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UNIVERSITÉ DE LIÈGE – FACULTÉ D’ARCHITECTURE
Histoire et théories de l’architecture
ARCH0221
Claudine Houbart
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Année académique 2013‐2014
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Table des maGères : éléments d’architecture civile
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Table des ma=ères
2
Aver=ssement
4
Chapitre I : L’architecture civile de l’AnGquité gréco‐romaine
5
1. La Grèce an=que
1.1. Edifices publics
1.1.1. Le bouleuterion
1.1.2. La stoa
1.1.3. Le théâtre
1.2. L’architecture domes=que
1.2.1. Le type prostas ou megaron
1.2.2. Le type pastas
2. Rome
2.1. Edifices publics
2.1.1. La vie civique
2.1.2. Bâ=ments de loisirs
2.1.2.1. Les bains
2.1.2.2. Les lieux de spectacle
2.1.2.2.1. Les cirques
2.1.2.2.2. Les théâtres
2.1.2.2.3. Les amphithéâtres
2.1.3. Les commerces
2.2. Architecture domes=que
2.2.1. Les insulae
2.2.2. Les maisons par=culières
2.2.2.1. Maisons en contexte urbain
2.2.2.2. Villas
Chapitre II : L’architecture civile au Moyen Age
1. Introduc=on
2. Aperçu des principales construc=ons civiles au Moyen Age
2.1. Châteaux et forteresses
2.1.1. Introduc=on
2.1.2. Disposi=ons
2.1.2.1. La résidence : le donjon
2.1.2.2. La fonc=on militaire
2.2. Résidences de campagne
2.3. Architecture urbaine
2.3.1. Bâ=ments publics
2.3.1.1. Hôtels de ville
2.3.1.2. Hôpitaux
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5
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21
21
21
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2.3.2. Architecture domes=que
2.3.2.1. Résidences aristocra=ques et bourgeoises en France
2.3.2.2. Le palazzo italien
Chapitre III : L’architecture civile de la Renaissance
1. Introduc=on
2. La Renaissance italienne
2.1. Bâ=ments et espaces publics
2.1.1. Introduc=on
2.1.2. Quelques typologies nouvelles
2.1.2.1. Bibliothèques
2.1.2.2. Théâtres
2.2. Architecture résiden=elle
2.2.1. Le développement du palazzo urbain
2.2.1.1. Le palazzo floren=n du Qua1rocento
2.2.1.2. Le Cinquecento
2.2.1.3. La Véné=e
2.2.2. Les villas suburbaines
2.2.3. Les jardins
2.2.3.1. Qua1rocento
2.2.3.2. Cinquecento
3. La Renaissance française : du château fort au château de plaisance
Chapitre IV : L’architecture civile baroque
1. Introduc=on
2. L’architecture civile baroque en Italie
2.1. Palazzi
2.2. Villas
3. L’architecture civile baroque en France
3.1. Paris et les Places royales
3.2. Les développements du château
3.3. Le jardin baroque français
3.4. L’hôtel par=culier
23
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Vocabulaire
44
Bibliographie
57
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AverGssement
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Ce cours, in=tulé « éléments d’architecture civile », ne
prétend nullement à une quelconque exhaus=vité. Il est
complémentaire au cours ARCH0121 portant sur l’histoire de
l’architecture religieuse chré=enne occidentale.
!
On y entend par architecture civile toute architecture non
religieuse, qu’elle soit publique ou résiden=elle. Le cours
couvre la période allant de l’An=quité gréco‐romaine à la fin
du 18e siècle.
!
Pour chacune des quatre grandes périodes envisagées, les
types de bâ=ments étudiés sont sélec=onnés pour leur
caractère représenta=f de la culture du moment : l’unique
constante parmi cefe sélec=on est la résidence bourgeoise
et aristocra=que (villas, palais, châteaux‐forts, hôtels
par=culiers, etc.).
!
Le présent syllabus est à compléter par les notes prises au
cours ainsi que les diaposi=ves projetées et leurs
commentaires. Le vocabulaire repris en fin de syllabus est
supposé connu et doit être u=lisé avec aisance par l’étudiant
au terme de l’année. Il peut être complété ou approfondi en
u=lisant l’ouvrage de Jean‐Marie PEROUSE de MONCLOS,
Architecture. Descrip;on et vocabulaire méthodiques, Paris,
Edi=ons du patrimoine, 2011.
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Chapitre I : L’architecture civile de l’anGquité gréco‐romaine
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1. La Grèce anGque
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IntroducGon
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La civilisa=on de la Grèce an=que n’a pas vu un grand développement de l’architecture civile. D’une part,
son organisa=on poli=que, centrée sur la coexistence de Cités‐Etats (polis) régies par la démocra=e,
implique l’absence d’un pouvoir central fort suscep=ble d’entreprendre de grandes construc=ons
somptuaires comme ce sera le cas dans l’empire romain. D’autre part, et ainsi que nous l’avons vu pour les
temples, la Grèce ne porte qu’une afen=on secondaire à la spa=alité interne des édifices et bon nombre
d’ac=vités, comme les réunions poli=ques ou les loisirs, se déroulent régulièrement à ciel ouvert. Ainsi, on
compte assez peu de bâ=ments à la typologie bien affirmée ; les édifices civils de l’an=quité grecque sont
souvent mulGfoncGonnels et le mobilier plus que l’architecture témoigne de leur usage pour telle ou telle
fonc=on.
!
1.1.
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Edifices publics
L’agora est le centre civique et commercial de la polis. Elle évoluera d’un espace ouvert muni de quelques
sièges vers une large place bordée de stoai aux fonc=ons diverses. Les principaux bâ=ments de la vie
civique sont situés sur sa périphérie.
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1.1.1. Le Bouleuterion
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Le Bouleuterion est la salle du conseil. Il se présente
sous la forme d’un espace fermé accueillant les
réunions des officiels. Il est parfois précédé d’un
ves=bule plus ou moins important et comporte
souvent un autel à Hes=a, déesse du foyer de la Cité.
!
Les réunions se déroulent sur des gradins, face
auxquels prennent place les officiels. Bien que le
bâ=ment demeure extérieurement de forme carrée ou
rectangulaire, les gradins peuvent être construits en
hémicycle et =rent en général par=, comme les
théâtres, de la pente naturelle du terrain.
!
Milet (Ionie), Bouleuterion, 175-165 BC
La toiture charpentée est portée par des piliers
internes en nombre variable.
!
Bien que la typologie des Bouleuteria soit établie dès le 5e siècle BC, les meilleurs exemples remontent à
l’époque hellénis=que (323‐148 BC). Le Bouleuterion de Priène, en Ionie, est de plan carré. Sa charpente
est portée par des rangées de piliers reposant sur le dernier gradin, en marbre local. L’austérité de
l’ensemble semble avoir été un par= général adopté volontairement pour ce type d’édifice.
!
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1.1.2.
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!
La stoa
La stoa se présente le plus souvent sous la forme d’un édifice
allongé, pouvant afeindre 200 mètres de long, fermé aux extrémités
et pourvu d’une colonnade en façade. Celle‐ci s’ouvre
préféren=ellement vers le Sud, pour des raisons clima=ques.
!
Les stoai peuvent afeindre différents degrés de complexité : alors
que certaines d’entre elles se limitent à une double colonnade,
d’autres comportent un alignement d’espaces clos à l’arrière de
celle‐ci. Au niveau de l’éléva=on, elles comportent un ou deux
niveaux (surtout à l’époque hellénis=que), auquel cas ordres dorique
et ionique se superposent. Bien que reconstruite dans les années
1950, la stoa d’A\ale, à Athènes, en est un bon exemple.
!
La fonc=on des stoai est mul=ple : elles peuvent servir de tribunal
comme de piste de course couverte, de salle à manger, de dortoir,
d’école, de magasin, ou simplement de lieu de promenade. En
général, les agoras sont bordées sur trois ou quatre côtés par des
stoai, comme à Milet.
Milet (Ionie), Agora, 175-165 BC. En a, le
bouleuterion, en b, les stoai.
1.1.3. le théâtre
!
!!
!
Si le théâtre grec accueille avant tout des spectacles (drama=ques, musicaux, poé=ques), d’autres ac=vités,
telles que des réunions poli=ques, n’en sont pas exclues.
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Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
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!
L’implanta=on du théâtre est en général dictée par la topographie. Ce n’est qu’en dernier recours que de
grands travaux d’excava=on sont entrepris.
!
Les premiers théâtres comportent deux par=es dis=nctes: le theatron ou cavea (où prend place le public) et
l’orchestra (zone de représenta=on circulaire). Dans le cours de l’évolu=on, ces par=es deviendront de plus
en plus in=mement liées car la cavea enveloppera davantage l’orchestra, sans jamais néanmoins afeindre
l’unité des théâtres romains. Les deux espaces demeurent séparés par un « couloir » qui comporte deux
accès depuis l’extérieur, le parodos.
!
La cavea est cons=tuée de sièges en gradins accessibles par des escaliers en nombre variable qui divisent la
cavea en « por=ons », les cuneus. Des places supplémentaires peuvent être ajoutées sous la forme d’un
epitheatron, séparé de la cavea par le diazôma, comme à Epidaure, l’un des théâtres grecs les mieux
conservés. Les sièges individuels des officiels
prennent place au bord de l’orchestra.
!
La forme évoluée du théâtre comprend un
troisième élément, la skénè, faisant face à la cavea,
derrière l’orchestra. Au départ éphémère, cefe
structure devient fixe, s’adjoint des ailes latérales
( p a r a s ke n i a ) e t u n e f a ç a d e d é c o r a = v e
(proskenion).
!
1.2.
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L’architecture domesGque
L’architecture domes=que grecque comprend des maisons que l’on peut classer selon deux catégories : la
maison de type prostas ou megaron, et la maison de type pastas, qui supplante la première et donne
naissance à la maison hellénis=que à cour péristyle, qui influence à son tour l’architecture romaine. Dans les
deux cas, la maison se tourne non vers l’espace public, mais vers l’espace
privé de la cour.
!
!
1.2.1. Le type prostas ou megaron
!
Tire son nom de la ressemblance avec le mégaron mycénien : une grande
salle (oikos) s’ouvre par un porche à colonnes au Sud sur une cour. L’oikos
est parfois pourvue de colonnes intérieures.
!
La salle principale est flanquée de chambres, tandis que les pièces de
services se trouvent de l’autre côté de la cour.
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1.2.2.
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Le type pastas
Se caractérise par une colonnade ou couloir (pastas) mefant en
communica=on plusieurs pièces et ouverte sur une cour, qui se développera
par la suite en un péristyle con=nu. La cour est le plus souvent ornée de
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
Pylos, Plan du palais
mycénien. En 3, le Mégaron.
:7
mosaïques qui cons=tuent l’unique décora=on des lieux.
!
Comme dans le type prostas, les services sont clairement séparés
des logements des maîtres de maison.
!
A l’époque hellénis=que, ce type de maison peut comprendre un
étage (comme à Delos, ci‐contre, d, au 2e siècle BC). La décora=on
y devient plus abondante (encadrement de porte en marbre
mouluré, colonnes doriques,…).
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La cour comprend alors un impluvium garni de mosaïques et une
citerne d’eau de pluie.
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a est de type prostas, et b, c et d de type pastas.
2. Rome
Sur le plan poli=que, le monde romain connaît une histoire complexe. En 509 avant notre ère, les Romains
expulsent les Etrusques, installés dans le La=um depuis le 7e siècle, et installent une république
aristocraGque, gouvernée par un Sénat composé de 300 à 900 sénateurs représenta=fs des divers clans. En
‐ 270, ils dominent la totalité de la péninsule. Leur expansion sur tout le pourtour de la Méditerranée aura
pour conséquence l’assimila=on de la
culture grecque et la naissance, dans
le courant du 2e siècle, d’un art
spécifiquement romain, né de la
synthèse de l’héritage étrusque et de
l’art grec.
!
En 31 BC, la bataille d’Ac=um met fin à
la longue période de guerre civile qui
suit le règne de César. En 27, Auguste
installe l’Empire.
!
Si l’architecture romaine civile
emprunte à la Grèce nombre de ses
programmes (forum, salles de réunion
poli=ques, théâtres,…) et une bonne
par=e de son vocabulaire (les ordres,
…), son architecture est, ainsi que nous l’avons vu pour les temples, fondamentalement différente. En effet,
la mise au point de techniques construcGves inconnues des grecs, au premier rang desquels l’arc et la
voûte, permet la créa=on d’espaces nouveaux qui afeignent parfois une échelle monumentale ainsi que la
réalisa=on d’ouvrages de génie civil tels que les ponts ou aqueducs. En outre, les romains porteront, à la
différence des grecs, une grande afen=on à la spaGalité et la décoraGon internes.
!
Au niveau des programmes, les romains amènent également nombre d’innova=ons : les cirques, palais et
monuments commémora=fs (arcs de triomphe, colonnes, …) sont au service du pouvoir.
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Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:8
2.1.
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Edifices publics
A l’instar de l’agora grecque, le forum est le centre de la vie
civique, religieuse et commerciale des villes romaines.
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2.1.1.
!
Rome, Arc de Janus, Forum Boarium, 4e s. AD (d’après PIranèse)
La vie civique
Les principaux édifices de la vie civique
sont la curia (sénat), le comi>um
(assemblée populaire), le tabularium
(archives), l’aerarium (trésor) et la
basilique (tribunal et fonc=ons
diverses). L’espace du forum lui‐même,
au départ dévolu aux marchés, évolue
r a p i d e m e n t v e r s l ’a c c u e i l d e
m o n u m e n t s c o m m é m o ra G f s o u
honorifiques.
!
Le centre du pouvoir est incarné par la
curia et le comi;um. La curia est le plus
souvent un bâ=ment rectangulaire,
parfois pourvu d’un por=que à
Rome, le Forum romanum, état au 1er siècle AD. En a, la Curia Julia, en c, la
colonnes. La salle accueille, sur le
Basilica Aemilia, en m, le tabularium et en n, la Basilica julia.
pourtour, les sièges des decuriones, et à
l’extrémité, le dais des officiels présidant l’assemblée. Contrairement au Bouleuterion grec, le bâ=ment
reçoit un décor intérieur et extérieur. Les parements de la Curia du Forum romanum, édifiée sous
Dioclé=en, sont à l’origine couverts de marbre et de stuc. A l’intérieur, le bâ=ment comporte un riche
pavement de marbre, et ses murs sont rythmés par des niches surmontées de frontons et contenant des
statues.
!
L’aerarium et le tabularium sont par nature des bâ=ments austères et fermés. A Rome, le tabularium
cons=tue le seul bâ=ment républicain parvenu jusqu’à nous en rela=vement bon état. Construit sur le flanc
du Capitole, il ferme le Forum à l’Ouest et comporte à l’origine 3 niveaux : un rez percé de 6 fenêtres de
pe=te taille, un premier étage à arcades flanquées de demi‐colonnes doriques et enfin un por=que de
colonnes corinthiennes, aujourd’hui disparu.
!
La basilique, accueillant des fonc=ons diverses, est un grand espace divisé en vaisseaux ou en ailes par des
colonnes. Les ailes sont simples ou doubles et peuvent courir sur tout le pourtour du bâ=ment. Le vaisseau
central est éclairé par des fenêtres hautes. La ou les entrée(s) peuvent prendre place sur le pe=t ou le long
côté du bâ=ment : alors qu’à Pompéi, 5 portes s’ouvrent du pe=t côté sur le forum, les deux basiliques du
forum romanum, tout comme la Basilica Ulpia, au Forum de Trajan, s’ouvrent sur le long côté. Les basiliques
sont le plus souvent charpentées ; celle de Maxence, dont l’intérieur est en=èrement voûté, cons=tue, à cet
égard, une excep=on, sans doute influencée par l’architecture thermale.
!
Parmi les monuments commémora=fs ou honorifiques accueillis par le forum, les colonnes et surtout les
arcs de triomphe sont les plus courants. Ces derniers évoluent d’une arche simple vers une arche triple.
Plus rarement, ils sont érigés sur un carrefour et comprennent dès lors 4 faces, comme l’arc de Janus, à
Rome : ils portent alors le nom de tétrapyles. Colonnes et arcs ont pour but principal d’accueillir reliefs et
inscrip=ons commémorant les hauts faits des empereurs.
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
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!
2.1.2. Bâ>ments de loisirs
!
2.1.2.1.
Les bains
!
Les bains apparaissent dès le début de l’histoire romaine : au 5e s. déjà, des installa=ons simples flanquent
le plus souvent les espaces consacrés à l’exercice physique. Le plus ample développement de ce type
d’infrastructure dépend directement de la mise au point, au tournant des 2e et 1er siècles BC., d’un système
de chauffage par le sol : l’hypocauste. Celui‐ci consiste en la pose d’une dalle de mor=er (20 à 40 cm
d’épaisseur) sur de pe=ts piliers (0.65 à 1.1 mètre de haut), faits de briques ou de fines tranches de pierre.
L’air chaud, produit par un foyer, circule par‐dessous.
!
Durant la République néanmoins, les bains
demeurent d’échelle réduite et sombres : d’une
part, l’air chaud produit par l’hypocauste ne
circule pas suffisamment pour chauffer de
vastes locaux, et d’autre part, la nécessité de
maintenir la chaleur à l’intérieur des murs
interdit le percement de larges fenêtres. Il
faudra afendre la seconde moi=é du 1er siècle
de notre ère pour que l’introducGon de tubes
creux dans les murs et l’invenGon du verre à
vitres remédient à ces désagréments et
permefront le développement des grands bains
impériaux.
!
C’est donc l’Empire qui voit se développer les
bains qui, grâce à la prise de conscience des
possibilités construc=ves du béton, vont rapidement afeindre une échelle colossale : au début du 2e siècle
AD, les thermes de Trajan couvrent une surface de 310 x 225 mètres, s’ar=culant autour d’une salle centrale
de 60 mètres de long. Mais ce sont les thermes de Caracalla et de DiocléGen qui, bien qu’aujourd’hui en
ruine, permefent de prendre la pleine mesure du caractère grandiose de ces infrastructures.
Rome, Maquette des thermes de Trajan, 109 AD.
!
Loin de se consacrer uniquement aux soins du corps, les bains cons=tuent un centre de délassement
associant sport et culture. Ainsi, à côté des classiques frigidarium, tepidarium, caldarium et nata>o
prennent place des jardins, des palestres et une bibliothèque. Les visiteurs peuvent en outre assister à des
spectacles oratoires ou musicaux.
!
Sur le plan architectural, les bains s’organisent
toujours de manière symétrique, ce qui entraîne la
réduplica=on de plusieurs infrastructures qui sont
ainsi offertes aux hommes et aux femmes. La
nécessité d’une bonne isola=on thermique engendre
l’usage généralisé des voûtes d’arêtes ou en berceau
pour la couverture des espaces réservés aux bains.
Une régula=on peut être obtenue par le percement
d’un oculus central à obtura=on variable.
!
Les thermes monumentaux ne représentent qu’une
faible part des établissements de bains ; d’autres
établissements plus modestes, les balneae, se
développent dans toutes les villes de l’empire, y
compris à l’Ouest comme à Saint‐Rémy (Glanum) ou
!
Perspective schématique d’un hypocauste
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:10
à Bath (Aquae Sulis).
!
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2.1.2.2.
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Les lieux de spectacle
Les dirigeants romains ont conscience de la nécessité de diver=r le peuple. La construc=on d’infrastructures
grandioses leur permet en outre de laisser une trace permanente de leur passage pour la postérité.
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2.1.2.2.1.
!
