Pourquoi Mourir Au Kivu

Pourquoi mourir au Kivu?
Author(s): Stanislas Bucyalmwe Mararo

Source: Canadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines,
Vol. 36, No. 1 (2002), pp. 35-78
Published by: Taylor & Francis, Ltd. on behalf of the Canadian Association of African
Studies
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/4107396
Accessed: 06-12-2018 05:14 UTC
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Pourquoi mourir au Kivu?
Stanislas Bucyalmwe Mararo
Abstract
This article discusses the intricacies of Kivu politics as well as the behav-
iour of the Congolese political class and their impact on the current crisis
in Kivu, the heart of the Congolese conflict. The central argument is that,
by having been instrumentalized by Mobutu for a long time, most of lead-
ers were ill-placed to fight for Kivu. Mobutu's camp, the opposition, and
the commanding body of the National Army alike were hindered by self-
interests, past alliances with Tutsi in Mobutu's regime, and, in particular,
the 1993 anti-Hutu coalition. On the one hand, a good number of Kivu
leaders worked towards their own submission by supporting the Tutsi-led
war against the Hutu in September-October 1996. On the other hand,
leaders from other provinces behaved as if they were not concerned by the
war in Kivu between September 1996 and February 1997. Their position is
epitomized in title of this article: "Why should we die in a Kivu war?"
Only when Laurent-Disire Kabila and his Tutsi backers "landed softly"
in Kinshasa in May 1997, and when the AFDL government was set up, did
it become clear that the stake of the 1996 war was not only the removal of
Mobutu from power but also - and mainly - the reshaping of the state's
structure and political order in the country by foreign-led forces. In both
cases, the two groups of leaders (Kivu natives and their fellow country-
men) recognized later and at different times that they had played the
game of dupe by giving a boost to the occupation of the country by
Ugandan, Rwandan, and Burundian armies.
Le titre de cet article est pris dans une declaration faite en lingala "natika
makila na ngai na Kivu mpo na nini?" (Litteralement: que je laisse mon
sang au Kivu! Pourquoi?) par les militaires du Zaire pour justifier leurs
d6sertion et refus de combattre les troupes de 1'AFDL et leurs allies aux
fronts du Kivu en octobre 1996.
35
36 CJAS / RCEA 36:1 2002
Introduction
L'avinement de Joseph Kabila A la tete de la R6publique
Democratique du Congo (RDC) en janvier 2001 en a surpris plus
d'un. Illustration des manoeuvres politiques en cours en RDC et
dans la r6gion des Grands Lacs d'Afrique, cet 6venement
s'inscrirait dans un schema qui, concoct6 de l'ext6rieur, a port6 au
pouvoir Joseph-Desir6 Mobutu en 1960 et son "tombeur," Laurent-
D6sir6 Kabila, en 1997. Dans ces conditions, l'attitude ambiguE du
leadership congolais dans ce qu'il convient d'appeler "l'affaire du
Kivu" 6tait ineluctable. Cette ambiguit6 est le r6sultat de toute
une longue periode de compromission: Compromission dans les
errements et les extravagances du regime Mobutu d'abord,
compromission dans le combat politique pour la democratie
ensuite.
Cette realit& n'est pas pass e inapergue. Par exemple, Feu Mgr.
I'Arch6veque de Bukavu, Christophe Munzihirwa, l'a decri e dans
sa lettre pastorale du 22 aoiit 1995. En r6agissant A la decision du
gouvernement Mobutu-Kengo d'expulser manu militari plus de
10 000 refugies Hutu du Kivu vers les griffes de Paul Kagame au
Rwanda sans se soucier de leur s6curit6, il exprimait la crainte de
son Eglise de voir les autorit6s du pays "vendre meme des Zairois
comme le faisaient aux si cles passes de l'esclavagisme, certains
roitelets de la cote atlantique" de l'Afrique. Un regard retrospectif
sur ce qui se passe aujourd'hui six ans apres, au Congo-Kinshasa,
rend actuelle la pertinence de ces propos. Cet article prend son
point de vue comme hypothese de base et discute les faits qui
placent les 6lites zairoises / congolaises au centre du drame que
vivent les populations du Kivu depuis plus d'une decennie. Il
s'ouvre par l'identification des signes qui sont suffisamment
rv6lateurs quanta la complicit6 des leaders congolais dans la
guerre d6clench6e en septembre et octobre 1996 et dont les
principales cibles 6taient les Hutu,1 Mobutu, ses proches parents
et allies. II chemine ensuite vers l'analyse de cette complicit6 ou,
de mani re plus gendrale, de la "responsabilit6 locale." Celle-ci est
evalu6e ~ la lumi re de trois grilles de lecture des 6venements, que
nous avons intitulkes la crise de leadership au Kivu, la combine de
l'opposition (anti-Mobutu et anti-Kabila) en general et le
mercenariat de "I'Arm"e Nationale" ou r6guliere que certains
appelent carrrment "l'arm e de Mobutu" pour faire allusion ~ la
Mararo: Pourquoi .mourir au Kivu? 37
predominance des 61ements de son eth

province l'Equateur.
Il est demontr6 que la crise du leadersh
sentir d6jA lors des evenements tragiques du
avant de se renforcer tout au long du reg
1965-mai 1997). Cette conclusion est ded
fondamentales, bien typiques du paysage p
crises recurrentes au Kivu. Donn6e no.1: b
int6rioris6 les tares du systhme Mouve
revolution (MPR) (les maux y passaient pou
se disqualifiant du coup pour la comp6titio
la d6fense des int6r"ts de la nation.2 Donn
politique a 6te la source tantit de la xenop
tantOt des alliances avec les Tutsi, d'abord
politique des Hutu dans un r6gime domin6
Bisengimana, Kengo, Rwakabuba, Gahig
ensuite pour la destruction des camps des
d6cisive dans la conquete et l'occupation du Kivu par les
troupes rwandaises, ougandaises et burundaises. Dans ce
cadre, l'application de la politique de Mobutu au Kivu,
l'instrumentalisation des elites locales et la promotion des agendas
ethniques comme piliers des programmes politiques dans le
systhme MPR ont fait de la violence le moyen de l'ascension
politique et 6conomique des uns et de la victimisation des autres:
violences politiques de 1962-65, violences foncieres des ann6es
1970 et 1980, violences identitaires au cours des annees 1990. Les
actions des t6nors de l'opposition contre l'autorit6 centrale a
Kinshasa et de l'arm6e regulibre sont finalement examinees
comme le barometre de cette triste situation. A ce stade de la
discussion, nous essayons de prouver que les d6faillances
qu'accuse le leadership provincial au Kivu sont aussi celles qui
entachent la cr6dibilit6 du leadership national. La conclusion de ce
constat est sans 6quivoque: le leadership congolais agit peu par
principe et id6al.
La prise en compte de la chute de Mobutu comme un objectif
en soi, 1990-96 (l'apres-Mobutu et sa gestion ayant attire
pratiquement peu d'attention), l'obsession du "peril Hutu" attisde
par le discours sur la creation du "Hutuland" (1993-96)4 et
l'emprise des lobbies Tutsi et pro-Tutsi (1969-97) (Bucyalimwe
38 CJAS / RCEA 36:I 2002
2000 et a paraitre) ont &t6 les fac

certains leaders congolais, toutes tendances confondues
(institutions publiques, partis politiques et Societ& civile), dans le
projet militaire et politique du gouvernement Front patriotique
rwandais (FPR) au Kivu en 1996: la destruction sanglante des
camps des r6fugi6s Hutu qui, h1las, cachait bien d'autres vis6es,
notamment l'expansion de l'espace vital que les Tutsi Rwandais ne
cachent plus aujourd'hui5 et le contr61e d'une vaste zone de
march6 allant de la Mer Rouge, l'Oc6an Pacifique jusqu'en Afrique
australe en passant par I'Afrique centrale et ce, dans le cadre de la
mondialisation economique et politique ou mieux celui du projet
de l'administration Bill Clinton appeld Grande Corne de l'Afrique
(Morse 1995; Bednarek 1997). En combattant a c6t6 de l'Arm6e
patriotique rwandaise (APR) et de l'Alliance des Forces
Democratiques pour la Libdration du Congo-Zaire (AFDL) ou en
refusant carrdment de combattre , tous ces leaders congolais se
sont derobes a la mission de defendre le Kivu dans cette guerre qui
s'est vite rev6l6e guerre d'occupation. A peine voile dans le
programme du parti politique, Centre d'6change et de
regroupement africain (CEREA), ce projet h6gemonique, voire,
expansionniste du Rwanda est devenu plus explicite dans la these
de Berlin II reclam~e par Paul Kagame et d'autres piliers du FPR
(Andriamirado 1996). Le refus de verser le sang au Kivu, proclam6 a
haute voix par les militaires zairois 6tait le reflet d'un esprit
g6neralise dont cette region continue de payer le plus lourd tribut.
Rien de palpable n'a encore chang6 dans l'attitude des leaders
congolais jusqu'ici. Pire, le Kivu est souvent ddlib&r6ment omis
dans les discussions sur la crise congolaise; et quand on en parle,
c'est pour soutenir la these rwando-ougandaise que la
communaute internationale a pratiquement dej i fait sienne.
Dans les milieux congolais, les deceptions se sont accumulkes
depuis qu'un nouvel ordre militaro-ethnique, pilot6 par Kigali et
Kampala, a dt~ mis en place au lendemain de la chute de Mobutu
en mai 1997. Malgr6 cela, on constate que, depuis le ph6nomene
du "rebelle-liberateur" (Laurent-Desire Kabila) jusqu'aujourd'hui,
ce sont les leaders Tutsi et congolais non-originaires du Kivu qui
restent le fer de lance de la domination rwando-ougandaise au
Kivu.6 Les leaders non-Tutsi du Kivu font figure d'auxiliaires
quand ils sont co-opt6s; sinon, ils sont ignores sous pr6texte qu'ils
Mararo: Pourquoi mourir au Kivu? 39
serviraient de caisse de resonance aux "fo

(r6sistance mai mal) ou, mieux, parce qu'i
m6faits de cette double domination et se
moins enclins a c6der aux achats de consci
politique. Cette derniere r6alite aurait te
fur et A mesure que le trafic du coltan
strategiques et pr6cieuses devient lucratif
acteurs du conflit des partenaires et que c
occidentaux favorables a la politique rwan
usent de toutes sortes de subterfuges (co
financitre, par exemple) pour obtenir le r
kivutiens derriere cette politique ou neu
locale. Dans l'ensemble, le Kivu poursuit s
depuis la guerre de 1996 et, malheureuse
non-negligeable des Congolais. Le bout
lointain si l'on se rnfere a cette declaration
Marie-France Cross, reprend d'un membre-cl6 de son
gouvernement: "les armees %trangeres au Congo-Kinshasa
pourraient se retirer du pays lorsqu'il y aurait stabilisation" (La
Libre Belgique 19 juin 2001: 10). Si tel est l'imp6ratif, combien de
temps faudra-il attendre pour que le Rwanda, I'Ouganda et le
Burundi puissent stabiliser le Kivu avant de se retirer et quelle
serait la nature de cette stabilisation? Le noeud gordien du
bourbier kivutien se trouve la, en fin de compte.
C'est donc sur ce terrain que le serieux de Joseph Kabila et la
bonne volont6 politique des occidentaux qui l'ont fait "roi" et l'ont
vant6 des les premiers jours de son entr6e en fonction (comme le
messie tant attendu) seront une nouvelle-fois test6s: prouver qu'il
a et6 imposd non pas pour p6renniser le statu quo, c'est-A-dire le
processus de la partition du pays et la consolidation de la
domination Tutsi au Kivu (la speculation sur ses origines Tutsies
et ses relations parentates avec James Kabarebe est-elles une pure
fabrication?), mais la sauvegarde de l'intdgrit6 territoriale, de la
souverainet6 nationale et l'6tablissement d'un Etat de droit, "celui
qui est fond6, comme le disait un jour, Mgr. Laurent Monsengo
Pasinya, non pas sur une ethnie, fiit-elle minoritaire ou
majoritaire, mais sur un projet de societ6 accept6 par la majorite de
la population." La paix, telle que la definissait Martin Luther King,
"both the absence of war and the presence of justice," est A ce prix.
40 CJAS / RCEA 36:I 2oo2
Quel devrait alors etre le r61e d

nouveau? Qu'ils se trouvent dans l'
dehors de celle-ci, tous devraient me
Robert Kennedy (conference, Afriqu
But it is from numberless diver
that human history is shaped. Each
an ideal, or strikes out against inju
ripple of hope; and crossing each ot
centers of energy and daring, th
which can sweep down the might
par Anthony Lewis, The Herald Int
2001: 8).
Interet et etendue du sujet

