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Edito

Pour la premire fois en France

UN TIMBRE POSTE
CONTRE LE RACISME
Procurez-vous les 4 souvenirs philatliques
dits par le mrap

DIFFRENCES

MARS 82

UN PRINTEMPS
BIEN TARDIF
e mme qu'une hirondelle nefait pas le printemps, l'mission d'un timbre-poste contre le racisme n'ouvrirapas
l'instant mme, une re de fraternit universelle. Il faudra pour cela beaucoup d'autres initiatives, en beaucoup d'autres domaines, et beaucoup de saisons rptes. Pourtant, il y a l un signe de bon augure, et nous
saluons cette contribution du ministre des PTT la Journe Internationale /Jour l'limination de la discrimination
raciale.

D
Une enveloppe (165 mm x 90 mm),
illustre par un dessin de M. Sainson.

Depuis qu'en 1956, l'o.N. U. afix celle-ci au 21 mars de chaque anne, c'est la premire fois qu'un gouvernement la
clbrera de manire significative. Comme d'ailleurs le 8 mars, Journe internationale des femmes, et le 8 mai,
anniversaire de la victoire sur le nazisme.
Certes, les exemples abondent d'vnements vids ou dtourns de leur sens, et l'on se demandera en quoi ces
rendez-vous avec des abstractions tablis unefois pour toutes, peuvent quoi que ce soit dans la ralit. Enfait, les
peuples ont les clbrations qu'ils mritent. Il dpend d'eux que les symboles jalonnant la vie politique et sociale.
rfltent le meilleur de leur histoire, leurs vritables aspirations, et ne restent pas lettre morte.

Prix : 8 fra ncs.


Carte postale (150 mm x 105 mm)
d'aprs une fresque de Picasso
(Les quatre parties du Monde).
Prix: 8 fra ncs.
. . . . . . . . . . .~ Plaquette souvenir (210 mm x 150 mm),
d'aprs un dessin de Folon.

Il n'est donc pas indiffrent que la vignette colle sur notre courrier reprsente quatre mains unies plutt que le kpi du
marchal Ptain ou le casque blanc d'un pacificateur colonial. A une image, mme abstraite s'associent des ides,
des attitudes.' il est bon qu'elles bauchent un avenir plus humain. Comme il est bon que lajourne de l'ONU nous
rappelle point nomm, que le racisme, a existe encore et qu'il faut s'en occuper.
Pudeur? Crainte de la contagion? Dissimulation complice? Les radios, les tls, la plupart des journaux rpugnent
cependant en dnoncer les manifestations flagrantes. Une mosque plastique, des Maghrbins mitraills
Montpellier; de jeunes immigrs se voyant interdire l'entre d'une bote Flers, en Normandie, injuris, arrts
pour avoir ragi; des librairies non-conformistes incendies Paris et Reims, tandis que dans toute la France se
multiplient les attentats sous les prtextes les plus divers.' autant de faits qui nous semblent exiger l'attention.
En outre, le M RAP a cit lors d'une confrence de presse de nombreux cas de discriminations, les exploits dangereux
de quelques Dupont-la-Joie surexcits, des dclarations, articles, tracts et graffiti provoquant d.librment la haine
avec l'objectif vident de susciter la division, la peur, le dsarroi, des fins de dstabilisation politique.
Il n'est donc pas si certain que l'on puisse s'en remettre au vote du 10 maipour faire disparatre par enchantement (ou
par dcret) les poisons qui minaient jusque l notre socit. Souhaitons que le premier jour du timbre soit, pour
ceux qui s'illusionnaient, le dbut d'une prise de conscience durable, vigilante et active.
Et savez-vous que la date du 21 mars a t choisie en souvenir du massacre de Sharpeville, en Afrique du Sud?
Soixante-neuf morts, des centaines de blesss, hommes,femmes enfants, sous les balles de la police.' ils avaient la peau
noire et ils manifestaient pacifiquement contre l'apartheid au printemps de 1960. Dans leur pays, l'oppression, la
rpression racistes n'ont pas cess de s'aggraver depuis.

Prix: 15 francs.
Carte posta le rappelant le sujet du timbre ( 150 mm x 105 mm).
Prix: 8 fra ncs.

Des millions de perscuts rduits une misre mortelle, le record mondial des excutions capitales, six militants du
mouvement de libration en danger d'tre pendus, un quarantime suicid (blanc, celui-l) dans les prisons o l'on
torture.
L encore, les mdias, les dfenseurs les plus bruyants des Droits de l'Homme laissent planer un surprenant silence.
Serait-ce parce que la France et les autres puissances occidentales continuent d'apporter ce rgime fond sur le
racisme leur soutien conomique, militaire, nuclaire sans lequel il ne survivrait pas ? Faute de dcourager par des
sanctions ceux qui en profitent, c'est pourtant une terrible explosion de violence qui se prpare l-bas, ainsi que de
graves conflits au sud de l'Afrique, et peut-tre une guerre mondiale...

Passez vos commandes ds maintenant, accompagnes du rglement au MRAP, 89, rue


Oberkampf, 75011 Paris. Le jeu complet (envoi recommand) : 41 F + 14 F de frais d 'expdition. Ces souvenirs ph ilatliques seront aussi en vente au muse de la Poste Paris, 34, bd
de Vaugirard, 75015, les samedi 20 et dimanche 21 mars 1982, de 9 heures 18 heures.

Pensons-y. Si le printemps de la nature est, cette anne, plutt prcoce, celui qui verra fleurir l'galit entre les
hommes diffrents , l'amiti entre les peuples spars, se montre hlas! bien tardif, malgr le vol avant coureur des
trop rares hirondelles de notre espoir. Mais nous pouvons, vous pouvez srement faire quelque chose pour hter sa
venue. Lire et faire lire Diffrences, par exemple.
Albert LEVY

DIFFRENCES

POINT CHAUD

AFRIQUE DU
SUD:
L'ENCERCLEMENT
Un syndicaliste blanc meurt en
prison. Pour la premire fois, Noirs
et Blancs manifestent ensemble. La
rpression s'aggrave. Aux frontires,
les pays librs inquitent les tenants
de l'apartheid.
Vronique MORTAIGNE
ACTUALIT

10

AU BILAN:
XNOPHOBIE ET
RACISME D'TAT
La France en mai 1981 ? Huit
personnalits l'ont ausculte pour en
dresser le tableau.
Robert DECOMBE

ACTUALIT

12

LA FACE
CACHE DES
TATS-UNIS
Pendant que les Reaganomics
jettent les Noirs dans une pauvret
accrue, les droits civiques sont battus
en brche.
Robert PAC
ACTUALIT

-------------------------------------------------Diffrences

Oui, je dsire m'abonner

13

UN ASSASSIN
DANS LA VILLE
20 enfants pendus aprs avoir servi de
cobayes. L'impunit du SS Arnold
STRIPPEL se prolongera-t-elle?
R.D.

Je vous joins un chque de


o 140 F (1 an) 0 75 F (6 mois)

0 200 F (soutien)
Je recevrai Diffrences partir du numro - -- -

NOTRE TEMPS

16

LE TIMBRE OU
LE MONDE
ENTRE LES
DENTS
Message, passe-temps pour trois
millions d'amateurs et solidarit
internationale avec la sortie, le 20
mars, du timbre Lutte contre le
racisme .
Mariette HUBERT
RGIONALE

20

UN
BANTOUSTAN
A LA NIOISE
A Nice, jumele avec Le Cap, du
racisme? Pensez-vous! On aime les
trangers ici ... Pour certains, on
prpare mme une rserve.
Jrme BOUVIER
CONNAITRE

25

ISRALIENS ET
PALESTINIENS
Deux vois pour la paix:
Matti PELED Il appartient aux
Palestiniens de l'extrieur de toucher
le cur et l'me des Israliens .
Dr. HAMZEH Si la politique
isralienne se poursuit, je ne sais pas
ce qui va se passer.
Propos recueillis par
Jean LIBERMAN, Gisle
CLOAREC et Genevive SELLIER
RFLEXION

34
LE CORPS
TRANGER

La maladie de l'immigr peut revtir

MARS 82

un caractre dramatique car


d'importantes difficults de
communication peuvent avoir
exacerb une diffrence qui ne
demandait qu' tre reconnue.
Sil/a CONSOLI

36

HISTOIRE

ENCORE
L'AFFAIRE
DREYFUS
Une affaire entre bourgeois?
Jaurs a vu l'essentiel, les Preuves en
tmoignent.
Jean SURET-CANALE
CULTURE

38

ET POURTANT
ILS TOURNENT
Sembne Ousmane, Lino Brocka,
Fernando Solanas sont exclus des
crans en France.
Jean-Pierre GARCIA
CULTURE

40

ARRTEZ DE
DISTRAIRE
L' APAR THEID !
Le gouvernement sud-africain
n'pargne ni la musique ni les
musiciens d'o exils, bannissements,
interdits ...
Marc MANGIN
EN DBAT

44

LE COMMERCE
SERT-IL
LA PAIX?
Un professeur d'universit, un
conomiste et un journaliste donnent
leur avis.

Prnom _________________________________________

NOM

~~t~~EO:.~~i::s ma~azine mensuel cr par I,e MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amiti enlre les peuples). dit par la SED (Socit des Editions Diffrence) - 89. rue Oberkampr. 75011 Paris-