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Les cirques
Contrairement aux grecs, les romains ne s’intéressent que peu à l’art drama=que, aux concerts et aux sports
(bien que certains empereurs, tel Domi=en, aient tenté de les promouvoir par la construc=on de stades) ;
ce sont les combats sanglants et les courses de chars qui emportent leur préférence. Pour répondre à cefe
fonc=on, les cirques sont les infrastructures les plus vastes (400 à 600 mètres de long) et les mieux
adaptées. Ils comprennent en général 12 blocs de départ (carceres, disposés en courbe afin de garan=r
l’équité) et une piste en boucle. Les côtés sont occupés par les gradins des spectateurs (cavea). Une entrée
monumentale occupe le pe=t côté, face aux carceres, et prend souvent la forme d’un pe=t arc de triomphe,
comme au Circus Maximus de Rome. La piste est divisée en deux dans le sens de la longueur par l’euripus,
bassin étroit fermé par des murs bas et occupé par divers monuments. La loge impériale (pulvinar)
interrompt les gradins face à la ligne d’arrivée.
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2.1.2.2.2.
!
Les théâtres
!
Bien que les spectacles drama=ques soient moins prisés qu’en Grèce, des théâtres sont construits.
Cependant, durant la période républicaine, le
Sénat interdit la construc=on de théâtres
permanents. Ainsi, ce sont des infrastructures
temporaires en bois qui accueillent les spectacles.
On connaît donc peu l’évolu=on précise qui mène
du théâtre grec au théâtre romain. En 59
néanmoins, le général Pompée fait ériger un
théâtre semi‐circulaire à Rome qui, pour
contourner l’interdic=on, comporte un temple de
Venus au sommet de la cavea, face à la scène.
!
Si la disposi=on en plan reste proche des théâtres
grecs, les théâtres romains s’en différencient très
clairement en volumétrie. Ainsi, dans la plupart des
cas, il ne sera pas =ré par= de la topographie pour Rome, Maquette du théâtre de Pompée, 59 BC.
réaliser la cavea : celle‐ci repose sur des
substructures élaborées, cons=tuées de voûtes annulaires et radiales, qui servent également de
circula=on. L’arrière de la cavea cons=tue la façade du théâtre, faite de plusieurs niveaux d’arcades aux
ordres superposés. A Rome, le théâtre de Marcellus, par=ellement conservé, en cons=tue un bon exemple,
tandis qu’en France, le théâtre d’Orange, dont le bâ=ment de scène est conservé, fait figure d’excep=on en
étant en grande par=e excavé.
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2.1.2.2.3.
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Les amphithéâtres
Les amphithéâtres sont principalement des=nés aux combats de gladiateurs ou d’animaux. Ils prennent
une forme ellip=que et u=lisent, dans la mesure des possibilités, la déclivité du terrain ou d’anciennes
carrières. Néanmoins, il est régulièrement nécessaire de les construire de toutes pièces.
!
La par=cularité des spectacles qui s’y déroulent entraîne la nécessité de cellules, accueillant animaux et
« acteurs ». Celles‐ci prennent le plus souvent place sous l’arène ; les cages qui s’y trouvent peuvent être
hissées jusqu’à la piste. Les spectateurs sont abrités du soleil par un velum, toile tendue par‐dessus les
gradins.
!
L’apogée de l’évolu=on des amphithéâtres est marquée par le Colisée, commencé en 75 AD par Vespasien
sur le site du lac de la Domus Aurea de Néron. Pouvant accueillir 50000 spectateurs, il compte 76 portes
donnant accès aux gradins par des couloirs voûtés. Tant sa substructure complexe que l’ordonnance de sa
façade, aux ordres superposés, rappellent le théâtre de Marcellus sera l’un des modèles les plus imités par
les architectes de la Renaissance.
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2.1.3.
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Les commerces
Il faut dis=nguer les magasins de pe=tes tailles, alignés le long du forum ou au rez‐de‐chaussée d’une
maison ou d’une insula (voir 2.2.1.) des grands ensembles commerciaux.
!
Les premiers, nommés tabernae, s’ouvrent sur la rue par une large porte surmontée d’une fenêtre éclairant
l’intérieur. L’espace comprend un comptoir, les installa=ons nécessaires à la prépara=on des biens mis en
vente (pain, vin, huile, laine, etc.) et une mezzanine, servant de stockage et de chambre.
!
Les ensembles commerciaux se développent quant à eux dès le 1er siècle BC. Le forum étant de plus en plus
dévolu à la vie civique, les magasins de viande et de poissons sont mis à l’écart et regroupés au sein du
macellum.
!
Le plus important de ces ensembles commerciaux est le marché de Trajan : édifié sur le flanc du Forum de
l’empereur, il est équipé d’importants entrepôts et d’un centre administra=f, et accueille près de 150
magasins sur plusieurs niveaux.
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!
2.2.
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2.2.1.
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Architecture domesGque
Les insulae
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Durant la République, la
maison unifamiliale est la
plus répandue. Néanmoins,
dès le 3e siècle BC, les plus
pauvres vivent dans des
chambres au‐dessus de
magasins (cenaculae) ou
dans
des
blocs
d’appartements (insulae).
Ceux‐ci, construits en terre et
en bois, peuvent afeindre 10
étages de haut. Dans le
courant du 1er siècle AD, la
Ostie, Maquette montrant des insulae du 2e siècle AD.
pression sur les terrains due à
l’augmenta=on de la popula=on conduit en outre à la division de nombreuses grandes maisons en
appartements loués séparément.
!
Certains événements drama=ques accélèrent cefe évolu=on, comme le tremblement de terre à Pompéi (62
AD) ou l’incendie de Rome (64 AD), suite auquel les rues tortueuses bordées de logements insalubres sont
remplacées par de larges avenues rec=lignes et des insulae, cefe fois en béton avec parement de briques.
!
Les insulae les mieux conservées se trouvent néanmoins à OsGe, port ouvert par Trajan au 2e siècle AD à
l’embouchure du Tibre. Afeignant en général 3 à 5 étages de haut, elles comprennent le plus souvent des
magasins ou ateliers au rez‐de‐chaussée, ainsi que des infrastructures publiques telles que des thermes ou
des basiliques. Leurs plans sont très divers, de même que leur échelle : alors que certaines insulae ne
comprennent qu’un appartement par étage et sont isolées, d’autres inves=ssent un bloc en=er. Dans ce cas,
elles sont pourvues d’une cour intérieure. A cefe époque, les insulae ne sont plus réservées aux classes
pauvres de la société ; on y trouve aussi bien de luxueux appartements que des taudis surpeuplés.
!
L’organisa=on d’un appartement moyen est souvent la même : organisé autour d’un hall allongé s’ouvrant
en façade (le medianum), il comprend une ou deux grandes pièces éclairées et plusieurs pe=tes pièces
aveugles, vraisemblablement les chambres.
!
Sur le plan construc=f, les planchers reposent soit sur des
poutres en bois, soit sur des voûtes en berceau de béton. Des
escaliers de bois, pierre ou béton donnent accès aux étages
depuis la rue ou les cours intérieures. Certains appartements
sont pourvus de balcons et les pièces les plus importantes
peuvent être décorées de mosaïques ou de marbre. Les
toitures sont en tuiles et les parements extérieurs de briques
sont ornés de décors de terre cuite produits en grande série
ou parfois stuqués. Les portes reçoivent en général un
traitement spécial, encadrées de pilastres de briques ou de
colonnes engagées. Néanmoins, les insulae restent avant
tout des structures uGlitaires et leur caractère sobre
contraste avec la richesse des monuments publics ou
religieux qui les environnent.
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
Ostie, Mosaïque de la Piazzale delle Corporazioni
:13
!
!
2.2.2. Les maisons par>culières
!
2.2.2.1.
Maisons en contexte urbain
!
!
A l’époque républicaine, les pièces de la maison s’ouvrent sur un
espace central, l’atrium, dont la toiture est le plus souvent percée
d’un compluvium. Au sol, l’impluvium récolte les eaux de pluie et les
transmet à une citerne en sous‐sol. L’atrium peut prendre différentes
formes selon que le compluvium, plus ou moins grand, nécessite ou
non les placement de colonnes de sou=en : selon Vitruve, l’atrium
testudinatum est complètement couvert, le tuscanicum comprend un
compluvium supporté par des poutres, le tetrastylum par quatre
colonnes et le corynthium par un plus grand nombre de supports.
Dans tous les cas, l’atrium reste rela=vement fermé et donc sombre.
!
Depuis la rue, un couloir (fauces) mène à l’atrium. Les pièces qui le
flanquent s’ouvrent vers l’atrium ou vers la rue selon qu’elles sont
des=nées aux services internes à la maison ou aux commerces
(tabernae). Sur les côtés de l’atrium se trouvent les chambres, tandis
que le côté faisant face à l’entrée, parfois muni d’ailes (alae), accueille
les pièces principales que sont les salles à manger (triclinia) et le
tablinum, à l’origine pièce de récep=on puis faisant office de bureau
ou d’archives. La cuisine, qui se trouve dans des endroits différents
selon les cas, est étonnamment pe=te en comparaison des normes
actuelles. Elle est flanquée des commodités.
Pompéi, Maison des Vettii: à l’avant-plan,
l’atrium, sombre; à l’arrière-plan, le péristyle.
!
En raison de l’orienta=on des pièces vers l’atrium, la façade à rue est en général peu ouverte, et comme
pour les insulae, seule la porte d’entrée se voit orner d’un décor plus ou moins riche (linteau, pilastres,…).
Les fenêtres qui y prennent place sont situées aux étages supérieurs et sont pourvues de barreaux.
!
Le contact avec l’Orient hellénis=que, dans le courant du 2e siècle BC, va conduire à une plus grande
ouverture de la maison, grâce à l’adop=on du péristyle grec (voir p. 4). Généralement construit à l’arrière
de l’atrium, le péristyle se voit planté de végéta=on et prend donc la forme d’un jardin intérieur. Entouré
de séjours d’été, de salles de récep=on, de salles à manger d’été, de bibliothèques et de bains, cet espace
devient rapidement le point focal de la vie familiale.
!
2.2.2.2.
!
Villas
La campagne romaine compte plusieurs types de villas, depuis la peGte exploitaGon agricole, construite en
terre et en bois jusqu’aux plus luxueux complexe résidenGel. Les villas à dominante résiden=elle ont
régulièrement un plan proche des villas urbaines ; elles se tournent néanmoins davantage vers le monde
extérieur par le biais de porGques, comme la villa des Mystères de Pompéi. Des dépendances accueillent
les ac=vités agricoles et les services.
!
Les por=ques prennent une importance toute par=culière pour les villas situées au bord de mer, en
permefant de jouir de la vue : la villa Jovis, érigée par l’empereur Tibère à Capri, en cons=tue un bon
exemple. Construite autour d’un vaste péristyle, elle est juchée sur un promontoire rocheux et comporte
plusieurs niveaux de por=ques aux orienta=ons diverses
!
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:14
Certaines villas impériales sont construites aux environs
immédiats de Rome. Ainsi, la villa de Néron, dite Domus
Aurea est inscrite entre trois des sept collines romaines.
Commencée après l’incendie de 64 AD, elle n’est sans
doute pas terminée avant d’être largement détruite en
104 par un nouvel incendie. Il s’agit alors du plus grand
palais jamais construit, avec une façade de 260 mètres
de long. Une par=e de la villa nous est parvenue
quasiment intacte suite à son incorpora=on dans les
substructures des thermes de Trajan. Ses décors de
« grotesques », redécouverts à la Renaissance,
connaîtront un grand succès parmi les ar=stes.
!
Rome, Domus Aurea, Décors de “grotesques”
La construc=on dépasse le simple projet d’architecture ; il s’agit véritablement de créer un paysage
paradisiaque en ville, à l’instar des palais des souverains orientaux. Les bâ=ments s’étagent en terrasse le
long de la colline et surplombent un lac arGficiel (comblé plus tard pour la construc=on du Colysée). Ce sont
les abondantes dorures de ses décors qui sont à l’origine du nom de la villa.
!
L’empereur y apparaît comme le maître de l’univers : sa statue, de 36 mètres de haut, s’élève à l’entrée du
parc ; il dispose en outre, dans l’aile orientale, d’une salle octogonale dont la coupole hémisphérique, d’un
diamètre de 14 mètres, est agrémentée d’ingénieux mécanismes symbolisant, pour ses convives, le pouvoir
sans limites du souverain. La Domus Aurea n’aura que peu d’influence sur les palais ultérieurs, à l’excep=on
de la Domus Flavia ou Palais de Domi=en, érigée dès 81 AD sur le Pala=n. Combinant appartements privés
(Domus Augus;ana) et d’apparat, il domine le Circus Maximus et comporte un stade. De nombreuses cours
à péristyle donnent accès à la vaste salle du trône, sans doute voûtée en berceau.
!
Le règne d’Hadrien (117‐138) représente l’apogée de la grandeur de
l’architecture romaine. Le Panthéon est son plus important projet urbain et
religieux ; sa villa, construite à Tivoli, aux environs de Rome, incarne sa
vision de la rela=on architecture‐paysage. La villa se présente comme un
ensemble de bâ=ments disséminés dans la nature sur une surface de 66
hectares.
!
Symbolisant, comme la Domus Aurea, le paradis, l’ensemble comprend,
outre le palais, un théâtre, des bibliothèques, un hippodrome, des
thermes, des temples, et des jardins agrémentés de grofes, piscines, jets
d’eaux et cascades, où s’ébafent les animaux les plus divers.
!
Malgré le gigan=sme du complexe, l’architecture elle‐même conserve une
échelle humaine. Son implanta=on non orthogonale, qui semble due à la
pure fantaisie, en diminue également la monumentalité. Chaque édifice a
une fonc=on par=culière dans le rituel de cour et le culte de l’empereur,
qui fait appel aux divinités romaines, mais aussi grecques (Dyonisos) et
Tivoli, Villa Hadriana, 2e s. AD, plan de
égyp=ennes (Serapis). Le théâtre mari=me est sans doute le lieu le plus
la Place d’Or
original du complexe. Structure concentrique imbriquant un por=que
périphérique, un bassin et un îlot où s’élève un pavillon sans doute à coupole, il aurait été, selon Henri
S=erlin, « une aula regia à l’image de l’univers ».
!
Les formes curvilignes adoptées pour de nombreux aménagements composant la villa, comme la place d’or
et sa salle tréflée, a valu à l’architecture hadrianique le qualifica=f de « baroque ».
!
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:15
Tivoli, Villa Hadriana, 2e s. AD, plan d’ensemble. 1. Théâtre ; 5 et 6. Bibliothèques grecque et latine ; 9. Théâtre maritime ; 11.
Hippodrome ; 14. Place d’or ; 20 et 22. petits et grands thermes ; 25. Temple de Sérapis.
!
!
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Chapitre II : L’architecture civile au Moyen Age
!
!
1. IntroducGon
!
Carte du monde occidental aux alentours de l’an MIl
!
Le Moyen Age est une période extrêmement longue et aux visages mul=ples. On peut en effet considérer,
sur le plan chronologique, qu’il s’étend, en Occident, depuis la fin de l’Empire romain d’Occident en 476
jusqu’à la dispari=on du système féodal au début du 16e siècle. Ces limites chronologiques sont néanmoins
variables en fonc=on du contexte géographique envisagé ; ainsi, pour la plus grande par=e de l’Italie, le
Moyen Age prend‐t‐il fin avec l’avènement de la Renaissance et de l’humanisme au tournant du 15e siècle.
!
L’architecture civile des premiers siècles du Moyen Age étant assez mal connue et plutôt ma=ère aux études
archéologiques, nous nous cantonnerons dans le cadre du cours aux réalisa=ons postérieures à l’an Mil, qui
voit survenir d’importants changements poli=ques suite à la dissoluGon de l’empire carolingien. En 987, la
dynasGe capéGenne succède aux carolingiens en Francie occidentale, amorçant ainsi le développement de
ce qui deviendra le royaume de France. Tout en faisant par=e de celui‐ci, le duché de Normandie,
officiellement créé en 945, est à l’origine, suite à la bataille de Has=ngs (1066), de la fonda=on du royaume
d’Angleterre, qui passera, en 1154, à la dynasGe des Plantagenêt. Quant à la Francie orientale, elle donnera
quant à elle naissance au Saint‐Empire romain germanique (fondé par Ofon Ier en 962), qui persistera,
dans une étendue très variable, jusqu’au début du 19e siècle.
!
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:17
La créa=on de ces nouvelles en=tés poli=ques ne rime
cependant pas avec l’installa=on d’un pouvoir central fort. Du
10e au 15e siècle, l’Occident est en effet dominé par le système
de la féodalité, qui voit la cohabita=on d’une mul=plicité de
seigneurs locaux qui, bien qu’inscrits au sein d’une hiérarchie,
jouissent d’un pouvoir souverain sur leurs terres. Le système
féodal, basé sur des « contrats » impliquant droits et devoirs,
repose sur la no=on de vassalité. Celle‐ci engage un suzerain et
un vassal : le suzerain donne des terres (un fief) en bénéfice à
son vassal, assurant par là sa subsistance, en échange de quoi le
vassal doit hommage à son suzerain, ce qui peut se traduire par
différentes aides (matérielles, militaires,…). De tels liens peuvent
exister à tous les niveaux : on les trouve à la fois entre paysans
et seigneurs locaux, entre seigneurs de hiérarchie différente et
même, dans des cas précis, entre rois.
!
La ques=on de la vassalité est à l’origine d’un conflit très long
entre la France et l’Angleterre : en 1152, le mariage d’Henri II
d’Angleterre avec Aliénor d’Aquitaine a pour conséquence de
faire des souverains Anglais les vassaux du roi de France pour
une par=e de leurs possessions con=nentales. Ils vont dès lors
tenter de soustraire ces possessions à toute autorité française,
en quoi ils n’échoueront défini=vement qu’à la fin de la guerre
de Cent ans en 1453. Ce conflit se traduira, sur le plan
architectural, par la construc=on de nombreuses places fortes
dans le sud de l’Angleterre et en Normandie.
!
!
!
!
L’Angleterre et ses possessions continentales
aux 12e et 13e siècles
2. Aperçu des principales construcGons civiles au Moyen Age
L’évolu=on du contexte poli=que et économique du 10e au 15e siècle a des conséquences directes en
ma=ère d’architecture : alors que les 10e, 11e, 12e et 13e siècles restent dominés par l’aristocra=e guerrière
et verront principalement la construc=on de châteaux‐forts (les habita=ons des serfs, construites en
matériaux peu durables, ne sont pas conservées), les 14e et 15e siècles seront marqués d’une part par
l’avènement de la bourgeoisie et un pouvoir croissant donné aux villes au détriment des seigneurs féodaux
(ce qui se traduira par la construc=on de maisons bourgeoises mais aussi d’édifices civiques comme les
hôtels de ville), et d’autre part par un progressif apaisement du conflit Capé=ens‐Plantagenêts, ce qui
induira une diminu=on du caractère défensif des résidences aristocra=ques.
!
!
!
2.1. Châteaux et forteresses
!
2.1.1.
Introduc>on
Le château‐fort est l’expression la plus claire de la féodalité médiévale, dont il est parfaitement
contemporain (9e‐16e s.). Lieu de vie de l’aristocra=e guerrière, il se partage entre foncGon résidenGelle et
foncGon militaire. Un seigneur important s’afache rarement à un seul château ; les occupants mènent une
vie iGnérante de site en site selon les impéra=fs du moment. Les châteaux disposent de toutes les
dépendances d’une riche résidence de campagne, à savoir des jardins et vergers, des viviers et pigeonniers,
vignobles et terrains de chasse. Après la dispari=on du système féodal, dans le courant du 16e siècle, le
château fort perd son rôle militaire mais conservera longtemps sa fonc=on résiden=elle.
