Combat 19 Mars 2001
Combat 19 Mars 2001
Combat 19 Mars 2001
LALTERNANCE CAPITALE
Monsieur le Maire
Le succs de Bertrand Delano met fin une longue domination de la droite Paris. En province, la gauche gagne Lyon mais perd de nombreuses villes. Lopposition conserve Toulouse. Des ministres battus : Lang, Guiguou, Moscovici. p. 12, 13, 14 et 15
Les rsultats par arrondissements sur notre site
www.cfpj.com
1 234 56 78 9 10 11 12 Paris 13 14 15 16 17 18 19 20
Ils ont marqu les municipales : ces quinze objets et attributs resteront dans nos souvenirs en marge de laffrontement Delano-Sguin.
Objets de campagne
V lo
Symboles de la lutte contre la pollution, vlos, trottinettes et rollers sont lordre du jour. Les roulettes ont envahi la capitale. Mme chez les tnors politiques. Franoise de Panafieu a montr lexemple en bravant les pavs parisiens, rollerblades aux pieds, le temps dun aprs-midi dautomne. Mais Paris reste loin dAmsterdam, reine europenne de la bicyclette. A quand les quais de la Seine ou la Concorde rendus aux pi-
Rouge lv re s
aurait pu tre le tube de la campagne. Malgr la nouveaut, la parit na pas provoqu leffet de mobilisation espr auprs des lecteurs. Peut-tre parce que les hommes politiques, de droite comme de gauche, ont t peu loquaces en la matire. Et les candidates, elles-mmes, assez discrtes, alors que seuls 8 % des maires sont des femmes. Une petite rvolution nanmoins, qui amnera en
In te rne t
Sites partisans, sites persos, pages anonymes diffamantes ou dithyrambiques, sondages en direct, annuaires en ligne des lecteurs fictifs et vrai-faux scrutin pour la playmate de la quinzaine Bref, (in)gal lui-mme, le net est dfi-
Po
Dents Chapeau
Viss la Indiana Jones sur la tte de Jacques Boutault, ce chapeau restera comme lun des symboles de la perce des Verts dans la capitale. Selon les accords qui lient la gauche plurielle aux Verts, ce quadra journaliste pourrait, en cas de victoire de la gauche dans le 2e, devenir le premier colo maire dun arrondissement de la capitale. Un demi-centimtre de vide qui rend ce sourire absolument unique dans la classe politique. Jean Tiberi na pas perdu de dents dans la bataille, au contraire, sa pugnacit a pay : en ralisant un score de 13 % en moyenne sur toute la ville et de 40 % dans son fief du 5e au premier tour, il a fait mentir des sondages catastrophistes et russi le tour de force dtre linterlocuteur incontournable au sein de la droite parisienne avant la phase finale. Ses dents du bonheur peut-tre ?
COMBAT
1 234 56 78 9 10 11 12 Paris 13 14 15 16 17 18 19 20
Cernes
Ca fait deux mois quon a tous des horaires la con , lance, des valises sous les yeux, un membre de lquipe de Bertrand Delano. La parit et larrive des mres de famille sur les listes lectorales na pas empch, comme ils lespraient tous, les brainstormings aux aurores et autres coups de fil angoisss ( Tes sr quon a pas exagr sur les tracts ? ) au beau milieu de la nuit.
Lunettes
Il les pose sur la table, les reprend, ou les met sur le bout du nez comme un prof. Pendant le duel sur Canal +, Bertrand Delano semble avoir appliqu consciencieusement les directives de ses conseillers en communication : afficher assurance et connaissance des dossiers. Contrastant avec le malaise de Philippe Sguin face ses fiches, il aurait, selon les commentateurs, marqu un point important lors de cet unique dbat avec son adversaire.
Moustache
Attribut pileux des contestataires soixante-huitards, elle a regagn ses galons de respectabilit pendant la campagne : les intgristes du rasoir double lame sauront dornavant que la moustache dYves Contassot pse prs de 13 % dans la capitale. Un score infrieur celui ralis par les Verts Paris aux europennes de 1999, mais au-del de leurs esprances avant ces lections. Un an avant les chances lgislatives et prsidentielle, les colos confirment quils sont devenus la deuxime force de la gauche plurielle.
Fiches
Tournes, retournes, lues avec une concentration toute scolaire, les fiches de Philippe Sguin ont symbolis la fbrilit de la tte de liste de la droite lors du dbat sur Canal+, donnant limpression quil ne matrisait pas son sujet. Consultes avec un manque certain de conviction, elles ont donn aux mdias un prtexte supplmentaire pour accentuer son image de prsum vaincu.
Affiches Casseroles
Des casseroles lhtel de ville, mais pas pour de jeunes maris. Cassette amateur et mises en examen, les pouvoirs en place ont souvent d plaider linnocence et dnoncer la calomnie. Car ces ustensiles de cuisine peuvent faire mal : On en arrive se demander sil ny a pas une prime la casserole , a lanc Philippe Sguin au dissident Jean Tiberi, surpris par le bon score du maire de Paris dans son fief du 5e arrondissement. Ce sont les grandes absentes de la quinzaine. Affiches sauvages quasiinexistantes et panneaux officiels parfois oublis, seuls les tracts taient timidement au rendez-vous sur les marchs. Les colos auraient-ils russi sensibiliser la classe politique au gaspillage et la dforestation ?
Pizzas
Rgime de base de Philippe Sguin depuis le dbut de la campagne, moins par manque de temps que par got selon ses proches. Cest aussi le plat des clibataires endurcis par des parties endiables de solitaires sur ordinateur. Quoi quil en soit, le colosse des Vosges a retrouv en huit mois les 20 kilos quil avait perdus avant la folle course parisienne.
Combat
Cest LE journal des municipales qui a marqu la campagne. Ressuscit pendant 14 jours, grce aux tudiants du Centre de formation des journalistes, la nouvelle dition de Combat, le journal de Philippe Tesson et dAlbert Camus, tait dirige par Michel Schifres. Soixante-huit tudiants encadrs dune quipe pdagogique ont particip laventure.
