 74040099

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secondaire plus faibles (bnficiant par exemple dun tri effectu par une main duvre bien
moins chre que dans les pays europens ou utilisant des pratiques moins respectueuses de
lenvironnement comme le brlage des gaines plastiques) ; ils pourraient galement
bnficier dincitations fiscales locales limportation des dchets cuivreux, sous forme de
rduction de taxes.
Globalement (et hors grands groupes KME et Nexans), les entreprises franaises
positionnes sur le recyclage du cuivre (et uniquement par refusion) sont plus petites que
celles des autres pays europens : Aurubis par exemple exploite une raffinerie de 395 kt/an
Hamburg (cuivre primaire et secondaire) et une raffinerie de 345 kt/an Olsen (cuivre
recycl).
Tous les acteurs tentent de scuriser leurs approvisionnements en dchets en intgrant des
oprateurs de tri (cest notamment le cas de la joint-venture Recycbles entre les groupes
Nexans et Sita) ou en rcuprant les dchets de transformation de leurs clients.
Source : ADEME (travaux en cours sur la comptitivit des entreprises du recyclage, 2013)
Lexemple de M-Lego et Poudmet
Les deux socits font partie du groupe franais Aurea, spcialis dans le recyclage des
huiles noires moteurs, de l'aluminium, du cuivre, du PVC, des plastiques complexes, des
DEEE et du traitement des pneus usags, qui dtient aussi Affimet (aluminium), Trez
(poudres de zinc).
Les deux socits utilisent exclusivement du cuivre provenant de chutes industrielles ou de
dchets. Elles ne collectent pas elles-mmes ces matires secondaires, mais les achtent
des collecteurs. Avec ces derniers, les contrats se font au coup par coup. Le prix dachat est
index sur le cours LME. Les dlais de paiement sont de lordre de 60 jours.
Dans le cas du plomb, les affineurs franais font tat de prix trop levs pour les batteries usages,
sous linfluence de la concurrence froce dindustriels dautres pays qui peuvent pratiquer des prix
dachat plus attractifs en raison de moindres cots de transformation (pratiques environnementales
moins strictes, cot de lnergie et/ou de la main duvre moins lev).
Pour ce qui est des mtaux prcieux (or, argent, platine, palladium), le recyclage reprsente une
part importante des matires premires utilises. De nombreuses socits de collecte existent en
France ; le leader franais de laffinage est la socit SAAMP mais les grands affineurs sont
trangers : Umicore Belgique ; Johnson Matthey Royaume Uni ; BASF Allemagne, qui a
repris lactivit dEngelhard ; Heimerle-Meule Allemagne qui vient de reprendre Cookson
Precious Metals et Cookson-CLAL ; Metalor Suisse avec un site de traitement de surface
Oullins et un site dlectrotechnique Courville-sur-Eure.
Les matires premires issues du recyclage reprsentent, pour certains mtaux, une part importante
de la production franaise. Toutefois, la production franaise de semi-produits ne couvre pas
lintgralit de la demande franaise, et lorigine (primaire ou secondaire) des matriaux contenus
dans les semi-produits imports nest pas connue. Il nest donc pas possible de savoir prcisment
quelle proportion de la consommation de mtal sous forme de semi-produits provient du recyclage.

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Par ailleurs, le traitement permettant dobtenir le mtal partir des dchets nest pas toujours
effectu en France (faute des capacits ncessaires).
Notons que les produits finis peuvent avoir des dures de vie trs variables : de quelques semaines
pour les canettes boissons plusieurs dizaines dannes pour les infrastructures, la construction, les
aronefs, etc. Il en rsulte quen situation de croissance de la demande, le recyclage nest pas en
mesure de satisfaire lintgralit des besoins (dautant que le taux de rcupration natteint jamais
100 %). De plus, toute mesure mise en place au niveau de la conception et de la production des
produits finis afin damliorer la valorisation des matires premires ne produit ses pleins effets
qu lissue de plusieurs dcennies.
En ce qui concerne le recyclage en fin de vie, il faut noter que de nombreux mtaux ne sont pas
recycls ltat de mtal pur. En effet, ils sont prsents dans les dchets de biens de consommation,
de vhicules en fin de vie, etc. sous forme dalliages (et parfois avec une dilution importante) ou
physiquement mlangs dautres mtaux. Il est actuellement plus conomique de les recycler sous
forme dalliages facilement rutilisables.
Cette situation est particulirement flagrante pour les mtaux high-tech que lon retrouve sous
forme de mtaux daddition souvent trs dilus dans des alliages et superalliages.
Si le mtal dorigine secondaire permet globalement de substituer une partie du mtal dorigine
primaire, ce nest pas ncessairement vrai sur tous les crneaux : pour les pices ncessitant un
alliage daluminium performant, on prfrera un aluminium primaire par rapport un aluminium
recycl contenant un peu plus de fer ; lincorporation de dchets cuivreux la charge des fours de
refusion se fera en proportion plus leve pour les laitons que pour le cuivre.
En termes de recyclage, afin que de nouveaux projets se dveloppent sur le territoire franais, la
viabilit conomique passe par une valorisation correcte des matires. Cette dernire exige une
classification des diffrents alliages rcuprs, selon leurs nuances, afin de pouvoir rutiliser
directement les chutes de production ; une telle classification est possible dans la chane de
production, mais plus difficile et plus coteuse pour les produits en fin de vie.
On citera par exemple la socit Aubert & Duval implique dans le rcent projet Ecotitanium pour
la rcupration dalliages base titane chargs en mtaux high-tech (vanadium notamment) auprs
dAirbus et ses sous-traitants. Ce projet implique une matrise pousse de la traabilit des flux de
matires ainsi quun systme de logistique efficace permettant de rcuprer les chutes dune mme
nuance dalliage. noter que la production dalliages de grade aronautique, comme cest le cas
chez Aubert & Duval, partir de chutes de production doit rpondre aux exigences de certification
propres lindustrie aronautique.
La question du prix de vente des dchets en fin de vie est galement primordiale : ce prix doit tre
suffisant pour rentabiliser ltape de collecte et de tri, mais sans tre excessif pour ne pas pnaliser
les industriels utilisateurs. La concurrence entre utilisateurs pour lachat de ces dchets joue parfois
en dfaveur des utilisateurs franais ; en effet si les utilisateurs trangers ont des cots plus faibles
(contraintes environnementales, cots sociaux, etc.) ils peuvent se permettre de payer les dchets
plus cher.

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7.5.2. Localisation des acteurs du recyclage


Pour les acteurs du recyclage, comme mentionn prcdemment, ces derniers peuvent choisir un
site dimplantation les rapprochant de leurs fournisseurs de matire ou des acteurs mme dutiliser
les produits issus de leurs activits de recyclage. noter que ne sont couverts dans le champ de
cette tude que les acteurs dont lactivit consiste produire du mtal partir de matires premires
de recyclage introduites dans un four. Ne sont par exemple pas tudis les acteurs de la collecte, du
tri et du pr-traitement.
On retrouve donc naturellement des implantations dans les rgions telles que le Nord et la rgion
Rhne-Alpes, mais la couverture du territoire national est plus complte que pour les acteurs
voqus prcdemment.

Figure 32 : Implantation des principaux acteurs du recyclage des mtaux non ferreux en France
(2012, Source SOFRED)
Ces donnes de cartographies des acteurs industriels seront compltes par les lments relatifs aux
acteurs de la R&D / Innovation grce aux travaux raliss lors des phases 2 et 3 de la prsente
tude.

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7.6. DES

RELATIONS ENTRE ACTEURS DE LA FILIRE ALLANT DE LA SIMPLE


RELATION CLIENT-FOURNISSEUR EN AMONT DES RELATIONS PLUS
IMPLICANTES EN AVAL DE LA CHANE

7.6.1. Gographiquement, les sites de production se situent le plus souvent proximit


des clients, donc dans les grands bassins industriels
Lidentification des diffrents acteurs, quil sagisse des entreprises (sur la base du recensement
effectu dans le cadre du premier volet de la prsente tude), des acteurs de la recherche ainsi que
des diffrentes structures ayant vocation susciter des collaborations (depuis les ples de
comptitivit jusquaux nouveaux instruments introduits par le PIA) permet daborder le secteur des
mtaux non ferreux sous langle territorial22.
La rpartition des entreprises peut tre aborde sous langle de limplantation des sites (siges et
tablissements) ou bien des effectifs ; dans ce dernier cas, seuls les effectifs des siges sont
comptabiliss23.

Figure 33 : Rpartition des implantations des entreprises, par dpartement (siges en bleu et
tablissements)

Lanalyse est ici centre sur la France mtropolitaine.


Le rapport du volet prsente une rpartition des emplois par rgion sur la base des donnes de Ple Emploi, qui ne sont pas du mme type. Par
exemple, ces donnes font apparatre un poids important de ce secteur en Alsace ; ceci est en le rsultat de la prsence dun tablissement de
CONSTELLIUM, qui reprsente lui seul 1 400 personnes, mais dont le sige se situe en Ile-de-France.
22
23

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Figure 34 : Rpartition des effectifs par entreprise (siges uniquement)


Quelques rgions-cls mergent, la fois du point de vue du nombre dimplantations et des
effectifs : Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Rhne-Alpes, principalement. La rgion ChampagneArdenne prsente une certaine concentration de sites, mais il sagit principalement soit de PME, soit
dtablissements dont le sige se situe en-dehors de la rgion. Par ailleurs, la rgion Ile-de-France
bnficie de limplantation de nombreux siges.
Certaines de ces entreprises se distinguent par le fait quelles disposent en interne de sites ddis
la R&D :

ERAMET possde un centre de R&D situ Trappes, constitu en filiale du groupe, sous le
nom dERAMET Research (effectifs de la socit : 137 personnes). Autre spcificit, le groupe
possde galement une filiale ddie lingnierie (ERAMET Ingnierie) ; par ailleurs, dautres
socits du groupe possdent leurs propres quipes de R&D, notamment Aubert & Duval et
Eurotungstne.

CONSTELLIUM possde un important centre de R&D en rgion Rhne-Alpes, le Centre de


Recherche de Voreppe, galement constitu en filiale du groupe (CONSTELLIUM CRV, dont
le sige est Paris ; effectifs : 266 personnes). Il sagit du plus grand centre de comptences
industriel franais de la filire aluminium.

Enfin, le groupe RIO TINTO ALCAN possde Saint-Jean-de-Maurienne un centre de R&D


ddi aux procds de production de laluminium, le LRF (Laboratoire de Recherche et de
Fabrication, avec une centaine de personnes). Ce site a t conserv dans le groupe lors des
rcentes oprations de cession dactivit (le site de production voisin du LRF ayant t vendu au
groupe TRIMET).

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Le CRV et le LRF sont issus de lex-groupe Pechiney, et sont considrs comme des centres de
comptences de niveau mondial sur laluminium24.
Quelques entreprises possdent un savoir-faire trs spcifique, comme dans le cas de Cezus, qui
maintient des activits ddies au zirconium sur son site dUgine ; on peut citer galement le cas de
Nexans, qui possde des comptences en mtallurgie du cuivre sur son site de Lens, en relation avec
ses domaines dapplication. Inversement, plusieurs comptences ont disparu ou ont t transfres
hors de France : transformation du cuivre chez KME, laboration et transformation du titane chez
Cezus, feuilles minces daluminium chez Novelis, etc.
Concernant la premire transformation, outre CONSTELLIUM, qui possde au sein de son centre
de R&D une quipe ddie lextrusion de laluminium, on peut citer lexemple de SAPA
(transformation de laluminium), groupe qui sest organis autour dun rseau de Centres
dinnovation rpartis dans plusieurs pays son principal centre de R&D tant par ailleurs
implant en Sude. Un groupe tel que KME (transformation du cuivre), prsent en France, possde
des centres de R&D en Allemagne et en Italie. Outre ces grands acteurs, lactivit de premire
transformation est compose dun grand nombre dindpendants, dont les activits de
dveloppement sont troitement lies aux besoins applicatifs de leurs clients, et qui, par ailleurs,
capitalisent en interne sur leur savoir-faire et collaborent de faon ponctuelle avec des centres de
comptence.
La carte page suivante prsente la localisation des entits de recherche publique identifies, ainsi
que les diffrents types de structures vocation collaborative recenses, quils sagissent des
ples de comptitivit ou bien des instruments du PIA, ainsi que des Instituts Carnot (BRGM,
CETIM, CIRIMAT, nergies du futur, I@L, M.I.N.E.S., Onera).
Sagissant des entits de recherche publique identifies :

Le milieu acadmique (tablissements denseignement suprieur et de recherche) est bien


reprsent, avec 27 entits de recherche recenses ;

5 entits appartiennent la catgorie organismes / centres techniques ; cela concerne plus


spcifiquement 2 organismes de recherche : le CEA et lONERA, ainsi que 2 centres
techniques : le CETIM (Centre Technique des Industries Mcaniques) et le CTIF (Centre
Technique des Industries de la Fonderie).

24

Pour mmoire, la majorit de la production mondiale daluminium primaire tait faite sous licence Pchiney.

Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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Source : Bilan du recensement des acteurs, volets 1 et 2

Figure 35 : Localisation des entits de recherche publique et des structures vocation collaborative
Dun point de vue territorial, trois rgions ressortent plus particulirement : lIle-de-France, la
Lorraine et la rgion Rhne-Alpes ( la fois autour de Lyon et Grenoble).
Si lon croise ces donnes (localisation des sites industriels et des acteurs de la recherche) avec
celles relatives aux informations disponibles relatives aux relations entre acteurs, on constate que
les profils rgionaux sont trs disparates. Les rgions Nord-Pas-de-Calais et Champagne-Ardenne,
par exemple, ont un profil principalement industriel ; en comparaison, lindustrie des mtaux non
ferreux est moins prsente en Lorraine. En revanche, la rgion Rhne-Alpes prsente un profil a
priori plus quilibr. Partant de ce constat, la question est alors pose de la place accorde cette
industrie dans les politiques rgionales.
7.6.2. Des types de relations entre acteurs qui dpendent de la place dans la chane de
valeur
Les relations entre les acteurs industriels de la filire des mtaux non ferreux peuvent dpendre la
fois du type de mtal considr et de la place occupe le long de la chane de valeur.
En amont de la chane de valeur, pour lachat de minerai, de concentr, doxydes mtalliques ou
encore de mtal primaire, les relations sont gnralement classiques, de type client-fournisseur. Les
achats/ventes se font dans le cadre de contrats de volume et de dure variables (par exemple
Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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trimestriels, annuels, parfois pluriannuels) ou au coup par coup (spot). Pour les mtaux cts, les
prix auxquels se font les changes sont bass sur le cours officiel (voir chapitre sur les cours des
mtaux dans le prsent rapport).
Dans llaboration dun produit transform ou dun alliage spcifique, les relations entre clients et
fournisseurs peuvent par contre tre plus implicantes, ncessitant par exemple des codveloppements, ou linstar des applications aronautiques, des systmes de certification matire
dpassant la seule relation client-fournisseur : pour quune pice soit accepte, il faut que
lensemble de la chane dlaboration, depuis llaboration de lalliage, soit certifi.
En ce qui concerne le recyclage, la scurisation des approvisionnements en matire premire
recycle peut seffectuer par des contractualisations spcifiques, intgrant par exemple des taux de
rcupration nominaux de chutes : la refusion de chutes provenant des usines de ses clients par un
laborateur dalliages lui permet de scuriser une partie de ses approvisionnements.

7.6.3. Relation des fabricants de mtal primaire avec leurs fournisseurs de matire
premire (minerai, concentr et/ou oxydes mtalliques)
Les ressources minires de lhexagone en mtaux non ferreux sont, l'heure actuelle, extrmement
limites. Sauf cas particuliers (comme le nickel), la France dpend donc quasi exclusivement de
ltranger pour ses approvisionnements en minerai et/ou oxydes mtalliques.
Pour les fabricants de mtal primaire non intgrs et leurs fournisseurs de matire, la nature des
relations les liant est gnralement de type client-fournisseur.
Lexemple de la filire du chrome
Dans le cas du chrome mtal, la filire franaise bnficie de la prsence dun acteur, DCX
Chrome (filiale du groupe Delachaux), qui est un des leaders mondiaux de la production de
chrome de haute puret, mtal indispensable pour la fabrication dalliages type Inconel 718
et autres, utiliss notamment dans laronautique. Cet acteur est bien positionn sur les
marchs internationaux mais limite son activit un seul maillon de la chane de valeur : la
production de mtal de haute puret, et na pas la matrise de lapprovisionnement lamont.
Loxyde de chrome mtallurgique est en effet import 100 % et il ny a aucune production
en Europe (en 2012 par exemple, la France a import de lordre de 14 843 t, dont 52 % en
provenance d'Afrique du Sud, 19 % d'Albanie et 10 % du Kazakhstan). La fabrication
doxyde de chrome mtallurgique est un maillon critique de la chane dapprovisionnement
car le nombre dacteurs dcrot depuis une dizaine dannes. En Chine, il y avait encore 72
producteurs il y a dix ans ; maintenant, ils ne sont plus quune dizaine.
En ce qui concerne les leviers de scurisation mis en place pour lapprovisionnement de
matire premire, DCX Chrome a mis en place un partenariat avec un producteur kazakh
doxyde de chrome depuis plus de vingt ans. Les quantits sont dfinies par an et les prix
sont fixs par trimestre. Il existe de plus un systme de double sourcing avec un acteur
amricain pour de petites quantits doxyde de chrome.
Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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7.6.4. Relation entre les acteurs de la premire transformation et leurs fournisseurs de


mtal
L aussi, la France ne possde quun nombre limit de sites de production de mtaux non ferreux
primaires et, comme nous lavons vu prcdemment, une part importante des besoins est couverte
par des importations.
Lexemple de laluminium extrud
Diffrents flux existent pour lapprovisionnement en matire premire :
o Des billettes de premire fusion (en aval de llectrolyse) et de seconde fusion ;
o Le retraitement des dchets internes.
Pour un acteur tel que Aluminium France Extrusion, tous les achats de billettes daluminium
se font sur le march spot.
Les cots lis aux approvisionnements en matire premire comprennent le cot du mtal
(cot au LME) auquel sajoutent les primes gographique et de transformation (en billettes,
en plaques, etc.). Il y a donc trs peu de leviers sur les prix dachat.
Certaines billettes peuvent venir de pays o la main duvre est moins chre, mais
supportent des droits dentre de ces matires en Europe.

Certains acteurs possdent leurs propres units de fonderie adosses leurs sites dextrusion,
limage du Groupe SAPA. Cette situation leur permet de pouvoir refondre rapidement les
chutes de production.

Lexemple du chrome

Des relations de type client-fournisseur lient les deux entits Delachaux (fournisseur de
mtal) et Aubert & Duval (fabrication dalliages et de pices) en ce qui concerne la
fourniture de chrome mtal. Le chrome nest pas cot au LME et les prix sont dfinis sur
une base trimestrielle.
7.6.5. Des relations de recyclage de chutes entre laborateurs dalliages et clients

Les matires introduites dans les fours de fusion et dlaboration dalliages peuvent tre dorigines
diverses :
Mtal primaire ;
Recyclage de dchets en fin de vie ;
Recyclage de dchets produits au cours du cycle de production (chutes, copeaux, rebuts).

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Le taux des chutes, copeaux et rebuts peut tre trs lev dans certaines filires (dans
laronautique, le buy to fly ratio 25 peut atteindre 10), et la rintroduction des dchets gnrs
dans le cycle de production peut reprsenter une part notable de la charge des fours ; ces dchets
peuvent provenir de lentreprise elle-mme ou de ses clients.
Alors quen gnral le recyclage en fin de vie passe par des acteurs spcialiss, car il faut organiser
la collecte, le tri, ventuellement le prtraitement des dchets, le recyclage des dchets gnrs en
cours de production peut aussi tre trait directement entre acteurs de la chane de valeur des
mtaux non ferreux.
Certaines entreprises sont maintenant organises pour la rcupration des chutes de mtaux nobles
et dalliages de leurs clients.
Ce systme de rachat de chutes est une situation gagnant-gagnant pour les deux entits impliques :
le fournisseur sassure que son client nest pas tent de sadresser une autre source et le client
bnficie de tarifs plus attractifs.
Le retour de copeaux rentre en effet en compte dans les modalits de fixation des prix. Si par
exemple une entreprise fournisseur de mtal ou dalliages fixe 30 % le taux de copeaux quelle
veut rcuprer auprs de ses clients, lorsque ce taux est atteint, les matires premires fournies pour
les pices suivantes (qui contiendront donc au moins 30 % de matire issue de leurs chutes) seront
factures au prix du lingot recycl.
Lexemple des superalliages
Les matires premires contenues dans les chutes de superalliages cotent entre 50 et 70 % du cot
des matires premires neuves. Aubert & Duval rachte donc des chutes auprs de ses clients et les
rintgre dans les fours dlaboration, sans perte de qualit (sous rserve de ne pas mlanger les
chutes issues de diffrents alliages). Ainsi, dans le cas de lInconel 718, 45 % de la matire
premire est issue du recyclage.
7.6.6. Des exemples de co-dveloppement
Le co-dveloppement entre rangs successifs de la chane de valeur nest pas la rgle gnrale, alors
quil devrait tre soutenu, en tant que levier de gain de comptitivit. En effet,
la production de mtaux de base, que ce soit dorigine primaire ou secondaire, conduit
gnralement des compositions et des formes bien dfinies sur les marchs
internationaux ;
les petites socits laborant des alliages le font le plus souvent selon des compositions
standards rpertories et ne dveloppent pas elles-mmes de nouvelles compositions
dalliages ;
certains produits semi-finis sont aussi des produits standards la fois dans les alliages
utiliss et dans leurs formes voire leurs dimensions (tubes, fils, etc.).
25

Rapport entre la quantit de mtal achete lentre dans le processus de production, et la quantit que lon retrouve effectivement sur lavion fini

Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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Le dveloppement en collaboration avec le rang aval se fait plutt vers laval de la chane.
Dveloppement de nouvelles familles dalliages : cest souvent une opration lourde et
longue et seules des socits de taille suffisante (en termes deffectif principalement)
peuvent se permettre de se lancer dans laventure : CONSTELLIUM pour les alliages
daluminium destination du secteur automobile, ou les alliages aluminium-cuivre-lithium
Airware pour laronautique.
moindre chelle, Le Bronze Industriel suit une politique de dveloppement constant de
nouveaux produits en collaboration avec ses clients, qui le conduit crer de nouvelles
rfrences chaque anne, en allant jusquaux produits finis suivant plans.

Mise au point dune gamme doprations de transformation pour fabriquer une nouvelle
pice : Aubert & Duval pour les pices en alliages de titane ou en superalliages.

Les industriels de la fonderie de mtaux non ferreux, parce que leurs produits sont trs
proches des pices finies (voire sont des pices finies pour ceux qui sont intgrs jusqu
lusinage), travaillent en permanence avec leurs clients pour la conception des pices
moules.
7.6.7. Des relations de type client-fournisseur avec les utilisateurs

Un point mrite galement dtre mentionn en ce qui concerne le rle jou par les acteurs aval de
la chane de valeur. En effet, les fabricants/fournisseurs de semi-produits sont confronts
diffrents impratifs lis directement leurs clients aval, tels que :
Lobligation de pouvoir rpondre des normes de qualit prcises (avec la mise en place de
certifications qualit exiges par les grands donneurs dordre) ;
Les dlais de paiement parfois imposs par leurs clients ;
Les dlais de livraison, avec une tendance croissante pour le just in time ;

Le pouvoir de ngociation de certains donneurs dordre en ce qui concerne la livraison de


produits de commodit, ou pour des produits pouvant faire lobjet de plusieurs sourcing.
7.6.8. Limplication des acteurs franais dans les projets collaboratifs

Les donnes relatives aux projets collaboratifs bnficiant dun cofinancement public apportent des
indications sur les activits en matire de recherche et dinnovation menes par les diffrents
acteurs franais. Dans le cadre de la prsente tude, un panel de 52 projets collaboratifs, se
rpartissant principalement sur la priode 2008-2013, a t constitu travers lexploitation
systmatique des donnes disponibles. Ce recensement permet de faire ressortir quelques grandes
tendances, mais ne prtend pas tre exhaustif26. En particulier, la production de mtal primaire
LANR, la DGE et la DATAR (pour les projets dits FUI ) ne diffusent pas systmatiquement les informations relatives aux projets financs ;
pour cette raison, il nest pas possible de garantir lexhaustivit des projets recenss dans le cadre de la prsente tude, et a fortiori de btir des
26

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apparat peu dans les projets collaboratifs (alors que des budgets de R&D levs lui sont consacrs),
du fait de la stratgie des acteurs de matrise de toute la chane de valeur de linnovation.
LANR arrive nettement en tte des financeurs, avec 33 projets identifis les 120-150 des appels
projets chimie durable, matriaux et stockage de lnergie; on dnombre galement une douzaine de
projets europens (PCRD) avec participation franaise. Les projets financs par le FUI (Fonds
Unique Interministriel, ddi aux projets accompagns par les ples de comptitivit) sont au
nombre de 6 ; enfin, un seul projet de type AMI , gr par lADEME, a t identifi.
Dun point de vue thmatique, ces projets peuvent tre rattachs trois domaines principaux :

Le secteur de lnergie arrive en tte, avec 18 projets recenss, dont 12 sur le seul thme du
stockage lectrochimique (la majorit concernant les batteries au lithium) ; le photovoltaque est
galement bien reprsent, avec 3 projets ;

Le secteur aronautique est concern par un total de 11 projets ; 6 projets concernent les alliages
de titane 3 concernent des procds dont 1 sur la fabrication additive ;

Enfin, le recyclage fait lobjet de 7 projets ; on peut noter au passage que 2 dentre eux
concernent en fait des mtaux et alliages du secteur aronautique.

Au total, ces trois grands domaines reprsentent environ 70 % des projets identifis. Dautres
thmes sont galement prsents, mais napparaissent quau travers dun ou deux projets, par
exemple : fonderie dalliages daluminium pour le secteur automobile, alliages de titane
biocompatibles, production daluminium primaire par lectrolyse, etc.
De nouveaux instruments sont apparus dans le cadre du Programme des Investissements dAvenir
(PIA). Dans le cas prsent, plusieurs projets laurats peuvent tre relis au thme des mtaux non
ferreux :

Sagissant des instruments avant tout destins au monde acadmique, on dnombre 5


Laboratoires dExcellence (Ressources21, Storex, DAMAS, ICOME2, CEMAM) qui abordent
notamment le thme des ressources mtalliques, celui du stockage de lnergie, ou bien encore
des alliages mtalliques pour lallgement des structures ; 2 quipements dExcellence
(MatMca, EcoX) sont galement noter, respectivement ddis la mtallurgie des poudres et
ltude de la ractivit des mtaux dans leur environnement.

Dautres instruments ont pour vocation de favoriser les collaborations entre recherche et
industrie. Dans le cas prsent, on peut identifier 3 Instituts de Recherche Technologique (IRT
Jules Verne, Saint Exupry et M2P, respectivement associs aux ples EMC2, Aerospace
Valley et MATERALIA), ainsi que 2 Institut de la Transition nergtique (Supergrid, associ
au ple Tenerrdis, et lInstitut Photovoltaque dIle-de-France) ; 2 plateformes dinnovation
(PFI) peuvent galement tre cites : STEEVE, ddie aux batteries, ainsi quAxelOne,
associe au ple Axelera.

indicateurs partir des donnes disponibles. De la mme faon, BPI France ne diffuse que peu dinformations sur les projets que cet tablissement
finance, qui nont donc pas t inclus dans le primtre de la prsente tude.

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Pour ces diffrents types de projets (ANR, FUI, PIA, etc.), les ples de comptitivit jouent un rle
de labellisation et ventuellement daccompagnement au montage. Parmi les diffrents projets
recenss dans le cas prsent, on identifie ainsi 9 ples :

Tout dabord, 3 ples sectoriels : Aerospace Valley (aronautique), Ple Nuclaire


Bourgogne (industrie nuclaire) et Tenerrdis (nergies) ;

Par ailleurs, 6 ples caractre transversal : EMC2, MATERALIA (ces 2 ples ayant un
positionnement matriaux , avec une forte composante mtallurgie dans le cas de
MATERALIA), ViaMca, TEAM2, Trimatec et Axelera, ces 3 derniers apparaissant travers le
thme du recyclage.

On peut noter que certains projets font lobjet de colabellisations, typiquement entre un ple
sectoriel et un ple transversal , par exemple : Axelera et Tenerrdis (tous deux
principalement implants en rgion Rhne-Alpes), ou EMC2 et PNB.

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TROISIME PARTIE : ANALYSE DE LA


COMPTITIVIT DE LINDUSTRIE
FRANCAISE

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8. LANALYSE DE LA COMPTITIVIT DE LINDUSTRIE FRANAISE


Ce chapitre analyse la situation des industriels franais en termes de comptitivit, sous plusieurs
angles.
Une premire approche prsente les forces et faiblesses de lindustrie franaise des mtaux non
ferreux, par mtal (ou groupe de mtaux) et par rang de la chane de valeur (paragraphe 8.1).
Puis les leviers de comptitivit sont identifis par rang de la chane de valeur (paragraphe 8.2).
On constate que de nombreux leviers de comptitivit se retrouvent la plupart des rangs, mais
avec des poids diffrents. Une analyse transversale par levier de comptitivit est donc ralise
ensuite : la position comptitive des industriels franais par levier de comptitivit est examine,
dabord pour la comptitivit par les cots (paragraphe 8.3) puis pour la comptitivit hors cots
(paragraphe 8.4).
On prsente ensuite la rentabilit obtenue par les acteurs de la filire, en la comparant dautres
filires industrielles proches (paragraphe 8.5).
Les rsultats des comparaisons de trois chanes de valeur en France et dans deux pays voisins
(Allemagne et Espagne) sont ensuite donns (paragraphe 8.6). Lanalyse comparative (benchmarks)
a t mene sur des couples pays/mtal : le plomb pour lAllemagne, laluminium et le cuivre pour
lEspagne.
Enfin, une conclusion gnrale de ce chapitre sur lanalyse de la comptitivit de lindustrie
franaise des mtaux non ferreux est prsente, sous forme dune cotation de la position
comptitive de lindustrie franaise, pour les principaux leviers de comptitivit, par rang de la
chane de valeur (paragraphe 8.7).

8.1. FORCES ET FAIBLESSES DE LINDUSTRIE FRANAISE


Forces : Un certain nombre de points forts de lindustrie franaise des mtaux non ferreux a t mis
en vidence:
Des marchs aval qui sont des secteurs stratgiques (construction, transports, nergie, TIC,
etc.) ;
Le dynamisme de certains secteurs aval localiss en France et en Europe (un bon exemple
tant lindustrie aronautique) ;
Une bonne matrise des outils et des technologies ;
La capacit dinnovation des industriels ;
Des comptences acadmiques encore fortes dans certains domaines ;
La qualit des produits (plusieurs socits franaises se situant parmi les leaders mondiaux
de leur secteur) ;
La capacit de diffrentiation par le service aux clients ;
La mise en uvre de bonnes pratiques dans les domaines de la scurit et de
lenvironnement ;
Des industriels souvent leaders sur leurs marchs (Europe ou monde).