Adresse _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __
Code postal
Commune - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Profession _____________________________________________________________- - - - -

~~~~~~:~~!S~.~o~~~:~:f; ;O~:~ lranger: 170 F : 6 mois: 75 F : Etudiants et chmeurs: 1 an: 120 F: 6 mois : 65 F. (Joindre un e photocopie de la carte d' tudiant ou de la carte de pointage). Soutien: 200 F.

Directeur de 1.1 publication: Albert I.EVY: Secrtariat dc rdaction ct maquettes : Pierre INCHILI .ER) : Serv ice photo ~: Abdelhak SEN NA . Ont co ll abor ce numr . J '
80llVIER M ..
.
Gisle CLOAREC Silla CONSOU. Robert D ECOMBE. Jean-Pierre GARCIA. Mariette H UBERT. Anne I.A URENT. Jean UB ERMAN. Marc MANGIN vro~iq;;O~~RTAIGNE J .. te~BOtiISSET.
Robert PAC. Alain RAUCHVARGER . Claude RICHARD . Marie-Jeanne SALMON. Genevive SELUER. Jean StIRET-CANA"': . Yves THORAVAi..
ean- "heIOLL E.
A

Bulletin dment rempli accompagn d'un chque retourner :

I.e ti~bre com,:"moratif ({ lutte .c ?ntre le racisme )) a t dessin par M. Ren Dessirier et grav par M. Eugrne l.acaque, qui nous ont aimablement autoriss le reproduire. ce dont no us les remercions.
Nos vlf~ ~emerclemen!s vont aussI a M . I.aveau. chef du bureau d'mission du timbre-poste, sa collaboratrice. Mme Pinot. M. FarciRny. diteur philatlique et l'abb Jean Pihan pour toute raide qu'ils nous ont
apporte a cette occasIOn.

Diffrences

Publicit : H~ber! BISMUTH et Paul NATAF (tl.: 806.88.33). Administration ; Khaled DE88AH. Secrtariat; Danile SIMON . Photocomrositon et ph otogra vure: SIRG.lmpress ion : Imprimerie O llLAC et
JARDIN. DirruSio n : N.M.P.P .

(Service Abonnements), 89 rue Oberkampf, 75011 PARIS.

Abonnement 1 an : tranger: 170 F, chmeur et tudiant: 110 F

DIF 8

-------------------------------------------------4

la R sis lan ce Nalionale du


Muzambique (RNM). dont l'objectif avou est d'is oler le pays en
sabotant routes, pipe-li nes, ports
et voies ferres).
L'Afrique du Sud espre ains i
entraver l'essor conomique des
pays voisins et garder la mainmise sur leur co nomie, car en cas
de russite tout devra continuer
de transi ter par ses ports.
En contreprtie, la Communaut
conomique europenne finance
depuis un an la confrence de
cuurdinaliun p uur le 'dveluppemenl de l'Afrique auslrale en lia ison avec les pays ind pe nd ants de
la rgion, afin de les d oter de
moyens de communication indpendants . Si la mise en place est
encore lente, le pas a t franchi.
Sur le plan politique, le renforcement de l'interventionnisme de
l'Afrique du Sud a provoqu un

Un syndicaliste blanc meurt en prison, le 46 e, et pour la premire


fois une grve gnrale unit Noirs et Blancs. Entoure par un
nombre croissant de pays nouvellement librs, condamne par
l'opinion internationale, l'Afrique du Sud s'accroche l'apartheid et
aggrave la rpression.

AFRIQUE DU SUD

L'ENCERCLEMENT

Un pays o il fait bon vivre!


Heure~x qui CUl11l11e Ulysse a fail de beaux 1'0 l 'ages . .1'1' disenl
au/ourd hUI /Uus ceux qUI Uni eu la chance de l'isiler l'Afrique du
Suden lI~ars 1?8 1. Il ne lienr qu' l'OUS d'enfaire aUlanl pour l'OUS
senllr de/~a.I 'ses. oublieux de l'OS proccupai ions qUOlidiennes.
Iransporle e~ quelque .l'orle sur une aUire planle dans un pars o
/UUI l'SI d!flerenr el men'ei/leux la fois ... Ne manque:: pas' celle
chance pour comprendre aussi le rle capilaljou par l'AFique du
Sud dans le. domall1e. des relalions inrerna/ionales. pars luUl en
cOnlra.Hes ou le hl.en-elre. la heaUl du sile ne/cml pas ouhlier qu'il
e~1 une de.\ dernleres places~forles du monde occidenlal o il l'ail
.
.
encore hon l'Il're .
Voil comment .l'Afrique du Sud de l'apartheid est dcrite dans
France-USA . \eJourna l de l'association France-Elals Unis prside
par M. Thierry Maulnier de l'Acadmie Franaise.
R.P.

PIERRE

actuellement, en Rpublique SudAfricaine, plusieurs milliers d'opposants sont en tat d'arrestation,


bannis ou empriso nn s sans
jugement.
Depuis di x ans, 46 dtenus son t
morts e n prison. Le suicid e en
fvrier d'un jeune sy ndi caliste
blanc, Neil Agett , retrouv pendu
dans sa cellu le, a so ulev une
intense motio n et pour la premire fois dans l'histoire du pays,
une grve gnrale d'une demiheure a uni Noirs et Blancs.
La troisime mesure, l'extension
du service militaire obligatoire
(deux ans), rpond au souc i de
l'tat-major sud-africain de quadriller l'ensemble du territoire et
d'opposer la gurilla le principe
de 1'01'1'0 defense ou dfense
loca le . Ainsi : femmes, Indiens,
minorits couloured et Blancs
risquent de se retrouver unis sous
la mme bannire ...
Mais pour le gouvernement
raciste de Prtoria, le grand frisson vient du Nord. Entoure de
pays nouvellement librs. l'Afrique du Sud doit, pour survivre. 1
viter tout prix de perdre son
hgmonie conomique, fau te
d'avoir pu conserver son influence
politique. S ituation de guerre '
dans certains homelands.
comme le Venda, o rgne une
atmosphre de terreur rpressive,
coopration sans cesse accrue
entre ses voisins: le rgime de
l'apartheid se sent mal dans sa
peau.

i l'OUS pouviez vOler


pour le Parlemenl au
;ourd'hui, pour qui l'olerie::
l'OUS :' Au sondage lanc par le
journal anglophone The Sial' de Johannesburg, 40 % des personnes
interroges (Africains, mtis, Indiens) ont rpondu: A/'rican
Na/ional Congress (ANC) . Nelson Mandela leader de l'ANC,
emprisonn au bagne de Robben
Island, recueille d'autre part 76 %
de leurs suffrages. Malheureusement, la dmocratie est si inexistante au pays de l'apartheid que
ces intentions de vote ne risquent
gure de se concrtiser dans
l'immdiat.
Cette perce de l'ANC dans l'opini o n publique sud africaine et
internationale va de pair avec une
rcrudescence de ses activits
militaires . La branche arme de
l'ANC compte aujourd'hui plusieurs centa ines d'hommes bien
entrans, dont beaucoup sont
issus du Muul'emenl de la
cunscience nu ire.
Quatre-vingt coups de mains en
1981. dont huit contre des reprsentants de l'ordre, attaques
contre des commissariats, exp losions spec taculaires: l'ANC
dsire avant tout affirmer sa
prsence.

Fuite en avant
Face ce mouvement dmocratique pour l'radication du racisme
et de l'oppression, dans lequel
l'ANC joue un rle de premier
plan. le gouvernement de M.
Botha se voit contraint la fuite
en avant. Ainsi, la session parlementaire de 1982 s'est-elle o uverte
sur un feu d'artifice de nouvelles
mesures rpressives.
Premire vise: la presse . Prs de
cent tex tes existent dj qui restreignent la publication d'articles
sur l'nergie atomique, les affaires
militaires, ou interdisent d'mettre des jugements sur des personnes bannies ou des actions

M. Paul Vergs, dput de la Runion , ont prconis pour la premire fois des sanctions co ntre
l'Afrique du Sud.
Mais ces sanctions seront-elles
efficaces. Les dclarations d'intention abondent en la matire. La
France, trs intresse par l'Afrique australe, comme le dmontrent les nombreux voyages de M.
Penne, conseiller spcial de la Prsidence de la Rpublique po ur les
affaires africa ines, a elle-mme
adopt une position inconfortable
en permettant la socit Framatome de fo urnir de l'ura nium e nrich i l'Afrique du Sud qui n'a pas
ratifi le trait de non prolifration des armes nuclaires.
Comme membre du groupe de
contact (France, Rp ublique fdrale a llemande. Ca nada, Grande-Bretagne) charg de rgler le
conflit namibien. la Fra nce bn-

Pressions
conomiques
Comme riposte. Prroria a choisi
d'une part d'exercer des pressions
conomiques et politiqucs
L'arme sud-africaine quadrille le territoire national.
(directes au Zwaziland. par lobby
blanc interpos au Zimbabwe, par
agrs
par
une
commission
nomgouvernementales. Le rapport de
contrats
commerciaux l'I1ela Commission Steyn prconise me par le gouvernement.
Maurice), ensuite de soutenir des
Autre

amnagement
prsent
un renforcement du contrle des
groupes terroristes (l'UNITA en
organes de presse, par l'tablisse- au parlement, le rapport Rabie Angola, responsable de la desment d'un regislre des ;ouma- propose le renforcement de la truction de la raffinerie de ptrole
lis les qui ne pourraient plus lgislation en matire de scurit, de Luanda en novembre dernier,
exercer leur activit qu'une fois dj fort bien fourni puisque
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Les troupes sud-africaines effectuent rgulirement des raids en

durcissement de la position des


pays de la CEE.
A l'issue d'un rcent voyage effectu dans le cadre d'une commission d'enqute CEE-Pays ACP
(Afrique-Carabes-Pacifique), des
parlementaires europens, dont

An~ola.

ficie des espoirs du peuples de la


rgion car elle a les moyens de
dbloquer la situation et d'acheminer la Namibie vers l'indpendance . La partie n'est pas facile
mais la France saura-t-elle mettre
profit ce capital de confiance?
Vronique MORTAIGNE

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...

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UJ

Procs des syndicalistes turcs poursuivis par la junte.

M. Ahmed Ben Bella et le chef sioux.

25 JANVIER

ture, le Syndicat des avocats de


France, les Jeunes avocats de la
confrence syndicale des avocats
expriment leur inquitude au
sujet des contrles d'identit
maintenus malgr l'abrogation de
la loi scurit et libert.

FRANCE

o Un cafetier du Perreux (Valde-Marne) est condamn une


peine de 5 ans de dtention avec
sursis pour avoir tu, le 1cr janvier
1980, un consommateur
portugais.

27 JANVIER
FRANCE

o Les travailleurs immigrs de


l'atelier de confection Semmai
(Paris-IOe), aprs 15 jours de
grve, obtiennent une augmentation de salaire, l'amlioration de
leurs conditions d'hygine et le
paiement 50 % des jours de
grve.

28 JANVIER
RFA

o Le ministre de l'Intrieur interdit un parti no-nazi. le Mouvement socialiste populaire du parti


des travailleurs allemands et sa
section de jeunes, le Front de la
jeunesse.
O.N.U.
o Le Conseil de Scurit a l'unanimit moins deux abstentions
(les Etats-Unis et la GrandeBretagne) demande la convocation d'urgence d'une session
spciale de l'Assemble gnrale
au sujet de l'annexion du Golan
par Isral.

30 JANVIER
O.L.P.
o M. Yasser Arafat, prsident de
l'Organisation de libration de la
Palestine, se dclare trs du par
la position franaise aux Nations
unies propos d'ventuelles sanctions contre Isral la suite de
l'annexion du Golan syrien.

o Le Front Polisario ouvre une


reprsentation en France.

31 JANVIER

o Des travailleurs immigrs entament une grve de la faim en


l'glise St-Joseph d'A vignon,
pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur leur situation.

TURQUIE
Le gouvernement turc rejette la
rsolution adopte le 29 janvier
par le Conseil de l'Europe qui le
condamnait, demandait la libration des prisonniers politiques, le
rtablissement des liberts
(presse, partis, syndicats) et
ordonnait l'envoi d'une commission d'enqute officielle en
Turquie.

5 FEVRIER
O.N.U.

o L'Assemble gnrale adopte

SALVADOR
27 ouvriers et tudiants ont t
assassins par l'arme dans un
quartier pauvre de San Salvador.

par 86 voix contre 21 et 34 abstentions une rsolution demandant


tous les Etats membres de mettre fin immdiatement, individuellement ou collectivement,
tout rapport avec Isral aprs
l'annexion du Golan. La France a
vot contre.

1er FEVRIER

6 ET 8 FEVRIER

FRANCE
Les personnels du service des
trangers de la prfecture de Paris
observent une journe de grve
pour protester contre le manque
de personnel, les mauvaises possibilits d'accueil et le flou Il dans
lequel ils se voient contraints de
rgulariser certaines situations
d'trangers.

FRANCE
o Des manifestations ont lieu
Paris au mtro Charonne, organises par le PCF, le PS, la CGT, la
CFDT, pour commmorer le
massacre de 1962. Le MRAP
est reprsent chacune.

7 FEVRIER
FRANCE
o Le videur d'une bote de nuit de
la Grande-Motte, abat de plusieurs coups de feu un client d'origine arabe.

TURQUIE

29 JANVIER

o Selon les autorits militaires,

617 personnes encourent la peine


de mort Istanbul. 1 630 autres,
FRANCE
o Le secrtaire d'Etat, M. Fran- membres des organisations de
ois Autain, indique que gauche. doivent y tre juges. Il y
136000 travailleurs immigrs ont a eu au total 24 000 arrestations et
dpos des dossiers pour la rgu- 10 excutions.
larisation de leur situation juridique. Il annonce de prochaines
rformes pour reconnatre aux FRANCE
immigrs l'galit des droits Il.
o Le Syndicat de la Magistra-

o Deux inconnus lancent une


bouteille enflamme contre la
faade d'un foyer d'immigrs
Vitry-sur-Seine (Val-de- Marne)
o rsident 300 travailleurs
maliens.
o Des travailleurs immigrs enta-

2 FEVRIER

Aprs la mort d'Ahmed Medjir, Place de Clichy.

ment une grve de la faim dans la


cathdrale de Nmes pour la rgularisation de 114 dossiers dits
litigieux 1) de saisonniers sans
contrats.

8 FEVRIER
ETATS-UNIS

o A New York, les organisateurs


de la parade de la St-Patrick font
de Bobby Sands, le militant rpublicain irlandais mort de faim, le
Grand Marshall de leur
manifestation.

10 FEVRIER
O.N.U.
o M. Theodor Van Boven (PaysBas), directeur gnral de la Division des Droits de l'Homme de
l'ONU, donne sa dmission. Il
juge inadmissible que les Nations
unies demeurent muettes devant
certaines violations des Droits de
l'Homme et qu'en particulier
celles de l'Amrique latine soient
trop occultes. M. Kurt Herndl
lui succdera.
AFRIQUE DU SUD
Mlle Ren Roux, ancien chercheur de l'Institut des relations
raciales d'Afrique du Sud, emprisonne depuis le 26 novembre
Johannesburg , doit tre
hospitalise .

Il FEVRIER
FRANCE
o le MRAP se flicite qu' la
suite de sa proposition faite
Louis Mexandeau, ministre des
PTT, un timbre-poste soit mis
l'occasion de la Journe internationale pour l'limination du
racisme du 21 mars.

Les travailleurs immigrs de


l'entreprise de confection
(c Etcom
(Paris 3e). occupent
leur atelier, malgr les interventions de la police, pour exiger le

paiement des salaires de septembre, octobre et novembre.

chent une grve illimite et appellent la population la rsistance


passive contre l'annexion.

HOLLANDE

o Le ministre nerlandais des

12 FEVRIER
FRANCE
A Paris, une trentaine de travailleurs immigrs, pour la plupart marocains ou tunisiens,
entament une grve de la faim de
24 heures avec ceux des glises
d'Avignon et de Nmes. Quatre
grvistes de la faim d'Avignon
sont hospitaliss.

NAMIBIE
o Les forces armes d'Afrique du
Sud font rgner la terreur, violent
et. pillent, crit un rapport du
Conseil suprieur des glises britanniques cit par l'hebdomadaire
The Observer.

15 FEVRIER

SALVADOR
FRANCE
Une mission tlvise montre o Un ouvrier algrien, Ahmed
plusieurs conseillers militaires Medjir, est tu dans une usine de
amricains, arms de fusils d'as- Clichy (Hauts-de-Seine) pendant
saut M-16 en opration avec l'intervention d'un commando
l'arme du Salvador et suscite un antigrviste.
scandale aux Etats-Unis.

13 FEVRIER
FRANCE
o Des intgristes interviennent
contre les immigrs maghrbins
grvistes de la faim dans la cathdrale de Nmes.

Un commando du PFN se livre


des agressions contre les ministres de la Solidarit nationale et
celui des Transports. Seize personnes seront interpelles et deux
inculpes.
ISRAEL

o Les journalistes israliens travaillant en Cisjordanie changent,


dans le nom de leur association,
l'expression officielle de JudeSamarie que le gouvernement
veut imposer, par celle de section des journalistes des
territoires Il.

o les Druzes du Golan dclen-

jer en France Il. Le MRAP se


proccupe aussi des relations de
plus en plus troites qui s'tablissent entre les groupes d 'extrme
droite, les idologues de la nouvelle droite)1 et certains milieux
de l'opposition .

ETATS-UNIS
o Le Washington Post rvle un
plan secret du gouvernement
amricain pour une intervention
massive au Salvador et au
Nicaragua.

Affaires trangres dplore la


dcision des Etats-Unis de dvelopper les armes chimiques.

'"

Madame le Ministre et Albert Lvy.

16 FEVRIER

ETATS-UNIS

o Le grand pianiste et compositeur de jazz et l'un des crateurs


du style bop , Thlonius Monk ,
meurt New-York.

18 FEVRIER
FRANCE
o A Paris, sous la prsidence de
M. Ahmed Ben Bella, ancien chef
de l'Etat algrien, la Commission
islamique des Droits de l'Homme
tient une confrence de presse
avec des reprsentants des tribus
indiennes des Etats-Unis, Iroquois, Mohawk et .Sioux qui luttent pour empcher l'annulation
des droits des Indiens sur leurs
terres garanties par traits.

o Meeting du PFN Paris avec


400 personnes.
.' .

ISRAEL
L'universit palestinienne de
Bir Zeit en Cisjordanie est nouveau ferme pour deux mois par
ordre des autorits militaires
israliennes. Sept tudiants palestiniens sont arrts.

ETATS-UNIS

o 5 000 personnes arrivent


Montgomery (Alabama), terme
d'un plerinage marquant le
17e anniversaire des sanglantes
manifestations de 1965, pour la
dfense du droit de vote des Noir~.

17 FEVRIER

20 FEVRIER

FRANCE
o Dans un communiqu, le
M RA P intervient en faveur des
grvistes de la faim de Nmes et
d'Avignon et exprime son espoir
que les pouvoirs publics feront
preuve d'un maximum de comprhension et de clrit pour la
solution des d(fficiles problmes
humains poss .

FRANCE
Une importante ceremonie
commmore au cimetire parisien
d'Ivry, le 38 e anniversaire de la
mort des 23 du groupe Manouchian, fusills par les nazis le 21
fvrier 1944.

ETATS-UNIS

o A New York, des milliers

Dans un autre communiqu, le


M RA P demande des mesures
contre les menes antidmocratiques qui ne cessent de s'ampli-

d'Amricains manifestent pour


protester contre l'engagement
militaire en Amrique centrale et
notamment au Salvador.

PROCHE-ORIENT

o En visite dans les Emirats


ara~es unis, M. Claude Cheysson,

mll11stre franais des Relations


extrieures, dclare que la France
ne conoit pas de ngociations de
paix au Proche-Orient sans
l'O.L.P. Il raffirme la ncessit
de crer un Etat palestinien indpendant dans les territoires occups par Israel.

22 FEVRIER
FRANCE
Marc Fredriksen, dirigeant de
la FANE, dj condamn 13
mois de prison avex sursis, comparat nouveau en correctionnelle pour apologie de crimes de
guerre, provocation la discrimination, la haine et la violence
racistes, la suite d'articles
publis dans divers numros de
Notre Europe.

26 FEVRIER
o

La librairie Lyre Reims est


incendie. Des inscriptions nazies
signent l'attentat criminel contre
des membres du Mouvement
contre le racisme et pour l'amiti
entre les peuples (MRAP). La liste
s'allonge des librairies rcemment
incendies, comme la librairie
Jonas, Paris qui vient de l'tre
pour la troisime fois.
Le MRAP dans un communiqu
condamne de telles mthodes qui
rappellent les heures sombres de
l'poque hitlrienne, compromettent le droit d'expression et la
dmocratie. Il demande que les
auteurs soient sanctionner avec
vigueur.

o Albert

Lvy secrtaire gnral


du MRAP, directeur de Diffrences a reu des mains de Mme
Questiaux, ministre de la solidarit nationale, la mdaille de chevalier de la Lgion d'Honneur en
prsence des dirigeants du mouvement de personnalits et d'amis du
nouveau promu.

La France en mai 1981 ?Huit personnalits


l'ont ausculte pendant six mois pour en dresser
un tableau. Un monument assez extraordinaire
dont la fatalit est l'un des principaux supports.

AU BILAN
XENOPHOBIE
ET RACISME D'TAT
L

'Tat de la France (1) n'est pas toutes formes de discrimina/ion,


brillant. Chacun le constatait in voquant l es droits de
dans sa vie quotidienne. Vu glo- l'homme . Et dix lignes plus bas:
balement, on mesure mieux les Un vritable racisme d'Etat s'exdgts . Plein d'ambiguts, ce co- prime par les textes lgislat(fs et
lossal travail. On le sent, les rglementaires, les dclarations
auteurs peinent pour ne pas met- offcielles, les pratiques administre trop en cause ceux qui ont diri- trati ves arbitraires et humig le pays au cours du prcdent liantes (p. 110). Que reste-t-il du
septennat. Ils diluent le plus possi- langage officiel ?
ble les responsabilits pour mieux Le professeur Franois Grmy,
dcharger de la leur les rels res- prsident, conduisait la dlgaponsables de la situation. Ils di- tion du MRAP qui atentendue
sent tout de mme certaines vri- le 6 aot 1981 par les membres de
ts. Et les contradictions la commission.
s'accumulent. Elles ne peuvent ce- Mme si elles ne sont pas toujours
pendant cacher la trs triste ralit exprimes avec autant de clart
tant les faits crient.
dans les rapports - encore que
Le chapitre XXI V, Liberts publi- certains passages n'en manquent
ques et institutions judiciaires est pas - les ides que le mouvement
loquent. Tout comme le rap- antiraciste M RA P lui a transport
sectoriel consacr au mises, pour l'essentiel, la commission les a faites sie nnes. Exception
racisme et l'antismitisme (2).
Les auteurs chargent la crise, le faite du document sur les liens
chmage. Ils font leur part la avec l'Afrique du Sud qui ne semdfiance paysanne envers l'tran- ble pas avoir trouv place.
ger , la djance malheureusement traditionnelle des autorits
Le poison )) ne
responsables de la police , toujours envers les trangers, aux tracesse de s'infiltrer
vailleurs, aux mdias , la
Commel1f ceux qui gardent le
justice ...
Ainsi, dans le rapport: La m on- souvenir lancinant de l'holocauste
te du chmage a eu sur certains auraient-ils imagin que, quaaspects du rgime des lib erts des ral1fe ans aprs Auschwitz, l'al1fieffets indirects mais certains: elle smitisme puisse renatre en
a aggrav jusque dans l'esprit de France :' , s'interroge la Commisnombre de travailleurs la d~fiance sion qui enchane: Ces retours
qui frappait leurs camarades aherral1fs l'ers les dlires .et les
immigrs, facilitant ainsi leur harharies qu'on croyait d/nitil'egard une politique de plus en ment aholis ont-ils paru des resplus anti-librale, aggrav aussi la ponsahles politiques pour
mfance envers les jeunes, pre- lesquels l'horreur nazie releva,
mires victimes du chmage ... non de l'histoire mais du souvenir
vi ml1f , si incrorahles qu'on ne les
(p . 297).
N'est-ce pas inverser les facteurs a pas pris a,j srieux? A -t-on
et justifier l'injustifiable par la craint en engageant des pourfatalit? Les rponses figurent suites nergiques cOl1fre les noudans les pages du bilan. On ne l'eaux doC/eurs du racisme et
peut tre plus explicite que ces contre ceux qui mel/aient en
passages du ra pport sectoriel uvre, par la violence et la haine,
galement trs dmonstratifs de leurs enseignemel1fs de faciliter
l'embarras des auteurs: Le lan- leur el1freprise en leur permel/al1f
gage offciel des pouvoirs publics de jouer les martyrs? Ont-ils
a donc t constamment et expli- hnfci de la complais(Jnce des
citement anti-raciste et oppos poli;'iers acquis leur idologie :'

aussi al/ribuer la p!upart des


attentats racistes . Et de conclure
ce passage: Il faut donc bien
penser que n'tant pas arms par
une opinion puhlique sulfsante
ils (les auteurs des atteniats) le
sont soit par leurs liens avec de.\'
hommes de l'appareil d'Etat assurant leur protection, soit par un
rseau international et terroriste ;
ces diffrentes h.lpothses n 'tant
pas exclu.l'il'es les unes de.\' autres
(p. 97).
Le rapport sectoriel fait aussi une
grande place la renaissance
d'un racisme idologique , de la
fameuse interview de Oarquier de
Pellepoix aux activits de la nouvelle droite en passant par une
longue numration: On banalise les bourreaux racistes, cela
hanalise le racisme sous /outes .l'es
.larmes (p. 99). Et de citer
Minute, Rivarol, Le FigaroMagazine, la maison d'dition
Copernic, le Groupe de recherche
sur la civilisation europenne
(GRECE) et pour leurs uvres,
MM Louis Pauwels, Alain de
Benoist et Olivier Giscard d'Estaing. Mme les ides de M.
Poniatowski sur la race indoeuropenne ne lui chappent
pas .
Peu peu se dessine un vritable
corps de doctrine reprenant les
ides de Gobineau, Maurras,
Drieu La Rochelle, et prtendant
s'appuyer sur certaines recherches
de socio-biologues en cours aux
Etats-Unis (p. 101). On voit
donc dans la nouvelle droite une
rsurgence du racisme et de l'antismitisme doctrinaires et ses
intellectuels crent certainement
un climat propice tous les
racismes mme violents (p. 102).
Ce bilan est lourd, tout comme la
responsabilit des hommes du
pouyoir pendant le prcdent septennat. Les concours pour aider le
poison s'infiltrer sont indniables. Ce bilan, avec ses faiblesses et ses contradictions
justifie les initiatives les plu~
diversifies pour que dans ce
domaine aussi on parvienne sans
retard une pleine ralisation du
changement.
Robert DECOMBE

, Fredricksen ...
Proces
, Auschwitz
40 ans apres

Toujours est-il que le poison n'a


pas t combattu autant qu'il et
t ncessaire. Il n'a pas cess de
s'infiltrer, (p. 298) (soulign par
nous).
Le rapport sectoriel, lui, ouvert
par le rappel de la loi antiraciste
du 1"' juillet 1972, vote l'unanimit par le Parlement (<< l'initiative du MRAP, note M.
Stanislas Mangin) (3) prcise: A
partir de 1972, le danger tait offciellement dnonc, un inst rumel1f de lutte cr et pourtant la
priode 1974/ 1981 sera marque
par des m enes racistes et al1fismites de plus en plus accentues
( ... ). Les Nord-Africains t les
Juifs SOI1f les deux groupes pour
lesquels la situation a le plus gravement empir depuis 1974
(p. 88).
Les rapports restent discrets sur
les immigrs au travail , dans la vie
collective et sociale (4). Mais ils
contredisent cependant des ides
que l'ancien pouvoir voulait
fortes.
Les trangers ne sont pas venus
seuls, la Commission parle du
recours massif la m'ain d'uvre trangre (p. 43), d'une
politique volontariste de l'immi- cOll1me des pions sur un chigration (p. 174). Leur apport quier (p. 46).
l'conomie? Ignor. Il faut arriver Le rapport sectoriel sur ce point se
au texte de M . Mangin pour trou- fait plus affirmatif: L'ide que le
ver les donnes qui illustrent cette chmage pourrait tre rsorb par
phrase : Sans une immigration le dpart des immigrs n'a pas
trangre de cette envergure, les gagn beaucoup de terrain dans
Franais n'auraient pas connu l'opinion publique malgr les
cel/e amlioration prodigieuse de effarts du Secrtariat la condileur niveau de vie qui contribue tion des travailleurs immigrs
transformer notre socit pour l'accrditer (p. 91). Plusieurs sondages appuie nt le
(p. 137).
Sur le chmage, la Commission, raisonnement.
tout en se maintenant dans . des C'est encore M. Mangin qui fourgnralits, mentionne cepen- nira des donnes instructives sur
dant: Quant l'at/itude qui la situation, par exemple qu'en
consiste faire subir en priorit 1974 l'tranger recevait pour la
