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L Initiation

A chaque terre su[ fit un soleil, A chaque enfant su[ fit une mère, A chaque coeur su[ fit une âme. Si tu as deux soleils, donnes-en rn1 à l'aveugle, Si tu as deux mères, donnes-en 1111e à l'orphelin, Si tu as deux âmes, donnes-en une au miséreux. Mais si tu as deux yeux, ouvre-les bien grands, Encor plus grands, toujours plus grands; Si tu as deux mains, construis Et reconstruis La terre et le ciel Sans te lasser.

CAHIERS DE DOCUMENTATION ESOTERIQUE TRADITIONNELLE ORGANE OFFICIEL DE SI TlJ AS DEUX SOLEILS ... L'ORDRE MARTINISTE Revue fondée en 1888 par PAPUS (D' Gérard ENCAUSSE) Réveillée en 1953 par le D' Philippe ENCAUSSE A chaque terre su[ fit un soleil, A chaque enfant su[ fit une mère, A chaque cœur su[ fit une âme. Directeur: Michel LEGER Rédacteur en Chef : Yves-Fred BOISSET Si tu as deux soleils, donnes-en rn1 à l'aveugle, Si tu as deux mères, donnes-en 1111e à l'orphelin, Si tu as deux âmes, donnes-en une au miséreux. Mais si tu as deux yeux, ouvre-les bien grands, Encor plus grands, toujours plus grands; Si tu as deux mains, construis Et reconstruis La terre et le ciel Sans te lasser. 1nformations 49 La legs de Philippe ENCAUSSE à la Bibliothèque Municipale de Lyon 51 Centenaire d'un roi méconnu, par Henry BAC 52 Théodoxie Universelle, texte inédit de FABRE D'OLIVET Toi, Fils de Dieu et de la Terre, D'un seul Dieu et d'une seule Terre, Tes Matrices, Tes Patries, Tes Foyers. S. DEUZI ............ 58 Le Sanctuaire de FABRE D'OLIVET, par Robert AMADOU 66 Da la Langue Hébraïque Restituée à !'Esotérisme de la Genèse, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •• par nobert AMADOU (première partie) 71 ........... 88 ... 94 Le!J Livres Entre Nous .... par Emilio LORENZO, Président de l'Ordre Martlnlste Si tu as deux soleils ... , poème de S. DEUZI page 1V de couverture 1i Nouvelle Série (depuis 1953} N" 2 de 1986 Trimestriel. • 25 F Avril-Mai-Juin 1986 L'I11itiati<>11 - CAHIERS DE DOCUMENTATION ESOTERIQUE TRADITIONNELLE 5, rue Victor Conslcl(mml, ·1:1014 1'/\111:; 49 - INFORMATIONS FRANCE Notre fidèle ami MARCUS ayant été victime d'un accident qui, selon les informations que j'ai pu avoir, semble être heureusement sans grande gravité, il ne nous est pas possible de publier son éditorial trimestriel. AMIS LECTEURS, SI VOUS NE L'AVEZ DÉJA FAIT N'attendez pas pour envoyer le montant de l'abonnement annuel 1986 Au nom de la rédaction et des collaborateurs de la Revue, j'adresse à notre cher MARCUS mes vœux les plus fraternels de prompt et complet rétablissement. Yves-Fred BOISSET Rédacteur en Chet *** (de Janvier à Décembre) Merci . ' Revue !'INITIATION Nous sommes heureux de publier dans le présent numéro (page 51) une importante information concernant le legs que notre ancien directeur et rédacteur en chef Philippe ENCAUSSE a fait à la Bibliothèque Municipale de Lyon. Que la gratitude de tous les " cherchants sincères " lui soit éternellement acquise ! 5, rue Victor Considérant, 75014 PARIS - FRANCE Compte de Chèques Postaux : Pari• 8-21111-40 U * ** e Administrateur : Monsieur Jean BRETIN 9, rue du CardiniJl-Lemoirw - ·1:i00!1 l'/\1~; Le lecteur trouvera page 65 un texte malencontreusement omis dans le numéro précédent. Un encart au bas de la page 64 donne les indications nécessaires à ce sujet. e Rédacteur en chef adjoint : MARCUS • Secrétaire de rédaction : Jacqueline ENCAUSSE Dépositaire général : Ed. TRADITIONNELLES, 11, quai S;1i11l Mldwl, ·1~0: l'/\111:; i<'d '1:! !1'1 03 32 Les opinions émises dans les articles quo public L'INITIATION doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et n'engagent que la responsabilité de ceux-ci. L'INITIATION ne répond pas des manuscrits communiqués. Les manuscrits non utilisés ne sont pas rendus. @ © Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays. Le Directeur: M. Michel LEGER, 2, allée La Bruyère, 78000 Versalllos Cert. d'lnscr. à la Commission paritaire du papier de presse du 21-9·70 n" 50.554 lmp. Bosc Frères, Lyon - Dépôt légal n° 8078 - Juillet 1986 COMMUNIQUE Le G.N.O.M.A. (Groupement National pour !'Organisation de la Médecine Auxiliaire) organise son 36" CONGRES ANNUEL, les 10, 11 et 12 OCTOBRE 1986, à l'hôtel Hilton à PARIS. Débats et conférences sur les tliérapeutiques naturelles, avec la participation de praticiens professionnels, sont ouverts au public. Exposition de stands. Contre une enveloppe timbrée adressée au Secrétariat du G.N.O.M.A., 12, rue de la Grange Batelière, 75009 PARIS, vous recevrez le programme détaillé. !iO - 5l --- Le legs Philippe ENCAUSSE à la Bibliothèque Municipale de Lyon P;11· lL'Slament olographe, en d<lll' du 29 juin 1984, Philippe Encausse avait, d'une part, rl'glé le dispositif de Sl'S ohsc'ques rl'ligieuses; eellcs-ci l u1-c11t n'.'ll-hrécs scion sa volonté', le 27 juilld 1984. D'autre part, le sort de sa hibliothè·quc plTsonnelle est lixl- par le tesla taire. En p;1rliculicr, le prl'sidenl d'hrn111l'llr de l'Ord1T ma1·ti11iste ordonne qu'un choi:\ d'ou\T~igcs L'I de docl!llll'nls relatif ...., aux « scic11ccs occultes» sera proposl', l'cril-il, "par l'11i.sloriL·11 l'i ''crivain mon ;1mi Robert J\m;1dou dont la compc·lcnn' est i11tL'1•1al1<l11;ile ", "sous 1·l'scr,·c de l':ll"cord de 11w11 cpousc· .l;1cqt1l'li11c l·:nL<lllSSl' "· ;1 l'i11lc11tio11 dl' la llihliolhc'l]lll' 111uni· cip;dc dl' Lvo1J. l'hilippL' "'ll"a11ssc' rc;ppcllc q11c le co11SL'l"\"alcu1· L'll chl'I" cle l;i 8.M.L., M . .ll';111-l.ouis Rochl'r, s'c"tail rl'lldu '1 Bouloglll', au 111ois d'ao[11 1'!81, L'll co111pcig11ic ck notn· lrl'l"l', L'I qu'1111 accord de principe avait L'll' conclu ;dors. Cc ll'gs est dc's(J111wis l'ikct11c'. L'c·'<c'cUll'u1· en l'cspl'l'l' a co11stil11c' k lot, l';iick Lil' .lacquelim· lè11ca11.s.'t' cl de CatlwrillL' i\111"dou; M. Rochl'r L'll a pris livr;1iso11, ;1vcT l';1pproh;1tion de Michl·I l'i GéTard IC:11c;1ussc, lils de Philippe; la ville, de Lvo11 a l'nlin accepte' Il' legs. il\"l'C Le cl;1.SSC'illl'lli l'i l'i11vc'1llairL' .sont c11 cours, sous la dircclio11 de •\11llL' <ïaudc (;IL'\/L', co11scrvall'111· i1 la s;illc du l.i\TL' ;111cic·11 cil' la 8.M.L. c·l "VLT IL' crn 1coL11·s dL· Robert i\111ado11. Cc' dl'1·11ilT i 11t1·od 11 ira le Cèl 1aloguc· illlpri111é', prc'l;icc de' .k'111-Louis Roch,.,., qui L'.Sl pré·vu, de· 111é·1nl' qu'1111c L''Cpositio11 l'l 1111 111011lagl' audio·\·isucl, c11 li11 liL' 1railc'111ent, si possible dans le courèlnl de 1987. Pèll"llli les rna11uscrits, qui intl-!"L'sSl'nt l'occultisme' modcrnl', /,'/11itiotio11, l;1 revUL' de l'apus cl de Philippe Enciusse, publiera l'll priorité' ceux de son choix. Des livres L'I des hrochurL'S i111priml'.s. citons les pri1Kipaux auteurs: F.-Cl1. H;11·1L-1, .1.-.J. lkrn;1rd, Hricaud. lkl;iagc, l'hilip1w l\1Kaussc, F;ibre d'Oli\"l'l, Picl"l"L' Fo111·11ic' (('<' 1111e 111111., lll'Oll\ c'l1' .. ., IHlllJ, L1c11ri" (l,1•s Horllllillil's .. ., 18.+7), "lipll;1s Lc'\'i, 0.-11. de Loos, M;ilfalli de Monil'rcggio, .losc'phin l't"·l;1d;111, Sai1ll-Marti11 (do11t /:·s.\11i \Ill" les si1,11es .. ., 17LJLJ, rarissi1nc), Sai11t-Yves d'J\l\"l''ldre (do11l Missio11 de /'/11dc, 1··· éd., raris,,imc), Sc'dir... Ll'S ou\•1·ages impriml's sont i1 la disposition des lecteurs adlllis il la 8.M.L., au 1ur c·l il llll'Sllrl' de leur 111isc sur liches, qui a commence'.' ;1u de' but dl· c,:i le année. Ainsi, le legs Philippe Encausse rejoint, i1 la Ribliothèquc municipale de Lvon chèTe \·illc, chère bibliothèque -<i ks fonds Jean-Baptiste Willcrmoz, Lacuria, Papus et Bricaud-Chcvillon. l3c'11ic soit, pour cc nouveau service, la mémoire de noire vc'nl-rablc l't bien aimé- l"rèrl' Philippe! Docteur Philippe ENCAUSSE ( 1906-1984) L'IN!TJATION : ':~ CENTENAIRE D'UN ROI MÉCONNU par lk11rv Ili\(' Le 13 juin 1886, Louis li de Bavii.Tl' q11illail "" 1111>1Hll'. Bic11 des livres relatent les ci1Tonstanccs de sa disparilirn1. Ccrlai11.s IL'llll'lll de donner une explication historique, d'a11lrcs 1rsll·11i da11s u11 domaine littéraire où l'imagination a libre cours. Nous allons ici exposer cc qui nous apparaît comme la vl'rité. Détruisons tout d'abord des idées fausses trop souvent répandues sur le malheureux souverain. Certains le décrivent sous l'aspect d'un fou, incapable de régner, se désintéressant totalement de la gestion de son pays, dilapidant le Tn.'.·sor public et faisant construire sans cesse de nouveaux chütcaux. Nous apportons ici non pas seulement le modeste résultat de nos études et recherches, mais sur·tout le témoignage de personnages familiers de notre jeunesse, qui connurent personnellement Louis Tl de Bavière. Nous pouvons citer leurs déclarations comme leurs écrits. D'abord Ferdinand Bac, proche de NapolL·on Il I et toujours fort bien 1-cçu dans les cours d'Allemagne et d'Autriche. Puis Edouard Schuré qui, tout jeune, connut Louis JI de Baviè•tT. Voici cc qu'à son retour de Munich, il écrit, dans un journal publié en France, après la première représentation de « T1·istan et Yseult ». Il le dépeint tel qu'il apparaît au tlH'.·àtre dans la loge royale: «A cc moment, il rayonnait d'une beauté merveilleuse. Ses traits « lins d'adolescent, son front bombé encadré de cheveux bruns et «bouclés, ses grands yeux bleus foncés dont le regard était toujours «dirigé vers le haut, brillaient d'un doux éclat. Toute sa personne « 1-cspirait une exaltation calme et Je plus pur enthousiasme. Des « fanfares bruyantes, des vivats répétés le saluè-rcnt. Mais les yeux «perdus dans son rêve, il semblait ne point apercevoir la foule qui «l'acclamait.'' Napoléon l'', qui, avec sa profonde perspicacité, voulait faire obstacle aux ambitions de la Prusse, après sa cn'.·ation du royaume de Westphalie sous l'autorité de son frère Jérôme, permit au prince Maximilien, rl;gnant sur la Bavière, de prendre le titre de roi. Louis TI, quatrième souverain de cc pays, tint à consolider ses prérogatives. Comme son grand-père, Louis l"', il favorisa les artistes. En sauvant Wagner de la misère et du dl'.·scspoir, il rendit possible à son génie musical de s'épanouir. Mais cc monarque eut la lucidité de séparer l'art de la poliliquc. li s'attacha spécialement au maintien de l'indépendance de srn1 pavs. li sut s'opposer aux prétentions de la Prusse, donnanl i1 Sl'.s 111i11islrcs des conseils pleins de sagesse. Si ses goûts l'éloignent du travail burca11naliq11l' l'i ,·.,111pl:1ble, il garde une extraordinaire netteté de vue pour ks 1•.1;111ds prnhli.·mes et accomplit sa tüchc en bon souverain. - 53 - Le peuple et l'armée l'acclament. Un journal de Nuremberg raconte que, lors de son passage dans cet te ville, il dansa au bal « pendant « quatre heures sans interruption avec des cavalières de tous âges « et toutes conditions et parla librement avec tous les gens qui lui « furent présentés». Lorsqu'il regagne Munich, il se trouve auréolé d'un prestige sans précédent. La communion avec ses sujets demeure parfaite. Quelques années plus tard, lorsqu'il habitait le château d'Hohenschwangau construit par son père, il aimait, certaines nuits, se faire emmener dans le traîneau royal, escorté de piqueurs, le long des sentiers enneigés. Nous lisons dans un journal local Je récit d'une paysanne pou1· qui son apparition, en tel équipage, fut inoubliable: « Pour moi c'était un archange. Je n'entendis plus que Je piaffement «des chevaux qui secouaient les harnais d'argent. Leur collier, orné «de grelots, sonnait dans mes oreilles comme un carillon de cloches. « Les bêtes couvertes d'écume secouaient leur crinière, des panaches «de plumes blanches dansaient sur Jeurs têtes». On a reproché à Louis 1[ de Bavière la construction d'un grand nombre de chàteaux. En réalité, durant tout son règne, il fit bâtir trois palais: Lindcrhof, au-dessus d'Ertal, dans la vallée de Graswang, Ncuschwanstcin, près de Füsscn, au pourtour des montagnes qui forment la frontière de la Bavière et du Tvrol, enlin Hcrrenchicmscc, dans une des îles du vaste lac dénomme la mer bavaroise. C'est en eux que s'incarne la légende de la prodigalité du roi. Cc ne furent pas des demeures, mais surtout des lieux de séjours mystiques. II ne s'agissait pas de les habiter, mais de les imposer comme Wagner Cl-l;a et fit représenter tous ses drames lvriqucs. Au temps de Louis Il, ils donnèrent à son pays une activité incessante dans le domaine de la construction, apportant du travail aux ouvriers et aux artistes. De nos jours, témoins extraordinaires d'une époque révolue, ils restent la source d'une richesse indiscutable attirant l'afllucncc des visiteurs. Monarque solitaire, le roi de Bavière ne fut compris que d'une seule femme, de huit ans son aînée, l'impératrice Elisabeth d'Autriche, sa cousine. Cette créature ravissante portait familièrement Je nom de Sissi. Elle manifesta toujours une tendresse, parfois mêlée d'inquiétude, pour lui. Sa jeune sœur, Sophie, est en 1867 fiancée officiellement à Louis II. Mais, après six mois d'une cour étranger, Je souverain bavarois rompt ses engagements. Sophie épousera le duc d'Alençon, petit-fils de Louis-Philippe. ·i Quant à Sissi, clic soutiendra toujours Louis II et comprendra ses comportements. li l'appelle « la Colombe ». Elle le surnomme «!'Aigle». Arrivons maintenant à la période sinistre, aboutissant à ce 13 juin 1886, à cette journée fatale dont nous évoquons le centenaire. Les années ont passé. La rupture des fiançailles avec la princesse Sophie plaçait Louis II à l'index de la famille d'Autriche. -- 54 - Mais Sissi, comprenant les bizarreries de son cousin, reste en rapport avec lui. Elle sait que, comme elle, il fuit les contraintes. Il éprouve surtout un grand bonheur, éloigné de la cour, au milieu des paysans et des montagnards toujours fidèles. Ce roi, autrefois si mince, si SL;duisanl, csl devenu un personnage lourd et robuste. Les Bavarois gardent pour lui un profond amour. Mais il apparaît de moins en moins en public. Ses entretiens avec ses minist1·cs deviennent rares. Il ne semble régne1· qu'en principe. Le cabinet, peu à peu, ne tient plus compte de la volonté royale. Un complot bien <ffganisé a pour but de proclamer la déchéance du souverain cl de donner la r·égcncc à son oncle, le rusé prince Luitpold. On charge le Docteur Von Guddcn, directeur de l'asile d'aliénés de Munich, d'établir un rapport déclarant Louis lT dans l'incapacité mentale de remplir ses fonctions. Cc médecin rédige un texte qu'il fait signLT par des docteurs qui 11'0111 jamais examiné le 1·oi. Le monarque se trouve au chfttcau de Neuschwanslein. Une délégation importante se présente. Elle comprend des ministres, avec une nombreuse escorte. fi v a des civils, des militai1·cs, des médecins et des infirmiers, avec i11ission de s'emparer du souverain po111· le conduire au chüte;1t1 de Berg. Leur intrusion, à travers la fon'.