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L'EAU ET LE DEVELOPPEMENT DE
L'IRRIGATION EN ALGERIE
DEKHIL SAAD (*)
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a la presence de I'eau que I'on peut se cit s'est accentue au fil des mois et actuelle-
demander pourquoi , de puis quelques Tableau 1 Taux de deficit annee 1988/89. ment la situation est devenue preoccupante
annees, nombre de nos contemporains sem- (Cf. tableau 1): ce tableau fait ressortir le
blent surpris par cette evidence, comme s'il Pluie cumulee de Normale cumuli!e Taux de taux de deficit sur certaines regions du pays,
s'agissait pour eux d'une decouverte. Stations Septembre de Septembre deficit notamment celles de I'ouest; au fur et a
Le role de I'eau est en effet fondamental a a
Janvier en mm. Janvier en mm en %
mesure que I'on se dirige vers les Wilayas
dans la nutrition et le developpement de du centre et de J'est, ce deficit devient moins
Tlemcen 79 339 -76
tous les etres vivants , des plantes en parti- Mascara 80 306 -75 important, la region qui semble la plus epar-
culier. Oran 78 242 -68 gnee des effets de la secheresse est la Wilaya
L'homme a vu tres tot l'interet qu'il avait a Chief 152 252 -40 de Setif.
apporter sur les terres qu 'il cultivait, l'eau Miliana 355 479 - 26 Ainsi I'analyse des situations meteorologi-
d 'appoint sans laquelle certaines plantes ne Alger 338 427 -21 ques qui ont interesse not re pays durant ces
pouvaient se developper, ou en tous cas Annaba 315 449 -30 dernieres annees fait ressortir que le mois
atteindre leurs croissance maximum: il a pra- Bejaia 497 591 - 16 de fevrier est caracterise par une irregula-
Setif 224 235 - 5
tique I'irrigation. rite dans le passage des perturbations atmos-
Batna 175 193 - 9
Comme pour tout pays situe aux confins de pheriques qui sont a I'origine d'episodes
la zone aride voire a I'interieur, la question Sourctr. Centre Meteorologique National. pluvieux.
de I'eau est d 'une importance primordiale A titre indicatif nous avons etabli un tableau
pour I'Algerie, pays Oll I'eau est rare et trop donnant le nombre moyen de jours de
souvent de qualite mediocre; les ressources Tableau 2 Caracteristique climatique du pluie, sur certaines regions, ainsi que la
sont limitees, leur utilisation, les besoins mois fevrier. moyenne pluviometrique du mois et la
autrefois essentiellement agricoles (irriga- quantite maximale de pluie que I'on peut
tion) se diversifient et s'accroissent rapide- Nombre moyen Pluie
Maximun en
enregister en 24 heures (Cf. tableau 2). B
ment . Stations de jours mensuelle ressort de ces donnees que le nombre
24 H en mm
Le risque de penurie est maintenant partout de pluie en mm moyen de jours de pluie, varie entre 10 et
inquietant meme dans les regions du Nord . 15 jours sur les regions du Tell avec des
L'eau est en effet, jusqu'a nouvel ordre une Oran 10 45,3 29,9 quantites plus ou moins importantes.
Tlemcen 10 90,1 55,3
valeur a peu pres constante, or, la demande Alger 12
Trois types de situation peuvent affecter
84,7 29,5
surtout celle de l'industrie, croit rapidement Miliana 13 114,2 78,6 notre Pays:
et le desequilibre ne fait que s'accentuer; les Annaba 15 77,3 38,0 a) Les perturbations atmospheriques
probIemes de I'eau sont de venus un frein Setif 14 44,0 40,7 d'Ouest:
aussi bien pour le developpement agricole Costantine 14 65,3 43,6 leur nombre varie de 2 a 5 tout au long du
qu'autre. mois et leur deplacement se fait du Maroc
Sourctr. Centre Meteorologique National.
vers le Nord Algerien, occasionnant des
pluies de 20 a 30 mm, en 24 heures, sur
Le climat: contrainte ou amplitudes thermiques, mais les 3/4 de I'ensemble des regions du nord; des vents
I'annee sont accablants.
potentialite? En Algerie du Nord, J'annee est rythmee par
d'ouest assez fort sont enregistres sur les
regions cotieres et les temperatures sont
I'alternance d 'une saison seche et chaude et relativement douces .
