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Controverse: L'image choque

2019

"sémiologie de l'objet médiatique et culturel" ce travail regroupe les techniques d'analyse de l'image de cinq photos célèbres qui ont marqué l'histoire de la photographie avec leur effet d'urgence et de pression tentant d'éclairer les Hommes sur les faits réels de l'Histoire.

MODULE : « SEMIOLOGIE DE L’IMAGE » MASTER MEDIA ET MIGRATION PROMOTION 2017-2019 Controverse : l’image choque Fait par LEILA SAHEB ETTABAA Professeur : M. El MOSTAFA CHADLI Année universitaire : 2018 – 2019 Semestre 3 Sommaire : Introduction Une image : une histoire 1. Protocol d’analyse 2. Analyse d’images Image 1: Robert capa, mort d’un soldat républicain, 1936 Image 2 : Robert Doisneau, le baiser de l'hotel de ville (1950) Image 3 : Nick Ut, la petite fille brûlée au napalm, viêtnam 8 juin 1972 Image 4 : Kevin Carter, Vautour guettant une petite fille en train de mourir de faim, soudan, 1993 Image 5 : Frank Fournier, Omayra Sanchez, armero, colombie, 1948 Conclusion Analyse de l’image Introduction : Le présent exercice d’analyse s’inscrit dans le cadre du cours « sémiologie de l’objet médiatique et culturel ». En effet, l’exercice demandé par Monsieur le professeur El Mostafa CHADLI , a pour objectif d’appliquer la grille d’analyse de l’image présentée et expliquée dans le cours et même appliquée sur un bon nombre d’images proposées par monsieur le professeur et d’autres présentées sous forme d’exposés analysant le contenu des célèbres chercheurs dans le domaine, notamment Roland BARTHES, Martine JOLY et El Mostafa CHADLI. Il s’agit donc de choisir un sujet et chercher des images publiées pour enfin les analyser sous forme de présentation en classe en respectant les éléments d’analyse étudiés dans le cours. Dans ce sens, j’ai choisi un sujet qui reste d’actualité à savoir l’image qui choque. Qu’il s’agisse de photographie documentaires, de mode, de reportage, d’art ou de science ; qu’il s’agisse de portrait, de nus, de paysages, de photomontages, d’interprétations ou de transgressions, les photographies ont toutes un sens. C’est l’acceptation ou le refus qui est en jeu, au gré des situations historiques. Les photographies, si elles sont jugées en fonction de fois, le sont d’abord en regard d’une lecture et d’une interprétation qui sont le reflet de l’idéologie dominante du moment. Les photos de ce travail ont l’attrait de l’inattendu et souvent : du mémorable tel le mythe de caverne de Platon. Une image : une histoire Entre l’intime et le public, les photographies sont le lieu de toutes les subjectivités. Elles sont donc sources de débats et de conflits qui se terminent souvent dans les tribunaux. Les lois et les limites sont très différentes d’un pays à un autre, ce qui complique la problématique mais la rend aussi intéressante. Les innombrables controverses qui ont traversé l’histoire de la photographie depuis son invention jusqu’à nos jours mettent en lumière ces diverses interprétations, ainsi que l’insoluble paradoxe qui est inscrit dans la photographie, entre liberté et contrainte. La photographie est le lieu de la liberté d’expression d’artistes ou de photographes. C’est une liberté fondamentale et un droit constitutionnel, confrontés en permanence à la morale publique, à la censure ou aux groupes de pression. Les normes de représentation changent en même temps que les techniques de création et de diffusion de la photographie, elles varient aussi en suivant les modes de pensées des sociétés. Les images choisies pour l’analyse sont prises du livre « controverse Une histoire juridique et éthique de la photographie » de Daniel GIRARDIN et Christian PIRKER- acte Sud Musée de l’Elysée. Ainsi, dans mon travail je vais vous raconter des photographies. l. Protocol d’analyse La grille d’analyse étudiée dans le cadre du cours m’a servi de base présentant tous les éléments indispensables à l’analyse objective de l’image sans pour autant tomber dans la subjectivité. En effet, je vais éviter tout au long de ma démarche d’analyse, tous propos présentant un commentaire personnel ou interprétation défaillante des éléments plastiques, iconiques et linguistiques transmis par