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De faon plus dtaille, les forces des industriels franais peuvent se distinguer en fonction des
diffrents rangs de la chane de valeur, pour chaque mtal / groupe de mtaux (tableau suivant).
Mtal

Exploration /
extraction
Ressources de nickel
importantes en
Nouvelle-Caldonie

Nickel

Bonne matrise des


technologies ncessaires

Production de mtal
primaire
Bonne matrise des
technologies ncessaires
Innovation procd
(hydromtallurgie)

Premire
transformation
Bien reprsente en France
Trs bonne matrise des
technologies et innovation
produits

Recyclage

Chane de valeur
reprsente en France
Bonne matrise des
technologies ncessaires

Des activits de R&D toujours


importantes
2 sites de production de mtal
primaire sur le territoire

Aluminium

Bien reprsente en France


Innovation produit active

Cot de llectricit levier


majeur de comptitivit (pour
les industriels lectro-intensifs,
lavantage cot sinscrit dans le
cadre de contrats long terme)
Un acteur dans le top 10
mondial sur le chrome de haute
puret (DCX Chrome)

Chrome mtal

Des activits de R&D


toujours importantes

Chrome utilis dans les


alliages (cf. nickel)

Une prsence importante sur


les marchs internationaux
Bonne matrise technique
des mtiers de la
transformation et de la
qualit des produits

Cuivre

Mtaux
prcieux

Collecte des dchets


cuivreux organise

Proximit des clients


franais et europens

Ressources en or en
Guyane

Des circuits de collecte


et prtraitement tablis

Bonne matrise technique


des mtiers de la
transformation, et de la
qualit des produits

Plomb

Bonne matrise
technique des mtiers de
laffinage de dchets, et
de la qualit des produits
Collecte des dchets
organise et efficace
Proximit des clients
franais et europens

Des entreprises franaises


dont le portefeuille clients

tain

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est diversifi
Des positionnements
produits spcialiss (fils,
baguettes)
Une relle prsence
linternational,
commercialement dabord
mais aussi au travers des
partenariats voire des
filiales de production
Une capacit innover
permanente

Titane

Tungstne

La JV A&D UKTMP permet


de scuriser les
approvisionnements en matire
premire (lingots de titane)

Un cosystme de recherche
acadmique et de laboratoires
dvelopp en particulier sur
Rhne-Alpes
Prsence du groupe ERAMET
travers des filiales
(Eurotungstne, Erasteel)

Prsence dA&D, un
acteur leader positionn
sur des marchs de pointe
(aronautique, spatial,
nuclaire)
Des industriels franais en
position de leadership
technologique mondial sur
certaines familles de
produits
Des industriels franais
fournisseurs de filires
stratgiques franaises
(programme ITER,
moteurs davions, forages
ptroliers et miniers)
Prsence du groupe
ERAMET travers des
filiales (Eurotungstne,
Erasteel)

Zinc

Zirconium

Normes environnementales et
sociales de haut niveau

Des sites franais dans le


nord de la France
proximit de leurs clients
Normes
environnementales et
sociales de haut niveau

Collecte des dchets


(poussires, boues,
vieux zinc..) organise

Une filire trs bien


reprsente en France le long
de la chane de valeur, avec un
acteur, Cezus, leader dans son
domaine
Plusieurs acteurs
positionns en France
sur le recyclage de
mtaux (high-tech) tels
quERAMET
(vanadium, niobium,
molybdne) ou Rhodia
(terres rares)

Mtaux hightech

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Les facteurs de force cits ( linstar du bon niveau dinnovation des acteurs franais ou encore de
la prsence de leaders mondiaux) permettent lindustrie des mtaux non ferreux dtre
comptitive sur diffrents mtiers et diffrents mtaux comme par exemple en ce qui concerne les
alliages daluminium, le chrome de trs haute puret, le zirconium ou encore le titane.
Faiblesses : Malgr ces points forts, lindustrie franaise des mtaux non ferreux est cependant
affaiblie par :
Le dplacement des centres de croissance de la consommation vers dautres zones (pays
mergents), poussant les industries aval se rapprocher de leurs clients ;
Un dsintrt de la socit franaise pour lindustrie lourde ; dans certains cas un rejet de la
prsence dusines, de mines, de carrires, par une partie de la population ;
Un manque dintrt pour le thme des matriaux mtalliques transparaissant notamment
dans les axes stratgiques des ples de comptitivit spcialiss ;
Une accumulation dobstacles administratifs, rglementaire et juridiques, entranant des
dlais et des surcots ;
Une exploration des richesses gologiques pratiquement abandonne dans lhexagone depuis
plus de deux dcennie quelques exceptions prs ;
Un positionnement concurrentiel peu favorable sur lun des deux plus importants leviers de
comptitivit, le cot du travail ;
Un positionnement en train de se dgrader sur lautre levier important de comptitivit
cots, le cot de lnergie, notamment pour les nergo-intensifs ;
En gnral une taille des usines faible par rapport aux concurrents trangers ;
Pour la valorisation de dchets collects en France, lexportation dune large part de la
collecte vers les pays limitrophes, certains dchets sexportant mme dans des pays
mergents o les conditions sociales et environnementales sont dgrades par rapport la
France ;
Des investissements consquents pour rpondre au renforcement des contraintes
environnementales ;
Le cours de leuro par rapport aux autres devises.
De faon plus dtaille, les faiblesses des industriels franais sur les diffrents rangs de la chane de
valeur, pour chaque mtal / groupe de mtaux ont t mises en vidence dans le tableau suivant.
Mtal

Exploration /
extraction
Cots cash SLN
levs par rapport
aux autres
producteurs de
nickel

Nickel

Petite taille des


acteurs franais

Production de
mtal primaire

Premire
transformation

Filire globalement
importatrice

Filire globalement
importatrice

Petite taille des acteurs


franais

Petite taille des acteurs


franais

Recyclage

Cours du nickel
volatil

Cours du nickel
volatil

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Matire premire
(alumine) intgralement
importe

Aluminium

Chrome
mtal

Pas de contrle des


ressources
primaires

Pas de contrle des


ressources
primaires

Un positionnement en
train de se dgrader sur
lautre levier important de
comptitivit cots, le
cot de lnergie,
notamment pour les
nergo-intensifs

La France est
importatrice nette
daluminium brut et de
semi-produits. Ceci
provient de la
spcialisation des
usines, partout en
Europe et dans le
monde, sur certaines
catgories de produits
(aronautique;
emballages,
automobile, btiment,
etc.)

Du fait de la trs forte


demande
internationale de
dchets, en particulier
de la part de la Chine,
fuite des dchets
daluminium produits
en France, vers lAsie
en particulier, pour y
tre valoriss
Le taux dutilisation
de MPR est plus
faible en France
quen Italie, Espagne,
Grce et
Luxembourg. lItalie
et lEspagne ont
fortement dvelopp
leur industrie du
recyclage, do un
appel de dchets vers
ces pays.

Pas de maitrise de
lamont (oxyde de chrome
mtallurgique). Matire
premire intgralement
importe
Un acteur leader (DCX)
uniquement positionn sur
une expertise : la
fabrication de chrome
mtal de haute puret
Faible rentabilit

Cuivre

Pas de contrle des


ressources
primaires

Facteurs de
comptitivit cots
dfavorables : cot de
la main duvre,
fiscalit, cots
environnementaux

Pas de capacit de
production de mtal
primaire

Acteurs de petite taille


face aux groupes
concurrents, ou
contrls par des
groupes trangers

Euro fort

Faible rentabilit
Aucune capacit
daffinage. Seuls les
dchets de haute
qualit peuvent tre
refondus. Proportion
importante
dexportation des
dchets cuivreux

Euro fort
part une petite
production dor en
Guyane, tout le mtal
primaire est import

Mtaux
prcieux

Plomb

Les principaux oprateurs


de laffinage sont des
filiales de socits
trangres
Pas de contrle de
ressources
primaires

Pas de capacit de
production de mtal
primaire

Matrise technologique
et capacit dinnovation
faibles

Pas de grand
industriel de la
mtallurgie capable
de traiter des flux o
les mtaux prcieux
sont trs dilus

Faible rentabilit

Conditions daccs
aux dchets
plombifres.

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March franais troit

Proportion
importante
dexportation des
dchets.
Facteurs de
comptitivit cots
dfavorables, en
particulier poids des
cots
environnementaux
Acteurs de laffinage
de petite taille face
aux concurrents ou
clients

Un secteur faiblement
reprsent en nombre
dentreprises et en
nombre demplois,
beaucoup dacteurs
ayant disparu ces
dernires dcennies

tain

Un diffrentiel de
comptitivit en faveur
des concurrents
dEurope centrale de
plus en plus marqu

Titane

Tungstne

Zinc

Pas de contrle de
ressources
primaires

Capacit industrielle
dans le recyclage de
dchets peu lisible et
qui ne parat pas
exploiter le potentiel
au vu des donnes
import/export

Une rentabilit
relativement faible des
capitaux engags
dA&D (branche
alliages dans son
ensemble).

Pas de capacit de
production de mtal
primaire

Une filire qui ne


repose que sur la
prsence dun nombre
rduit dacteurs sur le
territoire (Aubert &
Duval, SNECMA,
Manoir Industries)

Un solde du commerce
extrieur sur les produits
bruts et intermdiaires
ngatif, un dficit qui
saggrave entre 2009 et
2011.

Rentabilit faible. La
diversification ralise par
Nyrstar dans la
production dindium vient
compenser les pertes
ralises sur lactivit

Des industriels de petite


taille dans un
environnement trs
concurrentiel constitu
dune multitude
dacteurs en Europe et
dans le monde
Un solde du commerce
extrieur sur les
produits bruts et
intermdiaires ngatif,
un dficit qui saggrave
entre 2009 et 2011.
Des units franaises de
moyenne capacit,
quivalente celles de
lAllemagne. Un
facteur 3-4 dans la taille
en faveur de la

Des sites de
recyclage en France
devenant des ICPE
partir de 2014,
condition non
impose (ou non mise

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zinc
La quasi-totalit de la
production franaise de
zinc mtal ralis par un
seul acteur industriel, le
groupe multinational
Nyrstar

concurrence espagnole,
finlandaise et
nerlandaise
notamment.

en application dans le
mme calendrier) en
Allemagne en
particulier. Des
charges nouvelles et
des contraintes
dorganisation qui
vont peser sur le
niveau de
comptitivit
Proportion
importante
dexportation des
dchets zincifres
(plus de 60 %)

Zirconium

Pas de contrle de
ressources
primaires

Mtaux
high-tech

Peu dacteurs
franais
positionns
lamont de la
chane de valeur,
mis part Nyrstar
(cadmium),
ERAMET (cobalt,
manganse) et
Kaolins de
Beauvoir (niobium
et tantale)

Laccumulation dans la dure des facteurs de faiblesse prcdents conduit lindustrie des mtaux
non ferreux sur une trajectoire de dclin balise en particulier par : une rentabilit faible, la prise de
contrle de socits franaises par des groupes trangers, la disparition de rangs de la chane de
valeur, le faible intrt des investisseurs pour le dveloppement de ce secteur en France, les
difficults pour attirer de la main duvre.

8.2. LEVIERS DE COMPTITIVIT PAR RANG DE LA CHANE DE VALEUR


8.2.1. Exploration
La comptitivit de ltape dexploration sur le territoire national ncessite en particulier :
une base de donnes gologiques dtailles de qualit ; linventaire du BRGM constitue une
base de travail intressante mais qui doit tre complte, actualise et rinterprte avec les
techniques et connaissances actuelles. De plus, les donnes conomiques ont fortement
volu, redonnant un intrt potentiel certains gisements ; il serait souhaitable de rinvestir
dans ce domaine et de permettre un accs facilit des donnes gologiques aux entreprises ;
des comptences en gologie et techniques associes, aussi bien au niveau universitaire et
des laboratoires de recherche que parmi les professionnels recrutables ; le peu de dbouchs
en France depuis plus de vingt ans a sensiblement dcourag les vocations et rduit loffre
de formation ; les comptences de bon niveau existent mais vieillissent et il faut pourvoir
leur remplacement ;
Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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laccs des socits de service spcialises (sondages, etc.) ; de telles socits existent en
France mais surtout dans le domaine du ptrole et du gaz ;

laccs des investisseurs disposs prendre des risques car seule une proportion faible de
projets dexploration dbouche sur une exploitation ; il est cet gard symptomatique que
les quatre permis de recherche accords rcemment soient dtenus par des filiales de
groupes australien et canadien ;

un environnement rglementaire et socital favorable ; on constate quil est de plus en plus


difficile de lancer de telles oprations dans la plupart des pays dvelopps. En France, en
particulier les dmarches administratives, les dossiers constituer et les nombreux recours
possibles reprsentent un vritable parcours dobstacles qui rallonge considrablement les
dlais et les cots. Pour se concrtiser, la volont politique affiche de relancer ce type
activit devrait se traduire par une meilleure gradation des exigences au cours de la vie dun
projet, comme cela a t fait avec succs en Sude et en Finlande.
8.2.2. Exploitation minire et concentration

La rentabilit dune exploitation minire (en y intgrant la concentration) dpend entre autres :
des caractristiques et de la localisation du gisement : taille du gisement, teneur en mtal,
nature de la minralisation, substances valorisables associes au mtal principal, mthodes
dexploitation minire applicables, proximit dinfrastructures (lectricit, transports),
procds minralurgiques applicables ; chaque gisement est particulier ;
du prix du mtal (ou des mtaux / substances) extrait(s) ; la forte volatilit des cours des
mtaux se traduit par des fluctuations de la rentabilit de lexploitation, avec parfois des
passages par des priodes de pertes qui, si elles se prolongent, peuvent provoquer la
fermeture des mines les plus fragiles ; des co-produits peuvent amliorer la rentabilit de
lextraction du mtal principal ;
du cot de lnergie : lectricit si la mine peut tre raccorde un rseau, carburants,
combustibles ;
du cot de la main duvre ;
de laccs des investisseurs ayant une vision long terme compte tenu du temps de
dmarrage dune exploitation et des fluctuations des cours : peu de groupes franais sont
engags dans ce secteur : AREVA (mais pour un mtal particulier hors primtre de
ltude), ERAMET, Variscan Mines, Garrot-Chaillac et quelques fonds dinvestissement ;
des taxes et redevances payer dans le pays o est extrait le minerai ;
du cours de la devise du pays o se situe lexploitation ;
l encore, dun contexte environnemental et socital favorable ; actuellement le projet
douvrir une mine ou une carrire en France suscite automatiquement une leve de
boucliers ; il appartient lindustrie dapporter les preuves de bonnes pratiques de nature
rassurer, et aux pouvoirs publics de crer un contexte global plus positif.
Dans la chane de valeur, ltape dextraction minire occupe une place particulire puisquelle
extrait le mtal du sol et na donc pas lacheter, contrairement aux tapes aval pour lesquelles le
cot dachat du mtal reprsente une part trs importante des cots. Cette tape est plus sensible aux
fluctuations de cours que les tapes suivantes. L'extraction contrle par une socit franaise a
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galement un avantage stratgique pour se dmarquer des blocus ou quotas d'approvisionnement


(ex. : terres rares ou petits mtaux).
8.2.3. Production de mtal primaire
Les principaux leviers de comptitivit sont :
laccs la matire premire dans des conditions conomiques acceptables et stables dans la
dure : soit par la proximit de la mine, soit par la proximit dun nud de transport
(maritime en particulier) ;
le cot de la matire premire ; pour les matires premires (minerais, concentrs ou autres)
conduisant aux principaux mtaux, la plus grande partie du prix dachat est fixe par un
cours officiel ; les cots logistiques, des primes et pnalits lies la nature de la matire
premire, sy rajoutent ;
le cot de lnergie ; lnergie reprsente 62 % des cots hors matires premires (alumine
et carbone) pour ltape dlectrolyse de laluminium27 et reprsente galement un cot
prpondrant pour de nombreux autres mtaux. Par contre cela reprsente trs peu dans
ltape dlaboration de chrome mtal pur partir doxyde de qualit mtallurgique, car il
sagit dune opration daluminothermie (combustion de la poudre daluminium avec
loxygne de loxyde de chrome28) ;
le cot de la main duvre (15 30 % des cots hors matires premires) ;
le poids des contraintes administratives et environnementales, la fois en termes
dinvestissements et de cots dexploitation (les surcots dinvestissement sont difficilement
chiffrables, dpendant de donnes telles que le type de mtal et de procd concerns ou
encore le degr dintgration des acteurs concerns);
la matrise du procd, permettant de rduire les cots, limpact environnemental, les risques
pour les salaris, la qualit et sa rgularit ;
la qualit du mtal produit ; pour simplifier, on peut distinguer deux grandes tendances :
o les grands mtaux de base (aluminium, cuivre, etc.) pour lesquels la qualit est
normalise pour lessentiel des volumes, leffort des industriels porte donc plutt sur
les cots, et la capacit des usines est un facteur de rduction des cots ;
o les mtaux comme le chrome ou le nickel pour alliages hautes performances, pour
lesquels une qualit leve est essentielle : les volumes sont plus faibles, le nombre
dacteurs plus restreint ;
laccs des infrastructures efficaces pour les rceptions de matires premires et les
expditions de produits finis, en particulier pour les gros volumes (infrastructures portuaires
et ferroviaires29) ;
le financement dinstallations industrielles lourdes ;

Moyenne mondiale. Llectrolyse consomme en moyenne mondiale 14 600 kWh/t daluminium produit.
En amont de cette tape, il a cependant fallu dpenser lnergie ncessaire la production de la poudre daluminium partir du
minerai de bauxite, en passant par llectrolyse ; cela se traduira dans le prix dachat de la poudre daluminium par le producteur de
chrome.
29
Les problmes (fiabilit, cot) du fret SNCF et de certains ports franais sont voqus de faon rcurrente par les industriels
interviews
27
28

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le cours de la devise du pays dans lequel seffectue la production : un cours lev de leuro
par rapport au dollar ou dautres monnaies pnalise les producteurs franais (sauf si la
production se fait en France mtropolitaine).
8.2.4. Transformation (y compris fonderie de pices)
Les principaux leviers de comptitivit sont :
laccs la matire premire dans des conditions conomiques comptitives : il peut sagir
de mtal primaire, achet aux acteurs du rang prcdent (directement ou via des ngociants)
ou de mtal secondaire, ventuellement (pour les industriels disposant de fours de refusion
et dlaboration) de certains dchets rpondant des exigences de qualit. Selon le mode de
production, le mtal secondaire nest pas toujours acceptable pour toutes les applications. L
encore pour les principaux mtaux le cours du mtal est fix sur une bourse (LME ou autre),
la ngociation porte sur les diverses primes (gographique, de forme, de qualit), etc. Les
gros acteurs sont mieux arms pour cette ngociation que les petits. La question de laccs
aux dchets sera voque dans le paragraphe suivant ;
le cot de lnergie (10 20 % des cots de transformation, jusqu' 30% pour certains
acteurs hors achats de mtal) ;
le cot de la main duvre (jusqu plus de 40 % des cots hors achats de mtal) ;
lefficacit et la productivit du procd (rduction des chutes, rebuts, consommation
dnergie) ;
la qualit et le positionnement de la gamme de produits : plus ou moins de commodits par
rapport aux spcialits ;
le plus en termes de service qui est apport par lentreprise : ractivit (dlais de
livraison raccourcis, capacit traiter des commandes spciales), dveloppement en
commun avec le client, etc.
la proximit gographique avec le client, dautant plus importante que lactivit se situe vers
laval de la chane ; cette proximit permet dapporter plus facilement le plus voqu
prcdemment, elle permet aussi de se trouver dans la mme zone gographique de cots ;
ce titre le dplacement des zones de croissance de la consommation vers de nouveaux pays
(Chine, Inde, etc.) entrane le dplacement des industries aval pour servir ces marchs, et le
dveloppement de lindustrie des mtaux non ferreux se situe prfrentiellement prs des
nouvelles implantations de ses clients ;
le poids des contraintes administratives et environnementales, la fois en termes
dinvestissements et en termes de cots dexploitation ;
le cours de leuro par rapport aux devises des pays concurrents et clients (dollar, monnaies
des pays mergents : Chine, Inde, Brsil, etc.) ;
laccs des infrastructures efficaces pour les rceptions de matires premires et
expditions de produits ;
le financement dinstallations industrielles qui peuvent tre lourdes.

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8.2.5. Valorisation de dchets de mtaux non ferreux


Il peut sagir, comme dtaill par ailleurs :
de la production de mtal secondaire (ou dalliage ou de ferroalliage) partir de dchets, par
des procds (affinage) destins liminer les impurets susceptibles de contaminer le mtal
ou lalliage produit et obtenir la composition dsire, ou
de la refusion de dchets propres , ventuellement en mlange avec du mtal primaire et
avec les lments daddition ncessaires pour laborer les alliages, avant la coule.
Le premier levier de comptitivit est laccs ces dchets dans de bonnes conditions de prix
dachat (en fonction de leur qualit). Pour les dchets gnrs au cours du process de production,
une partie peut tre rutilise en interne (pour les industriels disposant des outils de refusion) ou
faire lobjet de contrats de reprise entre le fournisseur et son client. Pour les autres dchets et en
particulier les dchets en fin de vie, la concurrence lachat est internationale, et sexerce en
principe dans le cadre de rglementations sur leur transport et leur traitement. Pour obtenir les lots
de dchets il faut tre en mesure doffrir les meilleures conditions (prix, conditions de paiement,
conditionnement accept, etc.) parmi les industriels capables de les traiter.
Les industriels franais de laffinage de seconde fusion constatent quils sont en butte la
concurrence dindustriels bass dans dautres pays europens ou plus lointains (Chine), et qui sont
en mesure doffrir de meilleures conditions dachat parce que leurs cots sont moins levs et leurs
contraintes environnementales moins svres (parfois, semble-t-il, en contournant les
rglementations applicables).
Les autres leviers de comptitivit sont, dans lensemble, semblables ceux qui ont t voqus
plus haut, dans le paragraphe transformation lorsquil sagit de simple refusion, dans le paragraphe
production de mtal primaire lorsquil sagit daffinage de seconde fusion, ceci prs que, dans ce
dernier cas, le poids de lenvironnement administratif et rglementaire est encore plus important
puisque la matire premire est constitue de dchets.
8.2.6. Des lments communs dans la structure de cots par rang de la chane de
valeur, mais avec des poids diffrents
Ce qui prcde montre que de nombreux leviers de comptitivit se retrouvent dans plusieurs tapes
de la chane de valeur, voire toutes les tapes.
partir des informations recueillies (entretiens avec des industriels du secteur et bibliographie),
nous avons tent dans le tableau suivant de rsumer les principaux leviers de comptitivit par les
cots, par tape de la chane de valeur, tous mtaux confondus.
Les tapes sont un peu plus dtailles que dans le chapitre prcdent.
Compte tenu de la grande diversit des situations entre mtaux, les fourchettes donnes dans ce
tableau ne peuvent qutre assez larges, et encore pourra-t-on toujours trouver des exceptions ;
titre dexemple, ltape aluminothermique de production de chrome mtal, par opposition la
production de mtal primaire pour la plupart des autres mtaux, ne consomme par elle-mme que
peu dnergie (voir ci-dessus).
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Etape

Poids relatif des cots opratoires hors


achats de mtal

Achats de mtal

Energie

Main d'oeuvre

Mine (Extraction + concentration)


+++
++
Production mtal primaire - raffinage
++++
+++
++
Affinage de deuxime fusion
++++
++
+++
Refusion-laboration d'alliage
++++
++
+++
Moulage de pices
++++
++
+++
Transformation chaud
++++
++
+++
Transformation froid
++++
+
+++
Important : Compte tenu de la diversit des situations, ce tableau ne peut tre qu'indicatif
Lgende :

++++
+++
++
+
-

plus de 50 %
de 30 50 %
de 15 30 %
de 5 15 %
sans objet

Figure 36 : Tableau rcapitulatif des principaux leviers de comptitivit par les cots,
tous mtaux non ferreux, par tape de la chane de valeur (source : analyse Sofred)
part pour ltape amont (mine), les achats de mtal sont le poste prpondrant des cots de
production ; signalons qu ltape de production du mtal primaire, il sagit de mtal contenu dans
le minerai ou le concentr, et qu ltape daffinage de deuxime fusion (production de mtal
secondaire) il sagit de mtal contenu dans les dchets.
Cependant, comme expliqu par ailleurs dans le prsent rapport, pour les mtaux cots la marge de
manuvre des industriels est limite en ce qui concerne leur prix dachat du mtal : lessentiel du
prix dachat tant fix par un march international, ce nest pas un facteur diffrenciant entre
concurrents. Il est donc judicieux de considrer sparment la part des cots opratoires sur laquelle
ils ont davantage de contrle, savoir les cots hors achats de mtal.
Les deux facteurs prpondrants hors achats de matires premires sont lnergie et la main
duvre, le poids relatif de lnergie dcroissant de lamont de la chane vers laval, alors que le
poids relatif de la main duvre augmente.
Aux facteurs lists dans le tableau ci-dessus se rajoute le poids des contraintes environnementales,
quil est difficile de reprsenter sur le mme tableau dans la mesure o ces contraintes consomment,
entre autres, de lnergie et de la main duvre. Le poids de ces contraintes est plus lourd lamont
de la chane de valeur : mine, production de mtal primaire et secondaire.
Les diffrents lments sont discuts plus en dtail, de faon transversale, dans les chapitres
suivants.

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8.3. ANALYSE PAR LEVIER DE COMPTITIVIT : COMPTITIVIT PAR

LES COTS

Du fait que de nombreux leviers de comptitivit sont communs plusieurs rangs de la chane de
valeur, il parat important de complter lanalyse par rang de la chane de valeur par une analyse
transversale des leviers de comptitivit. Nous effectuerons lanalyse par levier de comptitivit
cots, puis hors cots, en rentrant davantage dans les dtails et en comparant la position de la
France par rapport des pays concurrents.
8.3.1. Les achats de mtaux reprsentent le poste de cot prpondrant
Pour les industriels non intgrs situs en aval de ltape dexploitation minire, les achats de mtal
(sous forme de minerais ou concentrs, de dchets, de mtal brut ou de semi-produits transformer)
sont de loin le poste le plus important de cots. Quelques exemples :
Les achats de mtal (ou dalliage) reprsentent jusqu 85 % pour les transformateurs de
cuivre.
Les affineurs de plomb secondaire paient plus de 40 % du cours du plomb au LME par tonne
de batterie, pour des batteries hors dusage qui contiennent autour de 55 % de plomb.
Les matires premires utiliss pour la production de chrome mtal (oxyde de qualit
mtallurgique et poudre daluminium) reprsentent autour de 90 % du total des cots.
Or, en particulier pour les mtaux faisant lobjet dune cotation officielle, la marge de manuvre
pour la fixation du prix dachat est trs limite puisque ce prix est principalement compos du cours
du LME (ou organisme quivalent), auquel se rajoutent des primes de forme (billettes/lingot, etc.)
de qualit, et une prime gographique.
A la revente du mtal transform, le prix de vente est galement bas sur la cotation officielle du
mtal, auquel se rajoute une marge dintervention destine rmunrer les oprations de
transformation. Cette dernire partie est ngociable en fonction de la spcificit du service rendu.
Plusieurs consquences en dcoulent :
Le chiffre daffaires des industriels peut fluctuer fortement en fonction des cours des mtaux
(et des devises puisque les cours internationaux sont exprims en dollars) ;
Le chiffre daffaires nest pas vraiment reprsentatif de lactivit industrielle ; dans le cas
thorique o lindustriel effectuerait la transformation des mtaux faon pour un client qui
serait propritaire de la matire premire, son chiffre daffaires serait divis au moins par
deux et dans certains cas par sept voire dix pour la mme activit en nature et en volume ;
Le besoin en trsorerie ncessaire pour les achats de mtal est important par rapport la
taille de lactivit ; compte tenu des dlais de production et des dlais de paiement, il peut
scouler plus de trois mois entre le moment o le mtal achet est pay au fournisseur et le
paiement du produit par le client ;
Les industriels nont sous leur rel contrle quune part minoritaire de leurs cots ;
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La part majoritaire de leurs cots, hors de leur contrle, fluctue aussi en fonction des cours
des mtaux ;
Une brusque variation des cours du mtal entre le moment de lachat et le moment de la
revente peut reprsenter beaucoup plus que le profit attendu de lopration de
transformation, do la ncessit de mcanismes de couvertures ou de contrats de vente
rduisant ce type de risque ;
Des charges bases sur le chiffre daffaires (taxes comme la C3S par exemple30) peuvent
peser trs lourdement dans les cots de transformation ;
Pour les ventes de commodits, pour lesquelles il est trs difficile de se diffrencier par la
qualit du produit, lindustriel est pris en tenaille entre des prix dachat et des prix de vente
sur lesquels il na pratiquement pas de pouvoir ; sa comptitivit cots par rapport ses
concurrents est essentielle ;
Le recours des dchets directement rutilisables ou du mtal secondaire est une source
dconomie potentielle sur les achats de mtal, mais sous conditions :
o Soit cette source de mtal est totalement quivalente au mtal primaire ; alors, pour
tre source dconomie, elle doit tre vendue moins cher (ce qui peut paratre
paradoxal du point de vue du producteur de mtal secondaire) ; cest applicable dans
le cas des dchets, mais dans le cas de mtal, lorigine primaire ou secondaire nest
pas forcment mentionne par le fournisseur ; dans laluminium, le mtal de
premire fusion bnficie dune prime par rapport au mtal de seconde fusion ;
o Soit elle est de qualit infrieure au mtal primaire ; dans ce cas, elle doit tre
techniquement utilisable (ventuellement en mlange avec du mtal primaire), au
moins pour certaines gammes de produits, et faire lobjet dune dcote faisant plus
que compenser ses inconvnients : produit final moins valoris, ou cot dutilisation
plus lev.
La situation est diffrente pour les industriels intgrs dans l'extraction du minerai. Leur chiffre
daffaires et leur rsultat voluent avec les cours du mtal extrait (ou des mtaux extraits), sauf
choix dlibr de couvrir les ventes pour rduire les risques.
Hors achats de mtal, la main duvre et lnergie reprsentent les deux principaux postes de
cots opratoires. De faon gnrale, lnergie est le poste le plus important lamont de la
filire, et sa part dcrot vers laval pour laisser la premire place la main duvre.

30

Notons que le gouvernement a annonc la suppression de la C3S dici 2017.

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8.3.2. Le poids relatif du poste nergie dcrot de lamont vers laval de la filire
Dans lnergie, il faut inclure llectricit mais aussi les combustibles (charbon, fioul, gaz, etc.)
ncessaires la propre production dlectricit ou au fonctionnement des fours quand ils ne sont pas
lectriques, et les carburants ncessaires par exemple pour les engins miniers. Quelques exemples :
Llectricit pse en moyenne mondiale pour 62 % des cots de llectrolyse de laluminium
hors alumine et carbone31, cette proportion pouvant varier considrablement dune rgion
lautre en fonction du cot de llectricit : le cot de lnergie pay par les producteurs
europens reprsente en moyenne un surcot denviron 170 $/t par rapport au reste du
monde hors Chine ;
Les combustibles et carburants reprsentent 30 35 % des cots opratoires de producteurs
de ferronickel en Nouvelle-Caldonie ;

Le poste nergie reprsente 20 % pour un affineur de plomb secondaire, 10 20 % pour un


laborateur dalliages cuivreux selon quil va jusqu une tape de transformation ou sarrte
aux lingots.
8.3.3. Elments de comparaison de cot de llectricit et du gaz avec dautres pays
europens

Globalement, en 2012, la France tait bien place en Union Europenne pour le cot moyen de
llectricit aux entreprises, et dans la moyenne pour le prix du gaz naturel (Commissariat Gnral
au Dveloppement Durable, Chiffres et Statistiques n 461, Novembre 2013).
Toutefois, en ce qui concerne llectricit, certaines entreprises (lectrolyses daluminium par
exemple) sont classes dans la catgorie des entreprises lectro-intensives ; une source de
dsquilibre peut se situer dans lappartenance ou non cette catgorie et au traitement de cette
catgorie dans les diffrents pays (voir zoom sur le sujet ci-aprs).

31

Rappelons quen moyenne mondiale llectrolyse de laluminium consomme 14 600 kWh/t daluminium produit.

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Figure 37 : Prix de l'lectricit et du gaz pour les entreprises au sein de l'Union


Europenne en 2012 (source : Commissariat Gnral au Dveloppement Durable,
Chiffres et Statistiques n 461, Novembre 2013)

lectricit : zoom sur le cas des entreprises lectro-intensives


Selon la DGE (Le 4 Pages de la DGE, n 25, Avril 2013), en 2010, on comptait
en France 523 entreprises lectro-intensives, cest--dire dont la consommation
dlectricit tait suprieure 2,5 kWh par euro de valeur ajoute. Le secteur de
la mtallurgie de laluminium compte sept entreprises lectro-intensives dont la
consommation moyenne est de 20,0 kWh/ de valeur ajoute.
La France, comme la plupart des pays, propose aux entreprises lectro-intensives
des tarifs d'lectricit avantageux par rapport aux autres industriels. Cependant,
certains pays, aux ressources hydrolectriques ou en hydrocarbures importantes,
proposent aux entreprises des tarifs dlectricit plus comptitifs. Ainsi, daprs
lAgence Internationale de lnergie, la Norvge, le Canada et les tats-Unis
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proposent le MWh aux industriels entre 30 et 35 % moins cher quen France.


Des pays en dveloppement comme les mirats arabes unis, la Chine ou la
Russie attirent galement des industries lectro-intensives en leur proposant un
tarif de llectricit trs faible.
La Commission de Rgulation de lnergie sest livre une analyse de la
comptitivit compare des prix de llectricit pour les entreprises intensives en
nergie entre la France et lAllemagne ; cette analyse ne concerne donc pas
toutes les entreprises de notre primtre ( Analyse de la comptitivit des
entreprises intensives en nergie : comparaison France-Allemagne ,
Commission de Rgulation de lnergie, Juin 2013):
- La facture dlectricit dun industriel lectro-intensif comprend une part
nergie (environ 80 % de la facture en France) et des composantes transport,
distribution, commercialisation, taxes.
- En France, la part nergie dun industriel dpend pour sa plus grande partie de
son accs au systme ARENH (Accs Rgul llectricit Nuclaire
Historique).
- Vingt-six industriels lectro-intensifs franais ont cr un consortium,
Exeltium, qui a ngoci et sign en 2010 avec EDF un partenariat industriel
portant sur la livraison de 148 TWh sur vingt-quatre ans, approvisionnant
une centaine de sites. La mise en place ultrieure de lARENH rend
actuellement cet accord beaucoup moins comptitif, le niveau de prix dans le
cadre de lARENH tant infrieur celui ngoci par Exeltium (autour de
42 /MWh au lieu de 47), et les industriels devant puiser leurs volumes
Exeltium avant de pouvoir prtendre lARENH.
- En Allemagne, la part nergie dpend essentiellement du march de gros de
llectricit (trs volatil). En 2013, les prix pour de llectricit dlivrer en
2014 sont proches de lARENH ; en 2012, les prix de march allemands pour
de llectricit dlivrer en 2013 taient suprieurs lARENH.
- Par ailleurs, lAllemagne exonre (totalement ou partiellement) des cots de
transport les gros clients industriels, ce qui permet une rduction significative
de leur facture, dispositif dailleurs contest. Des exonrations de taxes ont
galement t mises en uvre.
- Le dispositif dinterruptibilit apporte un bnfice du mme ordre de grandeur
en Allemagne quen France, mais il est plus souple et le nombre de clients
ligibles est nettement suprieur en Allemagne. Enfin, un systme de
compensation des cots indirects du CO2 est ltude et permettrait encore
de rduire la facture des industriels allemands.
- Grce la mise en place de ces diffrentes aides et un prix de gros sur le
march allemand voisin de lARENH, les industriels allemands lectrointensifs paieront leur lectricit moins cher que leurs homologues franais
en 2014.
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Dans les recommandations des groupes de travail du Comit Stratgique de la


filire Chimie et Matriaux (Recommandations des groupes de travail, Fvrier
201332), on trouve la dcomposition suivante des cots de llectricit pour les
industriels lectro-intensifs entre la France et lAllemagne :

Figure 38 : Comparaison du cot de la fourniture d'lectricit aux industriels


lectro-intensifs, entre la France et l'Allemagne (source : Comit Stratgique de
la filire Chimie et Matriaux, Recommandations des groupes de travail, Fvrier
2013)
Les deux analyses concordent pour montrer que, bien que le prix moyen de
llectricit pour les industriels soit nettement plus faible en France qu'en
Allemagne, ce nest plus le cas pour les industriels lectro-intensifs.