!
!
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:18
Dominant la campagne ou la ville, le château est la résidence du prince territorial et donc le centre du
gouvernement local. Son implanta=on est choisie pour des raisons stratégiques ; lorsque cela est possible,
elle =re par= de la topographie ou de l’hydrographie des lieux. Exprimant l’autorité et la force du seigneur,
le château est souvent à l’origine de la naissance d’un bourg qui se place sous sa protec=on.
!
Le château fort connaît une large zone d’expansion géographique, dont le centre est la Francie occidentale.
Il s’exporte ensuite en Angleterre et Italie du Sud via les Normands, ou au Proche‐Orient par le biais des
croisades (12e–13e s.), où il joue davantage le rôle de forteresse, comme le Krak des Chevaliers, en Syrie,
principale forteresse des Hospitaliers.
!
Les appella=ons de « roman » ou « gothique », telles qu’on peut les rencontrer pour qualifier différentes
phases du développement de l’architecture religieuse, sont peu applicables à l’architecture des châteaux
forts. Construc=ons essen=ellement u=litaires, dont l’image symbolique se doit d’incarner force et
robustesse, ils se prêtent mal au développement d’une ar=cula=on ou d’un décor architectural importants.
Seuls la forme des baies ou les détails ornementaux de bâ=ments comme le donjon ou la chapelle peuvent
y faire référence : le donjon du château de Coucy, l’une des bases les plus fortes des rois de France,
comportait, au 13e siècle, trois salles voûtées d’ogives de 15 mètres de haut et était couronné de pinacles.
!
Ce sont les exemples français et anglais qui illustrent le mieux l’histoire des châteaux forts ; nous nous
limiterons par conséquent à leur étude.
!
2.1.2. Disposi>ons
!
!
Les châteaux forts construits avant le 11e siècle sont assez peu
connus : non seulement les fouilles archéologiques sont peu
nombreuses et les structures étaient parfois en terre et bois,
donc éphémères, mais ces châteaux ont aussi servi de base à
des transforma=ons ou reconstruc=ons ultérieures qui n’on
laissé que peu de traces des disposi=ons originales.
!
On sait néanmoins que les premiers châteaux (10e‐11e s.) se
présentent sous la forme d’une mo\e érigée sur une hauteur ou
en plaine. Alors qu’une tour de retranchement occupe le
sommet de la mofe (qui est parfois pourvu d’une enceinte,
comme à Gisors), la basse‐cour prend place à la base de celle‐ci.
La-Ferté-en-Bray (Haute-Normandie), vestiges de
Elle comprend les bâ=ments u=litaires, mais aussi la résidence
la Motte.
du seigneur, parfois accompagnée d’un oratoire. Ces bâ=ments,
généralement en bois, sont englobés dans une enceinte qui leur est propre, cons=tuée d’une levée de terre
surmontée d’une palissade.
!
Ce type primi=f évolue, vers la fin du 11e siècle, vers le château‐fort en pierre où la fonc=on résiden=elle
s’affirme sous la forme du donjon.
!
2.1.2.1.
!
La résidence : le donjon
Le donjon (du la=n dominium) est le centre du château. Ul=me lieu de retranchement (réduit), il se
présente le plus souvent sous la forme d’une tour isolée qui regroupe en une unité compacte une par=e
des fonc=ons de la résidence seigneuriale. Pour des raisons défensives, ses murs afeignent souvent une
épaisseur de 2 à 6 mètres. Alors que le rez‐de‐chaussée et les caves accueillent les provisions, les étages
supérieurs comptent chacun un appartement séparé, qui se réduit souvent, dans les donjons les plus
anciens, à une seule pièce et des annexes intra‐murales. Alors que le seigneur dispose d’un appartement
privé, s’étageant parfois sur deux niveaux, ses enfants partagent les appartements des gardes et soldats.
!
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:19
.
!
Les services, aussi luxueux et nombreux que le permet le
statut des propriétaires, sont logés dans des bâ=ments
séparés (chapelle, cuisine, office, garde‐manger…).
!
Les premiers donjons sont de plan carré, ce qui persistera
durant tout le 12e siècle, comme à Douvres, où il est
construit sous Henri II. Vers 1200 cependant, la mode du
donjon circulaire s’impose en France sous l’influence des
châteaux de Philippe Auguste (1180‐1223), comme le
Louvre ou Dourdan. Cefe muta=on, que l’on observe
également dans la forme des tours d’enceinte, peut être
vue comme un progrès technique : une tour circulaire
résiste mieux aux assauts et annule tout angle mort pour
les défenseurs. Néanmoins, l’appari=on de la tour ronde n’entraînant pas la dispari=on de tours
rectangulaires, cefe explica=on doit être rela=visée, d’autant qu’un plan circulaire comporte également le
désavantage de rendre l’aménagement des appartements plus complexe.
!
Au‐delà des plans carrés et circulaires, on observe de nombreuses varia=ons, parmi lesquelles les donjons
polygonaux ou les donjons « à bec », comportant une forme de « proue », comme à Château‐Gaillard.
!
!
2.1.2.2.
!
La fonc=on militaire
La fonc=on militaire des châteaux, souvent vue comme essen=ellement
défensive, est également offensive : le château est le lieu depuis lequel le
seigneur et ses troupes, menées par les chevaliers, contrôlent la campagne
environnante et mènent leurs expédi=ons. Contrôlant le territoire, les
châteaux sont régulièrement afaqués durant les guerres. Un bon château
se doit dès lors d’être – et aussi d’avoir l’air ‐ inexpugnable.
!
Les châteaux peuvent être afaqués par escalade, arGllerie à jet ou beffroi
mobile. Ils peuvent également être assiégés, et se doivent donc de
permefre la vie en autarcie durant de longues périodes.
!
Le principe d’ériger une enceinte autour d’un château ou d’une ville
domine les principes défensifs jusqu’au 15e siècle, où apparaissent, en
réponse à l’interven=on des canons, les for=fica=ons rasantes ou
bas=onnées, mises au point en Italie. Au départ, il s’agit le plus souvent de
palissades de bois, qui seront par la suite remplacées par des murs de
pierre. L’ensemble est érigé sur un talus résultant de l’excava=on de fossés
périphériques des=nés à tenir l’assaillant à distance. Dans certains cas, le
talus lui‐même est revêtu de pierre et porte dès lors le nom de glacis.
L’enceinte est simple ou concentrique ; dans ce dernier cas, l’enceinte
intérieure doit dominer l’enceinte extérieure et lui être supérieure en
résistance.
Coupe d’un mâchicoulis
!
L’enceinte est pourvue d’un chemin de ronde et de tours de flanquement qui permefent d’assurer sa
défense. Chemin de ronde et tours sont pourvus de créneaux (permefant le =r et l’esquive) et de hourds
ou mâchicoulis servant à la défense du pied du mur. Celui‐ci est le plus souvent taluté de manière à faire
ricocher les projec=les des assaillants, mais aussi ceux des défenseurs.
!
!
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:20
La défense est assurée, dans les tours, depuis des plateformes de défense à leur sommet ou des
embrasures de Gr percées aux différents niveaux, et adaptées aux armes du moment (archères,
arbalétrières, canonnières,…). Ces embrasures, minces à l’extérieur, s’évasent à l’intérieur et sont parfois
pourvues de coussièges.
!
Les portes sont les points faibles de l’enceinte ; c’est pourquoi on en réduit le nombre au maximum. Elles
sont le plus souvent accessibles via des disposiGfs mobiles (passerelles, pont‐levis) et sont défendues
depuis les tours. La forme la plus courante que prennent ces portes est celle de tours jumelles. Néanmoins,
on trouve également des tours uniques ou de simples passages dans le mur, défendus par une tour de
flanquement saillante. Les poternes sont des entrées secondaires, dérobées à la vue.
!
2.2.
!
!
Résidences de campagne
La fin de la guerre de Cent Ans, en 1453, permet le développement, à la
campagne, d’une architecture résiden=elle dont la foncGon défensive
n’est plus que symbolique ou extrêmement limitée : si la forme générale
des bâ=ments et la présence de tours, pourvues ponctuellement de
créneaux et mâchicoulis, fait allusion aux châteaux‐forts des siècles
précédents, les percements nombreux et le décor parfois exubérant s’en
éloignent résolument. Les châteaux de Meillant et de Plessis‐Bourré
illustrent cefe phase de développement, qui porte également un grand
intérêt aux espaces de circula=ons tant ver=cales (par des escaliers à vis,
qui ponctuent régulièrement les façades et sont typiques de la France)
qu’horizontales (par des galeries extérieures ou intégrées aux
appartements).
!
!
Tour d’escalier au château de Meillant, fin 15e s.
!
2.3. Architecture urbaine
!
2.3.1. Bâ>ments publics
!
2.3.1.1. Hôtels de ville
!
!
!
!
L’émergence de la bourgeoisie marchande, au 13e siècle,
entraîne une autonomie croissante des villes d’Italie et
des Pays‐Bas, qui se voient conférer de plus en plus de
pouvoir au détriment des seigneurs. L’hôtel de ville
illustre ce phénomène, en abritant les assemblées
d’édiles locaux.
!
Parfois muni d’un beffroi au rôle essen=ellement
symbolique (rivaliser avec le clocher), l’hôtel de ville
comporte une vaste salle conseil, souvent située au
premier étage, et une bretèche ou un balcon,
permefant aux édiles de s’adresser à la popula=on.
D’autres fonc=ons, autrefois dispersées, peuvent y
prendre place, comme la prison, l’arsenal ou la salle des
banquets.
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:21
!
C’est l’Italie qui voit la naissance des hôtels de ville : les principales villes marchandes telles que Florence,
Gênes ou Venise se cons=tuent en Cité‐Etats, ce qui induit la construc=on de sièges de gouvernement
locaux. Le Palazzo Brole\o (1215), plus ancien hôtel de ville connu, se trouve dans le Nord, à Côme:
superposant à des arcades (abritant des assemblées et des marchés), une vaste salle au premier étage, il
comporte également un haut campanile. Le Palazzo Communale de Piacenza, toujours dans le Nord,
présente le même type de configura=on.
!
En Toscane et en Ombrie, néanmoins, les hôtels de ville conservent
davantage d’affinités avec l’architecture défensive : à Florence, le
Palazzo del Podesta et le Palazzo dei Priori, construc=ons civiques du
13e siècle, influenceront beaucoup le développement ultérieur de
l’architecture civile ; d’allure défensive à l’extérieur (construc=on
massive, créneaux, mâchicoulis, ouvertures parcimonieuses), ils
s’ouvrent sur une cour intérieure où, dans le cas du Palazzo del
Podestà, un escalier droit donne accès à des galeries périphériques.
Une très haute tour les accompagne, afin de signaler leur fonc=on de
siège du pouvoir. Très rapidement, la fonc=on civique du palazzo se
couple avec la résidence : la loi s=pule en effet que le dirigeant
municipal et les principaux élus se doivent de résider au palazzo, où
les étages supérieurs ou les ailes leur sont réservés durant leur
mandat. C’est le cas au Palazzo Pubblico de Sienne.
!
A Venise, le Palais des Doges, dépasse la fonc=on d’hôtel de ville, par
le cercle d’influence très large sur lequel le Doge étend son pouvoir.
Combinant fonc=ons civique et résiden=elle, il est, sur le plan formel,
Toruń (PL), Hôtel de ville, 1309-1385
un exemple unique dans l’architecture des palais médiévaux : il
superpose en effet à deux niveaux de galeries largement ouvertes et auxquelles des détails gothiques très
élaborés confèrent une grande légèreté visuelle, une façade « pleine » au parement blanc et rose. Mélange
d’influences gothiques, byzan=nes et Renaissance, le palais témoigne du rôle de Venise en tant que
carrefour commercial avec l’Orient.
!
Il faut afendre les 14e et 15e siècles pour que les hôtels de villes apparaissent dans le Nord (Pays‐Bas,
Europe centrale, Saint‐Empire). Les premiers exemples restent proches, comme en Italie centrale, de
l’architecture défensive : l’hôtel de ville de Toruń, en Pologne, présente une tour massive et des murs de
briques rythmés par des contreforts. Néanmoins, l’améliora=on graduelle des condi=ons de sécurité va
mener progressivement à une libéra=on du modèle féodal, abou=ssant, aux Pays‐Bas notamment, à la
construc=on de véritables joyaux architecturaux tels que les hôtels de ville de Bruges, Bruxelles ou Louvain.
!
Il faut encore men=onner qu’en raison de la richesse croissante de la classe bourgeoise, dominée par les
marchands, d’autres bâ=ments civils tels que les maisons corporaGves ou les halles de marché rivaliseront
régulièrement de monumentalité et de richesse avec les hôtels de ville.
!
2.3.1.2. Hôpitaux
!
La fin du Moyen Age voit également une meilleure organisa=on des soins de santé. Depuis le Haut Moyen
Age, les congréga=ons religieuses organisent l’accueil et les soins des malades pauvres. Mais alors que
jusqu’au 12e siècle, tous les malades sont logés dans une vaste salle polyvalente, qui accueille également les
voyageurs, le nombre croissant de gens de passage à héberger (pèlerins, …) ainsi que l’appari=on de la
lèpre, hautement contagieuse, vont induire une spécialisa=on progressive des espaces.
!
En dehors des hôpitaux proprement monas=ques, donc intégrés aux abbayes, des structures d’accueil se
développent dans les villes. L’hôtel‐Dieu accueille à la fois les « passants » (voyageurs) et les
!
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« gisants » (malades) dans des salles spécialisées.
Les soins du corps étant indissociables de ceux de
l’âme, la salle, où les malades sont soignés à deux
par lit, est souvent pourvue d’une chapelle,
comme à Beaune. Faute de pouvoir suivre l’office,
les « gisants » peuvent l’entendre depuis leur lit.
Les fenêtres, qui occupent le haut des murs,
apportent lumière et ven=la=on tout en
garan=ssant l’in=mité. Plusieurs salles des
malades sont remarquables par leurs berceaux de
bois lambrissé masquant une par=e des combles,
qui cons=tuent dès lors une réserve d’air frais.
!
La léproserie se situe quant à elle à l’écart des
villes, le long d’axes importants, en raison de la
contagion de la maladie.
!
!
2.3.2. Architecture domes>que
!
2.3.2.1. Résidences aristocra=ques et bourgeoises en France
!
Jusqu’au 13e siècle, le palais urbain ne
diffère pas fondamentalement du château‐
fort dans sa concep=on d’ensemble.
Comportant fossé, enceinte, tours et
bâ=ments de service, son caractère défensif
reste dominant et est des=né à faire face,
selon les cas, aux assauts extérieurs ou aux
rebellions des habitants.
!
Ce n’est qu’avec l’appari=on puis l’essor de
la bourgeoisie qui caractérise les 14e et 15e
siècles que l’on voit apparaître de riches
maisons privées ou des hôtels urbains, sans
plus aucun caractère défensif.
Château de Carcassonne, 13e siècle (restauré au 19e siècle)
!
Les hôtels combinent l’inserGon dans le Gssu urbain avec l’agrément des jardins et le goût du faste qui
caractérisaient les palais. Le rez‐de‐chaussée peut être commercial. Les construc=ons à rue abritent le plus
souvent les fonc=ons commerciales, familiales et sociales, affichant le pres=ge des occupants, tandis que
services (cuisines, réserves, écuries,…) prennent place à l’arrière, sur la cour intérieure où se trouve
l’escalier assurant la distribu=on intérieure par le biais de galeries. La vie familiale est séparée en
appartements : ceux des époux sont dis=ncts et comprennent chambre, oratoire, garde‐robe, récep=ons,…
Les pièces se commandent les unes les autres.
!
Le palais de Jacques Cœur, riche argen=er de Bourges, est une version par=culièrement élaborée de l’hôtel
urbain : organisé autour d’une cour intérieure possédant entrées piétonne et cochère, ses façades sont
marquées par un riche décor flamboyant et des fenêtres à croisées de pierre. Les étages sont accessibles
par de mul=ples escaliers à vis qui permefent une certaine flexibilité dans l’usage des espaces en enfilade.
!
La maison parGculière est d’échelle plus modeste. Construite en pierre ou en bois (colombages), elle s’élève
directement à rue, où s’ouvre une pe=te porte qui donne accès aux étages. Le rez‐de‐chaussée accueille les
ac=vités professionnelles (bou=ques,…), tandis que la vie familiale et sociale est reportée aux étages. Les
!
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maisons les plus vastes comportent une pe=te cour arrière
qui donne accès aux appartements par un escalier d’abord
à vis, puis droit.
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En façade, les maisons en colombage voient régulièrement
leurs étages se placer en encorbellement les uns au‐dessus
des autres, ce qui réalise un gain de place appréciable.
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Montpellier, coupe dans la maison 3, rue de la
Vieille, 14e s.
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2.3.2.2. Le palazzo italien
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La cohabita=on, dans les hôtels de ville, des fonc=ons civique et
résiden=elle cons=tue l’embryon de la division entre foncGon
commerciale et résidenGelle qui apparaît avec la prospérité
économique des 13e et 14e siècles : dans les villes marchandes,
les palazzi privés vont rapidement côtoyer les construc=ons
officielles.
!
Sienne, Le palazzo Salimbeni, 14e s.
!
Ces palazzi, le plus souvent construits à l’ini=a=ve de riches
marchants, présentent, malgré certains par=cularismes
régionaux, un certain nombre de points communs. Leur aspect
extérieur, qui prend la forme d’un simple parallélépipède de trois
à six niveaux, demeure sobre et fermé, surtout au niveau du rez‐
de‐chaussée, qui comporte des ouvertures de pe=te taille
munies de barreaux. Dans certains cas, on observe néanmoins de
plus larges ouvertures à voca=on commerciale. Dans un même
esprit « défensif », le rez est régulièrement construit en lourd
appareil de pierre, parfois en bossage, tandis que les étages
peuvent être cons=tués de briques enduites et sont percés de
davantage de fenêtres, couvertes d’un arc et munies de volets.
C’est vers la cour intérieure que s’ouvre véritablement la
construc=on.
L’organisa=on interne comporte, au rez‐de‐chaussée, un commerce ou un entrepôt, qui s’ouvre vers la rue
par une porte monumentale. Des services, écuries ou celliers s’organisent autour de la cour. Les étages
supérieurs accueillent le logement, accessible depuis la rue par une porte séparée plus discrète. Tandis que
le piano nobile, parfois muni de balcons et loggias, accueille les salons, bureaux, bibliothèques et garde‐
robes, les chambres et an=chambres se trouvent au second étage. L’apque abrite quant à lui les logements
des domes=ques, des lieux de stockage pour le pain et le grain, et parfois une cuisine (qui pourra être située
aux étages inférieurs lorsqu’apparaîtront les cheminées).
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!
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Cefe organisa=on générale est sensiblement
différente à Venise, où la cour intérieure fera
pra=quement toujours défaut en raison de
l’exiguïté du terrain. Par conséquent, l’étage
noble, qui fait office d’étage principal en raison de
la difficulté d’u=liser le rez‐de‐chaussée, au niveau
de l’eau, s’organise autour d’un grand salon
largement ouvert sur l’ex térieur. Cefe
organisa=on interne guidera la composi=on de la
façade, où, contrairement aux palais floren=ns ou
siennois, apparaît une nefe mise ne valeur des
baies du salon, souvent regroupées au centre de
la façade principale. Le vocabulaire architectural y
est en outre plus franchement gothique, teinté
d’influences byzanGnes.
