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Poèmes: Les bords de la rout; Les Flamandes; Les Moines
Poèmes: Les bords de la rout; Les Flamandes; Les Moines
Poèmes: Les bords de la rout; Les Flamandes; Les Moines
Livre électronique144 pages1 heure

Poèmes: Les bords de la rout; Les Flamandes; Les Moines

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À propos de ce livre électronique

"Poèmes", de Emile Verhaeren. Publié par Good Press. Good Press publie un large éventail d'ouvrages, où sont inclus tous les genres littéraires. Les choix éditoriaux des éditions Good Press ne se limitent pas aux grands classiques, à la fiction et à la non-fiction littéraire. Ils englobent également les trésors, oubliés ou à découvrir, de la littérature mondiale. Nous publions les livres qu'il faut avoir lu. Chaque ouvrage publié par Good Press a été édité et mis en forme avec soin, afin d'optimiser le confort de lecture, sur liseuse ou tablette. Notre mission est d'élaborer des e-books faciles à utiliser, accessibles au plus grand nombre, dans un format numérique de qualité supérieure.
LangueFrançais
ÉditeurGood Press
Date de sortie25 avr. 2021
ISBN4064066088880
Poèmes: Les bords de la rout; Les Flamandes; Les Moines

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    Poèmes - Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    Poèmes

    Les bords de la rout; Les Flamandes; Les Moines

    Publié par Good Press, 2022

    [email protected]

    EAN 4064066088880

    Table des matières

    LES BORDS DE LA ROUTE. LES FLAMANDES

    LES MOINES

    AUGMENTÉS DE PLUSIEURS POÈMES

    LES BORDS DE LA ROUTE. LES FLAMANDES

    LES MOINES

    AUGMENTÉS DE PLUSIEURS POÈMES

    Table des matières

    Deuxième édition

    PARIS

    SOCIÉTÉ DU MERCURE DE FRANCE

    M DCCC XCV



    LES BORDS DE LA ROUTE

    1882-1894

    A PAUL SIGNAC

    DÉCORS TRISTES

    LE GEL

    Sous le fuligineux étain d'un ciel d'hiver,

    Le froid gerce le sol des plaines assoupies,

    La neige adhère aux flancs râpés d'un talus vert

    Et par le vide entier grincent des vols de pies.

    Avec leurs fins rameaux en serres de harpies,

    De noirs taillis méchants s'acharnent à griffer,

    Un tas de feuilles d'or pourrissent en charpies;

    On s'imagine entendre au loin casser du fer.

    C'est l'infini du gel cruel, il incarcère

    Notre âme en un étau géant qui se resserre,

    Tandis qu'avec un dur et sec et faux accord

    Une cloche de bourg voisin dit sa complainte,

    Martèle obstinément l'âpre silence—et tinte

    Que, dans le soir, là-bas, on met en terre un mort.

    LES BRUMES

    Brumes mornes d'hiver, mélancoliquement

    Et douloureusement, roulez sur mes pensées

    Et sur mon cœur vos longs linceuls d'entendement

    Et de rameaux défunts et de feuilles froissées

    Et livides, tandis qu'au loin, vers l'horizon,

    Sous l'ouatement mouillé de la plaine dormante,

    Parmi les échos sourds et souffreteux, le son

    D'un angélus lassé se perd et se lamente

    Encore et va mourir dans le vide du soir,

    Si seul, si pauvre et si craintif, qu'une corneille,

    Blottie entre les gros arceaux d'un vieux voussoir,

    A l'entendre gémir et sangloter, s'éveille

    Et doucement répond et se plaint à son tour

    A travers le silence entier que l'heure apporte,

    Et tout à coup se tait, croyant que dans la tour

    L'agonie est éteinte et que la cloche est morte.

    SUR LA COTE

    Un vent rude soufflait par les azurs cendrés,

    Quand du côté de l'aube, ouverte à l'avalanche,

    L'horizon s'ébranla dans une charge blanche

    Et dans un galop fou de nuages cabrés.

    Le jour entier, jour clair, jour sans pluie et sans brume,

    Les crins sautants, les flancs dorés, la croupe en feu,

    Ils ruèrent leur course à travers l'éther bleu,

    Dans un envolement d'argent pâle et d'écume.

    Et leur élan grandit encor, lorsque le soir,

    Coupant l'espace entier de son grand geste noir,

    Les poussa vers la mer, où criaient les rafales.

    Et que l'ample soleil de Juin, tombé de haut,

    Se débattit, sanglant, sous leur farouche assaut,

    Comme un rouge étalon dans un rut de cavales.

    (1884-85)

    LES CORNEILLES

    Le plumage lustré de satins et de moires,

    Les corneilles, oiseaux placides et dolents,

    Parmi les champs d'hiver, que la neige a fait blancs,

    Apparaissent ainsi que des floraisons noires.

    L'une marque les longs rameaux d'un chêne ami;

    Elle est penchée au bout d'une branche tordue,

    Et, fleur d'encre, prolonge une plainte entendue

    Par le tranquille écho d'un village endormi.

    Une autre est là, plus loin, pleurarde et solitaire,

    Sur un tertre maussade et bas comme un tombeau.

    Et longuement se rêve en ce coin rongé d'eau,

    Fleur tombale d'un mort qui dormirait sous terre.

    Une autre encor, les yeux fixes et vigilants,

    Hiératiquement, sur un pignon placée,

    Reste à l'écart et meurt, vieille et paralysée,

    Plante hiéroglyphique en fleur depuis mille ans.

