PMT CST BDR Sud 200509
PMT CST BDR Sud 200509
PMT CST BDR Sud 200509
Au-delà du contenu formel attendu dans un projet médical de territoire finalisé, le processus
même d’élaboration et de formalisation du projet médical de territoire est considéré comme
un outil de la territorialisation des politiques d’organisation des soins. Il doit faciliter le
dialogue entre tous les partenaires intervenant de l’offre de soins territoriale. Ainsi que le
rappelle la circulaire DHOS/F2/2007/214 du 2 juin 2007, l'élaboration des projets médicaux
de territoire constitue le vecteur du nécessaire dialogue que les établissements doivent
poursuivre dans le cadre de la mise en oeuvre des SROS, au sein de chaque territoire de santé,
et le cas échéant, avec les territoires voisins.
Le projet médical de territoire doit aussi favoriser la convergence des projets et des
orientations de tous les acteurs de l’offre de santé du territoire, autour d’un objectif commun
Version 20 mai 2009 2 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
de couverture des besoins de la population. Ainsi en introduction du SROS III en PACA, il est
rappelé que « les projets médicaux de territoires qui devront être élaborés par les conférences
sanitaires de territoire auront à coeur de rechercher cette cohérence. » (entre les différents
segments de l’offre de santé présents au sein d’un même territoire).
Enfin, le projet médical de territoire décline, en fonction des besoins de sa population, les
priorités de son offre de soins. Il représente en cela une opportunité à saisir, dans la
perspective de la première révision du SROS prévue au cours de l’année 2008, notamment
pour ce qui concerne la révision des Objectifs Quantifiés (SROS, p.XV).
- la définition de leurs contours (arrêté du DARH du 28 janvier 2005, révisé par arrêté
ministériel du 12 janvier 2006) et par la publication du SROS le 11 avril 2006.
Définition du contenu et des objectifs, désignation des acteurs, tout est aujourd’hui en place
pour l’élaboration d’un projet médical du Territoire des Bouches-du-Rhône Sud. C’est dans
ce but que la Conférence Sanitaire des Bouches du Rhône Sud et l’AP-HM, agissant comme
promoteur de la mission pour le compte de la CST, ont confié à la Nouvelle Fabrique des
Territoires une mission d’assistance méthodologique en vue de l’élaboration d’un projet
médical de territoire dans le Territoire de Santé des Bouches-du-Rhône Sud.
Les travaux du Projet Médical de Territoire des Bouches-du-Rhône Sud ont été lancés fin
février 2008, sur la base d’une proposition de démarche validée en CST le 21 février 2008,
comprenant trois grandes étapes :
- L’élaboration d’un diagnostic territorial stratégique
- La détermination des axes de coopération et plans d’action
- La conception d’outils de communication pour le PMT
La première étape s’est déroulée sur 5 mois entre mars et juillet 2008. Sur cette période, la
Nouvelle Fabrique des Territoires a mené un travail d’analyse statistique et documentaire et
des entretiens sur site auprès des responsables de la quasi totalité des établissements du
territoire (mai, juin, juillet). Cette étape a été encadrée par deux réunions du comité de
pilotage les 10 avril et 10 juin 2008 au cours desquelles la NFT a présenté et discuté les
résultats intermédiaires de ses travaux, et recueilli, à travers les échanges avec le comité de
pilotage, les préoccupations de la Conférence Sanitaire de Territoire.
LLAA DDEETTEERRM
MIIN
NAATTIIO
ONND
DEESS A
AXXEESS D
DEE CCO
OOOPPEERRA
ATTIIO
ONN EETT PPLLA
AN D’’A
NSS D ACCTTIIO
ONN
Sur cette base de diagnostic, ont été organisés deux séminaires afin de déterminer les axes de
travail du projet médical de territoire. Ces séminaires ont réuni plus d’une vingtaine de
participants, comprenant les directions et/ou les représentations médicales des établissements
du territoire, mais aussi les représentants des usagers, les responsables santé de la commune
de Martigues, très engagée dans la démarche, et quelques personnalités qualifiées choisies en
accord avec la CST.
Le premier séminaire s’est déroulé le 25 juin 2008. Il a consisté à dégager, à partir des textes
légiférant sur les PMT, et de l’examen en commun de Projet Médicaux de Territoire déjà
réalisés, les critères de qualité auxquels devait répondre le Projet Médical de Territoire des
Version 20 mai 2009 4 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
Bouches-du-Rhône : ouverture, opérationnalité et spécificité territoriale ont été les trois
critères de qualité avancés. Dans un second temps, un retour sur les éléments du diagnostic
sur le territoire des Bouches-du-Rhône Sud a permis d’établir une première liste de thèmes
devant figurer dans le Projet Médical de Territoire.
Le second séminaire s’est déroulé le 11 septembre 2008. Il a visé à compléter la liste des
thèmes évoqués lors du précédent séminaire, avant de les hiérarchiser, l’objectif étant, pour
répondre aux critères de qualité du PMT, de n’avoir pas plus de 6 thèmes traités. La liste
initiale des 15 thèmes a fait l’objet d’un classement selon deux dimensions essentielles :
l’originalité et l’utilité de leur traitement par le PMT d’une part, et leur faisabilité ou de leur
réalisme d’autre part.
L’équipe-pilote ainsi constituée a établi, à partir des grandes orientations données lors du
séminaire du 11 septembre et des suggestions de la CST le 16, un mandat pour l’atelier. Y
sont décrits les principaux objectifs de l’atelier, la méthode de travail, ainsi que le calendrier
des quatre réunions d’une demi-journée chacune, qui ont scandé le rythme de travail des
ateliers.
Chaque atelier comprend une vingtaine de personnes invitées. La composition de ses ateliers a
cherché à remplir plusieurs critères de réussite au premier rang desquels les compétences et
expériences des participants, et la représentativité non seulement des établissements mais
aussi de tous les acteurs investis dans champ.
Ces réunions se sont tenues entre début décembre et mi mars. Chaque réunion a été organisée
autour d’une ou plusieurs interventions et/ou d’un exposé de travaux statistiques
complémentaires réalisés par la Nouvelle Fabrique des Territoires pour éclairer des points
précis abordés par l’atelier. Chaque réunion a donné lieu à un compte-rendu synthétique
permettant d’avancer positivement dans la réflexion. La dernière séance de chaque atelier a
été consacrée aux conclusions et recommandations qu’il souhaitait porter à la connaissance de
la CST. Seul l’atelier psychiatrie a tenu un calendrier, qui, pour diverses raisons, est un peu
décalé. Deux réunions de l’atelier ont toutefois déjà eu lieu dont l’une dans la Mairie de
Marseille. La synthèse de ses travaux est à ce jour en cours de discussion.
Le 25 mars, une réunion de tous les ateliers a été organisée au Centre Hospitalier de
Martigues. Tous les participants des ateliers ont été conviés, et beaucoup d’entre eux se sont
montrés intéressés puisque plus d’une quarantaine de personnes se sont jointes à cette demi-
journée de travail et de restitution des travaux.
Le présent document qui constitue le Projet Médical de Territoire des Bouches du Rhône Sud
dans sa version de 2009 se compose de 5 chapitres thématiques, présentant les résultats des
travaux des ateliers et les propositions, et d’un chapitre de conclusion, en forme de synthèse
des grandes orientations d’ensemble. La synthèse de l’atelier psychiatrie sera réintroduite
dans ce travail dès que ses conclusions auront été validées.
L’Atelier Périnatalité s’est consacré à dresser un état des lieux de ces difficultés (première
partie) et à chercher à y apporter collectivement des solutions opérationnelles et pérennes
(deuxième partie) .
120
110
100
90
80
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Les données de l’INSEE sur les naissances domiciliées entre 1989 et 2007 permettent d’en
observer l’évolution sur le territoire des Bouches-du-Rhône Sud.
Entre 1989 et 2000 les naissances sur le territoire des Bouches du Rhône Sud, comme sur
l’ensemble du département, ont diminué de plus de 4 %, avec notamment en début de période
des taux de croissance annuels négatifs qui ne furent pas compensés par la faible croissance
annuelle qui a suivi.
À partir de 2000, la croissance des naissances sur le territoire connaît une nouvelle phase. La
forte hausse du nombre des naissances entre 1999 et 2000 a été suivie d’une croissance
presque continue depuis, établissant à 16 779, le nombre des naissances en 2007, soit une
croissance de 6 % par rapport à 1989, année de référence.
C’est sur le territoire de Marseille que cette nouvelle phase de croissance est la mieux établie,
les territoires d’Aubagne-La Ciotat et de Martigues connaissant une croissance plus limitée et
plus erratique. Ainsi, en 2007, à Marseille Sud et à Marseille Nord, le nombre de naissances a
été respectivement 14 % et 18 % plus élevé qu’en 1999.
La répartition des naissances entre les établissements du territoire des Bouches-du-Rhône Sud
a considérablement évolué ces quinze dernières années. L’observation à partir du
questionnaire de la SAE consacré à l’activité de naissances des établissements (Q16), recueilli
depuis 1994, montre clairement le recul progressif des établissements privés sur cette offre.
10000
9000
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
2500
2000
1500
1000
500
0
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
4500
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
900
850
800
750
700
650
600
550
500
450
400
1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008
Au total, plus que la tarification à l’activité, ce sont les normes du décret périnatalité qui ont
été particulièrement contraignantes pour les établissements privés.
Aujourd’hui, la T2A
Part des différents secteurs dans les accouchements sur le territoire des créée de nouvelle
60
Bouches du Rhône Sud 1994, 2000, 2006
contraintes sur les
1994 2000 2006 établissements publics,
mais s’accompagne aussi
40
50,5 d’un relâchement des
contraintes financières
57,2
40,6
sur le privé : la
20
45,9 convergence des tarifs est
29,2 29,9 en marche, qui devrait
12,9
20,2
conduire à un
13,4
rééquilibrage des rôles et
au maintien des
0
Le troisième facteur expliquant les difficultés rencontrées par la filière périnatalité tient à une
adaptation lente des capacités des établissements pour faire face à la croissance des naissances
sur le territoire, et plus particulièrement à Marseille.
Ces distorsions dans l’adaptation des capacités des différents secteurs qui participent à la
filière périnatalité ne concernent pas tous les territoires. Ainsi, à Martigues, les capacités du
Centre Hospitalier ont progressivement augmenté depuis la fermeture de la maternité d’Istres,
accompagnant l’augmentation des accouchements depuis 2003 : avec au total 10 lits
supplémentaires installés, le taux d’occupation est maintenu à 70 %. À Aubagne-La Ciotat,
les capacités ont peu augmenté. Cette stabilité des capacités a permis d’améliorer légèrement
le taux d’occupation des lits, qui passe de 67 à 70 % entre 2000 et 2006, mais n’a pas favorisé
la convergence des taux d’équipement, laissant subsister des écarts importants de taux
d’occupation entre les trois maternités. En 2007, le Centre Hospitalier d’Aubagne a installé
deux lits supplémentaires, ce qui a ramené le taux d’occupation à un niveau plus acceptable
(90 %) qu’il ne l’était en 2006 (107 %).
78,3 96,3
87,5
86,8
83,5 77,2
0,0
PNL Privé Public
CLINIQUE BOUCHARD
HOPITAL DE LA CONCEPTION
HOPITAL NORD
CH D'AUBAGNE
CH DU PAYS D'AIX
CH SALON DE PROVENCE
Hopital SAINT-JOSEPH
CH RAYETTES MARTIGUES
CH JOSEPH IMBERT
CLINIQUE DE VITROLLES
CLINIQUE BEAUREGARD
CLINIQUE LA CASAMANCE
CH DE LA CIOTAT
40 50 60 70 80 90 100
Conclusion
Le renouveau de la croissance des naissances sur Marseille intervenu depuis 2000, couplé aux
imposantes opérations de modernisation de l’offre des maternités privées de la ville,
opérations qui ont momentanément soustrait une partie de leurs capacités, ont plongé le
secteur public marseillais dans une situation difficile, à laquelle il n’a pas été en mesure de
répondre assez rapidement. C’est cette conjonction de facteurs intervenus sur les cinq
dernières années, qui explique une bonne part des dysfonctionnements constatés sur la filière,
dysfonctionnements en réalité plus concentrés sur Marseille que sur les territoires
périphériques d’Aubagne-La Ciotat ou de Martigues.
Les transferts sont largement supervisés dans le cadre de l’activité de régulation du réseau
Périnatalité-Sud Paca, qui couvre près de 90 % des 1 044 transferts materno-feotaux recensés
en 2007, et 60 % des 963 transferts néonataux. Le réseau est à cet égard l’une des sources
d’information les plus précises et les plus fiables pour observer au travers de ces transferts, le
fonctionnement de la filière périnatalité sur le territoire.
En particulier, on peut examiner, selon le type et le statut des maternités, leur forme
d’intégration dans les réseaux de transfert materno-fœtaux. Les données recueillies par le
Réseau Périnatalité Paca Sud distinguent les demandes et les réceptions de transfert des
établissements. Compte tenu du rôle accordé aux différents niveaux de maternité dans la prise
en charge des grossesses, on s’attend à ce que la part des demandes dans le total des
accouchements soit plus importante pour les maternités de niveau 1, que pour les maternités
de niveau II et a fortiori de niveau III. Cette graduation est inversée pour les réceptions, les
maternités de niveau I n’étant pas supposées pouvoir recevoir d’autres accouchements que des
accouchements sans risque, tandis que ce sont les accouchements à risque ou à risque supposé
qui sont les candidats « naturels » aux transferts materno-fœtaux.
Les maternités de niveau I ont bien un recours soutenu aux transferts materno-
fœtaux, mais dans le Nord du département, en l’occurrence à la maternité de Vitrolles, elles
remplissent aussi un rôle dans la réception des transferts, rôle certainement associé à la
régulation des naissances à bas risque, que l’on ne retrouve pas de façon aussi marquée sur les
Bouches-du-Rhône Sud, ni auprès des maternités de niveau I.
Sur le territoire des Bouches-du-Rhône Sud, le secteur des maternités privées
commerciales de type IIB apparaît légèrement en retrait des mouvements de transferts. Leur
taux de réception sont relativement plus faibles que ceux des maternités publiques IIB, qui
demandent proportionnellement moins de transferts et en réceptionnent plus. Le contraste est
encore plus marqué avec l’Hôpital Saint Joseph du secteur privé non lucratif, qui se distingue
par le taux de réception des transferts materno-fœtaux pour 1000 accouchements le plus élevé
de cette catégorie II B de maternités.
Les maternités de niveau III, présentent un taux de demande de transferts materno-
feotaux dont le niveau peut paraître surprenant pour des maternités supposées couvrir toutes
les grossesses, mais qui ne l’est plus lorsque l’on connaît le taux d’occupation de ces
maternités, et les problèmes de saturation documentés précédemment. Les transferts
Version 20 mai 2009 18 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
demandés par l’Hôpital Nord (65 demandes) comme par Conception (27 demandes)
concernent majoritairement des accouchements à bas risque, que ces maternités ne peuvent
plus accueillir faute de places suffisantes.
Mais ces observations chiffrées ne résument pas toutes les difficultés opérationnelles qui se
posent au réseau pour assurer les transferts materno-fœtaux. L’analyse de l’atelier a mis en
lumière différents types de transferts. Il faut distinguer d’un côté les transferts pathologiques
de patientes suivies, qui s’opèrent sans trop de problème dans le cadre du réseau, et de l’autre
les transferts d’urgence. Pour ce qui concerne les transferts de grossesses pathologiques, la
principale difficulté tient à l’évaluation possiblement divergente des risques entre les
spécialistes au sein d’un même service de maternité. Mais cette difficulté reste marginale.
Les transferts d’urgence représentent plus d’une centaine d’appels téléphoniques par mois. Le
réseau participe à la régulation au côté du SAMU. Ces appels font tous l’objet d’une
consultation en urgence, les patientes étant transportées soit par SMUR, soit par les pompiers
ou par ambulance. Le placement de ces patientes amenées par les services d’urgence est
problématique. Là encore, il faut distinguer deux cas de figures, selon que les patientes sont
suivies ou pas.
