Journalducorsair00doub BW
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.wf
U dVof
OTTAWA
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2011
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University of Toronto
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JOUUNAL DU CORSAIRE
JEAN DOUBLET
DE RONFLEUR
LIEUTENANT DE FRGATE SOUS LOUIS XIV
PUBLI DAPRIS
LE MANUSCRIT AUTOGRAPHE
AVEC INTRODUCTION, NOTES ET ADDITIONS
PA H
CHARLS BRARD
PARIS
LIBRAIRIE ACADMIQUE DIDIER
PERRIN ET
(y,
LIBRAIRES-DITEURS
3.)
JOURNAL DU CORSAIRE
JEAN DOUBLET
DE
HONFLEUR
JOUUNAL DU CORSAIRE
JEAN DOUBLET
DE HONFLEUR
LIEUTENANT DE FRGATE SOUS LOUIS XIV
PUBLI d'aprs
LE MANUSCRIT AUTOGRAPHE
AVEC INTRODUCTION, NOTES ET ADDITIONS
PAR
CHARLES BRARD
PARIS
LIBRAIRIE ACADMiaUE DIDIER
PERRIN ET
35,
C'%
LIBRAIRES-DITEURS
1887
Tous
droits rservs.
INTRODUCTION
Nous n'avons
natale,
pas
la
date de sa naissance;
les
son
baptistaire
anciens registres
des paroisses de
ct de
ceux des
autres
ses
pre et mre.
Il
rsulte de l
cette date
moyen
pour dterminer
lui-mme
de son ge
l'poque
trois
mois,
il
Canada
vers
la
se cacha
Nouvelle-France
donne,
de
novembre 1655.
municipaux,
et
registres
les
de
Voyez
la
Repue
historique,
tome XII,
p. 48 et 314.
JOURNAL DE
JIIAN
DOUBLET
On
his-
la
Revue
biographiques ou gnalogiques
qu'une
recherche
patiente
nous
permis de rassembler
matriaux.
Doublet appartenait une bonne famille de moyenne bourgeoisie qui comptait plusieurs de ses
seils
membres dans
et interrog
les
con-
de
la
ville
depuis
le
commencement du
dix-septime
sicle.
d'un ton
hautain par
duc d'York,
il
plus-tard Jacques H,
je suis
Dou
la vrit.
blet rpondit
il
Monseigneur,
de bonne naissance,
ne se vantait aucunement,
paratrait
nonait simplement
la
Il
mme
que
de
les
la
emplois en
possession de sa
famille,
ou
la proprit la fort
noble situe en
de Touques, (i)
obtenir
homme
dans
il
l'acte
de
est qualifi
femme
de peu d'importance.
enfants d'un bourgeois de Honfleur,
arma
et
quipa
rva
la
fortune et
chercha un
Fontaine,
(5)
Dp. du Calvados, arr. de Pont-rEvque. Voy. aux additions, pice n 5. Reg. de l'tat civil de Hontleur, 12 avril 1722.
Acte de notorit du 24 mai 1679. Arch. munie, Diibr.,
fo
(4)
fol-
reg.
n 57,
20
INTRODUCTION
tait fille
7
laissa
une autre
vicomte d'Auge,
fils
d'Olivier de
Valsem,
tabellion
en
1604,
conseiller de ville
chevin de 1626
1639.
en 1622,
Doublet,
Parmi
la
tribu
des
en
1664, premier
chevin en
1666
et et
1668; Nicolas-Claude
receveur du grenier
la
Doublet du Rousseau,
sel
;
prsident
vicomte de Blangy
Guillaume Doublet,
Son
les
pous
d'une
Marguerite Auber,
et tait
ainsi entr
dans
l'alliance
famille trs-considre
parmi
connatre des
documents des
tait
XVP
et
XVIP
sicles.
Un
Nicolas
Auber
remplis-
fonctions
de
receveur
du duc d'Orlans
deux grands-oncles,
pour
le
Jacques
des
Auber
l'an et
Jacques Auber
le
deniers municipaux de l'anne 1621 l'anne 1674; ^^^^ habitation se voit encore (i) avec sa porte basse
lastres, ses
en
un
autre cousin,
de l'amiraut,
en
1656.
On
dans
un
tableau gnalogique, le
nom
(i)
n" 2j,
8i;
comme on
le
verra, n'a
donn que
trs-
famille.
Le devoir de son
fond la filiation
et
bio-
du
de
prsenter
tenir
l.
quelques notes ce
rectifier
de
la
qui
suivent.
De
vers
cette
ville
de l'anne 1693,
et fut la
s'tait fixe
au milieu de
le
de son mari.
l'ge
de
dix-neuf ans,
M^ Thomas
en
la
Qiiillet,
du
roi,
lieutenant
gnral
vicomte
dans
l'alliance
d'une
famille de
marchands
faire
eu d'autre ambition
roi,
que
celle
de
de leur
un
officier
du
en
lui
achetant
attachs.
une charge
dentelles
ou de draperie a
source de
la
soit dit
en passant
qui
la
dtenaient
l'-
encore
les principales
poque de
la rvolution.
Du
et
de
M^ Thomas
Un
seul
la
descendance du corsaire
jours.
le
Ce
fut Franoise-Marguerite-Rose
Quillet, ne Honfleur,
INTRODUCTION
de sa
fille,
9
la bourgoisie
aristocratique,
un second mariage
devait
donner
celle-ci accs
dans
la noblesse.
En
effet
d'une
nous
le
arrter
un moment.
ancienne
et elle tait, ce
elle
nom
;
la fin
du
sicle dernier,
for-
mait quatre ou cinq rameaux qui s'taient tendus aux environs de Honfleur. La tige nous en est connue, mais
la bourgeoisie c'est
dans
marchande, parmi
les
armateurs honfleurais du
quinzime
racines.
sicle et
non dans
la
Ainsi,
font mention d'un Jacques Naguet qui prenait rang parmi les
conseillers-lus de la cit en l'anne 1499.
d'autres bourgeois
du
mme nom
la
Guillaume Naguet
qualifiait
Jean
il
avocat;
en
effet,
avocat de
il
communaut.
Mais
il
est certain
qu'en
qu'il
ralit
exerait la profession de
ainsi
marchand-armateur,
faisoit,
train et trafic de
par mer.
et
Il
fut
anobU par
et
lettres-patentes
dits
1522,
ses
fils,
Adrien
Louis
A une poque
antrieure cette
terre situe
Naguet avaient
l'acquisition d'une
(i)
1512.
{2)
Elus de
Lisieitx,
(Caen, i827.)
(;)
10
en
paroisse
la
de Pennedepie.
qu'ils
On
connat bien
aujourd'hui
sieurial
encore
maison
habitaient.
la
Le manoir
de
Hon-
mouHn
La
sinon
grand
air.
l'intrieur,
si
si
les
de
que
si
ne
s'y trouveraient
maison que
la petite-fille
du
corsaire
Doufils,
devenue
Madame
de Saint-Georges, mit au
monde un
nomm Robert-Jacquesla
Alexandre de Naguet,
puis
il
d'abord dans
Il
marine royale,
sortit
entra au rgiment
d'Auvergne.
en
;
avec
le
grade de capitaine
lieutenant de
il
et la croix
les
5
de St-Louis
il
fut plus
tard
MM.
le
eut
un
fils
qui, le
comme
son pre
a
et
connu
Le rameau
ne
laissa
qu'il
nom.
Il
qu'une
Ce sont
noms Madame la
marquise de Caulaincourt
et
Madame
la
comtesse d'Andign.
la
noms
reprsentent dans
ligne fminine la
l'tal-civil.
^Se
2 3 O <
-<
^S;!!3
D.
^a"^ V
U
a:
^ c n u u
o~
^
'^
-' = S
'
r.''
ni;
n ? ^~
!^
" ~
-a
-es
d
veur
t^o
167
JACQUl marcha
de
12
II
Le
dtail des
voyages de dcouvertes
et
nisation
la
for-
de ses armateurs
manque
l'histoire
sait
maque
Quelques noms
les navires
normands
Etats-Unis, sur le
s'il
banc
et
dans
les baies
de Terre-Neuve, mais
nous
reste
de ces
montr
de vue,
le lien le
ce point
On
Rouen
et
de
Honfleur poursuivre
librement
projets de
commerce
pour
extrieur et de colonisation.
La compagnie
d'associs agit
Le crateur
de son pays,
de l'entreprise, anim de
avait su runir des
de son temps
et
sommes importantes
On
vit,
comme
finalement se
moins
la
la
Elle
montre
ses pratiques
tait
de navigation
comme
au temps o Champlain
et des
venu
lui
colons. Elle a
INTRODUCTION
1-3
fit
les
l'a-
ventureuse
pendant prs de
tard sonn,
lui
cinquante annes.
Quand
l'heure
quand
dans
assis
comme
navigu
les
le golfe et les
ban-
combattu
les frgates
la
d'An-
gleterre et de Hollande,
Doublet charmait
les crire.
il
Quoique
peu
clerc, le corsaire se
et ses
mit l'uvre,
voulut
satisfaire sa famille
dit-il,
Il
pri
de leur
un manuscrit de
tenir la
il
tra-
et
d'une
commena
Tour
tour
commerce,
pilote sur
du
commandant de barques
il
fond sa mmoire des souvenirs dj lointains pour se remettre de nouveau en mouvement, pour raconter ses croisires
et ses
lay, le
il
de
Danemark
et tant
d'autres
personnages dont
Doublet raconte avec simpHcit, avec bonhomie, sans prtention d'aucune sorte. Mais
il
pour
le
im-
bavard.
Il
abonde en digressions.
yeux
s'embrouille
attentifs
et
rgulirement monter
descendre
14
les
JOURNAL
Dl-:
JEAN DOUBLET
que
l'art d'crire.
D'ailleurs
il
On
aurait
h lui reprocher
simples.
a plus d'intrt
comme un
tableau d'histoire.
qu'il
renferme
il
en
est
de nouveaux.
Doublet
s'tait
initi
aux
le
rivage
comme
en mer, touil
multipliait
observations et
il
livres
qu'on
nomme
routiers.
Mme
avant
d'avoir
le citait
Dunkerque comme
un
Jean Bart
commandants
l'histoire
ne prouve-t-
elle
Ne
homme
alors trangers
?
la science
du pilotage
et
de l'hydrographie
Rpandre
en
effet,
l'instruction pratique
dans
un des premiers
et des plus
main
les aff;iires
de
la
marine.
Comment
et
parvint-il
?
h.
doter
la
durable
C'est ce qu'a
INTRODUCTION
rvl
une
suite d'tudes
les faits les
rcemment
publies,
se trouvent
rassembls
On
du puissant
secrtaire
d'Etat
vues de
rforme
et
de progrs.
Colbert
la prit
sous sa protection
et
moyens
d'action
ordonna
la
dans
les
ports
mar-
On
professeur,
l'abb
flatt
les
marin
audacieux
gardait et
on
plus solides qui distinguaient ses compatriotes, tout cet hritage de connaissances que les nobles et gentilz mariniers de
profit depuis le
XV^
sicle.
le
(i) Les historiens n'ont pas manqu depuis un sicle la marine franaise, mais tout ce qui, au point de vue historique, concerne la transformation de ses institutions est rest gnralement ignor. Dans une srie d'articles parus dans la Repue maritime M. Didier Neuville a commenc combler cette
lacune, en tudiant les Etablissements scientifiques dans leur origine et leur dveloppement. On y trouvera notamment expos clairement tout ce qu'on
la
La
vie
dans l'une,
il
trafiqua
dans
l'autre,
corsaire et
commanle
nom
du commerce ennemi.
Au temps o
Doublet
les plus
liers
armements de guerre,
les entreprises
rentrait au port
avantageuses.
Un
des premiers
offrir ses
services et bientt
ici
prenait la
mer
la
plus
de sa
vie,
celle
l'pouvante sur
havrais qui
fit
ctes d'Angleterre,
comme
ce
marin
un
de trente maisons.
est Brest l'heure
Doublet
de
la flotte
o Seignelay
surveille l'arrive
de Tourville
et presse les
Il
armements
destins la
est accueilli
dans l'tat-major du
Manche
place,
et
de
l'Ocan
lui
permet de
s'y faire
une toute
petite
et le
La guerre
finie.
Doublet recouvrait sa
libert
d'action.
On
la
moment du
besoin,
on
le Ucenciait
toutefois le rcompenser.
Mais
ne
le
le
tirer
s'a-
INTRODUCTION
I7
donne au commerce.
gnoles et portugaises
Il
colonies espa-
comme un marchand
la
plein d'honntet
crdit
pour djouer
traits
les fraudes
de son caractre
corsaire et le
marchand
s'unis-
Doublet
rien
ne
fait
mieux
la
On
sont
cia
tels
bombardement de Saint-Malo,
sincrit
de
dom
Gar-
d'une
de sentiment singulire,
procs,
la
le portrait
de ce juge
la
qui
pesait les
et
sacs
dfense du consulat de
Havane
cent rcits
ingnieux ou bizarres.
se termine
prit
le
Le journal de Doublet
faire
en 1707.
la
Il
nous
reste
connatre
il
comment
il
fin
carrire de ce
marin.
Comme
500
175
le dit,
accepta
commandement d'un
portant 36
Marseille
navire de
tonneaux,
le
Saint-Jean-Baptiste,
canons
et
hommes
d'quipage, et
les
arm
pour un voyage
de dcouvertes dans
de
trois
annes
et elle se
Quant au
commandant Doublet,
il
aux
commensaux de
fit
maison du
roi
et
des maisons
royales,
se
pourvoir par
lettres
du
septembre 17 11 d'une
l8
du duc d'Orlans.
dcda
le
inhum dans
nous prions
composition,
l'glise
de Barneville-la-Bertran (i).
a fait connaissance avec le
personnage,
La
nous l'avons dj
mais
le caractre
que
le style,
du
corsaire
est
bien mis en
les
relief et l'on
saisit,
pour
ainsi dire,
marins
fut intrpide,
prompde
il
de bon sens
et
En outre
et
il
un haut point
ne point
malheur.
On
ce marin et
vcu un
La
proprement
dits
des
officiers
peut prsumer
avec
devenu
des armes
navales de la Rpublique.
(i) Reg. des dlib. munie. 29 septembre 1711 21 janvier, 15 fvrier et i"' octobre 1712,4 septembre 1725,9 dcembre 172601 18 dcembre 1728. Reg.
de
l'tat civil
de Barneville,
21 dc.
1728.
INTRODUCTION
I9
m
Le manuscrit
conserv
original
est
Rouen dans
archives dpartementales de la
M. de
Beaurepaire, a
fit
l'acquisition et
en
fit
don au
dpt dpartemental.
C'est
et
un
registre
grand
in-folio,
fort,
i
dos
et
feuillets
136
de
30 millimtres
On en pourra
la
signature de Doublet
l'poque
mme o
des
il
moins ambitieux
dans
le
hommes,
petit
monde.
Le
nombre de
le
ratures et de
changements que
tient,
manuscrit con-
indique
les'
yeux
la transcription faite
l'au-
9^iA^^^- ^ -^^y
.
^*'
qu'il
Le manuscrit
nous
de
la
se divise
en deux
parties.
La premire, dont
le
texte
point de
titre.
Elle con-
tient
20
loin
soit
les dates
de ses embarque-
ments,
rcit.
Nous
le
les
avons
on
les
sommaire
des chapitres.
la
chronologie et
du
;
rcit.
Les dates,
les
en
effet,
l'aide
nous
de
avons
rtablies
des documents du
dpt
la
;
Marine.
l'auteur
La
narration de
Doublet
offre
trs
peu d'alinas
la
a crit quatre
ou cinq pages,
c'est--dire
cent
Nous avons
On
pour marquer
Doublet ne
au hasard.
du point
et
il
les place
Pour l'tabHssement du
texte,
maintenue malgr
du dix-septime
sicle. Elle
offre
du
reste plusieurs
particularits curieuses.
On
suppression frquente
une incertitude
verbes, enfin
la
un
effort
prononciaverbes qui
tion. Par
exemple, dans
les
noms
et
dans tous
les
se terminent par
un
^;(,
gnralement
comme un
ferm
Doublet
INTRODUCTION
au contraire
crit ces
le
21
finales
1'^
avec un
Il
ees
auquel
il
donnait
probablement
les
son de
ouvert.
semble
ainsi reproduire
sons de
la
le parler
provincial (i).
Nous
citerons les
mots
asss, alles,
nes, difficulUes ,
pour
assex^,
Quant
l'or-
thographe des
noms de personnes
et
de lieux,
tout en en con-
que possible
rtabli la
les notes.
ties.
Nous avons dit que le manuscrit se composait de deux parLa seconde que nous ne publierons point comprend 63
Elle contient le journal de bord
les
feuillets.
blet
dans
mers du Sud
et
une quinzaine de
baies
Coquimbo,
Arica,
Pisco,
Callao
Le voyage
mois de
voile au
les ctes
le
du
Brsil le
24
juillet
l'le
suivant, mouil-
Montevideo
8 aot, reconnaissait
dans
la baie
le
20 janvier
la
mer
et
toucha successivement Valparaiso, Coquimbo, Cobica, Chipana, Arica, Callao, visita Lima, dont
il
donne une
23
description
il
(fol.
47), enfin
le
novembre 1710
Il
pour
la
France.
1
dbouquait
du
dtroit de
Lemaire
le
12 janvier 171
le le
et arrivait
il
Cayenne
dans
le 3
22 mars suivant
entrait
(0 Quelquefois
mand,
il
emploie des expressions usites dans le patois norl'approche du soir; s'ivrer pour s'enivrer.
22
le
22
avril
171
1,
notre
que
le vaisseau.
fut
annonc
M.
Clairambault, ordonnateur
Lorient(i).
Ce
montant
la
somme
de 635,000 piastres.
Il
avait
son bord,
Conception (2).
A
les
elles
:
la suite
fait
de ce journal de bord, o
intressant.
il
aurait glaner
intitu-
plus d'un
Doublet a
transcrit
deux pages
Cebaldes
s'il
les
et
quoy
Il
dclare que
la
tait
moins
en ge
ces
que
le roi lui
voult accorder
permission d'habiter
celui de
la
les,
dont
il
l'tat
lui paraissait
il
meilleur que
Hollande,
s'y tablirait,
de grandes
utilites.
Doublet
dix annes
que depuis
il
avait
en
parle avec la
mme
mme
dans
les tentatives
dbutent
les
(i)
(2)
(5)
les
pices no* 6 et
7.
Arch. del Marine, service gnral, 22 avril et 4 mai 171 1. Il s'agit des les Sebaldincs, dans le dtroit de Magellan, dcouvertes
1599.
JOURNAL
AU LECTEUR
Amy
de
travailler ce petit
ouvrage
ce nest par aucune vanit mais plutost pour faire connoistre les
Grandeurs d'un Dieu tout puissant, qui du nant dont nous sommes
formes
il
luy a pieu
de fatigues
et advantures qui
la fin
me donner des forces pour soutenir autant me sont arrives ds ma tendre jeude mes voyages: depuis l'ane 1663 jusqu' ma famille et de mes intimes
contenter
je
nesse jusqu'
1
Ce
mes voyages,
fournir, ainsy
et
pour
les
m'y
suis apliqu,
ay travailler
a
ma mmoire
pu y
perdu
la
me
sont arrivs,
comme
lasuitte en fera
men-
styles et
je n'ay
ma
profession de navi-
ger.
amys,
et je n'ay mis
que simplement
mal
et
bons amys.
2
laisse
AU LECTEUR
un recueil de tous mes voyages, advantures
suis vollontiers et
Uments
mais
je
vous ritre
ma
prire
de ces beaux
la
tions
quoy que
de tomber dans
et autant fidelles
que
je
vous
CHAPITRE PREMIER
Colonisation des les Brion.
lonie.
Qubec; excursion chez les Iroquois. Voyage Terre Doublet est pris par un cor Neuve naufrage. Promenade Londres. Voyage au Sngal. Entrevue avecle duc d'Yorck. saire d'Ostende.
;
Voyage
de
la
co
Autres voyages.
Je ne doute pas que vous n'ayez entendu souvent parler que feu
mon pre,
(i)
sa gloire, se voyant
un grand nombre
d'enfants, restant
mon
de Rouen, dans
et
le
lles
de Brion
de Sainct-Jean,
dans
la
on obtint du Consseil
tenant
fief
etrelevance
isles
Et
il
fut
la
permis
mon
noms des
Brion en celui de
Madelaine comme
nomoit
ma mre.
(i) Franois t)oublet, M apothicaire, rue Brle Honfleur, n dans les vingt premires annes du dix-septime sicle, mort avant l'anne 1678 n aux pais estrangers o Reg. des dlib. munie. 24 mai 1679. toit employ pour le service du roy. il (2) Les les St. Jean, de la Madeleine, Brion et aux Oiseaux forment un groupe d'lots situs au nord du cap Breton, dans le golfe du fleuve St. Laurent. La compagnie de la Nouvelle France concda ces les Franois Doublet par lettres du 19 janvier i663-
la
pice n*
1.
28
1663
mon
pre
fut
pour y faire l'achapt d'un navire, du port de trois quatre cents thonneaux, qui fut nomme le sainct Michel, et en mesme tems il fit
achapt de plusieurs outils de charpente et autres propres pour deffricher les terres et pour travailler la pesche des
morues
et
des
neaux nom
le
Grenadin
et
comenssa Honfleuren 1662 avec beaucoup de prcautions, outre les quipages une augmentation de vingt cinq hommes
en
desti-
dans
les
hommes
leurs coupent
chemin du bord de
mer
coup de
la
petite
et
massue de bois
ec
seul
lve
peau
on en hache
les chairs
pour
les rduire
en cretons dans
des chaudires, puis l'on entonne les huilles dans des banques, mais
comme
le
verez cy-aprs.
fvrier
663 ,que mon pre chef et commandant sur les navires le sainct Michel et le sainct Jean, Brengier sur le Grenadin tant disposs partir
d'un beau vent d'amonts propre pour partir, l'on
tira
un coup de
pre
fit
canon ds
mare.
le
Mon
Les parents et amis y assistrent pour prendre cong les uns des autres, et quelqu'uns restrent sur le navire pour acompagner
mon
il
la
chapelle de Notre
Dame
de Grse
ce o
rade.
le
Et ayant
le
dessein de faire
(1), je
me
fts
cabane, et
me
(l) A dfaut de l'acte de baptme, cette indication permet de fixer la date de naissance de Doublet. Suivant lui, il tait g de sept ans et trois mois en fvrier l663 faut il donc reporter sa naissance au mois de novembre i655.
;
1663
29
Embarque embarla sparation que tous ceux qui doivent retourner terre, les dernires chaloupes vont partir. Et je ne remii pas de mon giste quoyque la faim me pressats. Je m'endormis l'agitation du navire jusqu' sept ou huit heures du soir qu'un nom Jean L'espoir qui toit contre maistre vint pour se coucher dans sa cabane o j'tois. Etant fort
il
fatigu
se
jetta
.
me
:
Et
se releva en grondant
ses bras et
ayant est
ma cabane ? Et je me fits conoistre. Il me prist entre me porta au bord du lict de mon pre qui toit couch fatigu. Il fut trs-surpris en me voyant et me demanil
je
que
aille
je
voyage avec
luy.
Il
nous rencontrons
et
il
au pays
qu'il
m'y renvoira,
me
fit
ala
je
meng
d'aptit sans
me
et
il
sentir
fut
meu de
mer,
et puis
il
me
fit
contrainct de
me
laisser faire le
me
renvoyer.
Et pour ne pas
my-may
la
grande
les
ille
la
Madelaine,
et
nous entrasmes
deux
navires dans son port qui forme un espesce de bassin, et noustrouvasmes une loge o estoient une vingtaine d'hommes Basques que le S"" Dants de Bayosne y avoit faits hiverner, et qui avoient bien
russy
la
la
recommandation de
M^
Denis
illes
S'.
l'ille
de nos
de
S'.
comme
pen-
et
emporter leurs
huilles qu'ils
(l)
Il tait fils
Nicolas Denis reut provisions de lieutenant gnral en Canada le 3o janvier 1654. de Mathurin Denis, cuyer, sieur de Fronsac, capitaine des gardes de Henri
III.
30
avoientfaittes.
\e plus
1663
l'abord
mon
pre
fit
Te Dcuni,
et les
de l'quipage
faire
voiles,
et l'autre partye
la
du monde disposoient
les
batteaux
et
fut
M^
commandement
mais l'on
faisoit trans-
et tout jeune
toit plus
que
j'tois je
la
du cabanage nomm l'habitation. J'y fts, remarqu bien que le dit Gagnard
s""
propre
famillier et trop
doux envers
en divertissoit plu"
abondant
et
et
dont
la
la
bonne chre
ne mnageant pas
survenant
Le
dit
s""
Gagnard
et plusieurs syvroient
;
subordination
je revint
au port et en
mon pre
bonne
que
le-
mais
les
gens
le
tournrent de ce
et
il
n'en
vit
Sur
la fin
le navire
du capitaine Sopite,
mon
pre
fleur. Il
Philippe Gaignard tabli chirurj^ien Rouen avait prcdemment rsid Honle neveu d'un capitaine de navire de ce port, Thomas Frontin, beauLion de St.- Thibault dont les navires le rle>iiy et le St.Picrre effectuaient chaque anne un voyage Terre-Neuve. -- Reg. de l'amiraut. Voy. aux additions la pice n 2 du 23 avril i6()3.
(l)
Ce
tait
1663
3I
tous ces
retiroit
tiers
hommes
moins
marins
qu'il
qu'ils feroient
pendant
il
mit son
et le dit
Canceau,
sieur
menaces
et puis
beaucoup infrieur en force d'hommes on en seroitvenu aux mains, mais mon pre quoyque trs prompt luy reprverbaux
et
s'il
n'avoit est
senta qu'il
falloit
examiner
les statuts
de fondement,
examin
le
Sr
les
d'aoust et nos
L'on
faire les
tablissements et que
les huilles
et
La
de dcembre 1663.
la
de
(i).
Nous
la
partismes du port au
trs
mal
traitts par
des
Madelaine,
et
ayant
tir
Mon
pre
Un
acte d'associ-.aion du
Franois
Gon
sieur de
Quinc
ploitation des les de la dans l'opration, car il parut devant ses comptes avec Franois Doublet.
fvrier 1664 avait t pass entre Franois Doublet, Claude de Landemare, marchands Rouen, pour l'exMadeleine. Ce dernier, Claude de Landemare, tait dj intress
l'^''
et
les
Il
tabellions de Honfleur
lui
le
3o
mars,
1664
et
fit
revenait pour
le
livres
l5 sols 3 deniers. -- Reg. du tabellionage de Roncheville. la ligne suivante, Doublet a crit nous partismes du port au commencement
de
Mars
la
dans l'acte cit ci-dessus son pre s'engage partir pour un nouveau voyage mare du lendemain, c'est--dire le 1"' avril.
;
32
1664
sements
et
pendant
l'hiver.
reles
portes des maisons arires ouvertes et que les vents y avoient pouss
de dans
et
dont
il
y en avoit
il
toit
aim
les
qui auroit
mon
raporter plusieurs
d'utile, et
tint conseil
morues y restent plus de tems. Nous abandonnasmes cette entreprise qui avoit donn lieu de bonnes esprances et nous arivasmes l'ille Perce vers la
o
il
l'ille
Perce, o
les
Nous y trouvasmes avec plusieurs navires le capitaine Sopiste qui nous raconta avoir pass avant nous l'ille Madelaine
my-aousi.
et que, n'y ayant trouv
il
non plus que nous ses gens ny les nostres, l'ille Perce, o il avoit apris que nos gens avoient mont dans deux de nos barques Qubec peu aprs nos dparts pour France ils s'ennyvroient tous les jours
avoit pris le party
de venir
jouant aux cartes et dez pour des verres de vin et d'eaudevie, et lorsqu'ils n'en
ils
Basques, ce qui
les
prsents.
fit
Mon
la
pre
et
dresser le raport de
moins que de
potence
pour nos malheureux coquins, d'avoir mis ruine une aussy bonne
entreprise sy elle avoit est bien seconde.
que
l'on peut
la
retirer, et la
y eut
fit
commencement de
l65
VOYAGES AU CANADA
33
Homme
au
rcit
et
Enl'ane 1665,
nadas
(i),
mon
pre
fut
demand par
s'il
la
compagnie du Ca-
vouloit entreprendre
pour eux d'aler Qubec sur un de nos vaisseaux qui armoit au Havre, en quallit de commissaire le long des costes de fleuve de
S'
Laurent, pour
y faire
de Gaspre
(2), et
qu'on
hommes engags
ce subjet,
comme
aussy un ingnieur mineur allemand de nation, et qu'on leur fourniroit un interprestre pour s'entendre, tous aux gages de la dite
les
instruments et
vi-
Mon
l'ingnieur avoit
4000
fr.
et l'interprestre
le
600
fr.
Mon
pre accepta
party,ce
qu'il n'auroit
la
pas
fait
cy-devant. Lorsque
le
navire fut
une chaloupe
je fits sy
vint pour y porter mon pre qui se tenoit tout prest bien en sorte que je le gagn et ma mre pour me laisser
commandoit
le
nous fusmes conduits au bord de ce navire que fameux capitaine Poulet f]), de Diepe. Nous trou-
compagnie de la Terre ferme d'Amrique rorganise par un dit du 28 de compagnie des Indes Occidentales. {2) La dcouverte de cette mine concida avec le dpart de l'intendant Talon pour le CaJugeant que la dcouverte des minraux ou riches ou de basse estoff tait un point nada. essentiel aux affaires du roi, Talon obtint l'envoi au Canada de quarante travailleurs. La compagnie les recruta en Normandie et elle en confia la conduite Franois Doublet. En outre de plomb, l'ingnieur-fondeur prtendait trouver de l'argent la cte de Gaspe; cette prtention paroist fonde, crivait Talon. -- Arch. de la marine, Canada, 22 avril, 27 avril et j octobre l665. (3) Ce marin originaire de Normandie, est rest inconnu. Toutefois la correspondance de Talon, intendant au Canada, et les dpches de Colbert en font mention. Au mois de novembre 1670, le capitaine Poulet ou PouUet se trouvait Qubec. Cet homme savant par une longue habitude et une exprience acquise de bas aage et devenu habile navigateur, proposa de tenter la dcouverte de la communication de la mer du Sud et de celle du Nord par le dtroit de Davis, ou par le dtroit de Magellan pour aprs avoir
(l) Il s'agit
de
la
le
nom
ic
doubl tout
le
34
1665
deux
Roy
;
(i)
et
dont
les
foins
pour
les norir
ocupoient toutes
vingts
filles
les
places
quatre-
et puis
de
No.
Notre traverse
et dix jours
Qubec. M", de Tracy (2) toit gouverneur, M'. Talon (4), intendant, de la Chesne-Aubert (5), commissaire gnral de la compagnie. Lorsque mon pre eut communiqu ses ordres, on
pour arriver au
vice-roy,
M^ M^
de Courselles
(3),
affin
de nous por-
avec tout
le
Le
13,
nous arivasmes
et nous dbarquasmes au
Gaspe,
le
et
logemens
cer dans
et fourneaux.
le
Ds
qu'en firent les sauvages naturels du pais, qui en faisant leur feu
servir
de che-
en dcoula du plomb
qu'ils
la
De
beaucoup
l'on
de ce mtail
comme
en Angleterre. Le
l'avoir
six
de septembre
3
mit
le feu la dite
mine aprs
creuze de
pieds en profondeur
d'Hudson. Son dessein, en outre, tait de percer jusqu' Chine par l'un ou l'autre de ces endroits. Arch. de la Marine, Mmoire de Talon, 10 novembre 1670; Lettre de Colbert, fvrier 1671. (Colonies, Canada). (1) Le dbarquement des chevaux que le roi envoyait au Canada causa un grand enthousiasme parmi les habitants. A l'exception d'un cheval donn M. de Montmagny prs de vingt auparavant, c'taient les premiers qu'on y voyait. -- Ferland, Histoire Ju Canada,
t.
II, p. 3(5.
(2)
Alexandre de Pourville, marquis de Tracy, reut le ig novembre l66i la commission de lieutenant-gnral des armes du roi et les fonctions et pouvoirs de vice-roi en .Amrique. Dcd gouverneur de Dunkerque le 28 avril Uijo. (3) Daniel de Remy, sieur de Courcelles, reut commission de lieutenant-gnral en Canada le 23 mars l66b. (4) Jean Talon, ancien intendant du Hainaut, l'administrateur le plus minent que Louis XIV ait envoy au Canada, reut la commission d'intendant la Nouvelle-France le 23 mars i665. (5) Auber, sieur de la Chesne ou Chesnaye. Nous croyons que des liens de parent l'unissaient la famille de Doublet, dont
fille
le grand pre paternel avait pous Marguerite Auber, de Richard Auber, receveur du duinaine de Ronchcville.
1665
et
VOYAGE AU CANADA
35
homme
tuez et un
qui eut les deux jambes amportes et trois autres lgrement blesss, fautes iceux
avoit indiqu.
A deux pieds
de n'avoir voulu autant s'loigner qu'on leur profonds cette minne promettoit beau-
coup, y ayant trouv huit pouces et 4 lignes de face. Cependant aprs qu'on l'eut fait sauter et dcouverte en sa profondeur desdits
3
2 pieds, elle se
notre ingnieur, disant que toutes les minnes qu'il a perces seule-
Du
15* au 24"
septembre
l'on pera
du cost du Septentrion.
Il
et aprs
que
au
la
4''
minne
fut
ouverte
il
ne s'y
la
Du
27*"
octobre
fut
ouvert dans
surface
neuf pouces
et trois lignes, et
28''
fut
ouvert du cost du
2
couchant, ou dans
et
la superficie
marquoit seulement
pouces 1/2
rsister
Qubec,
logemens pour
Nous partismes
mineurs.
le
jour de la
S'
Nous arrivasmes
Qubec
dcembre, dont
il
toit
la rivire
se glaoit.
Mon
pre
fit
son raport
Au printemps
1666, aprs
le
dbordement des
glaces,
M^
le
Vice-roy et intendant
(i)
Le sminaire des
du
2''
jsuites de
'ttres patentes
Qubec niars-6.
fut
fond par
M. de Laval-Montmorency
suivant
$6
l66j
que
le
R. Pre Chaumonot
(i),
jsuite,
aux besoins
fidelles,
le
et
les
sauvages
in-
dont
mon pre
Iroquois.
Nous
maux
le
Ce
voyage
trai-
falut
encore hiverner,
et
au printemps
mon
France sur un navire apartenant M'". Grignon, de la Rochelle, qui avoit hivern Qubec, tomba d'accord du prix de son passage et du mien, et pour des pelletries dont il avoit est pay pour ses
gages.
Nous
partismes de
Qubec
le
le 8"
de
May
1667
le
et
poussasmes
(2)
banc vert
et
grand banc
nous enfermrent sans pouvoir nous en dgacbles le long de notre navire pendants
entre
bord
le
navire ne fut
crev. Les
vux
deux jours
Nous continuasmes
qu'au dernier bout, et puis nous y mismes ensuite toutes nos voiles de rechange toutes fresles, et en trois jours elles furent aussy
consommes,
navire nous
et la rverbration
la
froidures insuportables, et
notre
manqua
tout d'un
et
nous dbarquasmes
et sa
sur les dites glaces sans avoir eu le temps de sauver aucunes bardes.
rechange d'habits
robe
(i)
d'une grammaire,
Pierre-Joseph-Marie Chaumonot, mourut Qubec le 21 fvrier 1693. II est l'auteur d'un dictionnaire et d'un catchisme en langue huronne; la gramles
maire seule a t publie. (2) Ces termes que Doublet emploiera souvent dsignent nord de Terre-Neuve.
et
au
1667
37
du
froid.
Le
pilote
du navire
voyant
jette
le navire
couler au fond, et
voilles
deux petites
Nous
on sauva quelques coutilles et paneaux qui avoient flott, ce qui nous servit de plancher soubs la tente pour mettre notre pain et nous retirer tour tour
dessous pour y reposer. Nous ne pusmes o alumer du feu. Nous tions reigls sur chacun 4 onces du pain sauv, et la nuit les matelots tuoient
avoit trouves
de notre dbris
Ton
mauves
et
des
commencements nous en sucions les sangs et puis les foix et sur la fin on s'acoutuma manger leurs chairs crues, et de jour autre il nous mouroit quelque de nos hommes.
gros margaux qui dans les
navires, et
et
Les jours on se disperoit de tous costs pour dcouvrir quelque de plus sy on avoit pas agi coure le grand froid saisissoit
on
toit gel.
glaces, d'un
temps trs-brun
deux matelots, ayant fait environ deux lieues sur les onze heures temps s'claircit, et j'aperceu un navire pas plus loign d'une lieue, qui aparament par la brume n'avoit pas veu le pril o iltomboit car il venoit dessus je cri navire, navire, mes chers frres . Les deux matelots et moy s'aprochant de la mer vers le
le
:
sauvez-nous
la vie .
l'air
Nous
pour nous
;
navire ayant aperceu les glaces revira du bord pour s'en carqu'il
ter,
les pleurs
et la
mita un bas-
Le dit
la
en estt de
pre
envoya son batteau avec deux hommes l'on fit embarquer mon pauvre cher
:
demy
mort, puis
le capitaine et six
38
JOURNAL DK
Jl-AN
DOUBLET
librateurs,
1667
Ton renvoya
le
ch iloupe reprendre
le reste, et
grand
banc.
Nous perdismes
hommes
par misre, et
trois qui
mengdu
Ce
la vie toit
un olonois pour
la
couroit au banc
moins de demie
heure,
il
comme nous
dans
les glaces.
L'augmentation de 26
cun par jour et deux verres de leur boisson ordinaire, ces pauvres gens dirent que nous aurions tout et autant qu'eux, et le firent, et
pour
et
les soulager les bnit.
les
Dieu
conssoma son sel et prit sa routte pour Nantes o il nous dbarqua Pain Buf. Et mon pre se voyant dpouill de tout ce qu'il avoit pu gagner emprunta un de Aprs ses amis Nantes de quoy nous reconduire au pays.
par jour, et en douze
et
quoy,
il
fut Paris
contre
mon
inclination
ma mre
j'appris
(i),
il
soubsunnom M'. Chabot prestre, et aprs quelque temps en 1668, que mon pre s'toit rengag dansla compagnie du Sngal
qui ne voulut plus
me
me
laisser tudier,
prit
en
ma
place un de
mes
que moy. Je
luy,
les
doit
un navire pour
et
la
terre neufve
de me prendre avec
pust
ce
qu'il
m'accorda;
manire ne pouvant
le
rien
rigoureux pendant
voyage
afin qu'il
me
rebuter de
la
mer
pour que
mon
dit capitaine
ne manqua oas
qu'il y avoit
de plus
Cl) La compagnie du Sngal tablie en 1679, fut runie la compagnie des Indes en 1719. Ses districts s'tendaient depuis le cap Blanc jusqu' la rivire Serra Leone.
1669
fatiguant, et je ne
PROMENADE A LONDRES
39
la
me
neuvre et
la navigation.
ma-
1669
(i).
L'un
mand un
avoit
augment sa fortune
fils
et
aisn
il
luy
fit
bastir
un bon navire
et luy
en donna
j'tois
comandement, et ayant est camarade d'colle, et que plus au fait que luy il me proposa d'aler avec luy et que je
la 3"
serois
il
mon
loyer
m'a-
cordoit
il
me
de sa mre qui n'y auroit pas conssenty tant trs avare. Et pour
abrger discours, nous fusmes prs de sept mois sur
et
le
grand banc,
;
la
les
vivres nous
manquant nous obligrent de revenir, et tant arrivs jusqu' l'entre de la Manche, les vents de Nord-Est nous contrarirent
et boissons,
voltigeants d'un bord sur l'autre pendant cet espasce, nous nous
et
du Havre, Diepe
et
mesme
disette sans se
pouvoir assister aucuns, et nous faisions tous nos efforts pour relascher fut-ce aux costes d'Angleterre ou nos costes de Bretagne,
et lorsque
entirement opos
et
l'un ou de l'autre, le vent y toit aprs avoir bien debatu nous gagnasmes en
prit
vue de
l'ille
de Wic. L'on
il
n'y eut entre tous les capitaines qu'un qui dit bien
l'entre
en connoistre
du port, qui
s'
toit le capitaine
(2)
pour
pilotte le
Bougard
qui a
fait
Flam-
(1) Dans le ms. les pages qui suivent sont enregistres sous la date de l6(5g. La date exacte est 1676; les faits cites permettent de l'tablir. (2) Nomm lieutenant de frgate le 23 octobre 1689; capitaine de brijlot le l<^'' janvier l6q3. Tu sur le Bon en mars 1694. Il a publi le Petit Flambeau de la mer o le vritable guide des pilotes ctiers, (Havre, I73l, in-S").
de Bougard, et a laquelle le pilote-hydrographe cit par Doublet vivait Honfleur au milieu du dix-septime sicle: Elle professait la religion rforme. Nous pouvons citer Marie Bougard marie Jacques Lelou, avocat; .M" Bougard mdecin et Judith Le Prvost, sa femme, qui abjurrent en novembre l685 ainsi que dix-sept autres religionnaires. Reg. du tabellionnage d'Auge, 7
famille du
Une
nom
appartenait
peut-tre,
l'tat civil,
nov. i685.
40
beau de
la
1669
mer et qui depuis est parvenu estre un des premiers armes navales de Sa Majest et fait capitaine de brlot. Nous fusmes tous nos navires soubs la conduitte de ces deux conducteurs pour entrer par la pointe de S"-' H eleine de la dite isle et comme
pilotes des
c'toit sur le soir et
que
la nuit
s'aprochoit
la
ils
alumer un fanal
et
marcheroient
Mais
ils
se tromprent
les
estre dessein
de marquer que ce
soit
il
mesme
de tous costs que cris et lamentations, et par un bonheur les vents calmrent et la mer, ce qui empescha le perdition totale des corps
et biens, et qu' la
cun se
resta
flotte
mare suivante du lendemain au matin un charechaprent de leur mieux de dessus les bancs, o il n'en
trois
que
dont
les
regagna
larade de
Holande.
Chaque
demandant des
il
lettres
le
Dans
l'intervale
arriva
la
rade de
S"^
une es-
le
duc de Vivonne, o
qui
M"" l'admirai
dans
la dite
l'un
des
et
latin
comme
nous estions
les
aprs-
(i) Sur la partie est de l'le de Wight, au large de Portsmouth, au nord du port Brading. Cette rade peut contenir tous les vaisseaux de la marine anglaise. (2) Le combat de Palerme est du 2 juin 1676; 12 vaisseaux hollandais et espagnols furent incendis, ainsi que la galre rale et quatre autres galres. L'amiral espagnol Flors
et l'amiral
hollandais de
Han
Quant
le
1669
PROMENADE A LONDRES
la
4I
bire
;
M'
Rui-
me
demanda
et
que
je les
Tun des capitaines de ces pauvres terneuviers, pouvois tous assurer de sa paroUe que sy le vent nous
et
nous; ce que
je
Tun de l'autre. Et me mesme auberge du Grand Ours sur les deux heures d'aprs midy, et mon capitaine par timidit ny voulut retourner, et je n'y manqu pas, et le trouv qui me dits qu'ils m'attendoit. Et aprs avoir bu une canette de bire
nous nous sparasmes pour
le
et
busmes
pria
landemainde me trouver
il
quoyque
braves et tout ce qu'on peu d'obligeant pour une nation leurs adverses.
Comme
Madame
dit
que
duchesse de Porsemuths
en
ville.
l'honneur
d'estre
sa mre, mais
de cette
dame non.
que
je luy
Il
me
ferois
habillement.il
Et m'engagea d'y
cour
me rpond : Bon c'est comme l'on aime les marins. aler, Nous la trouvasmes entoure d'une grande d'officiers comme tant matresse du Roy d'Angleterre, et tour
que
j'tois
tour elle receut les compliments d'un chacun ainsyde M'' Ruiter
qui eut la bont de luy dire
et qu'il se
plaisoit
connu de
Madame
ma
sa Mre dame me
questionna sur
fit
Madame
Mre
la
et
connaissant
justesse nous
peu bas
Or a, faut demain venir disner avec moy, Ce que nous ne pusmes refuser.
ny manquez pas.
Nous
(l)
y fusmes. Aprs
le
disner
le caflf fut
gleterre, avait
Louise de Kerhouent, duchesse de Portsmouth, matresse de Charles II, roi d'Ant amene de France, en 1670, par Henriette d'Angleterre, duchesse
d'Orlans.
42
JOURNAL
DI-;
ji;a\
i)oui5Lj;t
1669
avoit vu
demanda
M' Ruitcr
s'il
Londres
>>
dit
que non.
Et vous,
me
dit-elle.
Non madame
il
y
('
sy proches
tous les
faut
que vous
disant ne
vent.
deuxen
H. bon, bon,
dit-elle,
Je vous presteray
ma chaise deux et mon cocher, et prendrez logement dans mon hostel. Quoy des jeunes gens. Enfin elle nous gagna par ses belles manires, elle se mit au jeu qui nous donna
!
lieu
de
sortir sans
et
Ce seigneur craignoit la dpence comme tous ceux de sa nation moy pour n'avoir en pareille occasion rien pargn, je n'en avois
Il
pas.
fallut
Il
penssertous
les
deux comment
faire
faire et
comment nous
dgager.
me
dits qu'il
ne pouvoit
ce voyage qu'incognito,
que sy M^" les Etats Gnraux le savent que se sera pour estre disgrasci. Je luy dits que l'odeur de M'" son pre toit forte en Holande et qu'il avoit beau se couvrir, en disant qu'il aloit s'emboucher avec M'" leur Embassadeur qui toit son oncle, mais que pour
moy que
en
faire,
j'tois
cependant que
que
je
ne l'abandonnerois pas. Et
la fin
fut sy
bas de
me
dire
les
que
j'en
payerois la moitti et
deux
tiers.
Sur quoy
je fut
emprunter dix
un marchand
nomm
M'"
la
Londre
et
L'Angel Ruiter
fit
toujours servir
la
chaise de
Madame
Winsorts
et
du-
S'
Jemes
et
dont
aprs neuf
bienfai-
jours et
trice.
Peu de jours ensuitte, nous arriva S"Hleine deux frgattes du Roy de 24 et 18 canons, soubs les comandements de M""* de
Gravansson
(1) et
S'
Mars Colbert
tait orij^inaire
(2),
que
les
intresss de
(1)
Le capitaine Giavenson
le
1*''
de Nantes.
Il
fut
promu
seau
janvier
ihh-j
capitaine de
frgate en 1671
et
capitaine de vaisseau
mars
(2)
itSyJ.
Noy au Havre
en
1671).
1669
DOUBLET PRISONNIER
la
43
de Quilbeuf o estoient des pilotes lamaneurs pour chacun de nous et aussy des vivres pour tous nos quipages, et on nous ft sortir du port de Porsemuts pour nous joindre
proche de nos frgates, pour
prendre cong de
m'assurant que
partir
la rade de S'" Heleine du premier bon vent. Je fut
Madame
la
Duchesse
et
son amy, en
ariv
le
en
Holande,
de M'"
et
que sy
veux
11
fera
mon advancementdans
service
les Etats
et sur toutes
mes
nouvelles, et
que
de nos convois de
aprs nous.
Le
17% au matin,
5
6 lieux
de nous
et les
voille
et furent
mouiller
rien craindre.
trois navires
de nous
mesme
ment, ayant leurs pavillons blancs qui nous donnoit lieu de croire
que
c'toit
le
pris qu'estant
quipages prest
aperceusmes leurs canons et leurs nous donner leur dcharge sur la moindre de
arborrent
les
nos
rsistances, et
pavillons
d'Ostende
et
nous
totsoby, et nous
firent tous
proche
la
rade
Comte
leur vue. Il est vray que les trois navires d'Ostende toient beaucoup suprieurs, ayant le vaisseau lePallculde 5 2 canons, le Castel-
Rodrigue de 36
et \aJiisUicede 24,
se retira,
taine de frgate en 1675, obtint le grade de capitaine de vaisseau le 7 fvrier 1678. le i"' juillet 1721, chef d'escadre honoraire et mourut prs de La Rochelle, 22 janvier 1722.
44
la
JOURNAL DE JHAN DO U
15
L HT
et
l6j2
nous conduisirent
escalins
on nous distribua
chacun deux
valant
moy
et
qu'un justau-
sans pieds, et de
premire lieue, et
ficelle.
pour bonnet
causa bien
le
Bel
me
j'euts
je fus
cause par
que
fit
j'avoie souffertes, et
flte
pandant
l't je
me
rtabli la sant, et
se
l'armement d'une
nomele Chasseur,
mon Nous fusmes au Sngal charger 150 ngres et de la compagnie, et fusmes l'ille Cayenne dbaret
peu de
l'indigot et
du rocou
et
l'isle
de
quoyque
au quatreiesme
d'octobre, ce qui
fut
la
tout extraordinaire.
Nous
chous
la coste, et bien
des
qui rsistrent sur nos cbles, mais ayant coup gnralement tous
des autres, et
possible avec les dbris des mts de ceux qui avoient pry et aussy
des autres. Il revint d'autres navires dans cette rade, et nous achevasmes nostre chargement de sucre etindigot, etsur lamy-novembre
ille
(1) Ordre du roi aux officiers de l'amiraut de Ronfleur pour leur dire de donner les congez ncessaires au capitaine du vaisseau le Chasseur qui est charg d'armes et de victuailles destines, par la coinpagnie des Indes occidentales, aux colonies franaises du Sngal et de Cayenne (20 mars 1672.) -- Arch. de la Marine, Colonies, anne 1673,
fol.
3i.
1672
et
DOUBLET PRISONNIER
et tant au
45
dbouquetoit
ment un
grand
qu'il
de
la
cong de nous, disant avoir trs peu de vivre esproit tant seul de se rendre en France avant ) jours,
voilier prit
i
et et
en moins de
trois
heures
il
il
gagna plus de cinq lieues de l'avant de fut surpris d'une grande voye d'eau qui
et n'ayant
aucun canon
il
fit
plusieurs fuses de
secouru. Nous y fusmes et sauver l'quipage, et le navire coula au fond en trs peu de temps.
Nous continuasmes
coup de vent
de
la
Merot
fut
nomm
mais ayant
le lan-
de Brest,
il
nous ratraprent
il nous une tem-
et peine
loisir
que de nous
officier
mettre vingt
hommes
de
la
navigation, et n'avoient
le loisir.
Nousentrasmes
embarass, mais
dans nostre
Manche o
comme
il y aloit de la vie, je le radressois sur les sondes qu'il ne connoissoit pas, et un soir, nous nous trouvasmes proche de Por-
tlanden Angleterre.
dtourna dans
la
Il
aspiroit
de relascher
l'ille
de Wic,
je l'en
les
enlever eux
mesmes
de
communiquay
le
dessain
plusieurs
notre quipage dont nous tions rests encore vingt deux, contre
21 holandois
dont
la
espontons toient
et les
mdit
la
chose toit
facille,
46
1672
parloit holandois et
je fts fort
trahit
et
cauze que
mal
que
trois
de mes gens
leur tois
auxquels on trouva
utille
les
armes caches,
ils
et sans
que
je
pour
dans
la la
navigation,
qu'ils
m'auroient
jette
mer.
Enfin conduisant
en
moyen
corssaire qui
la
mesme
il
port,
il
s'aprocha de nous
voye
et
frir et
auroit
gagn plus de
tant au travers de
chacque 24 canons ne nous marchandrent pas, tant d'union avec la France, nous prirent et nous conduirent aux Dunes et nous
creusmes en estre beaucoup mieux
contraire,
ils
et soulages, et
les
ce
fut tout le
Flessinguais et
de vaze pendant
six jours
pour
connoissance des
eflfects qu'ils
enlevoient, se doutant
qu'il faudroit
ils
dans
les
poches d'une
Ils
vieille
Holendois
le
nous
ils
Dunes que
les trois
la
7" jour-
ne
et
dans un pauvre
nous fismes
pour
heures du
Nous fusmes
survint
le
de
me faire charit
et
mes camarades de
le
de nous procurer
questionner,
il
passage pour
me
et
il
qu'on nous
de
la
comdie,
notre chirurgien et
Franois
de
"Ville
canonier et un
et
nomm
contents de
16^2
DOUBLET PRISONNIER
Lorqu'on nous rgala au
le
47
nous y aprismes
adress, et sur
ma
que
hardiesse.
c'toit
palais,
M.
Duc d'Yorc
de
la
(i)
que
je m'tois
il
les 8
heures
qu'il revint
comdie,
:
dit
Qu'on me
?
fasse
venir ces4franois. Et
commena
gueux
suis
.
vous
et
parament vous
a
Je luy
;
Non, Monseigneur,
voil notre
il
je
de bonne famille
et
proche parent
j'tois l'crivain
le
du bord
et
M^
chirurgien et
premier
et
segond can-
nonier, et
eu l'honneur de parler
votre Royalle
la
fosse
Holandois deux
jours aprs notre prise, et on nous a dpouilles ce que les holandois nous avoient laiss sur n'ay pas seu cela. Et de
nous
Il
se tourna
Ho, ho!
je
quoy toit charg votre navire? Je tira de ma vieille poche l'tat du chargement et il le donna lire un Lisez haut et puis dites comofficier ou secrtaire, luy disant ment l'on ne m'a dit, qu'il n'y avoit que du sucre et du coton.
:
et
deux
tristes et abattus et
me
disoient
M. Maret et Ah
:
!
mon
scay
dit.
Je ne
pas, je jasois
comme nous passerons la nuit ou demain. Cela ne m'tonna comme un peroquet, tantt avec un page et tantts
le laquais.
avec
Et quant ce
que
vint
je
dits:
Il
gastions
le dit
de sy beaux
son Altesse
lits,
On
et
il
Ce jeune homme
donne
Ce
qui fut
et
(l) Plus tardJacques II, roi d'Angleterre, l685-l688, 2 de France. Doublet reviendra bientt sur le duc d'York aida ce prince dbarquer Ambleteuse, en 1689.
de Charles
il
et
48
et je
1672
pauvre
M. Maret
faisoit
des lamentations.
bre un tailleur qui
Ds
prit
le
ma mesure;
frize,
chambre,
et
je fus rabill
et sur les 8
les
me
venir seul et
me
dits
Mais
Holandois
et le
qu'il
y avoit
notre et la
de bon,
Je
dits
Pardonnez-moy,
ds leur
fait
monde
et enfournir paine et
et
demain
je
M.
le
Dauphin
nous
prisonnez et casses.
vint advertir
voulus pousser
la
civilit
bout. Je
Il le
demanda
altesse.
permit et on l'habilloit
faire
il
me
ft
donner
six
cus de
le
France
et
m'ordonna, d'aler
ses compliments
M.
marse
quoy monarive.
Je ne manquay pas
taine
et
m'entrouvay
ma
route
il
M.
Dunes
et le
ramena
Honfleuravec une
me
suis pas
inform
comme
l'on a trait
pour ce qui
(1673).
fut vol,
le sieur
Sansson eut
la
ra-
men son
30 canons
offre
nom
\e
Florissant pour
compagnie de
Mrique,
il
tait lieutenant
Charles de Galonn, marquis de Ccur'ebourne, d'une famille ancienne du Boulonnais, de roi Calais et non gouverneur. Le gouverneur particulier de Calais tait Armand de Bthune, marquis puis duc de Charost, n en 1640, capitaine des gardes du corps du roi, duc et pair de France, mort en 1717. Le marquis de Courtebourne servit Calais jusqu' sa mort, (octobre I(H)3). On lui accorda le grade de marchal de camp par brevet du 2() mars I(i52 et par la suite une commission pour commander \ Hesdin et la lieutenance de roi au gouvernement de Flandre en 1993. Pinard, Chron. hist. mil., t. VL p. 35l.