La secheresse devient insupportable, J'envi- d'une saison humide, fraiche et ftoide.
ronnement ecologique, les hommes le subis- b) Les perturbations atmospheriques du
La secheresse de I'ete de 3 mois (littoral est) Nord-Ouest:
sent trop durement, les oliviers et les aman- a 4 mois (littoral ouest) passe rapidement a
diers, des arbres rustiques reputes tres res is- 3 a 6 pendant le mois et leur deplacement
5 et me me 6 mois a I'approche de I'Atlas s'effectue du bassin mediterraneen vers les
tants, meurent par dizaines; la terre jaunit Saharien.
en plusieurs endroits sur les etendues; I'acti- regions du centre et de I'est engendrant des
Elle s'accompagne de moyennes mensuel- averses de pluie importantes et un rafraichis-
vite agricole regresse considerablement. Ce les pour le mois le plus chaud de l' ordre de
sont des signes qui ne trompent pas sur la sement sensible du temps sur J'ensemble des
27 a 30° mais les vents d 'est et de sud (Gue- regions du nord; des chutes de neige peu-
gravite de la situation. bli et Sirocco) peuvent faire passer ces tem-
Certains specialistes n'ecartent pas I'even- vent se produire au-dessus de 800 metres .
peratures tres largement au dessus de 40°C
tualite d'un processus de desertification que pendant plusieurs jours. c) Les perturbations atmospheriques du Sud-
la nature a enclenche, on ne sait par quel Ouest:
phenomene . 3 ° ) Regime pluviometrique irregulier ces situations sont tres rares, elles prennent
La repartition des precipitations est marquee generalement naissance au large des Bes
1°) Un climat marque par les exces
d'une double dissymetrie littoral-interieur. Canaries et se deplacent du nord de la Mau-
L'aridite saharienne est connue de tous; mais
Est-Ouest, le quart Nord-Est de I'Algerie du ritanie vers I'Atlas Saharien, favorisant la
en realite; la secheresse est aussi une menace
Nord etant de tres loin le plus arrose. A titre chute de pluies fortes sur les Wilayas de
constante en Algerie du Nord.
indicatif, l' annee agricole 1988-1989, a ete Bachar, Tindouf, et Adrar. Sur les regions
Celle-ci situee aux con fins du domaine tem-
caracterisee par une irregularite spatio- du Nord, nous assistons a des vents forts et
pere mediterraneen , largement ouverte sur
temporelle dans la distribution du regime chauds (Sirocco).
le Sahara, est rattachee pendant I'ete au
pluviometrique sur I'ensemble des regions Ce type de situations a une gran de influence
domaine subtropical et a ses hautes pres-
du Nord du pays. sur J'activite acridienne et peut favoriser des
sions. Les perturbations temperees nourries
Cette irregularite s'est accompagnee par un mouvements d'essaims de gran de ampleur
par les masses d'eau atlantiques et surtout
deficit pluviometrique plus ou moins impor- des regions d'infestation (Republique Sah-
mediterraneennes ne peuvent circuler que
tant suivant les regions. raouie, Mauritanie) vers I'Atlas Saharien.
pendant un faible nombre de mois.
