D’Omar à son fils Ali, la famille Bongo gardait son emprise sur le pays. Le putsch du général Oligui Nguema rebat les cartes de la Françafrique
Strass et paillettes, la famille charmait jusqu’aux stars du showbiz
« Le Gabon n’est pas une monarchie », assurait Omar Bongo. Utile précision… À la tête de l’État dès 1967, il ne lâchera le pouvoir qu’à sa mort et au profit de son fils Ali. Des décennies de népotisme durant lesquelles ce roi du pétrole et les siens engrangent les bénéfices de l’or noir. Le patriarche engendre une cinquantaine d’enfants plus ou moins légitimes. Pour leur rendre visite, Michael Jackson surmonte sa phobie des microbes en installant un caisson stérile dans sa suite. Pascaline, l’aînée, est l’amante de Bob Marley puis la ministre des Affaires étrangères de son père. Ali se pique un temps de pop. Il héritera de la présidence et s’y cramponnera quatorze ans.
Pendant trente ans, de De Gaulle à Chirac, de Khrouchtchev à Poutine, les chefs d’État passaient. Seul Omar restait
Par Jean-Christophe Rufin, de l’Académie française
Le dernier dinosaure d’Afrique vient de mourir, même s’il avait officiellement disparu en 2009. Car, ne nous y trompons pas, c’est la fin du régime d’Omar Bongo que sanctionne le coup d’État survenu au Gabon le 30 août. Certes, avec son fils Ali des prolongations ont été jouées pendant treize ans, par le biais d’élections contestées. C’est beaucoup mais bien peu par rapport aux quarante-deux ans de présence du père au pouvoir. On ne peut s’empêcher de voir dans les événements actuels au Gabon la fin d’une histoire, la nôtre, car le destin du clan Bongo est indissolublement lié à celui de la France.
Qu’on en juge : Omar Bongo, jeune employé des PTT, passé par l’armée (et les services secrets français), est choisi dès 1962 par le premier président issu de l’indépendance, Léon Mba, pour devenir son directeur de cabinet. Le jeune Bongo se prénomme alors Albert-Bernard. Il est originaire