COMBAT
Paris 1 234 56 78 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
2e
Politique-spectacle
Dmagogie, coups bas... Aprs les lections, les lections continuent... sur scne. Le second tour pass, le thtre Mlo dAmlie vous invite suivre le droulement d Un conseil trs municipal . Dans cette pice corrosive, Monsieur le maire ne recule devant rien pour imposer ses projets. Un conseil : invitez vos lus. 4 rue Marie-Stuart, mtro Etienne-Marcel ; du mardi au samedi 21 h 30 ; 100 F, TR : 70 F
3e
Vos papiers SVP
Pour voter hier, il fallait sa carte didentit ou son passeport : tout le monde le sait. Mais on sait moins que mme expirs, ils taient accepts. Nombre de titres taient dailleurs admis : cartes de rduction SNCF ou danciens combattants, tickets de pension, permis de chasseAu bureau de vote de la rue Chapon, une lectrice sest prsente avec une carte didentit expire en 1983. Cela a suffit.
4e
Cambriolage la permance tibriste
La permanence de dput du candidat tibriste Laurent Dominati a t cambriole dans la nuit de samedi et dimanche. La porte du local situ au rez-de-chausse dun immeuble rue Chapon a t fracture, un appareil photo numrique emport et des ordinateurs visits. Laurent Dominati a port plainte.
5e
Chass-crois
Le 5e est un petit arrondissement. Trop petit pour les deux candidats. Hier matin, alors que Jean Tiberi faisait sa tourne des bureaux de vote, il a failli croiser son adversaire socialiste Lyne CohenSolal. Failli, car il a choisi de lviter. La voyant entrer dans un bureau pour voter, Jean Tiberi qui se trouvait l au mauvais moment, a prfr quitter la salle par derrire.
dimanche lectoral. Au caf des Templiers , le patron nest pas l. Il est parti voter , justifie un serveur. Non, il est la messe ! , soutient un autre. Un royaliste qui vote... Une immense statue de Jeanne dArc, un portrait de Louis XVI, des statues de la Vierge, des curs vendens et un jeu darcade Royal Vido . La dcoration de ce bistro de la rue de Rivoli, deux pas de lHtel de Ville, est limage de son tenancier, Jacques Serre, royaliste lgitimiste. norme chapelet entre les mains, charpe blanche autour du cou et missel en latin sous le bras, le patron arrive. Rayonnant, il revient de Saint-Nicolas du Chardonnet, lglise catholique intgriste du 5e. Bien sr que jai vot. Comme toujours . En souriant, Jacques Serre, fleurdelys de la cravate
au pins, de la pochette la chevalire, sort de la poche de son costume du dimanche une liasse de bulletins de vote maison. Au tribunal de Dieu, les voyoucrates de la Raie-Publique : Voil ce que jai mis dans lurne , se flicite-t-il, devant ses clients, visiblement blass par un discours quils entendent depuis louverture du bistro, en 1989 . Je vote toujours avec mes propres bulle-
tins et je crie A bas la gueuse, ils sont habitus au bureau . Plus royaliste que le roi, le patron ne sert pas seulement des demis et des billets de Loto. Nest Franais que celui qui sidentifie la prophtie de Saint Denis , proclame-t-il sans aucune gne devant sa clientle, populaire et bigarre. Le tavernier au discours provocateur a pourtant embauch
lhomme qui dormait dans un carton devant son bar, mais il ne sen vante pas. Sa verve , il la rserve pour ses ides. Les politiques sont tous des voyous. Les militants, eux, sont les dindons de la farce. Dans les partis, il ny a pas plus de 4 % de gens intelligents, sinon ils ne seraient pas l ! . Pendant la campagne, aucun ne sest aventur dans ce repaire du royalisme. Ils me connaissent. Ils savent comment je les aurais reus , prvient-il. Hier soir, Jacques Serre na pas regard le rsultat des lections. Le nom de son futur maire et voisin est moins important que son idal monarchiste. En attendant le Roy , il donne sa carte de visite. Un chevalier y est reprsent, entour de croix. Celle des Croiss, des catholiques, une fleur de lys et une croix de lorraine.
Matthieu MERCIER
6e
Ptition pour sauver le Petit Odon
Le personnel du Petit Odon est en colre : leur salle devrait tre condamne par le projet de rnovation et de remise aux normes de scurit du thtre. LAssociation des crivains associs de lOdon et tous les employs ont fait circuler une ptition. Le directeur technique ne voit pourtant aucune alternative ce projet de rnovation, aucune rnovation nayant t effectue depuis 1930. Les salaris ne renoncent cependant pas : un rendez-vous est prvu prochainement.
7e
Les lecteurs senfuient
Il y a de moins en moins dlecteurs et labstention nest pas la seule cause. En dix ans, la population a diminu de prs de 10%. Un record Paris. Martine Aurillac, maire RPR, relativise ce recul. Les habitants, par excs de prudence, auraient simplement refus douvrir leurs portes aux inspecteurs du recensement. Ceci fausserait considrablement les rsultats. Anne Kalck et Maggie Cazal, candidates de la majorit plurielle , trouvent largument fallacieux. Le sentiment dinscurit est nettement plus dvelopp dans dautres arrondissements. La spculation immobilire en seraient lorigine.
Une gare de lEst aux allures de Quai des brumes Photo Association Gare aux pollutions
vait des pics de pollution de courte dure mais atteignant parfois des niveaux levs de concentration en polluants . Les consquences sur la sant, si elles nont jamais t mesures scientifiquement, sont galement reconnues. La ligne Paris-Est-Troyes-Ble est la dernire artre internationale fonctionnant au diesel. Vers la grande banlieue perturbe
actuellement par un mouvement de grve - Provins et Longueville sont galement desservis par ces locos dun autre ge. Le trafic diesel reprsente environ 23 allers-retours par jours. Dun point de vue commercial, llectrification de ces lignes nest pas une priorit pour la SNCF et le Rseau ferr de France (RFF). Largument financier est avanc. Le financement de llectrifica-
tion dpend du budget des rgions. Il faut une volont politique , explique Grard Levrey, directeur de la communication de la gare de lEst. Mais lexplication ne convainc pas les associations. Le contrat de plan Etat-Rgion 20002006 prvoit en effet des tudes davant-projet mais renvoie une hypothtique lectrification 2008. Pour lheure, la SNCF consent quelques efforts. En mars 2000, la station-service de la Villette a t dplace vers le site de lOurcq entre Pantin et Bobigny, une zone moins dense en habitat. Les associations soulignent quant elles lurgence de la situation. 45 000 personnes et une vingtaine dtablissements scolaires subissent ces nuisances , souligne Jean-Claude Duflo. Le Maire PS du 10e, Tony Dreyfus, se flicite de son ct du remplacement des moteurs : Cest difficile de ne pas tre poujadiste dans ce genre de problme. Il faut des projets ralisables . Une satisfaction qui a le don dirriter les militants associatifs.
