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Mésha et la Bible: quand une pierre raconte l'histoire

Exhibition catalogue edited by Thomas Römer, Marielle Pic, Isabel Bonora Andujar and Hervé Gonzalez (Paris: Collège de France, 2018, 111 pp.)

Quand une pierre raconte l’Histoire AVEC LA PARTICIPATION EXCEPTIONNELLE DU 2 Mésha et la BiBle : quand une pierre raconte l'histoire la stèle au Musée du louvre Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition temporaire « Mésha et la Bible : quand une pierre raconte l’Histoire » du 15 septembre au 19 octobre 2018. Cette exposition est présentée par la chaire des Milieux Bibliques du Collège de France avec la participation exceptionnelle du musée du Louvre et en collaboration avec le Ministère de la Culture/ Direction Générale des Antiquités - Musée National de Beyrouth-Liban, le musée Bible et Terre Sainte (Paris), l’Académie des inscriptions et belles-lettres et la Société de l’Histoire du Protestantisme Français. Administrateur Commissaires de l’exposition Thomas ESTRIER, Claire GUTTINGER, Alain PROCHIANTZ Thomas RÖMER et Hervé GONZALEZ Jeanne LO-RÉ, Loraine MARCHEIX, (Collège de France) Béatrice MATEOS, Lionel MARTI, Marielle PIC et Isabel BONORA-ANDÚJAR Christophe NICOLLE, Rahma RIBARDIÈRE, (Musée du Louvre) Matthieu RICHELLE Coordination de l’exposition et du catalogue Conception du catalogue et des documents Anne CHATELLIER de communication de l'exposition Claire GUTTINGER Mona VALLERY Équipe projet de l’exposition et du catalogue Photographies Direction des réseaux et partenariats documentaires pour le Collège de France Shmuel AHITUV, Marie-Armelle BEAULIEU, Anne CHATELLIER Cécile BARNIER, Raynald BELAY, Philippe FUZEAU, Patrick IMBERT, Sébastien BERROYER, Mathilde BERTHOU, Christian LARRIEU, Mathieu RABEAU, Xavier BLONDEAU, Marco CUCCHI, Franck RAUX, Bruce & Kenneth ZUCKERMAN Vice-président de l’Assemblée Thomas RÖMER Secrétaire de l’Assemblée Françoise COMBES Directeur général des services Marylène MESTON DE REN PAGE DE DROITE LE BATEAU LOUÉ PAR L’ÉCOLE BIBLIQUE LORS DE LA « CROISIÈRE SUR LA MER MORTE » (28 DÉCEMBRE 1908 AU 8 JANVIER 1909), AU PREMIER JOUR LORS DE L’EMBARQUEMENT. LE PÈRE JAUSSEN A EMMENÉ TOUT LE GROUPE DES ÉTUDIANTS, QUELQUES PROFESSEURS DOMINICAINS, DONT LES PÈRES ABEL ET SAVIGNAC, AINSI QUE DES INVITÉS - EN TOUT, 20 PASSAGERS. IL S’AGIT PEUT-ÊTRE DE LA PREMIÈRE CROISIÈRE À FAIRE AINSI LE TOUR COMPLET DE LA MER MORTE. PLAQUE DE VERRE. 5,7 X 13 CM. ÉCOLE BIBLIQUE, JÉRUSALEM. 3 4 Mésha et la BiBle : quand une pierre raconte l'histoire la stèle de Mésha et la BiBle PRÉFACE Alain PROCHIANTZ Administrateur du Collège de France Le « Dialogue des civilisations », en 2015, présentait une partie des fonds précieux des bibliothèques de l’Institut des civilisations du Collège de France. L’année suivante, « Ougarit entre Orient et Occident » racontait la découverte en Syrie de ce site archéologique et de la part qu’y prit Claude Schaeffer, professeur du Collège de France. Puis, en 2017, c’est la place tenue par l’égyptologie au sein de notre institution qui fut mise en lumière par l’exposition « Daressy : un savant, des archives ». Cette année, tenue au Collège de France du 15 septembre au 19 octobre 2018, l’exposition « Mésha et la Bible : quand une pierre raconte l’Histoire » illustre l’importance de cette pierre de basalte de l’âge du Fer découverte il y a 150 ans sur les rives du Jourdain. L’estampage original de la stèle réalisé lors de sa découverte et les fragments qui la complètent sont de nouveau présentés plus d’un demi-siècle après leur dernière exposition. Le