Pour les patientes suivies, transférées dans une autre maternité, la difficulté centrale est de
faire parvenir très rapidement le dossier médical, condition d’acceptation du transfert, pour les
spécialistes des maternités privées, mais plus généralement condition de sécurité de la prise en
charge de ces patientes.
En revanche, pour les patientes qui n’ont pas été suivies jusque-là, le transfert ne peut, dans la
pratique, avoir lieu vers les maternités privées, car les gynécologues obstétriciens ne peuvent
pas endosser la responsabilité medico-légale d’une telle prise en charge. De leur côté, les
maternités publiques sont tenues de recevoir ces patientes, dans le cadre de leur mission de
service public, et seraient, au contraire sujettes, à un risque médico-légal en cas de refus. Mais
l’accueil de ces patientes, dans les conditions de fortes tensions sur les capacités disponibles
des maternités publiques de l’Hôpital Nord et de Conception, perturbe grandement
l’organisation des services. Il peut supposer des acrobaties consistant à transférer vers
d’autres établissements du territoire, avant ou même après leur accouchement, des patientes
suivies dans ces maternités, créant une forte insatisfaction des patientes, bien entendu, mais
aussi des équipes soignantes, soucieuses du confort de leurs patientes.
L’analyse des transferts materno-fœtaux sur le territoire des Bouches du Rhône Sud conduit à
considérer que les principaux dysfonctionnements de la filière périnatalité tiennent moins à la
régulation des grossesses pathologiques, à laquelle tous les établissements participent, qu’à la
régulation des transferts d’urgence, notamment celles de patientes non suivies. Seules les
maternités publiques peuvent endosser la responsabilité médico-légale de ces patientes,
souvent transférées en urgence, mais pour l’accueil desquelles les volants de capacités
disponibles sont trop limitées, appelant de nouveaux transferts d’autres patientes.
LLAA GGRRAADDUUAATTIIOONN DDEESS NNAAIISSSSAANNCCEESS SSUURR LLEE TTEERRRRIITTOOIIRREE DDUU RREESSEEAAUU PPEERRIINNAATTAALLIITTEE
SSUUDD PPAACCAA C
COORRSSEE
L’analyse est produite à partir d’un regroupement opéré des principaux GHM de naissances,
sur la base des propositions émises par l’atelier. Les données retracent la répartition des
naissances selon les niveaux de maternité, en effectifs, en part du total des séjours
consommés, en part du total des séjours produits par les différents établissements. (Cf.
tableaux en annexe de ce chapitre) Deux niveaux d’analyse sont proposés :
- un niveau agrégé à l’ensemble des maternités selon leur type, pour les deux territoires de
réseaux périnatalité de la région PACA, maternité par maternité,
- un niveau individuel, par maternité pour chacun des territoires.
Globalement, la graduation des soins paraît correcte au regard de ce qui est attendu pour les
différents niveaux de maternité…
En effet, les nouveaux-nés de moins de 1000 g sont quasi-exclusivement pris en charge dans
les maternités de niveau III : seuls quelques cas, dont on notera qu’ils se concentrent sur le
territoire de santé d’Avignon, n’ont pas été dirigés sur l’AP-HM.
Pour ce qui concerne les nouveaux-nés de 1500 à 2000 g, les maternités de niveau III restent
dominantes, mais sont vite suivies par les maternités de niveau IIb puis juste derrière IIa. On
notera cependant pour ces naissances une différence entre les établissements publics et privés.
Les maternités privées sont en léger retrait pour cette catégorie de naissances, qui prend une
place moindre dans leur activité que dans celles des maternités publiques de même niveau IIb.
L’une des explications de cette différence tient à l’adossement ou non des maternités à un
service de pédiatrie.
La première distorsion concerne les nouveaux-nés de 1000 à 1500 g. Pour cette catégorie de
poids des naissances, on constate une intervention non négligeable des maternités de niveau
IIb, qui couvrent un tiers des séjours, alors même que l’on recommande dans le protocole du
Version 20 mai 2009 20 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
réseau, une prise en charge en niveau III. Le CH d’Aix-en-Provence et l’hôpital Saint Joseph
sont les principales maternités de niveau IIb engagées sur ces naissances de 1000 à 1500g.
Mais en proportion du volume de naissances, on retrouve également les CH d’Avignon et de
Toulon. Il faut bien voir que le volume de ces naissances n’est pas négligeable et pourrait
difficilement être pris en charge, dans les conditions actuelles, par les seules maternités de
niveau III, comme il est prévu et conseillé par le réseau et les normes internationales.
Cette situation est le résultat de l’adaptation des maternités de la région à une dotation
particulièrement faible de lits de néonatologie, qui sont longtemps restés à 0,30 lits pour 1000
naissances quand ailleurs en France ce même taux d’équipement était compris entre 0,5 à 1.
Ces adaptations ont perduré depuis, mais il faut rester vigilant sur cet état de fait, dans un
contexte où la démographie des pédiatres dans les maternités régionales se dégrade, risquant
de menacer les conditions de sécurité jusque là réunies.
La seconde interrogation concerne les nouveaux-nés de plus de 2000 g avec problème majeur.
Ils sont relativement nombreux dans les maternités de type I, et il serait important d’avoir plus
d’information sur la nature des problèmes majeurs, ainsi que sur leur éventuel transfert en
maternité de niveau III.
Conclusion
L’organisation des naissances sur le territoire du Réseau Périnatalité Sud Paca Corse offre une
graduation aujourd’hui bien établie, avec, globalement, une bonne participation des
maternités de type I, II et III à la prise en charge des naissances auxquelles elles sont
respectivement habilitées. Dés lors, l’amélioration de la graduation des naissances ne peut être
que marginale. Les perspectives d’un renforcement des transferts de grossesses à risque vers
les maternités de niveau IIB et IIA sont en réalité limitées, trop limitées pour desserrer
significativement les contraintes de capacités que connaissent depuis quelques années les
maternités publiques de niveau III.
Dans ce contexte, le réseau Périnatalité Sud Paca Corse voit son travail quotidien de
régulation s’alourdir vers la régulation des grossesses à bas risque, rendue difficile par la part
grandissante des transferts d’urgence, qui, pour diverses raisons médico-légales, placent les
maternités publiques en premier plan.
Reste à savoir si les perspective d’évolution de l’offre permettront d’améliorer à moyen terme
la situation.
L’un des éléments important de l’état des lieux de cet atelier a été de mettre à plat les
perspectives de l’offre des différentes maternités du territoire. Tous les établissements se sont
prêté à cet exercice et ont exposé leur projet médical respectif, à l’horizon des 3 ou 4 années
qui viennent.
Les prévisions du nombre d'accouchements des établissements du territoire des Bouches-du-Rhône Sud
Prévisions
Accouchements Accouchements Croissance en Taux de
Etablissements 2006 2012* nombre croissance
CH Edmond Garcin d'Aubagne 828 1000 172 20,8%
CH de La Ciotat 695 700 5 0,7%
Clinique La Casamance 559 750 191 34,2%
Territoire d'Aubagne-La-Ciotat 2082 2500 418 20,1%
Clinique Beauregard 2160 3000 840 38,9%
Clinique Bouchard 2479 2700 221 8,9%
Hôpital de la Conception 2927 3200 273 9,3%
Hôpital Nord 2358 2500 142 6,0%
Hôpital Saint-Joseph 3528 3800 272 7,7%
Territoire de Marseille 13452 15200 1748 13,0%
CH Rayettes Martigues 2018 2000 -18 -0,9%
Territoire de Martigues 2018 2000 -18 -0,9%
Territoire des Bouches du Rhône Sud 17552 19700 2148 12,2%
* prévisions données par les responsables d'établissements, hors CH La Ciotat
L’ensemble des projets des maternités représente une augmentation de plus de 2000
accouchements pour les établissements du territoire. La majorité des établissements ont prévu
une augmentation de l’ordre de 8 % du nombre d’accouchements de leur maternité. Seule la
maternité de Beauregard, qui a achevé les travaux importants réalisés, et celle de La
Casamance, qui a dores et déjà entrepris les démarches pour embaucher un nouveau
gynécologue obstétricien, prévoient une augmentation de l’ordre de 35 % de leur niveau
actuel d’activité. Le Centre Hospitalier de Martigues ne prévoit pas d’évolution majeure de
son activité aujourd’hui stabilisée autour de 2000 accouchements.
Conclusion
Il ne fait aucun doute que, si ces prévisions se réalisent, les maternités du territoire
présenteront ensemble une capacité d’offre probablement plus importante que la croissance
des naissances sur le territoire, et en tout état de cause largement suffisante pour y répondre
dans de bonnes conditions. Ces perspectives de redéploiement de l’offre laissent entrevoir
l’ouverture d’une nouvelle période de concurrence accrue entre les maternités.
L’état des lieux a finalement permis d’établir que le problème central de saturation de l’offre
des maternités publiques de Marseille, pour réel qu’il soit, est appelé à disparaître dans les
prochaines années, avec la mise en œuvre des différents projets des maternités du territoire.
Pour autant, tous les problèmes ne seront pas résolus par la croissance des capacités prévues
de l’offre. L’atelier propose trois axes de recommandation :
- Gérer la période transitoire de saturation des capacités
- Préparer l’avenir
- Pérenniser le dialogue et l’échange sur le territoire
G
GEERREERR LLAA PPEERRIIOODDEE TTRRAANNSSIITTOOIIRREE DDEE SSAATTUURRAATTIIOONN DDEESS CCAAPPAACCIITTEESS
Il faudra attendre encore deux ou trois ans avant que l’ajustement des capacités aux besoins
de naissances sur le territoire soit effective. Pour limiter les dysfonctionnements prévisibles
durant cette période transitoire deux propositions sont avancées.
Le réseau suit de près l’état de saturation des établissements à partir des réponses qui lui sont
données lors des demandes de transferts. Néanmoins, cet outil ne représente pas une
information homogène. Pour les deux maternités de l’Hôpital Nord et de la Conception, il
s’agit d’un fax de point des lits, qui permet de suivre les états de saturation. Pour les autres
établissements, il s’agit des réponses négatives données par les établissements aux demandes
de transfert qui leur sont adressées.
Les trois premières colonnes pouvant être pré-remplies, la personne responsable n’aurait que
deux colonnes à remplir au jour le jour.
Cet outil ne se substituera pas aux appels téléphoniques du réseau en cas de demande de
transfert. Mais il permettra d’identifier plus rapidement les établissements vers lesquels le
réseau peut se tourner et d’assurer la transparence des informations entre les établissements
pour la régulation des naissances.
L’analyse de la répartition des naissances selon le poids des nouveaux-nés à permis de voir
que, pour l’essentiel, la graduation des prises en charge était assurée et bien assurée sur le
territoire. Elle a cependant soulevé quelques interrogations autour de deux faits :
- la part moins élevée des nouveaux-nés de plus de 2000 g avec problèmes
majeurs dans les maternités de niveau III du territoire Sud que dans celles
du territoire PACA-Est;
- la part relativement importante des nouveaux-nés de plus de 1000 à 1500 g
dans les maternités de niveau II.
Cette proposition peut paraître incongrue pour qui considère que les naissances à bas risque
sont en réalité autorégulées à travers le libre choix de la patiente en relation avec le
gynécologue obstétricien qui la suit. Dans le cas de grossesses « à bas risque », qui ne
présentent donc pas de problème spécifique, les maternités sont en mesure de connaître, au
regard du nombre de patientes suivies, les échéances prévisibles des accouchements qu’elles
accueilleront. La régulation des accouchements à bas risque ne pose donc en théorie pas de
difficultés majeures.
Dans le contexte actuel de saturation de leurs capacités, les maternités publiques ne disposent
pas de la marge qui serait nécessaire pour accueillir, sans bouleverser le programme des
services, et celui des patientes suivies, ces demandes d’accouchements non programmées.
Pour mieux réguler les accouchements à bas risque, plusieurs actions sont envisagées. La
première consiste à améliorer le transfert des dossiers médicaux des patientes, qui,
lorsqu’elles appellent en urgence, peuvent alors être dirigées vers des maternités privées. Leur
prise en charge ne pose pas de difficulté dés lors que les spécialistes disposent du dossier
médical et d’une couverture sociale, y compris CMU ou AME mais toutes les parturientes ne
sont pas forcément dans cette situation là.
La seconde action consiste à mieux estimer cette part des naissances non programmées sur le
territoire. Les données sur le suivi des grossesses existent en théorie, mais sont en réalité
difficilement exploitables. Il y a au moins deux sources de données sur cette question. La
première est celle dont dispose la PMI à partir des certificats du 8iem. Jour, riche
d’information, et dont l’un des items est la consultation au premier, second ou troisième
trimestre. En 2008, 144 patientes ont été recensées sur cette base comme ayant eu leur
première consultation au second (54) ou troisième (84) trimestre : ceci représente 8 patientes
pour 1000 accouchements. Mais ces données ont un taux de remplissage très variable entre les
établissements (10 % à la Conception, 24 % au CH de Martigues, contre 94 % au CH
d’Aubagne, 83 % à Nord, 80 % à Saint Joseph…), trop variable pour constituer une base
fiable : de grandes incertitudes pèsent sur ce chiffre brut global, aucune comparaison entre
établissement n’est sérieusement envisageable, et les modifications de questionnaires rendent
l’analyse rétrospective trop périlleuse pour être envisagée. Ces données, malgré leur caractère
obligatoire et la charge qu’en a la PMI sont donc absolument sans intérêt et, en l’état, on ne
voit pas pourquoi elles sont recueillies alors même que si elles étaient correctement remplies,
elles seraient de la plus grande utilité et éviteraient l’empilement de questionnaires ad hoc
que comprennent mal les équipes.
femmes de 15 ans à 49
Bassins de recours aux
hospitaliers dans le
cadre d'un suivi de
sur le territoire le suivi des
Nb. De séjours
grossesses apparaît conforme à ce
qu’il est en moyenne dans la
à 49 ans
région. Les résultats ne mettent
pas en avant de défaut de suivi des
ans
patientes, si ce n’est peut-être sur
Istres 872 89
Martigues 547 87 le territoire de Martigues, où le
Marseille 768 113 recours aux soins de ville comme
Aubagne 1020 95 aux soins hospitaliers pour suivi
La Ciotat 835 120 de grossesse est plus faible qu’en
Marignane 887 92
Vitrolles 870 94 moyenne dans la région. Mais
PACA 725 96 dans le cas qui nous concerne ici,
source : MRS-CR ONDPS-Insee 2006, il est clair que ce que l’on cherche
Analyse Territoriale de l'offre de soins spécialisés en 2005 à tracer ne peut-être bien repéré.
Ces données portant sur le recours
aux soins des patientes inscrites au régime général de la sécurité sociale, les résultats sous-
estiment certainement une partie des défauts de suivi de grossesse, qui touchent plus
sensiblement des patientes ne relevant pas de ce régime. On ne dispose donc pas d’estimation
de la part des patientes qui ne sont pas suivies ou dont l’accouchement n’est pas programmé à
l’établissement où elles se présentent, ni de l’évolution de cette pratique. Une étude pourra
être élaborée pour répondre à cette interrogation.
Préparer l’avenir c’est anticiper sur les changements, et promouvoir les formes novatrices de
prise en charge qui tendent à se développer. Deux propositions sont formulées ici, l’une
relative à la démographie médicale, l’autre à la coopération pour le développement de l’HAD.
Sur le territoire des Bouches-du-Rhône Sud, 2 profils sont présents. Marseille apparaît comme
un bassin urbain, où les besoins de la population sont bien couverts, à proximité, avec une
forte densité de l’offre libérale, caractérisée par la part élevée des pédiatres à honoraires libres
(50% contre 26 % en moyenne régionale), et un niveau de recours 20 % supérieur à ce qu’il
est ailleurs.
