Progrès en Urologie (2010), Suppl. 4, S255–S274
Volume 18 - Septembre 2008 - Numéro 5
Progrès en
Urologie
Journal de l’Association Française d’Urologie,
ISSN 1761- 676X
de l’Association des Urologues du Québec, et de la Société Belge d’Urologie
RECOMMANDATIONS 2010 EN ONCO-UROLOGIE
Recommandations en Onco-Urologie 2010 :
Tumeurs urothéliales
C. Pfister*, M. Roupret, H. Wallerand, J.-L. Davin1,
H. Quintens, L. Guy, N. Houede, S. Bernardini, S. Larré,
C. Mazerolles, C. Roy, D. Amsellem, F. Saint, J. Irani1,
M. Soulié
1Membres
experts du Comité Vessie.
Classification TNM 2010
M Métastases à distance
Tumeurs de la vessie
..
.
Mx Métastases non évaluable
M0 Absence de métastase à distance
M1 Métastase (s) à distance
T Tumeur primitive
..
..
..
.
.
Tx Tumeur primitive non évaluable
T0 Tumeur primitive non retrouvée
Ta Carcinome papillaire non invasif
Tis Carcinome in situ « plan »
T1 Tumeur envahissant le chorion
T2 Tumeur envahissant la musculeuse
– T2a Tumeur envahissant le muscle superficiel (moitié
interne)
– T2b Tumeur envahissant le muscle profond (moitié
externe)
T3 Tumeur envahissant le tissu péri-vésical
– T3a Envahissement microscopique
– T3b Envahissement extra-vésical macroscopique
T4 Tumeur envahissant une structure péri-vésicale
– T4a Prostate, vagin ou utérus
– T4b Paroi pelvienne ou abdominale
N Ganglions lymphatiques régionaux
..
..
..
Nx Ganglions non évaluables
N0 Absence de métastase ganglionnaire régionale
N1 Métastase ganglionnaire unique < 2 cm
N2 Métastase ganglionnaire unique > 2 cm et < 5 cm
ou métastases ganglionnaires multiples < 5 cm
N3 Métastase(s) ganglionnaire(s) > 5 cm
*Auteur correspondant.
Adresse e-mail :
[email protected] (C. Pfister).
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Tumeurs des voies excrétrices supérieures
T Tumeur primitive
..
..
..
.
.
.
Tx Tumeur primitive non évaluable
T0 Tumeur primitive non retrouvée
Ta Carcinome papillaire non invasif
Tis Carcinome in situ
T1 Tumeur envahissant le chorion
T2 Tumeur envahissant la musculeuse
T3 Bassinet et calices : tumeur dépassant la musculeuse
envahissant la graisse péri-pyélique ou le parenchyme
rénal
Uretère : tumeur dépassant la musculeuse et envahissant
la graisse péri-urétérale
T4 Tumeur envahissant les organes de voisinage ou la
graisse péri-rénale à travers le rein
N Ganglions lymphatiques régionaux
..
..
Nx Ganglions non évaluables
N0 Absence de métastase ganglionnaire régionale
N1 Métastase ganglionnaire unique < 2 cm
N2 Métastase ganglionnaire unique > 2 cm et < 5 cm ou
métastases ganglionnaires multiples < 5 cm
S256
.
C. Pfister et al.
N3 Métastase(s) ganglionnaire(s) > 5 cm
avec une incidence de 1 à 2 cas pour 100 000 habitants et
par an [1, 3].
M Métastases à distance
..
.
Mx Métastase(s) non évaluable
M0 Absence de métastase à distance
M1 Métastase(s) à distance
IMPORTANT
L’appellation « tumeur superficielle » (TVS) est remplacée par « tumeur n’infiltrant pas le muscle vésical »
(TVNIM).
L’appellation « tumeur invasive » est remplacée par
« tumeur infiltrant le muscle vésical » (TVIM).
Introduction
Un carcinome vésical est diagnostiqué ou traité dans le
monde chez 2,7 millions de personnes chaque année et dans
la majorité des cas les tumeurs urothéliales apparaissent
après 60 ans [1, 2]. En France, cette pathologie occupe la
7e place, tous cancers confondus (INVSS 2008) et constitue
le second cancer urologique après celui de la prostate. Le
carcinome vésical est responsable de 3 % des décès par cancer, son incidence est en augmentation d’environ 1 % par
an, mais sa mortalité spécifique semble diminuer chez
l’homme [3].
Il est aujourd’hui fortement recommandé d’utiliser la
dénomination TVNIM pour les tumeurs sans infiltration du
muscle vésical et TVIM en cas d’infiltration tumorale du
détrusor [4] (Tableau 1).
Tableau 1. Classification des tumeurs de la vessie.
Stade T
Description
Dénomination
pTa
Tumeur papillaire de grade
variable sans infiltration du
chorion
TVNIM1
pTis
Tumeur plane de haut grade
sans infiltration du chorion
pT1
Tumeur papillaire de grade
variable avec infiltration du
chorion mais sans infiltration
du muscle
pT2
Tumeur qui infiltre au moins
le muscle
TVIM2
1TVNIM
2TVIM
: Tumeurs de la vessie sans infiltration du muscle.
: Tumeurs de la vessie avec infiltration musculaire.
Lors du diagnostic initial, 75 à 85 % des tumeurs sont des
TVNIM : 60 à 70 % des lésions récidiveront la première année
et 10 à 20 % progresseront vers des tumeurs invasives et/ou
métastatiques. La prévention des TVNIM repose sur la lutte
contre les principaux facteurs de risque que sont le
tabagisme et l’exposition professionnelle (carcinogènes
chimiques).
À l’opposé, les tumeurs de la voie excrétrice urinaire
supérieure (TVEUS) sont des tumeurs beaucoup plus rares,
Diagnostic et bilan d’extension
des tumeurs urothéliales
Tumeurs de la vessie
Diagnostic précoce et symptômes
Signes cliniques
L’hématurie macroscopique, souvent terminale, constitue
le signe clinique le plus fréquent. Des signes d’irritation
vésicale (pollakiurie, miction impérieuse, brûlure urinaire) sont observés dans 20 % des cas. En l’absence
d’infection urinaire, ces symptômes doivent faire suspecter l’existence d’un carcinome in situ vésical (Niveau de
preuve 4) [1].
Examen clinique
Les touchers pelviens permettent d’apprécier le blindage
pelvien en cas de TVIM (Niveau de preuve 4).
Indication du dépistage individuel
L’hématurie peut être microscopique et décelée
simplement par la recherche à la bandelette urinaire
(Hémastix®). Un diagnostic précoce peut-être envisagé en
cas d’intoxication tabagique ou d’exposition professionnelle avec des carcinogènes chimiques (Niveau de
preuve 3) [1].
Marqueurs tumoraux
De nombreux tests urinaires à visée diagnostique ont été
décrits avec deux objectifs :
d’une part, dépister une TVNIM asymptomatique dans
une population à risque ;
d’autre part, simplifier les modalités de surveillance des
TVNIM en réduisant les indications de la cystoscopie.
Les recommandations de l’International Consensus Panel
on Cytology and Bladder Tumor Markers suggèrent d’associer la cytologie urinaire à ces différents tests afin d’en
améliorer la sensibilité. Cependant, aucun test urinaire ne
se dégage à ce jour pour une utilisation en pratique clinique
(Niveau de preuve 2) [1, 2].
.
.
Examens para-cliniques à visée diagnostique
Cytologie urinaire
La cytologie urinaire (Niveau de preuve 2) [1] :
détecte les cellules tumorales de haut grade avec une
très grande spécificité ;
mais présente une faible sensibilité pour les tumeurs de
bas grade ;
.
.
Tumeurs urothéliales
S257
son interprétation reste très dépendante du médecin qui
la réalise.
Une cytologie urinaire positive peut indiquer la présence
d’une tumeur n’importe où dans la voie excrétrice urinaire
[3]. La technique de FISH augmente la sensibilité de la cytologie en mettant en évidence des anomalies cytogénétiques
spécifiques intéressantes dans les cas difficiles ou pour le
dépistage des TVES [4].
La cytologie demeure avec la cystoscopie un des examens
de référence pour la détection et la surveillance des TVNIM,
notamment de haut grade.
.
Examens d’imagerie
Échographie : l’échographie
(Niveau de preuve 3) [1] :
.
par
voie
sus-pubienne
– sensibilité de 61 % à 84 % pour les tumeurs de type
polypoïde > à 5 mm ;
– diagnostic différentiel : présence de caillots (mobiles,
pas de vascularisation Doppler, fragmentables par
pression de la sonde) ;
– indication voie endorectale : patient obèse et vessie vide ;
– une échographie négative ne permet pas d’éviter la
cystoscopie ;
.
Examen tomodensitométrique : la TDM est habituellement
réservée au bilan d’extension, en particulier pour les TVIM.
Pour éliminer une lésion associée du haut appareil urinaire,
l’uro-scanner est aujourd’hui l’examen de référence (en
hyperdiurèse avec temps excrétoire) et remplace donc l’UIV.
Endoscopie diagnostique
Le diagnostic des tumeurs de la vessie dépend principalement de l’examen endoscopique et de l’examen histologique de la totalité de la lésion réséquée.
Lorsque le patient est adressé avec une échographie évoquant fortement une tumeur vésicale, l’étape de la cystoscopie diagnostique avant la résection endoscopique est
optionnelle. Elle est réalisée habituellement par fibroscopie sous anesthésie locale.
La fibroscopie précise le nombre, la taille, la topographie, l’aspect de la tumeur et de la muqueuse vésicale
(Niveau de preuve 3) [5].
Résection trans-urétrale de la vessie
La résection dans les TVNIM doit être si possible complète
et profonde (présence de trousseaux musculaires).
La cartographie des lésions est essentielle. Elle précise le
nombre de tumeurs, leur topographie par rapport à
l’urèthre prostatique et aux orifices urétéraux, leur taille
et leur aspect (pédiculé ou sessile) [5].
Les biopsies randomisées de la muqueuse ne sont plus
réalisées en routine. Elles sont indiquées sur les zones anormales évoquant un carcinome in situ [1]. L’utilisation de la
fluorescence (acide hexamino-levulinate en instillation)
lors de la RTUV améliore significativement le diagnostic du
carcinome in situ (Niveau de preuve 2) et la qualité de la
résection avec un impact possible sur la récidive tumorale
(Niveau de preuve 3) [6].