·t de sapins entourant Neuschwanstein, alerta les villageois. Une foule hostile it la délc'gal ion se ma ni lesta. Les Bavarois venaient au Sl-cours de leur roi. Ils savaient qu'il (·lait bon et do11n<1il du t1·avail ù ses gens, qu'il p1·éférai1 les montagnes aux salons, qu'il dait en danger et qu'il fallait le défendre. Les membres de la délégation durent se 1-ctirer. Mais deux jours plus lard, par suite d'une 11·ahison et d'un stratagème, le Doctcu1· Von Gudden parvient à la réussite du complot. Le roi, devenu son prisonnier, nuitlc son fabuleux 1nlais de Ncuschwanslcin pour le chàleau de Berg en vue de son internement. Il fait remarquer combien apparaît peu plausible une décision de médecins qui ne l'ont pas examiné. fi demande au Docteur Von Guddcn combien dtffcra son inlcrncmcnl. « Un an, sire, c'est le ('_'nnc le plus court», reçoit-il comme réponse. Louis II alors déclare: «Les choses pourraient aller plus vite. «Il n'est pas difficile de faire disparaître un homme'" pour s'cntcnd1-c rétorquer: «Sire, mon honneur me d(,fend de répondre à de « telles paroles ». Le roi reste calme. Le lendemain, il observe que l'on prépare la pose de barreaux devant les fenêtres. Derrière chaque porte, des hommes le surveillenl. - 55 - C'est le 13 juin, dimanche de la Pentecôte. Malgré le jour Saint, il ne pourra, lui déclare-t-on, aller à la messe. Il se promène avec le médecin, dans le jardin, le long du lac et remarque la présence de deux infirmiers et d'un gendarme qui, à bonne distance, Je suivent. Le Docteur Von Gudden avoue à son entourage que les questions posées par son patient restent sensées et qu'il fait preuve de bonne volonté. Il télégraphie à Munich: «Jusqu'à présent tout va pour le mieux». A quatre heures et demie de l'après-midi, le roi demande une collation. Il mange copicuscmcnl, boit de la bii_Tc, puis trois verres de vin du Rhin, cnlîn deux petits gobelets d'alcool de riz. A six heures, il demande au médecin de sortir avec lui à nouveau le long du lac. Louis 11 s'dant plaint de la surveillance, le Docletir Von Guddcn Lk'Tlare aux i11finnicrs cl au gendarme: "Plus d'cscortc, c'est inutile». Il annonce son 1·ctour vers huit heures. Le ciel paraissant menaçant. les deux promeneurs emportent des parnpluics. Le roi. revêtu d'un large manteau noir, est coiffé d'un chapeau orné d'une barrette de diamants. Ils descendent vers le lac de Starnbcrg. Louis 11 cnlrnînc le médecin en un endroit au bord de l'eau où une rangée de sapins empêche de les apcrccvoi1- du ch<Îleau. A huit hcul"L's, il fait nuit. Un orage L;clate. Il pleut à verse. Le Docteur Muller, adjoint du Docteur Von Guddcn, ne voyant pas revcn i r les pro111c11cu rs, su pposc qu 'i 1s res lc11 l abri lc's sous un arbre, allcndanl une éclaircie. A huit heures cl demie, l'inquiétude règne. Gendarmes, infirmiers, domestiques explorent vainement les alentours. Un valet, agitant une lanterne, distingue un brillant parmi les ténèbres. S'approchant, il voit l'agrafe de diamants qui scintille sur le chapeau du roi, puis sa veste, un parapluie et le haut de forme du médecin. D'une ban1uc de pêcheur, glissant sur les eaux noires, on arrive à heurlcT une masse sombre. C'est le souvcrnin immobile. On r·cpêchc son manteau cl sa redingote. Le corps du Docteur Von Guddcn gît plus loin. Ils sont morts tous les deux. Il est dix heures et demie. A la lueur des lanternes, on remarque des traces de strangulation sur le cou du médecin. Des empreintes de piétinement apphraisscnl au bord du rivage, on suppose une bataille entre les deux hommes. D'aprL's les indices relevés sur le sol, on peul imaginer que le roi a tué le médecin. Sans doute après une marche le long du rivage, Louis II a-t-il jeté sa veste, son chapeau, son parapluie pour s'enfuir en nageant. Le docteur, pour l'empêcher, se serait aggripé à lui. Le roi ayant une taille d'un mètre 90 et pesant plus de 90 kilogs devait facilement dominer Je médecin âgé de soixante-cinq ans. 1, '1 'I 11, 11 11 Il - 56 - Certains ont parlé d'accident, de suicide, de folie. Nous rejetons de telles hypothèses. Le roi avait gardé un comportement mesuré et un raisonnement calme et juste. Excellent nageur, il comptait probablement fuir pour se réfugier en Autriche. Il enleva pour cela son manteau et sa redingote. Mais il avait mangé· copieusement et bu trop de vin et d'alcool. Dans l'eau glaciale, la mort survint par congestion. Pour sortir des suppositions et du mystère, nous donnons cidessous un texte de Ferdinand Bac paru dans « Le voyage romantique» (é·dition Fasqucllc). L'auteur, qui a connu pe1·sonncllement Louis II de Bavière et l'impératrice Elisabeth d'Autriche, écrit: «L'impératrice Elisabeth a été aperçue le soir de la mort du roi «dans une voiture qui stationnait non loin de la grille du château. « Dans la soirée même de la mort, un landau fermé attendait pendant «plusieurs heures Sa Majesté derrière la clôture du parc. Mais pour «y arriver en venant du château, il fallait franchir une haute grille «qui plongeait dans l'eau ou bien il fallait la contourner en nageant. «Arrivé à l'extrémité du parc, le roi a dû se jeter brusquement dans « l'eau pour atteindre la voiture qui l'attendait. Il était bon nageur, « mais le médecin se sera mis à sa poursuite. Et cc devait être alors « entr·c les deux hommes une lutte horrible». On relève, la nuit du drame, au sud, à l'entrl'e du château, les empreintes de roues de voiture. D'après la direction des traces, on peut supposer que des véhicules, après une longue station, seraient repartis. L'impératrice d'Aut1·iche tenta de faire évader le roi de Bavière. Le jour de la Pentecôte, le 13 juin, apprenant le lieu d'internement de son cousin, clic s'installe près du château de Berg, dans un petit hôtel à Feldafing. Elle connaît le carnctèrc du roi, ses excentricités, mais elle ne le considère nullement comme atteint d'aliénation mentale. Elle voit de sa chambre l'endroit où Louis II se trouve prisonnier. Elle songe à se faire assister par le Comte Durckeim, ancien aide de camp du roi et qui s'cffor·ça d'empêcher son transfert au château de Berg. Mais il vient lui-même d'être arrêté par les hommes du prince Luitpold, devenu régent. Elle va donc agir seule. La frontière de l'Autriche n'est qu'à une heure à cheval. Incontestablement sa présence, le 13 juin, près du château de Berg, démontre ses intentions. L'annonce de la mort de son cousin la bouleverse. Avant que le cercueil royal ne soit fermé, un bouquet de jasmin déposé sur le cccur du défunt fut sans doute l'hommage émouvant de la seule femme qui ait comprit le roi. Sissi portera sur clic une photographie du masque de Louis TT moulé sur son visage après son décès. La foule honorera son souverain, dont le cccur est placé dans une urne d'or. Toute la Bavière, celle qui aimait le roi, celle des paysans, des montagnards, des bâtisseurs, des art istcs, pieu rc son roi. .57 Quel contraste entre le coup de main lâche et honteux et les funérailles solennelles cl impressionnantes. Enthousiaste cl désintéressé, passionné d'art et de la mystique de la monarchie, il sut combaltrc, pour la construction de ses châteaux de rêve, et imposer Wagner. Il laisse ces palais fabuleux recevant tous les ans plus d'un demi million de visiteurs. Gràcc à lui subsiste le théàtre des fêtes de Bayreuth, construit par Wagner avec son aide linancièrc. Les grands événements musicaux y al tirent chaque année les mélomanes du monde entier, en un des rares lieux où, de nos jours, l't'.·légancc reste de rigueur. Le destin s'acharnera sur lui et ses proches au cours de ces dcrnièTcs années du XIX'' siècle. Après sa disparition, Rodolphe, le !ils de Sissi, deviendra la victime de la tragédie de Mayerling. La princesse Sophie, so::ur de l'impératrice, devenue la duchesse d'Alençon, périra dans les Jlammcs, lors de l'incendie du bazar de la Cha1·itc'· ù Paris. Enfin, Sissi cllc-ml:·mc expirera au bord du lac de Genève, sous le poig11a1·d d'un anarchiste italien. Souverain étrange et attachant, Louis II lut le dernier roi d'une mona1-chic absolue aujourd'hui disparue. Verlaine lui consacre une épitaphe en ces vers céll-brcs commençant par : « Roi, le seul roi de cc siècle, salut, sire,, et se lcrminant par «Salut ù vot1-c très unique apothéose « Et que votre ùmc ait son fier cortège, or et fer, «Sui· un ai1- magniliquc et joyeux de Wagner"· Henry BAC 13 juin 1986 ·• -- 58 - - 59 - FABRE D'OLIVET - ) 3Jlf.. ),~. ·JL..~ ~L"J:;_ ·/ c~ / (,.,,__./ù••_};)-,d~ -- ~ ./ THÉODOXIE UNIVERSELLE '"c9~. . ftJJ...,_, IL-~ .::J<, J~«-A /c ~ 1._L 'k~ k'Jt J .,,.;,_"Ji'ir.' ~if:. ~-<JX.1i 1v(}IL-•~ /a.va..L ~ µ.J~h: / , , I 'du ~ ± / ~:ra. ')_,.;_ iJ tm ~L(/J; <--<- ~·1 1-LI~ ~r-d1 l.t-,~ A 1 I ( '/l jL•Ù,V~l.f!;_') "'-t~ L..J. ~'!r. cJL ~._ hJ....: f // Jh_ - o-..-; · .,(l_~JC-ju; ~t /:.~,_ . I ' '--':-· ,l2~t 1 tNl_S~,.J r~; ~ u. a/;,,'fi'.W. ~·è_-±L.Jµ / _:-L ~ L A.J«.Q.......IL: d.,µ._1-'4' ttfl:'J.,__];...,1 :!~ d._ir-,vtL~l' ,- ._:,J~l>'O) • . t< 1 ,_iL=l~ Pz;_,,_/ ~ •.•, .,••.h;& < • 1 / v.r:~1 ,f La création des dieux et de la terre .,_L;~cJ ') • ,,'.L.;. ,._,_,,, ;f_ / ev-- ~L aek, 2tfr~­ l'i...::&.. L,. ~ lv ;-· '- ~-Y._, ~j CZL-~ t~/jf>1 ~ J.1f. E't,y_ ~.-J -~f Fragment autographe de la Tlzéodoxic 1111iverselle (réduit de 20 'Vo) et;.__ ' .... ._~·, TEXTE INEDIT Robert AMADOU a biell 1'<ml11 nous communiquer wz texte inédit de la « Tlzéodoxie Universelle " de Fabre d'Olivet et nous l'en re111c rcions f rate nzell ement. Ce texte, pour être court, est d'une exceptionnelle densité. Clzaque mot doit en être «mâché>>, car il apparaît de toute évidence que Fahre d'Olivet 11'e11 a écrit aucun qui zz'e1îl son in1purtl111ce. La puissance du mot cu11fi11e ici à la 11wgie cu111n1e il en fut jlldis quand nos /uintai11s c111cêtres se dressant l/11-dessus de la 11at ure natun;e psalmodiaient le11rs premiers sons à la gloire d11 Créateur. Peu d'auteurs 0111 su comme Fabre d'Olivet retrollvcr el faire reviFre cette « ll1hirgie,, des mots. VIII' EXAMEN (Genèse, I, 9-10) 9. Il avait dit encore, LU /-les-Dieux, les ondes inférieures et gravitant es des Cieux tendront irrésistiblement ensemble vers un lieu déterminé, unique, et l'aridité paraîtra: et cela s'était fait ainsi. 10. Et il avait désigné l'aridité sous le nom de Terre, élément terminant el final, et le lieu vers lequel devaient tendre les eaux, il l'avait appelé Mers, immensité aqueuse: et considérant ces choses, f,UJ, !'Etre des êtres, il avait vu qu'elles seraient bonnes. ·• On voit clairement que ceci est une conséquence irn~stble des choses, déjà posées en principe et passées en acte. Si l'Esprit divin, sous une forme lumineuse, a déjà créé les eaux en les tirant du sein des ténèbres ; si ces eaux, élaborées alors par une double force extérieure, celle de la compression qui les fait graviter vers les ténèbres d'où elles sont sorties, et celle de !'expansion qui les fait tendre vers la lumière, donnent naissance à une nouvelle force - 60 - intérieure qui sépare leurs facultés supeneures et inférieures, il est évident que deux éléments nouveaux se formeront dans lcur sein; l'un volatil et l'autre fixe. De cc que Je premier aura de plus pur, naîtra l'espace éthéré, qui, devenant sensible, prendra Je nom de Cieux; et de cc que le second aura de plus impur, naîtra l'aridité, qui, devenant également sensible, prendra le nom de Terre. Cependant, du moins pur d'un côté, et du moins impur de l'autre, se formeront les eaux supérieures, suspendues dans l'atmosphère, et les eaux inférieures, reposant dans le gouffre des Mers 1. Cette étendue mitoyenne sera principalement le lieu où s'exercera la force médiane, née au milieu des eaux primitives, par le mutuel concours des deux autres forces, et cette force raréfiante d'un côté et atténuante de l'autre y deviendra un des principaux agents de la nature. Cela, bien entendu, et tout cc que j'ai dit touchant le décret divin que nous examinons persistant dans la mémoire, la paraph1·asc dt: ces deux versets devient extrêmement facile. 9. « Et conséquemment à cet te disposition, tandis que les facultés opposées des eaux primitives se séparent, et que les supédcurcs s'élevant vont former l'espace éthéré ou les Cieux, les inférieures s'abaissant, au contraire, tendent ensemble vers un gouffre qui les attire, et l'aridité paraît. Ainsi le décret éternel continue à s'accomplir». 10. «L'aridité qui n'existait d'abord qu'en principe, au sein des eaux, devenue sensible par cc mouvement, prend le nom de Terre, et les eaux qu'elle a entraînées avec clic, en tombant, s'appellent Mers. 01-, !'Etre des êtres, ayant déterminé ces choses en puissances, de toute éternité, avait jugé qu'elles seraient bonnes relativement au but qu'elles devaient atteindre"· CONCORDANCES § 4 li n'est personne qui ne sente, je crois, en réfléchissant sur cc qu'on vient de lire, que la manière toute naturelle cl toute physique dont Moïse vient de faire naître les Cieux et la Terre, annonce positivement un passage de puissance en acte. Quand bien même je n'aurais pas pris soin d'étayer mon opinion à cet égard d'une foule d'autorités, il me semble que le fait seul padc ici assez haut pour se prouver lui-même. En effet, pourquoi, si la chose n'était pas ainsi, !'écrivain saCI"é aurait-il dit d'abord que !'Etre des êtres avait créé les Cieux et la Terre; cl ensuite que les Cieux et la Terre s'étaient formés de la séparai ion qui s'était faite entre les facultés supérieures et les facultés inférieures des eaux ? N'est-il pas évident, comme l'avait senti saint Augustin par la seule intuition de son génie, et comme je l'ai irrésistiblement prouvé par l'explication même des mots qui composent le texte, qu'il n'était d'abord question que d'une création en principe, déterminée de toute éternité, dans la volonté divine; et qu'il est question à présent d'un développement successif de ce principe créature! effectué dans le temps? J'ai appelé cette création en principe, un décret divin, cl j'ai montré quel était le puissant agent qui avait été charg'' d°l.'XL'cuter -- 61 - cc décret. C'est le seul être cosmogonique que Moïse ne fasse point sortir de l'abîme, comme tous les autres. Il l'appelle Esprit divin, et le place dans la manifestation de la Volonté suprême dans la f,wnière intelligible, existant de toute éternité. On a vu que toutes les cosmogonies s'accordaient sur cc point. Parmi les docteurs chrétiens, beaucoup des anciens partagèrent cette idée. Nous savons par le témoignage du pieux Méthodius, que, selon leur doctrine, le Logos, ou le Verbe, qui était de toute éternité dans le sein du Très-Haut, comme étant sa sagesse, sa puissance et son conseil, en sortit au moment déterminé pour la naissance du monde, et y coordonna toutes choses, d'après le plan que son Père lui montra•. Un érudit moderne a conjecturé que les premiers Pères de l'Eglise avaient suivi en cela le système des mythologues du polythéisme, et il a cité ces vers d'Orphée, où ce système est exposé 2 : «J'en jure cette voix du Père, cette voix divine qu'il émit, en ce moment suprême, où, dans sa volonté, l'univers fut conçu.» Mais il s'est trompé, en cela qu'il n'a pas réfléchi qu'Orphée, ayant 1·cçu la doctrine secrète des sanctuaires égyptiens, où Moïse avait été insl ruit, ne pouvait que se rencontrer avec ce théocrate; et que leurs disciples respectifs devaient, par conséquent, être d'accord entre eux, quand ils entendaient bien les pensées de leurs maîtres. Puisque le mouvement de cette concordance m'a porté d'abord dans les sanctuaires égyptiens, considérons premièrement ce texte singulier qui en est sorti, pour y attacher le premier anneau de la chaîne analogique que mon dessein est de construire ici. «Dieu, dit Taôth, étant une Intelligence qui possède les deux facultés créatrices du mâle et de la femelle, puisqu'il est Lumière et Vic, engendre le Logus, une autre Intelligence, appelée aussi demiurgus, le créateur du monde. C'est !'Esprit divin, qui, doué des mêmes facultés que son Père, engendre à son tour les Puissances régulatrices qui environnent de leurs sept sphères le monde sensible, et forment cc qu'on appelle la nature, ou la nécessité du Destin.,, b Il [Après cc premier mot d'un nouveau paragraphe le reste de la ligne et les deux derniers tiers de la page, qui est la dernière du texte, sont restés blancs. Mais en marge, on lit cette explication:] Nota : J'ai interrompu ici cet ouvrage, le 22 février, à cause de mon procès avec Mad'" d'Olivet. Les tracas qui ont suivi le jugement de cc procès ne m'ont permis de reprendre mon travail*. ,, (*) Le point final a été ajouté, tandis que ces mots-ci ont été biffés: que le 1'". avril suivant. Le présent texte est extrait de l'ouvrage à paraître in extenso aux éditions de !'Autre Mande (R.A.). . !:= ' .~ r ·-, . ~ ·~ ;:: ~ ~ .§ ...; "''° i ~ ~ ~ - 64 - (1) J'ai déjà expliqué les mots sliamaîm, les Cieux, et artz., la Terre, dans le Il" examen; el le mot maîm, les eaux, dans le III". Il ne me reste à parler ici que des mots makôm, le gouffre, îa111111î111, les mers, et îabashah, l'aridité. Ces mols sont très beaux en hébreu; mais les mots français qui leur correspondent sont é.galcrncnt expressifs. Le mot 111akûm signifie un lieu qui attire, qui rassemble; le français gouffre, qui tient it la racine gaf, go/, exprime la même chose avec encore plus d'énergie. Tl en est de même du mot mer, qui, dériv<'.· du latin marc, et tenant it la racine âr, qui caractérise l'élément pr·imitif fluide, annonce, comme l'hébreu, l'amas des eaux passées de puissance en acte. Le mot français aridité vaut même mieux, dans le sens où il est employé, que l'hébreu; en cc qu'il exprime plus positivement l'absence de toute fluidité, et qu'il tient à la même racine que le mot artz., la terre, qui Je remplace. C'est comme si l'on disait la terrestréité. (a) Mcthod. apud Phot., Cod. 235; Du Pin, Bibl. eccl., t. T, p. 114. (2) V ocem j 11 ra l'a 1ris l'rimum quam prodiilit ore, Consilio ipse suo, Mundum cum condcret om11c111. Ces vers d'Orphée sont cités par saint Justin Martyr, Colwrl. ad Gent., p.ni. 12. Voyez Petau, Dogm. t/11:01., t. JI, 1. l. Au reste, je dois prévenir que, fi.dèle aux principes que j'ai posés à l'égard des vers théosophiques, dans ma Dissertation sur l'essence cl la forme de la poésie, mise en tête de ma traduction des Vers dorés de Pythagore, j'éloigne exprès la rime de ces vers. (b) Herm. i11 l'ima1!d., cité par Bcausobre, Hist. du 11u111ic/1., t. T, p. 585. Louis Dramard, le président de la branche Isis de la Société théosophique en France, mourut le 15 mars 1888. Sa mort fut d'autant plus pénible qu'il était apparemment le cœur et l'âme de la S.T. en France, aimé et respecté de tous ses membres. Le successeur de Louis Dramarcl à la présidence de l'i sis devait i':lrc, normalement, le vice-président Froment. Toutefois, ce dernier refusa cette responsabilité qu'il considérait bien trop importante pour un individu aussi inexpérimenté que lui. Devant cette situation critique qui promettait d'entraver sfrieusement l'avenir de la S.T. en France, H.P. Blavatsky nomma aussitc)I Gaboriau à la pn."sidcncc de J'lsis, en mai 1888, par une Jeure circulaire intitulée: «Par ordre supé1·ieur "· Cette nomination de Gaboriau à la présidence de l'/sis fut accompagnée d'un incident fücheux cl indésirable dans une situation aussi critique. Gaboriau publia, dans le l,u/11s de mai 1888 (1Tvuc dont il était le rédacteur), l'ar·ticle de Papus, «Fabre d'Olivet L'l Saint-Yves d'Alveydrc '" avec des co111me11taircs ù la l'ois contradictoires cl satil'iques. Cet acte provoqua une vive n'.