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L'Artiste comme archiviste : Walid Raad et l'Atlas Group

À l'occasion de leur nouvelle exposition « Une histoire, art, architecture et design, des années 80 à aujourd'hui », le Centre Pompidou met à l'honneur l'art contemporain libanais, dans une section intitulée 'L'Artiste comme archiviste'. Parmi les exposants, Walid Raad, artiste de l'archive s'il en est, dont est exposé We Decided To Let Them Say " We Are Convinced " Twice. It Was More Convincing This Way, Beirut '82, City V (2005). Portrait d'un artiste et de son concept, et focus sur My Neck Is Thinner Than A Hair : A History of the Car Bomb in the 1975-1991 Lebanese Wars–Volume 1, une autre oeuvre de l'Atlas Group qui complète les problématiques soulevées par le musée parisien.

« L’Artiste comme archiviste » : Walid Raad et l’Atlas Group infusionrevue.wordpress.com/2015/02/02/lartiste-comme-archiviste-walid-raad-et-latlas-group/ infusionrevue 2.2.2015 À l’occasion de leur nouvelle exposition « Une histoire, art, architecture et design, des années 80 à aujourd’hui », le Centre Pompidou met à l’honneur l’art contemporain libanais, dans une section intitulée ‘L’Artiste comme archiviste’. Parmi les exposants, Walid Raad, artiste de l’archive s’il en est, dont est exposé We Decided To Let Them Say “We Are Convinced” Twice. It Was More Convincing This Way, Beirut ’82, City V (2005). Portrait d’un artiste et de son concept, et focus sur My Neck Is Thinner Than A Hair : A History of the Car Bomb in the 1975-1991 Lebanese Wars–Volume 1, une autre œuvre de l’Atlas Group qui complète les problématiques soulevées par le musée parisien. Walid Raad est un artiste plasticien libanais, exilé aux États-Unis où il a fait des études d’art visuel. En 1999, il monte le projet de l’Atlas Group, qui se présente comme centre d’archivage de documents liés à l’histoire contemporaine du Liban. Présenté comme une fondation destinée à proposer de la matière aux études des chercheurs, l’Atlas Group n’est en réalité qu’une fiction derrière laquelle se cache le geste artistique d’un auteur. Certaines archives sont en effet de pures créations, matériau construit documentant ce qui aurait « très bien pu avoir lieu »[1], détournant ainsi le potentiel factographique des images. Brouillant complètement la frontière entre fiction et documentaire, ce projet ne cherche pas à réhabiliter le récit manquant de l’histoire de la guerre (des guerres) civile(s) qui ont ravagé le Liban entre 1975 et 1990, mais bien plutôt à questionner cette amnésie collective qui caractérise l’après-guerre, donc le rapport des libanais à la véracité de la mémoire et à l’histoire, et à la manière dont celle-ci a été écrite et transmise. En critiquant les qualités représentatives des images documentaires, et en offrant un matériel fictif au spectateur, en détournant les méthodes scientifiques et journalistiques, Walid Raad décèle le traumatisme enfoui de la guerre, la puissance de l’impact sur le psychisme des hommes et réfléchit sur la construction d’une mémoire collective. Pensées à partir des écrits de Freud sur l’hystérie, chacune de ses œuvres doit être comprise en étroite relation avec le traitement psychanalytique du traumatisme. Exposée sous différentes formes et à plusieurs reprises, My Neck Is Thinner Than A Hair traite de la récurrence des attentats par voitures piégées durant la guerre civile. Une analyse de la version proposée sur le site internet du groupe de My Neck Is Thinner Than A Hair : A History of the Car Bomb in the 1975-1991 Lebanese Wars–Volume 1, permet de comprendre les enjeux de l’Atlas Group et du processus créatif de Walid Raad dans ce projet qui brouille les frontières de l’art et de l’histoire, de la fiction et de la réalité, jusqu’à celles qui déterminent les contours de la figure auctoriale, qu’il délègue pour l’anonymat. 