Academia.eduAcademia.edu

Architecture des milieux

leportique.revues.org

Frédéric Bonnet, « Architecture des milieux », Le Portique [En ligne], 25 | 2010, document 12, mis en ligne le 25 novembre 2012, consulté le 30 septembre 2016. URL : http://leportique.revues.org/2493 Ce document a été généré automatiquement le 30 septembre 2016. Tous droits réservés 3 Un paradoxe politique majeur nous entraine à l'optimisme et à la réflexion : nous héritons d'un environnement urbain fondamentalement inéquitable et non durable, Architecture des milieux

Le Portique Revue de philosophie et de sciences humaines 25 | 2010 L’architecture des Milieux Architecture des milieux Architecture des milieux. Contemporary political discussion Architektur der Milieus Frédéric Bonnet Éditeur Association "Les Amis du Portique" Édition électronique URL : http://leportique.revues.org/2493 ISSN : 1777-5280 Édition imprimée Date de publication : 6 août 2010 ISSN : 1283-8594 Référence électronique Frédéric Bonnet, « Architecture des milieux », Le Portique [En ligne], 25 | 2010, document 12, mis en ligne le 25 novembre 2012, consulté le 30 septembre 2016. URL : http://leportique.revues.org/2493 Ce document a été généré automatiquement le 30 septembre 2016. Tous droits réservés Architecture des milieux Architecture des milieux Architecture des milieux. Contemporary political discussion Architektur der Milieus Frédéric Bonnet 1 La ville en devenir nous le rappelle tous les jours : elle peut très bien croître et se transformer sans architecture. Ni l’attention la plus élémentaire, ni la pensée ne sont une condition irréfragable de son dynamisme. Pourtant le débat politique contemporain interroge directement notre cadre de vie : comment répondre aux questions écologiques et sociales sans un renouvellement de la pensée urbaine et architecturale, et des pratiques associées ? L’architecture des milieux est une hypothèse pour nourrir ce travail collectif, à la fois réparateur et refondateur. Liens et durées 2 L’architecture est bien évidemment l’art de bâtir. Certaines langues l’ont d’ailleurs consacrée à ce titre 1. On peut considérer qu’elle s’y cantonne. Ce fut sans doute suffisant au temps où les questions sociales et politiques n’étaient pas posées de manière transversale, et où l’architecture, comme la musique ou les mathématiques, étaient dédiées à quelques uns. Pourtant, l’indigence de la production nous éloigne très peu de ces temps premiers, la pensée architecturale n’étant convoquée que très exceptionnellement, sans que le populaire et le vernaculaire n’aient d’ailleurs survécu au consumérisme autrement que sous des formes très marginales. Le rêve « moderne » d’une diffusion équilibrée et d’une exigence ordinaire « pour tous » est aussi bien loin. Ce qui motivait l’engagement de Bruno Taut aussi bien sur la ville (Berlin) que sur les objets (Bauhaus en Europe, Mingeï au Japon), ou ce qui fondait l’approche transversale et généreuse d’un Alvar Aalto est bien fragile, ringardisé. Cela n’est pas une question architecturale, mais politique et philosophique. 3 Un paradoxe politique majeur nous entraine à l’optimisme et à la réflexion : nous héritons d’un environnement urbain fondamentalement inéquitable et non durable, Le Portique, 25 | 2010 1 Architecture des milieux ségrégatif, inégalitaire, très consommateur en énergies et en ressources. Or ces questions sont des enjeux majeurs, au cœur des débats. Que faire, que penser ? Doit-on prendre acte et renoncer, et persister fièrement à saupoudrer quelques sublimes objets parfaitement « durables » dans un territoire médiocre et contre-productif ? Comment faire autrement, expérimenter de nouvelles pratiques, d’autres configurations, d’autres partages, où chaque action engage une vision politique plus générale ? 4 Créer des liens. Face à ce défi, l’architecture n’est plus seulement l’art de construire. L’architecture des milieux s’interroge sur les manières de faire, sur les limites et la structure de la réflexion, des disciplines, des terrains d’action, des catégories. Le mot « milieux », avant les configurations ou les processus, suggère le partage, la transversalité. L’hypothèse est donc de placer au cœur de la réflexion ces liens : architecture = créer des liens, l’art de construire n’en étant qu’une modalité particulière. L’architecture des milieux est aussi une alternative épistémologique à une définition très compartimentée des connaissances et des métiers. 