·action chez Papus qui, accompagné par les membres GoyanJ cl Lcjay, refusa de collaborer avec Gaboriau. De plus, les trois contcstalai1Ts (qui étaient membres du bureau de l'/sis avec Gab<n-iau cl Fi-ornent) l'ondèrent une revue paralll·il', le B11llc1i11 de !'Isis, dans les pages duquel ils exposèrent l'affaire il leur manière, en faisant appel ü l'autcffilé du président-fondateur de la S.T., H.S. Olcott, pour répa1·er les injusl iccs. Il serait 11·op long d'énumérer ici les accusations du Bulle/in de !'Isis à l'é[.>;ard de Gaboriau et F.-omenl, mais aussi de Mme Blavalsky. T~Jujors est-il qu'un schisme se p1·oduisit au sein de la S.T. en France et l'affaire p1·it un CLffactèrc si dramatique que le Conseil exécutif cl'Adyar pria Olcoll d'aller au plus l{>l résoudre sur place le conflit de la branche française, dont les efl'cls nuisibles commcncaicnl à L"mi[.>;rcr à t"étrangcr puisque le B11llelin de !'Isis éÙ1it cnvo_vé ü toutes les branches de la Société théosophique dans le monde. H.S. Oleott arriva à Paris le 16 septembre 1888 cl exprima sa d<'.Tision dans un discours prononcé le lendemain au salon Richcf'cu. Il s'efforça de réparer les injustices commises envers tous les partis en commençant par rétablir les vérités tronquées; puis il annonça la dissolution de l'lsis et invita ses membres à oublier, en vrais théosophes, « toute expression malveillante qui a pu échapper aux uns cl aux autres, et à recommencer sous de meilleurs auspices cl des statuts nouveaux la noble et importante tâche que nous nous sommes imposL"e "· Ainsi naquit la branche Hermès de la Société· thésophiquc, mais Gaboriau refusa toute réconç~liat et démissionna de la S.T., le 12 décembre 1888. Jean-Paul G11rGNFTTF c ! 1 A la suite d'une erreur dans la mise en pages dans le dernier numéro, dont l'auteur et les lecteurs voudront bien nous excuser, le texte de Robert Amadou "PRESENTATION D'UN ARTICLE DE PAPUS SUR FABRE D'OLIVET ET SAINT-YVES D'ALVEYDRE » a été amputé d'une note. Nous la publions ci-après, en précisant qu'elle devait normalement prendre place à la page 19 du numéro 1 de 1986. Encore toutes nos excuses! LA REDACTION. Sour-cc·s: /,o/11s, Paris, G. Carré, vol. 3, du n" 13 (avr. 1888) au n" 21 (déc. 1888). B11llcti11 de l'lsis, Paris, G. Carré, n"' 1 (juin 1888) et 2 (juil!. 1888). L'lnitiatio11, Paris, G. Carré, vol. 1, n" 1 (oct. 1888). f,c 11 1111 l11 1:1 1111 :I :1 - -66- ...• LE SANCTUAIRE DE FABRE D'OLIVET ;,. Û\ . .? ·~r ' /)H~ 0 L_,,,'1 ii../ l Mt...J . ,, /'""'-"?'""""' <;.''"""' 7" ::.'/;,1. ' - p,~<J/ f'".V,t~ . / _,.Jfv~<t-0( <' 7 .-- • .<:-· e"} J (.,h par Robert AMADOU •; ~n 1 tU c~ /J P..-. /n~c:. / ".) !> :i}.;,. r' . Z.c,wl'i<~-/·:;r ,-,.; v~=,1. 1 7 'c \-~.,n:"' ~ (...-q ~.'Ac- /~- • "~ ;'/Ïi~ ,/·~._ ..,J'.:;:,/.. h""t!..,., ;~/ •', ' fi) ~ ," "7 (p~·.SJ /)}i:t1._,c'-•~ _.; . /u-<J>utHlv /y,2;7 ·~:r "'#~/:, c~ i' . . '7 p~-: /'." ?"~-+.Jnr<:v ..·... ,., ;;7.... 9~ ~,tj"J-L ~-; /)"'~-,. .!' J'ti~ 6/-'t.,. , vt~C-, / 'L~/4 ' . // . ( . ü:~ ! --n.....-yd-- - >i-.. Cf~ c,,,_ .tJH~, c:Y1~, / 7 .!Î-q~/;, <'_.?~f- 1 ../......-J -';' ' h~: " 4 /' ' 9- . c..,- '?"; /'"""'".....,__~ ,,.,., ... Jh:,.Y~ ,, .;'--,.__,_/. , . >...__ ?-,,:.. A.,, .......... ,/ 1<:_..._:_ •Cr._,...__ ; , - .9... / ~,._fi ,., ~ r"... ; ;;{\ 4-("t~h-HL q ,.,.._ f L7}.;,;..,...,_.._.t:t:;- ,.~ c-~· ••t.·n-r.:; °D.;7•·~ c:·· . . . /)' ~;:.,_ ," .;_ """" ,_.,..._,,_,--;_, ........ ~-·,. ! 9'"~;,_.- :__ v<,...,,.-.,..L 4-._A":/~,L ·-- ~ "" ~,.:? ~( ,')_, <:.-Va,~ nv-:J . ' : . . i ,, ~_,./d 9~-·;L - .,.,..,.v.,_._ /- ,...,..,............, 1 ... &......._ j fl.- /.,,.__7_Jf·,,.AL.-; ~- f ;~·r> - ê ?-,.(/~ 9/e-~" ô • ~/'. ,.·.__./.) 9_ • c: f- - ~._, 71"1,..,... v~.-f • .,r~: /~ / ·- ; t:"'a.~c-1;,_/{ _<l'--j . -" /~-· 7;.r,-::,;. . 111 ' / - /) h-.:~ . i c.{;_dF~,. J • .x+_;tJ...d.•-">·•dLn._... · f/ . . . . C~-1· ~ '-Co#~ r.;;;-, M. H_A,,.,...; - ,,L / ,,;;.__4,_ L.-y~ 1 -r.:hvo<+? .~, ... ',,_...., /d...,.,..r/ ~-. . / a- ---"T/ht! -:(/1' Ô. / .{,~_dLI'/ /._ ~l·-<t' ..2;/l'o: :::::::::::::::-=// /./i-<,,:,:Vv..?.L ,,... . . - /\ .J•. /,;_ //4/r..i..__.. _.._.. /n..,...:JL =· .J~,r'; 9_ ~.·<- C._,1.- :!/L. :•• fL ,,_ . ~:_./, #-L--- (:(' ~f,;._L M - '-''"'-·./'"4,_..rd /'u._,:/ ,./1f•4"-'~; / h,,,., .. , ~.;t,-/L ........ ._4"' '/4c.-ç"~ )4//.t_,,._...&:._<_ ?"*'_;f',.:::,/ flv......,«Ây.._·,,....,1---.é' /L.J-...:3_. , - <~.,_4/ ~,(' - ._.:->.- ,_,.... u.;,-~: . ... 9 ,,9_ /:_ ,._l~n-; C:h/_.,~ (" , 7 •-~'4·:.f; . / hV~ 4' - ,_~.n•1 ,ry,,, ......::J 9'4 ,,,,,:._/./.:/_,;:-.<7'/~·? Y.r-C:: _,(1;~ . ,., ,?,,,..__.,.- a/',-·~+ ~ ~.9_ . . - (_,._,,, ?-i...-• .: ,1-;>i,,,.>41L '/tIC<·,.~ <~ /. - // Î..._, ~?n-' V._- ,.{. . ,../_.. ?'u~-.9,· . $,?. u' : ....... ,~9·c:f7'1;_ / ;:JÎ' a f/Z.--wr,Ji-1 • j-1~,.; _, .9.~-f q t,_,1,n..,,..,,_,., .. __ z·/·: - -- • y4• f«-/ ,0-)">.h.,.,:3'"4 f',,,;,.,,..9. /c:.rc..r···· ~ "·~ï ,- , ~ ..~ /!}//, .J . ~ )u;(')--< -I- / . /';_n,..,1 ,,. -..-V) ""./: Ûn« ... 1~). .)•· '.,. / ,V,_.-z..__,- j />•'/;: l. .,r, J .,.',.__ "71--P"-,.:.h · t ~- . .v<lk' ;1;i ~Î f {"",J ,..:' i~. ;/:,__. L lj &rtuü~f24-[n ~· ,~\ ·a'lV?Z,~ ~ I cl ~;rt 67 - '~~· Première page du Sanctuaire de Fabre d'Olivet, copie des archives Saint-Yves d'Alveydrc (réduit presque de moitié) / 9 ..~:;.. /- • .. 't Fabre d'Olivet avait établi chez lui un Sanctuaire qui fonctionna pendant les dernières années, voire les derniers mois de son existence terrestre: religion dont il était le hiérophante, culte de mystères, secte très personnelle el rare dans un genre assez commun. L'abbé Œggcr et Pierre Leroux y avaient fait allusion; la fille de Fabre en nia la réalité et Fabre des Essarts-Synésius en confiera autour de lui des détails pas toujours sürs avant de les publier (1). Saint-Yves d'Alvcydre, pour avoir lu en 1885 un texte issu du Sanctuaire, ne pouvait qu'y croire, mais il l'estime digne d'oubli, d'autant que la seule personne qui cùt pu le renseigner au juste - Madame Faure certes - , et pcut-etrc ainsi capter sa bienveillance, ne lui en avait jadis soufflé mot. La Vraie Maçonnerie et la Céleste Culture: tel est le titre du document publié en 1953 par Léon Cellier, avec introduction et notes critiques (2). Quatre parties le composent : un rituel d'initiation aux trois grades, un «exposé succinct du système musical», quatre discours, des prières cryptographiques dites «Ave Maria"· Le titre général est suggestif, bien dans le ton du Sanctuaire dont cc monument subsistait seul. Est-il original? On ne sait puisque Cellier n'a disposé que d'une copie moderne et dactylographiée ; il dut même en coffigcr mainte c1Tcu1· patente. La critique interne de Cellier ne laissait guère douter de l'authenticité que quelques esprits chagrins. Pourtant, la jeunesse et la forme de la pièce faisaient aux amateurs souhaiter un renfort. Le voici, avec le rappel de deux petits faits nouveaux et pertinents au même sujet. - 111 11 IT - Présentons donc d'abord un document unique de son espèce, que nous avons retrouvé dans les archives de Philippe Encausse, parmi des «Papiers de St Yves d'Alvcydrc "· Une note manuscrite du fils de Papus confirme cette appartenance, sur la page de cc titre: Sanctuaire de Fahre d'Olivet 1768-1825. (Les deux dates ont été ajoutées par une autre main.) Ensuite, trente et une pages (1-31Y d'une écriture du XIX" siècle non identifiée (mais plutôt, ce semble, de la seconde moitié) procurent le texte de trois discours correspondant en gros aux trois t 'I l11 1 ! 11 1 111, (!) Les Hiérophanles, Paris, Chacornac, 1905, pp. 249-251. (2) Paris, P.U.F.,; fac-sim. (moins le frontispice), Lausanne, La Proue, 1973. Voir aussi, du même auteur, l'indispensable Fabre d'Olivet. ContrihuJion à l'étude des aspects religieux du roma111is111e, Paris, Nizet, 1953. IJ9 -- 68 - premiers du daclylogramme édité par Cellier; ni plus ni moins, cl même les formules d'ouverture et de fermeture « du champ" manquent, qui terminent le deuxième discours chez Cellier. Une autre main, que je n'ai pu reconnaître davantage, peut-être la même qui est intervenue au titre, a ajouté en note, après l'intitulé du premier discours, la date où mourut Fabre d'Olivet. Les variantes d'orthographe, de ponctuation, de soulignement, d'alinéas sont très nombreuses et toutes superficielles. Les variantes textuelles sont nombreuses ; la plupart décèlent d'évidence des erreurs du copiste moderne ; aucune, toutefois, n'altère le sens. Le texte du troisième discours est tout entier une variante; ici, non plus, le sens n'est jamais modifié ; mais plusieurs passages du texte édité par Cellier sont omis. Parfois, un renvoi de notre copiste lui épargne une n'.·pditio11. Enfin, cc copiste a cru expédient de relever une contradiction entre trois passages relatifs aux trois 01·drcs. L'analvsc cldailkc du manuscrit est c11 cours, sa publication est prévue. Dès maintenant, ces conclusions-ci sont acquises: !. L'authenticité Jabriennc de la Vraie M11co1111erie el la Céleste cu/lure est confirmée. · 2. L'exactitude du texte des c.lc11x prcrnÎLTS discours publiés par Cellier est confirmée, ainsi que la justesse de ses propres corrections. 3. li paraît légitime d'extrapoler et de te11ir pour conlîrméc l'exactitude de l'ensemble du lexie de la Vraie Mw:unneric ... 4. Quoiqu'aucune variante ne touche au fond de b pensée, notre manuscrit permet c\'aml'liorcr l'édition dl' Ccllil'r, quant aux trois premiers discours. L'existence de deux vcTsions, c11 srnnmc, du troisième discours pose un problème pari îculîeL 5. La présence du manuscrit dans Je;; papic1·s de Saint-Yves d'Alvcydrc incite ù supposer qu'il s';1gil du manuscrit, ou d'une copie du manuscrit que lui avait, (-cril-il, «communiqué», en 1885. Rosen - ra hhin défroqué, ru ricux an t i-rnacon et corn·t îcr sauvage. (En cc cas, le manuscrit otl sa copie nous sont-ils parvenus complets?) Comme on observera une rencontre, elle suscitera l'hypothèse d'une influence. -III- qualité maçonnique d'Antoine Fabre d'Olivet lui-même, tout récemment dccouverte. Le frère Fabre visita le Centre des Amis, du rite écossais rcclilié, en 1821 et 1824 (3). Je ne sais oü Fabre avait reçu la lumière maçonnique. Du moins, quand il parle, à plusieurs reprises, de la ma~·oneric « adonhirarnitc '" il me paraît que cc n'est pas dans le sens spéciliquc où Guillemain de ~)aint-Vclor et Ragon emploient ic terme; mais cc n'est qu'une imp1·cssion. Au symbolisme -- adonhîrarnilc - du bàtimcnl, la vraie maçonnerie de Fabre substitue celui de l'agriculture. Rien d'inouï en matière d'initiation. Cellier rappelle Elc~1si et les propos de SaintMartin sur l'image du germe. André Bretou parle fort bien lù-dessus et l'équivalence de la constn1clion et de la plantation est un lieu co111mu11 du rabbi11isn1c cl de la kabbale. Aussi, s'enracine, oserai-je dire, dans le germe le lien privilégié de la g1losc avec b léminilé, que la 1héosophîc comprend. - Féminité, lc·mmcs de chair· plus ou moins, plus ou moins vraiment spiritualisées ... Les «adorateurs théudoxcs '" cncorl' qualifiés « uraniles '" sont aussi les « cultivatt:urs uranitcs de l'lmmortcllc "· Üllcllc Immortelle? L'Egéric de Fabre qu'il nomme « Egérie-Théophanie»; Julie Marcel, de son nom vulgaire, qui mourut en 1802 et se réincarna en 1810, scion Fabre en qui cc laps de temps lui avait suffi pour instiller le gcrrnc du Sanctuaire; par conséquent, sa «vraie fondatrice». Souvenir d'Auguslè Comte et de Clotilde de Vaux: l'affaire verse dans la sensiblerie cl J'i111agi11airc le plus concret; sou\-cnir de Jules Doincl, tout idéaliste, et sentimental, c11 «loi amant de Sophie», a propos duquel la question vient d'C·trc lrait<.'.·c ( 4 ). Mais souvenir aussi d'au! res <.'.·pisodcs de la vie de Fabre : son c'pousc qui demande le divorce, «épuisée de magnétisme», scion Fabre des Essarts (mais quel magnétisme?) (''), Virginie Faure, n(·e Didier, l'ultime consolatrice, l'ultime inspiratrice ( 6 ). (3) Voir la biogi·aphic dl' Gilbert, qui élail l1l' CL'lk loge, dans /Jeux Gilbert, ([ouvres co111111c111ëcs, Paris, Cariscripl, 1982, p. 31. (4) C'l'st, en ctrcl, le titre de l'étude limin:iirc :1 nolrl' réédition de /,11cifer dé11111s1flll', Gl'nèvc, Slatkine, 1983. Fabre des Essarts révc que Fabre d'Olivet eùl été un gnostique en ri:gle: « De race cc'\Tnole. protestant, il descendait dl' ces fiers Camisards, qui tinrl'nt télt' aux bourrl'aux du roi, cl pa1· eux touchai! il ces mystérieux Vauduis, qui eux-111éml's n'étaient pcut-étrc il l'origine qu'un raillcau sccrèlcml'nl rallaclK' il l'arbre gigantl'squc ,(]ui s'appelle la Gnose! ,, (op cil., pp. 241-242). En tout cas, le roman vaudois dl' Fabre d'Olivet, f,('S 111011tag11ards des Alpes (1837). n'a pas Antoine pour auteur, mais son fils Dioclès. (5) 11 va du magnétisme dans la thérapeutique de Fabre pour les sourdsvn 1:111111 uc·t1:111t la double mucls. CL·llicr s'en csl aperçu, WJ11s \" ré·l<To1~ lhèsc dl'. Fabre d'Olivet sur la surdi-mulité ü guérir cl sur la langue hébraïque il restituer. (Voir «Dl'. la langue hé/Jraïquc restituée à l'Esoléris111e de lu Genèse», L'initiation, 1986, 11° 2). (6) Certes, disais-je, clic était membre du Sanctuaire. C'est même le seul membre dont l'identité nous soit cmm11c. avec Mme Camusat dont Pinasscau avail communiqué à Cellier une lettre que lui avait adressée amis de Sai11t-Marti11: Gence cl «Vous C~l's destinés à devenir des adorateurs thc'odoxcs, et je suis appelé à vous initier dans tous les nwstèrcs de cc culte universel. » Tout est là, dans cet te décision de· Fabre d'Olivet : au Sanc1uairc, le culte théocloxiquc universel, ou connaître pour devenir meilleurs. La doctrine est cette théodoxic universelle, d'intention gnostique assurément, qu'expliquent tous les livres de Fabre; le dernier, inachevé et posthume, nccaparc ces deux mots pour son titre. L'enseignement, dont Fabre se proclame seul capable, utilise au Sanctuaire des leçons et des rites. Dans les rites l'influence maçonnique prédomine. Pythagore et l'Egypte, fort mythiques l'un et l'autre, y mettent leur marque ; ne marquaient-ils pas, à l'époque et non moins mythiquemcnt, bien des aspects de la franc-maconneric "? Notre premier fait nouveau à rappeler n'est autre que la IV- 1 Il lil ·1 11 'ili 1, j, ,1 ,,,1, - -71- 70 Et le culte solitaire de Saint-Yves d'Alveydre pour son épouse défunte. Mais le rapprochement avec Fabre d'Olivet, dans son rapport avec Julie Marcel, devient ici étroit. Car, dans les deux cas, culte il y eut, le plus pratique, le plus rituel. -VL'amour d'Egérie-Théophanie a «déterminé en puissance l'édification» du Sanctuaire, parce que sienne est «la main qui la première a osé toucher à ce voile pour l'entrouvrir». Ce voile... Entendez le « peu profond ruisseau calomnié », de Mallarmé, « la mort ». Et, dans le Sanctuaire réalisé, organisé, non seulement avec la Madone, mais avec « toutes les âmes héroïques qui ont reçu le bouquet d'immortelle et qui font partie de ce Sanctuaire» - dix âmes d'hommes et douze de femmes - , la théurgie est prescrite, analogue au magnétisme entre les êtres incarnés. Cela qui hantait aussi, je pense, Saint-Yves d'Alveydre (des cérémonies évocatoires rapprochez, par exemple, de troublantes pages des Clefs de !'Orien/), cela s'esquisse dans !'Essai sur le spiritualisme de Joseph Gilbert, le meilleur ami de Fabre d'Olivet, dont l'édition (7) constitue notre second fait nouveau, utile à s'approcher du Sanctuaire. La simplicité et la clarté de Gilbert ne dissimuleront pas que cela est, ou peut être, soit très sombre soit très lumineux : cette communication avec l'au-delà qui implique le corps, Je psychisme et l'esprit, cette magie efficace et incertaine, prestigieuse. Je crains, je crois que Fabre d'Olivet mourut, dans son sanctuaire, d'un suicide psychopathique et rituel (8 ). R.A. Fabre. Cette lettre a été proposec, en même temps que deux autres du même à la même, par la librairie Charavay, en 1967, sous le n" 31929 de son catalogue. (7) Voir supra, note 3. (8) Voir « La mort de Fabre d'Olivet '" L'All/re Monde, n" 88, p. 21. DE LA LANGUE HÉBRAIQUE RESTITUÉE A L'ÉSOTÉRISME DE LA GENÈSE par Robert AMADOU A parrain II. Vain programme: la langue hébraïque restituée. - III. Fabre-palabres. - IV. Sauvés par Chauvet. V. Le décompte. VI. Saint-Yves d'Alveydre intervenant. VII. Programme efficace: l'ésotérisme de la Genèse. - Appendice: Genèse !, /, comme exemple. 