L'hebdomadaire "Jeune Afrique" et le quotidien "La Libre
Belgique" (ancienne formule) incluent, dans leurs lignes, une
rubrique intitulee "Ils ont dit" et "De petites phrases." Prise
isolement, chaque idee soumise a l'attention des lecteurs est
sujette a plusieurs interpretations. Mais, une fois replacee dans le
contexte ofi elle a ete emise (la regle du contexte, textuel et/ou
spatio-temporel, etant de mise), sa comprehension se precise et ses
contours s'apprehendent le mieux. Ainsi en est-il de ce bout de
phrase mis en exergue dans le titre de cet article. Elle a indigne un
temoin qui l'a consignee dans son rapport-temoignage sur la guerre
AFDL a Rutshuru (Kivu). Voici le passage de ce rapport qui nous
interesse ici:
Le jeudi 31 octobre 1996 vers 17h00, le camp militaire

de Rumangabo (Rutshuru au Nord-Kivu) se vide mira-
culeusement et contre toute attente de ses occupants:
militaires, leurs femmes et enfants et leurs effets - sont
perches sur deux camions jaunes ayant appartenu a l'ONG
CARE. [Notez que les militaires zairois etaient non seulement
pauvres en esprit, mais aussi materiellement pauvres: tout un
camp perche sur deux camions comme le corbeau de la fable.]
Direction: Tongo -> Mabenga -> Rwindi -> Butembo ->
Kisangani. Nous tentons de les suivre avec un autre vehicule
d'un fuyard car le notre a quelques pannes. Mais, les militaires
sont agressifs: ils raflent tout sur leur passage. Nous les
approchons quand-meme pour etre fixes; mais, ils ont un
langage tellement indigne que nous juge

suivre: "Natika makila na ngai na Kivu m
laisse mon sang au Kivu. Pourquoi?). Hel
Mobutu avait fait et ce que Kabila a contin
et l'oreille a la situation du Kivu et le laiss
Oh! Pauvre Kivu! Ce t6moignage a la fois t
recoupe curieusement ce que nous avon
durant le meme mois d'octobre 1996 a Buk
Quand les officiers des Forces Arm6es Zair
la poudre d'escampette devant l'avanc6e
I'AFDL et troupes alliees au Kivu, il n'y ava
dans leurs bouches: "Batekisi mboka na b
les Kivutiens, ont vendu leur pays).... Po
jusqu'au comble du ridicule, certains d'e
pas a d6clarer parfois: "Kasi, bazali bang
tout, ces envahisseurs rwandais et les Kivu
les memes!) (Bucyalimwe 1999a, 2).
Quelqu'un d'autre pourrait etre tent6 de
cause de leur caractere anodin. Ne pas y p
selon Francois Guichardin, une erreur mon
De petites causes, a peine dignes de
souvent la raison de grandes ruines ou de
tres grande prudence de prendre garde
bien penser, fut-elle minime (Guichardin
L'intrtre pour le d6tail est a l'origine de l
nous interessons justement au d6tail car i
messages qu'il n'apparait a premiere vue. P
revenir au contexte. Or, celui-ci ne doit pas
l'instantane: il doit s'etendre au pass6
prepar6. C'est dans cette double perspectiv
situer ces interrogations. Pourquoi les militaires
gouvernementaux ont-ils eu pratiquement le meme r6fl
partout au Kivu? Quelle lecture peut-on faire de leurs
insinuations? Faut-il y voir le simple effet de l'ignorance des
enjeux de la guerre AFDL, l'expression de la pauvret6 d'esprit ou
plut6t l'indice d'un mal profond qui rongeait la societ6 nationale?
La reponse a toutes ces questions requiert I'analyse du chapitre
non-ecrit de la crise du Kivu.10
Mal comprise au depart, celle-ci a pris rapidement une
42 CJAS / RCEA 36:I 2002
tournure qui a surpris beaucoup

non-Kivutiens ensuite. Cette confession du Pere Simon-Pierre
Metena M'Nteba, Provincial des Jesuites, est une illustration
concrete et appropride:
Mzee Munzihirwa 6tait un ancien, un sage.... Je me rappell
encore la derni re conversation que nous avons eue ensemble en
septembre dernier, I'avant-veille de son retour a Bukavu. I1 me
disait: "Ne sois pas 6tonne d'apprendre de mauvaises nouvelle
prie seulement pour que le Seigneur et la Vierge-Marie nou
accompagnent jusqu'au bout du chemin." ... A ma r6action u
peu sceptique qui lui reprochait de voir les choses en noir, il m'
repondu avec son sourire si caract ristique et qui semble dire a
son interlocuteur: "Tu ne saisis pas les enjeux, tournons la page
... plus tard tu comprendras" (Metena 1997, 15).10
Cette surprise s'explique par des raisons que nous essayons
mettre en lumiere ci-apres. Jusque la, les etudes anterieures on
fro61 les dimensions internationales de la crise au Kivu, s'attachant
davantage a ses dimensions locales. Dans le premier cas,
l'attention a ete focalisee sur la guerre sans approfondir et integrer
les interferences exterieures dans l'analyse de l'avant-guerre Tutsi.
Le c6t* qui devrait tre le plus decortique, par exemple, est la
coop6ration ou l'aide au developpement. Une fois examinee, on
verra malheureusement que, beaucoup d'organisations de
developpement et plusieurs associations de la societe civile a
Goma (Nord-Kivu) et a Uvira (Sud-Kivu) qui ont le plus bendficie
de fonds ext6rieurs sont celles-la meme qui ont fourni le plus de
leaders dans la guerre AFDL / Rassemblement congolais pour la
democratie (RCD). Etant donne que, de cette aide, il ne reste que la
guerre et la d6solation, il y a lieu de se demander a quoi ont servi
ces fonds et au profit de qui les bailleurs les ont lib6r6s. Ne
s'agissait-il pas plutOt de l'appui aux projets ethniques ou t des
groupuscules qui s'est av6r6 finalement contre-productif,
entrainant dans cette guerre meme les bailleurs des fonds aux
cAtes de leurs partenaires locaux? (Bucyalimwe 1999b, 245-51,
256-57, 261, 269-71). Le secretaire d'Etat belge a la cooperation au
developpement, Eddy Boutmans (Anders gaan leven [AGALEVI), se
demarquant de la politique de ses superieurs libdraux dans le
gouvernement dit "arc-en-ciel" envers le gouvernement de Joseph
Kabila, n'y va pas par quatre chemins:
La cooperation doit pouvoir jouer son r61e

propre logique. Car il y a quand m me e
avec l'argent de la cooperation, des guerre
des conflits ethniques ont ete attises (La
2001: 6).
Dans le deuxieme cas, seuls ont 6t6 epingles le problkme de la
nationalite et son corollaire, l'exclusion; la xenophobie anti-Tutsi;
les facteurs d'ordre general tel que la surpopulation et ses effets sur
les conflits fonciers; l'exportation du conflit Hutu-Tutsi du
Rwanda au Congo; le blocage du processus democratique et
l'instrumentalisation des ethnies par les regimes de Kinshasa sous
Mobutu et Kabila. On a toujours oublie, a dessein semble-t-il, un
element de premiere importance, a savoir la responsabilite locale
dans le drame qui secoue le Kivu depuis pres d'une d6cennie.
Autant la pesanteur exterieure devrait etre re-evalu~e et apprecide
a sa juste mesure, autant cette responsabilite ne devrait-elle pas
rester un sujet tabou. Nous voulons briser ce tabou en examinant
tour a tour la crise du leadership kivutien, l'Opposition zairoise /
congolaise et le mercenariat de l'Arm6e "Nationale" au Kivu.
Dans cette demarche, le comportement mercantiliste et
opportuniste de la classe politique est l'instrument de mesure. Ce
qui se degage au terme de cette 6tude est que l'etat d'esprit des
militaires en cet automne 1996 etait "l'arbre qui cache la foret": la
trahison contre le Kivu. Aux autres d'y apporter un 6clairage
supplementaire ou de prouver le contraire!
La crise du Kivu est avant tout une crise de leadership

Friedrich Hegel (1770-1831) declarait que "les grands hommes sont
ceux que les temps r6clament et dont les ambitions correspondent
le mieux aux aspirations du peuple" (cite par Bourde et Martin
1982, 41). L'impression generale est que le Kivu poss de peu de tels
hommes; il regorge plutOt de bons, voire d'excellents
fonctionnaires, c'est-a-dire des hommes plus aptes a obeir et
executer les ordres d'autrui qu'a voir grand et agir en consequence.
Ces traits laissent a penser que l'adage "Beaucoup de grands noms
et peu de grands esprits" decrit le mieux le leadership au Kivu, hier
et aujourd'hui.
Depuis l'independance en 1960, le Kivu a souffert de la
faiblesse ou de l'incompetence du leadership. A l'6poque, plusieurs
44 CJAS / RCEA 36:1 2oo02
partis (Mouvement national congolais /

CEREA, Union culturelle des Barega [UN
progressiste [ARP], Rassemblement de
Association des Bakusu du Kivu [ASSOBA
de Fizi [UNEBAFI], Parti national du p
commun, et Int6rets communs) dominaie
dehors du MNC/L et du PNP, ils 6taient
c'est-a-dire la cr6ation des Kivutiens.
particulariste (le PNP, MNC/L et le CERE
seules exceptions), la comp6tition politiq
partis a se partager le pouvoir (Kivu 1962, 1
non-discriminatoire et le "power sharing" o
des atouts majeurs pour contenir les cliva
rivalites inter-individuelles et inter-com
manipulation de ceux qui, de l'ext6rieur comme du dedans,
voulaient maintenir la main basse sur le Congo (Amisi 1963, 232-
33; Masson 1970), modifierent tres vite le visage politique de la
Province et en firent le thiatre de tous les coups: intolerance et
massacres inter-ethniques (Shi contre Kusu a Bukavu, Hutu et
Tutsi contre Hunde, Nande et Nyanga a Goma). Le manque de
consensus sur le statut du Kivu dans un contexte de forts
sentiments autonomistes a pouss6 certains politiciens du Kivu a
placer dans l'orbite du gouvernement central a L*opoldville e
d'autres dans celle du gouvernement pro-Lumumba a Stanleyvi
L'6clatement de la Province en trois entites distinctes en 1963
(Maniema, Nord-Kivu et Sud-Kivu) a raviv6 des conflits a propo
des limites inter-provinciales, inter-chefferies, voire inter
groupements. Le fosse entre les politiciens du Sud-Kivu et ceux du
Nord-kivu s'est creus6. L'Uchange d'attaques virulentes entre le
Shi et les Nande a l'6poque etait la materialisation de la tension
opposant les deux groupes. Ainsi, un auteur, dans son article sign&
des initiales N.M. critiquait les 1lus de Goma qui, "apres avoir
lutte pour la creation du district (en 1951) militent pour sa
transformation en province."'" Quant a certains d6pute
provinciaux, ils "accusaient Denis Paluku, Sylvestre Kahindo et
Benezeth Moley de monter un coup d'Etat au Nord-Kivu contre
gouvernement provincial de Jean Miruho a Bukavu."13 Dans cet
imbroglio gen6ral, la remise en question des legs coloniaux 6tait la
preoccupation majeure (Kivu 1962, 9-18, 34-48; Nord-Kivu 1963, 5-
8). Parmi ceux-ci, le "ph6nomene rwandais

la lutte politique comme l'ont d6montr6 l
65 au Nord-Kivu. On observe un manqu
jugement (ou sens) politique14 dans la g
dossier. Dans ce dossier, le coeur a toujours p
et a fini ainsi par devenir une "bombe a reta
Pratiquement, on a observe le statu qu
Le discours sur le "phenomene rwandai
chang6 d'un iota. En 1963 et en 1966, les a
politiques du Nord-Kivu pretendaient que
conflits inter-ethniques consistait a "r
congolaise aux immigr6s rwandaisi5 et a t
50% d'entre eux vers le Rwanda ou les au
afin de restaurer l'6quilibre entre les eth
[L6opoldville] 1966, 16, 19). Les memes re
reiterees par le leadership du Bushenge H
maniere intense, dans l'euphorie de la C
souveraine (CNS) (1991-93): "Tunaomba che
Bwito, Bashali, Bahunde na wa Osso waan
wakubwa wa inchi ili wakamate wanyar
politique wawarudishe Rwanda" (Nous dem
collectivit6s de Bwito, Bashali, Bahunde et
Baudouin et aux autorites du pays pour leur
au Rwanda les Banyarwanda qui font la
esprit hantait la soci6t6 civile du Nord
d6fendait la these selon laquelle les autoc
n'6taient que les Nande, Hunde, Nyanga e
de position a provoqu6 une levee de bou
Professeur Antoine Sebagenzi wa Lulenga
sont-elles toutes de nationalite zairoise? Le cas du Nord-Kivu"19
reflete la frustration des autochtones "Banyabwisha" (Rutshuru) et
lance un appel aux politiciens pour d6passer les passions en
elevant le d6bat sur la question de nationalit6 au niveau des
arguments historiques et politico-juridiques. I1 soulignait
notamment, qu'a part les Nyanga qu'on ne trouve pas des deux
c6tes de la frontiere nationale, la notion de "nationalite douteuse"
devrait etre appliqu6e a toutes les autres ethnies. Implicitement, il
fustigeait la tendance de certaines ethnies du Nord-Kivu a s'arroger
le monopole d'autochtonie. La d6cision prise par Anzuluni Bembe
et Vangu Mambweni20 au nom