(I)
1673
49
commena
Sansson ne
le
monta
Acher du Havre, qui eut le commandement et nous fusmes une belle flote de 34 navires ayant pour convoy la frgatte du Roy, le Hardy de 36 canons. Depuis notre dpart de la rade du Havre nous fusmes batues des mauvais vents contraires, l'espace de deux
mois
et
demy
cun de nous
divis
de
la
flotte,
fut
mais nous y trouvasme des corssaires de Flessingue, qui nous atale sieur Despestits-Patin, crivain du Roy sur le Hardy
et
les corssaires
laschrent
M. de
la
Roque
de San-
tiago, au
Cap-Vert.
faisoit les
eaux
la
praye, et devant
la ville
les
voiler
ils
et dis-
flotte plus
de deux cens
hommes,
et j'ay
demy
aprs y
illes
avoir bien
dpenc de
et
de
Mrique,
Nous
Brenger, capitaine de navire du port de Honfleur, commandait le la (1) Jean Marie en 1669; le Chasseur en 1673 et 1674; le Saint-Pierre en 1677]; le Saint-Anloine en 1681. Arch. de l'amiraut de Honfleur. Rapports de mer. (2) Capitaine de briilot en 167^ et enseigne de vaisseau la mme anne, il fut mis la Bastille le l5 dcembre 1679. Elargi trois semaines aprs, il fut fait lieutenant de
vaisseau en 1682, capitaine de frgate le l"' janvier lgS et 1" janvier 1703. Il fut tu au fort de Gambie, en Guine, le 6
capitaine de vaisseau
le
novembre 1703.
50
soubs nostre
le
1673
mesme convoy, prts partir pour France, lorsque temps se prpara une branche de houragan, quoy qu'au 2"
octobre
comme nous
avions eu
le
4''
au capitaine Acher
qu'il seroit
bon de
il
porter au
loin
notre
me
peur
qu'il
me
boucheroit
il
le
dits
Bon, nous
gaster
billon survint
n'toit
Le tourplustems
les
cayes ou
Nous
heures
il
y prismes 27 hommes. Je
tre-mestre sur
la
me
poupe qui ne
la
se
aprs
le
vent cessa et
chaloupe du
Hardy nous
la faute
sauva, et
n'y
de notre brutal de
je
fait
mesme
et
Dieu
luy
pardonne
de m'oster de sa chambre
de
la
dissenterie se communiqueroit
ou son
me
traita l'ordinaire
Le pain et
l'eau vint
man-
comme un
une piastre
allions
mangeoit des
cuirs, et j'ay
pay pour un
rat
;
valant 68
s.
moy
nous
dessain d'atrer Bellille et en tant 20 lieux nous parlasmes advertit que l'arme de Holande y prendre et sans quoy nous y allons nous livrer plus de 50 navires richement chargs. Nous tournasmes le bord pour Brest ou en deux jours nous y entrions, mais on nous prit pour
pour
la
tiroit
sur nous,
pavillon
M. De
la
le
holandois
enfin
1673
5I
me
rtablis
un peu avant de
me
CHAPITRE DEUXIEME
Il enseigne les prinDoublet embarque sur l'escadre de M. Paneti. navires chargs la navigation son comirandant. Prise de 22 Doublet passe second lieutenant sur V Alcyon, command part de bl. Son sjour l'cole d'hydroSon loge par M. Paneti. Jean Bart.
cipes de
gaphie de
Dieppe.
Il
est
reu
pilote.
combats, prises
et blessure.
Lettre de
la
Diligente
Croisires.
Voyages en Portugal.
Les pirates de
Cependant
merre ny
j'avois l'ambition
;
ma
quoy qu'avec mon incommodit je cherchois voyager. Un nomm M. De Lastre (i) de Dunquerque, qui avoit commandement d'une frgatte du Roy pour estre de
la famille
l'escadre de
M.
le
Pannetier
(2), vint
Je
fts
le
3"""
trouver au Soleil
pilotte.
je lui
11
(3)
il
me
dit qu'il
Nord
me
l'accorda. Je
partis
conduite de
qui
nous trouvasmes
l'escadre de
M.
(1) Ce capitaine, quoique chirurgien de son mtier, avait appris l'art de la navigation dans ses voyages maritimes. En 1673, g de 38 ans, il commandait une frgate de 10 pices de canon, quipe de 100 hommes. Arch.de la marine. Service gnral, corresp. d'Hubert, intendant Dunkerque. (2) .M. Paneti, brave hommeet bon manoeuvrier, dit M. Jal, devint capitaine de vaisseau le 3i mars 1(365 et chef d'escadre le i"' novembre 1689 ; dcd le 26 avril 1696. Arch. de la Marine. (3) Auberge u o pend pour enseigne le Soleil d'Or, rue du Puits, Honfleur (1676).
1673
sortir
l'escadre de m. paneti
53
du
port.
la
Vipre, de 18 canons,
gamelle, ce
fut trs
et notre capitaine
me
tint
paroUe
et
me
je fut rduis
chagrin, et je
me
Taptit,
bord du
nomm M.
Prevosts
me
que je ne mangeois pas avec mes camarades. Je soupirois et je m'empressa de luy dire qui me tenoit dans cette tristesse. Un nomm Castor Crestey lui dits que je
n'tois pas
demanda
acoutum
pre,
Il
le
queset
ayant
instruit
nomm mon
quel
il
M.
Prvost
dit.
Ah
je
Tay connu,
et
ay
le-
Et en fut entretenir
M. De
dits
Latre avec
familier.
et
M. De
lui
Latre luy
de m'ameiner
et
dans
vois
sa
chambre,
me demanda
Je
dits
qui j'tois
ce
que
j'a-
me
la
chagriner.
que
je
plaignois
mon
Il
sort
de ce que
et
que
la
dits
si
ne faut
homme
la
se rebute.
Il
me demanda
que
je savois
de
navigation,
et je luy dits
que
lote.
si
les principes,
Il
puisque
je luy avois
les
sont
dificiles
d'apprendre.
les
qu'
un
homme
six
d'esprit
comme
le
il
luy, je
je
luyaprendrois
en moins
la
de
semaines, et sur
reigle.
champ
fit
luy en
donna ouverture ds
le
premire
Et
me
souper sa table et
lendemain
et
nous commenssasmes
travailler,
o
la
il
prit
du got,
il
me me
je
dit
que
j'avois sa table
il
pendant toute
campagne,
sa
me
prit
en
affecfit
tion et
me
fit
faire
chambre, ce
L'on
qui
moments de son
trs-bien,
aloit
loisir,
fit
luy
profitoit
plusieurs
ma
capitainerie
du canot qui
me procura
de bonnes nipes, dont au retour de notre campagne j'en- fits de bon argent, et je m'quipay trs-honnestement et modestement et
54
JOURNAL DE
JEAN'
petit
DOUBLET
butin
1673
Delatre son
mon
Madame
pouse
ils
me
pri-
rent tous deux sy fortement en affection, qu'ils m'obligrent de loger et manger chez eux en me disant qu'ils n'avoient d'autre
la
soubmission et complai-
En
que
les
Holandois attendoient
le
M.
Delastre de son
mon
la
naviga-
ponctu-
ellement les brasses d'eau et les fonds des sondes connastre les courants des mares
qu'il
me
dits
plusieurs fois
'Vous vous
fati-
guez trop
dpart, tant sur le banq aux Dogres, nous avisasmes deux vais-
la
chasse, et
reconusmes estre
avions
aussi
les
convois de
Hambourg avec
66 canons,
l'au-
lesquels nous
tre
54.
guerre.
L'un
avait
M,
notre
commandant
n'avoit
mer
pouvions
les
comme
le
pot contre
le
ils
la rivire
d'Elbe, l'entre de
Hambourg.
prit r-
M.
le
mer s'augmenta
et
ne pusmes les
Nous perdismes 14B hommes surnotre escadre, sansplus de cent estropis, o j'euts pour ma part le bras droit rompu en deux par un clat, qui me prit au travers du cost et me culbuta en bas
aborder.
1673
55
;
du chteau d'avant o
lut
il
nous
fa-
abandonner
la partie.
Nousfusmes
mer Baltique, charge de froment qui toit trs-cher en France, nous nen prismes que vingt et deux navires leurs convois se sauvrent et la plus grande partye dans un havre de Norvgue et nous amenasmes Dunquerque les 22 navires, qui y causrent
la
et
bien de
la joye et mesme jusque dans Paris. Nous trouvasmes le fameux M, Jean Bartqui
i)
venoit de recevoir
le
auquel
Roy
luy don-
na
le
comandement
de
la
me fit l'honneur de me demander pour son segond lieutenant. Je n'tois encore bien guri de mon bras ny de mon cost, je m'excusay sur cela, et que je ne ferois rien sans l'agrment de M. de Ltre auquel je devois tout. M. Bart en fit ma cour M. de Lastre et luy dits J'aurey plutots finy ma campagne que vous ne serez prts sortir
ments, lequel toit prt sortir du Port, et
il
:
je
je
rentray chs
mes
ne leur
dits rien
de
la
proposition,
du repas,
la
dame me
M^
fait
Bart n'eut
la
dit
que
c'toit
M. de
Latre prit
M.
fait
Bart qui
l'a
demand
et a
j'ay
pour luy.
revienne
moy
et
M.
Bart. Et je conssen-
Le 9
de particuliers
et le 20*
II) Jean Bart fut fait lieutenant de vaisseau le 5 janvier 1679 capitaine de frgate le 14 aot 1686 ; capitaine de vaisseau le 20 juin 1689. Il fut anobli le 3 aoit 1694 st !"' avril nomm chef d'escadre le 1697. Arch. de la Marine.
;
56
1674
la flotte
gros de
le
des
relascher avec
M.
Panetier et nous
donnasme sur les deux convoys, l'un de 40 et l'autre de 24 canons que nous prismes et toute la flote de 36 grosses fltes que nous aconduismes au port de Dunquerque ce qui redoubla les joyes des
peuples, et les bleds diminurent bien de leur haut prix, et notre
campagne ne
lescadreet
fut
le
que 37
jours.
Nous trouvasmes
et
notre arrive
M.
la
mer,
et
M.
le
commandant Dunquerque obtenu de commander VAlcion dont il dmonta M. Bart, et avoit on luy donna la Serpente de 36 canons, et M. De Lastre monta la Sorcire de 30 canons formant cete escadre de M. Le Panmarquis Damblimonts chef d'escadre
netier
toit
5
de 8 frgattes
convenu,
et
M. De
Ltre
me
prits
avec luy
comme
il
et je fus
Nous
sortismes
le
de mars pour aler aux isles Orcades et celles de Froe, tout au nord d'Ecosse, esprant d'y rencontrer les vaisseaux venant des Indes Orientales. Mais aprs avoir bien essuy des tempestes
sans rien trouver, nous fusmes la grande ille de Hitlant (i), ou il y a de trs bons havres de toutes mares pour nous y espalmer, nos btiments tant trs-sales et ne marchoient plus, et l nous y aprismes que les Indiens que nous cherchions y avoient pass il y
avoit dix jours et dvoient tre rendues en
mandant
il
que presque tout poisson et de mauvais pain d'orge troupeaux de moutons et chvres, ils ont quelques
mtisse dont
ils
et d'avoine
la
laine
ets
ville
ils
appellent
de mchantes bourgades, pauvres maisons basses o leurs besleurs if-n^s ;vec eux et ils puent comme des boucs t vix sont
f^
;
.,,
.
...v
o..
.1
,j.j
.e^-
jC
il
la.L
ils
peschent
quils
qu-.ntit
de niorujs
la
gele,
nomment
(i) Iles
nomment
l'Angleterre. Les
cartes
modernes
les
1674
ches et
les harestes
ELOGE DE DOUBLET
ils
57
les
il
n'y a
faire
un
menche baley,
etc.
espalmes
le
M. Le
Pannetier nous
et le
fit
remettre
mer,
et
fusmes entre
et
dans
le
repas l'on
savent
lire
ny crire
et
les
bateaux
Lastre
M. De
bonnement
J'ay
mon
avec
M.
march soubs
les
eaux tant
il
en
mes
mais aussy
ft
et
toujours
vous
pre
Comment l'apelezM. Pannetier luy dits me noma et dits Je say ce que c'est. Son ? Et envoyez-le chercher, je le veux entendre. a est mon amy
: ;
Le
armement
Baert
iroit
que lescadre
en deux,
et
que
celle
de
M.
M. De
M.
les
Baert et
les
aloit aler
Gronland dans
fatal
les glaces
chercher
baleiniers.
je
Ce
que
fut le
le
coup
pour
mon
capitaine et
moy quand
paru et
commandant m'ordonna d'aler sur le champ apporter son bord mes hardes et qu'il auroit bien le soin de moy et au retour
me
lut
feroit
avoir
nous deffendre,
luy avec
un
vous ordonne
de
Il
la
part
du
Roy,
il
fal-
obir
et sa
je
et
commencement de
les
Spitbergue
soubs
aucuns aliments,
Norvgiens, et sous
domination du
58
JOURNAL
I)H
Jli.W
DOL'BLET
1674
nous
pris-
mes
de deux, qui
leur pays
bruslamessept,
;
quipages dans
Maloins y avoient est qui avoient pis que nous, et en faisant notre retour nous prismes au Nord d'Ecosse un navire holandois de 24 canons venant de Portugal richement charg,
les et
on nous
aprits
que
M.
emmen
;
trente
le
deux convoys
payes,
je je fts
ainsy
et bien et
oblig
M.
de Latre de
mon
M.
du Roy Diepe
je voulois
(1), affin
Il
me
perfectionner davantage
me demanque ce
je les
tenir l'cole
de Marine. Je luy
je
dits
n'toit pas
ma
cela
me
mon
dpart que
ferois gardains
Je leur
qu'il
fit
me
dgager d'avec
M. Le
Panetier, qui
me
dits
et
au dsarmement
ils
me
campagne,
m'aprouvrent
trs-fort.
M.
et
me
Il
me
me comena
Sphre,
les
mares,
les
hauje
teurs, le quartier
de rduction
et l'chelle
angloise, etc.,
que
que
les sinus,
je
tangentes et lorgaritsmes.
Sur quoy
il
me demanda
ce que
me
ainsy
il
eut la
d'hydrographie de Dieppe De Beaurepaire, Recherches sur Didier Neuville. Etablissements scientifiques Je /.i 111. Marine (Revue maritime). Le Dpt de la .Marine, srie des Ordres du Roi, 21 novembre 1671, 3o septembre 173, 4 janvier iGjb, b janvier et 4 juillet 1671).
(1)
Consulter sur
l'cole
l'instruction fublique,
etc..
t.
1675
bont de ne
59
triangles
me
Il
m'aprit les
les calculations
en moins
de
trois mois,
que
je
voulus
le quiter
tablir maitre
ma
petite fortune.
Et
dans ce tems
qui
juin 1675, j^
M. De
Lastre,
me
M. Le
me
faira
Cependant je ne savois quoy m'en tenir. L'envie d'aler gagner de quoy et ne pas dpener ce que j'avois me fit donner lecture de ma lettre M. Denis et demander compter. Et il me dits
:
Qu'alez-vous
;
faire
vous
tems o vous
trois
faites bien
que dvorer ce que vous venez d'aprendre trop promptement pour bien retenir servez-moy comme un prmois
;
vous n'avez
vts de sale
mes
coliers, cela
;
vous
fortifiera fonds,
et je
ne
veux
rien
de votre pension
et je trouveray
dits
me
commande
tier.
moyen
je
M. Panneje
Je luy
que sy
la
luy faisois
Il
que
resterois
en continuant de payer
avec
penssion.
rpliqua
Vous
la
;
m'obli-
me
ce nombre d'coliers
la pierre.
dont
la
pluspart ont
dure
comme
apris
Enfin
je
ce qu'ayant
mondit sieur
le
Pannetier montra
M. De
Lastre un brevet de
:
Puisqu'il
je le
donneray
un autre qui en
j'en avois
il
six
pay
trois,
en quitant
je
me
fts
de toute imposibilit de
mesme
par
la
sur de
M. Denis
frir les
qui
examents
que cela ne
je
me proposa qu'avant de la quiter que j'euts souet me faire recevoir l'admiraut pour pillote et me drogeroit en rien ains au contraire, et que je luy
honneur
et qu'il
ferois plaisir et
me
l'avoit plus
tout ce
que
je
semble s'en
convia pour
moy
60
1676
et 4 pillottes, qu'ils me quiestionnrent de tous costs, et leurs aprobations je fus enregistr devant M""* de l'admiraut. Aprs
toit prestre et
que
je
payats
avoit
le traiteur et
rien
de ce
qu'il
partir
le
mon
le
Madame
que
landemain en disant
qu'il faloit
je leur aidats
tendresses rciproques.
Je me rendis Dunquerque pour la veille des Roys, 1676, chez mon ancien capitaine o nous rgalasmes avec les parents et amis, et me conta qu' sa dernire campagne une de leur frgate prit
sur le banc des Ysselles, et que toute
l'escadre y penssa prir
M. Le
qu'il
il
avec
luy
et
me
conseilloit
pas
de paroistre
sitions
sitots
me
faire et
me
le
tint
me
moyen de
deux jours en suspend, aprs quoy il ses amys il me vouloit faire capi-
de 14 canons
nomme
la
Diligente. Je
luy dits
que
pos,
cepandant que
et
il
comandement,
me
Je
le
M.
le
dpendance
la
il
Ainssy
il
s'intressa sur
Diligente et
me
fit
aprs quoy
je fus
saluer
M.
l'intendant et
M. Le
Pannetier, qui
me demanda
mon absence
rien
d'o
je venois, et
qu'il
fait
que
j'avois
de frgate du Roy,
il
en avoit obtenu
placer
et
que par
n'y avoit
il
avoit
et
M. Domain,
mais
qu'il
de perdu
que
faisant
commandement,
que des
venir de
et
que
le
j'tois
engag pour
dits
commander une
qu'ils m'avoient
frgatte
fait
particuliers m'avoient
subjet.
Il
Diepe pour
donne et Cela
:
<(
1676
est
je
CROISIRES
le
beau de quitter
service
me
Je sortis du port
page
et
la
Texel
et
le
sortye des
baye de
Hull au
dite
nord d'Angleterre
dans
le
mais
baye quoyque trs-dangereuse pour ses bancs de sables, il en sortoit deux moyens btiments que je prits tous deux
terre
;
chargs de charbon de
d'tain et 150
l'un
plomb et trois balots de bayette ou flanelles, et les amarinois pour Dunkerque. Et tant au travers de l'Ecluse une frgate qui sortoit
de Flesingue de 18 canons voulut m'aracher ma proie, je fis dpasser mes prises en avant de moy et je l'atendis pour la combattre avant
qu'elle
elle
les
loisir
s'chapper, et
dsempaelle,
me
trouvay bless
par un coup de
fusil, et
dont
il
n'y
je
ne m'aperceut
l'un d'un bras
qu'aprs
le
combat
tuez,
et
que
j'tois
remply de sang,
blesss, dont
de mes
la
hommes
deux estropiez,
de
7*^.
moyennement
il
craignois le plus,
se trouva
la
une cor-
plus petite
je les
tems de
empescher;
je la
la
conduit
falut
que
j'entras avec
ma
frgate
pour
raccomo-
me
faire
petit
voyage
il
62
1676
M.
Tlntenje
marine, et
comme
il
tant
le fus saluer.
Aprs quoy
en
me demanda
et
tion
dits
j'avois
Hollande
paine
que
j'avois
me
venoit,
except
Il
M. de
amiiti en Angleterre.
:
il
la demanda son secrtaire et me la rendit cachete dizant Voyons ce que l'on vous crit. Je lui redonnai sans l'ouvrir, et me dit Ouvrez et la lisez haut. Je la leut et luy donnai
:
voir
si
je
que
j'avois
de
l'aller
trouver,
si
il
me
procureroit
ma
fortune en
me
je n'tois
l'tat
j'eus
me donner M. l'Intenle commandement Voudriez-vous prendre les armes contre le Roy et dant me dit me dits: et estre tratre l'Etat. Je protestay que non Je vous dfends d'avoir plus de commerce de lettre avec ce M.
trouver et
qu'il toit
dans
de m'avancer
il
Je
lui
demanday seulement
finie et
la
permission que
je
peuts rpondre
plus crire que
me
guerre ne fts
que cela me
feroit
lui
prjudice et que je
donnerois
ma
lettre
qu'il
communiquer avant
de l'envoyer, ce
ma
mon
bien
quipage,
je
sorty du port
surlandemain
je
fus
penssrent
neige et
de
trs rude, et
nous avions dj
rade de
je repris la
trois
pieds d'eau
ils
dans
nottre calle
quand
j'ariv la
m'aban-
croiser, sur
barils
j'en prits
;
un qui
quarante-deux
je l'envoyai
un tlton
28 pipes
et
de plusieurs caissons
1677
d'orange et de citrons, et
CROISIRES
je la
63
soute par
la
grande
eau que nous eusmes lorsque les Anglois m'avoient chass cydevant,
il
me
fallut
rentrer et dsarmer
la
frgatte.
Je ne pus
ma
nous
telots
aucun ma-
que M. Bart n'eut acomply les quipages de son escadre, et aprs quoy je fits en peu de temps la mienne, ainsy que deux autres frgates de mes confrres, et sortismes de compagnie et
douze jours aprs nous fusnies trs mal
nous sparrent. Je couru vers
les
traits
de
que de
;
prir,
mais
le
mente
d'aler
j'aperceu
semblant
Et aussi tots
qu'il
fit
de
la
lune, sur
4 heures du matin, nous en eusmes connoissance, et ne l'aprochasmes pas plus prs, et le jour venant nous fusmes aprs iceluy,
les
neuf heures,
et c'toit
que que
de
l'ille
les
du vin;
la
Meuze o
je
fts
ma
prize et s'en
empara
et
de 24 me batoit en ruine et m'aborda et ne sauta que 3 de ses hommes dans nous, et nous dcrocha ayant son mt de beaupr
rompu
et
le
luydonnay
de
la
dcharge de nos
tuez et
canons
soubz
de
mousqueteries
et
celle
hommes
nous
falut rentrer
au port
sorty avec nous avoient pry corps et biens, et que l'autre toit
faire sa
En
mars,
1677,
je
ressorty avec
ma mesme
frgatte; je
fits
plusieurs
moyennes
mes gens,
n'tant
^4
de valeur,
1677
et elles furent toutes reprises je parcouru aux costes de Norvgues sans y rien trouver, et m'en revenant pour dsarmer je rencontr plusieurs navires marchands holandois, lesquels
avoient trop de force pour que je les peus ataquer, tant affoibly
de
mon quipage
me
dgousta de retourner avec un navire d'aussy peu de force, me ressouvenant des hazards que j'y avois encourus, et lors que je
l'eus
dsarme,
je
remerciay
MM.
les inthresss
la
par l'advis de
mon
me
promit
M. Pan-
netier quicomandoitr'/roi7ic
de 40 canons.
sur la
fin
Nous
sortismes
six frgates
de may,
fait
nous fusmes
rien
de remarquaet
quoy
1678
l'on
la
En
juillet
cour ordonna
M"
Le Pannetier
je
Bart
de r'armer
et Faril
et
retournay avec
mon premier
iles
y atendre les Indiens dont on avoit advis de leur retour pour Hollande, mais M" les Etats toujours bien adviss, avoient
lotes costiers
envoy audevant plusieurs galiotes bonnes voilires avec des pipour les bancs et des rafreschissements et vivres,
nous donasmes plusieurs chasses sur ces galiotes sans en pouvoir
tira
tions. Et y ayant
illes
que
il
et
que par
maladies
ils
Bree Vertin
sans rien trouver, cela nous unis tous en consternation. Les vivres
nous manquer et
des
prts
sur le banc
Dogres,
estre
nous
creusmes
tems porte de nos canons et ils furent bientots rendus. C'toit deux pinasses de 7 Boo thonneaux, avec un
en peu de
36 canons et l'autre 30, lesquels
venoient
de Suirinan
et
Cuindi-
rassao
chargs
de
bonnes marchandises
comme
sucre,
les
Campesche. Nous
escor-
t679
CROISIRES
6$
o nous dsarmas-
mes
de
la
tous, et on
parloit
de
la
paix, et la fin
du dchargement
et
en avoit
le
brusler
32
et
Mars de 40 canons,
ces
et le
de
et
24.
Le Roy ne
faisoit
armements qu'en
est
vue de
des marchands
fit
considrable pour
la paix.
Hollande,
et
demander
la
nouvelle de
la
paix
avec
la
Hollande
et
An-
Les deux dernires prises que nous avions amenes toient d'un trop grand port pour nos marchands de France, le
conseil
ordonna de
les
les
y vendre, tant trs-propres pour les voyages du Brsil; M'' de Latre eut cette comission de les conduire et de les vendre, et un
nomm
du
dit sieur
nous
lest
partismes de
et
Dunkerque
nous
arrivas-
mars
et
pour en pargner
pour
le
Roy
la
vente,
et
il
me
pria
de
j'avois
mis de
mon
vente, et qu'on
mon
Je
:
vits
un peu
dans ce penchant
et plus
luy
dits famillirement
prcieux a
il
consserver, que
:
l'honneur
tu as
me
dits
Mon
enfant,
bien raison, je
et t'estime
d'avantage. Et je
fut
travaill
exactement
et trs-fidellement
Desgranges
66
JOURNAL DH
JliAN
DOUBLET
1679
pressement leurs
leurs dits
offres,
que
j'avois
l'esprit, qu'il
faioit faire
sourdement coure
qu'ils
le bruit
que
les
marplus
en faisoient
et
offrir
de quinze
nous en
offroit, et faire
remettre les
tirer
mts d'hunne
en tat
d'apareiller,
fut
les ex-
pditions pour
sortir
du port. La choze
dits
trouve bonne,
offroit
et
on nous
:
dj mil cru-
et puis
encore 500. Je
Il
faut faire
sortye,
et
comme
nous tions soubs les voilles, il vint nos bords une chaloupe avec un ordre de M"" Desgranges de remonter nos places, sur
ce
qu'il
avoit conclu le
march des deux navires. Nous ne poula mare que nous avions atendu baismouillasmes
le
les
ancres et dits
s'il
M'
Delastre
Alez trouver
(2) et
M'
que ne
fasse savoir
et
conssentons
vente
que nous
s'expliqurent,
o nous obtinsmes
livres,
cents
cruzades de chatrois
et
secrtement
taires et
Consul me donna cent cruzades pour mes paines des invenpour l'advis que j'avois donn. Je prsentay mes cent
cruzades
mon
seulement: M''
pour que
gages, et
je
vous
les euts
Puis l'on
me paya mes
M'
Delastre mdit
11
(i) Belem, bourg de Portugal, sur le Tage, deux lieues au-dessous de Lisbonne, au devant duquel on voit une tour. C'est auprs de cette tour que les navires mouillaient en attendant leurs dpches. Doublet crit indiffremment 7V/fm. Btetim, Balem el Rc-
lem.
(l) Terme de commerce maritime. Chapcjii Je iiwritc, ou simplement et plus ordinairement, chapeauy gratification accorde par convention au capitaine d'un btiment de commerce, qui remet bon port les marchandises charges fret, (Littr).
1679
VOYAGE EN PORTUGAL
67
pour retourner enssemble Dunkerque o nous verons ce que nous ferons pour Tadvenir. M"" le Consul nous engagea nous
deux souper chez luy, car l'autre capitaine toit une vraye cruche pour ne pas dire beste sur la fin du repas M" Desgranges me demanda si je me proposois de retourner en France, lui disant que ouy, et Qu'alez-vous faire au commencement de cette paix
;
l'on
:
ne
Il
sait
M""
De
Latre
prit
lapadits
:
rolle
ne
pas dsuvr.
Et M" Desgranges
j'ay
me
Sy vous voulez
elle est
commander
bonne
icy
une caravelle o
et
intrt,
fait la
poupe en frgate
mais
elle
maste aussy
six
de mesme
et autant
voilire,
n'a
que
canons
>>
de priers, voyez l;
elle est
Et
les
je luy
de savoir
bont de
sentiments de
mon amy
et
m'acompagner en faire la visite. Je la trouvois mon gr except son peu de dflfence contre les Saletins o Ton est fort expos mon capitame m'en reprsentoit les dangers pour m'en dgouster, et il me reconnu y avoir du penchant. Il me dits Vous Je fts retrouver M' Desgranges en ferez ce qu'il vous plaira.
;
:
>>
il
destinoit.
Il
dits
pour aler
Il
me
ceux de France, car soubs pavillon de promit que n'aurois pas acxept. Nous convnmes pour mes gaPortugal, je ges, ainsy je me sparay de mon capitaine et fits en peu de jours
mon quipage
Biscaye
l'on
et
chargement,
et
fit
heureusement
avoir fait
le
voyage de
et retour
Lisbonne, et aprs
et pareil,
ma dcharge
fait
car j'chapay
:
deux frgates de Saley lorsque je faisois route pour Biscaye, tant au travers de Tamina, en vue des isles de Bayosne en Galisse,
me donnoient
la
chasse.
Je reviray de bord et
de 'Vianna
(i)
et
barre y est
lieues au-del
est situ
68
mer y
la vie
1679
au hazard de
contre-mais-
demie;
je mits tout
pour
la libert,
mon
Je
mon
pont
la
rochers par-dessus
cher avec leurs chaloupes cause des boulets de leurs canons qui
me
je
surpassoient, mais
la
le
port et
et
mon
souffrit
beaucoup,
la
que
creu perdre
la
avec
remarquay plusieurs coutures entre ouvertes dont l'toupe en sortoit et point de secours des gens du pays, je me fis
aporter des chandelles de suif qui toient molasses par
la
chaleur
et
dont
les
je les
crasant avec
mes pouces
la
dans
ma-
mon
coutures se resserrent sy fort que toutes mes chandelles parurent sur l'eau et que je ne m'arestay pas les
represcher, mais
bien faire
calle
ma
dont
le
premir rang d'en bas des caisses de sucre fut endommala ville,
quoyque
petite
qui est une des plus agrables que j'ay vues, tant pave par de
grandes pierres de
taille
de
trs belles
fontaines
Mi-
parisien
et ingnieur
le
ville.
aussy connois-
(2),
dont
le
est
up autre havre
citra le
(1)
suivantes.
On
les registres
des Ordres du Roi du dpt de la Marine plusieurs Voyez notamment la date du 20 juin i(>8y.
let-
(2)
1679
VOYAGES EN PORTJGAL
Portugal. Je fus 15 jours avant de
6^
dit
Roy de
port,
pouvoir sortir du
du Cap Pinas, un petit matin, j'aperceut un navire qui aparament ne me vit pas; je serayde bord et au jour il me chassa vivement. C'toit un de ceux
et faisant route
pour Bilbao,
le
travers
qui
me
fit
Ribadios dont
proche, et trois
jours aprs
la rivire
je reprits
ma
et
de Bilbao,
encorre trs-agrable.
CHAPITRE
Explosion d'un volcan. Les Pirates d'Alger. Voyages aux Acores. Dcouverte d'un banc de rochers. - Naufrage. Voyages Madre. Voyages la cte de Voyage l'Ile de Tnriffe; excursion dans l'Ile. Supplice d'un Juif. Doublet rsiste aux sductions de Mc ThierBarbarie. Autres voyages Ste-Croix-de- Barbarie. Les Maures attaquent ry. Retour Cadix puis en France. Mazagan.
1681.
les illes
voyages toutes
Assores pour y charger des bleds froments et les porter Lisbonne, et dans mon premier en vue de Tille de Saint-Michel
j'chapay heureusement par adresse d'un piratte de Sal,
seroit
ce qui
ennuyeux
est
rciter.
je fts la
Dans le segond,
tres,
les au-
un bon vesch
presque
et
un colge de
jsuites et plusieurs
trois ordres,
une
bonne
tastre.
citadelle
imprenable
par sa situation
qui forme
ne pou-
la ville
un amphi-
la
sortie
de ce port,
je
fts
au Fayal
pour y charger
des sucres qui y toient arrivs du Brsil et finir mon chargement d'excellents vins de l'ille Pico nomms vins passades qu'on apelle
vins
du Fayal, mais
la ville
il
l'ille
du
Pic,
et
proche
un volcan creva
dont
au haut de
la
et les ruisseaux
de feu en dessendoient
les recevoit,
un cart de lieux de
ville
on
toit
etbithume.
Notre
consul toit
Gdon Labat de
l68r
tit
7I
consul
pour
les
n'avoit voulu se
sus-nomms
de
d'aler avec
eux
que possible
le dit
me
survindre
mon bord
la
j'aurois est
le
lorsque
le
soir je
succs,
qu'ils avoient
est
montagne
le
et qu'il se
et
dont
le
plus
Abraham
pour
et le
les
reste
et fatigus
d'avoir raport de
leur
mieux
Et
je
retournay Lisbonne,
le
en
peu de jours
je fts
rquip
porter
pour
l'ile
faisant je devois
de
Terciere
Don
domestiques.
Etant environ cent cinquante lieux en d'une
frgate de 36 canons
mer,
je
fus rencontr
(i), et
nomm
avec
le
la
Rosier Dargel
voix,
il
plus
me
fit
comandement
son bord, ce
mes
voilles et d'aler
ma chaloupe
fallut faire.
Aussitt que
je fus
Maures
un sabre
assis
les bras
clair
comme
me
conduisirent au
tapis,
Reys qui
toit
comme un
tailleur sur
un beau
faisoit
me
Provence qui
4 hommes,
bord.
Il
toit
et
bien une
douzaine
l'avoir bien
passeport dont
fit
porteur, et aprs
dire
part que
la
Cl) Le Rosier d'Aller. Le ms. porte Dargel en un seul mot. Plus loin, Doublet crira correctement Alger; plus loin encore il crira Argrins pour Algriens. Il dit encore Europiers pour Europens.
72
1681
que
j'tois
Je luy
dits
certain
du contraire
et
que
j'en tois
deur. Et pour
me mieux
intimider,
me
fit
dpouiller
mon
justau
Et ses gens
lui
dirent
avoir
trouv
dans
qu'il
ma chambre un
avoit
cinq
six valets et
ft
de
chasse,
et qu'il faloit
que ce
Vos gens ne
Et sur Je dis
pas.
se
cela,
dits
Prends garde,
11
me ment
la
jettez-moy
mer.
rpliqua
Non, non,
je
tegarderay mieux.
le
Tout
mon
passager et tout
jeu,
reste ne l'toit
pas moins.
Mais mauvais
bonne minne.
Aprs m'avoir bien tourn sur tous sens, il me fit rabiller, et me donna un verre d'eaudevie et me voulut engager fumer. Je m'en excusay disant que je n'en avois pas l'usage. Ensuitte il me parla luy mesme en langue franque demy Espagnol et Franois corompu Sy tu veux avoir ta libert, et que j'entendois trs bien. ton quipage et ton navire, faut que tu conssente par crit que
il
Je
telle
luy dits
Vous avez
la
moy que
et
sy je
faisois
pendu
que
11
je
m'estimerois bien
me
dit
par deux
?
fois
Tu
Oui
devant vostre
Dey
qui
me
fera justice.
Et
:
le
me donna un
souflet
lgrement en disant
parles au Reys.
de
la
jambe
Je
Le Reys
donne
dits
la
L'on
s'y prparoit.
au
Roy;
Seigneur,
coutez.
Cet homme
cets de
ma
nation
l68l
reni,
(i).
73
:
Il
Va
moy.
six rles
semblant n'en
et
nous retournasmes
btiment
et
soir lorsqu'il
nous relascha,
le
et
nous
le
en perdismes
la
beau de voir
me baiser
les pieds et
;
aussy ses
libe-
Santo, santo
Deux
tempeste pendant
tagion se mit
16
jours;
nos vivres
manquoient
la
con-
mes
deuxime jour qu'ils estoient pris par un seignement de neez. Mon chirurgien fut le premier des nostres mort la deuxime journe, mon pillote ensuite en un jour plus personne ne voulut se hazarder d'aler tirer deux morts entre ponts, j'y fut les atacher une corde et criois ceux de haut
roient au premier et
; :
Hisse.
comme un
de nation,
Mon
l'ail,
me
pilla
du
vieil
oingt,
de
du
sel,
de
la
poudre
;
canon
j'en
la
et m'apliqua sur la
penssay perdre
l'esprit
m'atachay
que
et
je faisois traindre
par deux
;
hom-
mes de toute
creva ds
la
leur force
l'abcs
mesme
;
nuit,
mon
vnitien
me
lava
avec du vin
presque bouillant
je
me
j'avois
perdu
je re-
mon
mon
mal
je
poussois au hazard et
la
terre
que
Port port et
Viana o
j'avois
est. Je
poussay dedans en
tirant
(\) C'est
un rengat de ma nation.
74
chaloupe de
JOURNAL
pillotes
Dr.
ji;a\
doublht
i68i
et je
de
la
ne
mon bord
crainte de leur
com-
muniquer notre contagion, je leur donnay une lettre ouverte et trempay au vinaigre pour M. de l'Escolle, o je luy donnois advis de nostre malheur et le suppliois de sa protection et ses pilotes la
receurent ne sachant
lire le franois,
ny qui
la fut
je
Tadressois.
Ils la
communiquera
M""
Marquis Desminnes, lequel ordonna de nous mettre avec notre btiment dans unecrique, deux lieues loignes del ville, entre une pnisule de sable dserte de toutes maisons plus d'une lieue autour de nous, lequel
me
fit
dire
que lorsque
j'aurois
quelques
besoin de mettre
mon
pavillon en berne, et
il
que
l'on
dbarqueroit sur
la
pointe et o je metrois
M" de
mes
et
lettres
Saa
moy
lui
de sa protection,
et
il
nous
fit
que
rien ne
nous manquera
Il
fit
et
que
Don
Miguel de l'Escole
se
toit
retourn Lisbonne.
poser
des sentinelles pour nous empescher communication avec ces habitants, mais
il
fit
peur de
tirer
dessus,
et
en
me manda de
tirer sur
fits
ceux qui
fit
redoubler sa garde. Je
et
dbarquer des
de sable
et
fits
deux tentes
mousse.
l'une
Il
moy
joiirs
et notre
me mourut un
de notre arive,
le
et
de nous sans
noistre ceux
du pays,
le
restant
moy
il
que
et
rafreschissements et
tures
deux communautes de religieuses nous acabloient de confiet conssomes. Au bout de quinze jours M'" de Saa et
crivismes une
advis que
airer
lettre
civile
moy
nant
et
M'
le
depuis
nous estre
le
dbarqus sur
avec l'eau de
pninsule
fait
notre navire et
laver
la
mer tous
lSl
les jours et
VOYAGES A MADRE
75
tat
de repren-
me
manquoit.
nous
fit
et qu'il
me
faloit
rester jusqu'aux 40
toute satisfaction.
jours, et aprs quoy nous aurons Cependant au bout d'un mois il se fit aporter
et
nous aprocha de
fort
mmoire de tout ce
prs
s'adressa au seest
me
faudroit pour
mon
voyage,
pour ne
crtaire
me
mon
aprs
parent et
la
mon amy;
je
M"" de
Monsieur,
comme me dlivrer de la captivit vous seriez surpris, et vousmesmes ne me conseillerez pas de le quitter . Et luy conta en racourci l'histoire, et dont M'' le Marquis me donna des
sy vous saviez ce qui nous est ariv avec un navire turc et
mon
capitaine a agy
louanges et
qu'il
deux
il
saletins, et qu'il
fit
et
me
finie, je
les provisions
du contenu en
secrtaire
faire
le
provision de volailles et
et
moutons sans
j'en avois
les
prsents de M'^
Marquis
le
ma chambre
M"'
de ce
vivres, et le
trs fort
comptant ce
la 39'
comme
faisoit
un
port et la barre,
obtnmes notre cong tant tous en bonne sant, et en sept jours nons arrivasmes Angra,
ville
7^
1681
M""
de Saa en
sidrables
toit originaire
et sa
famille qui
toit
des
plus con-
dans
Tille,
et racont
nos
advantures
acabl
part
j'estois
caress
estim
d'un
chacun;
j'estois
de
prsents
de table sans
trois
de Vienna.
le
Ayant en
dbarqu ce qui
party pour
toit
pour
l'ille
me
rendre
du Fayal
le reste
64 caisses du sucre et ensuitte aler l'ille de Madre y recevoir dmon chargement 250 lieues loign, et fus 17 jours
m'y rendre,
8
lieux
et
en dix jours
j'eus fait
mes
expditions.
Et ayant
trouvant 7
party en faisant
ma
le
route pour
me
rendre Cadix,
me
dans
Nord-Est de
mer,
Porto-Santo
d'une
prit,
frmillement de
comme
lit
forte
mare
mes gens
pas.
li-
de poissons, cela ne
la
me contenta
je
Je
fis
mettre
la
chaloupe
mer
je
et
gne
et
16 car-
de grande drisse
de gayac
et la cheville
ayant 7
le
le
embarquer
et je n'en eut
il
que
la
et celle d'un
survint
du vent
ma
route. Cets
me
cite
dans son
(1)
livre intitul
Le
petit
Flambeau de mer
(2).
Ile
(2)
On
en
effet,
dans
le
Petit
Flambeau de
ta
Mer,
p. 371
7682
(1682).
VOYAGES A MADERE
J'ariv dans la
77
le 8^ janvier;
baye de Cadix
je
fust
terre trouver
la
M.
me demanda
sy je savois que
adress
qui estes-vous peste y estoit, Jeluy dits que non. ? Je luy dits il m'y fit conduire. C'toit M. Bonfily et
>>
;
A
:
me
dirent
H mon
et
Dieu,
mon
bord
part
mettez soubs
voille la
la
rivire
de
Siville,
Et
je
sur-le-champ et
la
le jour
pa-
ruts. J'tois
extrmement
las et
fatigu.
Je
dits
mon
pilote,
qui c'toit luy de veiller, de continuer d'aler au large jusqu'au point du jour, mais
res
il
il
la
fit
revirer
que
je
heures
les
je fus
rveill
roches et
d'entendre
chambre tout
effray, je crie
Et sortant de
ma
ne
voilles.
Mais
je
trouvay de tout
mon quipage
me
servoit dans
ma chambre. Mon coquin de pillotte qui s'estant jette dans ma chaloupe avec mes
rent avec
Anglois de nation
matelots m'abandonn-
ce seul garon,
fils
du capitaine
ceux de
secourir
Pelvey, d'Honfleur.
Et
je criay force
de voix
mon
et
le
qu'ils seroient
arrivs terre de
m'envoyer
chaloupe
s'il
et quel-
me
navire
se
le
peut
navire
demy
du matin,
lorsqu'il vint
deux
Baramda, entre de
rive
la
rivire
de
Siville.
coup
que
sitt
le
vert et dpiss.
arrives attachrent
un
mon bord
n'avoit au
Il
de Porto-Sancto, il se feroit trouv fur un Banc de Roches, o il que l3 pieds d'eau, et qu'il y trouva encore quelque dbris d'un Navire qui y avoit t perdu, et que ce Banc est de la longueur d'un Cable en largeur, et autant en longueur; c'est quoi ceux qui naviguent cet endroit doivent avoir gard. ^
du milieu de
l'Isle
plus profond
78
1682
et ce qu'ils pula
et pillrent toutes
rent enlever,
mer ayant
le
mont,
et
les
arachrent
dessus
(i).
il
le
banc de rochers
nomm4
navire et
salmedives de Chipionne
hors du banc,
les
lorsqu'il fut
de Sville
vis--vis la chapelle
de San-Lucar, dont
le
consul
nomm Jean
nom de Jean
et
de Hiriarte me
hardes.
le
secours qui d-
pendroit de luy. Je
Il
me
de linge
de
me
rquiper simplement, et
demy fondus
Et
me
trouvant dnu
et
le sieur Hiriarte
me proposa
et 14
d'aler
arm d'un
petit
canon
de
hommes
le
isles
de
janvier.
le
Le dix janvier
St-Anihoine
tartanne
moyen canon de fonte de trois livres de balle et dix pieriers de fer, quatorze hommes d'quipage et un passager espagnol revenu
depuis peu des Indes du Prou, et
seize
y compris un jeune mousse, le patron intress la dite tartanne nomm Louis Gazan, du Martigue en Provence. En faisant notre route pour les
le
illes
trs
grand calme
et
Chipiona, l'embouchure du Guadalquivir. qui suit jusqu'au paragraphe commenant par ces mots n Et le 27* j'ariv forme un supplment dans le manuscrit. Le feuillet plac entre les pages 28 et 29 porte la note suivante Ayant gar une feuille dans l'original de ce voyage, ce qui m'a fait y adiouter cette page pour renvoy avant mon arrive Tnrif, sur ce qui m'arriva le iour d'aprs mon dpart de St-Lucar.
(1)
(2)
Ce
Il
i<
l6S2
vions estre
la
79
le
le
seitie,
d'embarcations
qu'on
costes
de
la
Mditerrane, laquelle
aler
nous jugions
de
Portugal
pour
dans
le dtroit
nous approchait
vent,
je prits
de Gibraltar. Mais nous apercevant qu'elle promptement quoyque sans aucun souffle de
et
voit d'un
que
sa chaloupe la nageoit
me donna beaucoup
en paix except
discourant de
ment en marchandise ne peut avoir autant de rameurs, et qu'tant les Salletins, je ne savois que prjuger. Et en
la
que
avec telles
embarcations. Et
dits
:
leurs discours
me
xotte qui se
fait
avanture de tout ce
voyoit
sur ce qu'il
me me
commencey
avions
en outre
gros mousquets
comme fauconneaux
pour
affts toient
de
balle,
lequels
montes sur chandeliers de fer en pieriers, et feu aussy avec des mesches. Nous avions aussy six
me
faire
et mes deux pistolets croches ma ceinture mieux obir. Nous avions aussy douze demie pi-
ques, et l'espagnol et
telots
moy chacun
notre pe. Je
fit
tirer
nos ma-
de nos cabanes
de
le
le
conser-
chaque
pirier
o nous aurions
fer
plus affaire.
Et
je
fits
saisir
notre grande
la
entefne ou
vergue
et
six
hommes
habilles la pro-
80
1682
voix
ils
nous derponsce
et
o nous
Il
allions.
Ayant
fait
demandey
la
mesme
chose.
et
que nous n'eussions pas peur. Je lenr criay de n'aprocher davantage o que j'alois faire feu sur eux.
Ils
turbans et Mores. Je
ordre. Et dans le
tant
,
mon
moment
Il
tous
!
mes gens
pleuroient en laman-
enfants
Je
dits
faut bien
Dieu
et la
faire dire
y aura Eglise.
des messes et y aler nuds pieds, au premier endroit o il Et chantasmes un peu bas le salve regina. Je
trs abatus. Je
et mit
fis
voyois
mes gens
l'ouvert de
ma chambrette
bouche
si
Jour de Dieu,
quelle
je le
Et incontinent
la seitie
et
dans nos
quoy je
voilles,
croyant
nous
les
me
rservois.
nous survint un
petit
vent qui
nous mit en
lut sy
propos
nous
et
fit
revirer
poupe
donna
Maures de
sauter dans
propos que nous leur tuasmes beaucoup des leurs, et que autour d'eux la mer en toit rougie de sang. Il leur en tomba beaucoup la mer qui toient sur leur proue pour sauter dans
firent sy
nous; nous
pointe de
les
nous
les avions
le
voille
de misenne ou
y eut
l682
un des
8l
trois Maures qui avoit saut dans nous qui se jetta la mer croyant regagner son bord, mais je fits tirer dessus et il fut tu, et le 3^ je le fits sauter dans rejoufond de cale. La seitie
racomodoit
ner
le
se
racomoder. L'on
si
me
fit
un peu d'opposition. Et
qu'ils
fois et
ayant
connoistre que
n'aloient pas
manquer
nous aborder
une seconde
et
nous de
enleveroient, nos forces tant trop ingalles, et que j'aimois autant hasarder la vie
qu'il n'y
auroit
canon mais lentement, ce que je fis remarquer. Et je ne voulu faire tirer que lorsque nous serions porte d'un bon pistolet, ce qui fut bien excut. Et nous les dsolmes. Je continu une seconde dcharge, et nous les entendismes crier Quartier,
:
quartier, crtiens.
les aurois
Et sy
j'avois
je et
hommes
un mousse de s'y hasarder. Encore trop heureux d'en avoir chap comme nous fismes. Notre contremestre nomm Anthoine
Animou
de
se
et
trouva
trs
d'un coup de
mousquet,
moy au cost gauche lorsqu'il voulut se sauver dans la calle, et moy j'en fut quite par une grosse contusion la cuisse droitte proche l'aine, ayant trouv la poche de ma culote en fasson de gousset l'espagnole toute rompue o toit ma tabattire de vermeil dor toute brise qu'on n'a pas pu racomoder et
at atribu m'avoir
quoy on
sauv
la
cuisse.
l'ennemy,
il
toit
continuasmes
gouverner en
la
et
demy de
la
peu pandant
Mon
quipage
me
fit
me
prsenta une
joli
boette d'or
8a
la
1682
je
luy promis
Ce
notre arrive
l'ille
Dominicains o
l'glise est
N otre-Dame de la Chandeleur,
les religieux qui
trois lieux du port, o nous fusmes pieds nuds faire chanter une
grande messe,
et
ne
atribues au miracle.
un jaune d'uf
en bonne
playe de
mon contremestre
guents
fis Il
comme je n'avois point de chirurgien ny onmon mieux. Et ds que je fus arriv Tnrif, je dbarquer mon bless chez un chirurgien bayonois tably l.
je
fit
de
fit
plusieurs grandes
une
balle d'une
ouvertures autour de la playe et en tira once qui avoitest mordue, ce qui causa bien de la
Il
Maure nous
piastres
deflfraya,
en
l'ayant
m'en cota 125 piastres, mais notre vendu trois cents vingt-cinq
avoit son frre esclave
frre.
Maroc,
vit
en esprant en
Et lorsqu'il se
vendu
il
il
actions de
trois
contre.
Il
nous resta
bons sabres de
ceux qui
avoient
le
mon
passager et un M""
conssidr
de Et
la
notre nation.
le
27^ j'arrive
la ville
heureusement
je
l'ille
de Tnrif
la
rade et
le
ri-
devant
de Ste-Croix o
faire
Doane
deux
qu'au
la
ville
de
la
Laguna,
lieux
le
de
chez
le
Grand
l682
83
commandant toutes
j'ay d-
ces
illes.
L'on
l'ille
fait les
C'est
est ce
fameux
pic
ou prmontoire que
couvert en y venant tant loign de soixante et six lieux, me trouvant le travers de l'ille de Lancerotte nous l'avons veu fixement
;
petit
croits
la
meilleure malvoizie;
puis
de Palme ets un
etc.
Je
fits
Doane pour
estre vi-
sites et
droits, et ensuite
mis en magasin
que
les
j'avois
vendent
crdit aux
Espagnols
compte de
les retours
isles
de
trois
ne vendre qu'en argent, qui y est fort rare, except des petits raux dont il en faut 34 pour pezer une piastre en lieu qu'aux
raux d'Espagne
trs
il
la
piastre, je
me
trouvay
embarass, et de
sjourner
le
navire qui
auroit tout
le trsorier
de manger des viandes, avoit besoin d'un moyen navire pour en envoyer prendre Caddix, je luy afrtay ma Tartane et dans la
vue de donner advis mes marchands de
fret
l'tat
de nos
affaires
le
l'aler et revenir,
et
dpeschay iucontinent,
tant stipul
s'il
et
15
des ordres,
expdi en
jours Cadix, et
piastres par jour.
Sur
la fin
de
juillet, je
me
trouvay au port et
ville
o M""
bons
parloit
le
les
le
voisins,
M"
Jean
la
qu'il
toute
la
dpense ncessaire
Il
pour
commanda
84
16^2
et parlismes
une tente de
coitil,
et quelquefois pied
troisime
baston ferr
piquoit
pour s'assurer sa
le
marche,
et
bout pendoit
derrire luy, que nous entortillons une de nos mains qui nous
atiroit et le suivions
la la
soleil
fonds et que
forme un verglas
fort
les nei-
gres avec leur baston ferrs faisoient des trous pour placer leurs
toit fort
ennuyeux
et fatiguant.
et le visage,
cou-
et vif qui
lier la teste
comme
les
heures du
soir,
le
sommet d'un
temps
l'air et
un
mer
nous paraissoient
comme
des corbeaux, et
les
petits
pou-
Nous trouvasmes
le
milieu de cette
comme un chapeau
comme
le
bord du
Nous eusmes
et
la
curiozit
s'y
trouva 62 pieds
de profonds,
nous reconnusmes
qu'il
y avoit eu un volcan, et
l682
85
comme
la
voyage que
la petite ville
de Guarachico qui
d'une faim canine.
bord de
la
mer en a
est ravage.
dessendre ce promontoire,
je fus pris
de froid dont
M. Penderne ne
toit
muny de
granje
s'tablir,
mais
de pastes, jambons
aptit et
fumes et bon pain. Je n'ay jamais meng d'un sy bon bu mon flacon de malvoisie un peu seiche. Aprs quoy je
s'il
luy
demanday
vouloit dessendre
la
me
la
vais
faire
Je luy
dits
que
me
laissats
un de ces neigres
seulement pour
tracs.
l'autre.
Il
me
:
me
Et
dit
Vous
n'avez qu'
le
bonne heure car sans le clair de lune j'aurois rest en chemin. Mais comme tant arriv je fits faire bon feu, je mengeay et bu cinq six verres de vin et m'endormis trs bien. Et sur les quatre heures du matin je renvoyai le neigre
les quitay
savoir sy
mon
maitre aloit
descendre,
et
comme
Et sur
il
de remonter sy haut.
les
les
deux
nei-
gres tenant soubs les bras leur maistre, lequel avoit sa robe de
la
teste envelope
de servietes
peur
qu'il
ne
fut
tomb
et bless, je
me
rponla poi-
me
dits
C'est
l'air
Je
fits
de
mon mieux
couvrir.
il
pour
le
conduire
la
tente.
Nous
bien
Il
sua fortement;
nous
le
changeasmes de
le
linge, mais
fut pris
d'une grande
aux
reins
le
long
de l'chin.
Il
nous
dits
de
reconduire
86
la ville, ce
1682
nous fusraes quatre
et
autres jours nous rendre chez luy o tous les mdecins furent
appels et ne purent
il
soulager;
ses
douleurs augmentoient;
prit
luy-mesme
et rendit
la
piesme
frre
Je
partis le
la ville
de Saincte-Croix y atendre le retour de mon navire, et trois jours aprs il arriva en rade. Je receu les lettres de mes marchands qui
aprouYoient
ma
conduite et
le
me donnnoient
les tirer
comme
la
je
trouverois
mieux pour
mais
de perte
j'empressay
le
fret
falut
malicieusement ordonna
qu'aurois-je
les officiers
fait
mon
recours
?
il
la saizie deseflfects.
de
ny de
la
Santa-Cruzada. Je portay
ma
plainte
Don Foelix
Nieta de
Vous avez
raison de vous
la
son
caractre de trsorier de
Saincte-Cruzade m'empesche l'autorit sur luy. Cela me mit en fureur de lascher mal propos. Je vis bien qu'il n'y avoit en ce pays aucune justice, et sorty le palais trs brusquement, et
da
la
fus
dans
la
dans
l'instant entra
boutique d'un orfvre franois luy dire mes paines, et aussy mon homme qui ne m'apercevois pas et
ouvrage.
doucement
payer.
Il
me
ne rpondit nullement. Et sans mot dire, je sortis la rue estant presque midy qui d'ordinaire on ne rencontre perssonne, et je me tins au coin d'une rue o il ne pouvoit se dispenser
de passer. Bien un quart d'heure aprs je l'aperceut venir, et lorsqu'il fut proche je pars et marche sa rencontre pour me
dire
il
que
je
l'atendois.
le
Il
me
le
salua.
me
tourna
dos. Je
frap de
Il
paules et
luy taillad
deux coupeures.
courut toutes
et je fus
criant l'aide
du Roy,
M'
1683
VOYAGE EN BARBARIE
87
me voir chauff me quiestionna, et me dits J'en suis bien fasch, voil une mchante affaire. Dans l'instant unadjudante major et deux soldats arms viennent me demander d'aler chez le vice-Roy. gronda fort, me menassant de chachots. Je luy dits Et d'abord
nostre consul qui tonn de
je luy advoiiay le fait, et
:
il
seulement.
son.
la
rai-
Vous m'avez
et
d'autorit sur
sus-
luy, j'ay
demeura un peu
arets
le
fit
pends
me renvoya
mon
il
venir
ma
il
tuera quant
penssera
la
moins.