1
Analyse territoriale de l’offre et de la consommation de soins spécialisés en 2005 – PACA – Document de travail (Mission
Régionale de Santé - Comité régional de l’ONDPS) Novembre 2007.
Version 20 mai 2009 27 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
Les territoires de santé de Martigues et d’Aubagne-La Ciotat présentent un profil différent,
pour lequel les conditions d’accès restent favorables, la densité de pédiatre libéral est
conforme à la moyenne régionale, mais où la proportion de pédiatres libéraux ayant une forte
activité est deux fois plus importante qu’en PACA, signalant une relative saturation de l’offre
de soins de ville. Enfin, signalons la situation plus préoccupante encore du bassin voisin de
Vitrolles, caractérisé par une moins bonne couverture des besoins, une proportion élevée
(60 %) de pédiatres libéraux à honoraires libres, tandis que le recours à cette offre est plus
faible, avec un report marqué sur le recours à l’omnipraticien.
Les Bouches-du-Rhône Sud, qui, à bien des égards, constituent un territoire relativement
épargné des problèmes de démographie médicale parfois sévères que connaissent ses voisins
dans la région, présente donc, dans sa périphérie, les signes d’une fragilité croissante de
l’offre de pédiatres libéraux.
L’objectif de cette proposition est d’organiser une veille sur cette question, et de renforcer les
liens entre les établissements du territoire et les responsables de formation de la Faculté. Elle
présente deux volets :
- un recueil de l’information sur les besoins des établissements pour les
spécialistes comme pour les sages-femmes
- un rapprochement avec les unités de formation, à travers d’une part
l’ouverture de la CST à la participation du doyen de l’UFR et de l’ORDPS,
et d’autre part, de façon plus opérationnelle, un resserrement des liens des
maternités avec les responsables de services, qui ont une connaissance
précise du nombre d’internes en dernière année de clinicat et des souhaits
d’orientation professionnelle de ces derniers.
L’HAD présente plusieurs intérêts, au premier rang desquels celui de répondre à une demande
sociale grandissante, qui en France voit le jour au moment où elle est ailleurs, comme en
Suède par exemple, déjà très développée. Cette alternative à l’hospitalisation complète est
particulièrement recommandée pour certaines grossesses pathologiques, qui exigent plus de
surveillance que de soins à proprement parler, comme pour les menaces prématurées de
rupture de membranes.
Mais de nombreuses conditions doivent être remplies pour réaliser l’HAD obstétricale. Il faut
d’abord que l’environnement et le cadre de vie sociale de la patiente répondent aux besoins de
repos et de vigilance qu’impose son état. Il faut ensuite que les relais auprès des sages-
femmes libérales ou salariées qui interviennent à domicile organisent une véritable
Version 20 mai 2009 28 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
permanence des soins, y compris les week-end. Il faut enfin que l’activité n’entre pas en
contradiction avec l’équilibre financier des établissements et services de maternités, dont on
attend dès demain, dans le cadre de la T2A, une croissance de l’activité.
L’AP-HM a engagé une analyse financière sur ce thème de l’HAD obstétricale, qui pourra
constituer une première base de réflexion sur la faisabilité d’une telle coopération avec
d’autres établissements candidats.
Il serait dommage de ne pas pérenniser le dialogue et les échanges qui sont nés dans le cadre
de l’élaboration du projet médical de territoire. Il ne s’agit pas de créer une nouvelle instance,
mais plutôt un espace de relations qui ne s’apparente entièrement ni à celui très spécifique du
réseau périnatalité, ni celui plus large de la conférence sanitaire de territoire.
Sous l’égide de la CST des BdR Sud, il est prévu à cet effet d’organiser une rencontre
annuelle des responsables médicaux et de direction des maternités, du réseau Périnatalité, de
la PMI et des représentants des professions libérales.
L’objet de cette rencontre sera de faire le point sur les différentes propositions, de prévenir les
risques de défaillances de tel ou tel opérateur, de suivre la graduation des soins et
l’organisation des transferts, de faire l’état des lieux des besoins de professionnels…
d’échanger les informations sur la situation actuelle des naissances sur le territoire.
Un rapport annuel d’étude sur la situation de la périnatalité et son évolution devrait pouvoir y
être présenté et donc devrait pouvoir être préparé à cet effet.
La parution des décrets 376 et 377 du 17 avril 2008 réglementant l’activité de soins de suite et
de réadaptation a représenté un enjeu important pour le Projet Médical de Territoire.
Premièrement, et très concrètement, ils ouvrent une procédure de révision du volet SSR du
SROS 3, à laquelle succèdera, à partir de novembre 2009, une remise à plat de l’ensemble des
demandes d’autorisations des établissements concernés par cette activité. Disposer des
éléments d’information et d’analyse à la veille de cette période était donc important pour tous
les établissements. Deuxièmement, d’importantes transformations législatives et
réglementaires rebattent les cartes et révisent les frontières d’activité des filières de soins pour
les personnes âgées dépendantes. Ainsi, la reconnaissance de spécialité de gériatrie par ces
décrets et la répartition, prévue par la loi n°2005-1579 du 19 décembre 2005 de financement
de la Sécurité Sociale pour 2006, des capacités des USLD entre le sanitaire et le médico-
social, appellent à des évolutions profondes de la filière. Enfin, ces mêmes décrets invitent à
adopter une perspective territorialisée de l’offre de soins de suite, comprenant deux principes
d’implantation et de localisation, qui renvoient au respect d’une organisation territoriale de
soins gradués : les soins polyvalents devront respecter un principe de proximité des lieux de
vie des patients ; les soins spécialisés ont un rôle de recours, et à ce titre un recrutement sur
une base territoriale élargie.
C’est dans ce contexte que l’atelier s’est fixé pour objectif de préparer les transformations à
venir, à partir d’une analyse détaillée de l’ensemble de l’offre qui s’adresse aux personnes
dépendantes, du fonctionnement, sur le territoire, des filières de soins et des besoins de la
population sur les différentes parties du territoire.
Cette note de synthèse présentera les trois principaux constats du groupe et les
recommandations qu’ils ont conduit à formuler.
Premier constat – Les difficultés de parcours centrées sont sur les personnes âgées
polypathologiques et/ou désorientées
Interroger les assistantes sociales des différents établissements du territoire en dit long sur le
fonctionnement concret des filières de soins et des parcours des patients. Ces métiers sont en
effet au coeur du dispositif, et observent très concrètement les difficultés et obstacles qui
s’opposent à l’avancée des patients dans les filières de soins et à leur réinsertion. C’est ce que
l’atelier a fait au cours d’une séance de travail.
Quel que soit l’établissement considéré, quelle que soit donc la perspective adoptée au sein de
la filière de soins, le constat est le même : les patients dont l’accompagnement est le plus
problématique sont les patients polypathologiques dits « fragiles », et/ou les patients
présentant des troubles du comportement, qu’ils soient ou non atteints de démence.
D’un côté, il y a un déficit important de lits d’EHPAD installés : dans le département, plus de
2 500 lits d’EHPAD ont été créés, autorisés par le précédent schéma départemental en faveur
des personnes âgées, mais qui n’ont pas été installés. La situation la plus préoccupante
concerne les territoires de Marseille Centre, Martigues, Istres et Marignane : l’offre y est très
déficitaire et n’est pas toujours correctement corrigée par les places de SSIAD. Au total, les
services d’hébergement pour les personnes âgées sont, sur le territoire, trop faiblement
médicalisés, et malgré les prévisions de création de 1 000 lits d’EHPAD supplémentaires d’ici
à 2013 (en particulier, 180 lits viennent d’être autorisés à Martigues), l’installation effective
de ces lits reste incertaine.
On compte aujourd’hui sur le territoire des Bouches-du-Rhône Sud 450 lits de soins longue
durée. Le SROS gérontologie prévoit pour le territoire de réduire les capacités à 320 lits
répartis sur les six unités de soins longue durée existantes. Si le SROS gérontologie était acté,
130 lits de soins longue durée disparaissent, soit une réduction de 29 %. À Aubagne, les
capacités passeraient de 60 lits actuellement, à 30 lits, à Marseille sur 130 lits USLD seraient
également supprimés sur les 310 lits actuellement installés. Seul le territoire de Martigues, qui
ne dispose pas de lits USLD, se verrait attribuer 30 lits supplémentaires.
En d’autres termes, les transformations induites par les réformes et la refonte des frontières
entre le sanitaire et le médico-social accélèrent la réduction des capacités sanitaires sans pour
autant avoir l’assurance, loin s’en faut, que le développement des capacités médico-sociales et
la poursuite de la médicalisation des structures d’hébergement s’opèrent au même rythme
qu’elle ne se défait. Dans ce contexte, les difficultés que connaissent déjà tous les acteurs de
la filière pour assurer une prise en charge adaptée des patients polypathologiques et/ou
désorientés risquent de s’amplifier à très brève échéance.
Or, ces différentes conditions favorisant le retour à domicile ne sont pas toujours réunies.
Ainsi, le manque de places d’accueil de jour et d’accueil temporaire, déjà constaté dans le
précédent schéma départemental des personnes âgées, est une réalité pour tout le territoire des
Bouches-du-Rhône Sud : l’accueil de jour est quasi-inexistant à Marseille Nord, Marignane,
Martigues et Istres, quant à l’hébergement temporaire, hormis Marseille Nord et La Ciotat,
qui affichent une place, l’offre est absente de tous les autres territoires. De même, l’adaptation
des logements et les transports représentent une priorité d’action de Conseil Général pour les
prochaines années.
Par conséquent le retour à domicile pour ces personnes polypathologiques et/ou désorientées,
même lorsqu’il est médicalement envisageable, ne l’est pas toujours du point de vue de
l’organisation médico-sociale.
D
DEESS RREEPPOONNSSEESS PPAARRTTIIEELLLLEESS M
MAAIISS IIN
NSSU
UFFFFIISSA
ANNTTEESS
Ces problèmes ne sont malheureusement pas nouveaux, même s’ils tendent aujourd’hui à
s’aggraver. De réponses sont apportées à différents niveaux des politiques sanitaires et
médicosociales, qui restent cependant trop partielles pour répondre à l’accompagnement de
ces patients.
Le décret SSR n°376 du 17 avril 2008 prévoit la reconnaissance d’une spécialité gériatrie
pour les Soins de Suite et de Réadaptation, mais sans qu’il y soit spécifié l’existence d’une
unité Alzheimer, pourtant importante dans le d’accueil quotidien des patients désorientés.
De même, le schéma départemental planifie une augmentation des capacités des lits en
EHPAD, mais il y a un tel écart entre les autorisations délivrées et les installations sur le
précédent schéma, qu’une grande incertitude persiste sur l’effectivité de ces créations dans les
années qui viennent. Il a également fixé une priorité d’action en direction des publics âgés
précaires (Axe 5), mais pour laquelle les mesures concrètes de prévention et d’accessibilité
aux services d’hébergement restent peu détaillées.
Les propositions de l’atelier poursuivent un objectif majeur, qui est le développement des
SSR gériatrie sur le territoire. Deux principaux axes d’action ont été envisagés.
Dans le cadre de cet atelier, une collaboration très fructueuse entre l’AP-HM et la NFT a
permis le montage d’une base de données inédite, comprenant, parmi les 113 911 séjours de
soins de suite de la région PACA recensés dans la base PMSI de 2007, 82 907 séjours
rattachés à une hospitalisation de court séjour. En d’autres termes, cette base a permis de
chaîner2 ou de rattacher à 82 907 séjours de soins de suite, les séjours de courte durée qui les
ont précédés.
À partir de cette base, de nombreuses questions ont été éclairées de façon précise. Nous en
présenterons ici les grands résultats concernant d’un côté les besoins de soins de suite des
patients sur le territoire, c’est-à-dire les principales activités de court séjour prescripteurs des
différents types de soins de suite, et de l’autre côté les caractéristiques de l’offre des
établissements sur le territoire des Bouches-du-Rhône Sud. La discussion de ces résultats a
permis de mieux cerner les adaptations de l’offre et de formuler quelques recommandations.
Les Bouches-du-Rhône abritent 20 314 séjours SSR des 82 907 séjours de soins de suite de la
région qui ont été chaînés à un court séjour, soit 25 % des séjours SSR, une proportion tout à
fait conforme au poids démographique du territoire dans la région.
Pour saisir les soins prodigués lors des séjours de soins de suite, on peut observer les
différentes catégories majeures cliniques (CMC) qui caractérisent chaque semaine le séjour de
soins de suite. Le tableau suivant, montre qu’au niveau de la région PACA, près de 70 % des
2
Pour la méthodologie du chaînage voir Annexe 1
Version 20 mai 2009 43 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
semaines d’hospitalisation et des séjours réalisés en PACA sont consacrés à quatre grands
types de soins : les poursuites de soins médicaux Post traumatiques, rhumato/orthopédiques,
cardio-vasculaires, et neuromusculaires. À quelques nuances près, ces quatre types de soins
caractérisent dans des proportions équivalentes les séjours sur le territoire des Bouches-du-
Rhône Sud.
60_Aut ressituations 18 970 4,3% 4 212 4,8% 4 042 3,6% 957 4,4%
13_PoursuitesdeSoinsMédicauxSantémentale 17 908 4,1% 3 598 4,1% 5 468 4,9% 1121 5,1%
40_Réad aptation/Réinsertion 12 682 2,9% 2 380 2,7% 2 264 2,0% 500 2,3%
14_PoursuitesdeSoinsMédicauxSensorieletcutané 12 037 2,7% 2 989 3,4% 2 390 2,1% 617 2,8%
20_Soin spalliatifs 9 564 2,2% 2 290 2,6% 2 139 1,9% 584 2,7%
18_PoursuitesdeSoinsMédicauxAmputations 4 430 1,0% 584 0,7% 1 329 1,2% 163 0,7%
30_Atten tedeplacement 2 398 0,6% 355 0,4% 280 0,3% 61 0,3%
80_Géri atrieaiguë 1 363 0,3% 948 1,1% 437 0,4% 297 1,4%
90- Sansobjet/Erreurs 304 0,1% 118 0,1% 58 0,1% 26 0,1%
99_Sansobjet/Erreurs 59 0,0% 14 0,0% 5 0,0% 2 0,0%
Les poursuites de soins médicaux post traumatiques sont dédiés à la prise en charge de
pathologies mécaniques des membres (33 %), comprenant en particulier les différentes formes
de gonarthroses ou de coxarthroses, et des pathologiques rachidiennes (9 %). Les poursuites
de soins médicaux Post-Traumatiques couvrent quant à eux plutôt la prise en charge de
traumatismes simples (20 %), tels que les fractures du col, les entorses ou foulures des
ligaments croisés du genou, et des traumatismes plus compliqués ou les polytraumatismes.
Ces soins de suite sont prescrits à la suite d’une grande variété de soins en court séjour
hospitalier. Le tableau suivant détaille les principales activités de court séjour qui ont donné
lieu à une prescription en soins de suite : il décrit le nombre et le poids des différents soins de
court séjour ayant donné lieu à une prescription en moyen séjour, les délais moyens d’accès
aux soins de suite, la durée moyenne de séjour, et l’âge moyen des patients.
* le délai moyen MCO-SSR est approximatif car obtenu par différence entre le mois de sortie du MCO
et le mois d’entrée en SSR puis exprimé en jours. Les délais négatifs sont dus à la sélection de séjours concomitants.
Les chirurgies majeures orthopédiques, chirurgies des membres et les pathologies du rachis
contribuent à la prescription de 30 % des séjours en SSR. Ainsi, la chirurgie majeure
contribue à respectivement 57 % et 51 % des poursuites de soins médicaux pour
rhumato/orthopédie et post-traumatique. Ces types de soins apparaissent donc avoir un
recrutement relativement ciblé en termes d’origine des courts séjours.
