CHIP Et Cancers de L'ovaire: Pour Quelles Patientes ?: HIPEC in Ovarian Cancer: What Should We Expect?
CHIP Et Cancers de L'ovaire: Pour Quelles Patientes ?: HIPEC in Ovarian Cancer: What Should We Expect?
CHIP Et Cancers de L'ovaire: Pour Quelles Patientes ?: HIPEC in Ovarian Cancer: What Should We Expect?
com/science/article/pii/S0007455119301936
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3 - Hôpital des Diaconesses, 12-18 rue du Sergent Bauchat, 75012 Paris, France
© 2019. This manuscript version is made available under the Elsevier user license
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Résumé
Une étude publiée en 2018 dans le New England Journal of Medicine suggère que la
chimiothérapie intra-péritonéale hyperthermique (CHIP) apporte un bénéfice aux patientes
présentant une carcinose péritonéale d'origine ovarienne, opérées après chimiothérapie
néoadjuvante. Ces résultats contrastent avec ceux de l'étude PRODIGE 7, qui remettent en
question la CHIP dans les carcinoses péritonéales d'origine colique. Le message apparaît dans
un contexte où les thérapies ciblées constituent de nouveaux standards dans le traitement des
carcinoses péritonéales d'origine ovarienne en première intention ou en situation de rechute.
Dans cette publication, nous cherchons à faire le point de l'intérêt potentiel de la CHIP dans
cette indication.
Abstract
Results of PRODIGE 7 study demonstrate that the use of HIPEC is not beneficial for patients
in the treatment of colorectal carcinomatosis. Nevertheless, a recent study published in New
England Journal of Medicine showed that hyperthermic intra-peritoneal chemotherapy
(HIPEC) increased overall survival for patients with ovarian peritoneal carcinomatosis.
Although, the emergence of targeted therapies (anti-angiogenic agents, PARP-inhibitors, anti-
PDL1) results in new standards of treatment in first line or recurrence disease. In this general
context, what is the potential interest of HIPEC for the treatment of ovarian carcinoma?
Introduction.
Avec près de 4 700 nouveaux cas estimés en 2017 en France, le cancer de l’ovaire se situe au
cinquième rang des cancers féminins [1]. Dans deux-tiers des cas le cancer de l’ovaire est
diagnostiqué à un stade avancé, avec présence d’une carcinose péritonéale. Son histoire
naturelle est marquée par des récidives péritonéales dans 70 % des cas à partir du stade
jusqu’alors, reste discutée dans le cadre du traitement des carcinoses péritonéales ovariennes.
péritonéale est une voie de traitement pertinente [3]. Elle permet d’obtenir localement de
limiter la toxicité systémique [4,5]. Deux techniques ont été mises au point : la chimiothérapie
intrapéritonéale, grâce à un cathéter mis en place dans la cavité péritonéale, avec des
Trois essais randomisés du GOG ont en effet montré que l’association d’une chimiothérapie
survie globale de 17 mois des patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire de stade FIGO III [6–
8]. Cependant, la répartition des produits cytotoxiques dans la cavité péritonéale est
millimètres [9]. De plus, ce gain de survie est obtenu au prix d’une toxicité supérieure de la
conduisent ainsi à un abandon de la voie intrapéritonéale dans près de la moitié des cas
où la charge tumorale est la plus faible, dans un abdomen libre de toutes adhérences. Les
tissus tumoraux sont plus thermosensibles que les tissus sains, et l’effet cytotoxique est
exposition de récepteurs reconnus par les lymphocytes Natural Killer, et une induction de
l’apoptose [13]. Les complications spécifiques liées à la CHIP sont essentiellement d’ordre
L’étude de phase III OVHIPEC, publiée par van Driel et al. [16] évalue la place de la CHIP
en chirurgie intervallaire chez des patientes présentant une néoplasie ovarienne ou tubaire
avec atteinte péritonéale initiale (stade FIGO III), non résécables d’emblée. La CHIP à base
de Cisplatine (100 mg/m2) est réalisée en circuit fermé avec 90 minutes de perfusion. Deux
cent quarante-cinq patientes ont été incluses, 123 dans le bras sans CHIP (CHIP-), 122 dans le
bras avec CHIP (CHIP+). En intention de traiter, 89 % des patientes CHIP- et 81 % des
patientes CHIP+ ont présenté une récidive (p=0,003). La survie sans récidive était plus
longue de trois mois et demi dans le bras CHIP+ comparé au bras CHIP- (14,2 mois versus
10,7 mois ; IC 95 % 0,50-0,87 ; HR : 0,66 ; p=0,003). La survie globale était de 33,9 mois
dans le bras CHIP- et de 45,7 mois dans le bras CHIP+, soit un gain de 11,8 mois (IC
carcinose péritonéale d’origine ovarienne en chirurgie d’intervalle, avec des résultats positifs
en faveur de la CHIP.