la main-d'uvre immigre les formation professionnelle seize
consquences de la rduction fois moins de crdits que le Frand'emploi, elle ne parat pas accep- ais.
table ( ..). On sait bien de toute La Commission souligne le caracmanire que dans ce domaine plus tre autoritaire du prcdent pouque dans d'autres on ne remplace voir, elle se rfre maints textes
pas un travailleur par un autre officiels dont la loi Scurit et

libert , aux annulations successives du Conseil d'Etat et du


Conseil Constitutionnel.
Elle constate dans le rapport:
La tendance autoritaire
triomphe dans le rgime des
trangers (p. 304), Politique .1'1'.1'tmatique de refoulement et d'expulsion ( ... ) Pratique entirement
livre l'arbitraire policier et qui
permet toutes les discriminations
( .. .) La drf/ance l'gard des
tranger.l n'a pas par!(n les tudiants (... ) L'ensemble de ces
mesures procde d'une xnophobte latente que les circonstances
conomiques et le souci d'viter la
progression du chmage ne suffsent pas expliquer ( ... ) Et e'tles
psent d'un poids particulirement lourd sur les immigrs de la
seconde gnration, notamment
les jeunes Maghrbins ns en
France (...) condamns pour survivre la dlinquance (p . 305).
Il faut s'arrter sur ce commentaire dont le caractre premp

toire ne garantIt pas l'exactitude. (juifs, musulmans, originaires des


M. Mangin affirme clairement dpartements d'outre-mer,
que les immigrs SOI1f globale- gitans).
mel1f moins dlinquants que les Le constat desfaits est un rapFranais , en s'appuyant sur des pel sur plusieurs pages des crimes
statistiques. Il livre un long dve- ou attentats contre des hommes,
loppement sur ce sujet et crit des organisations, des institunotamment propos de la dten- tions, des btiments religieux, des
tion prventive que les hommes profanations de cimetires et de
trangers sont dans les prisons monuments et des provocations
(1) Le Rapport au Premier ministre
lI/H' .Iili.l et clemie filll.\' I/lImhrelix
de tout genre. Le constat est aussi
(Ille le.\' Fml/('ai.\': ('/1 1973, 17,5 (r celui de l'chec de la police, claire- (350 pages) procde de rapports sectoriels et de contributions particucie cltl'l1l1.\' ail liell cie Il,l (Ii cie la ment nonc.
lires constituant cinq volumes de
!11I!Ili/atilll/lI/a.\'clllil1e et Il,3 (r cie L'auteur livre encore d'autres quelque 400 pages .
la population masculine active,
constatations. Il faut bien voir (2) Ce rapport sectoriel a t prpar
alors que les condamns ne sont l'uI're des groupes extrmistes par Mme Madeleine Barrot, rapporpas plus nombreux globale- cherchant recrer une question teur de la Commission, charge de
ment . Parmi les condamns des juive qui ne se pose pas dans l'opi- cours l'Institut suprieur d'tudes
Cours d'assises, il relve 7,4 % nion publique , note-t-il, et aussi cumniques de l'Institut catholique
d'hommes trangers, l encore qu'il y a un paralllisme frap- de Paris.
taux infrieur leur pourcentage pant entre l'volution du nomhre (3) La contribution personnelle de
M. Mangin, conseiller d'Etat honodans la population. Alors?
des agressions graves contre les raire, porte sur la condition des traLe rapport sectoriel analyse les Ju(fs d'une part , contre la gauche ~ailleurs i~l1migrs et fillure dans le
questions du racisme et de l'anti- et l'extrme-gauche d'autre part. hvre V, L Etat et les citorens.
smitisme sous plusieurs aspects : Or, ajoute-t-il, la gauche et (4) Le livre III. La vie coileetive et les
trangers (Nord-Africains, origi- . l'extrme-gauche ne sont victimes politiques sociales, rappelle en quatre
naires d'Afrique Noire, rfugis que de menes politiques: c'est pages les traits principaux de la sid'Asie du Sud-Est), Franais bien ces menes que /'on doit tuation des immigrs dans le chapitre
Les ingalits.

10

Il

DIFFRENCES

Pendant que les R eaganomics jettent les Noirs et les autres


minorits dans une pauvret accrue, les droits civiques sont battus
en brche.

GAMMA

MARS 82

20 enfants pendus aprs avoir servi de cobay es.


L'impunit de leur tortionnaire SS se p rolongerat-elle? L es autorits de R FA bafoueront-elles
encore longtemps la simple justice ?

,,

K l ftf N 0 P ' i

- 1

LA FACE
CACHEE
DES
ETATS-UNIS

M. STRIPPEL
UN ASSASSIN
DANS LA VILLE

I'avnement de Ronald
Reagan , la situation des
Noirs et des autres minorits des
Etats- Unis, en constante dgradation depuis plus de dix ans, tait
dj tombe au niveau d'avant les
Droits civiques de 1964 (1). L'lection de Ronald Reagan, la
prsidence des Etats-Unis, allait
certainement encore aggraver l'cart entre eux et les Blancs .
Cela ne se fit pas attendre. Ds
son premier budget, Reagan mit
en uvre des mesures conomiques, couramment appeles Reaganomics, diriges contre les pauvres, les Noirs et les membres des
autres minorits ethniques, prsents comme des poids morts
pour la nation, des assists
consentants, voire des parasites.

30 millions de
pauvres
Il existe aux Etats-Unis une misre qui atteint des degrs inimaginables pour un Franais. En se
rfrant aux critres gouvernementaux qui fixent le seuil de pauvret, on compte quelque 30 millions de pauvres (13 % de la
population). Parmi eux, 33 % des
familles noires (contre 6 % des famille.s blanches), et prs d'un
quart d'entre elles ne disposent
que de la moiti de la somme du
seuil de pauvret. En moyenne, le
revenu d'une famille noire reprsente 57 % de celui d'une famille
blanche, chiffre infrieur celui
de 1967 !
On a vu rcemment dans la presse
que le taux de chmage aux Etats-

Les enfants seront les premires victimes de la politique de Reagan.

Unis avait atteint 8,9 % de la population active en dcembre 1981,


ce qui fait neuf millions et demi
d'Amricains. Ce taux, juste un
peu au-dessous du record d'avant
la Seconde Guerre mondiale, va
sans doute continuer de s'lever.
Pour les Noirs, le taux moyen officiel donnait 17,4 %. En ralit, il
doit tre au moins de 25 %.
Pour les jeunes Noirs de 16 19
ans, ce taux s'lve 57 % avec les
dizaines de milliers de demandeurs d'emploi dcourags qui ne
cherchent plus de travail. En
1967, il tait de 26,5 % !
Aujourd'hui Harlem, 75 % des
jeunes sont sans emploi. Accentuant encore la guerre contre les
pauvres, Reagan a rduit la dure
du secours-chmage de moiti :
13 semaines a u lieu de 26.

confort et de l'abondance, rappelons qu'en 1961 , John F. Kennedy


cra ces bons alimentaires afin de
lutter contre la malnutrition dans
son pays et qu'ils existent toujours
parce que la situation ne s'est pas
amliore. En 1981, il y avait 22
millions de bnficiaires de ces
bons , c'est dire l'importance de la
sous-alimentation aux EtatsUnis. Aujourd'hui un million de
personnes , soit 400000 familles
en ont perdu le bnfice pourtant
indispensable leur survie, presque toutes noires et minoritaires.
Les allocations de scurit sociale
sont diminues de 10 % . Cela
concerne 36 millions de personnes. A ce propos, il convient
encore de rappeler que ces allocations n'ont rien voir avec celles
que l'on connat en France, tout
simplement parce que la scurit
sociale, telle qu'elle est conue
chez nous , n'existe pas aux
Etats- Unis.
Les Amricains doive nt faire face
eux-mmes la maladie. Il leur
faut payer tous les soins, l'hpital,
les mdicaments.

Sous-alimentation
L'aide au logement a t, elle, rduite de 13 %, et l'on connat les
besoins des Noirs dans ce domaine. La rnovation urbaine ne
ralisera que 60 % des prvisions
de Jimmy Carter, dj trs insuffisantes. Les subventions subissent
des baisses importantes dans les
domaines des postes, des transports, de la recherche scientifique
et mdicale, des activits artistiques... Les plus dfavoriss se
voient peu peu privs de toute
aide. L'administration fdrale
supprime les repas gratuits aux
coliers ncessiteux et diminue de
faon importante le nombre des
bnficiaires des bons alimentaires, lesfood stamps. Pour ceux,
trs nombreux, qui pensent que
les Etats-Unis sont le pays du

La scurit sociale amricaine alimente certaines retraites et pensions de vieillesse. Ce sont donc
les vieux dmunis que frappe de
plein fouet la politique actuelle.
De plus, 660000 foyers, soit 17 %
des 3 900 000 bnficiaires perdent leur allocation de welfare,
une aide publique sans laquelle on
se demande comment ils pourront
subsister.
Paralllement ces amputations
de budgets sociaux, les mmes
prtextes d'conomies servent
pour saper de plus en plus ouvertement les acquis des Droits civi12

ques de 1964. On profite de la


conjoncture pour tenter de mettre
fin aux actions fdrales contre la
discrimination raciale en matire
d'ducation , de logement. d'emploi , etc. On invoque le principe
du droit des Etais. On affirme
vouloir viter le racisme rebours .

L'intgration
scolaire menace
L'offensive peut-tre la plus violente, est mene contre la dsgrgation raciale dans les coles. D'abord, on a mis en cause le busing,
transport obligatoire des lves
blancs vers des coles majoritairement noires et rciproquement,
afin de raliser l'intgration scolaire dcide officiellement. Depuis qu'il a t institu, le busing a
fait l'objet de nombreuses restrictions.
Les a utorits ont donn leur accord a un projet local de dsgrgatio/l 1'0 101/1 aire ~~ qui a peu
de chances d'tre mis en pratique .
Des projets identiques ont gaiement t approuvs pour plusieurs autres villes importantes:
Houston (Texas), Seattle (Washington) et Los Angeles (Californie). Pour finir, un projet de loi
supprimant le caractre obligatoire du busing se prpare au
Congrs.
Une rcente dcision, encore plus
grave, de l'Administration s'en
prend au principe mme de l'intgration sco laire. Les tablissements d'enseignement priv (la
plus grande part de l'enseignement aux Etats-Unis) bnficient
de l'exemption d'impts, ce qui
est une formc de subvention.

En 1970, le gouvernement avait


retir une centaine d'tablissements le droit cette exonration
parce qu'ils pratiquaient des discriminations racistes. Aujourd'hui, Reagan dcide d'en faire
bnficier une universit et une
cole chrtienne bien qu'elles pratiquent la sgrgation, crant ainsi un prcdent que ne manqueront pas d'exploiter les racistes.
Une autre grande conqute des
luttes des Noirs, des minoritaires
et des femmes, devient galement
la cible des autorits. Il s'agit de
l'Aff/l'III action, plan national par
lequel les entreprises prives travaillant pour le compte du gouvernement fdral s'engageaient
embaucher un certain pourcentage de Noirs, de membres de minorits ethniques et de femmes ,
ou mettre en uvre des programmes de formation en leur faveur, pour liminer les effets passs et actuels du racisme et du
sexisme. Aujourd'hui , l'Administration refuse de poursuivre cet
effort.
Enfin, un principe fondamental
des Droits civiques se trouve actuellement menac. S'appuyant
sur les lments racistes du
Congrs, RonaI Reagan vient de
proposer des modifications de la
loi sur le droit de vote ~~ promulgue en 1965, sous la pression
d'un vaste mo~vement populaire,
et qUI devrait etre reconduite l't
prochain . Ces modifications priveraIent de leurs droits des millions d'lecteurs appartenant aux
minorits ethniques.
Robert PAC
(1) Lire Ghe/IOS el priso/ls d'Alllri-

que. Cahiers de Droit et Libert. 89.


rue Oberkampf. 750 Il Paris.

e SS-Obersturmfhrer
Arnold Strippel, le seul non
encore jug des bourreaux des
vingt enfants juifs du Bul/enhuser
Damm de Hambourg, rpondrat-il enfin de cet abominable
crime: la pendaison, le 20 avril
1.945, de dix garons et dix filles
gs de cinq douze ans, avec
deux mdecins rsistants franais ,
les professeurs Florence et Quenouille, deux rsistants hollandais
et vingt-cinq prisonniers de guerre
sovitiques.
Ce criminel, dont les traces sanglantes qu'il a laisses dans plusieurs pays font l'objet, depuis des
annes, de volumineux dossiers
entre les mains de la justice allemande, sera-t-il encore longtemps
protg?
Onze condamnations mort ont
t prononces (et excutes) en
mai 1946 par le tribunal militaire
britannique de Hambourg contre
les principaux coupables du camp
de Neuengamme et des assassins
des enfants. Strippel, dont le rle
de matre d'uvre de la pendaison
a t prcis et prouv, mis en accusation au cours du procs, a
chapp au verdict.
L'officier SS rapparat en 1948 et
mne tout lgalement, comme
aujourd'hui encore, la vie d'un
paisible citoyen. Reconnu par une
de ses victimes de 1939 Buchenwald, il est impliqu dans vingt-etun meurtres, et condamn vingtet-une fois la rclusion vie
Mais en 1969, l'officier SS obti~nt
la rvision de son procs, et de
circonstances attnuantes en indulgences, le voil presque blanchi, sa peine tant rduite cinq
ans de prison. Comme il en a ef-

13

fectu vingt, la Cour lui octroie un


ddommagement de 121 500
marks.
Lorsque le journaliste ouest-allemand Gnter Schwarberg le dnonce, dans Stern en mars 1979
comme l'organisateur des crime~
du Bul/enhuser Damm, le SS
poursuit et fait condamner le
journal 100000 marks
d'amende.
L'histoire dramatique des enfants
du Bu/lenhuser Damm, du nom
d'une cole dans le centre de
Hambourg, est une des plus affreuses du gnocide nazi. Comme
d'autres mdecins, le SS Heissmeyer (condamn' vie, mort en
prison) prtendait pratiquer des
recherches sur la tuberculose avec
pour cobayes des adultes et des
enfants. Au moment o les forces
allies approchaient, les SS n'avaient qu'un souci, faire disparatre toute trace.

Depuis 35 ans ...


Commences au camp de Birkenau, les souffrances des enfants se
sont prolonges Neuengamme
et Hambourg, de novembre
1944 ce 20 avril 1945. Parmi ces
dix filles et dix garons se trouvaient deux Franais, GeorgesAndr Kohn , fils du directeur de
l'hpital Rothschild , dport avec
sa famille, et Jacqueline Morgenstein, arrte 'Marseille avec ses
parents. Slectionns les enfants
tous deux gs de douze ans, s~
sont retrouvs au baraquement Il
Birkenau avec des petits Polonais, Hollandais, Yougoslaves
Italiens.
'
Les nazis ayant brouill au maximum les fils pour cacher leurs for-

faits, il a fallu beaucoup de patience Gnter Schwarberg (1)


pour retracer le sinistre parcours
et retrouver les familles des supplicis. Il a abouti pour une douzaine d'entre eux, mais pour huit
les liens familiaux n'ont pu tre
reconstitus. (2) .
Le 20 avril 1979, des parents survivants se runissaient l'cole de
Hambourg pour demander ensemble que justice soit rendu aux
petites victimes.
L'impunit dont bnficie l'officier SS Arnold Strippel fait scandale, et pas seulement en France .
Il ne s'agit pas de vengeance. Simplement : l'odieux forfait du Bullenhuser Damm, malgr 37 ans
d'teignoir, devra tre enfin admis
et reconnu officiellement par les
autorits de la RFA. Tout ce qui a
t mis jour depuis 1946 l'a t
contre elles. Simplement: les victimes auront-elles droit ce que
JustIce leur soit rendue? En quelque sorte en hommage leur martyre. Simplement: les Droits de
l'Homme exigent que le tortionnaire rponde de ses actes. C'est
simple humanit. Ils ne doivent
pas tre plus longtemps bafous.
Arnold Strippel doit tre jug.
R.D.
Son livre Il.1' /II' \,(llIlail'l11 pa.\ I//(}L/aux Presses de la Renaissance
(19H 1. 198. boulevard Saint-Germain.
75007. Paris).
(2) On recherche encore les familles
des enfants suivants: Marek James. 6
ans. Polonais ; W. Junglieb. 12 ans.
Yougoslave .; R. Zeller. 12 ans. Polonais; E. Relchenbaum. 10 ans Polonais; S. Goldinger. Il ans. Pol~naise ;
H. Wassermann. 8 ans. Polonaise ; B.
Mekler, Il ans. Polonaise; Mania
Altmann, 5 ans , Polonaise.
(1)

l'Ir

Expliquez-moi DIFFRENCES

MARS 82

LE TANGO

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4 2320 GRAND CROIX
42400 SAINT-CHAMOND

Toujours jeune et vigoureux,


passionn, la tempe lgrement
argente, sduisant avec ses deux
temps enveloppants, il est
centenaire.

ur son ge exact bien sr, les


avis divergent. Il ne fait point
partie des Grands de ce monde et
sur son berceau, aucun historien
ou chroniqueur ne s'est pench
pour noter, ds sa naissance, tous
ses moindres faits et gestes.
Sur ses origines aussi les opinions
sont partages, bien que g nralement une certaine unanimit situe
en Afrique le lieu de sa naissance.
O prcisment? Au Congo, o
l'on trouve le vocable iango ?

Dans les quartiers


louches
Au Nigria o, par contre, existe
le terme shango ? A moins que
ce ne soit chez les Bantous qui
disent lamgu ce qui signifie
danser. Il semble bien que l'on
doive aux esclaves africains
d'avoir apport son lointain anctre en Espagne. C'est l qu'il
aurait rencontr l'andalou fandango qui, outre le nom, partage
avec le tango une certaine parent
musicale.
Son priple se serait poursuivi
partir de la fin du xv e sicle vers
l'Amrique du Sud o il allait
accompagner les grands navigateurs et les conquistadors. Sur ce
continent il se promne, glane des
lments propres aux rgions qu'il
traverse et en retour laisse des
traces , par exemple en Uruguay.
Mais il trouve sa forme, celle que
nous lui connaissons, dans les
annes 1880, sur les rives du Rio
de la Plata , dans les quartiers un
peu louches de Buenos Aires. De
ses prgrinations rsultent deux

'"

grands courants: celui des campagnes, offert par les gauchos qui
sont d'authentiques potes populaires et qui l'enrichissent entre
autres choses de leurs improvisations la guitare; celui des villes,
des malevos, ces hommes du
milieu, ces truands qui chantent
leurs regrets.
Musique et paroles sont porteuses
d'un dnominateur commun la
nostalgie. Le tango se fait plainte
quand il surgit du frottement des
cordes du violon, il se fait dchirement quand il s'arrache des plis du
bandonon, et toujours il crie la
douleur du dracinement.
N chez les esclaves, il grandit
dans les couches populaires et
vient rder dans les bals de la
bourgeoisie, dans les soires de la
haute socit.
Il ne va pas tarder rencontrer
l'un de ses premiers grands chantres q~i d'ailleurs a presque le
mme ge que lui.

sociales . Les bals de l'poque sont


emplis de ses accents chaleureux
et plaintifs.
Il n'est pas jusqu'aux musiciens
dits srieux qu'il sduit Stravinski, Darius Milhaud lui rendent hommage en composant des
tangos. Dans les annes 50 c'est
avec ravissement que l'on dcouvre Astor Piazzola et l'art de son
bandonon. On le croit en dsutude? Le tango revient avec force
quelques annes aprs avec des
formations comme le Quarteto
Cedron. Il est alors le tmoignage

D 'origine franaise ?
Carlos Gardel a vu le jour Toulouse en 1890 (ce qui fera dire par
boutade que le tango est d'origine
franaise !) et il a trois ans quand
ses parents migrent en
Argentine.
C'est grce lui que le tango.
acquiert droit de cit et ne tarde
pas dpasser les frontires,
retraverser l'Ocan. Carlos Gardel va tre l'incarnation mme du
chanteur de tango, enjoleur, charmeur, sduisant. C'est grce lui
que le tango va dferler sur l'Europe de l'entre-deux-guerres et
conqurir toutes les couches

vibrant de la souffrance d'un


peuple .
A Paris vient de s'ouvrir une sorte
de caf concert, Les Tro{{oirs de
Buenos Aires. o l'on va couter
quasi religieusement les plus
grands interprtes de l'art du
tango.
Ainsi continue-t-il son priple,
par del les mers, les ocans, les
continents. Partout , il va porter
ses accents nosta Igiques, cha uds
et orangs, partout o il ya besoin
de larmes d'espoir.

A.R.

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ROYALES
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15

Message qui traverse les frontires, le timbre, est Ut'! p;:ss;i/::::':


pour trois millions d'amateurs. Ils pourront, a par Ir lU.
'
enrichir leur collection avec le timbre Lutte con!re~ e rac!sme ,
mis l'initiative du MR~~ p'0ur m~rquer la ournee
internationale decldee par 10 .N. U.
a Sabine disparat peu peu pour
laisser la place ~ la Libert guida.nt
le peuple. Les tlmbres -po~te subIssent eux aussi", le changement .lntervenu
dep~is le 10 mai. Si l'on pouvait r~ssem:
bler tous les timbres du, m~md.e entl~,r qUi
ont t mis, de leur creatlOn)Usq~ a n~s
jours, serait-ce encore la. peine ~ ouvnr
un livre d'histoire? Le. t!m.b re n es.t pas
seulement un objet utilitaire, . !llals un
message qui traverse les front~ere~ .. On
regrette, cependant, q.ue les phllatelist~s
avertis l'entoure d'un Jargon t~c~~,ologl
que, fastidieux pour les nOn-Inities, c~r
les timbres sont une source d~ savOir
inestimable la porte de n Importe
quelle personne.

Sa naissance est rcente. Avant sa


cration les lettres portaient l'empreinte
d'une marque postale, ou d'~n cachet
avec le montant de l'affranchissement.
En 1840, alors que la rvolution i~ d us
trielle commence transformer le visage

de la Grande-Bretagne, appqrat, . l'initiative de l'un de ses citoyens, Rowland


Hill, une figurine gomme qui , dsormais, concrtisera l'affranchissement au
pralable, les frais de port tant auparavant payable par le destinataire.

Le code amoureux de la
jeune anglaise
On raconte ce sujet une savoureuse
anecdote bien que dmentie par Rowland Hill lui-mme. Lors d'un voyage en
Ecosse, il fut mu par le geste pathtique
d'une jeune femme qui rendait au facteur
une enveloppe que celui-ci venait de lui
remettre, comprenant par l que la pauvret de la jeune femme l'empchait de
rgler le port de la lettre, Rowland Hill
dcida alors de le payer et fut surpris par
l'attitude de sa protge .
En effet, celle-ci lui indiqua que l'enveloppe tait vide et que selon la disposition de l'adresse, il lui suffisait d'un
simple coup d'il pour connatre la

teneur du message de son fianc. Code


ingnieux et conomique pour les amoureux , mais qui affola srieusement Rowland Hill , pensant que les Postes de Sa
Gracieuse Majest n'allaient pas tarder
sombrer dans le dficit le plus complet.
Tirant la morale de cette fcheuse histoire, il en conclut qu'une rforme postale s'imposait. Il lutta pour l'unification
et la diminution des tarifs ainsi que pour
le paiement du port de la lettre par l'expditeur. Ses vux furent exaucs,
aprs de multiples embches,puisqu'en
1840, le Parlement anglais vota ses propositions. Le premier timbre fit son
apparition: le Penny Noir, l'effigie de
la reine Victoria reprsente de profil, la
partie suprieure du timbre portant la
mention postage (1).
Plusieurs pays suivirent immdiatement
l'exemple de la Grande-Bretagne, parmi
lesquels, la Suisse et le Brsil en 1843. La
France ne leur embota le pas qu'en 1849
o M . Barr, graveur gnral des Monnaies, ralisa l'illustration de la premire
figurine gomme qui prit les traits de
Crs, la desse latine des Moissons,
reflet d'une France profondment
agricole.
C'est aussi cette mme anne que la loi
franaise dfinit le systme de la taxe
unique, supprimant ainsi les diffrents
tarifs en vigeurs appliqus auparavant
selon deux zones et selon la distance .
Ds sa cration, le timbre fut monopole
d'Etat.

La naissance de la
philatlie
Plus de 500000 timbres (2) sont dnombrs dans les catalogues. Il n'est pas possible de les collectionner tous. Aussi, il y
a peu prs un quart de sicle, l'Abb
Braun imagina un nouveau genre de philatlie. A dfaut de rassembler les timbres de tous les pays sans but prcis, il
proposa d'tablir une collection par
thme; ide sduisante puisqu'elle
emballa bon nombre de philatlistes.
Elle permet l'enfant d'acqurir des
connaissances dans des domaines aussi
divers que, par exemple, la flore , la
faune, le cosmos, l'aviation , etc.
Mais elle se sophistique davantage lorsque le thme retenu provient d'une thse,
d'une donne historique, d'une ide (la
Rvolution, la femme travers diffrentes civilisations, la fraternit entre les
peuples, etc.).
La thmatique donne ainsi accs la
recherche sociologique sur laquelle toutefois, peu de philatlistes se sont penchs. Andr Siegfried, gographe et
sociologue franais (1875-1959) disait
que Le timbre-poste est le symbole ex-

pressil de la communaut entre les


hommes .

MA'""~
--~--------

Le timbre est devenu un moyen de vulgarisation incomparable, 'une encyclopdie


qui laisse dans son sillage un avant-got
des connaissances les plus diverses sur

---------

17

notre plante et ses individus. Un pays


dvoilera travers eux les richesses de
ses activits artisanales, d'autres se pencheront sur la flore tropicale , sur des
personnages clbres, sur les inventions,
sur les sports ...
Mais afin de porter un jugement et d'approfondir la rflexion , quelques thmes
peuvent tre retenus afin de mieux fixer
le rle du timbre dans notre socit.
Trois thmatiques sont particulirement
significatives: les femmes, les personnages clbres , la solidarit
internationale.

Visages de femmes
Le premier timbre fut cr l'effigie
d'une femme, la reine Victoria. On ne
peut cependant parler de fminisme
puisque cette femme reprsentait l'Etat,
. un Empire. Il en est de mme en France
o la Semeuse, la Paix, Marianne, et La
Justice reprsentait le pouvoir en n'o ubliant pas notre dernire Libert.
Desse, reine, hrone mythologique ou
issue d'un tableau de peinture, les
femmes des timbres semblaient figes
pour l'ternit sur un pidestal qui les
tenait rellement loignes de la femme.
L'image royale ou mythique semble
rsolument dsute mais beaucoup de
pays ont encore recours des allgories
ou des personnalits royales.
La France semble prendre plaisir exhiber ses femmes en robes longues, crinires au vent ou casques qui
flatteraient sans aucun doute les desses
grecques, davantage que les ouvrires
d'usine. L'innovation n'est pas toujours
de rigueur. Le changement a quelquefois
un arrire got de conservatisme.
Bien que le traditionalisme soit toujours
d'actualit, la prsence de la femme , la
vraie est apparue (timidement) en
mme temps que l'mancipation du sexe
fminin. Ainsi, trouve-t-on des timbres
o l'on rend hommage des femmes
dtermines (mdecins, rsistantes).
Mais la misogynie n'a pas disparue pour
autant. Femme objet ou curiosit touristique, elle se rvle l'apanage d'un e
nation (timbres franais: main de
femme gante, femme en robe de haute
couture, main fminine sertie de bijoux ;
timbres espagnols: femmes en costumes
folkloriques).

La puissance symbolise
A l'poque de la colonisation, l'Etat
franais a mis des timbres o tait voque l'anatomie des femmes (et des
hommes), d'Afrique noire notamment,
rvlant une idologie implicite qui
n'avait plus rien voir avec les allgories
de la mtropole. La pudeur rgnant en
France n'tait plus de mise dans les colonies franaises. Les pays de l'Est se
dmarquent des autres pays. Sur leurs
timbres, ils clbrent la femme dans la
vie active (sportives, paysannes ,
ouvrires).

-=

L'humanit de ce
XX sicle finissant souffre toujours de cette
redoutable maladie qu'est le
racisme. Squelle
de temps trs
anciens, et que
l'on voudrait voir
rvolus, elle se
nourrit encore des tensions et des
luttes qui existent entre les peuples,