Ce deficit a commence a se manifester Le bilan en eaux superficielles, apparem-
2°) Un climat mediterraneen aux marges du durant le mois d'octobre et s'est intensifie ment favorable si I'on considere seulement
desert tout au long du mois de novembre ; le mois des tranches pluviometriques, est de plus
Au Sahara les rares precipitations se font en de decembre a ete largement excedentaire pejore par deux autres facteurs: une forte
saison frakhe , les temperatures differencient sur les regions du centre et de I'est et a evaporation preleve son tribut sur les Merdja
plus les saisons: de novembre a mars, il reduit sensiblement le deficit deja enregis- de Sebkha, les retenues de barrages, un ruis-
existe un hiver saharien, avec des nu its frai- tre sans toutefois le combler totalement. sellement actif, aide par la generalisation des
ches , voire froides, du fait des tres fortes Par contre, sur les regions de I'ouest ce defi- fortes pentes.
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Les ressources en eaux profondes existent Elle est indispensable a !'intensification et grande source Karstique d' Ain Boumerzougj .
cependant, favorisees par l'endoreisme j les a la diversification des systemes de culture. la vallee de Boumerzoug n 'est plus irriguee '
hautes plaines particulierement a l'est com- La consommation d'eau est d'autant plus que tres sporadiquement j l'essentiel des
portent plusieurs dizaines de nappes, acces- importante que les techniques utilisees (irri- 1800 ha de son perimetre est occupe par des
sibles par puits et moto-pompages. gation gravitaire avec ruissellement, princi- cultures extensives.
11 y a au Sahara l'une des plus importantes paIement) entralnent d'importantes deper- Aujourd'hui, cette source ne suffit plus, la
nappes a l'echelle mondiale (de 50 a 2500 ditions . ville fait appel a un forage situe au Hamma
m) sans laquelle la mise en valeur moderne b) On oppose generalement deux types au detriment de la Huerta qui alimente la
des terres n'aurait sans doute pas ete pos- d'irrigation. ville en legumes. Un barrage est en construc-
sible. - La petite ou moyenne hydraulique, qui tion a Oued Athmenia, mais sa realisation
peut etre traditionnelle (irrigation pas sera la condamnation des irrigations situees
seguias a partir de petits barrages de deri- a l'aval. Seul, le projet du grand barrage sur
Des ressources faibles et mal vation etablis dans le lit des Oueds, par le Rhummel inferieur permettra de resou-
reparties exemple) ou moderne (irrigation par moto- dre reellement le probleme.
pompage dans les nappes ou les Oueds, ou Dans la region de Tebessa, les prospections
L'AIgerie presente 2 grands types de reser- a partir de retenues collinaires). Ce type ont permis de trouver et mettre en oeuvre
ves hydrauliques: d'irrigation se fait sur des surfaces reduites des debits importants dans le Synclinal
- Des chateaux d'eau montagnards dont et il peut etre mis en oeuvre par un fellah Eocene de Cheria. Les services, agricoles
les plus importants sont situes dans le Tell seul ou par un petit groupe (irrigation des avaient prepare des projets de mise en
central et oriental (grande Kabylie, babors Oasis, des vallees Aurasiennes, des plateaux valeur. 11s ont ete annules au profit de la
et ouarsenis) mais qui ont !'inconvenient de de Mostaganem, ou des hautes plaines cons- mine de phosphate et de la mine de fer. A
ne pas avoir a leurs pieds de vastes plaines tantinoises ... ). travers le pays, ce sont des centaines de ver-
irrigablesj au contraire, la majorite des oueds - La grande hydraulique qui ne peut se faire gers ou de jardins a toute echelle, qui ont
qui en sont issus (saufpour I'Ouarsenis) se qu'avec des techniques modernes (forages connu la meme aventure .
jettent tres rapidement dans la Mediterranee. profonds et surtout grands barrages) j ce Cette augmentation considerable des
- Des nappes souterraines dans les hautes type d'amenagement ne peut etre realise besoins en eau potable et industrielle, ris-
plaines ou plusieurs aquiferes renouvelables que par l'etat et couvre des vastes superfi- que de poser de graves problemes a court
ont ete identifies (nappes du Chott-Ech- cies de plusieurs milliers d'hectares (grands terme .