Isabelle POITTE
COMBAT
Paris 1 234 56 78 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
campagne de la tte de liste socialiste aurait pu mieux commencer. Ce matin, elle tait en retard pour mettre son bulletin dans lurne du bureau de vote du n11, rue de Reuilly. Michle Blumenthal est alle accomplir son devoir de maire : elle sest rendue sur les lieux de laccident , explique son entourage, anticipant sur les rsultats. Rue du Docteur-Arnold-Netter, un bus a percut une boulangerie (voir cicontre). La candidate socialiste finit par arriver, lair fatigu. Je nai pas pu apporter mon soutien aux victimes, puisque je ne suis pas secouriste. Mais je suis alle voir comment se droulent les secours , a-t-elle comment. Avant daller voter, Mme Blumenthal et son staff faisaient part de leurs tats dme. Jai la rate au court-bouillon. Je nai pas dormi de la nuit. Jangoisse , confiaitelle. Pnlope Komites (Verts), 6e sur la liste, en rajoutait dans lpanchement : Je nen peux plus. Jai la nause. Cest le dernier jour, jai limpression que toute la pression est en train de retomber . Le triomphalisme ntait pas de mise dans le camp de la gauche plurielle. Un lecteur leur prdit-il 55 % des voix ? 55 %, vous tes optimiste. Avec 50,5 %, on serait content , soupire Mme Komites. Avant de conclure : Le 12e, cest le point dinterrogation . A vot ! . Cela fait, commence la tourne-marathon des soixante bureaux de vote de larrondissement. Mme Blumenthal et ses
A DERNIRE JOURNE de
Nous avons une vraie dmarche de rencontre avec les habitants, nous crons lchange, cest peut-tre a la diffrence entre la droite et la gauche.
colistiers serrent des mains, saluent les assesseurs, rpondent aux lecteurs. a me dtend de faire la tourne des bureaux de vote , avoue-t-elle. Christian Sautter, 4e sur la liste et ancien ministre de Jospin, se fait plus pdagogue : Il sagit de remercier les assesseurs, et de prendre la temprature des bureaux de vote . Les proches jouent volontiers les augures, la recherche du moindre signe positif : Un assesseur ma dit quil y avait beaucoup plus de jeunes aujourdhui que la semaine dernire . Lhoroscope du Parisien, consult, reste sybillin pour les lions (signe de Mme Blumenthal) : Journe assez propice aux vnements de toute sorte, mais ne vous laissez pas dmonter par si peu de choses . Malgr la tension, Michle Blumenthal garde son sens de lhumour, change quelques plaisanteries avec son mari, Serge, qui conduit la Safrane familiale. Tu penseras faire voter ta mre. Il ne faudrait quand mme pas quelle oublie sa belle-fille . Entre deux bureaux de vote, elle se surprend fredonner (prmonitoire ?): Et maintenant que vais-je faire ? Que sera ma vie ? Et tous ces gens qui mindiffrent . Vrification faite, la chanson est de Gilbert Bcaud, sur des paroles de Pierre Delano.
Avant de dposer son bulletin dans lurne, Michle Blumenthal fredonnait un air de Gilbert Bcaud. (Photo Thomas Caplain / Lieu-dit)
A une heure, djeuner au SaintFrusquin, rue de Cotte, prs dAligre. Coteaux du Vendmois et assiettes froides au menu. Michle Blumenthal est la seule commander le Brunch de la mer . On rit, on porte un toast, avant de repartir lassaut des bureaux de vote.
Stphanie LEROUGE
torat de droite. Craint-on une dmobilisation du vivier tibriste ? Non, non, Alain Robert a donn des consignes , assure Pernin fils Mais nous ne sommes pas propritaires des lecteurs , soupire Corinne Atlan-Tapiero, 6e sur la liste, un tranglement dans la voix. 448 lecteurs, lcart donnerait des ulcres plus dun candidat la Maison blanche. Mais Jean-Franois Pernin, la mine teinte et visiblement press den finir, prfre deviser sur ses deux annes passes au journal Combat dans les annes soixante. Est-ce laccident de la route dramatique (douze blesss dont quatre graves) de la matine
qui confre ce maire en sursis ce dtachement quasi surraliste quelques heures du verdict des urnes ? Il est en pleine tourne des bureaux de vote quand le commissaire du 12e lappelle sur les lieux : un bus sest encastr dans une boulangerie, avenue du Docteur-Arnold-Netter. Une fois le repas fini, Jean-Franois Pernin reprendra sa tourne, avant de rentrer chez lui se dtendre . Vers 18 h, jirai la mairie, jusquaux rsultats . Et en route vers la fte de Philippe Sguin ? On verra, on verra... A lheure du caf, Vincent Casa, 5e sur la liste et adjoint la voirie, se laisse soudain gagner
par une excitation toute lgitime : Cest eux qui auront des problmes sils gagnent. Car il leur faudra diriger la mairie . La pique, pour gratuite quelle soit, sonne comme une prmonition. Vous dire que la dfaite ne nous ferait rien serait de la langue de bois, mais quand on a men un tel combat, on a le sentiment du devoir accompli . La douloureuse arrive, et avec elle la question qui tue. Prfret-il perdre le 12e avec Sguin pour maire ou gagner le 12e en abandonnant lHtel de Ville ? Gagner le 12e, cest mon combat !