5 Responsabilité des transformations. L’architecture est toujours une transformation. Il y a un avant, il y a un après. Elle est une altération des lieux. Transformer implique d’assumer les effets éventuels de ces modifications, de ces déplacements de matière, mais aussi de la manière dont des usages deviennent possibles, et des mouvements de l’imaginaire. Ces transformations ne se limitent pas au construit : l’architecture n’est pas seulement l’édifice, mais engage une portion plus vaste de territoire : on habite aussi lors de ses voyages et promenades, dans l’espace public, le paysage, aux voisinages des bâtiments. L’architecture des milieux propose à ce titre un hors champ permanent, qui relie chaque action à une série de situations potentielles, qu’elles soient lointaines ou à immédiate proximité. 6 Intégration de la nature, du vivant et de ses cycles. Dans ce hors champ, la nature joue un rôle non négligeable. Non seulement en tant que « sol qui nous porte 2 », mais aussi dans les prolongements et les interstices de ce qui est construit. Au moins neuf éléments relient ainsi l’architecture à la nature : les quatre éléments récurrents que sont l’eau, l’air, la terre et le feu, la gravité, l’usure et l’altération, la résistance et les ressources de la matière, la lumière et le vivant. Les rapports entre nature et architecture des milieux ne se réduisent pas à une question dispositif : il ne suffit pas d’entremêler, d’insérer ou d’alterner. Non, il s’agit plutôt d’une manière de faire, de considérer le temps et les limites de toute action. Par exemple, intégrer dans la conception l’usure – physicochimique, mais aussi anthropique - est un hommage fait à l’association de la nature et de l’usage 3. Certaines relations sont étroitement liées à la discipline –on sait bien, par exemple, que la plupart des « traits » dessinés sur une façade sont en réalité une manière d’éloigner l’eau de la matière construite, que l’on parle de Scamozzi ou de Le Corbusier. D’autres sont plus inédites. La compréhension dans le projet d’architecture des cycles du vivant et des phénomènes géologiques et hydrologiques de ce qui fonde l’édifice introduit à la fois la très longue durée (le million d’année), les cycles et les mouvements caractéristiques des milieux naturels. Ceci comme initiateur du projet architectural : l’architecture des milieux passe d’une logique de « compensation », où l’architecture est conçue comme antinomique au sol naturel et devient politiquement amortie par des dispositifs compensateurs, à une approche par intégration, où le construit est pensé en accord avec les dynamiques des milieux naturels. Dans cette approche intégrative, on insiste sur la collaboration, l’alliance : on entend par « milieux » la résultante construite, Le Portique, 25 | 2010 2 Architecture des milieux mais toujours vivante des deux mouvements (architecture et nature), et non pas uniquement sa seule composante « naturelle ». 7 Ceci suggère de plus grandes collaborations entre disciplines, pour croiser et épauler les connaissances et trouver des hypothèses croisées fertiles 4. En termes de dispositif, certaines notions sont communes aux différents champs et méritent d’être explorées : lisières épaisses et limites, seuils, continuités, masses critiques, par exemple. Échelles, juste mesure 8 L’architecture des milieux est une hypothèse de travail. Elle est pensée et pratique en devenir, résolument expérimentale, et ne propose pas de dogmes, de recettes, de dispositifs « tout prêts » pour l’architecture. Parce que le « milieu » est sans cesse en mouvement, se reconstruit sans cesse, se réinvente, s’hybride, s’étend et se reconnecte, demeure toujours divers, cette démarche est éminemment contextuelle. Ce qui compte ici, c’est de s’interroger sans cesse sur la mesure des transformations : l’architecture des milieux propose de construire par la pensée et l’action une théorie de la juste mesure, des justes rapports entre l’effort et l’effet, de leurs modulations dans le temps. 9 La « juste mesure » s’appuie sur quatre grands termes : la responsabilité du petit sur le grand, l’entrelacement des échelles, les ancres et passeurs –ou figures des milieux- et la notion de résistances et ressources. 