Pour autant, dans l’ensemble, il y a une relative dispersion des motifs à l’origine du recours en
soins de suite, puisque les 17 activités de court séjour les plus importantes ne prescrivent qu’à
peine plus de la moitié des séjours de soins de suite (54 %), les 46 % restant l’étant par un
grand nombre d’autres motifs de court séjour. Cela est particulièrement vrai pour ce qui
concerne les poursuites de soins médicaux neuro-musculaire et viscéral, ou les 10 activités de
court séjour les plus nombreuses ne contribuent pas à plus de respectivement 45 et 35 % des
soins de suite de ces CMC.
Les soins de suite succèdent donc dans l’ensemble à une grande diversité de situations des
patients en court séjour. Un point transversal néanmoins réside dans l’âge plutôt élevé de la
population qu’ils accueillent. Plus de 50 % de la population de SSR a plus de 75 ans et la
moyenne d’âge des patients recrutés depuis le court séjour est de 68 ans. En effet, le taux de
recours des courts séjours vers les soins de suite est croissant avec l’âge des patients, et ce,
jusqu’à 90 ans : au-delà, le recours aux soins de suite est moins fréquent car les possibilités de
Version 20 mai 2009 45 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
soins de rééducation sont moins larges. Par exemple, on a pu estimer qu’à l’âge de 50 ans un
homme et une femme sur 10 ayant subi une chirurgie majeure a recours à un séjour de soins
de suite. À 80 ans, ce taux de recours atteint presque une femme sur deux et un homme sur
trois.
Taux de recours aux SSR par âge pour la chirurgie majeure orthopédique
500
Taux de recours au SSR pour 1000 séjours de MCO
400
300
200
100
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95
Par ailleurs, certains soins concernent plus souvent qu’en moyenne les personnes âgées (plus
de 75 ans). La comparaison des taux de recours en court séjour par âge et activité montre que
c’est notamment le cas de la cardiologie, de l’uro-néphrologie, de l’ortho-rhumatologie, de la
neurologie, ou encore de l’ophtalmologie. Ceci explique en partie que les cardiopathies et
valvulopathies, les troubles mentaux d’origine organique et les infections respiratoires sont les
activités de court séjour prescriptives de moyen séjour ayant les moyennes d’âge les plus
élevées.
La comparaison des soins de suite offerts selon l’âge des patients montre également certaines
spécificités des besoins des personnes âgées (voir tableau en annexe de ce chapitre). Tout
d’abord, il est intéressant de noter que la CMC gériatrie aiguë ne totalise pas plus de 437
semaines sur le territoire : ce soin est par définition un soin spécifique des personnes âgées de
plus de 80 ans, qui s’y trouvent effectivement très surreprésentées. Son faible développement
peut traduire le manque de spécialisation des soins de suite prodigués pour les personnes
âgées. Cette catégorie d’âge est également présente dans les CMC « Réinsertion et
réadaptation », et « attente de placement » : ces observations peuvent venir confirmer les
difficultés d’orientation des patients polypathologiques précédemment évoquées, mais elles
ne peuvent en aucun cas représenter une mesure de ces problèmes tant le codage de ces CMC,
pour des raisons pratiques, en sous-estime la réalité. Enfin,
quatre autres types de soins de suite concernent plus spécifiquement les personnes âgées : il
s’agit des soins post-traumatiques, des soins cardiovasculaires et respiratoires des soins
médicaux sensoriels et cutanés, et des soins en santé mentale pour les personnes de 85-90 ans.
Pour caractériser l’offre de soins de suite des établissements, une première approche a
consisté à comparer, à l’échelle régionale, le case mixe en termes de soins offerts (CMC).
L’analyse a porté sur 163 établissements de soins de suite établis en PACA.
La seconde classe distingue ensuite successivement les établissements selon les activités
proportionnellement plus importantes, qui spécialisent leur offre au regard de celle des leurs
homologues.
Ainsi, apparaît d’abord un premier groupe de 4 cliniques dans la région, dont le Centre
médical spécialisé de Saint Barnabé sur le territoire de Marseille, où l’offre de soins de suite
médicaux de santé mentale représente l’activité spécialisée, absente ou presque ailleurs.
Une troisième classe comprend 13 établissements, qui se distinguent des autres établissements
par la part que tiennent les soins cardiovasculaires dans leurs activités de soins médicaux.
Parmi ces établissements, on retrouve le centre cardiovasculaire de Valmante, de Notre Dame,
la clinique de Clairval ainsi que la clinique Provençale.
La cinquième classe, est spécifique, ne comprend que 6 établissements dont 5 sont publics, et
se caractérise par l’importance relative de l’activité d’accompagnement et de réinsertion des
patients, qu’ils prodiguent, au côté de soins courants neuromusculaires. C’est la clinique de la
Pointe Rouge qui, sur le territoire, s’inscrit dans cette classe d’établissement. Rappelons que
la place de cette activité dans les soins de suite est à la fois le signe d’une moyenne d’âge
élevée des patients accueillis et/ou des difficultés d’orientation de ces patients vers des
alternatives adaptées.
Enfin, une dernière classe, certainement la moins spécifique, illustrant le profil moyen de
l’offre de soins de suite des établissements de la région PACA, comprend des établissements
plus polyvalents, qui réalisent un peu de tous les types de soins, autant cardiovasculaire que
neuromusculaire, viscéral ou rhumatologique, sans se spécialiser sur aucun d’entre eux, si ce
n’est peut-être les soins palliatifs, un peu plus importants dans ces établissements que dans les
autres. Cette classe compte 91 établissements dans la région, et 18 sur le territoire des
Bouches-du-Rhône Sud. On notera que cet ensemble n’est entièrement homogène, puisqu’on
peut notamment y distinguer les deux établissements régionaux plus spécialisés que les autres
sur les soins de suite de neurologie, que sont la MECS de la Lavande et la Clinique Saint
Martin. Néanmoins, la diffusion plus importante des soins de suite neuromusculaire conduit à
faire de cette spécialisation une activité statistiquement moins distinctive que disons la
nutrition ou la santé mentale.
On notera la place prépondérante dans l’offre de séjours de soins de suite que tiennent les
trois établissements ayant une spécialisation en cardiovasculaire : la Valmante, Notre Dame
de Bon Voyage et la clinique La Provençale. Les Cliniques de La Casamance et de Saint
Martin suivent cependant de très prés.
Un éclairage intéressant est également donné par l’analyse des filières d’adressage entre les
établissements du territoire des Bouches-du-Rhône Sud. Elle fait apparaître 4 principaux
profils de recrutement des établissements de soins de suite (Annexe 3).
À ces 4 profils, on pourrait ajouter celui des établissements dont le recrutement extra
territorial est le plus important. Pour la plupart d’entre eux, il s’agit d’un recrutement extra
territorial, mais sur des territoires voisins, au profit d’effets de frontière qui les ouvrent plus
que les autres établissements sur ces aires de recrutement extérieures. À l’Ouest, la Clinique
de La Crau recrute 53 % de ses patients à partir d’établissements du nord du département ; à
l’Est, les établissements d’Aubagne, comme le CRF Notre Dame de Bon voyage ou encore la
maison de régime et de convalescence Les Palmiers, recrutent respectivement de 22 et 42 %
de leurs patients ailleurs que sur les Bouches-du-Rhône. Mais on notera également le
rayonnement important de quelques établissements marseillais, dont la part élevée
d’adressage venant de loin ne peut être exclusivement associée à des effets de frontière,
comme la Clinique de l’Angélus, le Centre Les Deux Tours, mais surtout le Centre Médical
Spécialisé de Saint Barnabé, dont plus de la moitié des patients (55 %) viennent
d’établissements extérieurs (contre 20 % pour les deux premiers).
Mais une offre qui n’est pas à la hauteur de l’activité de recours en court séjour sur le
territoire
Malgré un nombre élevé d’établissements inscrits sur des filières plutôt ouvertes, et offrant
ensemble un panel diversifié d’offre de soins de suite et de réadaptation, l’offre sur le
territoire est plutôt moins abondante qu’ailleurs dans la région.
Elle ne dépasse guère le taux d’équipement national, dont on sait qu’il est aujourd’hui très en
deçà de ce qu’il devrait être, si l’on souhaite réellement fluidifier les filières et réduire encore
les durées de court séjour des établissements. Par ailleurs, les équipements spécialisés sont,
pour une agglomération comme le territoire des Bouches-du-Rhône sud plutôt limités. Au
total, même si cette donnée n’est pas entièrement exploitable, on ne s’étonne pas des
déclarations de délais d’attente pour intégrer les patients dans l’établissement faites dans le
cadre de l’enquête SAE, qui sont en moyenne de 6 jours, avec pour certains établissements
Version 20 mai 2009 52 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
des attentes significatives allant de 10 à plus de 20 jours ! L’autorisation de 60 lits
supplémentaires à l’AP-HM sur le site de Sainte Marguerite devrait permettre d’améliorer la
situation, sans pour autant ramener le taux d’équipement à celui de la région PACA.
LLEESS IINNCCEERRTTIITTU
UDDEESS EETT A
ADDA
APPTTA
ATTIIO
ON DEE LL’’O
NSS D OFFFFRREE D
DEE SSO
OIIN
NSS D
DEE SSU
UIITTEE SSU
URR LLEE
TTEERRRRIITTO
OIIRREE
Une augmentation prévisible des soins de suite médicaux post traumatiques et rhumato-
orthopédiques à laquelle il faudra veiller d’adapter les capacités de l’offre
Nous avons vu la place dominante que tiennent les poursuites de soins médicaux post
traumatique et rhumato-orthopédique dans les activités de soins de suite sur le territoire
comme dans la région. Plus de la moitié de ces activités de soins de suite sont prescrites par
les chirurgies majeures orthopédiques. Le taux de recours de la population de plus de 75 ans
pour l’ensemble de la rhumato-orthopédie est bien plus élevée que pour le reste de la
population (67 pour 1000 contre 29 pour 1000). Par conséquent, si sur le territoire, le
vieillissement de la population se poursuit au rythme où il est prévu3, les besoins de soins de
suite rhumato-orthopédiques risquent de s’accroître encore.
L’adaptation de l’offre à cette évolution pose plusieurs questions. Tout d’abord, il faudrait
développer des soins spécifiques pour les personnes les plus âgées, qui ne peuvent entrer dans
un programme standard de rééducation, ce dernier devant être adapté à l’état général du
patient. Le projet de soins de suite de l’Hôpital Sainte Marguerite travaille sur ce type
d’adaptation.
3
Les estimations de l’INSEE pour le Conseil Général prévoient une croissance de 5 % du nombre de personnes de plus de
75 ans sur le département, et sur la périphérie du territoire, les cantons d’Istres, Marignane, Martigues, connaîtraient une
croissance à plus de 10 %, ceux de La Ciotat et d’Aubagne de respectivement 7 et 8 %. La croissance des personnes de plus
de 75 ans serait cependant plus modérée sur Marseille.
Version 20 mai 2009 53 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
Compte tenu des difficultés que peut poser la démographie médicale dans certaines parties du
territoire, il pourrait être utilement envisagé de mutualiser les moyens des équipes médicales
par un adossement plus ferme sur les établissements de court séjour.
PPRREEMMIIEERR EENNSSEEIIG
GNNEEMMEENNTT :: LLEE D DEESSEEQQU DEE LL’’O
UIILLIIBBRREE D OFFFFRREE D
DEE SSO
OIIN
NSS D
DEE SSU
UIITTEE
SS’’A
ACCCCOOM MPPA
AGGNNEE D DEE N
NEETTTTEESS IIN
NEEG
GAALLIITTEESS D
DEE RREECCO OU
URRSS
Nous avons vu que le niveau de l’offre sur le territoire des Bouches-du-Rhône Sud était
globalement plus limité que ce qui pourrait être attendu dans une grande agglomération, où
l’offre de court séjour joue un rôle de recours sur l’ensemble de la région. Cette faiblesse
relative du niveau de l’offre est couplée à une géographie très déséquilibrée des capacités,
avec en particulier sur le territoire de Martigues une offre très décentrée sur Miramas, tandis
que seulement 27 lits sont installés au Centre Hospitalier de Martigues. Si l’on rajoute à cela
les déficits jusque là importants de lits d’hébergement pour personnes âgées et l’absence de
lits en USLD, on doit convenir que, même si ce constat n’est pas nouveau et qu’un rattrapage
est amorcé, l’Ouest du territoire des Bouches-du-Rhône Sud est particulièrement mal équipé
pour prendre en charge les soins des personnes âgées.
La carte suivante représente les indices comparatifs de recours aux soins de suite par les
patients des différents territoires de santé de la région après une hospitalisation en court
séjour.
Cet indice est calculé comme le rapport des séjours observés de soins de suite ayant succédé à
un séjour MCO, aux séjours SSR attendus. Les séjours attendus sont estimés comme le
nombre de séjours SSR que l’on observerait sur le territoire si, à âge et sexe donnés, et pour
une même ligne de produit, le taux de recours suivait celui que l’on enregistre en moyenne
dans la région PACA.
L’estimation a été réalisée à partir des seize lignes de produits de court séjour qui donnent les
plus fréquemment lieu à un séjour de soins de suite. Nous avons vu que ces 16 lignes de
produit représentent près de 42 000 séjours, soit 54 % des séjours de SSR régionaux ayant
succédé à un court séjour.
L’analyse des indices comparatifs de recours au SSR par le court séjour pour les patients des
différents territoires de la région PACA montre d’importantes inégalités d’accès aux soins de
suite entre l’Ouest et le Nord de la région. En effet, sur toute la frange Ouest de la région
depuis Arles jusqu’à Valréas, les taux de recours sont inférieurs de plus de 30 % à ceux que
l’on observe en moyenne ailleurs. Au contraire, sur les territoires montagneux de Gap-
Sisteron et du Briançon-Embrun, au nord de PACA, les recours aux soins de suite sont au
contraire très supérieur à la moyenne, de respectivement 49 % et 65 %.
Pour ce qui concerne les Bouches-du-Rhône Sud, les taux de recours en soins de suite sont
plutôt plus favorables qu’ailleurs en moyenne, sauf sur le territoire de Martigues, qui, avec le
territoire d’Arles, enregistre l’un des taux de recours les plus faibles des Bouches-du-Rhône.
L’inégale répartition des capacités et la localisation des soins de suite sur le territoire des
Bouches-du-Rhône Sud ne paraît donc pas neutre dans l’accès aux soins de suite des patients
qui y vivent.
200
indice comparatif de recours du MCO au SSR (référence régionale)
150
136
100
107
80
50
L’ exemple de la chirurgie majeure orthopédique, qui pèse pour près de 20 % des séjours de
SSR prescrits par le court séjour, illustre ces inégalités au sein des territoires des Bouches-du-
Rhône Sud. Les habitants d’Aubagne-La Ciotat apparaissent avoir un recours aux soins de
suite deux fois supérieur à ceux de Martigues. À Marseille, le recours est situé dans une
confortable moyenne régionale.
L'indice comparatif de recours du court séjour au soins de suite et de réadaptation dans les territoires de santé de PACA pour les principales lignes de produits en 2007
L’analyse réalisée permet de retracer l’origine et la destination des séjours SSR des patients
selon leur lieu de résidence.
1. Où se dirigent les séjours SSR prescrits pour les patients de la région par les
établissements MCO du territoire des Bouches-du-Rhône Sud ?
Sur les 28 669 séjours SSR prescrits par les établissements de court séjour des Bouches-du-
Rhône Sud, presque 40 % sont réalisés hors du territoire des Bouches-du-Rhône Sud (20 % le
Version 20 mai 2009 57 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
sont dans les Bouches-du-Rhône Nord, et 19 % ailleurs en PACA). Les séjours prescrits par
les établissements MCO du territoire sont donc couverts à hauteur de 61 %. Ce taux de
couverture peut paraître faible au regard de celui des Bouches-du-Rhône Nord, qui atteint
77 %.