voire entre les classes dans une mme
socit.
L'esprit de tolrance, le respect de
l'autre, le droit la diffrence constituent les ncessaires remdes ce comportement indigne de l'tre humain.
Bien que le racisme se manifeste
encore trop frquemment, une volution favorable se dessine, due pour
l'essentiel la multiplicit des
changes et aux facilits de la
communication.
Je suis heureux que notre pays qui a
vu natre la Dclaration des Droits de
l'Homme, qui a inscrit pour devise au
fronton de ses difices Libert Egalit Fraternit procde aujourd'hui
l'emission de ce timbre-poste en
faveur de la lutte contre le r,a cisme.
Que cette figurine soit le message de la
France dans le cadre de l'action mene
par l'Organisation des Nations unies.
Que ces quatre mains unies soient le
symbole d'une meilleure comprhension et d'une plus grande solidarit
entre les hommes.
Louis MEXANDEAU
Ministre des P.T.T.
L'abondance des personnalits en fait
une des thmatiques les plus riches. Les
hommes politiques y trouvent une place
prpondrante avec les inventeurs, les
religieux et les crivains: Abdelkader
Lnine, De Gaulle ctoient Tito, Mao,
Pasteur, Einstein, le Pre de Foucault,
Paul VI, Monseigneur Makarios ,
La rigidit des portraits provoque u~e
mythification du personnage. Il est tres
rarement reprsent en entier. Lyautey
en v.isite Khenifra (Maroc) ou De
Gaulle de passage au Tchad apparaissent debout, majestueux dans leur uniforme militaire.

Bibliographie
Le timbre-poste, Roger Valuet - Collection Que Sais-je?
.
- Histoire du timbre-poste. M.
Vaille - Collection Que Sais-je?
Ces deux livres sont puiss.
- L'changiste universel (revue
philatliq ue)
- Le Monde des philatlistes.
- Les timbres de Ren Pierre
Audras - Editions Stock.

La solidarit internationale n'est pas


absente des timbres-poste. Les nations
ont uni leurs efforts afin de lancer de
gigantesques campagnes de solidarit.
Les philatlistes, auront, par l'intermdiaire du timbre-poste, l'avantage de
partiCiper au moins moralement, aux
campagnes destines soulager les calamits et la misre du monde.
A la suite des inondations de novembre
1966 qui avaient caus des dgts considrables dans les innombrables uvres
d'art de Venise et de Florence, le Directeur gnral de l'UNESCO a lanc un
appel la solidarit internationale.
Des timbres ont voqu ces travaux de
sauvetage. Rappelons aussi, en Nubie, le

courage des hommes qui ont pu sauver


des eaux des temples vieux de plus de
trois mille ans (Abou-Simbel). La ralisation de ces travaux est gnralement
confie l'UNESCO dont la vocation
est de veiller sur le patrimoine universel
des uvres d'art.
Les Nations Unies se sont penches sur
l'avenir incertain des enfants, des handicaps et des misreux dans certaines parties du monde. Les timbres l aussi, ont
tmoigns (anne mondiale des rfugis,
organise par le Haut Commissaria~ des
Nations unies , lutte contre le paludisme
par l'Organisation mondiale de la sant.)
Le ministre des PTT, l'initiative du
M RA P toujours soucieux de participer

DIFFRENCES

cette grande campagne de fraternit,


lance le 20 mars un timbre afin de sensibiliser davantage la population la lutte
contre le racisme qui dchire chaque
jour notre socit. Cette mission aura
lieu dans le cadre de la Journe internationale pour l'limination de la discrimination raciale dcide par l'O.N.U.
La mmoire d'un peuple transparat
travers ses timbres. Les expositions, les
journes annuelles organises dans de
nombreux' pays, montrent bien qu'on ne
peut le dissocier de notre vie . Son loge
n'est plus faire. Bien qu'il se soit peu
renouvel depuis quelques annes, le
timbre reste une uvre d'art. Il est compos comme un tableau et command
souvent des artistes rputs comme
Gandon, Decaris, Ouvr ...
Mariette HUBERT
(1) La Yo ugosla vie revendique aussi la paternit
du premier timbre. par le Slovne Laurent Kosir.
Qui dit mieux ?
(2) Chiffre de l'anne 1976.

MARS 82

LA TIMBROMANIE,
ALINATION OU
ENRICHISSEMENT?
~et

utilitaire, le mbre n'en a


as moins donn le jour la
timbromanie , c'est--dire,
pour employer un vocable plus noble,
la philatlie. Le petit Larousse dfinit
la philatlie comme l'action de collectionner les timbres. H. Herpin, l'un des
plus grands collectionneurs de ce
monde, inventa le mot philatlie
vers 1865. Sa signification serait:
amour de l'tude de tout ce qui se rapporte l'affranchissement.
Un Lillois, nomm Vetzel, aurait, vers
1851, commenc la premire collection
de timbres. En 1860 naquit la Bourse
aux timbres qui se tenait aux Tuileries
et qui sige dsormais au Carr Marigny; on en conclut que la philatlie est
un phnomne parallle l'apparition
du premier timbre.
Balzac disait que la collection est un
premier degr d'alination mentale. A
en juger l'ventail insolite d'objets collectionns, doit-on comprendre que
nous vivons dans un monde de fous? Si
l'on en croit Franklin Roosevelt, la collection serait une des meilleures
mani'res d'enrichissement culturel
pour l'tre humain.
Le nophyte doit savoir en premier
lieu, que les timbres les plus rares sont
ceux qui comportent des erreurs (1) ~u
des malfaons. Les erreurs les plus
recherches des collectionneurs sont:
les erreurs de couleur, les tte-bche et
les centres renverss.
Les erreurs de couleurs: bien que la
fabrication des timbres soit entoure
de beaucoup de soin, les figurines d'une
mme srie n'avaient pas toujours des
coloris identiques.
Les tte-bche: paire de timbres dont
l'un est renvers par rapport l'autre.
C'est parmi les tte-bche que l'on rencontre les plus grandes rarets
franaises .
Les centres renverss: autrefois, lorsque les timbres taient de deux couleurs diffrentes , l'impression devait se
faire en deux fois, au lieu d'une seule
aujourd'hui . Mais lors de la deuxime
opration, les feuilles pouvaient tre
mal places et les erreurs se traduisaient, par exemple, par une impression en double, des chiffres manquants
ou renverss , des impression rectoverso, etc.
La collection va de pair avec le com19

merce des timbres. Ils se vendent et


s'achtent. U ne cote est fixe annuellement par la Bourse des timbres . Elle est
mentionne dans tout catalogue spcialis. Elle ne reprsente pas le prix
d'achat ou de vente d'un timbre, mais
une estimation partir de laquelle on
fixe le prix.
La cote pouse le plus souvent une
courbe ascendante . Pratiquement,
tous les timbres se vendent et s'achtent
en dessous de la cte. Plus un timbre
est rare plus son prix s'en rapproche.
Les grosses valeurs se traitent pleine
cote et quelque fois au dessus .
En principe, elle dpend de deux donnes essentielles: l'importance du
tirage d'un timbre et l'importance de sa
vente pendant le temps o il est laiss
en circulation par le ministre des PTT.
Plus le tirage est considrable et plus la
vente est forte, moins la cote sera
leve. Les timbres neufs et les oblitrs
disposent chacun de leur propre cote.
En 1971, la France comptait environ
six cents professionnels du commerce,
pour la plupart, membres de la Chambres syndicale des ngociants en
timbres-poste (C.S.N.T.P.) qui offre
une garantie sre aux philatlistes et les
informe de toute nouveaut intervenue
dans la lgislation. On ne s'improvise
pas marchand de timbres, car ce mtier
demande une relle exprience de la
philatlie, des connaissances nombreuses et approfondies (2). Ne pas
oublier, quand mme, que le premier
ngociant de timbres reste l'Etat.
Le chiffre des collectionneurs est trs
lastique. Il oscille en France entre
300 000 et 3 millions. Le premier nombre se rapporte aljX spcialistes, le
second dterminant les philatlistes qui
collectionnent les timbres de manire
plus ou moins suivie.
Comme dans n'importe quel commerce, il y a eu des atteintes frauduleuses au droit commercial. Dans les
annes 1940, l'affaire Sprati fit couler
beaucoup d'encre . Ce faussaire aurait
imit environ 50000 timbres de valeur.
Situation paradoxale, ces timbres restent trs demands, M . Sperati ayant
falsifi les figurines gommes avec
beaucoup de talent.
(1 Erreurs signifient va ri t s.
(2) A Paris, nombreux ma rcha nd s de timbres rue
Drouot et sou s les arca des du Pala is Roya l.

A Nice, ville jumele avec Le Cap, du racisme? Pensez-donc! on


aime les tranger ici. Ceux des grands htels, ceux que l'on juge
honorables . Et mme pour les 4000 travailleurs immigrs sans
logement, ne leur prpare-t-on pas une rserve?

UN BANTOUSTAN
A LA NIOISE

<
z
z

UJ

en

L'ariane, un terrain allou par la ville conformment la lgislation.

epuis la gare jusqu'au front de


mer tant convoit, chacun tient
sa place. L'avenue Jean Mdecin
- le papa aligne commerces et
cinmas comme il faut. La place Massna grande vue et sans surprise attend
la mer qui ne vient pas. Deux, trois
ruelles de vieille ville, un march de
fleurs, un peu d'me peut-tre .. . et puis
la mer enfin, aussi belle, aussi limpide,
aussi insipide que la rvent tant de
retraits.
Nice, ses casinos, Nice, son milieu. Nice,
ses affaires ... Voil malheureusement les
ralits qu'il faut garder l'esprit quand
on tente de dfinir la ville. Elles conditionnent toute la vie locale et, par l
mme, l'existence des travailleurs immigrs. Car les problmes lis au racisme
sont nombreux Nice. Comment d'ailleurs pourrait-il en tre autrement
quand le maire se prononce ouvertement
pour un dveloppement spar des
communauts raciales, jumelle sa
ville avec Le Cap, d'Afrique du Sud , et
n'hsite pas y dclarer: Les Noirs et

les mt is ne sont pas encore en mesure de


diriger l'Afrique du Sud

Cents morts en vingt ans


La voix des immigrs de Nice charrie
trop de dtresse. Il faudrait un livre pour
la trad uire.
Il y a l'immigration clandestine via la
frontire italienne ou des passeurs ignobles envoient sciemment des hommes
la mort. C'est un chemin de chvre sur
les hauteurs de Menton qui se termine
par un prcipice de 80 mtres. Le pas
de la mort , le bien nomm, dj tu
cent fois. La dernire fois c'tait le 13
fvrier: deux jeunes frres tunisiens a
qui l'on avait dit c'est par l, la
France ~~.
Il Y a les ratonnades meurtrires des
annes 74-75 qui traumatisent encore la
mmoire immigre et qui les avaient
amens ne sortir qu'en groupe dans les
rues de Nice.
Il y a les notes de service d'une police
tonnante qui parlent un langage qu'on
21

esprait oubli: refoulement des trangers (. ..) relve des phrsionolIIies .


Avanr le !Omai, raconte Rab ha,jeune
animateur social algrien, j'tais
conrrljusqu' cinq fois par jour .
Il y a aussi. l comme ailleurs, les exp loi teurs de misre. C'est ce propritaire de
l'avenue des Diables-Bleus qui loue dix
pices 60 personnes pour un loyer mensuel de 400 francs chacun, et qui leur a
coup l'eau depuis un an.
C'est ce vendeur de faux contrats
6 000 francs pice qui organise son trafic
au su de tous. Ce sont ces innombrables
patrons qui embauchent sans jamais
payer ou bien verse un maigre
acompte - pour des dures qui peuvent
aller jusqu' 6 mois.

4 000 sans abris


Pauvre chapelet. Mais pour les immigrs
comme pour le M RAP, son comit des
Alpes-Maritimes, et les autres organisations qui se proccupent de la condition

DIFFRENCES

MARS 82

immigre, le problme nn l, c'est le logement. 4000 travailleurs vivent sans!


On en dcouvre pm/ois qui l'ivent dans
une cahane au coin d'un hais ou dans
l'ahri de jardin d'un horticulteur, expli-

que Aloys Carton, du comit local du


M RA p, mais surtout on les retrouve en

sumomhre dans les /ol'ers et dans tous


les 10Kements de la i'ieil/e ville .
C'est justement dans la vieille ville que
l'on peroit le mieux la nature de cette
crise. Jacques Mdecin, dans une pousse de fivre mgalomane, a engag sa
ville sur la voie des grandes cits touristiques amricaines . Dans ce choix il n'y a
pas place pour les immigrs, ni pour le
peuple. Le racisme niois s'exprime
aussi bien en terme de classes qu'en
terme de races. 4000 demandes de logement HLM taient insatisfaites il ya un
an alors que la ville accueille les plus
grosses concentrations de capitaux <
immobiliers. Dans la vieille ville on pro- ~
fite des travaux de salubrit pour exiler ~
vers la priphrie le peu d'me qui lui
Le carnaval des immigrs ... la joie des gosses dans les ruelles.
reste tandis que des Saoudiens construisent avec la bndiction de tous un
que, pierre aprs pierre, ils ont russi
palace de front de mer: le Ryatt Hotel.
construire.
Ce type de sgrgation est archi-connu.
Le trs Rvrend-pre Daron, de l'glise
Apostolique armnienne de Nice fait
Des foyers rejets
trembler sa chapelle, calme et blanche, et
les quelques 300 mes qui s'y runissent.
Aprs la vieille ville, l'habitat immigr
Ce foyer, ce ne sera pas une commuc'est le foyer. Particulirement le foyer
naut mais un ghetto. Si on en prvoit
Sonacotra tabli sur les bords du Var
150, il l'en aura 500. Il l'aura des viols et
quelques kilomtres de Nice. On l'apdes vols alors que noire village vit en
pelle cit modulaire pour avoir t
paix depuis 60 ans (.. .J. Si le /ol'er se
conue partir des logements dmontaconstruit, il nous faudra recnstruire
bles qui avaient servi sur les chantiers de
"
notre Klise ailleurs .'. L'unanimit est
Fos. Il date de 1976. La ville prtait alors
totale.
ce terrain pour 5 ans afin de rsorber
Des quelques Franais qui craignent
les bidonvilles existants qu'elle venait de
pour le prix de leurs terrains ce jeune <
traiter par feu et par bulldozer. Prvu
armnien post-punk qui clame ils vont ~
pour 900 personnes, il en accueille plus
voler fous les aUfo-radios el les ~
de 1 500 et le bail de la ville prend fin le
bagnoles, tout le monde serre les
15 mars 1982. Or, sans s'attarder aux
Dans l'attente de l'expulsion.
coudes et btonne les voies d'accs au
conditions d'existence dans ces normes
campagne o une colonie de Gitans
village. Pour quelques-uns qui calculent,
foyers, rien n'est prvu pour reloger ces
avait lu domicile sur un terrain allou
beaucoup sont sincres. II faut dire que
1 500 personnes. Sept fois des projets
par la ville, conformment la lgislale terrain est favorable. Comme toutes
d'implantation de foyers plus rduits
tion . Quelques H LM avaient agrandi les
(170 places) ont t rejets par des comi- les minorits, les Armniens ont peur de
possibilits d'accueil. Mais la ville granperdre leur identit.
ts de quartier qui se sont constitus ausdit et la priphrie grossit d'autres habisitt. Sept fois la municipalit qui avait
Un Bantoustan
tants, Franais exils d'ailleurs, et
donry son accord a recul devant le pouceux-ci trs vite ne supportent plus cette
Rejets du centre par les responsables,
voir de l'argent et aussi devant la peur, la
communaut au mode de vie incomprde la priphrie par des apeurs, c'est
xnophobie, la btise.
hensible. Mieux! Ils demandent et
30 km qu'on voudrait bien parquer tout
obtiennent que le chantier de La
ce que Nice compte d'trangers . JacIl Y aura des viols et des
Lorette chantier conu pour
ques Mdecin, qui depuis quelques
vols!
accueillir dans de bonnes conditions les
temps prfre viter les dcisions trop
A la cit armemenne de Saintegens du voyage - leur soit affect.
choquantes, mijote un super projet de
Madeleine, coince dans le bout d'un
Rsultat: la municipalit dcide le transghetto multi-racial gagn en partie sur le
vallon autrefois coup de Nice, c'est la
fert des Gitans de l'Ariane 10 km de
lit du Var qui serait, pour cela, endigu.
guerre . Motif: la Logirem veut implanl ... sur le bord du Var. Et ce contre l'avis
On y mettrait bien sr toutes les
ter non loin de l un foyer pour 170 trades Gitans, contre l'avis du M RA P et
mosques qu'il faut . Les observateurs
vailleurs immigrs. Conflit exemplaire,
contre l'avis des experts de la prfecture.
locaux ont dj baptis le projet Bancaricatural et attristant. Les fils et petitsPlus loin, toujours plus loin. Mais pas
toustan , par analogie avec cette crafils d'Armniens qui chourent cet
trop tout de mme... Il faut des gens
tion de l'apartheid en Afrique du Sud.
endroit soixante ans plus tt, aprs avoir
pour construire htels et villas et cueillir
L, seraient aussi parqus les Gitans du
fui les massacres turcs , se battent aujour bon compte les fruits du midi, nos
quartier de l'Ariane. Dernier conflit
d'hui pour que d'autres immigrs ne
beaux fruits gorgs de soleil.
exemplaire de Nice. L'Ariane, il y a quelviennent pas troubler le petit quilibre
Jrme BOUVIER
ques annes, c'tait la campagne. Une

<
:z
z
UJ
<Il

Le journaliste contrl ... sous le contrle de l'homme la Mercdes (de dos).

Contrler, ficher , refouler,


indsirables et journalistes

'1

:1

'..
"

22

Un reportage Nice sur les conditions d'existence des travailleurs immigrs et le racisme
passe obligatoirement par son commissariat
central. On y distribue, en effet, des notes de
services difiantes. Le 4 mai 1981, par exemple, les policiers pouvaient lire: contrle de
tous les individus douteux avec passage au
fichier et tablissement defiches V,p" refoulement des clochards, refoulement des indsirables (particulirement d'trangers: Nord
Africains) (...). Noter les rsultats et la physionomie l'issue de chaque ratissage sur la
main courante et le rapport journalier .
Ces notes ne resteront pas lettre morte. La
main courante de l'unit d'intervention de la
premire section fait tat de cinq refoulements depuis le 10 mai. Ce qui n'exlut pas,
bien sr, les refoulements non consigns, comme celui de ce jeune cuisinier tunisien. Il se vit abandonn le 9 janvier dernier
sur une colline de l'arrire-pays niois par
trois policiers, qui invoqurent pour leur
dfense de n'avoir fait que respecter les
ordres .
A la suite de cette affaire, le Syndicat national des policiers en tenue avait fait un certain
bruit en demandant la tte du directeur
dpartemental de la police urbaine et du
commandant de l'unit d'intervention,
auteur de ces notes. Ajoutons cela quelques
dclarations tonitruantes de l'crivain Graham Green sur les relations police/milieu
dans la bonne ville de Nice et l'on comprendra la ncessit pour le journaliste de se rendre au commissariat central.
a, c'tait le programme thorique, celui qui
ne tient pas compte des imprvus. Comme
par exemple se faire embarquer par ces
mmes policiers que l'on se proposait d'interroger librement , et se faire garder vue
quatre heures sans rien pouvoir faire d'autre
que se poser des questions, soi.
A la croise des rues de Suisse et d'Angleterre
Nice, il y a deux bars, une glise et quelques
bancs. C'est un quartier bourgeois o n'habitent pas les immigrs mais c'est l qu'au fil du
temps ils ont pris l'habitude de se runir avec
pour motif premier d'attendre du travail.
Bourse du travail ou march aux esclaves
c'est en effet ici que les patrons viennent se
servir le matin en main-d'uvre temporaire.
La journe est paye de 150 180 francs. On

ne dclare pas, bien sr, et parfois mme on commissariat central, pour complment
ne paye pas quand on sait que l'ouvrier est d'information. Durant le trajet les deux
clandestin et qu'il ne risque gure de crer des compres nous menacent sous l'il impavide
des tenants de l'ordre: On a de bons amis
ennuis.
Depuis le 10 mai on peut tre Nord Africain Nice, on va vous rgler votre compte , Dans
et ne plus raser les murs mais l'emploi, c'est le couloir vieillot du commissariat, autre survrai, a chut. Les grands patrons immobi- prise. Nous devons exhiber de nouveau tous
liers qui ravagent la cte n'investissent plus et nos papiers mais pas les plaignants qui se
ne font donc plus appel aux intermdiaires de content de dire que les leurs sont chez eux.
la rue d'Angleterre. Et paradoxalement la Ensuite, trois heures d'attente, trois heures
rgularisation des travailleurs sans papiers a sans pouvoir se faire entendre, ni mme couaccru cette rcession. Ce sont les nouveaux ter. Un agent de police ferme priodiquement
clandestins arrivs depuis peu qui raflent le les portes des bureaux avoisinants. Un jourtravail, tant il est vrai qu'un travailleur immi- naliste dans un commissariat, c'est le loup
dans la bergerie ...
gr n'est intressant qu'exploit.
Ahmed, Dreiss et d'autres nous parlent de Quelques alles-venues nous permettent tout
tout cela sur le trottoir de la rue de Suisse, de mme de suivre le cheminement de notre
face la vitrine d'un caf. Les premiers dossier. Il semble compliqu. Le premier inscontacts ont t timides, mais la prsence pecteur l'a pass un second qui l'a transmis
d'Abdelhak, le photographe de Diffrences, au commissaire qui vient de monter voir le
fait tomber les barrires linguistiques, puis grand chef. A son retour, on nous adresse
les rticences. Au bout de deux heures nous enfin la parole: On vient d'enregistrer deux
sommes une quinzaine parler, aussi bien, de plaintes contre vous, nous sommes prts
leur extraordinaire solidarit quotidenne que entendre vos dclarations .
Ebahis, nous entendons lecture d'une plainte
de leurs difficults.
Au titre de ces difficults , il y a les exploi- dithyrambique pour atteinte aux liberts .
teurs de toutes races qui viennent vampiri- Pice conviction, nous avons photographi
ser leurs misres: marchands de sommeil, et interrog des immigrs sales et mal rass
marchands de contrats, marchands de men- dans le seul but de prsenter une image dfasonges. Contre tout espoir, un de nos interlo- vorable de ces pauvres personnes que nous
cuteurs donne un nom, puis une adresse. avons abuses.
Deux, trois autres suivent. Brouhaha, Dis- Trop ayant toujours t trop, nous demancussions mi-voix. Un sourire Abdelhak, dons tlphoner au MRAP et affirmons
nous pensons que nous venons d'ouvrir une que les policiers connaissent le plaignant.
petite brche dans le silence qui recouvre tous Dans le bureau du commissaire on commence ouvrir les parapluies: tlphone la
ces trafics. Erreur.
Une Mercds arrive, deux hommes surgis- prfecture, au procureur, aux services censent, un Tunisien et un Franais. Visiblement traux de Paris ... ' Un nouvel inspecteur est
prvenus ils viennent directement sur nous. charg d'enregistrer nos dpositions, il
Ceux qui ont os nous parler disparaissent. demande ce qu'il faut ,faire puisqu 'il n y a
Un seul restera, peu de temps, Le chauffeur pas de dlit . Silence ... tlphone encore: le
de la voiture est connu. Il harangue son petit Parquet annonce qu'il ne donnera pas suite
monde: Ce ne sont pas des journalistes. alors que nous n'avons toujours pas dpos.
Attention. Ils veulent vous tourner la tte Bref, une fois relchs, nous oublions de
avec des ides politiques. Je vais appeler la revenir pour interroger ces mmes policiers
police. Vous allez voir ils vont dguerpir! . sur les notes de service racistes. Il est vrai
L'homme appelle effectivement la police qui qu'une rflexion d'un ipspecteur nous a dj
renseigns sur le type d'humour qui a cours
arrive moins de cinq minutes plus tard.
L commence la mauvaise srie B malgr dans la maison: Si ce qui vous gne c'est
notre carte de presse, nos papiers d'identits d'avoir affaire des flics blancs, on peut aller
et l'absence d'infraction nous sommes invi- acheter du cirage et s'en barbouiller!
ts monter dans le fourgon, direction le
J.B.
23

ISRAELIENS ET PALESTINIF:NS,
.

DEUX VOIX ' "'-'-~ ',


POUR LA PAIX
1

Les pulls
Didier llagler

donnent des

couleurs Pt.

25

MATTI PELED: Il appartient


aux Palestiniens de l'extrieur
de toucher le cur et l'me
.des Israliens .
Mattihyalu (dit Matti) Peled, est considr comme l'un des
premiers artisans de la victoire de juin 1967, puisque chef de la
logistique de l'arme isralienne, professeur d'arabe l'Universit de Tel A viv, un des leaders du parti, Sheli, de la gauche
sioniste, il est devenu le prsident du Conseil isralien pour la
paix Isral-Palestine.
. .
. .
Ainsi le mouvement sIOniste ne fut nullement relIgieux
dans ses origines mais sculier, laque. De fait, pe.n~ant
ses premires dcennies , des leaders relIgieux
orthodoxes du peuple juif s'opposrent vivement lui. Ce
ne fut qu'avec la cration du Mizrahi, mouvement religieux
orthodoxe, mais aussi sioniste, qu'un compromis fut labor
avec l'organisation sioniste. Une grande partie des Juifs orthodoxes conservrent - et cela survit encore - un grand ressentiment vis--vis du sionisme. Ainsi l'Agoudat qui , pourtant
participe au gouvenement d'Isral, demeure idologiquement
antisioniste.

Plan de partage
(29 nov. 1947)

Lignes de dmarcation
(Rhodes, 1949)

~~

COLONIES
Depuis 1967, les responsables israliens tentent de crer une
situation irrversible dans les territoires occups (Cisjordanie
et bande de Gaza) en accumulant les faits accomplis, en
changeant la structure gographique et dmographique de
ces territoires, pour empcher la cration d'un Etat
palestinien.
Entre 1967 et 1980, 122 colonies ont t implantes (68 en
Cisjordanie, 5 dans la bande de Gaza, 20 dans le Sina, 29 sur
le plateau du Golan). Depuis, le rythme d'implantation n'a
cess de s'acclrer, mais les chiffres restent secrets.
Ariel Sharon, ministre isralien de la Dfense, vient de s'illustrer en crant seize nouvelles colonies (14 en Cisjordanie, 2
sur le plateau du Golan) confies une unit spciale de
l'arme dont lui-mme est responsable. Il n'a donc pas
demander l'agrment de la commission interministrielle
des implantations .
La zone peupler en priorit s'tend sur 115 km de long et
20 km de large, l'Ouest du Jourdain, sur l'axe Jenin-Hbron, en passant par Naplouse, Ramallah, Jrusalem et Bethlem. En 1979, les autorits jordaniennes estimaient que
1 489 000 dounams (1 do un am = 1000 m2) de terre avaient t
expropris, soit 27,3 % des terres de Cisjordanie .
Les colonies cotent trs cher l'Etat d'Isral, mais il s'agit
o d'un choix politique. Plusieurs manifestations de citoyens
~ israliens s'y sont opposes.

Amman

L'affrontement de deux nationalismes

:1
.:

Le conflit avec les Arabes commena bien avant l'Etat d'Isral


puisque la Palestine, l'Isral de l'Antiquit, n'tait pas un pays
dsert. Max N ordau la croyait une terre sans peuple , alors,
les Juifs tant un peuple sans terre, le mariage entre eux
devenaient donc un processus naturel. Evidemment, ce fut une
erreur de base, la Palestine tait depuis longtemps peuple, et
peuple d'Arabes ensuite recon~u~ comme. Palestiniens .. La
distinction entre Arabes palestiniens, Synens ou Irakiens
n'existait gure la fin du XIX sicle. Ces nations arabes
issues de l'Empire ottoman ne furent cres qu'aprs la 1r.
Guerre mondiale. La conscience nationale des Arabes se dveloppa beaucoup plus tard on le sait qu'en Europe.
Alors que les premiers colons sionistes ne rencontrren~ pas de
rsistance idologique arabe avant la 1 Guerre mondlale,. les
choses se gtrent aprs celle-ci et mme .ds I~ D~lar~tlO~
Balfour de 1917, par laquelle l'occupant bntannlque instituait
