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Comment j'ai réparé le sourire de Nina
Comment j'ai réparé le sourire de Nina
Comment j'ai réparé le sourire de Nina
Livre électronique98 pages1 heure

Comment j'ai réparé le sourire de Nina

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À propos de ce livre électronique

Gaspard est un garçon sérieux. Et même trop sérieux pour ses parents qui sont… désorganisés et désordonnés, moqueurs et chamailleurs, saugrenus et farfelus, surprenants et extravagants, plutôt hauts en couleur et assez farceurs.
Gaspard n’en démord pas : c’est à lui d’assurer au quotidien. Sinon, qui va s’occuper d’Annabelle, sa petite sœur, et de Paracétamolle, le singe rescapé des laboratoires Servais ? Et, pour assurer, il assure ! Toujours à l’heure pour préparer le biberon d’Annabelle, toujours le premier à l’école et toujours attentif au régime sans gluten de Paracétamolle.
Jusqu’au jour où, sans le vouloir, Gaspard fait pleurer la belle Nina. Ces larmes dans ces yeux-là, ce n’est pas possible. Alors, Gaspard va tout faire pour réparer le sourire envolé. Quitte à laisser tomber son rôle d’enfant modèle… ou pas.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Nicolas Michel est né en 1974 à Aix-en-Provence. Il a grandi et fait ses études dans le sud de la France, avant de vivre en Finlande et en Ouganda. Romancier et journaliste, il occupe le poste de rédacteur en chef de la section Culture(s) de la revue Jeune Afrique, où il écrit surtout sur la littérature, l’histoire et l’art contemporain. Il est également l’auteur de trois romans publiés dans la collection Blanche de Gallimard, de deux romans policiers publiés chez Buchet-Chastel, et de deux romans pour ados publiés chez Talents Hauts.


LangueFrançais
ÉditeurLe Muscadier
Date de sortie15 juin 2023
ISBN9782383020448
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    Aperçu du livre

    Comment j'ai réparé le sourire de Nina - Nicolas Michel

    Gaspard, il est vraiment bizarre.

    C’est même difficile à imaginer un garçon bizarre comme celui-là.

    La nature est pleine de surprises : poulpes fluorescents, rainettes tueuses, requins-baleines et autres orni­tho­rynques à bec de canard. Moi, ça me donne souvent envie d’en savoir plus.

    Gaspard, cela fait un moment que je l’observe. Je veux dire, scientifiquement. Comme une ichtyologue étudie les poissons, comme une entomologue s’intéresse aux insectes, comme une batrachologue dissèque les grenouilles. D’une certaine manière, je suis une gaspardologue. Pourtant, d’habitude, je m’intéresse plutôt aux arachnides, bien plus jolis que les humains.

    Gaspard n’est pas une araignée, évidemment, mais il a quand même attiré mon attention. J’aime bien les animaux un peu dégoûtants. Je n’en parle pas autour de moi, et surtout pas à ma grand-mère. Je ne veux pas qu’elle m’emmène chez le médecin du cerveau comme le jour où elle m’a surpris en train de dessiner une mygale. D’accord, une mygale en train de réduire en bouillie une blatte géante afin de pouvoir la manger ensuite. Bon, depuis, je ne dessine plus que sous mon lit, avec une lampe frontale. Mes dessins, sur des carrés de papier aquarelle de 10 cm sur 10 cm, je les cache dans une boîte tout au fond du plus noir du dessous de mon lit.

    Là, d’ailleurs, j’y suis, sous mon lit, mais je ne parviens pas à dessiner parce que je pense à quel point Gaspard est bizarre.

    Il suffit de le regarder de haut en bas pour s’en rendre compte.

    Pour commencer, il y a cette raie au milieu. Plusieurs fois par jour, il sort discrètement un peigne de sa poche et s’applique à bien partager en deux sa tignasse blonde. Je le vois faire dans la cour de récréation, après avoir jeté un œil à droite et à gauche pour être sûr que personne ne l’observe. Soyons honnêtes, il n’arrive pas vraiment à domestiquer ses cheveux, il y a toujours une mèche rebelle qui se redresse, un épi qui vient prendre le soleil, une touffe qui retrouve sa liberté.

    Son visage ? Celui d’un petit blond classique et sage avec des yeux bleu gris et quelques taches de rousseur, un nez en trompette, des lèvres en cul-de-poule, un menton en galoche. Aucun intérêt.