10 Responsabilité du petit sur le grand. Le « grand » est plus souvent responsable du « petit », à l’instar du parent et de sa progéniture. Nous pensons que dans un contexte où il est sans cesse plus difficile de penser la grande dimension, principalement à cause d’une crise politique majeure, toute action même réduite engage une vision territoriale plus vaste, et devient en quelque sorte responsable. Nous ne pouvons nous satisfaire des stratégies essentiellement correctrices et compensatrices de la planification. La protection de la nature ou du patrimoine, par exemple, est un cadre juridique très éloigné de la notion de projet, et qui suppose la médiocrité de l’action courante. On réglemente « contre » quelque chose réputé mauvais. Il est urgent de raisonner à l’envers, d’inverser le regard 5, et de considérer que chaque action, même la plus modeste, a une responsabilité qui excède très largement son périmètre. Le « petit » devient responsable du « grand ». C’est aussi un principe d’économie. Plutôt que d’attendre le grand soir, et que des projets plus considérables –qui n’adviendront jamais - ne résolvent certaines contradictions territoriales, il faut considérer que toute énergie dépensée appuie un mouvement plus ample. C’est le premier terme de la juste mesure. 11 Entrelacement des échelles. L’architecture des milieux suppose de renoncer à la notion de périmètre, de localisation exclusive. L’objet de la transformation ne peut être confiné, puisqu’il qu’il renvoie à des dimensions élargies, à un réseau d’influences et de références, à des proximités multiples. L’architecture est aussi le socle, le cadre, les liens, les voisinages, le paysage, les systèmes de ressources, etc., et non plus seulement l’édifice. 12 Cela donne toute sa puissance à la notion d’échelle, c’est-à-dire de relation : les liens entre les dimensions et les questions sont multiples, et l’on ne procède plus par zooms successifs. Outre que cette hypothèse architecturale se refuse à dissocier l’analyse du projet, elle se démarque aussi des approches successives du « projet urbain » : l’enchaînement des décisions ne part pas du plus grand vers le plus petit. Il n’y a pas d’abord la « situation », puis le site, puis le contexte, puis la parcelle, puis l’objet. Le mot Le Portique, 25 | 2010 3 Architecture des milieux entrelacement ne désigne ainsi pas la pluralité, mais l’ordre des séquences possibles. Comme nous l’avions montré dans l’expérience pédagogique d’EVAN, puis développé dans la recherche sur « l’architecture de la grande échelle » 6, on dénombre quatre échelles problématiques : la géographie, le site, le plan et la matière. Quatre familles de questions, qui peuvent être croisées, sans que la dimension apparemment suggérée ne soit un facteur prioritaire. Par exemple, le choix du matériau, qui a un lien considérable avec la structure et l’usage que le plan déploie et abrite, est forcément une question géographique : d’où vient la matière ? Comment voyage-t-elle ? à quelle économie contribue-t-elle ? Quels savoir-faire (et quelles personnes) sollicite-t-elle ? Dans l’architecture des milieux, la question du territoire peut ainsi être très étroitement liée à la culture constructive, à son imaginaire et à ses mesures associées. 13 Aussi bien cet entrelacement des échelles que l’intégration de la nature et des cycles du vivant ouvrent la recherche, les expériences et les pratiques au-delà des métiers compartimentés. L’architecte, le paysagiste, l’urbaniste, le philosophe : ces mots n’ont ici de sens qu’avec des cartes largement rebattues, ou chaque discipline, largement hybridée, élabore ses propres passerelles vers les autres. 14 Ancres et passeurs, entre lieux et milieux. La notion de « Milieux » s’appuie sur une double figure de continuité et de discontinuité 7. La continuité est une figure du voisinage, des liens de proximité, et des ancrages qui peuvent y être associés. Dans une certaine mesure, c’est la part de lieu du milieu. La figure de discontinuité établit les liens multiples, hors champ. Cette dualité est complexe en architecture, comme l’illustre la double figure des ancres et des passeurs. 15 Ce qui singularise n’a pas toujours à voir avec la terre, ne se décrit pas toujours en termes de racines. Ce peut être l’empreinte inédite d’une vallée, mais n’est-ce pas plus souvent la réunion de circonstances par ailleurs assez banales, qui détachent chaque situation de sa voisine. Le repli d’un sol, la lumière de la brume, les gestes transmis ou les savoir-faire revendiqués peuvent bien sûr constituer des ancres bien solides. Mais les « passeurs » sont plus nombreux encore, et plus puissants, qui relient à l’altérité, à l’ailleurs, à l’horizon, tel Hermès le messager. Ces passeurs peuvent être le programme (bibliothèque : LA bibliothèque, TOUTES les bibliothèques, CETTE bibliothèque), la matière (le bois, la pierre, le verre), les savoir-faire, les voisinages (seul au désert, mêlé à la grande ville); au sens où l’entendait Louis Kahn en écrivant «ce que veut être le bois», la matière est aussi