32

Disponible sur le site de lA3M

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Malgr le tarif spcial leur attention, les industriels lectro-intensifs ont donc un cot du MWh
plus lev que dans certains pays hors UE, et mme par rapport leurs voisins Allemands
lvolution a t dfavorable et se traduit par un tarif moins comptitif.
La comparaison serait encore plus dfavorable pour un industriel franais non class comme
lectro-intensif, par rapport des concurrents allemands qui seraient classs comme tels, par
exemple parce quintgrs lamont. Ce serait le cas pour un affineur de plomb secondaire
compar une usine traitant du minerai de plomb et des matires premires de recyclage, ou pour
un transformateur du cuivre compar un site industriel disposant la fois dune affinerie et dune
activit de transformation.
Le gouvernement franais vient dannoncer une rduction temporaire de 50 % sur la facture du
transport dlectricit pour les industriels lectro-intensifs, du 1er aot 2014 au 31 juillet 2015.
8.3.4. Le poids relatif de la main duvre varie de 15 % plus de 40 %
Le cot de la main duvre (cotisations comprises) est de lordre de 15 40 % des cots hors
matires premires et les chiffres recueillis confirment laugmentation de sa proportion vers laval
de la filire mtallurgique :
15 % pour llectrolyse de laluminium ;
15 % 20 % pour une mine et usine de ferronickel, 30 % pour une usine de raffinage de
nickel ;
38 % pour une entreprise de cassage de batteries et production de plomb secondaire ;

40 45 % pour des entreprises laborant des alliages cuivreux et en effectuant une premire
transformation.
8.3.5. Les lments de comparaison des cots de main duvre avec dautres pays
europens ne sont pas favorables aux industriels franais

La comptitivit des industriels franais dans ce domaine est affecte par plusieurs facteurs :
Effet de taille : de nombreuses entreprises franaises sont de petite taille par rapport des
concurrents dautres pays, de sorte que leffet de taille, qui joue en particulier sur les cots
de main duvre, leur est dfavorable.
Cots salariaux unitaires : il a t abondamment dissert (et polmiqu) sur les
comparaisons de cots salariaux entre diffrents pays, et en particulier rcemment entre la
France et lAllemagne. Nous nous contenterons, pour faire simple, de citer les chiffres
publis par Coe-Rexecode, partir des enqutes et statistiques Eurostat (enqute
quadriennale sur les cots de la main duvre, et indices trimestriels du cot de la main
duvre).
Nous nous intresserons plus particulirement au tableau donnant les cots pour lindustrie
manufacturire (entreprises de plus de dix salaris) : tableau ci-aprs.
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Les chiffres du deuxime trimestre 2013 montrent un cart ngligeable entre les cots
salariaux unitaires franais et allemands (avec toutefois une croissance de ces cots plus
rapide en France).
Au sein de la zone euro, deux autres pays importants pour lindustrie mtallurgique sont
lItalie et lEspagne ; on constate que leurs cots salariaux sont nettement infrieurs aux
cots unitaires franais et allemands :
o

Italie : 76 % du niveau franais,

Espagne : 61 % du niveau franais seulement.

Hors zone euro, deux autres pays o les industriels des mtaux non ferreux citent des
concurrents importants sont :
o

le Royaume-Uni, qui se situe un niveau de cots voisin de lEspagne (59 % du


niveau franais),

la Pologne, avec un niveau de cots salariaux trs bas (18 % du cot franais).

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Figure 39 : Comparaison des cots salariaux horaires au sein de l'Union Europenne


pour lindustrie manufacturire (source : Coe-Rexecode)
Productivit : la comparaison des cots horaires nest pas suffisante. Des diffrences de
nombre dheures travailles et de productivit sont prendre en compte.
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Pour prendre en compte simultanment le cot et la productivit de la main-duvre, nous


aurons recours la productivit ajuste des cots salariaux. Pour documenter ce point,
nous utilisons les statistiques publies par Eurostat comparant les Taux de productivit de
la main-duvre ajuste par les salaires entre pays et par grandes classes dactivit.
Le taux de productivit de la main-duvre ajuste par les salaires est dfini comme le
rapport entre la valeur ajoute et les dpenses de personnel, et calcul partir des statistiques
structurelles sur les entreprises. Il reprsente donc en quelque sorte la richesse cre par euro
dpens en cots de personnel (exprime en pourcentage).
Deux classes dactivit semblent pertinentes par rapport notre tude : industries
extractives, et industrie manufacturire. Mais la comparaison pour les industries extractives
ne nous semble pas exploitable, car la valeur ajoute dpend trop du prix des substances
produites (feldspath, cuivre, or, etc.). La comparaison pour lindustrie manufacturire est
reprsente sur le graphique suivant (anne 2010, mise jour du 6 dcembre 2013) :

Figure 40 : Comparaison du taux de productivit de la main-duvre ajuste par les


salaires pour l'industrie manufacturire (source : Eurostat)
La France apparat comme mal place sur cet indicateur, en dernire place des pays
europens. Le tableau suivant indique la valeur de lindicateur pour quelques pays europens
souvent cits par les industriels parmi leurs principaux concurrents :

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Pays

Taux de productivit de la main duvre ajuste par


les salaires, industrie manufacturire (Eurostat)

France

127,9

Italie

134,8

Allemagne

137,9

Espagne

147,3

Royaume-Uni

187,3

Pologne

190,6

Les carts de performance par rapport la France sont donc de :


o

+ 5,3 % pour lItalie ;

+ 7,8 % pour lAllemagne ;

+ 15,6 % pour lEspagne ;

+ 46,4 % pour le Royaume-Uni ;

+ 49,0 % pour la Pologne.

Les entretiens recoupent cette analyse, car les industriels franais interrogs ne mentionnent
pas les cots salariaux allemands comme un handicap pour leur comptitivit, alors quils
citent explicitement les salaires espagnols et polonais.
8.3.6. Le cot de lnergie et le cot du personnel sont donc deux leviers essentiels de
comptitivit
Pour rcapituler cette analyse de la comptitivit par les cots, la plus grande partie des cots des
industriels concerns est constitue par le mtal achet, mais leur marge de manuvre sur le prix
dachat est le plus souvent limite et ce nest pas un facteur trs diffrenciant par rapport leurs
homologues dautres pays.
Les deux postes de cots les plus importants pour assurer la comptitivit des industriels franais
sont lnergie et le cot du personnel.
Face ces deux principaux postes de charges sous leur contrle, les entreprises dploient des
efforts, qui passent en particulier par des investissements, pour amliorer leur performance
nergtique et la productivit horaire de leur personnel (automatisation robotisation
informatisation).
Au-del de ces efforts, qui ont leurs limites, la comptitivit de lindustrie franaise passe donc par
les cots unitaires de lnergie et de la main duvre.
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Les autres cots comportent les autres approvisionnements, la sous-traitance, les impts et taxes, les
autres achats, etc. Le poids global des conditions prvalant en France sur les cots de lnergie et de
la main duvre est renforc par le fait que les autres approvisionnements et achats ainsi que la
sous-traitance ont eux-mmes un contenu en main-duvre et en nergie.
8.3.7. Lindustrie des mtaux non ferreux ncessite des investissements lourds et
coteux en maintenance
La mtallurgie est une industrie trs capitalistique qui ncessite des quipements lourds et des
investissements long terme.
De plus, les quipements mis en place occasionnent des cots de maintenance levs, en raison de
sollicitations importantes : tempratures leves, forces importantes, manutentions dobjets lourds,
mtaux liquides ( certaines tapes de la chane de valeur), matires premires abrasives,
ventuellement produits corrosifs. Ces facteurs sont prsents aussi bien chez les industriels franais
que chez leurs concurrents. Toutefois, les cots de maintenance comprennent des cots de main
duvre, de pices de rechange, de sous-traitance, etc. ; le contexte gnral en termes de
comptitivit des entreprises franaises se rpercute donc sur le cot de la maintenance.
Intensit capitalistique : la base ESANE 2011 indique que lintensit capitalistique (rapport entre
les immobilisations corporelles et les effectifs en fin dexercice) moyenne pour lensemble de
lindustrie manufacturire est de 152,5 k par personne, alors que celle de la classe 244
Production de mtaux prcieux et d'autres mtaux non ferreux est de 530,3 k par personne.
Pour comparaison, la sidrurgie (classe 241) se situe au mme niveau : 533,8 k/personne. La
fonderie de mtaux non ferreux se situe plutt au-dessous de la moyenne de lindustrie
manufacturire (99,9 k pour la fonderie de mtaux lgers et 74,4 k pour la fonderie dautres
mtaux non ferreux).
Rentabilit conomique : toujours selon la base ESANE, la rentabilit de ces investissements
(rentabilit conomique dfinie comme le rapport entre lExcdent Brut dExploitation et la somme
des immobilisations et du besoin en Fonds de Roulement) est de 8 % pour la moyenne de lindustrie
manufacturire et de seulement la moiti pour la production de mtaux prcieux et d'autres mtaux
non ferreux soit 4 %. La sidrurgie est dans une situation encore plus dfavorable : 2 %. La fonderie
de mtaux lgers affiche une rentabilit conomique de 2 %, la fonderie dautres mtaux non
ferreux de 12 %.
Quelques ordres de grandeur dinvestissements :
Crer partir de rien une exploitation minire et une usine pour le premier traitement du
minerai peut coter plusieurs milliards deuros : plus de 4,5 milliards deuros pour chacun
des deux projets Koniambo Nickel et Vale Nouvelle-Caldonie. La dure de construction de
ces projets dpasse cinq ans et est frquemment beaucoup plus longue : lentreprise doit
porter le financement sur la dure correspondante avant denregistrer ses premires ventes ;
elle doit aussi assumer le risque de retournement des cours des matires premires et/ou des
devises qui viendrait impacter la rentabilit prvue.

Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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Une srie dlectrolyse dune capacit de 360 000 t daluminium par an reprsente un
investissement de 1,5 2 milliards de dollars (soit, au cours actuel de laluminium, un
rapport investissement sur CA de lordre de plus de 2).
Le nouveau four cuire les anodes et la nouvelle sous-station lectrique dAluminium
Dunkerque, inaugurs en juin 2013, ont reprsent un investissement de 82 M. Le nouveau
four permet une rduction de la consommation de gaz de 15 %.
Linvestissement de la JV UKAD pour une unit de forgeage de titane, employant 60
personnes, avec une presse de 4 500 t, sest mont 47 M.
Une nouvelle fonderie pour Le Bronze Industriel Suippes reprsenterait 17 M.
Une ligne de laquage pour SAPA a cot 10 M.
Un four distiller ltain reprsenterait un cot de 7 M pour tain Soudures.
Le groupe ERAMET, sur les quatre annes 2009-2012, a investi en moyenne 436 M/an soit
13 % de son CA moyen.
Pour ce type dactivit, les investissements ncessaires sont levs quelle que soit la rgion du
monde ; toutefois le cot dinvestissement est infrieur au cot franais dans les pays (notamment
les pays mergents) o les cots de matire et de main-duvre sont infrieurs et qui imposent une
prise en compte moins pousse des questions de conditions de travail et denvironnement. Pour les
mmes raisons, les cots dexploitation y sont infrieurs, de sorte que la rentabilit des
investissements est meilleure (exemple : un industriel polonais a investi dans four distiller ltain
mais lquivalent ne peut trouver sa rentabilit en France).
Le taux dautofinancement moyen (Capacit dautofinancement / Investissements corporels bruts
hors apports) tait de 125 % en 2011 pour lensemble de lindustrie manufacturire, alors quil
ntait que de 33 % pour la production de mtaux prcieux et autres mtaux non ferreux (55 % pour
la sidrurgie) (source : INSEE, base ESANE).
Plusieurs industriels interrogs nous ont indiqu que, dans la priode actuelle, compte tenu de leur
rentabilit et de leur situation de trsorerie, leurs investissements taient limits au strict minimum,
savoir le maintien indispensable de loutil et les obligations rglementaires, ventuellement les
quelques investissements pouvant avoir un temps de retour infrieur lanne (par exemple
conomie dnergie). On peut donc, si cette situation se prolonge, craindre une prise de retard des
industriels concerns en termes de dveloppements commercial et technologique.

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8.4. COMPTITIVIT HORS COTS


8.4.1. Une bonne matrise des outils techniques et de la qualit des produits, une
recherche de diffrenciation par le service
Globalement, les industriels franais des mtaux non ferreux matrisent bien leurs technologies, la
qualit de leurs produits, et ont de relles capacits dinnovation.
Les pourcentages par socit du chiffre daffaires export disponibles (souvent plus de 50 %)
montrent que la qualit des produits est au moins la hauteur des concurrents.
Certains acteurs franais font partie des leaders mondiaux sur leurs crneaux (CONSTELLIUM
pour les alliages Airware, ERAMET pour le nickel de haute puret, Cezus pour le zirconium, etc.).
Dautres sont positionns au moins pour une partie importante de leur activit sur des commodits
(exemples des affineurs de plomb secondaire, de certains produits en alliages daluminium ou de
cuivre), soit pour des raisons historiques, soit parce quil ny a pas forcment de place pour toutes
les capacits de production sur les spcialits. Leur rentabilit sen ressent, dautant que leur taille
est souvent faible par rapport des concurrents dautres pays. Ils cherchent nanmoins monter en
gamme le plus possible sur une partie de leur production, tout en rduisant les cots sous leur
contrle (voir plus haut), et apporter un avantage supplmentaire au client, en jouant par exemple
sur la flexibilit, la ractivit.
8.4.2. De relles capacits dinnovation, dont la mise en uvre peut tre freine par
une rentabilit insuffisante
travers les points de vue exprims par les acteurs industriels interrogs dans le cadre de la
prsente tude, et au regard des diffrents aspects analyss, plusieurs tendances mergent.
Tout dabord, il faut souligner que la majorit des interlocuteurs indique mener des activits en
matire de recherche et dinnovation, identifies en tant que levier susceptible dtre actionn en
vue de lamlioration de la comptitivit.
Dans le dtail, les enjeux diffrent selon que lon se place du point de vue de linnovation produit
ou de linnovation procd.
Linnovation produit peut tre aborde de plusieurs faons, en particulier :

selon une logique damlioration continue, en vue de conserver un avantage par rapport la
concurrence : la motivation peut tre de rester au mme niveau que les concurrents des pays
dvelopps, ou bien de maintenir une avance suffisante par rapport loffre de produits
apparaissant dans des pays tels que la Chine, qui se positionnent dans un premier temps sur
des gammes de produits standards ; le cas des superalliages en est lillustration ;

selon une logique de monte en gamme, voire en visant lultraspcialit (pour reprendre
un terme employ par lun des interlocuteurs), en rponse la difficult de rentabiliser une
activit sur des produits de commodit. Pour un produit donn, cela peut saccompagner

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dune diversification du point de vue des applications (exemple : mise au point dun alliage
de plomb spcifiquement destin aux cbliers).
Dans tous les cas, la relation avec les clients joue souvent un rle-cl en matire dinnovation. Cette
relation ne se rsume pas une relation client/fournisseur, et intgre une dimension de codveloppement. Il y a en effet une forte interdpendance entre lindustrie des mtaux non ferreux et
un grand nombre de secteurs dactivit, rsultat de la multiplicit des applications concernes par
ces mtaux et de la difficult, dans de nombreux cas, recourir des solutions de substitution. Une
des consquences de cette situation est que cette industrie travaille souvent en collaboration troite
avec ses clients lors de la mise au point de nouveaux produits.
Le tableau page suivante prsente, par grand secteur dactivit, les principaux axes dinnovation en
matire de mtaux non ferreux, en relation avec les applications concernes.
Comme le montre ce tableau (non exhaustif), la trs grande majorit des produits de lindustrie des
mtaux non ferreux sont en fait des alliages : dans la plupart des cas, cest la combinaison de
plusieurs mtaux qui permet dobtenir les performances recherches. De plus, la mise au point dun
alliage est aussi conditionne par les tapes de transformation permettant daboutir au produit final :
selon le cas, lalliage devra tre apte la fonderie, la soudure, au formage, etc.

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Secteur
Transports

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Applications
Groupe
motopropulseur, pices
de liaison pour
lautomobile
Carrosserie et pices de
structure
changeurs thermiques

Pices de structure pour


laronautique

Pices de moteur pour


laronautique
Rseaux embarqus

nergie

Sant

Gaines de combustible
nuclaire
Plaques bipolaires
mtalliques pour piles
combustible
Energies marines,
olien offshore
Prothses et implants

Emballage

Surfaces
antibactriennes
Emballages rigides

Dfense

Blindages lgers
Munitions

Axes dinnovation
Amlioration des alliages daluminium pour pices
de fonderie, dveloppement des alliages de
magnsium
Amlioration de laptitude au formage des tles en
alliage daluminium
Lamins minces en alliages daluminium (rduction
des paisseurs, amlioration des performances de
lchangeur)
Allgement des structures et amlioration de la
durabilit (tenue mcanique, tenue la corrosion) :
amlioration des alliages daluminium hautes
proprits (composition et procds dlaboration et
de mise en forme, usinabilit), nouveaux alliages de
titane
Alliages de titane pour pices tempratures
intermdiaires, alliages de nickel ou de cobalt pour
pices tempratures leves
Alliages de cuivre pour conducteurs section
rduite ; alliages pour connecteurs (fonderie de
prcision dalliages de zinc ou daluminium)
Amlioration des alliages de zirconium
Alliages de nickel pour piles haute temprature
(SOFC : Solid Oxide Fuel Cells)
Alliages pour usage en milieu marin (ex. : cuivrenickel) ; blindages en plomb pour cbles sous-marins
Amlioration de la biocompatibilit, de la tenue
mcanique et de la rsistance la corrosion et
lusure : alliages teneur en nickel rduite, nouveaux
alliages cobalt-chrome-molybdne ou alliages de
titane
Alliages de cuivre pour usage en milieu mdical
Diminution des paisseurs des feuilles daluminium
(laminage) et aptitude au formage (emboutissage,
etc.)
Amlioration des alliages daluminium (notamment
aluminium-lithium)
Alliages de tungstne (amlioration de la
microstructure)

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Comme il a t soulign, la proximit avec le client joue un rle cl, et les besoins sont multiples.
De nouvelles opportunits apparaissent, lies des applications mergentes, comme dans le cas des
piles combustible. Il faut toutefois souligner que pour certaines applications, loffre franaise
actuelle en alliages est limite ou inexistante, comme dans le cas des alliages base de zinc ou de
magnsium.
Concernant linnovation procds, il faut dabord souligner que la frontire est souvent tnue entre
ce qui relve de linnovation et ce qui relve de la modernisation (par exemple, lautomatisation et
la robotisation). Dans la pratique, cette distinction est un peu thorique : ainsi, mme si une
innovation en matire de procds provient de pays leaders tels que lAllemagne ou le Japon, son
intgration par les entreprises peut impliquer des dveloppement spcifiques avant dtre
pleinement oprationnelle au sein de loutil de production. Dans le cas prsent, y compris pour les
PME, linnovation en matire de procds sappuie avant tout sur le savoir-faire interne, ce qui
implique la prsence de personnel qualifi et la possibilit de mobiliser des ressources financires
internes pour ce faire. Le fait de prendre en charge ce type de projet en interne est principalement
motiv par deux raisons : dune part, le fait que le savoir-faire li aux procds est critique pour
lentreprise et doit tre suffisamment matris en interne ; dautre part, en raison de la faiblesse de
lappui technologique disponible en France. Nanmoins, mesure que les procds atteignent leur
niveau de maturit, les dfis pour progresser mettent davantage en jeu une revisite des notions et
sciences fondamentales : ce stade, les savoir-faire internes ne sont plus suffisants pour crer les
ruptures qui seraient de nature repositionner lindustrie et les acteurs franais en particulier.
Autrement dit, le niveau de rupture attendu nest plus totalement compatible avec une base de
comptences uniquement interne.
Au niveau des moyens disponibles pour mener bien des projets innovants, la situation est bien
entendu trs contraste entre :

dune part, les grands groupes possdant leurs propres moyens internes ddis la R&D, et
en capacit de grer les relations (souvent complexes) avec les acteurs acadmiques ; on
observe diffrents cas de figure et problmatiques diffrentes : groupes avec des moyens
R&D en propre, bass en France, en capacit de simpliquer dans les grands projets
collaboratifs (type ANR et FUI) et dtablir des collaborations troites avec les grands
donneurs dordres ; groupes au sein desquels la R&D est localise hors de France, ce qui
nest incompatible avec le fait de mener des projets innovants : il sagira alors plutt
dinnovations orientes vers lapplicatif, en relation avec les clients locaux.

Et, dautre part, les PME indpendantes sappuyant principalement sur leurs ressources
internes et ponctuellement sur des ressources externes.

Pour ces dernires, le CIR (Crdit dImpt Recherche) est souvent la principale aide au
financement. Deux points cls sont toutefois souligner :

linnovation est un levier pour amliorer la rentabilit de lentreprise (via la monte en


gamme ou bien lamlioration de la performance des procds), mais la faible rentabilit
actuelle de nombreuses entreprises peut les empcher de dgager des ressources suffisantes
pour mener bien des projets innovants.

il est frappant de constater que des sources habituelles de financement des projets de PME
(Bpifrance, financements rgionaux) sont rarement cites, et que, sauf exception, aucun des
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industriels interrogs ne mentionne spontanment de ple de comptitivit parmi les


dispositifs daccompagnement. Ceci corrobore le constat fait sur la quasi-absence de la
mtallurgie dans les priorits thmatiques affiches au niveau des rgions. Selon un des
industriels interrogs, la mtallurgie reste mal perue en tant que telle par les financeurs.
Rappelons par ailleurs quun des freins linnovation frquemment cits est la complexit des
systmes daide linnovation, de la gestion des relations avec les partenaires acadmiques, etc.,
qui sont autant de freins la mise en place dactions volontaristes dinnovation aide . Cest
encore plus vrai pour les PME que pour les grands groupes, qui peuvent disposer en interne de
structures spcialises de gestion de cette problmatique.
Les rorganisations profondes que le secteur a pu connatre ces dernires annes, la faible
rentabilit de certaines socits et leurs besoins de trsorerie tendent toutefois limiter leurs
capacits de R&D et dinvestissement, avec un risque potentiel de perte de terrain par rapport
leurs concurrents : la position franaise tend donc sroder.
Les constats du volet 3 de la prsente tude incitent considrer que, en-dehors dun nombre limit
de grands acteurs industriels, lindustrie des mtaux non ferreux a d se consacrer prioritairement,
durant la dernire dcennie, la restructuration de loutil industriel et sa mise aux normes
environnementales et ce au dtriment des projets tourns vers linnovation.
Do, probablement, une implication insuffisante dans llaboration des feuilles de route des
instruments structurants mis en place durant cette priode, quil sagisse des ples de comptitivit
ou des instruments mis en place dans le cadre du PIA (Programme dInvestissement dAvenir). Il
est galement frappant quil nexiste pas, ni en France ni mme au niveau europen, lquivalent
des feuilles de route labores par lindustrie nord-amricaine pour le cuivre33 ou laluminium34.
Une nouvelle priode souvre, avec la programmation 2014-2020 des fonds europens, la monte en
puissance des nouveaux instruments mis en place dans le cadre du PIA (notamment IRT et ITE) et
la prparation du PIA2 lequel couvre une large gamme dinstruments, depuis la recherche
fondamentale jusquaux dmonstrateurs et aux actions au bnfice des filires. Il serait souhaitable
que les industriels du secteur des mtaux non ferreux sollicitent plus activement ces dispositifs et
saisissent ces opportunits.
8.4.3. Une capacit nationale de bon niveau en termes de R&D et dinnovation, dont
lefficacit pourrait tre renforce
Sagissant de la mtallurgie en gnral et de ses applications, la France conserve des comptences
acadmiques de haut niveau dans certains domaines, tels que le stockage lectrochimique de
llectricit. Toutefois, le rapport conjoint de lAcadmie des Sciences et de lAcadmie des
Technologies ddi cette discipline souligne la diminution notable du nombre de chercheurs qui
lui sont rattachs, coupl une forte rduction des enseignements en mtallurgie dans les cursus de
formation. Deux organismes le CEA et lOnera jouent un rle moteur essentiel pour les secteurs
33
34

Copper applications technology roadmap, 2007.


Aluminum industry technology roadmap, 2003; Canadian aluminium transformation technology roadmap, 2006.

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de lnergie et de laronautique ; le rapport des deux Acadmies souligne lrosion de leurs


comptences en mtallurgie ; ainsi, le CEA comptait 125 mtallurgistes en 1980, contre 60 en 2009,
et au sein de lOnera, leffectif serait pass de 45 mtallurgistes en 1980 30 en 2009, avec une
moyenne dge de 55 ans.
Par ailleurs, les donnes disponibles relatives aux activits de recherche et innovation des acteurs
franais (brevets, projets collaboratifs, etc.) font apparatre le rle prdominant jou par deux
secteurs : lnergie (principalement le stockage) et laronautique (exemple des alliages aluminiumcuivre-lithium Airware de CONSTELLIUM). Cette tendance nest bien entendu pas nouvelle, et ne
doit pas occulter les activits menes en relation avec dautres secteurs ; cela signifie nanmoins
quune grande part des financements publics disponibles est ddie ces deux secteurs, qui
bnficient par ailleurs du rle actif de grands donneurs dordre prsents sur le territoire national.
ct de ces deux grands secteurs, lconomie circulaire constitue galement un moteur majeur en
matire de recherche et dinnovation, et est par ailleurs plus propice lmergence dentreprises
innovantes Recupyl et Terra Nova en sont des exemples.
Le caractre transversal des mtaux non ferreux explique quils soient susceptibles dapparatre
parmi les priorits thmatiques de nombreuses structures maillant le territoire national. Cela peut
prendre par exemple la forme dune composante matriaux mtalliques dans les axes
stratgiques des ples vocation sectorielle (exemple du secteur nuclaire avec PNB, ou du secteur
aronautique avec Aerospace Valley). Parmi les ples vocation transversale , le ple a priori le
plus pertinent serait MATERALIA, mais la configuration de ce dernier nest pas tout fait
quilibre : les comptences acadmiques se situent principalement en Lorraine, et les sites
industriels (notamment PME) principalement en Champagne-Ardenne, sans que lon puisse assurer
quil y ait une relle implication de ces dernires dans les activits du ple. Inversement, la rgion
Rhne-Alpes possde une masse critique de comptences acadmiques et dacteurs industriels ;
nanmoins, la mtallurgie ny apparat pas clairement comme une priorit rgionale, et le thme des
matriaux mtalliques est dispers entre plusieurs ples, sans quil y ait de coordination ce sujet.
Il faut par ailleurs rappeler la proximit naturelle de la mtallurgie avec une autre industrie
prsentant galement un caractre transversal : la mcanique. Le ple ViaMca, par exemple, se
positionne sur certains sujets intressant directement lindustrie des mtaux non ferreux ; lindustrie
mcanique bnficie galement dun centre technique ddi le Cetim, qui dispose de plusieurs
implantations , et dune coordination nationale entre ples MecaFuture, sous la forme dune
charte de coopration signe initialement par les ples Arve Industries, EMC2, Microtechniques,
MATERALIA et ViaMca35. Cette dernire a pour vocation de dvelopper les synergies et la
coopration entre les ples mcaniciens ; la formulation et llaboration de nouveaux
matriaux (dont les matriaux mtalliques), ainsi que les procds de fabrication, figurent parmi
les domaines dapplication viss.
Un point en suspens est celui de la place accorde aux mtaux non ferreux au sein des ples de
comptitivit et des instruments qui leur sont adosss (en particulier IRT et ITE). A minima, une
coordination entre ples sur le thme des matriaux mtalliques serait souhaitable, linstar de celle
qui existe par exemple dans le secteur de lnergie. Cest dj en partie le cas au sein de
35

Le PNB et Elastopole les ont ensuite rejoints.

Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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MecaFuture, sans que lon puisse ce stade valuer la place quy occupent les mtaux non ferreux ;
cela pose par ailleurs question du point de vue de la visibilit, MecaFuture tant connot
mcanique et non matriaux .
Du ct de la recherche acadmique, la prise de conscience des fragilits de la situation actuelle a
motiv la mise en place dun Comit dOrientation National de la Mtallurgie, sous lgide du
Ministre de lEnseignement Suprieur et de la Recherche. Parmi les premires propositions de ce
Comit, on peut noter :

La cration dun Rseau National de la Mtallurgie , qui sarticulerait autour de trois ples
rgionaux reprsentant une masse critique de comptences, et qui serait connect trois IRT ;

Le lancement dune rflexion sur ladaptation des formations des techniciens aux nouveaux
besoins des entreprises et le dveloppement de la formation par alternance ;

Des actions permettant dimpliquer les industriels, par exemple travers la cration de chaires
dentreprises et limplication des industriels dans le pilotage scientifique et oprationnel du
Rseau National de Mtallurgie ;

Des actions de promotion de la mtallurgie destination des enseignants et des lves et


tudiants.

Dun point de thmatique, six sujets prioritaires ont dores et dj t pressentis :

Procds spciaux pour le recyclage des mtaux ;

Mtallurgie fondamentale pour la formulation dalliages innovants ;

Mtallurgie des procds de mise en uvre ;

Mtallurgie pour lallgement dans les transports ;

Mtallurgie pour les matriaux en conditions extrmes (nergie, propulsion, biomdical) ;

Mtallurgie des matriaux fonctionnels (matriaux magntiques, thermolectriques, etc.).

Le secteur de lindustrie des mtaux non ferreux est potentiellement concern par chacun de ces
sujets : il importe donc que celui-ci simplique activement dans les rflexions menes au sein du
Comit, lequel a indiqu son souhait dy associer troitement les industriels.
Enfin, si le maintien de comptences acadmiques de haut niveau reste un enjeu, on ne peut que
souligner la faiblesse du tissu de recherche franais du point de vue du dveloppement
technologique. Actuellement, seuls trois centres techniques sont a priori en position de constituer
des appuis pour les acteurs industriels : le Cetim, dont la mtallurgie nest pas la vocation premire,
le CTIF avec une forte spcialisation mtier , et le CRITT MDTS, qui dveloppe des
comptences en mtallurgie des poudres et en impression 3D. Il semble peu raliste de promouvoir
la cration dun centre technique de lindustrie des non ferreux, dont le rle serait comparable
celui qua pu jouer lIRSID pour la sidrurgie ; il sagirait plutt dutiliser au mieux lexistant :
lIRT M2P en constitue un exemple condition toutefois de pouvoir rellement peser sur les
choix effectus au sein de cette nouvelle structure, encore en cours de mise en place, ainsi quau
sein de la future plateforme publique de recherche et de dveloppement industriel dans le domaine
de la sidrurgie/mtallurgie, laquelle lIRT est troitement associ. Dautres projets en sont encore

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au stade de lmergence, notamment sous la forme de plateformes vocation collaborative ddies


la fabrication additive ou lhydromtallurgie.
8.4.4. Le renforcement des obligations environnementales en France a engendr des
investissements importants pour les industriels, sans pour autant amliorer leur
comptitivit
Le renforcement des contraintes environnementales est une tendance globale, qui a peu de chances
de sinverser dans les annes venir.
Au niveau europen, les activits industrielles, du point de vue des impacts environnementaux, ont
principalement t encadres par la directive dite IPPC (Integrated Pollution Prevention and
Control, 2008/1), depuis remplace par la directive sur les missions industrielles (IED, 2010/75).
Cet encadrement prvoit notamment :

des procdures dautorisation, auxquelles sont soumises certaines catgories dactivits


industrielles ; la directive IED a notamment introduit la notion de permis intgr , permettant
dharmoniser les contraintes associes diffrentes directives (en particulier : directive-cadre
sur la qualit de lair ambiant, directive-cadre sur leau) ;

la ncessit, pour les industriels, de se conformer aux meilleures technologies disponibles


(MTD, alias BAT : Best Available Technologies) et aux seuils dmission associs ainsi que
doptimiser lefficacit nergtique et la gestion des dchets de leurs installations. Les MTD
sont compiles dans un document appel BREF (Best Reference Technique).