Origines et destinations des séjours de Soins de Suite dans les Bouches-du-Rhône
Territoires des établissements SSR
Aubagne - Autre
Tterritoires des établissements MCO La Ciotat Marseille Martigues Bdr Sud Aix Arles Salon BdR Nord PACA Total
Aubagne - La Ciotat 1762 318 2 2082 394 4 398 823 3303
Marseille 1454 13265 89 14808 4142 161 538 4841 4565 24214
Martigues 58 88 495 641 356 25 48 429 82 1152
BdR Sud 3274 13671 586 17531 4892 186 590 5668 5470 28669
BdR Nord 89 484 259 832 4490 619 311 5420 819 7071
Autre PACA 318 300 15 633 670 328 28 1026 41753 43412
Extra Reg 115 299 11 425 274 261 27 562 2893 3880
Total 3796 14754 871 19421 10326 1394 956 12676 50935 83032
Sources PMSI MCO SSR 2007 Traitements NFT Vanessa Pauly Mars 2009
Destinations des séjours SST prescrits par les établissements MCO des Bouches-du-Rhône Sud
Territoires des établissements SSR
Aubagne - Autre
Tterritoires des établissements MCO La Ciotat Marseille Martigues Bdr Sud Aix Arles Salon BdR Nord PACA Total
Aubagne - La Ciotat 53% 10% 0% 63% 12% 0% 0% 12% 25% 100%
Marseille 6% 55% 0% 61% 17% 1% 2% 20% 19% 100%
Martigues 5% 8% 43% 56% 31% 2% 4% 37% 7% 100%
BdR Sud 11% 48% 2% 61% 17% 1% 2% 20% 19% 100%
BdR Nord 1% 7% 4% 12% 63% 9% 4% 77% 12% 100%
Autre PACA 1% 1% 0% 1% 2% 1% 0% 2% 96% 100%
Extra Reg 3% 8% 0% 11% 7% 7% 1% 14% 75% 100%
Total 5% 18% 1% 23% 12% 2% 1% 15% 61% 100%
Sources PMSI MCO SSR 2007 Traitements NFT Vanessa Pauly Mars 2009
Au total, le territoire des Bouches-du-Rhône Sud présente une relativement faible intégration
de ses établissements, avec un nombre limité de flux entre les territoires. Les territoires de
proximité sont plutôt extravertis, tournés vers les territoires extérieurs voisins, au moins
autant sinon plus que vers les territoires partenaires des Bouches-du-Rhône Sud.
2. D’où viennent les patients qui effectuent un séjour sur le territoire des Bouches-du-
Rhône Sud ?
Quelle est, à l’inverse, l’attractivité des établissements de soins de suite des Bouches-du-
Rhône Sud envers les établissements de court séjour de la région ? Sur les 19 421 séjours SSR
réalisés dans les Bouches-du-Rhône Sud, 17 531, soit 90 %, sont prescrits par des
établissements de ce même territoire. Ce taux d’attraction est faible si on le compare au nord
du département, qui recrute plus de la moitié de ses séjours (54 %) depuis des établissements
de court séjour qui sont localisés hors de ce territoire, en particulier du sud du département
(43 %).
Recrutement des établissements SSR des Bouches-du-Rhône Sud
Territoires des établissements SSR
Aubagne - Autre
Tterritoires des établissements MCO La Ciotat Marseille Martigues Bdr Sud Aix Arles Salon BdR Nord PACA Total
Aubagne - La Ciotat 46% 2% 0% 11% 4% 0% 0% 3% 2% 4%
Marseille 38% 90% 10% 76% 40% 12% 56% 38% 9% 29%
Martigues 2% 1% 57% 3% 3% 2% 5% 3% 0% 1%
BdR Sud 86% 93% 67% 90% 47% 13% 62% 45% 11% 35%
BdR Nord 2% 3% 30% 4% 43% 44% 33% 43% 2% 9%
Autre PACA 8% 2% 2% 3% 6% 24% 3% 8% 82% 52%
Extra Reg 3% 2% 1% 2% 3% 19% 3% 4% 6% 5%
Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
Sources PMSI MCO SSR 2007 Traitements NFT Vanessa Pauly Mars 2009
Qu’il s’agisse d’Aubagne ou de Marseille, la part des patients SSR recrutés à partir
d’établissements extraterritoriaux reste faible, de respectivement 13 % et 7 %. À Martigues en
revanche, 30 % des patients de soins de suite sont recrutés à partir d’établissements localisés
dans les territoires voisins des Bouches-du-Rhône Nord.
Version 20 mai 2009 58 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
Au sein des Bouches-du-Rhône Sud, les recrutements des établissements SSR sont
caractérisés par une attraction relativement forte d’Aubagne sur Marseille, puisque les
établissements d’Aubagne y recrutent 38 % des séjours qu’ils produisent. Martigues est en
revanche marginalisé dans ces mouvements, ne recrutant sur Marseille que 10 % des séjours
SSR produits.
Au total, le solde des flux entrants et sortants fait apparaître des flux négatifs pour les deux
territoires de Marseille et de Martigues. Ces derniers reçoivent des territoires de la région
moins de patients qu’ils n’en adressent. À Aubagne-La Ciotat, le solde est positif au sein du
territoire des Bouches-du-Rhône Sud, mais négatif avec les autres territoires de la région.
Le solde des flux de patients vers les soins de suite dans le territoire des Bouches-du-Rhône Sud
Territoires des établissements SSR
Aubagne - Autre
Tterritoires des établissements MCO La Ciotat Marseille Martigues Bdr Sud BdR Nord PACA Total
Aubagne - La Ciotat 0 -1136 -56 -1192 309 505 -378
Marseille 1136 0 1 1137 4357 4265 9759
Martigues 56 -1 0 55 170 67 292
BdR Sud 1192 -1137 -55 0 4836 4837 9673
BdR Nord -309 -4357 -170 -4836 0 -4601 -9437
Autre PACA -505 -4265 -67 -4837 207 0 -4630
L’analyse de ces flux de patients du court vers le moyen séjour et le constat d’une relative
extraversion de ces flux hors du territoire ne trouvent pas la même interprétation selon que
l’on parle d’Aubagne-La Ciotat, de Marseille ou de Martigues.
À Aubagne-La Ciotat, les séjours des habitants en soins de suite sont assez bien couverts
localement : si les patients sont hospitalisés en court séjour sur le territoire, ils sont 72 % à
rester sur le territoire pour leurs soins de suite. Les quelques séjours de SSR des habitants
d’Aubagne qui ressortent après un court séjour sur leur territoire sont dispersés entre Aix (10
%), Marseille (6 % seulement), Brignoles et Toulon (6 % chacun).
Mais il faut savoir que le tiers des habitants d’Aubagne ont recours au court séjour hors de
leur territoire. Ce taux de fuite de court séjour est attendu pour un territoire situé à proximité
d’une métropole comme Marseille, qui attire 29 % des patients. En revanche, plus de la moitié
(54 %) de ces patients qui sortent de leur territoire de résidence pour recourir à du court séjour
ne reviennent pas pour les soins de suite. Ainsi, sur les 29 % qui vont sur Marseille, 34 % y
restent, 8 % vont sur Aix, et 5 % sur Brignoles ou Toulon. On voit ici la trajectoire
géographiquement compliquée du patient qui habite Aubagne, se soigne en court séjour à
Marseille et repart en soins de suite ailleurs ! Heureusement 46 % des séjours reviennent
quand même sur Aubagne : ce n’est pas rien, mais, compte tenu de la densité de l’offre, on
aurait pu s’attendre à un taux plus élevé.
Cela peut s’expliquer par les caractéristiques de l’offre de ce territoire. Elle émane
d’établissements intégrés, dont les filières de recrutement s’adressent essentiellement aux
Version 20 mai 2009 59 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
patients qu’ils ont soignés en court séjour, comme le CH d’Aubagne ou La clinique de la
Casamance. L’offre est aussi faite d’établissements spécialisés, dont le recrutement est au
contraire large, suivant moins une logique territoriale qu’une logique d’inscription dans des
filières de spécialisation des établissements de court séjour : le recrutement ciblé du CMPR
La Provence avec Timone et Saint Joseph, ou l’attraction large sur la région du CRF Notre
Dame de Bon Voyage et de la maison de régime des Palmiers illustrent cela. Peut-être cette
offre sur le territoire d’Aubagne, qui est riche mais aussi très structurée sur les filières de
recrutement, ne laisse-t-elle pas beaucoup d’espace libre pour le retour de patients en soins de
suite indifférenciés. En revanche, elle est attractive pour les patients des territoires voisins, et
notamment celui de Marseille.
À Marseille, l’extraversion des adressages des établissements de court séjour est le corollaire
de l’attractivité importante de ces derniers. En effet, 72 % des séjours des habitants de
Marseille, hospitalisés en court séjour à Marseille, restent en soins de suite sur le territoire. Ce
taux de couverture est convenable, malgré les fuites pour les soins de suite vers Aix (14 %) et
Aubagne (6 %).
En revanche, les établissements de soins de suite de Marseille retiennent peu les séjours des
non-résidents qui viennent s’y faire soigner. C’est ce qu’illustre le tableau ci-dessous. Les
établissements de court séjour de Marseille attirent plus de 30 % des patients aixois, mais
seulement 21 % d’entre eux restent sur Marseille pour les soins de suite, tandis que plus de la
moitié repartent vers les établissements SSR de leur territoire de résidence.
Taux
Taux d'attraction du Taux de retour
Territoire de d'adressage en Taux d'adressage à proximité du
court séjour de sur le territoire de
résidence SSR sur territoire de résidence
Marseille* résidence
Marseille
89 % ( 15 336) Marseille 72% 72% 6 % Aubagne - 14 % à Aix
29!% (791) Aubagne 35% 47% 5 % à Brignoles - 5!% à Toulon
33!% (682) Martigues 32% 7% 27 % Aix - 17 % Salon - 4!% Arles
31 % (1!804) Aix 21% 56!% 4 % Salon
36 % (571) Salon 20% 27!% 34 % Aix
11 % (286) Avignon 24% 40!% 14!% Carpentras
22 % (527) Brignoles 20% 20!% 30!% Toulon 12 % Aubagne La Ciotat
17 % (288) Digne 15% 42!% 13 % Gap
15% (1164) Toulon-Hyères 12% 62!% 20!% Aubagne-La Ciotat
* Parmi les patients ayant eu recours aux soins de suite en PACA après une hospitalisation de court séjour
n'importe où en France, la part des courts séjours des habitants réalisée à Marseille
Ces données décrivent bien un modèle géographique de soins de suite où le retour à proximité
du lieu de vie du patient est privilégié. Il l’est évidemment d’autant plus que l’offre de SSR
est abondante, diversifiée, de qualité… Mais même lorsque le taux de retour sur le territoire
est plus faible, les établissements de SSR de Marseille ne retiennent pas les séjours, qui
s’adressent dans les territoires voisins (Toulon pour Brignole, Aix pour Salon, Carpentras
pour Avignon). Il y a là peut-être le signe des capacités limitées du territoire, qui ne peuvent,
en soins de suite, s’aligner sur l’attractivité des établissements de court séjour.
À Martigues enfin, l’extraversion des séjours est associée, comme dans le cas d’Aubagne,
mais dans des proportions plus importantes encore, aux fuites des patients vers d’autres
territoires pour les soins de court séjour : seulement 43 % de ses habitants se font soigner en
court séjour sur Martigues, tandis qu’un tiers se dirige sur Marseille et 20 % sur Aix.
Il est probable que ce taux de retour des habitants de Martigues sur leur territoire de résidence
souffre du relatif dépouillement d’une offre par ailleurs plutôt excentrée sur le territoire.
Rappelons les différences substantielles de taux de recours aux soins de suite après une
hospitalisation de court séjour, qu’on ne peut s’empêcher de rapprocher de cette géographie
éclatée des flux pour les habitants. Le renforcement de l’offre de soins de suite sur Martigues
serait certainement un moyen d’améliorer à la fois le taux de retour et le taux de couverture
des séjours de SSR des habitants.
PPRROOPPOOSSIITTIIOONNSS
À partir de ces constats, l’atelier a formulé des propositions visant à renforcer l’intégration
territoriale de l’offre, à redonner une plus grande cohérence territoriale des recours.
Cela suppose d’une part que les territoires périphériques d’Aubagne et de Martigues
reconquièrent les séjours de soins de suite qui sont précédés d’une hospitalisation de court
réalisée sur Marseille.
- À Aubagne, cela passe par une ouverture plus grande des filières de recrutement pour
les soins indifférenciés.
- À Martigues, il faudrait envisager le recentrage d’une offre renforcée de soins de
suite polyvalents et de gériatrie moderne et attractive, susceptible de concurrencer celle du
nord du département et de Marseille, tant par sa proximité que par la qualité des soins qui y
sont offerts.
D’autre part cette stratégie territoriale d’ensemble des Bouches-du-Rhône Sud suppose de
resserrer le maillage des flux au sein de Marseille.
Enfin, pour ce qui concerne les soins spécialisés, si ce n’est évidemment pas la logique de
proximité qui prévaut, toute logique territoriale ne doit pas pour autant être évacuée. Ainsi, la
complémentarité des spécialisations territoriales mériterait d’être approfondie.
La concentration de l’offre sur le territoire des Bouches du Rhône Sud, couplée à la présence
d’un CHU actif en matière de recherche et de formation, créée différents avantages pour
l’ensemble des établissements du pôle, avantages qui confèrent à ce dernier un rôle
spécifique, un rôle d’avant garde en quelque sorte, dans la région et au-delà.
L’objectif de cet atelier a été d’examiner de façon la plus détaillée possible ce positionnement
de l’offre du territoire, et notamment celle de son pôle marseillais central, le rôle de référence
qu’il joue dans la région et au-delà. Par ailleurs, il a cherché à comprendre la nature des
avantages d’une offre territorialement concentrée, et les conditions d’en exploiter plus encore
les potentiels pour la qualité de l’offre des établissements.
PPRREEMMIIEERR CCO
ON ATT :: LLEE PPO
NSSTTA OLLEE MMA
ARRSSEEIILLLLA
AIISS EESSTT M
MOOIIN
NSS EEN
NVVA
AHHIISSSSA
ANNTT Q
QUUEE CCEELLU
UII D
DEE
BBIIEEN
NDD’’AAUUTTRREESS M
MEETTRRO OPPOOLLEESS
4
La méthode ou les méthodes des différents traitements sont détaillées dans les comptes rendus des ateliers.
Version 20 mai 2009 67 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
(19 %), Lyon (30 %) ou Toulouse ( 29 %) par exemple. Seules les villes de Strasbourg (14 %)
et de Nice (11 %) offre une moindre attractivité extra-départementale.
Marseille
Toulouse
Strasbourg
Paris
Nice
Nantes
Nancy
Lyon
Lille
Dijon
Bordeaux
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Part des séjours exterieurs dans les séjours produits en %
SSEECCOONNDD C
COONNSSTTAATT :: LLEE TTEERRRRIITTO OIIRREE A
A U
UNN PPO
OSSIITTIIO
ONNN
NEEM
MEEN
NTT G
GRRA
ADDU
UEE PPO
OUURR LLA
A
G R A N D E M A J O R I T E D E S A C T I V I T
G R A N D E M A JO R IT E D E S A C T IV IT E S E S
Le territoire, par la concentration de l’offre qui s’y trouve implantée, suscite à la fois des
attentes et des craintes. On attend en effet du territoire des Bouches-du-Rhône Sud qu’il
remplisse sa mission attribuée de recours et de référence régionale, mission qui s’appuie sur la
présence d’une recherche active, de la formation et du recrutement local de spécialistes de
haut niveau. Mais on craint aussi que, conjuguée aux effets d’une concurrence débridée, la
réputation de qualité des soins des établissements du territoire n’amène le territoire à déborder
de ce rôle de recours, privant les territoires voisins des effectifs de patients nécessaires au
maintien de l’équilibre de la qualité et de la proximité des soins.