Chergui, du Hodna ... ) et surtout au bas perimetres irrigues de 1'0uest et de l'est). La plus grande partie des perimetres ame-
Sahara Oll se situent les ressources les plus nages pour l'irrigation ne peuvent pas etre
importantes: 2 nappes artesiennes renouve- irrigues: les conflits pour l'utilisation de l'eau
lables (continental) et une nappe profonde Un man que sont devenus bien reels en Algeriej ils sont
fossile (Albien). regles au benefice de !'industrie et au detri-
L'inadequation entre les ressources et les
d' eau constate ment de l'agriculture.
besoins est donc flagrante certes, les plai- Petite et moyenne hydraulique dominent
nes co tie res de l' Algerie et du constantinois largement j la grande hydraulique, malgre un
sont avantagees , mais I'Oranie dispose de developpement important, ne permet que
Face aux aleas
ressources inferieures, et surtout les regions l'irrigation de 60.000 ha, le volume de rete- de la nature
situees a la charniere du Tell et des hautes nues des barrages ayant diminue a cause de
plaines (Sersou, Hautes plaines Setifiennes l'envasement prononce de certains d'une La Wilaya de Saida, au me me titre que la
et Constantinois, versant Sud du Titteri) qui part, et des prelevements industriels et region de Mascara, Relizane, Bordji Bou
ont des potentialites agricoles notables et urbains qui se sont fortement accrus Arreridj, a ete declaree zone sin is tree en
qui seront demain le siege d'une «ceinture d'autres part j c'est ainsi, la secheresse aidant, 1990 a 85 ,6 %.
industrielle», selon les projets actuels, man- que les 17.000 hectares irrigues de la plaine D'ores et deja, on declare que les ressources
quent des aujourd'hui de reserves en eau. de la Bounamoussa, dans la region de agricoles de cette campagne qui debute sont
Les ressources mobilisables annuellement Annaba, qui en periode normale rec;:oivent compromises a 50% dans cette region, aux
peuvent etre estimees approximativement 45 millions de metres cubes, soit la moitie portes de la steppe et des hauts plateaux j
a 17 milliards de m 3 dont 80% de ruissel- de la reserve de la Cheffiaj l'irrigation a ete l'agriculture souffre de prejudices naturels
lement et 20 % d 'eaux souterraines. La con- purement et simplement interdite pendant qui seront, si c;:a continue, souvent irrepara-
sommation actuelle est d 'environ plus de la campagne 89-90 . bles. La secheresse se pose de fac;:on aigue
3,5 milliards de m 3 dont 1 milliard 1/2 pro- Une seule exception: l'arboriculture qui a de puis 1981 j Saida est consideree comme
vient des eaux souterraines, la marge d 'uti- rec;:u 1,5 million de m3 dans le seul but de une region agro-pastorale a dominance
lisation est donc importante, surtout pour preserver les vergers. cerealiere. La campagne 89-90 est jugee etre
les eaux de ruissellementj pour les eaux sou- la plus mauvaise du fait que le rendement a
terraines elle est plus faible : 43 % sont utili- ete de 3,9 quintaux par hectare, alors que la
sees. norme moyenne est de 8 quintaux/ha.