un passeur manifeste. Et toutes les questions d’architecture jouent ce même rôle; la dualité, le lourd et le léger, les rapports entre géométrie et structure, par exemple, font le lien, au delà des lieux, entre des mondes forts contrastés. À se demander, finalement, si l’architecture, ça n’est pas d’abord cela ? Les passeurs sont aussi des figures presque intemporelles, des dispositifs architecturaux qu’il est difficile de lier à une époque, ou à un paysage singulier, à l’image de ces abris dessinés par Aalto à l’âge de vingt-quatre ans à Tampere, que l’on retrouve, sans aucun lien apparent, dans le travail du slovène Otto Yugoviez; les passeurs peuvent être enfin des configurations élémentaires - je suis certes dans cette vallée, ou sur cet archipel, mais, ce faisant, me voici relié à toutes les autres vallées, ou archipels. Relié, mais ainsi poétiquement responsable 8. 16 Résistances et ressources. Quelle que soit l’échelle ou le type d’objet, il est toujours question de l’équilibre et des limites entre ce double terme, entre résistances et ressources. La matière, comme le territoire, offre à la fois une ressource et des limites, des résistances. Le bout de bois qui construit cette charpente est à la fois une chance (qu’aurait on fait sans lui) et une faille (car il ne peut pas tout, et peut rompre). Il en est de même pour les Le Portique, 25 | 2010 4 Architecture des milieux territoires, que l’on peut plus ou moins ménager, plus ou moins optimiser, épuiser ou préserver. Cette reconnaissance de la limite est constitutive de bien des savoirs constitués : ceux de l’ingénieur ou de l’hydrologue, par exemple. Pour l’architecture des milieux, il s’agit d’une philosophie de la ressource qui accepte, de manière consubstantielle à la conception et non plus par défaut, les limites des matières transformées, qu’il s’agisse de terrains aménagés, de champs exploités, de jardins cultivés, de murs édifiés. C’est une très belle tension entre ce que l’on peut, ce qui nous est donné, ce qui reste à inventer, ce qui est réglé par la nature par la main. On pense ici à Alberti, qui décrit le « beau » comme cet équilibre entre l’esprit, la main et la nature 9. 17 L’architecture des milieux met au centre des approches esthétiques les questions du « pourquoi ? », de la juste mesure, des paradoxes de l’intention ou de ceux de l’idée de nature. Elle suggère ainsi une plus grande exigence éthique à ceux qui assument dans leur métier ou leur engagement politique une part de responsabilité dans la transformation effective des territoires : tiens… un pont, tiens… un lotissement, tiens…? Mais elle interroge aussi la responsabilité des sciences sociales, toutes entières consacrées ces dernières décennies à s’éloigner des configurations spatiales et de leurs processus de fabrication, à ne pas évoquer les liens entre le corps social et les réalités physiques qui le portent pourtant. Héritages et inventions, réenchantements 18 Pour inventer, il faut savoir hériter. L’architecture des milieux n’est ni une « recette » nouvelle, ni un dogme. Elle n’exprime pas une rupture. Nous pensons au contraire que cette hypothèse de travail se nourrit de nombreux héritages croisés, qu’ils soient anciens –relisons Alberti… « en premier lieu n’accepte rien qui dépasse les forces humaines, et n’accepte rien qui doivent manifestement entrer en conflit avec les forces de la nature […] la persévérance tenace et assidue de sa défense brise et écrase avec l’aide du temps tout l’acharnement, pour ainsi dire, que manifeste les choses à son endroit » 10. Relisons aussi les modernes –Aalto notamment a beaucoup développé cette approche élargie et transversale -, ou les contemporains. Le travail de Patrick Berger, par exemple, qui associe sol naturel et construit dans les mêmes figures de projet 11, participe de ces explorations. L’architecture des milieux est une hypothèse heuristique, jubilatoire, qui se nourrit effectivement de ces réflexions, mais aussi d’une exploration permanente, par le projet ou les récits. 19 Proposition multiforme et ouverte, tissage patient de liens, de sens partagés, qui ont aussi pour motif l’espérance d’un réenchantement du monde. NOTES 1. . Par exemple en finnois, Architecture = Rakennustaide, du verbe Rankentaa, construire ( Rakennus = édifice) et Taide, art. 2. . Selon les termes de Merleau-Ponty. Le Portique, 25 | 2010 5 Architecture des milieux 3. . Cette position n’est bien évidemment pas nouvelle. Outre le fait que la plupart des traités parlent très généreusement à travers le « bien construire », des effets de l’altération sur l’architecture, et de la durée des ouvrages, certains architectes, même parmi les modernes, ont développé des positions esthétiques où les effets de l’usure ont un rôle essentiel. Pensons aux œuvres et aux écrits d’Alvar Aalto, à Sigurd Lewerentz, par exemple, ou même plus près de nous, à des édifices de Herzog et De Meuron, comme l’Atelier de Remi Zaugg à Mulhouse. 