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2019, Agoravox. Le média citoyen.
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"La part du fils", récit de Jean-Luc Coatalem publié par les éditions Stock fin août 2019, se veut la quête d’un grand-père Résistant déporté. Or le grand-père Coatalem n’a pas été le Résistant décrit dans le livre. Le fond et la forme de cet ouvrage ambigu offrent matière à discussion. La forme est bizarre : roman familial écrit à la manière d’un récit biographique mâtiné de séquences autobiographiques. Quel est ce genre littéraire que l’on peine à circonscrire ? : un mythorécit ! Le fond est contestable car l’auteur brouille à dessein les traces historiques. Il dénature la juste histoire de la Résistance. Plus largement, ce cas interroge sur la manière dont le faux peut être validé et diffusé par les médias et les institutions. Alors, contre les faits alternatifs et la post-vérité : le devoir d'Histoire, le devoir de vérité, le devoir de mémoire ! La suite de l'article est une Lettre ouverte adressée au Président de la République Française. Ces deux articles ont été publiés par Agoravox en octobre, et en novembre 2019.
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Au cours d'un voyage à Istanbul que ma femme et moi avons fait il y a une vingtaine d'années, nous avons été « adoptés » par un très jeune garçon des rues qui s'est désigné comme notre guide pour découvrir la ville et ses charmes. Nous étions plutôt heureux de cet arrangement, qui, à bien des égards, satisfaisait tout le monde - jusqu'à ce que ce ne soit plus le cas. Comme un esprit plus sage aurait pu le prévoir, un ensemble d'aventures imprévisibles s'ensuivit, des escapades qui auraient pu sortir d'un conte des « Mille et une nuits ». Aussi lointaines soient-elles, elles pourraient servir de leçon à quiconque qui y prêterait attention. Confier à un jeune adolescent vos projets de vacances à l'étranger n'est pas si différent que de le laisser prendre les commandes d'un avion de ligne. Au mieux, vous vous attendez à un voyage très mouvementé ! Il va sans dire qu'alors que la Turquie pourrait bien être en Europe, l'Europe n'est certainement pas en Turquie. J'ai écrit cette histoire au printemps 2020, quand la mort rôdait partout et qu'un faux mouvement pouvait signifier une fin macabre. Mon travail m'amenait à sortir tous les jours dans la ville vidée de ses habitants, et je me suis habitué à vivre avec le danger. Un jour, il m’a paru évident que je devais coucher ces expériences sur le papier car le risque d'écrire une histoire telle que celle-ci, où je dis ce que la plupart des gens laissent inavoué, n'était pas aussi grand que le risque de l'existence quotidienne. Pourquoi se buter sur une histoire de sentiments interdits, quand tous les jours nous avons dansé avec la mort ? Je me suis échiné à décrire les événements, les émotions et les pensées aussi précisément que possible, sans rien édulcorer ni voiler. Ce processus a mis en évidence à quel point la vie sociale et la vie intérieure personnelle sont cousues d’arrangeants mensonges, et il m’a fallu beaucoup d’efforts, de discipline et de lâcher prise pour arriver au bout. Il est à la mode aujourd'hui de dire que les écrivains « parlent le langage de la vérité aux pouvoirs en place ». Ce n'est pas tout à fait exact. En fait, ce que font les écrivains, c'est parler le langage de la vérité aux menteurs. Vous savez qui vous êtes.
2009
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Dans le contexte de la lutte anti-philosophique, le Fils prodigue devient un libertin qui, égaré par les systèmes matérialistes, puis prêché par de vrais sages, est ramené à la vérité et au salut. Le roman de conversion des années 1770 développe cette thématique, qui emprunte ses éléments au sermon. Nous étudions d’abord la relecture que les sermons proposent de la parabole, puis nous nous attachons aux effets de réception dans le roman de conversion. Écrit dans le même contexte que le sermon, parfois par les mêmes auteurs, ce roman suit une interprétation semblable, mais va plus avant dans la compréhension intime de la parabole. In the context of the anti-philosophical fight, the Prodigal Son becomes a libertine who, misled by the materialistic systems, then preached by true wise men, is brought back to the truth and to salvation. The novel of conversion of the 1770s develops this theme, which borrows its elements from the sermon. We will first study the rereading of the parable proposed by the sermons, then we’ll analyse the reception effects in the novel of conversion. Written in the same context as the sermon, sometimes by the same authors, this novel follows a similar interpretation, but goes further into the intimate understanding of the parable.
Ethnologie française, 2009
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Avraham avait-il une fille ? Telle semble être l'opinion attribuée par la Guémara (Baba Batra 16a) à Rabbi Yéhouda. Discutant de la portée à donner au verset introduisant le récit de la recherche d'une épouse pour Yits'haq, Rabbi Méir et Rabbi Yéhouda font état de leur divergence. «VHashem Béra'kh Ete Avraham BaKol-Hashem avait béni Avraham en tout» relate le texte (Béréchit 24,1). Que signifie BaKol, en tout ? Selon Rabbi Méir, cela nous enseigne que Avraham n'avait pas de fille. Pour Rabbi Yéhouda, en revanche, ce terme indique, au contraire, que notre ancêtre avait une fille. D'autres Maîtres affirment même que cette fille s'appelait BaKol. Cette discussion entre Tannaïm semble bien mystérieuse. Certes, elle est présentée dans la Guémara afin de nourrir le débat qui agite les Amoraïm quant à la place qui revient aux filles au sein de la famille. Pour autant, la référence au premier de nos Avot et à cette fille supposée, invite, inévitablement, à une autre lecture. C'est ce que propose le Rav Ita'h, auteur du Séfer Yé'Érav 'Alav Si'hi.