Soren SEELOW
COMBAT
Paris 1 234 56 78 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
13e
Rassat ne sait pas
Michle-Laure Rassat, qui a retir sa liste dans le 13e suivant les instructions de Jean Tiberi, semblait perplexe au matin du second tour. Elle a en effet dclar dun air goguenard, sur le perron de la mairie du 5e : Je ne vote pas ici, dailleurs je ne lai pas encore fait. Mais je ne sais toujours pas quel bulletin je vais choisir. Le maire de Paris, quelle tait venue soutenir alors quil glissait son enveloppe dans lurne, lui lana alors amus : Rflchis bien dici-l.
13e
La mairie tait droite depuis 1977. Elle a bascul. Aperu de la journe o tout est arriv.
Toubon, cest le seul mec Paris qui bossait jusqu une heure du matin samedi, dimanche et ftes. Il aurait d la garder, sa mairie.
Le chauffeur de Jacques Toubon, hier aprs-midi.
14e
Les communistes dindons de la fusion
Maurice Lassalle, le secrtaire de la section locale du Parti communiste est en colre. Fidle la discipline du Parti, il sest tu jusquaux lections, mais aujourdhui il parle. Les ngociations pour la fusion ont t plus violentes qu lUNEF pendant la guerre dAlgrie. Les Verts ont eu une conduite intolrable. En 1995, Maurice Lassalle tait quatrime sur la liste de Pierre Castagnou. Ses prises de position contre les rformes de Robert Hue lui avaient dj cot une place en janvier dernier : sa fdration ne lavait pas soutenu au moment de la constitution des listes du premier tour. La fusion avec les Verts lui a port un nouveau coup. Rtrograd en huitime position, le chef de file des communistes du 14e, estime que la distribution des places na pas t pas quitable.
hier soir, au quartier gnral des socialistes du 13e, avenue de Choisy. On a clbr le hros, Serge Blisko, lhomme qui a fait tomber Toubon. Mais les militants affichaient une mine dpite aprs avoir pris connaissance des premiers rsultats nationaux. Le matin mme, rien ntait encore joupour Serge Blisko. Le dput et futur maire, trotte de bureau de vote en bureau de vote sous la bruine, accompagn de Jean-Marie Le Guen, le chef historique des socialistes du 13 e. Bonjour Madame, vous avez vu ce temps? Un vritable crachin breton ! Serge Blisko a le mot sympathique pour ceux quil rencontre. Pas facile, quand on a plus de 70 bureaux de votes visiter dans la journe. Un parcours initiatique vers le fauteuil de maire ? Tout au moins une course de fond. Depuis juin 2000, quand, mis en examen dans laffaire de la Mnef, Jean-Marie Le Guen renonce conduire comme les
autres annes la liste socialiste dans le 13e, Serge Blisko a d faire des pieds et des mains pour arriver en tte des sondages sur larrondissement. Tant et si bien quen fvrier les sondages crditaient la liste socialiste de plus de 40 % des voix au premier tour. Il a t aid dans sa tche
par la scission de la droite, et par la mise en examen du maire sortant. Pourtant les rsultats de dimanche dernier ont t un choc: 34% seulement. En cumulant les scores des verts, on pouvait atteindre les 45 %, et 49 % avec ceux de la liste Ecologie
pour Paris. Restaient les 5 % raliss par lextrme gauche... Trois heures avant la fermeture des bureaux, toutes les voix taient encore bonne gagner. Alors de bureau de vote en bureau de vote, Serge Blisko continuait courir.
Stanislas de SAINT-HIPPOLYTE
14e
Lanc en politique en 1960, Lionel Assouad est devenu maire en 1983. Photo Vincent Baillais/Lieu-Dit.
politique, le bleu de son gaullisme a un peu pass. Absent de la campagne, ses arguments sont moins percutants. De toutes faons, si la gauche lemporte, ils ne feront pas mieux que nous . Les derniers feux dun discours manichen prt rentrer dans son pass, la fin de son pope lui.
Jacques CLEMENT
COMBAT
Paris 1 234 56 78 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
15e
16e
Bureau de vote chez Peugeot
La succursale Peugeot, avenue de la GrandeArme, a t transforme, le temps dune lection, en bureau de vote, faute despace dans le 16e. Le lion de Montbliard remplace pour loccasion Marianne. Les citoyens passent entre deux ranges de voitures rutilantes pour rejoindre larrire-salle et sacquitter de leur devoir lectoral. Rares sont ceux qui sarrtent pour admirer les voitures exposes, de la vieille Torpdo de 1919 au coup 406. Deux touristes sud-africains, plutt surpris, filment les bolides. Une ancienne lectrice du 6 e trouve, elle, le choix du lieu plutt bizarrode : a doit leur faire de la pub, non ? , se demande-t-elle. Les autres lecteurs du 16e, habitus depuis des annes ce bureau de vote insolite, ne soffusquent pas de ce choix. A linstar dAude-Claire qui en profite pour regarder les modles, mme si ce nest pas pour a que je vais acheter . Et les candidats, que pensent-ils de cette entorse la liturgie rpublicaine ? Marie-Thrse Junot, seconde de liste tibriste, trouve le lieu amusant et spacieux . Comme une berline.
La rptition de la soire lectorale sur France 2 sest droule dans une ambiance dtendue.
dio C de France Tlvision. Panoramique puis gros plan sur Claude Srillon. On nentend plus que le bruit de limprimante, qui crache des dizaines destimations, sondages sortis des urnes et autres statistiques indispensables toute soire lectorale. La musique du gnrique retentit. Claude Srillon lance un bonsoir et se marre. Il donne un chiffre dabstention bidon, annonce une hypothtique dfaite de Jack Lang Blois. Il est 16 heures, hier. La rptition gnrale de la soire ddie aux municipales commence France 2. Sur les gradins qui entourent le prsentateur vedette, les analystes chargs de livrer les rsultats vrifient le fonctionnement de leurs tlphones, faxs et ordinateurs dissimuls sous le dcor. A la table de Claude Srillon : six employs de la chane recruts sur le pouce. Ils portent une petite pancarte affichant leur nom de scne : Franois Fillon (UDF), Alain Madelin (DL) ou Jean Glavany (PS). Le temps dun aprs-midi, les journalistes de France 2 jouent faire semblant. Vers 16h30, Grard Leclerc, chef du service politique, fait son entre sur le plateau. Et alors, Grard, tas oubli ton costard ! , lche Claude Srillon. Grard a profit de sa matine pour aller voter. Il sinstalle, la rptition peut
18e
Achevons-le
Encore et toujours Philippe Sguin. Les partisans de Jean-Pierre Pierre-Bloch ne changent pas de cible. Ils jetaient encore des sorts hier aprs-midi sur le le dput des Vosges . Sil prend une claque, il fera comme tout le monde, il partira , raillent les oiseaux de mauvaise augure la permanence du candidat tibriste. Car, pas de doute pour eux, lhomme de la situation, le seul, lunique, quel que soit le rsultat, cest Jean-Pierre, le seul qui soit du coin, du 18e .
