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Review
Author(s): Alain Ricard
Review by: Alain Ricard
Source: Cahiers d'tudes Africaines, Vol. 33, Cahier 131 (1993), pp. 511-512
Published by: EHESS
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/4392482
Accessed: 29-05-2015 16:31 UTC

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ANALYSES ET COMPTES RENDUS 511

place, it expresses the long-standing interest of Anglo-Saxon scholars in the his-


tory of decolonisation-an interest that has been developed only relatively
recently in the case of France by historians such as Ageron, Coquery-Vidrovitch
and Michel. These readers may be disappointed to find that the essays, though
containing a comparative dimension, scarcely touch on the French experience,
but a preoccupation with the national interest remains typical of scholarship in
both countries;overcoming it is one of the great challenges facing historianswho
live in a transnationalas well as a postcolonial world. Second, the book intro-
duces a French audience to a genre of English scholarship that is well informed,
balanced, urbane and generous to others (not least to students and juniors) to
the point of self-deprecation. The English gentleman may no longer straddle
the globe or even the Commonwealth, but the mentality that favours tolerance
and regards compromise as a strength rather than as a weakness still survives at
home, at least in the world of scholarship.
Anthony G. HOPKINS

MLAMA, Penina Muhando. - Culture and Development. The Popular Theatre


Approach in Africa. Uppsala, The Scandinavian Institute of African Studies,
1991, 219 p.

L'ouvrage de Penina Miama, une Tanzanienne specialiste du kiswahili, a ete


r'dig' en anglais et publie en Suede. Il a le merite de faire le point sur le mouve-
ment dit de <<theatre pour le developpement ?. Penina Miama est aussi come-
dienne, metteur en scene, professeur au departement de theatre de l'Universite
de Dar es Salaam, et, avec sa troupe Paukwa, elle a marque de son influence
aussi bien l'enseignement que la production theatrale en Tanzanie.
Dans une premiere partie elle fait l'historiquedes objectifs, de la methode, et
des resultats du mouvement de <<the tre pour le developpement >>en Ameriqque
du sud, en Asie et en Afrique. II s'agit, en s'inspirantde Paolo Freire, de provo-
quer, au moyen de l'expression theatrale s'appuyant sur des formes locales de
spectacle, une prise de conscience des problemes vecus par une collectivite, en
general villageoise. Ainsi au Botswana, oii le mouvement a ete tres actif, le vol
de betail a donne lieu 'ade nombreuses representations; dans le nord du Nigeria
c'etait la santd des femmes qui etait mise en scene. La faqon de traiter les sujets
abordes est elaboree par le groupe des animateurs en liaison avec la commu-
naute dans laquelle se deroule le spectacle.
On retiendra tout particulierement la contribution de Penina Mlama
lorsqu'elle fait etat de la mise en place de nombreux ateliers de ce type de
theatre en Tanzanie, ou lorsqu'elle decrit pourquoi, a Mwanza et a Morogoro,
les grossesses d'adolescentes ont e le sujet retenu, tandis qu'a Bagamoyo
c'etait la crainte de la sorcellerie. L'unite linguistique de la Tanzanie, oiuchacun
peut communiquer en kiswahili, cree des conditions favorables 'ace type de tra-
vail sur le terrain. Elle permet aux etudiants, aux villageois et aux instituteursde
participer 'a cette entreprise theatrale collective. Le rapport 'a la culture popu-
laire, 'a la chanson par exemple, se met en place directement: l'auteur nous
donne en kiswahili (et en traduction) de nombreux textes utilises dans ces ate-
liers et dont le ton contestataire est net. La question est evidemment de savoir

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512 ANALYSES ET COMPTES RENDUS

jusqu'oii on peut aller ? De quelle marge de liberte disposent les intervenants?


Penina Mlama se demande aussi jusqu'a quel point il est possible de proposer
des solutions locales 'ades problemes generaux. Mais ses propres interrogations
ne l'empechent pas d'agir: elle sait que la pedagogie demande de la patience et
elle nous convainc de ce que le theatre a sa contribution a apporter aux pro-
blemes du developpement.
Alain RICARD

PARKIN, David. - The Sacred Void: Spatial Images of Worksand Ritual among
the Giriama of Kenya. Cambridge, Cambridge University Press, 1991.

Ce livre, dont le sujet principalporte sur l'idee d'interactionentre espace central


et peripherique,a pour toile de fond une population du Kenya, les Giriama,une
population composee des pasteurs de l'arriere-pays,des fermiers de l'interieur,
et enfin de ceux qui ont migre sur la cote en tant que travailleurssalaries ou
pecheurs. Mais oiuqu'ils soient, les Giriama continuent de se referer a un ancien
lieu fortifie (designe par le terme de capital par l'auteur), situd 'al'ouest, sur les
terres de paturages de l'arriere-payset appele kaya. Le kaya, et la region qui
l'entoure, maintenant pratiquement inhabit6, reste cependant souverain en tant
que centre indiscutableet absolu de la connaissance et de la tradition. II agit, en
quelque sorte, comme le <<cceur? moral de la societe dans son ensemble, meme
si peu de Giriama l'ont vu ou visite. Par exemple, pendant les periodes de crises
nationales, les Giriama font appel 'alui pour conforter leur sens d'eternelle inde-
pendance et se proteger d'une assimilation et d'une integration completes.
Si le kaya reste un r6ferent pour les Giriama disperses, il est aussi, et avant
tout, un centre sacre. Cette sacralite - et par extension les principes de la reli-
gion giriama- est soulignee par de grandes ceremonies purificatoires occa-
sionnelles celebrees sur le site (faire venir la pluie, retablir la fertilit6), et par la
legitimation qu'elle confere aux nombreux rituels accomplis dans les habitations
(les plus significatifsetant l'e1iminationdes consequences de l'inceste et du man-
quement aux regles sociales). Ainsi, l'extension a toutes les habitationsdes pou-
voirs rituels du kaya est-elle subordonnee 'a l'idee que sa souillure affecte
l'ensemble de la population, puisqu'il est a la fois la terre, le pays et l'origine des
Giriama. Cependant, la sacralite de ce site est perque diff6remment selon la
position geographique des croyants: les pasteurs de l'arriere-pays,plus proches
des coutumes et moins dependants des influences exterieures, sont censes etre
les plus pres de sa purete inherente, les fermiers occupent une position inter-
mediaire, tandis que les salaries en sont les plus eloignes. En fait, c'est l'ouest et
son kaya, oiu l'identite giriama reste inchangee, qui sont idealises. Et c'est en
fonction de cet ideal que les Giriama reconstruisent constamment les espaces
qu'ils occupent et reorientent leur source du sacre; ils reutilisent le kaya et sa
sacralitdpour amenager une serie de systemes economiques, organiser de nou-
velles formes de relations spatiales et ecologiques entre les diff6rentes commu-
nautes giriama, et pallier les influences multiples de l'islam, du christianismeet
du consumerisme apportes sur la c6te par les touristes europeens.
Cet ouvrage, s'appuyant sur des donnees abondantes provenant d'enquetes
de terrain bien conduites, est un modele pour rendre compte de la faqon dont

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