l’énonciateur, et ce afin de s’aligner sur l’objectivité et rester dans le professionnalisme. A cet effet, je me suis basée sur les principaux éléments d’analyse de l’image ciaprès (voir les définitions dans le cours) tout en mettant en relation l’image avec le titre de l’article pour garantir une certaine compatibilité entre l’analyse de l’image et son contexte de publication : - Cadrage - Format - Composition - Luminosité - Netteté - Couleur - Angle de vue - Ligne de fuite. IMAGE 1: ROBERT CAPA, MORT D’UN SOLDAT REPUBLICAIN, 1936 Cette image est symbole d’un double héroïsme : celui du soldat républicain mourant au combat et celui du reporter engagé risquant sa vie. Aussi : une double allégorie : celle de la lutte ardente du peuple espagnol contre le fascisme et celle de l’imminente chute de la République. Contexte historique : Début de guerre civile espagnole, cette photographie marque les esprits, pour la première fois une image montre l’instant précis de la mort, le moment où elle touche un jeune soldat républicain, fauché par une balle ennemie. Analyse de l’image : Plan : légère contre plongée qui indique la proximité du photographe. Lieu : scène isolée de la légende impose une sorte d’universalité ou de l’intemporalité Effet du flou : peu renvoyer aux conditions de la prise de vue et à l’Histoire vivante en train de se faire. Effet : du réel, de l’instantanéité et de l’authenticité.  Il s’agit du photojournalisme : l’émotion dans cette photo devient supérieure à la valeur esthétique. Cette photo dénonce Eléments de la photo : La simplicité dans les composants. Un homme (silhouette) armé arrêté net. Il est martyrisé et sur le point de lâcher son fusil et tomber en arrière. Il a les bras en croix. L’homme est seul sur la photo, en pied. Il porte une chemise blanche. Il se trouve au premier plan et occupe la partie gauche de la photographie. L’ombre qu’on voit sous le personnage permet de situer le moment où la photo a été prise : en fin d’après midi. Cette photo évoque la photographie de reportage autant que de la guerre civile espagnole. On y marque alors un nouveau sens du mot icône: l'icône est une photographie de presse devenue « la » photo, celle qui a une notoriété internationale et une grande force de symbole. IMAGE 2 : ROBERT DOISNEAU, LE BAISER DE L'HOTEL DE VILLE (1950) ette photo représente une métaphore de l’amour et des promesses de la vie Couleurs de l’image: Noir et blanc et le flou des personnages qui est du à leur mouvement. Eléments de l’image: Un couple de jeunes qui s’embrassent au milieu d’une foule affairée. Il est au centre de l’image. Il est représenté nettement ce qui marque l’immobilité. L’homme est penché sur sa compagne qui se laisse aller sur son épaule dans un mouvement de rotation où ils sortent tout les deux de l’axe du cheminement de la foule pour se tourner vers le spectateur. Décor : place de l’hôtel de ville à Paris. La photographie est réalisée en 1950. Le lieu est flou et presque invisible. L’hôtel de ville est symbole de mariage c’est un avenir pour le couple. Lignes et couleurs : A droite : une rigidité : architecture Contours arrondis : sensation de confort suggère une bulle Couple centré sur l’image : personnes importants qui attirent les regards vers eux L’homme qui s’inscrit dans la verticalité avec le poteau aborde une mise sérieuse : il est droit comme un piquet, pas d’expression du visage, les sourcils froncés, lunettes sur le nez ; il porte une chemise nouée jusqu’en haut par une cravate et une veste de costume. C’est le personnage qui attire l’attention en deuxième lieu. Il est en totale opposition à ce que renvoie le couple : c’est ce qui rend le baiser encore plus doux. L’espace au dessus des têtes du couple vide crée l’effet de protection Les mouvements autour présentent une marche énergique et dynamique des passant cela est en contraction avec le couple qui semble être figé. plan : le plan général présente un décor pour le couple qui s’embrasse. En premier plan : sur la gauche, un personne assis à la terrasse d’un café. En arrière plan : l’hôtel de la ville à Paris : flou Le point de vue du photographe : prend ainsi place à l'intérieur de la scène en adoptant le point de vue d'un