Cela l'intimida
fit
rembarquay mes
effects
Et au deux de septembre
et
je
fit
pay
les
gages de
mon quipage
rembarquay des
et
vivres, et
en place
avec
le
j'avois
aussy chang mes petits rauxpour des piastres en y perdant dixhuit par cent, je me trouvay en fonds de 2,750 piastres et je pris
grosse du Marquis de Fortavantura 250 piastres 20 pour cent pour deux mois pour fournir mes 3,000 piastres et pour environ
la
mile
piastres
et
Bretagne
Le
de
septembre, je party de
aller
heureusement en 9
me
me
quies-
et aprs
ma
rponsse,
il
me
fit
conduire
la
ville
qui est
au haut d'une
moyenne montagne presque toute ronde. Je fus conduit dans la cour de la Doane o logent les marchands trangers, qui ne conssiste qu'en deux couloirs, l'un pour ce fameux M' Thomas Le
Gendre, (i)de Rouen,
(1)
et l'autre
88
1^83
Maurisse, de Roiien,
et
Doane
ets
occup
la
Cete cour
qui ferme tous les soirs huit heures et n'ouvre qu' six du matin,
de sorte qu'on
et
est
emferm de beau
je
jour.
mes avant
dont
le
montrai
et
Nous ma
parlas-
facture
mes 3,000
piastres,
nous convinsmes
de bonne cire en brut, du cuivre en rozette tangoult, des vieux chaudrons, des peaux de bouc et chvres en poil et des amandes en
"du mois, l'ouverture del porte, nous la montagne sur la plaine et le rivage, une arme de Maures escadronner et beaucoup de cavalerye montant la ville. Ils s'en rendirent les maistres sans coup frir et nous aprismes que c'toit l'aisn des fils de Moley Ismael, Roy de
Mais
le
lendemain,
15
toit
et Maroque, lequel s'toit rvolt contre son pre et qui s'empar de SafFy et de la ville de Teroudan, capitalle du royaume de Sut. Et lorsqu'on luy eut dlivr les portes de SaincteCroix, il y poza garnison et se tint camp avec son arme au bas de la montagne avec des tentes et pavillons, au quartier des Cres-
Fes
Il
demanda
seule-
septime sicle et qui possdait des relations commerciales trs tendues. C'tait un de principaux ngociants de cette poque avec lequel Colbert correspondait. Voy. Arch. de la marine, Ordres du Roi et Commerce, lyi, i68q, etc. Dajjs le passage qui suit il s'agit de Muley-Mohammed fils de Muley-Ismael, em(l) pereur de Maroc de 1672 1727. Le P. Dominique Busnot, religieux de la congrgation rforme de l'Ordre de la Tlinit, a consacr un chapitre de son Histoire du rgne de Moulty-hmael, roi de Maroc, Fc-{. Talifet et Sou- (Rouen, 17 14), la vie, aux aventures et la mort tragique de Muley-Mohammed. D'aprs un mmoire du consul de France Sal, en 1699, les ngociants franais trouvaient de grands avantages au commerce avec la Barbarie. La Provence y envoyait des papiers, des bonnets rouges de laine, du souffre, des toile de Lyon, de la futaine, des fils d'or, du brocart d'or et de soie; le Languedoc y expdiait des draps; les navires de St-Malo, de Rouen et de Nantes y portaient des toiles. On estimait le ngoce de la France avec cette rgion .|0(.),ooo cus. Les marchandises taient changes avec celles du pays cire, laine, cuivre en chaudron; cuivre oeuf, tain, dattes, amandes, plumes d'autruche. Onze maisons franaises y taient
:
tablies.
Arch. de
la
Marin.
i83
89
ment que j'euts de l'aller trouver. Je le fus saluer sans pe n'ayant que ma canne en main. Aprs m'avoir fait demander ce qui m'amenoit et receu ma rponsce, o je demanday sa protection, il me fit bon acueuil et jeluyfit demander s'il voudroit boire de bonne
malvoizie.
Il
dit
dit
:
Ma
loy
me
dfFend
le
vin.
la
Et son grand
Malvoizie.
marabou luy
Ce n'est
m'en envoy.
le
J'envoyay
et six flacons
Il
pour
qu'il
ne
le
pers-
sats
bon
et
m'en
remerciement. Je
fis
pescher avec un
fillet
qu'on
nomme
le
en Provence un bourgin
et
il
en
demy
cent, et
me
doucement sur l'paule. ds l'aprs midy dbarquer mes marchandizes pour le lendemain recevoir celles du pays. L'on commena par me dlivrer
frapant
Je
fis
le
Mais quant ce
l'embarquer dans
par morceaux, et
d'autres
vint
fis
me
livrer la cire
tirer sur
une
toile au
ma
il
casser
s'y
et
dans
Buis-
beaucoup de
Je demeur trs
aie droit
surpris.
M"
la ville, lorsqu'ils le
seurent
me
chercher, mais
Il
j'tois
au camp du
Roy me
il
plaindre luy.
prit la
me
fit
dire
que
je n'y
perdrois rien.
et
<(
toient
trs chagrains
de ma promptitude
ils
comme
m'apro-
cher.
Cependant
et
me
dirent
Ce
n'est
le juif qui est une moiti de votre nque pour sa part ce seroit luy fournir la cire et nous le surplus de ce que nous avons promis. Le Roy les sachant avec moy devant ma chaloupe et la cire rompue, nous fit venir devant luy et gronda fort messieurs Bisson et Morisse. Ils trembloient
comme
les
choses toient.
Il
envoya qurir
le
90
juif plus
1683
un
ta-
vif et
m'ordonna de m'assoir
rire,
pis,
et
dont
ne peut s'empescher de
voyant que
je faisois
effort
de m'assoir
Il
comme
air
Mais
je n'y
peus
tenir.
reprit
son
interprte.
Le
contre terre et
grand trpied
feu.
et
du bois
et
alumer bon
il
Je penssois: toute
ma
cire
va estre purifie,
comme
arriva
Mais cette premire chaudronne bouillante l'on prit quatre le juif et on luy enfonssa les bras jusqu'au dessus des couaprs.
des, qu'ils en sortirent et les mains toutes courbes (i). J'eus beau demander son pardon, il essuya cet effort trs rigoureux, et
on
le jetta
par terre
et
comme un
chien
le
cire
fut
refondue
passe en serpillre et on
me
fournit
ma mon
poids ce qui
Je partis
le
me retarda de 4 jours, qui furent bien rcompencs. 26 aprs midy et le Roy avec son arme avoit dnuit et sans bruit, et
camp
demain
la
mesme
j'tois
le
Saincte-Croix
len-
ment et comptant, et j'acheptay des cuirs de la Havana et du bois de Campesche, de l'orchilla, qui est une mousse seiche qui croist sur les rochers aprochant du bord de la mer et qui sert aux teintures. J'embarque le tout dans le navire o le cuivre toit rest et je renvoyai cette carguaison mes iiitress San-Lucar de Barameda, et leur crivit de m'envoyer incessammeet une tartane que je savois leur appartenir, et que j'avois en main un coup seur pour bien gagner en peu de tems, moyennant qu'ils m'envoyassent quelques effets que je leur demandois, et que la dite Tartane m'toit plus ncessaire que le navire parce qn'elle toit plus propre pour louvoyer et gagner au vent. Et mon navire partit de Tnrif le
1
octobre
et je restay
encore cette
ille.
Dans
(1)
nomm
Thiery
(2),
de Rouen,
de Muley-Mohammed, mais il ne dira pas que ce prince mains de son pre, en lyoS, subit le mme supplice. On lui coupa le pied et la main, et on plongea ses membres mutils dans une chaudire pleine de poix et d'huile bouillante; il mourut douze jours aprs. Thierry, ngociant de Rouen, nomm au consulat de la nation franaise (2) Raphal aux les Canaries par provision des 27 avril et 20 mai, 1670. Arch. del Marine, cornmrce, t. I, fol. 184, et t. U, fol. 769.
Doublet
1683
SDUCTIONS DE
M"""
THIERRY
9I
me
pria
dernires
volonts, puis
il
me propoza
il
d'pouzer sa
unique
laissoit
ville
que sa
ses.
fille
n'pousats un espagnol,
Et en mesme tems il me pria deluy crire une lettre M"" le Marquis de Seignelay, ministre d'Etat, o il luy rendoit compte
et qu'il prvoyoit qu'il
ne
au fait que moy beaucoup de jugement et signa, et sur la minuit rendit son me Dieu aprs avoir receu tous les sacrements, et le lendemain son corps fut inhum avec pompe. Et comme j'tois log chez luy, je fus un des chefs de la
nommer en
sa place,
un meilleur subjet
Il
et plus
crmonie. Je consolois
la
veufve et
la
fille le
mesme
soir,
mais
la
mre n'en
en me dizant
qu'il toit
fort viel, et
me
dits
donner
et
elle qu'elle
me me
feroit tous
les
advantages possibles,
qu'un enfant,
et
le
que
sa
fille
n'toit
que pour
n'avoit
Ces
dclarations
me
re-
les caresses
dont
elle
me
moy
j'estois
je
fus surpris
de sentir mon
cost
une personne,
et se
tastonn en demandant
Qui
est-ce
On me
la
embrassements,
aloit paroistre
dclara
fille.
m'aimer
fureur et que je ne
jour
pensats nulement sa
;
elle
fut
me
traita
de chien
et verssa
ne poufinir
tout
commerce,
seuret.
afin
de me
retirer
je n'aurois plus
est en
Le
ly*"
novembre ma tartane
ariva devant
Saincte-Croix et
fits
diligence
92
lOURNAL DK
Jl-AN
DOUBLKT
1683
mes
amis, et le 28 du
mesme mois
en ce
je
mis
la voille
la
j'ar-
rivay le 8'
dcembre qui
lieu l.
je traitay
Je
le 9*
fus trouver
M"
ds
de tout ce que
un mmoire
qu'ils
et
j'euts regret
toit
affable
Je fus voir
les
Holder que
je
mon
arive cent coups de baston sur la plante des pieds et cent autres
coups sur
qu'il
le
ventre, qu'il
etoit
que
Mahomet;
ce
jeune
homme
Le 13" dcembre je reparty de Barbarye toujours ctoyant la vue de ces terres, crainte d'estre pris des Salletins, etle 16 j'avois gagn en vue de Mazagan, place de guerre ou bonne citadelle
apartenant au
Roy de
ne m'pouvanta
illes
je
Asso-
comme de coutume.
deux caravalles
du Roy qui avoient chaque 24 canons et bordes de priers, et plains d'hommes, lesquels me croyoient pour un Saletin venoient
foncer sur
moy
mon
pavillon
ils
me
parler
m'en-
mon
pavillon et turent un de
mes hommes,
et
viennent
trouvant
me
et
mon
mche allume
mis
le
feu
un prier qui
de
mitraille jusque la
bouche
et qui
il
donna sur ceux qui voulurent sauter dans mon bord, dont
la
y en
place
estropiez;
enfin
ils
mon
1684
bord
VOYAGE EN BARBARIE
et s'entrenuisoient
93
qui
me
taillant
me
percer.
Ils
me
je
laissrent
comme mort
Et lorsque
aucun
sentiment de
je revins
de
mon
vanouissement,
me
mon
pauvre corps et
mon
visage cou-
verts de
mon
sang.
teste depuis le
Cependant il ne se trouva qu'une playe ma sommet jusques auprs du front, par une taillade
l'os,
ma
playe et qui
ils
me
sauva
le
coup de
n'a-
ma me dbarqurent et conduirent chez le gouverneur Dom Bernard de Tavora, homme pieux et bon qui avoit madame son pouse et deux fils de 14 i6 ans jolys cavaliers. Et Ion prist un trs grand soin de moy me pansser et bien coucher on me presta une chemise car tout ce que j'avois fut pill. J'eus une grosse fivre et on me saigna, et je me rtablis en peu de jours, et lorsqu'il fut quiestion de me rendre ce qu'on avoit
pillrent et m'amarinrent
;
il
en
ft
emprisonner
et tous
Il
fut contraint
d'aquiescer et les
camp
et la
On
tira
et
quoyque
la teste
lie
de ser-
viettes je servy
de canonnier pendant
alphaqueca
sige, les
cest un
Ils
demandrent
temps
morts
la
et estropis,
et
chameaux dans
fusil
dedemy
Et
le
de
la
lendemain
route,
et
aprs que
MMe
bons
Cadix
la veille
de
la
Purification
fvrier
1684 et
faire
fut
terre
nostre
consul,
pour
mon
mes
dclarations.
94
J'tois
1684
car
Il
de
partit
terre, et le sieur d'Hiriarte, consul San-LuBaramda, eut advis par une barque de mon arrive. sur-le-champ pour venir bord o se fit porter croyant
il
m'y trouver,
de Canarie
voil le
et sur la
minuit
il
fut
n'y
avoit pas
du
vin
vendre.
marchand endormy.
Il
des barques
de
la
et laissa allerla
chaloupe de guerrequ'elle
porte de
Sville
ils
l'-
quipage en prison,
adverty et
les fers
aux pieds et
me cacha
Duc
avoit uz d'autant
tout.
Mais
les
Doanistes soustinrent
la
de San-Lucar de
Baramda,
fait
y avoit prva-
riqu, ayant
luy-mesme
les dclarations
'avoit est
loix,
il
eustpeu ignorer
le tout
les dites
Par ainssy
quatruple
but confisqu
la
;
partye de
valeur par
me
vaux
tant
et
prison soubs
caution, et
me
rechercha, et
m'emmena chez
affaire
luy,
me
promet-
comme
il
se pratique.
et
fit
Il
s'imigina de
faire
signer et
tre
me
:
fit
me
la
dits
en nosinocent.
langue
de
petite ferme
>>
je
fus assez
sans
me
faire lire,
de donner ma signature,
firent
et ensuitte j'apprits
de
comme moy
et
ny pensay plus.
1684
RETOUR EN FRANCE
tant enssemble je luy
faire, et
il
95
demanday
avoit
me
me
Surquoy nous nous sparasCadix pour chercher mon passage pour France, et trouver ou m'employer de nouveau. Je fits rencontre de M"" de Chalons, comandant un vaisseau de 40 canons nomm la Ville de Rouen, qui s'aprestoit partir pour le Havre; il m'accorda mon passage et dont peine me restoit de quoy pour luy payer. Etant en mer la hauteur du cap de Saint-Vincent, lorsqu'on
mes, et m'en
fut
il
la
morceaux en tombant le plus gros fut sur la teste de nostre premier pillote, et tomba roide mort, ce qui affligea fort mon dit
sieur de Chalons, et qui dans la suite contre son ordinaire voulut
veiller la
nuit
pour prendre
le
soin de
la
mes
du voya-
il
longs
rciter, et pour
avril
y eut bien des fascheux contre temps qui seroient trop finir et abrger matire nous arrivasmes
1684, o estant dbarqus
au Havre, 4
M" les
intresss de
Rouen
et offrir
vindre voirs
M' de
Madame de la Chapelle. Le matin suivant je fus prendre cong mon passage en prsentant ma bource un peu plate, M"" de Chalons l'a prit sans l'ouvrir, et me dits Vous disnerez encore avec moy et nos M". Je dits qu'il ne me seroit plus tems
:
il
(i)
Cela nets
mit
ma
la table, disant
?
luy reste,
voir
Puis
me
dits
Alez
Ces Messieurs en dirent autant. Aparamment dans mon abcence il conta mes dsavantures, et ce que j'avois fait dans ce passage
o
il
m'atribua
:
d'avoir sauv
le
vaisseau, et au souper
il
eut
la
bont de dire
devez.
Puis ces
M"
dirent
Rendez
entendait par passager les barques passagres appartenant aux hpitaux du Havre et de Honfleur et qui recevaient leur bord les personnes, les bestiaux et les denres de toutes espces pour les transporter d'un port dans l'autre. Ces deux tablissements
hospitaliers jouirent pendant longtemps
On
$6
luy sa bource, et
et
il
1684
me
la
mit en main o je
je
la
ma chambre o
si
bource,
non.
me
prvint en
me demandant
je l'avois
vue. Je dits
Regardez, vous estes peu curieux. J'y trouv trente pistoles en or plus que je n'y avois, et en demeuray trs surpris
dits:
sur
quoy
il
dit
Vous
Et d'aize
je
je n'en
la nuit.
Le lendemain matin
fus remercier
mes
moy.
bienfaiteurs pour
m'embarquer au passager
et rentrer chez
1684,
Lorsque
je
parurent surpris
et
Comment,
c'est
m'en
famille
o j'appris
la
et
de
mon
frre cadet.
Mon
de ma part de succession de cet oncle, laquelle n'ritions qu'aux meubles tant sortys du second mariage de notre grand-mre;
me donnast ma part, et dont j'avois qu'il ne me restoit que ce que j'euts de M"" de Chalons, Je quitois mon frre pour douze cents livres pour viter le procs. Il me payoit de mauvaises raisons. Et je fus consseill de plaider contre mon envie, et cependant je commenssay. Mais M' de Sainct-Martin(2) et M" de BoisseretMalassis (3) me proposrent acomodement. et je leur promis d'en
mais
il
falut
que mon
frre
besoin,
Patin, (1) Constant Patin, avocat du roi en l'amiraut de Honfleur, fils de Constant procureur d'office en la vicomte de Roncheville, lequel avait pous Marguerite Auber grand'mre de Doublet. (2) Franois Mallet de Graville, seigneur et comte de Saint-Martin, Blosseville, Drubec, Quatravaux, et autres terres, mari Jacqueline ouGabrielle Langlois du Guesclin, rsidant Criquebeuf, prs de Honfleur. ^linutes du tabell. de Roncheville. Sa fille avait pous Charles de Boisseret, chevalier, seigneur d'Herbelay, marquis de Sainte-Marie, capitaine des gardes de Monsieur, seigneur, gouverneur et lieutenant pour le roi des les de la Guadeloupe, la Dsirade. Marie-Galande, les Saintes, la (irande et Petite Terre, etc. Fils an de Jean de Boisseret et de Madeleine Houel. (3) Jean de Boisseret, chevalier, marquis de Sainte-Marie, seigneur de Nlalassis, second fils de Jean de Boisseret et de Madeleine Houel sur de Charles Houel, chevalier, seigneur du Petit-Pr, gouverneur des les de la Guadeloupe. Ce Jean de Boisseret habitait, au temps dont parle Doublet, la ferme dite le Petit-Paris, peu de distance de Villerville.
1684
RETOUR EN FRANCE
97
mon
frre
m'en donna quatre avec une roquelaure de camelot de Bruxelle ayant boutons, orfverie d'argent, une paire de botte et un portemanteau. Je dis
ble
la
:
'(
et
bons amys.
et
Je fus voir
et
le
ma mre
campagne
pour
en
pris
cong
de
la famille,
lendemain
m'estant
partis
me
rendre Dunkerque o
j'arrive le 26*
l'Espagne par
le
La guerre fut dclare contre Roy qui assigea et prit Luxembourg. Etant
may
que mon ancien capitaine M''Delastre toit party pour l'Amrique sur la frgatte du Roy, la Droite, monte de 36 canons, et qu'il m'avoit fort souhait.
j'y aprits
Il
Dunkerque
pousa, en 1686,
sieur de Montessart.
commune
Demoiselle Marie-Anne Estivre, fille de Michel Estivre, cuyer, Minutes du tabellionage de Roncheville; Reg. de l'tat civil de la de Pennedepie.
CHAPITRE
riffe.
IV
Doublet arme en course. Crosires et prises. Razzia opre TnCroisires. Retour en France. Voyage Madre. Pluie d'insectes. Aventures avec le gouverneur de Madre. Rencontre d'un monstre marin. Autre voyage aux Aores naufrage. Retour au Havre. Retour Lisbonne. Retour la RoCombat contre un Saletin. chelle, Amours de Doublet. Dbarquement de Jacques II Amble-
teuse.
Croisires.
Plusieurs amis
me
nons pour
croizer au
la
course.
Je leur dis
Quoy prendre
les prises
faut
que
les
Ostendois
juin je sortyde
Dunkerque avec
40 hommes d'quipage et fut croizer depuis le Pas de Calais jusque Blanquef, coste d'Angleterre, et visit plusieurs navires
Hollandois, Sudois et Danois pendant 20 jours. Je dis nos officiers
:
Nous
alons icy
rien
pren-
dre. Ayant apris que les Ostendois logeoient leurs prises dans
les ports d'Angleterre,
nous prismes
qu'aux
illes
16 juillet et gar-
dions leparage de
tout le
commerce,
et
le
nous aperceusmes un navire qui y venoit, et pour ne pas efrayer nous allons petite voille comme sy nous voulions
23
juillet, la la
donner dans
gaget soubs
rade de Saincte-Croix
terre
comme
luy,
de
la
est
une montagne de
et la
mer
toient
1684
pour
lors fort
CROISIRES ET PRISES
rudes.
99
ces monta-
Nous
nous
les laissasmes
s'engager
la dite
de
deux bonnes forteresses, ce qui nous fit rsoudre bien prpars l'aler aborder d'emble. Et en l'approchant nous la connusmes
espagnol, et
pour l'aborder.
Ils
nous
canons
et
quelque mous-
quoyque mon
lieutenant receut
un coup de
luy qu'un
fusil
nous
fit
cette eau,
avoit
il
gagn
de
saluoient de
cart
et
bonnes grasses,
les
d'un
admirer
Le
26, estant
encore
la
pointe de Nagos, je
fis
prise
d'une
voulus ranssonner
barque et
les fves
de
mon monde,
et
mais
le
m'aprit
Cadix
Cartagesne
valoit plus
pour
trois
les advertir
de
la
de
cens mile
piastres, n'ayant
que 16 canons
et
60 hommes,
et sans le fatal
ma
prise, je
de l'envoyer
l'Ue
de Madre appartenant au
Portugois, et l'adressay
mes amis
marchands
100
1684
nomms
par-
comme
morues. Et
je les voulus
ranssonner,
n'en
fits
ils
je la redonnay son patron nomm Pedro Garcia qui m'avoit rendu service lorsque j'avois rsid
Gnral
Il
fit
toit
je dsolols
son pays.
dit
:
noblesse et leur
N'y
Biscayinne qui a
huille
cuire en
Il
et
jeunes gentils
hommes
qui dirent
Nous
aller,
et
J'appris
je pris et luy
redonnay sa chaloupe.
Cela
rer je
fit
un peu de peur
retiray
mon
me
long de
l'lle
voir
de Lorotava ou de Garachicos
dessente avec 20 de mes gens.
et enssuite la pointe
d'Adexa
fis
(i)
nom je
une
sans canons, on nous y lascha six coups d'arquebuzade de travers d'un bois et nous prismes dans la maison 4 moitiez de cochons sale et enfume et 8 gros pains de sucre rafin, y ayant une sucrerie, et
et
que
je restay
douze moutons
et
me
tes
l'le
de T-
1684
bouille l'huile,
je
CROISIRES ET PRISES
lOI
me
relaschoit pas
et
Arsson
feu, et
prenois ces petites provisions et que si on deux de mes amis de Sainct-Malo nomms Diego Bouton, je reviendrois sacager et mettre tout
et respect
pour M""
le
Marquis
trouver
je n'avois fait
et
que
aller
ceux qui doivent me prendre. Enfin quant lapansse joue, je leur dit 11
:
mon
faut aler
naille qui
nous
a oblig quiter
Alons,
mon
capitaine,
de terre 7 8 coups de fauconneau de Tabry des rochers dont on pera nostre bord Tuny
soir
Le
du 6 courant on nous
je
fis
du pont
tirer
et
on ne recompour
l'on
mena
retourner au parage.
voyoit toujours.
faut
me
la
L'alarme
reprend en
me
voille
voyant retourner;
Biscayinne et
la Seiiie
de mettre soubs
pour venir
fis
me com-
semblant de
pour
les faire
lorsqu'ils
coupay chemin
empchay de
canonnay
la
et
moy
sur l'autre qui prit aussy la fuitte en courant soubs les forteresses;
je la
fort
passa au
la
travers de
ma grande
ceux de
voille qu'il
me
fallut
cesser
ma
chasse et
peur
voille
prit
la dite
barque
qu'il la furent
chouer toute
jusqu' eux, j'en tirois toujours quelques coups pour les effrayer.
Ils
se dbarquoient
Teau, o j'aprist qu'il y eut 32 jeunes hommes noys et deux matelots de la dite barque, ce qui mit toute l'ille en consternation et
la
barque
fut
brize et perdue, et la
Seiiie
doubla
la
pointe de
et
Nagos
et s'en fut
n'oza plus
me
venir rechercher.
102
1684
Le
du
dit
je
mois,
pris
il
parut
la
mesme
de
la
pointe de
il
Nages une
y avoit 22
barque que
venant de
Tille
Palma o
et
un doctor mdecin
Il
beaucoup de gros oignons, des choux et plusieurs moutons de bons biscuits et bien des confitures
de bray
noir,
six
et et
plusieurs caissons
suif et
caissons de chandelles,
de
fort et trs
douze gros pains de suif et dont le tout nous convenoit propos dont nous servinsmes bien utilement du bon
eut
le soin,
en premier
lieu,
du mdecin que
luy tira sans faire d'ouverture avec le fer et sans inflamation, mais
il
en perdit
l'aptit plus
les Francisquains,
on
et puis
nous
les
dbar-
et
leur
dlivray
aucunne non plus que celles de l'inquisiteur, ny celles du seigneur Dom-Flix-Nieta Dasilva, vice-roy et gnral, auquel j'crivis le respect que je gardois pour luy me souvenant de ses bonts par le
pass, et qu'tant gnral de guerre
vaize part
il
que
je
la fis
de
s'iriter
envers
je luy
moy
et sans cruautez, et
que
mes
rit
pour
les
Aprs avoir
je luy avois
norissiers,
et
nous trouvasmes un
conduite, et dans les
lire.
Il
des paquets de
de moines
leurs
directions de
moments de
loisir
je
trouva
_,
1684
CROISIRES ET PRISES
fis
lOj
et
une sparation,
des criminelles
et l'inquisi-
les
envoyer l'vesque
je
pour
la libert
niers
de guerre,
et j'envoy
je
barque
ne
l'a-
vendu au pays.
pris
Je
et
route pour
me
Nord de
l'ille
de
et
la dite
une plus
petite
nome
et sans
Nous y trouvasmes des salinires, et nous nous racomodasmes. Sy j'avois eu 100 hommes, j'aurois pris
ments, ny des tempestes.
la ville et
toute
l'ille
dont j'aurois
le
fait
plus de 150
mil
livres
de
et
ranssons.
Nous
partismes
28
la
juillet, et le
i''''aoust
nous tions
frais
pointe de
Nagos. Etans
faire conois-
que nous y sommes encore. Il se passa 8 jours sans rien voir, nous aperceusmes au large deux bastiments qui venoient, nous courusmes l'abry de la pointe qui est l'unique passage et
et le 9
les
les
laisser
aprocher.
Nous
et les
prismes et
du
biscuit
la
16" et
Pedro Dalmeida, gouverneur, et du peuple parce que la chert toit sur les grains, ce qui nous les fit vendre advantageusement,
et
comme
commun
en cette
ille je fis
un change
que
je
chargeay dans
la
plus grande et la
104
1684
meilleurs barque de mes prises, et j'en redonnay deux de mes barques mes prisoniers espagnols pour les reconduire leurs
pays, et dont
ils
pour
retirer
me
falut
atendre
la rcolte
octobre et notre
dpart fut au 26*, o dans notre route tant par les 46 dgrez de
latitude,
et la
mer
trs
aflfreuze que nous ne pouvions prsenter un morceau de voilles, nous descendismes nos canons dans notre calle et aprhendions
fort le
Je
le
mer
et le filler jusqu'au
et lorsqu'il fut
nous
fit
prsenter
la
proue
avoit
comme
s'il
que
l'on
fit
la
pont
aux cartes,
et cela
et
ne sa-
vions le sort de nostre prise o toit tout notre butin, exept six
caissons des dites corces et une de fleur d'orange que j'avois
em-
faisons notre
5
la
Manche,
sant,
et le
nous tions
lieues au nord-oues
de Oues-
du temps de neige
lorsque
le
et obscur, et
du
four,
vent en foudre
nord nord-ouest
passasmes au
vent en
poupe
et
donnasmes dans
Camaret o mesme il y prit plusieurs btiments qui se croyoient en toute seuret. Et lorsque la tempeste fut cesse, je
fus dans
mon
que de ma barque o
ron
(i)
Marquis de Lange-
(i),
Henn,
le !' f-
1684
lors et
luer.
RETOUR A BREST
dont
j'avois
IO5
s'tonna et dit
Comment
Toutes nos costes sont remplies de navires naufrags et bords de cadavres. Je luy dit la maneuvre Je Et o avez-vous apris cela ? de mon aft de canon. luy dits l'avoir mvent. Bien vous en a pris, me dit-il, je n'avois Sy vous voulez envoyer vojamais ouy telle choze. Je luy dits
tre
moy quand
je
je
retourneray
mon bord,
j'au-
Trs
et
il
mon amy,
seuret
les accepte,
et
modit
et
gens, et on traisnera
vostre.
J'acceptay
le
party, et
eut
bont de
je
fis
faire
embarquer de bon
et
bon uzage
serins.
les
deux
Il
puis
il
un long-temps qui attendoient un bon vent pour partir, mais m'ennuyoit jusqu'au unze dcembre que le temps parut modr
mis
la voille.
je
Un
chacun
me demandoit
six
je
O
?
voulez-vous
aler
heures
Je rponds
la
Et
tins ferme.
Je gagnay
coste
d'Angleterre,
l'on
18
dcembre
j'entray
dans Dunkerque o
me
ma
Mais quand
aucuns
n'y espray
du tems
falut
encourus sans
et
il
me
Au commencement de fvrier 1685, deux marchands de mes amys qui avoient est intresss ce dernier armement, ayant
vrier
1671, fut
;
fait
capitaine de vaisseau le 2
i^"'
vembre 1089
de
la
lieutenant gnral le
le
avril
1697
novembre 1671; chef d'escadre le i"" nomort Sceaux le 28 mai 171 1. Arch.
;
Marine. Voyez
I06
consid'^r
I685
ft arrive
la
bien
j'avois
main-
dant un
longs-temps,
me proposrent d'affretter un moyen basen commerce Madre et aux Canaries, puisles Saletins qui
la captivit, et
que
un
je leur fist
m'y inlressoient
bastiment dans
le
demy
et
un
gaillard devant
aux tempestes,
trois et qu'il
et
pour dffences
hommes
gages
taire.
et
de tout
ncessaire,
et
Mes
embarques,
ne m'areste
j'ay fait
et
avril 1685, et
notre route,
de
me
trouv de remarquable.
Comme
je
me
trouvois
de
l'ille
de Madre de
soleil
51
lieues,
valle,
de clart du
par inter-
tomboit
comme une
petite
dont nous
soient des
poux blancs
et
et
plats
fai-
empoules ou
ils
(2),
(l)
et les
etc.,
Au temps de Doublet de pareils phnomnes jettaient l'pouvante parmi les paysans marins. On citait des pluies de sang, de fer, de laines, de poissons, de jjrenoiiilles,
qu'on
attribuait
;
cette crdulit
des causes surnaturelles. Doublet et son quipage partageaient sont bien persuads que c'est un chtiment divin. Il s'agit d'insectes aquatiques qui multiplient en grande quantit pendant l't dans les mers tropicales et que des tourbillons de vent transportent de grandes distances.
ils
1685
vions pour
la
PLUIE d'insectes
hauteur, et au
I07
nous
pi-
quoient vivement.
le navire et
dans
la
chaloupe qui
et
tout
que
l'on
peu ramasser,
:
une
raillerye
en dizant
Le Seigneur
il
aim
les
pauvres et
Mais sur
les
deux
ce qui nous
fit
mer
et
mesme
il
ayant survenu
ariva
comme
j'ay dit
je pris sur
mais un remord
me
que
c'toit
un chastiment du
lendemain
fait
la nuit, et le
voir de trs loin par la hauteur de ses montagnes, et nous n'y ar-
rivasmes que
le
qu derire
le fort
de
l'illeau
je
fis
marchands
de
bouillir, lesquel-
trouvrent remplies.
si-
non de dire
les
Il
changements de voyage
ariva en cette
ille
et
ce que
j'y
ay trouv de
remarquable.
me
lapid
I08
1685
populace, se
la
immanquablement par
sentant encore trop
gentilshommes
la triste
et la
res-
vivement de
mort de
M'" le
fleur
de
la
l'ille
sont en deuil. Et
il
le
Vice-Roy
il
disoit
y avoit
peu de jours
je
revenoit
icy,
ne
le
je serois
en
ris-
et
fa-
mes amis me
lut
il
de mes effects
procurer
ille,
et les mit
aux
et
les ventes, et
me donnrent
avis d'aller
charger du frole
ment
et
du mahis
l'ille
raporter, et qu'il y auroit y profiter, et me prioient de les intressser d'un quart au chargement en m'en payant le fret, et qu'ils
me
toute
la
carguaison, et
et tant sur
mon
dpart
Dom
Pedro
Dalmada, gouverneur de Madre me demanda que je l'intressats de moiti dans tout le chargement autrement qu'il ne me permettroit pas de ngossier dans son gouvernement. Il me falut cder
la
force en
lui
et obligea
M"^*
Caire de payer pour luy. Je partis de la rade du Funchal pour me rendre celle de Punta Delgada, lle de Sainct-Michel et le
25
dame
mon
il
chargela
ment,
me
je
du crdit de
M"
Caire pour
et
moiti
d'intrt
effects
que
moy,
prits
en
de France que
j'avois rservs et
en cinq jours
la
je fus ex-
feste
du patron de
le
que
les
27 j'ariv
au Funchal et
dbarqu
les
Ces M""
que sy
je
me
reprsentrent
sel et
des huilles
en canastes ou pa-
1685
niers, qu'il y
prise,
AVENTURES A MADERE
un bon guain
faire.
IO9
auroit
mais ce diable de gouverneur ou tiran voulut y entrer d'une moiti sans jamais rien dbourcer, sur cela jeluy disque j'alois o
tois la
s'il
ne dsiroit rien
m'ordonner.
tant pour
comprit bien et
me
dit
ma
part.
et je feray
conoistre
M"
Caire
en
moy, disant
C'est un diable,
nous fera
enrager. Je dis
crire
?
Vous
estes
tous lasches.
Ne
sauriez-vous
il
Il
il
voir, et
fut plus
doux qu'un
il
me vint me faire
aucune paine,
etc. Enfin
m'envoya pour
plus de vingt pistoles de diffrentes confitures seiches et liquides et un quartault de bon vin malvoizie. Et partyle 4' juillet j'atrap
heureusement Lisbonne
M"" le
j'eus
mes
expditions;
l'avoir salu
comte d'Opde
toit notre
ambassadeur, aprs
deux jours aprs l'honneur de manger avec luy, o je l'entretins des concussions que faisois le gouverneur de Madre, et que j'apprhendois d'y retourner sur ce que je lui avois menac. M^ D'Opde me dit Vous m'avez fait plaisir, et je vais rem:
rien
craindre ny ceux de
la
nation.
Lorsque
fus
j'eus fait
mes emplettes
je
me
disposay partir, et
je
prendre cong de
M^
fus
Il
l'ambassadeur, lequel
il
me
dlivra
un pa-
quet du
Roy de
Portugal dont
prit
mon
sieur gouverneur.
Je
lever
mes
expditions.
le capitaine
Rochelle,
ditions pour
Madre
demanday
s'il
vouloit
comme moy de ma
enssemble,
barre, le travers de
Cas-
IIO
cays, (i)
1685
mon grand mt
mon ma
La
fut
nuit
s'ap-
mon mt
achev, et
de
je
le
la rivire, et je les
payay
bien.
rames o
navire.
ter, et
la
m'embarquay
les trois
qu'il
et
mon mt
le
long de
mon
mis
Sur
je fis travailler
remas-
quoy
voille
heures que ledit Brevet avoit d'avantage sur moy. Sitt que
mon
mt
de
voille
au risque de quelqu'autre
du FunchaK
Sitt
que
s'il
chez
M'
notre
de Lisbonne,
M"^ le
et
me
dit
sans en dire davantage, et puis je luy dis que j'avois un gros paquet
comte D'Opde m'avoit charg pour le gouveret qu'il m'en fallait une dcharge et eut m'y accompagner, ce qu'il fist. Et le sieur gouverneur ne fist aucune difficult de m'en donner son receu. C'toit son ordre de
de
lettres
que
mesmarchandizes,et
la 3"
journe aprs
mon ariv
ainsy
il
parut un
moyen
ari-
l'ille,
il
ne pouvait
Le
gouverneur
toit
tout troubl
et
Dade
notre Vice-Consul.
me demanda
dis
luy
que non.
dit
N'est-il
pas party
le
mesme
jour que
cette
(i)
La rade de
1685
AVENTURES A MADERE
la
III
icy.
mon mat
et qu'il avoit
votre bastiment.
C'est pour
mon
c'est
compte
qu'il est
puisque
que
luy qui paroit et cela vous fera tort vostre vente. Pendant nos
me
:
Le
le
navire
l'autre
dmarche me
les
saletin, toute
l'aparence y est.
plain tirer
canons
mousqueterye,
et
il
fut pris
en un quart
fit
bien du
chagrainde voir un
doitce navire
tel
spectacle de
avoit
fait
la captivit.
l'ille
Le ruz gouverneur
et
qu'il
aten-
que
le
le
voyant disgrasci
fit
que pas un ne demandoit de mes marc'toit qui en auroit pour les vendanges qui toient proches. Et pendant que j'tois terre, le 27 aoust, il parut autour de notre bastiment un monstre marin qui
ch ces
effects,
ce qui
chandizes, mais
lendemain
aprs
toit
la
mer.
Ce
la
matelot en
ne
lui
corde, apelant
comme
avec
deux mains,
l'eau, et
et relevrent
corps hors
de
remarqurent que
d'une figure
d'homme
la
et
longue barbe
geoires d'une
seins
morue qui
comme
les nostres et le
comme un saumon
ainsy que
queue, mais d'un pied de largeur peu prs, ayant des peaux
112
de poisson
1685
comme
bras de coudes, et point plus long que nous les avons du coude
la
doits
toient bien
chef toit garny de petites peaux pendantes sur son col d'un demy pied de long, et le front dcouvert avec des gros yeux de toureau et un regard fier et
les
peaux
comme
plain
de
feu.
Je
fis
dbarque; nos
gens pour en
originaire
faire
leurs
Le Natro,
Et
de Penerf
et
et propritaire
de notre bastiment
confirma
son frre en
firent
cette dclaration.
pillotte et
Nicolas Thiberge, de
le tout
Dunkerque, nostre
de point en point,
cette
homme
d'esprit,
en
fut
dress,
er quelques pescheurs
mesme
figure, qui
(i)
du pays dclarrent avoir veu plusieurs fois une fois leur aracha un poisson au bout
ngosse pour partir au plustt de cette
s'approcher,
et n'en
faire
mon
voyant
le
la
saison de l'hiver
peut partir
autre
que
Dunkerque avec un
chargement de
nomm Joseph
le
la
dessein de se rendre
o dans une bonnace nous nous trouvasmes entours d'un nombre infiny de poissons dorades, et dont nous en peschasmes discrtion; dans la matine moy seul j'en embarqu vingt-huit, et n'en voulions
2
poussrent jusqu'au
degr
et
demi de
latitude,
n'tant
sa-
li) Cette description si peu sduisante qu'elle soit permet de croire qu'il s'agit d'une de ces divinits marines qui durent leur naissance la fable. La croyance aux sirnes ou aux
monstres marins figure humaine se maintint longtemgs. comme on le voit, puisque Doublet mentionne trs srieusement la merveilleuse apparition qui, u par son regard fier et plein de feu terrifia son quipag;. D'ailleurs, dans son enfance, il avait t familiaris avec ces contes, car une ruelle de sa ville natale portait et porte encore le nom de rue de la Sirne (ruette et advenue de la Seraine , en i588; une figure fantastique tait grave sur la pierre l'angle de cette rue il en subsiste des traces.
i>
l686
II3 un got
puis-
les plus d'un jour par leur graisse qui se jaunit et rend
huileux.
Ma
Nord
que rarement on
fusmes pris
des
Nous
la ville
de Galloway
je
payay
suif.
dans
la
Au de janvier fut notre dpart d'Irlande, et ayant enManche le 12 janvier nous eusmes connoissance de
le
choient de chercher
M"
de DunM""
kerque,
lesquels
me mandrent d'envoyer
et
les
effects
Le
Gendre, de Rouen,
le
de payer de
il
le fret
je fus
du contenu des
les
par terre
s'y
trouva
il
me
et
pro-
ma personne neuf
pris
mile livres,
fut
malheur d'estre
que
j'aurois
frre
du plus fort intress au navire nom une emplette de marchandises sur mes
le
1
juillet et
5
sans renles
Madre
le 7
aoust. Jusqu'au
je
dbarquay
M"
Caire
me
il
troque-
pour du
bl,
y avoit
j'avois port
(l) Les dorades suivent les vaisseaux en troupes souvent nombreuses et nagent avec beaucoup de vitesse. Leur pche, qui est pour les marins un vritable divertissement, leur procure facilement une chaire frache, savoureuse et trs agrable au got.
114
moiti de
ter
6S6
ma charge en bl, je pris fret le surplus pour le porMazagan apartenant au Roy de Portugal, cte de Barbarie, proche Azamor (i), aux conditions qu'en route faisant je dbarnostre
compte
Madre,
et j'avois r-
pour
faciliter
mon ngoce
de
ser. Alors
bord
et trois pipes
mon
hardes et rafreschisse-
faire terre
mes dpesches
la
et finir
que pour 4 cinq heures pour un petit compte, ayant donn les or-
dres que
chaloupe
me
Au
il
27
de septembre,
asses violents
les vents se
;
mirent de
la
bande du sud
et sud-oist
la
faut
ancres et se mettre
y avoit deux moyens navires anglois proches du notre maneuvres, et je voyois le nostre dans l'ile
gouverlivres
neur de
Je
les
me
et
permettre que
je tirats
un de ces canons de 8
la
de boulet
le
fit
charge, quoy
il
consentit.
charg
agir
y mis
le
le feu
pour
remarquois
les
deux
prcau-
un cordage sur
le dit
poupe du
le
navire, qu'on
navire,
pour
faire entrer
le
vent dessus
qui les coloitsur les mats, ce qui faisoit aculer le navire proche de
la
que
j'-
tois
manuvre
logeois et on m'o-
du Maroc, port d'accs difficile l'embouchure de la Morba petite ville ft)rte du royaume de Maroc, port sur l'Atlantique, prs de l'ernbouclnue do la Morba. l-!lle a appartenu aux Portuijais jusqu'en I7')J.
(l)
ville forte
dans l'Atlnnlique.
Mazaj^'iin,
l686
NAUFRAGE
II5
me
prit
me
;
voyant tout
fait
rembarquer
les
miennes
l'on
me
voulut
souper
et
ne
le
pus ny
me
la
toujours
Il
les
flamands ne
Les navires en flte dbon voilier tenir le vent, je crois qu'ils n'en chaperont nullement. Ce fut toujours mes discours lorsque l'on me voulut donner quelque esprance de consolation. Et sur les deux heures d'aprs minuit un paisant Portugais m'anona la perte totalle de mon navire chou la pointe des plus affreux rochers de ceste ille, dont onnecreut aucun de l'quipage chaps. M"" le consul quiestiona ce portugais de l'endroit du naufrage, il le ditestre cinq quarts de lieues de Punta Delgada o nous tions et qu'il ne savoit s'il se seroit sauv quelqu'un, que luy n'ase peuvent contenir lorsqu'ils ont rivent plus qu'un autre et
s'il
du
vin.
n'est pas
voit
les ro-
dit
fera
sans quoy on
les raisons qui
ne peut
s'y
jour, qui
tois
que
pu sauver quelques hardes ou mon coffre o toit mon argent, me voyant dnu gnralement de toutes choses, et j'empresse de partir avant le jour avec mon guide qui me conduit peu
prs vers
le
lieu
du naufrage,
les
et la pointe
du jour
toit
y
lorsque
rochers.
et je
Nous
pas que
me manquoient,
hault dans un
y avoit prs
de deux
eu
me
recevoient, et sans
quoy
je n'aurois
je fus bless et
corch en bien
tirer
mon
la
me
de cet eau
la
creu avoir
mais c'toit
che-
ville
du pied demize
mon
coude
droit tout
emport ainssy
Ponta-Delgada, dans
port est mauvais.
l'le
Son
Il6
1686
et les habits
et
que mes coststout corcheset meurtris; j'tois en Exce Homo du consul tout dchires, et sans peruque ny chapeau,
mon pauvre
retirer,
guide pleuroit en
me
disant
Il
m'est impossible
de vous
Il
prenez patience,
je vais
chercher de l'assistance.
bonheur
dont
il
mon
hommes
y avoit
luy, s'tant
dispos d'aller chercher une charge de bois pour son matre qui
me
il
il
me
l'ata-
de
me
me montrent
sur le haut o
des cris
et plaintes
comme on
avoit err,
peut
juger et
ils
ils
mon guide
et par l
m'amenrent en
ils
me
acabl de douleurs; je
de me porter dans
ariva, qui
et nostre consul
luy, ce qui
leur
engagea me porter ainssy chez donna beaucoup de paine, et tant arivs l'on fit
les
me
seigna et penssa.
Nous
y trouvasmes
sieurs
navire
de nostre quipage consseillrent au capitaine de mettre le la voille et que les Anglois s'y mettoient, et qu'il ne les
entendre se tenant dans
le la
voulus
pillotte, le
finir
charpentier et
vouloient
leur
mesmes
fut le
raisons sans
et
que ce
coup de canon
qui les engagea travailler, mais qu'ils estoient sy saouls de vin qu'ils ne savoient ce qu'ils faisoient, dont le malheur s'ensuivit, et
comme
je
devois partir
efi"ects
le
lendemain
j'avois fait
la
tout embarquer,
mes hardes,
briser contre
coffre
navire se
mon grand
et
de ma chambre,
la
que
fut
le
tomba sur
chambre qui
crase o
lSy
RETOUR A LISBONNE
II7
incommod
j'aurois est
ment
ils
Roy de
la
Portugal
me
firent
un procs pour me
qu'ils avoient
dclaration des
hommes de
la
poz que
Ce
aprs quoy
le
dans lequel
M"" l'ab
m'embarquay pour passager avec mes deux hommes. D'Estre (i) toit ambassadeur et il me dgagea de la
je
je
me
comodits
et
de
la
fortune.
la
Peu de
jours aprs
mon
arive
il
ariva
Lisbonne un navire de
le
nomm
C\ard apartenant
M""'
Godefroy
(2) et
marchand un de
juri et maltrait
nom Peron
tant
Godefroy
fut
obliger
M' M.
l'ab D'Estr,
me donner
vant luy
me
de
fit
venir de-
gement.
(11
M. Godefroy
la
Terciere
Jean d'Estres, abb d'Evron, de Praux et de Saint-Claude, archevque et duc de fils de Jean comte d'Estres, marchal et vice-amiral de France, vice-
(2) Famille illustre dans les annales de la Rochelle. Un Jean Godefroy, sieur du Richard, n en iSyq, pair en 1608, capitaine de l'artillerie en 1617, tait maire et capitaine de La Rochelle au dbut du sige de 1627. Doublet citera dans les pages qui suivent les neveux de ce capitaine Jean Godefroj', cuyer. Benjamin, Alexandre et Csar Godefroy, marins et armateurs, puis la cousine de Jean, l'an, veuf d'une dame Goislard et remari une dame Bussereau, suivant Doublet, Elisabeth Duprat, sur du pasteur d'Ar:
renseignements plus
siirs.
D'aprcs un trs curieux tableau gnalogique que M. de Richmond, archiviste de la Charente-Infrieure, a bien voulu dresser pour nous, des liens de parent unissent de nos jours les derniers reprsentants des Godefroy la famille du gnral Louis-Eugne
Cavaignac.
Il8
pour revenir
1687
pour
faire
15
M. Godefroy
le dit
restoit
son
je ferois
voyage. Je party au
may
recevoir
la ville de ce nom et ne pus mon chargement que le 25 juillet et partis le 2' aoust et ariv Lisbonne le 26 du mesme mois, sitost que la dcharge fut finie, l'on me proposa un segond voyage pour le mesme lieu,
je
m'aprest et party
le 9'
septembre
et
ariv
3
Angra
le
21, et
pris incontinent
mon chargement
la
et partis le
octobre. Estant
la
60 lieux au
Nord-Ouest de
:
chasse. Je dis
Il
nous est
et
il
inutille
puisqu'il
marde
s'agit
la
J'avois
24 bons
hommes
fusils
d'quipage,
six
passagers portuguais
de bons
que
je dlivray
j'animois
sommes
ayant
le
pris
pavillon franois,
et puis
fis
il
deux
fois le
un seul coup,
tes voilles, je
pour
il
tant porte
du
pistolet
de nous,
cuisse,
il
nous
tira sa
borde de cafut tu et
nons
et
comme
ils
nous
se jetta
maneuvre que
et
de mtre
le
dans
l'ins-
tant
Il
nous
amena toutes
l'uny de sa ligature.
1687
bans rompus par un
grapiii
COMBAT
de
fer qui s'y
119
trouva attach, deux
et trois
haubans casss
et lestay d'artimon et
me
Il
de mal
et
qui tuera ou
tirer.
Je
les
creus et
fit
notre route, et
:
comme nous
alions
nous
Sauve
la
la vie.
On
regarde
ma chambre et
j'aperceu un
J
homme
qui se tenoit
et on donnay une corde double en deux qu'il passa soubs ses aisselles, et on letiradansma chambre. Use mit genoux demandant
'appel du
monde
luy
Cartier mizricorde et
artizain
nous
d'Avignon,
fils
d'un
en soye nom Prin, g de 36 ans, qui voulant aller Gesnes aprendre travailler en velours fut pris sur une tartane de Marseille dans son ge de dix-huipt ans et men esclave Ttuan et
fut
et
scutions
avoit cinq
conduire
mon
ren-
gat chez
M.
o
l'ambassadeur qui
le retint
de
le
renvoyer
il
dclara que
et
le navire
seize p-
riers.
En
je fis cal-
chouer pour
visiter ses
fonds afin
d'estre
en estt de recevoir son chargement, et au commencement de dcembre ariva la flotte du Brzil au nombre de quanavires marchands richement chargs et escorts par vaisseaux de guerre dont deux d'iceux de soixsante et six canons avoient est construits Goa, lesquels ds leur sortie enlerante gros
six
nombre de
pellerins
120
l88
Mecque
Mahomet. On en fit des rjouissances et feux de joye Lisbonne. Le 20 janvier 1688 nous commenssasmes notre chargement pour retourner la Rochelle. Nous embarquasmes 82 grands coffres de sucre et 60 rolles de tabac du Brzil, 20 bottes d'huile et 35
balles
de laines laves
et
et
25 caisses
de
24 fvrier.
M' Godela
froy s'tant
vents nous
contrarirent
rade de
Saint-Joseph
tismes
le 2
la
y restasmes jusque au 10^ mars que nous sordite barre avec plusieurs navires de diverses nations, et
(i) et
avril
arivasmes
la
rade chef de
Bois
(2)
atandant
la vive
le
port de la Rochelle.
la
M""
Godefroy
s'toit
rade et
fis
le rcit
de nos voyages
comme
je
m'y
tois
comport l'ataque du
Saletin. J'entray le
M'' Godefroy
et
luy, et
dont
je
ne peus
m'en deffendre
bureaux
et
et le
lendemain
je
fis
les et
mon
rapport ladmiraut,
on dbarqua
les
marchandizes.
toit
remari une
filles
dame Bussereau
ges de 18
le
et
20
souper
avec
la
promenade,
et se joignoit
la
de qui
la for-
je fus pris
la
ramenant chez
que
je l'aimois
de cur,
ter
;
cette rade ne figure point sur les cartes que nous avons consultes. nord du pertuis d'Antioche, entre les rochers dits Lavardins et la terre vers l.a Rochelle, d L'on ancre son chef de Bois sur 5 (i brasses d'eau de profondeur, dit le Flambeau de la mer, le fond y est mol.
(i)
(2)
Au
l688
re son pre et
AMOURS DE DOUBLET
que sy
elle avoit
121
de
me
le sacrifier,
pourvueu que
la
Tenlevats en Angletere ou en
Holande pour y
je vivrois aussy
que moy
ne
faloit
dans
pas sortir de son pays pour cela, que puisque l'on l'avoit contrainte
d'abjurer ce ne seroit plus une grande paine
de
s'y marier, et
je
ne
ce qui
me
la
fit
quiter crainte
je
me
me
tournay
cur pour
cadette
Bussereau
sachant
trs
bien
son
Bordeaux nouveau converty, et cette cadette correspondoit fort mes honnestes tendresses. Madam.e sa mre y donnoit fort les mains, ainsy que M. Godefroy qui me fit bien des offres pour que je restats avec eux, et que sy je n'tois pas content de son navire le Ce\ard, qu'il m'en donneroit un de 24 canons qu'il attendoit du retour deSainct-Domingue. Je luy fits connoistre que ncessairement il me faloit aler Dunkerque pour rendre compte de ce navire naufrag lille
aisne estoit assure d'un amant de
de Sainct-Michel
il
et
dont
j'tois
comme
Ro-
ne
s'toit rien
je restois la
chelle
ou
ailleurs sans
me
justifier, ils
me
faire poursnivre,
ils
m'aprouvrent
fort,
je
me
promis
faire.
Mais l'homme
la fin de juin je les remerciay bien cong de ces messieurs et demoiselles trouvant un bastiment prt partir pour Dunkerque dont je m'tois assur de mon
la
passage et partis de
Rochelle
le
juillet,
et le 11'
du mesme
me dit qu'il y alloit relascher seulement pour un ou deux jours, et n'y voyant aucune ncessit je luy demanday
maistre de bastiment
pourquoy ce relasche. et il m'en dis ses raisons que c'toit pour y dbarquer en rade quelques pices d'eau-de-vie en fraude cause
:
je fus
dans
la
ville
je
couchay qnatre
122
nuite, et les n
16K8
naissance du prince de
ca-
citadelle tira
quelques coups de
nons; mais
le
de
la
pauvre Reine
le
(2) et
mesme du
la
dit
Roy, ce qui
voille
faisoit
peine d'entendre, et
le
17
nous mismes
au
6 aoust j'arrive
Dunperdu me fit
je leurs rale
compliment en me demandant sy
a
portois bien des effets qu'il avoit appris avoir est sauvs aprs
Avant 24 heures
je
Quant aux
ils
me
receurent
comme
de
la
perte,
mais
me
le
me
disant estre
mes
que
sieur
fait
ce mauvais com-
moindre intress
et
que
je
ne devois
les
communiqurent
Batement,
et
il
en consulta
et
ne peut
ils
me
faire
ny dire
moy, aprs
d'une d-
quoy
reconnurent
la fin
la vrit.