Si les activités suivent une certaine graduation des soins, alors on s’attend à ce que les séjours
lourds soient proportionnellement plus importants dans le total des séjours extérieurs au
territoire et l’indice de graduation doit être élevé au moins supérieur à 2. À l’inverse les
séjours plus courants ne devraient représenter qu’une faible part des séjours entrants au regard
Version 20 mai 2009 68 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
de ce qu’ils représentent pour les habitants du territoire, et l’indice de graduation devrait être
de l’ordre de 0,5 ou 0,7. S’agissant des activités intermédiaires, on peut considérer qu’un
indice proche de 1 est correct.
5 segments d’activité présentent une graduation floue, probablement associée à des effets de
classification incertaine des séjours :
Au total, il ne reste que 6 segments d’activité en quelque sorte « victimes de leur succès », au
sens où leur attraction sur les séjours les plus complexes a pour effet de drainer d’autres
séjours plus banals, qui pourraient être réalisés plus en proximité :
- la médecine digestive
- la médecine uro-néphrologie
- la médecine et la chirurgie orthopédique, rhumatologie
et dans une moindre mesure de la chirurgie ophtalmologique et dermatologique
TTRROOIISSIIEEM
MEE CCO
ON ATT :: U
NSSTTA UNNEE A
ATTTTRRA
ACCTTIIO
ONND
DUU TTEERRRRIITTO
OIIRREE A
ASSSSO
OCCIIEEEE A
AUUN
N RRO
OLLEE D
DEE
RREECCO
OUURRSS BBIIEEN
NAASSSSU
URREE
Pour mieux comprendre les mécanismes d’attraction du territoire des Bouches du Rhône Sud,
l’atelier a choisi de regarder du plus prés certaines activités, en l’occurrence celles pour
lesquelles la graduation de l’attractivité apparaissait plus limitée, les activités digestives et
l’orthopédie.
Pour ce qui concerne les activités digestives, l’emprise du territoire, et en particulier du pôle
marseillais, est tout à fait minime pour les activités intermédiaires et courantes, sur l’Ouest,
entre Arles et Orange, et le littoral Est de la région depuis Fréjus Saint Raphaël à Menton. Les
territoires sur lesquels Marseille a une emprise plus significative sur ces activités sont de deux
types :
- Les territoires voisins du département, très naturellement intégrés à l’organisation
de soins de l’agglomération marseillaise, qui en couvre 30 % des séjours ;
Pour ce qui concerne la référence dans les activités digestives le territoire couvre, en
moyenne, plus de 40 % des séjours, mais partage son rôle avec quelques autres pôles, celui de
Nice évidemment, mais aussi celui d’Avignon, qui attire de nombreux séjours de référence
sur l’Est de la région. Une interrogation cependant : le rôle de référent étant paradoxalement
plus limité sur les territoires de Digne, de Draguignan, qui ont une meilleure couverture pour
leurs habitants sur ces séjours (respectivement 75 % et 71 %) que sur les séjours moins
lourds.
Pour ce qui concerne les activités intermédiaires et courantes, on note également une
influence plus prononcée de Marseille sur la couverture des séjours, notamment sur tout le
nord du territoire, jusqu’à Digne pour les premières, jusqu’à Aix seulement pour les secondes.
La comparaison des situations différentes des activités amène aussi à constater que, lorsqu’ils
le peuvent, les patients s’adressent à l’offre dont ils disposent localement, ou au plus proche.
Lorsque l’offre locale est plus fragile, comme sur certain territoire de l’arrière-pays régional,
les habitants s’adressent à Marseille, mais pas seulement, loin s’en faut : les autres gros pôles
de la région, Avignon, Toulon Hyères, Gap Sisteron, sont des destinations choisies, souvent
même en première intention, devant les établissements marseillais. Marseille et la
concentration de son offre ne sont donc pas la cause de l’affaiblissement des pôles de
proximité, mais bien plutôt, à l’instar d’autres pôles, un moyen d’en parer les effets sur le
recours aux soins des habitants. Tout au plus, le pôle marseillais limite-t-il le potentiel
d’attraction d’Aix-en-Provence, qui est très intégré à son territoire.
Cette intégration est le reflet d’une urbanisation croissante de l’ensemble du département des
Bouches-du-Rhône, urbanisation synonyme de déplacements accrus vers Marseille, de flux
croisés de mobilité densifiés entre les territoires.
Q
QUUAATTRRIIEEM
MEE CCO
ON ATT :: U
NSSTTA UNN TTEERRRRIITTO DEESS B
OIIRREE D BOOUUCCHHEESS--DDUU--R
RHHOONNEE SSUUDD AA LL’’EETTRROOIITT
D
DAAN
NSS SSEESS FFRRO
ONNTTIIEERREESS
Pour examiner plus en détail les effets sur l’attractivité et le positionnement des Bouches-du-
Rhône Sud de son intégration aux territoires voisins, l’atelier a examiné, à l’échelle des
communes, sa part dans les séjours couverts, pour les activités MCO, et pour la chirurgie, par
niveau de lourdeur des séjours.
La carte suivante indique, pour l’ensemble des communes de la région, la part que tient le
territoire des Bouches-du-Rhône Sud dans les séjours de leurs habitants, toute activité MCO
confondues (sans compter les séances de chimiothérapie et de radiothérapie).
Pour la majorité des communes, le taux d’attraction du territoire est inférieur à 25, les
habitants se dirigeant vers les pôles les plus proches. On note un couloir montant sur Digne,
où l’attraction du territoire est plus marquée, comprise entre 25 et 35 % des séjours, avec
cependant autour de pôle aixois, des flux plus ténus. Mais on note surtout quelques communes
limitrophes, pour lesquels le territoire représente une destination privilégiée de recours, avec
des taux d’attraction supérieurs à 45 %.
Sur le territoire des Bouches-du-Rhône sud, les établissements partagent, à l’instar de ce que
connaissent certains clusters industriels ou technologiques, des avantages de leur
concentration territoriale, qui démultiplient les capacités d’attraction de chacun, et renforcent
la qualité des soins de tous.
Le troisième avantage enfin, étroitement associé aux deux premiers, réside dans la formation
des praticiens. Les lieux de formation représentent évidemment une source toute proche de
recrutement pour les établissements, et le nombre de spécialistes sur le territoire permet
encore de renforcer et de faciliter le montage des formations continues qui peuvent y être
dispensées.
Ces différents avantages peuvent être considérés comme le produit naturel de la concentration
de l’offre, comme le résultat spontané de la proximité territoriale des établissements. Mais en
réalité, dans un contexte institutionnel, réglementaire, et financier, qui a très significativement
évolué, la pérennité de ces avantages n’est pas assurée, ou tout au moins, leur consolidation
pourrait être utilement envisagée.
Ce qui est difficile pour un praticien hospitalier l’est plus encore pour un spécialiste libéral
intervenant dans un établissement privé. De fait, les velléités des quelques chirurgiens
d’établissements privés ou privés non lucratifs (hormis l’IPC évidemment) à s’inscrire dans
des programmes de recherche sont plus l’exception que la règle, reposent sur des intérêts
personnels de ces professionnels, mais se heurtent au manque de moyens et de personnels
supplémentaires dont il est nécessaire de disposer pour mener à bien de telles participations.
De fait, de nombreux appels d’offre, émanant du PHRC régional ou interrégional, ou encore
du Cengeps, n’ont pas trouvé de réponse favorable sur le territoire, de la part des
établissements privés qui auraient théoriquement pu y participer.
Or, la concurrence en matière de recherche clinique fait des délais d’exécution, et notamment
de l’inclusion de patients, une variable déterminante du positionnement des organismes de
recherche, et donc de leur capacité à trouver des financements. Ceci a incité ces dernières
années à l’ouverture des réseaux d’investigateurs, ouverture interrégionale d’un côté,
ouverture vers un plus grand nombre d’établissements, publics ou privés, de l’autre.
FFOORRM
MAATTIIO
ONN EETT D
DEEM
MOOG
GRRA
APPH
HIIEE M
MEED ALLEE :: D
DIICCA DEESS EEQ
QUUIILLIIBBRREESS IIN
NSSTTA
ABBLLEESS
L’observation des taux d’attraction du territoire des Bouches du Rhône Sud sur les communes
de la région montre l’existence de toute une frange nord de l’ouest à l’est du territoire qui doit
encore être intégrée. En effet, si on regarde en détaille les taux de couverture de ces
communes, et que l’on retient celles couvertes à plus de 40 % par les établissements du
territoire, on sélectionne 17 communes qui mériteraient d’être intégrées au territoire de santé
des Bouches-du-Rhône Sud : 9 appartiennent au territoire d’Aix, 2 à celui de Salon, 3 à celui
de Brignoles, et 3 au territoire de Toulon-Hyères.
Par exemple il est apparu que certains séjours complexes des activités digestives ne se
dirigeaient pas vers les établissements marseillais comme on pourrait l’attendre. Agir sur ces
flux est évidemment très difficile dans la mesure où ils dépendent grandement de réseaux
d’adressage établis, et illustrent le libre choix des patients.
Une réflexion sur les possibilités de transférer sur quelques segments d’activité les méthodes
permettant de renforcer le maillage territorial des soins pourrait être menée au sein de la CST.
C
CRREEEERR LLEESS CCOONNDDIITTIIO
ONNSS LLO OCCAALLEESS D D’’U
UNNEE M MEEIILLLLEEUURREE PPA
ARRTTIICCIIPPA
ATTIIO
ONN D
DEESS
EETTA
ABBLLIISSSSEEMMEEN
NTTSS D
DUU TTEERRRRIITTO
OIIRREE A
A LLAA RREECCHHEERRCCH
HEE CCLLIINNIIQ
QUUEE
AASSSSOOCCIIEERR LL’’UUNNIIVVEERRSSIITTEE AAUUXX TTRRAAVVAAUUXX DDEE LLAA CCSSTT PPOOUURR LLAA PPRREESSEERRVVAATTIIOONN DDEE
LL’’EEQ
QUUIILLIIBBRREE D
DEE LLAAD DEEMMO OG
GRRA APPH
HIIEE M
MEEDDIICCA
ALLEE SSU
URR LLEE TTEERRRRIITTO
OIIRREE
Il s’agit ici d’assurer des liens plus étroits entre l’Université et les établissements pour la
détermination des besoins de formation pour éviter les effets inflationnistes pour tous d’une
concurrence exacerbée sur le recrutement.
Parallèlement, il pourra être envisagé de mieux connaître et faire connaître les formations
continues, auxquelles pourraient être plus étroitement associé le CHU.
L’atelier « proximité » s’est donné pour mandat d’observer objectivement, et dans une
perspective comparative, la couverture des soins de proximité, et en particulier des soins
hospitaliers, des habitants des différents territoires qui se distinguent au sein des Bouches-du-
Rhône Sud.
C’est à partir de cette appréciation précise de la couverture des soins de proximité que
l’atelier a formulé ses recommandations.
La définition de la proximité
La proximité est un sujet difficile car elle ne recouvre pas une notion homogène. Ainsi, la
proximité géographique, physique est-elle évolutive avec les moyens de transport, ces
derniers conférant une réalité différente à la proximité selon les infrastructures sur les
territoires. Il existe une acception plus large de la proximité, qui renvoie à l’accessibilité
sociale aux soins, et leur disponibilité pour les habitants. Il y a évidemment un lien entre la
proximité physique et l’accessibilité sociale des soins, dans la double mesure où les revenus et
le profil socio-économique des individus et ménages sont à la fois un déterminant de leur
mobilité relative et de leur lieu de résidence.
A
ABBSSEENNCCEE DDEE DDEEFFIINNIITTIIOONN RREEGGLLEEM
MEEN
NTTA
AIIRREE D
DEE LLA
A PPRRO
OXXIIM
MIITTEE
Il y a en France, plus que partout ailleurs en Europe, une densité élevée d’établissements sur
l’ensemble du territoire. Ces derniers ont une organisation territorialisée, avec un système
tutélaire régionalisé, des établissements ancrés dans leur commune via la disposition faisant
du Maire le Président du Conseil d’Administration. Cette densité territoriale, l’implantation
harmonieuse, diffuse et coordonnée des établissements sur le territoire sont induites par
l’inscription dans la constitution du droit à la Santé pour tous, qui n’admet aucune
discrimination ni spatiale ni sociale. Ce droit est réaffirmé dans le Code de Santé public, mais
y reste défini de façon très large, sans définition de la proximité. La loi du 29 Juillet 1998,
puis le loi de santé Publique du 9 août 2004 mettant en place les PRAPS (Programmes
La toute nouvelle loi HPST, dont la volonté affichée est celle de réduire les coûts, maîtriser
les dépenses et améliorer la qualité et l’attractivité des établissements par l’augmentation des
volumes d’activité, pousse pour sa part à la concentration et à la graduation de l’organisation
des soins.
Si les principes de proximité et d’accès aux soins sont à maintes reprises évoqués et
réaffirmés dans les textes nationaux, ces derniers restent en revanche muets sur la définition
précise de ce que recouvre la proximité.
Dans les SROS, la proximité est également une notion très présente. Mais à nouveau, si l’on
observe discipline par discipline, ou activité par activité, le contenu de cette proximité, il faut
admettre que le SROS PACA, pas plus que dans les autres SROS, ne donne de norme
kilométrique ou de temps de distance, qui permettrait de disposer d’une définition précise de
la notion de proximité. Le positionnement précis du curseur dans l’arbitrage pourtant visé par
le SROS, entre qualité, technicité et proximité, n’est que rarement indiqué. Il y a de fait un
refus des tutelles à trop s’engager sur ces questions, sans doute par crainte de ne pouvoir tenir
d’éventuels engagements.
Finalement, les textes restent très larges, et laisse l’atelier dépourvu d’outils réglementaires
qui lui permettraient de mieux cerner le périmètre de son champ d’analyse.
LLAA PPRROOXXIIM
MIITTEE V
VUUEE A
A TTRRA
AVVEERRSS LLEESS CCLLA
ASSSSIIFFIICCA
ATTIIO
ONNSS FFO
ORRM
MEELLLLEESS D
DEESS SSEEJJO
OUURRSS
H
HOOSSPPIITTA
ALLIIEERRSS
Si les textes réglementaires ne permettent pas une définition précise des soins hospitaliers de
proximité, on peut examiner ce que les classifications qui existent aujourd’hui pour traiter les
données du PMSI disent de la notion de proximité. Elles peuvent en effet être un bon point de
départ pour délimiter le champ des soins et des séjours hospitaliers concernés par l’atelier,
mais aussi pour engager le dialogue avec les tutelles, dans le cadre du projet médical de
territoire.
Quelques typologies de GHM existent pour prendre en compte la proximité, laquelle est en
général entendue comme le lieu de fourniture de soins hospitaliers simples, courants ou
banals, qui s’opposent aux soins lourds, aux prises en charge spécialisées, complexes d’un
point de vue clinique et technique, nécessitant la mise en œuvre de compétences particulières.
Ces soins lourds sont aussi décrits comme ceux dont le recrutement s’étend le plus au loin des
établissements où ils sont délivrés, ce qui permet de les opposer à la proximité.
En réalité, historiquement, dans la classification OAP, les dires d’experts ont surtout
contribué à définir les actes lourds, et c’est donc un peu par défaut que la proximité s’en est
trouvée définie. En ce sens, on peut considérer que la classification OAP est « CHU centré ».
La classification REFREC ne repose pas comme la précédente sur dires d’expert, mais classe
les séjours autour de deux axes :
- Le premier axe est celui de la « référence », défini par la complexité des soins
et la rareté relative des compétences nécessaires
- Le second axe est celui du recours, défini par la géographie des recrutements,
et en particulier le recrutement au-delà du bassin d’attraction de
l’établissement. L’observation pour le classement le long de cet axe est fait
dans la région Rhône Alpes, région caractérisée par le nombre et la variété
des bassins de santé.