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Venise, la Ca’Mastelli, 15e s.
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Chapitre III : L’architecture civile de la Renaissance
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1. IntroducGon
Nous ne reviendrons pas ici sur le contexte culturel, poli=que et géographique pour lequel nous renvoyons
au cours sur l‘architecture religieuse. Comme pour celle‐ci, c’est en Italie que se concentrent, au
Quafrocento, les principales innova=ons : à côté du développement du palazzo urbain, sur base du modèle
médiéval, se développe le concept de la villa suburbaine, ressuscitant une typologie romaine que les
condi=ons poli=ques du Moyen Age avaient fait disparaître pendant plus de dix siècles. Ces villas
s’assor=ssent parfois de jardins qui, conçus sur le modèle an=que, allient nature domes=quée et œuvres
architecturales ou sculptées dans des ensembles évoquant l’harmonie cosmique.
!
En réponse à l’esprit humaniste, bibliothèques, lieux d’exposiGon et théâtres apparaissent, même si ceux‐ci
ne sont en général pas véritablement publics. Les typologies existantes sont revues à travers les nouveaux
canons architecturaux. Mais c’est surtout dans leur rapport à l’espace public que les bâ=ments urbains se
dis=nguent de leurs prédécesseurs : dans la plupart des villes apparaît la volonté d’ordonner l’espace selon
les principes de régularité et de symétrie ; l’ambi=on des nouvelles construc=ons dépassera par
conséquent souvent le simple cadre architectural pour travailler à l’échelle urbaine.
!
En France, la principale innova=on architecturale de la Renaissance est le remplacement progressif du
château‐fort, devenu obsolète, par le château de plaisance, ne conservant plus que les fonc=ons
résiden=elle et représenta=ve au détriment de la fonc=on militaire. Dans le même temps, le gothique
flamboyant est, dans la foulée des Guerres d’Italie (1494‐1559), progressivement supplanté par le
ra=onalisme du vocabulaire renaissance qui se mêle à la tradi=on locale dans une synthèse nouvelle.
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2. La Renaissance italienne
2.1. BâGments et espaces publics
2.1.1. Introduc>on
E n t e r m e s d ’a m é n a g e m e n t u r b a i n , l a
Renaissance est marquée par l’appari=on et la
domina=on de la no=on de régularité. Sans
parler ici de villes idéales projetées dans leur
totalité, dans de nombreux cas, la construc=on
de nouveaux bâ=ments publics aura pour
conséquence une meilleure structura=on de
l’espace urbain.
!
Ainsi, lorsque Filippo Brunelleschi conçoit, dans
les années 1420, le por=que en façade de
l’hôpital des Innocents, il s’inscrit dans un dessin
d’ensemble de la Piazza della San=ssima
Annunziata qui devait être bordée de tels
por=ques sur trois de ses côtés, devenant la
première place « moderne » de la ville depuis
laquelle s’ouvrait une perspec=ve vers la
cathédrale.
Vincenzo Scamozzi (1548-1616), Plan de Palmanova, près de Udine,
1593.
!
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A Rome, la Place du Capitole de Michel‐Ange incarne le même souci de régularité visuelle. Par l’usage du
principe de symétrie, l’architecte crée l’écrin parfait pour la statue équestre de Marc‐Aurèle tout en tenant
compte de deux construc=ons préexistantes dont seules les façades sont remaniées. Au fond de la place, le
Palazzo Senatorio abandonne son ordonnance médiévale au profit d’une ar=cula=on par des pilastres
colossaux et animée par des détails maniéristes, tandis que le Palazzo dei conservatori, à droite, voit ses
arcades remplacées par des baies à l’an=que couvertes d’un entablement. La Palazzo Nuovo lui fait face et
présente la même composi=on.
!
A Venise, c’est par un savant jeu d’équilibre des masses que Jacopo Sansovino, architecte de la ville, réunit
en un ensemble harmonieux le Palais des Doges, la nouvelle Bibliothèque Marciana et le campanile de la
cathédrale, via la construc=on d’une sculpture architecturale, la loggeJa, sur la Piazze1a. Quelques années
plus tard, Palladio développera plus avant le thème de la Marciana dans les loggias dont il enveloppe
l’ancien Palazzo della Ragione vicen=n, ancien hôtel de ville qui sera dès lors dénommé la « Basilique ». En
conférant à ses façades une régularité étrangère à la structure médiévale qui devait être consolidée,
Palladio modifie en profondeur l’apparence de la Piazza dei Signori.
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2.
2.1.
Quelques typologies nouvelles
Bibliothèques
Le concept de la bibliothèque, lieu de stockage et de consulta=on de l’écrit, remonte à l’anGquité : à cefe
époque, elle est incluse dans les palais ou dans certains bâ=ments publics ou temples, et les rouleaux de
papyrus (remplacé au 5e siècle par le parchemin) sont parfois consultables par le public. Après la
dissolu=on, au Haut Moyen Age, de ces bibliothèques, la plupart des écrits se retrouveront dans les
monastères. Ceux‐ci ne disposent pas toujours d’un espace dévolu à la consulta=on des codices ; celle‐ci se
fait le plus souvent dans le cloître. Ce n’est qu’aux 13e et 14e siècles qu’en réponse au rôle éduca=f de plus
en plus important joué par les clercs (notamment au sein des universités), des locaux spécifiques
apparaissent ; ceux‐ci sont régulièrement placés à l’étage pour éviter les problèmes d’humidité, et éclairés
par de larges fenêtres.
!
Si les bibliothèques monas=ques connaissent une évolu=on à la Renaissance, celle‐ci voit surtout le
développement des collecGons privées, résultat conjoint de l’intérêt des humanistes pour la liférature, du
commerce de manuscrits et du développement de l’imprimerie (inven=on de la typographie en 1440 par
Gutenberg). A Florence, c’est à la demande du Pape Clément VII que Michel‐Ange réalise, sur le cloître de
San Lorenzo, la Bibliothèque LaurenGenne, pour abriter la collec=on des Médicis. Enchaînant grand
escalier, ves=bule et salle de consulta=on rythmée par des pilastres an=ques, elle inaugure une séquence
qui sera reprise, avec des varia=ons, pendant les deux siècles suivants. A Venise, la Construc=on de la
Biblioteca Marciana par Sansovino résulte de la dona=on à la ville de la collec=on du Cardinal Bessarion,
grand admirateur de la pensée grecque. Sa longue salle de consulta=on, située au premier étage, repose
sur un por=que dont les disposi=ons rappellent les stoai de l’agora.
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2.2.
Théâtres
Si, durant l’An=quité, de nombreux théâtres sont construits, le Moyen Age voit la dispari=on de ce type de
construc=ons : les spectacles, souvent religieux, ont lieu dans des endroits divers (en plein air, dans les
églises, dans les châteaux,…). C’est la redécouverte des drames classiques vers 1450 qui sera à l’origine de la
volonté de produire des espaces où mefre en scène les représenta=ons.
!
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Deux priorités guident la concep=on des théâtres de la
Renaissance : la reconstrucGon du théâtre anGque tel que Vitruve
le décrit (et tel qu’il est redécouvert par des fouilles
archéologiques), et la créa=on d’un espace de scène marqué par
une perspecGve centrale : alors que les spectacles médiévaux
étaient avant tout symboliques, la Renaissance afache beaucoup
d’importance au principe de vraisemblance, ce qui conduit
peintres et architectes à créer un décor illusionniste.
!
Si plusieurs villas sont pourvues de théâtres extérieurs, c’est
Andrea Palladio (1508‐1580) qui dessine le premier théâtre
moderne permanent à Vicenza. Le Teatro Olimpico comporte une
Vincenzo Scamozzi (1548-1616), Plan et coupe
du théâtre de Sabbioneta, 1588-1590.
cavea semi‐ovale et une frons scenae ar=culée à l’an=que où
s’ouvrent trois portes laissant entrevoir un décor architectural en
perspec=ve accélérée. Vincenzo Scamozzi (1552‐1616), qui termine le projet de Palladio après sa mort,
u=lisera le même procédé pour le théâtre de Sabbioneta. Ce type de théâtre sera rapidement démodé : dès
la fin du 16e siècle, le décor tridimensionnel sta=que laissera peu à peu la place aux décors bidimensionnels
interchangeables.
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2.2.
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Architecture résidenGelle
2.2.1. Le développement du palazzo urbain
2.2.1.1.
La palazzo floren=n du Quafrocento
Le palazzo médiéval cons=tue le principal modèle du palazzo renaissant. Néanmoins, il connaît, au
Quafrocento, plusieurs adapta=ons liées au changement de contexte poli=que et culturel. Devenu
résidence exclusive de riches familles exerçant un pouvoir souvent autoritaire, le palazzo est dépouillé de
sa fonc=on civique, sinon poli=que. Si la sévérité de son allure extérieure persiste souvent au niveau du rez‐
de‐chaussée, les étages s’animent d’une ar=cula=on plus riche élaborée sur base du vocabulaire anGque
revenu au goût du jour. Les tours qui marquaient la fonc=on publique de l’édifice au Moyen Age
disparaissent, et l’accent est mis sur l’horizontalité des niveaux qui se superposent, séparés par des cordons
saillants. Une large corniche classique couronne les façades et remplace les mâchicoulis médiévaux. Comme
au Moyen Age, la cour intérieure reste au centre de la vie du palazzo, tout en s’enrichissant, comme les
façades, d’un vocabulaire an=quisant très raffiné.
!
Le palazzo Medicis, érigé par Michelozzo di Bartolomeo sur base d’un projet de Filippo Brunelleschi pour
Côme de Médicis, est considéré comme le premier palazzo renaissant. Tirant par= de construc=ons
préexistantes, il s’étage sur trois niveaux clairement marqués en façade par des cordons horizontaux et un
appareillage de relief dégressif de bas en haut. Sa façade, couronnée d’une imposante corniche
corinthienne, est rythmée par des baies doubles regroupées sous des arcs en plein cintre (bifore) et
formant des travées régulières. La cour intérieure, de plan sensiblement carré, voit se superposer un niveau
d’arcades d’ordre composite et deux étages, dont le premier est percé de bifore.
!
D’une manière générale, les palazzi du Quafrocento resteront fidèle à la typologie fixée par le palais
Médicis, à savoir un bloc parallélépipédique évidé d’une cour intérieure. Si certains d’entre eux, œuvres de
Leon Bapsta AlberG ou de ses suiveurs, verront l’ordonnance de leur façade s’enrichir d’un découpage
ver=cal en travées par superposiGon des ordres anGques, la plupart conserveront une dominante
horizontale, les niveaux se différenciant essen=ellement par la texture du parement.
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2.2.1.2.
Le Cinquecento
Si la typologie générale du palais à cour centrale persiste (celle‐ci étant parfois doublée ou triplée selon
l’étendue de la parcelle), le palais connaît, au 16e siècle, une importante évolu=on au niveau de la
composi=on de ses façades.
!
Le tournant entre Quafrocento et Cinquecento est tout d’abord marqué par la construc=on par Donato
Bramante, maître de la Haute‐Renaissance romaine, du palazzo Caprini. A la recherche d’un vocabulaire
plus conforme à celui de l’an=quité, Bramante abandonne le modèle du palazzo médiéval et =re sa
principale inspira=on de l’ordonnance des insulae romaines, alliant fonc=on commerciale au rez‐de‐
chaussée et habitat aux étages. Les deux niveaux du palais reçoivent dès lors un traitement très différencié :
alors que le niveau inférieur, accueillant, de part et d’autre de l’accès central, des échoppes surmontées de
mezzanines, est traité en bossage rusGque, l’étage est rythmé par des colonnes doriques jumelées
encadrant des fenêtres surmontées de frontons triangulaires. Le tout est surmonté d’un entablement
dorique complet faisant office de corniche. Cefe scission formelle entre le rez et les étages, accompagnée
de l’usage d’un vocabulaire an=que de plus en plus présent, est à l’origine de l’une des composi=ons les
plus courantes des palazzi du Cinquecento.
!
Certains palazzi, en revanche, adoptent un tout autre par= : davantage dans la con=nuité des réalisa=ons
du Quafrocento, ils superposent trois niveaux horizontaux percés d’un rythme régulier de fenêtres,
souvent rectangulaires et couvertes ou non de frontons. Le tout est couronné d’une imposante corniche.
Contrairement à leurs ancêtres néanmoins, ils abandonnent les effets de texture de parement pour laisser
place à un appareillage lisse ou un enduit. L’accent est mis sur la travée centrale par le traitement de la
porte ou d’une loge animant la façade.
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2.2.1.3.
La Véné=e
La situa=on par=culière de Venise, sur les
plans poli=que et géographique, entraîne
le développement d’une typologie
par=culière de palazzo, qui se dessine dès
le Moyen Age. D’une part, la situa=on
commerciale de la ville en fait le lieu d’une
synthèse d’influences orientales et
occidentales qui se marque notamment
dans la persistance tardive d’un style
gothique très flamboyant (le palais des
doges demeure longtemps le modèle
absolu des palais véni=ens). D’autre part,
les difficultés matérielles liées à la
construcGon sur pieux, ajoutées à
l’exiguïté des terrains disponibles, ont
pour conséquence l’absence de cour
intérieure et donc une plus grande
ouverture du palazzo sur l’espace public
(surtout au niveau du grand salon). En
outre, il comportera souvent un étage de
plus que ses homologues floren=ns ou
romains.
Mauro Codussi, Palazzo Loredan (Vendramin-Calergi), Venise,
1502-1510.
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Si les recherches architecturales de la Renaissance ne pénètreront véritablement à Venise qu’après le sac de
Rome de 1527 (la ville devenant le refuge de nombreux ar=stes), les réalisa=ons de Mauro Codussi
(1440‐1504) sont, au tournant du siècle, annonciatrices de changement : bien que teintées d’influences
diverses, elles témoignent d’une bonne connaissance des écrits d’Alber=.
!
Parmi les ar=stes qui s’installent dans la république suite au sac de Rome figurent Jacopo Sansovino
(1486‐1570), qui, devenu architecte en chef de la république, se verra afribuer d’importantes commandes
publiques et privées et Michele Sanmicheli (1487‐1559), ingénieur militaire, principalement ac=f à Vérone
mais dont plusieurs œuvres véni=ennes témoignent de l’influence du traité de Sebas=ano Serlio. Sansovino
et Sanmicheli, tous deux marqués par l’œuvre de Donato Bramante, contribueront à exporter le vocabulaire
de la Haute‐Renaissance dans le Nord de l’Italie.
!
Andrea Palladio (1508‐1580), en revanche, appar=ent à la généra=on suivante et ne connaîtra pas de
contact direct avec le cercle de Bramante. Originaire de Padoue, il ne séjourne à Rome que dans les années
1540‐1550, où, chargé d’illustrer une traduc=on de Vitruve, il s’applique avant tout à l’étude des ves=ges
an=ques. Le langage classique sera à la base de l’élabora=on d’un vocabulaire original à la fois sobre et
raffiné qui s’exprimera avant tout dans ses célèbres villas, mais également dans la construc=on de quelques
palais à Vicenza. Ceux‐ci adoptent des formes extrêmement diverses : si le palazzo Thiene évoque encore la
typologie fixée par la palazzo Caprini, le palazzo ChiericaG innove en revanche en s’ouvrant très largement
sur l’espace public par le biais de vastes loggias, tandis que le palazzo Valmarana peut être mis en parallèle,
par l’usage d’un ordre colossal, avec les réalisa=ons contemporaines de Michel‐Ange, tels les palais du
Capitole.
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2.2.2. Les villas suburbaines
La résurgence de la villa suburbaine à par=r de la fin du 13e siècle répond aux muta=ons sociales qui voient
l’aristocra=e féodale laisser une grande par=e de son pouvoir et de sa fortune à la nouvelle bourgeoisie
marchande. Alors que durant les siècles précédents, seuls les rois ou les grands seigneurs pouvaient s’offrir
le luxe d’une retraite à la campagne dans un pavillon de chasse ou un lieu de villégiature loin de la chaleur
des villes, les mêmes possibilités vont être offertes aux familles de marchands les plus fortunées, dont les
réalisa=ons iront parfois jusqu’à égaler les résidences des papes et cardinaux.
!
Il faut néanmoins afendre la fin du Quafrocento pour que le modèle de la villa romaine – tel qu’on le
connaît à l’époque – impose sa typologie aux nouvelles construc=ons ; la volonté de réaliser des villas « à
l’an=que » se traduira avant tout par l’adop=on d’une composi=on symétrique, de propor=ons savantes et
de détails empruntés au vocabulaire classique. La première villa dessinée selon ces principes est celle que
réalise Giuliano da Sangallo pour Laurent de Médicis à Poggio a Caiano, en 1485. Son plan, en forme de
carré parfait, comporte une série d’appartements (comportant chacun chambre, an=chambre et cabinet)
organisés symétriquement autour d’un grand salon central : cefe disposi=on rappelle davantage les
établissements balnéaires que les villas, d’autant que ce salon, qui s’élève sur deux niveaux, est voûté,
rappelant les salles basilicales. En revanche, la plate‐forme à arcades sur laquelle repose la villa peut
rappeler les por=ques romains, donnant une vue sur la campagne environnante. La division tripar=te de la
façade principale, de même que le porche d’entrée, évoquant une façade de temple, annoncent clairement
les disposi=fs récurrents des villas palladiennes du siècle suivant.
!
La plupart des villas italiennes de la Renaissance peuvent être classées dans trois types dis=ncts, au niveau
du plan : soit elles sont construites autour d’une cour, soit elles comprennent un corps central et des ailes,
soit elles se réduisent à un bloc compact. Mais leur dessin se limite rarement au bâ=ment lui‐même : de
plus en plus, les architectes se penchent sur les abords en incluant la villa dans de vastes jardins,
comprenant souvent des construc=ons annexes tels que des exèdres, théâtres, grofes ou nymphées, ce qui
rapproche davantage la composi=on d’ensemble des exemples romains. La Villa Madama, le Palazzo del Té
!
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:30
ou la Villa Giulia en cons=tuent de bons exemples, d’autant que le décor appliqué à leurs espaces
monumentaux témoigne d’une bonne connaissance des modèles an=ques (suite à des découvertes
archéologiques importantes telle celle de la Domus Aurea, à l’origine de la mode des « grotesques »). La
plus spectaculaire des villas de l’époque maniériste est sans aucun doute la Villa Farnèse, à Caprarola,
conçue par Jacopo Vignola en 1559. Construite sur le soubassement d’un château fort médiéval inachevé,
elle adopte la forme inhabituelle d’un bloc pentagonal percé d’une cour intérieure circulaire, et s’inscrit
dans une perspec=ve monumentale au cheminement très hiérarchisé.
!
Dans la seconde moi=é du 16e siècle, c’est la
VénéGe qui devient terre d’élec=on des villas,
avec les réalisa=ons célèbres d’Andrea Palladio.
Les condi=ons locales se prêtant à l’exploita=on
de grands ensembles agricoles, ces villas
combinent acGvité économique et plaisirs de
la vie champêtre. Jusqu’à son voyage à Rome Inigo Jones, Queen’s House, Greenwich, 1616-1635
dans les années 1540, les villas de Palladio,
comme la villa Godi, s’en =ennent à une
interpréta=on de l’architecture vernaculaire
locale, adaptée aux principes de symétrie et de
proporGons simples. Le niveau inférieur est
réservé à l’entreposage et aux services. Par la
suite seront incorporés dans la composi=on un
Andrea Palladio, Villa Godi, Lonedo di Lugo (Vicenza), 1537-1542
certain nombre d’éléments =rés de l’an=quité,
et tout par=culièrement les façades de temples qui marqueront l’entrée de la plupart des villas. A ce =tre,
la villa Poiana, réalisée vers 1550 cons=tue une excep=on par le caractère extrêmement abstrait de
l’évoca=on an=que : l’entrée, bien que marquée par un fronton, prend la forme d’une baie serlienne, mo=f
tout aussi fréquemment u=lisé par Palladio. Les loggias à arcades sont également récurrentes, liaisonnant
l’aile résiden=elle et les ailes agricoles tout en assurant une perméabilité entre intérieur et extérieur.