    En dessous, un col qui doit l’empêcher de respirer correctement et une chemise boutonnée de haut en bas, sagement rentrée dans un pantalon propre et repassé. Les couleurs ? Bleu ciel, beige, bleu marine, blanc. Les chaussures ? D’abominables mocassins dont mon grand-père ne voudrait pas – si j’avais encore un grand-père…

    Mince. Je ne parviens pas à dessiner ce soir. Je ne sais pas ce qui m’arrive, j’avais pourtant trouvé un joli modèle de Lycosa Tarentula bien poilue dans un vieux magazine. Mon crayon ne tient pas entre mes doigts, mon cerveau vagabonde, je pense au rendez-vous étrange que m’a donné Gaspard, ce soir à 19 heures.

    Mais pourquoi ai-je dit oui ? Quelle idiote ! L’obser­va­tion scientifique a des limites.

    Avec cette dégaine de premier de la classe, eh bien ça ne surprendra personne, il est premier de la classe. Tiré à quatre épingles, peut-être même cinq, et sage comme une image, et poli, et ponctuel, et calme, et réfléchi, et… Enfin, j’imagine, parce que je ne le connais pas vraiment. Tout ce que je sais, c’est qu’il a des soucis avec ses parents et son singe asthmatique. Il m’en parle parfois en regardant ses mocassins, et comme je suis une gaspardologue aguerrie, je l’écoute, je l’encourage à se livrer d’un regard, d’un hochement de tête. La plupart du temps, elles me font rire, ses histoires de singe, de parents mal peignés et de petite sœur affamée. Lui, pas vraiment. Il s’en plaint comme si c’était un vrai malheur.

    Il ne sait pas ce que c’est de vivre avec une grand-mère qui a tout le temps peur pour vous.

    Le reste non plus, il ne sait pas.

    Du moins, il ne savait pas. Et puis, aujourd’hui, je me suis un peu énervée, et je lui ai dit.

    D’accord, je suis sortie de mon rôle d’observatrice.

    Une vraie scientifique ne se laisse pas aller à des considérations personnelles, normalement. Je n’aurais pas dû. J’ai laissé couler une larme quand j’ai parlé de ma mère. Je suis sûre que c’est pour cela qu’il a proposé de venir me chercher à 19 heures, ce soir, pour m’emmener je ne sais où. Il doit avoir un peu d’artichaut dans le cœur malgré son côté premier de la classe.

    J’aurais dû dire non. Je serais rentrée, j’aurais tranquillement dessiné une belle tarentule pour ma collection, j’aurais avalé ma soupe et je ne me serais pas posé de question.

    Non, je ne collectionne pas les araignées dans des boîtes. Je ne voudrais en aucun cas tuer une de ces merveilles de la nature très utiles pour l’équilibre écologique de la planète. Quiconque a déjà vu une toile constellée de rosée dans la lumière de l’aube ne saurait dire du mal de ces sublimes bestioles, si habiles, si élégantes… Mais il faut croire que les gens ne se lèvent pas assez tôt pour observer les toiles d’araignée constellées de rosée dans la lumière de l’aube, car personne n’est d’accord avec moi sur le sujet. C’est agaçant.

    À la sortie des cours, il est venu me voir et m’a demandé si, par hasard, ma grand-mère me laisserait sortir ce soir. J’étais tellement abasourdie que je n’ai rien osé répondre. Lui, sortir le soir ? Après son cours de musique, son club d’échecs et ses devoirs ? J’ai espéré que ma grand-mère dirait non. Raté. Je ne sais pas ce qu’il lui a murmuré à l’oreille, mais elle a dit oui avec un petit sourire crispé. Elle qui ne me laisse pas traverser la rue sans regarder dix fois à droite, dix fois à gauche et une fois en l’air pour prévenir une éventuelle chute de météorite !

    Manon, Jade, Gabrielle, Alice, Nour, Lise et Jalil – le seul garçon du groupe – détestent les araignées et s’enfuient dès que je leur en parle. Ils pensent tous que ce sont de sales insectes venimeux, alors que ce ne sont même pas des insectes. Ils se moquent aussi de moi quand je passe trop de temps avec Gaspard.

    « Encore lui, le chouchou de la maîtresse ? »

    « Mais ça pique ! Il paraît que la femelle mange le mâle après avoir fait des bébés. »

    « Dis donc, il ne

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