reprendre. Cest Laurence Ostolaza de se chauffer la voix : Et un premier rsultat nous arrive de Paris, o lon me dit que Claude Srillon est rlu au journal de 20 heures. Par contre, pour PierreHenri Arnstam [ndlr : le directeur de linformation de France 2], a sannonce plus serr . Rire gnral sur le plateau : tout le monde sait depuis quelques jours que le grand chef risque dtre remplac par Olivier Mazerolle sitt les lections termines. Mais les tests continuent. Une carte des 20 arrondissements de Paris saffiche soudain sur grand cran : le 16e est en rouge, couleur socialiste. Claude Srillon iro-
nise : Ah a, cest une fine analyse politique ! Cest la gauche du fric [ndlr : dnonce par Philippe Sguin] qui emporterait le 16e ? Je veux bien parier que a narrivera pas . Il se tourne alors vers le directeur dIpsos et discute des diffrents scnarios envisageables Paris. Pierre Giacometti lui promet un coude coude gauchedroite. Claude Srillon harangue ses collgues, assis dans les gradins : Je pourrais dire que cest kif-kif et ric-rac. Mais quelles autres expressions avons-nous disposition ? La rptition se terminera dans la mme ambiance. A la sortie du plateau, Grard Leclerc confie que
Tour de chauffe hier aprsmidi pour Claude Srillon, avant la grande soire lectorale de France 2. (Photo Thomas Caplain / Lieu-dit)
le plus dur nest pas dassurer un direct mais de se souvenir de toutes les donnes politiques indispensables une analyse rapide . Pour France 2, le plus dur cest surtout dattirer les chefs de file des principaux partis, qui privilgient TF1 et ses fortes audiences. En face, le service public doit parfois se contenter des seconds couteaux.
Mathilde MATHIEU
19e
Centre commercial polluant
Un aspirateur voitures et camions . Cest ainsi que Witold Markiewicz, ancien urbaniste, dsigne le projet de centre commercial Aubervilliers. Son association, Paris-Banlieue-Environnement, situe dans le 19 e, se bat contre limplantation de ce site de 96 000 m2 (comprenant un hypermarch Carrefour de 12 000 m2) la frontire de lest parisien. Son principal cheval de bataille : laccroissement de la pollution atmosphrique engendr par le surplus de voitures. Une tude publie dans le dossier de prsentation du projet prvoit long terme une augmentation de 40% du trafic. Lassociation propose une solution alternative : dplacer le projet vers la Gare des Mines, proximit de lautoroute A1. Ce pourrait tre une plateforme multimodale pour desservir le centre commercial par les transports en commun non polluants , explique le prsident de lassociation.
Cest lge de pierre en plein Paris , commente un locataire. Escaliers instables, plancher qui saffaisse, plafond qui tombe en miettes, carreaux casss tous les tages, peinture inexistante Le seul point positif, samuse Sonia, cest quon na pas de cafards. Ils doivent tre tus par le froid ou lhumidit. Contre le froid, en plus des rchauds gaz, chacun se calfeutre avec des planches de bois devant les fentres et des sacs poubelle dans les interstices. Contre lhumidit, mieux vaut avoir des amis chez qui dposer ses
sinterroge Bernard Libine, adjoint la mairie du 20 e en charge de lhabitat. Je lignore. Faute de propritaire, les locataires ont donc cess de payer leur loyer. Et ne savent plus auprs de qui protester pour obtenir quelques travaux. Paris compterait ainsi, daprs la Ville, 112 immeubles insalubres. 1200, daprs la Prfecture. Et en croire lInsee, 10% des logements parisiens sont dpourvus de douche, de baignoire ou de WC. Bien plus quen province ou en banlieue.
Franois RUFFIN
20e
Les trangers ont vot oui
15% des gens du 20e ne votent pas. Catherine Ggoud, n 2 sur la liste de la gauche plurielle dirige par Michel Charzat, a estim, vendredi soir, que lexpression de la citoyennet des rsidents trangers tait un objectif prioritaire de laction de la gauche dans larrondissement. Nous avons mis en place au premier tour un bureau de vote parallle, ouvert aux rsidents non-communautaires, afin de leur permettre de se prononcer pour ou contre le droit de vote des trangers. Les 289 trangers qui ont dpos leur bulletin dans lurne symbolique ont tous vot oui. Reconnaissons que les gens qui sont ici sont dici , a insist Catherine Ggoud.
COMBAT
Salle des ftes (2e tage) pour les grandes rceptions et visites protocolaires ; peut accueillir 1000 personnes
(5e
Bureau du secrtaire gnral , patron de ladministration (4e tage) 40 000 personnes sont employes temps plein Salle du Conseil de Paris (2e tage, sige des 163 conseillers)
Bureau du questeur (2e tage, 180 m2) Bureau occup autrefois par Clmenceau
Bureau de ladjoint charg des finances (4e tage). Gre un budget de 33 milliards de francs
Bureau du maire (2e tage, 180 m2) Occup par le prfet de Paris avant la rforme.
COMBAT
COMBAT
Aprs son lection le 25 mars, le Maire de Paris prendra ses quartiers dans un btiment unique, le plus grand htel de ville dEurope.
la Mairie gre une ville de 2,1 millions dhabitants. Son budget : 33 milliards de francs, soit dix fois plus que celui de Lyon, et deux fois celui de lIle-de-France. Une grande partie des dpenses est consacre au personnel. Et pour cause, lhtel de ville compte 40 000 fonctionnaires municipaux. Ce qui fait de lui le plus grand dEurope et certainement lun des plus luxueux. Boiseries, dorures, lustres de Baccarat, moulures raffines, salons immenses orns de fresques et de tapisseries plusieurs fois centenaires... Mme raffinement lextrieur, avec 108 statues de clbrits nes dans la capitale, et une trentaine dautres leffigie de trente villes de France. Lhistoire a donn au btiment une majest la hauteur de son statut. Hors norme.