Les activits de production et de transformation des MNF sont concernes par ce cadre
rglementaire.
Le premier document de rfrence sur les MTD a t adopt en 2001, suivi dune version rvise en
2009. Ce document servait lorigine de guide, sur lequel les autorits nationales pouvaient
sappuyer dans le cadre des procdures dautorisation. Avec lentre en vigueur de la directive IED,
ce rfrentiel va revtir un caractre plus contraignant. Une version provisoire, actualise, du
document de rfrence pour les MNF, a t diffuse en fvrier 2013. Sa version finale devrait tre
adopte dici dbut 2015. Une fois les conclusions relatives aux MTD approuves par la
Commission Europenne, les permis accords aux installations concernes seront passs en revue
dans un dlai de quatre ans, de faon identifier les ventuelles adaptations ncessaires.
Le document de rfrence sur les MTD servira de base la dfinition des seuils dmission imposs
par les autorits dans le cadre de llaboration des permis dexploiter. A priori, celles-ci disposent
dune certaine marge dapprciation, leur permettant de ne pas imposer de seuils dmission
excessivement contraignants au regard des spcificits du site ; il sagit en particulier de ne pas
imposer de surcots disproportionns au regard des bnfices environnementaux attendus. Il
reste que des installations insuffisamment performantes (en comparaison avec les MTD)
pourraient se retrouver confrontes lobligation de procder des investissements lourds afin de
respecter les seuils.

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Il est intressant de souligner que les industriels franais interrogs dans le cadre de la prsente
tude ont notamment t questionns sur limpact de la rglementation, et en particulier de la
rglementation environnementale, sur leurs activits.
Le rsultat de ces entretiens ne permet pas den faire une exploitation statistique au sens strict du
terme ; on peut nanmoins rpartir les points de vue exprims en trois catgories :

Les contraintes rglementaires, en particulier environnementales, ne semblent pas poser de


difficults majeures dans plusieurs cas : secteurs concentrs au niveau international
(exemple du nickel), produits de niches (exemple du tungstne) ou bien grands groupes
possdant plusieurs sites en Europe (exemple dUmicore, qui souligne plutt les difficults
engendres par linstabilit rglementaire) ;

Les contraintes environnementales peuvent tre perues comme ayant un impact ngatif ;
cette apprciation est globale, sans quun point particulier de la rglementation soit mis en
avant ; il sagit par exemple de PME de la filire cuivre ;

Enfin, le poids des contraintes environnementales est plus fortement ressenti dans le cas de
la production de mtaux qui sont majoritairement des produits de commodit (zinc, plomb),
dans le cadre dactivits principalement de recyclage ; des points spcifiques de
rglementation sont mis en avant (rglementation sur les missions industrielles, rgime
Seveso). Ce point est dautant plus sensible dans le cas dactivits faible rentabilit, avec
une capacit dinvestissement limite (exemple du plomb).

Lmergence de standards internationaux en matire denvironnement est une ralit ; lUnion


Europenne fait souvent figure de prcurseur, mais terme, cela a effet dentranement. Des
rglements europens tels que REACH ou RoHS36 ont eu des rpercutions en-dehors de lUE, bien
quils gnrent des distorsions de concurrence. Les volutions de pays en transition tels que la
Chine ou le Brsil vont dans le sens dune plus grande intgration de ces standards avec certes des
modalits dapplication diffrentes et dans certains cas, une absence de reconnaissance mutuelle des
donnes qui freine les changes commerciaux. Quel que soit le pays, les risques sanitaires (voire les
situations de crise) motivent une pression croissante des citoyens, qui se traduisent, plus ou moins
brve chance, par un renforcement de la rglementation.
Il faut toutefois souligner que le contenu de la rglementation est tout aussi important que la faon
dont elle est labore et mise en uvre. La transparence, la prvisibilit et la cohrence entre
textes mais aussi entre niveaux territoriaux , la lutte contre la surtransposition et un dialogue
constant avec les autorits sont des attentes fortes des acteurs industriels franais. Ces attentes
existent galement dans dautres pays, comme le montrent les exemples sudois et allemands. ce
titre, limprvisibilit et la complexit bureaucratique qui prvalent en Chine ou au Brsil font
figure de contrexemples.
Malgr le mouvement dintgration, il subsiste des distorsions au sein mme de lUE.

36

Restriction of Hazardous Substances , portant sur les restrictions dutilisation de plusieurs substances, dont le plomb, le cadmium et le mercure).

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Que lon analyse les diffrences entre pays en matire de rglementation environnementale, de droit
du travail ou de fiscalit en termes davantages comptitifs ou de concurrence dloyale , de
telles distorsions affectent directement les industriels franais. Cette situation a, en principe,
vocation ntre que transitoire et sinscrit par ailleurs dans un mouvement plus large de
restructuration industrielle lchelle europenne, pour laquelle les volutions rglementaires sont
un facteur explicatif parmi dautres (et, parfois, secondaire).
La convergence et lharmonisation effectives des cadres rglementaires nationaux, en particulier en
matire denvironnement, constituent un enjeu majeur pour les annes venir. ce sujet, on note
une certaine convergence entre les points de vue franais et allemand formuls par les industriels
des mtaux non ferreux ; llaboration et la promotion, auprs des instances europennes, dune
position commune ce sujet, prendrait pleinement son sens.
Les entreprises franaises de lindustrie des mtaux non ferreux ont subi un renforcement des
contraintes, sans tirer de bnfice des investissements consentis.
Le renforcement des contraintes environnementales sest notamment traduit par des investissements
supplmentaires, dont le fonctionnement occasionne des cots opratoires supplmentaires
(catgorie de cots opratoires transversale aux rubriques par nature voques prcdemment
puisquelle inclut des dpenses dnergie, de main-duvre, de ractifs, de maintenance, de services
externes, etc.).
Il ny a pas eu daccompagnement prvu vis--vis des entreprises, par exemple dans le cadre de
dispositions financires facilitant les investissements destins rduire les missions polluantes37 :
subventions on peut noter que les aides de lADEME ne concernent que les investissements
permettant daller au-del de ce quimpose la rglementation , prts des conditions avantageuses,
dispositions fiscales, etc.
Le sentiment largement exprim par les industriels est que les exigences de ladministration
franaise sur le terrain se situent des niveaux nettement plus levs que dans les autres pays
europens, et a fortiori non europens, se traduisant par des surcots importants (dans les montants
dinvestissements et dans les cots dexploitation), et par lallongement significatif des dlais
dexcution des projets ; les industriels voquent galement linstabilit des conditions
administratives.
Une certaine forme de reconnaissance pourrait permettre de valoriser ces efforts mme sils
rsultent dobligations rglementaires. ce titre, on peut retenir le principe de la labellisation ou de
la certification, reposant sur des dmarches volontaires, et concernant soit le produit lui-mme
(mais cela suppose une traabilit suffisante de toute la chane), soit lentreprise (cf. lexemple
allemand).

37

La mise en place de telles dispositions supposerait bien entendu la vrification de la conformit de ces aides avec le droit communautaire.

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8.4.5. Logistique : quelques points faibles dans les infrastructures


Du fait que les rangs de chane de valeur qui sont lobjet de la prsente tude vont des minerais aux
produits semi-finis, le cot du transport nest pas ngligeable. Son poids relatif par rapport au prix
du mtal est plus important lamont (transport de minerais, de concentrs ou de matte par
exemple) et pour les transports de dchets mtallifres, car dans les deux cas le mtal contenu est
loin de reprsenter 100 % de la masse transporte. Les volumes transporter peuvent tre
importants (il faut un peu plus de deux tonnes dalumine pour produire une tonne daluminium, et il
faut y rajouter les matires carbones pour les anodes, les composants du bain dlectrolyse, et bien
entendu lexpdition de laluminium produit). Le poids relatif est galement plus important pour les
mtaux les moins chers la tonne (plomb, zinc).
Comme dans toute opration logistique, les ruptures de charge sont coteuses en temps et en
argent : passage du transport maritime au transport terrestre, passage du transport ferroviaire au
transport routier. La localisation des sites de production, leur raccordement ou non au rseau ferr
peuvent reprsenter un handicap ou un avantage, que ce soit pour les cots ou pour leur capacit de
rpondre rapidement aux demandes des clients.
La fiabilit de la logistique est un lment important de la scurisation des approvisionnements, de
la rduction des stocks, du service aux clients.
Dans lensemble, les industriels interviews se disent satisfaits des infrastructures franaises, avec
quelques nuances selon leur proximit des nuds et des voies de communication, mais signalent
deux exceptions notables :
Le fret SNCF, souvent jug trs insatisfaisant (contraintes croissantes pour un service en
baisse) et peu comptitif (fiabilit et cots) ;

Les ports franais, dont certains sont peu performants (fiabilit, cots) par rapport leurs
homologues trangers, tel point quil est parfois jug prfrable de faire le dtour par les
ports trangers pour les expditions (jusqu passer par Rotterdam ou Anvers plutt que par
Marseille pour expdier en zone Mditerrane).
8.4.6. Des difficults de recrutement de main duvre qualifie

Lvolution des mtiers et du contexte dans lequel sexerce lactivit des industriels des mtaux non
ferreux induit la ncessit dun personnel matrisant des technologies plus sophistiques,
polyvalent, plus autonome, intgrant les aspects non purement techniques comme la qualit, la
scurit, lenvironnement, capable de travailler en quipe, et pour les techniciens et cadres de
combiner comptences techniques et managriales.
De lavis gnral des industriels interrogs, les jeunes en sortie de formation doivent recevoir en
interne un complment de formation pour leur transmettre le savoir-tre adapt au monde
industriel et le savoir-faire correspondant aux procds et outils de lentreprise.
Malgr des effectifs globaux en diminution, des difficults de recrutement au niveau Bac - Bac+3 se
font dj sentir, et les besoins saccentueront lavenir en raison des dparts en retraite prvisibles.
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Ces problmes sont dus une attractivit faible de lindustrie et lorientation gnrale du systme
ducatif (une filire technique est encore trop souvent vue comme un chec).
Ces difficults sont encore plus fortes pour les socits de moyenne ou petite taille, qui ne peuvent
pas pratiquer les niveaux de salaire des grands groupes qui sont leurs concurrents sur le march du
recrutement (EDF, AREVA, etc.).
Le rapport de la commission denqute de lAssemble Nationale charge dinvestiguer sur la
situation de la sidrurgie et de la mtallurgie franaises et europennes dans la crise conomique et
financire et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur dveloppement (juillet 2013) souligne
la ncessit de reconsidrer toutes les tapes du processus de la formation : Cela commence par
un retour, ds lcole une culture industrielle et un discours plus positif donc renouvel sur les
mtiers dans toute leur noblesse. Ensuite un reprofilage de toute la chane de formation doit aboutir
un renouvellement de certains cycles de la formation parfois mme tombs en quasi-dshrence
au cours des dernires annes. Ce rapport exprime galement une inquitude quant aux
possibilits futures de recrutement dingnieurs et cadres techniques.
Le rapport de lAcadmie des Technologies La Mtallurgie Science et Ingnierie (2011)
indique galement que lindustrie fait face une dj proccupante pnurie de chercheurs,
dingnieurs et de techniciens mtallurgistes et un possible effacement de la Mtallurgie dans nos
universits, IUT et coles dingnieurs, etc. et prconise un plan visant revigorer voire
reconstruire lenseignement de la Mtallurgie en France .

8.5. LA RENTABILIT MOYENNE PAR FILIRE EST FAIBLE POUR LES PRINCIPAUX
MTAUX

La plupart des filires, et en particulier les plus importantes en volume, celles des mtaux de base,
affichent en 2012-2013 des rentabilits moyennes trs faibles voire ngatives. Les mtaux high-tech
tirent mieux leur pingle du jeu que les mtaux de base.
Rappelons que le rapport Rsultat Net / CA pour lensemble de lindustrie manufacturire en 2011
(base ESANE 2011) tait de 2,0 %.
En termes de rentabilit conomique38, sujet dj voqu dans le paragraphe sur les investissements,
on constate que la production de mtaux non ferreux et la fonderie de mtaux lgers affichent des
ratios infrieurs la moyenne de lindustrie manufacturire, la fonderie dautres mtaux non ferreux
tant mieux place.

Rappelons la dfinition donne plus haut : la rentabilit conomique est dfinie comme le rapport entre lExcdent Brut dExploitation et la somme
des immobilisations et du besoin en Fonds de Roulement
38

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Secteur industriel

Rentabilit conomique 2011

C Industrie Manufacturire
241- Sidrurgie
244- Production de mtaux prcieux et
d'autres mtaux non ferreux
2441 Mtaux prcieux
2442 - Aluminium
2443 Plomb, zinc, tain
2444 - Cuivre
2445 Autres mtaux non ferreux
2453 Fonderie de mtaux lgers
2454 Fonderie dautres mtaux non
ferreux

8,0 %
2,0 %
4,0 %

Source : INSEE, ESANE 2011

ND
4,0 %
ND
6,0 %
10,0 %
1,0 %
12,0 %
ND = Non disponible (secret
statistique)

Les mtaux high-tech enregistrent une meilleure rentabilit conomique que les mtaux de base.
Les entreprises les plus vulnrables sont celles dont la proportion de commodits dans les produits
vendus est la plus importante. Les entreprises qui ont pu se placer plutt sur des spcialits affichent
des rentabilits un peu meilleures.
Il suffit de faibles variations dun facteur de cot ou des taux de change, ou dune perte de volume,
pour quune rentabilit faiblement positive devienne ngative ; il est craindre que les chiffres 2013
(non connus la date de rdaction) soient plus mauvais que ceux de 2012.
Cette situation pse sur les dpenses lies la R&D, linnovation, et sur les investissements ; elle
nest pas tenable sur le long terme.

8.6. ANALYSE COMPARATIVE AVEC LESPAGNE ET LALLEMAGNE


Deux pays ont t slectionns pour analyser certaines spcificits de lindustrie franaise des
mtaux non ferreux, au travers de trois secteurs :
Les activits de filage daluminium en Espagne
Les activits lies au cuivre en Espagne
Les activits lies au plomb en Allemagne.
Les choix de lAllemagne et de lEspagne ont pour objectif de comparer la France avec deux pays
europens aux spcificits propres :
LAllemagne, pays tradition mtallurgique forte et dont lindustrie est souvent cite
comme modle ;
LEspagne, souvent cite comme concurrent de la France sur de nombreux produits faisant
intervenir des mtaux non ferreux.
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Lanalyse de ces deux pays sest base sur des travaux bibliographiques complts par une srie
dentretiens auprs dacteurs industriels et de rfrents de groupes de recherche.
Cette analyse permet de souligner plusieurs aspects, notamment :
Une disparit dans le cot du travail entre les pays considrs, en particulier lEspagne, en
dfaveur de la France ;
Des acteurs industriels trangers mieux intgrs le long de la chane de valeur (sur les
secteurs de laluminium, du cuivre et du plomb), avec par exemple : dans le cas de
lAllemagne la production de mtal primaire pour le plomb ; pour les acteurs espagnols
lintgration de capacit daffinage de cuivre ;
En France, pour les industriels des mtaux non ferreux, un rel dficit dimage, impactant
directement les ventuels investissements trangers et lacceptation socitale des sites
industriels. A contrario, une attitude gnrale en Allemagne favorisant la promotion de
lindustrie mtallurgique dans son ensemble, en lien avec les partenaires sociaux, le grand
public, le monde de lenseignement ;
Des disparits sur le plan de la logistique entre les pays considrs, dfavorable pour la
France en termes de cots ;
En France, pour les industriels des mtaux non ferreux, une pression fiscale forte,
notamment en ce qui concerne la taxation du chiffre daffaires, et des proccupations
certaines vis--vis de futures rglementations concernant lventuelle taxation des
transactions financires ;
Une sur-application des directives europennes, notamment en termes de rglementations
environnementales, pour les acteurs franais travaillant le cuivre, les dfavorisant par
rapport leurs homologues espagnols ou allemands ;
Des sites franais gnralement de petite taille par rapport leurs homologues espagnols ou
allemands ;
Pour certains acteurs espagnols (travaillant laluminium notamment), lavantage de pouvoir
bnficier dune assise financire consquente base sur des activits nonmtallurgiques ainsi que lavantage de pouvoir bnficier de structures de type patrimonial,
fortement ancres localement, et bnficiant dune vision long terme. A contrario, au niveau
franais, des entreprises appartenant des groupes trangers ;
Sur certains produits, comme les profils daluminium, une politique de prix trs agressive
de la part des acteurs espagnols, dont la stratgie consiste prendre des parts de march la
fois sur les produits de commodits et sur des produits plus haute valeur ajoute.

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8.7. CONCLUSION GNRALE SUR LANALYSE


COMPTITIVIT SUR LES PRINCIPAUX FACTEURS

DE
COMPTITIVIT :
CLES DE SUCCES, PAR

RANG DE LA CHANE DE VALEUR

Les situations rencontres dans lindustrie des mtaux non ferreux sont trs diverses, que ce soit
dun mtal lautre ou dune socit lautre puisque lon rencontre aussi bien de grands groupes
que de petites socits, des mtaux de base aussi bien que des mtaux prcieux ou high-tech.
On peut quand mme dgager, en sappuyant sur les chapitres prcdents, les principaux facteurs
cls de succs et la position relative de la France et des industriels franais, par rang de la chane de
valeur, ce qui prfigure dj quelques pistes dactions de progrs. Afin dviter la dispersion, cette
synthse se concentrera sur trois ou quatre facteurs cls par rang de la chane de valeur.
La codification de la position relative de la France est la suivante :
Favorable : +
Neutre : 0
Dfavorable : Il sagit dvaluations globales par rang de la chane de valeur, toutes entreprises et tous mtaux
confondus, avec les simplifications que comporte invitablement une approche de ce type.
La question du cours des devises (euro par rapport au dollar ou aux devises de pays mergents)
nest pas aborde par rang de la chane de valeur, parce quelle est en facteur commun : si le cours
de leuro est trop lev, les industriels franais sont en position de comptitivit dfavorable par
rapport leurs concurrents dont les cots sont dans dautres zones montaires. Le fait que les prix
des mtaux soient exprims en dollar amricain ne leur est pas favorable car cet effet joue sur les
prix dachat du mtal mais aussi sur la partie mtal des prix de vente.
Un autre facteur commun est le besoin de main duvre rpondant aux besoins de lindustrie, en
particulier de niveau Bac Bac + 3 : question dattractivit de lindustrie, et dadquation des
programmes de lducation Nationale.
8.7.1. Exploration
Lexploration redmarre timidement dans lhexagone : quatre permis de recherche accords en 2013
et 2014 aux socits Variscan Mines et Cominor en mtropole ; une petite dizaine est en instruction.
Facteur cl de succs
Connaissance gologique pralable
du territoire
Investisseurs prts financer des
oprations au succs incertain
Contexte socital et rglementaire

Position relative de la France

+
-

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Le lancement de projets dexploration sur le territoire national peut sappuyer sur linventaire
gologique du BRGM et sur les anciens travaux miniers mens dans le cadre des exploitations
maintenant fermes ; ces donnes doivent cependant tre actualises et rinterprtes la lumire
des progrs technologiques et des donnes conomiques.
Les investisseurs franais ne sont pas prsents sur les quatre permis de recherche attribus sur le
territoire mtropolitain en 2013-2014. La phase dexploration est par nature une phase de recherche
avec un taux de succs (nombre de projets dexploration aboutissant une exploitation industrielle)
faible. Elle ncessite des capitaux par projet dun montant bien infrieur au dmarrage dune
exploitation minire, mais les investisseurs doivent tre disposs accepter ce faible taux de succs,
la condition tant la perspective que le projet (sur une dizaine ou plus de projets lancs) qui aboutira
sera suffisamment rmunrateur. Ce type dinvestissement doit tre encourag par les pouvoirs
publics.
Le contexte socital nest globalement pas favorable, avec trop frquemment un rejet a priori des
projets, et des actions devant les tribunaux qui conduisent un retard important et des surcots. Le
formalisme administratif trs contraignant est galement consommateur de ressources et de temps.
Compte tenu du faible taux de transformation des projets dexploration en opration industrielle, la
contrainte devrait tre relche sur lexploration.
8.7.2. Exploitation minire
Comme indiqu prcdemment, lexploitation minire est peu reprsente lheure actuelle sur le
territoire national : nickel (et cobalt associ) en Nouvelle-Caldonie, or en Guyane. Des acteurs
franais (ERAMET en particulier, AREVA pour luranium pour mmoire) exploitent des mines
dans dautres pays.
Le prix du mtal est un facteur cl pour la rentabilit des mines, mais il nest gnralement pas un
lment de diffrenciation entre les acteurs.

Facteur cl de succs
Caractristiques et localisation du
gisement
Cot de lnergie
Cot de la main duvre
Contexte socital et rglementaire

Position relative de la France

0
+
-

Les caractristiques et la localisation du gisement sont videmment des lments essentiels pour la
dcision de dmarrer une nouvelle mine, et pour la comptitivit de cette dernire au cours de son
existence. Or, sur lhexagone, il semble difficile dimaginer que lon exploitera des gisements
gants comme en Australie, au Canada ou en Amrique du Sud. Pour les mtaux de base o la
comptitivit repose beaucoup sur les cots de production, leffet dchelle jouera en dfaveur
dexploitations franaises sauf si des co-produits apportent un supplment de revenu suffisant.

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Un facteur favorable lexploitation minire sur le sol mtropolitain est le maillage du territoire par
des rseaux dinfrastructure (nergie, transport) alors que dans certains pays il faut construire
plusieurs centaines de kilomtres de voie ferre pour desservir un site minier, et approvisionner les
carburants et combustibles ncessaires la production dnergie sur place.
Extraire des minraux du sol et les concentrer est une activit intensive en nergie, que ce soit sous
forme dlectricit, de carburants ou de combustibles ; cest un des principaux postes de cots. Par
rapport aux autres pays europens, la France est bien place en moyenne pour le cot de llectricit
et du gaz destination des industriels, avec toutefois une volution dfavorable (par rapport
lAllemagne par exemple) pour les entreprises lectro-intensives. Cependant, des pays non
europens (Canada par exemple) pratiquent des tarifs lectriques plus attractifs. Il convient de
veiller la comptitivit de lapprovisionnement en nergie des industriels franais.
Un autre poste de cots important dans une mine est la main duvre. Le cot de la main duvre
en France, mme pondr par la productivit, est plus lev que dans les autres pays europens et a
fortiori les pays mergents. La rduction des cotisations patronales lordre du jour va dans le bon
sens.
Les deux commentaires sur le cot de lnergie et le cot de la main duvre ne concernent pas que
lexploitation minire, mais aussi les rangs en aval de la chane de valeur, comme nous aurons
loccasion de le rappeler.
Enfin, les remarques sur le contexte socital et rglementaire faites pour lexploration peuvent tre
transposes ltape dexploitation.
8.7.3. Production de mtal primaire
La France dispose aujourdhui de sites de production de mtal primaire pour un nombre limit de
mtaux non ferreux : aluminium, cobalt, chrome, nickel, or, zinc, zirconium.
Facteur cl de succs
Accs comptitif aux matires
premires
Matrise de la technologie et du
procd
Cot de lnergie
Cot de la main duvre

Position relative de la France


0-

+
+
-

En ce qui concerne laccs aux matires premires dans des conditions conomiques comptitives,
la situation est assez diverse. De faon gnrale, labsence de mine en France handicape les
producteurs de mtal primaire qui doivent importer leur matire premire. Lusine dlectrolyse
daluminium de Saint-Jean-de-Maurienne, qui importe son alumine, est trs loigne des ports
maritimes, contrairement au site dAluminium Dunkerque. La raffinerie de nickel de Sandouville
fait partie dun groupe intgr lamont (ERAMET), mais la position comptitive de lusine nocaldonienne du groupe nest pas favorable.

Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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Les industriels franais matrisent les technologies de production et les procds mis en uvre, et
innovent dans ce domaine, ce qui leur permet de rduire leurs consommations en nergie et leur
impact environnemental, ainsi que dobtenir une excellente qualit de mtal ; toutefois dans le cas
de laluminium, les deux usines dlectrolyse tant contrles par des groupes trangers, ce qui ne
les empchent pas davoir recours aux services R&D et de bnficier, dans un contexte
rglementaire exigent (IED, MTD) des meilleurs technologies dveloppes en France.
Cot de lnergie : ces activits sont souvent lectro-intensives ; comme indiqu plus haut le cot de
llectricit, lment essentiel pour les lectrolyses (aluminium, zinc) a t jusqu prsent
relativement comptitif, du moins par rapport aux voisins europens, mais lvolution est
proccupante.
Cot de la main duvre : la remarque du paragraphe 8.7.2 sur le sujet est intgralement
transposable.
8.7.4. Transformation
Facteur cl de succs
Accs comptitif aux matires premires
Cot de la main duvre
Positionnement produits et services,
innovation produit
Matrise du procd et innovation procd

Position relative de la France


0et

+
+

Laccs comptitif aux matires premires est important puisque les achats de mtal reprsentent la
part de loin prdominante dans les cots des entreprises. Toutefois, le gros des volumes tant
chang aux cours du LME ou dautres bourses, seule une petite partie du prix est susceptible dtre
ngocie. Dans le cas de certains mtaux (cuivre par exemple), et pour les industriels disposant dun
four de refusion, laccs des dchets de qualit peut tre un avantage comptitif ; cependant ils
sont en concurrence avec des acheteurs dautres pays qui sont parfois en mesure de proposer un
meilleur prix parce que leurs cots de transformation sont moindres.
ce rang de la chane de valeur, la main duvre est un lment important du cot de
transformation, alors que le poids relatif de lnergie est souvent moins important quaux rangs
amont. La remarque du paragraphe 8.7.2 sur le sujet est l encore intgralement transposable.
Cette tape en tant que telle nest le plus souvent pas lectro-intensive. Rappelons toutefois que si le
cot de llectricit en France est plus favorable que dans la majorit des autres pays europens
pour des activits non lectro-intensives, un industriel franais est dfavoris par rapport un
concurrent qui exercerait cette activit dans le cadre dun site lectro-intensif.
Pour le positionnement sur la gamme de produits, on rencontre tous les cas de figure, depuis le
matriage de superalliages base nickel pour laronautique jusqu des barres et profils en
alliages cuivreux de composition standard. Pour les produits standards, les industriels se
diffrencient en apportant au client un service particulier (par exemple possibilit de livrer
rapidement des commandes spciales de petit volume), souvent facilit par la proximit
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gographique du client. De nombreuses socits ont une politique dinnovation produit active,
souvent en dveloppement commun avec le client.
Les industriels franais matrisent leurs procds, dans une recherche constante doptimisation des
consommations matire et nergie, de la qualit, de la productivit, de limpact sur
lenvironnement. Lintgration de technologies telles quautomatisation, informatisation,
robotisation, modlisation des transformations, est en cours chez certains acteurs et leffort
demande tre poursuivi et gnralis.
8.7.5. Revalorisation de dchets de mtaux non ferreux
Facteur cl de succs
Accs comptitif aux dchets
Cot de la main duvre
Cot de lnergie
Contexte socital et administratif

Position relative de la France


0-

+
-

La rutilisation des chutes, rebuts, etc. gnrs au cours du cycle de production peut se faire soit au
sein de la mme entreprise soit dans le cadre de contrats entre fournisseur et client prvoyant leur
reprise ; une partie est cde des ngociants.
Pour les dchets de mtaux non ferreux en fin de vie, en rgle gnrale la collecte est organise et
reprsente un gisement important. Le march de ces matires premires est international, dans le
cadre de rglementations spcifiques aux dchets. Mais pour certains mtaux, les capacits
nationales de production de mtal secondaire sont insuffisantes pour traiter le volume collect en
France (plomb), voire inexistantes (cuivre). En effet, pour certains mtaux, la fermeture de
nombreux sites sur les vingt dernires annes a eu pour consquence de limiter (voire de faire
disparatre totalement) les capacits de traitement sur le sol national, et donc daugmenter les
exportations de matire ltranger. La France exporte de grandes quantits de dchets qui sont
transforms en mtal dans dautres pays, par manque de capacit de traitement (cuivre, plomb par
exemple). Le problme rside dans le prix auquel les industriels franais doivent payer ces dchets,
face des concurrents dautres pays dont les cots daffinage sont moindres, pour des raisons de
cot de main duvre ou de cots environnementaux.
Cette tape en tant que telle nest le plus souvent pas lectro-intensive. Rappelons toutefois que si le
cot de llectricit en France est plus favorable que dans la majorit des autres pays europens
pour des activits non lectro-intensives, un industriel franais est dfavoris par rapport un
concurrent qui exercerait cette activit dans le cadre dun site lectro-intensif.
Le contexte socital est la fois favorable puisquil sagit de recyclage et donc globalement de
rduire limpact environnemental de la socit, et dfavorable lorsquil sagit daccueillir une unit
de traitement de dchets (attitude NIMBY Not In My BackYard ou Pas dans mon arrire-cour), et
les contraintes administratives lies la notion de dchets sont lourdes alors que les industriels
dautres pays ne sont pas soumis aux mmes rgles.

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QUATRIME PARTIE : ANALYSE


PROSPECTIVE 15-20 ANS

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9. ILLUSTRATION PAR QUATRE CAS PRATIQUES


Lobjectif de ce travail de prospective est dillustrer les perspectives dvolution et davenir de la
filire. Lhorizon fix pour la dmarche prospective est de 15-20 ans.
Un travail danalyse approfondi a t ralis sur une slection de quatre cas pratiques, de faon
identifier les principaux facteurs susceptibles dimpacter lavenir de la filire.
Quatre chanes de valeur reprsentatives ont t slectionnes sur la base de couples mtal non
ferreux / secteur utilisateur. Le choix des chanes de valeur a t effectu, dans la mesure du
possible, de faon retenir les plus reprsentatives des dynamiques luvre et des grands enjeux
industriels.
Au-del des grands enjeux industriels identifis prcdemment, dautres critres ont galement
orient le choix des chanes de valeur investiguer dans la phase prospective tels que :
Les grands marchs / domaines dapplication concerns
La reprsentativit du tissu conomique franais (nombre dentreprises et/ou reprsentativit
de la chane de valeur)
Les rsultats et informations recueillies lors des phases danalyse prcdentes.
Le schma ci-dessous reprend de manire synthtique les principaux secteurs/filires utilisateurs de
mtaux non ferreux ainsi que les proprits recherches, par type dapplication.
Secteurs industriels
utilisateurs

Filires

Applications

Proprits recherches, mtaux concerns

Produits de construction

Plomberie, serrurerie, enveloppe,


menuiseries, cblerie

Tenue mcanique (Al), conductivit (Cu), tenue la


corrosion (Zn)

Automobile

Batteries, structure, cblerie, TIC,


motorisations, chappement

Allgement et tenue mcanique (Al, Mg), conductivit


(Cu), tenue la corrosion (Zn), lectrochimie (Pb, Li),
magntisme (terres rares), catalyse (PGM)

Aronautique

Structure, cblerie, TIC,


motorisation, batteries

Allgement et tenue mcanique (Al, Ti), conductivit


(Cu), haute temprature (Ni), lectrochimie (Pb, Li)

Energies fossiles

Combustion, alternateurs

Tenue mcanique et la corrosion / haute temp. (Ni),


conductivit (Cu)

Energies renouvelables

Conversion, stockage

Conductivit (Cu), effet PV (Cu, In), lectrochimie (Pb,


Li), magntisme (terres rares), catalyse (Pt)

Nuclaire

Chaudronnerie, assemblages de
combustibles, protection

Proprits vis--vis radiations (Zr, Pb), tenue mcanique


et la corrosion (Ni)

Rseaux

Cbles et connecteurs

Conductivit, tenue mcanique et la corrosion (Cu, Al)

TIC

Composants et quipements

Circuits, composants lectroniques,


connectique

Conductivit (Cu, Al), aptitude la soudure,


lectromagntisme

Sant

Dispositifs mdicaux

Prothses, matriel hospitalier

Biocompatibilit et tenue mcanique (Ti), antibactrien


(Cu, Ag)

Biens de conso.