Et sur
de septembre 1688 on
parloit fortement
les prparatifs
et
gros milords du
HoRoy Jacques
s'il
nos navires du
auroit quelques
Roy pour
aller pier
remuements ou pour aider sauver la Reine et le prince de Galle. M"" Desvaux-Mimard (4), lieutenant de nos
(1) Jacques-Franois-Edouard Stuart, fils de Marie d'Est et de Jacques II, n le 20 iuini6S8 et mort Rome le l"' janvier l 76( aprs une existence extrmement agite. f>73 Jacques marie en Modne, ne en (.SS (2) Marie d'Est, fille du duc de Stuart qui n'tait alors que duc d'York. I^lle mourut au chteau de Saint-Germain-enLayc le 7 mai 7IS. Pleimutlis, tantt Pleimuts. Son orthographe des (3) Plymouth. Doublet crit tantt noms de lieu et des noms propres varie chaque page. (Wl, fait enseigne en i()Sj, (4) De Vaux-Mimars, ancien garde-marine le u) fvrier (iSi) et capitaine de frgate le 1*' dcembre i7o.'>. Mort le >< octobre lieutenant en
1 ; 1 l l 1 1
I7l.
l688
vaisseaux
DBARQUEMENT DE JACQUES
II
123
chaloupe
qu'il
du Roy, me pria de m'embarquer avec luy dans la commandoit. Il n'avoit qu'un bras, l'autre tant
paraltique.
fus
le
la
nuit
aux Dunes
(i),
je
le bruit se
rpandit que
la
Roy Jacques
le
s'tant
nouvelle que
prince
d'Orange
avoit
dbarqu en Angleterre
Mimard
et aussy tots
nous
fit
Amchalieu,
bleteuse en
chaloupe toucha terre, nous y remarquasmes quatre seigneurs dont l'un diceux les autres ainssy que les ma-
que
la dite
un grand respect
et
le
(2).
Lorsqu'il
voulut se
l'eau jus-
dbarquer,
M""
Mimard
nue;
M' Mimard
terre,
dit.
il
lui
Et
lorsqu'il fut
dessendu pieds
et
demanda au
le
Mimard
il
qui
il
toit,
son nom.
et
Il
luy
Puis
Roy
de luy
n'arestaque
le
et partit aussitots
deux de ces messieurs, et nous ramenasmes nostre chale bassin Dunkerque, o je receut une lettre de M"" Jean Godefroy qui me mandoit qu'il atendoit en peu sa frgate de
24 canons, et lorsqu'elle luy seroit arrive qu'il
me
le feroit
savoir
pour
l'aler le
trouver.
le
Sur
mois d'octobre
Roy
fist
dclarer
la
guerre contre
la
particuliers
de ses sub-
(1) Point de la cte d'Angleterre, entre Douvres et crage pour les vaisseaux.
la
Tamise, o
il
v a
un bon en-
(2) On sait qu'il s'agit de Jacques II, de la famille des Stuarts, fils du roi Charles l'' de la reine Henriette de France fille de Henri IV, n en i633. Il porta jusqu' son avnement au trne le titre de duc d'York. Dtrn en 1688 par son gendre Guillaume de Nassau, prince d'Orange, il se rfugia en France. Il tait accompagn de son fils naturel, Jacques Fitz- James, duc de Berwick, promu en 1706 la dignit de marchal de France. La date du dbarquementde Jacques II Ambleteuse n'est point le mois de septembre 1688 ainsi que Doublet l'indique mais le 4 janvier 1689. Jacques II arrivait St-Germain le 7 du mme mois. Voy. la Gaiettt du 10 janvier i()8q.
et
124
jets
1688
dpourveu de
course dessus.
la
Mais
le
port
toit
et
me
nomm
capitaine
amene de
et
ils
me dtournrent de
et
Rochelle et qu'ils
mars en suivant
avec
le
dont
ils
en
firent
en
ma prsence
le
march
officiers
que matelots
et
mon
segond,
et
pour lieutenant un
nomm Welkisson
le
aussy anglois,
M'
comte de Vermandois
et
(i)
sous
le
nom de
six
la
corvette la Prinaller
cesse de Conif,
sorty
du port au
le
de novembre pour
croiser vers le
Nord, ou
demy
sais
d'eau,
ce fut un
hazard
comme nous
relachasme Dunkerque
2^ et je
ne
comme
ils
aprs nous
ozasme penser
et
et
nous partismes
18,
mer sont
Nous
la
pass entre
grande terre
et Tille
on nous
neuvre
tira
passrent entre nos mts sans nous endomager qu'une seule ma-
nomme un
large, et
trois
mes au
trouvasmes
(l)
fusmes Torbay puis devant Pleimuths, o nous lieux au large un bateau traversier venant de
fut rtablie
Le comte de Vermandois, fils naturel de Louis XIV. La charge d'amiral de France en sa faveur le 12 novembre i66q.
i688
la
CROISIRES
la
125
religion qui se sauvoient
que
fus
je
ne
les enlevasse
J'en
et entr'au-
tres
un
nomm M'
Briant,
fameux marchand,
les
et le capitaine
Roc.
ma commission ne
Holandois.
portoit pas
cela
mes
deux
officiers anglois
officiers
et
me
dit
proche
l'oreille
Ayez
.
piti
Je fus
la
perdre, et
une cinquantaine de
louis d'or
que
M'
Et nous
les laissas-
mes chaper, en nous ayant promis sur serment qu'ils ne nous dcouvriroient aucunement lorsqu'ils seroient dbarqus, et ce
que nous avons trouv vritable dans
la
suite,
ayant
dclar
comme
je les
aucuns domages.
(l)
Les mesures
prises
pour arrter
la fuite
des religionnaires.
En Normandie on
tinez
des-
Des chaloupes armes procdaient en mer la pour battre l'estrade sur les costes. visite des navires. Les arrestations taient nombreuses. Les religionnaires s'embarquaient la nuit sur un point peu frquent, et on les voyait la nuit allumer des feux sur les falaises de la Seine-Infrieure, du Havre Dieppe, changeant ainsi des signaux avec des navires trangers qui louvoyaient prs des ctes. Pour empcher les embarquements clandestins, les intendants promettaient aux paysans de leur cder la moiti des meubles des religionnaires en cas de dnonciation. Arch. de la Marine, service gnral, correspondance de M. de Montmort, I686.
CHAPITRE
la
Croisires dans Naufrage Cherbourg. Doublet est prsent M. de Seignelay. Il prend le commandement de deux barques longues. Son arrive Brest. Il dcouvre la flotte de Tourville. Ses entrevues avec Seignelay. Enlvement d'un percepteur anglais. Croisires. Prise d'un navire anglais. Naufrage. Autres prises.
Manche.
ne trouvant rien,
je fus
la
mer
pavillon
et vivoient au dit
rfugis,
et
il
heures
nottre
du
soir,
me
avec deux
hommes dans
petit
bateau terre, et
moy
n'y auroit
partir, et
dont
je russis
mon Roc
je
son
fils
qui
me
me
voulurent
convier boire de
serois
la bierre et les
de d'autres,
et
leur dclaray le
subjet de
il
ma dessente,
et
ils
me
du cap Ouastre,
y avoit un houcre Holandois de dix canons, venant d'Espagne richement charg, et que ce seroit bien mon fait s'il sortoit en
mer, mais qu'ils ont appris
qu'il n'en sortyroit
(r)
Ramchead, pointe
l'ouest
de
la
baie de Plymoulh.
i688
voy
;
127
que dans
le
port
de Saltache
(i)
il
et
que
les
canons de sa batterye
attenter. Je quittay
d'Espagne, mais que nous avions trop peu de force pour y mes deux amis et fus au bourg de Saltache
je
rencontray
nairement long
il
ne
me reconnus
Je luy
dis
me
je faisois.
fait
que
j'tois
de Bruges en Flandre
charge de vin
sur
la
que
j'avois
naufrage
sur une
belandre
et eau-de-vie et
coste de Gandetur, et
que
je
demanday
me
ne
dits
Mon
ca-
marade
convoy,
florins.
dit-il,
je
ne say quand
je
partiray
d'icy et
le feray
sans un
car
>-
mon
dits
navire
:
vaux plus
de quatre
cents
Je luy
miles
Oui,
mais
mon me
retiray
promptement
la
mon bord
les
bateaux venant de
demander par
Il
capitaine
Laurens
s'il
vouloit
r-
la
faiblesse
de
nous courions risque d'en essuyer d'autres dont peut estre nous
n'en chaperons pas,
et
toit
dans
le
port de
mesme
les vents et et
ce batteau
nous
vrent
Laurens
Welkisson trou-
choze
faisable et la firent
On
(i) Saltash, bourg d'Angleterre, en Cornouailles, sur le penchant d'une colline baigne la Tamer; l'embouchure de cette rivire lui forme un port situ 2 milles marins audessus de Plymouth. Ce fut dans ce port que Doublet captura, sous le feu des forts, un vaisseau hollandais de G 700 tonneaux et arm de 40 canons.
par
128
acheta tout
le
1688
que
trois, le
n'toient
fils
environ de
30
35
ans.
Nous
leur
les
chambre pour
faire boire
de l'eau-de-vie de France
la
ils
teste chauffe
de
la
jasoient
Anglois qui
se conservoient sur
la
boisson.
Le
disoit
prince d'O-
alloit
et
pour
la
finir
morte dans
mis au
et
on les saoula sy plains qu'ils tombrent beste chambre et degorgeoient leur estomac. Nous avions
tat le troisiesme
mesme
dix-
et
et
de
qu'un prompt
hommes
et qu'il
et partismes
sourdement avec
le S" Laurens demanderont d'o est le batteau. C'toit entrant au 26 de novembre 1688 et en passant prs du chasteau de l'ille de Rat (i), un des sentinelles ne manqua pas de crier D'o ets le bateau ? Laurens rpondit A fischer Boat ,
n'y
auroit
que
Il
au fort de l'entre de Saltache, et nous y entrasmes sans aucun contredit, et fusnies droit aborder le Holandois au tra-
Il
se trouva
un seul Holanles
dois sur leur pont, qui d'un levier cassa un bras d'un de nos matelots qui toit
de Calais,
et
que de toutes
les
coutilles, et avec
saisit
les
la
dunette, o l'on se
de
(l)
Dans
l'le
de Saint-Nicolas.
i688
dant
le bruit, se
129
Mais par
dunette,
la
la ville
dans
dite dunette,
dos du
soubs luy
dit
un
il
homme
la
criant quartier,
taston
porte de
la
grande chambre,
il
l'ouvre, et cria
Qu'on
aporte vite de l'eau, tout est icy plain de poudre rpandue soubs
mes
pieds,
et
Je
fis
aporter force
et
il
chambre,
n'ariva
aucun acxident, car le coquin de capitaine advoa qu'il du feu pour faire prir son navire et gnralement
quipage
et les
fis
aloit battre
tout.
Je
fis
enfermer dans
le
gaillard
d'avant, et garder
par deux de nos gens arms et n'en peusmes trouver que vingtsix; les autres s'estoient vire avoit ses
cachez parmy
les balles
de
laine.
Ce
fut
na-
un
le
occups en sentinelle
nos enferms et
les
fis
sorties.
quand
le
mesme
les
deux huniers
ils
furent
dploys
qu'ils
et
guinds,
je fis
et crainte
amorces,
et
fis
couper
dployer
les
il
toit
ma montre un peu
fit
plus
la
misenne
pitaine
la
Laurans
connaissoit parfaitement le
la citadelle, le fort et le
de passer entre
fit
chteau de
trs
Rat,
il
nous
les
sortir par la
et
dangereuse par
rochers
Il
qu'il n'y
le
hazarda
tout pour
cepen-
130
1688
porte
moyen
?
pistolet
du cost du
:
chasteau de Rat,
le
un des
courants
va
navire
et
Avez-vous vos
les
despesches
que
nous forssoient de passer au risque par cette passe. Et nous sortismestrs heureusement que
le
commenoit
pointer.
Nous
et et
laiss le capitaine
Laurens
Welkisson pour
la
ma comission
hommes, et dans le bateau angloisje m'embarque avec le reste de mes gens, le capitaine Holandoiset vingtquatre de ses gens et les conduis au bord de ma corvette quoy que plus en nombre que nous n'estions. Je trouvay mes trois anglois encore endormis et eusmes de la peine les rveiller pour se
rembarquer. Je leur payay
boire chacun un
et les
fit
<<
Voil
mon
Car
cble et
mon
et
ancre que
vais laisser, je
vous
le
donne.
tant foible de
du temps,
de l'avant.
Mes
trois
anglois
pour lever
mon
ancre
gros navire
Ho-
tout toit en
rumeur dans
la
ville et les
forteres-
dont
les
disant qu'il y
Mais depuis
l'ancre jette
je fus
de pendues
le
et le
et
boureau,
Sitost
dans
le
la prize.
que
soubs
voille je la ratrapay
en peu de temps
et
et puis j'alois
devant
elle,
sur
les costs
pour
je
faire la
dcouverte, et
Blancquef
dcouvris
qui
je creus bien qu'elle me rama proye. Je revir dessus et fut advertir le sieur Laurens me cria Nous sommes en estt de nous bien deffendre, et
:
corvette l'abandon.
frgattc
Et
aprs
lais-
tout
le
resoult, et la
i688
131
deux basses
de boulet sur
voilles tout
la
coup
un canon de douze
ft
livres
frgatte
Holan-
Nous avons
la
creurent un btifaire
ment de ces grosses fltes du Roy, et nous laissa route. Et le 30 novembre nous entrasmes dans les
nostre
jettes
de
fort
entrant
la
jette
il
du
que
je
le
creus
la
prize preste
:
n'y en
eut que
haut d'endommag
et
un chacun
fut surpris
de voir
lfant.
Mais ayant
enleve tonna bien plus, et creurent qu'il y avoit eu connivence. Je fus caress et des louanges entires, puis on
me
pria
de
sortir
le
restant
connoistre que
l'homme
quipage
monde
(i).
mon
petit
ma
que
dit
j'ay
de
la
prsomption,
par
mon
la
quipage.
route vers
Nous
le
sortons du port du 6
la
poussons
Je
Ouest de
Manche, o
mer.
la
rade de Cherbourg, o
Fontenay
grascieux.
retiray
(2) qui
en
toit
Aprs
manire de
ma
prize, je
me
mon bord
trent au nord-ouest qui sont trs dangereux dans cette rade, et sur les six heures
ils
augmentrent
et la
y avoit encore
(1) Doublet doit revenir plus loin sur cet pisode et expliquer qu'il eut l'honneur d'en raconter les pripties M. de Seignelay. En outre, il y a lieu de croire que l'aclion jolie mais d'une grande tmrit raconte ici devint l'objet d'une assez vive curiosit. En effet, on en trouve le rcit dans V Inquisition franaise oit Histoire de la Bastille {t. II, p. 325) par C. de Renneville.
11
(2) Herv le Bereur, seigneur et patron de Fontenay et d'Emondeville, enseigne au rgiment des Gardes et commandant des villes et chteau de Cherbourg, alli, par contrat du 21 novembre 1G64, avec Marie-Anne-Jacqueline de La Luzerne, dame de Brvant. CLachesnaye-Desbois, XII, p. 632.
132
1688
mer
page
Et
et
la
proue
la
poupe.
Mon
qui
Il
faut
abandonner
les cbles et
pousser en coste.
remontray qu'aucun de nous ne pourroit sauver la vie, que pour prir il vaudroit mieux prir o nous tions pour n'esje leur
tre
blasms d'imprudence,
et
les 8
heures et
la
demyeque
je fis tirer
et
mer
De
Marquis
tenir,
de Fontenay
et
fit
aborder
les
deux costs de
la
la
crique de lanter-
dans
l'instant
bittes
o nos cbles nous tenoient attachs, et il falut de toute ncessit couper nos cbles et donner au hazard pour entrer, et nous nous dpouillasmes tous en chemise pour mieux nous sauver, et nous entrasmes trs heureusement et chouasmes tout au haut de la crique. Et je repris mes habits et fus au gouvernement remercier M. de Fontenay qui achevoit son souper avec grosse compagnie d'officiers suisses dont M. Du Buisson toit du nombre. Tous ces messieurs me tesmoignrent leur joye de ce que j'avois chap du
naufrage et particulirement
Madame
de Brevent, belle-mre de
le
M.
de
le
Marquis.
jours enssuite arriva
Deux
Cherbourg Monsieur
Marquis
Seignelay chez
prize et
:
ma
dit
aussy
manire
qu'il
fit
cette
prize,
luy
mesme.
de marinne. J'y
il
me
me
dites au net sy
:
y ont pas
facilit.
Je
lui dis
Non, Monseigneur,
Votre Grandeur,
par
la
en moins
et j'ay
mon
.
Et
je
commenay
rencontre de
Stani
nomm Jean
1689
et la suite jusqu'
CROISIRES
133
il
dit tout
haut
Il
y
la
a eu de
la
de
conduite.
il
me
dit
Je vous ordonne
et
que
veu en
que
je
luy indiqueray.
Et
et
je
remerciay
Sa Grandeur. Je
be, (i) ingnieur,
fus congratul
de toute sa cour,
M. de Com-
me
fit
que
du Ministre, mais
redevable seul
Fontenay ce que j'apris au sertain. Le Ministre partitau lendemainpourTorrigny et suivre sa routte pour Brest (2),
et trois jours aprs qui toit
Monsieur de
je
party de Cher-
Dunkerque o
il
j'arrivayle 12 ensuivant et
13)
que
je fus
dbarqu,
M. Geraldin
faudroit
me
dit
Notre
il
M'
J'ay des ordres du Ministre de vous donner ment des deux barques longues qui sont neuves
commandeprestes de
et
pour en commander
l'autre, et
Je le priay
me
dit qu'il
ne me
faloit
qualit, parce
qu'il
me
le
pourrait
contrecarer dans
cela
la
prjudicieroit
(',)
au service.
Il
jetoit
en vue sur
capitaine
pil-
Pierre Harel
(1) Ingnieur du roi, charg pendant quelques annes de l'inspection des travaux maritimes en Normandie. Au mois de mars 16S4, il visitait le port de Honfleur par ordre de Seignelay.
(2)
le
mouvements qui
les
fvrier.
(3)
(Levot, Hist.
.de
.fe
Brest,
1"'
II, p. 28.)
Andr
;
nomm
capitaine de brilot
le
le
i"' janvier
1691
capitaine de frgate
le
Mort
(41
II avril
le
23 avril 1708.
(Arch. de
Marine.)
Jean-Baptiste Patoulet. chevalier, conseiller du roi, commissaire gnral Rochel3 aot 1676; intendant aux les d'Amrique, i'' avril 1679; intendant Dunkerque, I"'' janvier l683. (Arch. de la Marine.) (;/ Capitaine marchand du quartier du Havre, fut fait capitaine de brlot en i6i)2 et mourut en mer vers 170.^.
fort le
134
lote sur
l68)
me
dit
m'acomoder de M" Durand (i) que luy toit recomand par M'" Begon, (2) intendant Rochefort, que je ferois plaisir tous les deux, et qu'il faudroit que ce ft moy qui anonsst cette nouvelle au dit S'' Durand comme de mon choix pour le tenir plus atach moy, ce que je fis, et M" l'Intendant luy confirma la chose qu'il acxepta. L'on quipa les deux barques longues, (3) la mienne toit nome la Sans Peur, et l'autre VUtillc;
que
si je
j'avois huit
canons
et l'autre
six et
que nous ne fussions hors des bancs de Flandre, et les ayant ouvertes elles portoient d'aller devant la Tamise, rivire de Londres, pour observer combien de vaisseaux de guerre
ne
les pas ouvrir
et
et enssuite
de Wic, Darthemuths,
Plemuths,
premier de fvrier et
dito,
tant le travers
de
la
Rie
loi-
gne de
noit
lieux, sur le
soir
survenant nous
le
perdismes
de vue. Je
dans
de plus de
passer
la
nuite soubs
les bancs, et
Durand
nous,
il
loign
trois lieux et
sur un bastiment.
Je
fis
tirer
;
rappeler
et
il
n'en
fit
aucun cas
tirer
un segond coup
les
ne cessa
pas quoy
(1) Nicolas-Jacques Durand commanda en course en ly? et 1678 plusieurs frgates lgres armes Dunkerque. Il fut envoy en croisire dans la mer du Nord, en 169?, et
mourut pendant la campagne. (2) Michel Begon, chevalier, n Blois en dcembre l638. Etait frre du premier commis de M. de Seignelay. Prsident et lieutenant gnral du bailliage de llois en I677, il devint commissaire gnral de la marine Rochefort en 1680; intendant aux les, 16S4;
intendant gnral des galres, i685; intendant Rochefort, 168K; la Rochelle, lQt. 11 fut rvoqu, vers I705, par M. de Pontchartrain et dcda Rochefort le l3 mars I7I0,
laissant plusieurs enfants.
Petites frgates de G, 10 et fi pices de canon, " qui vont parfaitement la voile, mais qui ne sont bonnes pour la course que l't, l'hiver les Dunkerquois se servent vaisseaux sont fort ronds K de doggres pcheurs qu'ils quipent en guerre, et comme ces ils soutiennent parfaitement la mer dans les plus rudes tourmentes, n Arch. de la MalbS(|-l()i)o. rine, campagnes,
(3)
1689
sions de prendre
fut bien surpris
CROISIRES
135
faire
prendre.
Il
luy
mesme,
frgatte de
fvrier, je
fort irit
et qu'avant que je le peus secourir, il fut pris par une douze canons de Flessingue qui l'ammarina. Et le y*" rentra au port et rendis compte M. l'intendant qui fut
le sieur
envers
Durand,
et le
la
frgatte de
Flesngue
et notre
qui revenoient
Nord
pauvre
Ostende,
et
nous
les
et
le
Durand
dont
il
fut
menac du cachot
que
je l'avois
fit
de commander,
creu
sa
conduite.
Mais
l'avois
M.
l'intendant luy
bien conoistre
contraire, et
que
je
remontr
qu'il
la
de
nommer un
:
M. Durand
pas,
la
sera
cong
et fera
mieux.
lime
et
Ne m'en
parlez
sy le vent
qui
atendent
Bologne
et
St "Valery-en-Somme et puis en
icy.
Le
S''
Harel
avoit
toit
et
toutes
fismes
soubmissions possible; et
Roy
Nous
Havre, o
M.
De Matignon
(2),
(I;
! septembre
(21
de Louvigny, seigneur d'Orgemont, conseiller du roi. Intendant au Havre, llSK; Brest le l5 mai I70I. Mort Brest le 24 dcembre 1702. .Jacques (joyon, sire de Matignon, comte de 'l'horigny, baron de Saint-I.o, lieute-
Paul
et
les
les
Chaussey,
136
1689
la
Peu aprs
monsieur
De
Hoguette,
(1)
camp
volant
les
Le conseil de ces seigneurs s'assembla la Paintrerye (2) proche de la Hogue. Je receu leurs ordres par crit, portant que M. le chevalier de Beaumonts, (3) commandant une petite frgate de douze canons, et M"' de Rantot (4), son frre, comandoit une corvette de six canons qu'ils avoient armes leurs frais, lesquels dvoient tant en mer suivre en tout mes ordres. Je reprsentay M''' de Matignon et De la Hoguette que c'toit faire affront des M" d'une naissance bien au-dessus de la mienne et que Ton m'accuseroit d'ambition. Ces messieurs me dirent: Vous tes porteur de commission du Roy et eux de M"" l'admirai, et
ils
acceptent avec
plaisir,
d'aller
Nos
long
Manche
(5),
le
des costes
s'y celle
le canal,
de Hollande y
que nous
irions
deux
M'' de
Baumont,
Hongue,
1
le
17" juillet,
et
qu'au
r'
proche de Torbay,
flotte qui
y estoit
n Thorignv en 1644, chevalier des ordres en i6!^8, lieutenant gnral des armes en 1693. Mort Paris en 1723. (1) Charles Fortin, marquis de la Hoguette, aprs avoir servi dans les gardes, tait devenu corvette des mousquetaires gris en 1)72, enseigne en i 5S3, sous-lieutenant en i 684, marchal de camp en i88, lieutenant-gnral et gouverneur de Mzires en mars l 603. Il mourut d'une blessure reue la bataille donne en Pimont, le 4 octobre i6g3, par le marchal de Catinat. (2) Les rgiments n'y camprent que quelques jours. Leur commandant se rapprocha de Cherbourg et envoya une partie de ses troupes vers Granville que les frgates anglaises menaaient.
1
(3) Henry-Joseph de Beaumont d'Eschilais, originaire de la Saintonge, fut promu en'Q 1 lieutenant de vaisseau le i"' janvier 1692, capiseigne de vaisseau le i ""' janvier taine de frgate le 12 novembre 1701), capitaine de vaisseau le 24 juin 1 709. Mort le
l ,
8 dcembre
(4)
(5)
724.
juillet
au rpertoire Laffilard des Archives de la Marine. 1689, Seignelay crivait M. de la Hoguette: Je n'ay pas besoin vous pouvez leur permettre de faire la course prsent des s'' de Meauinont et Doublet ainsy qu'ils en avoient dessein lorsqu'ils ont commenc d'armer leurs btimens. -- J.Vrch.
se trouve pas inscrit
Ne
Le 23
de
la
(6;
la
Manche, sur
la cte
du Devonshire. C'est
le lieu
1689
l'ancre
LA FLOTTE DE TOURVILLE
I37
compose d'une soixssantaine de vaisseaux tant de guerre et il nous fut donn chasse par deux frnous nous sauvasmes devant laHougue o
je
dbarquay
gn-
avec
le
chevalier de
cheval et fusles
mes
deux messieurs
jointes
deux armes
;
enssemble
quel vous ayez plus de confiance qu' nous et nous allons retour-
ner
les
:
le
pourons.
Ces messieurs
di-
soient
toute
la
Et remis soubs
voille et
fusmes observer,
la
Manche,
et je
renvoyay M''
De Baumonts
j'alois
randre
fidel
compte
et rassurer ces
messieurs et que
conti-
les avis, et
six jours
hauteur du
Cap de
arivay
Chertemps
20
la
fin
bourg
ces
le 8
de
septembre o
receurent
je feu
bien
messieurs
le
ordre
de
me
garder quelque
pour garder
tre du
lieux
long de
la
coste depuis la
et
Hougue
et
jusqu' l'en1 5
Ras de
Blanchard
vers
l'Angleterre,
pour
dcouverte,
sur
les
de Novembre
frgates
Hougue, joindre
M""'
deux
du
De
Failly et
Sainct-
Michel qui y avoient escort une flotte de moyens bastiments chargs pour fournir aux magazins de Brest, o nous eusmes les ordres de les y escorter avec les dites deux frgates et fusmes avec
cette flote de port en port le long del Bretagne, o nous y joi-
le
de runion des forces maritimes anglaises. Doublet point principal de ses croisires.
l'a
comme
le
138
zins
JC1URNAI.
DI-:
JHA\ IKUHI.IT
1689
que
du Roy,
le
et
monsieur
je fus
mareschal d'Estres,
pre, toit
et
commandant que
il
saluer et luy
Il
o
:
souhaiteroit de
m'occuper.
;\
me
me
disant
Ce
n'est plus
main o
cong.
.Juillet
em-
presser l'armement de tous les vaisseaux de haut bort et des frgates et brlots et fltes de transport; c'toit un fracas terrible
dans
le
Mon
que
o
j'aurois
eu
dlivr
un
je
paquet de
M"" de
Bercy
remis en mer
le
30 et 40 lieux au large,
rencontre de M""
bord, qui
comandoit une barque longue de 4 canons, enssemble quelques jours. C'toit et nous nous joignismes un officier d'un grand esprit mais bien dbauch et satirique. Le Ministre ne sait comment se dffaire de ma perIl me dit
de haut
:
me
faire
commander
mais
il
ne crains
(1) 11 faut lire Jui/Ze/. Doublet donne ses dates assez ngligemment, ainsi les faits relats ci-dessus et les suivants se rapportent l'anne 1689 ; le manuscrit les enregistre la date
de 1690.
avait t investi du commandement de la flotte runie Brest premiers mois de 1689. Vers le milieu de l'anne, alors que le marchal tait embarqu et que tous ses ordres taient donns, M. de Seignelay prit en personne le commandement, et le comte d'Estres resta sur le pav des vaches Brest >i, suivant l'expression de M"* de Svign. Il ne s'en consola pas; M"'' De La Fayette et M" de Svign l'ont constat. On voit en outre que son dboire ne passa pas inaperu aux yeux de Dou(2)
Le marchal d'Estres
les
durant
blet.
Il toit gnral en tout, Brest fut tout un vnement, Fayette dans ses Mcmoirts, lors qu'il ne donnait pas le mot; et mesme il en avoit les habits et la mine. i.Michaud et Poujoulal, 3' srie, t. IS, p. 243.) (4) Arch. de la marine. Ordres du roi. Ponant, 14, 1 5, 24. 26, 3o et 3 I juillet 16S9 Dans la lettre du 3o juillet on lit les sieurs de Beaumont et Doublet ayant eu ordre de naviguer entre Pennemarc et Glenan pour descouvrir si les ennemis s'estoieat avancez jusqu' ce parage, il (XL de Beaugeyl les cherchera et leur ordonnera de revenir inces(3)
Le voyage de Seignelay
i.
dit M">'
De
I^a
Il
I'
samment
|3)
Brest.
1 ;
Enseigne de vaisseau, 3 mars 1(173; capitaine de brlot, i"' juillet (>73 20 janvier 1676; capitaine de frgate, 3 avril l'iSl); capitaine de vaisseau, .Mort la Hougue, 26 janvier yoj.
1 1
1689
pas Teau sale.
LA FLOTTE DE TOURVILLE
I39
Et en entrant
nous y trouvasmes partye de notre arme mouille l'ancre. Et M"" de Seignelay toit sur le Soleil Royal, (i) L'ayant salu il nous ordonna de n'estre qu'un jour recevoir nos vivres
tt
et aussi-
(2),
l'arme de M""
le
Toulon pour
au
2
faire l'adjonction
des deux
armes,
(3)
dont
le
Midj
3'
1
Mai
la
(4).
cher
May
compte de nous
et je
repris
ma
du
homme
la dcouverte
haut du mt cria
Monsieur,
voil ce
les
un aide-major
De
Tourville m'ayant
demand
sant et
en quelle disposition
ayant rendu
compte sur
tout, je le priay
Les ordres expdis par Seignelay pendant le mois de juillet 68q sont dats de bord du Souverdin. (Arch. de la marine.) Ordre du roy (26 juillet 16^9) au s' Doublet de sortir des rades de Brest et d'aller naviguer pendant trois jours entre Glenan et Penmark pour dcouvrir si les ennemis naviguent dans ce parage. -- Ordres au s' de Beaugey d'aller croiser la hauteur d'Ouessant (14 juillet 1689); aux s'" del Guiche et de Septmes d'aller reconnatre la flotte ennemie (14 juillet) Mmoire instructif au s'' de Levy, commandant la Lutine, pour aller la rencontre de M. de Tourville (l5 juillet). -- Ordre pour le s'' Doublet, commandant la Saiis-Pcur enlte Glenan et Penmark, de revenir au port de Brest pour y recevoir d'au(1)
1
Brest
(2)
ic
tres ordres (3
(i)
1689, avec vingt vaisseaux de guerre, une frgate, huil briilots, deux fltes et deux tartanes. 11 montait le (Jonqucratil.
(-1)
l juillet 1689). (Arch. de la marine.) Tourville tait parti des les d'Hyres, le 9 juin
Il
faut lire
la fin
du mois de
juillet i'58i).
140
le
JOURNAL
je
Dl-
J1;AK
DOUBLET
mes ordres,
1689
et
il
Ministre, et que
crit sur
champ
suis
tat,
quel
je
respectueusement,
billet
il
le
de Tourville.
Et
se-
ajouta au bas
M""
de Seignelay.
mes pas
toute
la
pendant toute
18
la
nuite je forois de
trembler
le
mon quipage
le
et j'arrivay
Berteaume au
vaisseau o toit
Il
Ministre
may.
encore endormy, l'on me faisoit signe de ne faire aucun Mais quand j'eus dit M"" de Perinet (1), comandant du pavillon, que j'aportois Sa Grandeur les nouvelles de M''de C'est un bon rveil, je vais l'advertir. Et ausTourville. il dit Qu'on me fasse entrer cet officier. sitost je l'entends crier Je fais mon compliment en luy donnant le billet ouvert. Il me le redonne disant Lises, car j'ay encore les yeux ferms. Et receut sa robe de chambre et m'atira au balaprs la lecture con o il me quiestionna o je l'avois laiss, et quand je croyois qu'il pouroit ariver. Et l'ayant satisfait en luy disant que dans un
toit
bruit.
<(
il
ou deux jours
dit
:
s'il
n'arive
du contre-temps
ses ordres et
qu'ils
ariveroient,
il
Qu'on donne
;
m'y arrestay
fit
trs
billet
peu
je fus
luy
demander
il
me
donner un
d'ordonnance de cent pistoles sur le trsor royal de Brest, et m'ordonna de retourner en mer audevant de M'" de Tourville, et qu'aussitt que je l'aurois dcouvert que je repris le devant pour
revenir luy dire o je les aurois rencontrs.
Et
le
lendemain de
mon dpart de Bertheaume je trouvai l'arme 18 lieux au ouest de Tille de Groys {2), et je n'eus loisir que d'estre ariv Bertheaume que sept heures avant
tion {]]. Et
la dite
arme. Et se
fit
l'adjoncil
M'
toit et
(1)
Barthlmy-Alexandre de Perrinet
le 5
lieutenant de vaisseau
le
26 avril 1675;
capitaine de vaisseau
janvier 1682
(2) Groix, Groais ou Grouais, le chure du Blavet. d'Ouessant le 20 juillet l()8(), et (3) L'escadre de la Mditerrane arriva la hauteur la rade de Brest le .U) du mme mois d'aprs la Galette, le 4 aot suivant M. Euj;. Sue IV, 346).
dcd
1689
se
fit
I4I
de
M'
le
et le
moy pour
alcr croiser
dans nostre
Manche
jusqu'au travers de
Pleimuts pour y pouvoir dcouvrir les armes d'Angleterre et de Holande, et que ne les trouvant pas nous reviendrions l'ille de
Ouessant donner des ordres au sieur gouverneur pour faire des signaux au cas que de son ille il aperceu les ennemis. Et puis
nous retournasmes rendre compte de n'avoir rien dcouvert (2). Nous tions dj au 23 de may (3) et on n'avoit jusqu'alors pu
apprendre
je
le
nombre ny
les
remis
:
ment
<(
M' de Moyencourt prs du Ministre, lequel dit hauteEn vrit, Messieurs, je vois que le Roy est trs mal
nouvelles.
Un
chacun gardoit
le
le silence.
Je m'aproch de
M'
le
capitaine du pavillon du
:
Conqu-
Svign a crit (6 aot 1689) Tout brille de joie dans cette province de du chevalier de Tourville Brest M. de Revel a vu ce moment heureux on l'attendoit si peu ce Tourville. qu'on crut d'abord que c'toit des ennemis; et quand il se fit connoitre, ce fut une joie et une surprise agrable M. de Seignelai est son bord faisant grande chre. (1) Le comte de Moyencourt, volontaire du 9 mars 1682, fut nomm enseigne de vaisseau le !''' janvier 1684; aide-major le lo janvier 1687 capitaine de vaisseau le l"'" janvier 1 703 major le i"'' novembre 1705 gouverneur de la Grenade le li^'aot 17 17; del Guadeloupe le i*-' novembre 17 17; mort Paris le 2 septembre 1728. Arch. de la Mal'arrive
: : >i
rine.
passionnaient
que Doublet raconte, d'assez graves vnements maritimes Le 12 mai 1689, la flotte franaise sous le commandement de Chteau-Renault livrait la bataille de Bantry. Le 22 du mme mois, Forbin et Jean Bart taient faits prisonniers et conduits Plymouth. Peu de temps aprs ces derniers russissaient s'enfuir dans une petite barque et ils abordaient aprs une navigation de 48 heures quelques lieues de St-Malo. -- Le 5 juillet 1689 une division franaise prenait l'abordage cinq btiments anglais, et le 271e chevalier d'Amblimont anantissait deux vaisseaux
(2)
Durant
les
le
croisires
public.
hollandais.
(3)
Lire
le
commencement du mois,
ainsi
que Doublet
:
le
mentionne,
M. de
Seigrielay avait en vain cherch connatre la force de l'escadre anglaise qu'on qui-
pait Portsmouth.
De nombreux ordres avaient t expdis dans ce but Ordre pour le s'' Dumen pour aller descouvrir l'arme ennemie. Il ira jusqu' Plimouth et tchera de prendre quelques btiments (17 aot 689) mme ordre M. Desfrans, commandant le Trident (17 aot) Ordre au s'' de Lvy pour aller aux Sorlingues
l
avec
(|)
la
De Venize, enseigne de
vaisseau depuis
le
142
rant,
1689
et je luy dis que si Monseigneur de Seignelay vouloit me donner une commission portant les ordres de faire des dessentes et d'y enlever sur les costes ennemies ce qui peut s'uziter par les
loix
del guerre, que je me hazarderois dans peu de temps de luy amener quelques prisonniers Anglois qui informeroient mieux Sa Grandeur que ne le pouroit un matre ou matelot de barque ou
d'un pescheur.
apeler et
dis
M' de me
fit
'Venize
me
quiestionna
il
peu prs
au ministre, qui me fit fit ce rcit comme je m'y prendrois, et luy ayant dlivrer ma commission ample comme je la
souhaitois,
et
il
me
promit que sy
pris qu'il
officiers
me
tt
possible,
dont plusieurs
s'entredisoient
Voil
une entreprise d'tourdi qui ne manquera pas d'estre pris et peut estre pendu Ce qui ne m'branla aucunement, et party sur le
:
champ
et
fut aterrer
Monsbay en
la
Lzard.
Je
costoyois
et fus
au
matin
mouiller
l'ancre devant
et
le
port
fis
de Oesmuths ayant un
paroistre
pavillon
d'Ostende arbor,
ne
chevalier Daumonville,
lieutenant,
pour
contenir
dans un silence
en
estt
que
je fraperois. Il
hommes me demander
le
entrer
dans
boire un coup
me demanda
avec d'autres marchandises qui ont est prises sur les franois, voudrois je et, comme c'est contrebande en Angleterre, que
qu'il vint
j'en
peu
et
traiter.
Il
me
dit
Je
homme
acomoder enssemble
aprs
et
il
s'en
ala.
demie
rames
:
une belle chaloupe bien peinte voguant un officier en manteau rouge, lequel s'embarqua
vint
le
le
huit
et dit
la
seau
sur
7 fvrier 1678; capitaine de vaisseau le l"' novembre l()S); mort Si4perbr^ le 11 mai 1702. -- Arch. de la Marine.
Havane,
l(S9
est le maistre
I43
le fis
dis
que
c'toit
moy
sur le
et
entrer dans
ma chambre,
frappay du
fit
pied
tillac.
Le
chevalier
luy. Ils
Daumonville, au moment,
sautrent dans
glois.
la
et
matelots an-
Je quit compagnie
la pillerie, et
fis
mon
peschay
lever
mon
je
11
me
pria
que
n'avoir ce
loisir et je
me nommay,
fait
et
que
j'tois
le
Roy de
France,
la dite
et qu'il
ne luy seroit
et les 8
aucun mal ny
et
fis
tort,
congdiay
chaloupe
hommes,
ma
coste.
En
arivant
en vue de
Tille
de Bats en Bretagne,
Flessingue, qui
me donnrent
me
je
sauvay entre
les ro-
dbarquayavec mon
Le Roy de
de
la
marinne, auquel
je dis
me
faire
M^
de
la
Potterie nous
servir
manger pendant la recherche de trois chevaux, mais mon anglois ne peut que boire un verre de vin et moy je fis trs bien le devoir de table. Et puis montasmes cheval et arivasmes le mesme soir 29 may Brest, et fusmes descendre l'intendance o M"" Descluzeaux (2), mtendant, me fit donner une chaloupe bien quipe et de bon vin pour nous rendre Berteaume o j'arrive sur les 4 heures du matin, 3o^ au bord du Conquranl, o M''
de Tourville me receut
et fus veiller M'"
ma
capture,
trer et
de Seigneiay, qui en robe de chambre me fit enmon anglois auquel il fit bien des honnestetez, en le rassuil
rant
que sy
luy
1696;
Ecrivain principal de la marine Roscoff, le 20 juillet 16Q4; Port-Louis en nomm contrleur au Canada le l"' mai 169H. (2) Hubert de Champi, seigneur Desclouseaux, commissaire gnral Dunkerquc de 1671 l)8o; intendant a Brest en l683. Dcd dans ce port le h mai 1701.
(1)
144
ploy, et
1689
comme
je
Tavois enlev, et sy
il
je
ni pill, sur
quoy
tira
J'ai
offert tout
le colecteur ou receveur des deniers royaux de la ville et dpendance de sumths(i), que souhaitez-vous de moy ? Alors le mi Je vous demande en toute sincrit que vous me nistre luy dit dclariez le nombre et qualitez des vaisseaux de l'arme du Roy
:
de
la
Grande Bretagne
la
et aussy
fit.
et
de
quel temps
et jetant
dijonction s'en
Il resta
il
un grand soupir
et puis
dit
Seigneur,
perdu
en
le
dit
Si
vostre capitaine
il
fait fouiller,
auroit trouv
Le
fit
me
venir et
:
me dit
:
votre prisonnier
le
Je dis
Vous Non, en
n'avez fouill,
vrit.
Monla
seigneur. Je
say.
me
Je
me
mis
l'effect
dans
chambre du
furent surpris de
me
Tenez-vous, voil
fait
le
Pourquoy n'avez-vous
ministre, et
bord
.>
Je pris
toit en la plus grande, le dnombrement des vaisseaux des deux armes, et bien dsignes, les noms de chaque vaisseaux et des commandants, le nombre des canons d'un chacun et des quipages, ainsy de ceux d'Holande avec les divisions et les ordres de la marche de bataille au cas de rencontre et aussy tous les signaux. Sur quoy M' de Seignelay et fit venir M' de Tourville et luy dit Je n'en dsire pas davantage. Mais ces deux Seigneurs furent bien surpris que la deuxime pancarte que j'ouvris que c'toit les vritables portraits et nombre et les forces et si:
(1)
Weymouth
(?)
1689
gnaux de notre arme. Et
ts.
CROISIRES
fort
145
le
tonn
;
ministre dit
Nous
le
elle
est trahie
de tous cos-
Et me
dit
soin de vous.
Le
aprs
midy jusqu'au
:
soir,
quoyon me fit venir o M^" de Seignelay me dit J'ay fait demandera M' Thomas Fisjons s'il vouloit que jele renvoyast par
terre Calais
tigues, et
et qu'il
luy.
Il
me demande
Sur quoy
emmen
fier,
rpond
ne vous sera
je supplie
aucun
je
tort
au cas de renet
contre.
je dis:
C'est quoy
ne doibs m'y
l'on me dlivre une petite chaloupe outre la mienne me donne quatre matelots anglois qui sont aux prisons
que
qu'on
afin
que
lorsque
per,
je
je
seray proche de
la
dite
terre, et
reprendray
ma
route.
Mon
et le Ministre
me
fit
cervelas,
jambons,
moutons
ne
le
et volailles
mon
Mais
je
fut trs
content et m'em-
mon pont
fis
mon
qui-
le
resses,
Ces embrassades reviennent souvent dans le rcit de Doublet. La mode de ces cade ces saluts tait gnrale parmi les gens de qualit au dix-septime sicle. Elle a ridiculise par Quinault dans la Mre Coquette :
et
Estimez-vous beaucoup l'air dont vous affectez D'estropier les gens par vos civilits, Ces compliments de main, ces rudes embrassades par Molire dans les Prcieuses, dans les Fcheux et dans le Misanthrope Je vous vois accabler un homme de tendresses Et tmoigner pour lui les dernires tendresses; De protestations, d'offres et de serments Vous chargez la fureur de vos embrassements. Plus loin Molire dit de nouveau Et je ne hais tant que les contorsions De tous ces grands faiseurs de protestations, Ces affables donneurs d'embrassades frivole
:
10
146
1689
le 8* juin (i) et
En
je la
trouvay toute preste mettre soubs les voilles pour sortir par
prsent qu'il
fit
de l'arme pour
les signaux.
Je
setez, mais
mon
de
canot,
faire dcouverte, et l'on me donna par crit tous me croyois hors d'esprance de quelque gracieucomme j'tois pour descendre m'embarquer dans M"" de Tourville me fit rentrer et me mis dans la
il y avoit des espces. Je fis un peu C'est M"" de Seignelay qui vous fait
et
il
me
dit
faire et
la
nerefuzes pas,
et
si
il
m'a
de luy
faire
souvenir de vous
promotion, et que
vous
profit
mais vous
perdu l'estime
fus curieux
conceu
et
moy
pour vous.
dans
Sitt
que
je fus
ma
petite
chambre,
je
comme
les enfans
de voir
et
misa remotis
la nuit
appareiller.
L'arme
courut toute
au large et
sur le jour
on courut vers
sud-ouest,
Bellille
l'on
garda ce pa-
que
et l'onziesme
l'ad-
le signal
de m'apeler au bord de
m'envoya
le
canot blanc
lequel
destin pour
le
grand major
nomm
et
M*" de
Remondy(2),
Il
s'embarqua dans
les vaisseaux
mon bord
m'indiqua
proche
il fit
de l'i^rme o il vouloit aler, et lorsque nous en tions demandoit qu'on l'envoyast chercher, puis tour tour ses visites savoir s'il manquoit quelque chose, s'informoit comil il
bien
y avoit
de malades
(i) (2)
de yaisseau
juin
1
6()2
fut lev au grade de capitaine de major gnral le i" novembre 1689. Il mourut le S d'une bleiture reue la bataille de U Hougue.
l"
fvrier
1682
et
1689
CROISIRES
147
il
mon bord o
se trouvoit
indisbti-
et
de
la
mer par
et
la petitesse
de mon
il
fit
la
revue
me quitta fort content des mame mena avec luy auprs du bon acueil dizant M' de Remondy, je
demy
:
vous
ay plaint et je
Et
tit
un sy peIl
bastiment
Sur quoy
M' De Remondy
et
n'y a eu
;
que
m'ont esmeu
de sa bonne chre et
a ce
toute fraiches.
Le Ministre s'tonnant
dsempar l'arme!
Je
le
Comme
:
avez-vous
il
fait
pour
consserver
luy dis. Et
il
dits
Ha,
m'en
faut
un peu.
Et j'envoyay
chercher
mon
reste
:
conssistant plus
de deux cents.
M'
de
Moyancour
luy dits
Je rpondis
fais
me rgala trs bien et proprement. Sur me demanda combien estoient mes gages. Monseigneur, cent livres par mois, mais je me
il
honneur
qu'il
Rpliqua
le
Ministre
Je ne veux pas
lesmois.
Il les
qu'il
M"
de Moyencourt
et le chevalier
de Venize dirent
me
:
dit
tout
haut
Il
Je dis
Plus Sa Gran-
en poche.
se prit rire, et je
mon
bord.
tint la
L'arme
Bellille et
mer jusqu'au
Le
fist
relascher
il
devant
despescha un courier au
le
Roy
et
dont
atendit la res-
ponsce, 6t
Roy
lacouret ordre
dsarmer.
M"" de
Seignelay
lon-
me
dit
fit
l'honneur de
me
ma barque
de Tourville luy
offi-
que ce
seroit faire
affront au chevalier
de Lvy, ancien
148
1690
dit M""
de
la
il
Tourville
bien,
promotion.
grand Ministre
fut la
cour
mourut,
(i) et je fus
chevalier de
pour
les
me
fit
l'honneur de
me
segond
l'autre toit
de
Madre
qui avoit
s'toit
et
Porto-Santo
14 canons et
nous y encontrasmes un navire anglois nous tions seuls, parce que M"" Nandy
;
spar de nous.
Ce
deux
les
clouezons, et avoit chaque gaillard deux pices de canon qui batoient devant et arire, et aussy des meurtrires d'o
ils
tiroient
et sans
et
fauconneaux de bronze,
deux
gaillards y avoit
d'artifices et
des flacons de
de caqu'il
Il
dit
Point du tout,
damble.
Ce
faire, et
je
hommes
et
toit
tiroient mitraille
qui tuoient et
moy,
et
dbord
tois
et
fatal.
mis dans
(1) Le marquis de Seignelay, secrtaire d'Etat, arriva de Brest Versailles le 4 septembre 1689; il mourut l'anne suivante, le 3 novembre. Un ordr: du roi, du 2 mai 1690, donna Doublet le commandement de ta frgate la Gentille, Dunkerque. -- Arch. de la Marine. (2) Capitaine de brlot le i""' janvier 1691 d'aprs les rpei^oires de la Marine; saut en l'air sur l'Oriflamme Vigo, le 2 1 octobre 1702.
1690
I49
hommes
qu'ils
en
nons dans
et
le
le
rduire
que
j'avois
moy,
et
il
fit
perdu plus de moiti de mes gens qui toient avec tirer presque bout portant sept huit coups qui
des grenades qui firent rencours avec quatre
fort, j'y
lament. Leurs deux canons furent tirs sur nous sans nous endo-
moy
toy
et je pris par
il
un bras
le
le dit
Retire
pieds.
, et
receut
coup dans
le sain et
J'apell
la
ouvert
mon
sabre au travers
je
du nez
et
l'achevay
de pointe
manda
quartier.
tomba sur la place; aprs quoy le reste deLorsque nous en fusmes les matres, ils nous dl'ille
clarrent venir de
de Sainct-Michel o
et qu'ils
Madre
les
ce qui les
fit
comme nous
tions pro-
y dbarquasmes ainsy que quelques portugais qui y toient pour passagers. Et nous eusmes dix hommes tuez et sept estropiez, et les Anglois n'y perdirent que trois
trois blesss;
mais
est
surprenant
comme
j'ay
jours aprs nous prismes une flte holandoise sans rsistance, la-
quelle alloit
dizes, et fut
donne
gond
pilote,
Madre avec son chargement de plusieurs marchan commandement Jean Brengier (2), secause qu'il m'toit parent. Et la mesme muit il s'enyil
grande
|i)
(2)
ille
dserte et
sur la rivire
mme nom.
150
169O
trouet se
mes, et luy et un matelot ayant mont au haut de leur mt rent un tronc en forme de trou cete ille toute escarpe
se trouvrent tous les
retirer
de leur
avec des
ufs
et
ils
il
jours
la 4'
un batement feu et en
rompit
fume qui
ille,
les
fit
dcouen
la
dite
consistant
du navire naufrag,
la
et
ils
du haut en langue portugaize Y a-t-il quelqu'un ? Aye, a qui algunos ? Les deux emprisonns rpon Et les portuguais crirent dirent Sy seignor, sauve la vie Esper. Et furent au dbris des mts que la mer avoit transports une petite plage d'o ils en tirrent des cordes, et puis revindre sur le haut du cap, qui estoit extrmement haut et escarp et filrent deux cordes vis--vis le trou o paroissoit la fume et attirrent nos deux hommes avec eux, et les soulagrent leurs
fume,
et crirent
:
!
besoins de
la soif et
temps favorable de
la dite ille
passer
l'ille
Et on nous
aprit qu'
au
Roy de
de
de rente,
et qu'ils
y recueillent un
peu de bled,
et font la
en sallent
les corps, et
que dans
la
saizon avec
glue
ils
Ma-
1690
mousse seiche qui
o
l'eau
RETOUR EN FRANCE
croit sur les gros rochers au
I5t
et
ne
les frape
et est
nomme
orchilla, servant
la dite
illeest sans
que
il
et
est
comme
impratica-
homme
du
haut
il
n'y a
aucune
accessibilit.
vendre
le
me
pria de la
40
lieux de
pavillon
et
et nous dcouvrismes que le chargement toit pour compte des marchands holandois, ce qui nous la fit conduire Brest o elle fut juge bonne prize, et audessous des fromages il s'y trouva des ballots d'pisseries, doux, muscade et cannelle qui mritoit des atentions plus qu'aux fromages, et nous dsarmasmes Brest au 28 dcembre 1690.
le
d'Amsterdam,
CHAPITRE
Mission en Ecosse.
VI
Entrevue de DouLes pommes de reinette. Il est nomm Amours de Doublet. Dunkerque. Il reoit le commandement de deux corsaires. lieutenant de frgate. Mission Elsneur. Passage du Prises de trois navires. Combat. Prise l'abordage d'un Dantzick. Arrive Copeniiague Sund. Voyage Versailles. Naufrage devant Dunkerque. navire anglais.
blet et de l'intendant de
Aventure avec
le sieur
Pletz.
de
intendant,
il
me
la
Ministre de
et
cour,
cela vous
fr"
dsarmer votre
dsarmer vos
prises.
Je creus
de Seignelay.
les
advancement estre indubitable, sur ce qu'il s'toit pass M. de Venize m'en tmoignoit sa joye. Et lorsque
dsarmements furent
faits, je fus
mon avec M.
M.
l'in-
me
rendre
la
cour chez
M
J'a-
de Pontchartrain et de recevoir cinquante cheptay deux chevaux pour moy et mon cong de mes amys,
je
pistoles
vallet
compte.
aprs
avoir pris
9 janvier 1691 et le 17 j'arivay Versailles et receus audience du Ministre le mesme soir, lequel
le
party
m'ordonna de
trouverois
partir le matin pour me rendre Dunkerque; o je mes ordres chez M. Patoulet, Intendant de marinne.
et
un
que
je priois
Il
Sa Grandeur de m'acco.'^der
deux jours de
cabinet et
rsidence Paris.
tin.
fit
me
M'y
estant rendu,
me
fit
entrer
en son
me
livres,
et
me
dit
de ne pas retarder
1691
Paris plus de deux
MISSION EN ECOSSE
Jours, et
il
153
:
me
rpta
Vous trouverez
d'o
je partis
vos ordres
le 21, et
sur les
M.
l'intendant,
en particulier pour
le
me
dire
qu'il
avoit
une
d'importance pour
et
service
du Roy, ce qui
fera
mon advancement;
je
m'abstiendrois
d'aller
le
me
faloit
confrer
sur les
moyens avec
chevalier
pour
vrir et
moy toient autant que celles de la cour. Il falut donc s'oume dclarer le secret conssistant pouvoir conduire en Ecosse un ingnieur au duc de Gordon qui tenoit bon pour le Roy
le
en seuret
et
un paquet de
cour au
dit
seigneur
Duc de Gordon,
que pour
y parvenir je cherchas dans mon ide les moyens, et que rien ne me manqueroit, et puis beaucoup de promesses et flatteries, disant
avoir inform la
etc.
des rflexions
puisque M""
seur de
la ville
d'Edimbourg
avec lesquels
et
de
la ville
de Leict qui en
est le
deux
villes, et
il
il
faut quelqu'un
Et cela
promis et tenu.
Secundo
me
fut
il
bon de
Et
voille, et qui
guerre.
je fis
et
que Ton
Irlandois
les
langues an-
que
l'on
m'acorda un jeune
nomm
leS""
Welchs
et
seroit dguiz
en gros
mon
mon
me
mon nom
Stuart,
fils du gnral Flix Oneill et petit-fils d'Henriette de la famille de Balzac d'Entragues. Aius la bataille d'Aghrim et la prise de Limerick (1691), il passa en France avec son rgiment.
(1)
154
tois fort
169I
difficult
fut
une
que ce
passeport
avec Ostende o
j'tois
entirement
connu. Cependan
obtint un et l'emplacement du
nom
faire
toit
plismes du mien, et
l'introduire.
il
fut
Il
Je dis
25 30 pistoles
et
il
cas en Ecosse,
me faut une
de crdit de cinq
quel-
que banquier de
tionnera, je
terre et
ville
l'on
me ques-
du plomb
suffirent
du charbon de pour le
Et M"" Gil
verd.
obtint
le
ma
avoit
obtenu
passeport de M"" Hamilton, consul des anglois en Ostende, toujours bien zl pour
couronnes,
le
Roy
nostre maistre et le
Roy
Jacques, desquels
on me
la
flaioit d'avoir
marine,
me
fit
dans
fusils et
ballots d'habits
de soldats pour
au
fort
de
la
Basse,
Roy Jacques,
doit.
et
un paquet de
lettres
et
Gordon
M. de Makay, comman-
mon
dats
pillote,
la
matelote.
A
:
l'abord,
les sol-
me conduire
Makay,
qui m'ayant
questionn d'o
j'tois et
revenois et leu
mon
passeport
s'il
me
dit
Allez et faites
vostre ngosse.