Examens para-cliniques du bilan d’extension
Examen tomodensitométrique
En cas de TVNIM, le bilan d’extension par TDM n’est pas systématique, mais d’autant plus justifié que le grade est
élevé ou que la tumeur est volumineuse puisqu’il existe un
risque de sous-stadification [1].
En cas de TVIM, la TDM est l’examen de référence pour le
bilan d’extension, qui permet :
l’évaluation du retentissement sur le haut appareil urinaire ;
d’apprécier l’envahissement des organes de voisinage et
de la graisse péri-vésicale ;
la recherche d’adénopathies et/ou de métastases (les premiers sites métastatiques étant les ganglions et le poumon).
Le diagnostic d’infiltration de la graisse péri-vésicale ou
péri-lésionnelle a une sensibilité de 89 % et une spécificité
de 95 %, avant la résection. En revanche, lorsque la TDM est
réalisée après la RTUV, il existe une surestimation de
l’extension à cause de remaniements inflammatoires de la
graisse péri-vésicale (Niveau de preuve 3) [1,7].
La TDM ne détecte qu’un envahissement massif dans la
prostate ou les vésicules séminales, mais permet d’apprécier un éventuel envahissement des structures digestives et
l’existence de métastases viscérales (hépatiques et pulmonaires). La recherche de localisations cérébrales est indiquée devant des manifestations cliniques.
.
.
.
LES PRINCIPALES INDICATIONS DE L’UTILISATION
DE LA FLUORESCENCE VÉSICALE SONT :
-
Lésions vésicales multifocales
Diamètre tumoral > 3 cm
Récidive tumorale précoce
Cytologie de haut grade
Surveillance de lésions à haut risque (T1 G3 et CIS)
IRM
En pratique, l’IRM pelvienne n’est utile que lorsque l’on
suspecte une extension aux organes de voisinage (stade
pT3b) avec une fiabilité diagnostique du de 94 % [1]. L’IRM
permet également le diagnostic d’envahissement de la
paroi pelvienne avec lyse osseuse.
PET FDG-CT
Il n’existe pas actuellement de données suffisantes dans
le bilan des tumeurs urothéliales.
Évaluation de l’extension ganglionnaire
Le critère diagnostique d’adénopathie métastatique pelvienne est identique en TDM et en IRM, basé uniquement sur
la taille (8 mm de plus petit axe).
Pas de différence significative entre la TDM et l’IRM
avec une sensibilité globale de 36 % et une spécificité
entre 80 et 97 %. La TDM hélicoïdale conventionnelle reste
la méthode la plus couramment utilisée et la plus facilement accessible pour détecter une adénomégalie (Niveau
de preuve 3) [1].
Recherche de métastases osseuses
La scintigraphie osseuse n’est pas indiquée de façon systématique dans les TVIM, mais reste l’examen de première intention en cas de point d’appel clinique. Les
foyers suspectés seront contrôlés par radiologie conventionnelle ou au mieux par TDM. Une ponction biopsie guidée sous TDM est à envisager en dernier recours si le
doute persiste.
S258
C. Pfister et al.
Diagnostic anatomo-pathologique
Le diagnostic de TVNIM impose l’examen de la totalité des
copeaux de résection. Le grade cellulaire et le stade tumoral restent les deux critères fondamentaux dans la prise en
charge ultérieure. La référence actuelle pour le grading des
tumeurs urothéliales est la classification OMS 2004 [1].
Celle-ci majore la proportion de carcinomes de haut grade
par rapport à la classification OMS 73 :
En pratique, la classification OMS 2004 (Niveau de
preuve 3) :
paraît plus en adéquation avec les marqueurs tumoraux
vésicaux.
présente une meilleure reproductibilité que la classification OMS 73.
décrit de façon exhaustive les différents « variants » des
tumeurs urothéliales infiltrantes. Ces contingents
variants pouvant modifier la prise en charge diagnostique
et thérapeutique [8].
L’évaluation du stade tumoral (TNM 2009) sera également réalisée sur le matériel de résection, mais avec quelques réserves :
ne permet pas de statuer sur la profondeur de l’infiltration du muscle, c’est-à-dire de séparer les T2a des T2b
(donnée obtenue uniquement lors de l’analyse de la
pièce de cystectomie) ;
la résection ne permet pas d’aller au-delà du stade « T2
au moins ». En effet, la présence d’îlots de tissu adipeux
ne signifie pas que la séreuse soit infiltrée, car du tissu
adipeux est présent au sein de la musculeuse et du
chorion ;
permet de sous-stadifier l’infiltration du chorion en T1a
(chorion superficiel) et T1b (chorion profond), dont la
valeur pronostique est démontrée [1, 9] ;
la présence d’emboles vasculaires ne modifie pas le
stade, mais doit être précisée car sa valeur pronostique
est reconnue [10].
.
.
.
.
EN PRATIQUE, LES EXAMENS RECOMMANDÉS
POUR LE DIAGNOSTIC D’UNE TVNIM SONT :
Cytologie urinaire :
– Cystoscopie avec cartographie des lésions associée à
une résection endoscopique et précédée d’un ECBU
– Évaluation du haut-appareil par Uro-TDM en cas de
TVNIM volumineuse, ou multifocale, ou de haut grade
cellulaire
(Recommandation de grade B)
EN PRATIQUE, LES EXAMENS RECOMMANDÉS
POUR LE DIAGNOSTIC D’UNE TVIM SONT :
Cytologie urinaire :
– Cystoscopie avec cartographie des lésions associée à
une résection endoscopique et précédée d’un ECBU UroTDM systématique
– Bilan d’extension avec TDM thoracique
(Recommandation de grade B)
péri-orificielle [1]. Il est important de noter que les recommandations diagnostiques proposées pour les TVEUS reposent essentiellement sur l’analyse de séries rétrospectives
(Niveau de preuve 3).
Bilan initial
.
.
.
Tumeurs des voies excretrices superieures
Les TVEUS sont découvertes, soit devant des signes cliniques, soit lors du bilan des tumeurs de la vessie [11]. Dans
un tiers des cas, les TVEUS sont multifocales et bilatérales
dans 2 à 8 % des cas. Moins de 10 % des TVEUS ont une lésion
vésicale synchrone, la zone de prédilection étant la région
OMS 1973
OMS 2004
Carcinome G1
Tumeur de faible potentiel de malignité
Carcinome de bas grade
Carcinome G2
Carcinome de bas grade
Carcinome de haut grade
Carcinome G3
Carcinome de haut grade
Les TVNIM sont divisées en bas et haut grades dans la nouvelle classiication
Cytologie urinaire
Une cytologie urinaire de haut grade est très évocatrice de
TVES, lorsque la cystoscopie est normale. Elle est moins
sensible même pour les lésions de haut grade que dans la
vessie. La recherche d’anomalies moléculaires par technique
de FISH est prometteuse avec une sensibilité de 80 % sans
altération de la spécificité [12].
Uro-TDM
Il constitue l’examen de référence pour l’exploration de la
voie excrétrice supérieure et remplace désormais l’urographie intraveineuse (Niveaux de preuve 2) [13,14].
Mais sa définition est stricte et correspond à une acquisition au temps excréteur :
protocoles multiples allant de deux à quatre acquisitions
spiralées au moins millimétriques avant et après injection de produit de contraste ;
reformations 2D multiplanaires en phase excrétrice pour
le haut appareil urinaire et la vessie essentielles ;
injection préalable d’un diurétique à faible dose indispensable pour détecter une petite lésion dans les cavités
pyélocalicielles et mieux voir l’uretère ;
taux d’irradiation initialement élevé, mais nettement
réduit sur les appareils récents équipés des systèmes de
modulation de la dose adaptée à chaque patient.
Le taux de détection est satisfaisant lorsque l’on utilise
ce type d’imagerie : sensibilité de 96 % et spécificité de
99 % pour une lésion polypoïde entre 5 et 10 mm. En
revanche, la sensibilité chute à 89 % pour une lésion polypoïde < 5 mm et 40 % pour une lésion polypoïde < 3 mm
[13, 14]. La principale difficulté demeure les lésions planes indétectables, en dehors d’une infiltration massive ou
simulant une urétérite.
.
.
.
.
IRM de la voie urinaire supérieure
La réalisation de l’IRM est indiquée en cas de CI à l’examen
TDM : taux de détection de 75 % avec injection de contraste
Tumeurs urothéliales
S259
d’un processus tumoral < 2 cm [15]. L’IRM injectée reste
contre-indiquée en cas d’insuffisance rénale sévère
(< 30 ml/min de clearance créatinine) du fait du risque de
fibrose néphrogénique. L’IRM sans injection est alors moins
contributive.
Urétéroscopie diagnostique
L’urétéroscopie s’intègre dans une meilleure approche du
diagnostic positif et différentiel [16]. En effet, l’utilisation
d’un urétéroscope souple permet :
d’explorer macroscopiquement l’uretère et l’ensemble
des cavités rénales dans près de 95 % des cas [17] ;
d’apprécier l’état de la paroi où s’implante la tumeur ;
d’effectuer un diagnostic visuel macroscopique ;
d’y associer un prélèvement histologique de la lésion
(biopsies contributives pour déterminer le grade tumoral
dans 90 % des cas avec un taux de faux négatifs de l’ordre
de 5 %) [18] ;
de rechercher de cellules anormales au cours d’une cytologie urinaire in situ.
L’urétéroscopie (souple ou rigide) est particulièrement
utile lorsqu’il existe un doute diagnostique ou lorsqu’un
traitement conservateur est envisagé. Son indication doit
.
..
.
.
donc être systématiquement discutée dans le bilan préopératoire d’une TVEUS (Niveau de preuve 4).
EN PRATIQUE, LE BILAN SUIVANT EST RECOMMANDÉ
EN CAS DE TVEUS :
Cytologie urinaire, idéalement in situ
Uro-TDM (acquisition au temps excréteur)
Urétéroscopie avec prélevements biopsiques
Cystoscopie pour éliminer une lésion vésicale synchrone
(Recommandation de grade B)
Traitement des tumeurs Tis/Ta/T1
En utilisant six principaux paramètres clinico-pathologiques
(grade, stade, taille de la tumeur, taux antérieur de récidive,
présence de CIS concomitant et nombre de tumeurs), il est
possible de calculer la probabilité de récidive et de progression d’une TVNIM selon les tableaux de risque élaborés par
l’EORTC, European Organisation for Research and Treatment
of Cancer) (www.eortc.be/tools/bladdercalculator) [1].
