Point Et Ligne Sur Plan
Point Et Ligne Sur Plan
Point Et Ligne Sur Plan
LIGNE
PLAN
Daprs les textes
de Wasssily Kandinsky
ET
1926
SUR
Chapitre 1
Un saut
de la danseuse
Palucca
Schma graphique
du saut
par Kandinsky
2
3
La rue entre
dans la Maison
Umberto Boccioni,
(1911)
Dynamisme plastique
Boccioni, 1914
Ici lespace
nest plus
ce sur quoi
les objets
se dtachent,
ni ce dans quoi
il se meuvent.
Lespace devient
lordre des
cxistences.
Introduction
Tout phnomne peut tre vcu de deux faons.
Ces deux faons ne sont pas arbitrairement lies
aux phnomnes elles dcoulent de la nature
des phnomnes, de deux de leurs proprits
Extrieur Intrieur
Si nous observons la rue travers
la fentre, ses bruits sont attnus, ses mouvements
sont fantomatiques et la rue elle-mme, cause
de la vitre transparente, mais dure et rigide, parat
un tre isol et extrmement palpitant dans un
au-del. Mais que lon ouvre la porte : nous sortons
de lisolement, nous participons de cet tre, nous y
devenons agissants et nous vivons sa pulsation par
tous nos sens. Lalternance continue du timbre et
de la cadence des sons nous enveloppe, les sons
montent en tourbillon et subitement svanouissent.
De mme, tous ces mouvements nous enveloppent,
jeu de lignes et de traits verticaux et horizontaux
penchs par le mouvement en directions diffrentes,
jeux de tches colores qui sagglomrent et se
dispersent, dune incroyable rsonance aigu ou
grave. Dans ce livre nous traitons de deux lments
de base, qui constituent le dpart de toute uvre
picturale, sans lesquels ce dpart serait impossible,
et qui prsentent en mme temps dj un matriau
complet pour ce domaine autonome de lart : le
dessin. Le but de cette premire partie est en
premier lieu de dmontrer dune faon gnrale
les principes des lments graphiques de base :
1. dans labstrait, cest--dire isols
de lentourage rel de la forme matrielle
de la surface matrielle, et
2. sur la surface matrielle leffet des
caractristiques de cette surface. Mais cela ne
pourra se faire ici que dans le cadre dune recherche
peu approfondie essai de trouver une mthode
normale pour les recherches de science de lart ainsi
que de les contrler dansla pratique.
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Le point
Point gomtrique
Le point gomtrique est un tre invisible. Il doit
donc tre, dfini comme immatriel. Du point de
vue matriel le point gale Zro. Mais ce Zro
cache diffrentes proprits humaines. Selon
notre conception, ce Zro, le point gomtrique,
voque la concision absolue, cest--dire la plus
grande retenue, mais qui parle cependant. Ainsi
le point gomtrique est, selon notre conception,
lultime et unique union du silence et de la parole.
Cest pour cela que le point gomtrique a trouv
sa forme matrielle en premier lieu dans lcriture,
il appartient au langage et signifie silence.
lment et lment
La notion dlment peut tre interprte de
deux faons : comme notion extrieure ou intrieure.
Extrieurement toute forme graphique ou picturale
est un lment. Intrieurement ce nest pas la forme,
mais sa tension vivante intrinsque qui constitue
llment.
En effet, ce ne sont pas les formes extrieures
qui dfinissent le contenu dune uvre picturale,
mais les forces-tensions qui vivent dans ces formes.
Si, subitement, par un mauvais sort, les tensions
disparaissaient ou svanouissaient, luvre vivante
disparatrait aussitt. Dautre part, tout assemblage
fortuit de formes diverses deviendrait une uvre.
Le contenu dune uvre piturale sexprime alors par
la composition (Zusammenstellung), autrement dit
par la somme intrieurement organise des tensions
voulues.