Emprises sur l' eau Par ailleurs, cette region compte trois aires
d'irrigation d'irrigation j Oued Saida (1800 ha)j Tieerit
Des besoins croissants (700 ha) et Takhmert (300 ha), un pe rime-
L'extension urbano-industrielle qui s'allonge tre irrigue a Ain Sekjouna de 2.850 ha ali-
L'agriculture est la premiere consommatrice: de fac;:on discontinue exige de gros debits j mente principalement par les reserves hydri-
plus de 50 % des eaux mobilisees (56 % ceux-ci ont ete preleves dans les differents ques du Chott Chergui, pour la decennie
selon certaines estimations), I'hydroelectri- barrages de l'arriere pays , par des systemes 80/90, les precipitations ont oscille entre
cite vient en second puis l'alimentation d 'interconnections a 1'0uest du pays. La 211 mm et 370 mm, alors que la moyenne
humaine et enfin l'industrie. principale victime en a ete le perimetre irri- Seltzer est 435 mm. Cet effet combine, s'arti-
a) Une irrigation quasi-indispensable. gue de Sig qui ne rec;:oit plus les debits neces- culant entre la mauvaise repartition dans le
L'irrigation est pratiquement obligatoire en- saires et voit ses vergers pericliter et les temps et l'espace et I'insuffisance de la pluie,
dec;:a de !'isohyete 400 mm, c'est-a-dire, au taches de salure s'etendre. a produit des taux de sinistres tres impor-
sud de l' Atlas Tellienj elle est souhaitable A l'est, les besoins croissants de la ville de tants dans la productionj la compromission
pendant la saison sec he dans les regions Constantine ont ete couverts par preleve- a ete de 100 % pour les legumes seCSj 85%
mieux arrosees . ment, partiel d'abord, total ensuite, sur la pour les fourrages.
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L'introduction de nouvelles techniques l'hydraulique, avec une enveloppe finan- eaux a partir de l'Oued Chellif. Cet impor-
d'irrigation, pour enrayer ce phenomene ciere de 550 milliards de dinars; au total, tant projet consiste en la realisation d'un
naturel, par les forages et les retenues colli- 100.000 ha de terres devant etre mis en irri- barrage de prise non loin de l'embouchure
naires est en mesure de sauver la produc- gation au cours du 2t me plan. de l'Oued Chellif, d 'une retenue de com-
tion _ pensation de 250.000 m 3, le demarrage des
travaux de realisation prevu courant l'annee
Des projets 1991.
Une planification spatiale Le systeme transfert Chellif, ainsi conc;:u,
d' envergure permettra de fournir un volume moyen
indispensable journalier de 430 .000 m3/jour pour l'ali-
Depuis deux ans la region d 'Oran souffre mentation en eau potable et industrielle du
La localisation des reserves ne correspond d'un manque d'eau et subit des restrictions couloir Mostaganem-Oran et un volume de
pas a celle des besoins. Une politique de pla- draconiennes. Cette situation est due aux 95 millions de m 3 pour les besoins de l'irri-
nification spatiale commence a se mettre en effets de la secheresse qui sevit dans toute gat ion des terres dans la region.
place pour remedier a cette inadequation. la region ouest du pays. La secheresse n'est pas la seule mise en
Deux grands types de situations se presen- L'eau dans la region d'Oran est principale- cause, la verite est qu'on est en train de subir
tent le premier est celui des plaines littora- ment assuree a partir des eau x superficiel- le$ consequences du desinteret longtemps
les (Oran, Alger, Skikda Annaba) dans les- les mobilisees par les barrages de Ouizert; observe vis-a-vis du secteur de l'hydrauli-
quelles la masse d'activites represente une Bouhanifia, Fergoug (Mascara) et Beni- que. D'ol! actuellement l'accumulation d'un
consommation enorme et necessite la mobi- Bahdel (Tlemcen) avec un faible apport en important deficit difficile a rattraper; le nom-
lisation des res sources de tous types dans eaux souterraines, des nappes locales dont bre derisoire de barrages n'arrivait pas a cap-
un rayon relativement large. les reserves sont limitees et de qualite ter un pour cent des 10 au 12 milliards de
La region d' Annaba est riche en eau, et pour- mediocre (saumatres). m 3 d' eau de plui.
tant la coexistance de gros consommateurs Le volume que fournissent ces infrastructu- Le Maroc pour avoir suivi une politique sou-
(ville de 629 .890 habitants, siderurgie, peri- res hydrauliques, en periode normale est de tenue en matiere d'hydraulique, traverse ce
metre de 17000 ha) en fait actuellement une l'ordre de 190.000 m 3/jour, ce qui rep re- cycle de secheresse avec une gran de sere-
region deficitaire. Les forages dans les cor- sente environ 79 % des besoins, soit un defi- nite grace a l'apport de ses centaines de bar-
dons dunaires et le barrage de la Cheffia se cit assez important de 21 % . rages .
revelant insuffisants, il va etre fait appel aux Actuellement, ce deficit a ete aggrave con-
eaux montagnardes frontalieres , qui seront siderablement par les effets de la secheresse
captees par le barrage de Mexenna, regula- dont les consequences ont conduit a la fer-
risees par le lac Oubeiran et dirigees sur meture des quatre barrages sus-cites a la Est-il possible de developper
Annaba. suite de l'epuisement des reserves non le Sud?