Mais limiter le travail et l’analyse de l’atelier à ce socle peut paraître trop restrictif. On peut
également observer les séjours qui sont classés comme des séjours de proximité par l’une ou
par l’autre des classifications. On a alors une base de 294 GHM, qui comprennent :
- 97 GHM classés en proximité dans l’une et l’autre des classifications, ce que l’on
appellera le « socle » de la proximité, qui représente un tiers des séjours en PACA.
- 197 GHM classés en proximité dans l’une ou dans l’autre des classifications, et qui
n’ont pas été considérés comme des séjours de référence par l’autre classification : ils
comptent le tiers des séjours régionaux.
Au total, il y a des différences relativement marquées entre les classifications. Ces dernières
ne donnent pas de définition précise de la notion de proximité, mais des définitions par défaut
dans un cas, et par observation de l’existant dans l’autre. Mais rien n’empêche d’observer ce
qui se passe pour cette base large des 294 GHM, qui représente 67 % des séjours de PACA,
afin d’apprécier précisément les activités qui méritent d’être consolidées en proximité, c’est à
dire au sein des territoires de santé, et celles qui ne posent pas de problème majeur.
D
DEESS TTEERRRRIITTO
OIIRREESS D
DEE PPRRO
OXXIIM
MIITTEE D
DUU SSR
ROOSS A
AUUX
X BBA
ASSSSIIN
NSS D
DEE RREECCRRU
UTTEEM
MEEN
NTT
O B S E
OBSERVESR V E S
Les travaux menés dans le cadre de cet atelier ont évidemment repris ces découpages du
SROS, mais, qu’il s’agisse de Marseille ou des territoire en périphérie, il a paru plus judicieux
d’établir une partition plus fine et conforme aux usages des habitants pour le recours aux
soins de proximité. Cette partition a été réalisée à partir des flux de patients pour le panier de
soins de proximité. L’analyse de ces flux a permis de distinguer des bassins de recrutement
hospitalier représentés sur la carte suivante.
On constate qu’au regard du découpage établi par le SROS, le territoire d’Aubagne-La Ciotat
est en réalité scindé en deux, la géographie des recours hospitaliers des habitants de La Ciotat
et de Cassis ne pouvant être confondue avec celle de la partie Nord de ce territoire de
proximité. Une seconde différence apparaît avec le SROS, qui réside dans l’apparition de
plusieurs bassins de recrutement bien distincts au sein de Marseille.
Marseille n’apparaît pas comme une agglomération homogène du point de vue du recours aux
soins hospitaliers de ses habitants, et malgré l’intégration urbaine, se faire soigner ne signifie
pas la même chose pour les habitants du Centre, de l’Est ou du Nord de la ville. Il existe
différents bassins de recrutement au sein de la ville. Pour affiner l’analyse factorielle, un
focus a été fait sur le territoire de Marseille uniquement, l’exclusion des territoires
d’Aubagne- La Ciotat et de Martigues permettant de mieux mettre en évidence les différences
de bassins de recrutement au sein même de la ville.
+ "Marseille Ouest"
Quels que soient les groupes de GHM retenus pour l’analyse des flux, elle fait apparaître 2
grands sous ensembles, bassins de recrutement opposant les arrondissements du Nord à ceux
du Centre, de l’Est et du Sud de Marseille : le mur de verre de la Canebière est « une réalité ».
Mais en réalité, du point de vue des choix d’hospitalisation, il est légitime de reconnaître, non
pas uniquement deux mais plutôt trois grands sous-ensembles, formant trois grand bassin de
recrutement :
- Le Nord et Centre-Nord, comprenant les 15e, 16e, 14e, 2e et 3e
arrondissements ;
- L’Est du 13e, 12e, 11e, 4e ;
- Le Sud et le Centre, les 9e, 10e, 8e, et les 7e, 6e, 5e, 1e.
C’est à cette échelle, sur ces territoires, que l’on peut apprécier la couverture de soins de
proximité des habitants.
Pour chaque territoire de proximité distingué, ont été calculés le nombre de séjours relevant
de la proximité consommés par les habitants, les séjours réalisés auprès de l’un ou l’autre des
établissements sur le territoire, les séjours réalisés ailleurs, où que ce soit dans la région.
Les tableaux ci-dessous montrent des situations contrastées selon les territoires de proximité
distingués ici.
Prise en charge locale des Séjours hospitaliers 2007 dans les territoires de proximité des Bouches du Rhône Sud
le socle des 97 GHM de les 294-97 GHM les autres GHM Ensemble des GHM
Hospitalisation dans le Hospitalisation dans le Hospitalisation dans le même Hospitalisation dans le même
Territoire de résidence du patient OUI NON Total OUI NON Total OUI NON Total OUI NON Total
01_Martigues 15 878 5 180 21 058 14 496 10 478 24 974 7 822 13 448 21 270 38 231 29 148 67 379
02_Marseille_Ouest 3 595 4 162 7 757 1 063 6 220 7 283 1 585 5 459 7 044 6 243 15 857 22 100
03_Marseile CentreNord et Nord 7 044 21 304 28 348 7 023 22 064 29 087 6 949 22 633 29 582 21045 66064 87109
04_Marseille_Est 13 030 18 932 31 962 7 493 23 685 31 178 5 140 26 688 31 828 25731 69386 95117
06_Marseille-Sud et Centre 24 290 19 971 44 261 23 842 18 708 42 550 24 305 21 913 46 218 72479 60666 133145
07_Aubagne 8 286 3 910 12 196 7 226 5 103 12 329 4 907 6 590 11 497 20 449 15 612 36 061
08_Cassis_La_Ciotat 3 630 2 596 6 226 1 805 4 043 5 848 1 469 4 743 6 212 6 915 11 395 18 310
Total 75 753 76 055 151 808 62 948 90 301 153 249 52 177 101 474 153 651 191 093 268 128 459 221
source : PMSI 2007 - France entière © NFT - 01-2009
le socle des 97 GHM de les 294-97 GHM les autres GHM Ensemble des GHM
Hospitalisation dans le Hospitalisation dans le Hospitalisation dans le même Hospitalisation dans le même
Territoire de résidence du patient OUI NON Total OUI NON Total OUI NON Total OUI NON Total
01_Martigues 75% 25% 100% 58% 42% 100% 37% 63% 100% 57% 43% 100%
02_Marseille_Ouest 46% 54% 100% 15% 85% 100% 23% 77% 100% 28% 72% 100%
03_Marseile CentreNord et Nord 25% 75% 100% 24% 76% 100% 23% 77% 100% 24% 76% 100%
04_Marseille_Est 41% 59% 100% 24% 76% 100% 16% 84% 100% 27% 73% 100%
06_Marseille-Sud et Centre 55% 45% 100% 56% 44% 100% 53% 47% 100% 54% 46% 100%
07_Aubagne 68% 32% 100% 59% 41% 100% 43% 57% 100% 57% 43% 100%
08_Cassis_La_Ciotat 58% 42% 100% 31% 69% 100% 24% 76% 100% 38% 62% 100%
Total 50% 50% 100% 41% 59% 100% 34% 66% 100% 42% 58% 100%
source : PMSI 2007 - France entière © NFT - 01-2009
Les établissements sur les territoires périphériques d’Aubagne et plus encore de Martigues
jouent pleinement leur rôle dans le recours aux soins de proximité de leurs habitants : les taux
de couverture y sont respectivement de 75 % et de 68 % pour le socle de ces activités, et de
58 % et 59 % pour les activités de « proximité étendue ».
À Aubagne, 70 % des GHM sont bien couverts, et les défauts de couverture sont concentrés
sur quelques activités : l’urologie, l’ophtalmologie (intervention sur le cristallin), l’orthopédie
ambulatoire, et la chiomiothérapie.
À Martigues, 65 % des GHM sont bien couverts, et parmi les GHM dont la couverture est
significativement en dessous du seuil, la grande majorité l’est très légèrement et/ou comprend
un faible nombre de séjours. En réalité, les défauts de couverture sont ici très concentrés sur
l’activité d’orthopédie (5 GHM concernés), l’ophtalmologie (intervention sur le cristallin), la
chimiothérapie, et les soins palliatifs.
Qu’il s’agisse de Marignane, nommé Marseille Ouest, ou encore de La Ciotat et Cassis, ces
territoires ont une offre plus limitée, et la couverture des soins de proximité y est moins
assurée. À La Ciotat et Cassis, les soins de proximité ne sont couverts qu’à hauteur de 58 %
pour le « socle », et 31 % pour la « proximité étendue ». À Marseille Ouest, seulement 46 %
des soins de proximité trouvent réponse localement et juste 15 % pour ce qui est de la
proximité étendue.
La situation à La Ciotat et Cassis est celle d’une offre limitée, très clairement concurrencée
par celle des établissements du sud marseillais, rapidement atteints. Le regroupement de
l’Hôpital et de la Clinique sur un même site devrait permettre à moyen terme, si les projets
médicaux s’adaptent à ces besoins de proximité, de retenir une plus grande partie des séjours
des habitants pour ce qui concerne les soins courants.
Le taux de couverture de Marseille Ouest est certainement sous-estimé, puisque les données
n’intègrent pas les territoires limitrophes notamment celui de Vitrolles, qui n’appartient pas
aux Bouches-du-Rhône Sud, mais dont l’offre est très intégrée à celle de Marignane. Ainsi,
les activités de gynécologie et de pédiatrie représentent une part importante des activités de
proximité qui ne sont pas couvertes sur Marignane : mais une grande partie des séjours
s’adresse à Vitrolles. La faiblesse de la couverture territoriale révèle toutefois une
incohérence du découpage territorial, aussi bien que la situation de grande dispersion des flux
de recours aux soins des habitants de cette zone.
Enfin, au sein des trois territoires de Marseille, on constate une couverture globalement plus
faible et nettement moins graduée que dans les territoires d’Aubagne ou de Martigues. Cela
révèle deux phénomènes. Le premier est l’importance relative des flux croisés au sein de
Marseille, qui explique que même sur le territoire Sud et Centre, où les séjours de proximité
sont les mieux couverts avec une offre très dense, le taux de couverture ne dépasse pas les
55 %, ce qui est bien inférieur au 70 % que l’on peut attendre dans des configurations moins
urbaines.
Le second phénomène observé est la forte polarisation qu’exerce sur les territoires Nord et
Est, le territoire Centre et Sud où se concentrent les établissements. À n’en pas douter, les
opérations de relocalisation envisagées pour les prochaines années, avec le renforcement de
l’Hôpital Nord d’un côté et le regroupement sur un nouveau site du second arrondissement de
l’Hôpital Ambroise Paré Desbief de l’autre, contribueront à un rééquilibrage de l’offre et à
une amélioration de la couverture de soins hospitaliers de proximité pour les habitants des
« quartiers Nord ». Pour autant, ces opérations ne règleront pas à elles seules les problèmes de
Version 20 mai 2009 91 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
desserte et d’accessibilité de l’offre de l’Hôpital Nord notamment. Parallèlement, la faiblesse
de la démographie médicale et la faible territorialité des réseaux d’adressage sur certaines
parties du territoire marseillais limiteront également les effets de ces opérations de
relocalisation sur la couverture des séjours de proximité.
LLEESS DDEETTEERRM
MIIN
NAAN
NTTSS D
DEE LLA
ADDEEFFA
AIILLLLA
ANNCCEE D
DEE SSO
OIIN
NSS D
DEE PPRRO
OXXIIM
MIITTEE
Une lecture précise des GHM les moins bien couverts a été réalisée pour chaque territoire.
L’objectif n’est pas ici d’en détailler le contenu mais plutôt de rendre compte des principales
explications qui ont pu être avancées pour expliquer les défaillances constatées de la
couverture des séjours de proximité des habitants des différents territoires.
À Marseille Ouest par exemple, la faiblesse de la couverture, nous l’avons vu, est souvent
synonyme de l’inadéquation des découpages dans lesquels ce territoire est contraint.
Enfin, plus généralement, la localisation de l’offre explique évidemment une part importante
des soins de proximité couverts, et corrélativement des flux induits de patients. Ainsi, le
territoire de Marseille Est, qui comprend 4 cliniques (Beauregard, Vert Coteau, La
Phocéanne, Chanteclerc) totalise 550 lits de court séjour, ce qui représente, pour ce territoire
de plus de 260 000 habitants, une faible densité de 2,1 lits de court séjour pour 1000 habitants,
très inférieure à la moyenne nationale ou régionale. Marseille Ouest avec une densité de 2,5
lits pour 1000 habitants, Martigues et Marseille Nord, qui offrent une densité de 3,1 pour
1000 habitants, sont dans une situation similaire.
Mais évidemment, il ne suffit pas d’avoir les lits pour assurer la couverture des soins
hospitaliers locaux en proximité, il faut aussi disposer d’une offre adéquate, répondant aux
besoins de proximité les plus importants.
Une part importante des défauts de couverture vient de l’insuffisant développement des
activités ambulatoires. Les activités ambulatoires représentent aujourd’hui en effet les deux
tiers des activités de proximité retenues dans l’analyse, et ne sont en moyenne couvertes qu’à
hauteur de 43 % par des établissements à proximité du lieu de résidence des patients. Leur
développement mérite d’être encore renforcé, notamment dans les établissements publics,
mais ceci suppose de substantielles réorganisations internes et des pratiques. Le renforcement
de ces activités ambulatoires, prévu dans la majorité des projets d’établissement, devrait
permettre de mieux répondre aux besoins de la population locale.
Parmi ces activités ambulatoires, la plus importante en nombre concerne les séances de
chimiothérapie. Dans toute la partie occidentale du territoire de Santé, dans les territoires de
proximité de Marseille Nord, Marseille Ouest et Martigues, les séances de chimiothérapie
sont très faiblement couvertes en proximité, puisqu’en moyenne, sur ces territoires, moins de
10 % des séjours sont couverts à proximité des territoires de résidence des patients, contre
41 % à Marseille Est ou Centre et plus de 50 % à Marseille Sud ou même à Aubagne. Or,
aujourd’hui, une bonne part des traitements courants de chimiothérapie sont hautement
protocolisés, et pourraient être assurés à proximité du domicile des patients, leur évitant des
transports, qui, quoique pris en charge intégralement, imposent une fatigue supplémentaire
inutile. Les possibilités de déconcentration de cette activité butent sur les questions de
démographie médicale dans la profession des cancérologues. Mais les professionnels estiment
qu’il existe aujourd’hui des moyens de former des équipes pour administrer dans les
conditions de sécurité requises, bon nombre des traitements courants de chimiothérapie.
Une autre activité particulièrement mal couverte à proximité est celle des soins palliatifs. Les
demandes réitérées des établissements pour accroître le nombre de lits de soins palliatifs n’ont
pas, pour des raisons tarifaires, eu de suite. Or, les besoins existent, puisqu’en moyenne
actuellement plus de 60 % des séjours de soins palliatifs sont réalisés hors du territoire de
résidence des patients. La couverture est particulièrement faible sur les territoires de
Martigues, Marseille Ouest et Est. L’atelier a considéré que ce taux devait être amélioré car
ces soins, peut-être plus que tout autre, ont tout leur sens à proximité du domicile des patients.
Les réseaux d’adressage et l’intégration de l’offre de ville aux activités des établissements
Enfin, si les capacités existent et que l’offre est adaptée aux besoins locaux, une troisième
condition de la couverture locale des séjours de soins courants réside dans la solidité des
réseaux d’adressage et des liens avec les médecins et spécialistes implantés sur le territoire.
Or, de leur propre constat, les établissements n’ont pas toujours réussi à créer les conditions
favorables au resserrement des relations avec les spécialistes libéraux installés sur leur
territoire : ces derniers accueillent une demande locale, mais y répondent parfois en
intervenant sur des plateaux techniques éloignés de leur territoire d’installation. Il y a là une
possibilité d’action, propre à chaque établissement, qui permettrait d’améliorer la couverture
locale des séjours de proximité.