Je luy demandey
:
nous
seroit
permis d'aller
Edembourg.
Il
dit
dmon camp.
(i) Lcith,
dans
le
169I
LES
POMMES DE REINETTE
155
que demie lieux au-dessus de Leict o est le port et forteresse. Nous fusmes chez un libraire, faisant semblant d'y marchander
un
je
sit
petit livre
pour nousaprendre
les
mares
et
dangers du pays,
et
Roy
Jacques, qui
l'instruil'intro-
de nostre voyage
duire M"" le
crainte de sa
et du paquet que nous avions pour duc de Gordon, ainsy que notre ingnieur,
les enfants
et par
femme,
et la servante,
il
dit
:
Allons
N'en avezbonne bierre. Sa femme dit Ouy, mais j'en connois de meilleur. Et nous fusmes dans un cabaret, o nous entretinmes sur les moyens, et luy dlivray le paquet, et nous sparasmes, Welsch et moy, luy lais-
boire un verre de
?
sant le prtendu pilotte, et retournasmes Leict pour retourner notre bord, et o nous y restasmes jusqu'au lendemain l'aprs
dploys
je
pensois que
ses officiers
Makay
Il dit
:
et tous
Apa-
ramment que
barque luy ay
chaloupe avec
cette
Gordon
a receu quelque
il
esprance, d'un
faut
prompt secours
il
que cette
premiers de
fait
l'on
m'quipe une
six grenadiers,
qu'on m'amne
les
barque et qu'on
visit
le
les
que j'aye
camp,
Sur
les cinq
qu'on y mne aussy un des leurs qui heures du soir, nous fusmes concorps de garde o toit dj
Welchs
et
moy dans un
mon
et sur les
neuf heures on
M' de Makay
Puis
:
nombre
d'officiers.
?
il
demanda
Qui
est le
Je dis
C'est moy,
pilote et
Quy
sont les
Je rpondis
Voil
r
D'o estes-vous
il
partis
mon
mon
contre matre.
D'Ostende.
je n'avois
Donnez-
vostre passeport.
puis
On
156
169I
l'effect j'tois
Du
du plomb,
et
que pour
nomm
dembourg.
Il
me demanda
Leconnoisses-vous
Non
que
Jedis Je
:
dis
je defferois
mes
pommes pour me
me demanda
je
la
Et
prsentay M"" de
luy, et
j'y
C'ets sur
moy
souhaiterez.
Ce
qui
me
toit la
nomm me
il
Rire-
me
faisant
bon
acueil.
On
luy
demanda o
il
m'avoit veu.
dit
comil
mandoit une
Franoise.
>>
On
dit
Quoy,
est
luy
c'ets
Doublet qui me prit y a un an devant le port d'Ostende et me mena mon navire Dunkerque. Cela nous pensa perdre, et M' de Makay dit Il est heure de manger, qu'on remette ces
:
et
qu'on
personne.
la
On
coudes
et
par derrire
le
dos avec
de
la
mesche
:
mousquet.
je dit
aux
offi-
ciers
donn un ordre si rigoureux. Et on me fit dtacher. Nous demandasmes un peu de pain et de la bierre, et on nous apporta de l'EUe (i) qui yvre plus que de l'eau-de-vie, Je dis mes deux confrres Dfiez-vous de cette boisson, vous en seriez incommodez. N'ozant en dire plus, et nous passasmes une triste nuite. Le lendemain ds six
M' de Makay
n'a pas
M. de Makay
qui m'interrogea
pour
la
deuxime
fois,
et
i)
Aie (ou
aile),
boisson anglaise.
169I
LES
POMMES DE REINETTE
:
[57
Je
et
ma
lettre
de
crdit.
Il
dits
prezent flamand
Espagnol.
Je
Permettez que je vous le dise en particulier. Il s'Non, non, pas de secret; c'est icy un conseil assembl.
Et en soupirant
je dis
Il
j'ay
eu
le
malheur
abanpris
de
me
que
le
j'ay jette
par terre,
vous savez
en France pour
en Ostende o
le
les duels,
j'ay tout
donn
et
me
suis sauv
M'
gouverneur
me
pour gagner
ma
vie
atendant o
puissent m'employer.
:
Sur
quoy
mes.
M''
Charter
Cela
se peut et
paroit vraisemblable.
M'
de
le
Makay me
moy
que dans
reste chez
mon
dessain, et
il
dit
Moy
Peut-estre avait-
il
n'toit
nullement au
les
fait
de
la
marine.
il
Je dis
ordres de marine,
faut
soit
qu'il
entre
On
dit
Cela
est vray,
vous, maistre,
En
effet,
toit puissant
de
corps.
mon
fus sur le
avoit
quay pour m'embarquer dans mon petit canot o il y seulement deux rameurs qui toient venu pour aprendre de
nos
nouvelles,
Welchs
de
15
toit
avec moy,
il
se
prsenta
moy un
mes
}
joly cavalier
le
plumet blanc
au chapeau et
me
dit:
N 'estes-vous
pas
le
Madame ma
les vendiez.
mon
Il
rez choisir.
parloit
trs bien,
except quelques
Et
il
158
toit dj
1691
mon
aloit; le
jeune
homme
fit
je
barque
seroit en-
et
qu'il
de ne
que ce
mon
d'autres pro-
A
six
:
mon bord
qu'il
avec
matelots dont
le
chef toit
le pilote
me
dit
Je viens
ici
l'ancre.
la
contremaitre, que,
:
bonne heure
Et Welchs en franois
mon me
Je luy dis
Tout
beau, nous
voil
proche de nous qui nous perdera. Sy je ne puis nous en dfaire par une autre voie, nous en viendrons l et ne dites mot. Je m'aproch de ce pilote et luy demendey son nom, il me dit Willem
:
Fischer.
Je luy demanday
Il
s'il
petit doibt
je luy fis
brandevin de France.
Welche
de rochers.
fait.
Il
rpondit
Ne
Je luy
plaisir
fis
peur
et
que
s'il
vouloit
la
mon me
faire
et
qu'il
restasse
nuite
mon
qu'il
M. de Malcay qu'il toit trop tard pour m'entrer, et pommes sa femme, avant que les autres en euts. Il tomba dans mon pige. Je leur laissay prendre des pommes tant qu'ils voulurent et Welchs me disoit Faisons
gens dire
envoyast de nos
:
mam-basse.
bord
il
la
chaloupe part
restoit
Willem
d'aller
dire qu'il
la
mon
mare du matin
brandevin, et
viay dans
ma
le
il
la clef.
Je
fis
dployer
voilles et couper le cble, et forois toute voille, et par un bonheur extresme les vents toient trs favorables. Je coupay la corde de ma petite chaloupe et la laissay en drive, et la frgatte
169I
croyois que
j'allois
LES
POMMES DE REINETTE
le port,
I59
fit
entrer dans
la
il
et
mon Willem
un
Je luy dis de se
ce
qu'il
le
fit.
Mais lorsque
bien dpass
port
me
lascha un
grande
voile,
et
un moment aprs
canons des
forts
de Leict
mon
hoste en
la
passeport ny pillotte,
et fut droit au
opoze, crainte
la frgatte,
nord vers
Baert,
:
et
en
par
six
jours j'arivay
toit le
chevalier Jean
l
seut, et fut
en seuret
j'avois
je le fts trouver
Derneus et il me dit qu'il aloit retourner dans deux jours conduire ses prizes Dunkerque et que j'euts pour seuret m'embarquer avec luy et mon prisonnier. Je le priay de
me
laisser
reconduire
ma barque
soubs
son escorte et
qu'il
m*
donna seulement un de
ses passeports, et
que
j'tois
Il
seur de ne
me munit de
et je party
Dunkerque au
officier
Et aussitt que un
dbarqu avec
requis
escorte
mon
marine, et l'on
mes
l'intendant, qui
si
me demandant
homme. Je
croyois
le
que
c'estoit
luy
ma
relation cy-devant,
et
Comment
?
Vous
perdu.
Je luy dits
Non
vous
plait votre
et avait t
date exacte est dcembre 169 I Jean Bart tait sorti de Dunkerque le 14 juillet retenu sur la rade pendant quelques jours. Aprs une campagne sur les cte de Norwge il tait de retour en vue de Dunkerque le 29 novembre, et sur rade avec deux prises le !' dcembre. Arch. de la Marine, Campagnes, 1691, t. i3.
(l)
La
l60
jugement,
et sy
1691
mesme
Dromer,
je
vous y aurois aussy dlaiss. Vous savez que je n'ay point craint dans les occasions le bruit des canons et des mousquets, non plus que
les prils
de
la
mer, mais
je n'ay
et le chevalier
Graldin
suis
me
venez d'exposer
et
belles promesses. Je
m'en
heureusement chap
mourir.
qui
homme que
s'il
faut faire au
homme
servir
M' de Makay
et
l'a
oblig de vequ'ils
apeloient
prise, et
prince
l'on fait
d'Orange,
mourir
que
je l'ay
que sy
mon
pillote
Claes Dromer
la libert
femme
pour
et toute sa
qu'il puisse
de notre
pilote
sienne.
Et aussytots nostre
dposa dans une chambre d'un bon cabaret, soubs bonne fusilliers, avec ordre de ne le laisser parler aucune personne, crainte qu'il n'aprit ce que c'toit que notre
on
le
prtendu
ordre de
et
il
pillote.
Et
la
tendant envoya
dont
il
receut
me fit venir chez luy, me donner une gratification, et Quoy que vous n'ayez pas bien russy aux me dit
:
dessains
projetes,
cependant
et
la
ris-
elle
m'ordonne
de vous
suis
de cinquante
;
pistoles.
Je rpondis:
je n'ay
pas
demand de gages
et cets
me
nory
et
l'ingnieur sur
mes
pro-
frais,
me
la
Donnez
mis au
Vous m'avez
j'ay
je
nom de
ailleurs
cour
mon advancement,
famille
Il
et
couru plus de
cher-
risques dsonorer
ma
cheray
mon
party.
Quoy!
moy.
avec quel
la
cour.
Je
dits
en
me
retirant
Et
il
luy
fils
souvint du
commerce de
me
deffendit d'avec le
1692
AMOURS DE DOUBLET
161
la
Me
voyant sortir de
salle,
me
dit
pendre
m'envoya cher-
J'ay cris que vous n'avez voulu recevoir la cher et me dis gratification sur ce que l'on vous a fait esprer vostre advancement dans la marine, et sy j'avois crit vos fiertes vous seriez
<
perdu, et mes intentions ont toujours est bonnes pour vous. Voicy un brevet de lieutenant de frgatte (i) de sa Majest que je vous ay obtenu avec le commandement de la frgatte la Sorcire, monte de 30 canons que j'ay ordre de faire armer inces-
la frgatte la
commande par le capitaine Keizer (2) flamand, et vous aurez commandement sur les deux frgattes, et vous n'engagerez tous
classes, le
les
Roy en
deux aucuns matelots franois couchs sur les ayant besoin pour ses gros vaisseaux, ains ap
Je
remerciay gracieusement et
j'ay
fis
les
deux armements. Et
j'eus les ordres
cour, en
de Sainct-Malo o
et
je
rencon-
j'avois fait
et
Lisbonne en Portugal
et
mon bord me
marchand avec
les
le-
quel j'avois une plus troite liaison, jusqu' nous traiter de frres,
mesmes
Il
m'emporta pardessus
luy, sur ce
autres pour
me donner
ceux
qu'il
souper chez
je
que
j'avois dclar
que
le
matin suivant
devois continuer
ma
creut de
(i) D'aprs les listes gnrales des officiers de vaisseau (t. VI, 1609 1770), le brevet de lieutenant de frgate fut expdi Doublet le l'"' janvier 1693 ; il fut biff et ray " la mme anne. Arch. de la marine. lieu(2) Charles Keyser, n en i653, fut fait enseigne de vaisseau le 10 janvier i 6H7 tenant de vaisseau le i"' janvier 1691. Mort le 3 janvier 1694. C'tait un des amis les plus intimes de Jean Bart.
l2
compagnie,
JOURNAL
et l'un et l'autre
O-
JEAN DOUBLET
Il
1692
nous
dit
Madame
les
sa
mre
;
Voil
cets
mon
miens souper.
La
et
une promenade
et
rendismes l'heure du
plassa entre sa cousinne
souper, et l'entre de
la
table l'on
me
charmante beaut,
et
une seur de M"" Desmarets qui n'toit pas moins agrable et que je n'avois encore vue ny entendue parler. Je me sentis le cur pris, et mon aptit estoit d'amour et non des mets dlicieux dont
on me
voyant
reforoit.
le
J'tois observ;
l'on
m'en
faisoit
fis
la
guerre, et
j'avois rester je
doucement ma
les
dclaration
laquelle ne
mon amour
Mademoiselle Fossard-Desmarets,
ne vouloir suivre que
me
mre
fut
pour ordonner. Je
en
particulier, et luy
fis la
demande de
dit
sa chre
Elle ne
et
manqua
devois
pas de
me marquer
sa surprize
du peu de temps,
que
je
me
Vous me
faites icy
un compliment
Et
je
soutins l'assurant de
je
ma
constance,
la
persuadois
mienne
minuit je quitay
la
toit
mon
valet et
et les
mes chevaux,
amis
je
fis
me coucher
je luy
sur l'heure,
me
quittre,
except
M' Desmarets
auquel
je dis avoir le
dclara
mon
et
parfait
rellement frres.
je le priay
m'embrassa
me
de
me
coucher, et
il
ne peut
me
mon
le
refuser
et
mes empressements,
et
et je
heures
ma
rtoriqne confirmer
zle et
mon amour,
j'obtins
parole
de
la
mre
et
de
la
1692
163
sur
du
frre, leur
promettent que
je
quitterois dans
peu
le
service du
Roy pour me
je
ayant quitts
heures et demie
ma
route
je
n'ay
manqu un
jour d'crire
ma
leur dguisay.
Dunkerque, except le voyage des pommes en Ecosse que je Mais lorsque je fus pourveu du brevet et du commandement des deux frgattes cy-dessus, je leur en donnay advis et en leur promettant que malgr le brevet je quitterois le service, et pour mieux les en assurer je fis une remise de 15,000 livr. en
lettre
de change ma prtendue
et
une
je
belle
pendule rpti-
tion et
mon
portrait en
petit,
dont
luy faisois un
don en cas
que Dieu disposats de moy, n'tant biens de ma famille, etc. Pendant que je faisois diligence pour armer, les deux frgattes du Roy la Serpente et Sorcire, ariva Dunkerque le sieur Dro-
tat,
enfl par
toutes les
parties
de son
l'avoit
sec avec une grille de fer audessus et que toutes les mares
haultes
il
il
mer
avait baiss
fois
se
et
de buf
fut
de
le
la petite
bire, et
et le
d'Ostende pour
convamcre
pendre.
j'avois
fait
Dromer
me
remercia
fort
de
mon
adresse.
Nos deux
les
ordres et un bon
M'
ou Ecossois
deux capitaines seuls nous prsenta deux officiers anglois et nous dits que de la part du Roy nous embarquerions chacun un de ces officiers, et leur donnerions coucher dans nos chambres et la table, et que au moment de notre dpart que nous il nous dlivrera chacun un paquet cachet de la cour
n'ouvriorns qu'en prsence des dits deux officiers,
et
de suivre
s'en fera
et
que l'ouverture ne
164
1692
que lorsque nous serons au Nord de tous les bancs de Flandre, et qu'au cas de rencontre suprieure de nos ennemis qui nous fit
succomber, prts estre
dres
la
pris
nons pour
au fond.
Les vents tant assez favorables, nous sortismes du Port sur le midy, et fismes les routes du nord jusqu'au ij*" 8 heures que nous tions dpasses tous les bancs, et fis serrer une partye de
nos voilles, et
d'aporter
fits
le signal M''
Keizer de venir
faire
mon bord
et
son
il
paquet pour en
avec
l'officier.
l'ouverture ainssy
que du
mien, et
les
vint
Nos ordres
en aucun combat ny
prises quelque
mesme de ne nous
tents du lieu de
le
dbarquement
la
cent
bastiments
holandois
que deux
avions
moyens convoys de 20
les pavillons anglois
Nous
aux uns
et
moindre peine,
et
nous
trois
le soir
du cap Flamberghot que je fus parler M' Keizer et luy recommander de se tenir proche de nous, ce qu'il me promit. Mais je fus fort tonn que sur la minuit nous entendismes
quelques coups de canons loigns de nous, et qu'au petit jour nous ne voyons plus nostre camarade, ce qui nous mit en grandes
inquitudes
mats.
,
je
faisois
faire
de nos
Et sur
les huipt
heures notre
homme
de
la
dcouverte nous
fit
advertit qu'il
voyoit un
dix
route pour sa
la
rencontre,
et
voix, et
et
et
un des
pour
lors
officiers
nous cria de
envoyer ma chaloupe,
1692
la
COMBAT
et bien
165
mal
;
reconnusmes dsempare
traite.
Je m'embarquay
la
dans
ma
je
trouvay bien de
consplan-
ternation
dit
capitaine
Keizer tout
tendu sur
le
comme
je
un dsespr,
et yvre.
moins yvre.
travail-
second capipremire d-
taine
charge et a est
la
me
emes pass au
il
travers
de cette
flotte
comme enrag et que sitt qu'il fit obscur mesme un peu chang nostre route pour
et
se
que sur
les
onze heures
et
ils
aperceu-
navire qui
lumire,
et
pour
le
combat
le
sieur Keizer
:
l'aprocha et cria
D'o
le
rpond
De
cria
la
:
mer
Et d'o est
De Dunkerque.
dguisement
Ameine, chien !
l'officier
Et ce navire luy
d'une
mitraille suivie
continua sa route, et
avoient voulu
ils
auroient enlev
il
se trouva
hommes
fis
me
reporter
confrer avec
mon
officier pas-
sager, et
officier
pendant qu'on raccommodoit toute chose, ce pauvre tant tout dconcert me dit M^ il nous faut retourner
:
et
en France;
je
mon camarade;
voil
une
l66
1692
rou
vif
s'il
mrite
estre
Et
je
priay
mon
officier
de se transporter au bord de
allions dresser
et
que nous
et
un procss'il
en retourner,
cependant que
Il
vouloit
dit
Non Mon>>
sieur,
ds que
la
ma chaloupe
et le 23"
Et mes matelots
route pour
la
Serpente et qu'elle
revenue
mon bord
je fis la
Dunkerque,
tende,
je
rade d'Os-
trouvay quatre navires anglois dont j'en pris trois cbarterre et de l'tain et du
les
gesde charbon de
conduit
il
Dunkerque
moins de
Baltique
et
ma
grand radoub,
la
et l'on
travail faire
et l'armerois
Serpente,
fut
ordonn que
aller vers la
je la
commanderois
et, le
incessamment pour
mer
10 de juin,
dit
du port M'
l'intendant
me
lequel cy-devant
me
et
donns,
et
il
m'ordonna de recevoir
dont
il
dans
ma chambre
le
et la
table
un
officier
ne m'importoit
en savoir
contre de
faire
nom,
et moy d'viter toutes rencontres, et de ma route pour me rendre au Zund, Elzeineur, o se dbarqueroit mon passager, et aprs quoy j'irois dans la mer Baltique en rade de Danzik prendre soubs mon escorte (i) la flte du Roy nome la Diepoise, commande par le capitaine Postel, de Honfleur. Au I2'' juin je party de Dunkerque et, sur
faire
des prises,
en diligence
les
je fus
ren-
me donn-
me
faire
engager entre
les
bancs de sable ou
semblant de vou-
de passer
loir
leur porte
les
de
leurs
canons
je fis le
donner dans
Doublet
I
emplit plusieurs missions de ce genre. Elles consistaient convoyer les l'tranger. .\ l'poque o les arsenaux fort dj;arnis; manquait la fois. Aussi la l'rance, pendant plus de dix ans, dut-elle tirer du tout y dehors et notamment de la Sude et de la Hollande les bois de construction, les mts, le cordages, le goudron, les canons de fer et do bronze.
(i)
commerce charj^s d'approvisionnements achets Colbert prit en main les affaires do la marine (i()i)5), il trouva
navires de
1692
seaux n'y coupoient
les faire
MISSION A ELSENEUR
le
167
mon
dessein de
sparer.
Et lorsque
je
me
la
pouvoir rejoindre,
reviray
moins
et forant
de
seaux qui ne
leur marche.
me
tiroient pas
Mais lorsque
je les
je les euts
ils
voyoient que
loignoient,
me cannonrent
je
fortement et
coup de canon du cost de tribord en arrire de mon artimon qui brisa dans ma chambre quelques-uns de nos fusils, et la plus lgre toit une frgate de 24 canons qui
tinua la chasse jusqu' 9 heures,
aloit
elle
mais
mon
passager
bien
m'embrasser
me
et
disant
En
le
vrit,
Monsieur,
je vois
ce qu'on m'a
repris
dit, qu'il
ma
route,
passant sur
je
passay
me
prirent
et
les
en guidant
le
vergue et de
laisser
quelque froid
vie et
ils
qu'il
les hommes au haut du bout de la grande tomber d'en haut dans la mer trois fois fasse, puis on leur donne un verre d'eau-de-
et
on
l'crit
pour
le
payer
sur leurs
rgaler tous.
Mon
mon
le
passager
ny moy. Je
fis
mer
et
empescher pour
navire qu'il
I.e cap Kol, ainsi nomm sur les cartes marines du dix-septime sicle, est le cap (i Kullen, sur la cte de Sude, l'entre du Sund. Il est form d'un groupe de montagnes qui, au dire du savant Rudbesk, taient tout simplement les vrais colonnes d'Hercule.
)
l68
pratique (i). Et
1692
lemesme soir nous entrasmes Elseineur. Je fus mes dclarations que j'tois frgate du Roy,
mon
bord, et
le
lendemain
je
marc;
je fus terre
mon
passager
et
notre ambassadeur,
M'
le
marquis de Martangits
et sur l'heure
(3) qui
nous
receus trs-gracieusement,
du midy
fit
nous mena
acueil, et
devant
ensuite
le
il
Roy de Dannemarc
nous conduit chez
enssuie
le
nous
un bon
lendemain disner
le
chez luy,
et
premier admirai
comte de Rancinclos, chancelier, et il toit plus de deux heures quand nous retournasmes disner chez M"" l'ambassadeur, et ordonnasmes de dbarquer les hardes de mon passager, lequel me mit en bonne rputation avec M' l'ambassadeur. Aprs quoy je pris un pillote pour dpasser les bouez et entrer dans la mer Baltique le i" juillet. Aprs quoy je fus pour me rendre devant Dansik o j'arrive en rade le 4" aoust ety trouvay la Dieppoise qui n'avoit encore commenc de prendre sa
Bielcs (5) et chez M"" le
charge, et
le
je
me
fis
porter dans
mon
canot
la ville
de Dan-
Il
(1) Plusieurs voyageurs, en effet, en ont parl. Nous nous trouvasmes, dit l'un deux, vis--vis de Kolle, qui est une haute roche. Nous l'avions main gauche. Ce fut l que
la compagnie ne fut exemt de la crmonie qu'ont accoustum de faire observer matelots qui passent par cet endroit. Ils sont deux qui mettent un cordeau autour du cou et un autre qui jette un seau d'eau de mer sur la teste. La crmonie fut faite sans y rien oublier, car aprs avoir est mouill, il m'en cousta encore une pistole pour le vin des matelots, n -- Les Voya<;es ^ie M. Des Hares en Dannemarc. 1664, p. 3o.
Il
pas un de
tous les
Il
Il
Il
(2)
II
11
l, a
M. de .Martangis, ambassadeur du roi en Danemark se trouvant mal en demand son cong le roi y enverra bientt un autre ambassadeur en sa
;
ce paysplace.
Journal Je Dangcau, t. IV, p. lyS, 179. Le roi y envoya .\I. de Bonrepaus, intendant gnral des armes navales, qui conclut avec le roi de Danemark deux traits, l'un, le il mars 1693, concernant le duc de Wolfenbttel, l'autre, le il avril suivant, pour le bombardement de Ratzebourg. Deschard, Notice sur le conimissarial Je la marine, p. ((4. fils de Frdric III, n en (3) Christian V, roi de Danemark et de Norvge, 1646, mort en l(')99; mari Charlotte-.Vmlie de Hesse. (4I Ce nom est dfigur. Il s'agit du gouverneur de Norwge, comte Ulric de Gyldenloeve, frre naturel de Christian i"', roi de Danemark, n le 4 juin l63K, mort le 17
avril 17 14.
(5) Plus loin Doublet crit liielhs et commet une erreur. Fn effet, il entend parler du grand-amiral-lieutenant Niels-Juel, l'un des plus clbres marins danois, et non du marchal Bieik ou de Bicck, sudois, qui fut gouverneur de F^omranie et ambastadeur en France.
1692
sik
VOYAGE A COPENHAGUE
169
commandes. Je
Dieppoise, et
il
me
dessendues
la
temps
un snat,
et y ayant
hommes
hors
la
toutes
ville
entoures
les
mesmes
et spares et
mesme garde
dehors de
la ville
sont en
campagne o
l'on va librement
et
faire
bon compte,
fer blanc et
une
ville
:
faits
l'on
embarqua des
barils d'acier
et d'autres
de
du godron
et
du
expdiElsei-
les ordres
le
de n'escorter
la dite flutte
l'y
que jusqu'aux
illes
de Fer par
seule
nord
d'Ecosse, et aprs
avoir conduite de la
laisser
pour se
je le quitois
je ferois la
course jusqu'au bout de mes vivres. Et croisant aux costes d'Ecosse devant
la ville
dit
54 canons, lequel m'ayant parl me dits Scarbourg cinq navires. Je luy dits
Il
qu'il
:
Il
noistre.
rpondit
Mais
il
y
:
Je luy
dits
La
il
me
se-
les attaquer .
Et
me
le
promit, et nous
(1)
belle baie.
et
Son
commode
d'une
les
JO
prparasmes un
fusmes
la
1692
et
attaquer,
dits
lorsque
nous
porte
navires et
de
tira
la forte-
resse, c'toit
et je fus
et le dit
Bart se
au large,
me
forteresse, et
savoit par
mon quipage
qu'ils
borde ne
et tuoient
o entrer, ayant
en dcouvroient,
les
couper
le
croch
je
me
mon
pont, tous
et
dans
la calle
dans
fis
ma chaloupe
honte et
ils
qui
navires.
Je
leur
remontrent, mais
et
il
combat
que sy
je
toit fini, et
j'avois
tions hors
de cannonades,
est certain
est tu
s'il
ou bien
avoit saut
n'enpouvoischaper. J'eus
seize
une cuisse offences dans les chairs, mon mats d'artimon hors d'estat de service et beaucoup de nos manneuvres endommages, et ainsy que nos voiles, et mon coquin de
Norvgue o
et
les ports
quents
me
j'en convins
qu'il
avec luy
mille livres,
en valus plus de
et
25,000
liv.
de
chargement soubs
la
conduite
de son
pillote qui
la
toit
me
resteroit
>\)
pour
seuret de
ransson. Je
ma
relasche Suinneur
pour y
me
de mes gens,
et tant bien
mer au
l''
ma
fregatte
en vue
Je
fus
l'embouchure du
(i)
Elbcneur.
1692
I7I
une grande
que, et
galliotte bien
deux premires boues ou tonnes. Je pris richement charge destine pour Lon-
ce que
de Dunkermer malgr les murmures de mon quipage sur bien affaibli de monde par la premire rencontre,
fus
Cependant
Texel qui
trois
flotte
croiser
entre
le
dogre blanc,
la
Flye
au
et
le
sont les
entres
pour Amsterdam,
les
et
bout de
jours et
convois. J'prouvai
ma marche,
et voulus
me
mesler dans
et je
gros
ils
de
la dite flotte
Tvitay et
deux
lieux, dix
les
comme sy
j'en avois
comet
moy
flutte
je
recours au-devant de
la
flotte
en
et,
promptement
des siens et
vingt
hommes
de
mon
quipage
et
en
retire partie
la fait
changer de
vois
et
au petit jour
m'aperceurent
troupeau
ils
en trouvrent
la
un de moins,
et
je
la
foray
prise
de
voille et
de
faire,
moy
je leurs
aurois
je leur
enfai-
temps que
ne savois ce que
fis
ren-
contrer, je
mchasse
:
peu prs,
et sur le
midy notre
homme
nous.
de
la
dcouverte cria
Et deux heures nous tions la voix. Le S"" Havard, mon capitaine en segond, que j'y avois poz pour la comandar me cria
:
une belle prize venant de Moscovie. Elle avoit 24 canons et plus de oothonneaux de port et toute neuve se nomoit la Laitire d'Amsterdam. Je l'escortois avec grand plaisir, mais les
'Voil
joyes de ce
monde sont de peu de dure. Le 11 novembre, de St-Martin. nous tions au petit jour devant Ostende,
feste
et
je
172
n'cris
1692
conseil
nous
tinsmes
sy nous
Nous
:
homme, proche parent de M'iechevalier Baert, portant mesme nom, lequel nous dit Il ne faut pas hasarder de faire
rput habil
prendre une
la
si
belle prize, et
il
ma
vie.
Et
il
conclu que nous y passerions, et tant au travers du vieux port notre homme de la dcouverte cria Il y a 4 gros navires la passe du cost de Graveline. Notre pilote dit Ai-je pas bien
fut
: :
Et ne craignez pas,
je
suis
sr de
mon
de
fait.
il
Et
il
j'tois
:
tout proche
luy, et
se crut
chapp des
dits
bancs, en disant
Monsieur
ne craignez
plus
M'
l'Intendant avant
mon
je
mt un pavillon rouge
l'envoyay arborer
et
dans
l'instant,
nous
sentismes nostre frgate toucher et s'arester tout cour malgr toutes les voiles dployes.
la
frgate
et
du Nord-est s'augmentrent,
fais
un
couper tous
les
mts
et jeter les
ancres
la
mer
afin
que
le
;
Un
cha-
cun se lamente
bancs
et
pleure
sort, ex-
cept qu'aprs avoir perdu son gouvernail elle sauta par dessus les
et elle fut
fut
s'chouer
la
le
monde
j'envoyai
Mais ce ne
le
pas de
secours
MM" Intendant
qui
fit
tout le posofficiers, et
comme
Anglois
toient quatre
la
vaisseaux du
Roy
sortys
de Dunkerque qui
par
le
toient
rade,
fut
1692
du Brack,
dans
il
NAUFRAGE
et
il
173
les
tira
chaloupes d'aler
foule
se jettrent en
mon
canot et
me
criant
comme
des ban-
ques vides
des mts
et prissoient tous.
un ponton
et
vergues
le
que
j'avois
rassembls
et
comme
la
mer montoit
le
du bastiment,
je
me
dernier
couronnement
etoit
la
mt du pavillon. M'' de
Hous-
comenoit destre
nuit,
lorsqu'un coup de
au gr des
dis
flots et
mer rompit notre machine, et flottions dessus des vents, et que sur les six sept heures j'entenune grosse noirceur, nous
un
tions le corps dans l'eau, n'osant nous tenir dessus notre pice par
crainte de le faire couler
nos mains. Nous coupasmes nos habits pour estre moins chargs,
et
Mon
:
Dieu, sauvez-nous
la vie.
Ameine
les voilles
et
promptemeni des
j'en
Et nous jettrent
des cordes
et la
dont
tint
teste,
ferme
dans
du
chemize. L'on
trois autres.
me
jette quatorze
sauver, et
il
toit
et lorsqu'ils
ville
me
dbareut
la
pour
lors et
(I)
174
bont dfaire tenir
velles.
1692
de mes nou-
Je
fus port
dans
Il
qui m'y
avoit
mis.
de sang,
Et
le
un de mes talons dont la peau toit enleve. matin M"" l'Intendant se donna la paine avec M' les officiers
j'avois
de me venir
forms
trs brave
sola.
voir, et
m'encourager sur ce
nullement de
qu'ils
toient bien
j'avois agi
in-
ma
faute et
que
en
homme
la cour,
cela
me
con-
M^de
Pontchartrain
fils
succda au MiIl
ordonna
j'en
m'envoyer pour me
que
le
se-
en
l'tat, et six
o
je
je
matin dans
et
de marinne,
Monseigneur. Je
suis celuy
chap
du naufrage de la frgate la Serpente qui vient soubmis aux ordres de Votre Grandeur. Et il me regarda fixe de son il et me dit
:
estes lav
devant
le
choze vous est arive. Vous Roy, mais ce coquin de pillote sera pendu.
comme
son
la
J'ay
mand que
l'on fasse
procs. Je dis
le
Monseigneur,
c'est
chevalier Bart.
son
parent et son
filleul,
portant les
le
Bart.
Ha
Ha
Je vay informer
vous demain
mon
lever
les
me
parler. le n'y
manquay pas ds
dit
me
Le Ro^
fait
fait
d'hom-
mes
et
que vous
de
la
marine que
le
(1)
Il
se trouva SS
hommes
de
mon
quipaije novs et
iti
holanJais Je
la prise. --
Note
du manuscrit.
(2)
Ce passage
le
septembre
Ifioij.
1692
I75
et
VOUS rquipersur
les ordres
de suivre
que
l'on
deur
rta
et luy
et
il
en mdisant
Tenez,
voil ce
j'ay est
Et
il
me
informdu contraire, gouvernez-vous toujours sagement. laissa la lettre. Je ne sorty pas ds l'antichambre sans la
surpris
du contenu. Elle
toit
du
S'
les
Plets, grand
mesme
jusque contre
intendants et
je
major. Jegarday
les
pour Paris, o
ne
fus
que
deux
jours, et pris
et
ma
Et entre Calais
Graveline courant
me
souhaitoit le
bon jour
comme
je
me me
la
bon
et
accueil,
de cheval
chaise
:
donnay
de
Arreste.
Je dis en frappant de
mon
fouet
Comment
de mettre
coquin, avez-vous os
manche du
sant
du bout
pied terre,
:
de
tirer
}
il
son pe.
se jeta
genoux
di-
Que
vous
ai-je fait
je
ne suis pas
homme
me
d'pe,
Je
et
le laissa
tomber. Je
le fis soufler
blessay un peu
la lvre
d'en haut et
promit de ne s'en
pas plaindre.
luy, et a demie-lieue
la
marine, M"" de
Maisonneuve
Ils
et chevalier
de
Montant,
(i)
s'arestrent
me
questionner
de Plets
comme me
j'avois
gagna un peu
des
plissa-
avant moy.
Cependant
continu.
je
de Plets
it)
et
En
barrire
Nestor-Clemenceau de
;
en 1675
le
la Faudire de Maisonneuve, nomm lieutenant de vaisseau capitaine de galiote en 1684; capitaine de vaisseau en 1689. Mort Rochefort
4 novembre 1700.
De Montaull, garde-marine
i6qi,
fut interdit
en i6g2
et
176
des^ je
1692
un
esponton
chez
il
avec
un
hauscol et
qui m'aresta
me
de
la
escorter par
deux
fusilliers
M'"
de Vercantire
tendit au
seuil
terre
et
:
m'at-
me
ComJe
enet
les routes.
tres.
Sitots
Voyons
entr je trouvay
mon
plaintif
dans un fauteuil
Mapour
se mesler
de me gronder. Et
dis
Il
du
me
faire arrester
je vais
Dunkerque o
MonMadame, que feroit tout autre que moy ? Il a eu l'effronde m'apeleret me demander corne je me portois, que ne me
laissoit-il
fait, et
1
il
m'a
fait
serment
les
crit contre
Etat-major et contre
Monsieur
et
Madame
luy dirent:
dre ailleurs.
Il fit le
Je luy dis
valez plus
la
Et
il
partit et
M'
faire.
le
et je n'aet repris
Je
cong
poste. Je croyais
mais
trouvay encore
entre
les
Mardye
et
Il
embarrasse dans
et
les
dmes,
j'arrivay
portes se
je priay
fermoient.
M*" le
crioit
Major de fermer
ne
laisser entrer.
Il
dit:
>>
Ho! Ho!
basse
c'est
et
Et
il
fut
coucher
la
ville,
M'
les
deux Intendants
et
commandants
et
les prvins sur les plaintes qu'il avoit leur faire, et je fus
me
tran-
quiliser.
je
n'informats
je
ma
matresse de
choses,
et qui avoit
aprhend que
:
ne fus entirement
Il
est juste
pour vo-
honneur de vous
justifier la
1692
CROISIRES ET VOYAGES
et
177
aurons
luy
et je
manday
qu'il m'toit
comme
et
je l'tois et
service quant je
et
voudray
qu'on ne retient
pas les
qu'estant destin
pour
aller
accomplir
ma
parole et
mes
dsirs.
CHAPITRE
Croisires et voyages dans
d'Oliva.
VII
la mer du Nord. Aventure avec l'abb Dmls avec le Anglais. Doublet comparat devant le Snat de Copenhague, il est acquitt. Prsents qu'il reoit. Il force les
Retour Brest avec des fournitures pour l'arsenal. Mariage de Doublet. Il refuse d'embarquer avec Duguay-Trouin. Il arme en course. Voyage aux Aores. Combat. Retour Bjest. Nouvelle Croisire. Prise du Scarboroug.
1692 Le
15
janvier
les
M.
l'Intendant
me
fit
venir chez
lui
pour
me communiquer
mandement de
ordres
qu'il recevoit
le
de me donner
(i) et d'y
le
com-
la flutte
du Roy
Profond
mettre qua-
hommes flamands
le
particulirement
que
mont
(2),
commander le Profond me dit Je suis surpris que vous ayez couru sur mes brises j'ayme ce vaisseau et vous m'en
venoit de
;
voulez
dpossder.
et le
Je luy
dis
Monsieur,
je
ne
l'ay
pas de-
mand
la
l'a
Ministre
me
:
l'a
ordonn.
qu'il
Je say
ne
pas
demand
et
qu'on
est pas
le
convenable, et
Grand Henry
Sur quoy
mon
(1) (2)
dit sieur
D'Amblimont me
dits
(c
Je
que se
Voyez les Mmoires Je Duguay-Trouin, anne I()Q2. Thomas-Claude-Renard de Fuschainberg, marquis d'Ambliinont, fut nomm capi1' janvier i(>93 et fait commandeur de Saintla
I
Louis
I
mme
701).
anne.
II
et
mourut
la
Martinique
le
7 aot
il
1692
soit
CROISIRES ET VOYAGES
et
I79
Et
il
fut
qui n'aime
pas s'embarquer sur les vaisseaux du Roy, cause del paye qui
est
moindre
et
aussy par
la
subordination
le
y faut observer,
et
service du
Roy
fit
c'toit le
de l'armement se
l'arcele
au 26 fvrier que
affin
je le fis sortir
le
du bassin pour
la
20''
mettre
le
de pouvoir
fut
mettre dans
rade
propre qu'au
mars. Et aussy
que je l'eus conduit en rade. M" le prince de Tingry (i) se amener notre bord par curiosit de voir un vaisseau arm, et
et mis
le
comme
de
mon
quipage.
Le
21
nous fismes
voilles
comme
le
portoient
mes
ordres, et aprs
toit d'aller
le
ou non,
en droitture Dantzick o
le le
22''
vent
et bien
des
officiers vtus
en rou-
marche,
et vouloit
dessus. J'euts
la
ne se trouva que 17 pieds d'eau et notre vaisseau en tiroit un peu plus que les 15. Je fis abandonner la chasse et retenir au
vent dont
il
toit
et
un banc dont
les brile
mer estoient
portes de
pistolets
de nous soubs
rclial de
Christian-Louis de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry, fils an du maLuxembourg. Il tait n en fyS. Chevalier de St. Jean de Jrusalem, colonel au rgiment de Provence en 1693, brigadier d'infanterie en 1702, lieutenant-gnral des armes en 1708, il devint marchal de P'rancc en 1734 et mourut le 23 dcembre 17 (') -Pinard, Chron. hist. mil., t. IV, p. ()38.
(i)
l8o
1692
couch
la
vent, et ne trouvasmes
et nostre navire
par
le
cost
si
fort
de dessoubs
voilles et
Je
fis
un bout
de vase,
1 5
et
s'leva
efforts
ancre et
Dieu
o nous rencontrasmes un
flibot
cossois avec du
j'ay
mon voyage
livres ster-
Mon
je
pris la
route pour
me
je
rendre Dantzic, et au
failles
may
j'arrivay
le
cap Kol,
et le
unze
fus
en rade de Copenhague
je
fis
ambas-
sadeur auquel
gne;
il
vin
de Champa-
dit n'avoir
lande-
me
le
Roy
et la
Reine
sant,
princesse de Nassau,
beut hautement
ma
ce qui me fit beaucoup d'honneur la cour. Sortant de l nous fusmes disner chez son altesse srnissisme M'" de Gueuldenleur frre naturel du Roy etvice-roy de la Norvgue et gnralissime
des armes.
gue, mais
il
Il
nous rgala
fit
la
nous
boire l'allemande,
heureux d'avoir prtexte d'aler me rembarquer pour continuer ma me vint demandar je prit cong et la
sortye je
me
sentis
toit tout
proche
et y
tant
ambarqu
je
1692
CROISIRES ET VOYAGES
loisir
181
mon
rive
bord, et eus
de reposer
la
la
en
la
rade, le 27'may.
Il
est
remarquer
petits
entrer dans la
rivire
de
que
la
les navires tirant 9 10 pieds d'eau sont obligs de rester rade plus d'une lieue de l'entre, ainssy je me fis porter dans
mon
canot jusqu'
il
la ville,
je fus
France, et
me
il
me
dit
de renvoyer
il
affaires, et
rai-
qui
me charger mon
de laiton
des
et
200 paquets de
Je de menu
fil
de
et
petites mastures.
luy dis de
et le
2
dans
les
fonds,
et ensuite
pour
pro-
payements
me
mener
vis
et
d'examiner
le
pays
le
qu'il faloit
charger et
le 25 et
26 par
par
trouvay
les
le secret
de
les
et
promptement que
l'effect, et
ordinairement
ces grosses mastures se conduise par des basteaux qui les entra-
survint
rompre
la
le
cble qui
le
long de
coste o nous
mon
baye d'Olive
(1) les y
la
cote un mil
le
de Dantzik.
l82
1692
myfits
my embarqu et
rent qu'ils y gardoient par ordre de M' Tab Dolives pour qu'on ne les enlevats. Je m'informay de sa demeure et ils me la montrrent
bonne demie
dis
lieue
en dedans
les
et luy
les
de
ne pas
Et
il
rpondit
Qui
est-il
votre
Roy
Roy
Il
les
mts sont
moy
et tout
:
ce qui vient en
Je dits
Mon
les
mon
disant
Reti-
trouvant trop
Ma
et
ds
le petit
grande chaloupe y toit, je laissay passer jour je fis armer la grande chaloupe de 4
hommes,
un
cric et
de bons leviers
je
et
des rouleaux et 25
et
hommes arms
dans
mon canot o
et y
m'embarquey,
en
fut
de nos mts
d'y travailler.
M.
les
examin
et je
remarquay
l'ab vtu
comme une
camail
et
M.
en
ar-
me de membrin demanda me
il
je luy
parler.
faire halte, et
qu'il
n'auroit
autres raisons de
moy que de me
que
s'il
s'y oposoit le
moindrement ou
air
ses gens
que
j'avois
donn
bien
ordre de faire main basse sur tout, except luy que j'enleverois
en France.
Il
rpondit d'un
doux
Monsieur, cela
est
Roy de France.
Alez,
Monsieur,
me
ferez plaisir.
Et j'enlevay tous
mes mts
Je
partir
me
toutes
pour France.
y eut plusieurs
me tmoignrent
et
je
de
voir un vaisseau
du Roy de France,
ne peut
me
dispenser
1692
de
les
183
M"
mon bord pour faire prparer le repas et renvoyay M"" Durand, mon capitaine en segond, dans ma grande chaloupe et le fils de M"" Alvars, garde de la marinne, mon enseigne, dans mon
nay
canot pour amener cette compagnie, que j'atendois disner. Et
il
arriva
en cette
Roy de Dannemarc
le
et
duquel sa chaloupe
j'avois
mon bord o
toit M""
de Rancey que
connu
(i)
Lis-
vidame Denneval,
son
chez
avec
yac,
ambassade en Portugal,
fils
toit
le dit
Madame
son pouse
et M"' le chevalier
dedans
et venoit se
dbarquer
Dantzick.
mon
ressentiment M"" de
Rancey de ce que je n'avois mon canot ny ma chaloupe pour aller rendre mes respects Son Excelence, mais que s'il le voulait bien j'y allois aler dans le canot du Danois, et il me marqua que je ferois plaisir Son Excellence. Je fits arborer les pavillons et tirer treize coups de canons avant de m'embarquer pour saluer
la
et fus le saluer. Il et
me reconnut
et
j'en receus
il
beaucoup d'honnestets
de Madame.
Aprs quoy,
me
dits
sur le soir
me
Et
je lui dis
N'y pens-
ses pas, Monsieur, vous recevries un affront de n'estre pas salu des forteresses et de la ville.
Il
me
dit le
la
pourquoy donc
pu apprendre,
cour de France et
et
ils le
comme
il
je l'ay
ny
le
faut
(1)
i<
M.
p'
le
Vidame d'Enval,
mme
III,
t.
447.
le
Roux, baron d'Esneval, vidame de Normandie, d'une trs-ancienne famille de cette province, avait t conseiller au parlement de Rouen. Madame son pouse , dont parle le narrateur, tait Anne-Marie-Catherine de Canouville, marquise de Grmonvillc et Monsieur le chevalier son fils se nommait Anne-Robert-Claude Le Roux
Robert
.1
d'l:,sneval
ce dernier
mourut prsident
mortier au
parlement
de Rouen,
en 1766.
Voy. Lachesnaye-Desbois.
184
que
JOURNAL OH
l'on se dispose
Jl-AN
DOUBLET
1692
a vous
Sur-
quoy
dans
il
m'embrassa
et
dits
Parbleu,
je suis
heureux de vous
canot du yac, et
je
luy dits
pour
qu'il
me
remette
la
mon bord
n'ayant
ne puis y manquer pour rester avec vous. Et il Je m'en vais avec vous. Sur quoy je rpondits qu'il
et
me me
dit
feroit
Il
beaucoup d'honneur
parla
Madame
sy elle
le
vouloit bien.
en
Madame
Et
nous nous fismes porter notre bord et il envoya M' de Rancey et mes deux chaloupes sur le midy m'ameinrent la compagnie que
j'atendois et dont M"" l'ambassadeur fut fort aise de s'informer de
vit le
prparatif de
!
ma
table
Madame et moy H, mordi, quelle bonne chre avons paty n'ayant que des viandes sales et fumes au bord de ces mesquins Danois. Je luy dits avant de faire servir Choisissez tout ce qui peut estre du got de Madame et je luy vay
dit
:
envoy.
>>
Il fit
un peu de
ne
falloit
qu'une
ou deux
mets.
M""
assiettes et j'en
diffrents
pagnie on apprit
battue et dfaitte
Hougue
(i) et
que, au bas de
six
la rivire
de
Dantzik,
il
avait rencontr
un moyen navire de
:
canons qui
votre
insolences, criant
chiens de
Franois
arme dames
que nous tions proposes, et M' l'ambassadeur par une prudence acheve remis un peu la compagnie en disant Il peut y avoir quelque disgrce, vnements de la guerre, mais
les dispositions
:
(i)
29 mai 1692.
1692
jamais
si
185
il
ennemis
les publient, et
roistre dconcerts.
et sur
les six
heures
il
falut
reporter
terre
Durand
avoit eu la
prvoyance d'embarsans
le
ma grande chaloupe
il
paroistre.
Et entrant dans
la rivire,
ne
peut
viter
de
passer proche le navire Anglois qui avoit insult, lequel ne manqua pas de recommencer, et il pacifia tout autant qu'il fut occup. Mais lorsqu'il eut tout dbarqu, et revenant pour se rendre bord et passant proche le dit anglois qui rcidiva en luy jettant
il
prit les
armes
et
fit
sauter nos
hommes avec
luy l'abordage
l'anglois tira
coups
en ayant mis 8
firent
le
nous
dit
l'ambassadeur, qui y toit encore sur les neuf heures et qu'on avoit bien fait de rprimer cette insolence et que
nous n'eussions nous pas embarrasser. Le dit navire anglois choua en coste, mais il chapa le lendemain. M"" de Rancey revint
le
comme
l'on
que Son Excellence de diffrer au lendemain pour se dbarquer pour donner loisir de prparer son logement, et M' l'amil
Snat
assembl o
fut dlibr
pour
le
recevoir, mais
prioit
mon bord
avec
Madame
il
et
journe jusqu'au
soir, tant
advis
que
je
me
pria
de
luy prester
qiier et
mon
canot et
et je
ma chaloupe pour
lui
aider le dbar-
son meuble,
mon
trompette
qui
nois
il
tira
on
tira treize
coups
et
(l)
Au
gnraux
et
les
trompettes;
mer
c'tait un luxe d'une assez grande considration pour qu'un des hommes de plus graves, l'illustre Abraham Du Quesne, prit vivement partie le comte d'Estres qui voulait lui enlever un des siens. Gloss. naut.
les
l86
rivire
JOl'RNAI,
DH JU.W DOUBLI-T
la
1692
tira
de Dansik, o ets
monta devant
de
l'affaire
la ville
o toutes
je
Et cause
aprs en
amitiez, et
de l'Anglois
fus
quittay
leurs
Excellences
leurs
fut
marques de
que
je
mon
je fus
bord, et que
ma chaloupe
le
venue
je
me
rendre a Copenhague.
trouver
M' me
marquis
de
Martangist
bien du bruit
et
de Dannemark par
les
ambassadeurs d'Angleterre
avec
je fus arrest
mon
vaisseau
j'eus la
me
doutant de
l'affaire
prcaution d'aporter
mon
que
j'avois
dames
qui
avoient
mon
toient
M""
du nombre
lui
le
contenu.
content et
Lorsque
de Martangis en
fut fort
me
fit
mettre avec
et
fut
content
consseil
de
ma
prcaution et
il
nous
dit qu'il
aloit se
rendre
au
ambassadeurs
dfences,
il
puisque
j'tois
muni de
si
bonnes
et
M'
dit
l'ambassadeur
me
me
laissa
m'ayant
me
nous
m'y
Je
fit
entrats.
vis
velours vert et
les
deux ambassadeurs un
en fau-
[692
teuils.
187
saluay tous
et puis
un de
et
l'as
emble me demanda
je
mon nom
fis
et celuy
de
Il
mon
vaisseau
en langue franoise. Je ne
aucune rponce.
officier ft trait
recommena
demanda pourquoy
ne
que
son
comme un
valet
m'aprocha un
fauteuil,
o avant de m'asseoir je saluay tous ces Ce seroit trop vous fatiguer et par
:
honorable assemble de
faire
un long
in-
terrogatoire et recevoir
examines
de mes partyes,
il
je
Et l'ambassadeur an-
glois prsenta
beaucoup
que ce
piller
dans lequel
soit et
pour que
long
25
mille florins
au
mon
rpliques
qu'il nets
me
faire
que sur
le
prtendu vol. Et
je pris le
discours:
coup de faussetes pour se disculper et pour agraver sa partie que l'on examine sur les factures de son chargement sy l'on y a rien pris, et que le total avec son navire qui n'avoit que des mts
et
lever, et
il
que
l'on
en remporte de ce pays
allant auroit
et
qu'il
pu produire en retour
cargaison
et
remporter
mesme
:
elles seroient
d'usage en Angleterre.
Aprs quoy
et l'on
l'on
me
dit
Je rejoins
le
secrtaire
de
comme
j'ay
abrg matire et
:
comme
en
fut trs
content et dits
Dans peu
deux ambassadeurs
sortirent
par
i88
d'Angleterre
jouHNAi.
i)H
ji;an
i)()Uiu.i;t
1692
content;
l'on
me
dits:
connu que
votre serviteur.
Le Holandais
que
de
me
sans
dits
Tous
le
les
vous.
Et
Conseil se spara,
sortir
on me rendit
le
mon
(i)
journal
me
rien dire, et au
nous trouvasmes
carrose
M"" nostre
ambassadeur o
toit
M' De
Cormaillon
qui nous
et
attendoit et pour
me
dire
que
M""
Bez retourne
toit.
l'hostel
que
Nousatendismes
et le
Roy
:
fut
inform
du
rsultat
du conseil
son Exellence
Monsieur,
avec
J'en
dits
je suis
justifi,
:
aplaudissement
mesme de
ses ennemis.
Et
la
Reine
grandes humiliations
Excellence avec
et puis
on
Son
M'
de Cormaillon,
homme de
M'' le
Montmorency
Blanc
et
et se sauva
en Dannemark o
le
a est
fait
lieute-
Roy de
ma-
France
avec nous
M'
mes
nires du soutient d'honneur pour ma sance et comme je m'tois Exellence me promena si bien dfendu, et l'aprs disner Son
il
n'y a rien
de Son Exellence qui fit embarquer dans ma chaloupe 24 grands jambons de Mayence dont douze m'estoient prsents par la Reine avec un flacon d'or pour l'eau de Hongrie (3) et dont le
la famille de Damas-Cormaillon, originaire de la Bourgogne. L'ordre de IKlphant Blanc cit plus haut avait t institu par Christian !', roi de Danemarli, n en I423 mort en I481, l'occasion du mariage du prince royal Jean avec Christine, fille d'Ernest lecteur de Saxe. Il fut rtabli au dix-septime sicle par
(1) (2)
De
Christian V.
La
('il
Autrement
l'glise de la Trinit, dite Tour RonJi:, est la tour de monter par une alle en spirale. eau de la reine de Hongrie, mdicament uromaliiiue autrefois cldu romarin.
_J
1692
189
exelent beaume, et douze autres jambons toient de M' l'ambassadeur, le tout pour le vin de Champagne que j'avois prsent.
les
J'arrivey Elseineur
flotte
sur
et
le
midy, o
je
trouvay en rade
une
n'a-
de navires anglois
Holandois
escorter avec
40
et 56 et 30
le
moy, qui sur les deux mes despesches et fus trover M"" Hanssen, agent de France, pour mes expditions; et comme c'est l'ordinaire d'aler an tabaret nous y fusmes dans une belle
propre sortir
je fus terre
vent
Zund
ainsy que
heures
pour
retirer
et
capitaines
salle o ets plusieurs tables comme au caf. Les desconvoys Holandois y entrrent et un me demanda sy j'tois le capitaine de cette flutte. Je rponds pourquoy } Cets, dit-il, que vous ne devriez porter la flame devant plu-
longue
sieurs navires
terre.
de guerre
et
ceux d'Angle:
Je
fus surpris
Venez
arri-
Cela pourra
Je
le souhaite, luy
dis-je, et
si
vous n'estes
que vous
de
trois je
faire
me propose
bien de
vous
saluer celle
du Roy mon
Maistre.
Et Monsieur
je
voyant que
prenois feu.
mon
me
voir
que
j'avois
ranon
le
et qui
s'chapa
avec
vin,
moy du
il
naufrage de
lui
la
Serpente. Je
six
rgalay avec
de bon
canot.
H
fut
se grisa, et je
six
en donnay
Sur
les
heures
qu'il
comme
il
en
apel par
qu'il toit
M' Robinsson commandant qui le gronda d'o venu mon bord, et si c'toit pour dclarer
dits
vient
leurs
et
forces.
Danshin luy
que
je
l'avois
qu'encore aprs
donn
six bouteilles
de
bon
vin desquelles
190
1692
dits
:
M' Robinsson
de ce
luy
vin, et
par
raillerie
ou autrement luy
Retourns
si
ma
prodigue
que
je feray
en sorte de luy en
faire boire
en Angle-
terre.
je
dire
Danshin qui estoit grix vient me faire le compliment, et donnay un chapeau de castor bord d'or et luy envoyay son comandant que je doute de nous rencontrer, et que s'il
qu'il eust
en vouloit boire
seul sur
l'ille
se
faire
dbarquer prsentement
et
et
le
de Wein qui
toit
proche de nous
que sur
champ
le
m'yferois dbarquer seul et y porterois six flacons et que vainqueur les emporteroit. Il avoit compagnie son bord lors
je
de
mon compliment
o
il
qu'il
n'accepta pas, et
le
lendemain cela
fut
dit terre
fut
nation.