consommateur auquel il associe le spectateur. L’angle de prise de vue : est en contre plongée Le registre : double registre : le registre du reportage qui saisit le vif et le registre de la mise en scène où le photographe dirige deux modèles au milieu d’une foule. Ce qui touche dans cette photo ce sont surtout les yeux fermés du jeune couple ce qui introduit de l’émotion au cœur même de l’image. Cette photographie véhicule le bonheur et l’amour passionné Image 3 : NICK UT, la petite fille brûlée au Napalm, Viêtnam 8 juin 1972 Une allégorie de l’horreur de la guerre Thème : guerre Contexte historique : deuxième guerre mondiale, la France fait la conquête de l’Indochine et en fait une colonie, mais à partir de 1941, les japonais commencent à reprendre le contrôle du pays. Ils deviennent, à côté des français, la cible de mouvements nationalistes indépendantistes. Le Vietnam est donc profondément marqué par des guerres presque continuelles depuis 1941. Contexte artistique : C’est l’âge d’or des premiers reporters-photographes de guerre. La photographie prend part dans l’expression du réalisme. Analyse de l’image : Structure et composition : Plans : Ils sont au nombre de trois : - au premier plan : des enfants Sud-Vietnamiens - au deuxième plan : trois soldats américains occupent la largeur de la route - en arrière plan : la fournaise du bombardement au napalm ferme l’horizon Géométrie : La route organise une ligne de fuite vers la fournaise. La jeune fille est au centre de la photographie. Les jeunes Vietnamiens forment une sorte de bandeau en arc de cercle et qui rétrécie vers la droite : idée de mouvement vers l’avant. Les soldats forment une ligne, un barrage. La ligne d’horizon sépare la terre et le ciel : la fournaise les rejoints. Cadrage : horizontale (format paysage) Couleurs et Lumières : C’est du noir et blanc. La blancheur des jeunes Vietnamiens illustre l’innocence de l’enfance. Les soldats gris foncé expriment le métal de la force et de la mort. L’horizon est chargé d’une noirceur qui monte du sol et dispute sa place au ciel aux lueurs blanchâtres. La blancheur de l’asphalte contraste avec la noirceur du napalm qui semble s’avancer. Netteté : Image un peu floue (ancienne) Lumières La photo est prise en plein jour, la lumière est naturelle La lumière se porte essentiellement sur les enfants Vietnamiens. L’axe de la route devant la jeune fille indique le chemin du salut. Personnages et décor : Le regard se porte d'abord sur les enfants. Cinq enfants se sauvent, en proie à la terreur panique, crient et hurlent de douleur. Les deux en avant, la bouche grande ouverte, ferment les yeux de douleur, comme s’ils ne veulent pas voir la réalité, excédés par la souffrance. Au centre, la jeune fille, Phan Thị Kim Phúc, âgée de 9 ans, concentre les regards et fixe l’objectif de l’appareil, donc le photographe, donc le spectateur. La fille est entièrement nue, les bras en croix. C’est incongru. Une autre jeune fille tient par la main à (probablement) son jeune frère. Le plus petit, un garçon, esseulé, se retourne vers les soldats et la fournaise. Il parait hésitant, ou peut-être qu’il pense demander de l’aide aux soldats. Tous les enfants ont les pieds nus. Le plus grand ouvre l’espace vers l’avant, sur le point de sortir du champ de la photographie et, peut-être, d’atteindre son salut en quittant le théâtre de la violence. Les garçons les plus petits sont le plus à la traîne. Le haut des casques reluisant, les soldats américains marchent à pas lents, occupent la largeur de la route. Les soldats barrent l’espace entre les enfants et la fournaise. Lieux et paysages : Le paysage est plutôt nu. Une route avec des bas-côtés verdoyants. Il n’y a pas de végétation haute. Quelques panneaux de signalisation affichent des écritures indistinctes. Le paysage est plutôt nu renforce la concentration du regard sur les enfants. Les soldats sombres appartiennent plutôt au décor inquiétant. On fond, on remarque des flammes qui envahissent tout : impressionnant. IMAGE 4 : KEVIN CARTER, VAUTOUR GUETTANT UNE PETITE FILLE EN TRAIN DE MOURIR DE FAIM, SOUDAN, 1993 Le contexte : Le Sud-Africain Kevin Carter se rend au Soudan pour enquêter sur la guerre civile et la famine qui frappe le pays.il tombe sur un enfant squelettique à l’agonie qui se traîne péniblement sur le sol. Analyse de l’image : Plan :  Au premier plan : Un enfant squelettique se trainant péniblement vers un point d’approvisionnement cela traduit la pauvreté extrême ainsi l’agonie de l’enfant  Au second plan : Un vautour à proximité qui suit la fille de prêt. Il est un charognard qui attend manifestement un dernier signe de faiblesse de la part de la fillette.  