1/8 My Neck Is Thinner Than A Hair, Walid Raad (Atlas Group) L’Atlas Group est une organisation fictive créée par Walid Raad en 1999 dans le but de documenter et de collecter les archives concernant l’histoire contemporaine du Liban. « L’un de nos objectifs est avec ce projet de trouver, préserver, étudier, et produire des documents audio, visuels, littéraires et autres artefacts qui peuvent éclairer l’histoire contemporaine du Liban »[2]. Les objectifs de l’organisation sont définis sur le site de l’Atlas Group, ainsi qu’en exergue de ses expositions et de ses catalogues. Dans les subtiles variations qui différencient chaque présentation, déjà, transparait toute l’ambiguïté du dispositif artistique que Walid Raad met en place dans ce projet. Les archives sont organisées en type et en sous-groupes : des documents de type A, Authored, qui regroupent les archives en 226 carnets et deux films du docteur Fakhouri, « le plus grand historien des guerres du Liban », celles de Raad lui-même, et celles d’un « nationaliste Libanais qui fut kidnappé à Beyrouth en 1983 et retenu en otage pendant dix ans », Souheil Bahar, qui aurait légué à l’Atlas Group des vidéos de sa captivité ; des documents de type FD, Found Documents, anonymes donc, outre ceux fournis par un agent secret de l’armée libanaise, et « operator #17 » ; des documents, enfin, de type AGP, Atlas Group Production. L’Atlas Group propose à travers ces classements d’archives l’écriture d’une histoire alternative, et s’y engage à travers une série d’objets à teneur polémique. Il s’agit ainsi « non pas [d’]une histoire alternative qui serait nécessairement additionnelle ou qui doit être pensée comme quelque chose qui comble un manque. Cette histoire peut contredire, elle peut juste ajouter temporairement quelque chose puis disparaître… Selon un point de vue réducteur, l’histoire traditionnelle serait écrite comme une chronologie de massacres, d’événements, ou une biographie de ses acteurs. Nous ne disons pas que l’histoire ne doit pas inclure ceci. Nous disons avec certitude que l’histoire ne peut être réduite à cela »[3]. Ainsi, l’Atlas Group crée le flou, soumis à l’inventivité de son auteur : « dans différents lieux et à différentes périodes, j’ai appelé l’Atlas Group une fondation imaginaire, une fondation que j’ai instaurée en 1976, et une fondation instaurée en 1976 par Maha Traboulsi. Au Liban en 1999, j’ai déclaré « L’Atlas Group est une fondation imaginaire que j’ai instaurée en 1999 ». J’ai dit des choses différentes à différentes époques et dans des lieux 2/8 différents selon des considérations personnelles, culturelles et politiques liées à ma position géographiques et ma relation personnelle et professionnelle avec le public, en fonction de ce qu’ils connaissaient de l’histoire politique, économique, culturelle du Liban, des guerres du Liban, du Moyen-Orient, de l’art contemporain »[4]. Créateur et penseur de son projet, Walid Raad annonce sans complexe sa position ; derrière ces masques anonymes et ces identités substitutives n’existe l’action que d’un seul homme, l’artiste, qui met en scène, en forme, un passé brûlant dont personne n’a encore su écrire l’histoire. Sans cacher son geste d’auteur, Walid Raad prétend pourtant que « The Atlas Group travaille toujours avec des documents existants » ; ou, plus précisément, il travaille à recréer un univers à partir de ce qui a existé, ou de ce qui aurait pu exister : « il [Atlas Group] a toujours impliqué un matériel qui existait véritablement dans le monde historique, pour imaginer l’univers dans lequel ce matériel existe »[5]. L’auteur et ses doubles jouent donc de leur diffraction pour travailler un matériau multiple, composé à la fois d’archives réelles, de constructions « artistiques » ou « archivistiques » manifestes[6] ou de remise en scène d’événements dont les archives ont disparu ou n’ont jamais existé – mais dont l’authenticité factice laisse, du même coup, planer l’incertitude quant à la nature de l’objet exposé. Les pratiques de l’Atlas Group sont multiples ; à partir d’une même branche, la présentation des documents ou du concept qui les lie se transforme lui-même ; le projet My Neck Is Thinner Than A Hair , qui nous intéresse, a été pour sa part exposé à plusieurs reprises, avec une chronologie plus ou moins large, sous forme d’exposition de photographie ou de lecture-performance (autour d’un événement précis, celui de l’explosion de la voiture piégée du 21 Janvier 1986 à Furn el-Chebbak)[7]. Afin de faciliter l’analyse de ces documents seront étudiées les fichiers archivés sur le site du groupe lui-même, dans la catégorie AGP, section « The Thin Neck File ». Les