La seconde situation est celle des hautes plai- renouvelees .
nes seches; puisque l'Algerie juxtapose Pour faire face a cette situation, on a pro- Dans cet immense domaine (Sahara) qui
regions tres arrosees et regions semi-a rides cede a la realisation, l'equipement et represente a lui seul 6 a 7 fois la superfie des
illui faut retrouver a l'heure des techniques l'adduction de neuf forages dans la Wilaya domaines steppiques et Telliens la vie
modernes, les vieilles complementarites de Tlemcen qui ont perm is la mobilisation s'organise autour d'une preoccupation
inter-regionales, sous forme de transferts du de 25.000 m3/jour exclusivement a destina- majeure: la recherche de l'eau.
Nord vers le Sud. tion de la zone ouest d 'Oran. Par ailleurs , L'evolution des cinquante dernieres annees
Complementarite plus delicate a mettre en l'achevement et la mise en service de est caracterisee par une simplification des
oeuvre qu 'au Maroc ou les piemonts semi- l'adduction Cheliff-Fornaka a permis le systemes d 'irrigation et l'utilisation des
arides sont situes en contrebas des monta- transfert d'un volume 35.000 m3/jour a moindres ressources en eau. Temoins les
gnes humides . Ici, les plaines semi-arides destination de la zone industrielle d'Arzew. conduites drainantes souterraines du type
sont interieures et perchees. Il faut proce- Avec la mise en oeuvre de ces projets , le Foggara au Touat, les puits a balancier de
der a la fois par transfert et refoulement . volume global mobilise et exploite au pro- la Saoura; les Ghout, cuvettes artificielles
La region de Tiaret, seche et perchee a 1000 fit de la region oranaise s'eleve a ce jour a permettant d'atteindre la nappe sous l'Erg
m d 'altitude , en est un exemple. Les eau x 95 .000 m3/jour soit un taux de couverture a Eloued ... jusqu'aux forages profonds et
de la region (barrage de Bakhada) profitaient des besoins de 40 % environ, ce qui ne per- motopompes remplac;;ant pratiquement tous
jusqu'a present au bas-pays (perimetre de met pas la satisfaction de la demande et les systemes traditionnels qui ont fait la cele-
Relizane) . Celui-ci est alimente desormais impose les restrictions importantes prati- brite du Sahara.
par le barrage recemment construit de Ben quees actuellement au niveau de la distribu-
Aouda et les eau x de Bakhada seront refou- tion.
lees sur 400 m de denivellation pour alimen- Des potentialites
ter la ville de Tiaret et les deux zones indus-
trielles du Sersou. hydrauliques appreciables
Des programmes
On voit donc que, dans tous les cas, l'appro-
visionnement en eau des regions fortes con- d'urgence Les possibilites agricoles sahariennes sont
sommatrices ou des zones aux reserves fai- reelles grace aux res sources hydrauliques
bles passe par des transferts massifs, en par- A court terme un projet qui est en cours de profondes. Ce sont les nappes profondes
ticulier des chateaux d'eau Telliens vers les realisation et qui porte sur un transfert des qui ont permis apres la seconde guerre mon-
Hautes plaines semi-arides. La planification eaux a partir de la basse Tafna; entrera en diale , un veritable essort du Sahara, des lors
spatiale de l'utilisation des ressources en eau fonction fin 1990. que l'on a maitrise la technique des forages
est des aujourd'hui d'actualite en Algerie . Ces ouvrages fourniront un volume journa- profonds.