Ainsi, il est classique de différencier en fonction du risque de récidive et de progression.
TUMEUR UROTHÉLIALE
DE LA VOIE EXCRETRICE URINAIRE SUPÉRIEURE
ALGORITHME DÉCISIONEL
BILAN DIAGNOSTIQUE :
CYTOLOGIE URINAIRE IN SITU, URO-TDM, CYSTOSCOPIE,
URÉTÉROSCOPIE AVEC BIOPSIES
Chirurgie
segmentaire
• Tumeur unifocale
• Diamètre < 1 cm
• Tumeur de bas grade
• Absence infiltration au TDM
Traitement de référence
Chirurgie radicale d’exérèse
Traitement conservateur
NEPHROURÉTÉRECTOMIE
Urétéroscopie
souple/rigide
SURVEILLANCE RAPPROCHÉE
Abord
percutané
RÉCIDIVE
S260
Risque faible
C. Pfister et al.
Ta unique, bas grade ou
LMP* (grade 1) et diamètre
< 3 cm
et absence de récidive
tumorale
Risque intermédiaire
- Ta bas grade ou LMP
(OMS 73) multifocal et/ou
récidivante
- T1 bas grade (grade 1-2)
Risque élevé
- Ta haut grade (grade 2/3
et 3)
- T1 haut grade (grade
2/3 et 3) ou T1 récidivante
- CIS (carcinome in situ)
*LMP : Low Malignancy Potential (tumeur à faible potentiel de
malignité)
Différents traitements
Traitement initial : résection trans-urétrale
de la vessie
Au-delà de son intérêt diagnostique et pronostique, la RTUV
(résection trans-urétrale de la vessie), aussi complète que
possible, constitue le premier temps du traitement. En cas de
tumeur de stade T1 de grade élevé, de tumeur volumineuse
et/ou multifocale ou de résection incomplète, une réévaluation endoscopique et histologique dans un délai de 4 à
6 semaines permet une stadification plus précise, améliore la
sélection (et donc la réponse) des patients au traitement
endo-vésical, réduit la fréquence des récidives et pourrait
retarder la progression de la tumeur (Niveau de preuve 2)
[2].
Traitement adjuvant : instillations endovésicales
En complément de la RTUV, un traitement par instillations
endovésicales peut être nécessaire selon le risque de récidive et de progression, soit par chimiothérapie (Mitomycine C
– MMC), soit par immunothérapie (Bacille Calmette Guérin –
BCG).
Instillation post-opératoire précoce de mitomycine C
Après la RTUV, une instillation post-opératoire précoce
(IPOP) de Mitomycine C est recommandée, en respectant systématiquement ses contre-indications (l’hématurie et la perforation vésicale) (Niveau de preuve 2) [3]. Elle est réalisée
si possible dans les 6 premières heures ou, au plus tard, dans
les 24 heures qui suivent la RTUV (Niveau de preuve 2).
L’IPOP après RTUV diminuerait le risque de récidive tumorale
de 12 à 39 %, que la lésion soit uni- ou multi-focale [3].
Mitomycine C (chimiothérapie)
L’efficacité de la MMC dépend de son mode d’utilisation. Il
est recommandé de prévoir :
une réduction de la diurèse 8 heures avant l’instillation ;
une alcalinisation des urines par du bicarbonate de sodium.
Le traitement actuellement classique est de 6 à 8 instillations hebdomadaires de 40 mg, suivies ou non d’instillation
mensuelles. Les conditions dans lesquelles sont réalisées
..
ces instillations sont essentielles, car la mitomycine C peutêtre facilement inactivée.
BCG (immunothérapie)
Le BCG ne sera débuté que 4 à 6 semaines après la dernière
résection et en l’absence de toute hématurie macroscopique et infection urinaire (ECBU < 4 jours). Le traitement
d’attaque est de 6 instillations hebdomadaires (suivi d’un
contrôle cytologique et endoscopique), complété par
3 instillations hebdomadaires après 6 semaines d’arrêt.
Enfin, un traitement d’entretien peut être proposé sur une
durée totale de 3 annèes selon la tolérance au traitement.
Indications
En fonction de l’histologie de la RTUV, la prise en charge
thérapeutique est discutée selon le risque estimé de récidive/progression tumorale.
TVNIM à faible risque
Une instillation immédiate simple réduit le risque de récidive et peut être considérée comme le traitement standard. Aucun autre traitement ne devrait être proposé chez
ces patients en l’absence de récidive tumorale [3].
TVNIM de risque intermédiaire
La probabilité d’une récidive tumorale est évaluée de 24 à 38
% la première année, 46 à 62 % à cinq ans, alors que le risque
de progression tumorale est respectivement de l’ordre de 1 à
5 % et 1 à 17 % [1]. L’instillation post-opératoire précoce de
chimiothérapie ne semble pas modifier l’évolution des
patients de risque intermédiaire avec des lésions tumorales
multiples [3].
Le traitement de référence repose sur une chimiothérapie intra-vésicale mais sans consensus sur la durée et la fréquence des instillations. Une réduction du taux de récidive
a été rapportée lorsque le traitement d’entretien était
poursuivi pendant au moins 1 ou 2 ans (Niveau de preuve 2)
[4]. Une méta-analyse de 22 études prospectives randomisées évaluant le rôle de la chimiothérapie intra-vésicale
dans la prise en charge des TVNIM de risque intermédiaire
n’a démontré aucun avantage sur le plan de la réduction du
taux de progression en comparaison avec une RTUV seule
(Niveau de preuve 1) [5].
Les instillations de BCG peuvent être discutées pour traiter ce groupe pronostique de tumeurs vésicales. Plusieurs
études prospectives comparant le BCG à la Mitomycine C
(MMC) ont conclu que le BCG avec traitement d’entretien
retardait au moins la progression vers une maladie envahissant le muscle [6], tout en diminuant la fréquence des récidives tumorales (Niveau de preuve 1) [7].
Les données de l’essai EORTC 30 911 suggèrent que le
BCG est supérieur à la chimiothérapie pour le traitement
des TVNIM de risque intermédiaire en termes de délai
d’apparition de la première récidive tumorale, de survies
globale et spécifique (Niveau de preuve 1) [8]. Cependant, l’avantage à long terme du BCG par rapport à la
chimiothérapie reste controversé compte-tenu de son
plus grand risque de toxicité et de moindre tolérance. Il a
été rapporté qu’un traitement à tiers de dose de BCG
serait plus efficace que la Mitomycine pour prévenir récidive et progression pour des tumeurs de pronostic
intermédiaire [9].
Tumeurs urothéliales
Au total, les TVNIM de risque intermédiaire incluent un
groupe hétérogène de tumeurs : l’identification de sousgroupes paraît nécessaire pour différencier les patients qui
seront uniquement traités avec des doses simples de MM-C
post-opératoire, de ceux dont le risque évolutif plus péjoratif justifierait un traitement d’entretien voire le recours à
une BCGthérapie. La modification des grades (OMS 2004)
devrait à l’avenir permettre de mieux identifier les patients
à risque justifiant plutôt une BCGthérapie.
TVNIM à haut risque
Le traitement de référence est la résection endoscopique
complète suivie 4 à 6 semaines d’un traitement adjuvant
par instillation endovésicale de BCG, de préférence à la chimiothérapie intravésicale par Mitomycine. Dans de rares
cas, une cystectomie d’emblée peut être indiquée.
Indication d’une deuxième résection
avant BCG thérapie
Toute immunothérapie par le BCG doit être précédée d’une
RTUV complète. Un panel d’experts internationaux
conseille même une nouvelle résection systématique des
tumeurs T1 de haut grade, en raison du taux élevé de sousévaluation du stade [10].
Quel traitement d’entretien ?
L’objectif du traitement chez les patients avec des lésions
à haut risque est avant tout de prévenir la progression
tumorale. Une importante méta-analyse de l’EORTC regroupant 24 essais incluant un total de 4 863 patients a montré
que le traitement de maintenance par BCG est associé à une
réduction de 37 % du risque de progression en comparaison
aux groupes contrôles (RTUV seule, RTUV et chimiotherapie
intra-vésicale, RTUTV et immuno-thérapie) (Niveau de
preuve 1) [11].
Le traitement d’attaque par BCG repose sur six instillations hebdomadaires suivies de 3 instillations hebdomadaires après un arrêt de 6 semaines, considéré comme le
schéma de référence pour le traitement des TVNIM à haut
risque. L’objectif étant de prévenir ou retarder la récidive
tumorale et l’infiltration du muscle vésical tout en permettant le contrôle d’un éventuel CIS associé (Niveau de
preuve 1) [11].
Différents essais ont suggéré que le traitement d’entretien pourrait améliorer les résultats du traitement de BCG,
mais le schéma optimal du traitement d’entretien reste à
définir. Seule l’étude randomisée du SWOG (South West
Oncology Group) a clairement démontré un avantage au
traitement d’entretien en termes de survie sans récidive
et de progression tumorale. Le protocole proposé par
Lamm (6 instillations hebdomadaires pour le traitement
d’induction, suivies de 3 instillations hebdomadaires à 3,
6, 12, 18, 24, 30 et 36 mois) reste actuellement le plus utilisé, même si le nombre optimal de cycles d’entretien
n’est pas toujours possible, les patients étant encouragés
à accepter au moins 3 cycles d’entretien et à continuer les
instillations tant qu’elles sont bien tolérées (Niveau de
preuve 1) [12].
Pour les patients présentant un carcinome in situ vésical,
l’EAU recommande un traitement d’induction de BCG suivi
d’un traitement de maintenance d’au moins un an. La
réponse à la BCG-thérapie doit absolument être évaluée
trois mois après le traitement d’induction. En cas de persistance du CIS, il est recommandé de poursuivre le traite-
S261
ment par six nouvelles instillations hebdomadaires. Si une
réponse complète n’est pas obtenue après 6 mois, la cystectomie totale est alors recommandée [13].
De même, une sous-population de TVNIM à très haut
risque peut être clairement identifiée. En considérant
l’ensemble des critères de mauvais pronostic, chez des
patients jeunes, il est possible de sélectionner de rares
candidats à la cystectomie précoce (Niveau de
preuve 3) [14].