L’analyse précise de la couverture des soins de proximité a permis à tous les établissements
de mieux observer la place qu’ils tiennent respectivement dans la réponse aux besoins et
d’identifier les possibilités d’amélioration de leur offre pour y répondre mieux encore.
Mais outre ces enseignements, quelques recommandations plus transversales sont apparues :
- Améliorer les transports pour une meilleure intégration au Nord des territoires Est et Ouest
de Marseille, en agissant auprès des pouvoirs publics locaux concernés
- Créer les conditions de formation pour une plus grande proximité des traitements de
chimiothérapie pour lesquels les protocoles sont bien établis et accessibles.
Mener un travail de prospective dans un délai aussi bref que celui qui borne la préparation du
PMT est difficile, et le risque n’était pas nul pour l’atelier de s’embourber dans une réflexion
aux finalités peu opérationnelles pour la CST.
Aussi, plutôt que d’embrasser un large examen des tendances qui détermineront les besoins de
santé des grandes villes
Les maladies chroniques : de quoi parle-t-on ?
de demain, l’atelier a
« Les maladies sont dites chroniques lorsqu’elles présentent une ou plusieurs choisi d’examiner l’une
des caractéristiques suivantes : d’entre elles, une
- elles sont permanentes tendance incontestable,
- donnent une incapacité résiduelle une tendance reconnue
- sont provoquées par des altérations pathologiques irréversibles
- demandent un entraînement spécial du patient pour sa
depuis près de 30 ans
réadaptation maintenant par un
Concrètement, elles comprennent les cancers, les affections respiratoires et grand nombre d’études
cardiovasculaires, l’obésité et les maladies mentales, et par extension les et d’analyses, et à
conséquences des traumatismes et des accidents. » (OMS-AFD) laquelle les grandes
villes d’un pays comme
la France n’échappent pas : le développement des maladies chroniques.
On sait aujourd’hui que les maladies traitées à l’hôpital sont de plus en plus souvent des
maladies au long cours, qui commandent un suivi rapproché du patient et son éducation
thérapeutique. Or, à Marseille comme ailleurs dans la région PACA, l’éducation
thérapeutique ne couvre aujourd’hui pas
Qu’est que l’éducation thérapeutique ? assez les besoins. Elle n’est pas assez
développée. Une récente enquête auprès
L’éducation thérapeutique est un ensemble de pratiques
visant à permettre au patient l’acquisition de des établissements publics et privés de
compétences, afin de pouvoir prendre en charge de la région PACA montre très nettement
manière active sa maladie, ses soins et sa surveillance, que l’éducation thérapeutique est
en partenariat avec ses soignants. présente à minima et ce, dans un
nombre encore très limité
L’éducation thérapeutique du patient doit être fondée sur
des valeurs : responsabilité (partage de la responsabilité d’établissements. Dans les Bouches-du-
thérapeutique soignant / soigné), respect, autonomie, Rhône, à peine plus du tiers des
équité, accessibilité établissements de santé (35 %)
développe un ou des programmes
www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/eduthera/notinte.htm;
d’éducation thérapeutique5. Même s’ils
5
Dr S. Gentile, L. Benhaïm, S. Parron, J. Ferrandino, Pr R. Sambuc « Etat des lieux : Actions d’éducation thérapeutique
Région PACA » Résultats d’enquête présentation ARH le 03 décembre 2008.
Il a choisi de travailler sur un thème, celui de la nutrition, avec dans l’idée que le dispositif
proposé pourrait être décliné sur d’autres thématiques.
LL’’OOBBEESSIITTEE EETT LLEE SSUURRPPOOIIDDSS :: UUNNEE PPAATTHHOOLLOOGGIIEE AA PPRREEVVEENNIIRR SSUURR LLEE TTEERRRRIITTOOIIRREE
Les travaux synthétisés par l’ORS6 PACA sur ce problème de santé publique montrent que si
l’obésité et le surpoids ne présentent pas, dans la région, les niveaux d’occurrence qu’ils
présentent en moyenne en France, il y a un effet âge déterminant : la situation est meilleure
pour les personnes de plus de 40 ans, mais en deçà de 40 ans, les taux de prévalence sont
proches de ceux que l’on observe en France.
60
Obésité
50
Surpoids
15,3
40 8,7
11,6
30 8,3 7,4 8,5
2,5 4,7
20 37,1 38,7
6,9 6,0 3,3 2,8 30,0
24,6 26,1 25,4
10
16,5 14,9
10,4 11,7 9,2 11,0
0
PACA France PACA France PACA France PACA France PACA France PACA France
2-9 ans 10-19 ans 20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-64 ans
Par conséquent, la situation de la région, jusque-là plutôt épargnée par ce type de pathologies,
tend à se dégrader rapidement pour converger vers les niveaux nationaux. Par conséquent,
agir sur ce thème est aussi prévenir, sur le territoire, l’érosion d’un capital santé qu’il détenait
jusque là.
6
Aurélie Bocquier « Obésité et précarité : une illustration des inégalités sociales de santé
en Provence-Alpes-Côte d’Azur » Contribution à l’atelier prospective du PMT des Bouches-du-Rhône Sud le 13 novembre
2008.
Version 20 mai 2009 97 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
existent, même s’ils sont moins prononcés qu’à l’échelle nationale. À Marseille, il existe
d’importantes poches de difficultés auprès des jeunes en difficulté mais aussi des étudiants.
Mais de plus, cette relation entre obésité et précarité est à double sens : si la précarité
représente un terrain favorable à l’occurrence de problèmes de surpoids allant jusqu’à
l’obésité, ces problèmes de santé en retour entretiennent de la précarité puisqu’ils péjorent les
chances de retrouver un emploi.
L’atelier souhaite impliquer les établissements du territoire dans la prise en charge des
besoins futurs en matière d’éducation thérapeutique nutritionnelle. Il propose à la Conférence
Sanitaire de Territoire de porter un dossier de candidature pour une première opération qui
aura valeur d’exemple et pourra, une fois évaluée et ajustée, être répliquée sur d’autres
thématiques.
PPRROOPPOOSSIITTIIOONN
PPO
OUURR U
UNN D
DIISSPPO
OSSIITTIIFF TTEERRRRIITTO
ORRIIA D’’EED
ALL D DUUCCA
ATTIIO
ONN TTH
HEERRA
APPEEU
UTTIIQ
QUUEE
N
NUUTTRRIITTIIO
ONNN
NEELL
Aujourd’hui, les patients soignés dans les établissements pour des problèmes graves de
surpoids ou d’obésité ne sont pas suivis d’assez près à leur sortie de l’établissement.
Les diabétologues de ville, dont une partie importante du métier est bien l’éducation
thérapeutique nutritionnelle, ne couvrent pas tous les besoins. Les médecins de ville ne sont
quant à eux pas incités à réaliser de telles consultations d’éducation thérapeutique, qui à ce
jour, n’est pas reconnue.
Les établissements n’ont qu’une action d’éducation thérapeutique légère et ponctuelle dans le
temps du soin aigu.
L’objectif de cette opération est de promouvoir auprès des établissements hospitaliers publics
et privés le développement de l’éducation thérapeutique nutritionnelle auprès des patients
qu’ils ont soignés. L’objectif de cette action est de permettre que 50 % des patients sortant des
établissements hospitaliers publics ou privés soient suivis et accompagnés après leur
traitement par une éducation thérapeutique adaptée à leur besoin.
Les avantages d’un tel dispositif résident dans la grande souplesse des modes d’intervention
qu’il soutient. Depuis la simple consultation d’éducation thérapeutique pour les patients des
médecins généralistes jusqu’à la mise en place de programmes de suivi plus conséquents,
dans les murs ou hors des murs, les ressources mises à disposition dans ce centre sont en
quelque sorte malléables au gré des demandes et des besoins, son principal objectif étant
l’amélioration du suivi des patients par la promotion de l’éducation nutritionnelle.
Il permettra de
- Fédérer l’ensemble des professionnels qui interviennent aujourd’hui à divers titres
dans le domaine de la nutrition
- Sensibiliser les médecins à cette démarche d’accompagnement des soins et la rendre
accessible pour les patients qu’ils suivent
- Promouvoir la démarche dans les établissements
- Assurer la qualité des formations
La mise en œuvre d’une telle action très opérationnelle exige qu’une cellule, mandatée par la
CST, s’attache à travailler le détail d’un tel dossier, à mobiliser les médecins qui y
participeront, à déterminer la localisation d’un tel centre, à monter un dossier de candidature
pour rechercher les financements auprès des organismes partenaires.
À peine plus d’un an après le lancement de son projet médical de territoire, après de
nombreuses réunions qui ont mobilisé les acteurs concernés et après d’abondants travaux
d’analyse spécialement réalisés, la Conférence Sanitaire des Bouches du Rhône Sud est en
mesure de répondre à trois grandes questions :
- La pertinence des contours de son territoire
- Les adaptations de l’offre de soins pour en améliorer encore les services rendus aux
habitants
- Le rôle à venir de ses partenaires, particulièrement intéressant à définir dans la
perspective des évolutions à venir avec la mise en place des ARS
Le territoire des Bouches-du-Rhône Sud n’est pas un territoire hégémonique. Il joue le rôle de
recours et d’excellence que l’on attend de lui, dans l’activité très régulée de la périnatalité par
exemple, mais dans bien d’autres domaines où ce rôle est moins formalisé, comme pour ce
qui concerne la chirurgie digestive ou orthopédique.
Mais le territoire est à l’étroit dans ses frontières. Ainsi, certaines communes tout au long de
les franges Nord et Est du territoire sont naturellement plus orientées sur Marseille que sur le
pôle aixois auquel elles ont pourtant été rattachées. La commune de Vitrolles est
emblématique de cette situation, et du manque de cohérence décisionnelle que cela induit.
Par ailleurs, au sein du territoire, la reconnaissance des bassins d’offre de proximité pourrait
être affinée. En effet, si les deux territoires périphériques sont bien identifiés, épousant
clairement les formes données aux bassins de santé par les flux de patients, le territoire central
marseillais ne forme pas une aire homogène de recrutement, où tous les habitants iraient
indifféremment de leur lieu de résidence, vers tous les établissements de la ville. Marseille
distingue au moins trois grandes aires distinctes de recours aux soins hospitaliers, et la
reconnaissance de ses aires participera à améliorer l’organisation des soins de proximité les
plus courants pour les habitants de la ville.
Ainsi, il est apparu que l’offre de soins palliatifs et de chimiothérapie courante méritait d’être
rapprochée des habitants sur toute une partie du territoire. De même, les soins de suite pour
les personnes âgées suivent aujourd’hui des filières d’adressage où les contraintes laissent peu
de place aux logiques de proximité qui devraient prévaloir.
L’analyse des filières de patients a également permis de souligner les nouvelles réponses qui
peuvent être attendues d’une offre moderne comme celle du territoire. L’hospitalisation de
jour en soins de suite spécialisée méritera d’être développée. De même, l’offre
d’hospitalisation à domicile pour certains types de grossesses pathologiques est appelée à
mieux s’organiser, en s’appuyant sur l’expérimentation de coopérations nouvelles entre les
établissements. Enfin, une ville comme Marseille, dont l’activité fait référence, rayonne sur la
région et au-delà, pourra, si elle en a la volonté politique, devenir un modèle à suivre en
matière de suivi des patients, par la mise en place d’un dispositif d’éducation thérapeutique.
Ce maillon manquant de l’offre actuelle est destiné à se renforcer et à se diffuser : on sait que
l’éducation thérapeutique sera un principe fort de l’offre de soins de demain.
Le projet médical de territoire des Bouches-du-Rhône Sud dessine une offre sanitaire
moderne. Cette modernité ne tient pas seulement à son offre très équipée, située à la frontière
des connaissances et savoirs faire : plus que l’abondance, c’est bien la qualité et la technicité
de l’offre de soins qui lui assurent un rayonnement important.
Cette modernité de l’offre tient aussi à son potentiel, à ce qu’elle est prête à devenir : une
offre proche des besoins, proches des habitants, où l’établissement apparaît comme l’une des
composantes variées d’une organisation de la santé ouverte et intégrée.
Les travaux du Projet Médical de Territoire ont mis en lumière plusieurs axes de
coopérations.
Les coopérations entre les établissements de santé ont été préconisées pour répondre à
plusieurs défis :
- Celui de la régulation des naissances, et notamment des grossesses à bas
risque, par la mise en place d’un outil d’information commun faisant
quotidiennement le point des disponibilités pour le réseau.
- Celui de l’adaptation des soins de suite spécialisés aux nouvelles normes
d’encadrement médical, qui, dans certaines disciplines, peut être facilitée par
un adossement resserré aux établissements de court séjour.
Version 20 mai 2009 101 Nouvelle Fabrique des Territoires
Sandrine Haas/ Emmanuel Vigneron
- Celui de la recherche clinique enfin, pour que le positionnement du territoire
soit maintenu dans un environnement de vive concurrence, où les délais de
recrutement des patients dans les protocoles sont déterminants, et pourraient
être améliorés avec la participation à la fois active et accompagnée des
établissements privés.
Mais les coopérations pourraient également s’ouvrir vers d’autres partenaires. Tout d’abord,
la médecine de ville et l’URCAM sont apparues comme les partenaires clefs pour la réussite
des stratégies de rapprochement de l’offre des établissements aux habitants. Qu’il s’agisse du
développement de l’HAD pre-partum, de l’ancrage territorial des filières de soins de suite
pour accueillir les personnes âgées, ou encore de la diffusion de l’éducation thérapeutique
nutritionnelle, tous ces objectifs retenus dans les différents ateliers requièrent avant tout un
resserrement des liens entre les établissements de santé et la médecine de ville.
Par ailleurs, le partenariat avec le Conseil Général doit trouver les voies d’une revitalisation,
car la coordination de ses actions avec celles des établissements du territoire est
indispensable. Là encore, les sujets de coopérations ne manquent pas :
- Le suivi des grossesses est apparu comme un élément important de la
régulation, dont on prévoyait, si rien n’est fait, une dégradation susceptible de
mettre à mal les efforts de régulation des établissements.
- L’accès aux droits et les accords entre les établissements sanitaires et médico-
sociaux pour fluidifier les filières de soins et améliorer l’accessibilité des
patients aux établissements de soins de suite
- L’autorisation et l’installation des places d’hébergement pour personnes
âgées sont, à l’heure même où les lits de long séjour disparaissent, un
déterminant essentiel du fonctionnement de la filière de soins de suite pour
les personnes âgées qui forment la majorité des patients
- La prévention, atout considérable pour l’efficacité des dispositifs d’éducation
thérapeutique
Ces partenariats disposent aujourd’hui, pour être effectifs, d’une large gamme d’outils
juridiques, qui ne demandent que la volonté politique et stratégique pour être mis en œuvre.
La mise en place des ARS devrait sans aucun doute être encore un pas en avant dans le
resserrement des liens entre les multiples acteurs de la santé. Les établissements du territoire
des Bouches-du-Rhône Sud le savent, qui ont fait le choix, avec l’adoption de ce projet
médical de territoire, d’un renforcement significatifs des partenariats, qui sont le ferment la
vraie modernité de l’offre de santé territoriale.
Avant-Propos ..........................................................................................................................2
Qu’est-ce qu’un PMT ? ..........................................................................................................2
Introduction.............................................................................................................................4
Démarche et méthode d’élaboration du PMT des Bouches-du-Rhône Sud ...........................4
La Périnatalité.........................................................................................................................8
Première partie - État des lieux...............................................................................................9
Deuxième partie – Les recommandations.............................................................................23
La Proximité .........................................................................................................................83
La réponse aux besoins de proximité....................................................................................84
La définition de la proximité ................................................................................................84
La reconnaissance des territoires de proximité.....................................................................88
L’appréciation de la couverture des soins de proximité .......................................................90
Les recommandations ...........................................................................................................94
Conclusion ..........................................................................................................................100