Collège de France fait ainsi découvrir à un large public les sources sur lesquelles travaillent les équipes du pôle ProcheOrient ancien de l’Institut des civilisations qui, sous la direction du professeur Thomas Römer, étudient le monde ouest-sémitique. Ce catalogue illustre et complète une exposition qui, grâce à la participation exceptionnelle du département des antiquités Orientales du musée du Louvre et aux collaborations du musée Bible et Terre Sainte et du musée national de Beyrouth, permet aux visiteurs de découvrir des objets et documents qui nous font remonter aux sources de l’histoire biblique et de celle du Levant. La stèle de Mésha, que Charles Clermont-Ganneau achète à une tribu bédouine pour le musée du Louvre en 1871 et dont il traduit le texte en 1875, après l’avoir reconstitué à partir de ses nombreux fragments, vaut à cet épigraphiste, élève d’Ernest Renan, d’être élu professeur au Collège de France en 1890 sur la chaire d’« Épigraphie et antiquités sémitiques ». Cette première chaire d’études sémitiques proprement dite venait alors compléter celles consacrées à la philologie et l’archéologie assyriennes et égyptiennes. Ces études d’une grande richesse sur les milieux bibliques conservent toute leur importance au Collège de France et continuent d’y d’attirer des jeunes chercheurs passionnés par l’histoire de l’un des berceaux des civilisations contemporaines. PAGE DE DROITE JORDANIE, WADI RAMM, LE CAMPEMENT BÉDOUIN À L’ABRI DU FORTIN BRITANNIQUE DE LA LÉGION ARABE. À L’ARRIÈRE-PLAN, LES SPECTACULAIRES FALAISES DE RAMM. PLAQUE DE VERRE DU PÈRE R. SAVIGNAC. C. 1932-1935. 13 X 18 CM. ÉCOLE BIBLIQUE, JÉRUSALEM. 6 Mésha et la BiBle : quand une pierre raconte l'histoire la stèle de Mésha et la BiBle PRÉFACE Jean-Luc MARTINEZ Président-directeur du musée du Louvre À l’été 1868, un missionnaire d’origine alsacienne, Frederick A. Klein, qui parcourait l’actuelle Jordanie, apprit l’existence, sur le site de l’antique Dhiban, d’une pierre riche en écritures « qu’aucun Franc n’avait jamais vue » et qui se révéla être la stèle de Mésha. À l’occasion du 150 ème anniversaire de sa découverte, le Collège de France et le musée du Louvre organisent une exposition « Mésha et la Bible : quand une pierre raconte l’Histoire » élaborée par nos deux institutions pour révéler au public l’importance de cette stèle du ix e siècle avant notre ère dont l’original est conservé au musée du Louvre. Elle livre notamment la plus ancienne occurrence écrite du mot Israël et est la source la plus détaillée sur le royaume de Moab, rival du royaume d’Israël, alors dirigé par le roi Mésha. Lors de cette exposition sera présentée une inédite étude du contexte de trouvaille, des techniques de relevés, comme l’estampage, et une relecture du texte, associée à une explication de la culture matérielle du début du premier millénaire avant Jésus-Christ, qui permettent de redécouvrir la stèle sous un jour nouveau. Cet événement s’inscrit dans la longue relation qui lie la France et la Jordanie, en particulier le musée du Louvre et le musée National de Jordanie, qui a donné lieu à de nombreuses missions archéologiques et expositions. Au Louvre le patrimoine jordanien est mis à l’honneur dans la salle 303 où est notamment exposé un dépôt exceptionnel de la direction des antiquités de Jordanie pour une durée d’au moins 30 ans : l’extraordinaire statue de forme humaine d’Aïn Ghazal, qui, du haut de ses 9 000 ans, est la plus vieille œuvre présentée au sein du musée. Je tiens à en saluer les commissaires Thomas Römer et Hervé Gonzalez pour le Collège de France, Marielle Pic et Isabel Bonora Andújar pour le musée du Louvre. Ils perpétuent une fructueuse coopération scientifique entre nos institutions et contribuent à rappeler combien la stèle de Mésha permit de mieux comprendre l’histoire passionnante et complexe du Levant au premier millénaire avant Jésus-Christ. PAGE DE DROITE LA STÈLE DE MÉSHA AU LOUVRE À SON EMPLACEMENT ACTUEL. AULANIER 239, ARCHIVES PHOTOGRAPHIQUES DES MONUMENTS HISTORIQUES O164. 