Risque
faible
Surveillance simple
Risque
intermédiaire
Instillations hebdomadaires de mitomycine
(MMC) sur 8 semaines consécutives après
cicatrisation vésicale (4 à 6 semaines).
Le BCG peut être discuté en alternative
aux instillations de MMC de première intention ou en cas d’échec du traitement par la
mitomycine.
Risque
élevé
Instillations endovésicales de BCG (sauf
contre-indications) après cicatrisation vésicale (4 à 6 semaines).
Si les instillations de BCG sont bien supportées, intérêt d’un traitement d’entretien.
En cas d’échec du traitement par BCG, la
cystectomie totale demeure le traitement
de choix.
Après la RTUV, une cystectomie d’emblée
peut être discutée en RCP dans certaines
formes de mauvais pronostic chez des
patients jeunes.
Résultats
Modalités de suivi
Suivi lié aux instillations vésicales
Mitomycine : les effets indésirables principalement rapportés sont des effets locaux à type de cystite chimique,
ainsi que des allergies cutanées.
BCG : compte-tenu des risques imputables au traitement, un bilan spécifique à l’initiation du traitement
est recommandé et chaque nouvelle instillation est
précédée d’un examen clinique, d’une évaluation de la
tolérance des instillations précédentes et d’un ECBU
(< 4 jours).
Les effets indésirables principalement rapportés sont :
locaux : cystite (pollakiurie, dysurie, hématurie, fuites
urinaires) ;
régionaux : douleurs pelviennes ou rénales, constipation,
prostatite, épididymite, orchite, abcès rénal ;
généraux : fièvre > 38,5 °C, syndrome grippal, douleurs
musculaires, asthénie, arthralgie, signes allergiques et
rash cutané.
.
.
.
.
.
Suivi carcinologique
En raison du risque de récidive tumorale et de progression de la maladie vésicale, la fréquence des cystoscopies
est à moduler en fonction du groupe de risque pour une sur-
S262
C. Pfister et al.
veillance adaptée [1]. En effet, un retard dans le diagnostic
et la prise en charge thérapeutique de récidives tumorales
de haut grade à fort potentiel d’infiltration musculaire
menaçant la vie du patient. Ainsi, le résultat de la première
cystoscopie à 3 mois de la RTUV initiale est un facteur pronostic très important tant pour la récidive tumorale, que
pour le risque de progression musculaire (Niveau de
preuve 3) [15].
Les examens du suivi sont effectués selon le groupe de
risque de la maladie vésicale [10] :
(Recommandation de grade C)
Risque faible
Cystoscopie : au 3e, 6e, 12e mois puis
annuelle pendant 10 ans (à vie si persistance de l’intoxication tabagique)
Risque intermédiaire
Cystoscopie : au 3e, 6e, 12e mois puis
annuelle pendant 15 ans (à vie si persistance de l’intoxication tabagique)
Cytologie urinaire : recommandée,
couplée à la cystoscopie
Uro-TDM : tous les deux ans et en cas
de cytologie positive ou de symptôme
en faveur d’une atteinte du haut appareil
Risque élevé
3e,
6e,
9e,
12e
Cystoscopie au
mois,
puis tous les 6 mois la 2e année, puis
annuelle à vie
Cytologie urinaire au 3e, 6e, 9e,
12e mois, puis tous les 6 mois la
2e année, puis annuelle à vie
Uro-TDM tous les 2 ans ou si cytologie
positive ou de symptôme en faveur
d’une atteinte du haut appareil
Échec des instillations endo-vésicales
Échec après chimiothérapie intra-vésicale
Les patients présentant des récidives non infiltrantes
après la chimiothérapie intra-vésicale peuvent bénéficier
dans un second temps des instillations endo-vésicales de
BCG [10].
Échec après BCG thérapie : définitions
Le traitement par instillations de BCG doit être considéré comme un échec dans les situations cliniques suivantes :
lorsqu’une tumeur infiltrant le muscle est détectée lors
du suivi systématique :
si une tumeur de haut grade non infiltrant le muscle est
présente à 3 mois et 6 mois ;
toute aggravation de la maladie vésicale sous traitement
par BCG : une récidive multifocale, un stade tumoral ou
un grade cellulaire plus élevé, la persistance d’un carcinome in situ (CIS), malgré une réponse initiale.
Définition des différents types d’échecs de la BCG thérapie [16] :
.
.
.
Patients intolérants au BCG : il existe une récidive
tumorale après un traitement non adéquat, interrompu prématurément, à cause d’effets secondaires importants ;
Patients réfractaires au BCG : persistance d’une tumeur
à 6 mois après un traitement d’induction associé à un traitement d’entretien ou à un traitement de ré-induction
après le bilan à 3 mois. Dans ce groupe sont inclus les
patients qui présentent une progression en grade cellulaire
ou stade tumoral à 3 mois après le premier cycle
d’induction ;
Patients résistants au BCG : persistance d’une lésion de
plus faible grade cellulaire et/ou stade tumoral, ou récidive
tumorale après le traitement initial, mais il existe 6 mois
après la résection initiale une réponse thérapeutique aux
instillations de BCG ;
Patients récidivants à distance du traitement initial :
absence de récidive tumorale durant les 6 mois suivant la
résection, mais apparition d’une récidive précoce (avant
12 mois), intermédiaire (12-24 mois) ou tardive (après
24 mois).
Traitement des patients intolérants au BCG
Les effets secondaires sévères apparaissent chez moins de
5 % des patients traités par BCG thérapie et une vaste majorité des patients peuvent être traités.
Diagnostic
Les effets secondaires du BCG peuvent être divisés en effets
locaux et systémiques. Les effets locaux sont en général
plus fréquents et moins sévères que les effets systémiques,
mais ils sont souvent à l’origine de l’interruption du traitement. L’incidence des effets locaux est comparable avec ou
sans traitement de maintenance.
Stratégies thérapeutiques
Réduction des doses : un traitement à tiers de dose a
montré la même efficacité à prévenir la récidive tumorale
et le risque de progression avec moins de toxicité. La toxicité était diminuée dans le groupe avec réduction de dose.
Les auteurs recommandaient une dose standard pour les
patients à haut risque ou ayant une tumeur multifocale et
une réduction de dose pour les patients présentant une
tumeur de risque intermédiaire et pour le traitement
d’entretien (Niveau de preuve 2) [9].
Traitement pharmacologique associé : la prescription
d’Ofloxacine, 6 heures après instillation de BCG, semble
diminuer de manière significative les effets indésirables
graves (Niveau de preuve 2) [17].
Prise en charge des patients réfractaires, résistants
ou récidivants au BCG
La récidive observée dès le premier contrôle cystoscopique
à 3 mois est un facteur très péjoratif associé à un taux de
progression tumorale de 60-80 % [15]. La présence de CIS
est un facteur de pronostic indépendant. Une importante
étude de l’EORTC a montré un taux de progression de 10 %
à un an et 29 % à 5 ans pour les T1G3 sans CIS contre 29 % et
74 % respectivement en cas de CIS associé [1]. La multifocalité est également un facteur de récidive tumorale, mais
seule l’étude de Sylvester a montré qu’il s’agissait d’un facteur de progression [1].
Tumeurs urothéliales
S263
Traitement des échecs de la BCG thérapie
Cystectomie totale
Dans la prise en charge des TVNIM, en cas d’échec du BCG
sous forme de récidive de haut grade ou de carcinome in
situ dans l’année, le traitement de référence reste la cystectomie totale. Cette chirurgie permet une survie à 5 ans
comprise entre 80 et 90 %. Lorsque le traitement radical est
décidé, il doit être réalisé sans délai (avant trois mois), car
le risque de progression de la maladie vésicale est important (Niveau de preuve 2) [13].
Deuxième traitement par BCG
Selon Herr, un temps total de traitement et de suivi d’au
moins 6 mois est nécessaire pour identifier l’échec précoce
du traitement par BCG. Les patients qui récidivent sur le
même (ou moindre) stade tumoral et grade cellulaire à trois
mois ne doivent pas être considérés comme des échecs
puisque un deuxième traitement d’induction de 6 semaines
de BCG va permettre d’obtenir une réponse dans 35 % des
cas (patients résistant au BCG) (Niveau de preuve 2) [18].
Au contraire, l’apparition d’une lésion plus péjorative en
stade tumoral et/ou grade cellulaire ou la présence de CIS
au décours du traitement doivent être considérées comme
un échec et faire discuter la réalisation rapide d’une cystectomie (patients réfractaires au BCG). D’autre part, lorsque la récidive tumorale est tardive après 2 ans, il est possible de proposer de nouvelles instillations de BCG avec le
même pronostic que le traitement initial.
Combinaison BCG et interféron
Après échec du BCG, il existerait en deuxième ligne de thérapie intra-vésicale une place pour l’Interféron alpha 2b
(hors AMM). Dans un essai multicentrique de phase II, comparant le suivi de 467 patients en échec de BCG traités par
faible dose de BCG et interféron alpha 2b et 536 patients
BCG naïfs traités par une dose standard et BCG et interféron
alpha, 45 % des patients en échec de BCG et 59 % des
patients naïfs de BCG étaient indemnes de récidive tumorale avec un suivi médian de 24 mo is (Niveau de
preuve 3) [19]. En dehors d’essais thérapeutiques, une cystectomie totale immédiate doit être indiquée chez les
patients présentant une tumeur T1 de haut grade, avec des
lésions associées de CIS, ou en cas de récidives multifocales
de lésions de haut grade [13].