Emballages, appareils mnagers,


quipements sportifs

Tenue mcanique et la corrosion, barrire (Al)

Biens dquipements

quipements industriels

Tenue mcanique et la corrosion, conductivit


thermique, catalyse

Btiment

Transports

Energie

Autres biens
manufacturs

Source : Analyse Sofred

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Pour rappel, de nombreux mtaux non ferreux high-tech, utiliss comme mtaux daddition pour la
constitution dalliages, ne reprsentent pas significativement un tissu dentreprises consquent et
ont t, de fait, exclus du choix de cas pratiques analyser.
Finalement, en accord avec le Comit de pilotage, les quatre chanes de valeur suivantes ont fait
lobjet dune analyse approfondie :
Les cbles pour rseaux de transport et de distribution dlectricit (avant compteur) :
des produits destins aux infrastructures, o cohabitent deux mtaux (cuivre et aluminium),
sur des marchs forts volumes, notamment avec les potentialits associes aux pays
mergents.
Les cbles pour rseaux embarqus (transfert dnergie et de donnes) : un secteur des
transports, o la recherche de gain de poids est primordiale, et o la substitution peut
engendrer des volutions dans le choix des matires premires.
Lutilisation de laluminium dans lautomobile (hors pices moteur) : un secteur
automobile o la recherche dallgement engendre une monte en puissance de nouveaux
matriaux (dont laluminium et ses alliages), sur des marchs forts potentiels.
Les nouvelles applications en mtallurgie des poudres : un secteur sur lequel la France
possde de relles comptences (Sintertech, ERAMET avec Eurotungstne, Aubert &
Duval, Erasteel) et o linnovation produits / process joue un rle primordial.
Chaque chane de valeur est aborde de faon spcifique, afin de rpondre des objectifs propres,
en accord avec le Comit de pilotage.
Seules les conclusions sont prsentes ici, les analyses compltes faisant lobjet dun rapport
spcifique.

9.1. LES CBLES POUR RSEAUX DE TRANSPORT ET DE DISTRIBUTION


DLECTRICIT (AVANT COMPTEUR)
Les rseaux de transport et de distribution dlectricit reprsentent lchelle mondiale des
millions de kilomtres de cbles lectriques (1 400 000 km en France, plus de 10 000 000 km en
Europe). Les tensions concernes vont de la basse tension (110 V) la trs haute tension (400 kV
voire plus).
Les mtaux utiliss pour conduire llectricit sont le cuivre et laluminium ; cette application
reprsente des millions de tonnes. Le plomb est galement utilis dans certains cbles isols,
comme constituant de la gaine protgeant les conducteurs.
Laluminium prsente des avantages en termes de densit et de prix qui le font prfrer
gnralement au cuivre pour les cbles ariens nus des lignes haute tension, alors que pour les
cbles isols les deux mtaux sont utiliss concurremment.
Les achats de matires premires (principalement les mtaux non ferreux) et approvisionnements
sont le premier poste de cot pour les cbliers, les salaires et charges tant le deuxime.

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Les cbles les plus attractifs pour les cbliers en termes de valeur ajoute et de rentabilit sont les
cbles pour transport dlectricit : liaisons sous-marines, liaisons trs haute tension et haute
tension HTB, tandis que les volumes les plus importants sont les cbles destins la distribution
dlectricit. La valeur ajoute se situe du ct des cbliers plutt que des fournisseurs de semiproduits (fil de cuivre ou daluminium).
Au cours des vingt prochaines annes, on peut sattendre une demande mondiale dlectricit qui
devrait saccrotre un rythme suprieur 2 % par an, mais avec des diffrences importantes selon
les rgions du globe (des taux de croissance faible dans les pays de lOCDE, mais lev dans les
pays mergents, en particulier la Chine).
Sur la priode 2013-2035, 7 000 milliards de dollars devraient tre investis dans les rseaux de
transport et de distribution mondiaux, soit plus de 300 milliards de dollars par an en moyenne.
La demande de cbles pour les rseaux de transport et de distribution dlectricit rpondra deux
dynamiques diffrentes :
dans les pays mergents, la demande reposera sur un dveloppement des rseaux bas sur la
croissance de la demande avec laccession de nouvelles rgions llectricit et
laugmentation de la consommation dlectricit par habitant : croissance en volume forte ;
dans les pays dvelopps, la demande de cbles sera plutt base sur lentretien et le
remplacement des lignes existantes et sur des optimisations et dveloppements pour
notamment scuriser le rseau, renforcer les interconnexions, intgrer de nouvelles sources
dnergie rparties, amliorer la qualit de la fourniture dlectricit et rduire les cots :
croissance en volume faible.
En Europe, dici 2020 les besoins en investissements pour les rseaux lectriques sont importants
et devraient se monter 600 milliards deuros, soit de lordre de 85 milliards deuros par an, dont
les deux tiers pour la distribution (400 milliards deuros soit 57 milliards par an).
En France, le montant des investissements prvus par RTE et ERDF reprsente un total de 4,5 5
milliards deuros par an, en croissance lente. De plus, la tendance vouloir enfouir les rseaux
reprsente un surcot important, et pour un montant dinvestissement contraint conduit un volume
de cbles moins important.
Le risque pour les cbliers est que les volumes dinvestissements raliss soient limits en de des
besoins par les possibilits de trouver le financement ncessaire.
Par ailleurs, des surcapacits de production peuvent apparatre, comme par exemple pour les cbles
HT souterrains en Europe en raison de nouvelles capacits cres au Moyen-Orient.
Les marchs accessibles aux cbliers franais (Nexans, Prysmian, Silec, TCH De Angeli) sont la
France, les pays voisins et, pour les applications haute valeur ajoute (haute tension HTB), le
monde entier. Les concurrents corens, moyen-orientaux, chinois montent en puissance.
La filire dapprovisionnement des cbliers en aluminium et cuivre est relativement fragile car la
France compte un seul producteur de fil machine en aluminium de qualit lectrique (site de Saint-

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Jean-de-Maurienne) et un seul producteur de fil machine en cuivre, intgr au groupe Nexans (site
de Lens).
Les risques pour la filire des mtaux non ferreux sont rels. Le march europen des cbles pour
transport et distribution dlectricit va connatre une croissance moins importante quaujourdhui.
Sur ce march, les plus gros volumes sont reprsents par les cbles pour distribution, produits
valeur ajoute faible et o la concurrence porte essentiellement sur les prix. On peut sattendre ce
que les fournisseurs des cbliers soient exposs sur le long terme aux risques de rorganisation de
cette industrie.

9.2. LES CBLES POUR RSEAUX EMBARQUS (TRANSFERT DNERGIE ET DE


DONNES)
La cblerie pour rseaux embarqus est un secteur o la recherche de gain de poids est primordiale,
et o la substitution peut engendrer des volutions dans le choix des matires premires. Comme
pour la chane de valeur prcdente, les mtaux utiliss pour conduire llectricit sont le cuivre et
laluminium. Cette application reprsente des millions de tonnes.
Laluminium prsente des avantages en termes de densit et de prix qui le font prfrer au cuivre
pour des raisons de gain de poids, notamment dans laronautique o lallgement est un
dterminant important dans le choix des matriaux. Cette recherche dallgement est galement
prsente dans lautomobile mais (sur ce crneau de la cblerie) dans une moindre mesure, et
uniquement sur certaines applications, comme lutilisation daluminium pour la fabrication des
cbles de batteries.
Sur cette application, la filire pourra bnficier du dynamisme de la production automobile, tire
par un rebond des ventes de vhicules dans lHexagone, ainsi que de la bonne sant de lindustrie
aronautique.
Deux des principaux cbliers mondiaux, Prysmian et Nexans, gnralistes des cbles, ont des sites
de production en France pour certains types de cbles pour rseaux embarqus. Il faut y ajouter des
acteurs de moindre taille (en termes de chiffre daffaires) tels que Acome, AxonCable, Omerin ou
encore le groupe Plastelec.
Comme pour les applications de cblerie pour le transport et la distribution dnergie, les achats de
matires premires (principalement les mtaux non ferreux) et approvisionnements sont le premier
poste de cot pour les cbliers, les salaires et charges tant le deuxime.
Quil sagisse de laronautique, du transport ferroviaire ou encore de lautomobile, la monte en
puissance de lutilisation de systmes lectriques, la complexification des systmes de commandes
jouent en faveur dune augmentation du recours au cblage. En ce qui concerne lventualit dune
substitution du cuivre par laluminium par souci dallgement, seule lindustrie aronautique a
rellement franchi le pas.

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9.3. LUTILISATION
MOTEUR)

DE LALUMINIUM DANS LAUTOMOBILE

(HORS

PICES

Au niveau mondial, diffrentes lgislations, comme par exemples celles encadrant les taux de rejet
de CO2 des vhicules, poussent les constructeurs automobiles rechercher lallgement des
vhicules. Cette recherche dallgement engendre une monte en puissance de nouveaux matriaux
(dont laluminium et ses alliages), sur des marchs forts potentiels. De ce fait, la progression de
laluminium dans lautomobile est trs importante.
Cette tendance est ds aujourdhui particulirement visible pour certains constructeurs allemands,
qui ont fait le choix stratgique dun positionnement Premium travers des gammes de vhicules
puissants, trs bien quips, et donc recherchant davantage dallgement.
Hors pices moteur, cest prfrentiellement dans le domaine de la carrosserie, des ouvrants et des
pare-chocs que lutilisation de pices base daluminium se dveloppe le plus, avec une croissance
annuelle importante de 17 %. En consquence, sur le march europen, les tles en aluminium pour
automobile devraient reprsenter de lordre de 600 000 tonnes en 2020 (contre 200 000 tonnes en
2012).
Actuellement, lutilisation daluminium est bien rpandue, et les ventuels freins lutilisation
daluminium dans lautomobile ne sont pas aussi bloquants que cela pourrait avoir t le cas.

9.4. LES NOUVELLES APPLICATIONS EN MTALLURGIE DES POUDRES


La mtallurgie des poudres est un secteur o la France possde de relles comptences (Sintertech,
ERAMET avec Eurotungstne, Aubert & Duval, Erasteel) et o linnovation produits / process joue
un rle primordial.
Ce secteur trouve ses applications principalement dans le domaine de laronautique, notamment
pour des pices mcaniques darostructures (panneaux de structure, cadres, ferrures, etc.), le plus
souvent en alliages lgers (aluminium, titane) et des pices mcaniques dynamiques, utilises
dans les moteurs, les transmissions, etc.
Pour la fabrication de ces pices, on peut souligner les volutions suivantes : une diminution du
nombre de fournisseurs lis contractuellement aux donneurs dordres (et corrlativement,
laugmentation de la taille des fournisseurs livrant en direct aux donneurs dordres) et la prise en
charge de la maturation des nouveaux procds et matriaux par les donneurs dordres, puis
laccompagnement pour lexternalisation de la fabrication en srie.
En ce qui concerne les procds faisant intervenir la mtallurgie des poudres, le principal
dterminant est la ncessit de diminuer la consommation de carburant, avec deux moyens :
lallgement des aronefs, qui du point de vue des mtaux conduit des alliages daluminium, de
titane, de magnsium ; et lamlioration des rendements des moteurs et des turbines, do des
besoins en alliages de haute performance, capables de fonctionner temprature plus leve.

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Lintrt pour le titane, en particulier, rside dans sa lgret, ses performances mcaniques et sa
tenue la corrosion. Une motivation indirecte est lie au recours aux composites comportant des
fibres de carbone : au niveau des liaisons avec les pices mtalliques, on constate des phnomnes
de corrosion avec laluminium. Le titane est le principal mtal concern par la fabrication additive.
Un des intrts de lutilisation de ces technologies est lamlioration du ratio buy-to-fly (rapport
entre la masse de matire premire achete et la matire premire effectivement prsente dans
laronef prt au vol). La fabrication additive permet de fortement amliorer ce ratio, en diminuant
la quantit de matire ncessaire la fabrication des pices.
Le secteur aronautique se montre trs actif sur le thme de la fabrication additive. On peut
souligner en particulier le rle moteur jou par les donneurs dordre, et en particulier par les deux
principaux avionneurs, qui reprsentent eux deux plus de 95 % de la consommation de titane pour
laronautique.
Les taux de pntration de cette technologie devraient tre plus levs pour les pices complexes de
petite taille, habituellement fabriques par fonderie et usinage, ainsi que pour les pices de moteur
actuellement fabriques par lassemblage de plusieurs parties. Seuls les alliages haute valeur
ajoute seront concerns. La diffusion de la fabrication additive devrait se faire, moyen terme, au
dtriment de la fonderie, du moins sur les pices en petites sries. Les sous-traitants de la filire
mcanique, qui matrisent dj les oprations de finition (qui resteront par ailleurs ncessaires dans
le cas de la fabrication additive) seraient en meilleure position pour intgrer ces nouveaux procds.
terme, la production de pices par fabrication additive devrait se rpartir entre motoristes,
spcialistes des arostructures et fournisseurs de la filire mcanique. Les volumes en jeu ne
peuvent nanmoins tre valus ce stade, la technologie ntant pas encore parvenue maturit.

10. TENDANCES PROSPECTIVES POUR LENSEMBLE DE LA FILIRE


10.1. CONTEXTE GNRAL DE LA PROSPECTIVE
Sur les vingt prochaines, certaines volutions sont connues et auront une influence sur les
dbouchs de lindustrie des mtaux non ferreux ou sur les conditions dans lesquelles elle devra
exercer son activit :

Laugmentation et le vieillissement de la population mondiale ; laugmentation se fera dans


les rgions en dveloppement, les rgions dvelopps gardant une population globalement
constante ;
Le dplacement des ples de consommation vers les pays mergents ; laugmentation du
niveau de vie dans ces pays ;
Une croissance conomique qui sera plus forte dans les pays mergents et en dveloppement
que dans les pays avancs (sources : FMI, OCDE) ;
Linternationalisation toujours accrue de la concurrence, avec une monte en gamme des
pays mergents ;
Laugmentation des cots de lnergie et de la main duvre ;
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La tendance des prix des matires premires (dont les mtaux non ferreux) la hausse et
une volatilit leve ;
Le rle croissant de la finance dans lconomie ;
La prise en compte croissante des problmatiques du dveloppement durable (pollutions,
missions de Gaz Effet de Serre (GES), consommations de ressources, recyclage, etc.) ;
Limportance des TIC dans les produits et les procds de production ;
etc.

10.2. DTERMINANTS CONCERNANT LENSEMBLE DE LA FILIRE


Ltude des quatre cas pratiques a permis de mettre en vidence des dterminants susceptibles de
sappliquer lensemble de la filire.
On retiendra notamment les tendances suivantes.
La France conserve des comptences acadmiques de haut niveau dans certains domaines.
De nouvelles opportunits sont offertes par les grands programmes nationaux et
internationaux dans un contexte de relance de la R&D publique.
Trs bonne matrise des technologies et innovations produits -> capacit se positionner sur
des marchs haute valeur ajoute
Positionnement sur des produits de spcialit et des services spcifiques
Une caractristique partage est le trs bon niveau technique des industriels franais. Cette
caractristique a t souligne dans lindustrie des cbles, la fabrication additive,
laluminium pour lautomobile, et peut tre associe la filire des mtaux non ferreux dans
son ensemble. Cette apprciation est nuancer par deux considrations :
o dautres pays dvelopps ont un niveau technique quivalent ;
o il ne faut pas sous-estimer la vitesse laquelle les pays mergents peuvent assimiler
les volutions technologiques et montent en gamme.
La question pour lindustrie franaise sera donc de conserver une longueur davance.
De nombreux mtaux non ferreux (cuivre, aluminium, mtaux prcieux et high-tech)
bnficient de la monte en puissance des TIC, et notamment de llectronique embarque,
tous types de vhicules confondus (aronefs, trains, automobiles, etc.).
En termes de volumes, les applications dans les infrastructures bnficieront dune
croissance rapide dans les pays mergents, alors que dans les pays matures les marchs
seront prfrentiellement constitus par des remplacements, des amliorations, des
adaptations de nouveaux modes de production/consommation, avec une croissance plus
faible.
La difficult trouver des financements pour les infrastructures dans les pays europens
pourra avoir pour consquence que les ralisations ne seront pas la hauteur des besoins et
des ambitions affiches.
Pour les biens de consommation et dquipement des mnages, tels que lautomobile, le gros
de la croissance en volume se situera dans les marchs mergents. Il faut toutefois noter que
lallgement des vhicules est un enjeu de taille pour les pays dvelopps et que les mtaux
non ferreux ont ici toute leur lgitimit.
Les choix de localisation des industries clientes sont une composante dterminante pour les
industriels franais des mtaux non ferreux, avec deux tendances proccupantes :
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o les pays mergents auront la prfrence pour de nouvelles implantations ;


o les risques de dlocalisations vers des pays bas cot de production proches des
marchs europens seront rels pour les produits plus faible valeur ajoute.
Pour lindustrie des mtaux non ferreux, la capacit danticipation est un atout majeur. Dans
un contexte international trs actif, avec de nombreux acteurs cherchant se positionner, il
sera impratif didentifier rapidement les priorits techniques et de mettre en uvre des
mesures permettant de favoriser linnovation et la ractivit.
Quel que soit le mtal concern, les principaux facteurs de comptitivit par les cots pour
les fournisseurs de semi-produits restent invariablement lnergie et la main duvre, et leur
volution sera dterminante pour nombre dindustriels franais.
Pour un grand nombre de mtaux non ferreux, des risques de surcapacit sont craindre sur
un march europen en faible croissance, avec la cration de nouvelles capacits dans des
pays proches bnficiant de conditions conomiques plus favorables (notamment en termes
dnergie, de main duvre) comme des pays dEurope de lEst et les pays du MoyenOrient.
Dans le domaine des mtaux non ferreux, la diffusion de nouvelles technologies et/ou de
nouveaux matriaux (comme la fabrication additive ou encore les nouveaux alliages
aronautiques base daluminium) bnficie du rle actif de quelques donneurs dordre,
acteurs institutionnels et centres techniques. Globalement, toutefois, les projets et initiatives
mergent en ordre dispers, et une meilleure coordination au niveau national serait
souhaitable.
Les enjeux de formation auront une importance cruciale. Le maintien dactivits
mtallurgiques existantes et le dveloppement dactivits haute valeur ajoute sur le
territoire national (y compris lamont, avec les matires et les quipements) pourraient tre
significativement handicaps par un dficit de main duvre forme.
De manire trs transversale, la filire des mtaux non ferreux doit amliorer son image
auprs du public, des mdias, des instances politiques.

10.3. OPPORTUNITS ET MENACES POUR LA FILIRE FRANAISE


Une analyse par mtal, pour chaque rang de la chane de valeur, a t ralise pour permettre de
faire ressortir certaines opportunits et menaces propres lindustrie franaise des mtaux non
ferreux. Comme on pouvait sy attendre, certaines de ces opportunits et menaces sont partages par
lensemble de la filire, alors que dautres sont plus spcifiques.
10.3.1. Opportunits
Suite cette analyse, on peut retenir les opportunits suivantes pour les acteurs franais de
lindustrie des mtaux non ferreux :
La croissance de certains marchs haute valeur ajoute, comme les superalliages pour le
nickel et le chrome, les alliages daluminium pour laronautique et lautomobile, ainsi que
le dveloppement de nouvelles applications utilisant des mtaux non ferreux (nergies
renouvelables, TIC, micro-lectronique, catalyse automobile), notamment les mtaux
prcieux et les mtaux high-tech ;

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La matrise de la technologie par les industriels franais dont certains sont des leaders
mondiaux, qui les rend aptes se positionner sur ces marchs haute valeur ajoute ;
En amont de la chane de valeur, des projets dexploration-extraction qui permettront
moyen terme de scuriser davantage lapprovisionnement en minerai ou mtal primaire (par
exemple sur le nickel, ltain, le cuivre et les mtaux prcieux) ;
Pour certains mtaux, la capacit des acteurs franais rpondre lensemble des besoins de
la chane de valeur, comme par exemple dans le cas du nickel, depuis lexploration et
lextraction minire jusqu la transformation des alliages pour fournir des pices aux
industries de laronautique, de lnergie, etc. ;
La possibilit de captation par les acteurs franais du recyclage dune plus grande partie des
flux collects de dchets de certains mtaux (aluminium par exemple) qui sont actuellement
exports, ce qui permettrait de les valoriser sur le territoire ;
Sur plusieurs mtaux, un challenge qui porte sur la filire du recyclage, notamment du fait
des moindres cots nergtiques engendrs par la fabrication de mtal secondaire ;
Le traitement responsable et engag par les industriels franais de limpact sur
lenvironnement, condition quil puisse tre valoris et que les autres pays mettent en
place des rglementations dun niveau quivalent.
10.3.2. Menaces
Bien que de nombreuses opportunits aient t identifies dans le cadre de cette analyse, on note
toutefois plusieurs lments qui jouent en dfaveur du dveloppement des acteurs nationaux :
La menace lie aux approvisionnements en matires premires : les pays producteurs de
minerais souhaitent capter une plus grande part de la valeur ajoute et vont donc
concurrencer leurs actuels clients, ou au moins renchrir laccs au minerai ;
Un effet de taille dfavorable pour les industriels franais, avec des acteurs nationaux
gnralement de plus petite taille que leurs concurrents trangers et pouvant devenir des
cibles potentielles pour ces derniers ;
Des conditions tarifaires daccs llectricit non comptitives par rapport des pays tels
que le Moyen-Orient, la Norvge, le Canada ;
Plus globalement, une volution des cots nergtiques et de main duvre qui, si elle ne
devient pas favorable, aura pour rsultat la dgradation de comptitivit et le rtrcissement
de la base industrielle franaise ;
Un niveau dexigences environnementales qui, sil reste trs lev parmi les pays actifs dans
le secteur des mtaux non ferreux, pnalisera les industriels franais en termes
dinvestissements et de cots dexploitation. ;
De possibles rationalisations des units de production au sein de groupes trangers au
dtriment de la France ;
Des clients, utilisateurs de mtaux non ferreux, qui se dlocalisent dans des pays plus bas
cot de main duvre, et qui investissent dans de nouvelles usines au plus prs des marchs
en croissance (Asie) ;
Sur certains mtaux (aluminium, titane), la concurrence de produits de substitution tels que
les composites ou de nouvelles nuances daciers pour les marchs de laronautique ou de
lautomobile ;

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Sur la rcupration de mtaux trop dilus dans le flux de dchets ou dans les alliages, des
activits actuellement non viables conomiquement sur le territoire. Un risque de disparition
terme des capacits industrielles dans ce domaine au profit de grands acteurs de laffinage
situs ltranger.

10.4. GRANDES TENDANCES POUR SIX MTAUX NON FERREUX


Pour six mtaux non ferreux : aluminium, cuivre, nickel, plomb, titane, zinc nous avons essay de
dgager les grandes tendances qui peuvent tre attendues pour la filire franaise.
Aluminium
Au niveau mondial, la demande daluminium est en constante augmentation. Le gros de la
croissance se situe cependant dans les pays mergents comme la Chine. Les produits plats, les
profils et les produits de fonderie reprsentent plus de 85% des produits semi-finis. Les trois
secteurs les plus demandeurs de produits semi-finis en aluminium sont le BTP, les transports et
lemballage.
Il ne reste actuellement que deux sites franais de production de mtal primaire (Aluminium
Dunkerque et Saint-Jean-de-Maurienne) employant au total environ 1 000 personnes, lessentiel de
la filire tant reprsente par des activits de transformation. Les producteurs daluminium
primaire bass en France souffrent actuellement, et vont continuer de souffrir, dun dficit de
comptitivit notamment du fait de leurs conditions daccs llectricit par rapport dautres
pays comme la Norvge, le Canada ou le Moyen-Orient. Dimportantes capacits de production se
sont cres et continuent de se crer en Asie et au Moyen-Orient. En revanche la France profite
dune expertise R&D dans laluminium primaire reconnue mondialement.
La partie aval (transformation et fonderie) de la filire dispose encore dune position forte grce
son niveau technologique et ses innovations, limage de groupes tels que CONSTELLIUM et de
son centre de recherche de Voreppe. Un challenge consiste donc prserver la position de la France
sur les mtiers de la transformation.
Pour la filire franaise, un autre challenge porte sur les activits du recyclage, laluminium
secondaire tant bien moins consommateur dnergie que laluminium primaire. Le recyclage
fournit une part importante de la consommation daluminium en France : prs de 60 %, proportion
suprieure la moyenne mondiale mais infrieure dautres pays europens (Italie, Espagne, Grce
notamment). La captation par les acteurs franais du recyclage dune plus grande partie des flux de
dchets daluminium actuellement imports afin de les valoriser sur le territoire reprsente un enjeu
rel pour la filire.
En termes de march, une opportunit rside dans lvolution moyen terme de la consommation
daluminium par le secteur de la construction aronautique, trs porteur aujourdhui. Certains
acteurs franais sillustrent sur ce segment, avec la mise au point dalliages novateurs comme
lAirware de CONSTELLIUM permettant des gains de poids trs recherchs dans ce secteur.
Toutefois, certains pays mergents (Chine, Brsil,) entendent dvelopper leur industrie
aronautique, avec le risque que la production dalliages se fasse localement.

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Cuivre et alliages cuivreux


Le cuivre et ses alliages sont utiliss dans de nombreux secteurs industriels, et le volume de la
demande suivra la croissance conomique, en particulier celle des pays comme la Chine o les
investissements en infrastructure, la construction, le march automobile, les biens dquipement
reprsentent des volumes importants et en forte croissance (avec nanmoins des possibilits de
ralentissement temporaire).
La filire franaise du cuivre et de ses alliages est incomplte, elle dbute ltape de
transformation (incluant llaboration dalliages), sans capacit de production de cuivre raffin. En
termes de recyclage, elle utilise les dchets de bonne qualit qui peuvent tre refondus directement.
Des pays voisins (Allemagne, Belgique, Espagne notamment) ont gard une chane de valeur
complte avec des acteurs de plus grande taille.
Lacteur le plus important en volume est le cblier Nexans, intgr (sur le site de Lens) actif dans la
refusion du cuivre, la coule de fil machine et le trfilage. Les autres acteurs sont de plus petite
taille et souvent contrls par des capitaux trangers.
Face des concurrents de plus grande taille et bnficiant souvent de conditions plus avantageuses
de comptitivit par les cots, nombre dacteurs se sont tourns vers des produits de spcialit ou la
fourniture de services spcifiques. La prennisation de la filire passe par la poursuite de cette
stratgie qui mme si elle ne permettra pas un dveloppement des capacits de production en France
pourrait permettre un dveloppement des capacits de transformation et maintiendra une capacit
dinnovation de nouveaux produits forte valeur ajoute qui bnficieront lensemble des chanes
aval. ; Toutefois, il faudra tre vigilant vis--vis des arbitrages entre sites des groupes
internationaux, qui pourraient tre dfavorables la France.
Les enjeux pour le futur de cette filire sont lamlioration des facteurs de comptitivit cots, le
positionnement sur des produits de spcialit et des services spcifiques, une collecte efficace des
dchets de qualit utilisables en refusion.
Nickel et superalliages
Transformation des alliages : Les dbouchs des superalliages (alliages haute performance
utiliss notamment pour les parties chaudes des moteurs aronautiques et des turbines gaz)
devraient continuer se dvelopper, tirant la croissance du march du nickel mtal de haute puret,
ainsi que des autres mtaux non ferreux entrant dans la composition de ces alliages (cobalt, chrome,
niobium, molybdne, etc.).
Le secteur de laronautique civile continuera connatre une forte croissance (5 % par an sur les
dernires dcennies). La croissance du trafic passagers aussi bien que du trafic marchandises restera
suprieure celle du PIB mondial. Les facteurs explicatifs de la croissance du trafic passagers sont
la dmocratisation des voyages ariens, appuye par la baisse des prix, et laccession des
populations des pays mergents comme la Chine un meilleur niveau de vie, permettant davantage
de loisirs et de voyages touristiques.

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Un lment favorable pour le secteur mtallurgique est la prsence en Europe davionneurs (Airbus)
et motoristes (en France groupe Safran avec SNECMA, Turbomeca, Microturbo ; au Royaume-Uni
groupe Rolls Royce). Dans le domaine des turbines gaz, deux groupes industriels europens
(Siemens, Alstom) font galement partie des leaders de leur secteur. Les industriels franais de la
transformation des superalliages ont des relations fortes avec leurs donneurs dordre.
Le contexte est donc favorable au dveloppement de ces acteurs. Toutefois la concurrence
internationale est forte et lindustrie cliente est amene effectuer des transferts de technologie et
dlocaliser certaines activits dans des pays tiers. Lindustrie aronautique chinoise en particulier se
dveloppe rapidement.
Pour rester dans le peloton de tte des fournisseurs de pices en superalliages, les transformateurs
franais devront conserver leur avance en termes de technologie et dquipements industriels et
sadapter une rpartition gographique de leurs clients potentiels qui fera une plus forte place aux
nations mergentes (Chine, Brsil, etc.). Ce dernier point peut passer par des implantations
industrielles dans ces zones de croissance.
Nickel mtal haute puret : En ce qui concerne le nickel mtal de haute puret, le producteur
franais (ERAMET) est actuellement le troisime producteur mondial. Il sappuie sur son activit
minire et la production de matte en Nouvelle-Caldonie, et son raffinage en nickel de haute puret
dans lusine de Sandouville prs du Havre. Ses cathodes de nickel plus de 99,97 % sont
principalement vendues des fabricants dalliages de nickel et des ateliers de traitement de
surface par galvanoplastie (nickelage).Toutefois sa position comptitive semble fragile, en raison
dune taille de son outil de production qui est nettement infrieure celle de ses deux concurrents et
qui implique des cots plus levs.
Minerai de nickel : Le minerai de nickel (et cobalt) est abondant en Nouvelle-Caldonie, et son
extraction se dveloppe rapidement avec la construction par deux groupes trangers associs aux
collectivits locales de deux nouvelles usines, qui sajoutent lusine dtenue par loprateur
historique franais ERAMET. La position de ce dernier sur lhistogramme mondial des cots nest
pas favorable, et en priode de bas de cycle sa rentabilit est fortement ngative. Un programme
damlioration de la productivit alli linvestissement dans une nouvelle centrale lectrique
moderne, aux performances trs suprieures celles de loutil existant, devrait permettre
damliorer fortement la position de lentreprise sur lhistogramme des cots.
Le projet Weda Bay Nickel de mine et dusine hydromtallurgique en Indonsie pourrait par
ailleurs redonner de la comptitivit ERAMET mais lchance de sa mise en production est
encore lointaine.
Plomb
Malgr le remplacement du plomb dans de nombreuses activits pour des raisons de toxicit de ses
composs, la demande mondiale continuera crotre avec la croissance du march automobile car le
principal dbouch du plomb mtallique est la fabrication des batteries de dmarrage. Toutefois,
cette croissance se situera dans les pays mergents.

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La fabrication des batteries de dmarrage pour lautomobile nexiste plus en France, ces produits
tant imports dautres pays europens. La production de plomb primaire partir de concentrs
miniers a galement cess en France. Lactivit de la filire inclut aujourdhui la production de
plomb secondaire et la transformation avec notamment une activit importante de fabrication de
batteries industrielles ainsi qu'une activit de fabrication des produits de spcialits destins
lindustrie nuclaire et minire. Si les volumes produits sont faibles lchelle mondiale ces
activits constituent toutefois des maillons intressants de la filire nuclaire franaise, de la filire
du recyclage de lindustrie automobile ainsi que de la filire nergtique en plein dveloppement.
La production de plomb secondaire est ltape finale du recyclage du plomb. Elle est assure en
France par deux acteurs, le groupe Mtal Blanc et le groupe STCM, filiale du groupe Ecobat
Technologies, lui-mme filiale du groupe amricain Quexco. Mais une proportion importante des
volumes de dchets collects est exporte, notamment vers la filiale allemande du groupe Recylex.
Dans les conditions actuelles, la rentabilit de cette tape est faible. Une consolidation nest pas
exclure.
La transformation ne pourra se maintenir que sur des produits spcifiques : alliages spciaux, pices
pour des applications particulires (nuclaire, anodes pour lectrolyse du zinc par exemple), pices
uniques sur commande spciale ; les industriels devront donc tout particulirement rester lcoute
de leurs clients et faire preuve de ractivit en termes de produits et de services.
Titane
La France et lEurope ne disposent pas de capacit de production dponge de titane ni dunit de
recyclage et sont de ce fait totalement dpendantes de ltranger. Par contre, la transformation des
alliages de titane en France bnficie de la prsence dun industriel leader (Aubert & Duval, groupe
ERAMET) positionn sur des marchs de pointe, dont laronautique, le spatial et le nuclaire ;
globalement, le nombre dacteurs franais clients reste limit, Aubert & Duval, SNECMA, Manoir
Industries tant les principaux, et les clients (Airbus, Safran,).
Afin de limiter les risques portant sur lapprovisionnement en mtal primaire, Aubert & Duval a
mis en place une Joint-Venture avec le Kazakh UKTMP, producteur dponge de titane.
Comme pour de nombreux autres mtaux non-ferreux, le recyclage de titane est galement un
moyen de scuriser les approvisionnements des industriels franais. En ce qui concerne le recyclage
de scrap, et la mise en place de moyens de fusion trs haute temprature, cette activit se structure
sur le territoire, notamment via la mise en place du projet Ecotitanium (avec Aubert & Duval). Cette
structuration est stimule par la demande croissante dalliage de titane, notamment par le secteur de
laronautique.
Dautre part, et dun point de vue prospectif, le march du titane (hors titane-mtal) est fortement
impact par la consommation de dioxyde de titane par lindustrie des pigments. Cette situation peut
entraner une forte hausse des prix (prix multiplis par 3 entre 2010 et 2013) ainsi quune saturation
des capacits de production au niveau mondial Le dioxyde de titane nest pas un produit stratgique
pour lindustrie.