Cependant, malgré cefe influence croissante de la monumentalité an=que, Palladio ne se dépar=ra jamais
de la grande sobriété qui caractérise dès le départ ses réalisa=ons.
!
Au niveau du plan, les villas palladiennes sont compactes, souvent carrées. Dans l’axe de l’entrée, un
ves=bule mène à une salle centrale rectangulaire, carrée, cruciforme ou circulaire, entourée de pièces
secondaires, qui rappellent dans certains cas l’architecture thermale. Seule la Villa Sarego, inachevée,
cons=tue une réelle tenta=ve de recons=tuer le plan d’une villa romaine pourvue d’une cour à péristyle ;
elle se dis=ngue en outre des autres réalisa=ons de l’architecte par un usage extensif de l’opus rus;cum.
!
Colen Campbell, Queen’s House, Greenwich, d’après le Vitruvius
Britannicus, 1717.
!
Auteur d’un traité par=culièrement clair et
bien illustré, I QuaJro Libri dell’ ArchiteJura
(1570), détaillant ses propres réalisa=ons ainsi
que des exemples romains, Palladio est à
l’origine du développement du Palladianisme.
Les adeptes de ce style architectural, ini=é par
Inigo Jones (1573‐1652) et par=culièrement
en vogue en Angleterre au 18e siècle,
considèreront Palladio comme l’interprète le
plus fidèle de la tradi=on classique. Véhiculé à
l’époque par les projets et dessins de Colen
Campbell (1676‐1729) pour le Vitruvius
Britannicus (1715‐1725), le modèle palladien
s’imposera comme alterna=ve au baroque
con=nental.
!
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2.2.3. Les jardins
2.2.3.1.
!
Quafrocento
Si les jardins du Moyen Age, le plus souvent clos (Hortus
conclusus), ne sont en général connus que par leurs
représenta=ons figurées, il subsiste en revanche bon nombre de
jardins de la Renaissance. Les sources d’inspira=on les plus
importantes pour leur créa=on sont les descripGons de la vie
dans les villas romaines (Virgile, Pline le Jeune, Vitruve) ou les
anciens manuels d’horGculture (comme le Res rus;ca scriptores)
remis à l’honneur par la culture humaniste. Le jardin y est
considéré comme formant un ensemble cohérent avec la
résidence. Néanmoins, en l’absence de descrip=ons précises ou
de ves=ges significa=fs, l’imitaGon du modèle romain sera plus
créaGve que servile.
!
Hortus Conclusus médieval dans une miniature
Au Quafrocento, le De Re Aedificatoria d’Alber= (1452) exercent illustrant le Roman de la Rose, vers 1485
une influence importante sur la manière d’organiser villas et
jardins : insistant sur l’importance de la mixité entre u=lité et confort, l’auteur conseille les sites à flanc de
colline permefant de jouir de la vue et de l’air. En outre, les limites entre la villa, le jardin et le paysage
doivent, dans la mesure du possible, s’estomper. Les jardins de la Villa Médicis de Fiesole cons=tuent un
bon exemple de ce premier stade du développement des jardins renaissants : alors que les terrasses, qui
gardent le souvenir de l’hortus conclusus médiéval, permefent de =rer par= des changements de niveaux,
des représenta=ons de la nature à l’intérieur de la maison créent, ainsi que les loggias et pergolas, le lien
entre intérieur et extérieur.
!
Les jardins de la Villa Petraia, près de Florence, 1599-1602 (peinture de
Giusto Utens)
!
!
2.2.3.2.
!
L’aménagement des terrasses reste
rela=vement simple : en général régies par
une disposiGon symétrique, elles sont
divisées en parterres (souvent 4) organisés
autour d’un point d’eau central, bassin ou
fontaine. Cefe division en formes
géométriques simples comme le carré ou le
cercle évoque l’ordre du cosmos. La
végéta=on comporte des topiaires, à la
manière an=que, et des plantes exoGques.
Suivant l’usage romain, les jardins
con=ennent le plus souvent des statues,
combinant ainsi éléments naturels et
ar=ficiels et donnant ma=ère à réflexion
aux réunions humanistes.
!
Cinquecento
Au 16e siècle, la tendance à organiser la nature à travers l’art et la géométrie reste dominante, même si le
goût maniériste de la nature sauvage s’exprime à travers le fréquent bosco, ou les gro\es ou fontaines à
l’aspect naturel (coquillages, branchages,…). L’eau est omniprésente ; difficile à obtenir, elle est l’expression
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:32
même de la richesse du propriétaire des lieux. Les plantes u=lisées sont de trois ordres : des herbes et
fleurs, des arbres fruiGers et vignes, et des arbres de différentes tailles, souvent à feuillage persistant. Dans
ces trois catégories peuvent être inclues des espèces exoGques, importées du Moyen Orient, des
Amériques, de l’Afrique ou de l’Asie (le premier jardin botanique
est créé à Padoue en 1545).
!
La plupart des jardins du Cinquecento s’organisent, comme ceux
du siècle précédent, en terrasses, qui se prêtent bien au paysage
vallonné italien. L’évolu=on concerne l’aménagement de ces
terrasses et leurs connec=ons, dans lesquelles interviennent de
plus en plus d’éléments architecturaux placés sur l’axe central :
escaliers monumentaux, fontaines, cascades,… créent le lien
entre les différents niveaux.
!
L’aménagement de la cour du Belvédère par Bramante au
Va=can est, en quelque sorte de prototype urbain de ces jardins.
Dans ceux‐ci, les sculptures et fontaines s’inspirent du monde
naturel à travers des animaux, des figures mythologiques
(Neptune, Venus, Cérès, satyres,…) ou des personnificaGons de
rivières et montagnes, qui côtoient des bergers et paysans =rés
de la liférature pastorale. Dans le domaine des édicules et
figures allégoriques, c’est l’Hypnérotomachia Poliphili (1499),
afribué à Francesco Colonna, qui cons=tue la principale
référence liféraire.
Gravure tirée de l’Hypnerotomachia Poliphili, 1499.
!
La domina=on des jardins organisés n’exclut pas la présence ponctuelle de parcs, où la nature sauvage
côtoie des œuvres architecturales ou sculptées. Parmi ceux‐ci, le Sacro Bosco de Bomarzo, réalisé dans la
seconde moi=é du 16e siècle par Pier Francesco Orsini en souvenir de son épouse défunte, reste sans aucun
doute le plus énigma=que.
!
!
3. La Renaissance française : du château‐fort au château de plaisance
!
!
Si la fonc=on défensive des châteaux‐forts diminue déjà largement
dans le courant du 15e siècle, suite à la fin de la guerre de Cent
Ans, l’évolu=on de l’armement qui mène à l’inven=on du basGon, à
la fin du 15e siècle en Italie, va défini=vement mefre fin à leur
existence, si ce n’est sous la forme d’allusions ponctuelles ou de
pas=ches. En effet, défense et résidence deviennent
incompa=bles : seuls une ville ou un état peuvent assumer les frais
d’entre=en et de garnison de for=fica=ons répondant aux
nouveaux principes.
!
Châtelet d’entrée du château de Gaillon (Eure),
1508-1510.
!
Le château conserve néanmoins sa raison d’être à travers sa
foncGon représentaGve : il reste le symbole de la puissance et de
la richesse de son propriétaire, seigneur ou fonc=onnaire de cour
fortuné. Les premiers châteaux post‐médiévaux sont souvent des
châteaux forts inachevés et complétés dans un style Renaissance ;
si leur plan conserve la trace claire des disposi=ons antérieures, les
éléva=ons témoignent d’une connaissance superficielle du
vocabulaire italien résultant des campagnes militaires de Charles
VIII (1483‐1498) et Louis XII (1498‐1515) lors des Guerres d’Italie.
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:33
Cefe première étape est visible dans le châtelet d’entrée du château de Gaillon ou dans la façade sur cour
de l’aile Louis XII du château de Blois.
!
Il faut afendre le 16e siècle et le règne de François
Ier (1515‐1547) pour qu’une réelle assimila=on de la
culture renaissante s’opère chez les ar=stes
français. Le principe de symétrie apparaît alors
dans certaines façades, comme à Chenonceaux ou
Azay‐le‐Rideau. Le château de Chambord, qui
inaugure le règne du monarque, est l’œuvre d’un
architecte italien, Domenico da Cortona. Même si
son plan reste celui d’un château fort, il est
extrêmement précoce dans l’aménagement du
« donjon », divisé en appartements comportant
chambre, anGchambre et cabinet, sur le modèle de
la Villa Médicis de Sangallo, maître de l’architecte.
Malgré le goût pour l’italianisme, l’escalier en
spirale, mo=f typiquement français, héri=er de la Francesco Primaticcio, Château de Fontainebleau, aile de la belle
cheminée, Cour de la Fontaine, 1568.
vis médiévale, conserve la faveur de la plupart des
architectes ; marquant façades et ar=cula=ons des
volumes, il devient le lieu d’expérimenta=ons plas=ques et spa=ales très originales.
!
A la fin des années 1520, François Ier abandonne les châteaux de la Loire pour se lancer dans de nouvelles
construc=ons en Ile‐de‐France. Le château de Fontainebleau, dont la concep=on d’ensemble est confiée à
Gilles Le Breton, appar=ent à cefe époque : contrairement à Chambord ou Blois, il réserve l’essen=el du
décor renaissant aux intérieurs, confiés à une équipe d’ar=stes italiens menés par Rosso FiorenGno et
Francesco PrimaGccio. Ceux‐ci sont à l’origine du développement de l’école de Fontainebleau, première
manifesta=on du maniérisme en Europe du Nord. C’est également Prima=ccio qui construira, pour
Catherine de Médicis, les bâ=ments de la Cour de la Fontaine, dans
les années 1560.
!
La fin du règne de François Ier cons=tue la période de maturité de la
Renaissance française. En 1545, Serlio, arrivé en France en 1541 et
nommé architecte royal, publie les livres I et II de son traité à Paris,
dans une traduc=on de Jean Mar=n. Parmi les quelques chan=ers
auxquels il par=cipe, celui d’Ancy‐le‐Franc est le plus significa=f, en
combinant l’usage des ordres et de rythmiques empruntées à
Bramante avec la volumétrie typique du château français. C’est
également Jean Mar=n qui réalise une traduc=on française de
Vitruve, dont les principes seront plus tard diffusés par la Reigle
généralle d’architecture (1564) de Jean Bullant, auteur de l’aile
Nord et du pavillon d’entrée du château d’Ecouen.
!
Philibert De l’Orme, La trompe d’Anet,
1547-1555, gravure extraite du Premier tome
de l’architecture, 1567.
Ces publica=ons amènent une meilleure compréhension des
principes fondamentaux de la Renaissance, qui sont dès lors mieux
assimilés par les architectes français. Néanmoins, loin de conduire à
une imita=on plus servile des formes italiennes, cefe assimila=on
va permefre à des architectes tels que Pierre Lescot ou Philibert
de l’Orme, qui succède à Serlio comme architecte royal, de
développer une approche pleinement originale.
!
De l’Orme, également auteur de deux traités (Nouvelles inven>ons pour bien bas>r et à pe>ts fraiz (1561)
et Le premier tome de l’architecture (1567)) est considéré comme l’architecte le plus important de la
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:34
Renaissance française. Un séjour à Rome, de 1533 à 1536, lui
assure une bonne connaissance des modèles romains. Nommé
« Commissaire ordonné et député par sa Majesté » par Henri
II en 1548, toutes les construc=ons royales, à l’excep=on du
Louvre, confié à Lescot, seront placées sous son autorité. Sa
réalisa=on la plus célèbre, le Château d’Anet, construit pour la
maîtresse du roi Diane de Poi=ers, n’est malheureusement
conservée que de manière fragmentaire. Sa célèbre
« trompe » témoigne de l’excellente connaissance qu’avait De
l’Orme des principes de la stéréotomie.
!
Nombreux sont les châteaux de la Renaissance aujourd’hui
détruits ou fondamentalement modifiés ; à ce =tre, Les Plus
Excellents Bas>ments de France, de Jacques Androuet Du
Cerceau (v.1515‐1585), publiés de 1576 à 1579 et comportant
gravures et descrip=ons, cons=tuent une source fondamentale
pour leur étude.
!
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!
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Jacques Androuet Du Cerceau, Vue perspective du
château de Verneuil, vers 1565, tirée des Plus
Excellents Bastiments de France.
:35
Chapitre IV : L’architecture civile baroque
!
!
!
!
!
!
1. IntroducGon
Si les 17e et 18e siècles sont par=culièrement produc=fs en Italie sur le plan de l’architecture religieuse dans
le contexte de la contre‐réforme, c’est en revanche la France qui est le théâtre des plus grands changements
en ma=ère d’architecture civile : devenue l’expression du pouvoir absolu du monarque, l’architecture
résiden=elle royale va servir de modèle à toutes les construc=ons de moindre envergure comme à toute
l’architecture de cour européenne.
!
Comme à la Renaissance, l’architecture
résiden=elle de l’époque baroque comprend d’une
part la résidence urbaine, et d’autre part la
résidence à la campagne. Un même propriétaire
possède souvent les deux types d’édifices. La
version urbaine sera très différente dans sa version
italienne, héri=ère du palazzo renaissant centré
sur une cour intérieure, et dans sa version
française, l’hôtel parGculier. En dehors des villes,
les résidences prennent la forme de villas (en Italie
surtout) et de châteaux (en France surtout).
!
Schémas d’un palais italien et d’un hôtel particulier français,
d’après Ch. Norberg-Schultz.
Le vocabulaire architectural qui compose les palais, hôtels, villas ou châteaux reste essen=ellement
classique : l’usage des ordres est à la base des composi=ons, mais les principes de propor=ons ou de
superposi=on purement vitruviens cèdent la place à des composiGons plus expressives et dynamiques,
qu’avait annoncé l’architecture maniériste (ordre colossal, dédoublement des supports,…). Comme pour
l’architecture religieuse, la mise en scène et la théâtralité caractérisent la spa=alité et l’allure des édifices
civils baroques romains comme français, même si le terme de « classicisme » est souvent employé pour
caractériser ces derniers, en raison d’une approche plus mesurée et norma=ve de cefe théâtralité.
!
Les 17e et 18e siècles voient également la réalisa=on d’ensembles urbains : alors qu’à Rome, le plan de Sixte
Quint met en scène les plus importants édifices religieux de la ville, ce sont les places royales qui
structurent le Paris baroque, dans le seul but de mefre en scène le pouvoir absolu des monarques
successifs régnant sur un état de plus en plus unifié et centralisé.
!
!
2.
!
2.1.
!
L’architecture civile baroque en Italie
Palazzi
La typologie du palazzo massif et fermé de la Renaissance persiste, tout en subissant une série de
modifica=ons.
!
L’organisa=on générale des étages reste la même : un rez‐de‐chaussée consacré aux services, un étage
noble abritant les pièces d’habita=on, dont le grand salon, un second étage composé des chambres, et
enfin une mezzanine ou un a{que où logent les domes=ques. Cefe différencia=on fonc=onnelle des étages
s’exprime par une straGficaGon horizontale plus ou moins accusée en façade, à laquelle est généralement
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:36
adjointe une concentraGon rythmique vers le centre similaire à celle que l’on trouve dans la plupart des
façades d’églises de la même époque.
!
Au niveau de la composi=on spa=ale, l’ensemble reste le plus souvent organisé autour d’une cour
intérieure. Cependant, le baroque introduit, dans la composi=on centripète renaissance, une axialité qui
relie le palais à l’espace environnant et introduit dans une composi=on sta=que, le mouvement en
profondeur par l’enchaînement séquenGel des espaces.
!
A Rome, le Bernin est l’un de ceux qui contribuent le plus à l’évolu=on du
palazzo, avec les palais Barberini, Montecitorio et Chigi‐Odescalchi; son
influence s’étendra même en France, à travers des projets non réalisés pour
l’aile est de la cour carrée du Louvre.
!
Borromini ne réalise pas à proprement parler d’architecture non religieuse.
Ses uniques œuvres se rapprochant de l’architecture civile sont des palais
ecclésiasGques, tel l’achèvement du Collège de la propaga=on de la Foi,
commencé par Le Bernin. Un projet non réalisé pour la reconstruc=on du
palazzo Carpegna témoigne d’une concep=on spa=ale originale basée sur
l’enchaînement d’espaces différenciés le long d’un axe longitudinal accusé.
!
L’apogée de l’évolu=on du palazzo du Seicento est incarnée par le palazzo
Carignano, édifié à Turin dans le dernier quart du siècle par Guarino Guarini,
et combinant une intégra=on spa=ale abou=e avec une l’usage de surfaces
mouvantes et un décor très original faisant usage de la brique locale.
!
Le 18e siècle n’apporte pas de nouveauté fondamentale aux développements
du siècle précédent. A Rome, le palazzo Doria témoigne d’une influence
directe du langage borrominien.
Francesco BORROMINI, Palazzo
Carpegna, plan, non réalisé,
1635-1650.
2.2.
!
Villas
!
!
!
!
Les villas des 17e et 18e siècles ne diffèrent pas fondamentalement des modèles de la Renaissance.
Associant corps de logis, bâ=ments annexes et jardins, elles poursuivent la tradi=on tout en y intégrant les
concepts baroques de théâtralité et de
mouvement. La construc=on de villas
gagne également des régions qui
ignoraient jusque là ce type de bâ=ment,
comme les environs de Lucques et surtout
la Sicile, devenue un lieu de villégiature
très prisé où se développe un langage
baroque par=culièrement exacerbé.
!
Bien qu’elle reste fidèle à sa propre
tradi=on, le Nord de l’Italie n’échappe pas
en=èrement, au début du 18e siècle, aux
influences étrangères : ainsi, la villa
pala=ale ou pavillon de chasse royal de
Stupinigi, construite par l’un des
principaux architectes de l’époque, Filippo
Juvarra (1678‐1736), combine‐t‐elle les
!
La villa Valguernera, Bagheria (Palerme), 1709-1739.
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:37
principes d’extension infinie hérités de Versailles avec une spa=alité interne rappelant le principe de double
enveloppe développé dans les églises contemporaines d’Europe centrale.
!
!
!
!
3.
L’architecture civile baroque en France
La France des 17e et 18e siècles s’illustre, sur le plan architectural, par le développement de trois éléments
essen=els : d’une part, le développement des places royales cons=tue l’une des premières tenta=ves de
créer de toute pièce des ensembles urbains. D’autre part, les développements du château se poursuivent,
pour abou=r, avec Versailles, à un résultat qui deviendra le modèle absolu à l’échelle européenne. Enfin,
une nouvelle typologie urbaine apparaît, adaptant les principes du château aux possibilités et besoins de la
ville, l’hôtel parGculier.
!