TUMEURS DE LA VESSIE N’INFILTRANT PAS LE MUSCLE VÉSICAL (TVNIM)
ALGORITHME THÉRAPEUTIQUE
Risque faible
RTUV +/- IPOP
Risque intermédiaire
RTUV + IPOP
Instillations Amétycine
RÉCIDIVE
TUMORALE
Lésions multifocales
RTUV + IPOP
RÉCIDIVE
TUMORALE
RTUV + IPOP
Risque élevé
RTUV +/- IPOP
BCG induction
ÉVALUATION
VÉSICALE
BCG entretien
BCG induction +/- entretien
RÉCIDIVE
TUMORALE
Instillations Amétycine
RÉCIDIVE
TUMORALE
CYSTECTOMIE
TOTALE
S264
C. Pfister et al.
Prise en charge des complications de la BCGthérapie
Signes généraux
Classe 1
Classe 2
Classe 3
Syndrome
grippal :
température,
douleurs musculaires,
asthénie
> 2 h et < 48 h
38° et < 38,5°
< G3
< G3
48 h et < 7 J
38,5° et < 48 h
ou 39,5° et < 12 h
= G3
= G3
7J
39,5° et >12 h ou
38,5° et > 48 h
Réactions allergiques
Œdème/bronchospasme
Rash cutané/dermite
Arthrite/uvéite iridocyclite
Collapsus
cardiovasculaire
Détresse respiratoire
CIVD
Hépatite
Septicémie
Traitement
Rarement
Antalgiques (Paracétamol)
Anti-cholinergiques
Antispasmodiques
Occasionnellement
Antalgiques
(Paracétamol)
Anti cholinergiques
Antispasmodiques
Vérifier l’absence
d’infection urinaire
AINS + Oflocet 200 mg
× 2/J × 7 J
Si inefficace
Arrêt du BCG/Discuter
l’hospitalisation
ECBU/Rx Thorax/Asat
Alat
Corticoïdes IV 0,5 à 1
mg/kg/J + Oflocet 200
mg × 2/J
Jusqu’à résolution des
signes
Ou
INH 300 mg/J + Rifampicine 600 mg/J ± corticoïdes IV 0,5 à 1 mg/
kg/J
Jusqu’à résolution des
signes
Hospitalisation
Inh 300 mg/J
+ Rifampicine 60 mg/J
+ Ethambutol 1 200 mg/J
± Cortancyl IV 0,5
à 1 mg/kg/J
Poursuite des
instillations
oui
oui
Si hospitalisation, arrêt
du BCG
Traitement des tumeurs
de la vessie T2, N0, M0
La stadification T2 N0 M0 est essentiellement clinique, car
l’histologie de la résection est imprécise (minimum T2) et
le scanner ne permet pas d’évaluer de manière fiable
l’infiltration locale de la tumeur (T), ni l’invasion ganglionnaire (N) [1].
La gravité des tumeurs infiltrantes de vessie implique
une information claire du patient incluant les risques évolutifs de la maladie, la nature des traitements envisageables
ainsi que les risques fonctionnels de la chirurgie radicale.
Cystectomie
Aspect carcinologique
La cystectomie demeure le traitement curatif de référence
des TVIM et son indication mérite également d’être discutée
chez le patient octogénaire (Niveau de preuve 3) [2]. Le
délai de la réalisation de ce geste ne doit pas excéder 12
semaines à compter de la résection diagnostique sous peine
Classe 4
Arrêt du BCG
de gréver le pronostic (décès spécifique et risque global de
décès) [3]. Même si la recommandation est toujours de réaliser cette intervention par voie ouverte, certaines équipes
évaluent l’intérêt dans cette indication de la chirurgie miniinvasive. Si le geste d’exérèse est réalisé par laparoscopie
voire par chirurgie robotique, la dérivation urinaire est le
plus souvent réalisée par une mini-laparotomie.
Le pourcentage de TVIM dans la population des octagénaires représente 19,7 % alors qu’il est de 49,4 % dans la
population des 65-79 ans. Le taux de complications mineures et majeures post-opératoires ainsi que le taux de décès
spécifique ne semblent pas différents entre ces deux populations si une sélection des patients âgés (co-morbidités)
pouvant bénéficier d’une telle chirurgie est réalisée de
façon exhaustive en amont. L’âge reste un facteur pronostique associé à un stade tumoral plus avancé et une survie
spécifique moins favorable (survie spécifique : 78,5 % si 50
ans, 44,9 % si 51-69 ans, 28,1 % si 70 ans) [4].
La réalisation d’une chimiothérapie néo-adjuvante à
base de cisplatine permet une amélioration de la survie globale (77 mois avec versus 46 mois) avec une proportion de
pT0 sur la pièce de cystectomie plus fréquente dans le groupe
Tumeurs urothéliales
avec traitement néo-adjuvant (Niveau de preuve 2) [5].
L’hydronéphrose pré-opératoire est hautement suspecte
d’une extension extra-vésicale, voire de la présence de
métastases ganglionnaires associées et semble constituer
un argument supplémentaire pour proposer une chimiothérapie néo-adjuvante.
Le curage ganglionnaire étendu remontant jusqu’à la
bifurcation aortique devrait être réalisé de façon systématique permettant de détecter 90 % des métastases ganglionnaires, contrairement au curage standard ilio-obturateur
qui ne permettrait de retrouver que 50 % des métastases
ganglionnaires. Différentes études ont rapporté le caractère potentiellement curatif de ce geste dans le cas de
micro-métastases : 25 % des métastases ganglionnaires se
situant au niveau de la région iliaque interne et 35 % au dessus de la bifurcation iliaque commune [6]. Il existe donc un
risque de sous-stadification du statut ganglionnaire préjudiciable au pronostic du patient en l’absence de curage ganglionnaire étendu (Niveau de preuve 3).
En cas de tumeur multifocale ou de CIS associé, un examen extemporané des recoupes urétérales doit être réalisé
avant la réalisation de la dérivation urinaire (Niveau de
preuve 4).
Chez l’homme, la cystectomie totale emporte la prostate
et les vésicules séminales. En cas d’envahissement de l’urètre prostatique sur les biopsies sus-montanales et/ou lors
d’un examen extemporané de la recoupe urétrale, une urétrectomie complémentaire doit être réalisée. La récidive
urétrale après cystectomie reste un évènement rare (8 %
des cas), observé le plus souvent dans les 5 années suivant
la chirurgie radicale, d’où une surveillance à ne pas relâcher (cytologies urinaires, cystoscopie). Le facteur de risque principal de cette récidive urétrale est l’envahissement
du stroma prostatique. Les autres facteurs de risque étant
la multifocalité, la localisation cervicale et la présence de
CIS associé lors du diagnostic de la tumeur initiale. Une
récente revue de littérature insiste sur la gravité de cette
atteinte (survie moyenne de 28 mois à partir du diagnostic)
(Niveau de preuve 4) [7-9].
Chez la femme, la cystectomie emporte le plus souvent
l’utérus en totalité et l’urètre réalisant une pelvectomie
antérieure. Cette attitude est aujourd’hui remise en question en raison du faible risque de lésion génitale associée
(Niveau de preuve 4) [10].
L’infiltration lympho-vasculaire (LVI) de la pièce de cystectomie est un élément très péjoratif car associé au stade
tumoral avancé, à une tumeur de haut grade, une invasion
des marges chirurgicales ou encore à la présence de métastases ganglionnaires. De même, la présence de marges positives sur la pièce de cystectomie constitue un facteur de
mauvais pronostic avec un taux de récidive tumorale important (à 5 ans : 63 % vs 22 %) et un taux de décès spécifique
significatif (69 % vs 27 %). Ainsi, ces deux paramètres pourraient devenir un critère de sélection pour l’indication
d’une chimiothérapie adjuvante [11].
Type de dérivation urinaire
Chez l’homme
Une néo-vessie sera réalisée préférentiellement chez un
homme en bon état général de moins de 70-75 ans. Il est
nécessaire de bien sélectionner et préparer le patient et
surtout instaurer une surveillance tous les 6 mois les trois
premières années, puis de façon annuelle [12]. Une néovessie iléale à basse pression ou colique est le traitement
S265
standard, permettant le rétablissement de la continuité
urinaire [13,14].
Une dérivation cutanée (type Bricker) est réalisée dans
les situations suivantes :
impossibilité anatomique (éventualité rare dont le
patient aura été averti en pré-opératoire) ;
envahissement tumoral de l’urètre prostatique et/ou
biopsie extemporanée positive de la recoupe urétrale,
conduisant à une urétrectomie ;
âge trop avancé ou surtout psychisme non adapté.
L’attitude thérapeutique consistant à préserver une partie de la prostate et des vésicules séminales afin d’améliorer les résultats fonctionnels de cette intervention (fonction érectile, continence) ne peut actuellement constituer
une recommandation compte-tenu du risque très important
de récidive loco-régionale (Niveau de preuve 3).
.
.
.
Chez la femme
Malgré un taux de complications et une durée d’hospitalisation similaires, la cystectomie totale de la femme
semble être associée à des pertes sanguines opératoires
supérieures.
La vessie de remplacement est possible, mais des critères
précis doivent être respectés :
d’une part, la conservation des 2/3 distaux de l’urètre
peut être réalisée lorsque la tumeur n’envahit pas le col
vésical et que l’examen extemporané de la recoupe urétrale est négatif ;
d’autre part à côté de ces critères carcinologiques, il est
nécessaire de s’assurer de critères urodynamiques (pression urétrale maximale supérieure à 30/35 cm H20 en raison des pics de pression élevés persistants dans les réservoirs iléaux détubulés). Une vessie de remplacement ne
peut être proposée qu’à une patiente motivée et capable
de s’auto-sonder en raison du risque de rétention par
bascule postérieure du réservoir vésical [15].
L’entérocystoplastie de remplacement chez la femme peut
permettre une conservation de l’intégrité corporelle, une
conservation de la fonction urinaire, une meilleure préservation de la possibilité de rapports sexuels. Dans le cas contraire, la dérivation urinaire externe type Bricker et les poches
continentes (Indiana Pouch) sont les montages urinaires les
plus fréquemment proposés (Niveau de preuve 4).
.
.
Alternatives à la cystectomie
Le profond remaniement démographique de la société,
avec une proportion grandissante de patients âgés présentant d’importantes co-morbidités, amène à modifier la
prise en charge thérapeutique du cancer de la vessie.
Lorqu’une chirurgie radicale est contre-indiquée ou refusée
par le patient, différentes alternatives thérapeutiques
conservatives sont possibles, comme la résection de tumeur
de la vessie seule, la cystectomie partielle, la chimiothérapie, la radiothérapie ou la combinaison de certains de ces
traitements.
Les étapes d’un éventuel traitement multimodal conservateur associent : i) sélection stricte des patients ; ii)
résection exhaustive trans-urétrale de la tumeur de la vessie associée à une radiothérapie et une chimiothérapie ; iii)
contrôle histologique de la réponse avec possibilité de cystectomie de rattrapage ; iv) suivi strict avec évaluation
endoscopique associée à une histologie par des biopsies
S266
C. Pfister et al.
vésicales et une cystectomie si récidive d’une tumeur infiltrant le muscle vésical.