éléments de My Neck Is Thinner Than A Hair se présentent comme des photographies scientifiques ou de presse, qui figurent les restes du moteur d’une voiture, la seule partie de l’engin qui reste intacte après une explosion. Les documents présentés par l’Atlas Group proposent en regard de la photographie la présentation de son verso, où figurent un tampon, une date et des inscriptions. Walid Raad sur le site de l’Atlas Group explique ce projet comme une « investigation dans les événements et les expériences qui entourent l’utilisation des voitures piégées dans les guerres civiles libanaise de 1975-1990 »[8]. Le site archive la collecte d’une centaine d’images qui 3/8 présente les restes de la voitures piégées, qu’entourent et observent des experts ou des militaires. Si l’analyse d’une telle œuvre permet d’illustrer les principes d’action de l’Atlas Group, c’est dans un premier temps parce qu’elle répond à cette pratique que l’on retrouve systématisé dans le système d’archivage que propose l’artiste du décalage temporel comme condition de possibilité d’une réflexion sur l’histoire et la mémoire. Concernant le Liban, cette problématique est particulièrement intéressante, dans la mesure où l’impossible histoire des guerres civiles ne permet pas de proposer une définition claire de documents tels que ceux présentés dans My Neck Is Thinner Than A Hair. En regard de ces événements qui se dérobent au langage et à une signification commune, My Neck Is Thinner Than A Hair propose des documents qui échappent à toute catégorisation claire, en raison de ce brouillage des sources et du geste artistique dont il témoigne. Ainsi, semble-t-il, puisqu’il est impossible de saisir le temps de l’histoire, Walid Raad propose de le recréer ; parmi ses images d’archives se glissent ainsi des mises en scène de sa propre composition, réalisées dans les années 2000 au bénéfice des archives de l’Atlas Group. Cette pratique floue renforce le sentiment d’insaisissabilité du fait historique, mais le pallie du même coup en affirmant qu’il est possible de réinventer, à partir de la mémoire collective, l’histoire, l’archive qui « aurait pu avoir lieu »[9]. L’espace imaginaire qui nait de ces productions intervient déjà dans le titre même donné à ces archives : c’est l’histoire impossible de la guerre du Liban que l’on lit dans la poésie d’ « un cou plus mince qu’un cheveu », qui laisse penser que la tête du Liban ne tient qu’au fil d’une histoire ténue, d’une trace. En remettant en question le sens et la construction de l’histoire, Walid Raad remet en question l’ordre-même du temps. Ce jeu sur l’anachronisme lui permet de mettre au jour des significations qui échappent au temps de l’Histoire au profit de l’analyse critique. Cette perturbation du sens commun de l’écriture des événements à travers cette multiplication de photographies aux origines et à l’authenticité diverse rappelle d’ailleurs la démarche d’un autre atlas, l’Atlas Mnemosyne d’Aby Warburg, dont Georges Didi-Huberman disait qu’il « avait compris qu’il devait renoncer à fixer les images comme un philosophe doit savoir renoncer à fixer ses opinions »[10]. Il s’agit donc de renoncer à l’histoire pour mieux comprendre les événements. My Neck Is Thinner Than A Hair , par ce jeu de mise à distance avec le réel qu’il produit par le jeu de mimétisme qu’il met en place (l’authenticité étant rejouée au plus haut de sa facticité dans la reproduction, au verso, des tampons et signatures), questionne avec vigueur la matière de l’histoire et les méthodes de l’historien. Quels outils pour celui qui travaille à partir de produits institutionnels ou journalistiques comme toute documentation ? Quelle histoire peut-elle surgir de ces froides archives ? Au-delà de la dissolution de la figure auctoriale que nous avons évoqué, qui se fond dans la réalisation d’archives du passé, Walid Raad joue avec cynisme sur l’espace imaginaire qui se crée par le mystère opaque qui englobe certains documents, dont le graphisme simple et pensé comme le résultat d’un travail de journaliste (réalisme des scènes, doublé d’un cadrage rapproché caractéristique) apparait comme la signature plastique ironique de l’artiste. C’est tout ce jeu sur les références à ce qui apparait habituellement comme une archive