L'arrestation violente et les interrogatoires sous torture : entièrement inventés
Le chapitre 3 détaille une arrestation violente « … du sang coulait de sa bouche, du nez, imbibait sa chemise /…/ et l'autre type de lui refiler un dernier coup de poing, salopard de terroriste, c'est qu'il finirait par lui dégueulasser sa voiture de fonction ! » (p.19).
Certes, l'auteur précise « j'imagine » mais une scène qui a réellement existé peut être imaginée, « recomposée », comme c'est écrit dans la postface. Inventée de toutes pièces est plus juste ici.
Page 254, à la fin du livre, l'auteur décrit autrement l'arrestation, telle qu'un témoin âgé de 82 ans la lui a racontée, c'est-à-dire telle que la mère de celui-ci « lui avait racontée durant son adolescence » : « ni violence, ni précipitation, juste cette détermination froide des inspecteurs ». N.B. : le grand-père n'ayant reçu aucune médaille pour le conflit 39/45, la mention « mort pour la France » est présentée comme particulièrement honorifique, soulignée ici, et de nouveau à la toute fin du récit p.259. Rappelons que si, instituée par la loi du 2 juillet 1915, la mention « Mort pour la France » signifiait alors généralement « mort au champ d'honneur », témoignage de reconnaissance de la Nation à tous ceux qui mouraient sur les champs de bataille ou faits prisonniers, ses conditions d'attribution ont été plusieurs fois élargies à partir du décret de mars 1922. Entre autres exemples, elle peut être attribuée à des civils morts lors d'un bombardement. Cette mention, qui est relative à l'état civil (notée sur l'acte de décès) ne sous-entend pas une mort consécutive à une action honorifique mais une mort survenue du fait d'une guerre.
Le motif et le contexte de la déportation
Tout au long du récit, on nous assène les mots : « résistant, déporté », « résistance puis déportation ».
Page 197, on apprend enfin le contexte de la déportation du grand-père grâce aux Archives d'Arolsen : « Il était précisé que Paol avait été incarcéré puis déporté lors de l'opération « Meerschaum », soit « Ecume de mer ». Là, l'auteur écrit : « -c'est -Le nom de code pour la déportation de Français placés en détention de sûreté pour faits de résistance contre l'occupation allemande », créant volontairement une immédiate confusion dans son texte avec la directive NN (Nuit et Brouillard) qui concernait, elle, les prisonniers représentant « un danger pour la sécurité de l'armée allemande » (saboteurs, résistants, opposants ou réfractaires à la politique ou aux méthodes du Troisième Reich).
Curieusement, la définition de l'Aktion Meerschaum donnée par les historiens est différente de celle de Coatalem, à savoir : nom de code d'une opération de « recrutement » en Europe de l'ouest d'une main d'oeuvre apte à travailler pour le Reich. Plusieurs milliers d'hommes furent ainsi arrêtés dans toute la France pour s'être rendus coupables de délits politiques mineurs ou plus vaguement soupçonnés de sentiments anti-allemands et considérés comme simplement « douteux » par les autorités d'Occupation.
Cf. :
Pascale Mottura -article 1: https://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/la-part-du-fils-pour-les-nuls-218855
article 2 : https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/affaire-coatalem-la-part-du-fils-218999
Quant au motif de l'arrestation : « inconnu », sur laquelle bute tant l'auteur, c'est la raison -ou plutôt l'absence de raison -indiquée le plus souvent sur les fiches des déportés de l'opération Meerschaum. P.S. : Concernant ma « part de fille », je signale avoir écrit une chronique publiée par la revue L'Inactuelle le 28 septembre dernier, titrée « La Résistance à l'oubli ». Ce texte a pour but d'attirer l'attention de la troisième génération (et de la quatrième…) sur le fait que, grâce aux archives, il est possible de s'armer afin de mieux résister à tous ceux qui tenteraient de biaiser, voire d'occulter l'Histoire. J'y développe un point de vue critique sur La part du fils, mais sans entrer dans les détails, ce que j'ai pris la peine de faire ici.
L'homologation FFI et le rejet du statut de Déporté Résistant
Cf. : https://linactuelle.fr/index.php/2019/09/28/resistance-oubli-pascale-mottura/ "D'où je parle", et pourquoi ? : mon grand-père maternel, Alfred Sabatier, est un Résistant mort en déportation à 37 ans. La Croix de Guerre 39/45 avec palme, la Médaille de la Résistance et la Légion d'Honneur lui ont été décernées à titre posthume. Ma grand-mère maternelle, Marthe Darmet-Sabatier, ainsi que mon père, Jean Edgard Pierre Mottura, furent eux-aussi des Résistants, et reconnus comme tels officiellement.
Ce texte est une riposte à la réponse masquée, sous la plume de Jérome Garcin, à mon article « La part du fils pour les nuls », lequel Garcin écrit : « l'écrivain impose à l'Histoire la loi de la littérature ». Où j'interroge le Président de la République sur les outils législatifs dont dispose l'Etat pour sanctionner une publication préjudiciable au devoir de mémoire et de vérité. Le grand-père de Jean-Luc Coatalem, mort en déportation en 1944, y est décrit comme un Résistant valeureux, « terroriste », traité comme tel par la Gestapo, ce qui est loin d'être la vérité, cet homme n'ayant même pas eu droit au titre de déporté Résistant.