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Les Précieuses ridicules
Les Précieuses ridicules
Les Précieuses ridicules
Livre électronique67 pages42 minutes

Les Précieuses ridicules

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À propos de ce livre électronique

L'intrigue de la pièce repose sur la vengeance de deux prétendants éconduits, La Grange et Du Croisy, qui décident de tourner en ridicule les jeunes filles qui les ont humiliés. Pour ce faire, ils vont utiliser le ressort théâtral de l'inversion des rôles maître-valet.
LangueFrançais
Date de sortie31 mars 2023
ISBN9782322271320
Les Précieuses ridicules

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    Les Précieuses ridicules - Jean-Baptiste Poquelin Molière

    Molière Les Précieuses ridicules

    Personnages

    LA GRANGE, amant rebuté.

    DU CROISY, amant rebuté.

    GORGIBUS, bon bourgeois.

    MADELON, fille de Gorgibus, précieuse ridicule.

    CATHOS, nièce de Gorgibus, précieuse ridicule¹.

    MAROTTE, servante des précieuses ridicules.

    ALMANZOR, laquais des précieuses ridicules².

    LE MARQUIS DE MASCARILLE, valet de La Grange.

    LE VICOMTE DE JODELET, valet de Du Croisy.

    DEUX PORTEURS DE CHAISE.

    VOISINES.

    VIOLONS.

    1M. A. Martin cite ici Mlle Duparc, qui n’a pu jouer le rôle de Cathos : elle ne rentra dans la troupe de Molière avec son mari qu’après Pâques de l’année 1660.

    2Ce rôle est attribué, dans les éditions modernes, à l’acteur Debrie ; mais l’appellation de petit garçon, que Madelon emploie en s’adressant à son laquais, nous fait tenir cette attribution pour erronée. Debrie, qui jouait La Rapière dans le Dépit amoureux, et en général les rôles de bretteur, de commissaire ou de gendarme, n’aurait pu être désigné de la sorte.

    Le lieu de la scène est suffisamment indiqué à la scène VII ; c’est une salle basse de la maison de Gorgibus. Le manuscrit de Mahelot donne seulement ces indications : « Il faut une chaise de porteurs, deux fauteuils, deux battes. »

    Scène première

    La Grange, Du Croisy.

    DU CROISY

    Seigneur La Grange.

    LA GRANGE

    Quoi ?

    DU CROISY

    Regardez-moi un peu sans rire.

    LA GRANGE

    Eh bien !

    DU CROISY

    Que dites-vous de notre visite ? En êtes-vous fort satisfait ?

    LA GRANGE

    À votre avis, avons-nous sujet de l’être tous deux ?

    DU CROISY

    Pas tout à fait, à dire vrai.

    LA GRANGE

    Pour moi, je vous avoue que j’en suis tout scandalisé. A-t-on jamais vu, dites-moi, deux pecques¹ provinciales faire plus les renchéries que celles-là, et deux hommes traités avec plus de mépris que nous ? À peine ont-elles pu se résoudre à nous faire donner des sièges. Je n’ai jamais vu tant parler à l’oreille qu’elles ont fait entre elles, tant bâiller, tant se frotter les yeux, et demander tant de fois : Quelle heure est-il ? Ont-elles répondu que oui et non à tout ce que nous avons pu leur dire ? et ne m’avouerez-vous pas enfin que, quand nous aurions été les dernières personnes du monde, on ne pouvait nous faire pis qu’elles ont fait ?

    DU CROISY

    Il me semble que vous prenez la chose fort à cœur.

    LA GRANGE

    Sans doute, je l’y prends, et de telle façon que je veux me venger de cette impertinence. Je connais ce qui nous a fait mépriser. L’air précieux n’a pas seulement infecté Paris, il s’est aussi répandu dans les provinces, et nos donzelles ridicules en ont humé leur bonne part. En un mot, c’est un ambigu de précieuse et de coquette que leur personne. Je vois ce qu’il faut être pour en être bien reçu ; et, si vous m’en croyez, nous leur jouerons tous deux une pièce qui leur fera voir leur sottise, et pourra leur apprendre à connaître un peu mieux leur monde.

    DU CROISY

    Et comment encore ?

    LA GRANGE

    J’ai un certain valet, nommé Mascarille, qui passe, au sentiment de beaucoup de gens, pour une manière de bel esprit : car il n’y a rien à meilleur marché que le bel esprit maintenant. C’est un extravagant qui s’est mis dans la tête de vouloir faire l’homme de condition. Il se pique ordinairement de galanterie et de vers, et dédaigne les autres valets, jusqu’à les appeler brutaux².

    DU CROISY

    Eh bien ! qu’en

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