Le u/ au point du jour
je tiray
un coup de canon
appareiller pour
comme
sij'avois eu
quelqu'un conduire,
et
fit
que
je
me
sauvois
d'eux
tin
la
sourdine, et je sortys du
Zund
chasteaux de Crunet
nebourg, et d'Elsembourg
quels
de
Dannemarclc
portoient en
et sur
Sude,
les-
me
un calme
jetter
me
prit et
la
les
courants
me
arrire,
les
le
je
fis
une ancre
mer pour
nous
m'arrester,
six
heures
nous apereumes
la flotte
Zund avec
inter-
un
approcher, ne pouvant
du cost de Zund,
la
Dannemarck
qui
le
fai-
Holandois ayant
bon
furent un peu
j'alois
me
rpondre. Jerecommenay
Ils
ma sommation vu que
couler fonds.
(I)
le
tue dans
et
appartient
la
Sude.
Il
1692
I9I
coups de canon. J'aperus encore leur flame au mt et je les au comandant fis abaisser, et ensuite l'arrire-garde se joignit
qui toit au gros de la flotte et je creus qu'il y auroit rsistance et action, mais sur la deuxime semonce ils me salurent comme
fait l'autre, et entre temps l'escadre des cinq vaisseaux que nous voyons s'approchrent de nous et m'envoya un canot avec un officier franois me dire que le fils aisn du roy de Danne-
avoit
marck. (1) commandoit cet escadre et qu'il vouloit savoir qu'en sa prsence d'o procdoit cette violence dans leur mer qui toit sa-
l'officier et ses
gens
canot
abais-
que
j'alois
en sa compagnie dans
mon
et
canot en
le
fit
rendre un
fidel
compte
je
Et lorsque
de
ser
l'officier
dborda,
tirer treize
coups de canon
ma flame pour faire salut au prince qui trouva bon mon salut. me fit recevoir lorsque j'entray dans son vaisseau, les soldats Et me receut au traen hays soubs les armes, la caisse battant, et son grand mt et me conduit dans sa chambre, o je luy vers de
il il
fis
un
rcit
de ce que
flame ds
les
m'avoient insult en
abaisser
les
me menaant de
la sortie
me
faire
ma
du Zund,
et
gens d'une Rpublique eussent autant de droit pour entreaussy puissante qu'est
et je les ay
Roy,
mis
la
mon Roy
de Dannemark a est inform de leur audace, qu'il trouvera bon ce quej'ay fait, et que Son Altesse Royalle m'approuveray aussy.
Le prince m'embrassa
et
et
me
dit
seaux.
Et
me
dit
Je
veux
mon
me
fit
mettre
il
mes
fit
soldats en hays,
la
ma chambre
et beut la
prsentay
la
colation dont
il
mangea un peu
(I)
Plus laiJ
roi
sous
le
nom
192
sant du Roy,
le
l6}2
mienne
et
et se
lorsqu'il
et treize
dborda
saluer
et puis
coups de canon
deux autres dcharges de la mousqueterye, et fis mettre soubs les voilles pour continuer ma route pour passer par le Nord d'Ecosse et d'Irlande afin de me rendre Brest, o je suis heureusement
arriv au 25 aoust.
le
marchal de
qui
la
toit
coman-
carguaison que
le
me
dits
Roy, nos
l'a
rcompense.
Je
lui dits
Monseigneur,
Il
il
me
faite
esprer, et je n'obtiens
Il
quitter le
service.
diis
ne faut pas
Et
je prits
cong de
luy
pour
aler
M.
l'intendant
pour lors
je
M""
Descluzeaux
qui
me
tins les
mesmes
je
discours. L'on
incontinent
la
une dcharge
et fut
simplement
ordre de remettre
mon
vaisseau aux
faire la course, et je
Saint-Malo
je l'avois
afin d'aller
ma
parolle de
me me
marier
comme
la
lettres, et le
24 du
il
mesme mois
clbration en
jours aprs
le
survint ordre
de
Profond sur ce que lquipage que j'avois amen toient tous Flamands et qui ne vouloient servir soubs M' Dugu, et lorsque je fus arriv on me proposa de m'embarquer pour segond soubs luy, et je n'en voulus point et retournay Saint-Malo et il me falut songer m'occurendre Brest pour recommander
per.
Victor-Marie duc d'Estres, n en 1660, pair, marchal et vice-amiral de France, nom de marchal de Cuvres. Il tait entr dans la marine comme volontaire en
me
()
prit le
1678. Il fut nomm capitaine de vaisseau le 3 janvier lt)7Q ; lieutenant gnral et viceamiral en survivance le 12 dcembre I684; marchal de France en 1703 ; vice-amiral en pied le 19 mai 1707; vice-roi d'Amrique le 19 mai 1707. 11 mourut Paris le 27 d-
cembre 1737.
(2)
L'acte de mariage de
Doublet
est
du
l.(.
octobre
lga. Voyez
aux addiiions
la
pice n 3.
1693
Et Je
il
I93
toit Grandville
fus croiser
dans
la
Manche de Bristol,
et puis je fus
et je
trois
moyennes
prises
je fus
de peu de valeur
grent de jeter
les voiles
ma chaloupe dans
je
la
mer
et qu' force et
pour chapper
et fut
de porter heureusement je
m'chappay
tort
connu
et
me
et sur
mon
crdit.
Au
de
dix
demay
et
gade,
ville capitale
l'ille
de Saint-Michel, appartenante
MMe
de
comte de Ribeira-Grande
o tout
les
moinnes de l'ordre
par troupes
comme
comme
Ils
des enragez
y)
Et
me demandoient
fort.
de quel party
dis
bonnement:
fit
du plus
lui et
se prirent rire.
Le gouverneur me
le
aller
chez
me
pria
R. P. Sapator avec
l'ille
Tercre
17"
may nous
que
les
Il
estions
6 lieues d-
passs
la
pointe du ouest de
l'ille
s'leva
de
mer quoyque
tant d'imptuosit
fin,
deux caravalles
paisse
et
entours d'une
194
1693
un chacun de nous demandant la bndiction de nos sraphins qui en avoient autant besoin que nous, et les prires ne manqurent pas. Mais ayant reviie nos pompes et que le navire ne faisoit point
agenouill
d'eau, je les rassuray tous et poursuivis la route esprant sauver
n'en
toient
corrompus du
souffre. Et le 18
nous
la ville capitale, et
dbarquasmes
qui
me
laissrent
me
rgalrent
et
splendidevolailles,
et
envoyrent boeufs
moutons,
de 120 hommes,
ne m'arrestoy que
trois jours.
Je fus com-
mer que
je
voyois dprir
mon
me
pas 30
hommes en
tat
de combattre. Je
une
flutte
Angloise
con-
lest, et fut
le 15
juin.
Aprs quoy
frgatte
je
m'intressay d'une
huitiesme partie
d'une
de 36 canons nom le Comte de Repcl[2) pour la comander et faire la course. Je l'quipay avec beaucoup de diligence et engageay 220 bons hommes, et M'^de Villestreux del Hays(3)et
de Beauchesnes-Guouin
(4)
armoient
mesme
(i) La frgate portait le nom de Chailes-Amde de Broglie, comte Je Revel, brigadier par brevet du 12 mars l6yb, marchal de camp en 1(178, lieutenant gnral des armes en 1688 ; mort le 25 octobre I707.
nous l'avons dj dit, le manuscrit contient des dates marginales places en chaque passage principal. Un grand nombre de ces dates sont inexactes. Ici " aot i()g3. en marge La croisire et la prise du garde-cte d'Irlande qu'il va raconter appartiennent au contraire l'arme Hnj.y et devraient prendre place aprs le rcit du premier bombardement de Saint-.Malo qu'on trouvera plus loin. Voyez aux additions les pices n 4 et b.
(2)
Comme
regard de
Doublet
a crit
><
(3)
(|)
Il
fut
le
premier matouin,
dit
1693
seaux,
le
COMBAT
Saind-Anthoine de 52 canons
et
le
hommes
et l'autre 290.
Et sortismes du port de
Saint- Malo quelques jours diffrents les uns des autres tant
lieu
la
toit
joi-
des sondes
de
le
dpart
Et
le
lendemain suivant
il
de 60 navires desquels
frgattes.
y avoit
et
dix
Nous en approproche
les
et
mesme
plus
reconnusmes Anglois qui tenoient un bon ordre dans leur marche sans se diviser pour nous chasser et continurent leur route vers l'Espagne ou le dtroit. Nous les suivions pendant 3 jours et deux nuits, ce qui nous carta de notre croisire, et nous chassasmes
chacun de nostre cost.
Et
me
de 40 navires des-
les
Notre
homme de
la
dcouverte cria
Nous
chassions dessus, et
et
il
C'toit
la
frgatte L'Amiti
(i),
le
La Janais Le Gots
il
qu'il
suivoit et
et
que
n'avoit os l'attaquer, et je
il
demanday de
Il
me rponque
36
que
le le
commandant
et
canons,
segond de 50
et le 3"
de 24
y avoit des
Surquoy
la
je luy
demanet
day que
qu'il
s'il
mienne
qu'il
faudroit
commandant
et
de
lui
luy
qui ouvrit
le
commerce avec
les colonies
espagnoles.
Il
doubla
le
cap
Malo.
Legoux, sieur del Jannaye ou Jeannais, d'une famille de marin originaire de Saint11 commanda plusieurs corsaires de ce port en 1692 et i(q3.
196
1693
sauter son abordage et que luy Trouard reviendroit m'aborder, me metant son monde dans mon bord qui suivoient les miens de dedans le dit commandant.
et tout
mienne
d'un temps
sieur
Et
il
ne
le
je lui dits
pour
me
seconder, et que
j'alois livrer le
et
le
comman-
dant Anglois
me
il
discourois avec
mon camarade,
sa
un signal sa
envoyrent
amarer derrire
les navires
poupe
et
il
voilles, ainsy
que tous
de sa
rire
et
flotte
ar-
mon quipage
bien
anim
la
de pistolet
ma borde
mousqueterie. J'essuyay
mais
mon camarade
garde dont
de
l'arrire
dommage. Mes
offi-
me
dirent
que
je
qu'il
calle, et par
un bonheur
le
commandant,
tirer
le
ses
camarades
et je
pour se
de nous
mauque
vais tat
les
l'eau
six
quarante
de nos
hommes
son poste de
pour
me
prier
de cesser
le
combat, dont
la teste.
le
Nous
eusmes
fts
21
qui
estoient briss et
manuvres dont
et les
ne nous restait
et
bau du grands mt
mts
1693
RELACHE A BREST
fer,
I97
de pied
et
demy
et
il
est surprenant
comme
le
Jelegronday de ce qu'il mavoit abandonn sitt et il me dit avoir reu deux coups de canons l'eau et que son segond capitaine le sieur Truchot avoit un bras emport. Je luy redis: Sy vous m'aviez aid seulement une demie heure nous aurions eu la Vous estes trop heureux d'avoir victoire. Il me rpondit chapp aprs estre si mal trait et nets-ce pas victoire de
:
prendre
la fuitte.
Je luy
le
dits
de se
retirer d'avec
moy,
et
il
s'en alla.
fis
Ma
chaloupe et
canot furent
et je
nos ennemis
une
mesme
flotte
et
nous dclara
hommes de
trait, je
troupes rgles. Et
relascher Sainct-Malo
me
faire
racomoder
M. Herpin
navire et
le capitaine
du port
sortis
vint
mon
;
voyant
mon
mon
quipage
mal
traits
et
il
au grand hospital du
Roy
et puis
M.
le
com-
mandant
et
M.
me
promirent de
que j'eus aller par terre Sainct-Malo rfre un quipage et que je ne me mis en paine que mon radoub seroit sur le tault du Roy. Les eflfects
frgatte et
ma
et
ayant ren-
aconduits Brest
19 septembre.
198
L'on
prix
1693
sur
le
me
pour
fournit
la
mesme
naire.
bonne amiti qu'avoit pour moy M. Albust munissionJe partis seul de Brest le 26 septembre et fut croile
ser
entre
cap
Lzards
je
et
fis
les
Sollingues,
et
J'aperceu
il
un
vaisseaux de
dit juste
;
50 canons;
nos signaux
me
rponvais-
c'tait le
seau
du Roy:
Le Franois
comand par M.
Dugu-Troiiin
rade de
la
vint nostre
au bord de
M. Dugu
me
fis
pour y
prom-
il
me
resta un officier de
M
Il
le
deffia
ou
il
nous reconnut.
J'alois
fusil le
prit la fuitte et
beaucoup
vaisseau
mieux que
le
canons
et
il
M.
mer
Dugu
mats
et
dit
clouaisons
la
pour mieux
gnit
laissay s'chaper et
officier,
me
il
rejoi-
M. Dugu
et luy renvoyai
son
et la
nuit
survint
me
frgatte,
laquelle nous
ton, de Sainct-Malo, et
tombasmes d'accord de
lieues soubs le vent
croiser quelques
aperceusmes
40 canons
deux ou
tascher l'viter,
le
et raison-
1693
noient
d'autres
PRISE
DU
SCARBOROUG
coste
199
o
ensemble
:
cets
un garde
fort
de
canons
il
est
bien
plus
que nous.
Et entendant
ces
jettay dans la
murmures j'arachey toutes les lunettes d'approches et les mer et d"un ton colrique je prits parrolle leur disant Vous voyez tous que nous ne pouvons viter le combat; quant
:
demy
il
et
la
l'ennemy se
fortifie
et
aura
moitti de la peur.
:
Et
Creton
qui
me
rpondit
nous ferons
la
mon quipage
mesme
Vive
le
chose.
la
.
Je
fis
hautement
sant du
Roy et
:
qu'il vive
Roy
Je dis
ennemy
il
ce nets pas
les
braves gens et
plus
que nous,
et alant
fis
ils
demy
battus. Et
luy, etVhloille
nous
Mages. Le
garde coste nous aiendoit avec ses deux voilles majeures cargues
et le vent sur le petit
mesme
fits ari-
ma
fits
le
de
aucune manuvre,
la
notre mousqueterie
drisse
du grand hunier
dont
et
la
homme
navire
emporte
nomm
ennemy
Le
perc pour 44, se nommait le Scarboug, avec 200 hommes; et Vhtoille ne me seconda nullement cependant a eu part cette
prise
l'avoir pris
les offi
ciers et quipages
me
quer
la
que de
trois
200
lieues, ainsy
1693
ils
estropiez dont
priroient la
demandes
fit
et j'escortay la
2
Port-Louis
frgatte
le
6 de novembre
et
en ressortis
ma
\eComte de Revcl ne l'ayant monte que de 30 canons cause de l'hiver, ainsy Tanglois en avoit 10 canons plus que moy
de plus gros calibre
et 24
et
hommes
plus.
Je partis du Port-Louis
seul le 8
j'arivay le
Sainct-Malo dsarmer o
(l)
\.
et 5.
CHAPITRE
neuf.
VIII
Bombardement de Saint-Malo. Visite de Vauban. Voyage Bourg Second bombardement de Saint-Malo. Croisires. Excursion en Irlande. Superstition de Doublet. Voyages aux Aores. Lutte
et Saffi.
la
fille
Il
refuse le
Martyre de
de
Dom
Garcia.
Le 26 sur les deux heures de l'aprs midy, je fus promenade sur les remparts proche de la porte de SainctThomas, avec plusieurs messieurs de la ville, et Ton aperceu au large de la Conche (i) une flotte qui s'en approchoit.
1695.
la
La
pluspart
estre
une
flotte
du
party des
une
Ce n'est nullement de navires marchands, ce sont vaisseaux de guerre. Et il y eut presque un pary entre M. de la Motte-Gaillard etmoy. Il se fondoit que la saison toit par trop advance et j'opinay tous-
pis-
les
4 heures
ils
mouillrent leurs
ancres en dedans de
tay
Conche
pour
la fosse aux
Normands,
de
fus
je qui-
ma compagnie
en leur disant
d'ordonner
de prparer
j'alois
les forteresses
la ville, et
que
trs
chez
moy
mon pouse
et
pour l'envoyer
campagne de
(I)
fort
de
la
Conche, situ au nord-quart-nord-ouest de la partie la plus septencommenc en 1689 et achev en 1707. C'est un des chefs-
d'uvre de Vauban.
202
JOURNAL
1)K
JEAX DOUBLET
la
1693
quitter.
embarrass comment
et
Je
son frre de
l'aler
conduire
que
je
ne
le
pouvois
dit
faire,
crainte
que
l'on
que
j'avois
pris ce prtexte
pour
me
son frre. Et
je
fus au fort
Royal o
il
et les
ennemis
des
sur les
dommage,
et alors les
du monde qui se vouloit sauver. Et nous leur envoymes plusieurs coups de canons sans nous apercevoir leur avoir fait dommage. La nuit survint et l'on cessa de tirer de part et
ser l'afluence
d'autre.
Nous
la
gurite du
estt
Au lendemain nous
mais
les
mismes en
de
mais
il
m'y
offris
sachant
la
le fait,
M.
le
Camus,
crivain principal,
qui reprsentoit
place de
la
M.
le
moy
(2), et
se
de plusieurs messieurs
m'abandonna les mortiers. Et avec l'assemble nous apereusmes que lorsque les galiotes avoient envoy leurs bombes elles changeoient de leur pkce pour n'estre pas endomags par les nostrcs, et je proposay que si l'on ne me veut pas troubler que je feray crever toutes
les
bombes en
l'air
que j'envoirray,
et
que parles
le
clats
moyen
plustot inco-
moder
les
dites Galiotes. Je
commenay
par mettre
feu la
fuse de chaque
bombe
et puis,
(i) Dans une lettre du 25 novembre i6o3. M. Le Camus annonce le dpart de M. Le Bigot des Gastines pour Paris. Arch. de la Marine, serv. gnral. M. le chevalier de Ste(2) M. Le Camus crivait au ministre, le 26 novembre 1693 " Maur et M. de Sever, capitaines, se sont trouv en passant pour aller Paris qui se " mettent en estt de faire tous leurs efforts du cost de la marine, et moy, .Monseigneur, je me rendray demain avec M. Doublet la batterie des mortiers pour bombarder les ennemis et pour tacher de !es incommoder. Arch. de ta Marine, serv. gnral,
:
i<
1693.
1693
je fis
BOMBARDEMENT DE ST-MALO
mettre feu Tamorce des mortiers et
la plus
le
203
mt d'hune de
;
la
Galiote
et
de ma seconde vole
poupe de
baril
endom-
mage
et mis le feu
un
de poudre qui
bien du fracas, et
des pierres de
montay au fort Royal pour dcouvrir d'o provenoit taille que nous tomboient proche de nostre batterie
et je
remarquay
de nos
porter
l'af-
que
c'toit
la gurite
fis
l'effort
mortiers. Je
achever d'abattre
livres
gurite,
et
fis
et la place vide
de
la
ou
ils
toient
mouills et
fit
un bon
et
trs lentement.
Nous
les
6 heures
du
soir
il
survint une
compagnie
d'in-
nous comander
comme
ses soldats
fort et
nous vivions
nos frais
y laissmes les officiers et soldats. Nous estions tous trs chauffs par nos agitations; nous fusmes souper et changer. Sur les
huict heures
du
soir,
on
se croyoit tranquille
pour
la nuit, j'tois
lorsqu'il se rpandit
comme un
terri-
coup de tonnerre que Ton creut entirement abisme, les lanternes de tous costs, que un chacun regardoit sy sa maison subsistait. Nous courusmes vers le fort Royal o avoit est le grand
effort et
les
murs qui
avoit
du mesme cost toient entr'ouverts, et au jour on ne remarqua que trs peu de maisons peu endommages, et presque
la ville
le
lende-
main
et les
les
ennemis voyant
la ville
encore debout se
et
briss. C'toit
fait
men-
204
tion
1694
composoit dans
la
ville
un hazard
comme
M""
que
j'avois euts.
les intresss
en
la frgatte le
comte de Revel
me
adjudicataires de la prise
du garde cte que j'avois faite et que sy je voulais bien m'y inttresser que jela commanderois de compagnie avec le Revel. J'acceptay le party aux conditions que mon beau-frre le S' DemaretsFossard auroit le commandement du dit Revel, Et il toit connu
pour un trs brave
homme et
il
n'y eut
le
aucune
difficults.
Peu de
jours ensuitte
la
Monsieur
duc de Chaulne,
(2J
gouver-
demeure a Sainct-Malo, et il fut inform comme j'avois agy au bombardement et comme j'avois enlev corps corps un vaisseau de guerre plus fort que Cela mrite une rcompense. Et il me n'toit le mien. Il dits
neur et admirai de
Bretagne, vint
faire sa
:
fit
et et
me
fit
Je veux
Je
bonts de Sa Grandeur
de l'honneur
M' de Vauban
ner
la ville
premier ingnieur du
de Sainct-Malo,
et lorsqu'il passa
il
au
fort
Royal
il
vit la
demanda
il
avoit
sa
les relations de la G'i^eile, p. 623 et dcembre, p. 285-33 1 et les correspondances du dpt de la Marine, service gnral et campagnes, anne 1693. L'escadre anglaise comptait en tout 43 voiles. Elle lana i5o bombes dont 26 seulement tombrent dans la ville. La machine infernale dont Doublet parle consistait en un briilot de 160 tonneaux environ, rempli d'artifices et de bombes. L'eftet de son explosion fut peu prs nul. Le* bombes trop paisses, d'un fer trop liant et contenant trop peu de poudre n'clatrent pas; il en resta environ deux cents sur la grve. Le P. Daniel a donn (/7ii/oire Je la Milice Fraiifoise) une description de cette machine. Charles d'Albert d'Ailly, duc de Chaulnes, chevalier des ordres du roi en 1661 (2) lieutenant-gnral puis gouverneur de la province de Bretagne en 1670; ambassadeur Rome mort Paais en HiyH. Il tait le neveu du conntable de Luynes dont la stvur, Louise d'Albert, pousa Antoine de Villeneuve, marquis de Monts premier matre d'htel de Gaston d'Orlans, gouverneur de Honflcur de i(>).^ 16S3.
(i)
637,
Sur du
le
,\/tvi-i(re,
1694
suitte et entr'autres
VOYAGE A BOURGNEUF
205
M'Carajeaningnienr en chef Sainct-Malo vouloit. Il dit mon dit S"" de Vauban que
moy
qui avoit
dmoly
:
la dite
Vauban
je
s'chauffa et dits
Que Ton me
Quoy,
homme
J'tois
frais.
moi-mesme
n'oserois
faire abattre
ma
du Roy.
me
d-
Monseigneur, ayez la bont de m'enmont pas. Je luy dits tendre, il faut que j'ayequelqu'ennemy cach qui vous amal inform, et je me raporterai la pluralit des voix d'une aussy belle cour que vous avez. Je ne mrite pas un sy mauvais sort pour mes paines.
Il
dit
bien,
qn'avez-vous dire
Je luy contay
comme
j'avois
agy
et fait, et quantits
mrite
plustot une
Et
je fus af-
ville
y sont obli-
Et sur
la fin
de l'anne 1694, mes intresss m'avertirent que le j'avois men au Port-Louis nous toit adjug par
page, et
me disposer de armer avec seulement soixante hommes d'quique j'irois le conduire Bourneuf pour y charger aux
de
sel
deux
d'un
tiers
afin d'y
mesme temps
le
je fis
simplement
nomm
faire
le
Duc
de Chaulne, et
20
le sel.
Je
Nantes pour
fis
que
je
le sel, je partis
dj Bourgneuf au 4 fvrier et par vents contraires, il y avoit une flotte de nos navires
vent favorable pour passer par
la
Manche
(i)
me
convoy
Camaret. (Finistre).
206
et je les
1695
prservs de
Etant arriv au 26
nous
travail-
la
mousqueterie, et
mis en
toit
la
juin
nos
frgattes
toient armes et
rade de
Rance.
sortir
(1) Je
demanday
et
il
M""
Desmarets
ne
le
(2),
s'il
en tat de
la
en mer,
me
dit
qu'il
pouvoit
que pour
le
mare
vieux
banc, et
que
et
je
me
mes bor-
au cas de combat,
comme
le
temps
toit
les voiles
marche du vaisseau,
4 lieux en mer que j'envoyay un homme au haut du mt pour faire la dcouverte. Sitots qu'il fut en haut il cria qu'il voyoit plusieurs batteaux qu'il croyoit estre des pes-
Nous fusmes
me
la
cria
qu'il
y en avoit quel-
hune
qui
du grand mts,
et
me
servit
de gros vaisseaux
des vaisseaux de
les
et
il
fant
que nous
remarils
afin
de
ils
il
les bien
connoistre.
Et
comme
cost
de temps,
la
aperceus
le
me donnrent
la rade de Saint-Malo. Fossard, sieur Desmaretz, capitaine marchand et corsaire de Saint-Malo, tait le beau-frre de Doublet. Le passage qui suit contient le rcit du bombardement de Saint-Malo, les 14 et l5 i'i) juillet 1693, par la flotte anglo-hollandaise aux ordres de lord Barckley, forte de 70 voilesQuoique Doublet affirme que cette attaque ne causa aucun dommage lu ville et aux forts, on sait qu'il en fut autrement. De cinq six cents bombes tombrent dans Saint(1)
Embouchure de
Dj
cit
la rivire
qui forme
(2)
Malo; huit personnes furent tues et sept maisons incendii'es. que la ville avait souffert trois cent mille livres. .\rch. de
Lettre du 24 juillet
i()()S.
On
la
valuait le
dommage
Marine,
('aiiipannos.
1695
BOMBARDEMEXT DE ST-MALO
je fis revirer
il
207
de bord pour
la ville
y avoit
une grande
quantit de
monde
sur
la
Holande
(ij et sur
les
remparts nous
quelque voye
savoit
C'est que
la
mare
baissoit et le vent
ariv. J'avois
dfendu
dit
mon quipage de
j'allois
ne rien dire,
et je dits
aux gens du
baca-
teau que
pitaine
mon segond
et je
de ne
laisser
m'em-
De
la
et luy
qu terre
qui
qu'il
trouvrent
fut ce que nous avions veu. Mes intresss et amis se mon dbarquement, tant trs inquiets m'empressoient de leur dclarer le subjet de ma relasche sy prcipite. Je les priay de ne pas obliger parler devant une sy grande quantit de monde
que ce
et
que
j'alois
chez M''
le
comte de Polastron
(2) qui
toit
le
co-
mandant,
je dits
:
et
que l ilssauroient toutes chozes. Et lorsque j'entray Monsieur, quej'aye s'il vous plaits l'honneur de vous en-
tretenir un
il
moment en
je
particulier avec
Et
nous
ne
fit
tinelles.
s'il
Et
prvint que
le
voyoit pas que c'toit les mares qui les avoit empesches
pour attaquer
la ville et qu'il
donnt
tablie la batterie dite de Hollande. (1) Partie des remparts de Saint-Malo o tait (2) Denis, comte de Holastron, enseigne au rgiment du roi en l()63, obtint le rang de capitaine en 1667, de major en 167G et devint lieutenant-colonel en 1678. Brigadier par brevet du 28 fvrier 1686, il combattit Fleurus en 1690 et servit au sige de Mons en i6()i. Il fut cr marchal du camp la mme anne. En 1693, il fut envoy sur les ctes de Bretagne et commanda Saint-Malo jusqu a la Paix. 11 contribua la dfense de cette place en 1695. Nomm lieutenant-gnral des armes en 1696. Gouverneur de Mont-Dauphin en 1098. 11 commanda dans les vchs de Dol, de St-Malo et de StBrieuc, sous le marchal d'Estres par commission du 7 juillet 1701. 11 mourut le 28 Pinard, Chronoloffie hist. mit. T. IV', p. 407. fvrier 170G.
208
les
1695
main
et
me
prit
par
la
me
dits
Allons chez
)
ciers.
aller
chez
Nous moy
M'
les offi-
moment
aux
affaires
famille
Vous
affaire est
de toute imporfus
tance.
M' Desgastimes
(1)
commissaire. Je
par
la
faim.
Je
que
l'on
me donna du
Il
me servit une
du dindonneau
fut rsolu
grand apptit.
fences de
qu'on
sonner
Je
dits
trouver qu'il
norirois, et
et
falloit
les
que autant de matelots que l'on pouroit porter dans nos deux frgattes o je les
que j'auroissoin d'envoyer 50 hommes et un chirurgien des poudres pour dfendre le fort de la Conche et autant au
de
l'isle
fort
me
voyer
six barils
de poudre au
(2)
fort
Royal, ce que
M"
de
la
Palletrie et
de Langeron
comandant
les gallres se
prparrent,
Saint(\) Le Bigot des Gastinnes (Louisj, commissaire ordinaire Nantes en l<i77 Malo de i6q3 1699; commissaire gnral Brest de 1699 l7o3. Il fut fait intendant Dunkerque le l5 juillet lyoS. 11 se retira le l"' dcembre 1704 et fut nomm inspec;
cd
le 5
Sur
le
octobre 1719. Arch. de la Marine. marquis de Langeron, voyez page I04 et Jal,
Abraham Duquesne, T.
II,
p.
392-403. (3) Les galres du roi au nombre de quinze, commandes par le chevalier de Noailles, taint passes de Levant en Ponant. Le 14 juin lqo elles partirent de Rochefort et aprs plusieurs escales elles mouillaient la rade du Havre le 17 aot. Deux d'entre elles, la Palme et l'EmerauJe sjournrent pendant deux ans environ dans le bassin de Honfleur. Elles quittrent ce bassin, u qui est si petit que l'on n'avoit pu exercer la rame les cents matelots de ces galres , et furent amenes au Havre la fin de septembre 1693. Deux autres galres, la Suhlimc et la Constante, sous les ordres du chevalier d'Escrainville, furent charges de protger Saint-Malo contre les attaques des .anglais; elles jetaient l'ancre devant ce port le 24 avril i6g3, mais elles ne rendirent aucun service. Arch. de la Marine, Ordres du roi. Galres, 1690, campagnes, l6K9-it>oo, ! dcembre 1693; service gnral, 23 juillet, 20 et 20 septembre U>93, correspondance de
M. de Louvigny.
1695
et
il
BOMBARDEMENT DE ST-MALO
209
comme
enje priay
Roy
la
et
M"
faire
les
comandants d'avoir
bont puisque
ne pouvois agir de
conduire
des
et M''
mon pouse et ma belle mre du cost de St-Servant, Gastinnes me promit de se charger de ce soin et qu'il
dans son canot ce
Maillyet Hautefort
qu'il
fit
faire, et
je fts
satisfaire
et Kailus,
le
De
la
placrent leurs
rgi-
long de
portes del
femmes
et familles,
dont
les vaisseaux
me
paroissoient encore
pas.
Le murmure du peuple me
que
j'avois
rament saoul
pris
me
tenir
pour
me
heures
il
d'autant plus est que sur les 6 7 entra une frgatte de dix huipt canons avec une prise ho-
me
tinta
la
mon bord
tranquille
me
nemis parurent
fuitte, et je fus
Mais sur les huipt heures et demie, les enbon ordre, et un chacun reprenoit la
les
dans tous
moy
la 2" fois
que
je
la
sauvois la
et la
populace.
Et
les
ennemis
passrent par
la fosse
aux Normands
ils
feu sans
beaucoup
(i) Entr au service comme garde marine en i685, il fut fait enseigne de vaisseau en 1687, lieutenant de vaisseau en 1691, capitaine de vaisseau en 1693, chef d'escadre en 17 12, lieutenant gnral des armes navales le 8 juin 1722. Il mourut Paris le 7 fvrier 1727. (2) I,e commandant du fort de la Conche a expos le rle qu'avait jou la machine infernale destine ruiner l'uvre de Vauban. Ils me vinre canonner avec leurs gros navire, dit-il, et manvoyre la faveur de la fume un brlot. Il vint la porte du fusil sans que je peux tirer dessus, venent du cost que ie naues point de canon. Ils y mire le feu et lanvoyerent vent arrire au pied des baterie avec des ancre pendente pour acrocher la roche, il vint au pied, le feu dedent et une sy grosse fume qu'il estoit impossible de se voir, le vent la poussant avec la flame dans nos
11
embrasures avec une grande violance. C'est une nouvcle machine invente en
'4
Holande
210
dis
1695
mon
galliottes
bombes
se
outrepassoient de beaucoup
la
et les cha-
loupes furent
en
poupe,
rent
et
immanquablement
laville
il
bien de leurs
incommodrent fort et leur turent hommes puisque les ennemis abandonnrent et ne files
aucun domage
et sans
ny aux forteresses.
n'y avoit qu'un
ils le
Ils firent
dessente
couvent de Rcollets
Il
abandonn
c'toit par
monde,
et
brlrent.
y eut
le
soir
une
si
prit
en feu et
feu, et tant
presque brusle
elle alloit
la
en drive
s'en saisir et la
mortiers de bronze
monts sur
dpari des
des pivots. Et
sans
il
n'y a aucuns de ce
moy on
toit surpris au
dpourveu.
Et aprs
le
ennemis
couvrer
cus
je fis
demander
les
il
les
poudres
de
et
j'ay fournies
la
pour
deflfences
la ville et
moiti et
nous
avions
donn de
bonne
grasce.
Je
fits
Malo
le
May
1696 et
fis
aller le
et la 3"
pour empescher des baterie de tirer et de voir. Dans ce tems-l, ils envoyrent un autre btiment rembly d'artifice et de marchine feu pour mestre le feu aux baterie qu'il saves que les platte forme estes de bois. Ce navire mit le feu de mesme que le premier mes le courant le fit passer de lautre cost du fort o il sauta aprs avoir touch et ouver contre une roche ce quy empescha son ijrand effet. Il ne nous laissa pas de nous remplir d'artifice, de mestre le feu aux logements quy nestes couvert que de prlats goderonez et extr-
mement combustible. " Lettre de M. de La Maratierie, 1j juillet Itkp. Arch. de la Marine, Campagnes. (l) L'ile de Csambre ou Sezembre, en vue de Saint-Malo, vers le nord-nord-ouest D'aprs une dpche de M. de Nointel, intendant de Bretagne, ce fut M. le (1)
valier de (^argres de
(1
che:
venue des Anglais de frgate lgre, lequel revenant de la dcouverte aprit la fosse d'.Vmonville qu'on les avoit veus six lieues au large il fut envoie le mesme jour pour avoir des nouvelles plus certaines et en effet il aperceut les vaisseaux ennemis faisant voile vers Saint-Malo. Arch. de la Marine, (Campagnes, ir>i|.^.
la
premire nouvelle de
la
1696
pendant
et
je
211
notre frgate
le
au jour
je fus
surprisde ne plus
faisoit
de
la
bruine.
une
sur
nous aperceumes
deux
lieux desla
soubs
le
chasse
autres. Je
tournoient
leur chasses
et
pour aussy
me
quablement est
M'
immanou dsempar avant de pouvoir rejoindre Desmarets. Nous assemblmes nostre conseil et y fut resoult
faire
j'aurois
de ne nous pas exposer avec deux vaissaux bien suprieurs en force que nous, et ne pouvant nous joindre il valoit mieux en perdre un que les deux.
Cependant
j'insistois d'aller
dessus et tous
:
mes
officiers
et
Lorsque
pour un ne
et
contre qui
Et
la
de vue un
trs
et
dans
grand chagrains.
Mes
officiers
me
reprsentrent que
et
les
jours
les
battus ou pris,
et
nous
ne valant que
que
dune
expose en mer
nomme
St-Kilda,
navires
passer au
l'ancre dans
il
hommes
mer
d'eaux, et
demie lieux de circuit. Je fits remplir mes gens dirent n'avoir rien dcouvert
ils
qu'un
la
petit et
course
ny bois autour,
et
nous passmes
en cette rade,
et le matin je
les
renvoyay pour
navires.
et faire la
Mon
212
capitaine d'armes
1696
d'y
il
me demanda
aller et fut la
Je luy permis et
et il n'en peut dcouvrir. Il aperceu une fume au pied d'un gros rocher qui formoit une caverne et
trois
hommes et y furent et cria en sa langue, m'emmena bord. Il toit bien fait de corps et de visage, couvert comme d'un chasuble sans manches atach d'une couroye de cuir de buf poil par la ceinture, une
assembla
il
de nos
et
sortit
un
homme
qu'il
tocque
bas ny
la
Barnoise,
les
le
souliers,
fume et le fumier et l'oiseau de marine, et sans se dcontenancer il nous dit qu'il toit le gouverneur de l'Isle o il pouvoit y avoir trente deux familles dans des cavernes, et qu'ils
salope, puoit la
vivoient
d'oiseaux
de nuit,
qu'ils
pre-
qu'ils
ramassoient quelquefois
un peu d'orge
qu'ils crala
soient
entre
des pierres et
tribut
qu'ils
et
Pasques un
les venoit
de moutons
bufs
et
poisson un seigneur
et
un Ministre qui
donner
la
cesne pasquale
le subject. Il nous creut Anglois et nous vendit bufs pas plus gros qun veau d'un an et demy pour cinq cus pices, et il nous dit que leurs bestiaux estoient dans les cavernes pour profiter de leurs chaleurs lorsqu'il fait froid et
y en avoit pour
petits
deux
que plusieurs s'en sont alls sans s'apercevoir qu'il y eut du monde sur l'ille. Pour moy. j'ay bien parcouru et bien veu
leur rade, et
m lures
et
veu de sy pauvres ny de sy misrables gens. Je les croy sorciers, car sans vent ny la mer agits mon ancre chassa quoyqu'en bon
fonds de gravier; nous penssasmes perdre notre vaisseau contre la dite ille et fut contraint d'y abandonner un cble et un ancre
pour nous en
Je repris
vivres et ne
la
ft
retirer,
mais
la vie auroit
est sauve.
mer
que
je
conduit
Saint-Malo, o
je
dsarm vers
la fin
de
juin,
1696
21
Mes
j'irois
me
guerre et marchandize
qu'ils avoient
garves apartenant au
Roy de Portugal
qu'aussy
je
mon beau
j'avois
frre
M' Desmarets
de 60
et
pu
voir, l'un
de 66 canons,
j'en eus
encore aproaban-
comme
que
les
et
comme
il
s'toit
et
les
Mais
chant que j'avois intrest dans nos deux frgattes, et que j'aimois
Desmarest auquel
Je continuay
mon armement,
mon
escorte, et
juillet
1696 et
fis
la routte
pour
passer hors les caps plus de 80 lieux au large pour viter mauvaise
la
hauteur de Lisbonne,
il
falloit
du 12 aoust presque sans vent a demie lieue du dit cap, et au petit nous n'en n'tions qu' porte d'un fusil du dit cap, et le s""
Moinerie-Trochon
(i), capitaine
de
au
la
navires
large
de nous.
Nous
les
voyions
tions
aussi richement
que nous
l'a-
le
voient confi et qu'il faloit voir clair, et qu'il eut ne pas s'loi-
gner de
par prcipitation
Orijijinaire de
tel
moy que nous ne puissions dcouvrir autour de nous, et me cria autre fois Monsieur, courons desil
:
(l)
connus,
Saint-Malo, il appartenait une famille qui a fourni plusieurs marins que La Moinerie-Miniac qui fut promu capitaine de frgate en 17 il et mourut
la
commandant
Fidle
le
iX janvier
1712.
214
SUS
;
1696
Ce
Je luy demanda
de jour
et
que nous
les
aprs
le
proche de
la
nous aperceurent
voiles
ils
leurs huniers
menues
doublasmes
dit
cap de Sacra
et
aussi dpasser
le
couvert
le
d'insulte.
Mais
plus gros
chemin
et avoient
comme
falloit
il
faisoit trs
peu de vent
j'a-
Moinnerie
qu'il
un ancre, quoyque ce n'toit qu'entre deux rochers entre ces deux caps de St-Vincent et Sacra, et plutots risquer et perdre nos deux frgattes le tout ou partie plutost que de nous livrer avec un sy bon butin nos ennemis et de nous tenir toujours
prts sur la deffensive au cas d'un
viter.
Et
je
m'avizay d'envoyer
frre
mon
qui
toit
pour lieutenant
marchand
Je luy donnay 24 pices de thoile de Bretagne et deux castors blancs pour prsenter au gouvernement du chas-
sa protection
pour ne
me
laisser maltraiter
ces dpendances,
veu
qu'il toit
pour
le
estoit
rece-
de grands droits de nous. Le gouverneur receut de grand cur les prsents et dits qu'il luy manquoit d'habiles canoniers et
M' Fossard luy dit J'envay servir avec de mes gens . Et me renvoya mon canot avec deux des moins habiles. Mes officiers par trop impatients et le sieur Moinerie me disoient de tirer ma
:
de nous. Je
et
dis
Doucement, Monsieur,
ce n'est pas
la
nous comencer
sy
nous
atta-
deflfense
Ton nous
au gouverneur
faire
son devoir.
t\
nos ennemis
un quart de lieux au
1696
21
les ro-
chers, et je
fis
sons leur
des
fils
ment,
et
aussy embosser
et
le
cble
et la
mesme chose
il
du sieur Moinerie,
quoy
nos ennemis
la
notre nation et
ils
La Moinerie de
se pr-
parera
me
suivre et
que
j'alois faire
et apareiller
tout d'un
tirer
du
o nous tions
cap de
et tascher
fit
Sacra, et qu'il
leurs chaloupes
estoient absentes et
et nostre
manuvre
en un instant excute
qui
ramener leurs
chaloupes,
et le plus
mis soubs voile pour nous chasser sans atendre ces chaloupes, et
Fossard
tira
trs
ennemy
frir.
et
il
s'aresta en mettant le
bonne baye,
et sans
coup
Et un peu aprs
le
canot du
gros navire sur lequel on avoit tir vint avec un officier au pied
du chasteau demander raison pourquoy on luy avoit tir, et qu'on leur avoit tu deux hommes dont l'un toit le premier lieutenant
et
asile
Le gouverneur me
g d'environ 24
esproit
fils
lequel ne
valoir sa protection et
fait
me
remercia
du prsent que
luy avoit
et
qu'il
dits
que sy
je
dbarque heureuseet
ment nos
effets
que
je
le
gratificrois
encore mieux,
comme
2l6
1696
nous n'tions loigns que de 7 lieux de Faro pour y faire notre dcharge, et que nos ennemis ne s'loignoient de vue pour nous
observer,
vertir
je pris
marchands
auxquels
nous estions
adresss et les
de
me
Et
le
dbarquer en
et qu'ils les fe-
proche
le rivage
de Sacra tous
les balots
estoient
bonnes
voilires et
nous travaillasmes tout dbarquer pendant 2 jours, au bout desquels il se joignit trois autres vaisseaux avec les deux prcdents qui aprs s'estre entretenus de ce qui s'estoit pass notre
subject le
gouver-
neur leur
dit
il
prendre
et sans troubler
personne,
cette
dmarche
n'toit
que
pour observer nos forces et ce que nous faisions. Et ils virent bien les balots que nous dbarquions et lorsque le dit canot fut au
bord du comandant
et
il
fit
tirer
signal
la
baie
pour
la
deffense.
dit
porte
des canons du
pour recevoir
les balots
l'escadre s'en
retourns leurs
le
de boulet sur
la
cap
dite
baye par o
avec deux
le
fusilliers
fusilliers,
en ayant adverty
les
1696
lorsque tout
fut
21
partir
deux
le
barques
soleil
avec leur
couch. Les
la terre
Anglois ne se doubtant pas de nos embuscades n'ayant rien dcouvert la nuit prcdente fonssoient sur nos 2 barques et ils re2 canons chargs mitraille et la mousdsempares qui s'chourent la coste avec dix hommes morts, et quelques blesss qui furent noys, et 4 furent pris par nos gens, et les 4 autres retournrent leur bord rendre compte de ce qu'ils avoient trouv, et le comandant
ceurent
la
dcharge de
y en eut
2
queterie.
Il
fit
il
en-
voya son canot avec pavillon au mats d'avant et un fit ces plaintes qu'on leur avoit bien massacr injustement de leurs
officier, lequel
la pesche proche de terre o il y avoit des premire qualit d'Angleterre et qu'ils en porteofficiers de roient leurs plaintes en Cour de Portugal, et que tout au moins
on leur envoya leurs chaloupes qui avoient chou leurs gens. Le gouverneur me pria d'aler chez luy et nous convnmes qu'il
leur rpondroit que, ayant eu
enlever les
ses droits,
bonne connoissance la nuit prcnon pour pescher barques et effets par consquent
je
frustr le
Roy de
que
luy
avois
demand
la
per-
me
l'avoit per-
choues n'avoit aucun appareil pour prescher mais bien arme et qu'ayant eu le malheur de se trouver sous les coups elles toient
brises par les rochers et pilles par les gens de
la
coste et les
miens; quant aux 4 hommes qui ont chap, qu'on leur aloit dlivrer et que s'ils veulent les cadavres qu'on a dcouvert du sable qu'on leur dlivrera et les dbris du bateau. L'officier du canot
reeu
ce
les
4 hommes
je
et fut
fis
petit
rencontre
tant bien
que
les
Et
le
gouverneur me
contre
dit
que
l'officier
du canot
pestoit
comme un enrag
moy
2l8
1696
par
m'attrapent
ils
:
me hacheront
Laissez aboyer
l'entre
chiens.
La
dite
escadre
gardoit
toujours
de
la
Faro, et
fit
retirer
et
mes gens
sul
rglay pour
du
passay
les
mon
ordre
mes
moments d'une
cadre de
nuit
l'es-
nos ennemis. Je
ma
jour
Moinerie
plus haut
pour St-Malo
lieu
la dite
en
dcouverte au
le soir,
du cap de Sacra
on
la
reconnut
mme
nuit
cail
n'y eut qu'un qui nous aperceu et qui tira du canon pour appeler
les
autres.
Mais au jour
paine
on
les voyoit
quelque
prise.
fis
du
soir je
cape
jusqu'au jour que nous aperceumes trois navires qui avoient party
de Cadix
dtroit
et qui
le
de Gibraltar. Je
et
arborer les
pavillons anglois et
ils
eux
aussy,
mon
me
de nous particulirement
pour que
ne voulu faire
tirer
il
y en avoit une de 36
canons
leur
et
l'autre
la
donner
dcharge
ils
mesmes
marche,
voiles.
et
ils
Je ne
faisois
pas
jetoient la
ils
mer
beau-
leurs
chaloupes
et
et
nous chapet
avoient bien du
monde
_,
1696
coup
pour
d'officiers
SJOUR A SAL
en habits rouges galonns. Je
fus surpris
;
219
de leurs
route
je repris la
me
rendre
2^
rivasmes au
rade de Saley pour y faire nostre ngosse et y arseptembre 1696. J'envoyay M" Fossard avec mon
la
le
nomm
le
demander
et
permission au gouverneur
qu'il
du chteau de
droits et
Barre de ngossier, ce
accorda en payant
les
un quintal de poudre
12 pices
de
toile
de Bretagne
luy. Et l'on nous envoya deux batteaux du pays pour dbarquernos marchandises, conduis par des Maures a cause de la barre qui est trs prilleuse pour entrer et sortir le port. J'avois une partie
pour
de sacs de maniguette
(i) qui
est
et carre plus
et
il
fit
les
Marabouts
drogue
que
les
aportoient exprs, et
il
me
fit
renvoyer
traiter
dans
mon
navire et
mesme
la
Mon
navire
la
toit trop
la
barre et restions
les voiles
au cas de mauvais
le 6*
temps ou
qu'il
il
de
septembre,
j'eus
peur que ce ne
de Portugal
donn mon
je les
lut.
fis
cble, et
comme
s'estoit vaisseaux
ils
du Roy de Portugal
me
rendirent
le sa-
Le comandant nomm Dom Antonio de Gamache, m'envoya sa grande chaloupe arme d'une trentaine de fusilliers et un sergeant ayant
une pertuisane
de
et
Deux
un pot de
un
officier,
lesquels
de nous
faire halte, et
(i) Maniguette on graine de Paradis. A Sanguin, cte de la Guine, dit un mmoire, on commence traiter de la maniguette qui est une espce de poivre. Arch. de la
Marine.
220
dit officier cria
:
1696
la
je viens
de
part de
Dom
et
et
que venez-vous
mis les
icy, et j'ay
ordre de
visiter votre
Maures.
Je luy dis
dire au sieur
comandant
qu'il n'a
seaux du
frir,
Roy
trs chrestien et
souf-
et
que
s'il
l'aborder et met-
quelqu'autre chose
me demander
me
qu'il
canot avec un
telle
officier raisonnable,
que
je
avec
honnest que
l'on
Ils
fit
tinrent
un conseil
et
nous
les
exami-
nions qui
faisoient
combattre. J'en
faisois
mes gens
et
qu'ils
n'en
il
Aprs avoir
fait
leurs prparatifs,
me
cier
fut
avec
le
mesme
offi-
que
Je
le fus
l'-
ma chambre.
ildit
toit
bien dispos et les mches alumes et des pots feu et des gre-
nades.
Il ft
un signe decroixpuis
Je luy dis
La
reil
comandant prenne bien garde que cela ne rejaillississe sur sa teste et que je suis trs seur que ces ordres ne portent pas une
le
deux de
je
Cascaye
(i)
qui vouariva. et
frgattes et de ce qui
>
en
n'atends que
la
premire attaque.
de
mienne
visites
il
me
dit
Du
(1)
souffrir
de
abaisses
Voyez page
10.
1696
SJOUR A SAL
221
Je luy dis
J'ay
comenc
fois
le
salut, et sy j'avois
que de
le faire.
Je luy
offris
une autre
rigueur.
boire
il
et
il
me
:
remercia
et s'en re-
me
dits
:
dits
<
quon
agisse en
Je luy
maistre et imprudence
M'
votre comandant.
les
aperceusmes se
premier
officier et
le
mon pont o
et et
je le
recevois
il
m'embrassa de
qu'ils avoient
part dn
comandant
que nous vcussions en bons amis et qu'ils estoient venus en cette rade pour empescher les corsaires de Sal de sortir ny de rentrer dans leur port, et que sy je voulois
faire
l'honneur au
s""
Je
comandant d'aller souper avec luy que je luy fis mes humbles remerciements disant que
permis un
capitaine
il
n'est pas
de quitter
soi.
Et sur
l'aprs
midy
le
M""
Fossard
en
mesme
occasion
:
il
un buf
et
6 moutons
vifs,
dont
il
frais tus,
dont
j'en mis
et
j'envoyai une partie de toutes ces choses au comandant qui n'en pouvoit avoir
cause
qu'il toit
pour leur
faire la guerre.
nomm
Benasche, qui
dit
mon
que
je
Anglois, et
et luy
que 30 canons
dire
Vous
tout
mon
vaisseau, et je ne luy
Et ayant dbarqu
mes
effects destins
222
1696
je
partie
de maniquette,
les
me
disposay
soir
de mettre
la voille
croyant
pouvoir
aller
vendre
ou troquer Saffy et d'un mesme temps faire la course environ un mois pour donner le temps M' Fossard de faire la ngociation et pendant que je mettois soubs voille le comandant Portugais [m'envoya son canot avec le
major qui
me
fit
prsent de
jambons de la Mega et 24 fromages du Lenteja; le major me demanda si je ne saluerois pas l'escadre, je luy rpondis que c'toit
bien
mon
me
je
rendroit coup
pour coup,
dit
je
vous^en assure
, et
qu'il fut
me
furent rendus.
je fis route pour Saffy o j'arrivay le 23^ la rade o je trouun moyen navire soubs pavillon et commission de Sude quoyvay que Holandois; j'envoyai mon canot avec mon crivain terre
Et
comptoir de
avec une lettre que j'avois crite M"" Lenoir, commis tably "au M' Thomas Legendre (i), de Rouen, lequel s"" Lenoir
me manda que je pouvois luy envoyer ma partie de maniguette et qu'il me la troqueroit pour des cires en brut et j'en fis aussitt charger o poches dans ma grande chaloupe avec 14 de mes hommes et mon crivain, et dans cet interval le capitaine du Sudois fut dire au gouverneur de Saffy qu'il ne
se
le
croyoit pas en
gouverneur sans
et
quipage
aussitots qu'elle
qui
fut
excut avec
cruaut et perfidie. Et
maures qui
traitrent
les
il y avoit au bord du rivage plus de 200 atendoient et sitots qu'elle en fut aproche partye
de ce peuple se mit
rent tout haut
la
nage
et
les
s'emparrent de l'quipage
les
mal-
rudement jusqu'
mordre
belles dents et
i
choude-
ma chaloupe
et
hommes
dans une matamore qui est un puits sec, profond de 40 pieds et qui se ferme par une trape de fer et dont il faut descendre et
servi. J'aet
avec impatience
le
retour
de ma chaloupe,
voyant
(i)
Voyez page
87.
1696
SJOUR A SAL
223
mon
navire Sudois, et
il
heureux
qu'il
nous rendit
mes
lettres
pour
gou-
apporter
de toutes choses
verneur vouloit
entr'autres
et M""
il
et surtout
faire
de
la
de mes gens
de garder
ma
chaloupe. Et
me donna
manque
ordres
et le
s""
mes dpesches,
et
au bout de 10 jours
portoient de
je
qui
me
rendre mes
hommes
la
et
cas et que
avoit
mer tant contraires aux gnrations sur l'advis que je luy en donn le Mufti de la ville de Saley. Et mes gens et chasitost
loupe ne furent
arives
dans
mon
mais
envoyer
Miquenez ou
voir en
toit
le
dit
empereur,
le
un
si
peu de temps
avoient
qui
la
plupart
leur
alin
et
leurs
vues
bien des
me
retiray
de ce mauvais pays
le
9 octobre pour
Madre et Porto
Santo, o je n'ay
fait
de deux
heures que
et plus
canons
de
trois
cents
hommes,
venir
mon bord
me
l'aporta
toit lieutenant et
retourn son
bord
ils
ma
route
le
rendre Saley y recueillir nos effets que M"" Fossard y pouvoit avoir ngossier, et arivay en la rade au 26 novembre, et y trouvay encore l'escadre portugoise qui devoit se retirer
pour
me
224
cause
1696
le
ils
voulurent
et
ils
lende-
ville
de Saley
n'y firent
que
Le vaisseau
le
Saincte- Claire
s'estantaproch del barre y pensa prir et toucha par plusieurs fois et par un bonheur tout extraordinaire, elle s'en retira et avoit 60
canons
et plus
de 300 hommes d'quipage. M' Fossard m'envoya du cuivre tangoul, des laines
amendes
il
vint
un Espagnol
mandant Portugais,
Portugal
afin
affin qu'il
emmena
Roy de
de
faire
quelqu'change de part
le fis
de plusieurs
captifs des
deux nations. Je
le
conduire par
mon
canot au bord
il
du portugois qui
pria le
lion et
un
cornes,
le
Ce Dom
tretint
Garcia revint
et
coucher
et
la
et
m'en-
du comencement de son malheureux esclavage pouse, et que son pre toit le lieutenant du Roy de
Larache coste d'Afrique
et qu'elle fut
de son
place de
subjugue par
les
armes de
trait
de
la
capitulation
les
ayant permis de
prisonniers et au contraire
peu aprs
et
femme
le
fut affec-
grand jardin de
et
un
srail, toient
bains et vivoient des fruits du jardin d'une vie asses paisible et puis
est issu
fille
une
fille
fille,
que
sa premire
ans, l'empereur
la
demanda
Dom
Dom
1696
225
que Dieu l'avoit fait maistre de leurs personnes et non de leurs meset querenfantappartenoitlamre,etleRoyluydit: Je t'ordonne de me l'envoyer ds ce soir un tel bain. Garcia tout afflig
le fut dire
son pouse;
elle dit
elle
fille
en tomba en faiblesse
sy elle n'aimeroit pas
et lorsqu'elle
en
fut
revenue
sa
mieux
souffrir le
la foy de Jsus-Christ plutots que de renier son mahomtante. Elle dits Chre mre, tuez-moy plutots vous mesme avant que pareil malheur m'arrive, peut-estre ne serais-je matresse de rsister aux menaces ou tourments. Et
martyr et mourir en
Dieu
et se faire
mre qui estoit munie d'un gros canif coupa et tailla en divers ende sa fille, en luy disant Souflre pour JsusChrist. Et la pauvre fille sans se plaindre ny crier disoit: Encore, ma chre mre , par plusieurs fois, et elle fut toute dfigure. Ce qu'ayant seu l'Empereur, il fit donner cent coups de bton sur la
la
droits le visage
deux cents coups sur le ventre coups, et que sa fille cadette fut oste et mise au srail et mourut de quiprenoit dix annes leur chagrainpeu de jours aprs y estre enferme, et que six mois aprs ces malheurs, le Roy le reprit en amiti et luy redonna sa premire
Antonio
et
Dom
de
la
mre, dont
elle expira
soubs
les
office
dans
le jardin et
fils
avec
les mission-
que c'toit pour la troisiesme fois effectivement qu'il le dputoit pour traiter des changes d'esclave ce s"" Garcia toit homme d'esprit et bien prudent. Et le lendemain
naires servant d'interprettes, et
:
il
une
lettre M''
s'il
Fossard
le
en sorte de m'envoyer
le
peut,
que nous courions de grands risques de perdre la vie et biens sy pas tempestes nos cbles ou ancres nous manquent ou que ceux
qui chaperoient
la
il
de m'envoyer sa responce pour lequel il me marquoit n'avoir plus qu'une barque de marchandizes m'envoyer et qu'il serait impossible de le faire avant huit jours quiseroit nouvelle lune, temps o la
barre est
la
ni
l'homme que
je luy
avois
donn pour
servir ne
226
Et
le
1697
sud-ouest
par
se
notre
cble
nous
la
mismes
afin
promptement
soubs
de nous rendre
M' de la sant de
(i)
la
baye de
l'ille
de Pomgu
lazaret
une
trempe au vinaigre
venir
la
et
la
mesme pointe
ce que nous avions demand, et aprs les quarante jours on nous de-
manda de
de
la
suite
ou nous enfuma
Je disposay
faire la
et le navire, et
faire
le port.
pour
se
fit
Ponnant. Et
par un
fut suscite
nomm
Le Dsert.
dans
le port.
jetoient les
plats
et les
Je
demanday d'o
la
cela provenoit.
