Brève liaison amoureuse que celle de Héloïse et Abélard. Un conte cruel dont bien des péripéties sont obscures. Chanoine Fulbert abuse de sa « nièce » Héloïse, enceinte à son insu. Elle s’éprend de son beau prof Abélard qui la cherche. L’anxiété devant la perspective d’une grossesse venue d’ailleurs, conduit les deux innocents amants à la séparation. La chose bientôt évidente, Héloïse saute en l’air. « Il n’y a plus de doute, » écrit-elle à son ami dans une lettre expresse, « je suis enceinte ! Que faire ? » Savoir et ne pas dire : Qui a fait le coup ? C’est toute la question suivante. Pour couvrir leur honte, Abélard la force au mariage. En se dénonçant, lui, comme (faux) père criminel, il lui rend son innocence. Fulbert coupe vite court aux bruits qui courent qu’il serait le (vrai) père. Dans un sauve-qui-peut tragique, il castre Abélard. Brandissant l’appareil génital d’Abélard, il désigne le coupable ! « On lui a coupé tout ce dont il s’est servi en l’espèce ! » Ainsi s’étouffe le scandale d’un viol incestueux ! Pour garantir l’intégrité d’Héloïse devant ses contemporains et devant l’histoire, Abélard écrit l’Histoire de mes calamités, une autobiographie où il masque le viol. Il impose sa version officielle. « C’est comme ça que dorénavant on racontera l’histoire ! » C’est comme ça qu’on l’a racontée jusqu’ici. Il signale qu’elle fut mère. Mais il ne dit pas qui fut le père. On voit bien que ce n’est pas Abélard et qu’elle est vierge. La seule et véritable Héloïse est celle d’Abélard. Découvrez-la. Nous avons cru jusqu’ici à la fable d’une écolière fécondée par son précepteur. C’est faux. Cette affaire ne s’est pas passée comme on a admis depuis toujours. Avec cette nouvelle version des faits, l’auteur d’Abélard, mon frère paru chez le même éditeur (2001),embarrasse l’opinion régnante. Vous non plus, ne croirez plus dorénavant que c’est si simple.