RTUV + radio-chimiothérapie concomitante
Des critères de sélection stricts permettent, en dehors de
ceux refusant la chirurgie, d’inclure des patients dans cette
stratégie thérapeutique (Niveau de preuve 3) :
lésion unique de petite taille ( 30 mm) ;
absence de carcinome in situ vésical associé ;
RTUV complète avec diagnostic définitif de lésion pT2 ;
absence d’hydronéphrose (signe d’une lésion extravésicale).
Les taux de réponse complète sont de 60 à 85 %, la survie
globale à 5 ans de 50 à 60 % et la survie avec vessie en place
de 40 à 45 %. Aucune étude randomisée comparant cette
approche thérapeutique à la cystectomie n’a été réalisée,
ne permettant pas de la proposer en routine mais uniquement à des patients sélectionnés.
L’essai RTOG 99-06 (Radiation Therapy Oncology Group)
a évalué l’association RTUV à une chimiothérapie (paclitaxel, cisplatine) et à une radiothérapie dans le cadre de
tumeurs de la vessie infiltrant le muscle vésical (T2-T4a).
Le taux de réponse complète était de 81 % après un suivi
médian de 49,4 mois, la survie globale et spécifique étant
respectivement de 56 % et 71 % [16]. L’étude GETUG
(Groupe d’Études des Tumeurs Uro-Génitales) 97-015 a évalué la qualité de vie de ces patients avec un taux de staisfaction proche de 67 % [17].
..
..
Cystectomie partielle
Cette alternative thérapeutique concerne environ 5 % des
patients avec une TVIM. Elle répond aux mêmes impératifs carcinologiques que la chirurgie radicale et nécessite
la réalisation d’un curage ganglionnaire étendu. Si les
patients sont bien sélectionnés, la survie globale à 5 ans
est identique aux patients subissant une chirurgie radicale [18]. Les indications sont très strictes : lésion unifocale et primitive sur une portion mobile de la vessie,
lésion de stade T2 voire T3, absence de carcinome in situ
associé, diamètre tumoral 4 cm, lésion située à moins de
2 cm du col. Au total, certaines études récentes montrent
que la survie actuarielle sans récidive infiltrante à 5 ans
est de 69 %, 49 % des patients ne présentant pas de réci-
di v e à 5 a n s su r le u r v es s i e e n pla c e ( Ni v e a u de
preuve 4) [19].
La cystectomie partielle peut également se discuter
dans la prise en charge des tumeurs de la vessie intradiverticulaire. Il existe cependant très peu de données
dans la littérature sur l’intérêt d’un traitement complémentaire (radiothérapie et/ou chimiothérapie) (Niveau
de preuve 4).
RTUV complète (si possible)
et
Tumeur de bas grade
Surveillance ou
Instillations
endovésicales
RTUV incomplète et /ou
Tumeur volumineuse
et /ou de haut grade
Cystectomie
partielle
voire cystectomie totale
Radiothérapie externe
Cette option peut être discutée dans les mêmes conditions
que l’association radio-chimiothérapie concomitante. Elle
n’est à envisager qu’en cas de contre-indication à la chimiothérapie ou à visée hémostatique chez des patients fragiles (Niveau de preuve 4).
Une association avec la curiethérapie est également
possible. Dans un premier temps une résection exhaustive des tumeurs de la vessie est réalisée. Une localisation trigonale ou proche des méats urétéraux est une
contre-indication à cette indication. La radiothérapie
externe (28 grays en 12 fractions) associée à une
curiethérapie (Iridium-192) permet une survie spécifique
à 5 et 10 ans similaire à un groupe de patients identiques
traités par cystectomie. Cette indication n’est possible
que si la lésion tumorale est du T2 et 5 cm. Cette stratégie thérapeutique n’étant proposée que chez les
patients refusant la cystectomie et ceux inéligibles pour
un traitement radical chirurgical [20].
RTUV seule
Cette option ne doit être envisagée que pour des patients
âgés, dont l’espérance de vie est courte (ASA 3). La RTUV
seule ne sera envisagée que pour une tumeur unique pT2
d’une taille 3 cm sans pTis à distance (Niveau de preuve 4).
TRAITEMENT RECOMMANDÉ D’UNE TVIM
Cystectomie totale à ciel ouvert associée à un curage ilio-obturateur
La voie laparoscopique est encore en cours d’évaluation
Le curage extensif est proposé dans le but d’améliorer la stadification et les résultats carcinologiques (Recommandation
de grade B)
Chez l’homme, la cystectomie emporte prostate et vésicules séminales
Chez la femme, la cystectomie emporte le plus souvent l’utérus
L’entéro-cystoplastie est proposée chez l’homme en l’absence d’impossibilité anatomique et lorsque la recoupe urétrale
est négative (lors de l’examen extemporané) (Recommandation de grade C)
Une vessie de remplacement est proposée chez la femme motivée uniquement si la tumeur n’envahit pas le col vésical
L’urétrectomie doit être réalisée chez l’homme en cas d’envahissement de l’urétre prostatique (Recommandation de
grade C)
Tumeurs urothéliales
Traitement des tumeurs
de la vessie à haut risque
de progression métastatique
de stade T3 NX ou Tx-N1-2
Le diagnostic des tumeurs de la vessie à haut risque de progression (T3NX ou TXN1-2) peut être porté en pré-opératoire lors du bilan d’extension, pendant la chirurgie d’exérèse ou bien sur l’examen histologique de la pièce
opératoire. L’incidence de l’envahissement ganglionnaire
dans le cancer infiltrant de la vessie est évaluée entre 5 % à
20 % dans les stades pT1, 50 % à 60 % pour les pT3-4 [1].
Dans une large étude rétrospective de 1054 cystectomies, il
existait un impact sur la survie globale dépendant du stade
pathologique et du nombre de ganglions envahis variant de
50 % (pT1N1) à 26 % (pT3bN1-2) à 5 ans [2].
Diagnostic réalisé lors du bilan d’extension
La valeur prédictive positive de détection d’un envahissement ganglionnaire sur le scanner est de l’ordre de
65 % [3]. L’envahissement microscopique est responsable
des faux négatifs observés en imagerie. À l’inverse, des
faux positifs sont possibles chez les patients âgés ayant
une involution graisseuse de certaines structures ganglionnaires [4]. L’IRM standard ne semble pas être supérieure
au scanner pour la détection des métastases ganglionnaires du cancer de la vessie [5]. L’utilisation de nano-particules
supra-magnétiques lymphotropes, en conjonction avec
une IRM de haute résolution, paraît pouvoir améliorer la
détection des adénopathies pour les tumeurs de la vessie
[6]. Enfin, le rôle du PET-scanner est encore incertain et
discuté dans cette indication [7]. Dans certains cas, une
ponction trans-cutanée d’un ganglion suspect peut aussi se
discuter à visée histologique.
Lorsque le diagnostic d’envahissement ganglionnaire
paraît évident au scanner avec des adénopathies lomboaortiques, le consensus actuel est de discuter une chimiothérapie première avant d’envisager un geste local pelvien.
Il semble que le contrôle local associé à une chimiothérapie
péri-opératoire améliore la survie qu’il s’agisse d’un
contrôle par association de résection endoscopique suivi
d’un traitement conservateur (chimio-radiothérapie) ou par
cystectomie totale [8]. Deux méta-analyses d’essais randomisés ont montré un gain de survie à 5 ans de 5 % en faveur
de la chimiothérapie néo-adjuvante à base de cisplatine
[9]. Ainsi, seuls les protocoles M-VAC (Methotrexate, Vinblastine, Doxorubicine et Cisplatine) sous sa forme classique et un protocole similaire, le CMV, combinaison de Cisplatine, Methotrexate et Vinblastine sont validés dans les
essais néo-adjuvants (Niveau de preuve 2) [10].
À ce stade, il semble logique de réserver la cystectomie
aux patients qui répondent à la chimiothérapie et à ceux
dont le pronostic est aggravé par une obstruction du haut
appareil ou bien par un syndrome tumoral pelvien (hématurie, douleur, altération de la capacité) [8]. La cystectomie
présente alors une morbidité et une mortalité conséquentes
et le rapport bénéfice/risque doit être discuté. Chez les
patients répondeurs à la chimiothérapie, une autre option
comme la radio-chimiothérapie sera discutée.
Si une indication de cystectomie est retenue, le consensus est de réaliser une dérivation urinaire simple et efficace, facile à appareiller comme l’urétérostomie cutanée
trans-iléale de Bricker. Cependant lorsque les conditions
S267
anatomiques le permettent et que le risque de récidive
locale est faible (absence de CIS diffus, recoupe urétrale
saine, curage macroscopiquement complet), l’entérocystoplastie peut donner de bons résultats fonctionnels
avec un taux de complication acceptable. Dans une étude
rétrospective de 61 patients N1 ou N2 ayant eu un remplacement vésical, une récidive loco-régionale existait dans
11 % des cas, dont la moitié au contact de la néo vessie
[11]. Il ne semble donc pas y avoir de contre-indication à
l’entérocystoplastie chez des patients N+ sélectionnés pour
lesquels il est retenu l’option du traitement chirurgical
local (Niveau de preuve 4).
Lorsque le diagnostic de tumeur à haut risque de progression est établi lors du bilan d’extension, une chimiothérapie comportant du cisplatine suivie d’une réévaluation
est recommandée. La chirurgie peut alors être proposée
aux patients répondeurs (Recommandation de grade C).
Diagnostic réalisé pendant la chirurgie
d’exérèse
Le curage ganglionnaire ilio-pelvien est inclus dans la
procédure chirurgicale standard de la cystectomie totale
pour cancer, mais une enquête récente de la SEER relève
qu’il n’est réalisé que pour 40 % des patients [12]. Le curage
standard comprend l’ablation des ganglions iliaques externes, hypogastriques et obturateurs. Le curage étendu commence à la bifurcation aortique et emporte les ganglions
iliaques communs et externes, hypogastriques, obturateurs
et pré-sacrés. Dans cette procédure, il est recommandé de
retirer au moins 20 ganglions [13]. La pièce chirurgicale
envoyée en anatomo-pathologie est un facteur de variabilité du nombre de ganglions du curage. Le curage standard
ramène une moyenne de 2,4 ganglions si la dissection est
effectuée « en bloc » contre 8,5 si la dissection est effectuée ganglion par ganglion [14].