Le sceau rpublicain
Retour la IIIe Rpublique. Le 13 juillet 1882, lhtel de ville de Paris renat de ses cendres. Limmense btiment municipal a t la cible des Communards en 1871. Lincendie a dur huit jours, dtruisant la citadelle inaugure en 1628 et les archives de la Cit accumules depuis. Onze ans de travaux et une souscription nationale plus loin, la III e Rpublique rend
aux Parisiens un htel de ville identique celui davant. Les architectes franais Ballu et Deperthes redonnent vie au Palais pens par Franois 1 er ds 1533. Il conserve aussi ses fonctions de sige de ladministration municipale et de lieu de rception. Dans le respect de la tradition rpublicaine, cest en effet dans les salons de lhtel de ville que sont reus tous les grands chefs dEtat et les invits officiels de la France. Selon limportance de la rception, lhte accueille ses visiteurs dans des salons plus ou moins grands. Entre autres : le salon Jean-Paul Laurens, du nom du peintre qui a dcor la pice de huit de ses oeuvres leffigie de la capitale ; le salon des Arcades, orn des peintures de quarante artistes clbrant le rayonnement de Paris. Mais la Mairie nest pas seulement ce Palais tourn vers la Seine. Lhtel de ville possde aussi dix chteaux lgus par des propritaires sans descendance et dillustres proprits telles Hauteville House , la maison de Victor Hugo Guernesey. Le nouveau locataire de ce palais de la Rpublique aura bien besoin de ses quelque 180 collaborateurs directs pour grer un tel empire .
Galle GEOFFROY et Laura KWIATOWSKI
(Photo AFP)
Immense
Avec ses 180 m2, le bureau du locataire de lhtel de ville est le plus grand de France. Il dpasse en superficie ceux du prsident de la Rpublique et du premier Ministre (environ 80 m2). Aux murs, cinq tapisseries des Gobelins, vieilles de trois sicles. Cest devant une fentre de ce bureau que lon trouve aussi la statue du jeune vicomte de Turenne, marchal de France sous Louis XIV. Le Maire est aid de 188 collaborateurs. Son salaire est calcul sur la base du traitement du plus haut fonctionnaire, soit 49 710 francs. 1 000 m2. Cest la taille des appartements du Maire. Ils ne comptent pas moins de trois vastes salons de rception et une grande terrasse-jardin avec vue sur la Seine et Notre-Dame. Si Jacques Chirac a habit ces appartements lorsquil tait Maire de la capitale, Jean Tiberi a prfr rester fidle son appartement de la place du Panthon, dans son fief du 5e arrondissement.
. . .
ET AUSSI 16 coursiers motos arpentant les rues de la capitale pour apporter les plis les plus urgents La possibilit de dcorer les bureaux avec les uvres dart que la ville de Paris na pas places dans les muses. Bien sr, ce nest quun prt.
Laura KWIATOWSKI
SE DPLACER Une voiture de fonction avec chauffeur est laisse disposition de nombreux privilgis : les directeurs de dpartement, les prsidents des groupes politiques du Conseil de Paris,
COMBAT
10
COMBAT
Rdaction
CFJ. PROMOTION 2002 David ALLAIS, Rym AYADAT, Samuel BARTHOLIN, Caroline BOISSON, Bertrand BOUCEY, Sbastien CABANES, Isabelle CASIER, Christophe CHOHIN, Jacques CLEMENT, Julia DELAGE, Carine ELKOUBY, BenotFRANCES, Jrme GAUTHERET, Galle GEOFFROY, Olivia GESBERT, Myriam GREUTER, Alexandra GUYARD, Sbastien JEDOR, Laura KWIATOWSKI, Gurvan LE GUELLEC, Stphanie LEROUGE, Julie MARIE-LECONTE, Matthieu MERCIER, Clment MERIC, Laurent MIMOUNI, Marie-Pauline MOLLARET, Martin de MONTVALON, Graldine PASQUIER, Raphalle PICARD, Charlotte PLANTIVE, Adrien POUTHIER, Louise PROTHERY, Mathieu RABECHAULT, Franois RENAUT, Pauline REVENAZ, Nicolas REYNAUD, Franois RUFFIN, Stanislas de SAINT-HIPPOLYTE, Delphine SAUBABER, Flora SAUVAGE, Soren SEELOW, Aude SOULAINE, Caroline VEUNAC, Renaud VILLAIN, Sylvain ZORZIN CFJ PROMOTION 2001 (Spcialisations presse crite et Agence) Anne-Laure BARRET, Daphn BENOIT, Deborah CLAUDE, Damien DEGORRE, La DELPONT, Francesco FONTEMAGGI, Mathieu FOULKES, Hadrien GOSSET, Charlotte HILL, Marjolaine JARRY, Anna KADAVA, Elvira KARIMOVA, Batrice LE BOHEC, Anthony LUCAS, Sophie MAKRIS, Mathilde MATHIEU, Benjamin NEUMANN, Benoit PETIT, Isabelle POITTE, Pierre PRATABUY, Aurlie RAYA, Hubert VIALATTE, Catherine WEIBEL Directeur de la rdaction : Michel SCHIFRES Rdacteurs en chef : Alain MINGAM, Jean-Claude NARDONNET, Francis SCHULL Rdacteur en chef technique : Jacques LAURENT Rdacteurs en chef adjoints : Elisabeth AUVILLAIN, Jeanne VILLENEUVE, Pascale WATTIER Edition : Jean-Charles DUMESNIL, Sylvie HAMEL Fabrication : Luc BORGEL Service photo : Nicole BERGMANN, Grgory DUCROS, Bruno ESTRADE, Lucas SCHIFRES, Stphane VIARD Secrtaire gnrale de la rdaction : Aline REALE Chargs de projet : Hedwige FIESSINGER, Julien LANDFRIED Le titre Combat est utilis avec laimable autorisation de Philippe Tesson, titulaire des droits sur les marques dposes lINPI N98.761.012 et 99.767.997, et ancien rdacteur en chef de Combat de 1960 1974 et de lAssociation des anciens journalistes de Combat, titulaires dun droit moral sur lexploitation du titre. Supplment CFJ Info, Journal cole N 274 du Centre de formation des journalistes. 35, rue du Louvre. 75002 PARIS Rdaction, ventes : 01 44 82 20 00 Tlcopie : 01 44 82 20 09 email : [email protected] Commission paritaire n 61 265 ISSN 0180-5495 Impression : Offprint Directeur de la publication : Christophe POUTHIER
COMBAT
11
ien ne va plus, les jeux sont faits. Et Paris bascule gauche. Les Parisiens ont choisi lalternance en votant pour Bertrand Delano. Le RPR y subit un chec. Le mouvement gaulliste na pas su conserver lancien fief du prsident de la Rpublique. Jacques Chirac connat donc un revers, mme si les lections donnent la droite un avantage en province.