4. . J’ai notamment co-animé cette année, pour le MEEDDM, un atelier sur « Ville et Nature » dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Les résultats de cette réflexion, menée avec quatre groupes de travail, sont disponibles sur le site du ministère de l’écologie. J’ai participé en tant qu’architecte-urbaniste à ce travail pluridisciplinaire, les autres présidents d’ateliers étaient Nathalie Blanc (géographe), Thierry Laverne (paysagiste), Jacques Weber (économiste), Bernard Chocat (hydrologue), Vincent Graffin (écologue, MNHN) et Robert Barbault (biologiste et écologue, MNHN). 5. . Selon des termes développés par Bernard Reichen lors du travail mené en 2004-2005 avec Alfred Peter pour le Scott de Montpellier, de manière très innovante en France. 6. . EVAN : master « entre ville architecture et nature », à l’école Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont Ferrand, dont j’ai assuré la coordination de 2004 à 2009, prolongeant l’expérience initiée par Didier Rebois avec Chris Younès. Au stade où nous en étions en 2009, ce master de projet aurait pu se renommer « milieux » ou « architecture des milieux ». L’équipe de l’ENSACF prolonge depuis 2010 l’expérience sous la coordination de Christophe Boyadjian, avec Xavier Bonnaud, Philippe Thuillier, Marc-Antoine Durand, Jérôme Lafond, Yvan Okotnikoff, Laetitia Lafont et Boris Bouchet. 7. . Voir « Architecture de la grande échelle », rapport de recherche du Gerphau, Chris Younès et Frédéric Bonnet, responsables scientifiques, MEEDDAT et Ministère de la Culture, 2009. 8. . Je développe cette notion d’ancres et passeurs dans un cours d’architecture, et dans un article publié dans un ouvrage rendant compte d’une expérience pédagogique à l’ENSACF. 9. . Leon Battista ALBERTI, « De Re Aedificatoria », livre VI, chapitre 4, traduction par Françoise Choay et Pierre Caye, Seuil, 2004. Voir p. 283-284. 10. . Leon Battista ALBERTI, Livre II, chapitre 2, ibid., p. 101. 11. . Patrick BERGER et Jean-Pierre NOUHEAUD , « Formes cachées de la Ville », Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, EPFL, 2004. Patrick Berger a aussi publié une monographie intitulée « Milieux » dans le cadre de l’exposition organisée par la cité de l’architecture sur son travail à Paris en 2005. RÉSUMÉS Cities do not wait on architecture to evolve - neither forethought nor attention are necessary for them to show extraordinary growth and energy. But contemporary political discussion directly addresses our living conditions and environment: how can we answer new social and ecological problems without renewing our thoughts on architecture and urban planning, or examining associated practices? Die Stadt im Werden erinnert uns täglich an die Tatsache: ausdehnen und verwandeln kann sich eine Stadt ganz gut ohne Architektur! Die aktuelle politische Debatte befragt jedoch ganz direkt unser Lebensumfeld. Ohne völliges Umdenken was Urbanismus und Architektur anbelangt geht Le Portique, 25 | 2010 6 Architecture des milieux es nicht. Die Architektur der Milieus bringt eine Hypothese um diese Kollektivarbeit zu nähren: zugleich reparieren und neu fundieren! AUTEUR FRÉDÉRIC BONNET Frédéric Bonnet est architecte et urbaniste. Il commence à enseigner en 1998 à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand, où il a coordonné l’équipe « Entre Ville Architecture Nature ». Il est membre du laboratoire GERPHAU UMR CNRS/MCC 7218 LAVUE . Il enseigne à l’école d’architecture de Paris Belleville depuis 2009, et a construit un cours de théorie « architecture et territoire » à l’Accademia di Architettura di Mendrisio (Tessin). Il travaille depuis 1993 avec Marc Bigarnet, avec lequel il a fondé l’agence Obras à Paris et Lyon. Lauréate Europan, du palmarès des jeunes urbanistes, de la médaille de l’Académie d’architecture, du Grand Prix d’architecture et d’urbanisme Auguste Perret, l’agence travaille en France et à l’étranger sur des projets d’échelles très diverses, des villages du beaujolais et de l’avesnois à Orly ou la Défense, des nouveaux quartiers de Toulouse aux rives du Léman. Frédéric Bonnet est architecte conseil de l’état, membre du comité de rédaction de la revue urbanisme. Le Portique, 25 | 2010 7