authentique qui fait de My Neck Is Thinner Than A Hair un exemple parlant lorsqu’il s’agit d’exposer la démarche de l’Atlas Group : le trouble qui règne sur la source des photographies présentées conduit nécessairement à un questionnement sur le statut du document et de l’archive dans la construction de l’Histoire, puisqu’ils en sont à la fois la matière première et la justification. La question que pose Walid Raad avec l’Atlas Group est la question de savoir comment décrire les faits, le sentiment dont la guerre a laissé la trace, le trauma, dans une histoire fidèle aux événements tels qu’ils ont été vécus ; Walid Raad refuse la binarité fiction/non-fiction qu’impose une écriture traditionnelle de l’histoire, et demande à l’art, comme à toute autre médiation, d’assumer sa part de responsabilité dans l’établissement de cette vérité, qui dépasse ainsi la dialectique du vrai et du faux pour répondre autrement, mais peut-être plus justement, au devoir de mémoire.[11] 4/8 On peut apparenter le geste de Walid Raad à un geste archéologique [12]. C’est en effet dans un objectif de recherche que semble se construire cet accès à la mémoire singulière, avec la volonté de se réapproprier le passé. Mais comme le souligne Ginzburg dans son article « Signes, Traces, Pistes, racine d’un paradigme de l’indice », il s’agit de classer les archives photographiques, pour les identifier, « isoler des éléments différents dans le continuum des images »[13]. En créant ses archives, Walid Raad opère ce tri subjectif pour construire son histoire ; les documents qu’il réunit avec l’Atlas Group expriment d’ailleurs selon lui le trauma subi par tous les libanais ayant connu la guerre. La volonté de Walid Raad de s’éloigner de cette « histoire traditionnelle » qui « tend à se concentrer sur ce qui a réellement eu lieu, comme si c’était hors du monde, et qui tend à être l’histoire des événements conscients »[14], il veut ainsi revenir en créant ses propres archives de l’histoire contemporaine du Liban aux faits inconscients, aux objets, aux expériences et aux sentiments qui ont laissé des traces qui doivent être collectées – et qui échappent à une lecture historique telle qu’elle est instituée. D’autant plus que dans le cas de l’histoire libanaise, l’inconscient collectif reste habité par cet oubli institutionnel qui domine l’expérience de ce qui a été baptisé les « événements » ; comme le déplore l’économiste George Corm, la complexité d’un consensus sur la guerre a provoqué un tabou. Les livres d’histoire s’arrêtent en 1945 ; par crainte de trop simplifier et généraliser[15], les institutions restent dans le non-dit. L’armistice signé à Taëf en 1991 ne permet donc ni le pardon ni la mémoire. La guerre indicible renforce ainsi le trauma des événements eux-mêmes pour le peuple libanais, qui subit selon Raad des « symptômes hystériques », donc ses documents d’archive fictifs tel My Neck Is Thinner Than A Hair sont le témoignage et l’expression. Entre histoire à fouiller et psychanalyse, les documents de l’Atlas Group cherchent à dégager ce qui est enfoui : en proposant, par le biais de ses collections, autant de proposition de représentation de l’histoire de la guerre civile, et parce qu’il refuse une distinction nette entre fiction et réalité, Walid Raad offre la possibilité aux spectateurs d’appréhender cette expérience historique qu’aucun récit n’a su dire, dans la mesure où, s’il son travail est loin d’une exactitude factuelle, il interroge le traumatisme et ses symptômes. Les réflexions de Walid Raad sur ces questions naissent de l’analyse freudienne de l’hystérie, selon laquelle lorsqu’un sujet subit une expérience traumatique, ce qu’il est amené à croire ne correspond pas à ce qui s’est véritablement passé ; c’est à partir de cette notion que Raad prétend que les documents de l’Atlas Group ne 5/8 cherchent pas à imiter la réalité, la réalité elle-même étant si suspecte. Ce qui l’intéresse, c’est justement cette recréation de la réalité, de la vérité par le sujet : « ce qu’il est amené à croire a certainement rapport à des fantasmes basées sur des souvenirs, et ces fantasmes sont très importants »[16]. Selon lui, ces fantasmes, ces images nées de l’imagination du sujet, sont l’expression de sa réalité ; « ils sont