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Formation de nitrite
agrandie 1000 fois
Kultur Gegenwart
Sculpture Architecture
Temps
La stabilit du point, son refus de se mouvoir
sur le plan ou au-del du plan, rduisent au
inimum le temps ncessaire sa perception,
de sorte que llment temps est presque exclu
du point, ce qui le rend, dans certains cas,
indispensable la composition.
La nature
Dans un autre domaine autonome dans
la nature , nous rencontrons souvent une
accumulation de points, qui est toujours conforme
au but et organiquement ncessaire. Ces formes
naturelles sont en ralit des corpuscules
spatiaux. Leur rapport avec le point abstrait
(gomtrique) est le mme que celui du point
pictural. Nous pouvons aussi considrer le
monde entier comme toute une composition
cosmique complte, compose elle-mme dun
nombre infini de compositions autonomes de plus
en plus petites, toutes composes finalement,
dans le macrocosme comme dans le microcosme,
de points, ce qui rend au point, par ailleurs, son
tat originaire gomtrique. Ce sont des units de
points gomtriques, se trouvant sous diffrentes
apparences en quilibre dans linfini gomtrique.
Esquisse
de la
Pagode
de la beaut
du Dragon
Shangha
1. Amas
dtoiles
dans Hercule
photographie
ralise par
Yuugi Kitahara
les
btiments
chinois
tirent les
volumes
jusqu
une pointe
extrme
Facture
Art abstrait
Pointe
Point
2. Combinaison
complexe
(Komplex)
centre de
points libres
3. Un gris point
sapputant sur
de petits points
(pulvrisation)
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11
2
3
Mais
il existe
une autre
force,
prenant
naissance
non pas
dans le point
mais
lextrieur.
Cette force
se prcipite
sur le point ancr
dans le plan,
len arrache et le pousse
dans une quelconque
direction.
La tension concentrique
du point se trouvant
aussi dtruite,
le point disparat
et il en rsulte
un tre nouveau,
et soumis
dautre lois
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Cest la ligne.
Schma
des variations
de temprature
Archtypes
des mignes
droites
gomtriques
La
tension
est la force
vive de
llment.
La ligne
La ligne gomtrique est un tre invisible.
Elle est la trace du point en mouvement,
donc son produit. Elle est ne du mouvement,
et cela en premier lieu par lanantissement
de limmobilit suprme du point. Ici se produit
alors le bond du statique vers le dynamique.
La ligne droite
Quand une force venant de lextrieur fait mouvoir
le point dans une direction dtermine, se cre la
premire espce de ligne qui maintient, inchange,
la direction prise, avec une tendance continuer
tout droit vers linfini.
La tension est la force vive de llment.
Elle ne constitue quune part du mouvement actif.
Lautre part est la direction, dfinie elle aussi par
le mouvement. Les lments de la peinture sont
des rsultats rels du mouvement et cela comme :
1. tension
2. direction
Cette distinction alors cre en outre une base
pour pouvour dpartager les diffrentes sortes
dlments, comme par exemple le point et la ligne.
Le point ne possde quune seule tension et ne
peut avoir de direction, tandis que la ligne possde
indubitablement tension et direction.
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Densification
Cercle rsultant
de la densification
FORME
GRAPHIQUE
FORME
PICTURALE
Lignes droites
Couleurs primaires
1. Horizontale
2. Verticale
3. Diagonale
Noir
Blanc
Rouge
(ou Gris ou Vert)
Jaune et Bleu
Noir et Blanc
Si nous examinons les lignes droites schmatiques
spcialement la ligne horizontale et verticale
quant leurs proprits colores, la comparaison
avec Noir et Blanc simpose. Comme ces deux
couleurs (que lon appelait rcemment encore des
non-couleurs et que lon appelle aujourdhui
maladroitement couleurs non vives) sont des
couleurs silencieuses, ces deux lignes droites
sont aussi des lignes silencieuses. Ici et l la
sonorit est rduite au minimum : silence, ou plutt
chuchotement peine perceptible et calme. Noir
et Blanc se trouvent en dehors du cercle spectral,
et lhorizontale et la verticale aussi ont leur place
part parmi les lignes, car dans leur position centrale
elles sont uniques, et de ce fait isoles. Si nous
considrons la temprature du Noir et du Blanc, cest
plutt le Blanc qui parat chaud et le Noir absolu est
intrieurement froid. Ce nest pas par hasard que
lchelle chromatique horizontale va du Blanc au Noir.