indésirables de grade III-IV similaire dans les deux groupes : 25 % CHIP-, 27 % CHIP+,
p=0,76, les toxicités les plus fréquentes de grade III-IV étaient les douleurs abdominales, les
[17]. Cinq patients CHIP+ et trois patients CHIP- ont tout de même présenté des effets
indésirables rénaux. Malheureusement, les auteurs ne précisent pas si cette différence est
significative, et les conséquences pour ces patientes (degré de l’insuffisance rénale, nécessité
d’une dialyse…) Le peu de toxicité, rapporté dans l’essai de van Driel et al. est sujet à
caution, et ne préjuge pas de la survenue de toxicité dans d’autres équipes moins encadrées
La CHIP ne modifie pas le délai de reprise de la chimiothérapie (30 jours CHIP- versus 33
jours CHIP+). Cet élément est primordial, puisque la chimiothérapie adjuvante est un pilier de
La qualité de vie était similaire dans les deux groupes. Ce point est assez troublant alors
qu’une iléostomie ou une colostomie étaient plus fréquemment réalisées dans le groupe
CHIP+ : 72% versus 43 %, p = 0,04. Néanmoins, ces résultats concordent avec ceux de la
littérature : l’étude de Chia et coll. a montré que la qualité de vie est préservée en cas de CHIP
[18].
L’essai de van Driel et al. a montré que, dans les cancers épithéliaux de stade FIGO III,
initialement non résécables, la CHIP réalisée lors de la chirurgie d’intervalle, après trois
cycles de chimiothérapie intraveineuse, augmente la survie globale et la survie sans rechute
(niveau de preuve IB). Ainsi, la CHIP au Cisplatine, avec néphroprotection par Thiosulfate de
Sodium intraveineuse, peut être proposée dans les carcinoses ovariennes de stade FIGO III,
différence entre les groupes pour l’événement « décès » de 15 patientes seulement, soit 6 %
décès est connue pour cinq patientes (une patiente CHIP+, quatre patientes CHIP-), dont trois
décès liés à une progression de la pathologie péritonéale. Concernant les dix autres décès,
Seules trois patientes par an et par centre ont été incluses dans l’étude. Dix pourcents des
patientes (12 dans chaque groupe) avaient une maladie résiduelle inférieure à un centimètre.
La répartition des patientes opérées antérieurement est donc équivalente dans les deux
pas homogène, alors que l’on sait que la survie est influencée par l’étendue de la maladie
résiduelle [19]. Dans l’hypothèse où les résidus tumoraux seraient inférieurs dans le groupe
CHIP, alors, le gain en survie pourrait être dû, non pas à l’influence de la CHIP, mais plutôt à
l’évolution naturelle d’une maladie moins étendue initialement, donc intrinsèquement plus
centimètre), qui représente la situation la plus défavorable, retrouve une survie sans rechute
comparable au groupe CHIP + soit 14,1 mois. En revanche la survie générale est meilleure
dans le groupe CHIP + de van Driel et al. : 45,7 versus 30,2 mois.