La densité ganglionnaire et l’étendue anatomique du
curage sont des paramètres importants. La densité
ganglionnaire est définie comme le rapport entre le nombre
de ganglions positifs et le nombre de ganglions total du
curage : de nombreuses études rétrospectives ont montré
que la densité ganglionnaire avait un impact pronostic sur la
survie (de 43 % à 17 % à 10 ans selon que la densité ganglionnaire est inférieure ou supérieure à 20 %). De la même
manière, le nombre de ganglions du curage apparaît aussi
comme un facteur pronostique avec une survie à 10 ans de
25 % contre 36 % selon que le curage comportait moins ou
plus de 15 ganglions [15].
Enfin, il a été rapporté que, parmi les patients ayant un
envahissement ganglionnaire, ceux dont les adénopathies
étaient de petite taille, peu nombreuses, sans effraction
capsulaire, semblaient tirer avantage de l’exérèse chirurgicale ganglionnaire, avec un maximum de bénéfice pour
ceux ayant une tumeur T2 et moins de 5 ganglions envahis
(Niveau de preuve 3) [16,17].
Si le diagnostic d’atteinte ganglionnaire est fait en peropératoire, deux options sont alors possibles : le traitement
chirurgical maximal (cystectomie et curage étendu) ou le
traitement néo-adjuvant suivi éventuellement d’un traitement local. L’importance de l’envahissement ganglionnaire
et de l’extension loco-régionale va guider le choix théra-
S268
peutique. Si l’exérèse complète de la maladie tumorale est
a priori réalisable, elle doit être effectuée.
En présence d’une atteinte ganglionnaire, qu’elle soit
diagnostiquée en per-opératoire ou sur la pièce opératoire,
une chimiothérapie adjuvante devra être discutée. Cinq
études randomisées et une méta-analyse ont été publiées
sur la chimiothérapie adjuvante des tumeurs de la vessie
[18]. La méta-analyse de ces essais a été gênée par le petit
nombre de patients et le peu de puissance de chacun des
essais, laissant une marge d’erreur trop importante pour
tirer une conclusion définitive sur le rôle bénéfique ou non
d’une chimiothérapie adjuvante.
Lorsque le diagnostic de tumeur à haut risque de progression est réalisé lors de la chirurgie, un traitement chirurgical maximal (cystectomie et curage étendu) ou un traitement néo-adjuvant suivi d’un traitement local doivent
être discutés. Si l’exérèse complète semble réalisable, elle
doit être proposée (Recommandation de grade C).
Diagnostic réalisé sur l’examen histologique
de la pièce opératoire
Il existe théoriquement une indication à une chimiothérapie
adjuvante. Dans la pratique actuelle, l’indication du traitement adjuvant peut être guidée par le calcul du risque de
progression métastatique évalué selon les nomogrammes
actuellement disponibles [19].
Une autre question est celle de la faisabilité du traitement. Ceci est particulièrement vrai pour le cancer urothélial, où l’âge médian est de 65 ans, les co-morbidités liées à
l’intoxication tabagique sont fréquentes et la localisation
anatomique de la tumeur peut entraîner par elle-même une
altération de la fonction rénale alors que les protocoles de
chimiothérapie habituels à base de cisplatine sont toxiques.
Lorsque le diagnostic de tumeur à haut risque de progression est fait sur la pièce opératoire, discuter une chimiothérapie adjuvante à base de platine (Recommandation
de grade C).
Prise en charge du cancer de la vessie M+
Au moment du diagnostic, 25 % des tumeurs urothéliales infiltrent le muscle vésical et même si elles sont confinées à
l’organe, 20 à 40 % des patients vont rechuter et 5 % sont
métastatiques d’emblée [1]. Au stade localement évolué ou
métastatique, le meilleur traitement reste en premier lieu la
chimiothérapie à base de Cisplatine (CDDP) avec une médiane
de survie de 14 à 15 mois, chez les patients éligibles pour cette
chimiothérapie [2-3]. Le bilan d’extension des métastases
repose sur des arguments radiologiques avec l’examen tomodensitométrique et éventuellement le PET-FDG scanner [4].
Facteurs pronostiques
Les deux principaux facteurs impactant la survie sont : un
état général altéré (PS > 1) et la présence de métastases
viscérales avec une espérance de 18,2 mois si aucun facteur
de mauvais pronostic n’est présent à 4,4 mois pour les
patients les plus défavorables [5].
C. Pfister et al.
Standard de traitement en première ligne
Le protocole standard de traitement de première ligne dans
les tumeurs urothéliales métastatiques reste depuis plus de
15 ans le M-VAC (methotrexate, vinblastine, doxorubicine,
cisplatine) avec un taux de réponse de 76 % et une médiane
de survie supérieure à un an [6]. Ce protocole a démontré
sa supériorité dans un essai randomisé de phase III contre le
cisplatine seul [7].
Le protocole gemcitabine-CDDP (G-C) sur un cycle de
quatre semaines a été comparé au protocole M-VAC sans GCSF. Cet essai initialement construit pour démontrer une
supériorité d’un minimum de quatre mois en survie globale,
a rapporté des résultats équivalents (médiane de survie globale 13,8 pour le G-C et 14,8 mois pour le M-VAC ; taux de
réponse objective respectivement de 54,3 % et 55 %). La
toxicité était plus importante dans le bras M-VAC, avec un
taux de neutropénie grade 3-4 de 82 % versus 71 %, d’aplasie fébrile de 14 % versus 2 % et de sepsis sur neutropénie de
22 % versus 1 %, respectivement pour les bras M-VAC et GC. La survie à 5 ans restait comparable (13 % pour G-C versus 15,3 % pour M-VAC) [8].
Le M-VAC HD (haute dose) a été comparé au M-VAC standard en situation métastatique [9] permettant de doubler la
dose de cisplatine et de doxorubicine, mais sans gain en termes de survie médiane (15,5 vs 14,1 mois), malgré une légère
amélioration du taux de réponse objective (62 % vs 50 %).
La place des associations à trois agents n’a pas encore
été définie. Plusieurs essais de phase II ont montré des
résultats prometteurs en termes de réponse objective. Le
premier essai de phase III randomisé comparant un triplet
(gemcitabine-cisplatine-paclitaxel) au G-C en première
ligne a inclus 627 patients. Il était construit pour montrer
une supériorité de 4 mois en survie globale : la différence
était significative pour le taux de réponse objective (57 %
versus 46 %) mais pas pour la survie (15,7 mois versus
12,8 mois), toutefois une analyse en sous-groupe a mis en
évidence un bénéfice significatif en survie pour les patients
atteints des tumeurs de la vessie, par rapport aux tumeurs
des voies excrétrices (p = 0,03) [10].
Seulement 50 % des patients avec un cancer de la vessie
métastatique sont aptes à recevoir une chimiothérapie à
base de cisplatine, soit du fait d’une clairance de la créatine inférieure à 60 ml/min, soit d’une altération de l’état
général (PS > 1).
Alternative au traitement standard
(patient « unfit »)
Sur l’état général
Une des options possibles pour les patients non éligibles à
une polychimiothérapie, notamment à base de sels de platine, est une monochimiothérapie par gemcitabine avec
une efficacité démontrée dans 3 phases II en monothérapie
(22 à 28 % de réponse objective), avec 9 % de réponse complète [11], peu toxique (pas de toxicité grade 3/4), mais
avec une survie qui reste limitée : de 8 à 12 mois. Les
patients ayant un état général très dégradé (PS 3 ou 4)
n’ont aucun bénéfice de la chimiothérapie.
Sur la fonction rénale
Environ un tiers des patients ne peuvent pas accéder au
CDDP en raison d’une altération de la fonction rénale
[12] : l’alternative demeure le carboplatine (hors AMM).
Tumeurs urothéliales
De nombreux essais ont montré l’efficacité anti-tumorale
des combinaisons à base de carboplatine, mais ces résultats étaient inférieurs aux combinaisons à base de CDDP,
sans que ces protocoles ne soient comparés dans une
phase III randomisée [13]. Le dernier essai randomisé
confirmant ces données était une phase II comparant
l’association gemcitabine-carboplatine au protocole G-C,
chez 110 patients atteints de tumeurs urothéliales avancées : les taux de réponse objective étaient de 49,1 % et
40 %, les médianes de survie globale de 12,8 mois et de
9,8 mois, respectivement pour les bras G-C et Gcarboplatine [14].
Deuxième ligne de traitement
De nombreuses mono-chimiothérapies ou associations ont
fait l’objet de phases II, avec des taux de réponse objective
variant de 7 à 28 % (docetaxel, paclitaxel, ifosfamide,
oxaliplatine-5FU, gemcitabine, permetrexed, topotecan,
lapatinib, gefitinib, bortezomib et sunitinib) [15]. La vinflunine, après plusieurs essais de phases II, a fait récemment
l’objet d’un essai de phase III [16], comparé aux soins de
support : la différence en survie globale était significative
après ajustement selon les facteurs pronostiques connus et
non en intention de traitement) avec une survie globale de
6,9 mois vs 4,3 mois. En raison de toxicités induites par ce
traitement (50 % de neutropénie grade 3/4, 16 % de constipation grade 3/4), seuls les patients ayant un PS < 2 ont été
inclus dans cette phase III, avec une réduction de dose pour
les patients ayant des antécédents de radiothérapie
pelvienne.
Les traitements en cours d’évaluation
La place des nouvelles drogues n’est pas définie : un
essai randomisé comparant un nouveau taxane le laroxel,
au protocole G-C vient de s’arrêter de façon prématurée.
Les thérapeutiques ciblées sont en cours d’évaluation et
n’ont pas encore donné de résultats probants : essais
effectués avec le cetuximab (anticorps anti-EGFR), le
bevacizumab (anticorps anti-VEGFR), le pazopanib (inhibiteur de tyrosine kinase de l’EGFR), le zactima (antiVEGFR) [17].
L’essai ARTIC de phase III randomisé est en cours pour
évaluer l’efficacité du trastuzumab, associé à une chimiothérapie standard, dans les tumeurs urothéliales surexprimant Her2. Les résultats d’une étude de phase II, évaluant le Sunitinib en traitement de maintenance, après
obtention au minimum d’une stabilité ont été rapportés
récemment : ces résultats n’étaient pas très encourageants concernant la survie sans progression à 6 mois
(objectif principal), avec une importante toxicité de
grade 3 [18].