:
contre-matre prit
travailler
parole et dits
deubs jusqu'
devenir l'extrmit
toit
de
que l'admiraut
pour rendre
fut
justice sur
l'engagement de
la charte-partie.
Et
il
ordonn
mutinerie
que
je
du voyage. Le
jetanten
fit
Dsert sur
le
souper recommena
la
merune gamelle
cordeetluy
matin
je
proue du vaisseau,
et le
lors intendant
de
de France (Bouches-du-Rhne) dans la Mditerrane, 8 kil. de MarLes navires qui arrivent d'.Vfrique et du Levant y font quarantaine. (2) Hubert de Fargis de Montmort (Jean-Louis), conseiller au Chtelet de Paris, intendant au Havre, 1684; intendant fjnral des galres, 1688; conseiller honoraire au parlement d'Aix, i()i)o; intendant des armes navales, 1710. Dcd le (> dcembre 1720
seille.
1697
RETOUR A MARSEILLE
il
227
police et de gallres, et
port,
compte du subject de
et
avec exactitude
en porta
le
reffect
Monsieur
l'intendant, lequel
envoya deux
sergents des galres pour y conduire Le Dsert qui toient de sa caballe, et furent tous mis la chaisne avec chacun un forat
dans
la
Ralle
(i),
et
on leur coupa
ils
les
cheveux.
Ils se
creurent
perdus entirement et
pour
me
bles, ce qui
"
grasces. Et
me
dits
trois
semaines en cet
(l)
les
que dans l'escadre des galres, on donnait la galre destine porter le Roi, Princes, l'Amiral de France ou en leur absence le gnral des galres. Le muse du
fort
Nom
Louvre possde un
beau modle de
la
CHAPITRE
Croisires sur les ctes d'Afrique.
pris
IX
Doublet
S""
Relche Lisbonne.
est
Retour
Saint-Malo et Honfleur.
Voyages
Terre-Neuve.
qui pesait
les
Voyage
Saint-Domingue.
Historiette du
Gotreau.
sacs procs.
Tempte.
le
Retour Saint-Nazaire.
Doublet prend
Le 9^
avril je
l'on
il
toit naturellement
souffrant et en avoit souvent contre les uns et autres qui luy disoient
ne vouloir pas
faire
il
s'en chagrina et
mon
rade de
Dme
mer au
may j'ay
pagne sans autre rencontre que des corssaires d'Alger avec lesquels
nous tions en paix
et qui
pour
approch de Senta
et
du camp des
quand
je
Maures,
l'on
prendre au large
et
il
fits
les
routes de m'aprocher
de Cadix
prits
et les costes
un flton angloisde
l'est.
ble pour
Je
le
navire
ma
prise
dont
la
je
payales
frais
de
ma
mer
60
et
Manche sans
et le neuf-
1697
229
nous
fit
de 36 canons, que
S""
le S*"
Belire-le-Fer
donn
les
commander au
De
la
Riie, et
rencontres que nous, et aprs sept jours de notre jonction nous ap-
perceusmes
pour
les
navires proche de
ils
Lzard,
et
comme nous
allions
reconnoistre
ennemis
et
ils
dits
M' De laRe que c'toit deux gardes costes ce peut estre aussy des marchands , et ne se que trop tard. Mes officiers et quipage enmur:
Quoy
faire
si
ce jeune
il
homme
dira
est pris
c'toit
s'il
en chape
que
deux
il
marchands
ataquer
le crdit, et
l'engagera
les
Cepandant pour moi-mme, mais il n'en toit plus tems et Anglois marchoient mieux que nous. Le plus gros qui avoit
fuir je le faisois
66 canons
re.
m'atrapa
je
porte de
son canon
il
et
il
ne
S""
m'entira
ne
fits
aucun
cas, et
poursuivit le
je dits
:
De
La-
qui
nous chasse,
et
prendrons coup
voilles
menues
et
pour
re-
l'uny
le
du
emporta
et
avec luy
le
mt d'artimon
et
le
tomba sur
la
le
mat
tra-
de
missenne
cassa
tout
tomba
mer.
Nostre
voilles,
costau
vers saris pouvoir gouverner, et nos canons que nous avions dsaisis
les
nous fusmes pris sans pouvoir combattre contre une frgatte qui n'avoit que 52 canons nome le Rie, et M"" de la Rue en fuyant avec des
Aucun homme
230
coups de retraite
ils
1697
et
le
Canlorbry de 66 canons,
prisonns
septembre 1697 nous achevasmes de remplir la prison, o nous fusmes trs troitement loges 3 et 4 officiers sur des mchants lits quant aux aliments nous les faisions achepter
;
dans
fort
la ville et l'on
nous
del moittie
et estions
l'on
les
M"
de
Cochard avec
leurs
officiers
de
la
et les officiers
fis
mes
plaintes
M'*
et
ils
me
dirent
Nous renvoyons
aloit
la
nous renvoie
en Sude
et
que
les
les
les
la
moy
officiers
de
marine
Et
ils
me
dirent
ils
Ils
recommandes que
ils
vous Testes;
marchands en
comme
et pre-
vous
Et sur un
que
je fits
la
Reine,
il
me
fut
mission d'aler
et
les soirs
me
reconduiront
la
frais
de dpences.
me permettre de
m'y embarquer,
et la fin
Etantde retour Sainct-Malo, me trouvant dmont de navires et ne sachant quoy entreprendre, je proposay mon pouzede venir mon pays natal y voir ma mre et mes parents, et que j'avois un
peu de bien dont
je n'avois rien
receu en considration
domachre
1698
Mre,
et qu'il toit
VOYAGE A TERRE-NEUVE
bon de
vois nos petites
affaires.
23
Nous fusmes
bien rens de
me proposrent que
me
tabler
pour entreprendre de
du Canada, pour
res
les
apporter Honfleur o
s'en toit
fait
de
du pays
faire ce
et re-
conduits
que lorsque je l'aurois a conduit Honfleur j'yroisla prendre avec deux enfants que nous avions (i) affin de nous tablir au dit Honfleur Je trouvay Dunkerque un navire de 300 thonneaux et 16 canons
qui
me
Je l'acheptay et
comme
pour
a conduire
aller
mon pouse
et
nos
deux enfants
je
et aflfrettay
m'apporternos meu-
party pour
le
voyage du Canada,
Sainct-Martinde Reyd'o
ma route. Je parcourus
glace qui nous
fit
et 16 lieux,
la
que
et
nousyrencontrasmesun
petit navire
de Grandvillequifaisoit
le lieu
route
pouren
sortir, lequel
o nous avions
brume
crcu enferm,
et
pour approcher
du Cap Breton
et
fin
Jeanne-Rose, ne Saint-Malo vers la (i) Nous connaissons trois enfants de Doublet de i6i)!<; Marie-Magdeleine, baptise Honfleur le 27 aot 1699 Franoise-LouiseMarguerite, baptise dans la mme ville le 10 fvrier 1704.
, ;
232
1698
mais nous y trouvasmes encore un grand banc dglace qui nousbaroit le chemin de notre route, et nous
noissance au lendemain matin,
arrivasmes courant au sud
le
le
et
de
la
Rochelle,
la
nomm
le
capitaine
Tho-
dit avoir
party de
il
Rochelle
le 3^ fvrier et
qu'ayant
mesmes
glaces que
nous qui l'avoient empch de passer plus outre pendant sept semaines etquepar les grandes froidures qu'ilsont ressentyils avoientcon-
du dedans
et
tous leurs mts et les vergues de leurs perroquets. Je leurs dits que
la
baye quipa-
et je l'en assistele la
vent nous favorisa et nous donnasmes l'ancre tous les deux dans
dite
baye sur
les
heures du
soir, et la
reconnusmes pour
la
baye de
du
bois et je
je
me fis
me
ma
dessente
ramassey sur
fit
rivage plusieurs
qu'il
deterrre, qui
conjecturer
y avoit
ce charbon, Sur
voyai un de
la nuit je
me
rendis
mon bord
lendemain
j'enles
mes
officiers
reprsenter au capitaine
Thomas que
d-
passes, et que
un
homme
et qu'il
le
paration
premier arriv
Perce,
lieu
de nos destinations,
l'arrive
sortir, je
Ton prendroit possession d'une des meilleures places pour du navire et il y consentit. Et voyant que nous ne pouvions fis embarquer des provisions dans une de mes chaloupes
conduire au haut de ladite bayeondonnoit une
et
me
fis
quelque dcouverte
et
et j'avancey prs
l99
vire,
VOYAGE A TERRE-NEUVE
O nous voyons de temps autre plusieurs ours prodigieux dont un que le vent
et je vits
233
une
futaye d'ormes
avoit
avoit abattu
65 pieds de long portant cette longueur 14 pouces de largeur et au pied trois pieds et 10 pouces de diamtre, et il yen avoit
quantit.
Il
survint
avant, et
comme je
et
coup de canon
ne
faisoit
pas
bon d'appareiller tant parles glaces et que la vay mon bord sur les six heures, o j'appris que le capitaine Thonuit survenoit. J'arri-
mas
premier et
lard fut
il
se
trompe
et se
Le
brouil-
et sur
une
heure aprs aprs minuit nous entendions souvent des coups de ca-
nons de ce navire que nous creusmes bien avoir est transport dans
les glaces,
le
pouvoir ti^ouver?
et
Et
les
jour
mes
la
tomba une grande pluye, et nous restasil fit beau clair et du haut de nos
et
moyen canon,
fait
glaces aprs
avoir
8 lieux de
je fits
dite
baye
nomme
Niganich; on trouva
je
le
fus sur
une petite
le terrain
et,
voyant
proposay
pesche.
falloit
en ce
lieu
pour y
faire nostre
rpondirent qu'ils
le
vou-
en
utile
pour
le
bien
commun
des intla
restasmes
je leur fits
les prparatifs
la voille.
de
fis
la
pes-
Je
passer
l'isle
234
passey entre
1698
si
Brion
et la
Madelaine, lieux
peu frquents
que tous mes officiers disoient que s'ils avoient cent navires il n'y en risqueroit pas un, et nous passmes sans accident, et au 24 juin feste de St-Jean, nous arrivasmes l'isle Perce tout le premier et travaillasmes d'une grande diligence nous cabaner et acomoder
nos barques
et
et
sur
la
fin
de septembre
elle
fut
eut quatre de nos gens qui voulurent bien rester hiverner avec un
fit faire un bon logement par des doubles rangs de pieux, entre les deux de bons gasons, et fut couverte de planche, et y reportasmes leurs vivres et toutes choses servir la pesche pour l'anne ensuivant qu'il
Et arrivasmes
avoit qu'un
moyen
il
n'y
nous,
Mais
l'envie
mesme
dessein et fu
avec nous
l'isle
Perce
et
vente s'en
fit
bien
et l'an-
pis et qui
Ace
der-
une de mes chaloupes m'advertit avoir veu une grosse baleine morte et choue prs du cap enragea deux lieux d'o nous tione tablis. Je myfis porter et mesuray sa longueur qui portoit cent six pieds de long sans y comprendre la queue qui
en avoit bien encore quinze;
j'en fits
ceaux de lard
et les
dires, et en emplis
Voyant
la
deux banques d'huile; j'yrenvoyay deux chala mer avait enlev le reste du cadaperte que nous faisions sur les deux derniers voya-
Doublet veut dire son avant-dernier voyape Terre-Neuve, car au mois de dcemil entrait dans le port de HonHeur avec le navire le Repos Je la Patrie qu'il commandait. 11 rapatria alors un sieur Pierre Remy, ancien habitant de l'le Perce, qu'il avait trouvdans cette ile abandonn sansvivres et sans asile. Reg. de l'amiraut.
(l)
bre 1701
1702
VOYAGE A SAINT-DOMINGUE
il
235
n'y
M'
le
duc d'Anet
Il
l'isle
Perce
brlsurvint
rent toutes
mon
sel
magasin.
un
diffrent
du
pour
les gabelles.
Les
comptes o
ils
dont
le
il y eut une contestation de trois eurent un procs qui a cont plus de mil
en
fraix et
navire
demeura au
foss dprir, et
la fin
fut
vendu par
justice
livres
de
un espagnol
quelqu'un savoit
la
sienne et
me
me
embarqu
thagesme,
sieurs de sa nation
ils
partant de Portobello
Ramos y
il
perdit sa part un
les
peu plus de
en avoit gard
connoissements,
avoit est
que ayant appris le nom du capitaine forban et sachant qu'il dsarm et dbarqu tout le butin au Petit-Goave, Ille
et
de Sainct-Domingue,
avec l'Espagne par
dit
fait,
le
Duc
le
Ramos
tant
trouva les
muni de bonnes attestations du vol qui luy fut moyens de se faire aporter Saint-Domingue pour
des
:
plaintes
au
com-
mandant pour
lors
(1) Le rcit qui suit est confirm par plusieurs actes des reg. de l'amiraut de Honlleur (2 et 3 dcembre 1701). Un espagnol arriv dans ce port sur le navire du capitaine Jacques Gaspard et ayant pris Doublet pour interprte exposa devant les officiers de l'amiraut qu'un capitaine Delaunay, commandant le navire l'Europe dont il se servoit en qualit de forban , avait captur et pill, la cte de St-Domingue, le navire sur lequel il tait embarqu. N'ayant pu obtenir justice auprs du gouverneur, l'espagnol venait en France
s'adresser au Roi.
(2)
M.
Cap
236
dpartement de
ve,
et
ils
10J2
au
Petit
et
M""
Du
Paty
qu'ils
ils
(i)
Goiiajustice,
contrefirent
fasches et
aloient faire
les firent
au
lieu
de
faire
vader dans
d'autres
sant
quartiers. Et
le jouoit
dit
Ramos
la la
que Ton
faire ses
prit
rsolution
de passer en France
qui
pour
remontrances
ordre
du
faire
Roy
en joignoit aux
dit
rendre au
faire punir
S""
Ramos ou
somme
et
de
les
forbants
Ramos
vint
me trouver
et
qu'il
me
prier de
le
me
donneroit
la
chose trs
me
fit
passage
il
sur-
vint
demandoient
femme et de sa famille, qui le San-Lucar de Barameda pour affaire qui luy es-
Ramos de
sa
me
fit
voir et
me
tamment
veu
m'en cderoit
qu'il n'toit
pas en tat de
me
rien advancer.
J'entrepris le voage
mes
la
fraix; je fus
je
un navire prt
et dlivray le
partir, et
en 6 semaines
paquet de
me traita de mauvaises paroles et bien colre en me menaant de me mettre dans un cachot dont on n'entendroit pas
me
regarda et
de nouvelles. Je luy
trop sage pour le faire.
rpondis
Monsieur,
je
n'ay
ouy
dire
fut maltrait et
vous estes
Et
il
changea de ton,
et
Sainct-Domingue lesquels s'entendoient comme larons en foire. Et peu aprs que je fus arriv il survint un religieux Augustin qui
mandant en chef, attendu le dpart de M. Ducasse pour la France. M. Du Paty, lieutenant du roi, commandant la partie de l'ouest y rendait
)
les
ordonnances
pendant cet intrim. Garde-marine, capitaine et major St-Domintjne de lQ.) ifHjy. Fait lieute(1 nant de roi dans la mme colonie le 3 fvrier Unni. Chevalier de Saint-Louis le 2} mars lyoC). (iouverneur au lVtit-(oave le 25 mars I7l3; St-Louis le H) novembre 1700 Lieutenant de roi au gouvernement gnral le 7 septembre 17-'!'. Mort en passant en France sur le Paon le 17 octobre 1723.
1702
fit
LE SIEUR GOTTREAU
237
jonction avec
moy
Ramos
pill
lors
du
dit
forbant. le dit
de plus de
et
fut
jou
comme moy,
nous cher-
et j'avois
dpens inutilement
[i),
flutte
du Roy nome
partir et
s'apprtoit
pour
Et en
me promis
il
au
Religieux
je fis
embarquer une
partie de
mes hardes
mme temps
isle
la
travers de
la
Gonave
inhabite 4 lieux de
devant
De
le
Morville jugea
faire
entrer dans
l'en-
de
sac,
et
manqua
s'appro-
choient
tirer
terre et
nous
laisser
enlever. (2)
Nous chouasmes proche des mangliers bres entrelasss qu' peine les hommes
endommager deux
falloit
nous enlever. Je
dis
M""
de Morville
qu'il
faire
percer
et
de ne
et
envoyrent
au-
qui
et
enlev
nostre
ce
qui nous
(1) Bid de Maurville, fait capitaine de flte le i'' janvier 1696, capitaine de brult en 703. Il mourut sur le Mai^nifique le l 8 octobre I 704. Il (l'ami(2) \J Histoire navette d'Angleterre, t. III, p. 278, fait mention de ce fait ral de Benlow) poursuivit un vaisseau de guerre du port de cinquante canons, mais qui n'toit mont que de quarante, lequel gagna le rivage et y choua. Nous croyons qu'il existe de nouveau dans le passage qui suit une erreur de date. Les faits dont parle Doublet ainsi que son voyage aux Antilles se rapportent l'anne 1702.
I
:
238
tre le
IJOl
terre
diffrents endroits, et nous nous sauvasmes simplement qu'avec ce que nous avions sur notre corps,
fut
le
et le tout
conssom par
bourg de
la
le
feu, et
nonnrent
Petite
faire
que
un seul
homme
fut tu et
nous n'avons
Nous
apris-
c'toit
qui comandoit
et privs
que nous
M'
Le Maire,
treau de
savoir ny
belle
voit
la
originaire de Dieppe, et le
terre
sucrerie
et
plus
dcio neigres
il
obtint
M"
ses confrres
estre
donn par
drizion.
Il
Il
pour se conssulter.
me
vint
chercher avec
mon
Religieux dans
(i) John Benlow, amiral anglais, n vers i65o, mort le 4 novembre 1702. Il est surtout connu par le bombardement de Saint-Malo, en itii)?, o il faisait fonctionner une machine infernale, par ses croisires devant Dunkerque qu'il tait charg de bloquer et par son combat entre Ste-Marthe et Carthagne des Indes en 1702, contre l'escadre franaise
Bnrn en i63o. Lieutenant de vaisseau le i3 Saint-Domingne le !"' juin 1691 capitaine de vaisseau le l"' janvier lqS, chef d'escadre le 20 juillet 1701 et lieutenant gnral des armes navales le 27 dcembre 1707. Mort Bourbon le
(2)
le
25 juin 17
(3)
i.
En effet, les deux escadres se cherchaient. Elles se rencontrrent entre Ste-Marthe Carthagne des Indes (cte de Venezuela). Ducasse qui n'avait que 4 vaisseaux livra aux Anglais cinq combats les plus longs et les plus terribles dont les annales maritimes aient gard la mmoire (Ho aot 7 septembre 702). Dans le dernier, il attaqua lui-mme le vaisseau de Benlow qui fut j^ravement bless. Presque tous les vaisseaux anglais furent mirent hors de combat. Ducasse continua sa route et arriva Carthagne le ? septembre. D'Hamccourt, p. ()8(j.
et
l
1702
TEMPETE
239
son carosse, nous disant que nous luy fissions l'honneur de passer
il
ne
me
et le
qu'il
landemain, au lever,
avoit gages
il
me
fit
apporter par un
jeune commis
cs qu'il avoit
rapporter et dbuta
fait
Vous
;
qui estes de
Norj'ay
des affaires
je
mer ds ma tendre jeunesse et ne me suis attach qu' la Vous savez sy bien lire et crire, navigation. Il me rpartit
:
peut-estre
le
comprendez-vous
le
fort
de cette
affaire.
Et pour
que cette partye avoit grande raison dans ses demandes. Et quelques jours aprs que j'eus veu les pices du deffendeur, je trouvois
qu'il avoit
rire et dire
Qui diable
donc
me
dIl
Je demande:
quoy,monamy.^))
m'est venu une bonne pense. J'ay toujours ouy dire que
avoit des balences en
je
la justice
main
et les
yeux bands,
je les
ay bien puisque
deux sacs et donne le gain de sa cause avec dpends. Et je ne peus m'empescher de rire tout mon saoul. Il dits Riez sy vous voulez, je ne saurois mieux me tirer de cet affaire que par l, M''' mes confrres me l'ont remise pour se moquer de moy et je me moqueray d'eux. Tout ce qui en peut arriver est que le
ne vois gote en cet
le
affaire,
ma
plus je luy
il
se passera plus
je
vous prie de
me
garder
il
Ce
que
je luy
le
il
fut
raport, et
fut
m'en
pria.
Je luy
dits n'y
enten-
les
noms des
de
le
mon
par son
comis, et
et le
demeura content
ds
la
premire audience,
en
fut sy aize
divulgua
comme
il
avoit
fait,
et
on a
pris
proverbe sur
les
240
affaires
I703
la
il
faut
faire
un jugement
Got-
treau.
Je ne peut trouver de passage que sur le mois de que M' de Morville ayant apris qu'au Petit Goave
fvrier
il
1703
y avoit un
moyen
mon
de
2
passage
du
religieux pour
chacun ^ocus
et
demye
cher, et ne
peumes
Rochelle
de
juin
aussy de
l'isle
la
nom
la
de Sainct-Thom,
et faisant
la
hauteur
de Bermudes que nous vismes tant 7 lieux de nous. Et lorsque nous les eusmes dpasss d'environ 60 lieux nous fusdes
isles
et
dploye
et les
et je sautay
aVecun bon matelot sur le haut cost de nostre navire pour viter un peu le dernier moment de vie. Je pris mon couteau et coupois les ris des grands haubans. Je dits ce matelot nom Andr d'en faire autant et ce qu'il fit avec agilit cela fit rompre notre grand mt, lequel tomba sur celuy de Misenne quy tomba aussy sur le
;
mt de Bauprey, lesquels cassrent tout, et le navire se redressa. Nous coupasmes le mt d'artimon, ainssy nous nous trouvasmes
sans aucun mat ny vergues. L'on courut aux pompes et ne trou-
vasmes que
trois
navire fut
empench
sur le cost.
le
qui les y arestoient, et nuitament sans pouvoir se servir de lanternes et tastonsnous coupasmes tous les cordages qui les arestoient et
et
nous
nier
fit
vernail,
coup de mer nous cassa nostre timon dans la mortoise du goulequel donnoit de si grandes secousses aux ferrures du
1702
TEMPETE
241
em-
Cependant
je
dbat
et
de
faire saisir
et notre
dit gouvernail, et
il
se tourmentoit
Je
je
fits
jeter la
extrmement rouler faute du soutient des mts. mer dix de nos canons pour le soulager, aprs quoy
filet
nous n'eurent un
et
de sec.
On me
Et
je
M' de
Nous trouvasmes
lailles
six
emportes
et
que nos lgumes, toutes nos vonos moutons, cochons et canards. Nous trou-
vasmes une cage avec dix dindes noyes, que nous salasmes par quartiers et une truye noye areste soubs notre chaloupe. Nous
pluchasmes nostre biscuit qui
nous mismes seicher au
n'toit point
soleil et puis
nous
le
partagemes gale-
ment du petit au grand chacun trois onces par jour pendant 20 jours. La tempeste dura trois fois 24 heures et la mertoit pouvantable; les vagues estoient en feu et plus hautes que des hautes
montagnes,
et
la
drive au gr
des temps, et lorsque cela fut apais nous tinsmes conseil pour nous
et
faire
une
en Terre
Neuve
et
autres pour
la
commun
timents.
Il
reliez
de
fer;
nous dcloumes
de nos
plats
l'le
bords
d} Plaisansc. Baie de l'Amrique anglaise du Nord, sur la cte sud de Neuve, avec un beau port. La pche des morues y est abondante.
de Terre-
16
242
I702
en fismes un mt
nous attachasmes
et
trois avirons
de chaloupe pour
le mt menues pices
un mt de beaupr,
de
la
de nos menues
voiles
d'tay et
des
et
du
lard sal,
que
je les
payerois bien.
Ils firent
sols.
Ceux
et
moy pour
les rats
la
du got,
nous
les firent
enchrir jusqu' un cu
devenus plus
rares.
Et au bout de 21 jours,
la
morceaux de
cuir en poil
cela venoit en colle et trs puante, mais grills sur les charbons
nous en servions
fort d'estre
et apaisions notre
ennemy
prendre;
les
Holandois. Plusieurs de
nous disoient de nous y aler rendre. Je mits opposay et fit connoistre M' de Morville et au capitaine Biloteau qu'il n'y avoit
pas de sens nous mettre prisonniers. Et que avant
attraperions
l'isle
la nuit
nous
rien ne nous
27 jours de cette marche nous y entrasmes dans un bon port, o manqua sitots que j'eus salu le gouverneur Danois,
lequel
me
dits
debourg qui
avoit
notre dsastre
nous
dit
mesme
M""
sur
les
Anglois
par
de
Beaumont
(l
)
(i)
comandant une
'i,
Roy
Voyez
la
note n"
page
l!<()
1702
de France
pouvoir
le
RETOUR A SAINT-NAZAIRE
et
il
243
la
vendre
s'il
en
retourner en
la
Europe
et
et
les
il
en a
pris
dans sa
frgate
je
chargement,
masture
vous vendray
Billoteau
s'il
le tout,
et voulut s'informer
fis
connoistre que
tres
tais et auil
vergues et voiles, et
me
pria le
m'a-
me
dit
Je ne vendray
rien.
Il
faut
en
trois
mil
rendre compte, et on
ville
Mornavire
me demanda
raison
sy je comptois encore
me
hasarder avec
le
du
dit Billoteau
que dans tout autre que nous n'aurions pas Pour moy ny mes officiers ny quipage ne nous y embarquerons pas, je vais affretterun bateau du pays pour nous porter la Martinique, sy vous voulez venir, il ne vous en
estoit la
chap.
Il
me
dits
Je
le
mala-
de Siam
et
se fascha de ce
il
que
le
ne
le
et trois jours
aprs
partit
dans
biscuit
et se
pendant que Billoteau accrocha son navire contre la prise et de huit cade deux ancres
fit
nons
et cables et
ne laissa que
;
la
carcasse de
la
nos
isles
et
deux bariques de
vin, et
le
(I) Le tnal de Sijtn des anciens historiens des Antilles, lelyphus d'Amrique ou \a fivre jaune.
244
I702
de Belle
isle
rude tem-
couper
le
grand mat
et
m'y oposay,
et
tomba
la
mer
et le
navire en fut soulag et nous tions sans aucune voile nous sentant
proche de
la terre, et
la
qu'il y avoit
vions pu observer
calma
et
nous sondasmes
la
trouvasmes 37 brasses d'eau, nous mismes cape jusqu'au jour que nous poussasmes toute voile except le
et y
coup
la
le
Mar-
gagner
la
Rochelle,
reprsentay que
le
temps
soleil
couchant, et
et
que
et
mon
vint notre
je
m'y embarqu
et le
moine
et
sitots
dbarqus de
la
tempeste
les rues
l'glise, et le lendemain il se trouva costeplusde 4 btiments. Billoteau y pensa et prir sy la tempeste avoit un peu dur. Nous affrtmes une chaloupe pour nous porter Nantes, o je dbarquay sur les trois heu-
perdu
chou
la
bourse s'informant
il
le
jour prcdent, et
y en eut qui
me reconneurent
souper, et
me firent de grands accueils me conviant entr'autres M' Ren Montaudouin et M'' le Prieur me
et
:
demandant d'o jevenois. Je leurs dits et donnay des lettres audit sieur de Montaudouin. Il m'embrassa et me dit Je suis intress
de plus de 6 mil
pry, car
livres sur
long temps
je l'ay
creu
1702
VOYAGE A
l'on
PARIS
245
Je
me deflfendis de souper
cause
du
ar-
moine, et
le
lettre
de son
M""
le
fois
Rdempteur,
vous ne
de
la lettre
devant
tieremon auberge me prier d'aler disner et ne peut m'en dispenser, et la fin du repas me leut sa lettre et me dit Vous ne
il
:
m'aviez
et, loin
prsent, je say que vous n'avez pas gagn dans votre voyage.
il
Et
et
me donna
25
louis d'or
je pris la route
nousrestasmes bien
nous
rtablir.
Et ce religieux me
vir
prioit d'aler
Roy, reprsenter
dis
je
de
M'"''
sieur
Ramos. Je luy
que
je
ne voulois plus
faire
toujours,
il
me
pria
sy fortement et qu'il
me
mon pouse de
nous
et
l'aler et
du sjour
Paris et
qu'entreprise.
aprocher de sa
(i)
M'
le
s'il
qu'il le feroit
par
me
fit
advertir de
brigadier en
i
Henri d'Harcourt, marquis de Beuvron. n en if)5.|.. Colonel d'infanterie en 675 i')!^3, marchal de camp en (iSS, lieutenant-gnral en l 6q3 marchal de France en 7oJi il mourut en 71S. [,e marquisat de IJeuvron fut rig en duch d'Harcourt au mois de novembre 1700.
II)
i
i
246
I702
dits d'aller
trouver, o
il
nous
de sa
duc de Duras
nous
dits
le
Ce
de nous trouver
le
lende-
main dans
n'y
la
Roy
fut la
messe
et
nous
manquasmes
Le
genoux
je vais
et le
Roy
(2).
Espagnol
Levez-vous, Pre,
expdier
toit bien
content et
je
ne
l'tois
Car
je
savois
que
les
le dire
nous
dits
Que
prtendez-vous
que
les lieutenants
des forbans qui se sont chaps, j'en ay des nouvelles, revenez de-
main.
disant
Nous
y fusmes et
il
Tenez, voil
les dernires
?
Et puis
il
me demanda
gue.
Et vous
Je
dits
Non, Monseigneur,
Il
ay perdu
mon temps
et
sourit et ne dit
part de
M' D'Argenson
(3).
Et ds
le
lendemain
vint
(4)
nous trou-
nous dirent
et
souffrir
un de Tordre en auberge,
et l'enlevrent
au grand
couvent o
le
il
moine adroit
(1) Jacques-Henri de Durfort de Duras, n en 1626, capitaine des gardes du corps en 1671; marchal de P'rance en K/S chevalier des ordres en ()88; chevalier de SaintLouis en 1693. Il mourut Paris le 12 octobre 1704. Le marquisat de Duras fut rig en duch par lettres de fvrier 1689. {2) Jrme de Phlipeaux, comte de Pontchartain, n en l()74, conseiller au Parlement de Paris, conserva le dpartement de la maison du Roi et de la marine du 6 septembre 1699 au !" septembre i 7 1 5. (3) Marc-Ren de Voyer, comte d'Argenson, n en i()52, lieutenant-gnral de la police
; 1
Paris.
la
l'emplacement actuel du march de la chapelle de ce couvent qu'avait t faite, en 1578, la premire promolion des chevaliers du Saint-Esprit Philippe de Commines y tait inhum ainsi que le pute Rcniy Helleau. On sait que les Etats-Gnraux se runirent plusieurs fois aux Grands Augustins.
(
|)
1703
SJOUR A PARIS
247
en bonne foy
il
sots.
et
mon pouse,
il
nous pria sy
fort
nous dfrayoit jusqu'aux carosses dont nous nous servions. Je pensois mes affaires, et un jour vers le mois de mars 1703
que j'tois en visite chez M"" Ducas (i) qui venoit d'estre fait Grand d'Espagne et lieutenant gnral des armes navales, et aprs que je l'eus compliment, il me demanda ce que je faisois et que c'toit domage que j'avois quitt le service du Roy, et que je serois fort advanc, je luy dits que je n'ay quitt que lorsque je n'avoisplus de
patrons. Sur cela
il
me
dit
Roy pour notre compagnie de la Siento (2) Je luy rpondit qu'il m'en assura et me dits me fera bien de l'honneur et du plaisir, et
il
je fus le
jenemanquay pasde m'y trouver, etlorsque ces M^' on me fit entrer et M"" Ducas dits Messieurs,
:
assemble
voil
un
homme
le
dont
je
connois fort
les capacits
au
fait
de marine
et qui a
du service
com-
vaisseaux.
Et
me dits que
lendemain
j'eus
me
de cette Compagnie Royale, pour faire avec luy mes conditions d'en-
gagement, ce qui
Pasquier
et
pour y recevoir mes derniers ordres, lesquels portoient de me rendre incessament Rochefort pour faire le radoub du vaisseau du Roy
nom
hommes
d-
me
pences
roit le
pour
les
comppgnie
fournila
Du
haut, page 238, note 2. de VAssicnlo, compagnie de traite laquelle le gouvernement espagnol avrit octroy le droit d'importer des ngres dans ses colonies. Ce monopole fut accord la compagnie franaise des ctes de Guine par Philippe V. en 1701. Celle-ci ne tarda pas en tre dpossde par l'Angleterre qui fit de ce privilge l'une des clauses expresses du traite d'Utrecht (^maiiyi^i.
(i)
(2) Il s'agit
Voyez plus
248
Rochelle par
I704
M'
Hrault pre
et
fils.
J'arrive
Rochetort au comen-
cement d'octobre. Aprs avoir salu M'' Begon (1) intendant et M'^ Du Magnou (2) et marquis de Villette pour lors comandant, je fus chez M*" les officiers du port, dont j'tois fort connu et nous travaillasmes de concert au devis de ce
aprs quoy
qu'il
me
beaucoup d'exactitude. La Compagnie nomma M"" de Fondt pour capitaine de la frgatte la Badinne et le s'' Barnaban pour capitaine du vaisseau le Faucon de chacun 30 canons et le sieur Desmonts capitaine de la frgatte le Marin monte de 26 canons et chaque de
1
la fois, et
aussy
M""
Marin
(3)
comander
la
frgatte
VHer-
isles
landes (4) intendant Sainct-Domingue et directeur gnral dans toute l'Amrique pour cette royale compagnie. Nos frgattes et
vaisseaux ne furent aprests qu' sortismes
la rivire
la
my
de
fvrier
la
de Rochefort
et
fusmes
huipt jours pour y recevoir nos rechanges et les poudres et munitions ensuite nous fusmes en la rade de chef de Bois pour recevoir les mar-
chandises pour
la traitte
la
Compagnie m'honora de me donner le commandement de nos quatre vaisseaux. Le sieur de Fondt voulut prtendre commander disant qu'il toit mon ancien dans le service de cette compasur l'escadre
gnie,
ayant
fait
un voyage
M' Du
Casse, lieutenant gnral des armes du Roy, qui avoit toute direction, luy demanda combien de campagnes il avoit fait au service de
il
dmont
(i)
et le tout fut
apais.
Et
M""
Du Coudray Guymont
(f)
Voyez la note n 2, page 134. Gurusseau Du Magnou, fait lieutenant de vaisseau en i 662 et capitaine de vaiseni66(>, fut condamn mort pour avoir perdu le vaisseau \e Rouen. Rtabli dans seau grade en 11)72, il fut nomm chef d'escadre le l"' janvier \6q'} et mourut Rochefort le
(2)
I 706. capitaine de brlot le l"' janvier 1703. iKil Capitaine de flte le !"' janvier Mort Brest le 2H mai 7 9. avril 1703. Commissaire ordonnateur le marine le 2 (4) Commissaire ordinaire de la 28 dcembre 1703. Faisant fonctions d'intendant de justice, police et finances de l'le de la 'i'ortue et cte de Saint-Domingue, l 708. 092 sous-lieuienant et (3) Ren Cuimont du Coudray, garde, crivain do la marine ou
10 mai
(3)
1704
arriva aussi
249
vaisseau du
Roy VAlcion
l'Ale
de
canons
et
marchands pour
mrique
sieur
de 46 btiments dont
Du Coudray
le
commandant
nous partismes
fusmes tous ensemble 120 lieux ouest des caps sans rencontre
d'ennemis, et nous nous sparasmes, et
sur nos quatre vaisseaux
'.
je repris le
commandement
lieutenant et capitaine d'artillerie de l6q2 I 701. Fait capitaine de vaisseau le I"' novembre lyoS. Chevalier de St-Louis le 28 juin lyiS. Mort Rochefort le i3 novembre iyj.5. l) Sur un des vaisseaux que Doublet commandait se trouvait en qualit de major le che(
valier
Des Marchais.
On
et attx
impri-
allusion
au voyage
avec Doublet.
CHAPITRE X
Prise de dix navires. Traite des ngres Conslruction dun fort. Coutumes du pays. Incendie de VApenant. Arrive la Grenade, Saint-Domingue. Maladie de Dousjourne la Havane. blet. y dfend le consulat de France. Retour en Europe. Entrevue avec M. de Pontchartrain. Doublet
Voyage aux ctes d'Afrique.
Whydah.
Il
Il
reoit le
commandement
les
Il
se prpare un
les Anglais.
voyage dans
Conclusion.
mers du Sud.
Il
Nous
lieu
Guine
et
de destination Spada,
fut le
nous aprochasmes
cap de Mesurade
o nous prismes
quelque peu d'eau et de bois et nous y trouvasmes quelques ngres qui nous vendirent un peu de ris, et en passant en vue du cap
de Monte
le
sieur
de Fondt sur
la
plus que nous y apercent un navire l'ancre et nous fit des signaux d'aller avec luyce que nous fismes. Et l'ayant aproch nous le reconnusmes estre anglois et nous le canonasmes. Ils couprent
leurs
se rendre
offi-
nous.
nous descendismes terre o nous trouvasmes une grande baraque faite avec facinnes dont
Les navires en campaj,me de traite mouillaient ordinairement au oap Mesurado, sur des Graines ((uine suprieure), pour faire de l'eau et du bois; ils venaient ensuite dcouvrir le cap des Palmes. La traite commenait au cap Blanc pour finira la rivire du Confjo, mais elle tait particulirement abondante en or et en noirs depuis le cap des Trois-Pointes jusqu' la rivirt de la Votta.
(l)
la cote
1704
les
25
et pilloient tout
les bois
avoient
enlev
les
Anglois
qui
marais et
rivires
inonde
nous
de
ce pays.
Nous
rapatriasmes de
ces
naturels
du pays
toient
trs farouraisins et
ils
ches et pour
les
amener
les re-
A
fla-
de paix
et
cons etsumanisrent avec nous par des signes d'amiti ny ayant au-
la
nostre, et par
signes montrant le navire anglois et la baraque nous leur fismes enles gens, et
ils
dont
il
y avoit un
affect
la
et
que luy
dit
Roche
toit le capitaine
du
la
navire et que l'Anglois l'avoit envoy son dit navire et les gens
Barbade,
trois
et
qu'on leur
fit
en-
la
faisant entendre de nous renvoyer les autres. deux mesmes qui avoient amen le dit Roche et le
le
lendemain
nous ramenrent
sa
homme nepveu du
trs
mang en
Ils
prsence
la
nuit
prcdente dont
traitoient
du bois en bche
campesche
et puis
n'y avait
2)2
presque
pi
'.is
7O4
et
dedans
et
nous laissasines
les bois
en buschcr,
de Sestre,
la
donna
etmesme
du
dit
M""
Fondt
luy,
le
le
croyant aussy
fort
que
ce
Holandois
je luy
envoyay deux bordes de canons et il se rendit et nous l'amarinasmes. Le capitaine nom Simon Roux fut bless la cuisse et
au jaret, dont
il
se gurit
longtemps aprs. Je
fis
amariner par
mes gens
une
flutte
de ^^o thon-
naux et 24 canons, 70 hommes d'quipage et nome la Rachel d'Amsterdam destine pour le fort de Mina o est le comptoir de Holande, et toit charg de beaucoup de bons effets pour la
traitte
officiers et
piller
ques soins que je peus aporter les en empescher, et tout ce qui fut emport dans mon bord de marchandises je fis prendre un tat
par notre crivain du
Roy
et par
la
Com-
pagnie et les
fit
il
un port de l'Amrique soit Cartagesne ou Pors'y doibt trouver un directeur de la compagnie que
nous luy dclarerions tous les susdits effets provenant des prises, et que ce qu'il nous adjugera estre pour nous que j'en feray faire
les
la
Com-
pagnie. Mais
d'une
me
fut
le fort
le
Holandois
pour
le
lieutenant vint
mon bord
savoir syje
1704
d' AFRIQUE
253
dits
pil-
la prise
Holandoise. Je luy
ne
le
pouvoir
faire et
mes
officiers
lages que je
haine
et
de tous
la
animer. Enfin
le
rade
la
de Juida
(i), lieu
de destination o
comptoir sous
direction du sieur
l'aler
Commets.
Il
fallut
Roy en
la ville
de Xavier qui nets qu'un hameau de cabanes en forme du dessus d'un colombier, les murs d'argille et couverte de roseaux. Et estant
advertis qu'il est dangereux aux Europiers d'estre mouills partil'on enfonce dans un baril ce qu'on a de bonnes hardes pour changer sitots que l'on est dbarqu et on at sur soy simplement que veste et culotte et bas, car on ne peut
culirement au ventre,
dbarquer que
mier
la
trs
flots,
en pre-
lieu partant
Il
d'abord dans
barre.
faut
mouiller l'ancre
la dite
de
la
chaloupe
et
se tenir au
bare, puis
ce que vous
du rivage sont plusieurs neigres prpars vous dbarquer promptement et chouer le dit canot, et au cas qu'il soit combl d'eau en
passant
la
barre,
ils
il
en prit quelquefois
baril,
hardes du
on change
hamac attach
les
deux bouts du
deux
forts
dit
hamac,
le
et vous cou-
et
neigres
fait
leurs
n'y a d'eau
que jusqu'
la
ceinture d'un
homme
re-
de bonne
(2)
taille.
Etant arrivs.
M' Gomat
et autres
comis nous
de
ville de Ouiddah ou Whydah fait partie du royaume de Dahomey. On l'aperoit mer, dont elle est distante d'environ 3 milles. Une lagune ou lac, d'une largeur de d'une profondeur de 2 () pieds anglais, s'tend entre elle et la mer. I mille environ et Son aspect est trs pittoresque. Whydah et Badagry taient les deux grands ports de
La
la
traite
du golfe de Bnin,
254
1704
j^
4 heures,
il
me
L'on y entre par une basse cour quarre, entoure de basses maisons, les murs d'argile et couverte de rozeaux, et ladite basse
cour sans pavs.
apuyes contre
le
mur,
et l'entre
comme
Le
de
le
d'un
ministre
taille
de
la
marine nom
le
capitaine Asson,
homme
trs bien
et d'esprit
quoyque
il
rideau
et
comme une
beste
il
mesme
il
et
les
tabou-
C'toit
nous
qua-
ainsy dire, et
le
figure
s'aprocha
le
du
cabinet
contre
mur
couch sur une natte sur le cost apuy sur son coude et fumant une pipe de tabac, et du cost de sa teste est une ouverture
cete alcve, et aux pieds o toit une
sin
de cuivre trs
salle
emplissoit une autre pipe pour fumer et vis--vis son estomac toit
noire
vase de
Roy
crachoit
son audience
il
me
fit
s.ins
tmoigna
un
de notre arrive,
et qu'il m'invitoit
avec
nes de
1704
SEJOUR A
WHYDAH
255
mes souper
et
coucher.
Au lendemain, nous fusmes surlesunze heures introduits par le mesme ministre pour le disner. Ce fut la mesme srmonie notre entre,
d'argille
et
une table
fut
immuable,
et je
fus
Roy me
le
fit
capitaine
Asson
toit
riz
table
avec
en abondance,
rties,
demy
Le pain
et
et le
M' Gomet,
aux deux
lattes
et
boute de
la salle
roseaux
et
du
srail
que
il
y avoit des
laiton,
d autres de courges
ornes de cordont
ce fut l'opra
fit
j'aurois voulu
Roy me
l'honneur de
notre Mais-
ma
sant et du
Roy
M' Gomet me
de
faire bastir
prvint de
fort
demander
l'on
sa Majest la permission
affin
un
d'y reporter
les effects
mesme
pendant
demande.
M""
Gommet m'en
mes confrres, et je demanday au Roy 200 hommes et femmes pour bescher les fosss, et de la mesme terre qui est toute
pria et
argille la faire
humecter
la
et ptrir
que des logements, ce qui nous accord. Aprs quoy nous visitasmes le lieu plus convenable
murs tant de
fortification
et
en dressay un plan
en
256
et
I704
et
six
demye
lunes,
savoir:
deux
et
et
puis
les
logemens
Aprs quoy
et
plus de
fos-
ses sur les alignemens que j'avois marqus de 24 pieds de large sur douze de profondeur, et des mesmes terres du foss les n-
nombre de ^o la pilloient avec leurs pieds pendant que d'autres y jettoient de l'eau et formoient comme une dance ronde s'entretenant pardessoubs les bras, pendant que deux
gres et ngresses au
milieu, puis
les autres
apor-
dtrempe sur
fort,
les
venant en dedans du
et sur la
12 pieds, formant un
5
pieds
la
base,
et
de 4 pieds de distance, ainsy les bastions proportion avec six embrasures canons chaque et crneaux entre iceux, et l'entre de la porte toient soubs le terrain du rempart deux corps de
garde celuy de la droite cost de l'entre, et celuy de la gauche un peu plus en dedans de la place, et y fismes un bon puits
qui douze pieds de profonds fournissoit de l'eau abondament.
Nous condannasmes la prise holandoise coupasmes ses ponts par quartiers pour
soubs
les
estre
servir
depice; nous
de plate
forme
canons des bastions et montasmes les 24 canons. Nous fismes double porte et le pont levis des mesmes tillacs de ce navire et les herces
du pont
levis
les chais-
arborer
le
grand mt d'hune avec un autre mts ajust par dessus pour y arborer un grand pavillon blanc sur le bastion du cost de la mer
que
l'on
voyoitde plus de
trois lieux,
et
pour
la
premire
feis
on
clbra une grande messe et puis les canons du fort tirrent et nos
vaissauxy rpondirent.
La saison nous
de
faire ses
pressoit partir,
Commet
60 ngres
logements son
et
loisir, et travailla
chargement
celuy de
la
BLuiinnc, et
il
1704
et la
SJOUR A
WHYDAH
rafrachissements
la prise
257
du pays.
Badiane 450
et
des vivres et
Nous
angloise V Ar-
Faucon
et le
Marm cause
qu'il
n'y avoit pas suffisamment de noirs pour leurs chargements, et partismes de Juida au 5 de novembre 1704. Et avant de quitter
1
un grand marabout
frre
et d'autres infrieurs.
Le
grand marabout
toit le
me
aux commoditez
mis sur
le
me
le
prit
et
il
mur
vis--vis
de
moy un
serpent
vivant gros
comme
bas de
ma jambe
et qui
la
me
regardoit fixement
et dits
main
au capitaine
Asson sy
lequel
c'toit
pour
Il
me
binet au serpent.
Marabout,
qu'il
alla
hideuse beste
ca-
ressoit.
Je m'en loignay,
me
dit:
Et
luy
donnrent du
autres des lzards, autres des chauves souris qui sont gros
comme
et
des pigeons,
les autres
faits
de terre
du judasme
du mahomtisme,
ennemis
et
ils
et
de guerre
qu'ils
en peuvent en-
Quanta
et la
leur police,
ils
sont ostes,
pend avec un cordon de cuir du bout o toit la queue pendue leur col, le poil en dehors tranant de l'paule gauche au genouil, et lorsqu'ils passent par les chemins les peuples se croupissent sur leurs talons et joignent leurs mains qu'ils frappent l'une
que ce ministre
les a
la
perception
17
258
des droits du
I7O4
Roy et pour
Il
le
change
et
de lune en lune.
bleu ayant sur
est habill
de
thoile
la teste
garny
nos
comme
il
un tapis de
thoille
monte sur une bourique grise ayant pour de coton ray et sans tries et un mors
:
cabrit, et sortant du palais Royal il dit Il ou tel village, et une femme porte sur sa teste une grande caisse de tambour ayant derire elle une autre femme qui avec ces deux mains frape toujours une cadence leur mode, et bien du peuple qui les suive. Et lorsqu'ils sont arrivs au hameau ce Ministre tant mont tournoy autour de tout ce qui est expose en vente et en dit le prix qu'on doibt les vendre, on troque d'au-
de bride d'un os de
faut aler
un
tel
petits coil
quillages
dit
A l'autre
ce march se tiendra un
hameau.
qu'il
Puis
il
dessend plat
et
des
fruits
mange asses
suitte,
hameau
et puis
il
retourne
comme
l'autre
ets
venu
(1).
L'autre ministre
est
ets
pour
la
discipline des
Guerres;
pour despescher
toujours de
la
plus beaux noirs que l'on puisse voir ayant de beaux traits, un
nes bien
front,
fait,
d'une
taille
et bien
proportionn de
Son
(i) Le ms (p. i2lf) contient une longue note marginale relative une rvolte des noir? embarqus bord de la li.tdiiic. (^inq hommes de l'quipage furent tus; le conseil ce guerre qui se runit condamna mort doux des principaux meneurs de la rvolte l'un fut coup en quatre morceaux, le second f.iit pendu la grande vergue.
:
1704
INCENDIE DE L AVENANT
259
pays o
il
la
guerre pour
quoyqu'el-
murs
et religions
de Mahomet.
notre route pour nous rendre au cap de Lops,
la
Nous reprenons
2 degrs au
sud de
ligne
quinocxiale,
eaux
et
le trajet
l'Amrique et nous y arivasmes au i" de dcembre 1704 avec la Badinne et nos deux prises, et nous envoyasmes nos chaloupes
avec bien du
On me
bon compte,
et qu'il y avoit
ou 6 neigres pour
le
dbiter et
entr'autres
un qui se
disoit le
Roy du
tous les dits bois coups, tant pour faire une prompte expdition
fit
aporter
mon
bord,
ayant
C'toit un grand
homme
bien
fait,
fourchue.
Il
avoit
le
menton une barbe longue de 4 5 doibs et son col une mdaille de plomb dor qui lui
qu'il avoit
tomboit sur
qui luy
fit
creux de l'estomac,
d'Orange
toit
et luy
beaucoup de
cas.
Je luy
prsent de
mon manteau
France
;
carlate, galonn d'or, au nom du Roy Louis de nos gens qui s'toient cabanes terre pour diligenter notre travail m'aprirent que ce Roy et ces gens avoient pour couet
chure un grabat sur 4 fourches esleves de 2 3 pieds sans autre chose que des basions de cannes de rozeaux proche les uns des autres luy servant de paillasse et matelats, et qu'avant de se coucher ces gens luy amassoient des fagots de haziers o
feu et lors
petits
il
mtoit
le
que tout
il
et les tendoient
de toute
la
grandeur de ce
et puis
il
et nous en aportrent plusieurs quartiers que l'on ne trouvoit pas pas de mauvois got except que la viande en toit brune et un
26o
peu dure,
et
JOURNAL
ceux qui furent
D1-:
JEAN DOUBLET
chasse on
I7O4
cette
me
toit le sieur
et
mon
parent, et dont
3
il
de
vie tant
atnu
travaux
depuis plus de
et dyssenteries.
soir,
Nos
dcembre au
que
je dits notre
aumosnier que je le priois de se prparer nous dire la messe de bon matin pour la faire entendre nos quipages cause de la feste de la Vierge avant qu'ils reprissent leur travail, L'aumosnier dressa l'autel ds les cinq heures du mattin et entendit quel-
qu'un de confesse,
posoient pour
le
et
pendant ce temps
les
comis de
faisois
la
calle dis-
donner chafa-
chandelle de leur
bonde de
rut
la
dite pice,
que par atraction, la lumire se communile malheureux comis nom Corbin. coupour teindre le feu, au lieu de boucher la
s'assoir dessus, et
en peu
la
:
pice
un
bruit sourd,
comme un coup
que
la
souterrain
J'tois
n'avoit
cria
au
mues
dessus
me
jetay dans
fis
chaloupe
et frappay
et j'en
blessay plusieurs et
prenet et
le feu
dans
les
alors je
Je m'exposay encore
;
tirer le sieur
le feu
chambre
la
et
du
me
glissey le long
et
me
receurent, et
je les fis
nous n'tions
et chauffes
la
du feu
tiroient
1704
INCENDIE DE
le
l'
AVENANT
26 1
qui toient en
mesme temps
bonne
quantit,
il tomba sur les reins d'un des nostres dans notre une pice de bois qui crasa ce pauvre homme,. et sans sa rencontre nous aurions est coules au fonds c'toit une choze pouvantable de voir des noirs et neigresses nager sur l'eau
pouvantable, et
petite chaloupe
quoyque plusieurs avoient les fers aux pieds, et les requiens en grand grand nombre les dvoroient, nos chaloupes couroient de tous costs et en sauvrent environ une centaine, dont la plupart estoient endomages par le feu. et je me retiray au bord de la Badiane
presque tout nud,
caissons de thoile et
pitaine
sans perruque
la
ny souliers,
fil
Le
ca-
avec lequel
Et
j'avois
il
eu quelque froideur
fit
me
fus
receut sans
compassion, cependant
gond.
le
me
donner
la
moy
saisy d'une
me
comme mon
il
noirs
falut retrancher
faire
le
pesa tout
biscuit et
deux mois
chacun quatre onces par jour pour chaque homme, et d'abondant pour les officiers de la chambre chacun deux moyens verres de
vin, qui toit
tourn
demy
de bufs
et lards
corrompues, ce qui
dont j'en mettois
moiti de
ma
dissenterie et fivre
huipt
testes d'ail, et
la
deux onces de mon biscuit que je faisois mitonner et y rpandois une cuillere de trs mchante huile, c'toit en lieu de bouillon chaque jour peut-on plus soufration d'eau avec
;
ma
frir
sans mourir
Lisle
Et en 50 jours
je servir.
pasmes
et
de Grenade, o
me
fits
dbarquer avec un
le
petit
mousse pour me
bord du port,
des cin-
my
mince
le
et
dur allant
quante
De
Bouloc
toit
nomm
le
Pre
262
Jean-Marie qui
d'ufs
et
I705
et
de ces
ay eu obligation.