Dans une lettre à l’éditeur, Vergote dénonce l’absence de stratification selon le type
séreux de haut grade [21]. En revanche, les groupes étaient déséquilibrés pour les autres types
de tumeur, puisque 13 patientes CHIP- présentaient des types histologiques de moins bon
mucineux, carcinome à cellules claires, métastases d’une tumeur intestinale), ce qui peut
L’essai de van Driel et al. s’est déroulé dans huit centres. Le centre ayant recruté près de la
moitié des patientes (Netherland Cancer Institute, 42 % CHIP-, 43 % CHIP+) est celui dont
l’effet de la CHIP est le moins important (HR 0,88 et 0,76 respectivement) et cet effet
augmentait pour les centres ayant des faibles effectifs. On pourrait s’attendre, au contraire, à
ce que l’effet de la CHIP soit supérieur dans les centres experts ayant un grand volume de
patientes, ce qui n’est pas le cas dans cette étude. L’accès aux essais cliniques et/ou aux
thérapies ciblées était-il plus important dans le principal centre recruteur, atténuant ainsi
La randomisation avait lieu avant la chirurgie. Les auteurs ont justifié ce choix par
pré-opératoire des patientes. La résection chirurgicale était complète et comparable dans les
Les données concernant les sites de rechute pour l’étude de van Driel et al. ne sont pas
disponibles. Une étude récente de Ceresoli et al. a évalué les sites de récidive après CHIP : les
patientes traitées par chirurgie de cytoréduction seule étaient plus susceptibles de présenter
une récidive péritonéale que celles ayant bénéficié d’une CHIP : 43 % CHIP- versus 14 %
La durée moyenne d’hospitalisation était augmentée de deux jours en cas de CHIP (huit jours
CHIP- versus dix jours CHIP+, p > 0,005), dont un jour en unité de soins intensifs comme le
potentielles, la CHIP est deux fois plus couteuse qu’un recours au Bevacizumab et trois fois
avant l’apparition d’un profil de chimiorésistance aux sels de platine [14]. Néanmoins, se
mais permettrait de mettre en évidence une récidive précoce ou une chimiorésistance primaire
aux sels de platine, qui est une situation de mauvais pronostic [3]. En 2010 l’essai français
prématurément pour toxicité majeure : neuf des vingt-huit patientes incluses ont présenté un
sans rechute de cinq mois en comparaison à une chimiothérapie adjuvante (25,1 versus 20
mois, p=0,024), mais sans impact sur la survie générale [25]. Actuellement, aucune étude
dernière administration de sels de platine et la rechute inférieure à six mois) ont un pronostic
très réservé avec une survie moyenne de neuf mois [26]. Dans ce cas la chirurgie n’est pas
justifiée, ce qui explique que la CHIP n’ait pas été évaluée pour ce groupe de patientes. Les
rechute supérieure à six mois) ont un pronostic bien meilleur avec une survie globale de trois
ans [26]. L’étude DESKTOP III présentée à l’ASCO en 2017 a montré un bénéfice substantiel
pour la survie sans rechute de 5,6 mois pour les patientes opérées à la rechute (14 mois versus
19,6 mois, p < 0,001), uniquement dans le cas où la résection était complète [27]. L’étendue
de la carcinose via le PCI était un facteur prédictif d’échec de résection R0. Cependant,
l’étude GOG 213 a retrouvé le même bénéfice de survie sans rechute mais sans bénéfice en
termes de survie générale à réaliser une chirurgie dans cette indication, même chez les
patientes sans reliquat (HR 1,11) [28]. Il y a même une tendance à l’aggravation du pronostic
chez les patientes opérées par rapport aux patientes non opérées. Les critères d’éligibilité à la
chirurgie étaient cependant moins rigoureux que ceux de l’essai DESKTOP III. Si la chirurgie
est challengée dans cette indication, la place de la CHIP, imposant un résidu tumoral
sensible ayant bénéficié d’une chirurgie de cytoréduction (71 % CC0) + CHIP retrouve une
survie générale de 36,5 mois et une survie sans rechute de 20 mois [29]. Rappelons que dans
l’étude DESKTOP I la survie sans rechute des patientes opérées à la rechute était de 19,6
séduisante dont l’évaluation doit se poursuivre au sein d’essais de phase III. CHIPOR évalue
concernant la CHIP est troublé par plusieurs éléments. Tout d’abord, la chimiothérapie par
voie intrapéritonéale est remise en question avec les résultats du GOG 252 dans lequel
Bevacizumab, n’augmente pas la survie sans rechute, quelle que soit la taille du résidu
tumoral après chirurgie de cytoréduction : survie sans rechute 31,3 mois (intraveineuse)
D’autre part, deux études prospectives retrouvent des résultats contradictoires à ceux de van
Driel et al. Premièrement, les résultats intermédiaires de l’étude de Lim et al., réalisée selon le
même design que l’étude de van Driel et al., et présentée à l’ASCO en 2017, sont négatifs
[15]. Cependant des patientes de stade FIGO IV initial ont été randomisées. Deuxièmement,
retrouve pas de différence statistiquement significative sur la survie générale et la survie sans
rechute : survie sans rechute 11,1 mois CHIP- versus 13,1 mois CHIP+, p=0,486 ; survie
générale 41,2 mois CHIP- versus 41,7 mois CHIP+, p=0,995 [33]. À 60 jours, le taux d’effet
indésirables de grade III-V était plus élevé dans le groupe CHIP+ (24,1 versus 13,6 %,
p=0,03). Les résultats de PRODIGE 7 invitent à la réflexion, avec un changement des
Enfin, l’avènement des thérapies ciblées occulte l’intérêt de l’approche thérapeutique intra-
péritonéale. S’il est aisé de penser que l’éradication de la maladie microscopique est facilitée
par l’absence de résidu tumoral après chirurgie de cytoréduction, la survie des patientes
PARP.
