Parti communiste francais pendant la drole de guerre

Parti communiste francais pendant la drole de guerre

Parti communiste français pendant la drôle de guerre

Le Parti communiste français pendant la Drôle de Guerre est la tranche d'histoire de l'Drôle de guerre, entre le 3 septembre 1939, date de la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne et le 14 armée allemande dans Paris. Le PCF, fidèle à l'URSS qui a signé avec l'Allemagne le Pacte germano-soviétique est dissous. Dans la clandestinité, il maintient la ligne de la « guerre impérialiste », renvoyant dos à dos les deux belligérants.

Sommaire

Contexte historique : des Accords de Munich à l'entrée en guerre

Le 30 septembre 1938, Chamberlain signent avec Hitler les Accords de Munich qui consacrent le démembrement de la Tchécoslovaquie. À la Chambre des députés, avec seulement trois autres députés, les soixante douze communistes rejettent les accords. Les communistes sont persuadés que la France et le Royaume-Uni ont voulu détourner vers l'URSS les foudres hitlériennes. Jusqu'alors, les communistes français n'avaient pas de mal à concilier leur fidélité à l'URSS et l'antifascisme. Mais le 23 Pacte germano-soviétique.

Après l'Tchécoslovaquie, les nazis lorgnaient du côté de la Pologne, faisant valoir des droits sur le Staline avait décidé que l'heure n'était pas venue de la confrontation avec Hitler. Dès le mois de mai 1939, les diplomates soviétiques à Berlin avaient commencé à prendre langue avec leurs homologues allemands. Des pourparlers secrets avaient été engagés, qui devaient permettre à l'URSS de rester à l'écart d'un conflit jugé inévitable.

Le pacte est signé le 23 août, des accords secrets prévoient le partage de la Pologne. Le 3 septembre, la France déclare la guerre à l'Allemagne suite à l'invasion de la Pologne. Pendant quelques jours, les communistes français essayent de concilier leur fidélité à l'URSS et leurs convictions antifascistes. Ils sont troublés et connaissent quelques défections à la base, mais dans l'ensemble ils ne mettent pas en doute le bien-fondé du pacte, car Staline devait bien avoir ses raisons. Pas question de le désavouer. Dans l'immédiat aucune explication, aucune consigne ne leur parvient par les canaux habituels de l'Internationale. Pour recevoir des explications, ils envoient alors à Moscou Georges Beaufils. En attendant les explications, ils votent à l'Assemblée les crédits de guerre le 2 septembre et Maurice Thorez rejoint son unité.

Entrée en guerre de la France et dissolution du Parti

En fait, La rupture est déjà consommée avec le premier ministre de l'époque,

À Moscou Dallidet et Beaufils n'ont pu rencontrer que des personnalités de second plan. Ils rentrent en France sans véritables éclaircissements sur les intentions des soviétiques. C'est à la fin du mois de septembre que le secrétaire de la Troisième internationale, Raymond Guyot, en poste à Moscou en tant que secrétaire général des jeunesses de l'Internationale Communiste (IC). Ordre est donné de cesser les attaques contre les Allemands et de ne plus dénoncer que la « guerre impérialiste » des Britanniques et des Français. Les communistes qui quittent le Parti pour cause de désaccord avec le pacte sont l'exception plus que la règle. Dans le groupe parlementaire les défections sont particulièrement nombreuses, on ne compte finalement sur les 72 députés du groupe que 23 démissions, dont 2 membres du Comité Central.

Repli de la direction sur la Belgique et désertion de Thorez

L'Internationale avait décidé de regrouper l'appareil du Eugen Fried, le délégué de l'Internationale qui suit le parti français s'y est installé le 23 août. Maurice Thorez, Arthur Ramette et Maurice Tréand. Un ordre officiel de Mounette Dutilleul enjoint à Thorez l'ordre de déserter. Dans la nuit du 1er au 2 octobre, il quitte on poste de Plongée dans la clandestinité

Pour la vie quotidienne des communistes, le fait majeur à partir du 26 septembre 1939 est qu'on ne peut plus être communiste que mobilisé, clandestin ou emprisonné. Cette règle reste en vigueur jusqu'à la Libération, en juin 1940, le choix se réduira à la dernière alternative, clandestin ou emprisonné, et on ne parle pas des fusillés. En septembre 1939, tous les hommes jusqu'à 40 ans sont mobilisés. Maurice Thorez, donc, en est. Benoît Frachon et Marcel Cachin, Pierre Sémard et ligne Maginot. La conjonction de la mobilisation et de la dissolution du Parti provoque cette désorganisation que la mise sur pied d'un appareil clandestin avait précisément pour vocation d'éviter.

Nouvelle organisation du Parti et répression

Les dirigeants qui ne sont pas mobilisés par l'armée et que l'IC ne transfère pas à Bruxelles sont envoyés dans les différentes régions. Ainsi, Gaston Monmousseau à Marseille et l'Humanité clandestine. C'est à Herriot ordonne aux huissiers de l'expulser. 317 municipalités contrôlées par le PC sont dissoutes, et 2800 élus déchus de leurs mandats. Au total, il y aura plusieurs milliers d'arrestations. La répression s'est installée jusque dans la Léon Jouhaux . Dès le 18 septembre, le bureau confédéral excluait de la CGT tous ses membres qui ne souscriraient pas à sa condamnation du pacte. Dans de nombreux syndicats de base, les communistes étaient majoritaires : ils seront dissous par le ministre de l'Intérieur (620, au total).