donc appelés symptômes hystériques »[17], qui n’ont pas beaucoup de ressemblance avec le réel et qui n’ont pas de réelle proximité avec l’événement qui l’a causé ; c’est ce décalage qu’il remet en scène, notamment dans My Neck Is Thinner Than A Hair, lorsqu’il travaille à recréer des événements qui n’ont jamais eu lieu, sous l’image – détournée – d’une archive. Cette césure avec le réel, et par là même avec la réalité d’un espace-temps tangible amène Walid Raad a reconstruire un passé pour parler au futur ; « la question est de produire une narration qui sonne vrai pour le sujet… L’histoire que l’on se raconte à soi-même peut n’avoir rien à voir avec ce qui nous est arrivé, mais c’est cette histoire qui nous guérit »[18]. Ce sont donc ces « symptômes » présents dans la mémoire collective des libanais que les images de l’Atlas Group cherchent à convoquer pour exhumer cette mémoire traumatique de la guerre, à laquelle elles accèdent en prenant le temps à rebours, comme en brouillant les frontières d’identité et de genre. My Neck Is Thinner Than A Hair apparaît finalement comme un exemple intéressant pour comprendre la philosophie de l’organisation fictive de l’Atlas Group, créée par Walid Raad à la fin des années 1990. En effet, ce travail évoque à la fois la remise en question de l’histoire dans la production d’archives fictives, la problématique de la figure auctoriale, où se joue une dialectique de disparition et d’affirmation du geste de l’artiste dans l’expression de l’archive, ainsi que la question du décalage temporel induit par ces prises de vue récentes destinées à évoquer un passé, dont le temps est de fait pris à rebours. Il répond également au projet de l’Atlas Group, qui est de mettre au jour à partir de Freud les symptômes d’hystérie qui traversent la société libanaise d’après-guerre, et dont s’occupent avec Raad de nombreux artistes de cette génération ; ces photographies et le mystère qui les entoure propose d’offrir une représentation, parmi de multiples, d’une guerre dont on ne peut rien dire – et dont chacun a l’image une réalité parallèle. Mathilde Rouxel 6/8 [1] Voir le site internet de l’auteur : http://www.theatlasgroup.org [2] “One of our aims with this project is to locate, preserve, study, and produce audio, visual, literary and other artifacts that shed lights on the contemporary history of Lebanon”, page d’accueil du site de l’Atlas Group : http://www.theatlasgroup.org/ [3]“But not an alternative history that is necessarily additional or that must be thought of as something that completes something that was missing. It might contradict, it might just add temporarily and then disappear… A reductive notion of traditional history is written as a chronology of massacres, of events, or a biography of participants. We are not saying history should not include this. We are certainly saying that history cannot be reduced to this…”, propos recueillis par Kaelen Wilson Goldie in « Profile : Walid Raad : The Atlas Group Opens its Archives », http://www.bidoun.org/magazine/02-we-are-old/profile-walid-raad-the-atlas-group-opens-its-archives-bykaelen-wilson-goldie/ [4] « In different places and at different times I have called the Atlas Group an imaginary foundation, a foundation I established in 1976, and a foundation established in 1976 by Maha Traboulsi. In Lebanon in 1999, I stated, “The Atlas Group is a nonprofit foundation established in Beirut in 1967.” In New York in 2000 and in Beirut in 2002, I stated, “The Atlas Group is an imaginary foundation that I established in 1999.” I say different things at different times and in different places according to personal, historical, cultural, and political considerations with regard to the geographical location and my personal and professional relation with the audience and how much they know about the political, economic, and cultural histories of Lebanon, the wars in Lebanon, the Middle East, and contemporary art”, propos recueillis par Alan Gilbert, http://bombsite.com/issues/81/articles/2504 [5] “The Atlas Group always works with existing documents (…) It has always involved material that existed in the historical world, and imagining the universe in which that material exists”, propos recueillis par Kaelen Wilson Goldie in « Profile : Walid Raad : The Atlas Group Opens its Archives », http://www.bidoun.org/magazine/02-we-areold/profile-walid-raad-the-atlas-group-opens-its-archives-by-kaelen-wilson-goldie/ [6] On peut citer à ce propos particulièrement les cahiers du fictive docteur Fakhouri. [7] L’article de Bidoun témoigne du caractère protéiforme de l’exposition de My Neck Is Thinner Than A Hair lorsque Kaelen Wilson Goldie écrit : “A previous presentation of My Neck is Thinner than a Hair was sourced from the notebooks and photographs of Dr Fakhouri, though many of the pictures had in fact been shot shortly before by Raad on the streets of Beirut. The latest installment relies almost exclusively on actual press archives. Generally, My Neck is Thinner than a Hair deals with the history of car bombings during the civil war. Specifically, it delves into one particular explosion, a car detonated in the Beirut neighborhood of Furn al-Shubbak on January 21, 1986”, http://www.bidoun.org/magazine/02-we-are-old/profile-walid-raad-the-atlas-group-opens-its-archives-by-kaelenwilson-goldie/ [8] « This work is part of an on-going investigation by The Atlas Group into the events and experiences surrounding the use of car bombs in the 1975-1990 Lebanese wars », http://www.theatlasgroup.org/data/TypeAGP.html [9] Voir Stefanie Baumann, « Archiver ce qui aurait pu avoir lieu », Conserveries mémorielles n°6, 2009, mis en ligne le 26 décembre 2009. URL : http://cm.revues.org/381 [10] Didi-Huberman, Georges, L’Image survivante. L’histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg , Editions de Minuit, 2002, p.74 [11] « It is also important for us to note that the truth of the documents we research does not depend solely on their factual accuracy. We are concerned with facts, but we do not view facts as self-evident objects that are already present in the world. One of the questions we find ourselves asking is, How do we approach facts not in their crude 7/8 facticity but through the complicated mediations by which they acquire their immediacy? The Atlas Group produces and collects objects and stories that should not be examined through the conventional and reductive binary of fiction and nonfiction. We proceed from the consideration that this distinction is a false one—in many ways, not least of which is that many of the elements that constitute our imaginary documents originate from the historical world—and does not do justice to the rich and complex stories that circulate widely and that capture our attention and belief.”, propos recueillis par Alan Gilbert, http://bombsite.com/issues/81/articles/2504 [12] Au sens foucaldien du terme : il s’agit de faire, à travers les archives historiques, l’archéologie des discours qui ont façonné les épistemè de chaque époque, de chaque civilisation afin de comprendre les systèmes de pensée qui ont dirigé une société à un moment donné de l’histoire. Voir notamment à ce sujet son ouvrage méthodologique L’Archéologie du savoir, Paris, Tel, Gallimard, 2008. [13]Carlo Ginzburg, « Signes, Traces, Pistes, racine d’un paradigme de l’indice », Le Débat 6, 1980, p.26 [14] Traditional history tends to concentrate on what really happened, as if it’s out there in the world, and it tends to be the history of conscious events. Most people’s experience of these events”, propos recueillis par Kaelen Wilson Goldie, http://www.bidoun.org/magazine/02-we-are-old/profile-walid-raad-the-atlas-group-opens-its-archives-bykaelen-wilson-goldie/ [15] George Corm, Le Liban contemporain, Paris, Éditions La Découverte, 2003, p.19 [16] « But what they come to believe is certainly related to fantasies that are based on memories and that those fantasies are very important”, propos recueillis par Kaelen Wilson Goldie, http://www.bidoun.org/magazine/02-weare-old/profile-walid-raad-the-atlas-group-opens-its-archives-by-kaelen-wilson-goldie/ [17] Ibid. [18] « It’s a question of the production of a narrative that rings true to the subject … The story you tell yourself may have nothing to do with what happened to you, but that’s the story that may cure you. », propos recueillis par Kaelen Wilson Goldie, http://www.bidoun.org/magazine/02-we-are-old/profile-walid-raad-the-atlas-group-opens-its-archivesby-kaelen-wilson-goldie/ 8/8