Parlement de Transition (HCR-P
de quelques Hutu et Tutsi qui r6
d'autre que la concr6tisation d'u
d6cision politique mal inspir6e
patriotisme par les auteurs du b
que certains individus s'acharne
couchons ces lignes, a" dire que
rentrer au Rwanda, cela mont
l'aveuglement peut conduire.
En plus de ce "problkme rwan
pendant quatre d6cennies, il e
permettraient d'6valuer la qual
notre part, nous en voyons deux
D'abord, Mobutu a co-opt6 cer
grands dignitaires de son regime
Kivu: "il "Mobutu" a b6neficie d
- aux competences ind niables -
patriotisme et a choisi la voie
procures par les privileges associe
1995, 19). Certains ont copid Mo
mauvais, alliant l'enrichissement
favoritisme envers les membres du clan et la discrimination des
tiers, le client6lisme, la perte du sens moral, l'6gocentrisme et
l'insensibilit6 vis-a-vis de l'interet public. Ils ont pactis6 du
sommet de l'Etat au niveau des groupements en passant par les
provinces, les zones et les collectivit6s, avec le clan Bisengimana
et l'oligarchie Tutsi qui ont renvers6 Mobutu sous le couvert de la
"Rebellion Banyamulenge" et qui oeuvreraient officiellement
et/ou dans l'ombre pour la partition du pays. Le projet de la
creation des Etats-Unis en Afrique centrale, l'un des objectifs d'un
nouveau parti politique Tutsi, denomme CEREA21 et refuse~ la
CNS comme parti des 6trangers (1991-92), s'inscrivait dans ce
schema. D'autres politiciens ont, par contre, cr66 un vide autour
d'eux, pr6f6rant voguer seuls dans les meandres du pouvoir
autocratique et le circuit des alliances supra-provinciales et supra-
ethniques sans se soucier de la promotion des interets de leurs
communautes respectives. Non seulement beaucoup de leaders du
Kivu sont-ils restes, faute d'appui populaire, des colosses aux pieds
d'argile, mais encore 6taient-ils tres fragi

puissance du clan et de l'oligarchie pr6c
regrettable que les leaders du Kivu n'a
l'ensemble, capables d'inspirer ou de sti
d'unit6 et d'initier un projet de d6veloppem
"les valeurs universelles a savoir la jus
l'int6gration." Un noble ideal sur leq
Christophe Munzihirwa attirait l'attentio
quelques semaines avant son assassinat, qu
fortes sont celles qui ont reussi a concilier le
Ensuite, Mobutu a confi6 la gestion de l
originaires de 1966 a 1991. En dehors de qu
les gouverneurs import6s et responsables pro
que tres peu pour le d6veloppement de la P
ils n'ont fait que "se servir ou se faire servir
de Kinshasa, surtout depuis les mesures de
fonciere de 1973:
Diff6rents abus commis par l'administration fonciere et les

chefs coutumiers ont fait que les populations autochtones et
immigr6es se sont retrouv6es petit a petit d6pouill6es des
terres qu'elles consid6raient comme leur appartenant, ont 6t6
contraintes A l'immigration vers les nouvelles terres ou vers la
ville, ou au servage aupres des propri6taires, g6n6ralement
Tutsi 61eveurs.... Les cadres non-originaires sont accus6s de
commettre des tracasseries pour s'enrichir et de ne pas se
pr6occuper de l'interAt des populations locales et de leurs
coutumes" (Commission de Pacification 1997, 19, 23).
Il nous parait partial de ne cibler et de n'incriminer qu'une seule
cat6gorie d'autorit6s. Il est plus correct de dire que les responsables
des institutions de l'Etat, non-originaires et originaires
indistinctement, ont 6t6, sauf exceptions rarissimes, les grands
predateurs et les fossoyeurs des populations du Kivu pour avoir 6t6
ml16s individuellement ou collectivement a beaucoup de crimes
6conomiques et politiques. Un fait non moins r6v6lateur est que,
lorsque Mobutu a d6cid6 de changer de politique en 1991 et de
remettre le pouvoir de la Province entre les mains des originaires,
la situation a empir6 au lieu de s'ameliorer.
Au Nord-Kivu, Kalumbo et Bamwisho23 ont 6t6 propuls6s a la
tete de la province comme gouverneur et vice-gouverneur
respectivement. Jeunes, inexp6rime

libres pour agir, ces deux autorit6s
se produire dans leur ressort ter
l'influence des caciques du r6gim
l'engrenage clanique, l'aggravatio
conjonction des trois phenomene
premier phenomene fut le mult
multipartisme en 1990, les leaders
fondateurs, se sont precipit6s pou
crees a Kinshasa. La consequence en
politiques de la capitale au sein d
s'entre-d6chirer pour diriger les
(Union pour la democratie et le
democratique et social-chr6tien [P
republicains ind6pendants [UFERI], Union nationale des
democrates f6deralistes [UNADEF], et Rassemblement des forces
sociales et f6d6ralistes [RSF]) dont les projets adressaient a peine ou
de maniere generale et, parfois, vagues les problkmes majeurs de la
Province (convivialite, redistribution des richesses, et production
des biens d'6quipement et des services). Ceux-ci 6taient devenus
de simples billets d'entree dans le gouvernement et
l'administration centrale du pays. Les quelques petits partis
politiques cr66s par les originaires (Democratie chr6tienne
federaliste, aile Nyamwisi [DCF/Nyamwisi], Parti liberal pour le
developpement [PLD], Democratie pour le salut national [DSN],
Parti des nationalistes pour le d6veloppement integre (PANADI),
et CEREA)24 n'ont jamais pu aller au-dela de la base ethnique dans
leur mobilisation: Nande pour le premier, Hunde et Nande pour le
second, Hutu pour le troisieme et le quatrieme, Tutsi pour le
dernier. Les Hutu qui avaient particip6 a la creation du PLD avec
les Hunde et Nande en ont 6t6 expulses; la DCF, dirigee par
Nyamwisi Muvingi (Nande) et Midagu Bahati (Hutu) n'a pas pu
attenuer les tensions entre Nande et Banyabwisha, un terme qui a
perdu son vrai sens pour designer exclusivement les Hutu de
Rutshuru.
Le deuxieme ph6nomene a 6te "le d6mon de la geo-politique."
La CNS tant vant~e 6tait, en fait, plus l'aeropage des groupes
d'interets qu'un forum vraiment populaire. L'esprit du d6bat a
sem6 le virus de l'intol rance dont la fameuse "gzopolitique" en a
6t6 l'expression. Son application au Nord-Kiv

les citoyens d'autres provinces qui avaie
domicile. La chasse aux non-originaires a 6te
subtile et limit6e que ce qui s'est pass6 au Ka
en Province Orientale par exemple.
Le troisieme ph6nomene, seconde face de
6t4 la r6-activation de la "rwandophobie." A
r6conciliation entre les Kivutiens, la CNS a
remettant l'aiguille de la pendule trente a
confiscation du pouvoir et de l'administratio
une faction de la population dite autochto
nervosit6 g6nerale car on sentait une volont
tout Hutu et tout Tutsi de la gestion des
Transition vers la troisieme Republique. L
autochtones et "allochtones" d'une part, et
autochtones25 d'autre part, ont plong6 la Provi
"guerre de Masisi" de 1993 en fut l'une des for
les Tutsi pour prendre le dessus (Bucyalmwe
crise des r6fugi6s Hutu est intervenue en ju
oii les Hunde, Hutu et Tembo de Masisi et de
s'entendaient plus et avaient souffert le plus d
les Tutsi, Nande et Nyanga en 6taient les b6neficiaires
(Bucyalimwe 1993, 4). Cette crise et l'implication directe des
gouvernements rwandais, ougandais et de leurs parrains
occidentaux ont renforce la "Hutuphobie." Il s'est d6velopp6 alors
un discours virulent sur le "Hutuland." Dans cette affaire, Mobutu
et la communaut6 internationale ont 6t6 mis en cause par des
kivutiens. Les uns voyaient dans la pr6sence des refugi6s Hutu au
Kivu un capital 6lectoral, un instrument de chantage dans la quete
de credibilit6 internationale et d'aide aupres des institutions
financieres internationales pour Mobutu. Les autres soutenaient
que cette pr6sence etait orchestr6e par la Communaute
internationale, surtout les Etats-Unis d'Amerique, la Belgique, le
Royaume-Uni, la Hollande et le Canada, pour favoriser la
consolidation d'un Etat Tutsi au Rwanda. Certains ont meme
pouss6 tres loin leur argumentation en affirmant que le
gouvernement FPR a Kigali armait les Hutu de Masisi pour
exterminer leurs voisins Hunde, Nyanga et Tembo et cr6er ainsi
un espace d'occupation pour ses ennemis r6fugi6s:
Les observateurs avis6s commencent a s

des conflits au Masisi. On ne sait pas e
civile interne au Masisi pendant une per
a vu les Tutsi plier bagages et laisser H
terrain. I1 est fait etat de l'armement
Masisi par le pouvoir de Kigali dans l
territoire libre aux r6fugils Hutu (GEAD
Pour peu qu'elle soit vraisemblable ou releve de la guerre
m6diatique, cette interpr6tation des faits d6note, une fois de plus,
la mauvaise perception des enjeux locaux et internationaux de la
crise des r6fugies et explique en partie les erreurs qui ont entoure
sa gestion. L'ombre du Rwandais en general et du refugie Hutu en
particulier, le "nous autochtones" et, a l'interieur de ce "nous,"
"le monopole du groupe majoritaire Nande" et la transformation
du Kivu en base arriere du FPR dans sa guerre contre le regime
Hutu de Kigali (Rwanda), ont 6t6 a la base de tous les maux au
Nord-Kivu au cours des huit dernieres annees.
Au Sud-Kivu, l'esprit a evolue de la meme fagon, mais avec
plus de nuance. Le multipartisme et la geopolitique ont produit les
memes effets qu'au Nord-Kivu. La designation d'un Lega, allie de
Mobutu de longue date, Pasteur Kembwa wa Lumona, au Cabinet
de Nyamoma (siege du gouvernorat) a declenche des tensions entre
les Shi et les Lega ("Le torchon brille"); ces tensions ont persiste et
n'ont disparu que lorsque le Pasteur a 6t6 remplac6 par le general
Elese, le lundi 28 octobre 1996 (un jour seulement avant la prise de
Bukavu par I'AFDL). De 1991 a octobre 1996, le leadership du Sud-
Kivu etait distrait par la lutte entre les deux grandes communautes
pour le controle du pouvoir de la Province. Une certaine opinion,
consciente de la mediocrite du leadership politique, lui-meme
empetre dans le pi ge de la "rwandophobie" (surtout a Kinshasa et
en zones de Fizi et d'Uvira), estimait avoir trouve de nouveaux
leaders dans le monde associatif. Le prestige dont jouissaient a un
moment certains animateurs de la Societe civile du Sud-Kivu dans
les chancelleries occidentales, plus qu'ailleurs au Kivu, tendrait a
confirmer cette perception. Helas, la dynamique AFDL/RCD a
demontre que la source de ce prestige residait moins dans la qualite
du leadership que dans l'activisme anti-dictatorial qui a fraye
implicitement le chemin a l'actuel ordre militaro-ethnique au
Kivu (Bulambo 2000, 16, 101, 164-69). En outre, Bukavu et
Mararo: Pourquoi mourir au Kivu? 5 I
l'hinterland imm6diat restaient une oasis rela