Les militants communistes disponibles se battent pour que le Parti survive ; ils réorganisent leurs structures clandestines. Les jeunes filles de l'Union des jeunes filles de France (UJFF) montent en première ligne pour sauver leur parti : Danielle Casanova, Georgette Cadras et tant d'autres font merveille pour recoller les morceaux et entretenir la flamme. On les appellera agents de liaisons ou femmes de liaisons, mais elles assument par intérim des responsabilités considérables.

Intensification de la répression

Le 18  novembre 1939, un décret est adopté portant sur les mesures à prendre à l'égard des individus dangereux pour la Défense nationale et la sécurité publique entrainent l'internement administratif.

Le décret-loi du 9  avril 1940, présenté au président de la République par le ministre SFIO Albert Sérol (J.O. du 10 avril 1940), prévoyant la peine de mort pour propagande communiste, l'assimilant à la propagande nazie, accentue les dangers.

Un tableau synthétique des mesures de répression contre les communistes, établi au 1er mars 1940, fait état de 10 550 perquisitions, 3 400 arrestations, , 489 internés administratifs et 100 condamnations par les tribunaux militaires donr 14 condamnations à mort. [1]

En avril-mai, une deuxième vague de répression fera au moins fera grossir le nombre des internés d'au moins 160. [2]

Opposition à l'effort de guerre français

Action antimilitariste

La question est de savoir dans quelle mesure cette répression est vraiment justifiée par l'action antimilitariste, voir le sabotage, impulsée par le parti clandestin. D'une part, à l'exception très symbolique de Thorez, tous les militants communistes ont répondu à l'appel de la mobilisation et des publications du Parti condamne le défaitisme révolutionnaire, d'autre part, le Parti mène aussi une action antimilitariste. Ainsi, une équipe animée par Victor Michaut publie un bulletin à destination des soldats, le Trait d'Union qui diffuse des mots d'ordre pacifistes « Soldat, sous l'uniforme, tu restes travailleur », « À bas la guerre impérialiste ».

Le numéro de l'Humanité du soldat du 1er mai 1940 (Source Bibliothèque nationale de France)permet de comprendre la façon dont le parti se met en ordre de marche pour affronter une crise révolutionnaire qu'il croit comparable à celle de 1917 en Russie, 9 jours avant l'offensive allemande.


LHumanité du soldat 1er mai 1940

Soldat sous luniforme, tu restes un travailleur

Nous ne croyons plus aux bobards, aux mensonges officiels sur la défense de la liberté et de la civilisation. En 1914, on a eu nos aînés par duperie des beaux principes précisément foulés aux pieds par les maîtres de lheure. On ne nous y prendra plus. Cette fois ci, pas de fleur au fusil, pas de folie chauvine, ni de fureur guerrière. Saignée deux fois en 25 ans, notre génération a appris à y voir clair. La vérité, cest que la guerre actuelle est une guerre impérialiste. Les financiers franco-anglais et les gros industriels allemands se disputent la conquête des matières premières et des nouveaux débouchés . Leur querelle nest pas notre querelle. Cest la guerre du fer avoue cyniquement Paul Reynaud à lheure des milliers de marins sombrent dans les eaux norvégiennes. « Les bonnes dispositions dont témoignait hier le marché financier se sont notablement accentuées aujourdhui. Cest évidemment dans les événements de Scandinavie quil faut chercher la raison des achats qui ont provoqué le redressement de la cote » Le Temps du 13 avril 1940

A bat le gouvernement des jusquau-boutistes Prenez garde bourgeois. Si vous jouez avec le feu, cest à vos risques et périls. Soldats, marins, aviateurs de France, conscients de notre force, nous sommes 6 millions dhommes sous les armes. En nous grandit la volonté de libérer à jamais notre peuple, nos femmes, nos enfants, du cauchemar de lexploitation capitaliste et des guerres. Dans les casernes et les cantonnements, dans les casemates de la ligne Maginot, les ports et les avions, partout gronde le peuple soldat. A nos yeux, les traîtres et les criminels ce sont les hommes qui conduisent notre peuple à labattoir, ceux qui sacrifie la vie de la jeunesse française ….tous ces commis du capital, à plat ventre devant la finance anglaise.