lier de 190.000 m3/jour supplementaires Le vaste bassin sedimentaire du bas-Sahara
dont 160.000 m3/jour au profit de la region comporte deux nappes artesiennes superpo-
d 'Oran. sees , celle du continental terminal, connue
Des moyens financiers Un deuxieme projet de gran de envergure , depuis longtemps dans l'Oued Righ, et celle
appreciables destine a assurer l'approvisionnement en du continental intercalaire l'une des plus
eau des agglomerations de Mostaganem et importantes nappes artesiennes a l'echelle
Le 2eme plan quinquennal 1985-1989 a mis d'Oran, a ete repris par le gouvernement mondiale retenue sous le Sahara (de 50 a
l'accent en particulier sur l'agricuJture et debut janvier 1989; il s'agit du transfert des 2500 m) dans les sables et gres; comprenant
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notamment le cf(!tace inferieur; elle est ne peut parler de developpement de 1'irri- Bibliographie
exploitee depuis 1948. gation que si les infrastructures de mobili-
La premiere est alimentee par les ecoule- sation d'eau existent. Annuaire statistiques de I'AIgerie , n . 12, Editions 1985.
ments sahariens sur tous les revers rocheux De !'independance a 1980, seuls 3 barrages BruleJ.C. et FomaineJ. (1990): L 'Algerie: volontarisme
qui ceinturent le grand Erg Oriental. La ont ete mis en service; 1'hydraulique n'etait etatique et amenagement du territoire. Office des publi-
cations universitaires (O.P.V.) AIger, 1990,248 p.
seconde au contraire est alimentee a partir pas consideree comme une priorite, et Cote M. (1983): L 'espace algerien, les premices d 'un
du Nord, par le ruissellement sur 1'Atlas l' Algerie s' es t mise en retard dans ce amenagement du territoire (O.P. U.), AIger 1983 ,278 p .
Saharien et les Hautes plaines, car il y a con- domaine d 'au moins une quinzaine Dahmani M. (1984): Planijication et amenagement du
tinuite de circulation en profondeur entre d'annees . Apres la creation d'un ministere territoire (O.P. U.), A1ger 1984, 278 p .
Testini C. (1988): Criteres et metbodes d'evaluation de
le compartiment Atlassique et le comparti- de 1'hydraulique en 1977, un effort intense la qua/ite des eaux. Istituto Agronomico Mediterraneo
ment Saharien. est alors decide, qui se manifeste par un (Bari-Italie), Annee Academique 1988.
developpement important des credits pour Divers:
Hebdomadaires, Revolution africaine n . 1395 du
1'hydraulique. 28/ 11 /90 . Dossier sur la secheresse par: Abbes Mouars,
Des etudes optimistes Ce qui a permis la realisation de plus d 'une Boussalem A., Bouziane Ahmmed Kodja.
dizaine de barrages de 13 a 175 millions de
Les etudes menees sous l'egide de m 3 de capacite soit plus d ' l milliard de m 3 •
1'UNESCO ont montre que cette nappe se En tout, en 1990 le volume regularise par
renouvelle mais a une vitesse si lente que les barrages devrait etre le triple de celui de
les eaux utilisees aujourd'hui correspondent 1980. D'ici 1'an 2000, on prevoit la mise en
a des pluies tombees au cours des periodes chantier de 70 a 80 barrages (y compris les
pluvieuses du quaternaire. Cependant la barrages en cours).