1. Un projet commun. - 1 UN PROJET COMMUN Quant à l'homme, plus souvent malheu1·eux qu'heureux, il fut tout sincère, tout honnête, cherchant et enseignant tout dévoué, chercheur sans rraude quoiqu'il s'illusionnât fort. La mort d'Antoine Fabre d'Olivet a-t-elle été tragique, et comment? Il n'importe: ses dernières années l'auront apaisé dans l'enthousiasme. Un labeur constant, aux fruits énormes, manikste chez lui une volonté et une puissance également admirables, la boulimie du curieux, un désir de comprendre où ne parvient pas à s'absorber son besoin d'amour. L'œuvrc, sous ses diverses espèces, d'un genre unique, varié et assez singulier, déroute qui s'y astreint; elle réconde qui la poursuit en la critiquant et y réfléchissant. Cc dernier propos s'illustre au cas de son chef-d'œuvre. Par la Langue hébraïque restituée, il tente de connaître l'homme et le monde, leurs vicissitudes, à partir des origines, sous le chiffre de la Genèse -- en fait dans les lettres qui composent le Sépher Béraeshit. Du Sépher, comme il dit absolument, s'inaugurc donc une lecture neuve, à la fois philologique et ésotérique. Là, le mérite objectif de Fabre d'Olivet est, à mes yeux, d'avoir ouvert la voie, tant de soi que grâce au truchement partial de Saint-Yves d'Alvcydrc, à Auguste-Edouard Chauvet. L'auteur d'Esotérisme de la Genèse, au milieu du xx• siècle, rend hommage exprès et documenté, à celui de la Langue hébraïque restituie, parue sous la Restauration. D'abord, il le nomme au premier rang dans le temps des précurseurs. Puis, il allègue nombre de ses réussites et de ses erreurs que je dirai linguistico-doctrinalcs. L'amalgame s'impose, en effet, et voire davantage que scion Fabre lui-même. Tantôt celui-ci l'avait vu ou pressenti, tantôt ignoré; Chauvet le déclare, c'est son axiome: la linguistique dérive de l'idéographie des caractères hébreux (et non pas seulement de leur valeur hiéroglyphique) concourant avec leur usage alphabétique, et la doctrine se conforme à la Tradition universelle dont, pourtant, toutes les formes ne sont pas équivalentes, puisqu'elle se perfectionne dans le christianisme '1 1 ,1 ,'1 - 72- que le judaïsme a préparé; dès lors, le dogme chrétien aide à découvrir les autres formes traditionnelles, tandis que leurs ésotérismes favorisent, par résonance, l'invention de celui du christianisme, I' «ésotérisme de la Genèse». Ainsi, Chauvel dépasse infiniment Fabre, et point d'ancétrcs au génie Mais Fabre reste le pionnier. II VAIN PROGRAMME: LA LANGUE HEBRAIQUE RESTITUEE La langue hébraï1111e rtsliluée, el le vérila/Jlc sens des l!lUls hé/Jrew: rétabli cl prouvé par le11r analyse radicale. Ouvrage dans lequel 011 lrouve reunis: ]" Une d1sser1u1ion i111rud11c/il'C SI/Y l'origine de la 1'11role, l'élude des /w1g11es l/lli pc11vc111 _,. cmuluirc, el le but que /'Auteur s'est prupo.sé; 2" U11c grmnmaire !téhraïc111e, fondée sur de llOlll'l'llllX principes, cl rc11d11e 11tile lÎ l'1'tude des langues l'/1 genéral; 3° l!nc serie de racines hdnaïques, enFisagees sous des Ul/J/!orts 1w111'l'lllt.t, el d1·stinées à faciliter /'i11tcl/igence du langage, et celle de la science é1yn10/ugi<111e; 4" Un Discours prdlimi11(11re; 5° Une 1rad11c1io11 c11 français des dix prc111iers clrnpilrcs du Séphcr, co111e11a11t la Cosmogo11ie de Moyse. Celle traduclion, destim'e à servir de prc11Fc aux principes pos1's dans la grammaire et da11s le dictionnaire, est pn;cedéc d'une version Ii11àale, en français cl e11 anglais, /aile sur le texte /1éhreu présenlé l'/1 original avec 111ie transcription e11 carac1ères 111odcr11es, et acco111pag11ée de 11utes gra111111atica/es et crilque.~ où /'interprétation donnée à chaque mot est prouvée par son anal.vse radicale, et sa confrontatioll avec le 11101 a11alogue samaritain, clrnldaïqne, syriaque, arabe, ou grec. Par Faine d'Olivet. Fabre ai111ait it expliqueT el ù cornrnenter ses explications cl ses commentaires. Mais ne voilù-t-il pas qu'ici le sous-titre s\ met·: La notice est laite. De 180.'l it 1811, le linc occupe Fabre, qui lllL'lrie, harassé, lui sacrilie, en 1810, sans nostal!,!ie, un poste de gratte-papier. Le manuscrit autographe est conservé· à la bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français. La « langue ht"braïque restituée», pourquoi cl comment J' Afin de tracer· l'histoire de l'univers, qui tournera à l'épopée en prose, aux rc'férenccs un peu ohscssio1111elles, Fabre s'i11tc1Troge sur l'origine de l'hom111e cl celle-ci suppose élucidée l'origine de la parole. Au philosophisme en celle' dcr11iè1·e· instance, qui passionna le XVI 11·· sit:cll', réplique Antoine Court de Gébclin, cet élu coën méTonrn1. Fabre doit à l'auteur du Monde primilif (1773-1782) 2 , l'initiative d'étudier, il son propre départ, les langues plutôt que le langage; sa foi dans l'origine divine de la parole va ainsi éclairer une attitude sciL'ntifique qui finira par la tk'montrer. Trois langues peuvent contribuer i:l reconstituer la langue primitive: le chinois, le sanscrit et l'hébreu; chacune a son maître liv1·e: respectivement le Yi-King, les Védas, le Sepher Béraesl!it, ou Sépf!er. Fabre choisit L Léon Cellier, Je meilleur biographe de Fabre i:l cc jour, en dépit des petites dimensions intellectuelles et de la pénurie initiatique de sa thèse, a laissé, sur le thème, un e·xposl' commode: Fabre d'Olivet. Co11trib11tio11 à l'étude des aspects religieux du Romantisme, Paris, Nizct, 1953, pp. 131182. Cellier reprend Fabre, nous incorporons de l'un et de l'autre. 2. La plus exacte prisée historico-linguistiquc de C. de G. linguiste et dans l'histoire reste Joseph George Reish, C. de G., eighlee11tli-century 1!1i11ker and li11guist. An ttppraisal, thèse U. Wisconsin 1972, Ann Arbor (Mich), Diss. Abstracts International, XXXII (1971-1972). - 73 -- en priorité l'hébreu, qu'il avait étudié vers la fin du Directoire, parce qu'au champ du savoir sans lin, l'homme ne travaille qu'une vie brève et que les principes généraux en correspondent le mieux à la solution cherchée. Sur la langue hébraïque, donc, s'exercera la méthode que Cellier nomme joliment «une alchimie littérale». Les signes - originel serait le signe, et originale l'intuition qu'en a Fabre - sont à considérer sous le rapport des idées primitives qu'ils expriment et par lesquelles ils sont constitués signes représentatifs de ces mérncs itkcs. C'est le progrès de Fabre sur Court: le signe n'est plus seulement une peinture symbolique, il est l'expression d'une idée. (Mais, pour exprimer l'idée, il convient d'élire, dans la nature élémentaire, des objets matériels, que l'homme spiritualise, pour ainsi dire, en les transfl'rant, par le moyen de la métaphore cl de l'hiéroglyphe, d'une n"gion dans une autre.) Le signe manifesté· extérieurement devient le 11om; k nom caractérisé pa1· le tvpc ligu1·é devient le signe. Ni le mot écrit ni k mot prononcé ne sont ;irhitr;1ires. Remonter aux origines du langage, de la Parole, c'est méditer sur le signe: voix, geste, l't, de préférence', caractères sacrés. Venons il la (;enèse, ;1u Séphcr. L'ouvr;1gc a beau passet' pour inspiré, il répugm· ù l'inlclligence. Une r;fr;on suflil: la tr:1duction est fausse; et, si toutes les traductions de la Ge11è·se sont fausses, c'est que la langu~ h<'.·hraïque est perdue L'l que, par consé·quent, aucun interprète n'a moyen d'éclnppeT ~t l'crrl'UL Program111e: restituer la langue hébraïque. Des donné·es de 1";1it montent le c;1dre de la cry·plographie. Elles s'enchaînent : Moïse est l'auteur du Sl'phcr; Moïse a été initié aux mystères de l'Egypte; l'hébreu esl le pur idiome cles anciens Egyptiens; la langue hébraïque a l'tl' oublié'e ù Babylone et toutes les traductions réputées de l'hébreu rendent, en réalité, la version des Hellénistes (autn.'ment dit, l'hébreu, composé ù l'origine d'expressions intellectuelles, métaphysiques cl universclks, est de\TllU insensibk1nc111 de natt11·e grossièTc parce que cet te langue fut rcst rein te aux expressions matérielles, littérales et partinli ièTes, dont la Septante se co1llentc, ;1u bout du compte) ; Moïse, dans sa pn"voyancc, avait, cependant, confié· de vive voix le secret de la langue hébraïque, qui aboutirait non pas, comme de notoriL'té publique, aux k:,1bhalisll's, mais aux esséniens. Or, cc secret, Fabre l'aurait violé pm- son gl'llll'. L'analyse sémiotique de l'écrit, du S1.'pl!er, peut alors commencer et Fabre la rnènera i1 bonne lin, tf1clw gig,111tesquc d'un autodidacte; du moins s'assurc-t-il que l'ensemble achevé, e'll effet, révèle la révélation dont il conlirmc le postulat J ,1 1 ,1 3. En rapport direct avec la traduction nouvelle du Séplzer et avec la métaphysique du langage qui a fourni les bases de la /,a11gue /1dnaïq11e restituée, inscrivrn1s le traitement de la surdi-mutité par f"abre d'Olivet, qui s'y illustra (affaire Grive!, 181 l) et c11 pàtil. Peu importe la réalité de l'effet thérapeutique. Fabre voulut ainsi réussir une double démonstration. D'une part, «le sourd-muel ( ... ) doit ouïr, cntc11drc et comprendre comme un homme doué en naissant de la faculté auditive, ù mesure que le principe se développe en lui par une cullurc appropriée, de la même maniè'l"e qu'un germe déposé en terre y fermente, s'y développe, et produit avec le temps et la culture nécessaitc une plante parfaite scion son espèce.» (cité par Cellier, op. cil., p. 172). L'innéisme et le spiritualisme s'avèrent donc. D'autre part, le secret de Fabre, scion une note de sa lille (citée par Cellier, op. cil., p. 176), tient au magnétisme, au magnétisme spirituel certes, presque ù b théurgie. Or, cc secret-lit est contenu dans Genèse, Il, 21, comme traduit et commenté dans la Langue hébraïque, s'agissant principalement du sommeil d'Adam, le fameux lardemah. Voifa poLll'quoi Fabre d'Olivet pouvait revendiquer, dans son traitement, Je principe d'une science qu'il disait bien connaître, et celui qui se ~rouve, i 1 il ,,1 ,) i. 1 i 1 :1 1 - 74 - LA LANGUE HÉBRAIQUE RESTITUÉE, ET LE VÉRITABLE SENS DES MOTS HÉBREUX RiTABLI l!:T PROUVÉ PAR LEUR ANALYSE RADICALE. OuvRAGE dana lequel on trouve réunis: 1•. Une D11DllT.lTI01' n•Taoo11CT1vz our l'origine de la Parole, l'étwle des langues qui peuvent y conduire, et le but que l'Auteur s'est proposé ; 2•. Une GuKK.lJall aiauïQ111:, fondée sur de nouveaux principes, et rendue utile à l'étude des langues en général ; 3•. Une_série de It..asu UH.lÏQ11U, enviaagées sous des rapports nouveaux, el destinées à faciliter l'intelligence du. lang98e, '" celle de la science étymologique; 4•. Un Disco11a1 PaÉL1•11'.lbJ: ; 5•. Une traduction en français des dix premiers chapitres du Sépher, contenant la Cos110Go111E de MonL Cette traduction, d•tink l oervir de preuve aus principes p<>oé• dans la Grarrunaire cl dans le DictionDIÎre, est précl!do!e d'une 'YSUIOK LJTrilu.Ls, en franc;ais et en anglais, faite sur le texte hébreu présenté en caractères modernes, et accompagnée de notes grammaticales et cri':" original avec une ~ption donnée à chaque mot eat prouvée par son analyse radicale, et sa confrontation tiques, OÔ l'in~toa avec le mot analogue aamaritain, èhalda'ique, syriaque, arabe, ou grec. PAR FABRE-D'OLIVET. A PARIS, L'Aunua, rue de Traverse, n°. 9, faubourg St.-Gennaiu ; CHEZ BARROIS, l'aîné, Libraire, rue de Savoie, n°. 13. { EBERHART, Libraire, rue du Foin St-Jacques, 11°. 12. 1815. - 75 - Le texte ae uuse est celui de la Polyglotte, hormis les points massorétiques ; les notes de Fabre, qui se limitent à justifier grammaticalement le sens donné, allèguent les versions samaritaine, targoumique, chaldaïquc, et aussi la Septante et la Vulgate. Les chapitres 1 à X de la Genèse forment un groupe cohérent, où tous les arcanes de la nature, toutes les sciences ont été enfermés par Moïse. Naissance de l'univers et naissance des êtres, puis leur histoire qui se déroule, en particulier celle de la terre et de ses habitants, l'homme au premier chef. Le Sépher, en ses dix premiers chapitres, conserve une cosmogonie, on voit quel est son train. (Moïse était instruit aussi de la théogonie, c'est-à-dire de la vie intime des dieux et de Dieu, mais il estimait les Hébreux incapables d'en supporter la charge.) Chaque chapitre de cette cosmogonie, de cette encyclopédie correspond au symbolisme de son nombre: 1. Parlicipalion (la puissance, le germe). - II. Dislinclion (de la puissance à l'acte). ·--- III. Ex1ractio11 (l'opposition surgit). IV. Multiplicatio11 par division (le tout se divise en parties). V. Compréhension facultative. - VI. Mesure proporlionnelle. - VII. Consommation (de la catastrophe au renouvellement). --- VIII. Accumulation (les choses divisées se réunissent en retournant à Jeurs principes). IX. Res/auration (du raffermissement prncèdc un nouveau mouvement). X. Energie agrégative et formative (les forces naturelles se déploient et agissent). La Langue hébraïque restituée prépare, scion le plan de Fabre, !'Histoire philosophique du genre humain, à paraître en 1822 4 , puisque, grâce à elle, l'historiographe est censé savoir lire (et il sait le sens de l'acte de lire en même temps que du texte lu). [,es Vers dorés de Pythagore, antérieurs de deux ans mais contemporains de la rédaction, où Fabre prétend dénicher sa doctrine, ne restent pas isolés : pour la première fois depuis le déluge, un homme, moi, s'écriera Fabre, qui ai restitué la langue hébraïque, un homme s'est trouvé placé dans une situation assez favorable pour enseigner dans son entier la théodoxie universelle. Qu'est-ce que la théodoxie universelle ? La doctrine précisément - sa doctrine que Fabre, tel René Guénon au siècle suivant, identifie avec la Tradition - et l'ouvrngc qui porte ces deux mots en litre 5 joint la Langue à J'en croire, le plus clai1·cment énoncé dans les dix premiers chapitres du Sépher, quand on sait Je lire (et c'est en fonction de l'origine des idées); du coup, Je moyen du traitement se réclame de l'Egypte antique. Et voilà pourquoi Je témoignage du sourd-muet réputé guéri devait être écouté ici. 4. Cette première édition avait pour titre: De l'Etat social de l'homme, ou Vues philosophiques sur /'histoire du genre humain. Le même éditeur, Brière, à Paris, donna, en 1824, au solde du tirage un nouveau titre: Histoire philosoplzique du genre fwnzain ... , qui a fait fortune. S. Cet ouvrage, la plupart des auteurs. sauf Guaita, l'ont cru n'avoir existé qu'en imagination; Durbon-aîné en détint quelques pages qu'il publia (voir note 6) ; nous en avons inventé le manuscrit complet, excepté les pages qui transitèrent chez Durbon-aîné, et sous réserve que le livre luimêmc est demeuré inachevé. Voir R.A., «Un livre inédit de Fabre d'Olivet», L'Autre Monde, n'" 88 et 89. nov. et dée. 1984, pp. 16-21 et 26-31. Sur de rares points (notamment, scion Guaita encore, l'origine du mal), la traduction commentée par Fabre d'-Olivct du Caïn, en trois actes, de Byron (1823) enrichit la Langue hébraïque restituée. En revanche, est apocryphe, scion une très grande probabilité, cette «Traduction littérale de la Genèse (manuscrit inédit). Mot à mot de la lettre pour servir à établir la traduction de la lettre», que /'Initiation publia, de février à août 1903. sous la signature de Fabre d'Olivet. L'auteur en semble être Boisquct, disciple de Fabre (voir Cellier, op. cit., p. 381, n. 1, et p. 426) ; cette dernière qualité interdit de négliger l'œuvrette un peu folle. Enfin, un second apocryphe, certain celui-là, nous a frappé, que la - 76 - -77- L'l l'Hi.,toire, tout en engageant Pythagore, car c'est un commentaire sur la cosmogonie de Moïse, qui en affirme la similarité avec ks systèmes des autres traditions particulières: en amont le langage, en aval l'humanité. Fab1-c ne tire pas toutes les conséquences politiques, mais -·-- révé-jc? -il paraît apercevoir que l'évolution de l'univers se reflète, homologue, dans la marche de l'humanité, des civilisations ... En l'état, cependant, la Théodoxie 1111iverselle fait suite à la Langue hébraïque et corrobore l'Histoire plzilosoplzique ainsi que les examens des Vers dorés. A cause de Napoléon, la f,anguc hébraïque restituée attendra l'imprimeur jusqu'en 1815-1816; le Jo11rnal de /'imprimerie annonce le premier volume, daté de l'an préc(~dnt, comme le prospectus, au 27 janvier 1816, et le second au 3 juillet suivant; deux parties in-4". Les éditeurs sont, ù Paris, l'auteur, Barrois, Ebcrhart 6 . Travail litté-rairc et non pas théologique, avertissait Fabre (quoiqu'il ajoutât que certains théologiens pussent en bénéficier). Cc nonobstant, le 26 mars 1825, la Sacrée Congrégation de l'Imlcx inscrit la La11g11e hébraïque restituée ù son catalogue. Un admirateur, en 1869, soutiendra b justice du verdi cl : « Cc livre de Fabre d'Olivet étai l le coup le plus terrible qui pùt ètrc porté il la religion chrétienne. C'était la lurnièr·c opposée enfin aux ténèbres de la plus crasse ignorance.» 7 L'honc11r ! Faule de bonne et fière théologie, qui serait vraie théocloxic ou lhé·osophic, inhérc11lc ù la vraie linguistique sacrée, 011 plutôt l'crnbrassa11l, Fabre Cil rail de honlL'USl' l'i perverse. Au plomb vil du prog1·ammc rempli, s'est changé l'or pur espéré du pro.iet. Chauvel innirscra k n'.'sullal, il le rétablira, après avoir rectifié le procé·dé', c• L'n le vivifiant. III FABRE - PALABRES D'emblée, Je chd-d'u:uvrc de Fabre tomba presque à plat; il attendra trois quarts de siècle avant de devenir célèbre. 8 En 18LO, l'auteur essaye qu'un autre éditeur arrive ù vendre ses cxcrnpla1rcs: Trcuttcl et Wurtz, qui avaient publiés les V ers dorés en 1813; encore, il relance, en août 1824, le libraire Brière, autre dépositaire, sous la marque duquel était sortie J'His/Oire philosophique. Sans guère de succès. Dclislc de Sales, le maître vivant de Fabre, était intervenu par allusion sur Je rapport consacré' aux travaux tk l'Institut de France, en 1811; il avait signalé la trouvaille d'un Ji! analytique des langues anciennes et génératnces: hébreu, sanscrit, égyptien, propre, eornmc il Je mont rc, ù jeter· un aperçu des langues primitives. Mais un autre savant, sans a11inité tt'aut·u11t· :--.une aVl'C t·atH'L', 4u~tnd etc.~ lilt(·rature ignore cl dont la fausse allribution, en de certains 1ich1crs, lient ù l'i11advc1·tancc d'un bibliothécaire, ù la bibliothèque SaintcGcnevii:ve, par L'xernple: f,c livre du prop/zi'lc /Ju11ic/, trw/11i1 i/'apn~s le texte héhrc11, aral11éc11 et grec, avec u11e i11trod11ctiu11 critique ou défense 11ouvc!lc du livre et 1111 co111111e11/aire lillàal, ex,'gétique cl apolog,'tique, par Fabre ... d'Envicu (J\bbé J.), Paris, E. Tllorin, Toulouse, E. Privat, 1888. C'est un ouvrage habile cl ullra-conscrvaleu1-, sans relation avec noire Fabre; il évoque Court de Gébelin sans aménité (1, 367-370). 