Le 1er mai proclamons nos revendications :

- Quartier libre et rétablissement des permissions - Au front les embusqués - En ligne (devant nous) les flics et les mobiles - Exigeons la levée de létat de siège et la libération de tous les travailleurs emprisonnés pour avoir défendu notre cause. - Retour en France des soldats de Syrie, rappel de larmée du Levant ; - A la porte le gouvernement Reynaud, Daladier, Bonnet - Paix immédiate

Un gouvernement sappuyant sur le peuple est seul capable de conclure une paix juste et durable et dinstaurer un régime de liberté. La bourgeoisie a fait son temps. Sa malfaisance et ses crimes ne sont que trop évidents. Elle a usé jusquà la corde les politiciens à son service, des réactionnaires aux socialistes. Il faut du neuf. Notre espoir en un ordre nouveaux sexprime dans le cri des manifestations populaires : « Des soviets partout, Thorez au pouvoir ». A nous soldats, marins aviateurs de finir cette guerre « à notre façon » comme la dit Dimitrov. A nous de conquérir, enfin, nos droits, nos libertés, et la paix. Nous saurons bien alors, envers et contre tous, assurer la défense de la France libre, forte, et heureuse que nous construirons ensembles.

La question du sabotage

Y a-t-il eu des sabotages à l'initiative des communistes, et dans l'affirmative, quelle a été leur ampleur ? En 1951, A. Rossi faisait état d'un certain nombre de sabotages : Poudrerie de Sorgues, établissements Renault, établissement SOMUA (Chars) à Vénissieux, Compagnie générale de construction à Saint-Denis, CAPRA à [3].

Plus tard, les historiens ont eu tendance à minimiser les sabotages. Ainsi, [4]. Après avoir noté qu'« En l'état actuel des sources, un seul cas est connu avec certitude, celui du sabotage des moteurs d'avion aux usines Farman à Paris [...] » [5], Stéphane Courtois conclue que « le dossier sabotage est dans l'ensemble assez peu fourni, pour ne pas dire inexistant » [6]. En 1987, Philippe Buton estime également que le cas des usines Farman est « un cas unique » [7].

Que s'était-il passé aux usines Farman ? En avril 1940, des accidents surviennent à des avions sortant des usines Farman de 27  mai 1940, un tribunal militaire comdamne deux ouvriers à vingt ans de travaux forcés et quatre autres sont condamnés à mort, dont Léon Lebeau, communiste qui obtient la grâce présidentielle, mais la question de savoir si les trois autres ont été effectivement fusillés reste ouverte [8].

En 2006, deux historiens, Jean-Pierre Besse et négociations pour la reparution de l'Humanité en juin-juillet 1940. Ils appellent ce document la « déclaration d'intention du 20 juin ». Ce sont des notes Maurice Tréand prépare un argumentaire pour convaincre les nouvellea autorités d'occupation d'autoriser la diffusion légale de l'Humanité. Dans ce document, Tréand a noté « Juif M. après Dal nous a emprisonné. Fusillé des ouvriers qui sabotaient défense nat. » (M.=Édouard Daladier) et plus loin « Je répète avons lutté contre Dal contre M, R, avons au poteau d'exécution amis fusillés. »

Après avoir rapporté les analyses que les historiens avaient faites jusque de la question du sabotage, Besse et Pennetier esquissent une conclusion [9] :

« [...] Seule une exploitation systématique des archives départementales permettrait [...] de mesurer la réalité de ces sabotages ou de ces appels à sabotages et d'en déterminer la chronologie.

Il n'en reste pas moins que la « déclaration d'intention du 20 juin » fait mention des ouvriers fusillés qui sabotaient la défense nationale. Nous trouvons bien dans le tableau statistique quatorze condamnations à mort sans que les raisons soient connues. Tréand et ses amis en ont connaissance et s'en prévalent à la mi-juin.

Durant cette période les évolutions sont aussi rapides que brusques, des directives contraires ont été données et encore, on peut s'interroger sur la façon dont le militant communiste de base a reçu et interprété ces mots d'ordre.  »

(Pour les 14 condamnations à mort, voir ci-dessus : Intensification de la répression)

L'offensive allemande de mai 1940 et la débâcle

En mai 40, le déferlement des colonnes allemandes sur le pays ne simplifie pas une situation déjà difficile. Le pays entier sombre, et les morceaux de Parti surnagent tant bien que mal sur les flots tumultueux de la débâcle. Le philosophe communiste Anatole de Monzie et Jean Catelas reste à Paris le seul représentant de la direction avec Victor Michaut, Mounette Dutilleul sont autour de Frachon.

Notes et références

  1. Jean-Pierre Besse et Claude Pennetier, Juin 1940, la négociation secrète, Les éditions de l'Atelier, 2006, p. 79.
  2. Besse et Pennetier, p. 80.
  3. A. Rossi, Les communistes pendant la drôle de guerre, les Iles d'Or, 1951, rééd Éd. de l'Albatros, 1978.
  4. Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Points Seuil, 1979, p. 46.
  5. S. Courtois, Le PCF dans la guerre, Ramsay, 1980, p. 102.
  6. S. Courtois, Le PCF dans la guerre, Ramsay, 1980, p. 121.
  7. P. Buton, « Les communistes dans les entreprises travaillant pour la défense nationale », in Les communistes français de Munich à Châteaubriant, Presses de la FNSP, 1987.
  8. Besse et Pennetier, pp. 84-85.
  9. Besse et Pennetier, pp. 83-84.

Voir aussi

  • Liens externes
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