Le 17e siècle français est également marqué par la créa=on de l’Académie des Beaux‐arts (en 1671), dont le
rôle est l’élabora=on d’une doctrine globale de l’architecture. C’est dans ce cadre que vont être menés de
nombreux débats sur les rôles et mérites de l’architecture an=que, parmi lesquels la célèbre Querelle des
Classiques et des Modernes, où s’affronteront les visions de Claude Perrault (1613‐1688), traducteur de
Vitruve, et Nicolas‐François Blondel (1618‐1686). Alors que pour ce dernier, la créa=on doit se limiter à une
imita=on de l’An=quité, indépassable, les « modernes » prônent l’innova=on et affirment le talent des
ar=stes de leur temps.
!
3.1.
Paris et les Places royales
!
Les places royales, réalisées selon des
règles strictes et dans un but poliGque,
sont une inven=on française. Des=nées à
servir d’écrin aux statues des rois d’Henri
IV à Louis XV, elles comportent toutes trois
caractéris=ques en commun :
!
-
!
-
!
!
un programme qui impose les
matériaux, les niveaux, les toitures.
L’ensemble des façades de certaines
d’entre elles, comme les places des
Vosges, des Victoires, Vendôme et de
la Concorde, seront l’œuvre d’un seul
architecte, alors que le plan et
l’aménagement intérieur seront laissés
à l’apprécia=on des commanditaires ;
une situaGon hors des voies de
circulaGon : il ne s’agit pas, comme
dans le plan romain de Sixte Quint, de
créer des perspec=ves urbaines. Les Plan de Paris avec situation des Places royales
places royales sont des systèmes
indépendants et fermés, dont les accès depuis le =ssu urbain environnant sont volontairement
restreints et limités ;
une forme géométrique : triangle, carré, cercle ou rectangle.
La première des ces places, la Place des Vosges, est afribuée à Jacques Androuet Du Cerceau (v.
1520‐1585/6) et s’appelle ini=alement la Place Royale. De plan sommairement carré (108 m de côté), elle
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:38
est entourée de maisons en briques et pierres comportant des arcades au rez‐de‐chaussée, deux étages
égaux de quatre travées, et une grande toiture d’ardoises. Les combles sont percés de lucarnes et d’œils‐de‐
bœuf. Au centre des côtés Nord et Sud de la place figurent les pavillons de la Reine et du Roi, qui dominent
de leur hauteur l’ensemble de la composi=on. A l’origine, seule une rue accède, par un angle du carré, à la
place, les trois autres accès se faisant sous les por=ques. Bien que l’ensemble soit ini=ée sous Henri IV, c’est
une statue de Louis XIII qui y prend
place en 1639.
!
La Place Dauphine est réalisée à
l’ini=a=ve de Marie de Médicis pour
y installer une statue équestre
d’Henri IV (1589‐1610). Le site
choisi, situé à la pointe de l’île de la
Cité, impose la forme triangulaire
de l’ensemble, qui comporte
également une voca=on
commerciale. Contrairement aux
autres places, celle‐ci n’accueille pas
la statue du roi en son centre : situé
à la pointe du triangle, le monarque
regarde vers la place depuis le Pont
Neuf, dont la construc=on s’achève
Vue aérienne de la Place de la Concorde
en 1603 et qui cons=tue l’un des nouveaux axes de la capitale.
!
La Place des Victoires et la Place Vendôme sont toutes deux l’œuvre de l’un des plus grands architectes
français de l’époque, Jules Hardouin‐Mansart (1646‐1708), sous le règne de Louis XIV (r.1643‐1715). La
première, de plan circulaire, ne comporte à l’origine que trois accès. Les bâ=ments, dont le rez‐de‐chaussée
est percé d’arcades, voient leurs deux étages rassemblés par un ordre ionique colossal. La Place Vendôme,
anciennement Place Louis Le Grand, est quant à elle accessible par deux goulets qui l’isolent des grands
axes de circula=on. Le programme comporte au rez‐de‐chaussée des arcades en plein cintre surmontées de
mascarons, deux étages inégaux reliés par des pilastres corinthiens et une grande toiture à lucarnes. La
monotonie est évitée grâce aux avant‐corps à frontons triangulaires dessinant une légère saillie aux angles
et au milieu des cotés les plus longs de l’ensemble.
!
La tradi=on des Places royales se poursuit au 18e siècle avec l’actuelle Place de la Concorde, afribuée à
Jacques‐Ange Gabriel (1698‐1782) à la suite d’un concours sous le règne de Louis XV (r.1715‐1774). Située à
la lisière de la ville, la place est limitée par la Seine, les Tuileries, la ville et un fossé (aujourd’hui disparu)
derrière lequel s’étendent les Champs Elysées,
et assure la transi=on entre ces quatre
éléments. Le vocabulaire architectural des
édifices qui la bordent est déjà très nefement
néoclassique.
!
Bien que la plupart des places royales soient
situées à Paris, Nancy, alors capitale du Duché
de Lorraine, voit s’ériger sous le Grand‐Duc
Stanislas, beau‐père de Louis XV et ancien roi
de Pologne, un système de trois places à
ra p p r o c h e r d e s e xe m p l e s p a r i s i e n s .
L’ensemble, composé de la Place Royale (auj.
Place Stanislas), la Place de la Carrière et la
Place du Gouvernement, est construit à
l’emplacement des anciens remparts et a pour
!
Nancy, les Places Stanislas, de la Carrière et du Gouvernement.
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:39
rôle de liaisonner la ville nouvelle, hors‐les‐murs, à la ville ancienne. Le projet, dû à l’architecte Emmanuel
HERE (1705‐1763), est clairement inspiré de la Place de la Concorde en ce qui concerne l’architecture,
tandis que certains détails, telles les grilles dues à Jean LAMOUR (1698‐1771) sont parmi les meilleurs
exemples du rococo français.
!
!
3.2.
!
!
Les développements du château
Le château baroque poursuit l’évolu=on amorcée à la Renaissance sur
base du modèle médiéval. L’ensemble reste organisé autour d’une cour
et comporte, au départ quatre ailes. Une évolu=on tend néanmoins
vers l’ouverture de la cour (plan en U) et la mise en place d’un axe
longitudinal unissant ville ou monde extérieur, cour(s) (de service et
d’honneur), château et jardins. Cet axe se matérialise au niveau de
l’architecture par le développement d’un avant‐corps marquant le
centre du corps de logis, qui est mis en évidence par rapport aux ailes
latérales.
!
Salomon de Brosse (1570‐1614) est le premier à développer ces
nouvelles caractéris=ques : le Château de Coulommiers et le Palais du
Luxembourg à Paris, conservent un plan carré tradi=onnel tout en
comportant un axe marqué et une claire hiérarchisa=on des ailes. Au Salomon de Brosse, Plan du Château de
p a l a i s d u L u x e m b o u r g a p p a r a i s s e n t é g a l e m e n t d e u x Coulommiers, 1613 (démoli)
innova=ons supplémentaires: d’une part, la cour est scindée en deux
en=tés hiérarchisées, la cour d’honneur, entre les pavillons d’angle du corps de logis, et la cour de service,
entre les ailes latérales. D’autre part, les pavillons d’angle rompent avec la classique disposi=on en enfilade
(appartements simples) pour laisser place à des appartements doubles de quatre pièces. Le château de
Blérancourt présente le même type de disposi=on, mais les ailes latérales sont réduites à des pavillons
d’angle, délimitant une cour d’honneur peu profonde, tandis que la cour de service est marquée par une
simple délimita=on.
!
A par=r des années 1630, François Mansart (1598‐1666) reprend et développe les concep=ons amorcées
par Salomon de Brosse. Ses œuvres incarnent l’esprit du classicisme français, qui s’oppose au baroque
italien contemporain : concentra=on de la composi=on en éliminant les éléments superflus, clarté,
sub=lité, ornementa=on retenue et respect des règles classiques tout en s’autorisant une certaine
flexibilité. Sont néanmoins baroques les contrastes vigoureux de plans et de contours, l’échelle colossale
des bâ=ments et les perspec=ves à travers une variété d’espaces. Le château de Maisons est considéré
comme son chef‐d’œuvre : les ailes ne forment plus qu’une faible saillie sur le corps de logis ; la cour
d’honneur peu profonde est délimitée par deux pavillons bas tandis que la cour de service se limite à une
grande terrasse qu’encadrent des fossés secs. Le bâ=ment combine concentra=on et unité avec
individualisa=on des par=es ; cefe concentra=on n’induit cependant pas une composi=on sta=que : un
long axe relie le château à la ville et à la nature. Mansart est également l’auteur de l’aile Gaston d’Orléans
du Château de Blois: érigée face à l’aile Louis XII, elle comporte deux ailes saillantes reliées au corps
central par des colonnades courbes.
!
Le château de Raincy, œuvre de Louis Le Vau (1612‐1670), est contemporain de Maisons. Bien qu’il
conserve des pavillons d’angle délimitant la cour de service, il innove tant par son salon ovale traversant
qui marque l’intégra=on du château, de la cour et des jardins dans un ensemble con=nu que par l’usage,
en éléva=on, de l’ordre colossal simplifiant l’aspect des façades. Autre œuvre de Le Vau, le château de
Vaux‐le‐Vicomte, dessiné pour Nicolas Fouquet, Surintendant des finances de Louis XIV, témoigne du
grand talent de mefeur en scène de l’architecte : axe longitudinal renforcé, introduc=on d’axes
rayonnants, jeux de volumes animent la composi=on. Pour la première fois, la mise en place
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:40
d’appartements doubles concerne l’ensemble du
bâ=ment : dès l’entrée, un ves=bule permet de
dissocier les fonc=ons de récep=on (salon ovale,
chambre de parade) des fonc=ons d’habita=on
(chambre à coucher, cabinet, garde‐robe),
l’an=chambre servant de zone de transi=on entre
mondes public et privé. La collabora=on de Le Vau
avec Charles Le Brun (1619‐1690) pour les
intérieurs et André Le Nôtre (1613‐1700) pour les
jardins se poursuivra à Versailles.
!
En 1654, à la Mort de Lemercier, Le Vau est
nommé Premier Architecte du Roi. A ce =tre, il est
chargé de travaux au Palais du Louvre, mais
surtout du remodelage du Château de Versailles
sur base du pavillon de chasse de Louis XIII. Le
Versailles, Le pavillon de chasse de Louis XIII au début du 17e
siècle.
projet prévoit d’envelopper le pavillon, côté jardin,
d’une nouvelle façade. Au premier étage, les
appartements du Roi et de la Reine sont séparés par une terrasse créant un profond renfoncement. La
cour existante, en revanche, est rela=vement peu modifiée ; des ailes des=nées aux Ministres prolongent,
de part et d’autre de la cour d’honneur, les bâ=ments existants.
!
Le projet de Le Vau sera modifié après sa mort par Jules Hardouin‐Mansart (1646‐1708) : en remplaçant la
terrasse par la Galerie des Glaces, il unifie la façade côté jardin, lui conférant un côté répé==f prolongé
dans les ailes du Nord et du Midi qui portent l’ensemble à près de 400 mètres de long. Dès lors,
l’extension à l’infini devient le thème de Versailles ; le bâ=ment se réduit à une ossature répé==ve où de
grandes baies cintrées occupent la totalité de l’espace entre les pilastres qui la rythment. Les toitures
plates des nouvelles ailes renforcent cefe impression d’extension. Côté ville, l’ancien pavillon de chasse se
réduit à une sorte d’avant‐corps monumental.
!
Des projets contemporains d’Hardouin‐
Mansart, tels que le Château de Clagny,
construit pour Madame de Montespan, ou le
Grand Trianon, illustrent ce que l’architecte
aurait fait de Versailles s’il avait été libre de
toute contrainte. A Marly, retraite du roi
vendue à la Révolu=on, l’idée d’extension est
traduite de manière très originale par des
rangées de pe=ts pavillons des=nés aux
cour=sans, créant une con=nuité rythmique à
par=r du corps de logis servant de foyer.
!
Jules Hardouin-Mansart, Les châteaux de Versailles et de Clagny, et le
Grand Trianon.
Ainsi, si les œuvres de Hardouin‐Mansart peuvent sembler classiques sur le plan du vocabulaire
architectural (usage des ordres, caractère répé==f…), elles sont profondément baroques dans leur relaGon
avec l’environnement et la mise en place de systèmes infinis.
!
Ces systèmes architecturaux, étroitement liés à la poli=que du Roi‐Soleil, disparaissent avec lui. La fin de
son règne, la Régence (1715‐1723) et le règne de Louis XV (1715‐1774) n’apporteront pas d’innova=on
majeure en ce qui concerne la typologie des châteaux : abandonnant les no=ons d’extension et d’infini,
ceux‐ci redeviennent des systèmes fermés, unifiés par leur toiture et où les ailes sont le plus souvent
réduites à de simples ressauts. Dans le même ordre d’idée, le système d’ossature répé==ve laisse place à
des façades où la surface murale reprend de l’importance, percée de baies à linteau droit ou en arc
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
:41
surbaissé. Le Château de Champs, construit par Jean‐BapGste Bullet (1665‐1726) au début du 18e siècle,
est un bon exemple de cefe évolu=on.
!
3.3.
!
!
Le jardin baroque français
Le jardin occupe une place de choix dans la recherche de théâtralité
baroque : composante essen=elle de la mise en scène des châteaux,
il reprend les principes mis en place par la Renaissance italienne,
combinant géométrie et nature, et importés en France sous le règne
d’Henri IV (1589‐1610) et la régence de Marie de Médicis, qui voit
l’aménagement des jardins de Saint‐Germain‐en‐Laye.
!
Les jardins du château de Saint-Germain-enLaye
!
3.4.
!
!
C’est l’œuvre d’André Le Nôtre (1613‐1700), fils de jardinier qui
étudie l’architecture chez Mansart, qui illustre le mieux les principes
du jardin baroque français. Son premier projet important, les jardins
de Vaux‐le‐Vicomte, aménagés pour le Surintendant des finances
Nicolas Fouquet, voient la combinaison d’un axe principal
organisant une séquence hiérarchique et de vues secondaires,
ménagées par des ouvertures transversales. Faits de contrastes
entre vues ouvertes et fermées, ombre et lumière, surfaces de
textures diverses (eau, herbe, gravier), lignes ver=cales et
horizontales, fini et infini, les jardins de Le Nôtre cons=tuent le
complément parfait de l’architecture des châteaux de la seconde
moi=é du 17e siècle. Les principes mis en œuvre à Vaux‐le Vicomte
seront repris de manière grandiose à Versailles (dont les parcs et
jardins avoisinent les 1000 hectares !), mais aussi à Marly et au
Grand Trianon.
!
L’hôtel parGculier
Remontant à la Renaissance, où il s’illustre par quelques
exemples parmi lesquels le Grand Ferrare (démoli), construit à
Fontainebleau vers 1540 par Sebas=ano Serlio, fait figure de
précurseur, l’hôtel par=culier, ou hôtel‐entre‐cour‐et‐jardin, est
la version française du palais urbain et cons=tue une adaptaGon
aux condiGons urbaines des principes mis en œuvre dans les
châteaux. Contrairement à ceux‐ci, les hôtels par=culiers doivent
en effet s’adapter à des parcelles clairement limitées, parfois
irrégulières et induisant le plus souvent des construc=ons
mitoyennes. En outre, il est régulièrement impossible de placer
sur un axe con=nu cour de service, cour d’honneur, corps de
logis et jardin, d’où la nécessité de recourir à des astuces pour
conserver la monumentalité d’ensemble malgré une absence de
symétrie.
!
Contrairement au palazzo italien, l’hôtel par=culier ne se trouve
presque jamais directement en contact avec le monde extérieur.
Sauf excep=on en effet, la cour, qui est intérieure dans le cas du
palazzo, précède le corps de logis et est coupée de la vie urbaine
par une aile de service ou un simple mur de clôture percé d’un
!
Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
Salomon de BROSSE et Jacques LEMERCIER,
Hôtel de Liancourt, 1613-1623.
:42
portail d’entrée. La cour de service, qui précède la cour d’honneur dans le cas du château, est
régulièrement placée sur le côté et induit la dissymétrie de l’ensemble, que l’on tente dès lors de racheter
côté jardin. Dans certains cas, les deux cours fusionnent.
Le corps de logis peut comprendre trois types d’appartements. Les appartements de parade, situés au rez‐
de‐chaussée, accueillent les lieux de récep=on communs (an=chambre(s), salon(s), chambre de parade,
grand cabinet, et parfois salle à manger, galerie, salle d’assemblée,…). Les appartements de société sont
quant à eux réservés aux ac=vités communes du cercle familial ou des amis in=mes ; ils comprennent
an=chambre, salle de compagnie, bibliothèque, salle à manger et cabinet. Quant aux appartements
privés, ils sont des=nés aux affaires privées et domes=ques des principaux membres de la famille. Chacun
de ceux‐ci dispose ainsi d’une anGchambre (« salle d’afente »), d’une chambre (récep=on et coucher),
d’un cabinet (bureau) et d’une garde‐robe (qui sert aussi de « salle de bains »). Selon les moyens des
occupants, ces pièces de base peuvent se voir augmenter de locaux supplémentaires, comme un ou
plusieurs cabinet(s). Les différents types d’appartements évolueront de la version simple, où les pièces
s’organisent en enfilade, à la version double, qui permet plus de flexibilité.
!
Sur le plan des éléva=ons, l’architecture des hôtels par=culiers suit la même évolu=on que celle des
châteaux, passant d’un usage structurant des ordres an=ques (simples ou colossaux) à une façade‐
membrane animée ponctuellement de chaînages en bossages.
!
Nombre d’hôtels par=culiers s’illustrent également par leurs intérieurs où se développe une mode
nouvelle : appelée à l’époque « goût moderne », on la désignera par la suite par le terme de rococo.
Profondément an=‐architecturale, la mode rococo abandonne le vocabulaire an=que au profit
d’arabesques et de moGfs naturalistes effaçant les limites de l’espace. La décora=on, composée
d’éléments architecturaux (murs, plafonds, sols), texGles et meubles (mobilier et objets d’art), est basée
sur les concepts de confort et d’harmonie des formes et des couleurs. Les murs s’ornent de stucs et de
boiseries décorées de sculptures, peintures, miroirs ou tex=les, tandis que les plafonds sont parfois peints
en trompe‐l’œil et les sols ornés de mo=fs de marbre, terraco1a ou parquet. Dès la seconde moi=é du
siècle cependant, la cri=que de la superficialité du style par les cercles ar=s=ques liés à l’Académie mènera
au développement du néo‐classicisme, incarné par des architectes tels que Jacques‐Ange Gabriel ou
Jacques‐Germain Soufflot.
!
Comme à la Renaissance, les traités d’architecture jouent un rôle important dans la diffusion des
modèles ; parmi ceux‐ci, la Manière de bien bas>r pour toutes sortes de personnes de Pierre Le Muet
(1623), pour le 17e siècle, et la seconde édi=on du Cours complet d’architecture de Charles d’Avilers, pour
le 18e siècle, seront les plus influents.
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Vocabulaire
1. Architecture anGque
Agora :
Dans la cité grecque, place publique où avaient lieu les assemblées de citoyens.
Désigne le centre poli=que urbain (SG).
!
Apodyterium : Ves=aires, dans les thermes ou bains (SR).
!
Atrium :
!
Pièce principale de la maison romaine, dont le plafond est ouvert pour former le
compluvium, auquel correspond, au sol, le bassin de l’impluvium. Sur cefe salle
rectangulaire donnent plusieurs chambres (SR).
Atrium toscan :
!
Atrium tétrastyle :
!
Atrium corinthien :
!
Basilique :
!
Bouleuterion :
!
Caldarium :
!
Cavea :
!
Coena>o :
!
Comi>um :
!
Compluvium :
!
Cubiculum :
!
!
Atrium sans colonnes : son compluvium est une simple
trémie de la charpente du toit (P).