6. 2" éd., Paris, Chacornac, 1905, 2 vol. in-8° (partie recomposée, partie fac-sim.) ; 3" éd., i/Jid., 1922, in-8° (retirage de la précédente, avec quelques variantes dans la recomposition) (Cellier indique encore, ibid., 1924, dont nous n'avons trouvé aucun exemplaire; très probablement il s'agit, si cc n'est un lapsus, d'un second retirage de 1905 ou un retirage de 1922.) Fac-sim. de la 1".,. éd., 2 vol. au format légèrement réduit, éd. augm. d'un complément inédit rédigé en 1823 sous le titre de Tlzéoduxie u11iFcrsel!c .. ., Paris, Durbon-aîné, 1931 ; id., Paris, la Tête de Feuille, Lausanne, La Proue, 1971, collection « Dclphica », 2 tomes en un vol. au format légèrement plus réduit qu'en 1931 (moins l'cffala, la liste des souscripteurs et la T.U. pourtant annoncée au titre) ; puis Lausanne, J'Agc d'homme, 1975, collection « Dclphica », c'n deux tirages: l'un en deux vol. (la T.U. disparait du titre), l'autre en un seul volume (augm. de l'errata et de la T.U., pourtant absente du tit1-c). 7. Par de C. (?) ap. La Ci,~alc n" 20, 16 mai 1869, rééd. in ."fi,·cdla11rn Faine d'Olivet II, Nice, Bélisanc, octobre 1977, p. 13. J'ouvrage a paru, n'_\1 \'(t p~ts tiL' n1a111 morte. Pauvre Volney! «Outre· la \·cdcur Lie son qui c1pparliL'11t au" fl'\lres hé·hraïques, elles ont eu, dès kur origine, des noms appellatifs transmis d'ügc en üge, qui ont été cl qui sont encore pour les savants un sujet énigmatique de recherches cl de disputes ( ... ) li paraît qu'au troisième et quatrième siècle de notre ère, on expliquait ces mols bien dill'ércm1nenl, comrnc on le voit dans une citation de l'évéquc Eusèbe: son explication est si peu raisonnable, que l'on a droit de penser que, vu la haine rendue aux chrétiens par les Juifs, les rabbins se sont rnoqu(,s de nos dol'lcurs; d'autre part, il est constant que ces rabbins, livrés it leur esprit d'allégorie, ont supposé it ces mots une profondeur de sens rnystiqllL' qu'ils n'ont pu avoir; il appartenait à notre üge, oü se rajeunissent tant de vieilles rèvcrics, de voir celles-ci reproduites cl ampliiiéL'S par des hommes, d'ailleurs doués d'esprit; mais comme l'esprit n'est que la facult<' d'apercevoir dn rappur/s, cl comme cette faculté peut mener ~1 voi1· t'i' (/Ili 11'cs/ pas, quelq11L·s-u11s se sont .jetè·s da11s l'i11wgnlilirc. Court de (;è·IX'lin L'll a été un premier exemple; un s<.Tond se tnnlvL' dans l'auteur du livre intitulé, la La11g11e lzéhraïque, etc., etc., avec une analyse de Scplzcr, etc., un volun1c in-4''. » 9 Cependant, l'année mèmc de la sortie, "pour le groupe lyonnais, la publ1cal1011 de la Langue lzé/JraÏi/11<' rcslitzu'c fui un c'\'t'nl'n1L'nl. Cc n'est pas sans appréhension toutefois qu'ils virent paraître CL' livre» 10 , écrit, en 1816, Ampère it Ballanche. (Ballanche cl Fabre d'Olivet, beau sujet où Cellier est ü l'aise.) Le bon, le vénérable, le vl"nérc' abbé Lacuria, cet initiL" saccnlolal, non pas ét rcrngcr ù l 'c'l'ole de Lvon dans la prern ière moi 1i(· du X 1X" sii'cle, a connu de kclurc Faf)l'c d'Oli\Tl, dont il (·crit dans les Iiar111011ics de l'être, édition de 1899: "Plusieurs hébraïsants croient que d;111s la la11gUL' biblique 11011 seulement chaque mol, mais chaquL' ll'ltrc a un .sens spécial. »Un de ces hébraïsants, M. Fabre d'Olivet, dans son ouvrage f,a lan1~e hé/Jraïqzw restituée, examine cc que signifie (sic) les noms q11c les hébreux donnent au nombre, et voici le ré·sumé de CL'S rechcrcl1cs i1 cc sujet.» ,, 8. Les citations cl les allusions dépourvues ci-après de référcmTs sont tirées de Cellier, op. cil.; on les y retrouvera presque toutes dans Il' premier chapitre de la deuxième partie, éventuellement ü l'aide de l'index général. L'introduction ü Théoduxie Zllliversel/c reprend, développe et accroît ll's points abordés dans le présent chapitre. 9. Constantin-François de Volney, L'lzébrcu simplifié .. ., in L'Alfabet (sic) européen appliqué aux langues asiatiques... f,'/zébrcu simplifié par la méthode alfabétique, Paris, Parmantic1-, Froment, 1826, pp. 351-352. IO. Voir Cellier, op. cit., p. 338. 78 S'ensuit l'interprétation de Fabre, en résumé, nombre après nombre, de 1 à 9. Et Laeuria conclut : « Ainsi le sens que la plus ancienne et la plus sainte des langues avait renfermé dans leur nom même confirme les conclusions auxquelles nous étions arrivés par d'autres voies. » 11 L'hommage va loin. Wronski est hostile, Paul Lacour aime, et suit un segment qu'il prolonge, en figeant le polythéisme de Fabre 1 2. Sans doute, on s'attend qu'Eliphas Lévi, le « restaurateur de l'occultisme» (Paul Chacornac dixit) au milieu du XIX" siècle, range Fabre d'Olivcc p~lrmi ses alliés, et recommande, utilise la Langue hébraïque restituée. JI n'en est rien : l'cx-abb6 Constant cite à peine l'auteur et une remarque de détail résume l'indifférence de Lévi et ses motifs qui sont profonds: s'agissant du démon dans la Genèse, «Fabre d'Olivet est à côté de la véritable interprétation, parce qu'il ignorait les grandes clefs de la cabale.» 13 Ces clefs, Eliphas Lévi lui-même les connaissait-il ? Oui, en quelque sorlc, mais Paul Vulliaud le contestait. Il est vrai que d'aucuns instituteurs anathématisent la Kabbale juive (à tort d'ailleurs) oü, en 1923, l'auteur ridiculise, entre maint autre, Fabre d'Olivet cl aussi Saint-Yves d'Alvcydre, quant à leurs traductions 6sot6riqucs de la Genèse. 14 A Vulliaud, Grillot de Givry, hermétiste authentique, riposta, dans le Voile d'Isis de 1'!26, avec plus de sens commun que de science. Fabre d'Olivet, écrit-il, "a cherché, et c'était son droit strict, il "élucider» un certain mystère qui plane sur la langue hébraïque, en se servant uniquement des matériaux fournis par la science du linguiste et l'étude des grnmmait·cs comparées des langues.» 15 Or, c'est cette science-fa qui exige d'être appréciée cl aussi cc scientisme de Fabre naïvement concédé. Entre Lévi et Vulliaud, il y avait eu Papus cl les siens. Les compagnons de la hiérophanic, ceux qui, les premiers, à la Belle Epoque, reçurent cc titre, ont porté Fabre d'Olivet au pinacle. Hérauts, Stanislas de Guaita et Papus, la mèrnc ann6e 1888 16 ; les deux avaient été 11. Paris, Chacornac, l. l, pp. 248·249. Cf. t. Il, p. 300. (Ces passages sont de ceux qui manquent it la première édition, 1847.) Dans sa Clef historique de /'Apocalypse .. ., Lacuria souligne qu'afin d'expliquer, il a pris en considération la valeur occulte des lettres hébraïques scion Fabre d'Olivet. Cc texte existe en plusieurs états manuscrits, voit· notre inventaire des manuscrits de Lacuria, supplément au n" 315 d'Atlantis, 1981 (ex. corrig6s dans les principales bibliothèques publiques, notamment it la B.M. de Lyon), pp. 5, 20·21. Un fragment de la Clef a c'té seul édité, Aurores, n" 17, nov. 1981, p. 10. 12. Voir respectivement Cellier', op. cil., p. 363 et p. 359. (Dans cc chapitre, «L'ère de Ballanche», Cellier évoque d'autres contemporains en face de la f,angue hébraïque.) 13. Eliphas Lévi, Dogme et rituel de la haute 11rngie, 6• éd., Paris, F. Alcan, 1920, t. II, p. 15. 14. Paris, E. Nourry, l. TI, pp. 426428. Voir aussi du même un compte rendu de la Tlléogo11ie des patriarches, !,es F11tretie11s idéalistes, 1910, pp. 261·265. 15. Grillot de Givry, " La valeur scientifique de 'La Langue Hébraïque restituée' de Fabre d'Olivet», octobre 1926, pp. 556·567; cf. p. 567. 16. Papus, dont nous avons réédité et présenté Fabre d'Olivet et Sain/Yves d'Alveydrc (L'initiation, 1986, n° 1. pp. 17-32, pour la partie Fabre), a reproduit dans son Traité méthodique de science occulte (Paris, Carré, 1891) de larges extraits de la Langue hébraïque et, notamment, le texte complet de la traduction littéraire du Sépher (pp. 427477). Il rapproche de Fabre, dans une commune hostilité it Champollion (pour l'un avant, pour l'autre après ... la lettre), De Brière, Essai sur le symbolisme antique d'Orient, principalement sur le symbolisme égyptien .. ., Paris, B. Duprat, 1847. -79alertés par Saint-Yves d'Alveydrc, dont la caution les comblait. Tout l'entourage accompagna là aussi. 11 Tous ... Fabre des Essarts, patriarche de l'Eglise gnostique sous le nom de Synésius, constatera: la Langue hébraïque restituée est «le véritable monument qui donnera l'immortalité à la mémoire de Fabre d'Olivet. » 18 Tous ... L'herméneutique du Béracsllit scion Joséphin Péladan dépend, en général, de la Langue hébraïque restituée et le sâr Mérodack ne s'en cache point. 19 Tous, dont Abel Haatan (Abel Thomas) : son Traité d'aslrologie jwliciaire se fonde sur une cosmogonie cl il ne voit pas ccllc·ci ailleurs que dans la Genèse dé·chiffréc par Fabre d'Olivet. 19·:, Tous, cl même René Guénon, dont J'enthousiasme juvénil, et mimétique, n'a pas de quoi surprendre, mais sa fid61it6 à travers son œuvrc entière à Fabre d'Olivet et, très spécialement, à ses extravagances linguistiques, constitue bien la «grande 6nigme » qui étonne Jean Rcyor 20 . (De même, Guénon ajouta une foi persistante au watan selon Saint-Yves d'Alvcydrc.) Tous, y co111pris Sé·dir, encore plus occultiste que mystique (ces deux qualités indissociables en droit, il les posséda, sa carrière durant, en proportion variable) quand il enseigne à !'Ecole libre des Sciences hcnnétiqucs des "Eléments d'hébreu d'après Fabre d'Olivet», que l'J11itialiu11 publiera en 1900·1901 ; il y sert, en effet, de répétitL'ur il Fabre: " Nous n'avons voulu que suppl6er dans une faible mesure à la lacune que la rareté et le prix élevé de son admirable livre mettent trop souvent dans les 6tudes des chercheurs. » 2 1 Peu d'années ensuite, Chacornac, rééditera la Langue hébraïque restituée. Tous, et avec le plus grand bonheur pcut·êtrc, F,,Ch. Barlet, le supérieur discret, qui, en l'JIO, scrnta si bien, cl récapitula en pédagogue la pensée de Saint· Yves d'Alvcydrc; il sut placer le marquis dans la mouvance fragmentaire de Fabre d'Olivet et, très particulièrement, de la Langue lzébraù111e restituée. Toute la différence, en rcssort·il, tient à l'archéomètre, cette machine du grand art cl de la haute science. Ainsi, à l'arriv6c comme au départ, les fois, les pensées, les gnoses respectives s'affrontent: "" L'autodéification ionienne est l'hérésie suprême de l'égoïsme spiri· tualisé ", et l'œuvrc entière de Saint.Yves est l'explication, l'apologie, la justification constante de l'ésotérisme judéo-chrétien.» 22 Plus discret encore que Barlet, mais non moins authentique hermétiste que Crillot de Givry tout it l'heure cit6, André Savoret lit la Genèse selon Fabre d'Olivet, comme allant de soi. 23 Et la gloire de Fabre subsiste, quasi mythique, chez les occultistes cl les ésotérisles d'aujourd'hui, oü il n'est pas extraordinaire que cc soit de confiance en leurs aîn6s, dont ils partagent l'approximation en le leur appareillant. 17. Une curiosit6 pour all6chcr : l'exemplaire de la Langue ayant appartenu à Jollivct·Castclot, I' « hypcrchimistc », est passé au premier catalogue à prix marqués (1985) du très compétent libraire d'ésotérisme, Marchisct, à Paris, sous le n" 69. 18. Fabre des Essarts, Les Hiérophantes .. ., Paris, Chacornac, 1905, p. 246. 19. Emile Dantinnc, t:œuvre et la pensée de Pé/adan. La philosophie rosicrucienne, Bruxelles, O.P.S.C., 1948, pp. 87-106) fournit là-dessus une bonne mise au point, qui distingue aµssi les divergences, partant l'originalité relative de Péladan. ·• 19". Paris, Chamuel, 1895, pp. 3-6 et 11. 20. Ap. René Guénon, Paris, L'Hcrnc, Paris, 1985, p. 137, et p. 142, n. 4. 21. L'initiation, kvricr 1901, p. 151. 22. F.-Ch. Barlet, Saint-Yves d'Alveydre, Paris, H. Durville, 1910, p. 151; cf. pp. 115 SS. 23. Voir, par exemple, André Savoret, «Le quatrième iour de la Genèse», Les Cahiers astrologiques, juillet-octobre 1959, pp. 165-177 (cf. R.A., «D'une astrologie nostradamique », L'astrologie de Nostradamus, dossier à paraî· tre, Mairie de Salon-de-Provence, 1986). - - 80 Sous le nom Encl, Michel Vladimirovitch Skariatinc, qui avait connu Papus en Russie avant de s'exiler en France, s'est voué et a voué ses ouvrages à l'étude conjointe de la kabbale et de la sagesse égyptienne, très scientifique. Ainsi son orientation accommode Fabre d'Olivet. Contre Fabre, End entérine la kabbale juive, mais clic aurait sa source en Egypte, et Moïse, en tout cas, fut un initié de Memphis. Encl va donc à la source. Pour y puiser, il aura les gestes de Fabre. A l'instar du Sépher fabrien, en cllet, une catégorie de textes égyptiens contient, sous la forme phonétique, l'enseignement ésotL'rique; une signification symbolique cachée, destinée aux seuls adeptes. «Cette double condition était réalisal1lc grùce à la structure hiéroglyphique, qui PL'rmcttait de composer un mot de telle façon que, tout en ayant un sens direct et reprl'scntant phon(·uquernent la langue pari(·l', il pouvait contenir en mème temps une doctrine ahstI·aite et mystérieuse. »En écrivant la Gc11èsc, Moïse s'était servi de la rnê·me méihode pour réunir dans le texte les deux significations, méthode qu'il tenait des écoles initiatiques de l'Egypte. Dans son merveilleux livre /,a l.a11guc hébraïque rcsfilln'c, Fabre d'Olivet a très clairement exposé cc double système.» 24 D'une phrase, ks prog1·ès de l\'gyptologie, en pr(·venant illusions et confusions, ont permis de rehàtir, de premièTe main et d'une main plus süre, mai.s c'est sui· la base de la f,aJ1g11e hé/Jraïquc rcsrit11éc. Pour m(·rnoirc, l'enthousiasme de Nayan Louise Rcdficld, tr;1ductricc de FabrL' en anglais; en 1921, elle établit um· fort heureuse version de la l,a11g11e lu'braù111c restifué; 25 un fac-similé en a paru, l'année 1976. 2 6 Et, en 1970, si Best put intituler son liv1-c (;e11csis rcviscd, 27 il reporte l'honneur de l'avoir, croit-il, justifié, sur· la découverte de Fabre d'Olivet. (Fabre avait lui-mèmc traduit en anglais, scion ses principes, les dix premiers chapitres de la Genèse cl en jouxt:1 le fra1a;ais.) Davantage qu'aucune autre, la lettre --- j'entends la version littérale -de f'abre d'Olivl'l souffre d'ètrc mortifiée, alors qu'il eut le dessein, le dé·sir de la vivifier en libérant la vérité dL·s caractè·res qui l'ait celle des 111ots, de mènll' que les ca1·;1ctèTL'S font IL·s 111ots. Or, 11ul i11itié, lllL' scmble-t-t-il, n'a participé de l'esprit de F;1hre con1111L' S.U. Za1111L', Augusle Va11 de Kcl'l..:.hovc soi-d:.;~1 tel L'll ho111111(1g1.._• ;~1 ~01 L~glric. f';1hrc cbns les apprentissages de S.ll. Zannc ! Edmond Gilliard, disciple privilégi(,, condense les circo11sta11ees de la re11contre ainsi: "Apports de l'ail'. Conf'rontation des textes de la tradition. Scrule la Genèse par delit Fabre d'Olivet. La doctrine prend un corps d(,finilif. Le hasard (ou ce que l'on nomme tel) ménage des rencontres. TrempL' dans certains milieux du spiritisme et de l'occultisme. Dipll>me décerné p;1r Papus. [ ... ] Un groupe se forme autour de lui. Des disciples s'attachent. Grùcc à leur soutie11, il va pouvoir, pendant quelques an11écs, SL' e011sacrcr paisiblement ù l' "extériorisation,, de sa Cos11wsoplzic, qui est achevée en 190R. Alors prend fin, aussi, le séjour parisien.,, 2 " Entre les ouvrages de S.U. ZannL', l'un, posthumL', marche dans l'esprit de Fabre d'Olivet, au risque de violer sa lcltre par relus de la tuer (mais il' langage transmutL' il' viol en amour) : l'ri11ci/)('s cl <''1'111c11/s de la f,,111gtll' Sacn'e se/011 /'lhfrn-Koh/}{//c d'A/ Clw111i .... Lausanne, 1929. 24. La la11gue sacrée, Paris, Fua-Lamcssinl', 1934, pp. 14-1.'i. Fac-si111. Paris, Maisonneuve et Larosc, 1984. 25. The Hcbraic Tongue rcs/orcd and the /rue mea11i11g of !Ize Hc/nc11• Words Re-cslab/ished a11d provcd by lheir Radical Analysis ... donc inlo English by Nayan Louise Redlïcld, New York et Londres, G.P. Putnam's Sons. 26. New York, S. Weisei-. 27. Shabaz Britten Best, Gc11esic rcvised, co11111101/an ... ; based 011 Fabre d'OliFc/'s "Hebraic 1'011guc restorcd }), gi1'i11g /Ize corrcc/ Eng/ish 1ra11sla1ion of the original Hebrc11• Script of the first /c11 c/wp/crs of Genesis, 11'il/z csoferic i11/erprctatio11s, Farnham, Suii Pub!. Co., 1970. 28. Edmond Gilliard, Reconnaissance de S.U. Za1111e, Lausanne, Spes, s.d. [1955), pp. 88. 