Place de la chirurgie de rattrapage
Les patients avec un faible volume tumoral, en rechute
localisée et sans facteur de mauvais pronostic, peuvent
avoir une réponse de qualité à la chimiothérapie. Certaines
études rétrospectives ont montré qu’un traitement chirurgical de rattrapage à l’issue de la chimiothérapie et chez
des patients bons répondeurs, pouvait amener à une rémission prolongée [19]. L’exérèse chirurgicale possible d’une
métastase isolée doit également être considérée dans la
stratégie thérapeutique.
S269
En conclusion, les tumeurs urothéliales sont chimio-sensibles : 50 % de réponse objective mais non chimio-curables
avec 100 % de rechute après la 1re ligne, sans amélioration
de la survie globale depuis plus de 10 ans. Les patients éligibles pour une première ligne de chimiothérapie à base de
CDDP, reçoivent le protocole G-C en première intention
(Niveau de preuve 1) ou M-VAC (Niveau de preuve 1). Le
CBDCA et les associations sans platine ne sont pas recommandés pour les patients pouvant recevoir du CDDP (Niveau
de preuve 2). Si l’état général ou la fonction rénale ne
l’autorisent pas, (patients dit « unfit »), l’option la plus utilisée est une polychimiothérapie à base de gemcitabinecarboplatine (hors AMM) (Niveau de preuve 2).
Enfin pour les patients plus âgés, ou avec de fortes comorbidités, une des options est une monochimiothérapie à
base de gemcitabine seule (Niveau de preuve 2). En
deuxième ligne, la vinflunine peut être proposée pour les
patients gardant un bon état général (PS < 2) (Niveau de
preuve 1). Il n’existe pas d’indication, hors essais cliniques, à un traitement par thérapeutique ciblée. Etant
donné le pronostic qui reste sombre de ces patients et le
peu de ressources thérapeutiques, il convient de favoriser
au maximum les inclusions dans les essais thérapeutiques.
EN PREMIÈRE LIGNE DE TRAITEMENT
Pour les patients pouvant recevoir du cisplatine (CDDP) :
- MVAC (+ GCSF) ou HD-MVAC (+ GCSF) ou GC
(Recommandation de grade A)
- Traitement de 1re ligne pour les patients « unfits » pour
du cisplatine :
- Association de CT contenant du carboplatine (CBDCA)
ou monothérapie
(Recommandation de grade B)
EN DEUXIÈME LIGNE DE TRAITEMENT
Pour les patients ayant un PS < 2 : vinflunine en monothérapie
(Recommandation de grade B)
Pour les patients ayant un état général altéré : traitement du support.
Traitement des tumeurs
de la voie excrétrice supérieure
Tumeurs cliniquement localisées
Traitement chirurgical radical
La néphro-uréterectomie totale (NUT) par voie ouverte
avec excision d’une collerette vésicale péri-méatique est le
traitement chirurgical de référence des TVEUS (Niveau de
preuve 3) [1,2], quelle que soit la localisation de la tumeur
dans la voie excrétrice :
parce que des taux de récidives important dans le moignon urétéral ont été rapportés (16 à 58 % des cas) ;
parce que l’incidence des TVEUS bilatérale est faible (2 à
5 %)
Il est important de ne pas sectionner la voie excrétrice au
cours de la chirurgie compte-tenu du risque potentiel de
dissémination tumorale [3-5]. Plusieurs alternatives techniques ont été décrites pour simplifier la résection de l’ure-
.
.
S270
tère distal : stripping, résection intra-murale de l’uretère
par voie trans-uréthrale. Aucune n’a démontré son équivalence à l’excision de la collerette vésicale (Niveau de
preuve 4) [6].
Un délai supérieur à 45 jours entre le diagnostic et l’exérèse de la tumeur constitue un risque de progression de la
maladie urothéliale (Niveau de preuve 4) [7]. Le curage
ganglionnaire associé à la NUT présente un intérêt pronostique et permet d’obtenir une stadification optimale de la
maladie (Niveau de preuve 4) [8-11]. Le curage dans les
pN+ permet la diminution de la masse tumorale et la détection de micro-métastases pour orienter les patients vers un
traitement adjuvant (Niveau de preuve 4) [8-11].
La NUT par voie laparoscopique n’a pas fait la preuve
définitive de son innocuité. Quelques cas isolés de diffusion
tumorale avec apparition de métastases, dans des délais
très rapides, sur des sites anatomiques inhabituels, ont été
initialement rapportés après NUT laparoscopique [12]. De
nombreuses études vont cependant dans le sens de résultats oncologiques similaires alors que la voie laparoscopique apparaît supérieure à la chirurgie ouverte sur le plan
fonctionnel (Niveau de preuve 4) [13,14].
Les principes carcinologiques suivants doivent être respectés :
aucun contact entre urine de la voie excrétrice tumorale
et cavité gazeuse ;
exérèse en mono-bloc du rein et de l’uretère après certitude de l’intégrité vésicale ;
le morcellement de la pièce opératoire est formellement
proscrit ;
sécurisation de l’extraction de la pièce (sac opératoire) ;
ne pas opérer les tumeurs infiltrantes (T3/N+) ou métastatiques.
Une seule étude prospective a démontré l’équivalence
de la NUT laparoscopique à moyen termes pour les tumeurs
non invasives (Niveau de preuve 2) [15].
.
.
.
..
Traitement chirurgical conservateur
Le traitement de référence reste la NUT chez les patients
ayant un rein controlatéral fonctionnel et sain.
Urétéroscopie thérapeutique
Le traitement endoscopique conservateur des TVES localisées par urétéroscopie (en fonction des contraintes techniques ou anatomiques) peut être envisagé dans les tumeurs
de faible stade et grade (Niveau de preuve 4) [1] :
il faut disposer du matériel ad hoc : urétéroscope souple plutôt que rigide, générateur laser, pinces à biopsies ;
le patient doit être informé que la surveillance sera plus
contraignante (Niveau de preuve 4) ;
cette option est prioritairement réservée aux indications
de nécessité où le patient est à risque d’insuffisance
rénale terminale après NUT (Niveau de preuve 4).
.
.
.
Chirurgie ouverte
Les résections segmentaires pour le traitement des tumeurs
à faible risque de l’uretère distal sont envisageables
(Niveau de preuve 4) [1,3]. Il convient de s’assurer que la
tranche de section de la pièce d’exérèse est saine. Les
résections segmentaires de l’uretère iliaque et lombaire
ont conduit à un taux d’échec plus important que celui noté
pour l’uretère pelvien [16].
C. Pfister et al.
La résection de tumeurs du bassinet ou des calices à ciel
ouvert est de moins en moins pratiquée. La résection de
tumeurs pyélo-calicielles à ciel ouvert est techniquement
difficile et le taux de récidive est plus élevé que dans l’uretère (Niveau de preuve 4) [1].
Chirurgie laparoscopique
Elle peut-être proposée en cas de tumeurs du bas uretère
avec réimplantation urétéro-vésicale dans le même temps
opératoire (Niveau de preuve 4) [1].
Traitement percutané
Le traitement percutané des TVEUS pyéliques est envisageable pour les TVEUS de faibles stade et grade (Niveau de
preuve 4) [1,17]. Ce traitement est proposé aux tumeurs de
la tige calicielle inférieure, encore inaccessibles en urétéroscopie.
Agents topiques adjuvants
L’instillation de BCG ou de mitomycine C dans la voie excrétrice, par néphrostomie per-cutanée ou par l’intermédiaire
d’une endoprothèse urinaire, après traitement conservateur d’une TVES ou pour traiter un carcinome in situ est
techniquement réalisable. Les résultats à moyen termes
sont proches de ceux observés dans le traitement des
tumeurs de la vessie, mais non confirmés à long terme
(Niveau de preuve 4) [1].
INDICATIONS ÉLECTIVES
DU TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE
Tumeur unifocale
Taille (plus grand diamètre) < 1 cm
Tumeur de bas grade en cytologie ou sur les biopsies
(50 % cas)
Aucun élément radiologique en faveur d’une infiltration
Traitement conservateur complet envisageable (hors calice
inférieur)
Surveillance endoscopique (urétéroscopie souple) rapprochée possible
Information et compliance du patient vis à vis du rythme
de surveillance
(Recommandation de grade C)
SURVEILLANCE DES TVES APRÈS TRAITEMENT
En cas de NUT, pendant au moins 5 ans :
1) Tumeur superficielle :
Cystoscopie/ cytologie urinaire à 3 mois puis annuellement
Uro-scanner tous les ans
2) Tumeur invasive :
Cystoscopie/ cytologie urinaire à 3 mois, puis annuellement
Uro-scanner tous les 6 mois pendant 2 ans, puis annuellement
Après traitement conservateur, pendant au moins 5 ans :
Cytologie, uro-scanner à 3 mois, puis à 6 mois puis tous
les ans
Cystoscopie, urétéroscopie et cytologie in situ à 3 mois, à
6 mois puis tous les 6 mois pendant 2 ans, puis tous les ans.
(Recommandation de grade C)
Tumeurs urothéliales
Tumeurs localement avancées – métastatiques
Traitement chirurgical radical
Aucun bénéfice à la réalisation d’une NUT dans un contexte
métastatique (M+), mais peut seulement être envisagée à
titre palliatif (Niveau de preuve 4) [1,2,10].
Chimiothérapie
Aucun effet de la chimiothérapie néo-adjuvante, contrairement à ce qui a été démontré dans la vessie [1]. La chimiothérapie adjuvante permet d’obtenir un taux de rémission pouvant aller jusqu’à 50 % avec un impact minime sur
la survie (Niveau de preuve 2) [18-20].
Différentes associations de chimiothérapie ont été proposées :
MVAC a permis d’obtenir des résultats comparables à
ceux des tumeurs de la vessie avec une toxicité significative. La NUT préalable est un facteur limitant les doses de
chimiothérapie à base de platine :
carboplatine et paclitaxel ont permis d’obtenir des résultats similaires au MVAC avec moins d’effets indésirables ;
oxaliplatine et gemcitabine ont donné des résultats prometteurs dans une étude de phase II.
.
.
Radiothérapie externe
La radiothérapie adjuvante pourrait améliorer le
contrôle local de la maladie, mais elle n’influence ni la survenue de métastases ni la survie (Niveau de preuve 4) [1].
Conflits d’intérêt
Aucun.
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