Une descente lente et naturelle du haut vers le bas
Reprsentation
graphique
de la descente
Blanc
Jaune
Rouge
Bleu
Noir
Toutes
les correspondances
entre les lments
graphiques
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et picturaux
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ont une importance
capitale
pour un futur
trait de la
composition.
Lignes droites
libres sans
centre commun
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Lignes droites
libres avec
centre commun
Lignes brises
Rsonance-triple (Dreiklang)
Angles
Les exemples les plus simples de lignes brises
se composent de deux parties et sont le rsultat
de deux forces, dont laction a cess aprs une
pousse unique. Cet vnement dmontre la
diffrence importante entre lignes droites et lignes
brises : la ligne brise tablit une liaison bien
plus troite avec le plan, elle porte en elle dj la
promesse du plan. Le plan est en formation
et cest la ligne brise qui constitue le pont.
Trois rsonances
Ainsi correspondent les trois rsonances
diffrentes de ces trois formes :
1. le froid et domin,
2. lacr et suractif, et
3. le lourd [maladroit], faible et passif.
Ces trois rsonances, donc aussi ces trois angles,
donnent une belle traduction graphique
de la cration artistique :
1. Les caractres acr et suractif
de la conception intrieure (vision),
2. le caractre froid et domin de
lexcution magistrale (mise en uvre),
3. le sentiment dinsatisfaction et la sensation de
sa propre faiblesse une fois le travail accompli
(appel cafard [Kater] par les artistes).
Longueurs
Une autre dissemblance des lignes brises simples
est dfinie par les longueurs diffrentes des
segments, facteur qui modifie profondment
la rsonance de base de ces formes.
1
Ligne libre
angles
multiples
Lignes courbe
Si, en formant langle obtus, une force augmente
en agrandissant langle, celui-ci tend vers le plan et
tout particulirement vers le cercle. La parent entre
la ligne angle obtus, la ligne courbe et le cercle
nest pas de nature extrieure seulement, mais tout
Tension de
la ligne
droite et
de la ligne
courbe
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Rsonance absolue
La rsonance absolue des formes donnes
dpend de trois conditions en varie selon :
1. la rsonance des lignes droites par leurs
variations mentionnes (fig 2)
2. la rsonance de linclinaison par rapport
aux tensions plus ou moins aigus (fig3)
3. la rsonance dune tendance vers une
conqute plus ou moins complte du plan
(fig 4)
24
3
25
/// Partie 1 : Point et ligne sur plan // la ligne // contraste des lignes
Plans
Plus il y aura de forces agissant sur le point,
plus leurs directions seront diffrencies, et plus
les composantes dune ligne brise varieront
par leur longueur plus les plans seront compliqus.
Les variantes sont inpuisables (fig. 2).
paississement
Cet paississement de la ligne consiste en une
croissance ou dcroissance progressive ou
spontane de lpaisseur. Un exemple simple rend
superflue toute explication dtaille (voir fig. 6 et 7).
Nous montrons ici quelques combinaisons, non pas
dans lintention de donner une image complte,
mais uniquement pour indiquer le chemin vers des
compositions plus complexes.
Ligne ondule
Une courbe complique ou ondule peut
se composer de diffrents lments :
1. de segments de cercle, ou
2. de courbes libres, ou
3. de diffrentes combinaisons
des deux prcdentes.