milieu des zones de turbulences. Au Nord-
Masisi avait fini par atteindre Bunyakiri e
contigu e a celle de Kabare. Le Rwanda a l'Est et
guerre du FPR menee contre le regime de Ju
avec des complicit6s au Kivu. Au Sud, les violences s'etaient
intensifiees au Burundi A la suite de l'assassinat du premier
pr6sident 61u, Melchior Ndadaye (Hutu), par l'arm6e Tutsi le 21
octobre 1993 alors que la tension augmentait tous les jours entre
les Tutsi dits Banyamulenge et leurs voisins Fulero, Vira et Bembe
dans les zones d'Uvira et de Fizi. Si la societe civile a reussi '
empecher la confrontation comme le souhaitaient certain
politiciens de la place, la crainte de la course A l'armement dans
deux camps n'a cess6 de hanter les esprits. C'est donc avec l'af
des r6fugies et notamment l'installation de leurs camps dans
Bushi sursatur6 et une plaine de la Ruzizi ethniquement polar
que Bukavu s'est vu encercl6 et cible. L'axe Tutsi, de Fizi et Uvira
l'extreme Sud a Walikale, Masisi, Nyiragongo et Rutshuru au N
en passant par Kalonge (Kabare) et Kalehe, du Rwanda au Buru
et la complicit6 de la communaut6 internationale ont jou6 un
d6cisif, car ils ont repousse dans l'ombre toute initiative polit
locale et entraine Bukavu dans une vague de violence dont le p
culminant a 6t6 la r6pression aveugle contre les Tutsi et ceu
suppos6s tels27 en octobre 1996. Ces actes de r6pression e
vengeance faisaient suite aux massacres et aux atrocit6s com
dans la zone d'Uvira par les Tutsi de l'AFDL des les premiers j
de leur invasion en septembre 1996 a partir du Rwanda e
Burundi (Bulambo 2000, 16).
Au-dela des problemes r6els associ6s a la pr6sence de c
refugies (devastation 6cologique, recrudescence de l'insecuri
complication du problkme de nationalit6, hypotheque de
question 1lectorale, menace a la position des Tutsi), deux fact
ont ete decisifs dans l'acceleration des evenements:
l'internationalisation de la crise des refugies et l'exacer
l'anti-hutisme. Le Rwanda, le Burundi, l'Ougand
gouvernements amis du Nord sont entres dans la danse
travers divers reseaux, notamment certaines orga
humanitaires qui avaient afflue dans la region, certains
responsables de l'administration locale et l'armee. Derriere l'aide
humanitaire, il y avait un desse

danger que constituaient les r6fu
Kigali. C'est donc plus le souci d
volont6 de r6concilier les Rwa
sinchre.28
Au niveau local au Nord-Kivu, la conjoncture 6tait propice
pour r6gler les comptes avec les Hutu zairois. L'emplacement des
camps des r6fugi6s sur un territoire trop exigu et fortement peupl6
par les Hutu autochtones, axe Bwisha-Kibumba-Goma-Mugunga-
Lac Vert (cd1 bre site de l'abattoir humain lors des 6v6nements des
annees 1960), n'avait pas 6t6 choisi au hasard: melanger les
r6fugi6s avec les Hutu autochtones pour cr6er plus de confusion,
tel semble avoir 6t6 le mobile inavoue.29 Quant aux violences qui
ravageaient Masisi en 1995 et 1996, elles etaient en partie attis6es
par les attaques des mai mai et Ngilima en provenance de Walikale
et Lubero, des rebelles transf6r s des monts Ruwenzori (Beni) vers
Kirotshe-Bweremana dans le Masisi en decembre 1994 avec la
complicit6 de Yoweri Kaguta Museveni et de l'administrati
provinciale a Goma dominee par le trio FPR-CEREA-UMUBAN
(Nzabara 1996, 60; Sumaili 1996, 3). Ces attaques visaient, selo
l'intention de leurs planificateurs, a refouler les Hutu de Masi
vers les r6gions du lac pres des camps pr6cit6s; ils seraient chasse
le moment venu, vers le Rwanda dans la vague des refugies. D
Hutu zairois ont et6 renvoyes au Rwanda dans le cadre de ce pl
lors de l'expulsion forc6e des refugies en aoit 1995 ainsi que
combattants Hutu qui se rallibrent A 1'AFDL en 1997.30 Ce jeu
avait et6 d6ja denonc6 au debut de l'annee 1995 explique
certainement la collusion des Hutu refugies et zairois dans
certains cas. Des ingredients locaux et exterieurs sont devenus si
nombreux qu'une veritable coalition anti-Hutu s'est mise en place.
Elle a d6bouch6 sur l'alliance mai mai / Ngilima / Bapiri ou Katuku
avec les Tutsi dans la guerre de I'APR/AFDL.31 Sans le dire de cette
fagon, Assumani Budagwa decrivait l'6tat d'esprit au sein de la
population congolaise du Kivu a quelques jours du declenchement
de la guerre AFDL en ces termes: "L'impatience gagne le Kivu et
malgr6 la cohabitation pacifique entre les ethnies observ~e
jusqu'alors, une certaine irritation s'installe et peut devenir
prejudiciable au droit des immigres et aux interets des autochtones
eux-memes" (Assumani 1996, 5).C'est exactement ce qui s'est
produit. Un autre signe reve1ateur est le

d'une grande Organisation non-gouvernementale de
developpement (ONGD) a Bukavu dont nous avons ete temoin
Lorsque nous escaladions la colline de Kabare, a la suite de
Karhale, le mercredi 30 octobre 1996, fuyant en catastrophe le
carnage en ville, celui-ci declarait avec un semblant d'assurance
que
Les militaires rwandais ont a faire avec leurs freres refugies.
Nous allons retourner en ville dans quelques jours des qu'ils
auront termine leur tache.
D'autres sud-Kivutiens prenaient le chemin de Kisangani ou de
Kinshasa oui ils esperaient suivre cette operation de reglement de
comptes inter-rwandais en attendant le retour. Seuls ceux qui
connaissaient les vrais enjeux de la guerre ont pris directement le
chemin de 1'Europe et de 1'Amdrique. Les uns et les autres
prenaient un repli strategique comme les "gros poissons" Tutsi qui
avaient traverse la frontiere pour le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi quelque temps avant septembre 1996 apres avoir vendu
leurs biens (maisons, 6tablissements commerciaux, et fermes)32 ou
les avoir confies a des amis pour gestion temporaire. Ainsi, ils
etaient scirs de rentrer en force. Et lorsque les Hutu zairois 6taient
systematiquement 1limines (CIM 1997; APREDECI, CREP et GVP
1997; SEJEMA 1999), beaucoup de gens a Goma ne semblaient pas
s'emouvoir. Comme pour marquer leur approbation a cette
purification ethnique, ils n'hesitaient pas a s'exclamer: "si ni
bamagrivi basi! 33 Autrement dit, pourquoi s'en faire puisqu'apres
tout, les cibles des massacres ne sont que les "magrivistes,"
entendez Hutu. Mais, des que l'administration AFDL, install6e en
novembre 1996 au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, a commence a s'en
prendre a quelques leaders d'autres ethnies, des voix de plus en
plus nombreuses se sont 1levees pour crier au scandale. Et les
choses se sont gatees davantage quand les grands leaders comme le
ministre, depute, President du Regroupement de l'Opposition
Parlementaire de l'est du Congo (ROPE) et membre honoraire du
Comite central du MPR, M. Lumbulumbu, Mgr. I'Archeveque de
Bukavu Emmanuel Kataliko, M. Mutiki, un grand commergant '
Kiwanja / Rutshuru furent plus tard les premieres cibles (ils ont ete
tous tues). L'enjeu de la rebellion Tutsi, aussi appelee "guerre de
liberation," etait plus complexe dans sa planification et son
execution qu'il n'etait apparu en septem

Kivutiens qui avaient ete directement o
dans cette guerre du Kivu34 (anti-Hutu,
dit clairement)35 ont servi de marche-pie
par les armees Tutsi des trois pays voisin
leaders du Kivu sont tombes dans le pieg
politique, leurs calculs et alliances ant
actuelle est a la mesure de leur deceptio
jeunes sont sur tous les fronts et les pol
retranchent derriere le mur de l'anon
desesperement de trouver le moyen de laver l'affront de
l'humiliation. Enlises encore dans la mentalite et l'engrenage
mobutistes, ils ont du pain sur la planche.
La crise du Kivu est ensuite la combine

de 1'opposition.
La classe politique du Congo a perdu toute credibilite. On s'en
moque sans reserve et gene (Sebasoni 1998).36 Hier, l'opposition
non-armee a brille par ses divisions internes et son manque de
lucidit6 et de realisme. Aujourd'hui comme hier, l'opposition
armee multiplie ses declarations d'une pretendue "liberation -
revolution" sans convaincre; elle est prise en otage et manipul~e
comme un jouet par des groupes d'interets etrangers. Que Laurent-
Desire Kabila et Kisase Ngandu se soient engages dans la guerre
des Tutsi (les deux ont ete assassines, meme si tous leurs allies
Tutsi dans I'AFDL sont toujours en vie), en octobre 1996, que des
professeurs d'universite (Z'Ahidi Ngoma, Lunda Bululu, et Ernest
Wamba dia Wamba), entres avec fracas a la tete de leur deuxieme
guerre en aoait 1998, soient sortis sur la pointe des pieds37 ou aient
ete "mis hors jeu par [le jeune] Bizima Karaha" (Kin-Kiey 1999b, 7),
cela n'est pas de nature a redorer le blason de l'opposition.
Comment est-elle tombee si bas jusqu'a devenir la risee de tout le
monde? Les raisons sont multiples; parmi elles, deux erreurs
majeures donnent la meilleure explication de cette triste situation.
Les opposants ' Mobutu, qu'ils aient ete ses vieux compagnons
des annees 1960, des jeunes, convertis au mobutisme ou des
independants, avaient tous fait de son depart une fin en soi; ils
avaient oublie de reflechir sur l'ordre post-Mobutu et surtout sur
sa gestion. Le "8te-toi que je m'y mette" ou le reglement de
comptes avec Mobutu fut la premiere gra

vite compris l'inefficacit6 de ces opposants lorsqu'ils se
fourvoyaient et s'enlisaient dans des querelles pour le partage des
ministeres ou des directions de grandes entreprises para-6tatiques
en vue de remplir leurs poches ou leurs comptes bancaires a
l'6tranger au lieu de mettre en avant les int6rets du pays. Les
sentiments populaires envers l'Opposition a la CNS et dans
l'imm6diat apres CNS sont pass6s progressivement du chaud au
froid de sorte qu'a la veille de la guerre AFDL, celle-ci avait d6ja
perdu la confiance du peuple et 6tait renvoy6e dos A dos avec
Mobutu et son camp de la mouvance presidentielle. Kin-Kiey
Mulumba avait d6ja trouv6 des mots tres durs pour d6peindre ce
tableau en 1991:
En g6n6ral, la classe politique zairoise ne merite rien sauf
l'opprobre. Tous les discours, toutes les sp6culations, toutes
les surencheres ne visent qu'un but: se positionner dans la
nouvelle geopolitique nationale, en cherchant a se sauver
seul.... Quel politicien a donc le sens de l'int6ret national?
Quel homme politique souhaite v6ritablement la tenue d'une
Conference nationale souveraine? Dans la cat6gorie grand
calibre, personne, personne; ni dans l'opposition trop qualifie
de dure -celui de l'Union Sacr6e- ni dans le camp de pouvoir a
qui on colle all6grement l'6tiquette de conservateur (cit6 par de
Villers 1997, 26).
L'auteur de ces mots ne fait malheureusement pas exception; peut-
on comprendre comment sept ans plus tard (1998), il est devenu le
griot du RCD, le bras droit de l'APR (Arm6e Patriotique
Rwandaise) en RDC? Decid6ment, la prostitution politique, un
concept utilis6 abondamment dans la RDC pour d6crire les maux
dont souffrent les politiciens congolais, continue a faire des
ravages tous les jours. Pour sa part, le Professeur Hugues Leclercq a
fait une analyse correcte de l'6volution de la mentalit6 du peuple
zairois / congolais en concluant:
... les groupes miniers et les pouvoirs qui utilisent Kabila
(octobre 1996-mai 1997) comme levier pour chasser Mobutu
n'ont pas conscience du profond changement de mentalit6 qui
fermente a la base (au sein de toutes les couches de la
population) au cours des dernieres ann6es.... L'Occident n'a 6t6
attentif qu'aux manoeuvres steriles de l'1lite politique de
56 CJAS / RCEA 36:1 2002
Kinshasa qui n'avait plus aucune