un Foyer national juif en Palestine. Ils furent ds ce mom~nt
confronts aux premires manifestations du mouvement national arabe videmment trs oppos au sionisme. Si bien que tout
le processus de l'tablissement sioniste en Palestine ne peut se
raliser depuis qu' travers un affrontement constant et .non
achev entre Juifs et Arabes palestiniens.

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CI:

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~tatjuil
1::::::::::::::::] tat arabe

La premire tape de l'histoire de ce pays, qui va de la dci sion


des Nations-unies de 1947 de crer Isral 1956, est une
priode durant laquelle les Israliens ressentent l'existence
mme de leur Etat comme peut sre et constamment menace
par l'hostilit arabe. Cette crainte conditionnait alors tout leur
comportement. Avec la guerre du Sina en 1956, qu'on peut
analyser de diverses manires , je crois que disparat en tous cas
la peur physique de la disparition d'Isral remplace par un
grand sentiment de confiance. Une solution militaire du conflit
leur parat ds lors impossible mme si aucune consquence
pratique ne pouvait en tre tire du fait du refus des Arabes de
concevoir d'autres options que militaires pour atteindre leur
but: l'limination d'Isral. Cette seconde priode s'tend jusqu'en 1967.
Avec la guerre de juin 1967, une troisime priode commence.
Ct arabe, il devient clair que non seulement il n'y a pa s
d'option militaire permettant de supprimer Isral mais des
lments de changements dans l'tat d'esprit des Arabes peuvent tre relevs. La premire proposition de paix gyptienne,
bien avant le voyage de Sadate Jrusalem, remonte 1971 et
les graines en avaient t jetes ds 1967. Du ct d'Isral, la
peur pour la survie est compltement limine et chaque Isra-

Trois priodes cls


La situation complexe qui rgnait au moment de la guerre
d'indpendance ne se prte pas aux formules simplistes: en
fait Juifs ou Arabes utilisrent ou combattirent tout tour les
ir~prialistes anglais selon leurs intrts. Ce fut dans son
essence une lutte entre deux mouvements nationaux - Juifs
sionistes et Palestiniens arabes - au nom du destin de deux
peuples et pour savoir qui serait le matre du pays.
Moi-mme membre de la Haganah, l'arme juive, depuis l'ge
de 14 ans, je participais effectivement ce conflit dans les rangs
du Palmakh, noyau dur, plus professionnel, de la Haganah,
avant de devenir un officier de Tsahal. Et je me souviens bien
que nous tions convaincus alors que le conflit entre les deux
aspirations nationales ne pouvait avoir d'autre issue que la
guerre ... Mme si je peux aujourd'hui regretter qu'une autre
approche pacifique n'ait pu prvaloir.

'-

26

,
J

<>:

Discussion Jrusalem ... sur l'avenir?

lien est convaincu que le pays est en mesure de se dfendre et de . gouvernement actuel, au lieu d'uvrer dans le sens d'une soluprotger son existence.
tion ce problme social, tire avantage de la tension existante
Mais tandis qu'une approche plus raliste grandit graduelleentre les deux couches, et Begin cultive les sentiments antiment du ct arabe, on assiste, ct isralien, un dveloppeachknazes de la communaut spharade, faisant reposer son
ment trs regrettable . Au lieu d'exploiter cette nouvelle
pouvoir sur la haine inter-ethnique.
situation pour construire la paix avec nos voisins, d'normes
Quant au poids des religieux dans la vie du pays , c'est, ds
ambitions d'expansion sont conues et finalement adoptes
l'origine un problme politique. Il n'y a jamais eu en Isral un
comme finalits politiques d' Isral. C'est toujours notre politiparti majoritaire de gouvernement, donc toujours un gouverque, celle qui consiste prfrer l'expansionnisme territorial
nement de coalition. Et Ben Gourion, en premier lieu, dut invila recherche de la paix .
ter les religieux prendre part la coalition pour obtenir cette
Au lieu de solutions reposant sur un examen srieux et attentif
majorit ...
de notre ralit, c'est l'ambition nationale qui commande aprs
1967 et plus encore en 1977 d'o la ngation complte de
Il fallut en payer le prix. Mais Ben Gourion en faisait aussi une
l'existence du peuple palestinien et de la ncessit de rsoudre
question de principe: il ne voulait pas crer de foss entre
ses problmes afin de rsoudre les ntres .
croyants, orthodoxes et laques. Le rsultat est connu : on ne
On sait aussi que nous avons en Isral, du fait de l'histoire de
peut natre, se marier ou mourir en Isral sans passer par le
ses alyas, une population partage en deux grandes parties :
rabbinat qui a toujours contrl tout l'Etat-civil et bien auLes Israliens des premires alyas, principalement des Achkdel. Avec la nouvelle politique d'expansion, les religieux
nazes, et les plus rcents, des Spharades, dont la situation
jouent un rle accru. Ils sont aujourd'hui les plus actifs et les
gnrale est trs infrieure aux premiers . Les disparits ne sont
plus importants partenaires de Begin. En contrepartie, la relipas de culture mais d'ordre conomique et social, et leur aggragion est de plus en plus pesante dans la vie quotidienne d'Isral
vation constitue mme le problme intrieur essentiel. Mais le
alors que la pratique religieuse n'est mme pas majorita ire.
27

D'o vient la dgradation conomique actuelle?


Actuellement la moiti de nos dpenses ne viennent pas d'argent gagn par Isral, mais de dons originaires de l'tranger et
pour l'essentiel des Etats-Unis. Nous dpendons tellement de
leur assistance financire que l'conomie isralienne, je crois,
s'croulerait si elle cessait.
Nous dpensons pour la dfense plus que ce que nous ne
gagnons. Tandis qu'en 1967 nous consacrions la dfense 10
ou 12 % de notre P. N . B., aujourd'hui c'est officiellement 30 % ;
en fait beaucoup plus car toute notre conomie est distordue
par le militaire. De l, un budget qui a entran la rcession
dans les activits culturelles, l'ducation , les services sociaux et
mdicaux.

la solution du conflit isralo-palestinien qui est l'lment essentiel du conflit isralo-arabe ne peut qu'tre base sur la
reconnaissance de l'existence politique du peuple palestinien et
de ses droits avoir son Etat ct d'Isral , en paix bien
entendu avec lui. la ralisation de ces buts ne s'oppose nullement aux intrts vitaux d'Isral la scurit et la paix.
l'argument selon lequel un Etat palestinien menacerait Isral
est fallacieux; je pense au contraire qu'une fois le pro blme
palestinien rsolu par la cration d'un Etat palestinien la scurit d'Isral sera enfin garantie.

Une dynamique de la paix


Je crois que cette solution de base aurait le soutien d'une
grande partie du peuple isralien, je sais que beaucoup l'accepteraient. Malheureusement, cette solution n'est pas perue par
les Israliens comme applicable, non seulement parce que no- ~
tre gouvernement la rejette, mais il leur semble que les Arabes !2
la repoussent. Car, la vision en Isral n'est pas la mme qu' v: Citoyens d'Isral Tel-Aviv.
l'extrieur. Si je pense , moi, que l'OlP accepterait cette solution les Israliens en doutent. Pour eux l'OlP ne veut que la
toucher par des dclarations claires le cur et l'me des Isradestruction de leur pays. l'OlP qui n'a pas, il est vrai, aboli sa
liens. Alors je crois que les forces de paix israliennes auraient
Charte, est toujours ambige dans ses dclarations; alors comun rle trs important jouer. Mais aussi longtemps que notre
ment faire pour convaincre les Israliens que cette solution est
programme ne parat pas raliste, notre influence politique
raliste? la seule manire est que les dirigeants palestiniens de
demeurera trs limite. Il faut tenter de substituer la dY->:~
l'extrieur rendent claire leur politique. Je sais, quant moi,
namique actuelle des extrmismes qui se renforcent
qui a t en relations intimes avec eux, qu'ils sont prts une
mutuellement celle des forces de paix arabes et israliennes.
solution qui reconnatrait Isral; mais il leur appartient de
Propos recueillis par Jean LIBER MAN

Le financement des Etats-Unis


En dpit de cette situation conomique, le standing de vie des
Israliens n'est pas encore vraiment dtrior . Nous avons un
systme d'indexation des salaires qui provoque automatIquement leur hausse quand les prix grimpent, si bien que le revenu
individuel moyen de l'Isralien se maintient. Mais ce systme,
qui permet de compenser une inflation annuelle de 100 %, ne
peut tenir que grce au flot de l'aide amricaine. Toutefois, ce
flot sera assur aussi longtemps qu'Isral rendra aux EtatsUnis les services stratgiques qu'ils attendent au MoyenOrient.
les Arabes israliens ont toujours constitu une minorit
opprime. Citoyens de seconde classe, ils n'ont pas les mmes
droits que les Juifs - mme si leur condition a bien change et de plus, jusqu' 1967, ils taient spars du monde arabe et
trs isols. Aprs 1967, l'expansion isralienne et le rapprochement des deux populations arabes - des territoires et de
l'intrieur - crrent pour le gouvernement isralien et sa
politique, un problme majeur car la population isralienne (3
millions de Juifs) devait contrler deux millions d'Arabes (1,5
million) sur la rive Ouest du Jourdain et (un demi million) en
Isral.
Cela veut dire que, selon les prvisions, en l'an 2000,4 millions
d'Israliens contrleraient 4 millions d'Arabes. Ce serait certainement la situation la plus dangereuse qui soit pour le pays ... Il
est dramatique d'entendre dj des voix apeures s'lever en
Isral pour chasser purement et simplement les Arabes des
territoires.

LA FONDATION DE L'TAT D'ISRAEL

La dmocratie ou la scurit
Isral tait et reste cependant une dmocratie pour autant que
la population juive est concerne. Nos lections sont authentiques, la lgislation y est labore de faon dmocratique la
Knesseth. Par contre, pour les Arabes d'Isral , et bien qu'ils
jouissent de nombreux droits civiques, ce n'est pas une vritable dmocratie: il n'y a pas de partis arabes, la proprit arabe
peut y tre confisque alors que c'est impensable pour la proprit juive, ils subissent un plus dur traitement policier que les
Juifs, etc. Et c'est pire bien sr dans les territoires occups
soumis au gouvernement militaire.
Cependant, la perspective que j'ai dcrite de 4 mi\lions de
Palestiniens pour 4 millions de Juifs en 2000, conscutive
l'annexion des territoires, c'est--dire la perspective d' une sorte
d'Etat binational o les arabes auraient les mmes droits que
les Juifs inquite bon nombre d'entre eux. la scurit des Juifs
est plus importante pour certains Israliens que la dmocratie ,
et ils sont prts la sacrifier si c'est pour mieux absorber les
territoires et viter toute contamination palestinienne .

Fusil et parapluie: scne de la vie quotidienne.


Mais je pense que leur influence ne cesse de diminuer. Et la
conception la plus rpandue aujourd'hui est celle de l'Etat
palestinien ct d'Isral. Elle est soutenue par le leadership de
l'OlP, elle a t reprise par le plan Fahd des Saoudiens, par
Hussein de Jordanie et par Sadate d'Egypte ; sur les territoires
occups par Isral et l'extrieur c'est la principale tendance
dans l'opinion arabe et sans acun doute aussi parmi les Arabes
israliens.

Odeur de cuisine
Les avocats farcis
4 avocats.
40 gr de noix sches
1 branche de cleri
15 gr de concentr de tomates
15 gr de vinaigre, sel, poivre.

En 1967 et quelques annes aprs, la distinction entre Arabes


israliens et ceux des territoires occups tait raliste mais on a
observ depuis une palestinisation des Arabes d'Isral qui se
considrent de plus en plus comme Palestiniens . Aussi soutiennent-ils l'ide d'un Etat Palestinien en Cisjordanie et Gaza ,
ct d'Isral. On est l face la position la plus constructive et
la plus modre. Malheureusement, cette politique n'est pas
accepte par tous les Palestiniens chez qui il y a toujours des
groupes pour demander la destruction de l'Etat d'Isral.

Couper en deux, dans leur longueur, 3 avocats el en relirer le


noyau. Prparer la farce avec la pulpe rduite en pure du
dernier avocat, les noix minces, le cleri mis en ds, le
concentr de tomates, le vinaigre, les assaisonnements. Il reste
garnir les avocats el dcorer avec des noix.
28

1896: Theodor Herzl voque la fondation d'un foyer national juif


en Palestine, dans l'Etat Juif, objectif repris par l'Organisation
sioniste mondiale qu'il fonde un an aprs.
1905 : Seconde ali)'ah )), vague d'immigration des Juifs dus par
l'chec de la rvolution russe de 1905. La premire datait des annes
1880. La Palestine appartient l'empire ottoman.
1917: Dclaration Balfour: La Grande-Bretagne reconnat la ncessit de fonder un foyer national juif en Palestine.
1920 : Confrence de San Rmo : le principe de ce foyer national est
approuv par les allis de la Grande-Bretagne j elle se voit confier
l'administration de la Palestine.
1947: L'ONU dcide le partage de la Palestine en deux Etats, l'un
juif, l'autre arabe.
14 mai 1948: Le Conseil national juif proclame l'indpendance
d'Isral.
1948- 1949 : premire guerre avec l'Egypte et les autres Etats arabes.
1956-1957: deuxime guerre avec l'Egypte
1967: guerre des six jours
1973 guerre de Kippour
1979 Trait de paix dit de Camp David )).

Population
- 3 955 900: population isralienne (chiffres 1981),
- 1 146 000 : population des territoires occups. La trs large majorit est musulmane, mais 0,7 % de la population isralienne rside

dans ces territoires.


86 % des Israliens vivent dans des agglomrations urbaines (90 %
de la population juive, 70 % de la population non-juive). 12 % vivent
dans des villages (10 % de la population juive, 30 % des non-juifs),
dont 3,5 % en kibbouts (villages collectivistes) et 4,5 % en moshavs
(villages cooprativistes).
En 1974,50 % de la population sont Sabarim )) (ns en Isral), 23 %
ns en Afrique ou en Asie, et 27 % en Europe ou en Amrique.
En 1948, la population juive d'Isral reprsentait 6 % de la population juive mondiale, aujourd'hui 25 %.
La population non-juive, dans le territoire d'avant 1967, est passe
de 156000 personnes (1948) environ 650 000 l'an dernier, rpartie
comme suit: quelques 500000 musulmans, (77 % de la population
non-juive) de rite sunnite, habitant surtout le Nord du pays et
Jrusalem (92000). Ils disposent d'un statut de rsident permanent
en Isral, mais ne sont pas admis faire le service militaire.
On dnombre aussi environ 90000 chrtiens, (15 % de la population
non-juive) et 50 000 Druzes, de 18 villages de Galile et du plateau du
Golan.

La population juive d'Isral a t constitue par vagues successives


d'immigration jusqu' la naissance de l'Etat, et, depuis, par une
immigration constante avec certaines pointes lies des vnements
extrieurs.
En 1882,24000 Juifs viennent en Palestine. En 1914 ils taient 85000
En 1936, avec la cinquime aliyah, surtout venue de l'Allemagne
nazie, ils sont 400000 et en 1951, 1400000 avec des rescaps des
camps et des personnes provenant des pays de l'Europe de l'Est ou de
communaut de pays islamiques. A partir de ce moment, les immigrants originaires d'Asie et d'Afrique sont les plus nombreux, jusqu' la fin des annes 60.
Entre 1948 et 1974, arrivent 225000 Marocains, 209000 Polonais
et 41 000 originaires d'Europe occidentale.
Au cours de l'anne 1981, la blance migration/immigration est
ngative depuis un an ( peu prs 30000 dparts par an, mais il est
difficile d'valuer si le dpart est provisoire ou dfinitif).

Composantes actuelles
Les Juifs Achknazes sont originaires d'Europe orientale. Leur
parler, le yiddish reste limit au cercle familial et se perd. Les
premiers groupes sont arrivs avant la fondation de l'Etat. Ils constituent des courants socialiste et lac, mais il existe aussi parmi eux de
nombreux orthodoxes)) s'identifiant au mouvement de renaissance de la nation. Ils sont surtout citadins.
Les Juifs Spharades taient, originellement, les Juifs chasss d'Espagne et du Portugal au Moyen-Age par l'Inquisition et installs
surtout en Turquie et dans les Balkans. Leur langue, le Ladino, est
trs minoritaire. Par extension, le terme dsigne aujourd'hui tous les
Juifs d'Orient, en particulier les Juifs d'Afrique du Nord.
Il y a de grande disparits sociales entre les deux groupes: on relve
deux fois plus de mal logs chez les spharades que chez les achknazes. 50 % des enfants sont spharades ou orientaux, on n'en
trouve plus que 20 % l'universit. Le taux de natalit est nettement
en faveur des spharades.
Parmi les citoyens non juifs, la population musulmane a le taux de
natalit le plus lev du monde, 4,5 % par an. La scolarisation des
enfants est peu prs complte de nos jours, mais on ne trouve en
1976 que 2 000 diplms de l'Universit et 3 000 tudiants non-juifs.
La vocation agricole a t affecte par le dveloppement de l'Etat, et
.de nos jours, le secteur de production agricole occupe 16 % de la
population active non juive, pour 41 % dans l'industrie chiffres
suprieurs ceux de la population juive pour ces mmes secteurs.
29

DOCTEUR HAMZEH: Si la

politique isralienne se poursuit, je ne


salS pas ce qUl va se passer .

isralienne. On voyait leurs lumires, on les savait tout


proches, on savait aussi qu'une guerre se prparait, mais nous
ignorions quand aurait lieu l'attaque. La guerre a clat un
lundi matin, le 5 juin 1967.
La veille, le dimanche, j'tais avec ma femme Amman, o une
partie de ma famille est rfugie depuis 1948. Amman, c'est
quatre-vingt-dix kilomtres de Bethlem. On hsitait: rentrer,
ou attendre le lendemain? Moi,j'aime mieux dormir dans mon
lit ... Si nous tions rests Amman, nous n'aurions pas pu
revenir. Tous ceux qui taient le 4 juin hors des territoires
qu'Isral a occups ont t considrs comme des rfugis.
Le 5 juin, les Israliens ont attaqu. Ils sont arrivs Bethlem
le mercredi 7 juin, avec leurs chars. Quelque chose me rappelait
48: devant les chars, une voiture avec un haut-parleur incitait

Le docteur Hamzeh est palestinien. N en 1926 en Cisjordanie,


il est un tmoin privilgie de l'histoire contemporaine de ce
pays absent des cartes et des atlas: la Palestine. Cet homme
tranquille, au parler doux, d'une incomparable gentillesse, n'a
de souvenirs que de guerres. Et ne souhaite qu'une chose: la
paix.

ai~
ci t

Camps de rfugis de l'UNRWA. Le savoir et l'affirmation de l'identit nationale

RAMALLAH, NAPLOUSE

~~

1936 est l'anne de l'insurrection des Palestiniens contre


les Anglais. Il y a eu une grve de six mois, et puis les gens
ont pris les armes. La rpression a t sanglante. J'avais
dix ans mais mon frre et d'autres membres de ma famille ont
particip cette insurrection qui marque la prise de conscience
nationale des Palestiniens.
L-dessus s'est greffe l'histoire des sionistes. Les migrants
juifs arrivaient depuis le dbut du sicle, mais aprs la seconde
guerre mondiale et les perscutions nazies, ils arrivaient
beaucoup plus nombreux. Les Anglais ont alors tent de faire
du mouvement national palestinien une affaire entre Juifs et
Arabes. 1947 a vu la monte du terrorisme juif contre les
Anglais, mais aussi contre les Arabes. ~es nouveaux .arrivants
voulaient l'indpendance du pays, mais sans AnglaiS et s~ns
Arabes. L'ide de vouloir expulser les Arabes de Palestme
remonte cette poque.

Le gouvernement isralien procde l'tranglement des municipalits lues en 1976 en Cisjordanie. Il avait estim alors,
faussement, que ces lections dgageraient une majorit favorable aux notables modrs. Depuis il s'efforce de retrouver
son autorit.
Des maires ont t expulss: Mohamed Milhem, de Halhul,
et Fahad Kawasme, de Hbron. Karim Khalaf, de RamaIJah,
est en libert provisoire sous caution.
Bassam Chaaka, maire de Naplouse, a perdu deux jambes
dans un attentat et sous couvert de protection le moindre
de ses gestes est surveill.
A ces mthodes, s'ajoute tout un arsenal rpressif qui combine lourdeurs administratives, lois de l'ancien manoat britannique, lois jordaniennes et ... simple arbitraire.
Villes et villages, connaissent des difficults financires insurmontables. Interdiction est faite maintenant au comit mixte
OLP / Jordanie, bas Amman, de faire parvenir dans les
territoires occups les fonds qui comblaient les dficits des
budgets communaux et servaient moderniser les quipements. Les organisations internationales ne peuvent non plus
faire parvenir leur aide.
Isral empche le dveloppement des communes en limitant
leurs ressources (la terre et aussi l'eau), et s'efforce de crer
une dpendance totale quant l'lectricit. Les autorits
d'occupation interdisent la construction d'hpitaux (notamment Hbron et Gaza), Jrusalem-Est, dans la vieille
L-____________________________________________
ville, il est mme interdit de faire entrer un sac de ciment.~

1947, plan de partage


Quand la question palestinienne a t discute aux Nations
unies en 1947, les sionistes s'opposaient au plan de partage (1)
de la Palestine. Le peuple palestinien lui-mme n'a videmment
pas t consult. C'est que nous avions un leadership d'extrme-droite, les fodaux qui collaboraient avec les Anglais et qui,
au lieu de conduire les Palestiniens sur le bon chemin, les
dtournaient vers la collaboration.
A cette poque, j'tais tudiant l'universit amricai.n~ de
Beyrouth. La situation tait difficile, les tudiants pa.'estlmen.s
considraient le plan de partage comme une agressIOn. MOI,
j'tais de ceux qui acceptaient le plan de partage, mais j'tais
trs isol. Le rapport des forces ne pouvait pas nous permettre
d'arriver une solution meilleure. La solution la plus juste
aurait t de former un Etat palestinien dmocratique et lac,
mais l'tat d'esprit l'poque n'y tait pas favorable.
Le monde arabe tait alors dirig par des gens qui collaboraient
avec les imprialistes, et je pensais que la situation de la Palestine pouvait tre pire encore que celle dfinie par le plan de
partage ... Ce qui est arriv. Les pays arabes ractionnaires ont
collabor avec les Anglais et les Occidentaux. Ces derniers
voulaient un autre partage, assurant leur domination dans la
rgion. A cet effet, ils ont fabriqu une guerre pour inciter les
Palestiniens partir. Ce qui fait qu'au lieu de 52 % du territoire, les sionistes en ont obtenus 78 %. Ce qui devait tre l'Etat
palestinien a t annex par la Transjordanie.

ci

ai

Bethlem: Ils veulent qu'on parte? Alors, restons!

leur femme. Aujourd'hui encore, ce sont des rfugis. La Lgion arabe et le Haganah ont particip, directement .cette
guerre les Anglais leur donnant Simultanement leur appUi. Les
Palestiniens ont fini par se rfugier massivement en Cisjordanie et Gaza. Ce sont ceux qu'on appelle les rfugis de 48 .
Cette guerre de 1948 a t une catastrophe qui a exaspr toute
la jeunesse, parce qu'elle a rellement t fabrique par les
Anglais et les ractionnaires arabes.
.
.
A la suite de cette priode mouvemente, Je voulaiS tout de
mme continuer mes tudes. Mais j'tais presque expuls. J'tais reu mes examens, mais pas admis dans la classe suprieure. Les Amricains voulaient perscuter les tudiants de
gauche. L commence mon histoire avec la France qui - c'tait en 49 - semblait nos yeux un pays diffrent, o l'on
sentait une certaine libert. De toute faon, ni les Anglais ni les
Amricains ne voulaient de moi. Bref, je suis arriv en France
sans mme savoir dire bonjour . Je faisais rire tout le monde
avec mon accent amricain. J'ai fini ma mdecine, et je suis all
au Maroc, o j'ai travaill comme chirurgien jusqu'~n 1964.
Mais je ne pensais qu' une chose: rentrer en Palestme.
Je suis rentr en 1965, et j'ai eu un poste de chirurgien
l'hpital de Bethlem. Bethlem, c'est tout prs de la Jrusalem

Une guerre fabrique


Quand cette guerre a clat, a a t tragique. Le plan de
partage prvoyait deux Etats. Mais la guerre, et le complot
entre les dirigeants sionistes, les ractionnaires arabes et la
lgion trangre de Glub Pacha -l'officier britannique qui
dirigeait l'arme du roi jordanien Abdullah - a incit toute
une partie de la population partir. Jaffa, Lod, Ral?leh, ont
t vacues sous prtexte que la guerre ne durerait que 24
heures. Certains sont partis sans mme prendre les bijoux de
30

les gens, en arabe, partir, quitter leur maison, rejoind~e


Jericho , la ville-frontire, pour qu'ils soient tents de franchir
le pont Allenby et de rester de l'autre ct. C'est tout 48 q~1
revenait la mmoire. On s'est tlphon: personne ne dOit
partir, il faut rester. 90 % des gens sont rests chez eux.

Juin 1967 : la guerre


Certains ont quitt leur maison pour se cacher dans des grottes.
C'tait ridicule, ils sont revenus. Cette fois, nous ne sommes
pas tombs dans le pige de l'exode. En 48, tout avait t
orchestr, comme le massacre de Deir Yassin (2) par Begin :j'ai
compris plus tard pourquoi les Israliens, au lieu d'tre honteux d'avoir massacr deux cent cinquante personnes, l'ont
chant sur tous les tons. Pour inciter les gens partir. Mais les
pays arabes aussi, l'poque, avaient mis Deir Yassin en avant.
Quand les Israliens sont arrivs Bethlem, j'tais mobilis.
Les Jordaniens nous avaient mobiliss ds le lundi. J'ai t
affect dans un hpital situ entre Bethlem et Hbron. Ma
famille, elle, tait Hbron. Bethlem est tomb le mercredi,
Hbron le jeudi. On a fait comprendre aux gens d'Hbron
qu'ils taient tous menacs de reprsailles, on a voqu les

affrontements de 1929 (3). Il ya eu l une grande panique. Mais


beaucoup de ceux qui sont partis sont revenus. Pendant quelques jours, la frontire a t assez lastique, pas trs bien
contrle par les Israliens. Les gens traversaient le Jourdain
gu, beaucoup on t tus. C'tait une question de chance .. .
Les Israliens voulaient galement concentrer la rpression
. contre les camps de rfugis de 48. A Bethlem, ils les provoquaient, pour qu'ils partent nouveau. Pour les Israliens
ceux-l taient doublement ennemis. La moiti des rfugis est
partie, mais ils sont presque tous revenus en traversant le
Jourdain. Par contre Jricho, tous les rfugis ont travers la
frontire, ils taient 250000. Etre rfugi Jricho ou en .
Jordanie .. Ces gens-l ont donc subi l'exode deux fois.

Depuis 1967 : vider la terre de sa


population
Les autorits israliennes voudraient convaincre les Occidentaux que leur occupation est librale. Moi, je dis le contraire:
depuis le premier jour, j'ai senti que les Israliens voulaient une
terre vide, sans population. Ce sentiment n'a fait que se confirmer depuis quatorze ans. Nous le sentons dans tous les dtails
de la vie, travers les tracasseries administratives , mais surtout
31

DIFFRENCES

travers les confiscations des terres. Quand un paysan se voit


confisquer sa terre, il ne lui reste qu' chercher du travail en
Isral ou dans les pays arabes. Et puis, tout le monde n'est pas
