Academia.eduAcademia.edu

Jean Bingen

Necrology of Jean Bingen (1920-2012), Belgian epigraphist and papyrologist whose work focuses on Egypt during Hellenistic and Roman times.

NÉCROLOGIE – OVERLIJDENSBERICHT Jean Bingen (26/iii/1920 – 6/ii/2012) N é le 26 mars 1920 à anvers, jean bingen est décédé le 6 février 2012 à Woluwé-Saint-Lambert. Il était l’un des plus anciens membres de la Société dans laquelle il avait été admis en 1950, pour en devenir membre titulaire en 1954. Professeur ordinaire à l’Université libre de Bruxelles et à la Vrije Universiteit Brussel, Jean Bingen eut une carrière exceptionnelle comme philologue, épigraphiste et papyrologue principalement. Aimant prendre le contrepied des idées reçues et témoignant d’un esprit de finesse redouté, il aura multiplié les publications dans ses champs de prédilection, à commencer par celui de l’Égypte ptolémaïque et romaine. Il laisse une œuvre forte et multiple, moins monumentale peut-être que celle de la grande Claire Préaux à qui il a succédé, mais ni moins ample ni moins subtile. Ce grand historien de l’Antiquité gréco-romaine, membre de l’Académie royale de Belgique dont il dirigea un temps la Classe des Lettres, ainsi que de l’Institut de France comme associé étranger de l’Académie des Inscriptions et BellesLettres, exerça aussi de lourdes et importantes responsabilités administratives : recteur-adjoint de l’Université libre de Bruxelles en 1967-1968, doyen de sa faculté de Philosophie et Lettres (1970-1973), il était depuis 1963 le directeur de la Fondation égyptologique Reine Elisabeth tandis qu’il dirigea longtemps le Comité des Fouilles Belges en Grèce (1963-1992). Il occupa aussi de hautes fonctions internationales ayant été secrétaire général du Conseil International de Philosophie et des Sciences Humaines auprès de l’unesco, fonction dans laquelle lui succéda Jean d’Ormesson, et secrétaire (1961-1992) puis président d’honneur de l’Association internationale des Papyrologues. À quoi s’ajoutent ses activités comme archéologue de terrain : Alba Fucens (1949-1952) en Italie, Argos et ﬈orikos (1963-1986) en Grèce et le Mons Claudianus en Égypte sur les rives de la Mer Rouge, dont il dirigea les fouilles de 1987 à 1993, ainsi que de nombreuses responsabilités éditoriales (notamment comme membre depuis 1976 du comité scientifique du Supplementum Epigraphicum Graecum, le seg). Il se trouve que ce parcours remarquable tout entier tourné vers l’Antiquité classique eût pu s’écrire autrement si, dans ses jeunes années, il ne s’était pas retrouvé à la croisée des chemins. Victor Tourneur avait repéré ce talent insigne et l’avait orienté au lendemain de la Seconde Guerre vers les médailles de nos régions au xviie s., plus particulièrement vers la grande famille de graveurs anversois dont était aussi natif Jean Bingen, les Roettiers. Il en est résulté une monographie qui fait encore aujourd’hui autorité : Les Roettiers. Graveurs en médaille des Pays-Bas méridionaux, Bruxelles, 1950 (187 p. et 10 pl.). L’humeur changeante de Victor Tourneur et l’incomparable aura de Claire Préaux lui fit ensuite abandonner cette voie à laquelle il avait pourtant pris goût ainsi qu’en témoignent les nombreuses interventions qu’il fit à l’époque au sein de notre Société (Philippe-Louis Roettiers, graveur général de 1719 à 1732, 13 mai 1950 [voir rbn 1951, p. 211] ; l’atelier anversois de Philippe Roettiers l’orfèvre, 16 juil. 1950 [rbn 1951, p. 213] ; Jacques 392 overlijdensberichten – nécrologies Roettiers et les émissions monétaires de 1749 aux Pays-Bas autrichiens, 5 mai 1951 [rbn 1951, p. 218] ; voir aussi la notice « Le graveur Jacques Nilis (xviiie siècle) », rbn 1950, p. 196-197). Son intérêt pour les monnaies, désormais les monnaies antiques, allait perdurer après ce changement de cap. Il continua d’assister à nos réunions durant lesquelles il fit régulièrement part de ses lueurs (monnaies romaines d’anniversaire, 1 déc. 1951 [rbn 1952, p. 163-164] ; le trépied de Crotone, 6 mars 1955 [rbn 1955, p. 185186] ; l’Édit du maximum et la circulation monétaire sous Dioclétien, 26 mai 1956 [rbn 1956, p. 211] ; monnaies bourgeoises d’Argos, 3 mars 1957 [rbn 1957, p. 179] ; la construction du revers dans les médailles de Pisanello, 7-8 juin 1958 [rbn 1959, p. 227-228] ; monnaies grecques au type d’Hermès, 15 mars 1959 [rbn 1959, p. 232] ; numismatique et épigraphie thasiennes, 13 mars 1960 [rbn 1960, p. 356]). Une circonstance heureuse, la découverte en 1969 d’un trésor de monnaies athéniennes dans les fouilles de ﬈orikos, sera l’occasion de sa part d’une étude minutieuse du style et des liaisons de coins. En particulier, il forgea alors pour tout un groupe de tétradrachmes du ive s. une classification à laquelle tous se réfèrent depuis : le fameux « style en pi () », par analogie avec la forme de la palmette qui décore le casque d’Athéna. Ce motif de palmette en pi sert aujourd’hui de logo à l’École belge d’Athènes. Jean Bingen s’était empressé tout récemment encore de répondre à notre appel en actualisant sa pensée sur ce point pour le catalogue d’une exposition à Athènes (J. Bingen, ﬈e monetary hoard « ﬈orikos 1969 » (igch 134), in P. Iossif, All that glitters… ﬈e Belgian Contribution to Greek Numismatics, Athènes, 2010, p. 62-67 – voir aussi la communication donnée à la Société le 16 fév. 1985 : Le trésor de tétradrachmes de ﬈orikos et le problème des liaisons de coins [rbn 1985, p. 254-255]). Jean Bingen n’est plus ; c’est un esprit fort et fin qui s’en est allé, à la curiosité large et malicieuse. Il avait ainsi le 24 juin 1962 donné une conférence sur le denier carolingien de bingiac(o) par laquelle il démontrait que l’attribution par Prou de ce denier à la ville de Binche était irréaliste et qu’il valait bien mieux le donner à la bonne cité de … Bingen près de Mayence (voir rbn 1963, p. 224). À son épouse, Marthe Bingen-Willendyck avec laquelle il aura formé un couple particulièrement uni, et à ses trois enfants, nous présentons ici nos vives condoléances. François de Callataÿ