Ces trois espces dfinissnt toutes les formes
de lignes courbes. Cette rgle sera confirme par
quelques exemples.
Ligne courbe ondule-gomtrique :
Rayon identique alternance rgulire des
pousses positives et ngatives. Parcours horizontal
avec tensions et relchements alternants (fig. 10)
Ligne courbe librement ondule Dformation de
la ligne ondule prcedente, maintenant le parcours
horizontal (fig. 11) :
1. laspect geometrique disparait,
2. les poussees positive et negative sont en
alternance irreguliere, la premiere est predominante
Ligne courbe librement ondule :
1. les tapes
de la gense
de la ligne
courbe
Rptition
Le cas le plus simple est une rptition rgulire
dune ligne droite intervalles identiques (fig.
9) rythme primitif, soit intervalles croissant
rgulirement (fig. 10), soit intervalles irrguliers
(fig. 11). Le premier exemple montre une rptition
donnant un renforcement quantitatif, comme dans
la musique lemploi de plusieurs violons renforce
le son dun seul. Dans le deuxime exemple une
rsonance qualitative sajoute au renforcement
quantitatif, ce qui correspondrait, en musique, la
rptition des mmes mesures aprs un intervalle,
ou la rptition en piano, ce qui modifie la
qualit de la phrase musicale. Le plus complexe est
le troisime exemple, qui montre un rythme plus
compliqu. Des combinaisons bien plus compliques
sont possibles avec les lignes brises et surtout
avec les lignes courbes. (fig. 5)
2. Complexification du plan
partir dun
assemblage
de lignes brises
26
27
3
2. Complexification du plan
partir dun
assemblage
de lignes brises
3. Diffrence
rythmiques en
fonction de
lespacement
4. Rptition
dune ligne droite
en alternant le
poids
5. Rptition
dune ligne ligne
brise.
6. Rptition
dune ligne
ligne oppose,
formation dun
plan
7. Rptition
dune ligne
courbe.
8. Ligne courbe
gomtrique
montante
9. La mme ligne
mais avec une
dcroissance
en continu de
lpaisseur,
produisant une
tension accrue
de la monte
Sculpture et architecture
Le rle et limportance de la ligne dans la
sculpture et dans larchitecture sont vidents
la construction dans lespace est en mme temps
une construction linaire. La base philosophique
de ces recherches devrait tre la connaissance
des rapports entre toutes ces formules plastiques
et atmosphre spirituelle des poques donnes.
Pour le moment, par logique et ncessit, le point
final de cette recherche sen tiendra aux lignes
horizontales et verticales tout en matrisant lespace
par les parties suprieures en porte faux du
btiment. De nos jours et en ltat actuel de la
technique, les matriaux de construction offrent
ici des possibilits plus grandes et plus sres.
Ce principe darchitecture doit tre dfini, selon
ma terminologie, comme froid-chaud et chaud-froid
suivant la prdominance des lignes horizontales
ou verticales. Un certain nombre duvres
importantes ont t cres dans cet esprit en
peu de temps et il en apparat de plus en plus
dans tous les pays (Allemagne, France, Pays-Bas,
Russie, Amrique, etc.).
Combinaison oppose
dune ligne courbe
avec une ligne brise.
Les caractristiques
des deux atteignent
une sonorit amplifie.
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Le rle et limportance
de la ligne dans la sculpture
et dans larchitecture
sont vidents.
La construction dans
lespace est en mme temps
une construction linaire.
10. Ligne
courbe
gomtrique
montante
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12. Combinaison
oppose dune
ligne courbe avec
une ligne brise.
Les caractristiques
des deux lignes
atteignent une
sonorit amplifie.
Ce serait
une tche
trs importante
pour la recherche
esthtique
que danalyser
le trac graphique
dans larchitecture,
et de trouver
une transcription
purement graphique
de toutes ces
constructions.