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Du point de vue des marchs, le titane mtal, avec une capacit de production peu flexible, est trs
sensible la pression de la demande, notamment du secteur aronautique, dont les besoins en titane
vont croissant. Tires par les nouvelles gnrations d'avions de ligne Boeing 787 et Airbus A380 et
350 XWB, les applications aronautiques vont bientt reprsenter la moiti de la consommation
annuelle de titane mtal : sur la priode 2003 2018, cette part volue de 30 % des 53 000 tonnes
consommes en 2003 57 % des 140 000 tonnes prvues en 2017.
Les enjeux pour le futur de cette filire sont le maintien de la place de leader dAubert & Duval sur
les marchs de pointe, dont notamment laronautique, le spatial et le nuclaire, ainsi que sur les
activits lies au recyclage de scrap de production (o Aubert & Duval est galement prsent).
Zinc
Le zinc est le quatrime mtal produit au monde aprs le fer, laluminium et le cuivre. Il est utilis
principalement pour la galvanisation, les laitons et alliages utiliss dans lautomobile, la
construction, les tlcommunications. Actuellement le march mondial est en situation de
surcapacit.
En dehors de lextraction minire, la France bnficie dune filire complte du zinc. Les dernires
mines, exploites par Metaleurop, ont ferm au dbut des annes 1990 mais des gisements sont en
cours dexploration. Un acteur industriel reprsente la quasi-totalit de la production franaise de
zinc mtal : le groupe multinational Nyrstar (lectrolyse de moyenne capacit Auby), qui
sapprovisionne en concentrs de zinc auprs de diffrents fournisseurs internationaux, ainsi quen
produits de recyclage. Le zinc issu du site dAuby est vendu en majeure partie aux diffrentes units
de lentreprise Building Products dUmicore dont lune est adjacente au site et Nyrstar
Balen/Overpelt pour sa transformation en alliages. Lusine produit galement en quantit
substantielle des cathodes de haute qualit pour batteries. En outre, la France possde de nombreux
sites de galvanisation qui reprsente la majeure partie des utilisations de zinc.
Quelques acteurs franais sont galement actifs sur les mtiers du recyclage, comme Genlismetal
ou encore Recylex, Recytech. La collecte des dchets (poussires, boues, vieux zinc..) est bien
organise mais avec la fermeture progressive en Europe des aciries, les tonnages de poussires de
zinc sont de plus en plus difficiles trouver. Les industriels se tournent vers des produits de
substitution comme les rsidus de broyage de piles ou des boues de bain de galvanisation qui
ncessitent des adaptations dans les procds de transformation industriels. noter quune fragilit
de la filire rside dans le fait que les sites de recyclage franais sont bien souvent en situation de
mono client.
Autant la rentabilit des activits de recyclage est bonne, autant celle attache la production de
zinc mtal lest moins. ce titre, la production dindium comme sous-produit ralise par Nyrstar
vient compenser les pertes ralises sur lactivit de zinc.
Des sites de recyclage en France deviennent SEVESO partir de 2014, condition non impose (ou
non mise en application dans le mme calendrier) en Allemagne en particulier. Des charges
nouvelles et des contraintes dorganisation en rsultent, qui vont peser sur le niveau de
comptitivit.

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Les enjeux de cette filire zinc rsident dans le soutien des activits lies au recyclage ainsi que
dans la diversification de la production de zinc primaire avec dautres mtaux (gallium,
germanium, etc.), car lactivit de production de mtal primaire est de moins en moins rentable
elle seule.

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CINQUIME PARTIE : ENJEUX, LEVIERS


DACTIONS ET RECOMMANDATIONS

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11. LES ENJEUX DE LA FILIRE


Au regard de cette analyse, et au vu des facteurs cls de succs identifis prcdemment, il apparat
que lindustrie des mtaux non ferreux doit rpondre plusieurs enjeux cls. Comme indiqu
prcdemment, ces enjeux peuvent avoir un niveau dimpact diffrent selon le rang de la chane de
valeur industrielle.
Ces enjeux sont de plusieurs natures :
Scurisation et comptitivit des approvisionnements (approvisionnement en minerai/mtal
primaire, approvisionnement en dchets, approvisionnement en nergie, logistique et
transport) ;
Main duvre et comptences ;
Maintien et dveloppement dactivits industrielles (maintien dactivits sur le sol franais,
rindustrialisation, rentabilit conomique, dveloppement de la diversification produits,
dveloppement de nouvelles activits de recyclage) ;
Image de la profession et de lindustrie (acceptation socitale, attraction de capitaux
trangers).
Enjeux rglementaires
o Flux de matires et de dchets transfrontaliers
o Rglementations environnementales
o Rglementation des entreprises
Enjeux de R&D
o Innovation produit
o Innovation process
Pour chacun de ces enjeux, nous avons t amens prciser les thmatiques dactions permettant
dy rpondre.
Des enjeux de scurisation et de comptitivit des approvisionnements
Approvisionnement en minerai/mtal primaire
Un enjeu principalement associ aux rangs amont de la chane de valeur, mais le sujet reprsente un
risque pour lensemble de la filire.
Nous avons vu que, pour de nombreux mtaux non ferreux, il ny a actuellement pas dacteur
franais actif dans les tapes dextraction minire ou de production de mtal primaire. Pour ces
mtaux, la filire est donc dpendante dacteurs trangers pour ses approvisionnements. Dans
quelques cas comme llectrolyse de laluminium ou du zinc, certains de ces acteurs trangers ont
(encore) des sites de production en France.
Il conviendrait de regagner le contrle des approvisionnements en mtaux non ferreux par un
ensemble de leviers dactions :
Le dveloppement des ressources du sous-sol franais, dans des conditions conomiques
convenables, un contexte administratif et rglementaire favorable, et avec un bon degr
dacceptation sociale ;
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Le dveloppement par des acteurs franais de ressources minires situes dans dautres
pays ;
Le contrle de mineurs et de producteurs primaires, ou au minimum une participation
assortie de garanties denlvement ;
Un contexte conomique et socital favorable aux industries lourdes en France (prix de
lnergie, cot de la main duvre, contraintes administratives, fiscalit), qui pourrait
encourager les investisseurs privs revenir dans ce secteur.
Approvisionnement en dchets
Un enjeu li aux activits de recyclage (production de MPR) et de transformation.
La promotion de lconomie circulaire doit tre poursuivie avec constance. Les enjeux pour les
mtaux non ferreux se situent au niveau de la collecte dune part, de la valorisation des mtaux
contenus dautre part :
Pour les dchets industriels : la rutilisation sans perte de valeur des alliages des chutes et
rebuts du processus de production ; la mise au point de procds performants de traitement
des laitiers, crasses, boues, poussires, etc. pour optimiser la rcupration et minimiser
limpact environnemental ;
Pour les dchets en fin de vie : une optimisation de la collecte et du tri ; le maintien, voire la
cration de capacits daffinage ;
Limiter les fuites de sources de mtal secondaire hors du territoire, vers des pays aux
rglementations moins contraignantes ou vers des industriels peu scrupuleux ;
Vrifier que les exigences administratives ne pnalisent pas inutilement les entreprises
franaises de traitement des dchets.
Approvisionnement en nergie
Un enjeu li potentiellement lensemble de la chane de valeur, mais avec une plus grande
importance pour les acteurs amont (exemple, production de laluminium ou du zinc).
La situation a t jusqu prsent plutt favorable aux acteurs franais lectro-intensifs par rapport
aux pays voisins, mais pas par rapport des pays plus loigns ; lvolution est proccupante, les
acteurs lectro-intensifs pouvant sattendre payer leur lectricit plus chre que leurs concurrents
situs en Allemagne. Il est urgent dassurer aux industriels franais des sources dnergie
(lectricit, gaz, etc.) comptitives, et compte tenu de la lourdeur des investissements ncessaires
une visibilit long terme.
Logistique et transport
Un enjeu li lensemble de la chane de valeur.
Une logistique efficace est importante pour les industriels, pour des raisons de cots, de scurit de
leurs approvisionnements (et de rduction des stocks), et de ractivit aux besoins des clients : voir
8.4.5.

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La localisation des sites de production, donne a priori peu facilement modifiable pour les sites
existants, peut pnaliser certains industriels (lectrolyse daluminium de Saint-Jean-de-Maurienne
par exemple). Les implantations de sites neufs tiennent en principe compte de ce facteur.
Pour rpondre ces enjeux lis la logistique et aux transports, il conviendrait :
Dentretenir et amliorer les infrastructures de transport routier, ferroviaire, fluvial,
maritime ;
De rsoudre les problmes rcurrents de certains ports maritimes ;
De veiller une saine mulation par la concurrence dans le secteur du fret ferroviaire ;
De favoriser le ferroutage dans la mesure o il rduit les ruptures de charge rail-route.
Des enjeux lis la main duvre et aux comptences
Main duvre et comptences/formation
Un enjeu pour lensemble de la chane de valeur.
Les volutions des mtiers de la mtallurgie et des attentes des diffrentes parties prenantes ont fait
voluer les comptences ncessaires. Or, le dficit dimage de lactivit industrielle et les
orientations du systme ducatif sont lorigine de difficults de recrutement qui ne pourront que
saggraver si rien nest fait. Pour rpondre cette situation, il conviendrait de mettre en uvre
plusieurs leviers dactions :
Revaloriser limage de lindustrie auprs de la population franaise, en particulier des
acteurs de lorientation des jeunes : familles et enseignants ;
Rhabiliter lenseignement technique, dans les secteurs o les besoins de lindustrie sont
rels ;
Adapter le contenu de lenseignement aux besoins des entreprises ;
Favoriser lenseignement en alternance tous les niveaux ;
Encourager la formation continue pour les salaris de faon les aider suivre les
volutions des mtiers et amliorer leur employabilit en cas de restructuration ;
Amliorer lefficacit des relations entre Ple Emploi et les entreprises.
Des enjeux industriels
Maintien dactivit sur le sol franais
Enjeu impactant toute la chane de valeur.
Lindustrie des mtaux non ferreux est trs lie aux activits clientes : quipements, biens de
consommation. Le maintien sur le sol franais dindustriels des mtaux non ferreux (production de
mtal et transformation) dpend en partie du maintien des industries clientes et peut aussi servir de
socle lensemble de lindustrie. Il conviendrait dengager une srie de mesures :
Dialoguer avec les acteurs prsents sur le territoire pour mieux comprendre leurs attentes en
matire daccompagnement ;
Sappuyer sur les fdrations industrielles pour mieux identifier et comprendre les
spcificits mtiers de leurs adhrents ;
Adopter une dmarche proactive envers les entreprises pouvant se retrouver dans des
situations de difficult :
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Promouvoir le savoir-faire franais sur les mtaux non ferreux auprs des grands donneurs
dordre industriels des filires comme llectronique, le btiment, les transports ;
Suivre les changements dactionnariat des entreprises du secteur qui peuvent entraner la
dlocalisation des centres de dcision ;
Permettre un accs une nergie comptitive au niveau mondial ;
Augmenter les montants et simplifier les accs aux subventions sur les investissements
relatifs lenvironnement ;
Permettre une meilleure visibilit sur les volutions des rglementations environnementales ;
Faciliter laccs au crdit pour les investissements en matire dquipements industriels.
Rindustrialisation
Enjeu impactant toute la chane de valeur.
Suite aux vagues dexternalisation industrielle des annes 80 et le recentrage de nombreux grands
groupes entranant des fermetures de sites dans les annes 1990-2000, la France doit actuellement
reconqurir et relancer des pans entiers de son activit industrielle. En tmoignent les efforts des
pouvoirs publics pour relancer lexploration (et termes lexploitation) minire dans lhexagone,
activit ayant disparu depuis plusieurs annes. Il conviendrait de mener un certain nombre
dactions :
Identifier clairement les secteurs de la chane de valeur industrielle potentiellement porteurs
et propices un redploiement sur le sol franais ;
Envisager une refonte de la lgislation associe la production et la transformation de
mtaux non ferreux afin de crer un contexte favorable de rindustrialisation ;
Acclrer la simplification lgislative et rglementaire dores et dj lance ;
tre en capacit dadopter une vision long terme ;
Favoriser les investissements privs dans les secteurs les plus porteurs, ventuellement avec
en complment un soutien dacteurs publics comme Bpifrance.
Rentabilit conomique
Enjeu impactant toute la chane de valeur.
Lindustrie des mtaux non ferreux ncessite des investissements importants dont la rentabilit
conomique moyenne est actuellement en France la moiti de celle de lindustrie manufacturire
dans son ensemble (voir 8.5). Une faible rentabilit conomique ne permet pas aux entreprises de
crer de nouveaux emplois, dinvestir et dinnover.
Les chiffres daffaires peuvent tre trompeurs car les prix des mtaux transforms sont souvent
levs et en grande partie fixs sur des marchs internationaux, lachat comme la vente, ne
laissant aux transformateurs quune marge de manuvre limite dans les ngociations sur les prix
dachat et sur la partie mtal de leurs prix de vente. Leur comptitivit repose sur leurs cots de
transformation (y compris leurs cots de transport). Face cette situation, il apparait ncessaire de :
Crer des conditions favorables la comptitivit des cots de transformation, en particulier
sur les deux postes importants que sont lnergie et la main duvre, et des cots de
transport ;
Ne pas imposer de contraintes et de taxes lies au chiffre daffaires ;
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Assurer la cohrence des niveaux dexigence rglementaire (environnementale et sociale en


particulier) entre la France et ses partenaires ;
viter la fuite vers ltranger de dchets mtallifres qui pourraient tre valoriss en France ;
Identifier avec les entreprises concernes les relais dactivit pouvant permettre daccroitre
la rentabilit conomique, notamment en ce qui concerne les services associs aux produits ;
Agir dans les instances internationales pour viter les cas de dumping de toute nature
(incluant les distorsions lies aux pratiques environnementales et sociales), et rduire les
barrires non tarifaires (normes, marchs ferms, etc.) ;
Agir au niveau international pour que le niveau de leuro par rapport aux autres devises ne
soit pas un handicap pour les industriels europens.
Dveloppement de la diversification produits
Enjeu impactant prioritairement laval de la chane.
On constate que les acteurs industriels franais positionns sur les mtaux de base et les produits de
commodit ont une rentabilit infrieure aux acteurs positionns sur les mtaux high-tech et/ou les
spcialits. Les conditions actuelles prvalant sur le territoire ne sont en effet pas favorables une
comptitivit base uniquement sur les cots, que ce soit vis--vis des pays mergents ou dautres
pays europens. Cette tendance est notamment due aux disparits lies au cot du travail et
lapplication des directives europennes entre la France et ses principaux concurrents.
La diversification produits vers des spcialits a pour but de permettre aux entreprises franaises de
ne pas dpendre uniquement de ces produits de commodit. La notion de spcialit peut inclure,
produit constant, lajout de services valoriss par le client (rapidit, flexibilit, co-dveloppement,
etc.). Dans ce domaine, il conviendrait de sengager mettre en place une srie de mesures (ou
appuyer les mesures dores et dj en place) :
Identifier les nouvelles opportunits lies lutilisation des mtaux non ferreux, notamment
via une proximit avec les grands utilisateurs (grands donneurs dordre industriels) ;
Sassurer que les dispositifs de protection de la proprit industrielle rpondent aux
exigences dune telle diversification produits, avec suffisamment de lisibilit et
daccompagnement pour les entreprises dsireuses de se positionner ;
Clairement anticiper les directives europennes pouvant impacter lutilisation de produits de
commodit, telles que REACH, afin d'accompagner le changement de positionnement
produit pour les entreprises ;
Envisager, au-del du positionnement produit des entreprises, les potentialits pour le
dveloppement de nouveaux services jusqualors absents ou sous-traits.
Dveloppement de nouvelles activits de recyclage
Enjeu impactant les rangs aval de la chane de valeur.
Les activits de recyclage des mtaux non ferreux impactent lensemble des rangs aval de la chane
de valeur : production de mtal secondaire, laboration dalliages, fabrication de produits semifinis. Les activits de recyclage sont la fois gnratrices demploi et potentiellement propices au
dveloppement de nouvelles techniques/technologies industrielles innovantes. Il conviendrait de
poursuivre les actions consistant :

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Identifier avec les entreprises de la filire les limites et freins actuels au dveloppement de
nouvelles activits de recyclage ;
Envisager le recyclage de mtaux non ferreux jusqualors considrs comme non
valorisables pour des raisons financires compte tenu des considrations lies au prix des
mtaux et leur rarfaction ;
Tirer parti des rsultats de la recherche publique sur les dernires avances en matire de
technologie lies au recyclage et faciliter lexprimentation une chelle prindustrielle ;
Adopter une dmarche proactive quant la fuite illgale des dchets hors France pour
permettre le dveloppement dactivit dans lhexagone.
Des enjeux en termes dimage
Acceptation socitale
Enjeu impactant toute la chane de valeur.
La filire mtallurgique dans son ensemble souffre dun dficit dimage important, impactant la
fois lactivit actuelle des entreprises et le futur de la filire toute entire. La production de mtal et
sa transformation sont gnralement associes par le grand public des industries bruyantes et
polluantes, et des conditions de travail difficiles. Les matriaux et produits issus de la filire
mtallurgique sont pourtant omniprsents, et ce dans tout secteur dactivit. De rels efforts doivent
tre mens pour promouvoir la filire, notamment au niveau du grand public. Les mesures
pourraient consister :
Informer le grand public sur lvolution de la filire au cours des 50 dernires annes et sur
le niveau de technicit rel des acteurs industriels ;
Communiquer sur les efforts mis en uvre et les progrs raliss par les industriels pour
limiter limpact sur lenvironnement (production de dchets et deffluents, bruit, fumes,
poussires, etc.), amliorer les conditions de travail et recycler les matires premires ;
Montrer le rle des pouvoirs publics dans lapplication des rglementations encadrant les
entreprises sur les champs de lenvironnement ;
Informer le grand public sur le caractre indispensable et incontournable des matriaux et
produits issus de la filire des mtaux non ferreux dans tous les biens dquipement mnager
et de consommation courantes (tlphonie, lectronique, automobile, quipements
lectromnagers, etc.).
Attraction de capitaux trangers
Enjeu impactant toute la chane de valeur.
Au-del de lacceptation socitale par le grand public, lindustrie des mtaux non ferreux souffre en
France dun dficit dimage auprs des acteurs internationaux susceptibles dinvestir et de
simplanter sur le territoire. Les mesures pourraient consister :
Promouvoir le savoir-faire franais sur lindustrie des mtaux non ferreux, et ce tous les
rangs de la chane de valeur ;
Mettre en avant les structures en lien avec linnovation sur le territoire (ples, clusters,
centres de recherche) et les aides correspondantes ;
Rassurer les investisseurs trangers potentiels en faisant ressortir le caractre favorable du
contexte conomique et socital en France (notamment en ce qui concerne le prix de
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lnergie, les cots et la productivit de la main duvre et la fiscalit) et si possible en leur


donnant une visibilit long terme sur les volutions de ces facteurs ;
Souligner le positionnement proactif des pouvoirs publics dans ses efforts de reconqute
industrielle.

12. LEVIERS DACTIONS


Pour rpondre aux enjeux caractriss de la filire, nous avons identifi 11 leviers dactions qui
concernent la filire dans son ensemble et certains maillons de la chane de la valeur.

Levier 1 Relancer les activits dexploration minire

Le diagnostic de la filire a montr que :


Peu dacteurs franais contrlent ltape minire, que ce soit en France ou ltranger :
ERAMET, les producteurs dor en Guyane.
part le nickel (et le cobalt associ) en Nouvelle-Caldonie, lor en Guyane, et une petite
production de concentrs tain-tantale, aucune extraction de minerais de mtaux non ferreux
des fins de production de mtal nest effectue en France.
La filire est donc trs dpendante doprateurs trangers pour ses approvisionnements en
matires premires.
Aucun permis exclusif de recherche na t attribu sur le territoire mtropolitain pendant plus
de 20 ans, et linventaire minier national du BRGM a t arrt en 1992. Un redmarrage
semble se dessiner avec quatre nouveaux permis attribus depuis 2013, une petite dizaine de
demandes de permis de recherche en cours dinstruction, et la dmarche de rinterprtation des
donnes existantes par le BRGM.
Le territoire national comporte des ressources quil convient de rvaluer et r-explorer compte tenu
des volutions techniques et conomiques des vingt dernires annes.
Mais ces ressources ne suffiront pas aux besoins nationaux. Pour amliorer la scurit des
approvisionnements il faut aussi que les oprateurs franais recherchent des ressources situes
ltranger ou scurisent des accs aux ressources primaires.

Levier 2 Agir sur les facteurs de comptitivit cots des activits de production de mtal
primaire

Le diagnostic de la filire a montr que :


La production de mtaux primaires est peu reprsente en France par rapport dautres pays
europens.
Les prix des mtaux primaires bruts sont pour la plupart fixs sur des marchs internationaux,
laissant peu de marge de manuvre aux producteurs du ct des prix de vente.
Les facteurs cls de comptitivit cots sont le cot daccs aux matires premires (y compris
le transport), le cot de lnergie, le cot de la main duvre ; les surcots ventuels lis aux
rglementations et un cours trop lev de lEuro peuvent venir pnaliser cette comptitivit.

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Sans mme aller jusqu limplantation de nouvelles activits de production de mtal primaire, le
simple maintien des activits prsentes en France demande que des actions favorables soient prises
sur ces facteurs de comptitivit cots.

Levier 3 Agir sur les facteurs de comptitivit cots des activits de premire
transformation des mtaux non ferreux

Le diagnostic de la filire a montr que :


La premire transformation des mtaux non ferreux dpend fortement des importations de
mtaux pour ses approvisionnements.
Les industriels matrisent la technologie et sont capables de rpondre aux besoins des clients.
Cest aussi le cas de nombre de leurs concurrents, europens en particulier.
La comptitivit par les cots repose sur le cot daccs la matire premire, le cot de la
main duvre, le cot de lnergie (mais en moyenne moins fortement que pour la production
de mtal primaire) ; comme prcdemment les surcots ventuels lis aux rglementations et un
cours trop lev de lEuro peuvent venir pnaliser cette comptitivit.
Pour certains mtaux, une proportion notable de la collecte de matires premires de recyclage
est valorise ltranger.
Un systme de transport efficace est important pour les cots dapprovisionnement et pour les
cots dexpdition, mais aussi pour le service rendu aux clients.
Des mesures damlioration doivent tre apports sur ces facteurs de comptitivit pour soutenir les
activits existantes, et dans le cas darbitrages entre sites de groupes internationaux faire en sorte
que la comparaison soit plus favorable au territoire franais.

Levier 4 Sauvegarder nos entreprises ppites

Nota : le sens donn ici une entreprise ppite est une entreprise possdant des comptences et/ou
des capacits techniques uniques ou quasi uniques en France et conduisant cette entreprise tre
incontournable dans la chane dlaboration et de transformation dun mtal.
Le diagnostic de la filire a montr que :
Sur certains mtaux non ferreux, la France compte des leaders mondiaux, alors que le nombre
dentreprises prsentes en France est limit, linstar du chrome mtal (avec Delachaux) ou
encore du zirconium (avec Cezus).
La chane de valeur industrielle peut tre extrmement fragile si le nombre dentreprises sur une
comptence donne ou un maillon particulier est faible.
Lindustrie des mtaux non ferreux ncessite des investissements importants.
Le contexte franais nest pas favorable la comptitivit par les cots.
Une proportion non ngligeable des entreprises de la filire des mtaux non ferreux est sous
contrle tranger (par la participation dune entreprise trangre ou dun fond
dinvestissement) ; en particulier des arbitrages entre diffrents sites dun mme groupe
international seront dfavorables la France dans la mesure o elle ne pourra pas dmontrer un
avantage comptitif.
Il est donc important dtre en capacit didentifier et dassurer un suivi des entreprises ppites .
Doivent ensuite tre mises en place les mesures ncessaires permettant de sassurer de la prennit
Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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de ces entreprises ppites, de leur financement, de leur comptitivit. Les mouvements de leur
actionnariat devront tre suivis de prs.

Levier 5 Soutenir linnovation

Le diagnostic de la filire a montr que :


La majorit des acteurs industriels identifie linnovation comme un levier permettant
damliorer leur comptitivit, mais prouve des difficults financer les projets innovants, en
particulier en raison de la faiblesse des marges.
La relation avec les clients/donneurs dordre joue un rle majeur dans lmergence de projets
innovants au sein de cette industrie.
Les dispositifs publics de cofinancement des projets sont ingalement mobiliss selon les
secteurs applicatifs.
Il existe une prise de conscience, au niveau national, de la ncessit de redynamiser la recherche
et le dveloppement technologique dans le domaine de la mtallurgie en gnral.
Linnovation, qui contribue au renouvellement de loffre en produits (nouveaux alliages,
notamment), la modernisation de loutil productif de lindustrie des mtaux non ferreux, et la
valorisation de nouvelles matires premires (primaires et secondaires) est en mesure de contribuer
au dveloppement et la prennisation de la filire, si un cadre propice aux projets innovants est
mis en place.

Levier 6 Accrotre les matires premires de recyclage disponibles

Le diagnostic de la filire a montr que :


Les oprations de transformation des mtaux engendrent des produits drivs coteux : les
copeaux, chutes, dchets de tournage mtallique, etc.
Les enjeux pour les mtaux non ferreux se situent au niveau de la collecte des dchets de
production dune part, et de la valorisation des mtaux contenus dautre part.
Ladoption dune approche dco-conception, c'est--dire de conception en vue du recyclage et
dun dveloppement durable, dans le dveloppement de nouveaux produits dpend de critres
techniques, conomiques et environnementaux comme la consommation de matires premires
et d'nergie, les rejets dans l'air, l'eau, les sols, la production de dchets, la transformation des
milieux naturels et du cadre de vie.
La promotion de lconomie circulaire doit tre poursuivie avec constance. De nouvelles techniques
de recyclage ou de meilleures pratiques de collecte et de traitement des dchets peuvent amliorer
grandement lefficacit et la qualit du recyclage de certains mtaux non ferreux.

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Levier 7 Mieux faire connatre la valeur ajoute des mtaux non ferreux dans les
produits industriels franais phares

Le diagnostic de la filire a montr que :


Le lancement de la Nouvelle France industrielle (septembre 2013) est loccasion de mettre en
avant la capacit de renouvellement et dinnovation de lindustrie franaise, et de lancer 34
plans de reconqute industrielle qui fdreront grands groupes et PME autour de priorits
concrtes et seront soutenus par les services de ltat.
Ces plans concernent autant des filires industrielles de pointe que des filires traditionnelles ;
nombre dentre eux (pour ne pas dire la totalit) font intervenir lutilisation de mtaux non
ferreux, comme par exemple la "voiture pour tous" consommant 2 litres aux 100 km, le TGV
du futur, lavion lectrique et la nouvelle gnration daronefs, le dirigeable gros porteur, les
navires cologiques, lautonomie et la puissance des batteries, les vhicules pilotage
automatique.
Certains mtaux non ferreux sont galement indispensables au dveloppement de nombreuses
nouvelles technologies en lien avec les nergies renouvelables.
La filire mtallurgique dans son ensemble souffre dun dficit dimage important, impactant la
fois lactivit actuelle des entreprises et le futur de la filire toute entire, il est donc important de
pouvoir communiquer de manire positive sur les mtaux non ferreux et leurs utilisations, que ce
soit auprs du grand public ou des industriels utilisateurs de produits semi-finis.

Levier 8 Renforcer les cosystmes locaux

Le diagnostic de la filire a montr que :


Sauf exception, la mtallurgie en gnral, et lindustrie des mtaux non ferreux en particulier,
est peu mise en avant dans les politiques de dveloppement territorial.
Les relais institutionnels locaux, tels que les ples de comptitivit ou dexcellence, sont
insuffisamment mobiliss par lindustrie des mtaux non ferreux.
Le dveloppement dactions cibles une chelle territoriale adapte, complmentaires des actions
menes au niveau national, doit permettre de renforcer les cosystmes locaux, associant les acteurs
publics et les entreprises.

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Levier 9 Mieux scuriser laccs aux matires premires

Le diagnostic de la filire a montr que :


Les matires premires nergtiques et minrales ont un aspect stratgique certain du fait de leur
importance dans l'industrie, et donc dans l'conomie. De nombreux pays et entreprises tentent
ainsi de contrler la production de ces matires.
A linstar des mtaux tels que les terres rares dont la production dpend trs fortement de la
Chine, certains mtaux non ferreux peuvent faire lobjet de criticit dapprovisionnement due
des tensions dordre gopolitique.
Pour de nombreux mtaux non ferreux, il ny a actuellement pas dacteur franais actif dans les
tapes dextraction minire. Pour ces mtaux, la filire est donc dpendante dacteurs trangers
pour ses approvisionnements.
Il est donc important de pouvoir scuriser laccs des industriels franais aux matires premires
(non nergtiques).

Levier 10 Stimuler les investissements industriels productifs

Le diagnostic de la filire a montr que :


Stimuler les investissements auprs des acteurs de la filire est un levier important pour
lindustrie des mtaux non ferreux.
En effet, le durcissement de la rglementation bancaire entrepris ces dernires annes dans
lUnion Europenne comme aux tats-Unis pour tenter de prvenir une nouvelle crise financire
a eu pour effet indsirable de rendre plus coteuse la participation des banques et des
compagnies dassurance aux financements long terme
Les difficults lies au financement bancaire, pour les PME principalement, demeurent relles,
en labsence dalternatives.
Il sagit donc par exemple de favoriser les investissements dans les infrastructures comme une
alternative au crdit bancaire ou encore dattirer des capitaux trangers afin qu'ils viennent s'investir
sur le sol franais.

Levier 11 Sauvegarder les comptences industrielles

Le diagnostic de la filire a montr que :


Les volutions des mtiers de la mtallurgie et des attentes des diffrentes parties prenantes ont
fait voluer les comptences ncessaires.
Or, le dficit dimage de lactivit industrielle et les orientations du systme ducatif sont
lorigine de difficults de recrutement qui ne pourront que saggraver si rien nest fait.
En favorisant la promotion de lindustrie des mtaux non ferreux, il sagit de sensibiliser en
particulier les jeunes et les demandeurs demploi limportance du tissu industriel franais.

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Certains de ces leviers peuvent tre directement lis un ou plusieurs maillons de la chane de
valeur industrielles des mtaux non ferreux, alors que dautres ont un caractre plus transversal,
pouvant impacter toute la chane de valeur.
Chaine de valeur simplifie de lindustrie des mtaux
Exploration
(projets)

Extraction concentration
- sparation

Production de
mtaux primaires
et alliages

Production de
produits semifinis

Fabrication
de pices

Assemblage

Consommateur
final

: Champ de ltude
Production de mtal
secondaire

Des leviers associs


un ou plusieurs rangs
spcifiques
de la chane de valeur

Des leviers
transversaux
pouvant impacter
toute la chane de valeur

Collecte tri - prtraitement

Levier 3 : Agir sur les facteurs de


comptitivit cots des activits de
premire transformation des
mtaux non ferreux

Levier 1 : Relancer les


activits d exploration
minire
Levier 2 : Agir sur les facteurs de
comptitivit cots des activits
de production de mtal primaire

Levier 9 : Mieux scuriser laccs aux


matires premires

Levier 7 : Mieux faire connatre la


valeur ajoute des mtaux non
ferreux dans les produits industriels
franais phares

Levier 4 : Sauvegarder les


entreprises ppites

Levier 6 : Accrotre la
disponibilit des matires
premires de recyclage

Levier 11 : Sauvegarder les


comptences industrielles

Levier 8 : Renforcer les cosystmes


locaux

Levier 5 : Soutenir linnovation

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Levier 10 : Stimuler les


investissements
industriels productifs

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RECOMMANDATIONS PAR LEVIER DACTION


Pour chaque levier daction, nous avons dtermin un certain nombre de recommandations dont la
mise en uvre serait susceptible damliorer le positionnement concurrentiel de la filire des
mtaux non ferreux.
Il est apparu que certaines de ces recommandations concernaient plusieurs leviers, ou pouvaient
dborder le cadre de la filire concerne. Nous les avons regroupes dans un chapitre spcifique
Recommandations gnrales , afin de ne conserver dans chaque levier que des mesures concrtes
spcifiques ce levier.

12.1. Recommandations gnrales

Rduire les effets du diffrentiel de cot de la main duvre avec les pays concurrents

La main duvre reprsente un poste important des cots des industriels. Les produits franais sont
en concurrence sur des marchs internationaux, o les prix sont souvent fixs sur des bourses
spcialises, avec ceux de pays o le cot de la main duvre est beaucoup moins lev.
Les pratiques sociales sont trs htrognes. LEurope, et en particulier la France, sont en pointe sur
de nombreux sujets.
Le diffrentiel de cot joue en dfaveur de lemploi. Cette considration est plus large que la filire
des mtaux non ferreux.
Pour amliorer la comptitivit de lindustrie franaise sur ce facteur de cot, il convient de :
o Poursuivre les rflexions engages en France autour de lallgement du cot de la main
duvre, du CICE, de la simplification du Code du Travail, etc.
o Travailler au sein des instances internationales en faveur des avances du droit social dans
les pays mergents et en voie de dveloppement.

Allger la charge des surcots lis aux rglementations administratives, fiscales,


environnementales
Les contraintes administratives et notamment environnementales se traduisent par des cots : aussi
bien sur les cots opratoires que sur les investissements. Tous les pays concurrents nont pas le
mme degr dexigence, on peut donc parler de surcot par rapport ces pays et la comptitivit
des industriels franais sen ressent.
La dlocalisation dune partie de la production vers des pays nayant par exemple pas mis en place
un systme dencadrement des missions de GES ( fuite de carbone ) est un risque rel.