Atrium dont le toit est porté par quatre colonnes aux angles
du compluvium (P)
Atrium dont le toit est porté par une colonnade sur le
périmètre du compluvium. L’atrium corinthien est, en fait,
une cour à por=ques (P).
Dans l’architecture romaine, édifice servant de tribunal et de bourse de commerce,
de lieu de réunion où se règlent toutes les affaires privées. La basilique est
habituellement placée sur le forum (P)
Salle de réunion où siège le Conseil (ou Boulè) d’une cité grecque. Espace des=né
aux assemblées poli=ques (SG).
Salle des thermes, contenant la piscine chaude ; c’est l’étuve des installa=ons de
bains (SR).
Hémicycle concave du théâtre, où les spectateurs prenaient place sur les rangées
des gradins (SG).
désigne à l’origine une salle à manger familiale, puis une salle d’apparat, un salon
dans la villa ou le palais (SR).
lieu où s’assemblaient les comices (assemblée disposant du pouvoir législa=f), puis
assemblée du peuple romain se réunissant sur une place circulaire afenant au
forum romain (SR).
ouverture zénithale carré pra=quée dans la toiture de l’atrium qu’elle éclaire (SR).
chambre à coucher, généralement de pe=tes dimensions, dans la maison romaine
(SR).
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Cuneus :
!
Frigidarium :
!
Frons scaenae :
!
Diazôma :
!
Hypostyle :
!
Impluvium :
!
Insula :
!
Laconicum :
!
Macellum :
!
Megaron :
!
Mycénien :
!
Nata>o :
!
Orchestra :
!
Parodos :
!
Péristyle :
!
Proskénion :
!
Skénè :
!
Tablinum :
!
Tabularium :
!
Tepidarium :
!
Dans un théâtre an=que, division en forme de coin de la cavea, que délimitent des
escaliers rayonnants (SG).
Salle des bains froids, dans les thermes (SR).
désigne le mur de scène, la façade dressée face à la cavea, avec ses portes et ses
étages de colonnades (SR).
Promenoir en hémicycle partageant horizontalement la cavea d’un théâtre an=que
(SG).
désigne un espace dont la couverture est supportée par des rangées de colonnes ou
de piliers (SG).
bassin disposé au centre de l’atrium, qui recueille les eaux de pluie sous l’ouverture
du compluvium (SR).
Bloc ou îlot urbain, puis, par extension, maison de rapport romaine à plusieurs
étages d’appartements ou de locaux administra=fs et commerciaux (SR).
par=e du caldarium, dans les thermes, formant les bains de vapeur (SR).
marché à la viande, aux poissons, puis aux légumes (SR).
Salle principale du palais mycénien, comportant le foyer et le trône, que précèdent
un ves=bule et une cour intérieure (SG).
Qui relève de la civilisa=on ou de l’art des Achéens de Mycènes (1500‐1100 avant J.‐
C.) (SG)
piscine, généralement à ciel ouvert, dans les bains romains (SR).
Dans les théâtres grecs, zone circulaire située au pied des gradins, devant la scène
(SG).
Entrée latérale d’un théâtre grec, en bordure de l’orchestra (SG).
Cour ou jardin entrouvre de por=ques, placé en arrière de l’atrium et distribuant la
par=e de la maison réservée à la vie privée (P).
Désigne la scène, dans un théâtre an=que : c’est un plateau disposé entre le mur de
scène (frons scaenae) et l’orchestra (SG).
Correspond d’abord à la tente provisoire abritant les représenta=ons théâtrales,
puis s’iden=fie avec la scène, ou plateau disposé devant le mur de scène (SG).
Salle occupant le fond de l’atrium qu’elle sépare du péristyle. C’est un espace
intermédiaire de la maison romaine, que des cloisons de bois ou des rideaux
permefent d’aménager en lieu de récep=on (SR).
Dans l’architecture romaine, édifice contenant les archives publiques (P).
dans les thermes, salles =èdes précédant l’étuve ou caldarium (SR)
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!
Triclinum :
!
Velum :
!
!
!
!
!
Chemin de ronde :
!
Commander :
!
Corps de place :
!
Coussiège :
!
Créneau :
!
Donjon :
!
Enceinte :
!
Forteresse :
!
Fossé :
Hourd :
!
!
Toile de tente disposée au‐dessus des spectateurs, dans les théâtres ou les
amphithéâtres, pour les abriter des ardeurs du soleil (SR).
2. Architecture militaire
Château‐fort :
!
pièce de la maison romaine servant de salle à manger et comportant trois lits
disposés en fer‐à‐cheval autour d’une pe=te table. (SR)
Dans l’architecture médiévale, demeure seigneuriale for=fiée. Ne pas appeler
château‐fort un château présentant des éléments de for=fica=on décora=fs ou à
mission défensive limitée. Ne pas confondre le château‐fort avec la forteresse (P).
Coursière régnant intérieurement au somment d’une enceinte, défilée par
un parapet. Ne pas confondre le chemin de ronde avec le hourd ou le
mâchicoulis qui sont en avant de l’aplomb de l’enceinte (P).
Un ouvrage commande un autre ouvrage quand il le domine de façon à le surveiller,
le défendre et, au besoin, le bafre. Les ouvrages doivent se commander les uns les
autres depuis l’intérieur vers l’extérieur (P).
Enceinte principale d’une place (P).
Banc ménagé dans l’embrasure d’une fenêtre (P).
Entaille rectangulaire dans un parapet. Lorsque le parapet porte une toiture, le
créneau ressemble à une meurtrière dont le linteau serait formé par la sablière du
toit (P).
Tour principale d’une place. Elle se dis=ngue des autres tours par son volume. C’est
quelquefois une tour de flanquement du corps de place, mais elle est assez souvent
placée à l’intérieur du corps de place pour servir de réduit. (P)
Clôture con=nue enveloppant une place ou une par=e de place pour sa défense.
Une même place peut avoir plusieurs enceintes qui se commandent les unes les
autres : elles se comptent de l’extérieur vers l’intérieur (P).
Dans l’architecture médiévale, place forte dont la fonc=on est essen=ellement
militaire. Ne pas confondre la forteresse avec le château‐fort qui est un logis
seigneurial (P).
Obstacle cons=tué par une tranchée : son profil est donc sous le niveau du terrain
(P).
Coursière en bois formant surplomb en couronnement d’une cour=ne, d’une tour,
de l’ensemble d’une enceinte, pour bafre le pied de la muraille en =r fichant par
des ouvertures ménagées dans son sol. Le hourdage est un ensemble de hourds. Le
hourd est construit soit sur des corbeaux ou des consoles en pierre, soit sur des
pièces de bois engagées dans des trous prévus à cet effet dans la maçonnerie (P).
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Mâchicoulis :
Coursière en pierre ayant les mêmes formes, les mêmes emplacements et les
mêmes fonc=ons que le hourd. Au sens strict, le mâchicoulis n’est que l’ensemble
des parapets en surplomb et de la par=e du sol percée d’ouvertures pour le =r
fichant (P).
!
Mo\e :
!
Ouvrage d’entrée :
!
Parapet :
!
Place forte :
!
Poterne :
!
Réduit :
!
Rempart :
!
Tour :
!
!
!
!
Le parapet défile [c‐à‐d cache aux vues et aux coups de l’ennemi] les emplacements
de =r à ciel ouvert au sommet d’une enceinte, d’une tour, d’un rempart, sur un
chemin‐couvert. C’est un simple mur, souvent crénelé (P).
Pe=te porte dérobée, ouverte dans les endroits les moins apparents et les moins exposés,
notamment dans les fossés (P).
Ouvrage construit à l’intérieur d’un autre, où l’on peut se retrancher pour prolonger la
résistance. La citadelle sert de réduit à une ville for=fiée ; le donjon, à un château‐fort (P).
Enceinte formée par une levée de terre dont la poussée est souvent retenue par des bois
ou par un mur de soutènement (P).
Dans l’architecture militaire, les tours sont quelquefois ouvertes à la gorge, c’est‐à‐dire
qu’elles ne sont pas fermées du côté de l’intérieur, pour que, si l’ennemi s’en empare, il ne
puisse s’y retrancher. La no=on de tour retranchée s’oppose à celle de tour ouverte à la
gorge. La tour à bec est une tour cylindrique renforcée sur toute sa hauteur, face à l’ennemi,
par une sorte de redan (P).
3. Vocabulaire descripGf
!
A l’aplomb de :
!
Au droit de :
!
Au nu de :
!
Cantonné :
Couronner :
!
Ouvrage dans lequel est placée une porte : il est souvent formé de deux tours (P).
Tout espace entouré par des for=fica=ons et formant un ensemble indépendant :
ville, forteresse, etc. les for=fica=ons sont l’ensemble des ouvrages qui concourent à
la défense de la place (P).
A l’alignement de :
!
Eminence ar=ficielle créée pour servir de base à une place‐forte, à un donjon et
assurer son commandement sur la campagne (P).
se dit d’une par=e d’éléva=on construite sur la même ligne de plan qu’une autre
par=e placée latéralement (P).
se dit d’un élément dont l’axe ver=cal coïncide avec celui d’un autre élément. Porte
à l’aplomb d’une fenêtre (P).
se dit d’un élément dont l’axe en plan coïncide avec celui d’un autre élément.
Contreforts au droit des piliers (P).
Se dit d’une par=e d’éléva=on comprise dans le même plan qu’une autre par=e (P).
En plan, garni à tous les angles. Un clocher carré cantonné de clochetons a nécessairement
quatre clochetons. Ne pas u=liser cantonné pour garni à certains angles (P).
Former le faîte horizontal ou le sommet pyramidé d’une éléva=on ou d’une par=e
d’éléva=on (P).
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!
En retour :
!
!
Flanqué de :
!
Ordonnance :
!
Passant :
!
Régner :
!
!
!
!
!
!
BâGment :
!
!
Demeure :
!
Edifice :
!
Pavillon :
Rotonde :
!
!
!
En plan, garni sur tous les côtés ou sur un seul côté nommément désigné (P).
Par= d’éléva=on caractérisé par une composi=on rythmée. Le rythme est décrit
conven=onnellement par une formule dans laquelle les temps sont représentés par
les lefres a, b, c, d etc. Le rythme binaire est décrit par la formule a, b, a, b etc., le
rythme ternaire, par la formule a, b, a, a, b, a, etc (P).
Se dit d’un élément à axe ver=cal traversant un élément à axe horizontal au lieu de s’arrêter
en‐dessous ou au‐dessus de celui‐ci. La fenêtre passante interrompt un bandeau, une
corniche (P).
s’étendre dans toute la longueur d’une éléva=on ou dans la plus grande par=e de celle‐ci
selon un tracé horizontal. Frise régnant sur une façade (P).
4. Types de construcGons
Aile :
!
Se dit d’un élément ou d’une par=e formant, en plan, un angle avec un autre élément ou
une autre par=e (P).
Corps de bâ=ment construit à l’extrémité d’un corps de bâ=ment principal, soit sur le même
alignement, soit en retour (P).
Construc=on d’un seul tenant mefant à couvert un espace habitable : un même édifice
peut comprendre plusieurs bâ=ments qui se dis=nguent les uns des autres par des solu=ons
de con=nuité (P).
Corps de bâGment :
par=e d’un bâ=ment présentant une certaine autonomie. La
division d’un bâ=ment en corps de bâ=ment est marquée par
l’interrup=on, le changement de niveau, la rupture d’alignement du
faîte du toit ou de l’axe longitudinal (P).
Edifice d’habita=on formé d’un logis, souvent accompagné de communs et de dépendances.
Suivant ses dimensions, sa localisa=on, la qualité ou l’ac=vité de ses habitants, la demeure
peut porter des noms différents : palais, hôtel, château, manoir, etc. Le mot maison désigne
une demeure sans qualifica=on secondaire connue (P).
Construc=on ou groupe de construc=ons affectées à une même des=na=on, comprises dans
un même programme ou appartenant à la même personne, à la même collec=vité (fontaine
publique, hôtel par=culier, immeuble, palais, abbaye, etc) (P).
Bâ=ment ou corps de bâ=ment caractérisé par un plan sensiblement carré. (…) Ne pas
confondre le pavillon avec la tour carrée dont le développement en hauteur par rapport au
plan est plus important (P).
Bâ=ment ou corps de bâ=ment de plan centré, circulaire, ovale ou polygonal, montant de
fond, et souvent couvert d’un dôme (P).
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!
!
5. Divisions des construcGons
Comble :
!
!
Entresol :
!
Etage :
!
!
!
Par=e de l’espace intérieur, comprise sous les versants du toit et séparée des par=es
inférieures par un plancher ou une voûte. Le comble peut comprendre un ou plusieurs
étages. Les étages de comble se comptent de bas en haut, séparément des étages‐carrés
(P).
Comble à surcroît :
Etage entresolé situé entre le rez‐de‐chaussée et le premier étage. (…) L’entresol n’est pas
compris dans le décompte des étages‐carrés (P).
Espace habitable délimité à l’intérieur d’un bâ=ment par des divisions horizontales,
planchers ou voûtes. (…) L’étage est un espace habitable, c’est‐à‐dire qu’il a au moins la
hauteur d’un homme debout et qu’il reçoit de la lumière. Ne pas confondre l’étage qui est
une division de structure avec le niveau qui est une division de la composi=on d’une
éléva=on (P).
Etage‐carré :
étage compris entre le rez‐de‐chaussée ou l’entresol et le comble ou la
terrasse de couverture. Dans le décompte des étages, le mot étage a
toujours le sens restreint d’étage‐carré. C’est ainsi que le premier étage d’un
bâ=ment est l’étage placé au‐dessus du rez‐de‐chaussée ou de l’entresol. De
même, le bâ;ment à un étage est un bâ=ment formé d’un rez‐de‐chaussée,
d’un étage‐carré, éventuellement d’un entresol et de plusieurs étages en
sous‐sol ou dans le comble (P).
Demi‐étage :
Etage dont la hauteur est très sensiblement inférieure à celle de l’étage qui
se trouve en dessous. L’étage entresolé est un demi‐étage formé ou
paraissant formé par le recoupement d’un étage plus grand : son plancher
est établi de manière à traverser les fenêtres qui n’éclairent l’étage
entresolé que par leur par=e haute (P).
Etage de soubassement :
!
Etage‐noble :
!
Etage‐apque :
!
Comble dont le sol est au‐dessous du faîte des murs‐goufereaux. Le
surcroît est la par=e des murs‐goufereaux construite au‐dessus de
ce sol. Le surcroît peut être en retraite par rapport au reste de
l’éléva=on : le chéneau est alors établi sur cefe retraite (P).
Etage servant à racheter une dénivella=on et portant un rez‐
de‐chaussée surélevé. Il est enterré, comme un sous‐sol, sur
une face et en=èrement dégagé, comme un rez‐de‐
chaussée, sur la face opposée. (…) Ne pas confondre l’étage
de soubassement et le niveau de soubassement (P).
Etage‐carré renfermant les principales pièces de la distribu=on ou
l’appartement principal. Sa hauteur sous plafond est généralement plus
grande que celle des autres étages ; mais sa des=na=on par=culière peut
n’être indiquée que par la composi=on des éléva=ons (balcon, etc.). C’est
habituellement un premier étage (P).
Demi‐étage‐carré dont la face forme couronnement d’une
éléva=on : ce par= d’éléva=on se reconnaît en général au fait que le
niveau de l’étage‐a{que est séparé des niveaux inférieurs par un
important corps horizontal (frise, cordon, etc.) ou par une corniche
plus importante que celle qui couronne l’étage‐a{que lui‐même ;
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quelquefois au fait que l’étage‐a{que est décoré d’un ordre‐
a{que. Ne pas confondre l’étage‐a{que avec l’a{que qui n’est
qu’un décor ; avec un demi‐étage carré placé sous la corniche du
couronnement général ; avec un étage de comble éclairé par une
lucarne‐a{que (P).
!
Rez‐de‐chaussée :
!
Sous‐sol :
!
Terrasse :
!
!
!
Etage souterrain ou par=ellement souterrain. Les sous‐sols se comptent de haut en bas (P).
Terre‐plein d’une levée de terre mefant de niveau un terrain en pente, généralement
maintenu par un mur de soutènement et bordée par un garde‐corps (P).
6. Types de pièces et d’espaces
!
AnGchambre :
!
Appartement :
!
Cabinet :
!
Chambre :
!
Colonnade :
!
Communs :
!
Couloir :
!
Cour :
!
!
Etage placé au ras du sol. Cependant, on nomme rez‐de‐chaussée surélevé un étage
placé au‐dessus d’un étage de soubassement (et qui, de ce fait, n’est au ras du sol
que sur une face) ou au‐dessus d’un sous‐sol par=ellement dégagé pour prendre
jour en façade. Le rez‐de‐chaussée n’est pas compris dans le décompte des étages‐
carrés (P).
Dans l’architecture classique et moderne, pièce commandant une ou plusieurs
autres pièces, assurant les communica=ons de ces pièces entre elles ou avec un
ves=bule. L’an=chambre a presque toujours une fonc=on secondaire ou
occasionnelle de pièce de récep=on ou de service (P).
Ensemble de pièces de récep=on et d’habita=on et éventuellement de quelques
pièces de service, qui forment un logement d’une famille ou d’une personne. Un
même logis peut contenir plusieurs appartements (P).
Dans l’architecture classique et moderne, pe=te pièce de travail conçue pour que l’on puisse
s’y isoler. Au XVIIIe siècle, le boudoir est un cabinet pour dames (P).
Dans l’architecture privée, c’est la pièce d’habita=on par excellence, sans fonc=on plus
précise : elle con=nent habituellement un lit de parade ou de repos, qui peut être logé dans
une niche spéciale, l’alcôve. La chambre de parement (architecture médiévale) ou de parade
(architecture classique) est la principale des chambres avec lit : elle est à la fois pièce
d’habita=on et pièce de récep=on. La chambre à coucher est une pièce avec lit de repos (P).
File de colonnes et leur couvrement : la colonnade est formée de travées ou d’arcades (…).
Ne pas confondre la colonnade avec le por=que qui est une galerie et n’est pas
nécessairement bordé par une colonnade. (…) L’entrecolonnement est l’espace libre
séparant deux colonnes d’une colonnade (P).
Par=e de la demeure dans laquelle sont regroupées les pièces de service. (…) Ne pas
confondre les communs avec les dépendances (P).
Passage long et étroit assurant la communica=on entre plusieurs pièces (P).
Terrain délimité par des bâ=ments ou des corps de bâ=ment (P).
Cour‐anglaise :
Fossé revêtu et à fond plat, placé au pied d’un bâ=ment et formant
dégagement devant son sous‐sol qui donne par des portes et prend
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jour par des fenêtres sur cefe espèce de cour étroite et enterrée
(P).
!
Dépendance :
!
Galerie :
!
Loggia :
!
Logis :
!
Pièce :
!
!
Porche :
!
Salle :
!
!
Tribune :
!
VesGbule :
Pièce à l’étage, ouverte sur l’extérieur : ses baies n’ont pas de menuiserie. (…) Ne pas
confondre la loggia avec la tribune qui s’ouvre sur l’intérieur ; avec le balcon et la terrasse
qui ne sont pas couverts ; avec l’oriel qui est fermé (P).
Par=e de la demeure contenant le ou les appartements. Ne parler de corps de logis que
lorsque les appartements sont groupés dans un seul corps de bâ=ment. Certains édifices
d’architecture publique, religieuse ou militaire con=ennent un logis (P).
Espace habitable délimité, dans un étage, par les divisions des murs et des cloisons (P).