(cit6 dans REC-Info, no.3, 10 juin
Cette maturite politique du peupl
tout aventurisme et tout deviatio
allies ougandais et rwandais n'ont pa
Ce serait egalement une legon pou
avec certaines personnes choisies d
Uvira, Butembo et Beni en faisant
vue de la base dans le Kivu oublie (l'a
La deuxieme grande erreur est
bouleversements qui s'operaient d
notamment la portee de l'invasio
octobre 1990 a partir de l'Ougand
briile, dit-on, il faut craindre pour
pouvoir reposait desormais au bo
comme mode de gestion des pro
applaudi la "revolution FPR" au
pertinents qu'il convient de rappe
d'indices qui montrent que l'opp
d'opportunisme et/ou de mauvaise p
soit de combines qui en fin de c
premier lieu, il y a la reaction A l
zairois au Rwanda en octobre 1990 pour soutenir l'armee
gouvernementale contre l'invasion du FPR. Au Parlement,
certains deputes du Kivu ont salue cette intervention comme un
acte destine a prevenir un danger menagant le Kivu; par contre, la
plupart de leurs collegues non-Kivutiens l'ont attaquee
violemment. Cette hostilite se justifiait non pas seulement parce
que Mobutu n'avait pas eu l'approbation prealable du Parlement
pour envoyer des troupes dans un conflit exterieur au pays, mais
aussi parce qu'ils avaient le sentiment que ce qui se passait au
Rwanda etait purement interne et ne constituait aucune menace
pour le Zaire. Et pourtant, certains militaires de ce contingent
ainsi que de l'equipe d'officiers chargee de veiller a l'application
des accords de la N'Sele (1991) etaient des Tutsi. L'un d'entre eux
etait meme charge de la securite militaire pour les trois pays, le
Zaire, le Rwanda et le Burundi; aujourd'hui, il serait l'un des
grands commandants dans le Masisi. Meme le general Mahele qui
a commande le contingent a ete soupgonne, ~ tort ou a raison, de
jouer le jeu des Tutsi. Des temoins rapp

accueilli a sa descente d'avion de Kin
repr6sentants du lobby Tutsi (tres fort et act
depuis 1987-88) avant de traverser la frontie
son bref s6jour au Rwanda est diverseme
soldat pour les uns, traitre pour les autres. C
avril 1997 au profit de I'AFDL (Soudan
detracteurs a dire qu'il n'en etait pas a son p
fait est peut-etre banal, mais il montre q
FPR atteignaient les sommets de certaines in
faut bien se rendre compte qu'on est d
situation curieuse. En deuxieme lieu, les
entre Mobutu et Habyarimana39 ont pou
Mobutu a se jeter dans les bras du FPR. Le
ennemi est mon ennemi" s'est applique au
la rebellion Tutsie. La collusion entre le FP
Mobutu remonte a cette periode. Elle appe
analyse plus minutieuses.
Nous nous arretons ci-apres a quelques
yeux. L'UDPS est la premiere organisation
avoir applaudi la guerre du FPR et salue
victoire en juillet 1994. Depuis cette date, les voix de ses
representants ont fus6 de partout (Etats-Unis, Europe, et Afrique
du Sud) pour louer son succes et le vanter comme un module "a
suivre pour le Zaire. Nous n'avons pas de preuves qu'un lien direct
entre 1'UDPS et le FPR ait exist6,. Mais, Eyenga Sano y voyait plus
qu'une simple rumeur dans un article qu'il a intitule "selon le frere
de Tshisekedi, Paul Kapita, I'UDPS complote avec le FPR pour la
secession du Kasai" (HEBDO JUA 5 juin 1995: 2). Des que les Tutsi
du monde ont pris les armes en septembre et octobre 1996 et ont
lance une agression contre le Zaire a partir du Kivu sous le
suppletif Banyamulenge, les tenors de ce parti "phare" de
l'opposition anti-Mobutu y ont vu, non pas une agression, mais
bien une guerre civile. Cette replique de Syndicat d'initiatives et
d'appui aux mouvements associatifs du Kivu (SIMA-Kivu) (une
ONGD basee en Belgique) a cette attitude pour le moins
surprenante et controversee, resume la colkre de beaucoup de
Kivutiens:
A Madame Justine Mpoyo Kasa-Vubu, UDPS-Benelux. Les
58 CJAS / RCEA 36:I 2002
membres de l'Asbl Sima-Kivu

et protestent 6nergiquement
position de hauts dignitaires
que vous avez relayde en Belgiqu
En effet, voici comment Marys
journal parlk de la Radio-t l6vis
L'UDPS a d6cide de rompre t
de soutenir la rebellion zairoise dans le Kivu. Les hommes
de Laurent-D6sir6 Kabila ont choisi la force de l'UDPS et il
faut bien constater que c'est le seul langage que peut
comprendre le Marechal Mobutu. De quelle maniere
l'UDPS va-t-elle apporter son soutien aux rebelles, Justine
Mpoyo, Kasa-Vubu, porte-parole de l'UDPS? ... Cette
nouvelle position de votre parti demontre soit une
meconnaissance de la r6alite de la guerre des Grands Lacs,
soit un mepris total pour les populations du Kivu dont de
nombreux membres de l'UDPS vivent sous l'humiliation
de l'occupation, apres avoir perdu des centaines des leurs
dans cette guerre.... De nombreux membres de l'UDPS et
toute la population du Kivu demeurent fermement anti-
mobutistes, mais ne peuvent comprendre ni accepter qu'au
nom d'un combat politique pour le pouvoir hic et nunc,
1'UDPS s'engage a couvrir ceux qui, avec les 6trangers, ont
tue, blesse, humilid et aggrav6 les souffrances des Zairois
vivant au Kivu. Un desespoir politique permet-il toutes les
compromissions au point de vouer aux oubliettes la
memoire du repr6sentant de l'UDPS a Bukavu en
l'occurrence feu Jean-Pierre Biringanine assassin4 par les
rebelles? (Cishambo, Mamboleo et Nashi 1997).
En fait, des politiciens non-originaires ont considere la guerre
du Kivu entre octobre 1996 et mai 1997 comme la guerre de
autres. Ne voyant 'a l'6poque aucun danger pour les autres
provinces, ils s'y sont impliqu s le plus aux c6tos des envahisseur
ougandais, rwandais et burundais. Ainsi, le premier Comit6
Executif de I'AFDL a dtd constitu6 "presque exclusivement de
Tutsi et de Baluba" (REC-Info, no.1, 10 avril 1997: 2). Beaucoup de
gens s'imaginaient mal que les Tutsi puissent pousser leurs
ambitions jusqu'a Kinshasa et y imposer leur loi. Leur tendance
aurait et6 de fermer les yeux sur ce qui se passait au Kivu, pourvu
que cela facilite la chute de Mobutu et

Kinshasa. Cette illusion a tourn6 court et le d6senchantement a
6te total lorsque, entre mai et juillet 1997, des allies-cl6s du FPR au
sein de l'opposition non arm6e n'ont pas 6te associes au pouvoir et,
pire encore, certains d'entre eux ont 6t6 r6duits au silence. Les
d6clarations de Tshipamba Mpuila et de Tshisekedi traduisen
l'6tat de deception en des termes assez durs. Le premier dut avouer:
Nous decouvrons qu'il y a un vaste plan h6g6monique prepare
depuis longtemps par certaines personnalites africaines et
etrangeres et par certains pays. Les veritables commanditaires
de ce plan sont les Etats actuels du Rwanda et de l'Ouganda. Ce
ne sont plus seulement des doutes. Il y a de plus en plus de
confirmations a partir de ce qui se passe en Ouganda, au
Rwanda et a partir meme des personnalit6s qui composent
I'Alliance, leur comportement dans notre pays ... (Mpuila
1997, 9).
Du second, le journaliste Fr6d6ric Champon a rapport6 ce qui suit:
Au lieu de discuter avec l'opposition et restaurer la
d6mocratie, Mr Kabila a amen6 avec lui les Rwandais.
Aujourd'hui, on voit la cons6quence (ref6rence A la deuxieme
guerre Tutsie qui, a partir du 02 aoIt 1998, vise a le renverser).
Les Congolais doivent etre laiss6s libres pour resoudre leurs
problemes parmi eux-memes (1999, 4).
Avec les volte-faces frequentes de ses leaders, I'UDPS a perdu
le peu de cr6dibilit6 qui lui restait au Kivu depuis la guerre des
Tutsi. Tout le monde reconnait maintenant que "l'6pop~e de la
guerre au Rwanda n'@tait que le premier 6pisode de l'embrasement
du Zaire" (Beyeye 1996, 4). Bien que les vrais enjeux de la guerre du
Kivu aient 6clat6 au grand jour, les opposants anti-Kabila ont
continu6 a servir de tetes de pont A l'occupation du Kivu par les
Tutsi depuis le 2 ao t 1998 et anti-autorit6 centrale a Kinshasa
depuis l'assassinat de Mzee Kabila le 16 janvier 2001, contribuant
par ce fait meme a la realisation du plan de la partition de facto du
pays. Ce sont encore les non-originaires du Kivu (les Ondekane,
Bemba, Chapulu, Wamba dia Wamba, Lunda Bululu, Emile Ilunga,
Ilunga Shamwanga, Onusumba, Albert Mende, et Kin-Kiey
Mulumba) qui, a partir de Kigali, Kampala, Goma, Kisangani,
Mbandaka, Bunia, ont jou6 ou jouent le jeu des envahisseurs
comme Kabila, Kisase Ngandu et compagnie l'avaient fait il y a
60 CJAS / RCEA 36:I 2002
cinq ans. Ce sont aussi ces intelle

Congo au conflit Hutu-Tutsi lorsqu
ni Tutsi" pour ne pas d6mrler se
indifference face aux bevues de I'AFDL et du RCD l'encontre des
Hutu ou Tutsi ou d'autres populations du Kivu qui sont prises en
otages. Dans ce jeu, des Kivutiens non-Tutsi (Tambwe, Mudumbi,
Ngangura, Nyamwisi Mbusa, Mpabuka, Basengezi Katintima,
Eugene Serufuri, Gertrude Kitembo et Mme Elysee Munembwe,
pour ne citer que les grands) qui y 6taient ou y sont associ6s etaient
ou sont entour6s par des adjoints Tutsi puissants (Ruberwa, Bizima
Karaha, Nyarugabo, Serukiza, Kamanzi, et Muheto), servant ainsi
d'autorit6-6cran. Les uns et les autres sont, au nom de l'opposition
anti-Kabila et, vraisemblablement, anti-katangaise, partie
prenante d'un programme qui menace l'int6grit6 territoriale et est
honni par la majorite des populations du Kivu.40 Les auteurs des
accords de cessez-le-feu signes "i Lusaka (Zambie) le 10 juillet 1999
n'ont pas tenu compte des aspirations de ces populations; ils ont
fait I'affaire des 6trangers qui operent dans le pays, de quelques
"intellectuels et hommes politiques qui asservissent leurs peuples
avec l'6trange bonne conscience de les servir" (Metena 1996, 601).
Feu Mgr. Emmanuel Kataliko (mort le 4 octobre 2000 dans des
conditions qui rappellent celles de son pr6decesseur Christophe
Munzihirwa) ne I'avait pas cache en utilisant cette petite phrase
"chercher la paix sans le peuple" pour qualifier les negociations
qui ont abouti i ces accords et a d'autres tractations ad hoc. Les
Congolais, marionnettes des troupes d'occupation, y voient l'6tape
d6cisive dans la conquAte du pouvoir a Kinshasa (Kin-Kiey 1999a,
3), alors que les ambiguit6s qu'il comporte sont source de tous les
dangers. Ludo Martens (1999) jette une lumiere sur les dessous de
ces accords; proche de Kabila, il ne cachait pas, i l'instar d'autres
analystes, le scepticisme quant au succes de leur application.
Faudrait-il comprendre partiellement I'assassinat de Laurent-
D6sir6 le 16 janvier 2001 dans ce sens? Ce n'est pas exclu, dans la
mesure oiu ceux qui en retirent les dividendes ont salu6 fierement
ce fait ignoble comme la disparition d'un grand verrou (et les
autres grands verrous?) faisant obstacle a la paix en RDC. Ce
scepticisme est renforc6 par le fait que ceux qui voient dans ces
accords une chance unique et, partant, l'absence "de toute autre
alternative" pour le retour i la paix, mettent en avant les
declarations d'intention des leaders de

Kagame et Buyoya en premier lieu) tout en
aux demandes et preoccupations du peup
intentions des Etats-Unis pourraient,
determinantes comme le ministre belge
Louis Michel, l'a clairement dit A la veill
Etats-Unis sur les ondes de la radio en a
quelle direction prendront-elles et A quels
La crise du Kivu est enfin le merce