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Les actions envisageables sont par exemple :


o viter de sur-transposer en France les directives europennes et travailler dans les instances
europennes lharmonisation des cadres rglementaires nationaux.
o Poursuivre les rflexions en cours sur la simplification des rglementations sociale,
environnementale, fiscale, etc.
o Supprimer toute taxe reposant sur le chiffre daffaires comme la C3S (suppression annonce
par le gouvernement dici 2017).
o Encourager les dmarches de labellisation ou de certification pouvant dans une certaine
mesure valoriser les effets bnfiques dune dmarche responsable.
o Travailler au sein des instances internationales en faveur des avances du droit
environnemental dans les pays mergents et en voie de dveloppement.

Contrler lapprciation du cours de lEuro

Les industriels non intgrs dans lextraction minire achtent les matires premires dont ils ont
besoin, et dont le cours est souvent libell en dollars. On pourrait donc penser quun euro fort les
avantagerait pour leurs achats. Or, leurs ventes sont aussi bases sur le cours du mtal libell en
dollars. Ce qui compte pour leur comptitivit cots, cest donc leur cot de production hors mtal,
qui est dpens en euros. Toute augmentation du cours de leuro par rapport aux monnaies dautres
pays producteurs vient grever leur comptitivit.
Il est ncessaire que les Pouvoirs Publics fassent passer au sein des instances europennes lide
que la comptitivit de lindustrie, donc lemploi et la croissance, doivent tre pris en compte dans
les dcisions de la BCE.

Permettre aux entreprises laccs un systme de transport efficace et comptitif pour


leurs rceptions de matires premires et leurs expditions
Les flux de matires premires ncessaires llaboration des mtaux reprsentent des volumes
importants.
Le transport des produits semi-finis est une tape cl de la supply chain , en termes de cots mais
aussi en termes de service au client (dlais de livraison, respect des dates de livraison annonces,
permettant de rduire les stocks).
Les industriels doivent pouvoir compter sur un ensemble dinfrastructures et doprateurs de qualit
au meilleur cot possible.
Or les prestations du fret de la SNCF et de certains ports franais sont considres comme
insatisfaisantes par de nombreux industriels, avec comme consquences une qualit de service
dgrade, ou le choix du transport routier, ce qui nest pas optimal dun point de vue dveloppement
durable, ou des trajets rallongs pour viter les zones problmes, et des surcots.
Il convient damliorer les performances de la branche Fret de la SNCF (cots, fiabilit) et de
certains ports franais.

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Au niveau europen, utiliser les instruments dfensifs de politique commerciale

Les industriels franais et europens sont parfois confronts sur leurs marchs europens une
concurrence dloyale de la part dindustriels situs dans dautres zones, soit quils bnficient de
subventions dguises, soit que la structure de lconomie de ces pays leur confre des avantages en
termes de cots (salaires, nergie, etc.). Il convient pour protger lindustrie europenne dutiliser
chaque fois que ncessaire les outils de dfense autoriss par les rgles du commerce international,
comme les mesures anti-dumping.

Agir dans les instances internationales pour favoriser un accord climatique mondial

Les industriels franais et europens sont en concurrence avec des industriels qui sont soumis des
contraintes environnementales bien moins exigeantes. Indpendamment du fait que cette situation
est prjudiciable lenvironnement global, ces industriels bnficient de moindres cots
dinvestissement et dexploitation.
Les efforts pour obtenir un accord conduisant les diffrents pays harmoniser leur approche des
questions environnementales et climatiques doivent tre poursuivis.

Sensibiliser les pouvoirs publics (Bpifrance) au soutien des entreprises ppites

Lindustrie des mtaux non ferreux ncessite des investissements importants.


Par ailleurs, une part non ngligeable dentreprises de la filire des mtaux non ferreux est dj sous
contrle tranger (par la participation dune entreprise trangre ou dun fond dinvestissement).
Il convient, pour les entreprises ppites franaises, de veiller ce que des recompositions
dactionnariat ne favorisent pas la fuite de savoir-faire ou la dlocalisation dactivit industrielle.
Le financement des entreprises ppites est un levier essentiel de leur dveloppement et du maintien
de leur activit sur le sol national.
La banque publique dinvestissement (Bpifrance) est un acteur pouvant pallier les dfaillances de
march qui handicapent le financement des entreprises, en particulier des PME.
Ces acteurs doivent tre sensibiliss la ncessit dinvestir dans le dveloppement du secteur des
mtaux non ferreux et en particulier sur les entreprises ppites.

Mettre en avant lattractivit de la France pour les investissements trangers

L'attractivit d'un pays reflte sa capacit attirer des capitaux trangers afin qu'ils viennent
s'investir sur son sol.
Au niveau europen, la France est le troisime pays qui accueille le plus d'IDE, derrire l'Allemagne
et le Royaume-Uni ; au niveau mondial la France est classe sixime, derrire la Chine, l'Inde et les
tats-Unis.
Toutefois, au niveau europen, si la France demeure troisime, l'cart se creuse de plus en plus avec
l'Allemagne et le Royaume-Uni et les pays poursuivants se rapprochent trs significativement,
notamment l'Espagne et les pays d'Europe centrale et orientale.
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Les pouvoirs publics devraient donner une meilleure visibilit long terme sur les volutions des
facteurs de comptitivit (notamment le prix de lnergie, les cots de la main duvre, la fiscalit).
Il serait sans doute ncessaire de souligner le positionnement proactif des pouvoirs publics dans ses
efforts de reconqute industrielle notamment en mettant en avant le pacte pour la croissance, la
comptitivit et lemploi, le plan pour les investissements davenir, la cration de Bpifrance,
laccord sur la scurisation de lemploi, les efforts de structuration des filires ou encore le CICE.

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12.2. Recommandations relatives au levier 1 : relancer les activits


dexploration minire
Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 1.1
Mesure 1.2
Mesure 1.3
Mesure 1.4
Mesure 1.5
Mesure 1.6

Admettre les activits de recherche minire au bnfice du


Crdit dimpt recherche
Simplifier les procdures dobtention de Permis exclusif de
recherche
Continuer faciliter laccs aux donnes de base de
linventaire minier national
Instaurer un systme incitatif pour le financement des socits
dexploration minire
Amliorer limage de lindustrie extractive en France
Mener des actions de coopration facilitant pour les
oprateurs franais laccs aux pays miniers

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Mesure 1.1
Admettre les activits de recherche minire au bnfice du Crdit dimpt recherche
Constats
Comme mentionn prcdemment, il ny a eu aucun permis de recherche attribu sur le sol
mtropolitain pendant plus de 20 ans, jusqu lattribution en 2013 et 2014 de PER (permis
exclusifs de recherche) aux socits capitaux trangers Variscan Mines et Cominor.
Les actions de recherche minire sont loin dtre toutes couronnes de succs (taux de succs entre
1/10 et 1/20), et mme en cas de succs elles sont suivies dune phase dinvestissements lourds,
dont la rentabilit se joue sur le long terme. Il faut une dizaine dannes entre le dbut de
lexploration minire et le dmarrage de la production industrielle.
La prise de risque que constitue le lancement dune opration de recherche minire doit tre
encourage.
Actions mettre en uvre
a) Admettre les activits dexploration et de mise au point des procds de traitement du
minerai au bnfice du Crdit dimpt recherche.

Les dpenses dexploration et la mise au point du procd adapt lexploitation du


gisement tudi pourraient tre incluses dans lassiette du crdit dimpt.

Le but tant dencourager la mise en exploitation de nouveaux sites, les sites sur
lesquels est dj active une exploitation des mmes mtaux que ceux qui font lobjet de
la recherche pourraient tre exclus.

Il conviendrait de dfinir : la proportion des dpenses de recherche minire


correspondant au crdit dimpt ; les zones gographiques admissibles (Mtropole,
France, Europe, autres rgions du monde ?).

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Mesure 1.2
Simplifier les procdures dobtention de Permis exclusif de recherche (PER)
Constats
La dlivrance de permis de recherche est un processus long (23 mois pour le PER de Variscan
Mines dans la Sarthe) qui demande la fourniture dun dossier complet, incluant ltude de
lventuelle future exploitation industrielle, une tape de concertation publique, etc.
Or dune part le taux de succs des oprations dexploration est faible, dautre part lexercice qui
consiste dcrire la vie de la mine avant de connatre le gisement est un exercice thorique.
Lutilit dune partie de ce travail devrait donc tre repense.
Un nouveau Code Minier est en prparation. Il est souhaitable quil cre des conditions attractives
pour lexploration sur le territoire franais.
Actions mettre en uvre
a) Simplifier et raccourcir la procdure de dlivrance de PER, en ne faisant figurer au dossier
dinstruction que ce qui concerne la phase dexploration elle-mme ; les informations
concernant la phase dexploitation et la remise en tat finale du site seraient bien entendu
toujours fournir, mais uniquement lors de la demande de concession.
b) Tenir compte des gisements connus lors de la planification de lusage des sols.
c) Dterminer si louverture dune enqute publique ds ltape de demande de PER est
ncessaire.

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Mesure 1.3
Continuer faciliter laccs aux donnes de base de linventaire minier national
Constats
Le BRGM, conformment sa mission de Service public et la demande du Ministre de
l'Industrie, a effectu de nombreuses campagnes de prospection vocation minire entre les
annes 1975 et 1991 ; ces oprations taient ralises dans le cadre du programme dnomm
Inventaire des ressources minrales du territoire national .
Une rexploitation de ces donnes est en cours depuis 2012 ; une rvaluation de certaines cibles
minires vient dtre publie.
Dans le cadre dexplorations lancer, les donnes accumules doivent pouvoir tre utilises,
rinterprtes en fonction des volutions de la technologie et des donnes conomiques, et
compltes.
Il serait galement opportun dengager des levers gophysiques aroports de prcision rgionale
voire de reprendre les campagnes gochimiques pour complter linventaire minier national.
Actions mettre en uvre
a) Rendre les donnes de base du BRGM facilement accessibles aux socits dsireuses de
lancer des campagnes dexploration.
b) Y inclure les rsultats dexploration passe des socits prives (du moins sur les sites qui
ne sont plus exploits).
c) Dvelopper le site Minralinfo.
d) Poursuivre la rvaluation de cibles minires engage par le BRGM.
e) Relancer et complter linventaire minier national.

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Mesure 1.4 - Instaurer un systme incitatif pour le financement des socits dexploration
minire
Il ny a eu aucun permis de recherche attribu sur le sol mtropolitain pendant plus de 20 ans,
jusqu lattribution en 2013 et 2014 de PER (permis exclusifs de recherche) aux socits
capitaux trangers Variscan Mines et Cominor.
Lactivit est risque (taux de succs faible) et les perspectives de rentabilit se situent dans le long
terme.
Les investisseurs franais, part les acteurs industriels dj prsents comme AREVA et
ERAMET, semblent peu attirs par lexploration minire, que ce soit sur le territoire national ou
ltranger.
Une participation publique au capital de socits nouvelles dmarrant des actions dexploration
minire, ventuellement complte par des prts, pourrait les aider trouver le financement
ncessaire.
Mesure 1.5 - Amliorer limage de lindustrie extractive en France
Les annonces de campagne dexploration minire ou douverture de site suscitent rgulirement
linquitude dune partie de la population, nourrie par des craintes datteinte au milieu naturel, de
pollution du sol et des cours deau, de dgradation des paysages, de nuisances (bruit, poussires,
circulation). Des recours devant les tribunaux administratifs peuvent retarder de plusieurs annes
le dmarrage des oprations.
Lactualit prsente par les mdias met en avant les problmes, sans analyse de fond sur les
russites.
Il serait important que limage de lindustrie extractive franaise soit revalorise et lutilit de son
activit mieux comprise par un public large.
Par ailleurs, le dclin de lactivit minire a dtourn les jeunes des mtiers correspondants ; une
image plus dynamique et plus positive de la filire contribuerait relancer leur intrt.
Pour cela deux actions pourraient tre envisages :

Mettre en place des outils de communication (dont sites Internet, visites de sites industriels
modles, stages de sensibilisation) faisant ressortir limportance des matires premires
minrales et les bonnes pratiques mises en uvre par lindustrie extractive franaise,
destination : du milieu enseignant ; des medias ; des lus ; de ladministration.

Mettre en uvre sur les sites exploits de bonnes pratiques en matire denvironnement, de
concertation, de rhabilitation. Valoriser ces actions.

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- 192 -

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Mesure 1.6 - Mener des actions de coopration facilitant pour les oprateurs franais laccs
aux pays trangers
Il est peu probable que les ressources minires nationales subviennent un jour lensemble des
besoins en mtaux non ferreux de lindustrie nationale. Les entreprises franaises ont besoin de
laccs aux ressources dautres pays.
Les pays mergents dans lesquels a lieu une exploitation minire souhaitent capter une part de plus
en plus importante de la valeur, en ne se contenant pas dexporter du minerai, mais en dveloppant
une industrie mtallurgique locale : production de mtal primaire, voire premire transformation.
La France peut nouer avec ces pays des relations de coopration facilitant notamment laccs aux
oprateurs franais. Un dispositif spcifique de consolidation des approvisionnements externes
comme annonc dbut 2014 (Compagnie des mines de France) pourrait constituer un vecteur.
Toutefois, la concurrence est froce ; la Chine en particulier mne une stratgie systmatique de
contrle de ressources minires dans dautres zones gographiques, par exemple en Afrique et en
Amrique du Sud.
Les actions suivantes pourraient tre envisages :

Faire de laccs aux ressources minires un axe fort de la diplomatie franaise.

Signer des accords de coopration dtat tat comportant des volets connaissance
gologique, exploration minire, aide au financement des infrastructures (transport,
nergie, eau) ncessaires pour desservir les rgions minires.

Apporter un soutien mthodologique aux gouvernements locaux en matire de dmarche


environnementale, de concertation, de transparence.

Soutenir les actions dexploration franaises ltranger puis les investissements miniers et
mtallurgiques (notamment aide au financement).

Peser dans les instances europennes pour harmoniser les efforts en faveur de laccs aux
ressources minires dautres zones gographiques.

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- 193 -

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12.3. Recommandations relatives au levier 2 : Agir sur les facteurs de


comptitivit des activits de production de mtal primaire
Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 2.1
Mesure 2.2

Permettre aux entreprises de production de mtal primaire


laccs des matires premires un cot comptitif
Permettre aux entreprises de production de mtal primaire
laccs une nergie un cot comptitif

Mesure 2.1
Permettre aux entreprises de production de mtal primaire laccs des matires premires
un cot comptitif
Constats
Les matires premires sont, comme pour toute la filire des mtaux non ferreux, le poste de cots
prpondrants.
Or sauf cas particuliers comme le nickel et lor, et lusine dlectrolyse de RIO TINTO ALCAN,
les producteurs franais de mtal primaire ne matrisent pas les ressources de matires premires.
De plus les pays miniers souhaitent dvelopper leur propre production de mtal primaire, plutt
que dexporter le minerai ou le concentr.
Les importations de matires premires sont soumises aux risques de fluctuations des cours des
devises et des mtaux.
Le cot du transport peut reprsenter une proportion notable du cot rendu.
Actions mettre en uvre
a) tudier la possibilit de ne pas taxer comme transactions financires les oprations de
couverture des devises et des matires premires ralises par les industriels pour rduire
leur exposition sur des flux physiques.
b) Soutenir leffort de R&D visant amliorer les procds (rendement matire) ou les
rendre capables dutiliser, au moins pour une partie des approvisionnements, des matires
moins chres.

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Mesure 2.2
Permettre aux entreprises de production de mtal primaire laccs une nergie un cot
comptitif
Constats
Le diagnostic de la filire a mis en vidence le fait que le poste nergie est le poste
prpondrant dans les cots hors matires premires du maillon production de mtal primaireraffinage : de 30 % plus de 50 % des cots par nature. Llectricit joue un rle
particulirement important (lectrolyse, fours lectriques).
Certains sites sont lectro-intensifs (notamment llectrolyse de laluminium) et ce titre
bnficient dun tarif particulier. Cependant lvolution de ces tarifs sur les dernires annes a t
dfavorable et les industriels lectro-intensifs allemands ont un tarif plus comptitif que leurs
concurrents franais ; par ailleurs dautres pays comme le Canada, la Norvge, les USA, les
mirats Arabes Unis, la Russie, la Chine proposent des tarifs lectriques nettement moins chers.
Une ristourne de 50 % du cot du transport de llectricit, applicable du 1/8/2014 au 31/7/2015, a
t annonce en France pour certains industriels lectro-intensifs.
Les autres sites ne sont pas classs comme lectro-intensifs et bnficient a priori dun tarif
comptitif par rapport la moyenne de lindustrie europenne ; mais des pays non europens
pratiquent des tarifs plus intressants.
Actions mettre en uvre
a) Rduire le cot de transport de llectricit pour les sites lectro-intensifs, de faon plus
durable que la ristourne temporaire annonce pour 2014-2015.
b) Permettre aux entreprises lectro-intensives dacqurir un droit dusage long terme sur
une partie de la production de tranches nuclaires en y investissant aux cts des
producteurs dlectricit.
c) Tout en respectant les directives europennes, introduire des exemptions pour les
entreprises en difficults dans le cadre de la contribution des entreprises au dveloppement
des nergies renouvelables.
d) Comme le permettent les directives europennes, compenser pour les industriels leffet de
la taxe CO2 intgre dans le cot de llectricit.
e) Soutenir les actions visant rduire la consommation dnergie et les certifications selon la
norme ISO 50001 Management de lnergie (aide au financement, crdit dimpt par
exemple).

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- 195 -

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12.4. Recommandations relatives au levier 3 : Agir sur les facteurs de


comptitivit cots des activits de premire transformation des mtaux
non ferreux
Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 3.1
Mesure 3.2

Permettre aux entreprises de premire transformation laccs


des matires premires un cot comptitif
Permettre aux entreprises de premire transformation laccs
une nergie un cot comptitif

Mesure 3.1
Permettre aux entreprises de la premire transformation laccs des matires premires
un cot comptitif
Constats
Les matires premires sont, comme pour toute la filire des mtaux non ferreux, le poste de cots
prpondrants.
Les industriels de la premire transformation utilisent des matires premires dorigine primaire ou
secondaire, ou un mlange des deux. Certains peuvent refondre directement des dchets de qualit
ltape de refusion du mtal pour coule ou laboration dalliages.
Les importations de matires premires sont soumises aux risques de fluctuations des cours des
devises et des mtaux.
Actions mettre en uvre
a) Lutter contre les exportations illgales de matires premires secondaires, en se basant sur
les travaux du COMES et en dployant les bonnes pratiques de contrle au niveau des
installations portuaires franaises et europennes.
b) Conserver en France les dchets susceptibles dtre valoriss par les industriels franais.
Pour viter une fuite des dchets lexport, agir dans les instances internationales pour
viter les cas de dumping de toute nature (incluant les distorsions lies aux pratiques
environnementales et sociales).
c) Soutenir leffort de R&D visant amliorer les procds (rendement matire) ou les
rendre capables dutiliser, au moins pour une partie des approvisionnements, des matires
moins chres.

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- 196 -

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Mesure 3.2
Permettre aux entreprises de la premire transformation laccs une nergie un cot
comptitif
Constats
Le poste nergie pse gnralement moins lourd que dans la production de mtal primaire,
mais reste important dans les cots hors matires premires de la premire transformation : de
10 % 20 % des cots par nature; jusqu' 30% pour certains acteurs.
Les sites franais de la premire transformation ne sont pas lectro-intensifs mais ils peuvent tre
concurrents de sites trangers intgrs verticalement vers lamont et bnficiant en consquence
des tarifs pour nergo-intensifs, ou de sites situs dans des pays o lnergie (lectricit, gaz) est
moins chre quen France.
Les actions climatiques europennes et franaises, notamment taxe carbone, dveloppement des
nergies renouvelables, sont en avance par rapport dautres pays et reprsentent un surcot.
Il sagit donc dagir dans les instances internationales pour favoriser un accord climatique mondial
mettant tous les pays sur un pied dgalit.
De manire globale, veiller ce que les choix stratgiques dans les domaines de la production, du
transport et de la distribution dnergie conduisent la matrise des cots, et ce que les arbitrages
politiques ne se fassent pas au dtriment des tarifs pour les industriels.
Actions mettre en uvre
a) Tout en respectant les directives europennes, introduire des exemptions pour les
entreprises en difficults dans le cadre de la contribution des entreprises au dveloppement
des nergies renouvelables.
b) Comme le permettent les directives europennes, compenser pour les industriels leffet de
la taxe CO2 intgre dans le cot de llectricit.
c) Soutenir les actions visant rduire la consommation dnergie et les certifications selon la
norme ISO 50001 Management de lnergie (aide au financement, crdit dimpt, accs
aux marchs publics par exemple).

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- 197 -

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12.5. Recommandations relatives au levier 4 : Sauvegarder les entreprises


ppites
Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 4.1
Mesure 4.2

tre en capacit didentifier les entreprises ppites prsentes


sur le territoire
Faire le lien avec les fdrations et les ples de comptitivit
pour suivre les entreprises ppites

Mesure 4.1
tre en capacit didentifier les entreprises ppites prsentes sur le territoire
Constats
Sur certains mtaux non ferreux, la France compte des leaders mondiaux alors que le nombre
dentreprises prsentes en France est limit, linstar du chrome (avec Delachaux) ou encore du
zirconium (avec Cezus).
La chane de valeur industrielle peut tre extrmement fragile si le nombre dentreprises sur une
comptence donne ou un maillon particulier est faible.
Actions mettre en uvre
a) Effectuer un travail dintelligence conomique avec la force de frappe des pouvoirs publics
pour un travail de cartographie par mtier.
b) Faire un travail de veille en ce qui concerne la publication de brevets pour identifier les
acteurs les plus dynamiques en termes de R&D et dinnovation.
c) Effectuer un travail danalyse quantitative des comptences prsentes sur le territoire en
lien avec la filire.
d) En complment, tudier le cas des entreprises qui ont disparu malgr les mcanismes de
soutien existant dans un objectif damlioration du dispositif.

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- 198 -

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Mesure 4.2
Faire le lien avec les fdrations et les ples de comptitivit pour suivre les entreprises
ppites
Constats
Les grandes fdrations industrielles, les ples de comptitivit et les clusters ont une vision de
leurs adhrents et des dynamiques de la filire dans son ensemble.
Le suivi dans le temps effectu par les fdrations et les ples de comptitivit, doit pouvoir
identifier les entreprises se retrouvant dans une situation dlicate, ayant besoin de financement, ou
pouvant faire lobjet dune prise de participation de la part dun groupe tranger.
Actions mettre en uvre
a) Appuyer le travail de suivi des entreprises ppites de la part des fdrations, ples et
clusters grce un systme dinformation renseignant une slection de critres cls (chiffre
daffaires, niveau de charge, actionnariat).
b) Utiliser ce travail de suivi des entreprises comme un outil permettant de dtecter une
entreprise en difficult et en informer les services de ltat.
c) Suivre les changements dactionnariat des entreprises du secteur qui peuvent entraner la
dlocalisation des centres de dcision et/ou des activits industrielles.

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- 199 -

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12.6. Recommandations relatives au levier 5 : Soutenir linnovation


Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 5.1
Mesure 5.2
Mesure 5.3
Mesure 5.4

Coordonner la recherche et linnovation en matire de mtaux


non ferreux
Stimuler lmergence de projets innovants
Anticiper les utilisations futures des mtaux non ferreux
Mieux sensibiliser les acteurs institutionnels aux besoins
dinnovation de lindustrie des mtaux non ferreux

Mesure 5.1
Coordonner la recherche et linnovation en matire de mtaux non ferreux
Constats
La mtallurgie en gnral commence susciter un certain regain dintrt, aussi bien dun point de
vue acadmique que dun point de vue industriel. Le risque, toutefois, est que les diffrents acteurs
partent en ordre dispers, faute dune coordination insuffisante, avec comme rsultat une prise en
compte insuffisante des enjeux industriels lors de llaboration des stratgies.
Actions mettre en uvre
a) Participer la mise en place du Rseau National Mtallurgie, en sassurant de la
participation effective de lindustrie au pilotage scientifique du rseau.

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- 200 -

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Mesure 5.2
Stimuler lmergence de projets innovants
Constats
Linnovation est perue par les industriels comme un levier damlioration de la comptitivit,
mais il est indispensable dassurer un flux continu de projets innovants. Les clients-utilisateurs de
produits non ferreux constituent une source majeure dides nouvelles, qui pourrait toutefois tre
amplifie et complte par dautres sources.
Actions mettre en uvre
a) Organiser une manifestation annuelle, runissant une slection de donneurs dordres de
plusieurs filires et des entreprises de lindustrie des mtaux non ferreux, dans le cadre de
laquelle les premiers prsentent des dfis industriels intressant leurs filires
respectives, et pour lesquels des propositions de projets innovants sont attendues.
b) Mener des actions dincitation la modernisation de loutil productif travers linnovation
des procds, en sappuyant sur le rseau des CTI et CRT, dans le cadre de conventions
dobjectifs ngocies avec ces derniers.
c) Solliciter France Brevets pour lidentification, au sein de son portefeuille, de technologies
dintrt pour lindustrie des mtaux non ferreux, puis les relayer auprs des entreprises
potentiellement concernes.
d) Susciter la cration dune Fondation dont la vocation serait de financer des actions cibles
en matire de recherche et dinnovation en faveur de lindustrie des mtaux non ferreux :
financement de thses, dtudes, etc.

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- 201 -

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Mesure 5.3
Anticiper les utilisations futures des mtaux non ferreux
Constats
Pour tre en mesure dtre force de proposition, lindustrie des mtaux non ferreux doit pouvoir
anticiper les besoins futurs : volution de la demande des diffrents secteurs applicatifs, volutions
rglementaires venir, etc. Llaboration dune vision partage entre acteurs industriels, telle
quelle existe dans dautres pays ou dans dautres secteurs, est peu ou pas pratique par lindustrie
franaise des mtaux non ferreux.
Actions mettre en uvre
a) Mettre en place une coordination nationale, sur le modle du CORAC (Conseil pour la
Recherche en Aronautique Civile), en charge de llaboration dune feuille de route
technologique sur les thmes dintrt commun pour lindustrie des mtaux non ferreux,
mise jour de faon priodique.

Mesure 5.4 Mieux sensibiliser les acteurs institutionnels aux besoins dinnovation de
rupture de lindustrie des mtaux non ferreux
Plusieurs dispositifs de financement des projets de recherche et de dveloppement technologique
sont susceptibles dtre actionns par les acteurs de lindustrie des mtaux non ferreux.
Lindustrie des mtaux non ferreux a t fortement mobilise depuis plusieurs annes par des
restructurations et par la mise en conformit avec des contraintes rglementaires toujours plus
exigeantes. Dans ces conditions, nombre dentreprises ne sont pas en capacit de saisir les
opportunits offertes par la publication rgulire dappels projets, et ne disposent pas de
ressources internes suffisantes pour monter des dossiers.

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- 202 -

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12.7. Recommandations relatives au levier 6 : Accrotre la disponibilit des


matires premires de recyclage
Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 6.1
Mesure 6.2
Mesure 6.3
Mesure 6.4

Travailler sur la logistique de rcupration au sein des


entreprises (chutes de production)
Travailler sur la rcupration des dchets (hors chutes de
production)
Favoriser les travaux dcoconception des produits
incorporant des mtaux non ferreux
Accrotre la vigilance par rapport aux exportations illgales

Mesure 6.1
Travailler sur la logistique de rcupration au sein des entreprises (chutes de production)
Constats
Les oprations de traitement des mtaux engendrent des produits drivs coteux : les copeaux,
chutes, dchets de tournage mtallique.
De nouvelles techniques de recyclage ou de meilleures pratiques de collecte et de traitement des
dchets peuvent amliorer grandement lefficacit et la qualit du recyclage de certains mtaux
non ferreux.
Actions mettre en uvre
a) Veiller rduire la contamination par d'autres mtaux, fluides de coupe etc. grce
lutilisation de matriel spcifique (centrifugeuses copeaux, broyeurs). Pour cela, tudier
la mise en place dun programme de soutien de ltat au financement des entreprises pour
amliorer leurs capacits de recyclage ex. : aide publique pour financer les compacteurs ?
crdit dimpt ?
b) Chercher rduire les volumes du matriau afin de rduire les cots de transport et de
manutention (lorsque le mtal nest pas rutilis directement en interne au sein de
lentreprise).
c) Sassurer de la mise en place de moyens ncessaires la rcupration slective des chutes
de production, comme des espaces de stockage ddis, des compacteurs.
d) Favoriser la centralisation des volumes via des contrats groupe permettant la gestion de
plusieurs sites produisant des dchets de mme nature.

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- 203 -

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Mesure 6.2
Travailler sur la rcupration des dchets (hors chutes de production)
Constats
La promotion de lconomie circulaire doit tre poursuivie avec constance.
Les enjeux pour les mtaux non ferreux se situent au niveau de la collecte dune part, de la
valorisation des mtaux contenus dautre part.
Actions mettre en uvre
a) Identifier avec les entreprises de la filire les limites et freins actuels au dveloppement de
nouvelles activits de recyclage.
b) Favoriser la rcupration de certains dchets tels que les canettes par des incitations
financires.

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- 204 -

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Mesure 6.3
Favoriser les travaux dcoconception des produits incorporant des mtaux non ferreux
Constats
Ladoption dune approche de conception en vue du recyclage dans le dveloppement de nouveaux
produits dpend de critres techniques, conomiques et environnementaux comme la
consommation de matires premires et d'nergie, les rejets dans l'air, l'eau, les sols, la production
de dchets, la transformation des milieux naturels et du cadre de vie.
Linnovation peut contribuer accrotre lapprovisionnement en matires premires grce une
meilleure conception des produits rendant leur recyclage plus efficace.
Actions mettre en uvre
a) Sur les vhicules, les sous-ensembles, favoriser laccessibilit des pices contenant du
mtal et optimiser les modes de fixation afin de rduire le temps de dmontage.
b) Tirer parti des rsultats de la recherche publique sur les dernires avances en matire de
technologies lies au recyclage et faciliter lexprimentation une chelle prindustrielle.
c) Favoriser une plus grande proximit des acteurs en charge du recyclage avec les fabricants
de produits finis et de sous-ensembles pour favoriser lcoconception, linstar de la mise
en place dun pilote prestation client recyclage lors de nouveaux projets de conception
et de fabrication de vhicules chez certains constructeurs.
d) Favoriser de la part des fabricants de pices et de sous-ensembles le dploiement
dinformations relatives aux mtaux et matriaux utiliss et leur recyclabilit
destination des acteurs recycleurs, comme le logiciel interconstructeurs IDIS (International
Dismantling Information System).

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- 205 -

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Mesure 6.4 Accrotre la vigilance par rapport aux exportations illgales de dchets
Au lieu de les exporter, lindustrie franaise doit davantage transformer ses dchets en matires
premires de recyclage, avec un gain cologique important en termes de rduction de
consommation dnergie et une garantie quant la scurit dapprovisionnement.
En ce qui concerne les matires premires recyclables, des filires dexportation parallles peuvent
apparatre, compte tenu du fait que les cours des mtaux sont levs et les sanctions encore peu
importantes.
Il est ncessaire de limiter les fuites de sources de mtal secondaire hors du territoire grce un
contrle accru des services douaniers sur la provenance et la destination des dchets mtalliques.

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- 206 -

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12.8. Recommandations relatives au levier 7 : Mieux faire connatre la valeur


ajoute des mtaux non ferreux dans les produits industriels franais
phares
Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 7.1

Mesure 7.2
Mesure 7.3

Mesure 7.4

Mettre en place une campagne de communication sur une


slection de produits de commodit faisant intervenir un ou
plusieurs mtaux non ferreux
Utiliser le made in France comme outil de promotion des
mtaux non ferreux
Communiquer sur les avantages associs lutilisation des
mtaux non ferreux en lien avec le thme de la transition
nergtique
Mieux sensibiliser et communiquer sur le rle majeur de
lindustrie des mtaux non ferreux

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- 207 -

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Mesure 7.1
Mettre en place une campagne de communication sur une slection de produits de
commodit faisant intervenir un ou plusieurs mtaux non ferreux
Constats
La filire mtallurgique dans son ensemble souffre dun dficit dimage important, impactant la
fois lactivit actuelle des entreprises et le futur de la filire toute entire.
La production de mtal et sa transformation sont gnralement associes par le grand public des
industries bruyantes et polluantes, et des conditions de travail difficiles.
Les matriaux et produits issus de la filire mtallurgique sont pourtant omniprsents, et ce dans
tout secteur dactivit. De rels efforts doivent tre mens pour promouvoir la filire, notamment
au niveau du grand public.
Actions mettre en uvre
a) Informer le grand public sur lvolution de la filire au cours des 50 dernires annes et sur
le niveau de technicit rel des acteurs industriels.
b) Communiquer sur les efforts mis en uvre et les progrs raliss par les industriels pour
limiter limpact sur lenvironnement pour amliorer les conditions de travail et recycler les
matires premires (production de dchets et deffluents, bruit, fumes, poussires, etc.).
c) Informer le grand public sur le caractre indispensable et incontournable des matriaux et
produits issus de la filire des mtaux non ferreux dans tous les biens dquipement
mnager et de consommation courantes (tlphonie, lectronique, automobile, quipements
lectromnagers, etc.).