En effet, la gauche ne sort pas non plus indemne de la bataille des municipales. Son recul est bien rel, notamment avec la perte de Nmes, de Lisieux et de Rouen, trois villes de gauche, et la dfaite du ministre de lEducation, Jack Lang dans son fief de Blois. Mais la victoire de Bertrand Delano Paris, par sa force et sa porte symbolique, sera brandie en tendard par le camp du Premier
Commune, le 18 mars 1871. Le rgne de Jacques Chirac sur lHtel de Ville pendant 24 ans prend rellement fin aujourdhui. Il y a six ans, laccession au trne de Jean Tiberi ntait quune passation de pouvoir entre un ancien maire et son adjoint. Lenjeu du scrutin na donc pas chapp aux lecteurs. Les Parisiens se sont mobiliss pour ce second tour du scrutin. Le
nombre de votants a progress dans les arrondissements les plus disputs : le 2e (+ 3,3 %), le 4e (+4 %), le 12e (+3,4 %), le 13e (+ 4,9 %) et le 14e (+ 3 %).Sur lensemble de Paris, la hausse du taux de participation a augment de trois points par rapport au premier tour, avec 48,1 %. Mais Philippe Sguin nen a pas bnfici. Le sursaut de camp de llectorat de droite na pas t suffisant ou na pas eu lieu.
La petite pousse de la gauche plurielle, avec 43,75 % des suffrages exprims dimanche dernier, sest donc transforme Paris en vague rose. Les 9e, 12e, 13e et 14e, considrs comme les arrondissements-cls de ces lections municipales, devaient basculer gauche. Les sondages lavaient annonc. Elle a finalement eu lieu, avec un tour de retard.
Benjamin NEUMANN
prs une nuit blanche, Yves Contassot arrive la mairie du 3e arrondissement, en vainqueur mais visiblement fatigu. Jai trop mang, trop bu explique-t-il. La fte de la victoire avant le vote mme ? Non, non, on a ft la fin de la campagne, se dfend le leader cologiste. Le champagne, cest ce soir, lHtel de Ville. Car pour Yves Contassot, la victoire de la gauche plurielle est certaine: On a gagn, cest sr ! Le scnario est le mme, juste les dcors qui changent. Une journaliste, trois appareils photos, mais beaucoup plus dlecteurs que pour le premier tour. Le leader cologiste passe dans lisoloir, jette lautre liste la poubelle, attend dans la file, disciplin. Pas de commentaire. Aprs le vote, il se dpche, la famille appelle. Je vais faire les courses, je fais Photo AFP (Archives) manger.
DU CENTRE-OUEST
COMBAT
12
1 234 56 78 9 10 11 12
Htel de Ville
13 14 15 16 17 18 19 20
Il ne prtend pas avoir des qualits quil na pas , confirme Grard Miller, psychanalyste mdiatique, inscrit sur la liste de soutien du candidat socialiste depuis quil a pass six heures avec lui, coinc dans une voiture, pour lmission de Canal Plus Sur la Route . Il marche depuis longtemps vers cet objectif, on a envie de lui faire plaisir . Pourtant, Bertrand Delano na pas toujours march droit et a souvent prfr les chemins de traverse. Voire lcole buissonnire. Quand il rate son parachutage dans le Vaucluse, pour les lgislatives de 1986, il tourne le dos la chose publique pour monter sa petite entreprise de communication. Cest pour a quil na pas besoin de conseils dans ce domaine, malgr ce quon entend , affirme Cyril Carton, son attach de presse. Cest pour a aussi quil senorgueillit davoir prouv sa libert politique et personnelle . Ou comment magnifier sept ans dabsence aprs avoir t porteparole du PS 31 ans et membre de la bande du 18e avec Lionel Jospin, Claude Estier et Daniel Vaillant. Mais aussi voquer incidemment son coming out, il y a deux ans. Le mot peur ne me convient pas , rpte le candidat la mairie de Paris qui soctroie aussi la libert de choisir les mots pour se dfinir.
dance ! , rappelle-t-il son adversaire. Un orgueil qui lui fait dire au vu des rsultats du premier tour : Je vous lavais dit que ce ne serait quune pousse , mais surtout : Cest moi qui avais raison . Et malheur qui le contredira. Car Bertrand Delano est capable de coups de sang spectaculaires. Ses proches collaborateurs le confirment. Parce quil est extrmement perfectionniste et en attend autant des autres , justifie son attach de presse. Comment lamadouer ? Peuttre en voquant ses idoles : Barbara, Dalida, et le paradis de lenfance, la Tunisie... Un univers onirique qui a fait de lui ce grand imaginatif , comme le dfinit lancien ministre au Budget, Christian Sautter. Un peu visionnaire, cach derrire les volutes de fume de ses indispensables cigarillos, un peu pcheur par orgueil, Bertrand Delano serait-il un nouveau Lawrence dArabie lanc la conqute de Paris ?