    Le plumage lustré de satins et de moires,

    Les corneilles, oiseaux placides et dolents,

    Parmi les champs d'hiver, que la neige a faits blancs,

    Apparaissent ainsi que des floraisons noires.

    VAGUEMENT

    Voir une fleur là-bas, fragile et nonchalante,

    En cadence dormir au bout d'un rameau clair,

    En cadence, le soir, fragile et nonchalante,

    Dormir;—et tout à coup voir luire au clair de l'air,

    Luire, comme une pierre, un insecte qui danse,

    Instant de nacre en fuite au long d'un rayon d'or;

    —Et voir à l'horizon un navire qui danse

    Sur ses ancres et qui s'enfle et tente l'essor,

    Un navire lointain vers les grèves lointaines,

    Et les îles et les hâvres et les départs

    Et les adieux;—et puis, à ces choses lointaines,

    A ces choses du soir confier les hasards:

    Craindre si la fleur tombe ou si l'insecte passe

    Ou s'il part le navire à travers vents, là-bas,

    Vers la tempête et vers l'écume et vers l'espace

    Danser, parmi la houle énorme, au son des glas....

    Ton souvenir!—et le mêler à ces présages,

    A ce navire, à cet insecte, à cette fleur,

    Ton souvenir qui plane, ainsi que des nuages,

    Au couchant d'ombre et d'or de ma douleur.

    (1886)

    VÉNUS ARDENTE

    En ce soir de couleurs, en ce soir de parfums,

    Voici grandir l'orgueil d'un puissant crépuscule

    Plein de flambeaux cachés et de miroirs défunts.

    Un chêne avec colère, à l'horizon, s'accule

    Et, foudroyé, redresse encor ses poings au ciel.

    Le cadavre du jour flotte sur les pâtures

    Et, parmi le couchant éclaboussé de fiel,

    Planent de noirs corbeaux dans l'or des pourritures.

    Et le cerveau, certes morne et lassé, soudain

    S'éveille en ces heures de fastueux silence

    Et resonge son rêve infiniment lointain,

    Où la vie allumait sa rouge violence

    Et, comme un grand brasier, brûlait la volonté.

    Et le désir jappant et la ferveur torride

    Ressuscitent le cœur mollassement dompté,

    Et voici que renaît Vénus fauve et splendide,

    Guerrière encor, comme aux siècles païens et clairs,

    Qui l'adoraient en des fêtes tumultueuses,

    Tandis qu'elle dressait, comme un pavois, ses chairs,

    Pâle, le cou dardé, les narines fougueuses.

    (1886)

    LES CIERGES

    Ongles de feu, cierges!—Ils s'allument, les soirs,

    Doigts mystiques dressés sur des chandeliers d'or,

    A minces et jaunes flammes, dans un décor

    Et de cartels et de blasons et de draps noirs.

    Ils s'allument dans le silence et les ténèbres,

    Avec le grésil bref et méchant de leur cire,

    Et se moquent—et l'on croirait entendre rire

    Les prières autour des estrades funèbres.

    Les morts, ils sont couchés très longs dans leurs remords

    Et leur linceul très pâle et les deux pieds dressés

    En pointe et les regards en l'air et trépassés

    Et repartis chercher ailleurs les autres morts.

    Chercher? Et les cierges les conduisent; les cierges

    Pour les charmer et leur illuminer la route

    Et leur souffler la peur et leur souffler le doute

    Aux carrefours multipliés des chemins vierges.

    Ils ne trouveront point les morts aimés jadis,

    Ni les anciens baisers, ni les doux bras tendus,

    Ni les amours lointains, ni les destins perdus;

    Car les cierges ne mènent pas en paradis.

    Ils s'allument dans le silence et les ténèbres,

    Avec le grésil bref et méchant de leur cire

    Et se moquent—et l'on entend gratter leur rire

    Autour des estrades et des cartels funèbres.

    Ongles pâles dressés sur des chandeliers d'or!

    KATO

    HOMMAGE

    I

    Pour y tasser le poids de tes belles lourdeurs,

    Tes doubles seins frugaux et savoureux qu'arrose

    Ton sang, tes bras bombés que lustre la peau rose,

    Ton ventre où les poils roux toisonnent leurs splendeurs.

    Je tresserai mes vers comme, au fond des villages,

    Assis, au seuil de leur maison, les vieux vanniers

    Mêlent les osiers bruns et blancs de leurs paniers,

    En dessins nets, pris à l'émail des carrelages.

    Ils contiendront les ors fermentés de ton corps;

    Et je les porterai comme des fleurs de fête,

    En tas massifs et blonds, au soleil, sur ma tête,

    Orgueilleusement clair, comme il convient aux forts.

    II

    Ta grande chair me fait songer aux centauresses

    Dont Paul Rubens, avec le feu de ses pinceaux,

    Incendiait les crins au clair, les bras en graisse,

    Les seins pointés vers les yeux verts des lionceaux.

    Ton sang était le leur, alors qu'au crépuscule,

    Sous tel astre mordant de soir le ciel d'airain,

    Leur grande voix hélait quelque farouche Hercule

    Que la nuit égarait dans le brouillard marin;

    Et que les sens crispés d'ardeur vers les caresses,

    Et le ventre toujours béant vers l'inconnu,

    Leurs bras tordaient l'appel lascif vers les adresses

    Des monstres noirs, lécheurs de rut, sur un corps nu.

    III

    Ce que je choisirais pour te symboliser,

    Ce ne seraient ni lys, ni tournesols, ni roses

    Ouvrant

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