7 8 Mésha et la BiBle : quand une pierre raconte l’histoire AVANT-PROPOS Thomas RÖMER Il y a 150 ans, en 1868, un missionnaire alsacien du nom de Klein découvrit dans le pays de l’ancien Royaume de Moab, la Jordanie actuelle, une stèle en basalte noir d’une hauteur d’environ 120 centimètres. Cette découverte it beaucoup de bruit et les Bédouins, pris dans des négociations tendues avec les Européens, et imaginant peut-être aussi qu’un trésor se trouvait à l’intérieur, allèrent jusqu’à détruire la stèle. Évidemment, il n’y avait rien ; mais la magniique stèle avait été brisée. C’est grâce à la perspicacité de Charles Clermont-Ganneau, qui deviendra plus tard professeur du Collège de France, que cette stèle a pu être reconstruite. Il avait demandé à des émissaires d’en réaliser un estampage qui a ensuite permis, comme dans un jeu de puzzle, de recoller presque tous les morceaux. Tout d’abord, il s’agit de situer cette découverte dans le contexte des débuts de l’archéologie du Levant pour laquelle elle fut un événement fondateur. L’exposition retrace la découverte, la destruction et la reconstitution de la stèle grâce à l’implication de Charles Clermont-Ganneau. On peut notamment y découvrir une réplique de la fameuse stèle exposée au musée du Louvre et surtout l’estampage original, accessible au grand public pour la première fois depuis le milieu du siècle dernier. L’exposition montre ensuite la place centrale de la stèle pour l’étude des écritures du Levant ancien et l’histoire de l’alphabet. On y découvre différents exemples d’écritures alphabétiques anciennes. Un atelier permet aussi de se confronter plus directement à elles. Pourquoi cette stèle est-elle si importante ? Elle date du ixe siècle avant l’ère chrétienne et contient la première mention des quatre lettres du dieu d’Israël (souvent prononcé Yahvé) en dehors de la Bible. Elle est écrite dans une écriture alphabétique et mentionne des événements qui sont aussi relatés, quoique de manière très diférente, dans le texte biblique. Enfin, l’exposition explique l’importance de ce monument pour les études bibliques. En effet, la stèle présente une vision de l’intervention du dieu tutélaire de Moab qui peut être comparée à la fonction du dieu Yahvé pour Israël. Des objets rares illustrant le contexte religieux du Levant ancien donnent une profondeur historique au parcours de l’exposition, qui permet de mieux mener cette réflexion. Avec la participation exceptionnelle du musée du Louvre, et grâce au concours du musée Bible et Terre Sainte (Institut Catholique de Paris) et du musée national de Beyrouth, le projet scientifique et culturel de l’exposition consiste à mettre en valeur l’importance de la stèle de Mésha sur trois plans. En résumé, cette exposition permet de découvrir des objets et des documents aux origines de l’aventure de l’archéologie. La stèle de Mésha n’a pas fini de parler ! Elle demeure une source unique pour l’intelligence du Levant ancien. STÈLE DE MÉSHA. IXe SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE. BASALTE. 1,25 X 0,69 X 0,37 M. DIBAN. RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE DU LOUVRE). CLICHÉ : M. RABEAU.