Marjolaine JARRY
Bertrand Delano a fini par atteindre lobjectif vers lequel il marche depuis longtemps . La mairie de Paris est dsormais la porte du chevalier sans peur . (Lucas Schifres/Lieu-Dit)
COMBAT
13
Ractions
Franoise de Panafieu, candidate RPR-UDF-DL dans le 17e, sur France 3 : La vague rose est loin . Jean-Franois Probst, directeur de la communication lHtel de Ville : Il faudra que Philippe Sguin sexplique pour ne pas avoir accept les fusions de listes Paris . Franois Fillon, conseiller politique du RPR : le maire sortant de paris, Jean Tiberi ne pouvait pas gagner Paris, on le voit bien aujourdhui (...). Depuis maintenant plusieurs lections, le maire de Paris et la majorit municipale taient en difficult. La politique quil a conduite ntait pas celle que les Parisiens attendaient . Bernard Bled, directeur de campagne de Jean Tiberi : Que la gauche lemporte alors que le scrutin est trs serr, je le regretterais dautant plus que nous navons pas russi faire la fusion, ce qui lvidence est dommageable . Le secrtaire gnral de la Mairie de Paris sest exprim du bureau du maire. Dans la pice, la tlvision tait allume sur TF1, et le maire, tout sourire, parlait avec quelques amis. Il venait dapprendre que les sondages le donnaient gagnant dans le 5e arrondissement. Herv de Charette, prsident dlgu de lUDF , sur France 2 : Les sondages sont des attrape-couillons. Ils sont compltement et rgulirement ct de la plaque. Ils ne disent rien qui soit utile puisquils nous trompent rgulirement . Patrick Devedjian, porteparole du RPR, sur France 2 : Nous avons des problmes de succession. Cest pourquoi nous sommes en difficult Paris et Lyon, notamment . Yves Cochet (Verts), viceprsident de lAssemble nationale, sur France 2 : Avec le PS, nous avons une politique dautonomie contractuelle .
saffairent aux derniers prparatifs dun vnement historique ne pas rater . Ils se disent confiants , noient le stress dans le tipunch. a fait six mois quon marche aux nerfs , explique lattach de presse. Tout sera en ordre dans les temps. Le QG, un ancien restaurant aux poutres apparentes et le chapiteau, dehors, o 300 journalistes et invits sont attendus pour lannonce des rsultats. Le tout dans une atmosphre faussement dtendue, rythme par les tournes de cafetires,dans un tourbillon orchestr par les prsentatrices de LCI. Mais dj la nostalgie guette la quinzaine de bnvoles. Laventure prend fin. Pour marquer le coup, ils ont achet un bouquet de jasmin. Ce sont les fleurs prfres de Bertrand . Les deux matres de crmonie, eux, se dtendent . Des deux cts, un mme constat : Il ne nous reste plus qu attendre . Au mieux quelques heures, au pire six ans encore.
Olivia GESBERT Jacques CLMENT
. . . .
Ambiance dtendue dans les QG o les militants sentent dj poindre la nostalgie. La bataille est finie. (AFP/photo darchives)
. . .
Tiberi, direction 5e
A lHtel de Ville, lancien maire a t accueilli comme une star.
hier soir lhtel de Ville de Paris leur pluie sur les policiers chargs de bloquer les accs la mairie. A lintrieur, le btiment tait vide, dsert par ses employs partis guetter, le temps dun week-end, le nom du successeur de Jean Tiberi. Seuls les salons de rception bruissaient des conversations de 550 journa-
ES NUAGES dversaient
listes, de 19 nationalits diffrentes. Une centaine dentre eux staient attroups devant la porte que devait franchir Jean Tiberi. Les invectives fusaient entre photographes et camramen, se bousculant pour la meilleure place. Enfin, le maire arrive. La bousculade est un peu folle, comme pour une superstar du rock. Ne vous blessez pas ! , sinquite
Jean Tiberi, avant dentamer un tour de piste travers les salons. Le maire arbore un large sourire, attendant la confirmation de sa rlection dans le 5e. Lheure nest pas encore officiellement la dfaite. Aux journalistes qui lui prdisent la victoire de la gauche, lactuel occupant des lieux rpond : Si vous avez des tuyaux, donnez-les moi. Jattends les rsultats avec impa-
tience . Passant devant les tableaux o safficheront tout lheure les rsultats par arrondissement, il dclare : Cest une bonne chose quil y ait eu plus de votants, les Parisiens se sont intresss encore plus llection . Le maire sortant ne dira rien dautre, il doit partir, se replier dans son fief du 5e. Pour y fter son lection.
Catherine WEIBEL
COMBAT
14
Infos Express
Insolite
ETA
Justice
Coupe de France
faits, avec des dtails prcis. Et selon les experts, les prlvements dADN effectus sur quatre des onze victimes sont accablants pour laccus. Ages de 19 33 ans, les sept jeunes femmes dcdes ont t attaques pour la plupart le soir et leur domicile. Violes une ou plusieurs reprises, souvent attaches et billonnes, elles taient invariablement tues de coups de couteau la gorge.
A laudience, le tmoignage de Nathalie David devrait clairer la souffrance des victimes. Attaque en 1981 de la mme faon, laisse pour morte par le tueur, elle a reconnu Guy Georges comme son agresseur lors de son arrestation. La personnalit du tueur prsum devrait aussi tre au centre des dbats. Fils dune entraneuse et dun cuisinier amricain, abandonn ds sa naissance, Guy Georges fut
lev dans une famille daccueil denfants placs par la DDASS. Dj accus plusieurs reprises davoir agress des femmes sous la menace dun couteau, il avait t condamn des peines allant dune semaine de prison dix ans de rclusion. Pendant la srie des assassinats, en 1995, il avait t plac en garde vue, mais navait pas t inquit.
P.P. (avec AFP)
COMBAT
15
REDECOUVRONS EDF
Dveloppement des nergies renouvelables ? Quand EDF sengage, ce nest pas du vent.
EDF est aujourdhui le 1er producteur dnergies renouvelables dans lUnion Europenne. EDF simplique dans le dveloppement des nergies renouvelables partout dans le monde. Parce quelles prsentent un intrt la fois conomique et environnemental mais aussi parce quelles sont une formidable opportunit et un rel espoir pour les pays en voie de dveloppement. Cest pour cela que dici 2005, EDF multipliera par 10 ses investissements dans les nergies renouvelables, quelles soient solaires, oliennes, hydrauliques ou issues de la biomasse. Pour une information complte, nhsitez pas consulter notre site www.edf.fr.