81- Cet esprit suscite chez le cosmosophc une vertu analogue à celle de Fabre. «Le père S.U. Zan ne est un formidable éclateur de la gangue des mots. Je dis bien formidable, non par banal entraînement de l'usage exagératif, mais en toute conscience des forces de la nature que ce mot régit et à sa guise déchaîne. Il qualilic, de ces forces, les formes de puissance calaslrophi4ucs. Mais, catastrophe, en s'en tenant au grec seul, signifie retour, action de revenir au point de départ. Donc, astrologiqucment, totale révolution. C'est bien cela: au sein du cycle zodiacal de la Langue Sacrée, j'ai participé, gràce à S.U. Zanne, à la passionnante révolution des astralités verbales. "L'abord des origines est nécessairement cahotiquc. Toute l'opération eosmosophiquc consiste en la libération " cahotique » des glyphes primordiaux, des éléments naturels de l'idiome. »Par la concassurc du corps des mots, la fragmentation révolutionnaire des organes du langage usuellement constitué, S.U. Zannc rend à chacune des entités qui composent les formes du vocabulaire son individualité - son initiative, ses polaires vibranccs - sa magnétique originelle ... »On ne peut pénétrer, réellement, dans l'œuvrc de S.U. Zannc sans sentir passer dans son échine l'effroi du Tohu-Bohu. »Mais des profondeurs de l'abîme a jailli pour moi le mot éternel de la Genèse: JE SUIS "Je suis entré, par là, dans !'Ordre du Ver/Je.» 2 9 Nous voilà en pleine « linguistique mystique», que dis-je? en pleine mystique du langage analysé dans une linguistique que Léon Cellier avait très heureusement qualifiée « mystique», ü propos de Fabre et congénères. Nous voilà loin, littérairement sinon littéralement (à moins que cc ne soit l'inverse), de la version fabricnne du Séphcr. Mais c'est pour la retrouver, en esprit, et peut-ètrc dans une vertu fortifiée. Les modernes instituteurs, nos cacouacs, plus charognards que vampires, éliminent ensemble l'esprit et toute vertu quand ils substituent à «linguistique mystique'" " linguistique fantastique», 30 et, sans tàchcr à faire mieux, s'abstiennent de s'interroger sur la validité littérale de la Langue hébraïque rcsfifuéc, et de la Genèse restituée du coup par Fabre. Une excuse: Fabre d'Olivet lui-même n'cncouragc-t-il pas le passage, la profanation, en étendant sa méthode ü la langue d'oc, qu'il prétend, en somme, restituer clic aussi ? 31 • Parler plutôt de «linguistique romantique» (et d'une « histoire romantique»), ainsi que je l'avais proposé jadis, aurait l'avantage d'ouvrir à l'observateur tantôt la pente «mystique'" tantôt la pente « fantastique», et il ne serait pas superflu au pratiquant de savoir à quoi s'en tenir, et d'où partir. 32 Soit le mystique, soit le fantastique, soit le romantique, philosophiquement entendus, et dans leur connexion, nous acheminent vers le « cratylismc » forgé par Gérard Genette. 33 En relève, pour notre gouverne, 29. Gilliard, op. cil., pp. 81-83. 30. Cf., en aboutissement caricatural, La Linguistique fantastique, Paris, J. Clims/Dcnoël, 1985. . La postérité mystique et fantastique,''voirc mystico-fantastique de Fabre est passée en revue par Arnold Dwight Wadler, Der Turm von Babel. Urgemeinschaft der Sprachen, Base!, R. Gccring, 1935. 31. Cf. Robert Lafont, éd., « L'Ossian de !'Occitanie» et «Avant-propos de «La Langue d'oc rétablie dans ses principes constitutifs théoriques et pratiques'" Ami ras/ Repères, revue occitane, avril 1982, pp. 45-54 et 55-61. (Cf. autres travaux là cités du même sur Fabre et le félibrige.) Comp. Ph. Gardy, art. cit. (infra, n. 41). 32. Deux pages de Georges Gusdorf inscrivent Fabre d'Olivet Du Néant à Dieu dans le savoir romantique, Paris, Payot, 1983, 420-421. - 83 ll2 Court de Gébelin, mais Genette, qui lui consacre un chapitre, n'avance pas même le nom de Fabre d'Olivet. Compte tenu de l'ascendance intellectuelle de ce dernier, il ne sera pas déplacé de louer ici la vue que Genette prend de Court, et du cratylisme en général : au mimologisme traditionnel de la parole s'ajoute, dévcloppe-t-il, celui de l'écriture: « mimologismc intégral ». Le langage scion Gébelin est comme une idéomirnographie généralisée, où la relation symbolique, transparente cl sans rupture, ne cesse de circuler entre la "chose,, perçue, l'organe percevant, le mot prononcé et le mot écrit.,, Ecrit toujours dans un «alphabet hit'ruglyphiquc ,,_ 34 Fabre creusera. Foi de Platon pour Court, rappellc-l-il, cl pour Fab1·c d'Olivet, implique-t-il, et dans l'esprit aux vertus diverses! Foin de Platon pour Judith E. Sehlanger, par exemple, qui crierait plus volontiers it la folie lil!éraire, amie de « la langue hébraïque, problème de linguistique spéculative», mais ennemie de Fabre ! « Les signes ont été dL;terminé's de façon telle qu'il aucun moment la nébuleuse cks significations ne saurait opposer de refus aux interprétations.» 35 Le fond ne lui importe, seul l'événement de la Langue hébraïque restituée, sa possibilité avérée par le l'ait. Le comble avec «Fabre la fable ,, de Didier Samain. 36 Quel mépris pour Fabre! pour ses objets si hauts, f'usscut-ils ennuagés! Quelle c1·aintc d'une contamination! Quelle captal ion! Est-cc Samain-Sapin ou SamainSamu? Sc refuser à statuer sur l'cnscrnblc du livrL', inséparable des livres appan·nté,s, tous ks écrits de Fabre en somme, ou hi,·n condamner autrement la masse, convient-il, afin de ne point Vl'!'sc1· en ccl excès d'ignorance, cl'l ab11s de pouvoir, de dé·mu111L'r Fabre, d'en louer Lill aspect, d'en censurer un autre ou de le reléguer'? Linguiste patenté, qui compte, Whorf adopte de Pahrc linguiste cl exploite, i1 partir de 1934, avL'L' gratitude, «les nolio11s de svsiè1ncs de relations, de catégories implicites, de cryplotypes, de structures psycholinguistiques, l'i l'idée que la langue fait partie cl est un des aspects d'um· cultlll'L' do11né·c.,, 37 Etc. Whorf, coml11L' Sapir, posluil' le condilio1111e111cnl de la pc11sé·e par k la11gage; Fah1·,. ltti csl <l!ll'l't rc cl auxiliaire. E11 linguistique. Mais il se rit du théosophe, ou plutôt il en pleure. Les principes de Fabre en matière de sé·rnioiogic et de philologie onl du bon, mais pourquoi sa traduction du Sép/icr s'i11spirc-l-elie de la lhL;osophie :> Whorr n'imagine pas pire conseilli:n·. N'est-cc pas le contre-pied que pn·11d Andrl' Tanner? 38 II apprécie que Fabre d'Olivet oblige it poser le problème de I'<:sotérisme, en le posant lui-n1C·me l'i en élabora11t des sol11!irn1s qui ser;1ienl loin d'[:lrc toutes mauvaises ou c11lii.:rcmcnt fallacieuses. En revanche, c'est en matii.-re de li11g11istique que Tanm:r dé·clinc toute· co111pé·te1Kc, cl sur la traduction, sinon sur les enseignements que Fabre .v ;1 insL;rés, soit par J'orcc, soit par choix, il garde sa réserve. 33. D'après le nom de· Cralyic, éponyme d'un dialogue de Pialo11, oil celui-ci met dans la bouche du premier une théorie du langage comme sémiotique naturelle, sans d'ailleurs l'entériner. 34. Gfrani Genette, Mi1110/ogiq11es, Voyage en Cratvlie, Paris, Seuil, 1976, p. 148. 35. Judith E. Schlangcr, «La langue hébraïque, problème de linguistique spéculative», Revue inlerna1io11alc de p/ii/osop/1ie, 1967, fasc. 4, p. 502. 36. Didier Samain «Fabre la fable», in /,a li11g11is1il111e fa111aslique, op. cil., pp. 176-184. 37. Benjamin Lee Whorf, U11g11istiq11c et a111/zropo/ogie, trad. fr. par Claude· Carme, Paris, Dcnoè'I/Gonthier, 1969, p. 37; cf. pp. 36-40 (Il est très t'.·trange que Léon Cellier ait ignoré Whorf.) 38. André Tanner, G11ostiq11es de la Révol11tio11, premier volume, Paris, Egioff, 1946. Cf. du même, Le « Séplzer » de Moïse cl la typocosmie, Nice, Les Cahiers astrologiques, 1942. Que Court cl Fabre d'Olivet sortent scicntiliqucmcnt vaincus (aux yeux de l'histoire) du débat qui les opposait aux défenseurs de l'arbitraire du signe, n'inlirmc en rien la vérité politique de leur thèse. Jean Roudaut 39 s'arrete là tandis que Julia Kristcva 40 relève l'apologie de la langue hébraïque, au sein de la trichotomic remarquable qui l'associe au chinois et au sanscrit ; clic y voit, ainsi que dans la conception du signe et de l'hiéroglyphe la preuve d'une intcdércncc entre l'idéologie (au sens moderne) l'l la science (qu'elle 1·évèrc). Après le comble, la cave. Occultiste cl linguistique, la démarche de Fabre possèctc une unité. La dualité des lectures brise la trajectoire de sa rcc11crche, qui ne relève pas davantage de la science que de l'occulte. Le Trou/Jadour, poésies occitanù111es du X f f /" siècle, celle mystification de Fabre, parue e11 1803-1804, c'est autour de ses deux volumes p1·csquc cachés que la pensée du soi-disant !héodoxc s'organiserait, "tant et si bien qu'il est possible de parcourir la plupart, sinon lous ses grands textes à la lumière du rrou/Jado11r qui, loin de constituer un accident, une digression sans lendemains, fait plutùt ligure d'entreprise modèle, jamais abandonnée, toujours reprise, approfondie, parce qu'elle est tout à la fois intimement liée à l'histoire personnelle de Fab1·c d'Olivet et qu'elle s'inscrit all cœur mênie de sa "rechel'l'he.,, 41 Philippe Gardy ne rend pas _justice au projet de Fabre d'Olivcl; il se pourrai! lo1·1 bien qu'il re11dil justice i1 son prug~1e, lr~1î·e lui-111Co11e; au pren1ier L'ill'I à la f,a11g11c lu'/Jraù111c resli/11él', en son conte11u manifeste cl, sinon au désir, it la pulsion du bonhomme. "D'un côté:, la fascination des origines, qu'accompag11c un refus, plus 011 moins 11cltcrncnl exprimé, de toU!c modernité véritable; d'un aulr,· cùté-, la recherche de dérives l'i de ruptures radicales avec ces mê111,·s 01·igi11es, considL'rées comme un frein à l'épanouissement de l'individu dans Lill monde mcillcur. 1.'é·crilurc du Trouf){/do11r, prise co11m1L' la mise e11 pratique 1xTso11nclk des diverses recherches exposées dans le reste de l'n:uvrc de Fabre d'Olivl'l, se trouve ù la conliuc11ce, ou, plus exaclelllL'nl. it la naissa11ce, de ces choix contradictoires. Elle explore le foncl io1111L·1ne1ll de la "Lt11gue 111alernellc '" dont clic fait apparaître chemin faisant les blocages fonda111cnlaux, cl dessine les grandes lignes d'une prise en cha1·ge des questions que suuli:vc n· fouclion11cmL·nt. Elle ddi11it par ailleurs les gra11ds mylhcs lcffiloriaux, à travers la continllilt.: posl-c cnlrl' !' « L'llclos tk l'or» dl's 01·ig,i11L'S et les mols cueillis sur les li.·vn·s de L1 Mè1·e [ ... J " Soit ù celle sm·tc dL· sv11lhèse, qui n'es! que svncrétisrnL' du point de vue de la vérité des idé-cs, di;1boliq11c p11isqu'L·llc ci<'.-111e11l la g11ose qu'engendre le symbolisrnc (s~1 préjudice que (;~1·d.v pnleclio1111e FaiJl'c scion Fabre), soit ù la lraclurc de la li11guislique cl de la philosophie occuilc, Léon Cellier a eu la sagesse, l'l l'i1llclligenL·e, de ne pas se te11ir, non plus qu'it l 1 antago11is111c absolu de la linguistique en cause et de la lingu~tqc réputée scicntiliqm· (aux avatars mullipks): il savait que la théosophie comprend la li11guisliquc, sa liuguisliquc, inclusive de Ioule philologie, cl dépasse la raison raisonnantc, sans être inalionnellc, ni surloul antiratio1rnellc. Le voici rélkchissant devant la La11g11e lzdnaïquc restituée de Fabre d'Olivet, première partie: « Les progri·s de la philologie devaient J'aire apparaître la la11laisic des L'tvmologics. Qul'I héb1·aïsanl pouvait croir·c ù sa restitution de la langue hd1raïquc, à supposer qu'il admît que la langue hébraïque pùt être rcsliluL'c :> Co1nmcnl soull'nir que l'hébreu authentique (·tait identique il l'ancien égvplicn, après les découvertes de ·• 39. Jean Roudaul, Poètes et grnn111111iric11s au XVIII" siècle, anthologie, Paris, Gallimard, 1971. (Extraits de Fabre, pp. 328-355; no!iCL', pp. 325327). 40. Sous le pseudonyme de Juli<t Joyaux, Le lmzgage, cet i11co1rn11, Paris, S.G.P.P., 1970, p. 109. 41. « L' « Enclos de l'or"· Fabre d'Olivet cl l'écriture de la langue maternelle», Ro111aillis111e, 34 (1982), pp. 3-29; la citation précédente, p. 4; la suivante, pp. 28-29. - 84 - - Champollion ! Quel cabbaliste pouvait prendre en considération cette herméneutique qui se déclarait personnelle?" 42 Suivons Cellier devant la traduction, qui occupe la seconde partie. D'abord, si la langue hébraïque a été restituée (et avait à l'être), pourquoi ne sait-on traduire la totalité de la Genèse, des livres en hébreu de la Bible? Puis, le sens des racines est très vague cl autorise une multitude de sens. Entre trois sens principaux, Fabre louvoie sans cesse et son idée préconçue dicte son choix. L'adaptation conduit à la parnphrasc. De cette paraphrase qu'est la prétendue traduction du Sépher, quelle est la valeur? Fabre, répond Cellier, n'avait pas reçu d'initiation en règle, il n'était surtout pas kabbaliste (et même il dénigre la kabbale). Le système philosophique de Fabre, à vocation théosophique, n'est pas traditionnel quoiqu'il incorpore, dans une composition très personnelle, des thèmes transmis par la Tradition universelle. Les critiques de Cellier, dont le mérite est d'être pertinentes, issues d'une attitude pertinente, seraient il discriminer. Mais il manquait à cet érudit bienveillant et probe la pierre de touche L'I la notion instauratrice de synthèse (·sotérique. A NOS FIDELES LECTEURS ET AMIS di 06.UtJ. ne L' aoez déjà /ail d'6uJ.eâoez 06.lt:.e ~éab6neml P"-u~ (à suivre) 19cS6 POUR ALLEGER NOTRE TRAVAIL EVITEZ-NOUS la dépense d'un rappel. HATEZ-VOUS de vous réabonner pour 1986. ECR,VEZ LISIBLEMENT vos nom. prénom usuel et adresse. MERCI! :k « .. ceux qui en France ou ailleurs reprennent la tentative de Fabre d'Olivet sous d'autres formes. Citons au hasard : Garcia Blanco, Petau Malcb1-.rnche, Barzilaic, Alvarez de Pcralta, Steiner, A. Wadler, et tout près de nous, le docteur Chauvet et R. Abellio. "43 La liste aléatoire de Léon Cellier est hétéroclite. S'il y a du commun entre les auteurs mêlés, c'est d'appartenir au courant' 1nultiplc de la linguistique mystique, fantastique, romantique ... Mais Auguste-Edouard Chauvet figure. Tirons-le du lot. Sa vocation le distingue, en effet, quoiqu'il se situe en pays connu, que hante l'ombre de l"abrc d'Olivet. Aux faiblesses philologiques de celui-ci et à ses erreurs doctrinales -- cieux défauts corrélatifs - Chauvet échappe. Il adhère au projet, mais son nouveau programme, juste, réussit. 85 - Pour l'année 1986 Abonnement normal Pli ouvert : supprimé 1 numéro par trimestre: 100 F - Etranger Sous pli fermé : 120 F -- Etranger France 160 F 200 f Abonnement de soutien Versements par chèque bancaire, mandat-poste (ou virement postal au compte n" PARIS 8.288-40 U) à l'ordre de: ~CiJ-· Revue l'INITIATION Jean BRETIN 9, rue Cardinal-Lemoine - 75005 Paris Changement d'adresse : Il est rappelé à nos fidèles abonnés que toute demande de changement d'adresse doit être accompagnée de 3,00 F en timbres pour frais de modification de la plaquette-adresse. 1 42. Léon Cellier, op. cit., p. 331. 43. Cellier, op. cit., p. 392, n. 3. A la suite de r:haque expédition de la Àevue il arrive que des exemplaires nous soient retournés avec la mention : " N'habite pas à l'adresse indiquée ; retour à l'envoyeur » ••• Nous attirons donc votre amicale attention sur l'absolue nécessité de nous communiquer sans déla: tous vos changements d'adresse où recevoir la revue. Il en va de même pour les modifications d'état-civil (mariage, etc.) survenant dans votre famille. A l'avance, Merci. L'Administrateur : Jean BRETIN L'initiation SOMMAIRES 1985 JANVIER - FEVRIER - MARS (48 pages) CAHIERS DE DOCUMENTATION ESOTERIQUE TRADITIONNELLE Editorial, par MARCUS. - La Réincarnation et la Métempsychose, par Jean-Elias BENAOR. -·- VILLIERS DE L'ISLE ADAM, par Pierre MARIEL. - Du Maître Blanc au Maître Noir, par Henry BAC A l'inquiet, par Augustin CHABOSEAU. Le Golem de Prague, par HOREV. -- Réflexions sur un enseignement du Maître PHILIPPE, de Lyon, par Pierre BONALD. Poème sur Philippe ENCAUSSE, par PLOUIN. -- PHANEG, par Yves-Fred BOISSET. -·· La Paresse, par PHANEG. Pages du Passé: le Docteur Marc HAVEN, par PHANEG. Ceux qui nous précèdent: Louis LEGER, par Michel LEGER. - Les Livres. - La Revue des Revues. - Le Mérite, par P.B. - Cliché de PAPUS. -·- Œuvres de PAPUS. ORGANE OFFICIEL DE L'ORDRE MARTINISTE Revue fondée en 1888 par PAPUS (Dr Gérard EHCAUSSI} Réveillée en 1953 par le Docteur Philippe ENCAUSSE Directeur : Michel LEGER Rédacteur en Chef : Yves-Fred BOISSET (Nouvelle série - BULLETIN AVRIL - MAI - JUIN (48 pages) Editorial : Nos groupements et leur vocation, par MARCUS. - -- li y a cent ans WAGNER quittait ce monde, par Henry BAC. (1 Fils du Tonnerre n, par Henri 1953) OURVILLE. -- Hommage à Henri OURVILLE et à son épouse, par le Dr Ph. - Mon père, Charles de ENCAUSSE. -- PAPUS, par Charles de SAINT-SAVIN. SAINT-SAVIN, par Jacqueline de SAINT-SAVIN. -- Une pensée pour Maurice GAY .. ., par Georges COCHET. A propos de la Magie (Définitions), par PAPUS. -Jérôme BOSCH et ses peintures inspirées, par Serge HUTIN. - L'Abbé FOURNIE, dossier constilué et présenté par nobcrt AMADOU. Méditations Initiatiques Philosophie et Religion, par Constant CHCVILLON. - Lire SAINT-MARTIN, Vivre le Martinisme, par Robert AMADOU. - Les Livres. La Revue des Revues, par Elie-Charles FLAMAND. -- Autres livres reçus. Ménager autrui, par Irénée SFGURET. - Petits tas de sable {poème), par Jea11-Gcorges COCHET. Extraits de presse. Sommaire de l'année 1982. D'ABONNEMENT 1986 il recopier ou photocopier et à envoyer rempli et signé à Revue !'INITIATION 9, rue du Cardinal-Lemoine - 75005 PARIS Compte Chèques Postaux : PARIS 8 288-40 U JUILLET - AOUT - SEPTEMBRE (48 pages) Veuillez m'inscrire pour un abonnement de un an (Janvier à Décembre), à dater du premier numéro de l'année en cours, à L ' 1_11 1. I, .1 :1 I, .1 o n je vous remets en espèces mandat ; chèque (bancaire ou postal) la Editorial, par MAl1CUS. Jean-Baptiste Willermoz, par Robert AMADOU. L'icône, vision du rêve orthodoxe, par Henry BAC. Qu'estce que la mort pour le philosophe, par PAPUS. -- L'âme-architecte, par Jean-Elias BENAOR. --- Mors et Vita, par Conslmll CHEVILLON. -- Quand un ami s'en va .. ., pm S. DEUZ. -Ltl Fonds Stanislas de Guaïta, par Robert AMADOU. -- Les livres. · - La revue des revues, par Cl;:iude MARGUE. Entre nous. OCTOBRE - NOVEMBRE - DECEMBRE (48 pages) Editorial. par MARCUS Les Fêtes Liturgiques Chrétiennes, par Annie BENAMOU. - Un Paradis Sprirituel, pm Henry BAC. -- Anthologie de J.B. Willermoz, prescntée par R. AMADOU. Christianisme et Franc-Maçonnerie, par un M.E.S.A. Le Maître Philippe, p:ir Robert DEPAl11S. - Michelet, par Philippe ENCAUSSE (sa première conférence). A propos d1.1 dernier Ambelain, par Y.F. BOISSET. Les livres. Entre nous ... , par E. LOliENZO. Sommaire et abonnement. - Note de la Rédaction. Vœux pour 1986: E. LORENZO, M. LEGER, Y.F. BOISSET. somme ae (Rayer les mentions inutiles) 1986 France Sous pli ouvert 100 F Etranger France ................ . Sous pli fermé Etranger (1) ........... . supprimé 120 F 160 F Abonnement de soutien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Au choix: pli ouvert - 200 F pli fermé (rayer la mention inutile) Nom Prénom Adresse Le 19................ Signature, (1) Règlement à effectuer en francs francais, payables dans une succursale de banque française. --- [")~ est trimestrielle, soit 4 numéros par an. Le prix d'achat de chaque numéro antérieur à l'année en cours est de 25 F. Numéros épuisés: 1953 (N" 2). 1955 (N" 1). 1956 (N"" 1-3-4). - 1957 (N'" 1-2-3-4). 1958 (N"" 1-3-4). - 1959 [N'" 1-2-3-4). 1960 (N" 4). 1961 (N" 1). - 1962 (N'" 1-2). 1965 [N" 1). 1967 [N" 2). -- 19G8 (N'" 1·2). 1970 (N'" 1-3). 1971 (N° 1). - 1972 [N" 1). -- 1973 (N'" 1-2). 1914 [N" 1). 1975 [N° 1). -- 1980 (N°• 1·2). - 1981 (N" 2). Nombre de numéros de la nouvelle série: 1953 (6). -- 1954 (4). - 1955 (4). - 1956 (3). 1957 (2). 1958 (2). 1959 (2). 19GO [4). --- 1961 (4). 1962 (4). 1963 (4). 1970 [4). 1964 (4) - 1965 (4). - 1966 (4) 1967 (3). ··- 1968 (4). -- 1969 (4). 1971 (4) - 1972 (4). - 1973 [4). 1974 14). 1975 (4). 1976 (4). 1977 (4). 1981 (4). "- 1982 (4). 1983 (4). 1984 (4.). 1978 (4). - 1979 (4). - 1980 (4). 1985 (4) soit 126 numéros. : ·: Le Ministère de l'Homme·Esprit, l'un ries pi us célèbres et des plus rares ouvrages de Louis-Claude de SAINT-MARTIN. a été reprorl"lt intégralement dans les numéros suivants de !'INITIATION: 1954 [2-3-4) 1955 [1-4). 1956 (2-3-4). 1957 (1). 1960 (4). - 1961 (2-4) 1962 (4). 1964 [3). - 1965 (3-4). 1966 (1-2-3). e * * * Tarot : Les • Arcanes majeurs • (22 lames) ont été étudiés par Suzy VANDEVEN (Reims) dans les numéros suivants: 1969 (1-2·3-4). 1970 (1-2-3-4). 1971 (1-2-3-4). 1972 (1-2-4) - 1973 (2). Le prix d'achat de chaque numéro antérieur à l'année en cours est de 25 F. -89- L!re~ .tV'- e i[J)ter~ 0 0 0 V • La science du Tridosha - Ayurvéda et Homéopathie, par le Dr. BHATTACHARYA (Editions Ediau, 6, rue du Rû, 91540 Mennecy - 127 pages 65 FJ. L'auteur associe ici Tridosha, selon l'ancienne sagesse de l'Ayurvéda (science médicale hindoue) à l'homéopathie. L'éditeur la présente pour la première fois au public français. Les deux font ainsi encore un pas vers la confluence de deux mondes. Tridosha (trois fautes, littéralement). traite des perturbations des trois éléments air, feu et eau qui sont en rapport avec la pensée, la volontée et les sentiments de l'être humain. Tout déséquilibre entre ces trois éléments cosmiques se traduit par des symptômes observables dans le corps et par la prise du pouls. Les aliments, eux aussi, contiennent les éléments de la vie. La classification qui en est proposée peut orienter le choix d'un régime aidant à pallier certaines carences. Les sages de l'Inde disaient que tout médecin nécessite exercer avec attention, sérénité d'esprit et ... bonne humeur. Quelle joie de vivre ! L'auteur incite aussi le praticien à dépasser la théorie et à utiliser ses possibilités de réflexion créatrice. Il nous parle du chemin de " l'intérieur vers l'extérieur et de haut en bas " qui suit toujours la maladie pour disparaître. Un ouvrage tout à fait dans l'optique spiritualiste, qui donne de nombreuses applications pratiques pour que l'homme total se mette à l'œuvre: celle de l'adoration de Dieu et de Son service. M.V.L. • L'Hermétisme, par Françoise BONARDEL (Presses Universitaires de France - Que sais-je - n" 2247). Dans cette remarquable petite collection aux volumes de 126 pages, Françoise Bonardel, agrégée de philosophie, traite de la science d'Hermès et de sa transmission avec la perspective alchimique. Nous retrouvons souvent des références à l'anthropologie de l'imaginaire si bien mise en valeur par Gilbert Durand. J.P.B. • Catherine Il, impératrice de toutes les Russies, par Paul MOUROUSY (Editions France-Empire 34 pages - 95 F). Comment une allemande devint gieuse tsarine de siE;s, plus Russe petite princesse la plus prestitoutes les Rusque les Russes. Comment une luthérienne de naissance, habituée à prier dans les temples de la religion réformée, découvrit la foi des anciens slaves en se prosternant devant les icones veillées chacune par l'humble lumière d'une bougie. Comment par une volonté tenace comme par son amour pour son nouveau pays. Catherine parvint à régner seule et devint l'impératrice la plus éclairée de la Sainte Russie. L'auteur, excellent historien, fait sortir de leur légende les personnages et leur donne une réalité souvent pathétique et toujours attachante. Henry BAC • La nuit devient lumière Que dire à ceux qui ont perdu un être aimé ? de Jean PRIEUR (Editions Astra, 10, rue Rochambeau, 75009 Paris - 75 FJ. Dans le style qui lui est propre, éblouissant, Jean Prieur, l'auteur, nous démontre que nos disparus nous sont toujours très proches, en général heureux et illuminés d'une lumière qui leur donne toute sagesse. De nombreux exemples, quelquesuns récents, doivent convaincre ceux qui doutent encore et qui souffrent d'une " séparation " qui leur semble injuste. Pour ceux-là ce livre est indispensable. Il leur apportera beaucoup et consolidera leur foi. A lire et relire. J.E. • Docteur Janine Fontaine, Médecin des trois corps. De la Faculté de Médecine de Paris à !'Ashram Philippin (Robert Laffont, Collection .. Vécu " - Un volume de 360 pages - Prix : 63 F). Cela fait plusieurs années déjà que les fameux " chirurgiens aux mains nues " des Philippines défraient la chronique. Deux sons de cloches opposés s'affrontent à leur propos. Pour l'un, ces êtres missionnés seraient capables de réaliser des miracles prodigieux; pour le second, on trouverait pur charlatanisme éhonté aboutissant à pomper toutes leurs ressources aux familles qui font effectuer le lointain voyage à des malades incurables déjà si affaiblis. Le mérite de l'ouvrage dans lequel Janine Fontaine, docteur en médecine, nous livre enfin toute la vérité consiste en ce qu'elle n'a pas seulement effectué une très longue et minutieuse enquête chez ces fameux guérisseurs philippins, mais qu'elle a suivi personnellement toute leur formation, appliqué leurs méthodes, connu leurs secrets. Car, tout en ayant suivi à Paris la plus solide et sûre des formations médicales rigoureusement scientifique, elle n'en découvrira pas moins au fil des jours que les traitements médicaux qui veulent ne s'adresser qu'au corps physique, ne représentent que l'une des trois faces d'une médecine intégrale, celle qui saurait soigner aussi les deux autres enveloppes de l'homme : son corps psychique et son corps spirituel. Cela, des empiriques le savent fort bien. Sur les • chirurgiens aux mains nues " au rang desquels l'auteur a su si pleinement s'intégrer (tout en ne reniant pas du tout son savoir médical), enfin un témoignage complet et d'entière bonne foi. Un livre passionnant. mais qui mérite lecture très attentive. Serge HUTIN C'est avec plaisir que je signale à nos lecteurs deux intéressantes rééditions dues aux Editions Demeter. 51. rue La Condamine, 75017 Paris. En effet. voilà que dix ans après la réédition du " Martines de Pasqually " de Papus par Robert Dumas, Déméter publie les reproductions intégrales des Editions de Charnue! de 1895 et 1899 qui comportent l'excellente étude de Papus sur la vie, les pratiques magiques. l'œuvre et les disciplines de Martinés suivie des Catéchismes des Elus Cohen et. dans la présente édition, augmentée d'un important traité sur : le Martinésisme, le Willermosisme, le Martinisme et la Franc-Maçonnerie. Dans l'ensemble. voilà une édition remarquable, très soignée et agréable à lire. Dans le même temps, le même éditeur publie le Rituel de l'Ordre Martiniste dressé par Téder dont la publication originale en 1913 n'était réservée qu'aux seuls dignitaires de !'Ordre. Martines de Pasqually, 400 pages. 135 F. Rituel de Téder, 176 pages. 220 F. A noter que ces deux ouvrages sont en vente à la Librairie du Graal, 15, rue Jean-Jacques Rousseau. 75001 Paris, tél. : 42.36.07.60 -90• La médecine des Pharaons, par Paul GHALIOUNGUI (Editions Robert Laffont - 70 F). a Le Divin Heliogabale - César et prêtre de Baal, par Roland VILLENEUVE (Guy Trédaniel - 80 F). Dans la collection " Les énigmes de l'Univers'" dirigée par François Mazière, voici un ouvrage qui aurait fait grand plaisir à Papus et à notre bon Philippe Eucausse. Roland Villeneuve nous est bien connu par ses recherches sur les possessions diaboliques, sur les envoûtements. Ce petit ouvrage de 180 pages, avec son iconographie bien choisie, met en scène un personnage fascinant, l'empereur Héliogabale qui régna durant quatre années sur la Rome décadente (de 213 à 222). Héliogabale. souvent évoqué par Rémy de Gourmont, Antonin Artaud, était un éphèbe de perfection sublime. Roland Villeneuve trace de cet homme un portrait vivant. Dans ce siècle de la volµuté, ce mystique, empereur sensuel, veut imposer l'adoration d'une pierre noire, symbole phallique et solaire de Baal. Son corps mutilé fut précipjté dans le Tibre du Pont Emilien, dans la nuit du 10 au 11 mars 222. Roland Villeneuve a bien retracé l'atmosphère d'une étonnante époque. Jean-Pierre BA YARD Un docteur, professeur de médecine au Caire, se penche sur " La médecine des Pharaons "· Mais le docteur Paul Ghalioungui est aussi égyptologue, analysant les papyrus traitant de questions médicales. ou se basant sur des documents iconographiques. Le professeur Francois Daumas montre que cette édition française la première édition anglaise date de 1963 introduit des points à peine effleurés jusqu'à présent : les instruments médicaux ou chirurgicaux, des df;scriptions cliniques et même les apparences pathologiques que l'on peut observer sur les restes humains des momies. Même lorsque la représentation est symbolique. Paul Ghalioungui discerne ce qui peut revenir àun diagnostic médical : il parle aussi des guérisseurs, prêtres, médecins et magiciens, de la gynécologie, des fonctions reproductrices, de l'anesthésie: nous avons des notes sur la médecine vétérinaire et après l'hygiène il faut naturellement évoquer la mort, la sépulture et surtout l'embaumement. Pour ceux atteints de calvitie, je vous recommande la méthode égyptienne (p. 165): l'auteur parle également de la médecine vértérinaire, de la pharmacie. Voici d'ailleurs la conclusion du Professeur Francois Dumas : " L'ouvrage du Pr. Ghalioungui apporte donc à la fois d'utiles sources d'information et des jugements nuancés qui le recommandent à tous ceux qu'intéressent l'histoire de l'art de guérir et celle de l'humanisme médical ». Ajoutons que c'est là aussi une meilleure compréhension de la vie dans l'ancienne Egypte. Jean-Pierre BA YARD " l'arcane des Arcanes du Tarot, par Jean-Michel MATHONIERE (Guy Trédaniel - 70 F). Un ouvrage de 133 pages pour commenter " la structure géométrique des arcanes "· Après avoir commenté le symbolisme des lames majeures, l'origine chinoise, JeanMichel Mathonière a établi des comparaisons avec les Silènes de Rabelais et les mandala. L'intérêt de cette étude réside dans la présenta lion des arcanes disposés sur un cercle ou sur un pentagone : sur le pourtour il dispose les vingt cartes majeures, situant au centre la XXI" (le monde) et éliminant le Mat (la carte ~>ans numéro). D'une manière générale, Jean-Michel Mathonière n'envisage le Mat que comme le Fol, une carte sans grande valeur. Je pense pour ma part que le Mat a une grande puissance symbolique : il est le sage qui ferme cette ronde ouverte par le Bateleur et qui se trouve au-delà de toute moquerie, de toute attaque car il possède la valeur intérieure, cette puissance initiatique. Il n'en reste pas moins que l'étude très personnelle de Jean-Michel Mathonière ouvre parfois des nouveaux horizons d'interprétation. J.P.B. • Muni - Récit d'une expérience d'intériorité, par Marie-Madeleine DAVY (Retz - 96 )F. On connaît l'œuvre de MarieMadeleine Davy, chargée de cours à !'Ecole pratique des HautesEtudes (Sorbonne), maître de recherches au C.N.R.S., conférencière fort appréciée. Après ses études sur l'époque médiévale (principalement sur Guillaume de SaintThierry). son Essai sur la symbolique romane restent en nos mémoires. Cet écrivain nous fournit aujourd'hui un récit romancé, la vie d'un garçon Muni - qui signifie le renonçant - et l'on suit son évolution, souvent tâtonnante. Le récit de Marie-Madeleine Davy est léger, doux, vaporeux : il nous fait aimer ce garçon. Dans un style aisé, souvent ironique, avec un humour chargé de haute compréhension, c'est tout l'itinéraire intérieur de la personnalité qui nous est dévoilé. S'il n'y a pas là de théories hermétiques, on ressent la profonde pensée de Marie-Madeleine Davy qui dépasse toutes les oppositions illusoires et qui dit : " Chercher "l'Orient de l'âme", c'est avant tout le dépasser "· Jean-Pierre BAYARD • Les Sociétés Secrètes aux rendezvous de !'Apocalypse, par Jean ROBIN 'Guy Trédaniel - 135 F). Voici ie sixième ouvrage de Jean Robin, publié aux Editions Guy Trédaniel - Lzi Maisnie : un livre de 390 pages bien compactes. Nous connaissons la recherche de Jean Robin tournée vers la pensée de René Guénon, et cette rigueur nous allons la retrouver avec le coin- 91 mentaire qui va d'Eliade à Jung. Un livre riche de documents, fertile en anecdotes, en traits d'une petite histoire s'inscrivant dans les grands thèmes déjà fermés de l'occultisme. Jean Robin après s'être intéressé à Nostradamus a aussi écrit sur Rennes-le-Château, s'interrogeant sur la survivance de la race mérovingienne. Si l'auteur parle fort bien du mal, du secret, de Saint Vincent de Paul, de !'Opus Dei ou des Illuminés de Bavière, il évoque aussi très largement Saint-Yves d'Alveydre, mais également les Polaires, le groupe Thulé, Sebottendorf et ainsi Hitler. Jean Robin cherche à cerner comment la croix gammée a pu représenter cette idéologie en partant du culte du sang ; bien des réflexions, mais peut-être la vérité est-elle plus simple, lorsque l'on sait qu'Hitler s'essayant dans la peinture, la littérature, le théâtre, dessinait déjà des swastika dans la marge de ses manuscrits : il a eu un appel vers un symble éternel, source de bien des méditations qui n'ont rien de commun avec le nazisme. Jean Robin est imprégné de ces arrière-plans qui ne sont pas toujours bien fondés mais qui peuvent faire délirer les lecteurs. Car n'y a-t-il pas quelque chose d'émouvant en rêvant à la venue d'un Grand Monarque, sans doute en rapport avec le trésor de l'abbé Boudet, de Rennes-le-Château et de ce mystérieux Prieuré de Sion ? .lean Robin consacre une large place à r.ette fabuleuse histoire (p. 261 à 330) où 1'on trouve les noms de Poussin, de Delacroix, de Jules Verne ou même de Rabelais. Mais s'appuyant sur les écrits de E. Muraise, fort contestables, on place le Général de Gaulle à la tête d'une société secrète, proche de la pens()e de René Guénon, initié à la pensée Traditionnelle. Jean Robin s'<Jppule trop sur des propos qui ne tiennent nas à l'examen critique: j'ai dit d11ns Sacres et couronne· ments rovaux (Tn~daielJ la transmission du Saint-Chrême et réfuté les propos de Muraise : il en est de même des inventions de Gérard de Sède, et avec raison Jean Robin dit que le livre de Michel Lamy est " à certains égards contestable " (p. 293) : j'ai montré qu'affirmer Jules Verne initié, puisant dans les rituels maçonniques, dont ceux des Hauts-Grades, c'était méconnaître la pensée de la Franc-Maçonnerie. li est trop facile, et bien prometteur pour le public, d'affirmer les pires extravagances ; il est plus difficile de conserver l<J tête froide comme René Alleau, Le Forestier, Eliade, Jung, Gilbert Durand (pour ne citer que quelques-uns) <Jfin de se diriger dans ce labyrinthe où les symboles revivent sous bien des formes. li est incontestable que toutes les traditions puisent dans la même source, que les hommes, initiés ou non, retrouvent les mêmes archétypes, cet " inconscient collectif " ; mais vouloir donner des filiations historiques me paraît un étrange pouvoir de rêverie. Il n'en reste pas moins que le livre de Jean Robin apporte souvent d'excellents enseignements mais il faudra se méfier de certaines affirmations ou de quelques rapprochements hasardeux. J.P.B. • Guide des religions, nouvelle édition complétée (Editions du Dauphin, Paris 1986 - 320 pages - 80 F). Publié pour la première fois en 1981, ce guide fait l'objet d'une nouvelle édition complétée. Bien qu'il n'apporte pas grand chose de vraiment nouveau, il constitue un excellent aide-mémoire sur l'histoire et la doctrine des principales religions qui coexistent actuellement. Chaque chapitre ayant été rédigé par un spécialiste de la religion concernée, on ressent parfois l'impression de traverser un salon d'exposition où, planté devant son stand. chaque auteur tente de nous vanter un produit. L'ouvrage s'achève par un inventaire succint des groupes religieux (que son géniteur a eu le bon goût de ne pas appeler " sectes») où j'ai été un tantinet choqué de voir, par la 92 malignité de l'alphabet, voisiner presque Martinisme et Moon ... Le Père Jean Vernette qui a commis cet inventaire aurait pu distinguer entre ce qui est traditionnel et ce qui n'est quïmposture. Enfin, le tableau chronologique synoptique qui clôt l'ensemble est précieux à ceux qui, comme moi, n'ont guère la mémoire des dates. Y.