Nationale
Le Nord-Kivu 6tait, depuis une douzaine d'ann6es, la province
plus militarisee dans le pays. Tout a commence quelque temps
apres la prise du pouvoir en Ouganda par Museveni en 1986. Pou
des raisons qui restent a clarifier, Mobutu a depech6 des militaires
pour stationner dans le territoire de Beni (Nyabirungu 1992, 17
Paluku 1993b; Rapport de la Commission Vangu 1995, 16), ils y
sont restes jusqu'a la guerre de I'AFDL. Des que la guerre a 6clate A
Walikale, Masisi et au Bwito (Rutshuru) en 1993, Mobutu a du
"placer ses propres soldats dans le Nord-Kivu pour faire cesser ce
massacres: 500 militaires de la Division Sp6ciale Pr6sidentiell
(DSP), des gendarmes de la Kasaza et la garde civile" (Nzabar
1996, 56). L'arriv~e de cette premiere vague de militaires a Goma et
dans les zones troublees coincidait avec la mise en place d'un
Commission regionale de pacification (juillet 1993) qui a 6t6 plus
malkfique qu'autre chose (Bucyalimwe 1999b, 249-51). Par la suite
on a vu d6barquer tour A tour plusieurs paracommandos, soldats du
camp Centre d'entrainement des troupes aeroportees (CETA), d
l'Operation "Kimya" et, de la derniere en date, l'Operation
"Mbata" a partir de Kinshasa, envoyes par les gouvernement
Birindwa et Kengo avec la benediction de Mobutu. Au lieu d
travailler pour la paix, tous ces militaires, en commengant par l
hierarchie, se sont int6ress6s aux pillages, aux extorsions et aux
petites affaires. Les vaches de Masisi ont 6t6 les premieres a fair
les frais de ce business des hommes en uniformes (Menga 1996
5);41 elles ont suivi les biens des refugi6s Hutu rwandais (vehicules,
motos, appareils 1lectroniques, devises). Enfin, les armes reprise
aux militaires des ex-FAR ont 6t4 vendues a 1'APR, aux futurs
combattants de L'AFDL et a diff rentes milices ethniques active
62 CJAS / RCEA 36:1 2002
ou en formation dans le Sud-Kivu et le Nord-Kivu. Non-r6muneres

et non-approvisionnes en vivres, ils ont v6cu sur le dos des
populations locales et ont 6t6, en consequence, impliques dans les
crimes 6conomiques et instrumentalists dans les conflits inter-
ethniques par certains politiciens du Kivu et membres de
l'Administration Moto Mupenda, des gouvernements Birindwa et
Kengo (Paluku 1993b; Gouvernement de transition de la
Republique du Zaire 1993; Beyeye 1996; Wadambe 1996; Mopepe
1996).
A l'clatement de la guerre de 1'AFDL, les populations du Kivu
ont 6t6 abandonn6es a leur triste sort. Le Haut Commandement
militaire des deux provinces (Sud et Nord-Kivu), dans son
ensemble et pour des raisons diverses (mariage, alliances
mafieuses dans le trafic des vaches et, parfois, des minerais;
alliance ancienne avec les membres actifs et "sympathisants" du
FPR au Kivu et, par consequent, impliques dans la destabilisation
des r fugies Hutu) a compl tement oublie sa mission de prot6ger le
territoire national et les citoyens du Kivu. Les propos ci-apres
montrent a quel point certains Zairois avaient perdu la confiance
dans la capacit6 de l'armee A accomplir sa mission:
Nos officiers qui ont et6 envoyes dans les zones dites
operationnelles de Bukavu et de Goma sont envahis par un
bataillon de filles Tutsi angeliques [qui font des navettes entre
le Zaire et le Rwanda sans arret]. Peut-on penser un seul
instant que ces filles soient attirees par la solde de nos soldats?
Un autre phenomene bizarre est le nombre impressionnant des
militaires aux origines obscures rwando-zairoises au sein des
FAZ et de la gendarmerie dans ces zones operationnelles.
Comment ont-ils fait pour &tre au bon endroit et au bon
moment? La nation est en preavis zero. [II le disait pour]
denoncer le complot ourdi contre le pays, des complices a tous
les niveaux, meme au sommet de l'Etat [allusion au
gouvernement Kengo] (Beyeye 1996, 3).
Cette guerre a devoilk la vraie image de l'Arm~e "Nationale" qui
rappelait celle du pouvoir moribond de Mobutu.
Sur place, nous avons constat6 deux categories de militaires.
Une petite poignee, en general des gendarmes originaires du Kivu,
qui combattaient contre les envahisseurs ougandais, rwandais et
burundais, 6tait handicapr e par le manque d'6quipement et
d'encadrement et decourag~e par l'attitude v

de la hierarchie militaire. Sept gendarmes,
Murhesa-Miti-Kavumu et portant leurs fusil
ont exprim6 leur deception, au debut du mo
dans un village de Kabare ou ils nous ont ren
Constatant notre profonde inqui6tude, ils nous
concitoyens, la guerre actuelle est politique
Nous avions alors compris que nous n'6tio
contrairement a ce que nous pensions naive
d6cider d'un plan, chacun le sien, entreprise bi
des militaires, presque tous non-originaires, a d
d6bandade. Les gens du Kivu se rappelleront
semee par les militaires 6vacuant leurs fa
Luberizi (plaine de la Ruzizi) et Saio (Buk
menace ne soit perceptible, l'embouteillage et
regnait A l'a roport de Kavumu entre le sam
octobre 1996, lorsque chaque militaire voula
les derniers avions pour Kinshasa avec sa fam
les effets ou les biens pris aux maisons q
n'oublieront pas tous ces militaires qui, fuy
Kisangani avec des vehicules remplis de bien
dans l'embuscade des Bapiri / Katuku a B
deshabiller et d6sarmer par des jeunes en g
n'avaient jamais appris a manier un fusil. Plu
vie non pas combattant l'ennemi et d6fen
national, mais payant les frais de leur lachet6,
leur vandalisme. Ceux qui ont pu d6passer l
n'ont pas emport6 tous leurs biens ou ne le
parvenir A destination.
Le slogan du genre "Pourquoi mourir au Ki
Kivu ont vendu leur pays" pourrait etre interp
et chaque interpr6tation reste plausible. La p
ces militaires, non-originaires et corrom
envahisseurs, serait de se dire: a quoi bon mour
si les 6v6nements du Kivu affectent les autres
une menace pour la province d'origine et,
proches parents? Cette perception 6tait d
Kivutiens qui, se sentant trahis et aband
"Nationale" souhaitaient voir le command
64 CJAS / RCEA 36: oo2002
d'operation confi6 aux fils du terroir. Le

precipites de sorte que ce vceu n'a pas 6t6 ex
dire que c'est pour dissimuler leur impuiss
frappe de l'ennemi et/ou manque de patrioti
un faux fuyant dans ce slogan. Le refus de
etait 6galement une autre donnee essentie
situation de guerre sans arm6e,.beauco
accepter que leurs enfants r6pondent
rejoignent le groupe des "kadogos." Cont
pense, la plupart d'entre eux s'y 6taient eng
d' aller apprendre le maniement d'armes,
defendre le Kivu et le liberer des envahi
avait depasse le seuil du tolerable (crachat
selectives et massives, appropriation de
d6montage des usines) entre octobre 19
derniers n'etaient pas naifs comme l'a m
reserve aux recrues "kadogos" a Kisang
pays.42 Ceux qui ont echappe a la tuerie p
rang des Mai Mai. Le ralliement du gen
compagnons du Kivu au mouvement Mai Mai des le
declenchement de la deuxieme guerre des Tutsi est, une nouvelle
fois, la preuve que les Kivutiens sont de plus en plus conscients du
fait qu'ils doivent compter davantage sur eux-memes que sur
Kinshasa. Decidement, I'apres-guerre AFDL/RCD ne sera pas
comme avant dans les relations Kivu-Kinshasa, aussi bien dans le
domaine politique que militaire. Ii faudra tenir compte de cette
donnee, surtout de la dynamique mal mal dans sa comprehension
actuelle, que les auteurs des accords de cessez-le-feu de Lusaka
refusent de considerer comme l'expression d'un peuple de9u dans
ses ambitions legitimes. Ne pas y accorder d'attention particuliere
dans le dialogue pour la paix, c'est travailler contre la paix au Kivu.
Conclusion
N'ei^t ete la complicite interne, la guerre expansionniste des Tutsi
au Congo n'aurait pas atteint le stade actuel. De l'alliance
politique au sein du "systhme MPR" A l'opposition anti-Mobutu et
anti-Kabila, les compromissions ont ete nombreuses. Dans le
premier cas, les liens avec le clan Bisengimana et les reseaux
connexes ont emprche les leaders zairois /congolais de traiter
serieusement le ph6nomene r6fugi6 Tutsi do

les enjeux politiques debordaient le cadre
s'embarquaient, consciemment ou non, da
les Tutsi sans en mesurer les imbrication
utilis6s par les r6fugi6s Tutsi pendant des
d'un plan dont ils 6taient les seuls A detenir
actuelle des Tutsi au Kivu est la derniere p
a pris forme dans les ann6es 1970.43 Les ten
le cours des 6v6nements (voir la loi de 198
le6gret6 et la discrimination dans l'exa
nationalit6 a la CNS, l'application de la "g6opolitique")
intervenaient trop tard. Elles ont plut8t cr 6 des conditions
favorables au coup de force actuel des Tutsi.
Dans le deuxieme cas, la vision a court terme de l'Opposition a
conduit a de nouveaux types d'alliance dont une fois de plus, elle
n'6tait pas maitresse. L'AFDL et le RCD44 ne font que parachever
la tutsisation du Kivu entreprise sous le r6gime monopartite de
Mobutu. L'opposition d'hier et celle d'aujourd'hui, prises en otage
par le lobby Tutsi, ne pouvaient, dans ces conditions, ni apporter
les changements souhait6s par le peuple ni promouvoir "motu
proprio" leurs propres int6rets. En quelques mots, les Zairois /
Congolais du Kivu et d'ailleurs ont, selon leurs preoccupations
particulieres et les circonstances, jou6 le jeu des Tutsi dont la
composante "refugie" a toujours 6t6 le pivot et la premiere
ben6ficiaire. Sur ce point, les Tutsi congolais se sont aussi fait
dribler. Aujourd'hui, leur position n'est pas particulierement
brillante dans le pays: instrumentalis6s par les gouvernements
National Resistance Army (NRA) en Ouganda,45 FPR au Rwanda
et Union pour le proges national (UPRONA) au Burundi et
brandissant le fusil comme "leur Dieu" et leur unique protecteur,
ils sont boud6s par tout le monde. Le fait que certains d'entre eux
soient montes au creneau ces derniers temps pour d6noncer le
conflit de leurs int6rets avec ceux de Kigali en RDC et de se
distancer de Kigali est un signe qu'ils ont commenc6 A comprendre
l'erreur qu'ils commises en acceptant cette instrumentalisation.
Ce qui les rapprocherait des autres kivutiens qu'ils ont jusqu'ici
vilipendes jusqu'a la diabolisation.
La prise de conscience de l'erreur par ces alli6s des Tutsi a 6t6
tardive. Certains se sont efforc s, non sans compromettre les
interets du peuple, de se soustraire A l'engr

de Kabila, Z'Ahidi Ngoma, Ngangura,
d'autres que nous ne citons pas ici. D'autr
ne peuvent plus reculer sans mettre en dan
donc obliges de continuer ia servir les 6t
pertinemment qu'ils contribuent a l'as
concitoyens et s'attirent leur d6sapprobat
uns et les autres, politiciens et militaires
dans une situation oiU il leur est impossible
peuple vers un mieux-etre. Cet 4pilogue de
anti-Kabila a 6clabouss6 et discredit6 la cl
particulier et du Zaire / Congo en g6neral.
est aujourd'hui placee dans une position
celle des Tutsi congolais; elle risque d
longtemps. II faudrait un sursaut d'o
L'imposition a la tete de l'Etat d'un jeune
est une gifle de plus qui devrait d6clencher
Le Professeur Andr6 Ilunga Kabongo e
premiers a comprendre les dessous de cet a
pour le d6noncer. Il demande, a cette
congolaise de se reveiller pour r6ussir 1" ou
Mais, avant meme que les origines c
clairement connues et v6rifiees, un
dlabore et les principaux collaborateurs
nous sort comme president au term
processus le "fils" de Kabila a qui les p
occidentales accordent reconnaissance
pieds de qui elles deroulent le tapis r
arguments 6voques ne resistent pas a une
"jeunesse," inexperience certes mais de
"tendance moderne," "6lgance" (une sta
allke jusqu'a dire qu'il 6tait le president
dire habill6 a la mode du continent).... S
tomber dans le panneau et revivre c
g6neration ont vecu depuis 1960, elle n'au
elle-meme (Ilunga 2001, 5).
En s'adressant ensuite a ses congeneres, il
Ce qui arrive a notre jeunesse congol
l'effet d'une loi universelle que les Hind
Karma ou du choc en retour. Nous subisso

de nos actes (Ilunga 2001, 5).47
Notes
SL'ombre du genocide au Rwanda, la psychose des perspectives 1lectorales

que les theoriciens de l'anti-ethnisme qualifient de recensement ethnique
ou racial (Kanyamachumbi 1997; Rutazibwa 1997), la guerre de 1993 dan
Walikale, Masisi et Bwito (Rutshuru) et l'arrivee de plus d'un million e
demi des refugies Hutu Burundais et Rwandais au Kivu depuis octobr
1993 et juillet 1994 respectivement alimentaient un fort sentiment anti-
Hutu.
2 En effet, Ludo de Witte n'a pas tort d'affirmer qu'