Image représente une métaphore de la famine et de l’extrême dénuement en Afrique au début des années 1990 Population affamée et malade Lumière: naturelle du jour La netteté : la fillette et le vautour sont présentés de façon très nette par contre l’arrière plan est flouté. Plan : en légère plongée Couleurs : la dominance du sol ( sable). La fillette et le vautour sont de la même couleur Angle de prise de vue : la photo est prise à l’horizontalité La fillette et le vautour se partage le centre de la photo. Cette photographie est symbole puissant de misère et de détresse qui règne dans le village Ayod au Soudan. Elle remporte le prix Pulitzer en 1994. Et dans la même année le photographe se suicide. Il était hanté par les critiques vis-à-vis de son attitude face à la fillette en difficulté. « L’homme qui n’ajuste son objectif que pour cadrer au mieux la souffrance n’est peut-être aussi qu’un prédateur, un vautour de plus sur les lieux »1 Il a culpabilisé. Cette photographie illustre parfaitement le paradoxe du photojournaliste : observer immobile l’horreur et la souffrance pour mieux les combattre. 1 Scott Macleod, The life and death of Kevin Carter, time domestic, vol 144, n11, 12 September 1994 IMAGE 5 : FRANK FOURNIER OMAYRA SANCHEZ, ARMERO, COLOMBIE, 1948 Symbole de la nature tragique de la catastrophe d'Armero le contexte : cela se passe le 16 novembre 1985 , à Armero-Guayabal, en Colombie. Il a eu un le volcan Nevado del Ruiz qui est en éruption depuis trois jours. Eléments : on remarque tout d’abord une petite fille, d’après le titre elle se nomme : Omayra, qui se retrouve prisonnière des nombreux débris emportées par la boue, dans la ville de Armero ( d’après le titre de la photographie). Elle est coincée jusqu’au cou. On ne voit pas ses jambes et elle est perforée au niveau de la taille par une barre de fer. Elle parait impuissante mais très calme. Elle a un regard froid. L’état de la peau au niveau de ses mains montre qu’elle a passé beaucoup de temps dans cette eau. La fillette met des petites boucles et a les cheveux très courts. La fillette tient d’une main une barre en bois comme pour soulever sa tête. Lumière naturelle du jour Effet : la fille est présente nettement sur la photo, elle occupe le centre de la photographie Plan : en légère plongée Premier plan : la main droite de la fille tient légèrement une barre en bois Au second plan : le visage de la fillette avec un regard de froideur glaciale et la lèvre inférieure cachée par la barre de bois A l’arrière plan : l’eau sale, des morceaux de tissus et du bétons au fond. Forme : horizontalité ( format paysage) Couleurs : la domination des couleurs sombres : marrons, noirs. Cette photo remporte le prix World Press Photo en 1986. Mais Fournier se retrouve au centre d’une controverse : dans un cas comme celui-ci, ne vaudrait-il pas mieux porter assistance plutôt que photographier ? Conclusion : Pour résumer, on peut constater qu’il y a un rapport de complémentarité entre l’image et le titre et les éléments de l’environnement ayant pour effet d’urgence et de pression, aussi de dénonciation pour le public afin d’éclairer les Hommes sur des faits réels de l’Histoire. Les photographies choisies dans ce travail rappellent les conséquences des controverses, en particulier la souffrance, la censure et les rapports de force ; elles ont suscité des questions et continuent à en poser. Bibliographie : André Goldenberg, MAROC : voix et visages, 2007 édition internationale, Courbevoie (Paris) Daniel GIRARDIN et Christian PIRKER, controverse : Une histoire juridique et éthique de la photographie, acte Sud Musée de l’Elysée. Salima Naji, Porte du sud marocain, 2003 Gérard Rondeau, Figures du Maroc, 1997 www.kimfoundation.com