Les rives de l'Arno
Par Marie Rattazzi
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Les rives de l'Arno - Marie Rattazzi
Marie Rattazzi
Les rives de l'Arno
EAN 8596547427247
DigiCat, 2022
Contact: [email protected]
Table des matières
CHANT FUNÈBRE SUR LES MORTS PRÉMATURÉES DES DEUX REINES MARIE-THÉRÈSE ET MARIE-ADÉLAIDE ET DE FERDINAND, DUC DE GÊNES
A LA COMTESSE D’ALBANY EN LUI ENVOYANT LA TRAGÉDIE DE MYRRHA IMITATION
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ENVOI
LÉGENDES SAVOISIENNES
I LA MAISON DU DIABLE
II L’HOTE DE LA MAISON DU DIABLE AU PRINCE M. DE L.
I
II
III
IV
V
VI
III LE SIRE DE MONTMAYEUR A M. LE COMMANDEUR L...
IV L’ÉGLISE DE HAUTECOMBE
RAPHAËL A A DE LAMARTINE
I
II
III
IV
V
VI
VII
LES CONFIDENCES UN SOIR D’HIVER
LES VIVANDIÈRES
UN SOUHAIT AU VOL A MADEMOISELLE A....
LA PRINCESSE ZOBÉIDE CONTE ARABE
LA SENSITIVE A SAINTE-BEUVE
MARIE ET MARION
LETTRE EN VERS A UN AMI EN LUI ENVOYANT UNE CANNE FAITE DE LA PEAU D’UN SERPENT
VARIATIONS SUR LE THÈME D’UN POËTE
REPONSE A UNE QUESTION DE P POURQUOI JE N’AIME PAS LES CHIENS?
I
Les cieux, rafraîchis par la pluie,
Après l’orage sont plus clairs;
Les champs, que le soleil essuie,
Étalent des tapis plus verts;
Tout dans la nature est en joie:
L’oiseau chante; l’iris déploie
Ses arcs de triomphe éclatants,
Et le bruit des derniers tonnerres,
De salves toutes débonnaires,
Semble saluer le beau temps.
C’est ainsi qu’après nos tempêtes
Nos beaux jours paraissent plus doux.
Plus d’allégresse et plus de fêtes
Accueillent les royaux époux;
Nos canons qui, dans la bataille,
Vomissent avec la mitraille
L’effroi dans les rangs ennemis,
Aujourd’hui, tonnerres sans foudre,
N’éveillent au bruit de leur poudre
Que l’écho des foyers amis.
Sur les Alpes, dans la campagne,
Ce ne sont que joyeux concerts;
La mer les dit à la montagne,
La montagne les dit aux mers.
Naples, Turin, Milan, Florence,
Entonnent l’hymne d’espérance;
Hier rivales, aujourd’hui sœurs,
Cités libres et florissantes,
Vous regrettez vos sœurs absentes,
Dont la voix manque dans vos chœurs!
II
Vous pleurez? Je comprends vos larmes, jeune fille!
Vous pleurez le berceau, le palais, la famille,
La patrie, où se sont parmi nous écoulés
Ces jours insoucieux de votre chère enfance,
Où souriait la grâce, où chantait l’espérance,
Jours heureux, trop vite envolés!
Qu’ils furent pleins pourtant! C’est dans ce court espace
Que vous avez grandi toutes deux, face à face,
Cette pauvre Italie et vous, comme deux sœurs;
Car d’un père commun cherchant le doux empire,
Princesse, dans ses bras quand vous alliez sourire,
Elle allait y sécher ses pleurs!
Sous cet amour ardent, sur ces hauteurs sereines
Écloses toutes deux, vous êtes déjà reines,
Et l’Europe vous ouvre et son cœur et ses bras.
L’Italie affranchie, et forte, et libre, et fière,
Voit partout reconnaître et bénir sa bannière:
On crie Hosanna sous vos pas!
Sans doute, comme nous, cette chère opprimée,
Vous voudriez la voir tout à fait exhumée,
Souriante, debout, et le front au soleil;
Mais ce qui reste d’elle encor dans l’autre monde
Tressaille vivement sous la tombe profonde,
Saisi des frissons du réveil.
III
Ah! patience! patience!
Laissez déblayer les abords,
Nous allons avec confiance,
Dussions-nous aller chez les morts!
Vainement, le sabre et la hache,
Frappant et frappant sans relâche,
Ont mis ce grand corps en lambeaux;
Vainement on a, sans mystère.
Chaque jour jeté de la terre
Et piétiné sur ces tombeaux!
Vous avez vu comment la vie,
La vie au souffle ardent et fort,
Sous cette morne léthargie,
A soudain refoulé la mort!
Il n’a fallu rien qu’une étreinte,
Rien qu’un mot: la parole sainte!
Et Lazare l’entend toujours.
Vois, dans ses veines desséchées
Nos veines se sont épanchées...
Maintenant nous comptons les jours!
Ne désespérez point, princesse,
Car cette noble sœur, objet de notre amour,
Telle qu’il nous la faut, vous la verrez un jour,
Nous vous en faisons la promesse.
D’ailleurs, n’allez-vous pas, vous aussi, comme nous,
Demander votre part dans la tâche commune?