capable de supporter la rpression, les expulsions, les condam.nations. Actuellement, la situation conomique est dsastreuse. Pas de travail et la vie est chre. Les Palestiniens sont
plus que jamais invits partir. Le fameux rabbin Kahane (4) a
mme cr un bureau d'aide l'migration palestinienne. Les
autorits ne sont pas contre.
Ce qui est extraordinaire, c'est la raction des Palestiniens Ils
veulent qu'on parte? A lors, restons. Certains pourraient facilement rsoudre leurs problmes en s'installant Amman, mais
non. Un ingnieur qui gagne peine sa vie Hbron pourrait
gagner 10, 20 ou 40 fois plus dans le Golfe Persique. Mais on
sent un tel dfi ...
L'implantation des colonies a t considre comme une agression contre le peuple palestinien, parce qu'il n'y a pas plus
agressif que quelqu'un qui veut priver un autre de sa terre. Les
colons vivent compltement isols dans des ghettos. En Isral,
des crivains ont mme parl de complexe du ghetto : avoir
quitt les ghettos pour vivre entour de barbels, de soldats, de
sentinelles ... Leur vie n'est pas trs gaie, c'est sans doute pourquoi ils sont hargneux et agressifs. Quand ils descendent dans
la rue Hbron, ils ne quittent pas leur mitraillette. La haine se
lit sur leur visage. Ce sont des gens artificiellement greffs,
d'origine amricaine en gnral. Ils sont l sans raison au sein
d'une population hostile. Il faut voir comment ils se comportent la mosque, c'est une provocation continuelle. La mosque a t transforme moiti en synagogue. Ils n'enlvent
pas leurs chaussures, gardent leurs armes, marchent sur les
tapis. C'est un prcdent unique dans le monde, je crois, qui
cre des frictions quotidiennes.

MARS 82

Israliens avertis sont pessimistes. Je crois qu'il existe une


porte de sortie. Laquelle? Je ne sais pas. Mais si la politique
isralienne se poursuit, qu'est-ce qui va se passer? Tout a des
limites. Une guerre? Quelle guerre? Si les Israliens ga- \ \
gnent, ce sera une catastrophe pour les Palestiniens. Et "
vice-versa.
Propos recueillis par
Gisle CLOAREC et Genevive SELLIER
(1 Le plan de partage de la Palestine du 29 novembre 1947 prvoit les dispositions suivantes: vacuation des forces de la pUissance militaire au plus tard le
1er aot 1948, dlimitation des frontires de chaque Etat , rgime international
particulier pour Jrusalem .
.
. . ,
(2) Dans la nuit du 9 au 10 avril 1948, l'Irgoun-mouvement terrorISte dmge
alors par Menahem Begin - l'actuel premier ministre isralien - massacre les
254 habitants du village de Deir Yassin, proche de Jrusalem.
(3) En aot 1929, les tensions trs vives aboutissent des explosions de
violence anti-sionistes, spcialement Hbron , o 59 Juifs sont massacrs le 23
aot.
(4) Le rabbin Kahane, fer de lance de la colonisation sauvage, agit selon des
mthodes muscles et armes pour largir les frontires du Grand Isral .
(5) Ariel Sharon, ministre isralien de la Dfense.

Ils ne voient plus


En Isral mme, on peut parler d'une fascisation du rgime.
Sharon (5) lui-mme fait partie d'un groupe de l'arme qui dit:
pour expulser les Palestiniens, il faut provoquer beaucoup de
petites guerres. Il a calcul combien de gens ces petites guerres
inciteraient partir: 850000. Pour lui, il faudrait beaucoup de
Deir Yassin. En mme temps, il prtend faire des gestes pour
laisser s'exprimer les Palestiniens modrs. Mais quand, en
novembre, il a instaur l'administration civile, il y a eu un
soulvement. Sharon a alors montr son vrai visage. Des
jeunes gens ont t arrts le dimanche. Le lundi, leurs maisons
sautaient. Le mardi, on commenait les interroger, afin qu'ils
avouent : il fallait justifier les dynamitages. A Bethlem,
c'est toute la population qui a boycott les festivits de Nol.
Personne n'en a parl, en France. Pourtant c'tait une russite.
Jsus serait-il n Varsovie?
Je le dis, je continue le dire: Isral va la catastrophe. Les
vrais amis d'Isral doivent dire la vrit aux Israliens. Ils ne
sont pas encore rveills, et je ne sais pas s'ils se rveilleront
avant un gros coup. On flatte leur sentiment national, et ils
acceptent tout, le Likoud, l'occupation de la Cisjordanie et de
Gaza, l'annexion du Golan. Ils ne voient plus. Demain, ce sera
l'annexion de la Cisjordanie, de Gaza. C'est terrible. Nous, les
Palestiniens, nous en subirons les consquences. Mais les Israliens aussi , il faut le leur dire. Actuellement, Palestiniens et

Le pont Allenby en juin 1967. Leur deuxime exode.

L'O.L.P.
La premire organisation de rsistance proprement palestinienne
nat en 1956, l'initiative entre autres de Yasser Arafat. En fvrier
1969, leader du Fath (le principal mouvement politico-militaire), il
est lu prsident de l'Organisation de Libration de la Palestine cre
en 1965.
L'OLP est un front , une alliance de mouvements militaires, de
partis politiques, d'organisations diverses et de reprsentants des
populations. Son instance suprme, sorte de parlement en exil, le
Conseil national palestinien, est compos de 315 membres: 94 des
mouvements politico-militaires, 51 des syndicats et mouvements de
masse (femmes, tudiants, juristes, ouvriers, enseignants, etc.), 62
des communauts palestiniennes de la diaspora. Soit 207 membres
lus par leurs assembles et communauts d'origine. A cette majorit
lue s'ajoutent 20 personnalits expulses des territoires occups, 13
intellectuels de rputation internationale et 75 indpendants. Soit
108 membres coopts.
C'est le conseil national qui dtermine la ligne politique de l'OLP.
Ds 1974, il a dfini un programme politique en dix points, o
s'affirme notamment la volont d'difier une autorit nationale

Odeur de cuisine
La galette de mouton
500 g de mouton hach, 500 g de buf hach, 4 ufs, 4
oignons, un bol de chapelure, sel, poivre de Cayenne, 1/4
cuillre caf d'origan sch, 3 cuillres soupe de persil
hach, Beurre ou hule d'olive, Tomates.
Mlanger les viandes avec les oignons coups menus, les ufs
battus, la moiti de la chapelure, saler, poivrer, saupoudrer de
Cayenne. Ptrir, mlanger persil et origan. Former une galette
dans un plat, recouvrir avec le reste de chapelure. Tracer des
rigoles pour y mettre le beurre ou l'huile d'olive, recouvrir de
demi-tomates. Mettre aufour et laisser cuire. Servir avec riz ou
aubergines. Se mange aussi bien chaud que froid.
32

Beyrouth 17 juillet 1981, aprs le passage de l'aviation isralienne. Isral va la catastrophe.

palestinienne sur toute partie du territoire palestinien qui sera


libre A la premire plate-forme - cration d'un Etat lac, dmocratique et pluri-ethnique sur toute la Palestine - considre
comme peu raliste, ont succd des propositions qui, somme toute,
ressemblent fort au plan de partage de 1947: crer un Etat palestinien sur les territoires de Cisjordanie et de Gaza. Une solution
proche des rsolutions internationales.
Chaque membre du Comit excutif (le Gouvernement) a son domaine propre: politique, conomie, sant, ducation, information,
sports, culture, etc. Chacun y garde sa libert d'expression, avec le
droit l'opposition, souvent exerc.
L'OLP est membre de la Ligue des Etats Arabes, de la Confrence
des Etats islamiques, du Mouvement des pays non-aligns. Elle a un
statut d'observateur l'ONU.
Yasser Arafat, dans le premier discours palestinien qu'ait jamais
entendu l'ONU (le 13 novembre 1974), disait: Je suis venu ici
tenant d'une main le rameau d'olivier et de l'autre mon fusil de
rvolutionnaire. Ne laissez pas le rameau d'olivier tomber de ma
main. La guerre embrase la Palestine et pourtant la paix natra de la
Palestine.
Les Palestiniens n'ont jamais connu l'indpendance. Avant d'tre
sous mandat britannique de 1919 1948, la Palestine tait une
province de l'Empire Ottoman.

La diaspora palestinienne
Peuple sans Etat, les Palestiniens constituent une importante diaspora. Leur nombre total est estim 4,4 millions. Pour 1980, les
chiffres sont les suivants: Cisjordanie: 820 000, Gaza: 480 000,
Isral: 530000, Jordanie: 1 160000, Syrie: 220000, Liban:
350000, Koweit: 280000, Arabie Saoudite: 130000, Etats-Unis:
100000.
Dans les autres pays arabes (Egypte, Libye, Irak, Oman ... ), dans les
pays d'Europe occidentale et en Amrique Latine, le nombre de
Palestiniens est infrieur 100000.
Les Palestiniens ont un des plus fort taux d'alphabtisation et de
scolarisation des pays arabes. Le savoir, la comptence, le niveau
culturel, jouent un rle premier dans le maintien de l'affirmation de
l'idendit nationale.
La socit palestinienne est elle-mme en pleine volution: diminution du poids de la paysannerie, accroissement de la classe ouvrire,
perce des intellectuels (17 % des Palestiniens ont suivi des tudes
suprieures) qui constituent une bonne partie de l'encadrement
techni.q ue et intellectuel de plusieurs pays arabes, en particulier ceux
du Golfe Persique.
33

La maladie de l'immigr peut revtir un caractre dramatique car


. sy associent l'angoisse, l'inscurit, voire le dsespoir.
D'Importantes difficults de communication peuvent exacerber une
diffrence qui ne demande qu' tre reconnue.

LE CORPS
ETRANGER
~

a maladie est la fois un vnement banal et une menace permanente dans la vie de l'immigr.
Conditions d'hygine prcaires, risque
dcoulant d'un emploi non qualifi ou
expos, usure lie la fatigue accumule,
isolement affectif et culturel: nombreux
sont en effet, les facteurs qui rendent le
travailleur tranger vulnrable face aux
agressions de la vie quotidienne. Mais la
plupart d'entre eux ne lui sont pas spcifiques, ils appartiennent au monde du
travail manuel ou celui des personnes
dplaces, dracines, coupes de leur
famille ou de leurs habitudes de vie.
C'est travers la maladie qu'clatent de
faon souvent caricaturale les contradictions propres au statut d'immigr. Car
l'immigr malade est, et se veut, avant
tout un malade comme les autres, mais
sa demande du droit la sant se double
frquemment d'une requte complmentaire plus difficile entendre car plus
secrte, plus maladroite, ou tout simplement plus contrariante pour notre tranquilit d'esprit: il s'agit de l'affirmation
d'une diffrence, la fois demande de
reconnaissance et incitation rviser nos
schmas de fonctionnement
traditionnels.

La maladie engendre
l'inscurit, l'angoisse
La maladie, quelle qu'elle soit, surtout si
elle se prolonge ou si le migrant se sent
menac dans son avenir, constitue une
vritable ngation de la condition d'immigr. Ce dernier n'est accept gnralement que tant que son potentiel de travail reste intact et immdiatement
disponible. Un migrant improductif n'a
pas de raison d'tre aux yeux de la socit susceptible de l'employer. Du mme
coup ce sont les raisons du projet migratoire qui se trouvent branles: rester
ici, en France, sans plus avoir la justifi-

cation du travail et du gain financier


dont la famille, laisse au pays, pourrait
bnficier, devient un non-sens.
De nombreux migrants malades cachent
leur famille lointaine leur maladie ou
leur hospitalisation et n'acceptent d'en
parler qu'aprs coup, une fois guris.
Mais cette peur de faire de la peine masque une blessure narcissique tout aussi
massive: l'humiliation d'avoir perdu son
pari, de s'tre fait avoir par une socit
trangre indiffrente sinon hostile alors
qu'on l'idalisait tellement, d'avoir sacrifi femme et enfants, liens du groupe et
racines, pour rien .
Toute maladie physique aussi banale
puisse-t-elle paratre, risque de plonger
le migrant dans un tat d'inscurit
maximale, dans l'angoisse, le dsespoir,
le sentiment de drliction et plus rarement la rage ou le sentiment de prjudice. Il est rare, sur un tel terrain, qu'une
maladie aussi organique soit-elle l'origine, ne comporte pas un degr variable
de rpercussions psychologiques, qu'elle
ne soit pas donc, tt ou tard, aussi
mentale, ou qu'en tout cas, des facteurs d'ordre moral n'interviennent pas
secondairemnt pour compliquer les
signes cliniques, ou entraver le processus
de gurison.
Mais l'inverse est galement vrai: une
situation de dsarroi affectif, un conflit
professionnel, la perte d'un logement, ~
peuvent eux seuls dclencher un vcu ;;
de maladie qui plongera le migrant dans
un sentiment d'extrme dpendance et
hostile qui est le thtre de combats inde prcarit.
certains entre les instincts de vie et de
Car le corps du malade, corps en rgle
mort et o le mdecin est appel la
gnrale silencieux ou qu'il fallait faire
rescousse pour remettre les choses en
taire pour qu'il suive sans protester les
ordre.
cadences imposes, devient ds lors un
Que l'on considre un migrant malade
C~)[Ps trang~r: corps aux lois mystavant tout comme un corps en soufrIeuses et qUi se manifestent soudainefrance ou comme un assemblage d'orment d'une manire trange ; corps au
ganes dont un lment chappe l'orgafonctionnement dysharmonieux , qui
nisation de l'ensemble, passe encore
perd ses forces ou qui fait mal, corps
(c'est ainsi qu'opre frquemment l'ap34

proche mdicale technique, sous prtexte d'objectivit ou de scientificit) :


les consquences pourront en tre limites s'il y avait effectivement une lsion
organique justifiant la mo bilisation de la
machine mdicale traditionnelle et si le
migrant n'avait pas perdu en cours de
route la confiance minimale en une gurison possible aussi bien que le sentiment
d'une identit capable de rsister une
telle preuve. Mais pour peu que l'accident de sant survienne chez un sujet en
mal de repres symboliques, dpersonnalis entre une appartenance culturelle
dfaillante et une intgration impossible
au pays d'accueil, ou pour peu que ce
soit justement cette crise d'identit qui
soit responsable d'un malaise corporel
(( sine mate ria comme disent les mdecins), alors l'approche technique s'avrera non seulement insuffisante, mais
dangereuse, nuisible, iatrogne
mme, c'est--dire contribuant pour sa
propre part organiser et aggraver la
maladie.

Ouverture vers une conception plus globale de la maladie et reconnaissance des


facteurs sociologiques et affectifs de la
sant? Ou preuve d'une sgrgation supplmentaire? Non seulement ils sont
trangers mais ils se plaignent pour rien
et peut-tre est-ce mme parce qu'ils sont
trangers et qu'ils ont des difficults
vivre qu'ils en deviennent malades ...
Discours qui peut donner le change mais
qui peut galement basculer vers le misrabilisme ou tre l'occasion d'une discrimination plus subtile.

De spcialiste en
spcialiste ...
Antonio, un Portugais de 44 ans, se met
du jour au lendemain vomir et maigrir. Aucun examen ne trouve d'explication satisfaisante ses troubles qui se
poursuivent en milieu hospitalier. Antonio, qui est en France depuis 7 ans, parle
correctement le franais, mais il faudra
qu'on l'amne parler de ses conditions
de vie pour apprendre que sa femme et
ses quatre enfants sont rests au Portugal et que ses difficults financires ne lui
permettent pas encore de les faire venir
en France. Quelques jours avant l'installation des troubles, Antonio qui partageait le logement de sa sur et de son
beau-frre, s'tait vu signifier, l'occasion d'un conflit familial mineur, que sa
prsence tait gnante. Il s'tait trouv
aussitt une chambre dans un htel mais
son estomac tait devenu brusquement
intolrant une nourriture ... qui n'avait
plus le mme caractre familier!

Dialogue de sourds

Ce sont ces migrants, qui aprs avoir t


renyoys de spcialiste en spcialiste,
aprs avoir subi prlvements de sang,
radios, chographies, scanners et autres
investigations plus ou moins labores,
peuvent aboutir chez le psychiatre, interlocuteur de la dernire chance, mdecin
de l'me autant que du corps, cens comprendre ces malades pas comme les
autres et auxquels on ne trouve rien
(ou plus rien) .

Ahmed, 52 ans, Amran, 55 ans, sont l'un


et l'autre convaincus d'tre porteurs d'un
corps tranger dont ils supplient les mdecins de les dlivrer: le premier a senti
un jour une mouche s'introduire dans
son oreille; depuis - dit-il - elle est
toujours l et tournoie dans sa tte. Le
deuxime a croqu un jour un bout de
verre qui s'tait malencontreusement infiltr dans un sandwich: bien qu'ayant
recrach immdiatement le verre, il sent
qu'un morceau s'est incrust au fond de
sa gorge et qu'un autre bout menace de
descendre dans son estomac et de suspendre sa vie en pntrant subrepticement dans son cur.
Est-ce utile d'ajouter que le premier incident est survenu peu aprs un licenciement arbitraire par un patron qui avait
abus de la confiance d'Ahmed et que le
deuxime est arriv lui aussi point
nomm, peu avant l'chance d'une
carte de sjour, chez un Algrien habitu
depuis plus de trente ans vivre en
France, culpabilis de constater la fainantise du seul enfant, de sexe mle,
rest avec sa femme en Algrie et dont il
n'a jamais pu s'occuper? Quandje retourne au village, disait Amran personne ne me salue, je suis comme un
tranger, on ne me connat plus .
35

Ces cas et en particulier ces deux derniers illustrent combien ces corps-martyres des travailleurs immigrs peuvent
parfois prendre des rsonnances
tranges et tre le sige de luttes intestines entre un lment reconnu comme
responsable (qu'il soit rel ou imaginaire, que ce soit un organe, une bte, un
produit minral !) et un ensemble qui en
ptit et qui essaye de l'exclure. Plus frquemment il n'y a ni mouche ni bout de
verre mais une partie de J'intestin ou de
la colonne vertbrale qui font mal et qui
interpellent le mdecin ou, plus encore,
le chirurgien: il n'est pas rare que ces
tableaux que l'on qualifie d'hypocondriaques (pour signifier combien la
plainte est imaginaire) soient l'aboutissement d'un dialogue de sourds et de la
mconnaissance prolonge de l'tat de
dtresse d'un migrant qui n'a pas russi
se faire entendre.
De quoi s'agit-il alors Est-ce vraiment
d'une demande de dlivrance? L'exprience aurait tendance prouver qu'il y a
quelque chose d'irrductible dans la
plainte. Irrductible comme cette diffrence que le migrant portait en lui et sur
lui depuis des annes, la fois parce
qu'on la lui rappelait cruellement aussi
souvent que possible, et parce qu'elle
tait le dernier bastion d'une identit
vacillante.

SilIa CONSOLI
P5ychitre

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DIFFRENCES

MARS 82

Une affaire entre bourgeois ?


Jaurs a vu l'essentiel,
Les Preuves en tmoignent:
dsormais, il faudra compter
avec le proltariat.

ENCORE
L'AFFAIRE

DREYFUS ... ~'


J

Jaurs: Les intrigues de la raction.

ci mme, dans le numro 7 de Diffrences, Thierry Galliot


voquait le rle de la presse dans l'affaire Dreyfus: La
presse condamne et sauve Dreyfus. Pas la mme videmment! Il Yavait alors comme aujourd'hui une presse vendue (ou
achete !) et une presse libre; la seconde tait minoritaire mais
sa voix avait du poids.
Revenons l'affaire Dreyfus. En nous excusant, auprs des plus
anciens, du rappel de faits connus. En septembre 1894, le
deuxime bureau apprend d'un de ses agents, l'existence
d'un bordereau , trouv dans une corbeille papiers de l'ambassade d'Allemagne, attestant qu'un espion s'est gliss l'tatmajor. L'antismitisme est alors largement rpandu dans tous
les milieux.
Mais plus qu'ailleurs sans doute dans les hauts cadres de l'arme, qui sont loin de porter tous la particule mais qui ont tous
t levs dans les ides saines dont l'antismitisme est une
des composantes. Or, il y a un juif l'tat-major, le capitaine
alsacien Alfred Dreyfus. Tout tmoigne contre l'ide qu'il
puisse tre un espion vnal (car c'est de cela qu'il s'agit) : son
patriotisme (natif de l'Alsace annexe par l'Allemagne, il a opt
pour la France), sa moralit (elle est irrprochable), sa fortune
(il ne peut avoir besoin d'argent). Peu importe: pour la plupart
de ses collgues, sa seule prsence l'tat-major est dj un
scandale.
Il y a un tratre l'tat-major: ce ne peut tre que le Juif.
Dreyfus est arrt, jug huis-clos, sur un dossier secret (la
scurit de la France est en cause !), et condamn le 5 janvier
1895 la dgradation militaire, et la dportation perptuelle
dans une enceinte fortifie. Il est immdiatement expdi en
Guyane, l'le du Diable.

tice contre injustice, se font face autour d'un thme bien identifi qui porte nom: antismitisme.
L'vidence se renforce au cours de l't: la preuve secrte de
la culpabilit de Dreyfus, qui a convaincu les juges, est un faux,
fabriqu par l'tat-major: son auteur, le commandant Henri,
l'avoue, puis se suicide.
C'est dans ce contexte que 1' affaire, comme on l'appelle
dsormais, met en avant, dans un sens ou dans l'autre, les
grands esprits de l'poque.
Et, parmi eux, Jaurs. Il n'a pas t le premier prendre
position. Zola l'a fait avant lui, dans sa lettre ouverte au Prsident de la Rpublique, J'accuse, publie par le journal de Clmenceau, l'Aurore (rien voir avec le journal qui a aujourd'hui
repris ce titre), ce qui lui vaudra d'tre condamn.
En gros, certes, la droite (l'Eglise catholique en tte) est antidreyfusarde ; c'est plutt la gauche qui est dreyfusarde ,
encore qu'il y ait quelques exceptions. Mais cette gauche est loin
d'tre unanime et sans hsitations.
L' intoxication, pour parler le langage d'aujourd'hui, a t
telle; la rfrence ' 1' honneur de l'arme , que l'on met en
cause en admettant que ses chefs aient pu se tromper (et plus
forte raison tromper sciemment), reste d'un poids si lourd ;
l'antismitisme reste si populaire , que beaucoup ne veulent
pas se compromettre dans cette affaire. On connat la position
de Guesde, masque sous la rigueur d'une position de classe: il
s'agit d'une affaire entre bourgeois , et la classe ouvrire n'a
pas s'en mler.
ffaire entre bourgeois, il est vrai. Si vrai que l'on pourrait
dire, la limite, que Dreyfus ne fut jamais dreyfusard
tout comme certaines victimes de Staline ne furent jamais des antistaliniens ! Riche, nationaliste comme on pouvait
l'tre en Alsace, homme d'ordre, Dreyfus partageait pour l'essentiel les ides de ceux qui l'avaient condamn. A l'antismitisme prs, bien entendu.' Il avait aspir tre des leurs. Le coup
qui le frappa lui resta incomprhensible.
Dans ses souvenirs, Francis Jourdain rappelait s'tre entretenu
avec lui de son affaire! JI en parlait sans haine, affirmait-il,
surpris seulement de l'importance du rle qui lui avait t
distribu par un invraisemblable hasard. JI tait assez enclin
considrer tout cela comme un norme malentendu, moins une
erreur judiciaire qu'une erreur du Destin, une inadvertance de la
Providence, une distraction de Dieu le Pre (1).
Jaurs, lui, a compris: un peu plus tard que d'autres, mais avant
bien d'autres aussi. Et, malgr les hsitations de ceux qui se

ependant ses parents, et quelques amis (dont le snateur


alsacien Scheurer-Kestner) ne peuvent croire sa culpabilit et tentent d'obtenir la rvision du procs. Il faudra
quatre ans pour que l'ide fasse son chemin. L'anne 1898 sera
dcisive. La culpabilit d'un autre officier est, entre temps,
devenue clatante : celle du capitaine Esterhazy, issu d'une
famille de la haute noblesse hongroise, homme femmes,
joueur cribl de dettes et qui ne cache pas son mpris pour la
France et les Franais. Il est jug (en janvier 1898) mais acquitt : un tribunal militaire ne peut s'tre tromp et le condamner
serait innocenter Dreyfus.

Si jusqu'ici des esprits honntes ont pu tre tromps ou douter,


dsormais les choses sont claires: vrit contre mensonge, jus36

12 RUE TRONCHET 742 .5340


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PARIS

Dreyfus: Une distraction de Dieu le Pre.

LYO N - LA PART -DIEU


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TOKYO - 5-5 GINZA

retrouveront avec lui quelques annes plus tard dans I.e Parti
. J'ste unifi il crit. en son nom person~;I, dans sonJour,~a!
s~IP~tite RpJblique. Ces articles, pubhes au cours. de 1 ete
1898, il les runit fin septembre en un volume auquel II donne

p~ur titre :1 Lmese Pc~~~tV~~. tmoignage que les Editions du Signe

C est ce vo u ,
'do
..
s forme
ont eu l'heureuse ide de ~e~tre ~ ~ot,re ,ISpoSltl?n, s~u Maded'une rdition en fac simtle, precedee d une p~eface e,
.
de 1'. affaire,
et d un tn Rb'
n , d'une chronologie
. '
,
e e'oux
1etne
dex biographique des pnnclpaux noms ~,Ites.
, 1
Ce ui frappe, dans ce texte, c'est qu a c~ m.oment~ o~ es
r;uves de l'innocence de Dreyfus sont .reumes, ,maiS. ou la
cfart est loin d'tre faite dans tous les espnts, Jaures, lUi, a vu
l'essentiel.
. , ' ' ) . 'le ce qu'il
u point qu' quelques d~aIls pres! ce, qu 1 revel'historien
d'
t e correspond a peu pres a ce que
, ,
p~:o~:e ~ujourd'hui, aprs bientt un sicle et en bene-

ficiant du fameux d recul du tempps ~~ pour que Dreyfus soit


o r '1i ,faudra atten re encore
un
906)
. , (1899) et huit ans encore (1
pour
ramene ,du l?ag~e et g.racI.e
d' pour qu'il soit rhabilit et
que pletne Justice lUi, SOIt ren ue, d de commandant et les
1
,. , 'dans l'armee avec le gra e
:ell:tegre
1 L' 'on d'Honneur faible rparation pour e
tnslgnes d e a. egl. , , '
"

~:~?;~ei~~~~:av;~~ ~~~i~~~~~~~urs, da~s p:fac:ie~ext~~

sa
que: Le proltariat ne veut plus ~; ~emr a :~~f:~;n d'e!semraies. Il a, sur /'volu/io,! de la SOCiete, une c
. Mais il veut
ble .. et l'ide, soc~afilistdec/a./re d~vd~~~u:e; ~~~r;;d~~s ressorts, le
aussi conna/tre a
;t.fusqu ts Il sait que s'il ne dmle pas
mcamsme des gran s evenemen, '.

' la merci de touS


les intrigues cOl~l?liques de la re~~gfrnid J::e~tion gnrale du
les mensonge~ emagog/ques. .. vers le socialisme et pntrer
nouvement econom/que qUi va
'l
~ar l'analyse le dtail de la rafit comp.'exe et ':j?uvante, v~~n~
our le proltariat, la pen~ee complete. Et esormat~~c lui
foutes les grandes crises natIOnales, tlfaudra compter a

(2).

Jean SURET-CANALE

(1) Francis Jourdain: Jours d'alarme. Souvenirs. Paris, Corra,

sige social 36 rue Marbeuf Paris 8e-te1256 70 00


agence 53 rue de Turbigo Paris 3e-te1278 5818

~i)Si~:~ J~~~S : Les

Preuves. Editions du Signe, 1981 , Prface, pp 1


et 11. Jean Jaurs: Les Preuves - Affaire. preyfus : ~ommandes reue~
aux Editions du Signe: Le Bi\1ehou, VIlhers ~~ Bac!e, 91190 Gif-sur
Yvette. Au prix de 90 F + IS F pour fraiS envol.
37

Culture
Sembne Ousmane, Lino Brocka, Fernando Solanas sont exclus du
grand et du petit crans, en France

ET POURTANT,
ILS TOURNENT
D

ifJrences, dans son prcdent nu-

mro, demandait ses lecteurs de


reconnatre certains films antiracistes ou du Tiers-monde. Quels sont les
films que la majorit n'a pas reconnu?
Ceux du Tiers-monde videmment;
ceux originaires de pays aux cultures et
aux structures conomico-politiques
diffrentes de celles qui dominent en
Europe occidentale. Si le lecteur d'une
revue comme Diffrences (et plus particulirement celui de la rubrique cinma)
n'est pas en mesure de reconnatre des
films comme Le sang du condor de Jorge
Sanjines (Bolivie) ou L'autre France de