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- 208 -

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Mesure 7.2
Utiliser le made in France comme outil de promotion des mtaux non ferreux
Constats
Acheter des produits affichant le Made in France est une preuve de confiance et un acte citoyen
qui concourt ancrer lactivit en France.
Des initiatives de promotion du savoir-faire franais sont en place sur le territoire pour certains
types de produits contenant des mtaux non ferreux. De telles initiatives doivent tre dveloppes,
quil sagisse de produits high-tech ou de produits de commodits, comme par exemple certains
profils en aluminium.
Actions mettre en uvre
a) Sinspirer de la mise en place du label Cble de France par le syndicat de cbliers
Sycabel.
b) Promouvoir le savoir-faire franais sur les mtaux non ferreux auprs des grands donneurs
dordre industriels des filires comme llectronique, le btiment, les transports.
c) Utiliser des relais de communication tels que site du Made in France (http://www.madinefrance.com/fr), premier annuaire de la fabrication franaise, comme outil de promotion des
bnfices dune production franaise (le savoir-faire, les comptences spcifiques, voire
lengagement socital et environnemental des acteurs industriels), et galement Origine
France Garantie : http://www.profrance.org/le-label-origine-france-garantie.html qui
dcerne un label.

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Mesure 7.3
Communiquer sur les avantages associs lutilisation des mtaux non ferreux en lien avec
le thme de la transition nergtique
Constats
Parmi les 34 plans de reconqute industrielle, l'ensemble des projets concernant les transports sont
en lien direct avec les futures rglementations concernant la transition nergtique : la "voiture
pour tous" consommant 2 litres aux 100 km, le TGV du futur, lavion lectrique et la nouvelle
gnration daronefs, le dirigeable gros porteur, les navires cologiques, lautonomie et la
puissance des batteries, les vhicules pilotage automatique.
Certains mtaux non ferreux sont galement indispensables au dveloppement de nombreuses
nouvelles technologies en lien avec les nergies renouvelables.
Actions mettre en uvre
a) Promouvoir auprs du grand public lutilisation des mtaux non ferreux dans les
technologies des nergies renouvelables.
b) Promouvoir auprs du grand public les caractristiques de gain de poids de certains mtaux
et alliages utiliss dans le domaine des transports.

Mesure 7.4Mieux sensibiliser et communiquer sur le rle majeur de lindustrie des mtaux
non ferreux
Le lancement de la Nouvelle France industrielle, en septembre 2013, a t loccasion de lancer 34
plans de reconqute industrielle qui fdreront grands groupes et PME autour de priorits
concrtes et seront soutenus par les services de ltat.
Ces plans concernent autant des filires industrielles de pointe que des filires traditionnelles,
nombre dentre eux (pour ne pas dire la totalit) font intervenir des mtaux non ferreux. Le Conseil
National de lIndustrie, qui aide les grandes filires industrielles collaborer, se restructurer
autour denjeux identifis en commun, pourrait adopter une ligne de communication partage.
Pour cela, une vritable campagne de communication nationale ( limage de celle mise en place
par lArtisanat) pourrait senvisager.
Un vnement fdrateur rcurrent, sous la forme de journes dchanges et de portes ouvertes,
permettant au grand public de mieux cerner les mtiers lis lindustrie des mtaux non ferreux,
viendrait revaloriser limage de cette industrie trop considre tort comme traditionnelle donc
peu innovante.

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12.9. Recommandations relatives au levier 8 : Renforcer les cosystmes


locaux
Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 8.1
Mesure 8.2
Mesure 8.3

Intensifier laction des ples en direction de lindustrie des


mtaux non ferreux
Dvelopper les actions collectives au sein des grands bassins
demploi
Optimiser le levier des financements rgionaux

Mesure 8.1
Intensifier laction des ples en direction de lindustrie des mtaux non ferreux
Constats
Au niveau local, des structures telles que les ples de comptitivit ou les ples dexcellence ont
vocation dvelopper les relations entre acteurs et favoriser lmergence de projets et dactions
collectives. Si lindustrie des mtaux non ferreux est potentiellement concerne par de multiples
ples lis aux diffrents secteurs dapplication, elle apparat globalement insuffisamment prsente
au sein de ces structures, qui sont pourtant des maillons essentiels de la politique industrielle dun
point de vue territorial.
Il sagira donc par exemple dinciter les ples de comptitivit dvelopper leurs actions envers
les entreprises de lindustrie des mtaux non ferreux : prospection pour susciter les adhsions,
organisation de groupes de travail thmatiques, labellisation de formations, etc.
Actions mettre en uvre
a) Soutenir lmergence et le financement de ples dexcellence dans les rgions runissant
une masse critique dacteurs.

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Mesure 8.2
Dvelopper les actions collectives au sein des grands bassins demploi
Constats
Des actions cibles dun point de vue sectoriel peuvent contribuer au renforcement du tissu
industriel au niveau local. Dans cette approche territoriale, la concertation entre les acteurs
institutionnels et les entreprises de lindustrie des mtaux non ferreux est dvelopper, avec
comme objectif lidentification et la mise en place de telles actions.
Cette mesure doit tre mise en place de faon coordonne avec la mesure 8.1, de faon viter
toute superposition.
Actions mettre en uvre
a) Cartographier les grands bassins demplois dans lesquels se concentrent les entreprises du
secteur des mtaux non ferreux.
b) Dans les zones peu ou pas couvertes par des dispositifs tels que les ples et grappes
dentreprises, soutenir la mise en place de conventions de partenariat entre les acteurs
locaux (fdrations professionnelles, CCI, DIRECCTE, Conseils Rgionaux, etc.) ddies
des actions collectives sectorielles en matire de formation, de communication, de veille
technologique, etc.

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Mesure 8.3
Optimiser le levier des financements rgionaux
Constats
La capacit financer des investissements ou des projets innovants est critique pour lindustrie des
mtaux non ferreux, qui est souvent handicape par des marges trop faibles. Les dispositifs de
financement rgionaux sont susceptibles dtre actionns, sous rserve toutefois que les dossiers
prsents sinscrivent dans leurs axes prioritaires dintervention.
Actions mettre en uvre
a) Saisir lopportunit de lvaluation et de la rvision mi-parcours des programmes
rgionaux (Contrats de Plan tat-Rgions 2014-2020, Programmes Oprationnels FEDER)
pour assurer une prise en compte adquate des enjeux propres lindustrie des mtaux non
ferreux.
b) Soutenir la cration de fonds rgionaux dinvestissement (capital risque, capital
dveloppement), ayant vocation soutenir les PME de la filire de lamont laval (sur le
modle du Fonds Lorrain des Matriaux).

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12.10. Recommandations relatives au levier 9 : Mieux scuriser laccs aux


matires premires (hors nergie)
Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 9.1
Mesure 9.2

Envisager un rapprochement avec des acteurs trangers de


lamont
Mieux scuriser laccs et les approvisionnements en matires
premires

Mesure 9.1
Envisager un rapprochement avec des acteurs trangers de lamont
Constats
Pour de nombreux mtaux non ferreux, il ny a actuellement pas dacteur franais actifs dans les
tapes dextraction minire ou de production de mtal primaire (mis part le nickel en NouvelleCaldonie, et lor en Guyane).
La filire est donc fortement dpendante dacteurs trangers et/ou dapprovisionnements
ltranger. Cette situation cre un risque stratgique dapprovisionnement de la filire.
Cet enjeu est principalement associ aux rangs amont de la chane de valeur, mais cre un risque
pour lensemble de la filire.
La mise en place dun systme, sous pilotage des pouvoirs publics, permettant de favoriser le
contrle par les industriels franais de mineurs ou de producteurs primaires, ou au minimum une
participation dans une entreprise commune assortie de garanties denlvement, pourrait
senvisager.
Actions mettre en uvre
a) Capitaliser sur la mise en place de la Joint-Venture UKAD, entre Aubert & Duval et
UKTMP, sur lapprovisionnement en titane pour envisager la mise en place de solutions
similaires sur dautres mtaux non ferreux faisant lobjet de criticit dapprovisionnement.

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Mesure 9.2 Mieux scuriser laccs et les approvisionnements en matires premires

Les matires premires minrales ont un aspect stratgique certain. De nombreux pays et
entreprises tentent den contrler la production et lexportation. Certains mtaux non
ferreux peuvent faire lobjet de criticit dapprovisionnement due des tensions dordre
gopolitique. Les changes entre les principales fdrations et le BRGM doivent tre
intensifis pour effectuer un travail de veille sur certains mtaux, suivre les volutions des
principaux acteurs de la production primaire, et encourager la publication par les groupes
dtude internationaux correspondants de donnes agrges sur les sous-produits.

La Compagnie Nationale des Mines pourrait tre charge de poursuivre l'exploration des
sous-sols franais, mtropolitain et d'Outre-mer (comme par exemple en Guyane). La
Compagnie pourrait en outre tre en capacit didentifier des partenaires pour
l'exploitation, plus coteuse, de ces ressources.
La CMF pourrait travailler avec les acteurs industriels franais utilisateurs de mtaux non
ferreux, pour identifier les priorits mettre en place en termes de mtaux cibles. La CMF
pourrait galement proposer aux industriels franais de participer des projets
internationaux, comme dans les pays d'Afrique francophone.

La mutualisation dachat est une pratique qui a fait ses preuves dans de nombreux
domaines dactivit (exemple du projet du ple Syneo sur lefficacit nergtique et
mutualisation dachat dnergie sur une zone dactivit, ou encore la centrale dachat
Arotrade permettant une dizaine de PME franaises sous-traitantes aronautiques de
ngocier les prix de leurs matriaux). Les pouvoirs publics devraient mieux sensibiliser les
industriels dans llaboration dune stratgie et favoriser les partenariats entre industriels
(sinspirer de la cration en Allemagne en 2012 dune alliance pour la scurisation des
matires premires pouvant servir de centrale dachat et favoriser la prise de participation
dans des activits dexploitation/production).

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12.11. Recommandations relatives au levier 10 : Stimuler les investissements


industriels productifs
Mesures listes dans le cadre de ce levier
Mesure 10.1

Faciliter la mise en uvre dalternatives au crdit bancaire

Mesure 10.1
Faciliter la mise en uvre dalternatives au crdit bancaire
Constats
Le durcissement de la rglementation bancaire entrepris ces dernires annes dans l'Union
Europenne comme aux tats-Unis pour tenter de prvenir une nouvelle crise financire a eu pour
effet indsirable de rendre plus coteuse la participation des banques et des compagnies
d'assurance aux financements long terme.
En effet, les difficults lies laccs au financement bancaire, pour les PME principalement,
demeurent relles, en labsence dalternatives.
Actions mettre en uvre
a) Accrotre la visibilit des Rfrents Uniques pour les Investissements auprs des acteurs
industriels des mtaux non ferreux, en tant que guichet permettant de flcher les
investissements disponibles.
b) En lien avec le Ministre de l'conomie, rendre plus visibles les aides l'investissement
disponibles grce au rgime daide pour le dveloppement conomique rgional. Ce rgime
daide vise encourager les investissements ayant un intrt rgional spcifique
c) Principalement destination des PME / PMI, mettre en place une discussion entre les
pouvoirs publics et lAssociation Franaise des Investisseurs en Capital (AFIC) qui
regroupe lensemble des structures de Capital Investissement (Capital Risque, Capital
Dveloppement, Capital Transmission / LBO, Capital Retournement) installes en France.
Lobjectif est de souligner le caractre stratgique de certains secteurs /activits de
lindustrie des mtaux non ferreux.

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12.12. Recommandations relatives


comptences industrielles

au

levier

11 :

Sauvegarder

les

Mesures listes dans le cadre de ce levier


Mesure 11.1

Mesure 11.2
Mesure 11.3

Revaloriser limage de lindustrie auprs de la population


franaise, en particulier des acteurs de lorientation des
jeunes : familles et enseignants
Adapter les modes de formation aux spcificits de la filire
Sassurer de la cohrence entre les besoins des entreprises et
loffre actuelle de formation

Mesure 11.1
Revaloriser limage de lindustrie auprs de la population franaise, en particulier des
acteurs de lorientation des jeunes : familles et enseignants
Constats
Les volutions des mtiers de la mtallurgie et des attentes des diffrentes parties prenantes ont fait
voluer les comptences ncessaires. Or, le dficit dimage de lactivit industrielle et les
orientations du systme ducatif sont lorigine de difficults de recrutement qui ne pourront que
saggraver si rien nest fait.
En favorisant la promotion de lindustrie des mtaux non ferreux, il sagit de sensibiliser en
particulier les jeunes et les demandeurs demploi limportance du tissu industriel franais.
Actions mettre en uvre
a) Avec laide de la DGE, afficher clairement les ambitions de la filire des mtaux non
ferreux lors des prochaines semaines de lIndustrie, en particulier en termes de recrutement.

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Mesure 11.2
Adapter les modes de formation aux spcificits de la filire
Constats
En France, l'industrie n'attire pas assez les jeunes. Certaines professions souffrent d'un manque
d'attractivit : chaudronnier, soudeur, et plus gnralement tous les mtiers autour de l'usinage et
de la mcanique.
Pourtant, ces mtiers recrutent et s'exercent dans de nombreux secteurs, comme l'aronautique,
l'automobile ou encore l'lectronique, et il est donc possible d'y btir des parcours professionnels
intressants.
Certaines pistes gnrales peuvent consister :
- Sappuyer sur les structures existantes favorisant le compagnonnage dans certaines activits en
lien avec lindustrie des mtaux non ferreux, tels que lassociation des Compagnons du devoir,
actifs sur des mtiers manuels comme la chaudronnerie, la mcanique de prcision, la menuiserie
mtallique.
- Favoriser lenseignement en alternance des jeunes de 16 25 ans aux mtiers et savoir-faire de
lIndustrie tous les niveaux en sappuyer sur le CFAI (Centre de Formation de lIndustrie,
appareil de formation de lUIMM).
- Sassurer du niveau de connaissance des salaris de lindustrie sur les modes de financement des
Certificats de Qualification Paritaire de la Mtallurgie (CQPM), dispositif de certification
totalement individualis, validant les comptences professionnelles. Un financement est possible
dans le cadre du plan de formation de lentreprise, de la priode de professionnalisation, du contrat
de professionnalisation, du droit individuel la formation, du cong individuel la formation.
Actions mettre en uvre
a) Utiliser la force de communication des grandes fdrations pour rhabiliter lenseignement
technique auprs du grand public, dans les secteurs o les besoins de lindustrie sont rels.

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Mesure 11.3
Sassurer de la cohrence entre les besoins des entreprises et loffre actuelle de formation
Constats
Toutes filires confondues, on observe depuis quelques annes dans l'industrie une nette tendance
la baisse des effectifs d'apprentis au niveau CAP (certificat d'aptitude professionnelle).
De plus en plus, les recruteurs du secteur se tournent vers des jeunes qui prparent des diplmes
d'un niveau suprieur : bac pro, bac techno, BTS (brevet de technicien suprieur), DUT (diplme
universitaire de technologie).
On note par ailleurs une recrudescence des bacheliers pro qui continuent en BTS, le taux de
poursuite d'tudes est mont 40 %.
bac+2, les entreprises recrutent des BTS maintenance industrielle, BTS conception de produits
industriels, BTS industrialisation des produits mcaniques, etc. Pour les activits aval sur la chane
de valeur, les entreprises recherchent galement des ingnieurs gnralistes et des ingnieurs
spcialiss dans l'lectronique, les systmes embarqus, la conception et l'coconception.
La formation continue pour les salaris doit tre encourage de faon les aider suivre les
volutions des mtiers et amliorer leur employabilit en cas de restructuration. Les grandes
fdrations industrielles doivent mieux identifier et comprendre les spcificits mtiers de leurs
adhrents.
Actions mettre en uvre
a) Mettre jour le contenu de lenseignement avec les besoins des entreprises en se basant par
exemple sur les travaux raliss par lobservatoire de la mtallurgie : tude prospective
sur lvolution des emplois et des mtiers de la mtallurgie .

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TABLES

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13. INDEX DES FIGURES


Figure 1: Chane de valeur simplifie de l'industrie des mtaux non ferreux .................................................. 28
Figure 2 : volution de la production franaise de mtaux non ferreux (source : Xerfi, Juillet 2012) ............ 31
Figure 3 : Tonnes de mtaux non ferreux produits en France (source : ADEME) .......................................... 31
Figure 4 : volution du ROCE avant impts de la branche Nickel du groupe ERAMET, 2008-2013 (source :
documents de rfrence du groupe) ................................................................................................................. 35
Figure 5 : volution des cours du nickel depuis 2008 en US$/t (source : infomine.com) ............................... 35
Figure 6 : Donnes sur le recyclage des filires matriaux (source : tude ADEME, 2012) ........................... 37
Figure 7 : volution 2003-2009 de la rpartition par CSP des salaris de la mtallurgie (source : tude
prospective sur lvolution des emplois et des mtiers de la mtallurgie, juin 2012) ...................................... 39
Figure 8 : volution 2003-2009 de la rpartition par niveau de diplme des salaris de la mtallurgie
(source : op. cit.) .............................................................................................................................................. 40
Figure 9 : Production mensuelle d'aluminium primaire, en kt, par zone gographique, de janvier 2000
septembre 2013 (source : IAI).......................................................................................................................... 57
Figure 10 : Consommation de plomb en Europe et en Inde, 2004-2012 (source : ILZSG, Octobre 2013) ..... 58
Figure 11 : Production d'ponge de titane par pays, 2000-2013 (source : Roskill) ......................................... 58
Figure 12 : Cours de l'aluminium au LME (cash buyer) de janvier 1998 juillet 2013 (source : LME) ........ 59
Figure 13 : Cours du cuivre au LME (cash buyer) de janvier 1998 juillet 2013 (source : LME) ................. 59
Figure 14 : volution du cours du palladium juin 2013-mai 2014, en US$/oz (source : infomine.com) ........ 62
Figure 15 : Donnes officielles pour l'aluminium au LME, le 19 fvrier 2014
(http://www.lme.com/metals/non-ferrous/aluminium/) ................................................................................... 63
Figure 16 : Cours de l'or et de l'argent de 1998 juillet 2013 (source : infomine.com) .................................. 64
Figure 17 : Cours de l'aluminium au LME, en US dollars (chelle de gauche) et en euros (chelle de droite)
(Source : infomine.com) .................................................................................................................................. 68
Figure 18 : Minralisations des grands fonds ocaniques et mtaux associs ................................................. 78
Figure 19 : Inventaire BRGM : sites miniers ayant fait l'objet d'exploitations dans lhexagone ..................... 80
Figure 20 : Inventaire BRGM : carte des mines, gtes et indices dans lhexagone .......................................... 81
Figure 21 : Implantation des principaux acteurs de l'exploration-extraction de mtaux non ferreux en France
(2013, Source : SOFRED) ............................................................................................................................... 84
Figure 22 : Implantation des principaux producteurs de mtal non ferreux primaire en France (2013, Source :
SOFRED) ......................................................................................................................................................... 85
Figure 23 : Flux relatifs aux produits fils d'aluminium en France (2011) (source : Aluminium.fr) ............... 88
Figure 24 : Principaux flux associs aux profils en aluminium (2012, source : Douane) .............................. 88
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Figure 25 : Nombre d'acteurs de la fonderie dans plusieurs pays europens (2011) (Source : Chiffres cls de
la fonderie franaise 2012) ............................................................................................................................... 88
Figure 26 : Statistiques ESANE 2011 sur les fonderies de mtaux non ferreux .............................................. 89
Figure 27 : Rpartition par march client de la production des fonderies franaises de mtaux non ferreux
(2011) (source : Chiffres cls de la fonderie franaise, rsultats 2011) ........................................................... 90
Figure 28 : Pourcentage des tonnages d'aluminium, cuivre, zinc et leurs alliages dans leurs marchs
d'application respectifs (2011) (source : Chiffres cls de la fonderie franaise, rsultats 2011) ..................... 91
Figure 29 : volution 1992-2012 des effectifs des entreprises franaises de fonderie (mtaux ferreux et non
ferreux) (source : Chiffres cls de la fonderie franaise, rsultats 2012) ......................................................... 92
Figure 30 : Schma de principe des flux de matires (source : ADEME, 2012) ............................................. 94
Figure 31 : Chiffres cls du recyclage de quatre mtaux non ferreux en 2010 (source : ADEME, 2012) ....... 94
Figure 32 : Implantation des principaux acteurs du recyclage des mtaux non ferreux en France (2012,
Source SOFRED) ............................................................................................................................................. 98
Figure 33 : Rpartition des implantations des entreprises, par dpartement (siges en bleu et
tablissements) ................................................................................................................................................. 99
Figure 34 : Rpartition des effectifs par entreprise (siges uniquement) ....................................................... 100
Figure 35 : Localisation des entits de recherche publique et des structures vocation collaborative.......... 102
Figure 36 : Tableau rcapitulatif des principaux leviers de comptitivit par les cots, tous mtaux non
ferreux, par tape de la chane de valeur (source : analyse Sofred) ............................................................... 121
Figure 37 : Prix de l'lectricit et du gaz pour les entreprises au sein de l'Union Europenne en 2012 (source :
Commissariat Gnral au Dveloppement Durable, Chiffres et Statistiques n 461, Novembre 2013) ........ 125
Figure 38 : Comparaison du cot de la fourniture d'lectricit aux industriels lectro-intensifs, entre la France
et l'Allemagne (source : Comit Stratgique de la filire Chimie et Matriaux, Recommandations des groupes
de travail, Fvrier 2013) ................................................................................................................................. 127
Figure 39 : Comparaison des cots salariaux horaires au sein de l'Union Europenne pour lindustrie
manufacturire (source : Coe-Rexecode) ....................................................................................................... 130
Figure 40 : Comparaison du taux de productivit de la main-duvre ajuste par les salaires pour l'industrie
manufacturire (source : Eurostat) ................................................................................................................. 131

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14. LISTE DES PERSONNES CONSULTES

Entit

Contact

Fonction

Reprsentants des membres du comit de pilotage de ltude


AFA

Caroline COLOMBIER

Secrtaire gnrale

AFA

Batrice CHARRON

Prsidente

DGE

Marc ROHFRITSCH

Bureau des matriaux du futur et nouveaux procds

A3M

Conor MARCUS

Responsable affaires conomiques

A3M

Claire de LANGERON

Dlgue gnrale

MAE

Louis MARECHAL

Charg de missions ressources minrales

MEDDE

Rmi GALIN

Chef du bureau des ressources minrales

MEDDE

Yveline CLAIN

Bureau des ressources minrales

A3M

Sbastien SUREAU

Responsable Produits, Sant, Gestion durable des


ressources

A3M

Commission Comptitivit et Innovation du 10 Janvier 2014

ADEME

Alain GELDRON

Expert National Matires Premires

ADEME

Jrome BETTON

Correspondant Investissements d'Avenir et RDI Secteur recyclage

SYCABEL

Roland BAIL

Dlgu Gnral Adjoint

Institutionnels

Industriels
AFICA

Pascal DELIEGE

Directeur Industriel et Commercial

Aluminium France
Extrusion

Herv PELCERF

Directeur Gnral

Aubert & Duval

Yves-Charles RICCI

Directeur Stratgie et Supply Chain

Befesa Valera

Denis CHEVE

Directeur gnral

Constellium

Herv RIBES

Automotive Products development & Customer


Technical Support Manager

DCX Chrome

Yoran GUENEGOU

Directeur division mtaux

ERAMET Branche Nickel

Bertrand MADELIN

Directeur de la branche Nickel

Eurotungstne

Marc MOUNIER-VEHIER

Directeur gnral

Groupe Gindre

Laurent ESCUDE / Franois LUNEAU

DRH / CEO

Griset

douard de LACOSTE

Prsident

KME France

Frdric Paul WEISHAAR / Mme MORLET

Prsident / DAF

Koniambo Nickel

Nicolas ESCLATINE

DAF

Le Bronze Industriel

Michel DUMONT

Prsident

Metal Blanc

Christophe CRESPIN

Prsident

Mtaux Blancs Ouvrs

Catherine VERGNAUD

Prsidente

M-Lego - Poudmet

Jean FELCE

Prsident

Nexans

Francis DEBLADIS

Directeur du centre de recherche de Lens

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Praxair

Franck de CARMANTRAND

Directeur gnral Praxair Electronics

Recytech

Charles VAN CUTSEM

Directeur gnral

SAPA

Patrick PICARD

Prsident

STCM / APSM

Frdric DEOLA

Directeur des oprations

Umicore

Roger BALTUS / Guy HAESEBROEK

Marketing Communication Director / Director,


Process Engineering

Variscan Mines

Jack TESTARD / Michel BONNEMAISON

Prsident / Directeur gnral

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15. BIBLIOGRAPHIE

tude prospective sur lvolution des emplois et des mtiers de la mtallurgie , Observatoire de la
mtallurgie, Juin 2012

Gestion durable des matires dans une conomie circulaire, rles et enjeux du recyclage , Fdration
des Minerais, Minraux industriels, Mtaux non Ferreux (FEDEM), 2012

La mtallurgie, science et ingnierie , Acadmie des Technologies, Rapport sur la Science et la


Technologie n31, 2011

Panorama 2010 : Li, Ni, Pt, Pd : des mtaux critiques ? , IFP, 2010

Les enjeux des nouveaux matriaux mtalliques , BRGM, 2010

Analyse de la stratgie de gestion des matires premires critiques de la France , AEGE, 2010

Initiative matires premires rpondre nos besoins fondamentaux pour assurer la croissance et
crer des emplois en Europe , Commission Europenne, 2009

Sur une stratgie efficace des matires premires pour l'Europe 2009-2014, Parlement Europen, 2011

Bilan du recyclage 2001-2010 , ADEME, septembre 2012 ; tude ralise pour le compte de
lADEME par AJI-Europe et Intertek RDC ; volume 1 : synthse ; volume 2 : filires matriaux et
filires REP

Lindustrie des mtaux non ferreux, Analyse du march - Prvisions 2012 et 2013 - Forces en
prsence , XERFI, Juillet 2012

March du recyclage des mtaux, Analyse du march Prvisions 2012 - Forces en prsence , XERFI,
Avril 2012

La transformation et le recyclage de mtaux prcieux, Analyse du march - Prvisions 2013 - Forces en


prsence , XERFI, Juin 2013

Rapport de la situation de la sidrurgie et de la mtallurgie franaises et europennes dans la crise


conomique et financire et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur dveloppement , Rapport
de lassemble nationale N 1240, Juillet 2013

ECORYS, Competitiveness of the EU Non-ferrous Metals Industries , 5 April 2011

ICSG, The World Copper Factbook 2012

USGS, 2013 Mineral Commodity Summaries, January 2013


http://minerals.usgs.gov/minerals/pubs/commodity/

USGS, 2011 Minerals Yearbook


http://minerals.usgs.gov/minerals/pubs/commodity/

Panorama de la filire Aluminium, Roland Berger, 2013

Journal Officiel de lUnion Europenne, Droits de douanes tarifs 2012

Les entreprises lectro-intensives, concentres dans quelques secteurs, sont stratgiques pour
lconomie , Le 4 Pages de la DGE, n 25, Avril 2013

Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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PIPAME

SOFRED Consultants / ERDYN

Analyse de la comptitivit des entreprises intensives en nergie : comparaison France-Allemagne ,


Commission de Rgulation de lEnergie, Juin 2013

Prix du gaz et de llectricit en France et dans lUnion europenne en 2012 , Commissariat Gnral
au Dveloppement Durable, Chiffres et Statistiques n 461, Novembre 2013

Comit Stratgique de Filire Chimie et Matriaux , Recommandations des groupes de travail, Fvrier
2013 (disponible sur le site de lA3M)

Perspectives de lconomie mondiale Transitions et tensions, FMI, Octobre 2013

Perspectives conomiques de lOCDE, volume 2012/1 Chapitre 4 : Scnarios Moyen et Long Terme
pour la Croissance et les Dsquilibres Mondiaux, 2012

Mutations conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux Rapport final

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Les rapports Pipame dj parus

Diffusion des nouvelles technologies de lnergie (NTE) dans le btiment, juin 2009
tude de la chane de valeur dans lindustrie aronautique, septembre 2009
La logistique en France : indicateurs territoriaux, septembre 2009
Logistique mutualise : la filire fruits et lgumes du march dintrt national de Rungis,
octobre 2009
Logistique et distribution urbaine, novembre 2009
Logistique : comptences dvelopper dans les relations donneur dordre prestataire ,
novembre 2009
Limpact des technologies de linformation sur la logistique, novembre 2009
Dimension conomique et industrielle des cartes puces, novembre 2009
Le commerce du futur, novembre 2009
Mutations conomiques pour les industries de la sant, novembre 2009
Rflexions prospectives autour des biomarqueurs, dcembre 2009
Mutations conomiques dans le domaine de la chimie, fvrier 2010
Mutations conomiques dans le domaine de la chimie volet comptences, fvrier 2010
Mutations conomiques dans le domaine automobile, avril 2010
Maintenance et rparation aronautiques : base de connaissances et volution, juin 2010
Pratiques de logistique collaborative : quelles opportunits pour les PME/ETI ?, fvrier 2011
Dispositifs mdicaux : diagnostic et potentialits de dveloppement de la filire franaise dans la
concurrence internationale, juin 2011
tude prospective des bassins automobiles : Haute-Normandie, Lorraine et Franche-Comt,
novembre 2011
M-tourisme, dcembre 2011
March actuel des nouveaux produits issus du bois et volutions chance 2020, fvrier 2012
La gestion des actifs immatriels dans les industries culturelles et cratives, mars 2012
Le dveloppement industriel futur de la robotique personnelle et de service en France, avril 2012
Enjeux et perspectives des industries agroalimentaires face la volatilit du prix des matires
premires, octobre 2012
Potentiel et perspectives de dveloppement des plates-formes dchanges interentreprises, janvier
2013
tude sur la location de biens et services innovants : nouvelles offres, nouveaux oprateurs,
nouveaux modles conomiques ?, janvier 2013
Enjeux conomiques des mtaux stratgiques pour les filires automobiles et aronautiques, mars
2013
Chanes logistiques multimodales dans lconomie verte, mars 2013
volutions technologiques, mutations des services postaux et dveloppement de services du futur,
juillet 2013
Imagerie mdicale du futur, octobre 2013
Relocalisations dactivits industrielles en France, dcembre 2013
Benchmark europen sur les plateformes chimiques, quels sont les leviers pour amliorer la
comptitivit des plateformes franaises ?, septembre 2014
Les innovations technologiques, leviers de rduction du gaspillage dans le secteur agroalimentaire :
enjeux pour les consommateurs et pour les entreprises, novembre 2014

Crdits photographiques
Couverture (horizontalement de gauche droite) : Rio Tinto 2010 ; D.R ; Antonin Borgeaud/Interlinks Image/Eramet ; Rio Tinto 2010 ;
winterling Thinkstosk ; Jol Damase/Eramet.

Le secteur des mtaux non ferreux est un fournisseur incontournable dautres


secteurs industriels majeurs, tels que lautomobile, laronautique, lespace, le
btiment ou encore la dfense. Par les innovations technologiques quil porte, il
met galement disposition de ces secteurs des solutions innovantes et constitue
ainsi un maillon essentiel de la chane industrielle.
Toutefois, lindustrie des mtaux non ferreux en France a connu depuis plusieurs
annes une recomposition de ses capacits productives, laissant apparatre un
effritement de la production, une baisse des effectifs et un solde dficitaire de la
balance commerciale.
Cette tude, conduite dans le cadre du Pipame, porte sur les mutations
conomiques du secteur de lindustrie des mtaux non ferreux . Elle procde
un diagnostic de cette industrie afin, dune part, danalyser les facteurs qui
ont conduit sa situation conomique actuelle et, dautre part, didentifier les
relais de croissance qui permettront dassurer son dynamisme dans les annes
venir. Lanalyse tient compte des effets induits sur lconomie du secteur par
lenvironnement rglementaire et les innovations technologiques.
Ltude pointe certaines caractristiques de cette industrie en France, et de son
environnement de march, qui devront tre amliores pour renforcer sa position
dans un contexte de concurrence internationale qui sintensifie. Elle fait aussi
ressortir de vritables atouts susceptibles de conforter les acteurs franais dans
une comptition o linnovation et lintensit technologique saffirmeront de faon
croissante dans les annes venir comme des facteurs de succs dterminants.
Dans ce contexte, onze leviers dactions sont identifis concernant les diffrents
rangs de la chane de valeur, depuis lextraction jusqu la premire transformation,
pour renforcer la comptitivit des entreprises.

Ministre de lconomie, de lIndustrie et du Numrique - DGE


Ministre de lcologie, du Dveloppement durable et de lnergie - DGALN
Ministre des Affaires trangres et du Dveloppement international - DEEI
Commissariat gnral lgalit des territoires (CGET)
Association Franaise de lAluminium (AFA)
Alliance des Minerais, Minraux et Mtaux (A3M)

Ple interministriel de Prospective et d'Anticipation


des Mutations conomiques

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