... une fois le mouvement nationaliste decapite, et A defaut d'un
alternative bourgeoise solide, le Congo ne peut tre maintenu dan
son integrite que par la poigne de fer de Mobutu, dans la tradition de
Ldopold II et du general Janssens. Mobutu s'est entoure d'une cliq
de militaires et de bureaucrates autoritaires, lies de pres a d
commergants et des speculateurs de tout poil. C'est un cart
d'interets qui a forme le noyau de la bourgeoisie nationale du pay
Cette bourgeoisie qui, des decennies durant, a parasite la populatio
congolaise, fait partie integrante du capitalisme international (200
350).
Ses propos sont quelque peu corrobores par le dernier rapport du groupe
d'experts de I'ONU sur le pillage des ressources au Congo, rapport qui
montre l'implication des membres du gouvernement de Kinshasa et des
chefs rebelles dans la criminalite economique et, implicitement, la
continuite de la collision des autorites du pays avec des groupes d'interets
mercantilistes exterieurs.
3 On comprend difficilement les effets de leur politique si on ne tient pas
compte des actions de plus de vingt-cinq ans de leurs relais a Goma,
notamment Mgr. Faustin Ngabu, Mgr. Gerard Mwerekande, Mgr. Patient
Kanyamachumbi, Pasteur Ruterahagusha, les mulatres Kasuku wa Ngeyo
et Ngezayo Safari.
4 L'un des theoriciens de ce peril, Eugene Muhima, ecrivait dejA ces mots
sans equivoque:
L'on doit, par tous les moyens, extirper du Nord-Kivu, l'ideologie
integriste que vehiculent quelques intellectuels revenchards au nom
d'une soi-disant exploitation seculaire du peuple Hutu, car elle
contient les germes non seulement de la destabilisation politique de
tout l'espace politique interlacustre mais surtout du genocide des
minorites ethniques Hunde, Nyanga, Tembo et Tutsi de l'Est du Zaire
(1993, 8).
Peut-on, d&s lors, ne pas conclure que la coalition

et Tutsi contre les Hutu dans la guerre de 1996 n
tout par cet imperatif ethno-politique? Rappeler
denoncer tous ses contours, est-ce verser dans la
s Certains d'entre eux n'h6sitent pas A affirmer,
que l'occupation du Kivu empecherait les Hutu et
recourir aux genocides pour acc der au pouvoir et
qui sont associes a son exercice. Celle-ci est d
exutoire) pour les problemes d6mographiques e
Un langage qu'on etait loin d'entendre au d6bu
ans.
6 Si l'ensemble de la population du Kivu avait bascule dans le

partition du pays, la realite aurait 6te diffdrente sur le terrai
7 Decid6ment, depuis que le ministre des Affaires 6trangeres
a dit qu'il fallait "comprendre le Rwanda" quand celui-ci
nouvelle guerre contre le Congo, le 2 aoit 1998, les chose
pas avoir evolue substantiellement en Belgique et, peut-et
Occident dans le souci de reprimer l'agression et toute s
malheurs. L'encouragement de la politique suicidaire et d
regime FPR au Kivu contraste avec les discours officiels q
par moments.
8 "La guerre comme spectacle." Nairobi, 7 juin 1999: 10. L'auteur a signe
sous un pseudonyme.
9 La guerre dite de Masisi n'a suscite aucun emoi pendant trois ans (1993-
96); elle est restee une "guerre oubliee." Quand on en a parle (voir le
numero 192 de la Revue Dialogue d'aouit-septembre 1996 qui lui a etc
consacre exclusivement), il est apparu plus tard qu'on preparait en fait le
public A la propagande Tutsie. Ce n'est qu'au cours des mois de septembre
et d'octobre 1996, avec la Rebellion Tutsie qualifiee par diversion de
"Banyamulenge," que l'expression "crise du Kivu" a commence 'a &tre
popularisee par les medias, les etudes tant inedites que publiees. Au moins
une vingtaine de publications consacrees a cette crise sont sorties durant
la courte periode de novembre 1996 a fevrier 1997. Il serait interessant
d'en faire un article-recension pour pouvoir mesurer la distance entre ces
etudes publiees A chaud et la guerre mediatique qui a occulte beaucoup de
donnees. La question est de savoir si ces etudes ne tombent pas dans le
piege de "l'urgence intellectuelle" et ne reflitent pas "l'observation quasi
amnesique de l'actualite" en jetant "l'arriere-plan historique dans le
decor." Ces expressions sont de Jean-Pierre Chretien (2000, 41). La nature
du regime AFDL-RCD au Kivu contraste avec le discours anti-ethniste
preche et n'est que la copie du modele FPR de reconciliation-mensonge au
Rwanda que Rony Brauman, Stephen Smith et Claude Vidal (2000)
denoncent avec veh6mence.

10 Mgr. Munzihirwa avait raison car il a 6te tu6 le 29 octobre 1996; pour
plus de details, lire l'abb6 Joseph Mukabalera (1998-99). En plus la guerre
provinciale est devenue nationale, voire internationale ("guerre mondiale
africaine" dira-t-on).
" Les modalites de cette comp6tition avaient dtd d6finies par la loi
1lectorale du 23 mars 1960 relative aux 1lections ldgislatives et
provinciales au Congo et la loi fondamentale du 19 mai 1960. Voir
Moniteur Congolais no.13, 28 mars 1960 et no. 21, 27 mai 1960.
12 "Le Kivu se disloque." Dignite Nouvelle, no.9, 25 avril 1962: 1, 6.
13 "Motion de censure a charge de MM. Moley Benezeth, Paluku Denis et
Kahindo Sylvestre." Dignite Nouvelle, no.12, 23 mars 1962: 3.
14 Ils manquaient de ce talent dont parle Isaiah Berlin et qui consiste en "la
capacit6 d'integrer un vaste amalgame de donndes en perpetuel
changement, multicolores, evanescentes, contradictoires ... une
perception aigue de l'harmonie entre des faits, de leur origine et leurs
consequences ... un pouvoir de synthese" (1998, 143-44).
15 Ce mot est utilise dans le discours politique au Nord-Kivu pour designer
distinctement les transplant6s, refugids et infiltres et identifier les deux
premieres catdgories a la dernitre.
16 Chefs coutumiers Hunde, "Nationalit6 zairoise aux Rwandais 6tablis
au Zaire." Lettre adressee au President de la Republique, Goma, 8 mars
1981.
17 Bushenge Hunde, Rapport de la Reunion tenue a Kitchanga, 9 fevrier

1991: 1.
18 Declaration de politique generale de la Societe Civile du Nord-Kivu a

la CNS, Kinshasa, 1991.
19 La Refirence Plus no.846, 23 septembre 1996: 4-6.
20 Ce d6pute du Bas-Zaire, a 6t6 envoye au Kivu a la tete d'une
Commission de quinze membres (Commission Vangu) en septembre
1994. Son but 6tait, selon certains analystes, de "mettre tous les
rwandophones dans des camps" (Nzabara 1996, 59). La Commission a
echou6 dans cette demarche. Mais, apres une enquete effectuee en hate et
aupres de quelques politiciens anti-rwandophones, elle a prdsent6 un
volumineux dossier tres contest6 dans les milieux rwandophones. Le
Conseiller de la Republique, Prosper Kanyankogote Mpagazehe 1'a
vivement critique en l'accusant meme de nier l'autochtonie des
Banyabwisha comme lui-meme, "Mise au point concernant le rapport de
la Commission Vangu au Nord et Sud-Kivu," Kinshasa, 28 avril 1995. Ce
rapport est comparable au Rapport Teuwen de 1966. Comme Vangu,
Albert Teuwen 6tait venu de Leopoldville a la tete d'une equipe de cinq
personnes pour enquater sur les "Banyarwanda" du Kivu. Son dquipe n'a
70 CJAS / RCEA 36:1 2002
ecout6 que les autorites coutumieres

rdfugies Tutsi; les administres n'ont jam
en a etabli est considdrd comme bibl
contest6 par leurs voisins Hutu et Tuts
21 CEREA est l'abr viation d'un ancien p
gens de diverses ethnies du Kivu (Batib
Weregemere, Rwakabuba, et Rwiyer
Regroupement Africain. Les Tutsi o
montrer qu'il avait une base multieth
d6tourner ainsi l'attention du publi
militaires de la trilogie, le FPR, le C
Kivu. UMUBANO n'est pas une abrdvi
ethnique Tutsie qui a repris le flambe
1990, apres avoir 6td refuse par la CN
adh&ra irr6gulierement A la plate f
l'Opposition Radicale (USOR) a Goma
22 "Lettre a la communaut6 chretie
'Obuguma bo boyirha engwi' (L'union fait la force)." Bukavu, 27
septembre 1996: 1.
23 Kalumbo, ancien maire de Butembo, est un Nande de Beni et proche de
Nyamwisi Muvingi. Celui-ci 6tait, au sortir de la CNS (decembre 1992),
l'un des hommes sirs de Mobutu: President d'un parti politique qui
portait son nom, la DCF/Nyamwisi, et ministre du gouvernement Nguz,
c'est lui qui avait fagonn6 l'administration provinciale en 1991. Il a 6t6 tu6
dans son fief de Butembo en janvier 1993, quelques semaines avant le
d clenchement de la guerre au Nord-Kivu. Bamwisho est le fils du
Professeur et d6pute Bamwisho de Walikale. Ce dernier est surtout connu
pour avoir dirig6 la resistance de la pouplation de Walikale contre le projet
des Tutsi (Cyprien Rwakabuba en tete) d'acquerir une grande partie de son
territoire. II mourut i Bukavu dans des conditions jusqu'ici non 6claircies
en 1987. Les siens verraient dans sa mort la main des "Banyarwanda" ou
des Tutsi plus prdcis6ment (Societe civile du
Nord-Kivu 1991, 21). Le vice-gouverneur etait donc plus interess6 par les
evenements de Walikale et Masisi que le gouverneur (il jurait la vengeance
de son pere) qui, lui, s'intdressait plus a l'6volution des 6vdnements dans
Rutshuru oui la rivalit6 Nande-Hutu a toujours 6t6 tres forte. En outre,
l'ordre mis en place par Nyamwisi a 6t6 demantel6 des qu'en juillet 1993
l'administration provinciale est passee sous le controle des Tutsi du
CEREA et UMUBANO, tous membres actifs dans ou sympatisants de la
guerre du FPR depuis 1987-88.
24 Au Sud-Kivu, il y avait des partis similaires comme le Parti
democratique pour le developpement communautaire (PADDECOM) de
Mwana Nteba (Bukavu), Rassemblement des dd

federalistes (RADIF) de Boji (Ngweshe), I'Union d'Action pour la
Republique (UDAP) de Lukama Nkunzi et le Rassemblement
Democratique pour le D6veloppement (RDD) de Namegabe (Kabare) dont
l'impact a ete minime face a une societe civile dont les partis politiques
dignes de ce nom n'ont meme pas pu rivaliser. Le Mouvement Solidaire
pour le Developpement (MSD) de Ndume ne semble pas avoir depasse le
terroir kinois pour s'implanter au Sud-Kivu au meme titre que ces autres
partis politiques.
25 Plus de trois-quarts des postes (gouvernorat, administration urbaine et
rurale, Divisions r6gionales) etaient contr861s par les Nande. Les Hunde,
Nyanga et Tembo qui ont obtenu moins que ce qu'ils attendaient ne
faisaient que bouder "en accusant les Banande de vouloir s'emparer de
tous les postes de l'administration publique et de services para-6tatiques,
d'avoir mis en chantier un plan diabolique visant a exclure toutes les
autres ethnies de la gestion du Nord-Kivu" (D.Y. 1995, 2); les querelles
n'ont pas manque parfois entre eux et le groupe majoritaire Nande qui
cherchait A tout controler.
26 Nyamwisi Muvingi (1991, 2) avait prevu cette guerre de maniere
quelque peu voilke.
27 Notre collkgue et ami, Professeur Boniface Rukatsi Hakiza a ete
assassine lIchement dans ces conditions le lundi 28 octobre 1996.
L'insecurite etait telle qu'il n'a pas pu etre enterre dignement par s
proches et ses amis. Deposee in extremis a la morgue de l'h6pital general,
sa depouille est enterree dans une fosse commune avec celles d'autr
personnes ayant subi le meme sort. Apres vingt-deux ans de servic
loyaux pour un pays et une province, une telle fin est regrettable et devra
interpeller tout le monde a Bukavu.
28 Mgr. Christophe Munzihirwa langait en vain un appel en faveur d'un t
dialogue, convaincu qu'il y avait encore moyen de ramener la paix e
d'dviter le pire dans la region, "Problematique des refugies rwandais
Kivu (Zaire) et danger d'implosion dans la region des Grands Lacs." Lettre
au Dr. Boutros Boutros Ghali, secretaire general des Nations-Unies,
Bukavu, 15 mars 1995, 2. Le professeur Filip Reyntjens (1998, 5) n'a pas d
le contraire plus tard: Le Rwanda et la region n'auront d'avenir que si
mode de gestion militaire cede la place A l'inclusion et au dialog
politique.
29 Cet aspect devrait etre approfondi pour permettre de comprendre les
raisons qui ont empeche l'installation des camps de refugies loin de la
frontiere du Rwanda. 11 permettrait aussi a tous ceux qui examinent la
presence de ces camps A cette frontiere sous un seul prisme (Arnold 1996;
Le Pape 2000) de confronter leurs points de vue a d'autres dimensions de la
crise des refugies au Kivu comme celle que nous