Ali Ghalem, comment le spectateur
moyen de la tlvision pourrait-il le
faire?
Sur les 527 films diffuss en 1980 par les
trois chanes de tlvision franaise, un
seul (Gamin , dt: Ciro Duran) tait originaire de l'hmisphre sud (1) . L'examen
approfondi des statistiques du Centre
national de la cinmatographie (C.N.e.)
permet de constater que 55 % de ces
527 films sont franais et 37 % nordamricains (Etats-Unis), au total 92 %
de la diffusion tl pour 1980; ultime
prcision, 5 % des diffusions concernent
des productions originaires de R.F.A . et
d'Italie.

Des prjugs entretenus


Ces chiffres montrent si besoin tait,
l'absence totale de la cinmatographie
du Tiers-monde (et d'une manire gnrale des expressions diffrentes) dans
l'univers audiov isuel offert aux
tlspectateurs.
Le public de la tlvision en toute bonne
foi peut se demander si ces pays ont
rellement une cinmatographie digne
de ce nom et si les films produits sont de
bons films
Ainsi se trouvent entretenus plus ou
moins consciemment les prjugs que

des annes d'histoire colonialiste nous


ont lgus, aussi bien en ce qui concerne
l'Afrique que l'Extrme-Orient. Mais
n'en est-il pas de mme pour l'Union
sovitique , la Pologne ou la
Yougoslavie?
.
La prsentation de films trangers aux
circuits occidentaux implique automatiquement une diffusion en version originale sous-titre, le doublage en franais
tant, de fait, exclu. Les fameux sondages d'opinion laissent entendre que le
public tl est majoritairement oppos
au sous-titrage d'un film .

Une tl
trop culturelle?
Des voix, en ce mois de fvrier 1982,
s'lvent d'une manire bien peu innocente. La tl d'aprs le 10 mai serait
trop culturelle! Que susbsistera-t-il des
efforts entrepris par certaines chanes
pour donner enfin voir des images du
Tiers-monde?
Jugera-t-on le tlspectateur moyen trop
fatigu pour lire la traduction d'un film
sngalais, philippin ou indien 20 h 30,
en semaine? Les rcentes dclarations
du ministre de la Culture contre les
monopoles cinmatographiques nordamricains resteront-elles lettres mortes
ou bien pire serviront-elles d'alibis pour
que soient rejets dans des cin-clubs
tardifs les uvres de Glauber Rocha, de
Souleymane Ciss, Lino Brocka ... ?
Nombre de commentateurs considrant
que le public tl n'est pas un public actif
en ce sens qu'il subit un spectacle dont il
n'est pas matre, il peut paratre pertinent de regarder du ct de ceux qui
vont au cinma. Premier constat, le
public augmente. Il atteint en 1981 un
chiffre (2) ingal depuis 1968 ; 187,6
millions d'entres (+ 8 %). Deuxime
constat, les films franais touchent 50 %
38

du public tandis que les films amricains


su bissent un net recul (- 5,8 %).
Troisime constat, ces deux cinmatographies cumulent elles deux 80,37 %
des entres. Quatrime constat, les
autres pays ( l'exclusion de l'A ngleterre, la RFA et l'Italie) se partagent les
derniers 5,49 %. Encore faut-il dgager
de ce chiffre la part qui revient aux films
de karat conus et excuts HongKong.
La prsence du Tiers-monde dans le
champ audiovisuel franais ta nt la tlvision qu'au cinma laisse a pparatre un
vide qui n'a aucune mesure avec la
varit et la qualit des uvres produites
en ces pays.
Comprendre ce phnomne ncessite un
rapide survol du systme de production
et de diffusion international: systme
prott;t:tionniste dont sont exclus tant
financirement qu'idologiquement les
cinmatographies diffrentes.
Les grands circuits de distribution europens et franai s (U .G.C. et Gaumont)
ignorent les films raliss dans le Tiers
monde de rares exceptions prs ; lis
troitement aux grandes compagnies
nord-amricaines
les majors ) ils ne
distribuent qu'un certain type de films
- ceux de leur propre rseau de production ou de celui des Etats-Unis - btis
autour du vedettariat (star system) . Tout
cet univers s'articule autour de quelques
grands acteurs / actrices, le ralisateur
n'entrant que rarement dans l'argument
publicitaire interna tional.

Comment des ralisateurs en butte permanente aux pressions politiques et


financires dans leur propre pays
pourraient-ils s'insrer dans un tel systme ? Qui dira les difficults sans nom
rencontres par Lino Brocka, ce ralisateur philippin de grandt: classe, a vec la
censure de Mme Marcos ?

Festival du film
antiraciste Amiens
du Il au 21 mars
Le jury (Angela Davis, Jean-Pierre
Chabrol Franois Branger, MarieJos N;t, Sarah Maldoror, Patrick
Cauvin, Maryse Cond, Jrme
Kanapa et Abdou B.) visionna des
films comme: Pictures de Michal
Black (le massacre des maoris en
Nouvelle-Zlande au XIXe sicle),
The grass is singing de Michal Ra~
burn (d'aprs une nouvelle de DOriS
Lessing), Djelli de Fadika KramoLancine et A mbe no bo (nous sommes
tous coupables) de Issa Traor,
Mueda de Ruy Guerra (une pice de
thtre joue par des villageois sur un
massacre commis par l'arme portu-

Os Ciganas, de Joao Abel Aboim.

Envisager de
nouvelles pratiques
En France, la politique des auteurs
ayant laiss quelques traces , le grand
public - et les grands mdias reconnaissent parfois l'importance de
ces ralisateurs. Mais le systme (d u fait
des concentrations et du cot exorbitant
des productions) tend trs catgoriquement assimiler cette donne selon
l'quation suivante: pour faire ~n film ,
c'est--dire pour en assurer le fmancement, il faut: un ralisateur vedette +
une vedette homme + une vedette
femme + deux trois seconds rles trs
connus du public. Quels que soient leurs
producteurs, les films du ~i~rs mon.d~ ne
remplissent pas ces conditions minIma
pour une grande di.ffusion.
..
Les petits exploitants traditIOnnels
comme les petites socits de distribution indpendantes ne sont plus en
mesure depuis cinq ans de prendre le
moindre risque financier. Et mme nous
annoncerait-on demain que les grands
circuits comme Gaumont ou U.G.e.
vont se lancer dans l'acquisition des
droits de certains films du Tiers-monde
qu'il serait lgitime de s'inqui~ter. .
Un phnomne comparable a celUi de

guaise au Mozambique).
Le nazisme, l'antismitisme et les ractions qu'ils suscitrent constituent le:;
thmes d'autres films proposs aujmy
avec [lfait froid dans le Brandebourg,
Tuer Hitler de Villi Herman (Suisse),
Les enfants du dimanche de Mikael
Verhoeven (RFA). L'Union sovitique offre Mimino (les tribulations
d'un Gorgien et d'un Armnien
Moscou) et l'Inde Post-mortem de
Utpalendu Chakraborti, etc.
Courts et moyens mtrages forment
un autre secteur. Le festival est dcentralis dans plus de 40 villes et villages
de Picardie. Le public assistera, outre
la comptition, un hommage au
cinma algrien (20 films), une prsentation du jeune cinma indien (10
films), et la projection des derniers
films du cinma noir amricain ...

1' art et essai produit par Gaumont


risquerait de se produire. Cette socit
prend des participations importantes
dans des crations de ce type depuis
quelques annes, non par amour de l'art
ou de soutien la recherche cinmatographique, mais pour tenter de matriser
une partie de ce secteur d'activit qui
risque de lui chapper. La Gaumont y
perdrait une partie de sa puissance, une
partie de son monopol. L'acquisition
ventuelle de films du Tiers-monde par
l'un de ces rseaux franais de distribution ne signifierait donc pas forcment la
diffusion relle du cinma ignor.
Pour y parvenir, un ensemble de pratiques et d'engagements devraient se combiner, celles de la vie associatives dans
son sens le plus large et celles des pouvoirs publics. Ainsi serait pris en compte
le travail fondamental de dfrichage
accompli par quelques festivals spcialiss et par quelques responsables de
revues de critique cinmatographique.
Jean-Pierre GARCIA

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75011 PARIS

(1) Informations C.N.C. nOl86 avril 1981,


page 21 et Diffrences, novembre 1981, pages
47 et 48.
(2) Chiffres publis dans Le Film Franais,
19 fvrier 1982.

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DIFFRENCES

Le gouvernement sud-africain n'pargne ni la musique ni les


musiciens, d'o exils, bannissements, interdits. Et le monde musical
sous diverses formes exprime sa solidarit avec les victimes de
l'apartheid. Un combat bien mconnu.
~

ARRETEZ DE DISTRAIRE
L'APARTHEID !
lbert Luthuli, Prix Nobel de la
anti-nazi, The Wall, et passer travers
Paix , Andr Brink, Prix Interalli
les mailles du filet sud-africain. C'tait
pour son livre Une saison blanche
compter sans la parfaite connaissance de
et sche, Dollar Brand, class parmi les cette priode par les tenant de l'apardix plus grands pianistes de jazz, trois
theid ... (et pour cause). Le disque a bien
grands noms de la culture, de nationalit
t distribu en Afrique du Sud, mais
sud-africaine, sont interdits dans leur
lorsque les tudiants blancs du Cap
propre pays.
eurent repris ce chant de contestation
La liste est , longue de ceux, qui,
pendant les grves de 1979, le disque a
Africains, Amricains et Europens
t retir de la vente.
sont frapps . Aprs plusieurs interdicD'autres uvres musicales figurent dans
ti o ns successives, l'Amricain Frank
le mme panier: Hair, Jsus Christ SuZa ppa sort un triple album. Il sera pour
perstar de Tim Rice et Andrew Lloydles uns une clatante dmonstration de
Webber, Emmanuelle de Pierre Bacheguitare, pour d'autres l'apothose d'une
ket et Herv Roy, The best of Bill Colby
production qui, par son rythme d'enfer,
was 1798, de Bill Colby, Americanpiede
devient difficile assimiler.
Don Mc Lean, Love to love you baby, de
Son dernier album connatra-t-il en
Donna Summer, Zappa in New- York de
Afrique du Sud, le mme sort que les
Frank Zappa, Laughter, de lan Dury
prcdents? Car depuis la parution de
and the Blockheads. La liste est longue.
Sheik Yerbouti en 1979, Zappa a trouv
une place de choix sur les listes noires de
la commission de censure sud-africaine.
Pour cet album, il avait eu l'audace de se
coiffer d'un kfi palestinien pour orner
la pochette du disque.
Passons sur le cas de Bob Marley (1) qui
ne se satisfait plus d'attaquer l'Afrique
du Sud dans la plupart de ses disques,
mais a t jusqu' accepter la tte d'affiche pour la fte de l'indpendance du
Zimbabw, juste devant Mugab et
N'komo. Les autres frres Rastas, mme
modrs, sont sur le mme banc que feu
Marley.
Les Pink Floyd, eux, n'ont pas eu de b
chance. Ils pensaient (navement) pouFrank ZAPPA
voir reprendre tranquillement un chant

On ne peut oublier aussi les nombreux


artistes sud-africains dont la rputation
n'est plus faire, qui vivent en exil:
Dollar Brand, un Noir, enfant de Duke
Ellington, class parmi les plus grands
pianistes du monde, s'est tabli aux
U.S.A. Sa musique, plaintive et terriblement envotante, respire la nostalgie de
son pays qu'il a quitt voil vingt ans.
Chris Mac Gregor, un blanc, pianiste lui
aussi, s'est install en France, dans le
Gers, aprs un cours sjour en Angleterre. Sa musique, dchirante, difficile
d'accs, est un vritable cri de douleur.
Ses souffrances sont nombreuses, avant
mme son dpart. il s'est mis hors la loi .

Les cris de douleur de


Chris Mac Gregor ...
A la fin des annes cinquante, Chris Mac
Gregor met sur pied une formation
mixte en Afrique du Sud, ce que la loi de
ce pays interdit formellement. Traqu
par la police, il se rfugie dans les rares
cabarets o la sgrgation accorde une
trve, le temps de boire un verre. Ces
lieux sont gnralement rservs aux
touristes afin qu'ils s'en retournent avec
une bonne image. Mais hors de l ...
Ecoutons l'anecdote que se plat raconter le batteur Louis Moholo : Ill' a un

trs bon saxophoniste en Afrique du


Sud qui s'appelle Magungu. Il devait
jouer dans un orchestre blanc, pour un
public blanc. Eh bien, pendant que l'orchestre tait sur scne, Magungujouait
cach derrire le rideau. Ce genre de
choses se passe tous les jours .

Socit des
Etablissements

J. KALENS

Le percussionniste sud-africain Julian


Bahula est aussi parti clandestinement
de son pays pour la Grande Bretagne en
1973, o il a reconstitu un groupe: Jabula (joie) avec son ami Madjumeta
Ranku (guitare) et Mogosti Mothl
(bass).

'tt VILLE DE 'NICE ,

'''l''n .......ii~~

lB"

Et ceux que l'on n'entend


pas

3, rue Sain!o! oseph


75002 PARIS - Tel. : 508-93-18

1"

Magasin de Vente :

Correspondance:

44, rue de l'Echiquier


75010 Paris

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Un seul de ces exil est rest en Afrique:


la chanteuse Myriam Makba, la plus
dcevante aussi des artistes sud-africain.
Sa carrire musicale est presque termine. Elle occupe aujourd'hui les fonctions de ministre de la Culture en Guine. Sa fille Bongui a pris la relve.
Dans le rangs des exils, citons enfin le
percussionniste Bayet, les churs du
groupe Maybuy, le groupe Soweto

Brothers...

D'autres artistes n'ont pas pu, ou pas :;)


voulu quitter leur pays. Nous avons trs ......_.
peu de chance de les entendre: Christopher Colombus, Nkonyana, Nkanuka,
Martin Mgijima, John Gertze, Amyala
Ntskoko...
Certains artistes ont tenu manifester
leur solidarit avec le peuple d'Afrique
du Sud. Jimmy Cliff a donn plusieurs
concerts au stade Orlando Soweto. Ils
sont la base du film de Stephan Paul,
Bongo man, et illustrent une squence
du film Jam Down d'Emmanuel Bonn.
Rcemment, le groupe Dire Strait a ~nnonc qu'il cdait Amnesty InternatlOnal, la totalit des royalties provenant de
ses disques vendus en Afnque du Sud
(100000 albums). Une coquette somme.
A l'inverse de ces artises, quelques vedettes, de renomme internationale,
n'hsitent pas faire le voyage. L'A.Z.A.P.O. (Azanian Peoples Organisation)
les a recenss et en tte on trouve Frank
Sinatra et Ray Charles.
Frank Sinatra est un habitu des tournes en Afrique du Sud. Mais, en juillet
1981, il se surpasse: il est le premier
artiste prsenter son spectacle dans un
Bantoustan, Sun City dans le Bophutaswana, o il avait t convi inuaugurer une arne de 7000 places: neufs
concerts pour deux millions de dollars
(1,2 milliards de nos centimes).

Le Comit des artistes du monde contre l'apartheid. dont Valerio A.dami, ~r,~~~' ~ontra!l
Netto, Antonio Saura, Herv Tlmaque et Ernest PIgnon-Ernest qUI en est a IlmtJatJve, pr~pare une grande exposition internationale Paris en novembre 1982 avec ~e concour~ de prestlgieux artistes. L'O.N.U. coopre son laboration et apporte son soutIen finan~ler.
Notre photo: Lors du jumelage entre Nice et le Cap, ~rnest P!gnon-Ernest est mtervenu
avec plusieurs centaines de srigraphies travers la VIlle de NIce.
D'autres artistes ont embot le pas: Ben
Veren et Gladys Knight (deux grands
artistes noirs amricains). Cher (ex Sonny and Cher) et Glen Cambell ~nt aussi
donn leur accord pour une petIte tourne Sun City.
Champion Jack Dupr et Ray Charles,
ont, l'an pass, sign des contrats pour
des concerts concidant, pour le premier,
avec le jour anniversaire du massacre de

Maputo, et pour 1e second ,avec 1e Jour


.
'f dl"
commemoratl
e Inter d'IC t'IOn d e p 1usieurs organisations et journaux noirs (le
19 octobre). Mais la suite d'une campagne de boycottage lance par le e.o.S.A.S. et l'A.Z.A.P.O., les deux
concerts ont t annuls.
'Ray Charles reste plus discret. Peut-.tre
n'a-t-il rien vu la manuvre. Ou bIen
l'habitude? Les 5 et 6 dcembre 1979,
dj il tait la vedette, Prtoria, d'un
' festival qui se voulait comparable celui
de Woodstock. Fiasco total, il n'y avait
que 10 000 spectateurs.
D'autres artistes, internationalement

natan

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MARS 82

,lm

connus, ont fait le dtour: Suzie Quatro,


Supermax, Jock Jones, Jane Chandler,
Rainbow, Terry Gibbs, Mitch Mitchell,
Richard Clayderman, Cliff Richard ...
Commentant la venue de Millie Jackson, un sud-Africain dclare:' A un

moment, nous livons admir Millie


Jackson en tant qu'artiste. Maintenant,
elle a t rduite la dimension de l'apartheid. Nous ne nous intressons plus
elle. Ceci est valable pour tous les autres
artistes qui viennent ici mettre en valeur
l'apartheid . (3)
Sur le terrain de la culture, toutes les
organisations sud-africaines anti-aparthe id sont d'accord avec l'appel lanc par
l'A.N.e. : Nous demandons aux musi-

ciens et aux artistes, en particulier aux


Noirs des Etats- Unis, d'arrter de distraire l'apartheid .
Marc MANGIN
(1 Voir Diffrences n 3 de juin 1981 .
(2) Libration du 17 aot 198 1,
(3) Sechaba ,avril 1981.

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40
41

Lu

Deux collections de lecture

pour les jeunes

Les peuples nus, par Max Pol


Fouchet, Edition s BuchetChastel 1953-1981.
Les ditions Buchet-Chastel
viennent de rditer l'un des
ouvrages les plus remarquables de
Max-Pol Fouchet, Les peuples
nus. Il faut souligner l'importance
de ce livre: excellence du style,
intrt gographique et ethnographique, clairvoyance de l'auteur
vidente trente ans plus tard .

HUBERT MONTEIlHET

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Dernires nouveauts:
JOAHAIKEH

ENCORE POLLY, ENCORE LE LOUP


Catherine Storr (Angleterre)

LE CORBEAU D'ARABEL
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Daniel Pennac (France)
CHEZ NOUS DANS LA RUE. 12,00 F
Anke de Vries (Hollande)
12 titres dj parus.
Chaque volume format 11 x 18

FERNAND NATHAN

L'Afrique du Nord dans l'Antiquit, par F. Decret et M. Fantar,


Editions Payot.
Avant le Maghreb arabe, berbre et musulman connu aujourd'hui, qui peuplait la rgion?
Ecrivains de Tunisie, anthologie
de textes, par T. Baccar et S. Garmadi, Editions Sindbad.
Tout le monde, ou presque, va
dans un aimable pays ensoleill,
de vieille civilisation, qui s'appelle
la Tunisie; mais sait-on ce que les
crivains tunisiens crivent, ce
qu'ils pensent, quoi ils rvent?

Chante-Sahel, par Laureine Valtis, Silex Editions.


Pomes, fabliaux, comptines,
say nettes ? Un charmant bestiaire haut en couleurs d'une
rgion que l'on n'entend pas souvent chanter. (Prix 1980 de
l'Agence de coopration culturelle et technique) .

Le corbeau
d'Arabe}

CL!:MENT ET SA MAMAN
Myra Mc Gee (U.S.A.)

Islam et Chrtient, de Simon


Jargy, Editions Presses Orientalistes de France.
Voici l'un des essais les plus
ouverts et les plus intelligents sur
les rapports entre l'Islam et le
chr istianisme, sur l'troite
influence du christianisme, en
particulier celui des Smites
orientaux, sur la naissance de l'Islam, cela sur un fond d'antagonisme vigoureux comme seuls
deux rejetons de la mme famille
peuvent en connatre.

Les no-nazis, par Jean-Marc


Tholleyre, Editions MessidorTemps actuels.
L'auteur dmonte des mcanismes idologiques et politiques
dans le climat de hienveillance
du prcdent septennat et en
Europe occidentale. Puisant dans
la vaste et triste ralit quotidienne une assez extraordinaire
documentation, il relie les fils qui
conduisent la banalisation du
nazisme , la rvision de l'histoire, .la renaissance de l'idologie raciste .

Clment
et sa maman

GUS ET LES HINDOUS


Hubert Monteilhet (France)

E n t e n d u , D I F F R E N C E S

LIVRES

diriges par Isabelle JAN


Deux Collections d'ouvrages de littrature
moderne, propres toucher la sensibilit
des jeunes et leur donner le vrai plaisir
de la lecture

Vu

,1
, ~'"

Sachso, par l'Amicale d'Orianenburg-Sachsenhausen, Editions


Plon / Terre humaine.
Dix ans de travail ont nourri ce
livre pour que le monde, les Franais en particulier, n'oublient pas
l'enfer vcu par les dports dans
ce camp nazi : martyrologue des
8000 dtenus franais; la moiti
des 200 000 dports, de vingt
nationalits, ont laiss leur vie (et
combien d'autres leur sant ?),

Rforme et rvolution chez les


Musulmans de l'empire russe, par
H. Carrre d'Encausse, Editions
Presses de la Fondation des
Sciences Politiques.
Cet ouvrage savant et passionnant retrace la phase de l'impact,
d'abord du modernisme russe,
lors de la conqute coloniale
russe, sur les peuples musulmans
d'Asie centrale, puis le cheminement du marxisme dans cette
rgion du monde.
Tchaka, une pope bantoue par
Thomas Mofolo, Ed . Gallimard.
Thomas Mofolo (1876-1910)
ignore dlibrment la volont de
Tchaka, de rassembler le peuple
noir pour lutter contre l'invasion
des blancs en Afrique australe.
Dans ces conditions, il se transforme en un tyran sanguinaire qui
voulait s'lever la hauteur des
dieux.

Ecrits spirituels, par l'mir Abdel


Le pillage de " Amazonie, par
Kader, Editions du Seuil.
Le grand rsistant algrien Jean Eglin et Herv Thry, Petite
l'invasion sauvage des Franais. collection Maspero.

Dans le vain espoir de combler


son norme dette extrieure, le '
gouvernement militaire brsilien
vend au rabais la fort amazonienne aux compagnies multinationales qui, coups de bulldozer
et de massacres d'Indiens, ont
engag la mise en coupe rgle de
la plus grande fort de la plante.

DISQUES
Pablo Moses: Pa ve the wal'
(Island / Phonogra m 6313 263) ..
Cet album ne dcevra pas ceux
qui connaissent le prcdent disque de Pablo Moses : A song.

THEATRE
Richard Il, de W. Shakespeare
par le Thtre du Soleil la Cartoucherie de Vincennes.
Un grand merci Ariane
Mnouchkine et toute sa troupe
pour l'a bondante moi sso n
d'images potiques et mordores
et flamboyantes qu'elles nous
offrent. Au travers des prismes
japonais du n, du kabuli nous
dcouvrons en outre cet auteur
sans cesse rinvent, toujours
actuel qu'est Shakespeare. Et ces
prismes ne nous livrent pas du
tout une mivre japo-niaiserie
exotique.

EXPOSITIONS
La Bibliothque Nationale prsente, jusqu'au 31 mars, dans la
salle M ortreuil, un choix de
soixante-dix affiches rvolutionnaires de mai 1968, choix effectu
parmi l'importante collection
qu'elle possde. Cette exposition
est complte par des affichettes
de la majorit de l'poque, et
divers documents, photographies
et tracts, dont on sait qu'il y eut
alors une profusion.

CINEMA
El Salvador: un nouveau Vietnam, de Glenn Sil ber.
A vec des documents pris sur le
vif, ce film illustre la manire dont
les Etats-Unis prparent actuellement un nouveau Vietnam au Salvador. Prims dans les festivals
internationaux de Chicago, Leipzig, La Havane, Bilbao, nomm
pour l'Oscar 82, il sera prsent au .
Festival d'Amiens et sortira
Paris le 31 mars.

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MARS82

Bob Marley: Chances are, (WEA


K 99 183)
Chances are est-il un album de
Bob Ma rley? WEA rpond oui,
Phonogram, non . Qui faut-il
croire? Toujours est-il que les
huit titres de l'album ont tous t
enregistrs il y a plus de dix ans.
Scientist : Rids of the world of"the
evil mrse of' the wampires,
(Greensleeves G REL 25) et
Princes Far 1; Voice of' thunder
(Trojan TRLS 204). .
Deux galettes de reggae assez
surprenantes. Pour Scientist, c'est
le quatrime disque de ReggaeEpouvante ( couter dans le noir,
de prfrence) . Le rsultat n'est
pas trs dansant mais ne manque
pas d'originalit.
Prince Far 1 est un vieux du
mtier. Il reste depuis toujours un
des matres du talk over. Aucun
artifice dans la voix. Rien que le
poids de la musique et le choc des
textes.
M'Bamina: Exprimental. Nouvelle version (Paco Rabanne
Design PRD 002).
Aprs un dpart phonographique assez difficile, M' Bamina (la
foudre) sort un disque qu'il sera
difficile d'ignorer.

REVUES
Musiki.
Manu Dibango avait bien tent,
il y a quelques annes, de lancer en
France un mensuel de musique
africaine. Depuis quatre ans,
Black magazine a cess de paratre. Il est remplac par Musiki, un
nouveau mensuel qui publie
aujourd'hui son numro deux.
Notes ralises par Claude
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43

DIFFRENCES

COMMERCE
ET
PAIX
D

'assez vives polmiques ont entour


la conclusion par la France de
contrats d'approvisionnement nergtique, avec l'URSS et avec l'Algrie.
Chacun d'eux soulevait des questions
particulires, quant au fond, lies l'indpendance conomique du pays et ses
moyens de dveloppement; la qualit
des rapports commerciaux dans une priode de tension; au contenu de nouvelles relations commerciales qu'implique un ordre conomique mondial
nouveau, etc.
Le commerce international, dans ce
monde tout en interpntrations, tient
une grande place dans la vie des pays.
L'examen attentif des balances du commerce extrieur en tmoigne. Mais quelques grandes nations occidentales le dominent, font la loi.
Alors, le commerce doit-il continuer
tre une arme des plus forts pour soumettre les autres ou bien doit-il tre
adapt cette ncessit que sont des relations dveloppes sur une base d'galit
dans l'intrt rciproque.
En un mot, le commerce international
sert-il la paix?

Pierre Luc
SEGUILLON
Rdacteur en chef
de Tmoignage-Chrtien

llait-i1 passer accord avec les Sovitiques pour notre approvisionnement en gaz? Non, rpondaiton dans l'opposition: il convient de
punir l'URSS pour son intervention

Fn

dguise en Pologne. Non, rpondait-on


souvent gauche, car l'on trahit de la
sorte la solidarit du peuple franais
avec le peuple polonais.
Fallait-il, de mme, signer avec Alger?
Non, affirmait-on souvent dans l'opposition, car ce gaz algrien est trop cher
pay. Oui, rtorquait la majorit parce
que particulirement sensible la ncessit de construire un nouvel ordre conomique fond sur la rtribution leur
juste prix des matires premires du
Tiers-monde.
Le nouveau gouvernement a ratifi l'un
et l'autre de ces deux accords. Et, nos
yeux, il a bienfait. Mme s'il n 'a pas su
expliquer correctement ce double choix.
Un choix qui est, tout lafois, conomique et politique et dfJit tre interprt
la lumire du projet global de la gauche
dans ce pays.
Parvenue au pouvoir le 10 mai dernier,
en effet, la gauche se propose d'inaugu~
rer en France, dmocratiquement, un
changement de socit dans un environnement international qui ne lui est pas, a
priori, favorable. Pour ce faire, elle doit
prserver et largir la marge d 'indpendance conomique et politique de notre
pays sur la scne internationale.
L'indpendance conomique? Contrairement ce qui a t parfois affirm, le
contrat de gaz pass avec l'URSS permet
une diversification de nos approvisionnements un moment o 51 % de notre
ptrole est fourni par les grandes compagnies internationales et par l'A rabie
Saoudite. Quant l'accord ratifi avec
l'A 19rie, mme s'il reprsente un cot
plus lourd pour la France, court terme,
il constitue une premire tentative de
dsenclavement d 'un march international rgi par le dollar.
.
L'indpendance politique? S 'il veut prserver sa libert d 'action sur la scne
internationale et sa capacit de
construire son destin sans ingrence
extrieure, notre pays a besoin que soit
maintenu un certain quilibre entre les
deux Grands,. il n'a aucun intrt une
dtrioration de la dtente.
Prtendre participer une sorte de blocus conomique de l'Union sovitique l'exprience l'a prouv - n'inflchirait