taille du reservoir est si gigantesque (60 .000 Parallelement l' Algerie porsuit un vaste pro-
milliards de m 3) qu 'il est possible de mul- gramme de forages dans les hautes plaines
tiplier par trois le volume preleve algero-oranaises (bassin du Chott El Hodna
aujourd'hui sans handicaper 1'avenir a long et du Chott Ech Chergui) et au Sahara. Le
terme . developpement de la petite et moyenne
Faut-il rappeler qu'en Libye , il existe un hydraulique, doit continuer et s'accelerer,
fameux projet d'alimentation par cette en particulier grace a la creation d'une entre-
nappe, d'un non moins fameux lac artificiel prise publique, economique (ANABIB) spe-
de plusieurs dizaines de kilometres carres de cialisee dans la fabrication du materiel
surface et quelque 50 m de profondeur. d'irrigation, aussi et surtout grace a la mul-
L'eau il faut la pomper, elle n'appartient a tiplication des retenues collinaires (petits
personne. barrages de moins de 500.000 m 3 de capa-
L' on ferait passer l' extraction de 51 cite qui permettent 1'irrigation de quelques
m3/seconde aujourd'hui (hypo these faible) dizaines d 'hectares) .
a 58 m 3 (hypo these forte). 1000 a 1500 Exemple: les hautes plaines de 1'Est sont par-
nouveaux forages assureraient ce debit. Ce semees de «perimetres irrigues» de quelques
programme permettrait d'ici 1'an 2000 de dizaines a quelques centaines d'hectares ou
combler les deficits actuels, et de multiplier !'irrigation par motopompes a permis l' essor
par 2.5 les superficies cultivees et par con- d'un maraichage tres intensif. Il y a ici sans
sequent une demultiplication de l'irrigation doute la mutation rurale la plus remarqua-
(par pivot, par micro-jet, par goutte a ble en Algerie . Les basses terres vides a voca-
goutte .. .) dans le bas Sahara. tion pastorale, sont maintenant les centres
L'utilisation des eau x superficielles est de gravite du peuplement. L'extension de
exceptionnelle et se limite a quelques epan- !'irrigation est encore, a 1'heure actuelle, la
dages de crues, sur des marges espacees, perspective principale pour accro'ltre les
constamment menacees par 1'ensablement; rendements et satisfaire aussi les besoins ali-
au contraire, les forages profonds ont per- mentaires de la population.
mis d 'etendre ou de creer des palmeraies La production d'aliments et de matieres pre-
consequentes, dans le Ziban et dans 1'Oued mieres peut etre multipliee dans 1'avenir. Il
Righ en particulier. est evident que le but du developpement de
A court terme, ces reserves peuvent large- !'irrigation est d'ameliorer la situation ali-
ment soutenir 1'effet de developpement mentaire ainsi que l' environnement.
engage au Sahara; mais non sans inconve- 11 est egalement evident que le risque de sali-
nients; les eaux chaudes et mineralisees, nisation et d 'alkalinisation secondaire sera
sont parfois d'une utilisation difficile. Les un des obstacles majeurs vers 1'obtention
prelevements importants entrainent vite une d'un tel objectif, si on n'intensifie pas les
chute de debits ; le rejet des eaux usees pose etudes de ce risque, et que 1'on applique des
des problemes dans ces espaces endorei- methodes de prevision et de prevention.
ques; en fin les cOtns d 'exploitation sont tres L'eau d 'irrigation, me me de bonne qualite,
eleves. est une source majeure de sels solubles; un
Une irrigati<i)fi mal cOllGiuite, c'est-a,dire sans apport annuel de 1000 mm d'eau titrant seu-
evacuation <1orrelative, susdte par capilla- lement 250 mg/l ajoute 2500 kg de sel par
rite la n:montee des sels, qui grillent les jar- hectare chaque annee ; on la souhaite, habi-
dins o:JSiens. tueJlement, ni trop chaude, ni trop froide Glossaire
par rapport a la temperature de l'air ambiant,
sauf en cas de lutte contre le gel. Erg: Massif dunaire (Sahara)
Conclusions Les conditions ideales sont tres rarement Foggara: Galerie subhorizomale pour l'irrigation (Sahara)
Sebkha: lac sale et temporaire
reunies, mais il est loisible de s'en appro- Seguia: canal d'irrigation
La grande hydraulique reste un element cher.
essentiel de la politique a venir, en effet on
• Wilaya: circonscription administrative (correspondam
au deparremem).
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