30 "Le 26 novembre 1994, le Gouverneur de R
instruction du Ministre de l'Interieur, a remis a
Kigali, 37 personnes dont 30 refugies rwand
tranplantes. Par ailleurs, le 28 avril 1995, le HCR
vote une resolution exigeant l'expulsion, sans co
r'fugi6s rwandais, etant entendu que ce qu'il
descendants des transplantds" (PANADI 1995
1997, voir AZADHO (1997, 7).
31 Bulambo (2000, 104) insiste sur cette coalition
Belgique ne le cache pas non plus, meme s'il
peuple nande par une preoccupation anti-dictato
du pays (Kasonia et al. 1997, 5). Au debut de
groupe ethnique avait sa milice armee: mai mai
(Nande), Bapiri ou Katuku (Tembo), kibarizo o
tard (des novembre 1996) en face de l'occupation
l'Ouganda, du Rwanda et du Burundi, un rappro
toutes ces milices qui ont adopte la meme den
la celebrite remonte A la rebellion de 1964 orga
ses compagnons nationalistes.
32 Revenus apres le controle du Kivu par I'AF
biens, meme ceux qu'ils avaient vendus sans rest
33 Lire "Ne sont-ils pas les membres de la M
agricole des Virunga (MAGRIVI) cr66e par que
1980 avait fini par etre identifide A la communa
luttes interethniques des annees nonantes.
34 Il y a meme des Hutu zairois que l'on a co
problkmes a cause des refugies Hutu et que
benefique. Ils ont donc participe a certains mass
Hunde, Nyanga et Tembo etaient armes milit
nande en Ouganda.
as Un peu plus tard, certains l'ont reconnu dans
chiffres: "Les Hutu forment 30% a 40% de la po
Nande A peu pres le meme pourcentage, du m
APR/AFDL en 1996-97 qui etaient diriges pr
Hutu" (Bucyalimwe 2000, 244-45).
36 "Vous (Congolais) devriez, au moins, nous etr
le petit Rwanda prendre ce qu'il veut prendre
travail A votre place. Je pense que 5 annees d'ac
votre pays ne serait pas trop vous demander, a
avons realise.... Vous n'etes que 44 millions d
vendre votre peuple pour des profits personnels et capables de
compromissions typiquement congolaises pou

gouvernement (R. Chizungu cite par Kamanda wa Kamanda,
"Memorandum" adress6 au President des Etats-Unis d'Amerique au nom
du Collectif de l'Opposition zairo-congolaise - Coordination politique,
14 mars 1998, 7).
37 Voici comment l'arriv~e de Z'Ahidi Ngoma fut commentee:
Quelques deux ou trois jours apres (le 2 aotit 1998) un certain Z'Ahidi
Ngoma apparait A l'acran de la te1lvision de Goma. IL est entoure des
figures que la ville ne reconnait pas; il raconte beaucoup de choses et
doit repondre aux questions d'un confrere Jules Ngala wa Mona.
L'interview est en francais. Deux questions parmi tant d'autres
retiennent l'attention du journaliste. Question: M. le professeur, qui
sont vos compagnons de lutte dans cette nouvelle revolution?
Reponse: Ce sont les Congolais, fils de ce pays; vous aurez le temps de
les decouvrir. Question: M. le professeur, nous savons que les accords
de I'AFDL ont 6t6 signes a Lemera. Et les v6tres ou ont-ils 6t6 signes?
R6ponse: M. le journaliste, vous le saurez.
Et le commentateur d'ajouter: "Reponses evasives mais tres naives et du
reste dangereuses pour quelqu'un qui se cherche en politique!" (La guerre
comme spectacle 17 juin 1997: 16). En rentrant en France d'oui il 6tait venu
en 1999, le professeur avait change de langage. Il n'excluait pas la victoire
du Rassemblement Congolais pour la D6mocratie (RCD) et ajoutait que
celle-ci porterait prejudice aux interets du pays.
38 11 a ete tu6 quand I'AFDL atterissait a Kinshasa. Par les mobutistes ou
les nouveaux maitres de la capitale? Une question qui vaut la peine d'etre
posee. Apres l'assassinat de Kisasu Ngandu, exit Mahele dans des
conditions quasi identiques. Leur position plus avantageuse que celle des
autres potentats potentiels dans l'apres Mobutu a 6td certainement
d terminante dans cette fin tragique.
39 Nous les qualifions de non tendu et non amical pour une simple raison.
Mobutu a facilite la consolidation de la position des refugies Tutsi dans les
annees 1970 et 1980; il a tolere, en outre, que le FPR continue a operer a
partir du Kivu dans sa guerre contre le regime Habyarimana (1 octobre
1990-6 avril 1994). En fait, l'axe Kigali (opposition)-Kampala-Bujumbura-
Kinshasa-Goma (Administration Moto Mupenda) fonctionnait bien
depuis juillet 1993. Si Mobutu etait reellement l'ami de Habyarimana,
pouvait-il permettre de tels actes? Il semble, selon d'autres personnes, que
Habyarimana s'y accommodait bien au depart, estimant que l'installation
des refugies a l'exterieur securisait le pouvoir Hutu. Les evenements de
1990-94 ont demontre le caractere illusoire de cette vision-aveuglement.
40 Par exemple, l'utlisation de Joseph Mudumbi, ancien leader de l'ONGD
Groupe d'appui-conseil aux realisations pour le ddveloppement endogene
(GRACE) ia Goma, ancien President de la Ligue

dans la region des Grands Lacs (LDGL), et ministr
territoire dans le gouvernement APR/AFDL a
creation du territoire de Minembwe le 16 septembre 1999 et, par
consequent, le decoupage des territoires de Fizi et Uvira sans la
consultation prealable de toutes les populations concernees a ete suivie
par une protestation vigoureuse et immediate de la communaute Bembe
(Bulambo 2000, annexes 3 et 4: 164-69).
41 L'auteur de cet article fait etat d'un commerce des vaches juteux pour
les chefs militaires derriere les combattants et d'un trafic des vaches vers
le Rwanda qui _tait _galement l'oeuvre de certains chefs militaires.*
42 Beaucoup d'entre eux sont morts de mauvais traitements (manque de
nourriture et/ou torture).
43 La crise actuelle plonge ses racines dans la decennie 1970. Celle-ci
merite d'etre etudiee 4 fond pour nous permettre de comprendre les
problkmes actuels. L'attention devrait etre centree sur toutes les lois et les
decisions legales et juridiques, les mesures politiques et economiques
prises, leur application au Kivu et ailleurs dans le pays, les actions des
individus qui chapeautaient les institutions de l'Etat aux differents
echelons du MPR, de l'administration de l'arm'e entre 1967 (creation du
parti unique, le MPR) et 1990 (retour au multipartisme et transformation
du MPR, parti-Etat, en MPR, fait prive).
44 Les deux fonctionnent comme des partis uniques dont l'ideologie et le
programme politiques sont echafaudes dans les laboratoires de Kigali
(Rwanda) et/ou Kampala (Ouganda).
45 Les Hema de Kibali-Ituri (Province Orientale) seraient egalement armes
et appuyes par Kampala dans la guerre contre les Lendu. Mais comme
partout ailleurs dans les zones d'occupation rwando-ougando-burundaise,
ce sont ces derniers qui, dans les medias, sont les seuls incrimines.
46 La rupture n'est pas toujours une garantie comme l'illustrent la mort de
Laurent-Desire Kabila et celle, moins internationnellement tentaculaire,
mais localement riche en renseignements, de l'ancien gouverneur du Sud-
Kivu, le Professeur et collkgue Jean-Charles Magabe.
47 Cette conclusion du Professeur Andre Ilunga Kabongo ne rappelle-t-elle
pas ces propos poignants de Seneque: "La verite est que rares sont les
victimes de l'esclavage, mais bien nombreux les esclaves volontaires"?
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Pourquoi mourir au Kivu?

Author(s): Stanislas Bucyalmwe Mararo

Stanislas Bucyalmwe Mararo

predominance des 61ements de son eth

2000 et a paraitre) ont &t6 les fac

serviraient de caisse de resonance aux "fo

Quel devrait alors etre le r61e d

Interet et etendue du sujet

Le jeudi 31 octobre 1996 vers 17h00, le camp militaire

langage tellement indigne que nous juge

tournure qui a surpris beaucoup

La cooperation doit pouvoir jouer son r61e

La crise du Kivu est avant tout une crise de leadership

partis (Mouvement national congolais /

8). Parmi ceux-ci, le "ph6nomene rwandais

et Vangu Mambweni20 au nom

d'argile, mais encore 6taient-ils tres fragi

Diff6rents abus commis par l'administration fonciere et les

respectivement. Jeunes, inexp6rime

6t6 l'expression. Son application au Nord-Kiv

Les observateurs avis6s commencent a s

l'hinterland imm6diat restaient une oasis rela

humanitaire, il y avait un desse

produit. Un autre signe reve1ateur est le

execution qu'il n'etait apparu en septem

La crise du Kivu est ensuite la combine

comptes avec Mobutu fut la premiere gra

Kinshasa qui n'avait plus aucune

jouer le jeu des Tutsi. Des temoins rapp

membres de l'Asbl Sima-Kivu

que cela facilite la chute de Mobutu et

cinq ans. Ce sont aussi ces intelle

declarations d'intention des leaders de

La crise du Kivu est enfin le merce

ou en formation dans le Sud-Kivu et le Nord-Kivu. Non-r6muneres

d'encadrement et decourag~e par l'attitude v

d'operation confi6 aux fils du terroir. Le

serieusement le ph6nomene r6fugi6 Tutsi do

interets du peuple, de se soustraire A l'engr

Karma ou du choc en retour. Nous subisso

SL'ombre du genocide au Rwanda, la psychose des perspectives 1lectorales

2 En effet, Ludo de Witte n'a pas tort d'affirmer qu'

Peut-on, d&s lors, ne pas conclure que la coalition

6 Si l'ensemble de la population du Kivu avait bascule dans le

denoncent avec veh6mence.

17 Bushenge Hunde, Rapport de la Reunion tenue a Kitchanga, 9 fevrier

18 Declaration de politique generale de la Societe Civile du Nord-Kivu a

ecout6 que les autorites coutumieres

Mwana Nteba (Bukavu), Rassemblement des dd

crise des refugies au Kivu comme celle que nous

compromissions typiquement congolaises pou

(GRACE) ia Goma, ancien President de la Ligue

Arnold, M.M. 1996. "Le HCR au pilori." Revue

Assumani, B. 1996. A qui profiterait la creation d'un "Hutuland" ou d'un

Bucyalimwe, S.M. 1993. "Lettre ouverte aux leaders Hunde." Bulletin du

Conseil des Instituts Missionnaires (CIM). 19

Haut-Conseil de la R'publique-Parlement de Transition (HCR-PT). 19

Kivu. 1962. Rapport de l'Assemblee Provinciale 1: 5-6. Bukavu.

Mopepe, S. 1996. "Insecurit . Les FAZ et le po