L’essai GOG 0218 publié par Burger et al. en 2011 montre que l’ajout du Bevacizumab à une
survie sans rechute de quatre mois (sans impact sur la survie globale) [34]. En traitement
néoadjuvant, les études ANTHALYA et MITO 16 ont montré que le Bevacizumab facilite la
CHIP [37,38].
L’utilisation des anti-PARP est une révolution dans le traitement des cancers de l’ovaire au
même titre que fut celle des sels de platine. L’Olaparib a fait la preuve de son bénéfice en
traitement d’entretien chez les patientes mutées BRCA platine-sensible en première ligne,
puisqu’il diminue le risque de récidive à trois ans de 70 % (27 % groupe Olaparib versus
puisqu’il prolonge la survie sans rechute de 13,6 mois (survie sans rechute 19,1 mois groupe
Olaparib versus 5,5 mois groupe placebo, HR = 0,30, p < 0,0001) [40]. Il est probable que les
anti-PARP pourraient offrir un bénéfice au-delà des tumeurs portant une mutation BRCA
[41]. Un essai de phase III a montré un bénéfice de l’utilisation du Niraparib chez les
Enfin, l’hypoxie sensibilisant les cellules tumorales aux anti-PARP, l’ajout d’un anti-
en rechute platine-sensible a montré une augmentation de la survie sans rechute : 17,7 versus
9 mois, p=0,005. On attend également les résultats de l’essai PAOLA, évaluant Olaparib
versus placebo en première ligne, chez toutes les patientes de stade FIGO III-IV, mutées ou
Enfin, pour les patientes non résécables d’emblée, plusieurs essais de phase III visant à
évaluer les immunomodulateurs sont en cours [43]. L’efficacité est évaluée par la qualité de la
Conclusion.
La CHIP permet-elle d’améliorer la survie des patientes présentant une carcinose péritonéale
Actuellement, 8 essais randomisés évaluant la CHIP dans le cancer de l’ovaire sont en cours
[44]. Les résultats présentés par van Driel et al. sont encourageants, cette étude est la première
résultats ne permettent pas de faire de la CHIP un traitement standard. Avec l’émergence des
Dans l’attente des résultats de l’essai français CHIPOR notamment, le recours à la CHIP doit
se faire en centre hyper-spécialisé, et devrait idéalement être encadré par un essai clinique.
Conflit d’intérêts : aucun.
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0213 randomisé ovarienne, en récidive, platine -bras 1 : chimiothérapie seule Carboplatine + tolérance de la reprise entre les groupes. grade III-IV similaires
sensible, ayant reçu en première ligne Paclitaxel du Bevacizumab, et Tendance à l’amélioration dans les 2 groupes.
et/ou en maintenance du -bras 2 : chimiothérapie + Bevacizumab. l’intérêt d’une 2è cyto- de la SSR mais sans
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l’Oxaliplatine ou chirurgie seule. bras, en SG ou en SSR surmorbidité dans le bras
(médiane de survie : 41,7 CHIP à 60 jours.
mois CHIP+ versus 41 ,2
CHIP mois CHIP-, NS).
OVHIPEC van Driel 2018 Essai clinique Carcinose péritonéale d'origine Chirurgie intervallaire, randomisation après 245 Évaluation de la survie Augmentation de la SSR Taux d’évènements
randomisé ovarienne ou tubaire de stade FIGO résection chirurgicale complète: CHIP à base de sans récidive. de 3,5 mois et de la SG de indésirables de grade III-
III, non résécable d'emblée. Chirurgie Cisplatine ou chirurgie seule. 11,8 mois dans le bras IV similaire dans les deux
d’intervalle après 3 cures de CHIP. groupes.
chimiotérapie.