-F.-B. • L'Empire Moon, par Jean-François BOYER (Ed. de la Découverte, Paris 1986 - 420 pages - 95 F). Le phénomène des sectes n'a pas fini d'interpeller les curieux. En ce domaine. le moonisme. ses origines. ses moyens. ses méthodes et les buts avoués et inavoués de son entreprise tiennent toujours le haut du pavé. Dans cet ouvrage écrit à la manière d'un reportage, J.-F. Boyer. journaliste à T.F. 1, dissèque l'affaire Moon et ses multiples aspects souvent contradictoires : religieux (Moon ne se prend-il pas pour le Messie, le vrai, bien sûr ! ). économiques (ce mouvement abrite derrière sa façade " mystique " une véritable multinationale industrielle et commerciale). politique (la secte finance de par le monde de nombreux journaux d'opinion et télécommande. selon J'auteu1-. diverses formations politiques dans les deux Amériques et dans la vieille Europe). Son immense fortune serait fondée sur le bénévolat de ses membres et sur une singulière adresse à tromper le fisc des états où il tisse sa toile ... Ce qui, au demeurant. a valu de sérieux ennuis au " Père " (c'est ainsi qu'on appelle Moon dans la secte) et quelques mois d'emprisonnement aux U.S.A. A noter une plaisante vision manichéenne de !'Histoire de l'humanité selon Moon qui, s'appuy<Jnt sur le contentieux biblique d'Abel et de Caïn, cherche à nous démontrer, sans pour autant nous convaincre, que ce combat fratricide et symbolique se poursuit de nos jours dans la guerre froide et larvée que se livrent les Etats-Unis (le paradis) et !'U.R.S.S. -93[l'enfer). Un peu simpliste, quand même ... A lire en toute indépendance d'esprit, sachant que sont toujours suspects ceux qui amalgament sans vergogne : Dieu, le veau d'or et César! Y.-F.-B. • Sar Hiéronymus et la FUDOSI, par Serge GAILLET, préface de Robert AMADOU (Ed. Cariscript, Paris, 1986 - 120 pages - 89 F). A tous ceux qu'intéresse l'aspect historique de la Tradition spirituelle et initiatique, je conseille vivement la lecture de cet ouvrage qui nous fait rencontrer quelques curieux personnages contemporains. La FUDOSI (Fédération universelle des ordres et sociétés initiatiques), bien qu'elle fît long feu, constitua, dans les années 30 à 50, une estimable tentative de dialogue constructif entre diverses organisations traditionnelles. Le " destin initiatique " de Sar Hiéronymus, alias Emile Dantinne, nous est rapporté avec beaucoup de rigueur et de... chaleur par Serge Gaillet qui résume ainsi ses multiples activités : " Peut-être franc-maçon mais ass.urément rosicrucien, martiniste, pythagoricien, maître occultiste et ami de Dieu, Hiéronymus l'était. en profondeur, de tout son être et de toute son âme" (page 63). L'exploration des multiples activités du Séir donne également à l'auteur l'occ<Jsion de nous faire visiter certains ordres et sociétés initiatiques. Y.-F. B. • Les francs-maçons et le pouvoir, par Jean-André FAUCHER (Ed. Perrin, Paris, 1986 - 340 pages - 95 F). Les historiens font, en général. l'impasse sur la Franc-Maçonnerie, ses membres et leur influence sur les affaires de la Cité. D'mttres auteurs, en revanche, laissant voguer leur imagination et bousculant volontiers les faits, créditent J'Or- dre et ses affiliés d'une importance démesurée en ce domaine. Or, depuis le XVIII" siècle au moins, la Franc-Maçonnerie fait, que cela plaise ou non, incontestablement partie de !'Histoire et ce dans tous les pays du monde où elle a essaimé (c'est-à-dire, à peu de choses près, dans toutes les nations européennes et dans toutes celles qui subirent leur influence du fait de la colonisation). Restant volontairement en France, Faucher nous conte par le menu les avatars successifs de l 'Ordre en relation avec les transformations politiques de notre pays : Ancien Régime. Révolution, I'" Empire, Restauration. Second Empire. et les trois Républiques [de 1875 à 1985). On assiste, ainsi, à l'évolution de ce que ses ennemis appellent la " secte " qui, primitivement aristocratique se démocratise peu à peu, suivant en cela les mœurs politiques de notre société. Une liste alphabétique des " Célébrités maçonniques de la FrancMaçonnerie française " complète cet historique. Elle a le mérite de remettre les idées en place, particulièrement de ceux qui, par enthousiasme excessif ou par ignorance, veulent voir des maçons partout et exagèrent le rôle que !'Ordre a pu jouer dans le traitement des affaires publiques. Et aussi de ceux qui, a contrario, écartent irrémédiablement la maçonnerie de toute participation, plus discrète il est vrai que tapageuse, aux événements de l'histoire. Notons que tout un chapitre est consacré au martyre de certains frères sous l'occupation allemande et le gouvernement de Vichy. A ce propos, j'ai, pour ma part, regretté que la mention de l'assassinat de notre frère Chevillon soit évacué en seulement deux lignes (page 234). ce qui laisse entier le mystère qui entoure les circonstances de ce crime odieux. Y.-F. B. Nous avons reçu un certain nombre d'ouvrages pour lesquels, par manque de temps et de place, il ne nous est pas possible de donner recension dans le présent numéro. Rendez-vous au numéro 3 ... - - 94 - ORDRE MARTINISTE Entre nous... /{.~unio inter-Groupes de Nœux-ies-Mi11es Dans une région apparemment « tristounette», mais où du ciel appelle la vitalité intérieure cl le culte de l'intimité sert de cadre, le 13 avril 1986 le Grnupe «Eugène Doyen» du de Nccux-les-Mincs a tenu une rC·union inter-Groupes qui rranc succès. le gris qui lui Collège fut un Des Groupes de Douai, Paris, Reims, Lille y 0111 assisté. Le GnJUpC de Calais s'est cxcust'·. Nos rrères cl sccurs Belges étaient de la pal"lic Cc lut une joie de voir à nouveau des visages que le temps travaille ... en bien. Certains anciens lllarlinislcs nous <1vaient rejoints. Le Groupe qui nous 1-ccevait nous a présenté les traditions locales des "g<··a11ls ». Tout de suite, da11s un climat où fusaient les idées, les co1Telal ions avec les lraditio11s alcliimiques et la 111vtl1ologic a11l1quc son! app;1ruc.s, C·clatantes. l '<'solt'Tisnw alïlorail, dans cette lé'rrc don( il's imposants lerrils fails de main d'hommes, Ù leur sueur, conslilucnl les scuh reliefs. E11t1·c la n'union riluclil' cl les aµapcs qui onl suivi, quelques-uns nous so111n1c1; lai~;s<' l.'uidcr dans llllL' visite de la rl'l.'ion des mines. Une rl'gio11 qui, co111111e toute la pla11i:le actuellcmc;1l, cherche des vu ics nou vcl il';;. Tous nos rellll'ITi1_·111c11ts au Gr0111K' "Ew!L'lll' Duvc11 », aux enfants du Pn_'·.sidenl ('( à leur C·pouse, qui <;11! lait ~le leur i11aiso11 un temple d'amitié. La r(·u11irn1 s'est lcrminc'C par un sympathique déjeuner. Nolrl' lrèTc Philippe E11ca11ss<' avait cré<'.· celle rubrique: «Entre 11ous ... ». Il avait voulu qu'elle lùl lllll' porte ouverte sur les ;iclivités de l'Ord1·c·. li l';1v:1il ;1ppclkc "le n-,~;ml du Président». Et cc regard, hic11 sou\·c11l, l'si 11k·i11 de rccrnrnaissa11cc c11vc1·s ceux qui rn1l aidé des pn1J;111c.s qui l1appaie11l i1 la pul'lc, en souvenir de cc que nous ;1ussi, u11 jour, avons lrappé. Je manquerais au plus l;kmcntairc de mes devoir; si il' 1'<drcs~i ;'1 notre lr(·rc Adolphe Dcvrcd, Délégu(· de la rc·µio11 du Nord et dernier Pn'.·sidenl du Groupe de Douai, l'expression de notre reconnaissance pour le trav2.il qu'il a accompli dans celle r(·µion. C'est à lui que doivent les Groupes de Douai, Calais. Nccux-lcs-Mi11cs d'avoir vu le jour. Bien que son état de sa11ll' iui cumrnandat la plus grande prudence notre bien-aimé frère n'a jamais hésité à prendre la route pour rencontrer un candidat. Puis, il l'a toujours suivi cl conseillé, jusqu'à cc que le fruit soit mür pour prendre en main son état d' " homme de désir». Au cours de cette n'.·union inter-Groupes où la Charte du Groupe « Louis-Claude de Saint-Martin » du Collège de Douai a été remise a son nouveau Président, nous avons rendu à Adolphe Devrcd et à son épouse Christiane, infatigable à ses côtés, un hommage bien mérité. Sa santé l'avait empêché de se joindre à nous. Maintenant, ce grand cœur est bien fatigué... Bien qu'il ait été contraint de 95- réduire son activité, il continue, discrètement, à veiller attentivement sur ceux qu'il a formés. Réunion inter-Groupes d'Espagne Du 1"' au 4 mai 1986 a eu lieu ~\ Palma de Mallorca la réunion annuelle des martinistcs espagnols, avec la participation de membres des sept Groupes cl Cercles de cc pays voisin. Divers travaux ont (·té présentés cl des rl;llnions se sonl tenues il tous les degrés. Ces journées, si app1-éciécs par nos sccur·s et frères, sont devenues depuis cinq ans déjù une occasion de rencontre, de fraternité cl de travail martinislc unissant entre elles ces pn>vinces si dillércnlcs. Un grand merci au Grnupc de Mallorca pour la niagniliquc org:anisalirn1 de ces jm1111(·cs, pour J'cxccllcnt accueil cl les attentions qu'ils onl prodig:u(·s à tous les participa11ls pendant ces quatre jours. Apri.·s Barcclo11c, Mad1·id, Valencia, Santa Crux de Tenerife aux lies Canaries l'i maintenant Palma dl' Mallorca aux lies Baléares, la prochaine n'.·union intcr-Gniupes 1987 aura lieu ù Loµrono, capitale de prnvincc situcc au nord de 11/ladrid. les 1, 2 cl .) mai. Vous y l'tcs fralcn1cllemc11l invites, mes s<curs l'i 1 rLTCS. Evidemment, j1arlcr leur la11l'llC est un l.'l<rnd avanlaL•.c da11s le dialol.'Ul' avec nus amis cspaµnois. · c c lfoppcl de la réunion inter-Groupes de f,yon Une dcuxii.·rnc réunion inter-Groupes aura lieu il Lvon, le 15 juin 1986. Tous les Pr(·sidenls de c;rn1qws (_'( de l'l'l'Clcs onl reçu, en .so11 temps, l;1 convocation do1111a11t 1rn1lcs pr(Tisions utiles. Nous l'.Sp<'1om. qu'ils c11 a11rrn1t i11lon11c· les llll'lllhrc.s de lcu1·s groupes rcspcclils l'1 que nous 11ous rclrouvcro11s nombreux. Ap1·i.·s la ré1111io:1 q11i a rassemblé' il's Marli11isics du Nrn·d, ceux lwbitanl <Ill sud dl· J;1 l,oire pou1Tu11l se rc11nJ11il"LT cnl1T eux dans la capilak du L\'01111;1i•;, p;11ric de Ni/.icr J\1Jliwl111c Philippe, lhau111aturµc cl « l loi11111l· d,· l)icu ». Ai11si 1 avait ;1ppl·k notre dernier Prcsidc11l, le DoclL'llr l'hilippl' E11ca11ssL', son Jilinil. da11s 1111 ouvrage qu'il l11i co111,;1tT.1 (·"). ~<His 11c po11,011s <:• 'i:bi.,ilT aup1·i.·s de nos lri.·1Ts cl sn:urs ;tl111 <Jiil' l,·t11 p1c1,c111.c· •_·i il'11r s(Jtli;l'll soi,·11! apporl<'s au c;rotlpl' « And:~•·)' tÎl' J ,\'1111, qui Oi''.'.t1'1i ._' ~ ;._'I (l' io11111l·c. Nous ilous 1·clnHl\'l'nJ11s, ap1·l'.s L1 1't·1111irn1 1 i111,·lk. ;1111"11r d'une table. Clian111 pou1T;.1 rcg;1~,· s;1 \'ilk- d:11:.s la soill'L'. J\i11si sera close en lralen1i1é· l'<11111cl' de 11·;i,:1il L'll (,1,;1.qw 1,,., \<1c;111n·s m;1rq11cronl une pause, mais le travail i11llTlll' co:1ti11uera, l'll prolo11dcul'. Je vous dis donc ù bicnlùl, ù Lyrn1. Vie de /'Ordre: 11os candidats Parmi les nombreuses kt 1rcs de. candidature que le secrétariat de !'Ordre rl'l:oit. une d'elles est parliculièrcmcnl touchante. Je vous la liv1·c, telle quelle: « ... je viens de lire le "Traik Ek111cntaire de Science Occulte» de Papus. ('') Philippe Encausse: " Le M<1ilrc Philippe, de Lyon». Ed. Traditionnelles, Pans, 1982 (9'' éd.). 96 - Je m'appelle ... je suis né le ... j'ai été la pierre sale, mousseuse, qui peu à peu se nettoie, se débarrasse de toute sorte de saleté mais qui, après cela, ne se sent pas satisfaite et qui désire aujourd'hui se décorer, se sculpter. Oui, je suis cette pierre. Jésus-Christ a peut-être tout dit quand Il a dit : «Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés». Et même sur l'occulte quand Il a dit : « Si vous voulez, vous pouvez déplacer des montagnes». Mais je suis trop faible et, chaque fois que j'essaye d'être meilleur, j'échoue toujours. J'ai besoin d'aide. De votre aide. Car après m'être débarrassé de la mousse, je ne vais pas quand même me recouvrir de mousse poLff me décorer! J'ai essayé, vous savez mais, qu'est-cc que j'ai trouvé dans ... (suit le nom d'une organisation qui se dit spiritualiste) l'amour de l'argent, le matérialisme que j'essaye de fuir. La foi s'y noie. La raison de mon intérêt pour l'ésotérisme est que la chose la plus sür-e dans ma vie, après ma naissance, c'est ma mort. Alors, je veux la pré'parcr. Ce n'est pas la seule raison. Au ckbut, cela remonte ù deux ans, j'avais surtout le désir de savoir, de tout expliquer cc que je ne comprenais pas et beaucoup de vanité aussi. C'est lü un de mes dNauts. J'en ai beaucoup d'autres ... Dans l'Ordrc Martinistc il n'y a peut-être que des docteurs. Eh bien, moi je ne possL'dc aucun diplôme ... Mais, comme dit Papus: « la vraie science doit être accessible ù tous; la lumière du jour suffit pour- apprendre la vérité». Jésus a dit : « Frappez, l'on vous ouvrira; demandez, il vous sera donné» . .le vous demande: aidezmoi ~t savoir plus, car pour moi la voie du cœur est inséparnblc de la connaissance ... » C'') Il fut n.''pondu ù cette touchante lettre: rencontrerez dans l'Ordrc Martiniste des hommes et des femmes sincères qui comme vous s'efforcent de « nettoyer» la mousse que la routine et les impératifs de la vie accumulent sur notre route. Ils ne cherchent pas tant des ckcors et des cordons qu'à être heureux, en faisant autour d'eux le bien avec discernement. L'étude des lois occultes de la nature leur racilitc la tâche. Il est, en effet, pénible, d'avancer sur le sentier quand on est seul. C'est là un des problèmes auxquels notre fraternité initiatique essaie de remédier ... » Ces extraits en disent plus sur les demandes et les réponses que de longs discours. Voici, mes amis, quelques moments de la vie de !'Ordre. * ** Nous apprenons que le 28 mars 1986 !'Ordre Martiniste et Synarchique vient d'élever, par transfert de pouvoir, en Grande Loge Nationale Indépendante, la Loge Provinciale de la Barbade qui relevait, jusqu'ici, de la Grande Loge Britannique. Nous présentons nos sincères félicitations au nouveau Grand Maître National et formulons ù l'égard de notre frère, ami de longue date déjà, qui aura dorénavant la tàche d'aider à répandre l'esprit martiniste auprès de cette province anglophone, tous nos vœux de progrès clans la Lumière. Tous nos meilleurs vœux aux sœurs et frères, membres de !'Ordre Martiniste et Synarchique de la Barbade (***). Emilio LORENZO Président de !'Ordre (***) Nous rappelons que c'est Victor Blanchard qui est à l'origine de !'Ordre Martiniste et Synarchique. L'adjectif « synarchique » ne doit pas laisser entendre que cet Ordre, pas plus que !'Ordre Martiniste à proprement parler, eût quelque chose en commun avec la Synarchie dite « cl'Empire », tel que Philippe Encausse l'avait déjà souligné en 1975. « ... vous ('"'') A cc sujet, voici un passage extrait de «L'homme des hauteurs et les hommes du lorrcnt » in «Marc Havn1, le docteur li111111a1111el Lalande», Ed. Pythagore, Paris, 1934, opuscule rarissime et introuvable que nous devons ü l'obligeance de la sœur Huguette M., de Clermont-Ferrand: « Car ce 11c sont ni les lw111111es, ni les livres, ni votre scie11ce qui vous donneront la solutio11 du problème, ni le savoir, ni la paix ... Car, dans sa simplicité primitive, l'/1011111ze possédait cette puissance d'amour (le « Clu111 »des anciens clzinois) qui fait « /''10111111<! de désir, puis l'hommcesprit ». «La porte supérieure de so11 cœur s'ouvre: /'Esprit pénètre el/ lui; il devient « UN» dans cet Esprit avec le Seig11eur. Il a toute liberté, tout pouvoir comme Paul, l'apôtre, l'a dit: «Le Seigneur est esprit et là où esl l'esprit, là aussi est la liberté (!). C'est lù la seule ruute (Tao) ù suivre; c'est la bonne 11ouvelle (Evangile) que, d'âge en âge, sous des formes diverses, les sages vie1111ent redire, dont ils témoig11en1 parfois au prix de leur vie, toujours au prix de leur paix et de leur bonheur, quand ils ne s'élèvent pas ù cette suprême sainteté que N.S.J.C. a seul atteint sur les hauteurs de sa croix ». (]) Seconde Epître aux Corinthiens, III, 17. A la suite de mon article : " A propos du dernier Ambelain, la Franc-Maçonnerie oubliée » paru dans le numéro 4 de 1985 (pages 187 et ss.), M. Robert Ambelain, faisant usage de son droit de réponse, a tenu à nous préciser qu'en parlant du « philippisme » qui "depuis 1952 a succédé au Martinisme de Saint-Martin '" il n'a en aucune manière voulu attaquer notre cher Philippe Encausse. Aussi, l'indignation que cette formule avait éveillée en moi et les fraternelles remarques que j'adres· sais à l'auteur au travers de mon article semblent être sans fondement. Que M. Robert Ambelain veuille bien me pardonner cette regrettable confusion. Dont acte 1 Yves-Fred BOISSET Rédacteur en chef.