Un
mois aprs arriva aussy nos deux autres navires, que nous
la
avions laisss
e au gouverneur de m'octroyer le comandement de notre prise yArchic{uc avec un ou deux de mes officiers pour nous faire gagner des gages pour nous rcuprer d'une paret nous fusmes refuses, disant que ce seroit tie de nos malheurs
:
faire affront
de destituer
le
Aprs ce
deniandey
le
commandement de
brigandin portuguais qui toit tout dsagre de maneuvres et voilles uzes, faisant
d'eau, affin de
me
conduire des-
me
procurer
le
passage
pour
France, et
le
ils
dit
Brigantin dans
le
voulut en profiter et
comme
le sieur Griel
mon
le
lieutenant et
moy
de
la
conduire Sainct-Domingue, o
seroit
vendu au
profit
de
compagnie on ne peut plus nous le refuser. Et dans cet intervale ariva M'' Gurin, nepveu de M' Saupin, avec un vaisseau du Roy de 52 canons quivenoit de prendre le fort de Sarelione en Guine
sur
les Anglois,
et
il
eut
tat,
et
Mais comme il ne devoit sitt faire son retour en France et devoit aller Cartagesme et ailleurs, je mon brile remerciay et le priay de m'assister de quoy rquiper gantin, ce qu'il fit obligeamment, et il m'envoya un matelas et tram'offrit le
passage
et sa table.
versain et une
tres
courte pointe, et
il
me
que depuis je luy ay rendues avec bien des remerciements. Enfin aprs deux mois de sjour nos trois vaisseaux et s'estre \e Marin et V Arbien rafreschis et repris des vivresd'eux, savoir chiduc suivirent leur destination pour Laguaire coste Espagnole. La
:
Badiane qui
avoit
et
quipages
et les capitai-
fut
nuilammeht
1705
except
le capitaine
SJOUR A SAINT-DOMINGUE
S"
263
qui s'chaprent n'y trouvrent
Frondt,
ille
et 7
8 liommes
voisine inhabite o
ils
que quelques lzards et tortues qu'ils faisoient cuire au soleil, et un bateau de Cartagesne les sauva par hazard. Le Faucon fut trs heureusement Portobello, et y avoit quelques de mes
gens.
Le Sieur
Griel et Vattier
Nous
le
de
le ravitaillasmes
nous partismes de
la
Grenade
fait
pr-
mon
devant
le
juge de
la
Grenade,
des crivains du
Roy de
M. Fon-
vendre neuf
trouver M""
M^
Fontaine
et
me
dits qu'il
me
faloit aler
Deslandes, Intendant
gane 70 lieux par terre pour lu}- prsenter mon raport et justifications. Et ne se trouvant pas de navire pour aler au Leogane,
l'infirmit
de
ma
maladie, j'achept
un
me
ngre pour
me
con-
j'arivey la
<,"
journe et n'en pouvant plus, et un habitant chaM"" Rossignol, que j'avois connu
il
ritable,
nomm
y avoit prs de
tous ses biens parles Anglois et s'est venu tablir en ce lieu, et m'y
a retenu
renvoya
chez
4 jours me procurer tous les soulagements qu'il peut et mon ngre conducteur pour m'pargner et m'en donna
un autre pour
vril
me conduire au Leogane o j'arrivey sur la find'apM. Deslandes Intendant, lequel me receut d'un air froid,
bien
me
disant
que
j'avois bien
et
sentay
mon
raport et luy
demandey
sa protection.
je scrois
Il
me
dits
de
le
en France, et
qu'il
264
I705
me
nuiroit plus
mes amis
et
moy,
il
me
me
fit
donner une chambre chez luy et un petit ngre pour me servir et or donna son matre d'hostel d'avoir soin de moy et que rien ne me manquats, Le chagrain s'empara de mon esprit et je retombay plus mal que cy-devant. Et bien un mois aprs M. Duquesnot, Procureur gnral du consseil, toit venu voir M. l'Intendant, et
puis
lant sur
et
il
me
fit
me
consso-
m'off'rant
de l'argent
des services, et
me
pria d'aller demeurer chez luy jusqu' l'ocasion de pouvoir m'embarquer pour France, disant que l'air toit meilleur chez luy et que M'' l'Intendant n'ayant pas de femme, je n'tois pas bien soign et que Madame son pouse avoit tous les soins possible, et en fut dire
j'alat
autant
M.
et
chez M''
Duquesnot,
la
my
porter.
Et effectivement
De
ma
je
me soulager et plus d'un mois aprs ariva un Roy de ')0 canons nom le Franois command par Corbon-Blenac (i), qui m'avoit promis mon passage,
receu mes derniers sacrements. Et ayant
je
fait
mais
France
mon
tes-
tombay dans une ltargie pendant plus de six heures et sans aucune connoissance, ny pouls ny mouvement de vie. L'on me posa une glace sur la bouche sans y apercevoir d'atament, et puis
leine, et
le
chirurgien m'ouvrit la
veine au
pied dont
me
M""
De
Pontchartrain
par
le le
vaisseau
partoit
pour
carosse de
mon
dit
S.
Intendant pour
mon corps
la
l'glise
de
l'Ester,
fosse.
creuser
ma
dans
(1)
Le chevalier Franois de
1671); capitaine de
enseigne en lj!'.
Fait
le
vaisseau en
vaisseau
le
i"
novembre
i(iK().
Retire
1712.
1705
MALADIE DE DOUBLET
du cerveau
et
:
265
par
le
lorsqu'un dbordement
me dbonda
mort.
nez par
un ternement jetant
L'on
s'cria
par
Il
la
et
pourry.
dcousit
en disant
n'est pas
me
me
ceut que
mon pied saignoit et qu'on n'y avoitpas mis de ligature. Madame Duquesnot ft venir du vin qu'on verssa dans un bassin
le la
nez et
bouche m'arosant
et
les
tempes.
Mes yeux
venant de
mon entousiasme
{i) je revins
en connoissance,
me me
fit
prendre un cordial
le rcit
du bouillon qui me
et puis M^"
fortifirent, et l'on
fit
de tout ce contenu,
l'Intendant eut
la
bont de
me
beaucoup d'hon-
nestes gens, mais j'tois dans des grandes faiblesses. Et les Pres
de
la
me
solli-
gnance
gea d'y
soins
ils
me
eux y demeurer. Et voyant que j'y avois rpureprsentrent que tous les officiers du Roy qui
Et effectivement
leurs bons
traitements et
bons
me rtablirent mes forces, la diare prt, dont ils ne peurent me garantir non plus que d'une fivre lente. Mais cependant au bout de deux mois je me trouvois en un tat de pouvoir m'exposer de repasser en
France
et
la
premire ocasion.
religieux de
la
Et
il
bons
Charit un
nom
Rouleau, marchand
nom
le
Duc
de Bretagne, de Bourdeaux,
il
ruineux
pour luy
sa socit,
que
ne pouvoit
Et
il
dits.
Il
vous
Havane
et
Espagnolle,
50 lieux d'icy, o
la
un bon amy
parent
compagnie de
(i)
Le
mot propre
serait
syncope en lthargie.
266
Lassieiito et
I705
et
il
Roy,
nets pas
permis aux navires franois d'y ngossier mais bien d'y relascher
au cas de ncessites, et pour y parvenir il faudra faire une voye d'eau au navire lorsque que l'on sera prts du port et faire bien
pomper lorsque
visiter
les officiers
Vous demanderez
le
secours
de pouvoir entrer pour tancher votre navire et estant entres vous ne manquerez de vous deffaire de tout ce qui vous reste. Il
trouva l'advis
capitaine
si
bon
dire
qu'il partit
sur
champ
je
et fut
l'annoncer son
nom
Javelot,
et
le
me
vindre
trouver et
me
que puisque
m'en
retourner en
me donneroient
France que j'acceptasse mon passage sur les vaisseaux et qu'ils leurs tables et un lit dans leur chambre et que
comme
huitaine
eux
le tout
que
je le
voudrois. Je leurs
dis
de s'aprester
des
et qu'il
me
faloit
bien une
pour aler
tous
remercier et
j'avois bien
et
ils
dirent
Nous serons
prts pour ce
mesme temps.
et le prier
Je fus
chez
M.
l'intendant luy
com:
muniquer
la
choze
Martinique, lequel
fait
votre aumnier et
les
un pilote
vous
de votre
que,
pays, lesquels
l'incendie
ont
suscit
autres
contre
dans
et
de
tes
votre
navire
vous
vous sauvastes
le
premier
emportas-
une malle
dre d'or.
o il y avoit plus de cinquante livres de pouEt qu'tant l'isle Grenade vous n'avez daign les serpondits
M^
l'intendant qu'il
le
que l'aumosnier avoit ce venin contre moy depuis que je leurs pour ces mauvais dportemens en blasphmes et
je
l'avois
fait
capitaine d'une
falut le
le
dpossder par ces friponneries avres, et dernier et par dessus le beaupr en chemise
pas probable que
j'eus
n'toit
rien sauv
non plus
1705
que cette quantit
267
il
puisque en toute
la
coste de Juida
:
n'y
Je vois bien en a aucunement. Et sur ces articles il me dits des malices qui vous seront advantageuses, car M"" Miton me
marque que
sance que de ne
leurs ayant dit
dits
:
voulu norir
Grenade au cabaret
la
d'aller
je
compagnie. Je
eu
le
Monsieur,
sorts
du tombeau,
fait
et j'ay
temps de
le
pensser
greffier,
ma
mon
marquer mes volonts comme je les ay faites sy j'avois eu quelque mouvant disposer; j'y ay marqu ceux de quy j'ay emprunt pour que mon pouze leurs rende. Obligez-moy en grce d'en faire tirer un extrait et de l'envoyer
je n'y
aurois obmis de
la
compagnie
Et
il
et
vous
le
me
soulagerez
mon innocence
et justifica-
tion.
dits
:
me
me
Vous aurez
Jeluydits
laisse
trests.
Puis
bles.
il
me
dits
Dieu est juste et que sa volont sois faite. La compagnie a fait des pertes trs considra
Voil
mon
vaisseau pry
qui
toit
d'importance puis
la
pour France
nets
condamn incapable de
Il
retourner.
V Hermionm
le
qui m'at
dits
que
Faucon.
>>
Je luy
que
j'avois apris
qui font
profitent jamais, et
cong.
me
de Leogane. J'y
(1),
futreeu par
M"" de
Choupde-Salampart
nant du
jours.
Un
il
marchand de
ce quartier,
me proposa
je
thoile
la
dont
ne pouvoit se
seray
et
de luy en procurer
metoit sur
le
vente lorsque
Havane
et qu'il les
prix
du premier achapt,
(1) Marie-Gobert Salampart de Chouppes. Nouveau garde-marine le !' janvier 1699, enseigne le 20 octobre 1703. Investi des fonctions de major au Petit-Goave le 21 octobre Capitaine en pied St-Domingue, le 20 avril 706. Mort le 2 aot 1717. I 7o!3.
i
268
I705
du
profit, et
me
donnoit
la
moiti
que ce qui luy reviendra je le dlivrerois ces amis dont il m'avoit donn le mmoire. Je demandey la permission de les embarquer
tis,
M' Rouleau
et
et
l'isle
nous partismes du Petit Goiiave pour passer au sud de de Cuba, o deux jours aprs au grand matin tant loigns
de plus de 4 lieux de terre nous nous trouvasmes engags dans rochers qu'on nomme Cayes presque fleur d'eau et d'une ou
deux brasses en dessoubs que nous creusmes ne pouvoir chapper de vies, mais notre capitaine en segond nome Oze Baudouin monta au haut du grand mt et commandoit avec dextrit
au timonier tantots tribord et puis bbord et puis droit,
cela
qu'il
il
comme
nous
faisoit
que
dont
les
cheveux en dressoient
et les fivres
la
heureusement nous
chapasmes,
exposs. Le
me
cause la frayeur du pril ou nous fusmes dcembre 1705, nous arivasmes devant le port de la Havane, M"" Rouleau s'embarqua dans le canot pour aler demander la permission d'entrer pour tancher l'eau que faisoit son navire, et je luy donnay une lettre pour M' Jonches o je luy donnois advis de notre mange, et que sy l'on refusoit l'entre nostre vaisseau qu'il couroit risque de couler au fonds, et que tout au moins il obtienne la permission de me dbarquer pour
j'en atribu la
13''
pouvoir rtablir
ma
sant, et
il
mena
le sieur
Rouleau chez
le
gou-
ma
lettre
comme
la
l'entendoit.
L'on
fit
quelques
difficults
comme
tant commissaire
qu'il
leur protesta
que
s'il
arivoit
et
du mal ce navire
d'Espagne, ce qui
en
les inti-
mida
et
faisoit
de l'eau
comme
nous
le
disions,
et
ds lors que
lyO)
SEJOUR A LA HAVANE
les
269
deux pompes, et l'on nous dits
le capi-
nos gens
contrefoisoient
estre
bien fatigus,
et
d'entrer. Et M""
Jonche
vint au-devant
Javelot
comme
il
devoit se comporter,
et
et
le
pompes
un magasin louer pour y dbarquer ce qui toit dans le navire afin de pouvoir trouver son eau, et l'on enfonssa dedans des futailles
le
dit
magasin parmi
faisoit plus
les futailles
Et aprs quoy
la
le
navire ne
bien de
les
lons, et
marchandises
et
chez les
achepteurs
vendues advantageusement
dont M*"
Javelot et Rouleau se
mes
t:
bons conseils
et
me
voir ny
me
moigner
d'autres
je n'ai
reconnaissances dont
fait
M""
Jonche me
l
dits
Monsieur,
et
vous
moins plus de
le
et
il
Je
priay de ne
Ce
ils
sans vous
ils
en
ai
procur
dcharge et
la
vente o
moy
en
me
dit-il,
combien vous
}
Laisses les
partir
venir,
je
veray
Enfin
ils
se disposoient
la
pour
et
il
compagnie de la Siento, ayant chaque o canons commades par M*" de Vaulezard et Leroux, officiers de la marinne. puis une frgatte de 24 canons par
ariva
le sieur
Cosny, tous
le
trois
capitaines bien
compatissoient
M""
mes malheurs,
et m'offroient leurs
Rouleau
Jonche le prier qu'un de ses commis expditions pour partir pour France. M'"
270
Jonche leurs
dits
1705
ne vous laisseray
et je
dbarquement, cela
des deux cours. Et
dommager de
de lard puant
des
la
vilains qui
Ne
me
devez-vous
Ne
la
peuy
russir.^
de
mon pauvre
capitaines
du Roy y etoient prsents lesquels dirent qu'effectiveque du moins ilsauroient deub me prsenter mil piastres. Et M"" Jonche dits Il m'a pri de ne mais je suis piqu. L rien demander , parlant de moy Il est vray que nous avons mandessus Rouleau et Javelot dits
ment
ils
qu en luy et en nous, vostre commission vous est lgitimement deub et M"" Doublet nous luy donnons 500 piastres. M^ de Vaulezard et Le Roux dirent Cest trop peu. Mais M. Jon:
che
dits
il
parlats, Et
M. Jonche
leur dits
Ales prparer
vous produira un
1706. Et
fret
de plus de 40,000
je vais
le
livres et partirez
dans un
expdier en
mesme
temps.
fallut
caresner
vaisseau
La
Renome comand
par M"" Le Roux, et l'on avoit poz des sentinelles Espagnols sur
quay prs de ce vaisseau pour garder qu'on ne dbarque pas des marchandizes, parmy les agrez du dit vaisseau, et un sentile
fusil
un enmal
seigne de
la
Renome nom
tira
propos frap
son pe et culbutta
iyo6
27 1
qui
les
ce qui causa une rvolte entre nos gens et ceux de s'assembioient en grand
nombre en armes
criant
Tue, tue
gouverneur du chasteau trs imprudent Attirer un coup de canon et soner le tocssain pour alarme et s'enferma avec sa garnison, que c'toit un dsordre dans la ville o autant
Franois.
Et
le
de nos matelots qu'ils rencontroient autant de tues. Et M"" Jonche fut manqu de deux coups de fusil alant pour apaizer le tumulte, et sa maison o j'tois fut incontinent investie. Je fit fermer et bancader la porte de la rue et fit faire un retranchement en
dedans de tous
dans
la
les bois
porte coups de
haches. Je
mitraille btant
porte au cas qu'il eusse ouverte pour en y avoit une grande galerie en dedans au-
tour du logis o
il
y avoit
j'avois
pourvus au
des
porte du cabinet de
et munitions.
muni de
faits la
contrleur de
je
la
sy eflfray quand
qu'il
luy prsentay
ne
fut
culottes et nous
je tairay
penssa empoisonner.
le
Un
nom
gentilhomme
fit
et
le
fils
desvaissaux du
soubs
le
lit
Roy en
autant que
et
controlleur, et se cacha
de M^" Jonche
la
conome de
maison, prits
une flandrine nome dame Catherine les deux pistolets et me dits. MonIl
abandonneray pas.
bien temps sur
faut
moy
de
la
la
hommes
compagnie qui
avec
moy
ren-
abandonnrent
la
les
gens qui y estoient et ils deux autres que nous atirasmes avec agilit sur
des cailloux qui nous furent tires. Je fts
vingt
mousquetades
et
272
1706
la
rue au-dessus de
grande porte
et
fait.
Un
mon chapeau,
Je
fits
pour ne
les
pas
iriter
Ouvrez
de
la
comme nous
gouverneur
vous recevrons.
la
Et dans
le
moment
dats, et
j'aperceut
le
sol-
Don Leaureano
me
lacola, et M""
visage guay et
porte et
les assigeants.
Je fus
faire ouvrir la
porte et fus
embrass de tous
!
et postrent
Vous
vigilance en vie et
j'avois prise
seuret. Et admir
que
pour
rsister.
Je demand
M'fJonche ou
et
il
iltoit bless
me
dits.
Cest
ils
qu'ils
homme
entre
mes bras et
Et
je
de coups de mous-
quets.
ner, car je
et
on
vous prie que Catherinne nous fasse donner dismeurs de faim. J'en suis comme vous, luy dis-je pas fait de feu la cuisine mangeons du pain et buvons
du
nous souperons mieux. Mais votre controlleur et l'ensseigne de Vaulezard sont sy saouls que le premier a dfonsc
vin et ce soir
sa culotte, et
est
dit
l'autre
M""
Jonche
prit le
srieux et
Parbleu
pareille ocails
sion.
Et les
la
:
luy firent
puis
ils
adveu de
vint
faiblesse de nature
maitrizes,
me
:
dire
ils
j'alois les
gron
der, mais
m'ont
et
mon
la
dit
Je dis
Ils
Et
il
m'embrassa
trs
et
tendrement, et
hommes massacrs
gens
core un quart
fissent rsistance, et
est certain
que sy cela
avait
dur enles
d'heure que
M. de Vaulezard
avoit
dispos
1706
RETOUR EN FRANCE
la
ville
273
les auroient
et
chasteaux et
suites
et
un
et
le
comode qu'il y aye, je puis dire, au monde. Le six fvrier ensuivaant entra en ce port cinq vaisseaux du Roy
le frre
comande par
Srigy
(2),
de mon
et
nom
M'" de
descente
le
Angloisles
de Nieve
Antigue et prirent
prtexte de re-
lascher la
dirent
la
leurs vaisseaux et
y ven-
pillages et s'en
balots
Franois au Petit-Goave
me
produirent, pour
ma
Rouleau et Javelot cela me fit un grand plaisir, et nous partismes ensemble 4 navires soubs le commandement de M"" de Vaulezard (3) dans le vaisseau l'Indien et il me fit rembarquer avec luy o il m'a trait comme luy mesme. Nostre dpart fut au 10* mars 1706 et avons est trente huit
jours
nous rendre
la
Rochelle, sans
mes
trois navires
Mais nous fismes figure d'aler eux et ils se retirrent. Je dbarqu la Rochelle le 19 may et y fut quatre jours pour obtenir une place au carosse de Paris. Je m'tois charg du soin d'y
forces.
faire voiturer
toit 30 perdrix
de
la
Havanne
qui ont
la
teste
(1) Pierre Le Moine d'Iberville, promu capitaine de frgate au mois de fvrier l (592, nomm capitaine de vaisseau le I"'' juillet 1702. Il mourut la Havane le 9 juillet 1706 sur le vaisseau le Juste qu'il commandait. lieu, (2) Joseph Le Moine de Srigny, fut fait enseigne de vaisseau le l"'' janvier 1692 tenant de vaisseau le i"^' janvier i6g6; capitaine de vaisseau le l""" fvrier 1720. Mort le 12 septembre 73.4.. (3) Juchereau de Vaulezard, nouveau garde-marine le i 5 mars i6g3. Fait enseigne et capitaine la Louisiane en 1703. Retir et pass St-Domingue en 1713. Mort dans
fut
ette le en 1729.
274
rouge
et
I706
une
(i
un mail noir
et blanc, et aussy
de
que M" Jonche envoyoit son Altesse, M' le comte Briosne, fils aisn de M' d'Armagnac, grand cuyer et en
me
fit
je fus bien
Madame
la
comtesse d'Arcos
les lettres
de
M'
de M' Jonches, o
j'tois
recomand
de Pontchartrain dont je craignois l'abord, sur ce qu'on l'avoit faux inform contre moy, et lorsque ce prince eut leu ces lettres Reposes-vous , Et me fit servir proprement il me dits
:
manger, car
il
avoit disn et
et
me
dits
Dans deux
jours je vous
.
meneray Versailles
Madame
d'Arcos luy demanda pourquoy, il luy dits le subjet et elle le pria de m'y servir. Il me demanda o j'avois laiss mes hardes, je luy
dits
:
Mon
que
j'ay laisse
au carosse
Et
il
l'envoya qurir et la
fit
porter
dans une de
ses chambres,
il
me
dit
Il
fut droit
chambre,
il
M'
de Pont Chartrain
mon malheur
c'est le
et
innocence
(1)
Le mariposa
est
\e
pinson de
la
pape. comte d'Armagnac, de Brionne, vicomte de Marsan, grand (2) Louis de Lorraine, chevalier des ordres du roi, gouverneur d'Anjou, n en 1641, mourut le cuyer de France, snl3 juin 1718. Il tait fils de Louis de Lorraine, comte d'Armagnac, grand cuyer, chal de Bourgogne et gouverneur d'Anjou, dcod en 1666. M"' d'Arco, dit Saint-Simon, mourut Paris (1717) o elle donnoit jouer |3) tant qu'elle pouvoit. Elle s'appeloit tant fille M" Popuel, toit fort belle, et avoit t Cette comtesse longtemps matresse dclare, en Flandre, de l'lecteur de Bavire. d'Arco, ajoute Dangeau, est une fille de Flandre, ancienne matresse de l'lecteur, dont et qu'il maria au frre du gnral de ses trouil a eu le chevalier puis comte de Bavire, Paris o pes, que chez lui on appeloit le marchal d'Arco. Madame d'Arco est morte
croles
i(
nomment
elle faisoit
fait
une grande dpense. Son fils a t avanc dans le service grand d Espagne. Mmoires Je St-Siino,,, t. XIV, p. i?"- Journal Je Datipeau, t. "VIII,
et
la fin a t
p.
97
et 98.
1706
275
fit
!
me
entrer. Et le
comena par
il
dire
Quoy, vous
voil
M' Deslandes
m'a crit
Il
l'a
creu,
y a plus de six mois que vous tiez enterr Lester . Monseigneur, puisqu'il presta son carosse pour
porter
mon cadavre
?
vous chap
noistre
l'on
que
j'avois
me
sang paru
la
veine de
le
mon
dits
:
et
peu peu
voit .
Il
j'ay repris
se mit rire et
Ce-
crire par
Mr Miton
gneur,
(i)
Je
dits
Monseiles
jours
des exemples
que dans
malheurs
que
dits
Cela
arive
fort
souvent
tranquilisez-vous,
et
et
penses vous
restablir.
Et
je prits
cong
M"" de Briosne
me ramena chez
Roy. Et
il
ne
que sur
les
disner,
j'avois
me
et
de
la
compagnie,
pouvoient
changer de sentiments,
et
il
me
dits
Ales et ne manquez
Je
le
remer-
et fut louer
je
une chaise
pour
me
porter Paris, et
le
lendemain
me
homme.
me montra
les dpositions
(1) Jean-Jacques Mithon, chevalier, seigneur de Senneville, originaire d'Orlans. Ecrivain de la marine de i6qo 1692. Commissaire la Martinique de i 697 i 708. Subdlgu intendant, commissaire gnral et intendant Saint-Domingue dei7i3 31718 Intendant Toulon en 1720. Mort en cong, Paris, le 3o juin 1737.
276
I706
que je venois
m'en
dits
de penser
restablir
ma
sant,
mais ce qui
me
son
qu'avoit
donnes un
homme de mon
advancement
disoit
et
faire plaisir
mesme
que
j'tois
heureux
pas
dans notre
ville
que d'avoir
qu'il vint
finy
mes
t-
jours, et
que
sy j'en tois
je
finy, et plusieurs
calomnies, et
ne
fut
revenu au pays
m'en
moigner
sa joie
Ce que
cest que le
monde
M""
Pasquier
M^
de Salabery
(i) et
M^
le
de
l'un
pour
Roy
pour
le
les
chagrain et
les parler
dpense.
M"
et
ils
et
Madame Du Casse
me
la
bont de
de moy,
reconneu bien de
un nomm Paupin qui toit intress dans cette compagnie qui de mes amis ayant creu comme mes ennemis
l'or, et
quant
je le
il
me
me faisant seoir proche de luy, Quoyque vous ayez bien sauv de l'or,
il
Vous savez que j'ay pous une demoiselle proche parente de Monseigneur de Pont Chartrain, mais autre bien que de la protection il faut que vous luy donniez
vous
est bien acquis.
huipt dix
tout.
livres
de poudre
et
d'or.
Et
elle
Croyez-moy
la
ne
me
dguisez pas.
Sy
homme
fut
jamais
puis
moy,
:
et
me
prenant
main, disant
mon
(i)
fut
et prsident
mmo Chambre
en 1710.
1707
amy,
je
il
277
fait
Madame o
fois
cest
de vous
say ce qui s'ets pass et qu'il n'y'aye qdue nous eux qui sache
cet affaire.
j'en
la fivre
une
4*"
fivre
auberge, un
tage,
par
M'
et
donner. Je fus
premier Prsiet
me
au
fit
me
rduit
une tisanne
l'crits
bouillons
poulet
venir
pendant
voir
trois
la
semaines et
dernire
fois.
mon pouse de
me
pour
demy. me con-
me
rtablir et
mon mde-
m'ordonna de changer de demeure pour estre porte de prendre du lait d'anesse. Et je fts dans l'ille de St-Louis, chez
cin
M"* et
Madame
de vin
et
que son pouze. Enfin je me rtablit, mais toujours l'esprit trs proccup de ce M"" Paupin et d'estre dgag des poursuites de
la
compagnie que
et
je
fus trouver
grand bureau,
ils
me
dirent|tous
sommes
a dit
demandons
for-
Le Ministre nous
de vous en assurer
fait
mais Paupin
une grosse
dit
comptes pouza
je sortois
:
la
il
comme
et ne
Je ne
mon
intrts.
Et
le
l'on
me
craignez pas.
chez
M""
frre
moy
de
beausen-
m'crivit
une
lettre
que sy
qu'il
je
me
que
j'eus aller le
trouver et
mepropose-
feroit oublier
luy
commandement d'un bon vaisseau pour un voyage qui me mes peines du prcdent. Je party trois jours aprs avoir fait une rponce, et que j'alois le trouver, et me proil
278
posa que sy
je
1707
la diligence
comander un bon vaisseau de quarante canons pour le voyage de la mer du Sud. Jeluy demandey 15 jours pour mettre chez moy mes affaires
m'y
feroit
tat, et
en
sy
je finissois
plutots que je
me
je
couvois sans
me
plaindre
pouse. Le 14 juillet je m'tois rendu chez M"" donna seulement une lettre pour la dlivrer M" Jean-Baptiste Bruny et qui devoit armer le vaisseau en question, et la diligence partoit le 1 5 et heureusement j'y trouvay une place vacante et
arivey Marseille le 23^ juillet, o je fus bien receu et
commensle
le
nom
St-
Je an-Baptiste.
Et pendant quej'tois cette occupation, l'arme navalle d'Angleterre vint prendre les
illes
ils
fait
le
de Toulon
estoit
et le
Angloise,
et toute la
Provence
n'tant
prvenue;
(2) et
accoururent
soubs
M'
de
le
Thess
M. de
Je
St-Pair
du port
fus offrir
(i) Les ctes de Provence fuient envahies par le duc de Savoie et le prince Eugne au mois d'aot 1707 leurs troupes passrent le Var le il aot tandis que la flotte ennemie s'tait avance pour favoriser le passage. (2| Ren, sire de Fronlay et comte de Tess, n en l65l, fut aide-de-camp du marchal de Crqui en I669 et devint colonel de dragons en 1684, brigadier en 1678, gouverneur du Maine en 16S0, mestre de camp gnral des dragons en 1684, marchal-de-camp et chevalier du Saint-Esprit en 1688, lieutenant-gnral en 11)91, marchal de France en 1703, gnral des galres en 1712. 1! mourut en 172^. Pinard, cliron. hist. mi/., t. III,
;
p. I4i-i5i.
Jacques Le Coutelier, marquis de Saint-Pater, page du roi en 1676, lieutenant au rgiment Dauphin-Infanterie 1677 et colonel du rgiment d'infanterie du Vivarais en 1685, devint brigadier en 169*1; marchal de camp en 1704 et lieutenant gnral en PinarJ, chron. hisf 1706. Il fut nomm pour commander Toulon le 19 juin 1707. mil. t. \W, p. 621 Louis Girardin, chevalier, seigneur de Vauvr, enseigne en l665, commissaire (4) ordinaire del marine en 1(170; commissaire gnral en l(>73; ordonnateur au Havre en 1675; intendant Toulon en 1680; matre d'htel ordinaire du roi et conseiller
(3)
1707
DEFENSE DE TOULON
279
l'artille-
M. Combe
disant
:
(i),
commissaire de
me
prits
.
par
le bras,
il
Bon
acteur, j'ay de
quoy
vous occuper
livres
Et
me donna deux
la
Et
troupes de
M. de Savoye
;
l'on
M. de Savoye envoya
toient
dire l'admirai
Anglois que
la
pay par
les
Anglois, et la nuite
comme
jour.
L'arme angloise
ils
apro-
Che prs du
maistres (2'
fort
de Ste-Marguerite dont
et esproient
furent
bien ton-
ns que 8 et 9 heures
aprirent
et sans
ils
que
M.
de Savoye avoit
dcamper
la nuit
son arme
bruit,
et la ville
fut dlivre.
On
auroit bien
embuscades dans
de Savoye sy
fuit
il
les
hommes de M.
l'on
luy faut faire pont d'or. Et Ton a creu que ce prince toit
d'intelligence avec le
fit
Roy pour
luy
laisser
Turin.
Mais
ville
les
mal cette
M. Bruny
me
dits
que
l'on ne m'avoit
pas
fait
Et
je finis
mes
me
d'Etat en 1700.
(il
pass pour un
des
plus
la
marine
ait
eus,
(Deschard, p. 93).
De Combes, (ut nomm enseigne de vaisseau le 7 aot 1677 lieutenant de vaisseau janmarslSo; capitaine de galiote le 16 janvier 1684, capitaine de vaisseau le vier l'Sg; commissaire gnral d'artillerie le l"'' janvier 1703. Mort Brest le 25 novembre 17 17.
le 2
(2) Les assigeants s'attachrent principalement au fort Sair.ie-Marguerite, celui de Saint-Louis et la Grosse-Tour. Le fort Ste-Marguerite se rendit le 16 aot 1707. Quelques jours plus tard, le 22, les Impriaux levrent le sige de Toulon. Voyez la Ga{e//c 3o juillet, 6, 13,27 aot, 3 et 10 septembre 1707.
280
I7II
mon voyage de
jusqu'
j'ay
mer du Sud o
j'y le
mesme
mon
mer o
veuille
j'ay
Dieu
d'aler
j'ay
pour sa gloire
et
pour
mon
salut. Finis.
(i)
journal.
Le voyage de Doublet dans les mers du sud dura 42 mois; Voyez ce sujet l'introduction III.
il
en avait conserv
le
FIN
PIECES JUSTIFICATIVES
Coppie de
la
la
Magdelaine, St-Jean,
au sieur Doublet.
Du
La compagnie de
et
19 janvier 1665.
la
venir,
salut.
la
Dsirant aider
du pays, sur
demande nous
par
le
ncessaires, et
pour y
faire
toutes
sortes de
pouvoir
et ac-
cord lesdites
de
la
charge vers
elle
trois
que
ledit sieur
Doublet puisse
lieux
traitter
aucunes
peaux
ni
pelleteries dans
fait
l'estendue desdits
ni ailleurs.
282
apposer
la
le scci
Fait
Nouvelle France,
Extrait des
dlbrations
de
la
compagnie de
la
moy
de Brvedent.
Arch. de
Cf.
la
vol.
i",
1661-169J.
p. J21.
II
de
la
Madeleine dans
le
golfe
de Saint-Laurent.
2) avril 1665.
Je Franois Doublet,
maistre
en
propriett et
conducteur du navire
nomm
le
Dieu
aidant, le
voyage
de Canada aux
Illes
de
la
le golfe
de Saint-Laula
la
pesche des
moy
propriettairement aple
Roy
notre
demeurer
et faire
en sorte que
Illes
commodment
affin
ha-
de demeu-
illes
pendant
trois
notre arrive au dict lieu en qualit de lieutenant auquel j'ay donn pouvoir
dcommander
l'utilit et
habitantz
;
pour
accroissement de l'habitation
283
il
mesme aussy
je
faire la
et
aprester soit en
vert ou en sec
comme
pour
les gaiges
duquel
consent/ et accorde
:
que
les
choses cy-aprs
Que du nombre
mon
dict vaisseau
desdites
marchandises
le
tant
huilies
que morues
ainsi
partagez
par
tiers,
profit des
armateurs de
colonye
et sur le
loyers
qu'il
hommes
le
l'un
desquels tiers
profict
Gaignard et
les
advancs que
il
que en cas o
suffisamment
matelotz
ledict
Gaignard a
choses,
promis
contribuer de
s'est
quoy
il
comme moy
Doublet.
Minutes du tabellionnage de Roncheville
la
Gaignard.
date du 9
may
1665.
III
(14
octobre 1692)
l'glise
la
Cornillre,
prestre,
chanoine de
284
jour,
bndictions
nuptiales
noble
homme
Jan-
la ville
au diocze de Lizieux,
fils
de deffunt
de St-Malo, fille de deffunt Pierre Fossard, sieur Des Maretz et de Demoiselle Janne Laisn; et ce ensuite du consentement de noble et discrepte personne M. Louis Desnos aussi chanoine et vicaire perptuel de ladite glise cathdrale et paroissialle dudit St-Malo en datte du jour
dite ville
et publication
mariage entre
tion,
comme
promesses du futur mariage entre lesdites parties en datte aussi du jour d'hyer, leur accorde par Monseigneur Symon, vicaire gnral de Monseigneur l'illustrissime et rvrendissime Soastien Du Quemandeuc.
susdites
de ce diocze, au
feuillet
seiziesme,
en attestation de
M. Michel du
Tertre,
en datte du mercredy huitiesme jourdu courant, passe devant le tabellion royal de ladite ville de Honfleur, vicomte d'Auge, et son adioinct, par laquelle
il
gag dans
apparue
et rendiie
fin
est resaisi,
ladite
en prsence de
Demoiselle Janne Laisn, mre de ladite Demoiselle espouse; du sieur Jan Fossard, frre de ladite Demoiselle espouse; de Nicolas Lhostelier, sieur des Naudierres; de Thomas Lhostelier, sieur des Landelles,
frre dudit sieur des Naudierres,
et
susdits
dnommez
de
le
jeune,
Perronne
et
Pierre de
La Cornillre.
l'tat civil.
385
IV
Lettre de
la
M. Le
A
Vous aurs
appris par
le
Saint-Malo, ce
15
aoust 1694.
Port-Louis, Mgr,
la
hommes
d'quipage. C'est
a faict,
le
sieur Doublet
de
ce-tte
Mgr,
vous
la
demande
d'au-
Mgr, pour
ledit sieur
Doublet que
c'est d'ailleurs
un
honneste
homme
lui
et trs
que vous
courage
ordonners pour
par
la
et l'mulation
du Pignonvert, capitaine de
qu'il
VEstoille,
du peu de courage
un
petit rcit
ioins icy
sommaire de cette
Arch. de
la
De
Gastines.
(l)
En marge
rie
la
main du ministre
J'ay appris
286
Relation de
la prise
Le
sieur Doublet,
comandant
le
la
mer
le
sieur Creton du
Nord o
Le
ledit sieur
Doublet
est
extrmement
pratitien et
l'isle
bon
pilote.
de Forre en Irlande,
signal 4 heures
du matin
qu'il
Ils
Ce
na-
d'abord
le fier
fist
quoy
fist
il
Doublet
non
et la mousqueterie.
le
L'anglois en
le
couppa au
dit sieur
Doublet
poing de sa misaine et
Le
sieur
comme
Il
il
le
sieur
viste l'Anglois.
croyoit
luy donneroit
le
il
fust
sieur
vent sur ses voiles d'avant pour ne pas aprocher trop prs de
il
ce navire,
et
tirer
quelques voles de
pour
culer,
il
de
l'anglois et
recomena
luy faire
tirer
du canon
et
de
la
mousque-
287
Le
obligea
2
d'amener
le pavillon et
de
le
Comte de ReveL y aye receu ) coups de canon l'eau et une infinit dans ses uvres mortes, qui estoient charges de paquets de mitraille de 12 ij pouces
de long
la
et d'un
pouce
1,2
quarr.
Le
men au Port-Louis.
De
Arch. de
la
Gastines
Marine, Campagnes
VI
Lettre de
M.
M. de
A
Il
1.
nomm
nant de
de
}6 canons,
command par
armateur est
le
la
le principal
M.
dclaration qu'il
ma
la
faite
somme de
m'a
dit
avoir envoy
Il
le
y a quelques mois.
Mon-
de ces vaisseaux
288
j'ay
dbarqu de son
vais-
a promis de se conformer
si
me marquer
le
vous
dbarquer.
A
que
Doublet
dit
fait
sa traitte la
mer du Sud
est
all la
Chine et que ledit vaisseau le St-Antoine pourra arriver ic> de cette mer du Sud dans deux mois avec les vaisseaux arms par le sieur de Benac
son vaisseau malouin
J'ay,
et
commande parle
sieur Nol.
de
Clairambault.
Arch. de
Marine. Serv. gnraL
la
VII
le
venant de
la
pignes, barres
que piastres
je suis
quantit
pour
le
170,000 piastres.
Sur laquelle
tions faites
somme
oblig
rante-huit mil
en piastres
effectives.
289
je
juge
pourra monter
de quarante-cinq cinquante
50,000 piastres.
et
mil piastres, cy
espces d'or
et d'argent,
cy
41 j,ooo piastres.
Total
Et
655,000 piastres.
les faire
je
porter dans
les htels
des Monnoyes du
Royaume et
le 22e avril
de
mon
Pour
copie, Clairambault.
Arch. de
la
VIII
Lettres portant
nomination de
Jean- Franois
Doublet
la
septembre
171
1.
Nous,
(i),
Altesse
de France, duc
Scavoir
verront, salut.
fait
que sur
le
bon
et ridelle
(l) Fils de Claude de Dreux et d'Aime-Thrse de Montgommery, ambassadeur en Espagne; capitaine des Cent-Suisses duc d'Orlans mort en 1719.
:
19
290
et
murs du
de
la
profession qu'il
fait
de
la re-
des armes, de
qu'il
la
bonne
es-
prons
la
charge de
la
exempt des
suisses
mort du
privil-
esmoluments atribuez
lieutenants, enseignes,
faire et laisser jouir
Sy donnons
en
comandement aux
exempts
compagnie de
ledit sieur
Doublet de
les
de luy payer
nous luy avons
gages atribuez
fidlit
mains le serment de
fait
en
tel
En
foy de
quoy
le
apposer
le
cinquiesme septembre
de
cire rouge.
(i)
Ces gages
Introduction
Au LECTEUR
25
Chapitre 1(1665-1672). Colonisation des les Brion. Voyages au Canada. Destruction de la colonie. Voyage Qubec; excursions chez les Iroquois. Voyages Terre-Neuve, naufrage. Promenade Londres. Doublet est pris par un corsaire d'Ostende. Voyage au Sngal. Entrevue avec le duc d'Yorck. Autres voyages 27
Chapitre
neti.
II
(1675-1681).
Prise
l'cole
de 22 navires chargs de
Bart.
Doublet passe
est
d'hydrographie de Dieppe.
reu pilote.
Il
commande
la
Diligente;
Croisires.
52
Explosion d'un volcan. Voyages aux Aores. Chapitre (1681-1684). Dcouvertes d'un banc Voyages Madre. Les pirates d'Alger. Voyage Tnriffe; excursions dans l'le. Naufrage. de rochers. Doublet rsiste aux Supplice d'un juif. Voyages la cte de Barbarie. Autres voyages Ste-Croix de Barbarie. sductions de Madame Thierry. 70 Les maures attaquent Mazagan. Retour Cadix puis en France.
Chapitre iv (1684-1688). Doubletarmeencourse. .Croisires et prises. Razzia opre lTnriffe. Croisires. Retour en France. Voyage Pluie d'insectes. Aventures avec le gouvernement de Madre. Madre. Rencontre dun monstre marin. ~ Retour au Havre. Autre voyage aux Aores; naufrage. Retour Lisbonne. Combat contre un Saletin. Retour la Rochelle. Amours de Doublet. Dbarquement de Jacques 98 Ambleteuse. Croisires
-
II
292
Chapitre
gleterre.
Croisires dans
Manche
Naufrage Cherbourg.
Dou-
Il prend le commandement de deux de Seignelay. Son arrive Brest. Il dcouvre la flotte de Tourbarques longues. Croisires. Prise d'un Enlvement d'un percepteur anglais. ville.
M.
navire anglais.
(i
Naufrage.
Autres prises
126
Chapitre
vi
Entrevue de
Doublet
et
de l'intendant de Dunkerque.
Doublet.
Il
est
nomm
lieutenant
de frgate.
Il
reoit
le
- Amours de commande-
Prise de trois navires. Combat. Mission ment de deux corsaires. Arrive Copenhagne; Dantzick. Passage du Sund. Elseneur. Naufrage devant Dunkerque. Prise l'abordage d'un navire anglais.
le
j2
Voyage
Versailles.
Aventures avec
sieur Pletz
Croisires et voyages dans la mer du Nord. Chapitre vit (i 692-1693). Dmls avec les Anglais. Doublet Aventure [avec l'abb d'Oliva. Prcomparat devant le snat de Copenhague; il est acquitt.
sents
qu'il reoit.
Il
Il
Retour Brest.
Nouvelles croisires.
178
Visite de VauChapitre viii (1695-1697). Bombardement de St-Malo. Second bombardement de St-Malo. Voyage Bourgneuf. Superstition de Doublet. Voyage Croisires. Excursion en Irlande. aux Aores. Lutte contre les Anglais. Sjour de Doublet Sal et Martyre de la fille Saffi. Il refuse le salut deux vaisseaux espagnols. 201 Retour Marseille de Dom Garcia.
ban.
Chapitre
Lisbonne.
ix
(i
les
ctes d'Afrique
Relche
Retour St-Malo et HistoVoyage St-Domingue. Terre-Neuve. Honfleur. Retour Tempte. riette du sieur Gottreau qui'pesait les sacs procs. Doublet prend le commandement de Voyage Paris. St-Nazaire.
est
Doublet Voyages
pris
par
les Anglais.
228
Chapitre x (i 704-1 707), Voyage aux ctes d" Afrique. - Prise de dix Construction d'un fort. Counavires. Traite des ngres Whydah.
Arrive la Grenade: Incendie de V Avenant. tumes du pays. Il y Il sjourne la Havane. mingue. Maladie de Doublet. Entrevue avec Retour en Europe. France. le consulat de Doublet reoit le commandement d'un vaisseau de Pontchartrain.
St-Dodfend
M. de
nons.
Il
mer du Sud.
Il
40 cadfend Toulon
Conclusion
250
29J
etc.
Concession
de
les
de
la
Magdeleine, St-Jean,
au sieur
28i
Doublet
Association forme entre
ploitation des les de la
Franois Doublet
et
l'ex-
Madeleine
282
284
M. des Gastines
la
M. de Pontchartrain
2B6
Relation de
Lettre de
287
M. Clairambault,
M. de Pontchartrain
le
289
200
St-Jcan-Baptiste
la
charge de capi291
taine-exempt des
Cent-Suisses du
cits
duc d'Orlans
294
AcHER
Alcion
p.
(le
capitaine) du Havre,
p. 49.
(1'),
274.
de
p. 55,
56, 249.
246.
d'escadre,
p.
247, 260,
261.
Badine
(la), p. 248, 250, 252, 256, 257, 260, 261, 262. Bart (Cornil), p. 65.
149.
Biche
(la), p.
241.
168,
Bielck
188.
(l'amiral), p.
186,
BART(Jean), p. 55, 56, 57, 58, 63, 64,65, 159, 172, 174.
(le),
in-
169, 170.
209,
286,
chevalier
1
de)
36,
capitaine de vaisseau, p.
Begon
(Michel), intendant, p.
(John) amiral anglais,
(Jean), p. 28, 50-49'
134. 248.
BouGARD, BouLARD
p. 78,
pilote, p.
39, 76.
(Jean) de
Bayonne,
Benlow
p.
94.
238.
Branger
296
TABL1-:
Caire,
113.
frres,
marchands mar-
CLAIRAMBAULT,p.
ois), p. 42.
seillais, p.
ColbertdeSaint-Mars (Fran-
Camus
(\e), crivain
de marine,
p. 202.
133.
de
Canforbry (\e), p. 230. Casiel- Rodrigue (le), p. 43. Catalan, consul Cadix,
93. 94-
204, 205, 21
1,
286, 287.
p.
Conqurant
117.
(le),
141,
143.
Csar
(le), p.
Chabot, Chalons
prtre, p. 38.
(de),
du),
capitaine
248.
-
Courbon
Blenac (Franois-
de), p. 264.
180.
Chasseur
(le), p.
Chaulnes
Courtebourne
(Charles
de
St-
de), p. 204.
p. 48.
CHAUMONOT(le
Creton (Pignon-Vert), de
Malo.p.
198.
Chevalier, p. 45.
199, 286,287.
D
Deslandes
263, 275.
intendant, p.
248,
Champi), intendant,
152,192, 197.
p.
143,
Delastre
=;
(le
capitaine), p. 52,
Desgranges,
p. 249.
p. 66,
(le
Des Marchais
Diligente
(la),
60.
Doublet Doublet
(famille), p. 7.
(Franois),
pages 6,
Desclouseaux
(Hubert
de
297
1
DucASSE
276.
(Jean-Baptiste), chef
corsaire, p.
34, 135.
Duras
265.
205.
198.
192,
St-Domingue,
p. 264, 265.
Durand
(Nicolas- Jacques),
Ecueil
(F), p.
Estres (l'abb
d'), p.
117.
Etoile [V) p
EsNEVAL (Robert
ron
d')
Roux, bap.
138, 192.
ambassadeur,
183.
(Pierre), p. 284.
22.
(le), p.
Fossard de Saint-Malo,
248,
2";
Faucon
7.
Florissant
(le),
p. 48^ 49.
Fossard-Desmarets, corsaire,
p. 161, 162, 20),
284.
le
206,
211,
Fontenay (Herv
marquis
de),
p.
Bereur,
131,
2l3.
132,
Fossard
Franais
(Franoise), page, 8,
198, 264.
in
Fossard,
SIEUR
162, 284.
Desmarets,
(le), p.
Gaignard
(Philippe),
chirur-
de vaisseau,
17,
p.
33, 153,
54.
gien, p, 30,282.
G0DEFROY DE LA ROCHELLE,
I I
p.
p.
GoiSLARD
de
la
Ro-
chelle, p. 120,
de), capitaine
125.
Graldin (Andr
GoMET
(le
sieur) directeur la
!98
Cil ES
31.
Grand Henry (le), p. 178. Gravenson (le capitaine), p. 42. Graville (Malet de), p. 96.
Grenadin (le), p. 28. Grignon, armateur de la Rochelle, p. 36.
Gordon-Oneill (duc de^, p. M3. 154, h'5, GouiN de Beauchne (Jacques), p. 194.
GYLDENLOEVE(Ulric, comte
de
la
de),
GoTTREAU
(le sieur)
Ro-
p.
168, 180.
H
Harcourt ('Henri
Hardi(\e),p.4().
d'), marquis de Beuvron, p. 173, 245.
seau, p. 209.
Hernone
(V), p.
Hoquette
1
248 (Charles
la), p.
1
Fortin,
36.
Harel
(Pierre), p.
33.
marquis de
Hautefort,
capitaine de vais-
Jacques
47, 48,
II,
roi
d'Angleterre, p.
p.
123
la
Justice
43.
Jonche, consul
Havane,
K
Kerhouent (Louise
de), duchesse de Portsmouth, p. 41.
de), p. 41.
Keyser
(Charles), lieutenantde
16!;.
KEROAL(la comtesse
299
Laitire
d'Amsterdam
(la)
p.
LeGOUXDE
la jANNAYE,p. I95.
171.
Le Moine D'lBERViLLE(Pierre),
p.
de),
104,
p. 68,
Lvrier
(le),
LVY
(le
LouviGNY (Paul
P-
de), intendant,
135,
M
Maisonneuve
(de),
capitainede
dej,
lieutenant-gnral
p.
en
vaisseau, p. 175.
Normandie,
Magnou
Maurville
d'escadre, p.
Makay
1
(de), p. 154,
1
57,
58, 160.
Merot, MiTHON
p. 45
(Jean-Jacques),
inten-
Maret,
48.
chirurgien, p. 46,
47,
Moinerie-Trochon
Malo,
p. p.
(la),
de St-
Montault
lieutenant de
vaisseau, p. 175.
Mars
(le), p.
65.
(de),
Montmort (Hubert
ambassadeur,
de Fargis
Martangis
p. 168,
186.
M0YENCOURT
(de),
capitainede
300
N
Naguet
(fami le de), p. 9, 11.
Niels-Juel, amiral,
188.
p. 168, 186,
NoAiLLES
208.
(le
chevalier de), p,
Naudy,
148.
capitaine de brlot, p.
O
Oliva (l'abb
d'), p. 182.
Pailletrie
(le bailli
de
la)
chef
175, 176.
d'escadre, p. 208.
Palleiil (le), p. 43.
de),
PONTCHARTRAIN
230, 246.
(de),
p,
I74,
PosTEL
in-
(le
capitaine),
p.
i66,
Patoulet
(Jean-Baptiste),
169.
Poulet (le
p. 83.
P-
capitaine) de
Dieppe
p.
1
PENDERNE(Jean), anglais,
Perle
(la), p.
33i^la),
99.
capitaine
Princesse de Conti
24
Perrinet
Plets
(le
(de),
de
p.
Prince Peerts
{\e), p.
65.
178, 192.
vaisseau, p. i4o.
sieur),
armateur,
Profond Prudent
(\e),
(le).
p.
175,
Q
QuiLLET (famille), p.8,
1
301
R
Rachel d'Amsterdam
(laj.p. 254.
Renomme
RuYTER RuYTER
(la),
p.
270.
p. 71.
Rancey
(de), p.
Rosier d'Alger
{\e],
RANTOT(d2), p.
Raymondis
(de),
capitaine
de
(ramiral de), p. 40. (Engil de), p. 40, 41, 42, 43, 62, 161.
de), p. 71,
rie-Gobert), p. 267.
Sallaberry (Charles de
P-
n
p.
3.
276.
Saint-Antoine
Sainte-Claire
21, 22.
(le),
78, 195,
Samson
(Jacques),
44, 48.
(le),
p. 224.
(le),
Saint-Jean-Baptiste
p.
17,
Sans-Peur (la), p. 134. Scarborough (le), p. 199. Soleil Royal (le), p 139,
Sorcire
(la),
p.
56,
161,
163,
Saint-Jean-Baptist
289,
290.
(le), p.
278,
166.
Seignelay
(le
marquis de),
p.
Saint-Michel (le), p. 28, 282. Saint- Pater (Jacques Le Coutelier marquis de), p. 278.
Serpente
(la),
p.
56,
161, 163,
Talon
34
-,
(Jean),
intendant, p. 33,
Thomas (le
Tingry
(le
capitaine)
de
la
Ro-
chelle, p. 232.
Tess (Ren, sire de Fronlay, comte de), p. 278. Thiberge (Nicolas), pilote, p.
1
Tracy (Alexandre de
marquis de),
p.
12.
Tourville
f02
U
Utile {V), p. 135.
V
Valsem (Guillaume de), p. Vauban (le marchal de),
204.
7.
p.
125.
Venize
(de), capitaine
de
vais-
Vaulezard (Juchereau
de), p.
Rouen
(le
(la),
p. 95.
de),
Vipre
{\a,, p.
53.
Vivonne
p.
duc
de), p. 40.
Vaux-Mimars
(de),
122,
d'), p.
IMPRIM
].
MAYET ET
C^
LONS-LE-SAUNIER
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M.
GUIZOT
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HiSTOlItE
DE CHARLES I"
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CROMWELL
et
du RTABLISSEMENT DE^
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CHUTE DE LA RPUBLIQUE,
1
vol. in-8.
pimiRAlTS POLITIQUES
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1
d'histoire
coniemporaine
etc. 12" dit.
augmente de documents
vol. in-8.
indits.
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HISTOIRE DE LA CIVILISATION
pire romain,
EUROPE ET EX FRANCE,
la
depuis
la
chute dc l'Eni 30
HISTOIRE DE
des InstiUUions politiques de l'Europe, depuis la chute de l'Empire romain jusqu'au xiV sicle. (Cours de 10 Ir. 1820 1822.) Nouv. dil. 2 vol. in-8. CORNEILLE ET SON TEMPS. lude litlraire, suivie d'un Essai sur Chapelain, Roirou et Scar
ron, elc
1
\ol. in-8.
.MDITATIONS ET TUDES
Nouvelle diliun.
de 18i0.
)u-8.
1
MORALES
sur
la
Religion,
la
vol. in-8.
en gnral. De l'lat des beaux-nus en France ei du Salo,, Dtscnpiion des tableaux du Muse du Louvre, elc. Nouvelle dilion. 1 vol, 6
suivis des Discours
1
DISCOURS ACADMIQUES,
cl
vol. in-8.
aBAILARI) et HLOISE.
lard
1
et
E^sai historique, par M. et M" GcizOT, suivi ti Lettres dC Abaid'Il/ohe, traduites en franc; is pa;- M. Oddoul. Nouvelle dition, revue et corrisc.
vol. in-8.
6
12
8' dition.
v(,l.
grand
in-8.
Histoire des Fratics, suivie de la Chronique de Frede(ja"e, iraduclion de M. CuizoT, en'.irtmenl revue. Nouv. dil., complte et augmente de la Goyrapliie de Gr(joire de Tours, par Alfred Jacobs. 2 vol. in-8, avec une t* rarte de la Guule.
.
Etude
trad. (le M. GuizoT, enlirenient revur, sur ISh.ikspeare, de notices et de noies. 8 vol. in-8.
.-.ccom
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HlST4lRE LE WASHINGTON et de la jomialion de lu Upublique des Liais-L'nis, par M. CORNELiS DE W.TT, prcde d'une Etude historique sur \Vasliinglon, par M. GuiZOT
Nouvelle dilion.
l
vol. in-8,
avcccarle.
la
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THOMAS JEFFERSON.
1
lude sur
ilil.
HNANDRE. lude
ftvec portrait.
sur la Comdie cl la Socit grecque, [m M. (JIIIU.ADME GuizOT. Ouvrage couronn par l'Acadmie franaise en lUlti. I vol. in-ii,
historique
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La Bibliothque
Universit d'Ottawa
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Library
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