Qui sait ce que nous garde encore la fortune!
N’aurons-nous pas besoin de vous?
Fille d’un noble sang, vous y songiez peut-être!
Chacun va s’employer à l’œuvre qui va naître.
Lorsque, femmes, enfants, tous, nous travaillons tous,
La jeune fille rêve, et, seule inoccupée,
Pour combattre en son nom se choisit un époux.
IV
Partez pour ce pays que l’oranger parfume
Et que baignent les flots de leur brillante écume,
Pour ce sol fécond en héros.
Là dorment tous ces preux, ces infants, ces grands maîtres,
Aïeux de don Luiz, digne de tels ancêtres,
Que chantent les Romanceros.
Ils se réveilleront sans doute à votre approche,
Ces loyaux chevaliers sans peur et sans reproche;
Ils se soulèveront d’un bras sur leur écu,
Et diront, en voyant vos grâces triomphantes,
Qu’ils n’avaient pas connu de si douces infantes,
Et que pour vous, Madame, ils auraient mieux vaincu
L’époux qui vous attend peut marcher votre égal:
Vous vous nommez Savoie... Il s’appelle Bragance;
Votre nom à tous deux signifie Espérance,
Et l’avenir enfin sourit au Portugal.
Bragance et Savoie! Ah! les aïeux qu’on renomme
Vont tressaillir de joie en voyant s’allier
La fille du roi-gentilhomme
Et le jeune roi-chevalier!
Votre vaillant aïeul, ce soldat légendaire,
Ainsi qu’Adamastor, le fabuleux géant,
Est venu demander un jour à cette terre
Un tombeau, sur les bords de l’immense Océan.
Les yeux encor tournés vers la patrie avare
Qui le laissait mourir loin de son doux soleil,
Il s’est endormi là, de son dernier sommeil,
Le glorieux vaincu qu’a vu tomber Novare!
C’est pour payer le prix de l’hospitalité
Qu’aujourd’hui l’Italie au Portugal vous donne,
Et votre époux est fier de poser sa couronne
Sur un front rayonnant de grâce et de beauté.
Partez donc! car là-bas, c’est encor la patrie!
C’est a famille encor!... certe, et non moins chérie,
Quand voire œil si profond, plongeant de toutes parts,
De ce peuple empressé qui déjà vous acclame,
Qui de loin vous appelle, aura rencontré l’âme,
Épanoui le cœur, et charmé les regards.
Partez! allez porter la lumière nouvelle
Parmi ce peuple ardent qui s’éveille à son tour;
Dites-lui qu’il soit prêt, afin, si Dieu l’appelle,
Qu’il ne retarde pas l’œuvre divin d’un jour!
L’Espagne (pauvre Espagne!) à ce contact de vie
Va tressaillir! Peut-être il lui prendra l’envie
De secouer un peu son étrange sommeil;
Son pauvre corps, brisé par la lutte et les chaînes,
A senti récemment que le sang, dans ses veines,
Etait chaud encore et vermeil.
Pour dissiper au loin celte atmosphère oisive
Qui pèse sur l’esprit et fait l’âme captive,
Pour rendre ce grand peuple à son activité.
Peut-être il suffirait du vent d’une bannière.
Quand votre œil, en passant, jettera la lumière
Dans cette obscurité.
Et peut-être qu’alors (ah! Dieu peut tant de choses!)
Ces deux peuples rivaux dès longtemps, et sans causes,
Après s’être mieux vus, tout à coup s’étreignant,
Se demanderont-ils quel esprit les divise,
Quand ils pourraient n’avoir qu’une même devise:
Bragance et Carignan!
V
En voyant votre œuvre accomplie:
Le Portugal et l’Italie
Sous une égale et même loi,
Vous aurez le droit d’être fière
Devant l’Europe tout entière;
Vous pourrez dire à votre père:
«Ta fille est digne de toi!»
L’avenir n’a pour vous que joyeuse promesse!
Né pleurez plus, jeune princesse,
Vos larmes et votre tristesse
Rendent trop cruels les adieux.
Autour de vous, quand tout soupire,
Ou vous envie, ou vous admire,
Laissez-nous un dernier sourire
De vos lèvres et de vos veux!
Septembre1862.
CHANT FUNÈBRE
SUR LES MORTS PRÉMATURÉES DES DEUX REINES
MARIE-THÉRÈSE ET MARIE-ADÉLAIDE
ET DE
FERDINAND, DUC DE GÊNES
Table des matières
O douleur! ô stupeur ! ô terrible mystère!
Le mal préside-t-il aux choses de la terre?
Faut-il douter des cieux?
Quel étrange hasard dirige donc la foudre
Qui frappe la vertu, quand elle semble absoudre
Le crime audacieux?
Quoi! le monde admirait un roi qui, de lui-même,
Imposant une borne à son pouvoir suprême,
A convié son peuple à se donner des lois,
Et, malgré les clameurs, poursuivant sa carrière,
Renversant des abus là gothique barrière
Fonda sur leurs débris l’égalité des droits;
Le peuple applaudissait un exemple si rare;
Les soldats, se montrant le héros de Novare,
S’inclinaient devant lui;
Une