[Dans l’architecture privée] Dans la distribu=on d’une demeure, on peut généralement
dis=nguer des pièces de récep=on, des pièces d’habita=on et des pièces de service ; les
pièces de distribu=on, qui complètent cet ensemble, ne sont pas propres à l’architecture
privée (P).
Pièces alignées entre deux murs. Lorsqu’elles communiquent entre
elles sans couloir, leurs portes placées sur le même axe sont
appelées portes d’enfilade. L’enfilade est une suite de ces pièces
alignées (P).
Pièce ou galerie devant l’entrée d’un bâ=ment formant habituellement avant‐corps bas
(ayant sa couverture propre) devant la façade du bâ=ment qu’il commande (P).
Grande pièce. Dans l’architecture médiévale, la salle, sans autre qualifica=on, est la grande
pièce où l’on se réunit, où l’on mange, où l’on donne des fêtes (P).
Pièce ou galerie placée à l’étage, s’ouvrant sur l’intérieur d’un vaisseau ou cons=tuant par
elle‐même un demi‐étage s’ouvrant sur l’intérieur d’une pièce (P).
Pièce ou galerie d’entrée assurant la communica=on entre l’extérieur et les autres pièces ou
vaisseaux (P).
7. ElévaGon
Avancée :
!
Espace habitable plus long que large, délimité dans un étage par les divisions des murs, des
cloisons, des alignements de supports ver=caux, et ayant une fonc=on de passage. (…) Ne
pas confondre la galerie avec la coursière ou le couloir, qui sont des passages étroits ; avec
le vaisseau, qui s’élève sur la hauteur de plusieurs étages (P).
Pièces d’enfilade :
!
!
!
!
!
Par=e d’une demeure des=née soit au service du jardin, soit à l’exercice d’une
ac=vité agricole, ar=sanale, industrielle ou commerciale. (…) Ne pas confondre les
dépendances avec les communs qui servent directement la fonc=on d’habita=on.
L’écurie d’un hôtel par=culier fait par=e des communs ; l’écurie d’une ferme, des
dépendances (P).
Par=e ver=cale d’une éléva=on portée en avant de l’alignement principal par des ressauts
(P).
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!
Avant‐corps : Eléva=on par=culière d’un corps de bâ=ment en avancée par rapport aux éléva=ons des
corps de bâ=ments con=gus (P).
!
Balcon :
!
Balustrade :
!
!
Chaîne :
!
Etroite plate‐forme à garde‐corps, en surplomb devant une ou plusieurs baies (P).
Clôture ou garde‐corps formé par une file de balustres posés sur un massif con=nu, le socle,
et portant un couronnement con=nu, l’appui. Les balustres sont généralement doublés ou
remplacés à intervalle régulier par un muret, le dé. (…) Ne pas appeler balustrade une
clôture ou un garde‐corps sans balustre (P).
Balustre :
Appareillage ver=cal des=né au renforcement d’un mur. Ce pilier est souvent cons=tué d’un
autre matériau que celui du reste du mur : par exemple des pierres dans un mur de briques
ou des pierres dures dans une maçonnerie (MM).
Chaîne d’angle :
!
Echaugue\e :
!
Fenêtre :
!
Baie ou groupement de baies dans un plan ver=cal, muni d’une fermeture vitrée et donnant
du jour à l’intérieur d’un bâ=ment. Ne pas appeler fenêtre une baie sans fermeture vitrée
(P).
Porte‐fenêtre :
Croisée :
!
Harpage :
!
Jour :
!
Loge\e :
!
Chaîne située à l’angle d’une construc=on pour consolider la
jonc=on de deux murs. Les matériaux sont souvent alors appareillés
en harpage (MM).
Pe=t ouvrage en surplomb, de plan massé, contenant une pe=te pièce. Ne pas
confondre l’échauguefe avec la tourelle et l’oriel qui ont plusieurs étages, avec la
logefe dont le plan n’est pas massé, avec la bretèche dont le sol est percé pour le
=r plongeant (P).
!
Garde‐corps :
Pe=t support ver=cal en répé==on dans une balustrade (…). Son plan est
généralement circulaire (…) (P).
!
Fenêtre s’ouvrant jusqu’au sol et donnant passage. Ne pas
confondre la porte‐fenêtre, dont la menuiserie est celle d’une
fenêtre, avec la porte à vantail vitré (P).
Fenêtre divisée en croix par un meneau ou un montant et un
croisillon (P).
Ouvrage à hauteur d’appui formant protec=on devant un vide. Certains garde‐corps
décora=fs, sans fonc=on précise, ne rappellent un ouvrage de protec=on que par
leur dimension, leur forme et leur place dans la composi=on. (…) Ne donner le nom
de balustrade qu’aux garde‐corps à balustres (P).
Ce terme désigne en maçonnerie la disposi=on alternée des éléments d’angle d’un mur, ou
celle pra=quée à l’extrémité d’un mur lorsque celui‐ci est des=né à être prolongé afin de
faciliter la jonc=on (MM).
Pe=te baie, généralement sans fermeture, donnant de la lumière ou ayant un rôle décora=f
(P).
Pe=t ouvrage en surplomb, de plan allongé et à un seul étage. Ne pas confondre la logefe
avec l’oriel qui a plusieurs étages, avec l’échauguefe dont le plan est massé, avec la
bretèche, dont le sol est percé pour le =r plongeant (P).
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!
Mur‐gou\ereau :
!
Niveau :
!
Oculus :
!
Oriel :
!
PeGt‐bois :
!
Piédroit :
!
Podium :
!
Porte :
!
Par=e horizontale d’une éléva=on définie par une baie ou par une rangée de baies réelles
ou feintes, notamment des niches. (…) Le niveau est, en général, la par=e d’une éléva=on
correspondant à un étage ; mais la répar==on des niveaux d’une éléva=on n’est pas
nécessairement le reflet fidèle des divisions intérieures par étage (P).
Jour dont le tracé est un cercle, un ovale ou un polygone tendant cers le cercle ménagé
dans un mur ou un couvrement (P).
Ouvrage à claire‐voie formant avant‐corps sur la hauteur de plusieurs étages et renfermant
de pe=tes pièces. L’oriel est généralement en surplomb (…) (P).
Pe=t élément en bois subdivisant un châssis vitré et portant une vitre (P).
Montant portant le couvrement de la baie (P).
Haut soubassement avec un ou plusieurs degrés d’accès (P).
Baie de communica=on, fermée par des vantaux. La porte se dis=ngue des autres baies
formant communica=on, comme certaines arcades, par sa fonc=on précise dans la
distribu=on (P).
Renfoncement :
!
Soubassement :
!
Tourelle :
!
Travée :
!
Trumeau :
Mur extérieur sous les gou{ères ou les chéneaux d’un versant de toit, long‐pan ou
croupe (P).
Par=e ver=cale d’une éléva=on portée en arrière de l’alignement principal par des
ressauts (P).
Par=e massive d’un bâ=ment, construite au sol et ayant pour fonc=on réelle ou
apparente de surélever les par=es supérieures (P).
Tour peu développée en plan et qui, de ce fait, n’a pas l’importance d’un corps de bâ=ment :
la tourelle a le plan massé et l’élancement de la tour ; elle se développe sur la hauteur de
plusieurs étages ou même sur toute la hauteur du bâ=ment dont elle fait par=e. (…) La
tourelle renferme un escalier ou plusieurs étages de pe=tes pièces. Ne pas confondre la
tourelle avec l’échauguefe et la logefe qui n’ont qu’un étage. La tourelle à claire‐voie à
plusieurs étages se nomme oriel (P).
Au sens propre, ouverture délimitée par deux supports ver=caux. (…) Au sens large,
superposi=on d’ouvertures réelles ou feintes, placées sur le même axe ver=cal, ou par=e
ver=cale d’éléva=on délimitée par les supports ver=caux des ouvertures du premier niveau
et par leurs prolongements sur les par=es hautes de cefe éléva=on (P).
Pan de mur entre deux embrasures au même niveau. Ne pas appeler trumeau le pilier
central qui sépare deux baies jumelées ou divise une porte à deux vantaux (P).
!
!
8. Forme, accessoires et consGtuGon du toit
!
!
AppenGs :
Toit à un seul versant dont le faîte s’appuie sur ou contre un mur (P).
!
Avant‐toit :
!
Par=e du versant s’étendant au‐delà de l’aplomb des murs‐goufereaux (P).
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!
Belvédère :
!
Couverture :
!
!
Croupe :
!
Egout :
!
Lanterneau :
!
Lanternon :
!
Long‐pan :
!
Lucarne :
!
Pe=t abri couvert, placé au faîte d’un toit. Le belvédère se dis=ngue du lanternon et du
lanterneau par le fait qu’il est toujours accessible et forme une pe=te pièce où l’on peut se
tenir (P).
Ouvrage couvrant extérieurement une construc=on ou un espace devant une construc=on.
Ne pas confondre la couverture avec le couvrement [Organe ou ouvrage limitant par le haut
un entrecolonnement, une baie, une pièce, un vaisseau, etc.] (P).
Couverture en terrasse :
Pe=t versant réunissant à leurs extrémités les longs‐pans de certains toits allongés. (…) La
demi‐croupe est une croupe qui ne descend pas aussi bas que les longs‐pans ; en d’autres
termes, c’est un pignon dont le sommet est remplacé par une pe=te croupe (P).
Par=e inférieure d’un versant. L’égout ne se dis=ngue habituellement du reste du versant
que quand il est retroussé, c’est‐à‐dire quand le versant est brisé de manière que la pente
de l’égout soit moins forte que la pente générale (P).
Pe=te construc=on basse, généralement de plan carré ou rectangulaire, percée de fenêtres
et placée au faîte d’un toit. Le lanterneau sert habituellement à donner de la lumière aux
par=es sous le toit. Il se dis=ngue du lanternon par son volume écrasé (P).
Pe=te construc=on de plan centré en forme de lanterne, percée de fenêtres et placée au
faîte d’un toit. Le lanternon se dis=ngue du lanterneau par son volume élancé. Le lanternon
sert souvent à donner de la lumière aux par=es sous le toit (P).
Versant principal d’un toit allongé. Le toit allongé a deux longs‐pans (P).
Ouvrage construit sur un toit et permefant d’éclairer le comble par une ou plusieurs
fenêtres, c’est‐à‐dire des baies placées dans un plan ver=cal et leur encadrement (P).
Lucarne‐apque :
!
Lucarne‐pignon :
!
Lucarne sur le versant :
!
Œil‐de‐bœuf :
!
Lucarne retroussée :
!
Lucarne rampante :
!
!
Couverture horizontale d’un bâ=ment (…). La terrasse est
généralement bordée par un garde‐corps (P).
Grande‐lucarne dont le devant rectangulaire évoque la forme d’un
a{que. Ne pas confondre la lucarne‐a{que, qui est un ouvrage
dans le comble, avec l’étage‐a{que, qui ‘est pas dans le comble.
Lucarne en façade dont le devant triangulaire évoque un pignon.
Lucarne posée sur le cours d’un versant. Le chien‐assis est
une lucarne en charpente sur le versant, dont la face
ver=cale est triangulaire.
Lucarne dont la fenêtre est circulaire ou ovale.
Lucarne couverte par un appen=s incliné dans le sens
inverse de celui du toit.
Lucarne couverte par un appen=s incliné dans le même sens
que le versant du toit.
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Rive :
Limite d’un versant couvrant les rampants d’un pignon (P).
Toit plat :
Toit à pente très douce, caché par les par=es hautes des murs. Ce toit, qui est dit plat, n’est
donc, à proprement parler, qu’apla=. Ne pas appeler toit plat, un toit à pente douce restant
apparent. Ne pas confondre le toit plat avec la couverture en terrasse (P).
!
!
Toit brisé :
!
!
!
Toit présentant deux pentes différentes sur le même versant, séparées par une arête
saillante, la ligne de brisis. (…) Ne pas confondre le toit brisé avec le toit à égout retroussé,
qui présente une arête rentrante horizontale (P).
Terrasson :
Brisis : Par=e inférieure en pente raide d’un versant de toit brisé (P).
Toit à deux versants :
!
Toit en bâGère :
Toit en pavillon :
!
Versant :
9. Décor
!
Bandeau :
Bossage :
!
!
!
Toit à quatre versants non galbés couvrant un corps de bâ=ment carré ou
sensiblement carré. Ses quatre versants forment à leur sommet une pointe
ou un faîtage très court (P).
Pan incliné d’un toit. La pente est l’angle aigu formé par le plan du versant avec le plan
horizontal. La pente est raide, lorsqu’elle est supérieure à 45° ; douce, lorsqu’elle est
inférieure. La noue est l’arête rentrante formée par la rencontre des versants de deux toits
(P).
AmorGssement :
!
Toit à deux longs‐pans terminé à ses extrémités par des pignons ou des
croupes. Plus spécialement, cefe expression désigne un toit terminé par
des pignons par opposi=on au toit à croupes (P).
Toit à deux versants et à pignons découverts, couvrant un corps de plan
massé, notamment une tour (P).
!
!
!
!
!
Par=e supérieure en pente douce d’un versant de toit brisé (P).
Elément décora=f placé au sommet d’une éléva=on ou d’une par=e d’éléva=on et
marquant par son volume la terminaison de la ligne ver=cale de composi=on qui
passe par son axe. Cefe ligne n’est quelquefois matérialisée que par
l’amor=ssement ; mais l’amor=ssement est souvent placé à l’aplomb ou au sommet
d’un membre ver=cal qu’il surmonte ou qu’il couronne (P).
Moulure pleine à sec=on rectangulaire dont la largeur est nefement supérieure à la saillie.
(…) Ne pas confondre le bandeau qui n’est caractérisé que par son profil avec le cordon, qui
n’est caractérisé que par son tracé horizontal (P).
Saillie d’un élément sur le nu de la maçonnerie. (…) Les bossages sont provisoires et
correspondent à un bloc épannelé en afente de son décor sculpté (…) ou défini=fs et
produisent un effet décora=f (P).
Bossage rusGque :
!
Bossage dont le parement n’est qu’ébauché, c’est‐à‐dire non dressé
(P).
Bossage en pointe‐de‐diamant :
Bossage dont le parement est taillé en pyramide (P).
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Cordon :
!
Corniche :
!
Fronton :
!
Lambris :
!
Refend :
Moulure ou corps de moulures horizontal, sans fonc=on par=culière, régnant dans une
par=e quelconque d’une composi=on (P).
Couronnement allongé d’un entablement, d’un piédestal, d’une éléva=on, d’un morceau
d’éléva=on, etc., formé de moulures en surplomb les unes sur les autres. (…) Ne pas appeler
corniche les larmiers isolés et les cordons régnant sur une façade : à la différence de la
corniche, le cordon n’est pas formé de moulures en surplomb les unes sur les autres (P).
Couronnement pyramidé à tympan et cadre mouluré. Le tympan peut être plus ou moins
ajouré ou ne s’étendre que sur une par=e de la surface définie par le cadre, mais il n’y a pas
de fronton sans tympan (P).
Revêtement de bois (P).
Canal taillé dans la pierre accusant ou simulant le tracé des joints d’un appareil. (…) Les
parements dans lesquels les joints sont accusés par des refends sont dits à bossage (P).
!
!
Les abrévia=ons en fin de défini=on indiquent la source employée :
!
MM :
!
Alix BROCHEN, Florence GERVAIS, Jean PLOQUIN, Les mots de la maison. Vocabulaire français,
anglais, allemand de l’acquisi;on, de la construc;on et de la restaura;on, sl, Eyrolles, 1995.
P:
Jean‐Marie PEROUSE de MONTCLOS, Architecture. Méthode et Vocabulaire. Principes d’analyse
scien;fique, Paris, Edi=ons du patrimoine, 2002. Nous renvoyons à cet ouvrage pur des illustra=ons.
SG :
Henri STIERLIN, Grèce. De Mycènes au Parthénon, Cologne, Taschen, 2001.
SR :
Henri STIERLIN, Empire romain. Volume I. Des Etrusques au déclin de l’Empire, Cologne, Taschen,
1996.
!
!
!
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!
!
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Bibliographie (pour le texte et les illustraGons)
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« Encyclopaedia Universalis »), paris, Albin Michel, 1999.
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BARTOLINI SALIMBENI (Lorenzo), BOZZONI (Corrado), CARBONARA (Giovanni) et alii, Lineamen; di storia
dell’archite1ura per i corsi di storia dell’archite1ura, Rome‐Assise, Beniamino Carucci Editore, 1978.
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BIERMANN (Veronica), GRÖNERT (Alexander), JOBST (Christoph) et alii, Théorie de l’architecture de la
Renaissance à nos jours. 117 traités présentés dans 89 études, Cologne, Taschen, 2003.
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BROCHEN (Alix), GERVAIS (Florence), PLOQUIN (Jean), Les mots de la maison. Vocabulaire français, anglais,
allemand de l’acquisi;on, de la construc;on et de la restaura;on, sl, Eyrolles, 1995.
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BUSSAGLI (Marco), Qu’est‐ce que l’architecture ? Une histoire de l’architecture, Paris, Gründ, 2005.
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CALLEBAT (Louis) (dir. de), Histoire de l’architecte, Paris, Flammarion, 1998.
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DENIZEAU (Gérard), Histoire visuelle des monuments de France, Paris, Larousse, 2003.
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DUBY (Georges) (dir. de), Atlas historique. L’histoire du monde en 334 cartes, Paris, Larousse, 1995.
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française du Moyen Age à la Renaissance (IVe siècle – début XVIe siècle), Paris, Edi=ons Mengès – Caisse
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GAUTHIER (Joseph), Graphique d’histoire de l’art, Paris, Plon, 1911.
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GYMPEL (Jan), Histoire de l’architecture de l’an;quité à nos jours, Cologne, Könemann, 1997.
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NUTTGENS (Patrick), Histoire de l’architecture, Londres, Phaidon Press, 2002.
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OUDIN (Bernard), Dic;onnaire des architectes, nouv. éd. rev. et augm., Paris, Seghers, 1994.
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SUTTON (Ian), L’architecture occidentale de la Grèce an;que à nos jours (Coll. : « L’univers de l’art »), Paris,
Thames & Hudson, 2001.
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TARICAT (Jean), Histoires d’architecture, Marseille, Parenthèses, 2003.
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TURNER (J.) (éd.), The Dic;onary of Art, Londres, Macmillan Publishers Limited, 1996.
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WATKIN (David), Histoire de l’architecture occidentale, Cologne, Könemann, 2001.
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PEROUSE de MONTCLOS (Jean‐Marie), Architecture. Méthode et Vocabulaire. Principes d’analyse
scien;fique, Paris, Edi=ons du patrimoine, 2002.
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1.
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2. Bibliographie par chapitre
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HELLMANN (Marie‐Chris=ne), L’architecture grecque. 1. les principes de la construc;on (Coll. : «
manuels d’art et d’archéologie an=ques »), Paris, Picard, 2002.
Les
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Liège, Mardaga, 1996.
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STIERLIN (H.), Grèce. De Mycènes au Parthénon, Cologne, Taschen, 2001.
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ID., Empire romain. Volume I. Des Etrusques au déclin de l’Empire, Cologne, Taschen, 1996.
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BARRAL i ALTET (Xavier), Le monde roman. Villes, cathédrales et monastères, Cologne, Taschen, 1998.
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BECKWITH (John), L’art du Haut Moyen Age. Carolingien – O1onien – Roman (Coll. : « L’univers de l’art », n
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Librairie Générale française, 1993.
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CAMILLE (Michel), Le monde gothique (Coll. : « Tout l’art contexte »), Paris, Flammarion, 1996.
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Université de Liège – Faculté d’architecture – ARCH0221
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