en rien son attitude envers ses satellites
et, particulirement envers la Pologne.
En revanche, contribuer l'isolement de
l'URSS et favoriser la renaissance d'un
climat de tension et de guerre froide
serait nfaste tant pour le peuple polonais que pour l'avenir de notre pays. Un
climat de guerre froide, en effet, ne peut
qu'encourager le Kremlin accroitre son
contrle sur les dmocraties populaires.
Il ne peut aussi qu'encourager les EtatsUnis exiger un resserrement des rangs
de l'A Iliance atlantique et un alignement
de ses membres sur la politique amricaine. Favoriser la dtente, au contraire,
est pour la France, le seul moyen actuellement d'aider le peuple polonais
44

recouvrer ses liberts et choisir son destin en dehors de toute ingrence extrieure. C'est aussi la condition, pour
notre pays, d'une politique de nonalignement.
Dans cet esprit, le resserrement de nos
liens conomiques avec un pays non align comme l'A 19rie, sur la base d'une
nouvelle conception des changes conomiques vient tayer la dmarche originale franaise sur la scne
internationale.
Le choix de ce double contrat ne relve
donc pas d'une vision purement conomiste. Il ne ressort pas non plus d'un
principe priori selon lequel le commerce servirait automatiquement la
paix. C'est un choix raliste, fond sur
une valuation concrte des rapports de
forces existant au plan international, et
adopt en fonction d'un projet global: le
progrs de la dmocratie en France et
dans le monde. En ce sens mme, ce
choix nous apparat politique et moral.

multinationales. Ce nouvel ordre devrait


tre fo nd sur les valeurs du travail.
Le commerce peut donc servir la paix. La
grande ide lihrale du X I XC sicle sur la
division du travail tait j uste quant au
fond, mais utilise p ar le capitalism e
.libral, p ouvait aboutir qu ' la do mination imprialiste. Un nou vel ordre conomique m ondial pourrait .fort hien
reprendre cette ide son com pte, et servir la paix, condition de se.fonder sur
les hesoins rels des peuples.

Yves GRENET
Economiste

Henri BARTOLI
Professeur d'conomie du travail
l'Universit de Paris-I.

es accords conomiques passs


rcemmenf entre le Gaz de France
et l' URSS, puis l'AIKrie, taienf
envisaKs de 10nKue clate, puisqu'ils
avaienf t mis l'tude par le Kou vt'rnem enf antrieur. C'est dire que ces
accords corresp ondent une ncessit,
et que les hesoins nerKtiques fran ais
ne peu vent que nous p ousser di versifier nos sources.
. Il n'y a p ourtanf pas de sparation possihie enfre l'conomie et la m orale. Ds
qu 'on est aux p rises avec les prohlm es
conomiques, on doit prendre en
compte les valeurs m orales et les p oints
de vue thiques vhiculs par le comm erce. Mais la ncessit d 'enretenir des
rapports avec un pays, sans qu 'o n puisse
vrifier dans sa pratique tous les points
de vue m oraux, s'inscrit depuis toujours
dans l'histoire.
L' URSS commerce avec le Chili, et la
France a fait de m me avec l' EspaKne
f ranquiste. Iifaut simplem ent tenter un
co mpromis. Il nefallait pas entretenir de
relations avec l'Italie p endanf la Kuerre
d' Ethiopie, ni avec Pinochet. Mais qui
veut faire l'hommefait la bte, et rom pre les relations avec tous les pays qu 'o n
dsapprouve, on risquef ort de se retrouver avec une zone trs rduite de partenaires. Et l'autarcie est une formule
absurde, propre aux rKimes totalitaires.
C'est p ourquoi, ilfaut croire l'ouverture des nations sur les autres, dans la
perspective d 'un nou vel ordre conomique international. Tel qu'on /'bauche, il
ne correspond pas nos vux, car il est
domin p ar l'imprialism e, les proccupations m ontaires et les entreprises

s la prhistoire (qui a connu des


changes intensifs sur de grandes
distaces) et l'Antiquit, le commerce est apparu, dans les relations
entre les peuples, comme la principale
alternative la guerre. Aprs le MoyenAge, il a amen ces relations s'ouvrir au
monde entier : c'est la volont commeciale de trouver la route des pices que
l'on doit en effet la d~couverte des Indes
Orientales (Asie) comme des Indes Occidentales (Amrique).
Mais comme ces grandes dcouvertes
l'ont prouv, le commerce a souvent
aussi prcd la colonisation, donc
ouvert la conqute et mme la guerre.
Le commerce n'tablit donc de vritables relations pacifiques entre les peuples que s'il est exempt de volont de
domination et bas sur l'intrt
rciproque.
Le rejet du commerce, l'autarcie prconise dans la premire moiti du XX 'C
sicle par les Etatsfascistes n'tait qu'un
prlude leur politique de pillage et de
guerre. Plus personne de nos jours, protectionniste ou libre-changiste, ne met
en doute la ncessit du commerce,
mme pour les plus grandes puissances.
Que deviendra.fent l~~ Et~ts-Un!s sans
leurs importatIOns d energ ou 1URSS
sans celles de machines et de crales?

Dans les relations entre pays occidentaux, on fait bruyamment profession de


libre-changisme, mais celui-ci est en
ralit fortement teint de protectionnisme tant ux Etats-Unis que dans la
C.E.E. La crise, dont la fin n'apparait
pas, pousse d'ailleurs, en ce dbut des
annes 80, un renouveau du protectionnisme, lequel peut rapprocher d'une
guerre conomique , qui videmment
ne servirait pas la paix.
A propos du commerce entre l'Est et
l'Ouest deux tendances s'affrontent au
sein de' ce dernier. Les uns, particulirement bien reprsents par les Etats-Unis,
voudraient restreindre le commerce avec
l'URSS afin d 'entraver son dveloppement et d'accroitre les tensions chez elle ,.
ils utilisent le douloureux problme
polonais pour s'opposer la construction du gazoduc vers l'Europe et ractiver le COCOM, charg d'tablir la liste
des biens ne pas commercialiser avec
l'Est.
Les autres souhaitent que les changes se
poursuivent, industriels ou agriculteurs
amricains et europens, qui y ont intrt ou simplement gens persuads qu'il
ne faut pas restreindre les,relations commerciales ou autres entre les peuples. La
premire attitude conduit la guerre
froide, elle accroit le danger d'une troisime guetre mondiale. La seconde
apparat plus responsa~le, elle sert la
paix.
A vec les pays en voie de dveloppement,
il existe encore trop d'changes ingaux,
de privilges sens unique. L'habitude
s'est instaure de leur acheter bas prix
leurs matires premires, et de leur vendre cher les biens manufacturs occidentaux, si bien que, lorsque le ptrole a
atteint un juste prix en 1975, cela afait
l'effet d'un coup de tonnerre. Il ne
pourra pourtant y avoir de nouvel ordre
conomique international que si le commerce avec ces pays repose sur des bases
de justice, que s'ils ont leur tour la possibilit de s'industrialise; pour euxmmes. C'est aussi, une condition de la
paix.
.,
.
Enfin, un commerce parttculter dOit
retenir l'attention: celui de! armes.
Beaucoup de pays en voie de dveloppement ont t entrams dans la course
aux armements. Ils se sont quips militairement en vue de conflits entre eux ou
avec d'autres (la plupart des 120 conflits
qui ont clat dep'uis l? Seconde Gu~rre
mondiale ont eclate dans le Tiers
monde). La France tient une place considrable comme fournisseur d'armes,
armes qui ont servi trop souvent une .
rpression coloniale (colonies portugaises), raciste (Afrique du Sud), ou
autoritaire (Amrique latine) pour que
l'on ne demande pas une limitation de
ces livraisons. Le moins que l'on puisse
dire, en effet, c'est que ce commerce l
n 'a pas vocation premire servir la
paix.
45

MARS 82

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DIFFRENCES

MARS 82

SALGADO-MAGNU M

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Mtro, expo, photo

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es travailleurs trangers ctoys dans le mtro, partie intgrante de notre univers quotidien, de notre socit, en
fait, on les connat bien peu.
La RATP et le MRAP, conjointement, prsentent du 12 au 28
mars une exposition, Peuples d'ici et d'ailleurs, au mtro
Chtelet-Les Halles, regroupant les productions de dix photographes; elle permet d'en apprendre davantage. Participation
la Journe internationale pour l'limination de la discrimination raciale dcide par l'ONU, cette exposition se veut un
voyage l'intrieur de la vie de l'immigration en France et aussi
travers les pays d'origine et leurs civilisations. Des images
pour une meilleure comprhension.
Photographes : Eric CUVILLIER, Xavier LAMBOURS,
Abdelhak SENNA, Christian MA YA UD, Christian VIDAL,
Michel ZOLADZ, et, pour l'agence Magnum : Martine
FRANCK, Gilles PERRES, Guy LE GUERREC, J . R.
SALGADO.

GU Y LE QUERR EC-MAGNU M

XA VI ER LAMBOURS

MICHEL ZOLADZ

Courrierj
Les sousdvelopps
d'Occident

La parole ..
Jean-Franois VILAR

Chez nous, malgr le chmage et


l'inflation, vous mangez Il votre
failll. L-bas, dans vos pays du
Tiers-monde, ils meurent par milliers de la malnutrition, du sousdveloppement.. donc vous ne
devez pas vous plaindre .

Jean-Franois Vilar, ancien journaliste, collaborateur de Diffrences, s'est vu dcerner le Grand


Prix du Roman noir Tlrama 1982 pour son livre
Cest toujours les autres qui meurent (FayardNoir). Jean-Franois Vilar aime son Paris, ses rues .

SOUS LEURS PAVS NOTRE


HISTOIRE
B
ien comprendre celte
vidence : ils nous
ont vol la ville. De
Halles en Belleville en
passant par Javel, sans
parler du X I ve. Ils nous
dpossdent . On le sait
puisqu'on se hat. Un peu.
Je veux dire: puisqu'on
signe. Une ptition, un
appel au secours. Nous
avons tous donn. Chanson connue, bagarres
perdues. Au bout du
compte, bulls et caterpi/~
lars ont toujours le dernier mot.

Pourtant : sous leurs pavs, c'est notre histoire.


Pas notre plage. Pas
vraiment. Seulement ce
point prcis de la lalaise
de pierre et de bion (de
bton le plus souvent) o
notre pauvre vague insistante n'en jnit pas de se
briser. Mais en rongeant
chaquelois un petit peu
de la matire dure, compacte, de l'ennemi.
Promenez-vous dans Paris, notre Paris, bon
sang.' Et, par exemple,
tchez d'l' trouver une
plaque, n monument
clbrant, disons... la
Commune. Oh.' Je sais l
Je sais bien. 1) Les plaques commmoratives,
nous n'en avons rien
faire . 2) Quand il faut y
sacrifer, le rituel, il l' a
toujours... le mur 'des
Fdrs.
Les Fdrs. .. les martyrs?
Plus simplement les copains. Vous et moi. Mais
ils ont, nous avons un
Mur. Admis, hien localis. Ghelloi~' .
Tellement d'ailleurs que
c'en est une concession.
Mais COlll/lle on dit dans
les cimetires: perptuit. Concession, com-

promis: on veut bien


nous concder la d~laite,
l'crasement, le sang.
Braves gens .'

eulement .. : la, ComS


mune pUisqu on en
parle .. . : trente mille
morts ouvriers dans Paris pendant la Semaine
Sanglante (plus que pendant les annes de la
Grande Terreur.'). a
fait quand mme heaucoup.' Et cela a continu: tueries et dportations. O? Partout. Au
Pre Lachaise, comme
chacun sait. Mais aussi
au Luxemhourg et la
Concorde, Poll'technique, aux Cata("O/nhes,
houlevard Voltaire. En
fait, lisez Lissaragay:
partout, partout, partout.
A tel point que si, un instant, on pouvait revoir ce
Paris l serait rouge de
sang. Pas une rue qui ne
soit celle d'un massacre.
Rouge.' Est-ce clair ?
Ce Paris qu'on nous
vo le. Tout ce Paris,
pierre par pierre, immeuble par immeuble. Qui
nie, oublie, les morts de
la Commune, les camarades, les copains. L, je
parle de la Commune.
Mais il est hien entendu
qu'on pourrait tout aussi
hien parler de la Grande Rafle (celle du Vel'
d' Hiv~, ou des massacres
d'ouvriers algriens en
octohre 1961 (en pleine
ville et dans l'indiffrence gnrale: la plus
grande tuerie depuis ...
1871). Soit dit en passant
les morts en sursis de la
ra.fle juive et de la ra.fle
arahe se sont retrouvs
parqus, un temps, au
mme gymnase Japy,
48

dans le X le. Rien ne commmore celle fiaternit


historique. Rien.
Plus de traces. Parler de
la COll7lilUne, c'est aussi
parler des morts de Charonne.

laques et commmorations: tout cela est


drisoire, nous sommes
d'accord. Soit. Mais
pour autant, contre
Haussmann (les houlevards guerriers) et Pompidou (hen OUI): on ne
peut pas toujours se
contenter de siffloller,
malin, perdant, le Temps
des Cerises.
Tout cela pour dire que
la ville est une mmoire
et qu'i/y va d'une identit
retrouver. Faites le
compte. Combien d'avenue, de place, de rue
Thiers (le massacreur) :'
Et quoi pour nos camorades Delescluzes,
Louise Michel, Valls.
etc . .? Ces petites choses
l, assez symholiques
j'avoue, halisent notre
vie quotidienne. Mais ne
nient-elles pas notre dir
frence.? Thiers contre
. Louise Michel :je choisis
mon camp, ma rue.
VOl'ez le nom des rues,
dans Paris: ils nous nient
avant de nous massacrer.
A l'occasion.
Jean-Franois VILA R
PS : ... Mais tout ce hi/let
est fait pour conduire
ce post-scriptum . Il
faut lire absolument
'Sang de la Commune de
Chantal Montellier et
Pierre Charas (ditions
Futuropolis) : tout ce
que Paris a de vraiment
vivant, au coin des rues,
est l. Et cet album est ...
comment dire ? Une
carte d'identit .

Combien de fois ai-je entendu


cette phrase en France? A la tl
franaise, allemande ou anglaise,
on montre des enfants trs maigres en train de boire un peu de
lait ou de bouillie ; dans les journaux, des photos d'enfants squelettiques occupent des pages
entires; ce sont gnralement des
petits noirs (africains) ou des
petits jaunes (asiatiques).
On ne voit jamais des photos de
petits Europens ou blancs victimes de la malnutrition. Est-ce
que cela signifie l'absence de la
malnutrition dans le monde
occidental ? Cette question
mrite d'tre pose objectivement
parce qu'on est en train de se servir de la misre des autres pour
masquer l'injustice sociale en
Europe ou en Amrique du Nord,
pour voiler les conditions des gens
du Quart monde occidental.
Au lieu d'exposer les sousdvelopps selon leur couleur ou
leurs origines, il faut les aider partout o ils vivent sur terre, quelle
que soit leur race . Ceux qui
croient que la malnutrition et le
sous-dveloppement appartiennent une catgorie de pays prcis, se trompent- ou veulent
masquer leur misre .
La malnutrition c'est quoi '!
La malnutrition, c'est la carence
qualitative ou quantitative dans la
nutrition, c'est--dire dans cette
fonction lmentaire des tres,
consistant absorber des aliments
pour en former la substance
mme de leur corps par la digestion et l'assimilation. Manger de
la viande aux hormones, consommer des conserves pleines de colorants et de conservateurs actif.
c'est aussi tre victime de la malnutrition . Ils sont nombreux en
Europe ceux qui n'ont pas les
moyens d'viter les produits alimentaires de mauvaise qualit
que l'industrie capitaliste dverse
sur le march.
Le sous-dveloppement, c'est
quoi?
C'est l'a bsence d'quilibre et
d'volution norm a le dans des
conditions qualitatives et quantatives ; ces conditions sont la fois
sociales, conomiques, culturelles, psychologiques. Dfinir le
sous-dveloppement comme
condition conomique et culturelle propre aux pays dits du
Tiers-monde, c'est dissimuler en
Europe la misre de millions de
travailleurs, de pauvres, de ch-

meurs, d'handicaps, de dlinquants, de personnes ges ,


d'enfants abandonns.
Le sous-dveloppement n'a pas de
nationalit, de couleur, de race et
d'origine gographique. C'est un
mal qui frappe l'chelle interpationale les couches proltariennes. Mais la misre des
blancs ou des Europens qui
vivent au cur du systme capitaliste n'est pas conue comme sousdveloppement.

Mallladou NIANG
1J A ix-en- Provence

Pour la tolrance
raciale

9") Celle qui est dispense par les


tablissements scolaires, et qui est
indispensable, risque de ne pas
avoir d'effet durable, si les adultes
n'en reoivent pas, simultanment, l'essentiel.
Car, pendant la priode scolaire
mme, les tensions entre groupes
d'ges risquent de mettre en cause
cette ducation; et lorsque les
jeunes gens entrent dans le mon?e
de comptition des adultes, lis
sont enclins perdre le bnfice
des sentiments altruistes qui leur
ont t inculqus.
10") Cette ducation des adultes
doit tenir compte de l'encombrement constant et croissant que
leur esprit reoit de la complexit
de la vie moderne, et de l'avalanche d'informations apportes
par les mdias .
Elles ne doit pas se limiter une
minorit qui se choisit, mais doit
atteindre la masse des
indiffrents.
Elle doit mettre en jeu la raison
pour lutter contre l'irrationnel :
Il'') C'est ainsi que l'on peut faire
appel la simple constatation que
les valeurs morales essentielles
sont vantes par les hommes de
toutes les races, mme par ceux
dont le comportement personnel
ne les respecte pas.
Cette universalit d'estime pour
les valeurs morales constitue prcisment un lien interracial fondamental, et la simplicit de son
expos doit permettre d'atteindre
la masse des adultes au milieu de
leurs proccupations.
12") Notre association, le
C. L.E. R., cet effet, adopt
deux procds matriels: des
affiches dont la partie principale
contient un tel expos et dont
voici quelques-uns des libells :

FOURNITURES DIFFUSION

27. rue de Saintonge


75003 PARIS
Tlphone 272.15.31

Dans le n06 de Diffrences, un


article d'Albert Memmi a le
mrite de dissiper une confusion
regrettable dans l'utilisation du
mot racisme . Cet article se termine par le souhait d'une action
commune avec toutes les victimes.
Pour aller plus loin dans ce sens,
nous proposons une discussion
entre les lecteurs de Diffrences
partir des rOexions exposes cidessous et des procds mis ou
mettre en uvre et dvelopper.
1) Le racisme est avant tout une
attitude d'esprit.
2) Il faut distinguer entre cette
attitude d'esprit et l'exploitation
qui en a t faite, nota~ment :
pour justifier le col~nIahsme;
pour crer des dissentiments de
clivage l'intrieur d'une classe
sociale; pour exterminer des
groupes.
. .
3) Il faut galement dlstmguer
entre cette attitude d'esprit et ses
causes qui peuvent tre: un sentiment de crainte ou de mpris non
raisonn d aux diffrences physiques superficielles; une ducation Tolrance raciale sans crainte ni
sculaire tendant crer ou mpris, A l'unanimit le Parlement a vot la loi pnale contre le
dvelopper ce sentiment.
4) Enfin, il faut distinguer entre racisme, Les hommes ont tous des
l'attitude d'esprit et les actes drauts, n 'en blamez aucune race,
racistes ponctuels qui en rsul- fli1llligrs et Franais de tous oritent, du fait d'une ambiance pro- gines, hommes de tous les peup!es
pice cre par cette attitude et ont en commun: un monde vaste
et profond celui des valeurs qu'il!
maintenue par elle.
5) Indpendamment d e ces actes pensent essentielles. Loyaute.
ponctuels, l'ambiance elle-mme Amiti. Joie de vivre. Amour
provoque gne et sou ffra~ce ramilia1. Hospitalit. Bon sens.
morale chez les hommes qUi y . Dignit humaine ; des panneaux
so nt plongs (et parfois-pas seule- routiers dont la brivet d'inscription est compense par leur modiment les victimes).
6) La raction, souvent dsagra- fication partielle priodique
ble, des victimes entrane un ren- susceptible d'tre perue des nomforcement de l'attitude d'esprit breux habitus des portIOns de
raciste, et par contre-coup dve- routes concernes.
loppe cette ambiance de 13) Nous appelons les lecteurs
fermentation.
envoyer leurs avis et s ugge.s tio~ s
7) Les mesures juridiques dans le Diffrences pour publtcatlOn ,
sens des Droits de l'Homme n'ont da'~s l'es poir que notre action y
gure d'action dire~te profonde trouvera des sources d'amliorasur l'attitude d'espnt, maiS don- tion et de dveloppement.
nent un appui lgal pour en entreprendre la correction.
Raymond LAZARD
8") Le seul remde profond, lonPrsident du C. L E. R _
gue chance, est l'ducation au
BP 205 24005 PERIGUEUX
sens le plus large .

Jean MARCOVICI
Prsident Directeur Gnral de la St mertel
Socit d'Engineering spcialise dans
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Tl. : 81.69.32
Centre Commercial
MERIADECK
Tl. : 98.54.36
49

Agenda

D IFFRENCES

8 mars

17-23 mars

Journe internationale des


femmes: l'Union des femmes
franaises prsente, dimanche 7,
un spectacle non-stop Porte de
Pantin, avec notamment : Les
Djurdjura, Marie-Paule Belle,
Anna Prucnal, Guy Bedos.
Le MLF, sous le thme Paris, 8
mars /982, grve gnrale, fte
nationale des femmes, organise
diverses manifestations dans la
capitale, dont une journe vidocinma exprimental au Centre
Georges-Pompidou. Et, du 9 au
16 : films rares de premires ralisatrices, Chaillot; le 16 mars, au
cmema Le Bonaparte, dbat.

Au cinma Saint-Sverin (12,


rue St-Sverin, Paris 5e), une
semaine cinma sur le thme:

Paris, 8 jours de solidarit sur


des thmes tels que la paix, l'agriculture cologique, la communication, la faim, etc., sous l'gide
de UCODEP, Frres des
Hommes Paris, Artisans du
Monde Paris, Terre des
Hommes. Expositions, projections, dbats toute la journe du
samedi 27 mars, de Il h 30 20 h.

Ces pays de lafaim qui nousfont

vivre . Sances 14, 16, 18 et


20 heures. Cette semaine est organise par:
F ASTI, MAN, Artisans du
Monde Paris, Frre des Hommes
Paris, UCODEP, UFC, le Centre
de Documentation Tiers-Monde
Paris, CEDETIM et Groupe
Tiers-Monde Montparnasse,

Rens. 878.55.54.

23 mars

20-28 mars

Dbat 20 h 30, au 32, rue Olivier Noyer Paris 14e, sur le


thme : Droite et extrme-

A l'ancienne gare de la Bastille,

droite, une menace toujours pr-

Rens. 878.55.54.

MARS 82

sente .

Participation de
Madeleine Rbrioux pour la
Ligue des Droits de l'Homme,
Jacques Lambalais pour l'Association Henri-Curiel, et Michel
Briganti pour le MRAP.

4 avril
Homosexualit et racisme ,
c'est le thme d'une runion-dbat
anime par Albert Lvy et les responsables du Centre du Christ
librateur (CCL) dont le thme est
l'information et l'aide pastorale et
psychologique pour les minorits
sexuelles en France. A 17 heures,
au 3 bis, rue Clairaut, 75017 Paris

- Tl. 627.49.36.

Rens. 329.50.75.

10-30 mars
A Crteil, Choisy et Fresnes,

Journes cinmatographiques du
Val-de-Marne, contre le racisme
et pour l'amiti entre les peuples.
Une dizaine de films seront prsents.

Il mars
Dbat anim par Me Henri
Nogures, 20 h 30, au Centre
culturel de Boulogne-Billancourt
(22, rue de la Belle Feuille), sur le
thme: La Ligue des Droits de

Le 21 mars, Journe interna- 19 mars


tionale pour l'limination de A Pau , le comit local
la discrimination raciale don- annonce une soire avec le
nera lieu, cette anne, une film Les Ambassadeurs et la
multitude d'initiatives des participation du Groupe
comits locaux du MRAP Marocain de Pau. Rend ezqui s'taleront, en fait, sur
plusieurs semaines . Nous
signalons ici celles qui nous
ont t annonces:

3-21 mars

l'Homme , hier, aujourd'hui,


demain . Rens. 707.56.35.

A la bibliothque de Castres, le comit local prsente


une exposition de dessi ns de
presse et de bandes dessines
antiracistes.

12 mars

13-20 mars

Dbat 20 h 30 la Bibliothque publique d'information du


Centre Georges-Pompidou ,
l'occasion de la publication du
nO 2 de la revue Le genre humain.

Semaine Tsigane, organise


par le MRAP, l'Association
dpartementale des Amis des
gens du voyage et la municipalitde Meaux : samedi 13
16 h. Ina uguration la mairie
de l'exposition de travaux et
dessins faits par des Tsiganes
(ouverte toute la semaine);
20 h 30, la M.J .C., soire
cinmatographique, samedi
20, salle St-Faron, soire tsigane avec chants, danses et
musique .

13 mars
Expression et rpression des d((
frences : colloque organis
' Paris, Bourse du Travail (29 bd,
du Temple, mtro : Rpublique)
par le MRAP, avec le concours de
nombreuses associations. Quatre
thmes seront dbattus: normes et modles dominants;
les diverses formes d'exclusion;
celui qui exclut, celui qui est
exclu; pour une approche positive des diffrences. Renseignements et invitations: 89, rue

Oberkampf,
806.88.00.

7501/

Paris .

PRT A PORTER FMININ

:
@)

18 mars
Le comit de Nancy du
MRAP organise une Nuit du
cinma antiraciste avec, au
programme: Allemagne

mre blafarde, Pain et chocolat, Le mystre des 12 chaises.

~~

. :(:::?::' " .
' ..

20 mars

Le comit de Paris 5e/ 6C


tiendra une soire cinmadbat non-stop, de 18 h 30 2
heures du matin. A la Banque
de l'Image (34, rue StSverin, 75005 Paris. Rens.

329.4/ .19.

Le comit de Paris 18 e organise de 15 h 22 h, salle StBruno, une journe d'animation musicale, avec le Groupe
Nedjma, un atelier de maquillage ; elle se terminera par un
bal populaire.
.Ie comit local de Paris 14e
invite les enfants trangers du
quartier pour une animation
avec radio Ado au 24, bis rue
Gassendi.
Le comit de ChillyMazarin / Longjumeau organise une soire l'Auditoriu de Longjumeau 20 h 30
(entre rue de la Peupleraie).
Au programme: thtre et
animation avec une chorale
armnienne et un conteur
arabe, Ali Kirane Ben
Azzouz.
A l'appel du comit de Mulhouse, Fte de l'amiti entre
les peuples, avec projection

Journe internationale de
l'ON U pour l'limination de
la discrimination raciale.
A l'initiative de plusieurs
comits du Sud-Ouest,

semaine du film contre le


racisme et pour l'amiti entre
les peuples, Oloron-SteMarie; projections et dbats
Bordeaux et Mont-deMarsan .

21 mars

Le comit de Paris 1oe / Il e


organise une fte de l'amiti
entre les peuples, avec des
groupes musicaux turcs, tunisiens, antillais, au foyer
Picoulet , 59, rue de la
F ontai ne-a u- Roi.
Le comit de Paris 12 e organise une fte de l'amiti, avec
projection de films, danses,
etc. au Relais 59, 59 avenue
Daumesnil.
Le comit de Nice organise
une journe du film antiraciste avec, notamment, au
programme Alambrista, de
R. Young.
A Nancy, au Palais des
Congrs, festival de folklore
international, l'initiative du
comit local, 6 groupes: algrien, antillais, isralien,
latino-amricain, polonais,
portugais'.

MATT SPORTSWEAR
PRET-A-PORTER

6PY
~~8,

vous au C. R. R.

du film tsigane Rves en rose.


A Nancy, le comit local
organise une journe philatlique pour le premier jour du
timbre mis l'occasion de la

84 rue de Turenne
75003 PARIS

RUE D'ABOUKIR
75002 PARIS

TELEPHONE 233.90.16

Tl.: 271.1'9.11

50

Chaque samedi:
des informations pratiques,
politiques, culturelles;
des entretiens, des reportages,
des dossiers,
des analyses exceptionnelles.

Chaque samedi:
des nouvelles
des luttes des femmes
en France et dans
le monde entier

Chaque samedi en kiosque:


votre prem ier
hebdo politique.

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75006 Paris
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[INDEPEN
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E.

1
Demain, 85% des transports

marchandises seront assurs


en traction lectrique, sans avoir
recours au ptrole. grce rnergie

des centrales hydrolectriques et


thenniques (nuclaire et chdrlxm).

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